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Accidents ischémiques cérébraux


du sujet jeune
M. Bodenant, D. Leys

Les ischémies cérébrales du sujet jeune diffèrent de celles du sujet âgé par leurs étiologies et leur pronostic.
Selon les séries et l’exhaustivité du bilan étiologique, près d’un tiers des ischémies cérébrales du sujet jeune
ne s’accompagne pas d’une cause clairement authentifiée. Les dissections des artères cervicales sont la
première cause. Le rôle de l’association fréquente foramen ovale perméable et anévrisme du septum
interauriculaire dans la récidive reste incertain. La mortalité, le risque de récidive et le risque d’infarctus
du myocarde sont faibles à court et moyen termes, mais varient selon la cause. Un bilan étiologique
négatif est associé à un risque de récidive faible. Toutefois, malgré un bon pronostic global, l’épilepsie
résiduelle est fréquente ainsi que les troubles neuropsychologiques. Les jeunes femmes qui ont présenté
une ischémie cérébrale ont un faible risque de récidive au cours d’une grossesse ultérieure.
© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Accident vasculaire cérébral ; Ischémie cérébrale ; Sujet jeune ; Dissection artère cervicale ; Grossesse

Plan  Introduction
■ Introduction 1 Dans les pays industrialisés, les accidents vasculaires cérébraux
■ Épidémiologie descriptive 1 (AVC) représentent la deuxième cause de mortalité et de démence

et la troisième cause de handicap acquis de l’adulte [1] . Si l’âge
Démarche diagnostique 2
moyen du premier AVC est d’environ 74 ans, près de 5 % sur-
Interrogatoire 2
viennent chez des adultes jeunes, entre 18 et 45 ans [2] , dont la
Examen cutané 2
majorité sont des infarctus cérébraux [3] . Les données actuelles
Examen du fond d’œil 2
concernant les AVC dans cette tranche d’âge sont issues pour
Bilan biologique 2
la plupart d’études de petite taille et hétérogènes en termes
■ Étiologies 3 d’âge limite d’inclusion, de classification étiologique utilisée ou
Complications de l’athérosclérose 3 d’exhaustivité du bilan. Néanmoins, il semble que ces isché-
Cardiopathies emboligènes 3 mies cérébrales se distinguent par la proportion importante de
Occlusions des petits vaisseaux perforants intracérébraux 4 causes indéterminées. La mortalité est faible mais le handicap
Autres causes identifiées 5 et l’épilepsie grèvent la qualité de vie. Les AVC du sujet jeune
Ischémies cérébrales de cause indéterminées et inconnues 9 représentent donc un enjeu de santé publique compte tenu des
■ Facteurs de risque 9 conséquences socioéconomiques du handicap fonctionnel.
Facteurs de risque majeurs d’ischémie cérébrale : hypertension L’objectif de cet article est d’actualiser les données concernant
artérielle, tabagisme, hypercholestérolémie, diabète 9 l’épidémiologie, les facteurs de risque et les étiologies de ces isché-
Contraception orale 9 mies cérébrales. Nous nous limitons aux ischémies cérébrales
Migraine 9 d’origine artérielle. La présentation clinique et la prise en charge
Infection par le virus de l’immunodéficience humaine 9 à la phase aiguë n’ont pas de spécificité liée à l’âge et ne sont pas
Grossesse 9 abordées, sauf en ce qui concerne deux spécificités du jeune : la
Toxiques 9 prise en charge de l’infarctus malin et le traitement de la femme
■ Pronostic 10 enceinte.
Mortalité 10
Risques de récidive d’accident vasculaire cérébral et d’infarctus
du myocarde 10  Épidémiologie descriptive
Épilepsie 10
Qualité de vie et conséquences sociales tardives 10 L’incidence des ischémies cérébrales augmente avec l’âge, y
Grossesses ultérieures 10 compris chez le sujet jeune, où la plupart des patients ont entre

40 et 45 ans [3, 4] . Leur incidence est de 3 à 23 nouveaux cas par an
Traitements 10
pour 100 000 habitants [3, 5–9] . Cette incidence est plus élevée chez
■ Conclusion 10 les hommes [3] , les sujets noirs ou hispaniques [7] et dans les pays
non industrialisés [10, 11] .

EMC - Neurologie 1
Volume 9 > n◦ 3 > juillet 2012
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(12)57603-7
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L’incidence des ischémies cérébrales survenant pendant la gros- Tableau 1.


sesse est estimée de 3,8 à 18 pour 100 000 accouchements [12–15] . La Stratégie progressive du bilan étiologique de l’ischémie du sujet jeune
grossesse augmente modérément le risque d’AVC mais l’incidence d’après les recommandations de la Société française de neurologie vascu-
des ischémies cérébrales ne semble pas différer significativement laire (SFNV) [18] .
de celle observée hors grossesse. En revanche, ce risque est aug- Bilan initial à réaliser dans tous les cas
menté en post-partum [12, 16] .
IRM cérébrale
Angio-IRM des troncs supra-aortiques et du polygone de Willis, avec des
 Démarche diagnostique coupes axiales cervicales en séquence T1 avec suppression de graisse
réalisées pour la détection des dissections des artères cervicales (ou TDM
et angio-TDM si contre-indications à IRM), et échodoppler des troncs
La démarche diagnostique ne diffère de celle du sujet âgé supra-aortiques couplé avec le Doppler transcrânien pour l’exploration
que par la recherche étiologique. L’échodoppler cervical et des artères intracrâniennes
transcrânien, l’angiographie par résonance magnétique (ARM)
ECG et monitoring ECG systématique, échographie cardiaque
des vaisseaux cervicaux et intracrâniens, l’électrocardiogramme transthoracique sauf si une étiologie semble d’emblée évidente
(ECG), le Holter cardiaque et l’échocardiographie transthoracique
Examens biologiques usuels systématiques ; la recherche de toxiques
et transœsophagienne ont les mêmes indications qu’à un âge
(cannabis, cocaïne, amphétamines et opiacés) est à discuter
plus élevé et ne sont donc pas détaillés. Les ischémies céré-
brales survenant au cours de la grossesse nécessitent le même Examens de deuxième intention, réalisés en l’absence d’étiologie
inventaire diagnostique qu’en dehors de la grossesse. Toutefois, trouvée au bilan initial ou en complément de ce bilan
l’imagerie par résonance magnétique (IRM) est devenue l’examen Holter-ECG, à renouveler
de référence, en substitution du scanner et de l’angiographie, mais Radiographie pulmonaire (malformation artérioveineuse pulmonaire)
son innocuité à long terme sur le fœtus n’a jamais été établie.
ETO ; si elle est contre-indiquée, un angioscanner cardiaque ou une
L’injection de gadolinium est déconseillée, ses effets sur le fœtus
angio-IRM cardiaque peuvent être proposés
n’étant pas connus. Les études publiées témoignent de la grande
hétérogénéité du bilan entre les centres. Il n’existe pas de consen- Ponction lombaire (étiologie infectieuse ou inflammatoire)
sus international sur la chronologie de réalisation des examens Sérologies VIH, bilan immunologique sont à réaliser sur des arguments
diagnostiques [17] . Pour la France, la Société française de neurolo- cliniques ou biologiques d’orientation, dosage des D-dimères (CIVD ou
gie vasculaire (SFNV) a publié des recommandations pour le bilan, néoplasie), recherche d’un syndrome des antiphospholipides (anticorps
avec une stratégie d’algorithme progressif [18] (Tableau 1). anticardiolipine, anticoagulant circulant lupique et anticorps
anti-ß2-GP1)
Examens de troisième intention, réalisés plus rarement mais ayant
Interrogatoire un impact thérapeutique
Il peut apporter des arguments étiologiques. Il doit être Angiographie par voie intra-artérielle (suspicion de dissections, de
répété envers le patient et aussi son entourage. Il concerne les dysplasie fibromusculaire et de vasculopathies cérébrales)
éléments suivants : présence de cervicalgies ou de céphalées (dis- Scanner thoracique à la recherche d’une malformation artérioveineuse
sections), présence d’acouphènes pulsatiles (dissections), prise pulmonaire
de toxiques médicamenteux ou illicites (angiopathies toxiques), Spectroscopie IRM (mitochondriopathie ou autre maladie métabolique)
traitements récents vasoconstricteurs, terrain migraineux, anté- Examens biologiques : dosage de l’activité enzymatique de
cédents ou affections en cours orientant vers une maladie l’alphagalactosidase (maladie de Fabry), dosage plasmatique de
systémique (rash, photosensibilité, arthrite, pleurésie, péricar- l’homocystéine, dosage des lactates et des pyruvates sanguins à jeun et en
dite, avortements spontanés à répétition, ulcérations buccales ou postprandial et lactates dosés dans le LCS (mitochondriopathie),
génitales, fièvre inexpliquée, anémie, thrombopénie, protéinurie), ammoniémie sanguine et analyse des gaz du sang (anomalie du
antécédents familiaux de pathologie artérielle, de migraine, de métabolisme de l’urée ou des acides aminés), éventuellement complétés
dépression ou de démence (cerebral autosomal dominant arteriopa- par une chromatographie des acides aminés
thy with subcortical infarcts and leukoencephalopathy [CADASIL]), et Analyses génétiques par biologie moléculaire réalisées devant une
antécédents de cancer et de radiothérapie (artériopathie radique). suspicion clinique ou radiologique ou en présence d’une histoire
familiale évocatrice

