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Revues Générales
Dermatopédiatrie
1. Le phénomène de Raynaud
reuse est importante pour orienter le
diagnostic étiologique. Le PR est lié à une vasoconstriction
excessive, le plus souvent d’origine
Il convient de distinguer les acrosyn- vasculaire de cause fonctionnelle ou
dromes paroxystiques, les acrosyn- structurale, et plus rarement à des ano-
dromes permanents et les acrosyn- malies neurogènes (stimulation des
dromes transitoires (fig. 1) récepteurs a adrénergiques) ou des
facteurs intravasculaires chez l’enfant.
Le PR de l’enfant touche très majori-
➞ B. Bader-Meunier ,
C. BodeMer2
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[ Les acrosyndromes
paroxystiques
tairement les filles avec un âge moyen
de survenue d’environ 12 ans [1]. Son
1 Service d’Immunologie et diagnostic est souvent facile et repose
Rhumatologie pédiatrique, Les acrosyndromes paroxystiques com- sur l’analyse clinique. Il est caractérisé
Centre de référence “Arthrites
juvéniles”, portent essentiellement le phénomène par une décoloration des doigts provo-
UFR Necker-Enfants malades, PARIS.
2 Service de Dermatologie,
et de Dermatologie pédiatrique Les dix points clés pour orienter le diagnostic étiologique sont :
UFR Necker-Enfants malades, PARIS.
l Le caractère paroxystique ou non. l Le caractère uni- ou bilatéral.
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réalités Thérapeutiques en Dermato-Vénérologie # 212_Janvier 2012_Cahier 1
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Dermatopédiatrie
Acrocyanose
Permanent
Hyperhidrose
quée par le froid, évoluant typiquement dans la sclérodermie systémique, qui est – le syndrome d’Aicardi-Goutières [5],
par accès triphasiques : pâleur, cyanose, cependant elle-même exceptionnelle se manifestant par une encéphalopathie
hyperhémie. Cependant, ces accès peu- chez l’enfant [2, 3]. Dans une série récente précoce avec spasticité, microcéphalie
vent être également biphasiques, voire de 120 enfants ayant des anticorps anti- progressive et calcifications des noyaux
monophasiques. Le diagnostic peut être phospholipides, 6 % avaient un PR [4] ; gris centraux. Cette atteinte est parfois
plus difficile dans les formes cyaniques associée à une fièvre et une hépatosplé-
pures (acrocyanose paroxystique) ou l Exceptionnellement, une cryoglobu- nomégalie et une atteinte auto-immune
en cas d’association à une acrocyanose linémie ou des pathologies locales vas- (cytopénie, lupus) et des pseudo-enge-
permanente. Enfin, les mains, pieds, culaires ; lures ou un PR. L’augmentation de l’in-
nez, bouche, et le lobe des oreilles peu- terféron-a dans le LCR est très évoca-
vent être touchés. Il est primitif dans la l Des causes médicamenteuses : rita- trice du diagnostic qui sera confirmé par
grande majorité des cas pédiatriques. line, estrogènes, bêta-bloquants, ciclos- une étude génétique (mutations homo-
La recherche d’une étiologie dans le porine ; zygotes ou hétérozygotes composites
PR secondaire repose dans un premier de TREX 1, RNASEH2A, RNASEH2B,
temps sur une anamnèse et un examen l Un amaigrissement rapide (anorexie RNASEH2C et SAMDH1) ;
clinique rigoureux. Chez l’enfant, les psychogène) ; – La spondylenchondrodysplasie
étiologies de PR secondaires sont : (SPENCD), liée à une mutation du gène
l Quelques causes génétiques rares codant pour l’enzyme TRAP (Tartrase-
lLe plus fréquemment, un lupus systé- sont à rechercher plus spécifiquement resistant acid phosphatase), se mani-
mique et des connectivites mixtes, une en cas d’anomalies constitutionnelles festant par un retard statural lié à une
dermatomyosite. Le PR est très fréquent associées : dysplasie osseuse, parfois associée à une
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atteinte neurologique (diplégie spas- signes hématologiques évocateurs de peut être proposé chez l’enfant dans des
tique, retard de développement, calci- lupus systémique (leucopénie, neutro- centres spécialisés. Il n’est pas indiqué
fications des noyaux gris centraux) et pénie, lymphopénie). à titre curatif.
