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Biologie au quotidien

Ann Biol Clin 2011 ; 69 (1) : 121-5

À propos d’une amylose révélée par un syndrome


néphrotique intense
About a systemic amyloidosis revealed by an intense nephrotic syndrome

Nancy Sanmartin Résumé. Nous rapportons le cas d’un patient présentant un syndrome néphro-
Frédéric Janvier tique corticorésistant secondaire à une amylose rénale. Ce cas clinique se
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Denis Chianea caractérise par l’intensité des anomalies clinico-biologiques et par son étiologie
particulière. Ce dossier permet de faire un rappel sur le syndrome néphrotique
Thierry Fagot
ainsi que sur l’amylose et de replacer le dosage des chaînes légères libres dans
Christophe Renard la démarche diagnostique.
Philippe Vest
Mots clés : syndrome néphrotique, amylose, dosage des chaînes légères libres
Service de biochimie, Hôpital
d’instruction des armées Percy, sériques
Clamart
<biochimie.percy@orange-business.fr> Abstract. We report the case of a patient with steroid-resistant nephrotic syn-
drome which is caused by a renal amyloidosis. This clinical case is characterized
by intensity of clinicals and biologicals abnormalities and by its uncommun
cause. We also review current data on the nephrotic syndrome as well as on
the systemic amyloidosis and to evoke the indications of the immunoglobulin
free-light-chains quantification in the diagnostic approach.

Article reçu le 9 juillet 2010,


Key words: nephrotic syndrome, systemic amyloidosis, immunoglobulin free-
accepté le 17 septembre 2010 light-chains quantification

L’observation Le reste du bilan biologique est normal. Une ponction-


biopsie rénale est réalisée et retrouve une amylose rénale
Monsieur D., 56 ans, originaire de Guadeloupe, a comme de type AL à chaînes légères ␬. Un myélogramme est prati-
principal antécédent une hypertension artérielle (HTA) qué, qui montre 2 % de plasmocytes non dystrophiques.
connue depuis 20 ans et un tabagisme actif à 17 paquets- Le caryotype montre que 15 % présentent une délétion
année. Il consulte en août 2009 pour la survenue brutale de du chromosome 13. La biopsie ostéo-médullaire met en
douleurs abdominales et d’une dyspnée dans un contexte évidence des dépôts amyloïdes sans prolifération plasmo-
d’altération de l’état général (perte de 20 kg en 3 mois). cytaire tumorale monotypique.
Le patient se plaint d’une alternance de diarrhées et de La prise en charge thérapeutique initiale du patient consiste
constipation. Cliniquement, il est hypotendu (90/60 mmHg) en une corticothérapie à forte dose, puis devant l’échec de
et présente un tableau d’anasarque avec des œdèmes des cette dernière est mise en place une chimiothérapie de type
membres inférieurs, une ascite et une pleurésie bilatérale. bortezomib, revlimid et dexaméthasone.
On note également une macroglossie ainsi qu’un défi-
cit sensitivomoteur des membres inférieurs. Il n’y a ni
adénopathie, ni hépatosplénomégalie, ni troubles cutanés. Le point de vue du biologiste
Le bilan biologique initial met en évidence des perturba-
doi:10.1684/abc.2010.0508

tions majeures (tableau 1) qui conduisent à la réalisation Le bilan biologique du patient est caractéristique d’un
d’une électrophorèse des protéines sériques objectivant une syndrome néphrotique, défini par l’association de trois
hypoalbuminémie sévère (figure 1) et une immunofixation paramètres : une protéinurie supérieure à 3 g/24h, une pro-
des protéines urinaires (figure 2) révélant une protéinu- tidémie inférieure à 60 g/L et une albuminémie inférieure
rie non sélective. Les immunofixations sérique et urinaire à 30 g/L. Si une hématurie, une hypertension artérielle
ne permettent pas la détection d’un élément monoclonal. ou une insuffisance rénale organique existe ce syndrome
Pour citer cet article : Sanmartin N, Janvier F, Chianea D, Fagot T, Renard C, Vest P. À propos d’une amylose révélée par un syndrome néphrotique intense. Ann 121
Biol Clin 2011 ; 69(1) : 121-5 doi:10.1684/abc.2010.0508
Biologie au quotidien

Tableau 1. Bilan biologique du cas présenté.

