Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
B 137
Syndromes néphrotiques
Physiopathologie, diagnostic, évolution, traitement de la néphrose lipoïdique
PR Bruno MOULIN, DR Marc BOUILLER, PR Thierry HANNEDOUCHE
Service de néphrologie, hôpitaux universitaires de Strasbourg, 67091 Strasbourg Cedex.
perméabilité glomérulaire
Albuminurie
Lésions tubulaires
Dysfonction tubulaire
Hypoalbuminémie
Hyperlipoprotéinémie
4. Réponse immunitaire et risque infectieux • L’examen clinique doit être minutieux, à la recherche
Elle est diminuée au cours du syndrome néphrotique. de signes « extrarénaux » : angine, purpura, arthralgies,
Les taux d’immunoglobulines G et A sont diminués et lésions cutanées, polysérite…
l’immunité cellulaire est modifiée. Conséquence directe • Le caractère pur ou impur du syndrome néphrotique
de la diminution du taux d’IgG chez les patients néphro- doit être établi.
tiques, le risque d’infection par les bactéries encapsulées Le syndrome néphrotique est qualifié de pur s’il n’est
(pneumocoque, Hæmophilus, Klebsiella) est particuliè- accompagné, ni d’hématurie microscopique, ni d’hyper-
rement augmenté. tension artérielle, ni d’insuffisance rénale organique et si
la protéinurie est sélective.
5. Augmentation de la fraction libre Il est qualifié d’impur s’il est associé à un ou plusieurs
plasmatique des médicaments liés à l’albumine des signes précédents.
• La baisse de l’albumine sérique est directement Un syndrome néphrotique pur traduit un syndrome
responsable de l’augmentation de la fraction libre des d’hyperperméabilité capillaire glomérulaire purement
médicaments (notamment des antivitamines K, des anti- fonctionnel sans anomalie visible en microscopie
inflammatoires non stéroïdiens…). Le risque de surdo- optique.
sage et d’effet toxique est augmenté. Le syndrome néphrotique impur traduit une lésion
• Un certain nombre d’anomalies métaboliques sont morphologique analysable en microscopie optique.
observées chez les patients néphrotiques au long cours. La présence d’un sédiment urinaire dit « actif », héma-
Elles sont liées à la baisse de métaux éléments (fer, turie et (ou) leucocyturie, peut traduire un processus pro-
cuivre, zinc), de protéines porteuses (céruloplasmine, lifératif, inflammatoire au sein du glomérule.
transferrine). La malnutrition protidique est fréquemment
observée au cours des syndromes néphrotiques chroniques. Examens biologiques
1. Dans les urines
Diagnostic • La protéinurie, détectée par l’usage de bandelettes
(albustix, multistix) au lit du malade, est confirmée au
Il est en général aisé chez l’adulte et doit être évoqué laboratoire. La protéinurie est permanente et abondante
dans 2 circonstances principales : l’installation explosive (>3 g/24 h).
ou progressive d’un syndrome œdémateux et la décou- • L’électrophorèse des protéines urinaires permet
verte d’une protéinurie abondante lors d’un examen d’apprécier la sélectivité. Une protéinurie est dite
systématique (service militaire, médecine du travail, sélective si elle est constituée à plus de 85 % d’albumine.
médecine scolaire). • L’analyse du sédiment urinaire permet de rechercher
l’association à une hématurie et (ou) une leucocyturie
Tableau clinique microscopique (> 10 H et/ou L/mm3).
• L’examen du culot urinaire recherche des cylindres
• L’interrogatoire doit préciser les modalités d’installation hématiques, évocateurs de l’origine glomérulaire de
et l’ancienneté des œdèmes (quelques jours ou plusieurs l’hématurie ; une infection urinaire confirmée par une
semaines), rechercher un ou des facteur(s) déclen- uroculture.
chant(s) ou la prise de certains médicaments (vaccina- • L’ionogramme urinaire montre une diminution de la
tion, piqûres d’insecte, syndrome infectieux récent, natriurèse (< 20 mEq/24 h), associée à une kaliurèse
prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens). adaptée aux apports, témoignant d’un hyperaldostéro-
• Les œdèmes sont dits superficiels « rénaux », blancs, nisme secondaire.
mous, indolores, prenant le godet, déclives, siégeant le
matin dans les paupières, sur le dos des mains et aux 2. Dans le sang
lombes et le soir aux membres inférieurs. • Il existe une hypoprotidémie à 60 g/L, associée à une
• Des épanchements des séreuses de type transsudatif hypoalbuminémie inférieure à 30 g/L.
