Vous êtes sur la page 1sur 7

¶ 17-046-B-15

Affections hématologiques et accidents


vasculaires cérébraux
I. Crassard, F. Woimant

Les affections hématologiques associées aux accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont nombreuses et
variées. Elles représentent cependant un faible pourcentage des étiologies des AVC. Elles sont pour
certaines importantes à rechercher activement car leur mise en évidence peut impliquer un traitement
spécifique. Pour d’autres (par exemple thrombophilies récemment identifiées comme la mutation du gène
du facteur V Leiden ou de la prothrombine), leur recherche ne doit pas être systématique mais se discute
en cas d’AVC du sujet jeune d’étiologie indéterminée et en présence d’antécédents familiaux ou
personnels de thrombose artérielle ou veineuse.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Accident vasculaire cérébral ; Thrombophilies ; Syndrome myéloprolifératif ; Drépanocytose ;


Anticorps antiphospholipides

Plan 1213 patients avec une polyglobulie traitée et met en évidence


un taux d’AIC de 9,5 % et d’accident ischémique transitoire
(AIT) de 19,5 %. [5] Les accidents ischémiques n’ont pas de
¶ Introduction 1
caractéristiques particulières ; on note cependant souvent une
¶ Pathologies des éléments figurés du sang 1 installation progressive des symptômes et une localisation sous-
Hématies 1 corticale des symptômes ; les thromboses veineuses sont
Plaquettes 2 volontiers révélatrices de la polyglobulie. Le risque thromboti-
Globules blancs 3 que est corrélé à l’élévation du taux d’hématocrite et probable-
¶ Coagulopathies 3 ment aussi à la thrombocytose et aux anomalies des fonctions
Coagulopathies associées à un risque d’hémorragie 3 plaquettaires qui sont fréquemment associées. [6] Le traitement
Coagulopathies associées à un risque de thrombose 3 par saignées permet d’augmenter le débit sanguin cérébral et
¶ Anticorps antiphospholipides 5 d’améliorer cliniquement ces patients. Il s’agit d’un traitement
Manifestations vasculaires au cours du SAPL 5 d’attaque, la répétition des saignées augmentant le risque de
Fréquence des aPL au cours des AIC 5 thrombose. Aussi, au décours de la phase aiguë, un traitement
Physiopathologie 5 par myélosuppression est souvent préférable. Le traitement
Traitement 5 préventif par aspirine a été discuté pendant de nombreuses
années à cause du risque d’hémorragie. Une étude randomisée
¶ Paraprotéinémies 5
récente a cependant montré que de faibles doses d’aspirine
¶ Facteurs hémorrhéologiques 5 (100 mg/j) réduisaient le risque d’évènements thrombotiques
¶ Conclusion 5 sans que le risque d’hémorragie soit augmenté par rapport au
groupe placebo. [7] Les hémorragies cérébrales compliquent
essentiellement les formes sévères et évoluées de polyglobulie
vraie.
■ Introduction Au cours des polyglobulies secondaires aux affections rénales,
un risque élevé de thrombose artérielle cérébrale est rapporté, il
La fréquence des accidents vasculaires cérébraux (AVC) n’a pas été démontré dans les cardiopathies cyanogènes ou dans
attribués à une affection hématologique reste encore mal les insuffisances respiratoires qui pourtant s’accompagnent
connue et imprécise ; elle est estimée à 1 % pour l’ensemble des également d’une baisse du débit sanguin cérébral. [4]
AVC et entre 2 à 16 % pour les AVC des sujets jeunes. [1-3] Dand les pseudopolycythémies (« spurious polycythemia » des
Anglo-Saxons) des sujets d’âge moyen, obèses, fumeurs, volon-
tiers hypertendus, le risque d’AIC est nettement supérieur à
■ Pathologies des éléments figurés celui des sujets du même âge ; le rôle de l’élévation de l’héma-
tocrite (en général modéré) est discuté compte tenu des autres
du sang facteurs de risque associés.

Hématies Anémies
Les anémies ferriprives, secondaires à un saignement chroni-
Polyglobulies que sont associées à une thrombocytose secondaire et à un état
Dans les polyglobulies vraies, les accidents ischémiques d’hypercoagulabilité. Elles ont été rapportées comme cause
cérébraux (AIC) sont décrits chez 10 à 20 % des sujets. [4] Une d’AIC ou de thromboses veineuses cérébrales (TVC) dans
étude multicentrique italienne rapporte le suivi sur 20 ans de quelques rares cas. [8-11]

Neurologie 1
17-046-B-15 ¶ Affections hématologiques et accidents vasculaires cérébraux

Figure 1. Thrombose veineuse cérébrale du sinus sagittal supérieur chez une patiente de 28 ans ayant une hémoglobinurie paroxystique nocturne. À
gauche, IRM séquence pondérée T1 : hypersignal du sinus thrombosé (flèche). À droite, angio-RM temps veineux, absence de flux dans le sinus thrombosé
(flèche).

