Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
M. KASTALI
Année universitaire 2019 - 2020
U I- Introduction :
La classification de la plupart des néphropathies reste aujourd’hui encore basée sur la nature
de la lésion initiale touchant le parenchyme rénal : les glomérules, les tubes, l’interstitium
ou les vaisseaux.
On distingue donc :
- les néphropathies glomérulaires.
- les néphropathies tubulaires.
- les néphropathies interstitielles.
- les néphropathies vasculaires.
1/ 19
U I - Les néphropathies glomérulaires :
I- Définition – Généralités :
2/ 19
3
Fig. 1. Glomérule normal 2
14
1 : Macula densa, 5
2 : Mésangium extraglomérulaire ;
3 : Cellule granuleuse 6
4 : Artériole afférente ; 7
5 : Artériole efférente ;
6 : Capsule de Bowman 8
7 : Cellule épithéliale pariétale ; 9
8 : Mésangium ;
10
9 : Cellule endothéliale ;
10 : Membrane basale glomérulaire,
11
11 : Podocyte ;
12 : Espace urinaire ;
13 : Cellule tubulaire proximale: Mésangium
extraglomérulaire ; 3 : Cellule granuleuse
12 ; 5 :
4 : schéma L-H NOEL)Artériole afférente
Artériole efférente ; 6 : Capsule de Bowman
13
7 : Cellule épithéliale pariétale ; 8 : Mésangium
Schéma L-H NOEL)
I-2. Les lésions glomérulaires élémentaires :
Selon leur étendue, les lésions observées peuvent être :
- Segmentaires (une partie du glomérule) ou généralisées (tout le glomérule)
- Focales (quelques glomérules) ou diffuses (tous les glomérules).
D’une manière très schématique, les lésions glomérulaires élémentaires sont au nombre de 4.
1. La prolifération cellulaire :
Tous les types cellulaires présents peuvent être concernés.
3/ 19
3. Les dépôts d’immunoglobulines (IgG, IgM, IgA) ou de complément.
Type Siege
Mésangiaux Au sein du mésangium
Endomembraneux Espace sous endothélial (versant interne de la MBG)
Extramembraneux Au contact des podocytes (versant externe de la MBG)
4/ 19
L’aspect en microscopie optique est pratiquement
normal. Les pieds des podocytes (cellules épithéliales) M0 au cours d’une LGM : aspect uement no
sont fusionnés M0 au cours d’une LGM : aspect pratiquement
normal du glomérule.
Schéma du glomérule dans une hyalinose segmentaire et Hyalinose segmentaire et focale à un stade plus
focale : lésion focale avec adhésion à capsule et sclérose
avancé : sclérose et dépôts hyalins de la région
hilaire. (PAS x 360 5/ 19
HSF avec dépôts segmentaires de
complément (C3) en immunofluorescence
2. Histologie :
Le diagnostic de la GEM est histologique. Les lésions glomérulaires sont caractérisées
par des dépôts immuns initialement sous podocytaires. Ces dépôts s'enchâssent
progressivement dans des "cratères" qui se forment dans la MBG. Ces lésions, évidentes
en microscopie électroniques, se traduisent en MO par un épaississement plus ou moins
régulier des parois des capillaires glomérulaires. Avec les colorations argentiques qui
marquent le matériel membranoïde, la MBG parait, sur les coupes, hérissée sur son
versant externe par de nombreux spicules. Deux spicules représentent les bords d'un
cratère de la membrane basale dans lequel repose le matériel immun. En IF, tous les
dépôts extra-membraneux sont marqués par les antisérums anti-IgG et souvent anti-C3
selon un aspect "en collier de perle" caractéristique.
6/ 19
GEM de stade 3 : expansions multiples de la
paroi capillaire colorés par l’argent et entourant
Épaississement de la membrane basale projetant des presque complètement les dépôts denses
expansions entourant les dépôts immuns immuns (coloration argentique de Jones x1000).
D- Glomérulonéphrite endocapillaire
1. Tableau clinique : est celui d’un syndrome néphritique aigu tout à fait caractéristique
où I'HTA, l’œdème, l’oligurie, l'insuffisance rénale sont maximums Ie 1 er jour. En P P
2. Histologie : Trois types d'altération sont associées: une prolifération des cellules
mésangiales, un afflux de cellules circulantes: polynucléaires, monocytes, macrophages
(lésions "exsudatives"), des dépôts immuns riches en C3 parfois en IgG dont les plus
typiques sont dispersés, sous épithéliaux "en bosse" ou en "chapeau de gendarme"
(humps). Ces lésions sont susceptibles d'être complètement réversibles. Dans les formes
7/ 19
graves une prolifération extra-capillaire en croissant autour d'une zone de nécrose peut
se surajouter aux lésions précédentes.