Examen cutané Biopsie de peau (syndrome de Sneddon ou suspicion de CADASIL malgré


un test génétique négatif)
Il doit être effectué chez un patient déshabillé et recher- Biopsie musculaire (mitochondriopathie) ou de l’artère temporale
cher une élasticité cutanée et ligamentaire anormale (syndrome superficielle (maladie de Horton)
d’Ehlers-Danlos), une papulomatose (maladie de Degos), un
livedo racemosa (syndrome de Sneddon), des neurofibromes et des IRM : imagerie par résonance magnétique ; TDM : tomodensitométrie ; ECG :
électrocardiogramme ; ETO : échographie transœsophagienne ; VIH : virus de
taches café au lait (maladie de von Recklinghausen), des angioké- l’immunodéficience humaine ; CIVD : coagulation intravasculaire disséminée ;
ratomes (maladie de Fabry), ou une lentiginose faciale (association ␤2-GP1 : bêta-2-glycoprotéine 1 ; LCS : liquide cérébrospinal ; CADASIL : cerebral
possible au myxome cardiaque). autosomal dominant arteriopathy with subcortical infarcts and leukoencephalopathy.

Examen du fond d’œil (CRP), le bilan de coagulation (temps de Quick, temps de cépha-
line activé [TCA], fibrinogène), la troponine, le bilan lipidique à
Il permet d’identifier le cas échéant une rétinopathie hyper-
jeun (triglycérides, cholestérol total, high density lipoprotein [HDL]
tensive, des embolies de cholestérol, une rétinite périvasculaire
et low density lipoprotein [LDL]), la fonction rénale, le bilan hépa-
(syndrome d’Eales), des ischémies rétiniennes multiples (syn-
tique. Les beta-human chorionic gonadotrophin (ß-hCG) sont dosées
drome de Susac), des plaques multifocales jaunâtres rétiniennes
chez toutes les femmes.
(épithéliomatose pigmentaire en plaques multifocales posté-
En seconde intention, d’autres examens peuvent être néces-
rieures et aiguës) ou des tortuosités artérielles rétiniennes
saires en fonction du contexte clinique et des premiers résultats
(pathologies liées au gène COL4A1).
biologiques. Le dosage de l’hémoglobine glyquée est réalisé chez
les patients diabétiques, et des hémocultures en cas de fièvre. Une
Bilan biologique ponction lombaire doit être réalisée lorsqu’une étiologie infec-
tieuse ou inflammatoire est suspectée. En fonction de l’exposition
Le bilan biologique de base nécessaire dans toute ischémie céré- aux risques, les sérologies du virus de l’immunodéficience
brale comprend la formule sanguine, la numération plaquettaire, humaine (VIH) et syphilitique sont proposées. Un bilan immu-
la glycémie à jeun, le bilan électrolytique, la C reactive protein nologique est réalisé sur des arguments cliniques ou biologiques

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d’orientation (dosage des anticorps antinucléaires, complément, cardiopathie considéré comme emboligène [4, 21, 22, 24, 31] . En effet,
facteur rhumatoïde, cryoglobulines, électrophorèse des protéines l’imputabilité de certaines étiologies cardioemboliques comme
sanguines et urinaires, immunoélectrophorèse des protéines l’association FOP-anévrisme du septum interauriculaire (ASIA) et
sériques, anticorps anti-SSA, anticorps anti-SSB, anticorps anti- le prolapsus mitral est discutée.
Sm, anticorps anticytoplasme des polynucléaires (c-ANCA et Les principales causes cardiaques d’ischémie cérébrale du sujet
p-ANCA), enzyme de conversion de l’angiotensine, sérologies jeune sont présentées. Certaines nécessitent une mention parti-
des hépatites B et C, VIH et sérologie Borrelia burgdorferi). Le culière.
dosage des D-dimères est effectué pour rechercher une coagu-
lation intravasculaire disséminée (CIVD) ou une néoplasie. La
recherche d’un syndrome des antiphospholipides (SAP) repose
sur la recherche d’anticorps anticardiolipine, d’anticoagulant
circulant lupique et d’anticorps anti-ß2-glycoprotéine 1 (GP1).
“ Point fort
Le diagnostic de SAP n’est définitivement retenu qu’après une
Principales causes cardiaques d’ischémie cérébrale
deuxième analyse à 12 semaines du premier diagnostic biolo-
du sujet jeune
gique. L’électrophorèse de l’hémoglobine est réalisée devant des
• Cardiopathies à haut risque embolique
facteurs ethniques prédisposants ou des anomalies biologiques
évocatrices [17] . ◦ fibrillation auriculaire sur cardiopathie, ou avec fac-
Il n’y a pas d’indication à réaliser de manière systématique un teur de risque vasculaire, ou en présence d’un
bilan de thrombophilie constitutionnelle (protéine C, protéine S, antécédent embolique
antithrombine III, mutation prothrombine et mutation Leiden du ◦ rétrécissement mitral
facteur V), sauf en cas d’antécédent personnel ou familial throm- ◦ prothèse valvulaire mécanique
botique artériel ou veineux ou d’avortements spontanés, ou en ◦ endocardite bactérienne
cas de foramen ovale perméable (FOP) [18] . ◦ endocardite marastique
◦ thrombus intracavitaire
◦ infarctus du myocarde en phase aiguë
 Étiologies ◦ anévrisme ventriculaire gauche ou zone d’hypo-
kinésie
Il existe de grandes différences dans la répartition des étiolo-
gies selon les pays et les centres [4, 8, 10, 11, 19–40] , d’autant plus que ◦ cardiomyopathies dilatées
ces études n’ont pas toutes utilisé la même classification diagnos- ◦ tumeurs intracardiaques (myxome, fibroélastome
tique, ni les mêmes examens paracliniques. Malgré un inventaire papillaire)
diagnostique approfondi, l’étiologie reste inconnue ou incertaine ◦ embolie paradoxale via un FOP ou une communica-
dans près d’un tiers des cas, ce chiffre allant de 10 % à 60 % des tion interauriculaire
cas pour les études ayant utilisé la classification Trial of Org 10172 ◦ cardiopathies congénitales cyanogènes
in Acute Stroke Treatment (TOAST) [4, 10, 21, 22, 24–26, 29–31, 33–35] . Toute- ◦ anévrisme du septum interauriculaire associé à un
fois, même dans des centres spécialisés, il arrive que la négativité FOP
du bilan étiologique soit expliquée par son caractère incomplet ◦ complication des cathétérismes et de la chirurgie car-
ou trop tardif.
diaque
Comme à tout âge, les causes d’ischémie cérébrale se
• Cardiopathies à moyen risque embolique
répartissent en complications de l’athérosclérose, cardiopathies
emboligènes, occlusions des petits vaisseaux intracérébraux, ◦ fibrillation auriculaire isolée sur cœur sain
autres causes identifiées et causes inconnues [41] . C’est la fréquence ◦ prolapsus valvulaire mitral
respective des différentes étiologies qui diffère du sujet plus âgé, ◦ calcification mitrale
avec une prédominance de « causes inconnues » et « d’autres ◦ bioprothèse valvulaire
causes identifiées » [30] . Dans les pays industrialisés, l’étiologie ◦ rétrécissement aortique
principale des ischémies cérébrales du sujet jeune est représen- ◦ bicuspidie aortique
tée par les dissections artérielles cervicales, mais la fréquence de ◦ excroissance de Lambl
l’athérosclérose des gros vaisseaux augmente après 40 ans [4, 31] . ◦ anévrisme du septum interauriculaire isolé
Dans les pays non industrialisés, les principales étiologies sont
◦ FOP isolé
les cardiopathies emboligènes, en particulier les valvulopathies
rhumatismales et les complications infectieuses.