une auto-immunité (6) ;
– Le syndrome HANAC (Hereditary >>> Une recherche de facteurs antinu- Il n’existe aucune étude prospective
Angiopathy with Nephropathy, cléaires (FAN). pédiatrique sur l’évolution à long terme
Aneurysms, and muscle Cramps), des PR primitifs diagnostiqués dans
secondaire à des anomalies du collagène >>> Une recherché d’anticorps anti- l’enfance, et une réévaluation régulière
de type IV peut également s’associer à phospholipides : anticorps anti-car- est nécessaire afin de ne pas mécon-
un PR [7]. diolipines, anti-b 2GP1, anticoagulant naître une étiologie secondaire.
lupique.
La recherche d’une étiologie repose sur Le phénomène de raynaud est le plus
une évaluation clinique d’abord, puis >>> Une capillaroscopie : la présence souvent primitif chez l’enfant.
sur différentes recherches : de dilatations capillaires, de perte capil-
laire, de zones avasculaires, d’hémor- Le diagnostic étiologique repose sur une
l L’évaluation clinique est le premier rhagies et de néoangiogenèse est très fré- anamnèse et un examen clinique rigou-
temps essentiel ; elle comprend : quente dans la sclérodermie systémique reux, l’analyse de la nFS, la recherche
et peut se rencontrer également dans les d’un syndrome inflammatoire, d’anti-
>>> Une anamnèse familiale : connectivites et dermatomyosites. Le corps anti-nucléaires, anti-phospholi-
– la présence de PR dans la famille, en diamètre des capillaires et la densité pides, et la capillaroscopie.
faveur d’un PR primitif, capillaire augmentent avec l’âge [8].
– la recherche d’antécédents de mala- 2. L’érythermalgie (fig. 2)
dies de système dans la famille. l En l’absence d’ulcérations digitales,
de FAN à taux significatif, de syndrome Il s’agit d’un acrosyndrome rare. Il est
>>> Une recherche d’ulcérations digi- inflammatoire et d’anomalies majeures déclenché par la chaleur et accru par le
tales, plus évocatrices de sclérodermie à la capillaroscopie, le caractère primitif froid, s’opposant point par point au phé-
systémique. du PR est très probable. Une surveillance nomène de Raynaud. Il se manifeste par
prolongée s’impose cependant. la présence d’un érythème très doulou-
>>> Un caractère unilatéral ou non. reux, avec chaleur et œdème. Il touche
La prise en charge du PR repose sur : essentiellement les pieds, et moins
>>> La durée d’évolution. souvent les mains et les oreilles. Il peut
l Une prise en charge symptomatique être primitif, résultant dans certains cas
>>> La prise médicamenteuse. comportant essentiellement des mesures de mutations du gène SCN9A codant
physiques (gants, chaufferettes, anti-cal- pour la protéine Nav-1 constitutive des
>>> Les activités sportives et le mode ciques, patch trinitrine) [9]. L’indication canaux sodiques, de transmission domi-
de vie. de l’iloprost est rare, réservée au formes nante [11] ; il est alors bilatéral. Il peut
sévères. être associé à des contextes favorisant
>>> La croissance staturo-pondérale. la viscosité sanguine, à un lupus systé-
l Le traitement de la maladie de fond
>>> La palpation des pouls périphé- dans le PR secondaire.
riques.
l Un traitement par aspirine à dose anti-
>>> L’association à d’autres manifesta- agrégante en cas d’association confirmée
tions cliniques : cutanées, muqueuses à APL, souvent proposé, sans validation
(aphtes) musculaires, digestives, ano- formelle.
malies constitutionnelles.
l La prévention et le traitement des
l En l’absence d’orientation clinique ulcères digitaux, présents essentielle-
évidente, on demandera : ment dans la sclérodermie systémique.