Les anémies par hémorragie aiguë et grave compliquée a permis le suivi de plus de 4000 patients dans 43 centres nord-
d’hypotension artérielle sévère sont à l’origine d’accidents américains sur 10 ans : antécédents d’AIT, taux bas d’hémoglo-
ischémiques cérébraux ou rétiniens. Il s’agit le plus souvent bine, épisodes récents de douleurs thoraciques et tension
d’infarctus jonctionnels ou d’infarctus distaux secondaires à une artérielle systolique élevée pour les infarctus cérébraux ; taux bas
sténose artérielle. d’hémoglobine et taux élevé de globules blancs pour les
hémorragies cérébrales. [17]
Hémoglobinurie paroxystique nocturne La prévalence des AVC chez les doubles hétérozygotes (Hb
SC) est de 2 à 5 %, survenant à un âge moyen de 30 ans. Les
Cette anémie chronique est une cause bien connue de manifestations cliniques sont les mêmes, souvent moins sévères
thrombose veineuse cérébrale [12] (Fig. 1). Bien qu’il s’agisse que celles des patients Hb SS.
d’une pathologie thrombotique, le traitement par héparine est La prévalence des AVC est de 1,5 à 2 % chez les patients
discuté en raison du risque d’activation par l’héparine des porteurs d’un trait drépanocytaire, ne semblant pas différer de
plaquettes atteintes et de l’activation de la coagulation par ce celle de la population noire en général ; le risque thrombotique
biais. Le rôle de cette pathologie dans la survenue d’occlusions de cette anomalie héréditaire n’est donc pas certain. [4]
artérielles reste incertain. Les AIC sont rares au cours des thalassémies majeures ou
intermédiaires (bêtathalassémie/hémoglobine ; E-ß-thal/HbE). Ils
Anomalies héréditaires de l’hémoglobine ont été essentiellement rapportés au décours de transfusions
sanguines, ou chez les sujets présentant une thrombocytose
Les AVC sont rapportés chez environ 10 % des sujets drépa- secondaire à une splénectomie. [18]
nocytaires (3 à 17 %) homozygotes Hb SS. Il s’agit trois fois sur
quatre d’accidents ischémiques, survenant dans cette forme
homozygote avant l’âge de 15 ans (en moyenne vers 6 ans). Les
Plaquettes
artères de gros et de petit calibre peuvent être atteintes ; la Thrombocytémies
topographie des infarctus est fréquemment jonctionnelle ou Les AIC représentent environ un tiers des manifestations
sous-corticale. [13] La réalisation d’imageries par résonance thrombotiques des patients présentant une thrombocytémie
magnétique (IRM) systématiques permet souvent la découverte essentielle. [19-21] Les AIT sont particulièrement fréquents, leur
d’infarctus « silencieux » chez des patients jusqu’alors considérés mécanisme présumé étant des désordres de la microcircula-
comme asymptomatiques. [14] L’angiographie (conventionnelle tion. [19, 22] Les AIC sont rapportés chez 3 à 9 % des sujets,
ou par résonance magnétique) visualise des sténoses ou des habituellement en rapport avec une occlusion de petits vais-
occlusions de vaisseaux intracrâniens réalisant un aspect de type seaux. Les observations de TVC sont beaucoup plus rares. Quant
« moya-moya ». Le doppler transcrânien permet de retrouver ces aux accidents hémorragiques cérébraux ou méningés, ils restent
sténoses sous forme d’accélérations enregistrées au niveau des exceptionnels. Le mécanisme physiopathologique de ces AIC
cérébrales moyennes, une valeur supérieure à 200 cm/s étant reste mal compris. Il n’a pas été montré de corrélation entre le
associée à une augmentation de près de 2,5 fois du risque chiffre de plaquettes et la survenue des manifestations throm-
d’AIC. [15] Dans deux tiers des cas, les AIC récidivent le plus botiques ; les anomalies plaquettaires qualitatives associées
souvent dans les 2 premières années. La physiopathologie de ces jouent probablement un rôle important. Sur le plan thérapeuti-
accidents est complexe, associant une hyperplasie intimale des que, l’aspirine à faibles doses est habituellement utilisée en cas
vaisseaux intracrâniens, des thromboses et très rarement des d’AIT en dépit du risque hémorragique qu’elle confère. [23] Il n’y
embolies graisseuses à partir de foyer de nécrose osseuse. [16] Les a pas de consensus en cas d’infarctus constitué, une chimiothé-
TVC sont rares et s’observent essentiellement en cas d’anomalies rapie paraît indiquée en cas d’accident constitué et/ou chez les
associées de l’hémostase. Les hémorragies intracrâniennes (sous- sujets ayant un chiffre de plaquettes élevé.
arachnoïdiennes et cérébrales) surviennent avant l’âge de Dans quelques rares observations, des accidents ischémiques
25 ans. Elles résultent de lésions pariétales artérielles induites cérébraux artériels ou veineux ont été rapportés associés à des
par l’occlusion des vasa vasorum, pouvant favoriser la constitu- thrombocytoses secondaires à une splénectomie ou à une
tion d’anévrismes. Certains facteurs de risque d’AVC ont été anémie ferriprive. La responsabilité de la thrombocytose dans
identifiés dans la « Cooperative Study of sickle cell disease » qui l’ischémie reste cependant discutée. [10]

2 Neurologie
Affections hématologiques et accidents vasculaires cérébraux ¶ 17-046-B-15

Thrombopénies artériels ou veineux cérébraux sont plus rares. Ils sont bien
documentés au cours des leucémies myéloïdes, des leucémies
Quelle que soit leur cause, les thrombopénies sont associées aiguës lymphoblastiques et des lymphomes malins. Les méca-
à un risque important de saignement intracrânien, volontiers nismes en sont multiples : leucostase constituée d’agrégats de
grave et ce, surtout lorsque le chiffre de plaquettes est inférieur leucocytes ou de nodules leucémiques en rapport avec une
à 20 000/mm3. diminution de leur déformabilité, hyperviscosité induite par
Les thrombopénies graves induites par l’héparine d’origine l’hyperleucocytose (en particulier dans le cas des leucémies
immunoallergique surviennent entre 5 et 10 jours de traitement myéloïdes), coagulopathies subaiguës de consommation. [27-31]
et se compliquent une fois sur deux d’accidents thrombotiques Les AIC sont décrits dans 12 % des cas de syndrome hyper-
artériels souvent multiples ou veineux. [24] Une étude rétrospec- éosinophilique ; il s’agit le plus souvent d’accidents emboliques
tive de 960 patients avec thrombopénie induite par l’héparine compliquant la cardiopathie sous-jacente, une fibrose endo-
a mis en évidence un AIC chez 3,1 % des patients, plus parti- myocardique. [32, 33] Les hémorragies cérébrales ont été plus
culièrement chez les femmes, en cas de thrombopénie sévère et rarement rapportées. [34]
dans les 2 semaines suivant le début de la thrombopénie. [25]