Paramètres sanguins Concentration Valeurs fréquentes Paramètres urinaires Concentration Valeurs fréquentes
Protéines 42,4 g/L 68-83 Protéines 7,0 g/24h < 0,15
Albumine 15,7 g/L 35-52 Clairance de la créatinine 23 mL/min 71-151
Calcium 1,86 mmol/L 2,30-2,60
Créatinine 103 ␮mol/L 62-106
Urée 10,1 mmol/L 2,5-7,5
Sodium 125 mmol/L 135-145
Potassium 3,1 mmol/L 3,5-4,80
Chlorure 90 mmol/L 98-108
Bicarbonates 30,2 mmol/L 23-28
Triglycérides 4,28 mmol/L 0,6-1,7
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Cholestérol 19 mmol/L 3,2-5,2

est qualifié d’impur. Il s’agit ici d’un syndrome néphro- la perte urinaire de l’apolipoprotéine CII, activateur de la
tique impur du fait de l’insuffisance rénale. La protéinurie lipoprotéine lipase. Le calcul du LDL-cholestérol est irréa-
non sélective est le témoin d’altérations majeures de la lisable du fait de l’hypertriglycéridémie (> 3,75 mmol/L).
membrane basale glomérulaire conduisant à une hypopro- Nous avons donc complété le bilan lipidique par le dosage
tidémie par fuite urinaire qui ne peut pas être compensée des apolipoprotéines qui objective l’augmentation des apo-
par la synthèse hépatique des protéines. Ceci provoque lipoprotéines B à 3,48 g/L (valeurs fréquentes : 0,6 et
la chute de la pression oncotique avec fuite de l’eau 1,33 g/L) caractérisant l’augmentation des lipoprotéines de
plasmatique vers le secteur interstitiel, aboutissant à la for- type LDL. Par ailleurs, l’hypocalcémie intense résulte de
mation d’œdèmes. Cette hypovolémie plasmatique active le l’hypoalbuminémie. La calcémie doit être corrigée avec la
système rénine-angiotensine-aldostérone qui induit la réab- formule suivante : Ca++ mesuré (mmol/L) + (40 - albumine
sorption rénale concomitante de sodium et d’eau majorant (g/L)) x 0,025. On obtient ainsi une calcémie corrigée à
ainsi la dilution du secteur intravasculaire avec aggra- 2,47 mmol/L, ce qui écarte une anomalie du métabolisme
vation des œdèmes. La conséquence biologique est une phosphocalcique.
hyponatrémie de dilution et une hypokaliémie de déplé- Dans le cadre de l’exploration étiologique de ce syndrome
tion. L’électrophorèse des protéines sériques retrouve, néphrotique, la ponction-biopsie rénale apporte la preuve
outre l’hypoalbuminémie et l’hypogammaglobulinémie, histologique d’une amylose rénale AL avec l’aspect typique
une hyper␣2- et hyper␤globulinémies en rapport avec une de l’atteinte amylosique, à savoir une substance amorphe
hyperlipidémie fréquemment rencontrée et secondaire à caractérisée par un aspect biréfringent vert-jaune en lumière
polarisée après la coloration au rouge Congo. Enfin,
le typage du dépôt, réalisé par immunohistochimie [1],
retrouve des chaînes légères ␬ qui nous conduisent à recher-
cher une dysglobulinémie monoclonale. L’électrophorèse
des protéines sériques ne retrouve pas de pic monoclonal,
mais uniquement une hypogammaglobulinémie intense et
les immunofixations des protéines sériques et urinaires ne
sont pas contributives. Seul le dosage des chaînes légères
libres sériques (CLL) permet de mettre en évidence un
excès de synthèse des chaînes ␬ libres [65,0 mg/L (valeurs
fréquentes : 3,3-19,4)] par rapport aux chaînes ␭ libres
[19,0 mg/L (valeurs fréquentes : 5,7-26,3)] conduisant à un
rapport ␬/␭ déséquilibré : 3,10 (valeurs fréquentes : 0,30-
1,70). L’intérêt du dosage des CLL sériques par rapport
aux CLL urinaires réside dans le fait que les CLL uri-
naires n’apparaissent que lorsque le seuil de réabsorption
Gamma Bêta Alpha 2 Alpha 1 Albumine des protéines tubulaires est atteint, soit aux alentours de 10
à 30 g/j. Elles s’accumulent donc au niveau sérique avant
Figure 1. Électrophorèse des protéines sériques du cas présenté. d’être éliminées dans les urines. Or, en cas d’insuffisance