Le traitement par bosentan, qui prévient
>>> NFS, VS, CRP pour rechercher la survenue d’ulcères digitaux au cours
un syndrome inflammatoire et/ou des de la sclérodermie systémique [10], Fig. 2 : Erythermalgie.
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Aucun traitement antalgique n’a fait Elle se manifeste par une cyanose indo-
preuve d’une efficacité constante et sa lore permanente des extrémités, parfois
prise en charge est particulièrement associée à une infiltration élastique des
difficile. L’efficacité des traitements téguments, à une hypothermie locale ou à
suivants est inconstante : aspirine, miso- une hyperhidrose, et aggravée par le froid.
prostol, inhibiteurs de la recapture de Elle survient à partir de l’adolescence
la sérotonine et de la norépinéphrine, et touche essentiellement les filles. En
gabapentine, inhibiteurs calciques, pédiatrie, il s’agit essentiellement d’acro-
carbamazépine, antidépresseurs tricy- cyanose primitive, bilatérale, avec peu de
cliques, antagonistes calciques, magné- troubles trophiques. Elle se voit volon-
sium, perfusion de nitroprussiate de tiers chez les sujets maigres, voire en
sodium et ciclosporine. Les autres trai- contexte d’anorexie psychogène. Elle est
tements comportent la réalisation de associée à un risque accru de surinfection
blocs sympathiques, une sympathecto- mycosique, de retard à la cicatrisation et
mie chirurgicale et une analgésie épi- d’engelures. Les principaux diagnostics
durale. Les complications secondaires Fig. 4 : Pseudo-engelures (chilblain lupus). différentiels sont l’insuffisance cardiaque
à l’immersion prolongée dans de l’eau et respiratoire et la méthémoglobinémie.
froide doivent être prévenues : macéra- nose et l’insuffisance pondérale. Elles Il convient surtout de rassurer l’adoles-
tion, infection. sont typiquement déclenchées par le cente et sa famille. La prise en charge
froid. Dans cette présentation typique, repose sur la prévention au froid (extré-
3. Les engelures aucun examen complémentaire n’est mités, corps). Il faut également éviter la
nécessaire. Leur survenue ou leur macération et les facteurs d’hypersuda-
Elles se manifestent par des brûlures persistance durant les mois d’été doit tion. Une prise en charge globale doit être
avec présence de papules érythrocya- faire rechercher une étiologie associée, effectuée en cas d’amaigrissement rapide.
niques, et parfois d’œdèmes, de bulles notamment un “lupus-engelure” (fig. 4) Les traitements vasoconstricteurs doivent
ou de croûtes (30 %) siégeant à la face [12] : NFS, VS, FAN. Au moindre doute, être évités, et un traitement par un inhibi-
dorsale des doigts et orteils, des talons, une biopsie cutanée sera réalisée. Les teur calcique peut être proposé en hiver
des genoux, des coudes, des oreilles “lupus-engelures” se rencontrent fré- en cas de mauvaise tolérance.
et du visage (fig. 3). Leur survenue est quemment au cours du syndrome
favorisée par l’hyperhidrose, l’acrocya- d’Aicardi-Goutières [5] (cf. paragraphe 2. L’œdème bleu de Charcot
“Phénomène de Raynaud”).
Souvent localisé au membre inférieur,
4. Les acrosyndromes neurogènes il est évoqué devant une cyanose unila-
térale associée à un œdème, survenant
Ils sont rares chez l’enfant. La survenue sur un terrain psychiatrique particulier
d’acroparesthésies chez un garçon doit
faire essentiellement rechercher une
maladie de Fabry (déficit en a-galacto-
sidase) [9] par une anamnèse familiale
soigneuse (insuffisance rénale, atteinte
cardiaque, accidents vasculaires céré-
braux, atteinte cutanée) et la recherche
d’angiokératomes, notamment scrotaux.
La douleur est souvent intense, à type de
brûlure, déclenchée par l’effort, le stress,
les changements rapides de température
Fig. 3 : Engelures. et l’humidité. Fig. 5 : Acrosyndrome.
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