E- Glomérulonéphrites extracapillaires :
1. Tableau clinique : Malgré leur nature très diverse, les GNEC ont en commun une
expression clinique particulière. Elles s'expriment par un syndrome glomérulaire
associant protéinurie , hématurie souvent macroscopique et insuffisance rénale
croissante qui domine le tableau alors que l'HTA est habituellement absente, modérée,
ou facile à maîtriser. Il s'agit d'un syndrome de glomérulonéphrite rapidement
progressive. Les signes propres à l'affection causale peuvent être rencontrés
8/ 19
2. Histologie :
Les GNEC sont caractérisées à leur phase initiale par une nécrose d'une zone du
flocculus et par une prolifération de cellules dans l'espace urinaire.
Les cellules extra-capillaires contiennent des cellules épithéliales de la capsule de
Bowman, des monocytes macrophages et d'autres cellules non identifiées.
Elles entourent et compriment Ie flocculus dont les lésions propres sont souvent
difficiles à analyser. Dans certains cas la capsule de Bowman est nécrosée et I'espace
urinaire est envahi par des cellules inflammatoires venues de I'interstitium. Les lésions
de nécrose et de prolifération extra-capillaire frappent la majorité et parfois la totalité
des glomérules. Le mécanisme de ces lestions n'est pas connu.
2. Histologie :
Les lésions glomérulaires sont caractérisées par des dépôts d'lg A dans toutes les tiges
mésangiales. Ces dépôts sont souvent associés à de l'lgG et à du C3. Ils sont plus ou
moins volumineux. Ces dépôts mésangiaux caractérisent la maladie.
9/ 19
GN à IgA avec une expansion mésangiale modérée :
Schéma d’une GN à dépôts d’IgA : prolifération augmentation de la matrice et du nombre de cellules
des cellules mésangiales, élargissement de la (coloration periodic acid-Schiff x 200)
matrice extracellulaire et dépôts intercellulaires
d’IgA.
2. Histologie :
Les GNMP type I : où sont associées une prolifération des cellules mésangiales dont
certaines s'interposent entre la MBG et la cellule endothéliale provoquant ainsi un
10/ 19
épaississement de la paroi qui prend un aspect "en double contour".
Ces lésions mésangiales sont associées à des nombreux dépôts immuns dont la plupart
sont en position endomembraneuse et mésangiale. Ces dépôts contiennent du C3, du
C1q, du C4. Ces facteurs du complément sont isolés ou Ie plus souvent associés à une ou
plusieurs immunoglobulines.
Noter
Glomérulonéphrite
membrano-
proliférative de type I :
interposition
mésangiale dans le
sous-endothélium
(flèche)
11/ 19
Les différents syndromes observés dans les maladies glomérulaires dépendent de
l'association plus ou moins complète de ces diverses perturbations.
c- Syndrome néphrotique :
Il comporte une protéinurie massive (plus de 3,5 g/24h/1,73m 2 de surface corporelle) faite
P P
e-Glomérulopathie chronique :
Ce terme imprécis est applicable à de nombreuses maladies glomérulaires. Il correspond à la
persistance ou à la progression d'un processus pathologique variable qui a pu se manifester
par l'un des syndromes décrits ci-dessus. Il existe une protéinurie, souvent accompagnée
d'anomalies du sédiment, d'une hypertension artérielle et d'une réduction de la filtration
glomérulaire. L'évolution se déroule sur des années ; voire des décennies; elle aboutit
inconstamment à une insuffisance rénale terminale irréversible, avec atrophie rénale
bilatérale.
Traitement :
Principes du traitement
Le traitement des néphropathies glomérulaires comporte :
- un traitement étio-pathogénique : corticoïdes, immunosuppresseurs, échanges
plasmatiques.
- un traitement symptomatique et néphroprotecteur, visant à ralentir la progression de
l’insuffisance rénale avec comme objectifs, le strict contrôle de la pression artérielle, la
réduction de la protéinurie et l’emploi des inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou les
antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II.