Anomalies qualitatives des plaquettes ■ Coagulopathies


De nombreuses affections (syndromes myéloprolifératifs,
paraprotéinémies...) et certains traitements médicamenteux Coagulopathies associées à un risque
s’accompagnent d’une hypoactivité plaquettaire (diminution de
l’adhésion et de l’agrégabilité plaquettaires). Le risque d’hémor- d’hémorragie
ragie cérébrale est alors augmenté, ces anomalies plaquettaires Les hémorragies intracrâniennes de tous types (cérébrales,
sont cependant rarement isolées. sous-arachnoïdiennes...) sont des complications bien connues
Quelques observations d’AIC ont été rapportées chez des des coagulopathies congénitales (déficits en facteur VIII lié à l’X,
sujets ayant une hyperagrégabilité ou une augmentation de en facteur IX, afibrinogénémies autosomiques récessives, déficits
l’adhésion plaquettaire. sévères en facteurs VII, X, XI et XIII). Elles peuvent survenir à
En situation aiguë, après un AIC, les marqueurs de l’activation n’importe quel âge, le plus souvent au décours d’un trauma-
plaquettaire (bêtathromboglobuline plasmatique, thromboxane tisme. [35, 36]
B2 plasmatique et urinaire) sont fréquemment augmentés de Les coagulopathies acquises, notamment celles compliquant
façon transitoire. Il s’agit probablement plus d’une conséquence l’insuffisance hépatique, celles induites par les traitements
de la thrombose que d’un facteur causal. anticoagulants, se compliquent fréquemment d’hémorragies
intracrâniennes. [37] Il s’agit également d’une complication de la
Purpura thrombotique thrombocytopénique thrombolyse intraveineuse réalisée à la phase aiguë des infarctus
C’est un syndrome rare caractérisé par l’association d’une cérébraux, survenue dans 6,9 % au cours de l’étude NINDS [38]
fièvre, d’une atteinte rénale, d’une thrombocytopénie et d’une (Fig. 2). Au cours des états infectieux graves ou de certaines
anémie hémolytique microangiopathique. Surviennent dans maladies néoplasiques et essentiellement les hémopathies
75 % des cas, des déficits neurologiques focaux, transitoires et malignes, surviennent des CIVD aiguës, sévères biologiquement,
volontiers récidivants, en rapport avec des microthrombi à l’origine de saignement. Ainsi, les hémorragies intracrâniennes
hyalins disséminés au niveau artériolocapillaire. Le traitement sont responsables de plus de 60 % des décès au cours des
par échanges plasmatiques permet dans plus de deux tiers des leucémies aiguës promyélocytaires ; l’activité procoagulante et
cas d’obtenir une amélioration rapide de la symptomatologie fibrinolytique des promyélocytes malins est à l’origine de cette
neurologique. [26] coagulopathie.

Globules blancs Coagulopathies associées à un risque


Au cours des leucémies, quel qu’en soit le type, les hémorra-
de thrombose
gies intracrâniennes sont fréquentes et graves, représentant la Déficits en inhibiteurs physiologiques
principale cause de décès. Les mécanismes en sont multiples :
de la coagulation : antithrombine, protéine C
lésions pariétales vasculaires liées à l’infiltration tumorale,
thrombopénies secondaires à une infiltration médullaire, à la
ou protéine S
chimiothérapie ou à une coagulopathie intravasculaire dissémi- Ces protéines anticoagulantes inhibent la thrombose chez le
née (CIVD), insuffisance hépatique, infections. Les infarctus sujet normal. Leurs déficits peuvent être constitutionnels ou

Figure 2. Hémorragie intracérébrale com-


pliquant une fibrinolyse intraveineuse. À gau-
che, scanner cérébral sans injection. À droite,
séquence IRM en écho de gradient.

Neurologie 3
17-046-B-15 ¶ Affections hématologiques et accidents vasculaires cérébraux