Complications de l’athérosclérose Fibrillation auriculaire isolée sur cœur sain


du sujet jeune
Elles représentent entre 10 % à 20 % des ischémies cérébrales
Elle expose à un risque très faible d’embolie cérébrale. En
survenant avant 45 ans [4, 21, 22, 24, 31] . Elles se rencontrent surtout
revanche, la fibrillation auriculaire s’accompagne d’un risque
chez des hommes, après 40 ans [4, 31] . Elles n’ont pas de spécificité
élevé d’embolie cérébrale à cet âge en présence de facteurs de
particulière quant à leur expression clinique, leur diagnostic, et
risque vasculaires ou d’une cardiopathie sous-jacente (valvulopa-
leurs facteurs de prédisposition. Le tabac est un facteur de risque
thie mitrale, cardiomyopathie).
constant à cet âge, et une notion familiale est fréquente, suggérant
une prédisposition génétique.
Endocardites bactériennes
Elles ne s’accompagnent pas toujours de fièvre. À une phase
Cardiopathies emboligènes précoce, l’échocardiographie, transthoracique ou surtout trans-
œsophagienne, peut visualiser les végétations. Il ne faut pas hési-
Les causes cardioemboliques représentent environ 20 % des
ter à la répéter.
étiologies des infarctus du sujet jeune [4, 21, 22, 24, 31] . Une étude
grecque récente a étudié spécifiquement les étiologies des causes
cardioemboliques chez des sujets de moins de 45 ans. Il s’agissait
Foramen ovale perméable
de cause cardioembolique à moyen risque de récidive (essentiel- Il se trouve chez 25 % à 30 % de la population générale. La
lement présence d’une anomalie du septum ou d’un prolapsus méta-analyse de plusieurs études cas-témoins a montré un risque
mitral) dans la majorité des cas et la place de la fibrillation auri- relatif de l’ordre de 5 entre la présence d’un FOP et le risque
culaire n’était que de 11 % [42] . Toutefois, la fréquence des causes d’AVC cryptogénique chez les sujets de moins de 55 ans, et de
cardioemboliques dans les études varie en fonction du type de 3 chez les sujets plus âgés [43] . Il réalise une communication entre

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responsabilité dans les ischémies cérébrales et leurs récidives n’a


pas été montrée. Le risque d’embolie cérébrale sur prolapsus mitral
est vraisemblablement très faible, sauf en cas d’arythmie, ou
d’endocardite.

Myxome intracardiaque
C’est la plus fréquente des tumeurs intracardiaques primitives
(dix cas par million d’habitants) mais il reste une cause rare
d’ischémie cérébrale. Le siège habituel est l’oreillette gauche. Il
s’insère par un pédicule long sur le septum interauriculaire.
Il se manifeste la plupart du temps via trois mécanismes : une
obstruction valvulaire (dyspnée d’effort ou positionnelle, souffle,
variations tensionnelles), des emboles systémiques de fragments
tumoraux (périphériques ou cérébraux) ou des signes généraux
(asthénie, amaigrissement, fièvre, syndrome inflammatoire) [47] .
Certains sont asymptomatiques au plan cardiaque et révélés par
une ischémie cérébrale. La présence d’une lentiginose faciale
(macules de couleur marron ou noire au niveau des paupières ou
des lèvres) chez un patient ayant une ischémie cérébrale doit faire
rechercher une association possible au myxome cardiaque dans le
Figure 1. Échographie transœsophagienne mettant en évidence un cadre du syndrome de Carney. Il s’agit d’une affection rare, auto-
foramen ovale perméable et un anévrisme du septum interauriculaire. somale dominante associant une lentiginose, des myxomes et une
hyperactivité endocrinienne.
les deux oreillettes, qui devient fonctionnelle en cas d’inversion
du gradient de pression (embolie pulmonaire, manœuvre de Val-
Fibroélastome papillaire
salva). Le diagnostic de FOP se fait sur l’échocardiographie (Fig. 1), C’est la deuxième cause de tumeur cardiaque après le myxome
idéalement transœsophagienne, ou un Doppler transcrânien avec de l’oreillette. Il s’agit d’une tumeur bénigne de l’endocarde, pédi-
épreuve de contraste intraveineux. Dans l’hypothèse d’une rela- culée et mobile, siégeant généralement sur une valve [48] .
tion de cause à effet, les mécanismes évoqués sont une embolie
paradoxale (nécessitant un thrombus veineux, une hypertension Cardiomyopathies du péripartum
artérielle pulmonaire par embolie pulmonaire et une ischémie
Elles sont exceptionnelles dans les pays industrialisés, de l’ordre
cérébrale sans autre cause identifiée), un thrombus au sein du
d’un cas pour 3 000 à 4 000 délivrances, mais sont plus fréquentes
FOP (hypothèse la plus probable mais rarement prouvée en pra-
dans les pays non industrialisés. La présentation clinique est une
tique), un trouble du rythme paroxystique ou une association à
insuffisance cardiaque dilatée survenant lors du dernier mois de
une autre cause d’infarctus non encore identifiée. Ces mécanismes
grossesse et jusqu’au cinquième mois de post-partum, en l’absence
sont encore débattus et de par sa fréquence élevée en popula-
d’autre pathologie cardiaque et pouvant se compliquer d’une
tion générale, il faut considérer que la présence d’un tiers des FOP
embolie cérébrale dans 5 % des cas. Les facteurs de risque retrouvés
découvert dans le bilan d’AVC cryptogénique est dû au hasard [43]
sont la multiparité, un âge maternel élevé, les grossesses multiples,
et ne bénéficierait donc pas de sa fermeture. La présence d’un FOP
la prééclampsie et l’hypertension gravidique. Cette affection est
isolé est une constatation assez banale en pratique et le risque de
multifactorielle et s’accompagne d’une mortalité élevée. Elle peut
récidive est identique à celui des patients n’ayant pas de FOP [44] .
récidiver lors de grossesses ultérieures [49] .
Un antiagrégant plaquettaire est recommandé après une ischémie
cérébrale chez les patients avec un FOP isolé.
Occlusions des petits vaisseaux perforants
Anévrisme du septum interauriculaire
intracérébraux
C’est une protrusion du septum interauriculaire dans l’une ou
l’autre oreillette, rare en l’absence de FOP, estimée à 2 % à 3 % Les infarctus lacunaires sont de petites cavités se développant
de la population. Les critères de diagnostic sont, en échographie après résorption d’un infarctus de petite taille (< 15 mm) situées
transœsophagienne, une excursion d’au moins 10 mm durant le dans la substance blanche ou les noyaux gris centraux, consécu-
cycle cardiaque, et une base d’implantation d’au moins 15 mm. tives à l’occlusion d’une artère perforante de petit calibre (50 à
Les ASIA sont plus fréquents chez les sujets jeunes ayant présenté 400 ␮m). Ces artères perforantes terminales, dépourvues de col-
une ischémie cérébrale de cause inconnue [43] , mais la présence latérales, sont particulièrement sensibles à l’ischémie. Certaines
d’un ASIA n’est pas un marqueur d’un risque augmenté de réci- présentations (hémiplégie motrice pure, hémisyndrome sensitif
dive [44] . Un trouble du rythme ou une thrombose dans l’ASIA sont pur, hémiplégie ataxique ou hémiplégie sensitivomotrice) sont
les deux mécanismes les plus probables d’ischémie cérébrale. évocatrices d’infarctus lacunaires, mais elles ne sont pas spé-
cifiques. Leur pronostic immédiat est bon, mais le risque de
Association foramen ovale perméable démence est élevé à long terme [50] .
et anévrisme du septum interauriculaire (Fig. 1)
Lipohyalinose des artères perforantes
Chez des sujets de moins de 55 ans ayant présenté une ischémie
cérébrale de cause inconnue, elle présentait un risque plus élevé de L’hypertension artérielle en est le principal facteur de risque
récidive sous antiagrégant plaquettaire dans une seule étude [45] . avec le diabète, mais cette pathologie est exceptionnelle avant
Toutefois, il n’y a pas suffisamment de preuves actuellement 45 ans. Il apparaît un épaississement progressif de la média par
pour recommander la fermeture du FOP. Les mesures préven- lipohyalinose, source de rupture (hémorragies profondes) ou
tives telles que l’antiagrégation plaquettaire, l’anticoagulation ou d’oblitération (infarctus lacunaires).
la fermeture du FOP sont actuellement évaluées dans des essais
randomisés. « Cerebral autosomal dominant arteriopathy with
subcortical infarcts and leukoencephalopathy »
Prolapsus de la valve mitrale C’est une affection des petits vaisseaux intracérébraux, iden-
C’est une protrusion d’une ou de deux valves mitrales dans tifiée sur des critères cliniques, IRM et génétiques. Elle est due
l’oreillette gauche. Il se rencontre dans 2 % à 6 % de la popu- à une mutation du gène Notch3 sur le chromosome 19 entraî-
lation [46] mais ses critères de diagnostic sont imprécis et sa nant une accumulation dans la paroi de petits vaisseaux d’une