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Amylose révélée par un syndrome néphrotique

rénale (complication fréquente lors d’un excès de CLL), Le cas de Monsieur D. confirme que le dosage des
l’élimination urinaire des CLL est diminuée, aboutissant à CLL sériques est plus sensible que l’électrophorèse et
l’augmentation de leurs concentrations sériques nécessitant l’immunofixation des protéines sériques. Il existe un fac-
dans ce cas l’adaptation de l’intervalle de références du ratio teur 100 entre la sensibilité du dosage des CLL sériques
des CLL qui doit être étendu de 0,37 à 3,1. Selon Hutchison et de l’immunofixation [5] pour la détection de la syn-
et al. [2], l’adaptation de ces valeurs de référence augmente thèse d’une chaîne légère libre monoclonale. Par ailleurs,
la spécificité (de 93 à 99 %) sans perdre en sensibilité. Notre il faut rappeler la nécessité de suivre les concentrations de
patient présente un ratio qui est à la limite supérieure de CLL d’un patient donné avec la même technique [6]. Mal-
cette norme. Il a été également montré [3] qu’au moment heureusement, l’évolution rapidement défavorable de notre
du diagnostic d’une amylose AL, la concentration des CLL patient ne nous a pas permis de renouveler le dosage des
a un rôle pronostique : un taux de CLL élevé serait en faveur CLL. Ce dosage est essentiel pour le diagnostic et le suivi
d’un risque de mortalité plus élevé et à l’inverse un dosage de l’amylose AL : le rapport des CLL est perturbé chez
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qui se normalise serait corrélé à une survie augmentée. 91 % des patients atteints [7]. Les autres indications du
Le myélogramme ne retrouve pas d’infiltration plasmocy- dosage des CLL sont regroupées dans le tableau 2 [8] et
taire, ni d’anomalies morphologiques des plasmocytes ; émanent des recommandations du Groupe international sur
cependant, des anomalies cytogénétiques récurrentes sur le myélome éditées en 2009 [8].
le chromosome 13 témoignent de la clonalité des plasmo-
cytes médullaires. Selon Jaccard et Fermand [4], l’amylose
AL semble isolée donc primitive et seules des techniques Le point de vue du clinicien
très sensibles, comme la cytogénétique, permettent la mise
en évidence d’une population monoclonale produisant la La gravité du tableau clinique et les premiers éléments du
chaîne légère amylosique. D’autres biopsies sont réalisées bilan biologique aboutissent au diagnostic d’un syndrome
dans le cadre du bilan d’extension : les biopsies des glandes néphrotique qui conduit à l’instauration d’une corticothé-
salivaires reviennent négatives alors que notre patient a une rapie à fortes doses, ainsi qu’en l’introduction progressive
amylose systémique très avancée mais cet examen, réputé de diurétiques dont la posologie est adaptée à la fonction
le plus sensible, reste négatif dans 20 % des cas [1]. La rénale évolutive. Afin de soulager le patient, une ponc-
négativité des biopsies digestives s’explique par la qualité tion évacuatrice d’ascite est réalisée. Devant la dénutrition
des fragments qui sont superficiels et n’intéressent pas la profonde, une renutrition parentérale est débutée accompa-
sous muqueuse. gnée de compléments nutritionnels et d’un suivi diététique.
L’hyperlipidémie athérogène impose l’instauration d’un
traitement à visée hypolipémiante.
Sur le plan clinique, le tableau d’anasarque associé au
bilan biologique conduit au diagnostic d’un syndrome
3 néphrotique. Les principales complications du syndrome
néphrotique sont, le risque thrombotique par augmenta-
tion de la synthèse hépatique de facteur de la coagulation
et par perte de facteur anticoagulant naturel, notamment
l’antithrombine III, auxquels s’ajoutent des anomalies de
la fonction plaquettaire et des phénomènes d’activation
intrarénale de la coagulation. L’hypogammaglobulinémie
augmente nettement le risque d’infection chez ces patients
et l’hypoalbuminémie peut conduire à majorer la fraction
efficace de certains médicaments.
Le diagnostic étiologique de ce syndrome repose alors
sur la réalisation d’une ponction-biopsie rénale qui objec-
1
tive la présence d’une amylose de type AL. Le terme
ELP GAM K L Kl Ll d’amylose s’applique à un groupe hétérogène de situa-
tions pathologiques caractérisées par la présence de dépôts
extracellulaires d’un matériel protéique fibrillaire ayant une
Figure 2. Immunofixation des protéines urinaires du cas pré- structure bêtaplissée la protégeant de l’action des protéases.
senté. ELP = électrophorèse ; GAM = dépôt d’un mélange trivalent Une classification est proposée en fonction de la nature des
d’anticorps anti-IGG, A et M ; K = dépôt d’anticorps anti-kappa ;
L = dépôt d’anticorps anti-lambda ; Kf = dépôt d’anticorps anti- fibrilles (tableau 3). L’amylose AL correspond à des dépôts
kappa libres ; Lf = dépôt d’anticorps anti-lambda libres. de fragments constitués par le domaine variable et tout ou

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Tableau 2. Indications du dosage des chaînes légères libres sériques [7].