acquis. Ils sont surtout associés au risque de thrombose vei- résistant à l’action protéolytique de la protéine C activée
neuse, leur rôle dans la pathologie artérielle étant plus discuté. (Facteur V Leiden, Arg 506-> Glu). [47] Alors que de petites
La protéine S est présente dans le plasma sous deux formes ; études suggéraient une association entre le risque d’infarctus
pour un tiers sous une forme libre et active en tant que cérébral et la rPCa, ces données n’ont pas été confirmées par la
cofacteur de la protéine C activée et pour deux tiers sous une majorité des études cas-témoins. [48-53] L’analyse de l’ensemble
forme liée à la C4 binding protein. de ces études montre une discrète augmentation du risque
d’AIC chez les patients avec rPCa ou facteur V Leiden (OR 1,6 ;
Déficits constitutionnels
IC 95 % 1,3-1,9), un peu plus élevé lorsque les patients sont
Ils sont pour les trois protéines de transmission autosomique âgés de moins de 50 ans (OR 3,1 ; IC 95 % 2,3-4,1). [42] Dans la
dominante (dans de rares familles, une transmission autosomi- pathologie veineuse cérébrale, la mutation du gène du facteur
que récessive a été évoquée pour les déficits en protéine C). V Leiden est retrouvée dans 15 à 20 % des cas, [54] le plus
Deux types de déficits sont décrits : quantitatif ou qualitatif souvent associée à un autre facteur favorisant de thrombose. [55]
(dans ce cas, l’activité antigénique de la protéine est normale La mutation du gène de la prothrombine (G20210A) est
alors que son activité biologique est diminuée). L’augmentation associée à une augmentation modérée du risque de thrombose
du risque de thrombose (notamment veineuse) est établie dans veineuse. [56] Le mécanisme de l’hypercoagulabilité serait dû à
les déficits constitutionnels. Mais les thromboses veineuses une augmentation de la formation de thrombine. Elle est
cérébrales restent rares et les thromboses artérielles cérébrales le associée à une augmentation très modérée du risque d’infarctus
sont encore plus. Essentiellement rapportées dans les déficits cérébral (OR 1,4 ; IC 95 % 1,03-1,9), un peu plus importante
homozygotes et qualitatifs en antithrombine, [39] elles sont rares encore chez les sujets jeunes (OR 1,9 ; IC 95 % 1,3-3,0). [42, 57]
dans les déficits héréditaires en protéine C [40] et restent Au cours des TVC, cette mutation est présente dans 6 à 20 %
discutées dans les déficits en protéine S. [41] Quatre études cas- des cas. [54]
témoin ont évalué la prévalence de ces déficits en antithrom- La protéine Z est une enzyme d’individualisation relativement
bine, protéine C et protéine S au cours des infarctus cérébraux : récente, supposée être impliquée dans la suppression du
elle est estimée entre 0 et 21 % selon les séries. [42] thrombus par l’intermédiaire de l’inhibition du facteur X activé.
Déficits acquis Certaines études ont montré une association entre déficit en
protéine Z et le risque d’infarctus cérébral, [58] association
Ils sont rapportés, bien sûr, lors des traitements par antivita- cependant non confirmée par d’autres études notamment à la
mines K (protéine C, protéine S) et des traitements par héparine phase aiguë de l’infarctus cérébral. [59]
(antithrombine), mais également au cours des maladies hépati-
ques sévères, des syndromes néphrotiques, de la CIVD, de la
grossesse (antithrombine, protéine S). Ils induiraient un état États d’hypofibrinolyse
prothrombotique. Toutefois, à l’heure actuelle, il n’a pas été Les déficits héréditaires en plasminogène peuvent être
réalisé d’études prospectives analysant une possible relation quantitatifs ou qualitatifs, constitutionnels ou acquis. Ces
entre déficit acquis chronique en protéine anticoagulante et anomalies prédisposeraient aux thromboses veineuses et,
survenue d’AIC. exceptionnellement, aux accidents ischémiques cérébraux. [60,
Un taux bas en protéines anticoagulantes est parfois constaté 61]
à la phase aiguë des AIC. Ces anomalies ne sont souvent que le Les dysfibrinogénémies et les hypofibrinogénémies sont des
reflet de l’activation de la coagulation ou parfois d’un traite- affections rares de transmission autosomique dominante. Chez
ment anticoagulant et se corrigent à distance. Ceci est particu- 10 % des patients, on note des thromboses veineuses récidivan-
lièrement vrai pour la protéine S dont la fraction libre est tes. Les accidents ischémiques artériels ont été rapportés
abaissée dans les états inflammatoires associés à une augmenta- exceptionnellement. [62]
tion du fibrinogène, ce qui est souvent le cas des AIC à la phase Les autres déficits tels les déficits en facteur XII ou en
aiguë. Aussi, avant d’affirmer un déficit en une de ces protéines prékallicréine sont anecdotiques et restent des causes discutées
de la coagulation, il faut réaliser un deuxième dosage, quelques d’AIC.
semaines après l’épisode aigu.

Anomalies des facteurs procoagulants Coagulopathies intravasculaires disséminés


subaiguës ou chroniques
Le fibrinogène est impliqué dans l’athérogenèse, la viscosité
plasmatique et la thrombose. Une augmentation du fibrinogène Les CIVD subaiguës compliquent certaines néoplasies, en
est associée à un risque accru d’AIC et de cardiopathies isché- particulier les adénocarcinomes, les tumeurs papillaires de
miques chez l’homme. Les facteurs génétiques contribuent pour l’ovaire et les lymphomes. Les cellules tumorales sécrètent des
50 % aux variations du taux de fibrinogène. Parmi les nom- substances procoagulantes induisant une activation généralisée
breux polymorphismes génétiques identifiés pour les gènes de la coagulation, associée à une activation de la fibrinolyse et
codant pour le fibrinogène, le polymorphisme -455G/A a été le des fonctions plaquettaires.
plus étudié, l’allèle -455A étant associé à des taux élevés de Les accidents ischémiques cérébraux s’observent à n’importe
fibrinogène et à la progression de l’athérome coronarien. Peu quel stade de l’affection maligne, pouvant même être parfois
d’études concernent pour l’instant les AVC. Dans une popula- révélateurs de la néoplasie. [63] Ils sont artériels, volontiers
tion de patients âgés ayant présenté un infarctus cérébral, multifocaux et récidivants, en rapport avec l’occlusion des
l’allèle -455A est associé à une augmentation du risque d’infarc- vaisseaux de petit et moyen calibre pouvant parfois réaliser un
tus de type lacunaire. [43] tableau d’encéphalopathie (Fig. 3). Une endocardite thromboti-
Une augmentation de l’activité du facteur VII anticoagulant que non bactérienne est fréquemment associée mais non
et l’excès de l’inhibiteur de l’activateur du plasminogène (PAI) constante. Coagulopathie et endocardite représentent probable-
sont des facteurs de mauvais pronostic dans la pathologie ment deux aspects différents d’un même désordre de la coagu-
cardiaque, mais non démontrés actuellement en pathologie lation, les amas fibrinoplaquettaires induits par la CIVD
cérébrovasculaire. [44] L’augmentation du facteur VIII est aboutissant, en se déposant sur les valves cardiaques, à la
également considérée comme un facteur de risque de thrombose formation de végétations emboligènes.
veineuse et artérielle. À la phase aiguë de l’AVC, cette augmen- Le diagnostic de ces CIVD n’est pas toujours aisé : les tests de
tation reste cependant très souvent d’interprétation délicate car dépistage (taux de plaquettes, de prothrombine ou de fibrino-
pouvant être la conséquence directe de la thrombose et doit être gène) peuvent rester dans les limites de la normale du fait du
contrôlée à distance. [45] syndrome inflammatoire sous-jacent. Les dosages des D-dimères
La résistance à la protéine C activée (rPCa) constitue la cause et des complexes solubles sont alors indispensables. Le traite-
la plus fréquente de thrombophilie familiale. [46] Cette anomalie ment par héparine permet la correction des anomalies biolo-
de transmission autosomique dominante résulte dans 90 % des giques sans toutefois prévenir efficacement les récidives isché-
cas d’une mutation d’un acide aminé du facteur V, le rendant miques ; le traitement est celui de la tumeur.