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substance encore inconnue aboutissant à des occlusions arté- fréquente de dissections simultanées de plusieurs artères cervi-
rielles. Elle serait responsable de 11 % des infarctus lacunaires cales chez un même individu [55] . Les récidives sont rares et dans
du sujet de moins de 50 ans. Le phénotype clinique varie selon l’ensemble, les dissections artérielles cervicales sont bénignes une
les familles atteintes mais cinq symptômes principaux sont ren- fois passée la phase aiguë. Les méthodes non invasives de diagnos-
contrés : une migraine avec aura, des infarctus sous-corticaux tic et de suivi, comme l’échodoppler cervical et l’ARM, permettent
lacunaires récidivants, des troubles de l’humeur, une apathie et la mise en évidence de l’hématome de la paroi artérielle, élément
des troubles cognitifs. Il entraîne progressivement une démence pathognomonique du diagnostic [56] .
avec paralysie pseudobulbaire. Les premiers signes surviennent Le mécanisme de l’infarctus est embolique, c’est pourquoi un
pendant la troisième décennie, et le décès survient généralement traitement par anticoagulant est le plus souvent prescrit en pra-
vers 50 ans [51] . Les anomalies de la substance blanche sont tou- tique, même si cela ne repose pas sur des données issues d’essais
jours sévères et associées à des lacunes : elles sont la marque randomisés. La thrombolyse intraveineuse est indiquée chez ces
de l’affection et peuvent être présentes en IRM bien avant les patients même s’ils semblent avoir un plus mauvais pronostic
premiers symptômes cliniques. L’atteinte de la capsule externe fonctionnel que les patients n’ayant pas de DAC.
et de la partie antérieure du lobe temporal est très évocatrice.
D’autres anomalies sont également fréquemment rencontrées Dissections intracrâniennes
comme des dilatations des espaces périventriculaires et des micro- Elles sont beaucoup plus rares que les dissections cervicales et
saignements. surtout d’un diagnostic plus difficile. Elles se rencontrent plus
chez l’enfant et se manifestent par une ischémie cérébrale de mau-
Pathologies liées au gène COL4A1 vais pronostic. Elles exposent au risque d’hémorragie méningée, à
Elles ont été récemment décrites. COL4A1 est un gène qui code cause de l’absence de limitante élastique externe d’une part et de
la sous-unité alpha 1 du collagène de type 4, qui compose les mem- couches musculaires et adventitielles plus fines qu’en extracrânien
branes basales de nombreux tissus dont l’endothélium vasculaire, d’autre part. Certains centres pratiquent une ponction lombaire
l’épithélium de la cornée, la conjonctive de l’œil, les glomérules systématique pour la rechercher. Les anticoagulants sont habituel-
et les tubules rénaux. Des mutations du gène COL4A1 ont été lement contre-indiqués.
identifiées, avec une transmission autosomique dominante. Elles
peuvent être symptomatiques ou totalement asymptomatiques, et Artériopathies radiques
l’âge de début des manifestations cliniques est très variable, allant Elles sont rarement des complications de la radiothérapie de
de la période fœtale jusqu’à l’âge adulte. Le spectre clinique inclut cancer des voies aérodigestives supérieures, mais de lymphomes.
une maladie des petites artères de sévérité variable parfois associée Il existe une radiodermite et les rayons interviennent comme fac-
à des anévrismes cérébraux, des dolichoartères et une poren- teur local d’athérome. Les lésions touchent aussi des territoires
céphalie ; des atteintes ophtalmiques (tortuosités rétiniennes et habituellement respectés par l’athérome (carotide primitive ou
anomalies d’Axenfeld-Rieger : cataracte congénitale, microcornée, externe).
décollement de rétine, excavation du nerf optique et hypertension
intraoculaire) et rénales (insuffisance rénale, crampes musculaires, Dysplasie fibromusculaire (DFM)
syndrome de Raynaud et arythmies cardiaques) [52] . On distingue Elle regroupe des pathologies artérielles non athéromateuses et
trois phénotypes différents : non inflammatoires, multifocales mais touchant essentiellement
• la porencéphalie familiale autosomique dominante ; les artères rénales et cervicocéphaliques. C’est une pathologie rare,
• la maladie des petites artères avec hémorragie autosomique touchant plus souvent des femmes de plus de 40 ans. La physio-
dominante ; pathologie est mal connue mais différents facteurs hormonaux,
• le syndrome hereditary angiopathy with nephropathy, aneurysm, mécaniques ou génétiques, ont été évoqués. Dans 80 % des cas, il
and muscle cramps (HANAC) [53] . s’agit d’une atteinte de la média et l’aspect est celui d’un « collier
La plupart des lésions vasculaires siègent dans le territoire de perles » ou d’une « pile d’assiettes » traduisant les sténoses
profond (noyaux gris centraux, substance blanche) associées à multifocales. La DFM cervicoencéphalique expose sans doute à
une leucoencéphalopathie diffuse périventriculaire, et parfois à un risque très faible d’ischémie cérébrale, sauf quand elle fait le lit
des microhémorragies et/ou des espaces périvasculaires dilatés d’une dissection artérielle ou peut être associée à des anévrismes
(Virchow-Robin) témoignant d’une microangiopathie cérébrale cérébraux exposant à un risque d’hémorragie méningée. Dans de
diffuse. nombreux cas, il s’agit d’une découverte fortuite et en présence
d’une ischémie cérébrale, l’imputabilité est douteuse. Elle peut
Vasculopathies rétiniennes autosomiques être isolée ou associée à d’autres localisations, en particulier aux
dominantes avec leucodystrophie artères rénales, et est parfois associée à une phacomatose, telle
Elles sont associées avec des mutations du gène TREX 1. Le la maladie de Recklinghausen, ou un hamartome (nævus épider-
phénotype peut comporter une expression neurologique avec des mique), ou une maladie du tissu élastique (Ehlers-Danlos type IV,
symptômes psychiatriques, cognitifs, des infarctus sous-corticaux maladie de Marfan, pseudoxanthome élastique). L’atteinte rénale
et une leucoencéphalopathie, ainsi que des symptômes ophtal- peut se compliquer d’une hypertension artérielle rénovasculaire
mologiques avec une baisse d’acuité visuelle en rapport avec une et doit être recherchée [57] .
vasculopathie rétinienne ou rénale inconstante et le plus souvent
discrète [54] . Syndrome moya-moya
C’est une vasculopathie provoquant une sténose progressive
de l’artère carotide interne intracrânienne et de ses branches
Autres causes identifiées proximales (artères cérébrales antérieure et moyenne), asso-
ciée au développement d’un réseau d’artères collatérales. Elle
Pathologies artérielles
est responsable de deux types de symptômes : des manifesta-
Dissections des artères cervicales (DAC) tions secondaires à une ischémie cérébrale (infarctus, accident
Elles sont la première cause d’ischémie cérébrale du sujet ischémique transitoire ou crise convulsive) ou aux mécanismes
jeune dans les pays industrialisés, depuis la quasi-disparition des compensateurs de l’ischémie chronique (hémorragies des vais-
valvulopathies rhumatismales à cet âge. L’hypothèse pathophy- seaux collatéraux). Elle est reconnue sur une angiographie qui
siologique des DAC fait intervenir une altération intrinsèque révèle des télangiectasies profondes associées à une sténose serrée
préalable de la paroi artérielle en partie génétiquement déter- ou à une occlusion d’une ou des artères carotides intracrâniennes
minée, favorisée par un facteur environnemental infectieux ou au niveau de leur bifurcation.
traumatique. En faveur d’une altération préalable de la paroi arté- On distingue la maladie moya-moya lorsqu’elle est isolée, du
rielle plaident l’association à des maladies héréditaires du tissu syndrome moya-moya qui est associé à de multiples pathologies :
conjonctif, en particulier la malade d’Ehlers-Danlos de type IV, drépanocytose, neurofibromatose de type 1, radiothérapie, vascu-
des anévrismes intracrâniens, les formes familiales et la survenue larite postinfectieuse, trisomie 21 [58, 59] .

EMC - Neurologie 5
17-046-B-13  Accidents ischémiques cérébraux du sujet jeune

Angéites inflammatoires • La maladie de Kawasaki.


Elles regroupent un ensemble hétérogène de vasculopathies • La malade de Buerger (ou thromboangéite oblitérante) est une
caractérisées par une inflammation et une nécrose de la paroi arté- angéite inflammatoire segmentaire des artères de moyen et de
rielle. La clinique est très hétérogène : céphalées, signes méningés, petit calibre ainsi que des veines superficielles ; elle touche sur-
encéphalopathie, signes psychiatriques, crises convulsives ou tout les artères des membres et exceptionnellement les artères
AVC. Le diagnostic est suspecté sur un faisceau d’arguments cérébrales. La rareté des localisations cérébrales dans cette affec-
cliniques (maladie systémique identifiée, atteinte d’un autre tion et la difficulté à prouver la relation entre cette affection
organe) accompagnés le plus souvent de céphalées préexistantes, et l’ischémie cérébrale amènent parfois à mettre en doute
biologiques (ponction lombaire et bilan immunologique) et radio- l’existence d’une localisation de la maladie aux artères céré-
logiques sur les données de l’IRM et surtout de l’artériographie [60] . brales.
Seule la biopsie cérébroméningée, orientée par l’artériographie, Petits vaisseaux.
permet un diagnostic de certitude. • Vascularites associées à la présence d’ANCA : maladie de Churg
La classification de Chapel Hill distingue les angéites primitives et Strauss, maladie de Wegener et polyangéite microscopique.
selon la taille du vaisseau atteint et les angéites secondaires asso- • Vascularites associées à des dépôts de complexes immuns : cryo-
ciées aux collagénoses, cancer, infections, etc. [61] . Les causes sont globulinémie.
présentées. Autres.
• Maladie de Behçet [64] .
• Angéites primitives du système nerveux. Ce sont des angéites
inflammatoires granulomateuses, non sarcoïdosiques, avec des