Pathologies Diagnostic Suivi Remarques


Myélome multiple
- à chaînes légères Oui Oui Meilleur moyen pour suivre la maladie
- non ou pauci sécrétant Oui Oui Meilleur moyen pour suivre la maladie
- à immunoglobuline intacte Oui Oui Marqueur prédictif de la réponse au traitement et de détection
précoce des rechutes lorsque le composant monoclonal
n’est plus détectable à l’électrophorèse et à l’immunofixation
Amylose AL Oui Oui Toujours rechercher une émission de CLL sériques monoclonales
Plasmocytome Oui Non
GMSI (*) ou MGUS Oui Non Stratification du risque de progression vers un myélome (**) [9]
* : gammapathie monoclonale de signification indéterminée ; ** : les 3 facteurs sont : protéine monoclonale < 15 g/L, isotype IgG et ratio ␬/␭ normal : 0 facteur
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anormal : risque faible ; 1 facteur anormal : risque intermédiaire faible ; 2 facteurs anormaux : risque intermédiaire élevé ; 3 facteurs anormaux : risque élevé.

Tableau 3. Exemples de type de protéines formant le dépôt amyloïde selon l’étiologie [10].

Pathologie Type de protéine formant Étiologies


le dépôt amyloïde
Amylose AL Chaînes légères Dysglobulinémies
d’immunoglobulines
Amylose AH Chaînes lourdes d’IgG Dysglobulinémies
Amylose AA Protéine SAA Infections, inflammations chroniques, maladie périodique
Amyloïdose des hémodialysés Bêta 2-microglobuline Insuffisance rénale terminale
chronique
Amylose A bêta Protéine Abêta Maladie d’Alzheimer, trisomie 21, angiopathie amyloïde
cérébrale héréditaire
Amylose A PrPsc Protéine du prion Encéphalopathies spongiformes
Amylose A Cys Cystatine C Hémorragie cérébrale héréditaire
Amyloses endocriniennes Procalcitonine, facteur atrial Cancer médullaire de la thyroïde, amylose auriculaire isolée
natriurétique

partie du domaine constant d’une chaîne légère monoclo- très probablement une atteinte végétative amyloïde avec
nale. Les chaînes légères ␭ sont deux fois plus souvent accélération du transit digestif, hypotension orthostatique
en cause que les chaînes ␬. L’amylose AL est une mala- et dysautonomie vésicale sous la forme d’un globe vési-
die diagnostiquée le plus souvent après 40 ans et touche cal justifiant un traitement symptomatique. D’autre part,
notamment le rein, le cœur et le système neurologique la macroglossie du patient témoigne d’une atteinte ORL
périphérique. par infiltration amylosique. D’autres atteintes peuvent être
L’atteinte cardiaque est souvent inaugurale dans 1 cas sur 3 notées dans le cadre de l’amylose, que ne présente pas notre
d’amylose et responsable de la mortalité dans 50 % des cas. patient : le syndrome du canal carpien qui est une atteinte
Il s’agit d’une cardiomyopathie hypertrophique avec épais- classique, les quasi pathognomoniques troubles cutanés à
sissement asymétrique du septum. Chez notre patient, c’est type d’ecchymose en lorgnette ou de purpura ecchymo-
l’atteinte rénale qui est au premier plan. Dans l’amylose, tique en regard des zones de friction, l’atteinte respiratoire,
elle se caractérise par une protéinurie de type néphrotique articulaire, hépatique et le déficit acquis en facteur X ou
8 fois sur 10 (habituellement pur, il n’y a pas d’hématurie augmentation de la fibrinolyse entraînant des troubles de la
comme chez notre patient, mais une insuffisance rénale coagulation [4].
organique au moment du diagnostic peut quand même être Classiquement, l’amylose AL résulte d’un excès de syn-
observée). Elle évolue inexorablement vers une insuffisance thèse d’une CLL monoclonale. Une CLL peut aussi
rénale chronique mais à l’échographie les reins sont de taille compliquer l’évolution d’un myélome, d’une maladie de
normale. La dénutrition majeure de notre patient témoigne Waldenström, d’un plasmocytome solitaire, d’une gam-
en partie d’une atteinte digestive qui est également fré- mapathie monoclonale de signification indéterminée ou
quente dans l’amylose sous la forme de malabsorption d’autres hyperstimulations du lymphocyte B. Mais le
ou d’occlusion intestinale. De plus, notre patient présente myélogramme du sujet ne présente pas d’infiltration