4 Neurologie
Affections hématologiques et accidents vasculaires cérébraux ¶ 17-046-B-15

chez l’enfant et chez le sujet jeune, alors que les études réalisées
chez les adultes plus âgés sont contradictoires. La présence
d’anti-ß2-GPI serait plus particulièrement associée à une
augmentation du risque d’infarctus cérébral. [66] Le rôle des aPL
dans le risque de récidive des AIC est controversé. [67] Il est à
noter que dans ces études épidémiologiques, les valeurs moyen-
nes des titres d’aCL constatés chez les patients sont faibles et ne
permettent en général pas de retenir le diagnostic de SAPL
confirmé.

Physiopathologie
Différents mécanismes sont proposés pour expliquer le rôle
des aPL dans les thromboses : dysfonctionnement de l’endothé-
lium, activation plaquettaire dépendante des aPL, inhibition des
anticoagulants endogènes (prothrombine, protéine C/thrombo-
moduline, annexine V et facteur tissulaire), anomalie de la
fibrinolyse. [68] Tous ces éléments contribuent à la création d’un
état systémique prothrombotique qui induit directement une
thrombose in situ dans les vaisseaux cérébraux et/ou qui facilite
la formation de thrombi fibrinoplaquettaires sur les valves
cardiaques avec risque d’embolies secondaires.

Traitement
Plusieurs études rétrospectives ont montré qu’une anticoagu-
Figure 3. Infarctus cérébraux multiples compliquant une coagulopa- lation au long cours assure la prévention secondaire des
thie intravasculaire disséminée chronique. évènements artériels ou veineux. [68, 69, 70, 71] Le niveau d’anti-
coagulation souhaité reste discuté. En cas d’affection associée au
■ Anticorps antiphospholipides SAPL (lupus notamment), les corticoïdes ou immunosuppres-
seurs sont parfois proposés.
Les principaux antiphospholipides (aPL) sont les anticorps
anticardiolipines (aCL) et l’anticoagulant circulant (ACC). Leur
présence (à un titre moyen ou élevé pour les aCL) associée à ■ Paraprotéinémies
une ou plusieurs manifestations cliniques (thromboses de sièges
divers, artérielles ou veineuses et/ou avortements répétés) définit Les patients ayant un myélome multiple ou une macroglobu-
le syndrome des antiphospholipides (SAPL). Initialement linémie ont un risque augmenté d’hémorragie cérébrale ou
détectés chez les sujets atteints de lupus érythémateux dissé- d’hémorragie sous-arachnoïdienne, surtout lorsque s’associe une
miné, les aPL peuvent être présents en dehors du lupus ou de thrombopénie ou une cryoglobulinémie. Le risque d’infarctus
toute autre affection sous-jacente, constituant alors le syndrome cérébral est également augmenté du fait de l’hyperviscosité,
primaire des antiphospholipides. La cible moléculaire réelle des secondaire d’une part à l’hyperprotidémie et, d’autre part, aux
aPL est constituée par des protéines, notamment la ß-2 glyco- anomalies qualitatives des paraprotéines. Dans certains cas, les
protéine I (ß2-GPI) ; des anticorps anti-ß2-GPI peuvent ainsi être vaisseaux cérébraux sont occlus par des thrombi atypiques
également recherchés mais leur présence n’est actuellement pas contenant un excès de matériel acidophile évoquant des
retenue dans les critères biologiques (problèmes de standardisa- précipitats de protéines. Bien que les plasmaphérèses puissent
tion de la méthode de dosage et rareté de la présence isolée de améliorer cliniquement ces patients, le traitement est basé sur
ces anticorps en l’absence d’aCL et d’ACC). le traitement spécifique de la paraprotéine.

Manifestations vasculaires au cours du SAPL ■ Facteurs hémorrhéologiques


Parmi les nombreuses manifestations neurologiques, les
accidents ischémiques artériels sont les plus fréquents. Leur Les principaux paramètres de la viscosité sanguine sont
symptomatologie clinique, non spécifique, est très variable : l’hématocrite, le degré d’agrégation des globules rouges, la
manifestations ischémiques transitoires parfois difficiles à déformabilité des globules rouges, les protides sanguins, et plus
distinguer d’une migraine avec aura et accidents ischémiques particulièrement le fibrinogène et les globulines. Les consé-
constitués, le plus souvent de petite taille. Il s’agit habituelle- quences de l’hyperviscosité sont une réduction du flux sanguin
ment d’une atteinte dans le territoire de la cérébrale moyenne et la formation de thrombi dans les petits vaisseaux : capillaires
ou de ses branches, les lésions affectant plus rarement le tronc et artérioles. Des AIC dans des artères de petit calibre sont
cérébral, le cervelet ou l’œil (occlusion de l’artère centrale de la décrits, surtout lorsque est associée une vasoconstriction
rétine ou neuropathie optique ischémique), exceptionnelle- artériolaire liée à une hypoxie.
ment la moelle. Dans la série européenne multicentrique de Une hyperviscosité se rencontre dans de multiples circons-
1000 patients avec SAPL, les AIC étaient révélateurs chez 13 % tances étiologiques : syndromes myéloprolifératifs, hémoglobi-
des patients, les AIT dans 7 % des cas. Ces manifestations nopathies, dysglobulinémies, syndromes inflammatoires, états
survenaient au cours de l’évolution dans respectivement 20 % de choc, brûlures, toxémies gravidiques, diabète, hyperlipopro-
et 11 % des cas. [64] Les AIC sont volontiers récidivants, ce téinémies, néoplasies et accidents vasculaires thrombotiques
risque étant d’autant plus important et le délai avant récidive artériels et veineux. Il est bien admis qu’à la phase aiguë des
d’autant plus court que le titre d’aCL est très élevé. [65] La AIC, il existe une augmentation de la viscosité sanguine en
répétition des AIC peut conduire à un état démentiel, parfois rapport avec la déshydratation, l’augmentation du fibrinogène
révélateur. Enfin, les TVC sont des manifestations rares au cours plasmatique et l’accident thrombotique lui-même.
du SAPL.