peuvent s’associer. • L’analyse de l’électrophorèse des protéines montre
• La prise de poids est constante et permet de chiffrer une modification de la répartition des globulines avec
l’importance de la rétention hydrosodée. une élévation des alpha-2-bêtaglobulines et du fibrino-
• En cas d’installation aiguë, le syndrome œdémateux gène ; une diminution des gammaglobulines.
peut être associé à une oligurie. • L’hyperlipidémie est fréquente avec une élévation des
• L’absence de syndrome œdémateux ne permet pas de taux de cholestérol et de triglycérides.
récuser le diagnostic de syndrome néphrotique, surtout • L’hypoprotidémie est associée à une augmentation de
chez les patients suivant un régime sans sel et (ou) traités la vitesse de sédimentation, une hypocalcémie (par
par diurétiques au préalable. diminution de la fraction liée du calcium aux protéines).
• La pression artérielle est variable et dépend en général • Les concentrations d’urée et de créatinine plasma-
du type de néphropathie glomérulaire responsable du tiques varient en fonction de l’étiologie du syndrome
syndrome néphrotique et de l’association éventuelle à néphrotique et de l’association à une insuffisance rénale
une insuffisance rénale organique. organique ou fonctionnelle.
Glomérulonéphrite membrano-
proliférative (GNMP)
Elle est devenue rare en France (5 % des syndromes
néphrotiques).
1. Clinique
Elle se révèle par un syndrome néphrotique impur voire
un syndrome néphritique aigu associé à des signes de
consommation du complément (voie alterne, présence
d’un facteur néphritique C3 nef dans le type II).
2. Histologie
• Le type I est caractérisé par des dépôts sous-endothé-
liaux et mésangiaux d’IgG et de complément, ayant un
aspect de double contour de la membrane basale glomé-
rulaire.
2 Glomérulopathie extramembraneuse. • Le type II est caractérisé par des dépôts denses au sein
Flèche rouge = « massues » (dépôts d’immunoglobulines) de la membrane basale glomérulaire.
vues à la coloration argentaffine.
3. Évolution
versant épithélial de la membrane basale glomérulaire. Trente à 50 % des malades évoluent vers l’insuffisance
• En immunofluorescence, ces dépôts contiennent de rénale chronique terminale en 5 à 10 ans, avec un risque
l’IgG, éventuellement du C3. élevé de récidive après transplantation.
3. Évolution 4. Étiologie
Les formes idiopathiques sont les plus fréquentes et leur Les formes idiopathiques sont fréquentes. Les causes
évolution est imprévisible. Schématiquement, un tiers identifiées de la glomérulonéphrite membrano-prolifé-
des malades évolue vers la guérison, un tiers conserve rative sont :
une protéinurie sans évolution vers l’insuffisance rénale – les maladies systémiques (cryoglobulinémies, déficit
et le dernier tiers évolue vers l’insuffisance rénale en complément) ;
chronique terminale en 10 à 20 ans. – les infections bactériennes avec suppuration profonde,
Les facteurs de mauvais pronostic sont l’existence d’un néphrite de shunt, endocardites ;
syndrome néphrotique, d’une hypertension artérielle et – les infections virales comme le virus de l’hépatite B
d’une insuffisance rénale débutant au moment du (VHB), de l’hépatite C (VHC), de l’immunodéficience
diagnostic. humaine (VIH), les hémopathies malignes telles que
les lymphomes ou la leucémie lymphoïde chronique.
4. Étiologie Le type II peut être associé à une lipodystrophie.
Les glomérulonéphrites extramembraneuses ont souvent Plus rarement, le syndrome néphrotique peut révéler ou
une cause et sont alors qualifiées de secondaires à celle-ci. compliquer l’évolution d’une glomérulonéphrite à
• Des médicaments tels que les sels d’or (Allochrysine), dépôts mésangiaux d’IgA ou d’une glomérulonéphrite
la D-pénicillamine (Trolovol, Acadione), la phénindione extracapillaire.
(Pindione), le fluindione (Préviscan), les anti-inflamma-
toires non stéroïdiens peuvent être en cause.
• Parmi les néoplasies, les plus fréquentes sont le Néphropathies glomérulaires
cancer du côlon et les cancers digestifs. Un bilan de ces secondaires
appareils s’impose chez tout sujet adulte ayant notamment
des antécédents de tabagisme et chez lequel un diagnostic Diabète
de glomérulonéphrite extramembraneuse est porté.