“ Point fort cellules géantes, non infectieuses, limitées aux artères lep-
toméningées et cérébrales, sans affection systémique [65, 66] .
L’incidence est très faible (0,5 cas par an par million
Principales causes d’angéites cérébrales [61] d’habitants). Elles touchent les deux sexes, vers 40 ans, et
• Angéites primitives débutent souvent par des céphalées précédant les signes focaux.
Les déficits neurologiques se répètent de façon subaiguë, sont
◦ Gros vaisseaux constitués ou transitoires et sont en rapport avec des infarc-
– Maladie de Horton tus de petite taille, dont certains sont corticaux et peuvent
– Maladie de Takayasu s’accompagner d’hémorragies. Des crises convulsives sont fré-
◦ Vaisseaux de taille moyenne quentes, ainsi que des paralysies de nerfs crâniens. Une fièvre
– Périartérite noueuse est possible. L’évolution vers une démence est habituelle. Il
– Maladie de Kawasaki n’y a pas toujours de syndrome inflammatoire biologique et
– Maladie de Buerger il n’y a pas de marqueur biologique. Le liquide cérébrospi-
◦ Petits vaisseaux nal (LCS) peut être normal mais il est plus fréquent qu’il
– Vascularites associées à la présence d’ANCA : Churg mette en évidence une hypercytose lymphocytaire, voire des
bandes oligoclonales. L’imagerie cérébrale peut suggérer le
et Strauss, Wegener, polyangéite microscopique
diagnostic d’angéite face à des infarctus de petite taille dans
– Vascularites associées à des dépôts de complexes des territoires vasculaires différents. L’imagerie artérielle n’est
immuns pas spécifique et met en évidence des rétrécissements arté-
◦ Autres riels diffus en « chapelet de saucisses » avec parfois alternances
– Maladie de Behçet de dilatations et de sténoses sur les artères intracrâniennes
– Angéites primitives du système nerveux central extracérébrales. Le diagnostic de certitude repose sur la biopsie
(SNC) leptoméningée orientée par l’artériographie, car le prélève-
• Angéites secondaires ment d’un vaisseau sain expose à une biopsie négative.
◦ Associées aux collagénoses : lupus érythémateux Le pronostic est sévère et la mortalité élevée. Une straté-
disséminé, syndrome de Gougerot-Sjögren, scléro- gie associant corticoïdes et éventuellement cyclophosphamide
en phase d’induction puis un traitement immunosuppres-
dermie, polyarthrite rhumatoïde
seur en phase d’entretien pendant au moins 1 an après la
◦ Associées aux maladies inflammatoires systémiques : rémission a permis une évolution favorable chez quelques
sarcoïdose, maladie de Crohn ou néoplasies patients [66] .
◦ Maladie d’Eales Angéites secondaires.
◦ Épithéliomatose pigmentaire en plaques multifocales • Associées à des collagénoses : lupus érythémateux aigu
postérieures et aiguës disséminé, syndrome de Gougerot-Sjögren, sclérodermies,
◦ Papulomatose maligne atrophiante (maladie de polyarthrite rhumatoïde.
Degos) • Associées à d’autres maladies inflammatoires systémiques : sar-
◦ Syndrome de Susac coïdose, rectocolite hémorragique et maladie de Crohn ou à des
◦ Angéites infectieuses néoplasies (hémopathie ou tumeurs solides).
• La maladie d’Eales est la conséquence d’une angéite inflam-
matoire isolée aux vaisseaux rétiniens, mais des cas d’ischémie
cérébrale, d’imputabilité incertaine, ont été rapportés.
Angéite primitive. • L’épithéliomatose pigmentaire en plaques multifocales pos-
Gros vaisseaux. térieures et aiguës est une uvéonévraxite : l’atteinte oculaire
• La maladie de Horton ou artérite à cellule géante [62] . Les bilatérale peut exceptionnellement s’accompagner d’angéite
complications ischémiques sont rares et souvent dans le ter- cérébrale. Le tableau est celui d’une vision trouble survenant
ritoire vertébrobasilaire. après un épisode grippal, précédant l’ischémie cérébrale. Le
• La maladie de Takayasu est une artériopathie chronique inflam- diagnostic repose sur la mise en évidence de lésions au fond
matoire progressive de l’aorte et des artères brachiocéphaliques. d’œil et d’un LCS inflammatoire. Un traitement immunosup-
Elle a une prédilection pour les femmes de moins de 45 ans et est presseur est nécessaire.
plus fréquente chez les sujets asiatiques. Les infarctus cérébraux • La papulose maligne atrophiante (maladie de Degos) est une
peuvent être liés à une sténose progressive ou à une occlusion angéite systémique touchant toujours la peau (papulose atro-
de l’arc aortique et de l’origine des artères cervicales [63] . phiante) et dont la gravité est liée au risque d’atteinte de
Vaisseaux de taille moyenne. l’intestin (perforations) ou des vaisseaux cérébraux (angéite
• La périartérite noueuse est une vascularite nécrosante affectant inflammatoire).
souvent le muscle et le rein. L’artériographie peut montrer la • Le syndrome de Susac (ou syndrome small infarction of cochlear,
présence d’anévrismes associés qui sont évocateurs. retinal and encephalic tissue [SICRET]) associe une triade classique

6 EMC - Neurologie
Accidents ischémiques cérébraux du sujet jeune  17-046-B-13

faite d’encéphalopathie avec troubles du comportement, sur- Pathologies hématologiques