Fréquence des aPL au cours des AIC ■ Conclusion


Plusieurs études cas-témoins montrent que la présence d’aCL Les affections hématologiques associées aux AVC sont nom-
constitue un facteur de risque indépendant d’un premier AIC breuses et variées. Elles sont pour certaines importantes à

Neurologie 5
17-046-B-15 ¶ Affections hématologiques et accidents vasculaires cérébraux

rechercher activement car pouvant entraîner un traitement [25] LaMonte MP, Brown PM, Hursting MJ. Stroke in patients with heparin-
spécifique. Pour d’autres (par exemple thrombophilies récem- induced thrombocytopenia and the effect of argatroban therapy. Crit
ment mises en évidence comme la mutation du gène du facteur Care Med 2004;32:976-80.
V Leiden ou de la prothrombine), leur recherche ne doit pas [26] Shepard KV, Bukowski RM. The treatment of thrombotic thrombo-
être systématique mais se discute en cas d’AVC du sujet jeune cytopenic purpura with exchange transfusions, plasma infusions and
d’étiologie indéterminée et en présence d’antécédents familiaux plasma exchange. Semin Hematol 1987;24:178-98.
ou personnels de thrombose artérielle ou veineuse. [27] Arboix A, Oliveres M, Besses C. Sensorimotor stroke due to
gangliocapsular hematoma as first manifestation of chronic myelocytic
leukemia. Cerebrovasc Dis 2000;10:81-2.
[28] Graus F, Rogers LR, Posner JB. Cerebrovascular complications in
■ Références patients with cancer. Medicine 1985;64:16-35.
[29] Kawanami T, Kurita K, Yamakawa M, Omoto E, Kato T. Cerebro-
[1] Arboix A, Besses C. Cerebrovascular disease as the initial clinical vascular disease in acute leukemia: a clinicopathological study of
presentation of haematological disorders. Eur Neurol 1997;37:207-11. 14 patients. Intern Med 2002;41:1130-4.
[2] Bevan H, Sharma K, Braley W. Stroke in young adults. Stroke 1990; [30] Re G, Azzimondi G, Lanzarini C, Visani G, Miglioni M. Latent acute
21:382-6. promyelocytic leukemia in a case of ischaemic stroke underlines the
[3] Bogousslavsky J, Van Melle G, Regli F, The Lausanne Stroke Registry. importance of prompt diagnostic confirmation prior to acute care. Eur
Analysis of 1 000 consecutive patients with first stroke. Stroke 1988; J Emerg Med 1995;2:102-4.
19:1083-92. [31] Rogers LR. Cerebrovascular complications in cancer patients. Neurol
[4] Hart RG, Kanter MC. Hematologic disorders and ischemic stroke: a Clin 2003;21:167-92.
selective review. Stroke 1990;21:1111-21. [32] Moore PM, Harley JB, Fauci AS. Neurologic dysfunction in the
[5] Gruppo Italiano Studio Policitemia. Polycythemia vera: the natural idiopathic hypereosinophilic syndrome. Ann Intern Med 1985;102:
history of 1213 patients followed for 20 years. Ann Intern Med 1995; 109-14.
123:656-64. [33] Sarazin M, Caumes E, Cohen A, Amarenco P. Multiple microembolic
[6] Massey EW, Riggs JE. Neurologic manifestations of hematologic borderzone brain infarctions and endomyocardial fibrosis in idiopathic
diseases. Neurol Clin 1989;7:549-61. hypereosinophilic syndrome and in Schistosoma mansoni infestation.
[7] Landolfi R, Marchioli R, Kutti J, Gisslinger H, Tognoni G, Patrono C, J Neurol Neurosurg Psychiatry 2004;75:305-7.
et al. Efficacy and safety of low-dose aspirin in polycythemia vera. N [34] Roche S, Cross S, Kaufman B. Intracranial haemorrhages occuring in
Engl J Med 2004;350:114-24. the idiopathic hypereosinophilic syndrome. J Neurol Neurosurg
[8] Akins PT, Glenn S, Nemeth PM, Derdeyn CP. Carotid artery thrombus Psychiatry 1990;53:440-1.
associated with severe iron-deficiency anemia and thrombocytosis. [35] DietrichAM, James CD, King DR, Ginn-Pease ME, CecalupoAJ. Head
Stroke 1996;27:1002-5. trauma in children with congenital coagulation disorders. J Pediatr
[9] Aoki N, Sakai T. Cerebral sinus thrombosis in patients with severe iron Surg 1994;29:28-32.
deficiency anemia due to myoma uteri. Acta Neurochir (Wien) 1989; [36] Henselmans JML, Meijer K, Haaxma R, Hew J, van der Meer J.
97:131-4. Recurrent spontaneous intracerebral hemorrhage in a congenitally
[10] Belman AL, Roque CT, Ancona R, Anand R, Anank AK, Davis RP. afibrinogenemic patient: diagnostic pitfalls and therapeutic options.
Cerebral venous thrombosis in a child with iron deficiency anemia and Stroke 1999;20:2479-82.
thrombocytosis. Stroke 1990;21:488-93. [37] Hart RG, Boop BS, Anderson DC. Oral anticoagulants and intracranial