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Amylose révélée par un syndrome néphrotique

plasmocytaire ni de plasmocyte dystrophique. Seule la Conflits d’intérêts : aucun.


cytogénétique rapporte des anomalies récurrentes sur le
chromosome 13 qui témoignent de la clonalité des plasmo-
Références
cytes médullaires [4], cela est confirmé par l’inversion du
rapport des concentrations des CLL sériques. Le patient a 1. Hachulla E, Grateau G. Moyens paracliniques du diagnostic des amy-
donc une amylose AL primitive, plus rare que les amyloses loses. Encycl Med Chir 2002 ; 69 : 1172-80.
AL avec présence d’une immunoglobuline monoclonale ou 2. Hutchison CA, Plant T, Drayson M, Cockwell P, Kountouri M, Bas-
de CLL. nayake K, et al. Serum free light chain measurement aids the diagnosis
L’échec du traitement par corticoïde a conduit à introduire of myeloma in patients with severe renal failure. BMC Nephrology
2008 ; 9 : 11.
une chimiothérapie de type bortezomib, revlimid et dexa-
méthasone. Cette combinaison est la plus efficace à ce jour 3. Dispenzieri A, Lacy MQ, Katzmann JA, Rajkumar SV, Abraham RS,
dans le myélome, mais elle ne permet une rémission que Hayman SR, et al. Absolute values of immunoglobulin free light chains
are prognostic in patients with primary systemic amyloïdosis undergoing
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dans de rares cas d’amylose AL [4]. L’évolution du patient peripheral blood stem cell transplantation. Blood 2006 ; 107 : 3378-83.
est rapidement mortelle et marquée par une septicémie à sta-
phylocoques méthicilline résistants, par une déshydratation 4. Jaccard A, Fermand JP. Amyloses. Encycl Med Chir 2004 ; 13-014-10.
intense due à la diarrhée et à l’existence d’un troisième sec- 5. Musset L, Choquet S. Dosage sérique des chaînes légères libres
teur majorant son insuffisance rénale avec apparition d’une d’immunoglobulines : de la biologie à la clinique. Immunol Biol Spec
acidose métabolique difficilement contrôlable. 2006 ; 21 : 270-8.

6. Tate JR, Gill D, Cobcroft R, Hickman PE. Pratical considerations for the
mesurement of free light chains in serum. Clin Chem 2003 ; 49 : 1252-7.

Conclusion 7. Kyle RA, Linos A, Beard CM, Linke RP, Gertz MA, O’Fallon WM,
et al. Incidence and natural history of primary systemic amyloidosis in
Olmsted Country Minnesota, 1950 though 1989. Blood 1992 ; 79 : 1817-
L’amylose AL de notre patient s’est présentée sous la forme 22.
de l’apparition assez brutale d’un syndrome néphrotique
8. Dispenzieri A, Kyle R, Merlini G, Miguel JS, Ludwig H, Hajek R,
impur. Il s’agit d’une maladie multiviscérale impliquant la et al. International Myeloma Working Group guidelines for serum-free
participation de multiples acteurs pour le diagnostic et la light chain analysis in multiple myeloma and related disorders. Leukemia
prise en charge thérapeutique. Nous soulignons l’intérêt 2009 ; 23 : 215-24.
du dosage des chaînes légères libres pour le diagnostic 9. Rajkumar SV, Kyle RA, Therneau TM, Melton LJIII, Bradwell AR,
mais surtout pour le suivi de cette pathologie même en Clark RJ, et al. Serum free light chain ratio is an independent risk factor
cas d’insuffisance rénale. Malheureusement, le pronostic for progression in monoclonal gammapathy of undetermined significance.
Blood 2005 ; 106 : 812-7.
de cette maladie est très réservé et le traitement non encore
codifié. 10. Grateau G. Amyloses. Encyclopédie Orphanet. Février 2005.

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