• Les infections en cause sont les hépatites B ou C, la La glomérulosclérose diabétique peut survenir quel que
syphilis, le paludisme, la lèpre, la filariose, la schisto- soit le type de diabète.
somiase et la leishmaniose.
• Des maladies systémiques peuvent aussi être incrimi- 1. Diabète de type 1
nées : en premier lieu le lupus, mais aussi la sarcoïdose, • La néphropathie du diabète de type 1 survient après
le syndrome de Sjögren, la thyroïdite auto-immune ou la 5 à 15 ans d’évolution d’un diabète en général mal
polyarthrite rhumatoïde. équilibré. Le syndrome néphrotique est précédé par une
• D’autres causes diverses telles que les transplan- phase plus ou moins longue de « micro-albuminurie »
tations rénales (glomérulonéphrite extramembraneuse puis par une période où la protéinurie est qualifiée de
de novo), la drépanocytose ou le diabète peuvent être macroprotéinurie (300 mg/j). L’atteinte rénale est en
incriminées. général associée à d’autres lésions dégénératives du
Amyloses
3 Glomérulosclérose diabétique : augmentation de l’épais- Les amyloses sont un ensemble de maladies caractérisées
seur de la membrane basale glomérulaire, accumulation par le dépôt localisé au rein ou le plus souvent diffus,
dans le mésangium d’une substance hyaline, membranoïde, d’une substance amorphe constituée de protéines inso-
constitution d’une glomérulosclérose diffuse ou nodulaire lubles ayant une conformation fibrillaire.
plus typique. Elles sont fréquemment révélées par un syndrome
néphrotique intense, sans hématurie ni hypertension
diabète notamment oculaires (rétinopathie) rendant la artérielle, persistant malgré l’insuffisance rénale, avec
biopsie rénale souvent inutile. présence de 2 gros reins et d’une acidose tubulaire, associé
• Les lésions rénales sont caractéristiques avec une à d’autres localisations de la maladie (hépatomégalie,
glomérulosclérose nodulaire (fig. 3) de type Kimmelstiel macroglossie, multinévrite, diarrhée).
et Wilson. • On distingue :
• L’évolution se fait en quelques mois à quelques – les amyloses AA (dérivées de la protéine A), compli-
années vers l’insuffisance rénale terminale. quant des phénomènes inflammatoires chroniques tels
• Le traitement fait appel au contrôle rigoureux de que la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn,
l’hypertension artérielle associée à l’administration la rectocolite hémorragique, le cancer (rein), les
d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion dont l’effet infections prolongées (ostéomyélite) ;
antiprotéinurique et bénéfique sur la progression des – les amyloses AL (dérivées de chaînes légères d’immuno-
lésions rénales a été démontré dans la néphropathie globulines, principalement lambda) ;
diabétique. – les amyloses héréditaires, en particulier la maladie
périodique ou fièvre méditerranéenne familiale et les
2. Diabète de type 2 neuropathies amyloïdes.
Il est actuellement le plus grand pourvoyeur de néphro- • Le diagnostic est confirmé par l’étude histologique
pathies glomérulaires et d’insuffisance rénale chronique (fig. 4) qui met en évidence des dépôts amyloïdes extra-
terminale. Le syndrome néphrotique est inconstant et cellulaires par la coloration au rouge Congo (biopsie
survient tardivement alors que d’autres lésions secon- digestive ou rénale). L’étude en immunohistochimie
daires à la macroangiopathie diabétique sont présentes permet de préciser la nature de l’amylose (AA ou AL).
(artérite, coronaropathie, accident vasculaire cérébral).
Les lésions rénales peuvent être similaires à celle du dia-
bète de type 1. Les lésions vasculaires rénales associées
sont particulièrement fréquentes.
Lupus
Le lupus érythémateux disséminé est une affection de la
femme jeune. L’atteinte rénale est fréquente parfois
inaugurale. En cas de syndrome néphrotique, le dia-
gnostic est évoqué devant l’association à des signes
« extra-rénaux »: érythème cutané « en loup » du visage,
arthralgies, pleuropéricardite, altération de l’état
général, leucopénie, anémie hémolytique, thrombopénie et
surtout anticorps anti-nucléaires et anti-DNA natifs.