dité et cécité par ischémie cérébrale, rétinienne et cochléaire, et
Ce sont les suivantes.
touche les femmes jeunes.
• Les angéites infectieuses : bactériennes (syphilis, tuberculose, • Le purpura thrombotique thrombocytopénique (syndrome de
borréliose, rickettsioses, mycoplasmes, méningites purulentes), Moschcowitz) est une affection systémique caractérisée par
virales (zona ophtalmique, cytomégalovirus, VIH, varicelle), une fièvre, une insuffisance rénale, une thrombocytopénie,
parasitaires (paludisme, cysticercose), ou mycosiques (aspergil- une anémie hémolytique avec test de Coombs négatif, et
lose, candidose, coccidioïdomycose, cryptococcose, histoplas- des déficits neurologiques focaux. Plus de 95 % des pur-
mose, et mucormycose). puras thrombotiques thrombocytopéniques s’accompagnent
Autres angiopathies. d’infarctus cérébraux. Les manifestations ischémiques céré-
• Le syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible (SVCR) est brales et la thrombocytopénie peuvent précéder les autres
un diagnostic différentiel des angéites. Il regroupe un ensemble signes. Ainsi est-il important de vérifier le taux de plaquettes
de pathologies caractérisées par une vasoconstriction réversible et la morphologie des hématies (présence de schizocytes) dans
des artères cérébrales, habituellement associée à des céphalées le bilan étiologique d’une ischémie cérébrale.
en « coup de tonnerre », sévères et récurrentes, avec ou sans • La drépanocytose est la première cause d’AVC de l’enfant, mais
déficit neurologique ou crise convulsive associée. Il rassemble touche également les adultes jeunes. L’augmentation de risque
les anciens syndromes d’« angiopathie cérébrale aiguë bénigne est plus importante chez les homozygotes mais existe aussi
du post-partum », d’« angiopathie cérébrale aiguë réver- pour les autres génotypes. Près d’un tiers des patients dré-
sible toxique », d’« encéphalopathie hypertensive réversible », panocytaires aura un AVC au cours de sa vie, les infarctus
d’« angiopathie bénigne ». La vasoconstriction peut être pro- survenant plutôt chez l’enfant et l’adulte jeune et les hémor-
voquée par des facteurs endogènes ou exogènes. Des toxiques ragies plus tardivement. Elle est aggravée par la grossesse. Plus
(vasoconstricteurs : dérivés de l’ergot de seigle, décongestifs de la moitié des grossesses s’accompagne de crises drépano-
nasaux, inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, érythro- cytaires, en général au cours du troisième trimestre. Plusieurs
poïétine, gammaglobulines ; drogues illicites : cocaïne, amphé- mécanismes sont impliqués dans la survenue des ischémies. Elle
tamines, LSD, héroïne, marijuana), des tumeurs (phéochromo- peut être liée à une artériopathie des gros vaisseaux secondaire
cytomes, carcinoïdes), des facteurs endocrines (hypercalcémie), à l’hyperplasie intimale causée par les agressions répétées de
une hypertension artérielle sévère, l’éclampsie peuvent être l’endothélium avec syndrome moya-moya ou à une occlusion
associés. Il n’y a pas de critères validés mais le diagnostic est des vasa vasorum par des hématies déformées, ce qui induit
évoqué devant la clinique, des rétrécissements artériels segmen- une ischémie de la paroi artérielle et favorise la formation d’un
taires et multifocaux sur l’artériographie ou l’ARM, un LCS nor- thrombus en regard. Des embolies graisseuses peuvent surve-
mal et surtout la réversibilité des anomalies angiographiques nir en cas d’infarctus osseux dans les formes homozygotes ou
dans les 12 semaines suivant le début des symptômes [67, 68] . hétérozygotes de la maladie [71] . Des infarctus territoriaux ou
• Le syndrome de Sneddon est responsable d’ischémies céré- des infarctus d’allure lacunaire et dans ce cas plutôt silencieux
brales récidivantes, souvent de faible gravité à chaque épisode, peuvent être rencontrés. Comme pour les enfants, le traite-
mais aboutissant parfois par leur répétition à une démence ment préventif comme celui des épisodes aigus repose sur la
vasculaire. Le livedo racemosa est la première manifestation transfusion de culots érythrocytaires.
de la maladie : c’est un livedo violacé, touchant le tronc, les • La bêtathalassémie.
fesses et la racine des membres, en réseau, qui, à la différence • L’hémoglobinurie paroxystique nocturne [72] .
du livedo reticularis banal, ne disparaît pas au réchauffe- • Les thrombophilies congénitales : les déficits en protéine C,
ment. Ce tableau clinique doit faire rechercher des anticorps protéine S, antithrombine III et les mutations du gène de la pro-
antiphospholipides fréquemment associés. Un traitement thrombine (G20210A) et du facteur V Leiden sont des causes
anticoagulant est nécessaire [69] . fréquentes de thromboses veineuses mais leur responsabilité
• Les angiopathies amyloïdes cérébrales se rencontrent chez des dans la survenue d’accidents artériels est toujours discutée [73] .
sujets plus âgés et sont responsables surtout d’hémorragies. • Les thrombophilies acquises : SAP. Il est responsable de
Il y a toutefois des cas exceptionnels d’ischémie cérébrale du thromboses artérielles et veineuses systémiques et récidi-
sujet jeune rarement isolés : déficits transitoires sans hémor- vantes, d’avortements à répétition par ischémie placentaire
ragie dans la forme A hollandaise, et infarctus dans la forme et d’anomalies biologiques avec parfois thrombocytopénie,
islandaise à cystatine [70] . allongement du TCA, fausse positivité de la sérologie syphili-
• L’éclampsie est devenue une complication rare de la grossesse tique et présence d’anticorps antiphospholipide. Le SAP peut
mais elle reste l’une des causes principales de mortalité mater- être secondaire, quand il survient au cours d’une connec-
nelle. Le tableau clinique est caractérisé par des céphalées, tivite bien définie (en particulier un lupus), ou primitif,
des perturbations visuelles d’origine rétinienne ou occipi- quand il survient en dehors d’une connectivite. Les critères
tale, un trouble de vigilance, des crises épileptiques et des de diagnostic sont précisés [74] . Le SAP est un facteur de risque
déficits neurologiques focaux. Une forme particulière asso- d’infarctus cérébral chez la femme jeune, et ce risque est aug-
ciant hémolyse, cytolyse hépatique et thrombopénie est le menté si la femme possède des facteurs de risque vasculaires.
hemolysis, elevated liver enzymes, low platelets syndrome (HELLP Les ischémies cérébrales y sont souvent transitoires ou peu
syndrome) [13] . L’IRM révèle, en séquences fluid attenuated invalidantes, mais récidivantes. Leur mécanisme n’est pas uni-
inversion recovery (FLAIR) ou en séquences pondérées en T2, des voque : état prothrombotique, valvulopathie (endocardite de
zones d’hypersignaux punctiformes ou confluents, multiples, Libman-Sacks), athérome précoce. L’immunoréactivité testée
bilatéraux, postérieurs, prédominant à la jonction substance pour la détection des anticorps antiphospholipides concerne :
blanche-substance grise, plus rarement localisés dans le tronc antigènes phospholipidiques isolés (cardiolipine, phosphati-
cérébral et le cervelet. Ces anomalies sont comparables avec dylsérine, phosphatidylinositol), ß2 -GP1 et autres cofacteurs
celles décrites dans l’encéphalopathie postérieure réversible protéiques isolés (prothrombine, annexine V), et anticoagulant
(PRES). Des rétrécissements artériels sont parfois associés dans le lupique (anticorps antiprothrombinase). Le traitement repose
cadre d’un SVCR. Ils disparaissent habituellement en quelques sur l’anticoagulation.
jours ou semaines. Les séquelles des infarctus sont possibles • Les polyglobulie et anémie.
mais la récupération est habituellement bonne au plan cli- • Les leucémies.
nique et IRM. La survenue d’une éclampsie ou d’un HELLP • Le syndrome hyperéosinophilique.
syndrome doit faire rechercher la présence d’anticorps anti- • Le lymphome endovasculaire.
phospholipides. Il a été montré qu’un antécédent d’éclampsie • La thrombocytémie essentielle.
augmentait le risque de pathologies vasculaires ultérieures. • La coagulopathie intravasculaire disséminée. Des formes modé-
• Les anévrismes non rompus des artères intracrâniennes : ils rées ont été décrites, d’où l’intérêt de réaliser le dosage des
peuvent favoriser une embolie cérébrale par thrombose in situ D-dimères [75] .
et embolie secondaire en dehors de toute rupture. • Les états d’hyperviscosité sanguine : syndromes néphrotiques.

EMC - Neurologie 7
17-046-B-13  Accidents ischémiques cérébraux du sujet jeune

L’agalsidase bêta et l’agalsidase alpha sont des produits de syn-

“ Point fort thèse obtenus par génie génétique, permettant un traitement


enzymatique substitutif à long terme chez les patients avec un
diagnostic confirmé [77] .
• L’homocystinurie a une prévalence de 1 pour 58 000 à 1 pour
Critères du diagnostic du SAP [74]
1 million d’habitants et un tiers des patients a un événe-
• Critères cliniques
ment vasculaire artériel ou veineux pendant sa vie, y compris
Thrombose vasculaire cérébral. Les signes cliniques associent des signes cutanés
1. Un épisode clinique ou plus de thrombose artérielle, (hypopigmentation), squelettiques (ostéoporose, scoliose), psy-
veineuse, ou des petits vaisseaux de tout organe ou tissu, chiatriques, neurologiques (retard mental, infarctus, crises
confirmée par une imagerie, doppler ou histologie, à d’épilepsie) [76] . À côté de cette affection rare, il est plus fré-
l’exception des thromboses veineuses superficielles. quent d’observer une élévation plus modeste (> 15 mol/l) du
Pathologies de la grossesse taux d’homocystéine plasmatique qui est, quant à elle, un fac-
2. Une ou plusieurs morts fœtales, de fœtus morphologi- teur de risque plus qu’une cause. Il existe généralement une
quement normal à 10 semaines de gestation ou plus, avec mutation dans le gène de la méthyltétrahydrofolate réduc-
une morphologie normale en échographie. tase (MTHFR). Une supplémentation en acide folique réduit
le taux d’homocystéine sérique, mais le risque vasculaire n’est
ou
pas réduit par le traitement.
3. Un ou plusieurs accouchements prématurés d’un
nouveau-né morphologiquement normal à 34 semaines
Maladies mitochondriales : « mitochondrial
de gestation ou moins, en raison d’une prééclampsie, ou
une insuffisance placentaire sévère.
encephalopathy with lactic acidosis and
ou stroke-like episodes » (MELAS)
4. Trois avortements spontanés inexpliqués ou plus avant C’est une mitochondriopathie liée à plusieurs types de muta-
10 semaines de gestation, sans explication anatomique tions sur l’acide désoxyribonucléique (ADN) mitochondrial (de
maternelle, ou anomalie hormonale, et exclusion de transmission essentiellement maternelle). Les critères majeurs de
causes chromosomiques maternelle ou paternelle. diagnostic sont, chez un patient dont le développement initial a
• Critères biologiques été normal jusqu’à la trentaine, la survenue de :
• manifestations neurologiques centrales : surdité de percep-
1. Présence d’anticorps anticardiolipine de type immuno- tion progressive, épisodes de type vasculaire (stroke-like) avant
globulines G (IgG) et/ou IgM dans le sang, à titre élevé l’âge de 40 ans, souvent transitoires ou régressifs, et dans les
ou moyen (> 40 GPL ou MPL, ou > 99e percentile), à deux territoires postérieurs, sans systématisation artérielle, crises
occasions au moins, à plus de 12 semaines d’intervalle, convulsives, déclin cognitif, épisodes récidivants de céphalées
déterminée par méthode enzyme-linked immunosorbent et/ou de vomissements ;
assay (Elisa), standardisée pour les anticardiolipines dépen- • manifestations musculaires : ophtalmoplégie externe progres-
dant des glycoprotéines 1. sive avec ptôsis, myalgies d’effort, intolérance à l’effort, acidose
2. Présence d’un anticorps anticoagulant de type lupique, lactique après effort, présence de fibres rouges déchiquetées en
à au moins deux reprises biopsie musculaire ;
• manifestations systémiques : cataracte, hypogonadisme, dia-
3. Anticorps anti-␤2-GP1 de type IgG et/ou IgM dans le
bète, hypothyroïdie, cardiomyopathie.
sang (à un titre > 99e percentile), présents à au moins deux Le diagnostic de certitude est apporté par la mise en évidence
reprises, à plus de 12 semaines d’intervalle, déterminés par d’une mutation de l’ADN mitochondrial [78] .
méthode Elisa standardisée.
Embolies