[11] Hartfield DS, Lowry NJ, Keene DL, Yager JY. Iron deficiency: a cause hemorrhage. Facts and hypotheses. Stroke 1995;26:1471-7.
of stroke in infants and children. Pediatr Neurol 1997;16:50-3. [38] NINDS t-PA Stroke Study Group. Intracerebral hemorrhage after
[12] Al-Hakim M, Katirji B, Osorio I, Weisman R. Cerebral venous intravenous t-PA for ischemic stroke. Stroke 1997;28:2109-18.
thrombosis in paroxysmal nocturnal hemoglobinuria: report of two [39] Kuhle S, Lane DA, Jochmanns K, Male C, Quehenberger P, Lechner K,
cases. Neurology 1993;43:742-6. et al. Homozygous antithrombin deficiency type II (99 Leu to Phe muta-
[13] Vernant JC, Delaporte JM, Buisson G, Bellance R, Bokor J. Loiseau. tion) and childhood thromboembolism. Thromb Haemost 2001;86:
Complications cérébrovasculaires de la drépanocytose. Rev Neurol 1007-11.
1988;144:465-73. [40] Matsushita K, Kuriyama Y, Sawada T, Uchida K. Cerebral infarction
[14] Moser FG, Miller ST, Bello JA, Pegelow CH, Zimmerman RA, associated with protein C deficiency. Stroke 1992;23:108-11.
Wang WC, et al. The spectrum of brain MR abnormalities in sickle cell [41] Sacco RL, Owen J, Mohr JP, Tatemichi TK, Grossman BA. Free protein
disease: a report from the Cooperative Study of Sickle Cell Disease. S deficiency: a possible association with cerebrovascular occlusion.
AJNR Am J Neuroradiol 1996;17:965-72. Stroke 1989;20:1657-61.
[15] Adams RJ, Ohene-Frempong K, Wang W. Sickle cell and the brain. [42] Bushnell CD, Goldstein LB. Diagnostic testing for coagulopathies in
Hematology (Am Soc Hematol Educ Program) 2001:31-46. patients with ischemic stroke. Stroke 2000;31:3067-78.
[16] Adams RJ. Stroke prevention and treatment in sickle cell disease. Arch [43] Martiskainen M, Pohjasvaara T, Mikkelsson J, Mantyla R, Kunnas T,
Neurol 2001;58:565-8. Laippala P, et al. Fibrinogen gene promoter –455 A allele as a risk factor
[17] Ohene-Frempong K, Weiner SJ, Sleeper LA, Miller ST, Embury S, for lacunar stroke. Stroke 2003;34:886-91.
Moohr JW, et al. Cerebrovascular accidents in sickle cell disease: rates [44] Voetsch B, Loscalzo J. Genetic determinants of arterial thrombosis.
and risk factors. Blood 1998;91:288-94. Arterioscler Thromb Vasc Biol 2004;24:216-29.
[18] Wong V, Yu YL, Liang RH, Tso WK, Li AM, Chan TK. Cerebral [45] FolsomAR, Rosamond WD, Shahar E, Cooper LS,Aleksic N, Nieto FJ,
thrombosis in beta thalassemia/hemoglobin E disease. Stroke 1990;21: et al. Prospective study of markers of hemostatic function with risk of
812-6. ischemic stroke. The Atherosclerosis Risk in Communities (ARIC)
[19] Arboix A, Besses C, Acin P, Massons JB, Florensa L, Oliveres M, et al. Study Investigators. Circulation 1999;100:736-42.
Ischemic stroke as first manifestation of essential thrombocytemia. [46] Svensson PJ, Dahlback B. Resistance to activated protein C as a basis to
Report of six cases. Stroke 1995;26:1463-6. venous thrombosis. N Engl J Med 1994;330:517-22.
[20] Casto L, Camerlingo M, Finazzi G, Censori B, Barbui T, Mamoli A. [47] Bertina RM, Koeleman BP, Koster T, Rosendaal FR, Dirven RJ, de
Essential thrombocytemia and ischemic stroke: report of six cases. Ital Ronde H, et al. Mutation in the blood coagulation factor V associated
J Neurol Sci 1994;15:359-62. with resistance to activated protein C. Nature 1994;369:64-7.
[21] Jabaily J, Iland HJ, Laszlo J, Massey EW, Faguet GB, Briere J, et al. [48] Catto A, Carter A, Ireland H, Bayston TA, Philippou H, Barrett J, et al.
Neurological manifestations of essential thrombocytemia. Ann Intern Factor V Leiden gene mutation and thrombin generation in relation to
Med 1983;99:513-8. the development of acute stroke. Arterioscler Thromb Vasc Biol 1995;
[22] Michiels JJ, Koudstaal PJ, Mulder AH, van Vliet HH. Transient 15:783-5.
neurologic and ocular manifestations in primary thrombocytemia. [49] Cushman M, Rosendaal FR, Psaty BM, Cook EF, Valliere J, Kuller LH,
Neurology 1993;43:1107-10. et al. Leiden : Factor V is not a risk factor for arterial vascular disease in
[23] Koudstaal PJ, Koudstaal A. Neurologic and visual symptoms in the elderly: results from the Cardiovascular Health Study. Thromb
essential thrombocytemia: efficacy of low-dose aspirin. Semin Thromb Haemost 1998;79:912-5.
Hemost 1997;23:365-70. [50] Markus HS. Zhag Y, Jeffery S. Screening for the factor V Arg 506 Gln
[24] Chong BH. Heparin-induced thrombocytopenia. J Thromb Haemost mutation in patients with TIA and stroke. Cerebrovasc Dis 1996;6:
2003;1:1471-8. 360-2.