La biopsie rénale est indispensable. Elle permet de préciser
le diagnostic et d’orienter les indications thérapeutiques. 4 Dépôts amyloïdes glomérulaires au rouge Congo.
régimes restreints en protéines. Elle représente l’un des – arrêt du médicament (anti-inflammatoires non stéroï-
prédicteurs de risque les plus importants de mortalité au diens, lithium…) responsable de syndrome néphrotique ;
cours de l’insuffisance rénale terminale. Ces régimes res- – chimiothérapie ou exérèse de tumeur au cours de syn-
trictifs sont peu utilisés et ne peuvent se faire qu’en milieu drome néphrotique associé aux cancers ou aux lym-
spécialisé sous surveillance nutritionnelle rigoureuse. phomes ;
– traitement par corticostéroïdes et (ou) immuno-
Interventions spécifiques suppresseurs au cours du lupus ;
Dans certains cas, des interventions thérapeutiques spé- – traitement par la colchicine pour prévenir la pro-
cifiques permettent de guérir la glomérulonéphrite gression de l’atteinte rénale amyloïde des patients
parallèlement à la maladie causale : ayant une fièvre familiale méditerranéenne.
– traitement d’une infection bactérienne (endocardite, Dans tous les autres cas un traitement immunosuppresseur
suppuration profonde, néphrite de shunt) ; non spécifique reste la seule option disponible sauf si la
– traitement d’une infection virale : interféron α pour fonction rénale est sévèrement altérée (clairance de la
le syndrome néphrotique associé à l’hépatite B, la créatinine inférieure à 30 mL/min) auquel cas le traitement
glomérulonéphrite membrano-proliférative associée immunosuppresseur comporte un risque de toxicité trop
à l’hépatite C et la cryoglobulinémie associée à important (voir : Pour approfondir 4). ■
l’hépatite C ;
TABLEAU
Principales causes de syndrome néphrotique et éléments cliniques
ou biologiques d’orientation en fonction des formes histologiques
Syndrome néphrotique Syndrome néphrotique pur ; enfant (80 %) Maladie de Hodgkin, médicaments
à lésions glomérulaires minimes (anti-inflammatoires non stéroïdiens, lithium)
Hyalinose segmentaire et focale Syndrome néphrotique pur ou impur (évolue Idem à syndrome néphrotique,
vers hypertension artérielle et insuffisance à lésions glomérulaires minimes + virus
rénale chronique, résistance aux corticoïdes) de l’immunodéficience humaine
Glomérulopathie Syndrome néphrotique impur Cancers (poumon, tube digestif…)
extramembraneuse (hématurie microscopique) Lymphomes. Médicaments (anti-
Rémission spontanée (30 %) inflammatoires non stéroïdiens)
Infections virales (virus de l’hépatite B,
virus de l’hépatite C), parasitaires. Maladies
systémique (lupus), thyroïdite auto-immumne
Glomérulonéphrite Syndrome néphrotique impur, syndrome néphritique Infections (bactériennes : néphrite de shunt ;
membrano-proliférative Signes extrarénaux (cryoglobulinémie mixte) : virales : virus de l’hépatite C,
arthralgies, purpura, Raynaud, hémoptysie ; virus de l’immunodéficience humaine)
cryoglobulinémie, facteur rhumatoïde, Cryoglobulinémies (± associées à leucémie
complément (C3) abaissé, anticorps anti-virus lymphoïde chronique ou lymphomes ou virus
de l’hépatite C de l’hépatite C)
Glomérulonéphrite rapidement
progressive à croissants
Glomérulonéphrite à anticorps anti-membrane Syndrome néphrotique impur (rare), insuffisance
basale glomérulaire (syndrome de Goodpasture) rénale rapidement progressive, hémoptysie ;
Anticorps antimembrane basale glomérulaire (MBG)
Micropolyangéite rénale microscopique Syndrome néphrotique impur (rare), signes
extrarénaux : arthralgies, hémoptysie,
anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires
neutrophiles, anti-myéloperoxydase (++)
ou anti-PR3 (±)
Granulomatose de Wegener Signes extrarénaux : sinusite, hémoptysie ;
anticorps anticytoplasme des polynucléaires
neutrophiles : anti-PR3 (++)
Diabète Diab. de type 1 ou 2 évoluant depuis 5 à 15 ans
Autres signes de microangiopathie (rétinopathie…)
Lupus Signes extrarénaux ; facteurs anti-nucléaires,
anti-DNA, complément sérique abaissé
Purpura rhumatoïde Syndrome néphrotique rare, parfois associé
à glomérulonéphrite à croissants. Purpura,
arthralgies, douleurs abdominales
Dépôts mésangiaux d’IgA
POUR APPROFONDIR
Le passage de protéines plasmatiques de poids moléculaire supérieur Chez l’adulte, la biopsie rénale est une étape indispensable avant
à 70 kD à travers la paroi capillaire glomérulaire est normalement d’envisager tout traitement immunosuppresseur. La biopsie rénale
restreint par une barrière sélective de charge ainsi qu’une barrière avec guidage échographique est un geste relativement sûr dans des
sélective de taille. La barrière sélective de charge est liée à la présence mains entraînées. Cet examen confirme le diagnostic et apporte des
d’un revêtement polyanionique de la membrane basale glomérulaire informations pronostiques importantes par la présence ou non d’une
et des cellules avoisinantes qui restreint le passage de protéines fibrose tubulo-interstitielle.