• Embolies gazeuses : elles se manifestent par un arrêt cardiaque,


Maladies métaboliques une dyspnée ou une encéphalopathie diffuse plus souvent que
par un accident ischémique artériel. Elles sont causées par
• La maladie de Fabry est une affection récessive liée à l’X, qui l’entrée de gaz dans les vaisseaux soit directement (trauma-
touche donc les hommes et est transmise par les femmes, mais tisme, iatrogénie), soit indirectement (embolie paradoxale) et
pour laquelle quelques cas féminins sont décrits. L’incidence peuvent s’observer au cours de césariennes, d’accouchements
est estimée à 1 pour 117 000 naissances et 1/40 000 chez par voie basse, de laparoscopie de chirurgie cardiopulmonaire
les hommes [76] . Elle est responsable de 1,2 % des infarctus ou lors d’accidents de plongée. Le tableau clinique est celui
cryptogéniques du sujet jeune. Elle est due à un déficit en d’une anxiété brutale avec tachycardie, dyspnée, choc, convul-
alphagalactosidase lysosomiale, entraînant une accumulation sions et coma pouvant aboutir au décès. Le diagnostic doit être
de glycosphingolipides dans les tissus, en particulier dans porté immédiatement et le patient doit être tourné sur le côté
l’endothélium et les cellules musculaires lisses. Différents types gauche afin de piéger l’air dans les cavités cardiaques droites,
de mutation existent. Le tableau clinique comporte des épisodes d’où son aspiration est possible. Le traitement repose également
fébriles inexpliqués, les lésions cutanées (angiokératomes) tou- sur un traitement par oxygénothérapie hyperbare.
chant le tronc, les fesses et la racine des membres, des crises • Embolie amniotique : elle peut survenir après un accouchement
d’acroparesthésies très douloureuses des mains et des pieds, par voie basse, avec un travail prolongé, et en présence d’une
des opacités cornéennes, une hypohidrose, et à terme une déchirure vaginale. Le tableau clinique habituel est caractérisé
insuffisance cardiaque et rénale. Une neuropathie périphé- par une dyspnée brutale, une cyanose, un choc et des convul-
rique est possible. Les manifestations ischémiques cérébrales sions résultant d’une hypoxie sévère. Ces infarctus cérébraux
surviennent vers 30-40 ans. Elles peuvent concerner à la fois peuvent être aussi bien veineux qu’artériels et sont de mauvais
gros et petits vaisseaux et touchent plus fréquemment le pronostic.
territoire vertébrobasilaire. Elles s’accompagnent souvent de • Embolies graisseuses : elles surviennent après une fracture des
céphalées. Le mécanisme de l’ischémie cérébrale n’est pas uni- os longs (généralement la diaphyse fémorale) [79] .
voque : dolicho-méga-artères intracrâniennes, occlusion des • Embolies iatrogènes.
perforantes par accumulation de sphingolipides, cardiopathies
emboliques (valvulopathie, insuffisance cardiaque, infarctus
du myocarde) et états prothrombotiques. Des récidives sont
Fistules artérioveineuses pulmonaires
habituelles et les hémorragies cérébrales peuvent être rencon- Elles se rencontrent surtout dans la maladie de Rendu-Osler et
trées. L’évolution vers une démence vasculaire est possible. peuvent favoriser une embolie cérébrale par thrombose au sein

8 EMC - Neurologie
Accidents ischémiques cérébraux du sujet jeune  17-046-B-13

de la malformation, embolie paradoxale, ou polyglobulie secon- Migraine


daire. Des antécédents familiaux, des télangiectasies cutanées et
des épistaxis récidivantes sont évocateurs [80] . Les résultats de méta-analyses ont montré que le risque
d’ischémie cérébrale est multiplié par 2 en présence de migraine.
Ce risque augmente en cas de tabagisme ou de contraception
Choriocarcinome orale. Certaines études ont stratifié l’association de la migraine
C’est une tumeur trophoblastique qui survient dans une gros- avec le risque d’infarctus cérébral selon le type de migraine :
sesse sur 40 000 : des lésions de la paroi vasculaire peuvent avec ou sans aura. Le risque est augmenté uniquement pour la
survenir, favorisant une ischémie cérébrale. migraine avec aura. Toutefois, le risque absolu est faible à cet
âge [82] . Le concept d’infarctus migraineux est discuté. Il suppose
que le patient soit migraineux et que la symptomatologie défi-
Cause rare de nature indéterminée citaire corresponde à une aura qui s’est prolongée. Pour retenir
Le syndrome de Sweet (dermatose fébrile aiguë à neutrophiles) ce diagnostic, il faut une chronologie évocatrice des évènements
est une pathologie rare (deux cas par million d’habitants par an) et aussi un bilan étiologique exhaustif et négatif, ayant en par-
qui touche des adultes de la quarantaine et qui est avant tout ticulier écarté une dissection et une angiopathie toxique, et que
dermatologique : elle se caractérise par une fièvre et l’apparition le patient soit migraineux, avec aura. Il faut également suivre le
de pustules et de plaques cutanées violacées douloureuses au sein patient car une autre étiologie peut être découverte à distance, et
desquelles existent des infiltrats à neutrophiles. Des arthralgies donc toujours retenir le diagnostic d’infarctus migraineux avec
et une conjonctivite sont fréquentes, ainsi qu’une élévation de précaution.
la vitesse de sédimentation. Certains cas sont idiopathiques et
corticosensibles, d’autres sont paranéoplasiques. Quelques cas se
sont accompagnés d’infarctus cérébraux sans que la preuve d’une
angéite ait été apportée.
Infection par le virus de l’immunodéficience
humaine
C’est plus un facteur de risque qu’une cause d’ischémie céré-
Ischémies cérébrales de cause indéterminées brale du sujet jeune, car le concept d’angéite cérébrale à VIH est
et inconnues toujours discuté. L’infection par le VIH favorise une diminution
de l’activité circulante de la protéine C, ainsi que les endocardites,
Selon les séries et le caractère plus ou moins exhaustif du bilan les angiopathies toxiques chez les toxicomanes, les angéites lors
étiologique, 10 % à 60 % des patients n’ont pas de cause clairement de méningites à germes opportunistes et les complications d’un
authentifiée. Dans ce cas, il faut se demander s’il s’agit bien d’une lymphome [83] .
ischémie cérébrale, et si le bilan a été suffisamment exhaustif. Par-
fois, c’est le suivi clinique au long cours qui permet d’identifier
tardivement une cause restée initialement méconnue.
Grossesse
La grossesse, principalement au cours du troisième trimestre,
 Facteurs de risque et surtout la période du post-partum, est une période à risque
élevé d’AVC total. Le risque d’infarctus cérébral augmente sur-
Facteurs de risque majeurs d’ischémie tout dans le post-partum plutôt que pendant la grossesse [12, 15] .
Le risque augmente avec l’âge maternel, chez les femmes afro-
cérébrale : hypertension artérielle, américaines et en cas de facteurs de risque vasculaires associés.
tabagisme, hypercholestérolémie, diabète Les AVC survenant au cours de la grossesse et du post-partum
représentent 4 % à 11 % des causes de décès maternel. Les modi-
La proportion des infarctus cérébraux du sujet jeune ayant fications hématologiques observées au cours de la grossesse sont
des facteurs de risque vasculaires « classiques » augmente avec responsables d’une augmentation de l’activité des facteurs pro-
l’âge [4, 31] . La plupart des études sont des séries hospitalières mono- coagulants et d’une diminution de l’activité fibrinolytique, au
centriques et leur prévalence est probablement surestimée. Il faut cours des deuxième et troisième trimestres, avec un retour à la
néanmoins souligner que la relation entre le risque d’infarctus normale en 2 à 3 mois. Les modifications hormonales liées à la
avec la dose et la durée de consommation de tabac a été confirmée grossesse et au post-partum favorisent des modifications de struc-
sur une étude de population. De même, l’alcoolisation importante ture de la média des artères cérébrales. Les modifications hémo-
aiguë est un facteur de risque. dynamiques consistent en une élévation progressive du volume
sanguin et du débit cardiaque, une diminution des résistances vas-
culaires périphériques, et au cours du travail, une augmentation
Contraception orale du débit cardiaque et du débit sanguin cérébral, tous ces para-
mètres hémodynamiques se normalisant en 2 à 6 semaines après
Le rôle des contraceptifs oraux dans l’augmentation du risque
l’accouchement [84] .
d’infarctus cérébral est encore controversé. D’après les résultats
d’une méta-analyse, le risque est multiplié par 4 en cas de contra-
ceptifs fortement dosés en estrogènes et par 2 en cas de dosage
plus faible. Le risque ne semble pas augmenter en cas de pilule Toxiques
composée seulement de progestérone. Ce risque relatif est de 5
chez les fumeuses sous contraception orale. Cette augmentation L’utilisation de substances illicites chez le sujet jeune peut
du risque disparaît à l’arrêt de la contraception orale. Toute- atteindre 12 % et expose au risque d’AVC [85] . Les drogues admi-
fois, cette augmentation du risque d’ischémie cérébrale doit être nistrées par voie intraveineuse exposent au risque d’infarctus
considérée en fonction du risque absolu d’ischémie cérébrale, par endocardite. L’utilisation de drogues sympathomimé-
généralement très faible à cet âge. En effet, quatre ischémies tiques (cocaïne, héroïne) peut provoquer des infarctus via
cérébrales sont attribuables à la contraception orale pour 100 plusieurs mécanismes : hypertension aiguë, augmentation de
000 femmes sans facteur de risque soumises à une contracep- l’agrégation plaquettaire et plus rarement vascularite. L’utilisation
tion orale pendant 1 an. En revanche, la contraception orale d’amphétamine augmente le risque d’hémorragie cérébrale
n’est qu’un facteur de risque d’ischémie cérébrale et en aucun cas mais pas d’ischémie [86] . À côté des substances illicites, cer-
une cause : la survenue d’une ischémie cérébrale chez une femme tains médicaments peuvent être responsables d’angiopathie
sous contraception orale nécessite donc un bilan étiologique toxique (vasoconstricteurs, ocytociques, immunosuppresseurs,
exhaustif [81] . etc.).