6 Neurologie
Affections hématologiques et accidents vasculaires cérébraux ¶ 17-046-B-15

[51] Press RD, Liu XY, Beamer N, Coull BM. Ischaemic stroke in the [62] Soria J, Soria C, Collet JP, Mirshahi M, Lu H, Caen J.
elderly. Role of the common factor V Mutation causing resistance to Dysfibrinogenemia and thrombosis. Nouv Rev Fr Hematol 1991;33:
activated protein C. Stroke 1996;27:44-8. 457-9.
[52] Ridker PM, Miletich JP. Mutation in the gene coding for coagulation [63] Woimant F, Moulinier L, Le Coz, Soria C, Mikol J, Cochan Priollet B,
factor V and the risk of myocardial infarction, stroke and venous et al. Accidents ischémiques cérébraux et coagulation intravasculaire
thrombosis in apparently healthy men. N Engl J Med 1995;332:912-7. disséminée chronique d’origine cancéreuse. Rev Neurol 1988;144:
[53] Ripoll L, Mazoyer E, Woimant F, Drouet L. Different contribution of 120-4.
factor V Leiden associated-hypercoagulability to ischaemic cerebro- [64] Cervera R, Piette JC, Font J, Khamashta MA, Shoenfeld Y, Camps MT,
vascular disease in the elderly. Blood Coagul Fibrinolysis 1997;8: et al. Antiphospholipid syndrome: clinical and immunological mani-
253-4. festations and patterns of disease expression in a cohort of 1 000
[54] Schlück E, Rodier G, Derouiche F, Bronner P, Boulay C, Courtois S, patients. Arthritis Rheum 2002;46:1019-27.
et al. Thrombophilies et thromboses veineuses cérébrales. Rev Neurol [65] Levine SR, Brey RL, Sawaya KL, Salowich-Palm L, Kokkinos J,
2002;158:543-52. Kostrzema B, et al. Recurrent stroke and thrombo-occlusive events in
[55] Deschiens M, Conard J, Horellou MH, Ameri A, Preter M, Chedru F, the antiphospholipid syndrome. Ann Neurol 1995;38:119-24.
et al. Coagulation studies, factor V Leiden, and anticardiolipin [66] Brey RL, Abbott RD, Curb JD, Sharp DS, Ross GW, Stallworth CL,
antibodies in 40 cases of cerebral venous thrombosis. Stroke 1996;27:
et al. Beta(2)-Glycoprotein 1-dependent anticardiolipin antibodies and
1724-30.
risk of ischemic stroke and myocardial infarction: the Honolulu heart
[56] Poort SR, Rosendal FR, Reistma PH, Bertina RM. A common genetic
program. Stroke 2001;32:1701-6.
variation in the 3’-untranslated region of the prothrombin gene is
associated with elevated plasma prothrombin levels and an increase in [67] TheAPASS Investigators.Antiphospholipid antibodies and subsequent
venous thrombosis. Blood 1996;88:3698-703. thrombo-occlusive events in patients with ischemic stroke. JAMA
[57] Bentolila S, Ripoll L, Drouet L, Mazoyer E, Woimant F. Thrombophilia 2004;291:576-84.
due to 20210 G-> A prothrombin polymorphism and cerebral ischemia [68] Levine JS, Branch DW, Rauch J. The antiphospholipid syndrome. N
in the young. Stroke 1997;28:1846-7. Engl J Med 2002;346:752-63.
[58] Vasse M, Guegan-Massardier E, Borg JY, Woimant F, Soria C. High [69] Crowther MA, Ginsberg JS, Julian J, Denburg J, Hirsh J, Douketis J,
frequency of protein Z deficiency in patients with ischemic stroke. et al. A comparison of two intensities of warfarin for the prevention of
Lancet 2001;357:933-4. recurrent thrombosis in patients with the antiphospholipid antibody
[59] McQuillan AM, Eikelboom JW, Hankey GJ, Baker R, Thom J, Staton J, syndrome. N Engl J Med 2003;349:1133-8.
et al. Protein Z in ischemic stroke and its etiologic subtypes. Stroke [70] Khamashta MA, Cuadrado MJ, Mujic F, Taub NA, Hunt BJ,
2003;34:2415-9. Hughes GR. The management of thrombosis in the antiphospholipid
[60] Furlan AJ, Lucas FV, Craciun R, Wohl RC. Stroke in a young adult with syndrome. N Engl J Med 1995;332:993-7.
familial plasminogen disorder. Stroke 1991;22:1598-602. [71] Krnic-Barrie S, O’Connor CR, Looney SW, Pierangeli SS, Harris EN.
[61] Nagayama T, Shinohara Y, Nagayama M, Tsuda M, Yamamura M. A retrospective review of 61 patients with antiphospholipid syndrome.
Congenitally abnormal plasminogen in juvenile ischemic cerebro- Analysis of factors influencing recurrent thrombosis. Arch Intern Med
vascular disease. Stroke 1993;24:2104-7. 1997;157:2101-8.

I. Crassard* (isabelle.crassard@lrb.ap-hop-paris.fr).
F. Woimant.
Service de neurologie, hôpital Lariboisière, 2, rue Ambroise-Paré, 75010 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Crassard I., Woimant F. Affections hématologiques et accidents vasculaires cérébraux. EMC (Elsevier SAS,
Paris), Neurologie, 17-046-B-15, 2005.

Disponibles sur www.emc-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos / Documents Information Informations Auto-
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations

Neurologie 7

Vous aimerez peut-être aussi