plasmatiques polyanioniques de taille moyenne (environ 70 kD),
Il n’y a pas de consensus concernant le traitement des différentes
principalement l’albumine. La barrière sélective de taille qui résulte de
variétés de syndrome néphrotique de glomérulopathies primitives.
la présence de pores dans la membrane basale glomérulaire et dans
Chez l’adulte, avec un syndrome néphrotique à lésions glomérulaires
les diaphragmes de fente épithéliale assure la restriction au passage
minimes, un traitement par corticoïdes sur la base de prednisolone
des protéines plasmatiques de plus gros poids moléculaire au-dessus
1 mg/kg/j est généralement entrepris pendant au moins 8 semaines et
de 80 kD.
parfois plus longtemps chez certains patients. En l’absence de répon-
Le syndrome néphrotique à lésions glomérulaires minimes est se ou en cas de récidive fréquente ou de dépendance vis-à-vis des
dû principalement à une perte de la sélectivité de charge alors corticoïdes, l’utilisation de cyclophosphamide 1 à 2 mg/kg/j pendant
que les autres glomérulonéphrites, par exemple extramembraneuses, une période de 3 à 6 mois peut être proposée notamment si le patient
résultent essentiellement d’une perte de la sélectivité de taille. est symptomatique ou présente des facteurs de risque de progression
rénale (homme, hypertension, tabac, insuffisance rénale, protéinurie
Le mécanisme de l’altération glomérulaire aboutissant à l’anomalie massive ou fibrose interstitielle). Une surveillance rigoureuse, notam-
de perméabilité capillaire glomérulaire est variable. Chez les patients ment du compte leucocytaire et des plaquettes doit être effectuée et
ayant une hyalinose segmentaire et focale récidivante après une contraception efficace doit être assurée chez la femme.
transplantation rénale, des interventions thérapeutiques qui permet-
Pour les patients avec une hyalinose segmentaire et focale, une
tent d’adsorber les immunoglobulines, comme le passage sur des
approche thérapeutique analogue peut être envisagée mais avec un
colonnes d’immuno-adsorption ou de protéines A, entraînent
taux de réponse nettement inférieur. Pour les patients qui ne répondent
une réduction considérable de la protéinurie. Un facteur plasmatique
pas à ces premiers traitements, la ciclosporine peut être prescrite à
présumé produit par des lymphocytes augmente l’excrétion urinaire
condition de ne pas dépasser des doses de 5 mg/kg et de surveiller les
d’albumine chez des rats de rein perfusé. Ce facteur augmente la
concentrations plasmatiques résiduelles. La ciclosporine doit être
perméabilité à l’albumine de glomérules isolés et sa présence est
évitée lorsqu’il existe une insuffisance rénale et (ou) une fibrose
associée à un taux important de récidive de la maladie après
interstitielle importante sur la biopsie rénale en raison du risque
transplantation rénale.
d’aggravation lié à la toxicité rénale propre de ce médicament. En
l’absence de réponse thérapeutique au cours des 3 premiers mois de
traitement, le traitement est inefficace et doit être interrompu.
Chez les patients avec une glomérulonéphrite extramembraneuse
2 / Physiopathologie de la rétention sodée pour laquelle une cause secondaire a été exclue, qui est sympto-
du syndrome néphrotique matique et à haut risque de progression, un traitement immuno-
suppresseur peut être tenté. Une combinaison de corticoïdes et d’un
En fait, la vue classique attribuant la rétention sodée du syndrome cytotoxique, cyclophosphamide ou chlorambucil peut être tentée
néphrotique à la seule hypovolémie secondaire à l’hypoalbuminémie pendant une période ne dépassant pas 6 mois.
a été remise en question par le résultat d’études montrant un état
d’euvolémie ou d’hypervolémie chez des patients atteints de syndrome
néphrotique. Toutefois, le facteur « primitif » responsable de l’avidité Points Forts à retenir
rénale pour le sodium reste encore inconnu.