EMC - Neurologie 9
17-046-B-13  Accidents ischémiques cérébraux du sujet jeune

 Pronostic Les ischémies cérébrales du sujet jeune provoquent une alté-


ration de la qualité de vie par les séquelles physiques et
Les études qui ont évalué le devenir à long terme des patients cognitives qu’elles entraînent et le retentissement familial et social
jeunes ayant présenté une ischémie cérébrale sont hétérogènes qu’elles induisent, même en l’absence de séquelles physiques
et difficilement comparables : certaines ont inclus tous les types graves [20, 28, 94, 99] . Ces difficultés tardives surviennent aussi chez
d’AVC, y compris les hémorragies cérébrales, les hémorragies des sujets ayant récupéré totalement, sans handicap résiduel, et ne
sous-arachnoïdiennes et parfois même les accidents ischémiques sont toutefois pas toujours expliquées par un déclin cognitif, ou
transitoires. Elles avaient des définitions différentes en termes de des troubles comportementaux, mais pourraient être en relation
limites d’âge et ont pu être influencées par les biais de recrutement avec un déficit acquis de la cognition sociale.
des centres spécialisés [20, 22, 40, 87] . Par ailleurs, elles ont souvent été
conduites sur de petits effectifs, avec des suivis incomplets [28, 88–90] ,
une exclusion des formes récidivantes ou uniquement chez des
Grossesses ultérieures
survivants à la phase aiguë, biaisant les populations étudiées dans Une question importante est de savoir si chez une femme qui
le sens d’une évolution favorable [91] . a déjà présenté une ischémie cérébrale, une grossesse ultérieure
expose à un risque particulièrement élevé de récidive. Une étude
multicentrique française menée chez 373 femmes consécutives
Mortalité ayant présenté une ischémie cérébrale artérielle entre 15 et 40 ans,
Le taux de mortalité après un infarctus cérébral du sujet jeune et suivies pendant en moyenne 5 ans, a trouvé un risque global
de récidive à 5 ans de 0,5 % (intervalle de confiance [IC] 95 % :
est plus faible que pour les patients plus âgés [92] . À 1 mois, la
0,3-0,95) hors grossesse, et de 1,8 % (IC 95 % : 0,5-7,5) pendant la
mortalité est estimée entre 2,3 % et 3,4 % [6, 20, 24, 29, 93] . À plus long grossesse (différence non significative). Ainsi, les jeunes femmes
terme, la mortalité varie de 3,9 % après un suivi moyen de 2,4 ans qui ont présenté une ischémie cérébrale ont un faible risque de
jusqu’à 21 % après un suivi moyen de 6 ans [22, 37, 88, 93, 94] . La morta- récidive, y compris au cours d’une grossesse ultérieure [100] .
lité moyenne est d’environ 5 % lors de la première année de suivi.
Ensuite, elle est estimée entre 0,7 % et 1,6 % par an [22, 24, 87, 93, 95, 96] .

 Traitements
Risques de récidive d’accident vasculaire
Les seules spécificités du traitement de la phase aiguë de l’AVC
cérébral et d’infarctus du myocarde du sujet jeune concernent la prise en charge de l’infarctus malin
Ils sont globalement faibles, mais varient selon la cause. Le avec l’hémicrâniectomie et le traitement des infarctus pendant la
risque moyen annuel de récidive d’infarctus cérébral est de 0,3 % grossesse.
à 1,7 % dans les séries hospitalières [22, 24, 29, 87] et de 1,1 % dans une • Au cours d’un infarctus malin, la constitution d’un œdème
étude de population [95] . Une DAC ou un bilan étiologique négatif expose à un risque de décès par engagement temporal de 80 %.
sont associés à un risque de récidive faible. Le risque de mortalité Aucun traitement médical n’a prouvé son efficacité pour dimi-
et celui de récidive sont augmentés par la présence de facteurs de nuer l’œdème ischémique, qui est maximal entre le deuxième
risque vasculaires [29, 87, 91, 95] . Le risque d’infarctus du myocarde est et le quatrième jour. Le risque de survenue d’un infarctus
environ de 1 % par an [87] . malin peut être prédit par des critères cliniques et radiolo-
giques (volume de diffusion > 145 cm3 ). Chez des patients de
moins de 60 ans, l’hémicrâniectomie décompressive, lorsqu’elle
Épilepsie est réalisée précocement (< 48 h) avant l’apparition des signes
d’engagement temporal, réduit de 50 % le nombre de décès et
Elle est en revanche plus fréquente, avec un risque de 6,6 % augmente d’environ un quart celui de patients survivant avec
après 3 ans, jusqu’à 10 % après 12 ans de suivi [22, 24] , débutant au un handicap modéré (score de Rankin modifié ≤ 3) [54] .
cours de la première année dans la plupart des cas. La survenue • Pendant la grossesse, le traitement dépend du risque de réci-
d’une épilepsie est associée à la mortalité à long terme dans une dive embolique. Si le risque est élevé (état d’hypercoagulation,
étude [95] . Dans l’étude FOP-ASIA, 2,4 % des patients de moins de pathologie cardioembolique à haut risque), une anticoagula-
55 ans ayant présenté un infarctus cérébral de cause inconnue ont tion est recommandée ; l’héparine (héparine non fractionnée
développé une épilepsie dont les deux tiers ont eu leur première ou héparine de bas poids moléculaire) au premier et au troi-
crise dans les 24 premières heures. Elle était plus fréquente chez les sième trimestre pouvant être relayée par des antivitamines K
sujets dépendants et en cas de lésion corticale. Le risque d’épilepsie pendant le deuxième trimestre. En l’absence de haut risque
tardive était de 5,5 % à 3 ans [97] . embolique, un traitement par héparine peut être introduit pen-
dant le premier trimestre, suivi d’une petite dose d’aspirine pour
le reste de la grossesse.
Qualité de vie et conséquences sociales
tardives
Le pronostic fonctionnel des ischémies cérébrales du sujet jeune  Conclusion
est généralement favorable ; 50 % à 90 % des patients sont indé-
pendants [22, 24, 28, 29, 91] . Cependant, seulement la moitié des sujets Si les étiologies des ischémies cérébrales du sujet jeune sont
reprennent leur travail antérieur dont un tiers nécessitent un amé- multiples et le pronostic globalement bon, la recherche doit se
nagement de leur poste [22, 24, 28] . Le nombre de patients divorçant concentrer sur l’identification d’étiologies nouvelles, les modali-
pendant les 3 premières années est sans doute plus élevé que dans tés de réalisation du bilan étiologique et l’évaluation du risque de
la population générale. La survenue de troubles sexuels a été très récidive dans certaines étiologies rares, afin de préciser la stratégie
peu étudiée ; l’étude de Neau retrouve que 22 % des patients se thérapeutique la mieux adaptée.
plaignent de troubles sexuels, la plupart du temps d’une baisse
de la libido, indépendamment de leur sexe. Une fatigue est fré-
quemment rapportée même en l’absence de handicap résiduel [98] .  Références
En l’absence d’évaluation systématique, il est difficile de savoir si
ces conséquences sociales et familiales sont en rapport avec des [1] World Health Organization, WHO. The global burden of disease: 2004
symptômes dépressifs ou des troubles cognitifs. En effet, 25 % à update. World Health Organization Report; 2008.
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M. Bodenant, Praticien hospitalier.


D. Leys, Professeur (dleys@chru-lille.fr).
Service de neurologie, Hôpital Roger Salengro, Centre hospitalier régional universitaire de Lille, boulevard du Professeur-J-Leclercq, 59037 Lille cedex, France.
UDSL, 59000 Lille, France.
Pôle de neurologie, EA 2691, Centre hospitalier régional universitaire de Lille, 59037 Lille cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bodenant M, Leys D. Accidents ischémiques cérébraux du sujet jeune. EMC - Neurologie 2012;9(3):1-12
[Article 17-046-B-13].

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12 EMC - Neurologie
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Iconosup 2
Échographie trans&#x0153;sophagienne mettant en évidence un myxome de l'oreillette (flèche).
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Iconosup 3
Imagerie par résonance magnétique cérébrale de cerebral autosomal dominant arteriopathy with subcortical infarcts and
leukoencephalopathy (Cadasil) : hypersignaux importants de la substance blanche (leucoencéphalopathie) et lacunes.
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Iconosup 4
Imagerie par résonance magnétique de dissection carotidienne de la paroi de l'artère (flèche) laissant un fin chenal.
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Iconosup 5
Artériographie carotide : réseau de suppléance de type moya-moya (flèches) sur occlusion de la carotide interne.
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