12/ 19
Syndrome Signes Causes Particularités
Syndrome Protéinurie> Toutes les Oedèmes, anasarque,
3g/24h néphropathies Risque de thrombose ;
Néphrotique Albuminémie < 30g/l glomérulaires surtout Risque d’insuffisance
LGM, HSF, GEM, rénale fonctionnelle
amylose et diabète
Syndrome Tableau brutal : Glomérulonéphrite Enfant
Oligurie proliférative Incidence en diminution
Néphritique Oedèmes endocapillaire Infection ORL ou cutanée
Protéinurie (GNA post- récente
aigu Hématurie macro streptococcique) Hypocomplémentémie
HTA Evolution favorable
IR modérée PBR non systématique
13/ 19
U Tubulopathies
Elles peuvent être aiguës (nécrose tubulaire) ou chroniques. Certaines ne s’expriment que
sous forme de désordres fonctionnels.
Les tubulopathies aiguës accompagnées de nécrose de l’épithélium tubulaire entraînent une
insuffisance rénale aiguë qui peut être oligoanurique mais également à diurèse conservée,
bien que, si l’on fait à ce stade une ponction biopsie rénale, les lésions soient peu
différentes.
Définition :
U U
Atteinte prédominante des tubules à type de nécrose des cellules tubulaires ± associée à un
œdème interstitiel et à une infiltration cellulaire interstitielle (leucocytes)
Evolution :
U U
Le pronostic rénal est habituellement bon (en l'absence d'IRC préalable). Reprise d'une
fonction rénale en 7-21 j (le temps pour les cellules tubulaires de régénérer).
Le plus souvent, récupération complète de la fonction rénale
U Causes : U
3) Obstruction tubulaire :
U U
14/ 19
- glycosurie normo glycémique,
- diabète insipide néphrogénique,
- syndrome de Fanconi,
- acidose tubulaire distale.
- Au cours de l’existence, ces troubles purement fonctionnels peuvent petit à petit entraîner
des lésions histologiques des tubes (exemple : la néphrocalcinose, compliquant plusieurs
années d’acidose tubulaire distale).
U Néphrites interstitielles
Définition :
U
U Sémiologie : U
Evolution
U U :
Le pronostic rénal est plus réservé que les NTA avec risque d'IRC. Le pronostic dépend du
retard diagnostic et des possibilités de traitement
15/ 19
Causes :
U
1) Causes infectieuses :
− Bactériennes : Pyélonéphrite aiguë (IRA seulement sur rein unique)
Leptospirose
− Virales :
Néphrites hémorragiques à Hanta-virus
2) Causes médicamenteuses :
Immuno-allergiques : bêtalactamines, AINS, sulfamide, allopurinol.,
3) Maladies dysimmunitaires :
- Sarcoïdose (granulomes)
- Syndrome de Sjögren
- TINU syndrome (uvéite + NIA)
4) Hémopathies malignes :
Infiltration du parenchyme rénal par les cellules malignes (leucémie, lymphome)
Définition :
U U
U Sémiologie : U
U Evolution :U
16/ 19
2) Causes urologiques :
− Néphropathie du reflux vesico-urétéral
− Obstacle chronique : Lithiases, Adénome ou cancer de la prostate, Tumeur vésicale
(ou du petit bassin), Fibrose rétro péritonéale
3) Causes métaboliques :
- Néphrocalcinose : ATCD Hyperparathyroïdie primaire, hypercalciurie, hyperoxalurie
primaire...
- Hypokaliémie chronique
4) Causes toxiques :
- Médicaments : Lithium, ciclosporine A, Néphropathie aux analgésiques (phénacétine et/ou
aspirine > 2 Kg)
− Intoxication chronique par le plomb ou cadmium
- Néphropathie aux herbes chinoises (acide aristocholique)
- Néphropathie endémique des Balkans (mycotoxine)
7) Causes Héréditaires :
Polykystose rénale autosomique dominante
Polykystose rénale autosomique récessive
Néphronophtise
Maladie kystique de la médullaire
U Néphropathies vasculaires
17/ 19
Thromboses des veines rénales
C’est une affection rare, compliquant à tout âge un syndrome néphrotique sévère
préexistant (essentiellement une glomérulopathie extramembraneuse), et chez le nourrisson
une déshydratation aiguë fébrile.
Selon la pathogénie, on distingue trois types de néphropathies vasculaires :
U a- Néphroangiosclérose
- Néphroangiosclérose bénigne :
Elle complique en général une hypertension artérielle ayant évolué pendant des dizaines
d’années. Les lésions affectent surtout les artères interlobaires et les artérioles. Elles sont
faites d’un épaississement intimal et de réduplication des limitantes élastiques, d’une
hypertrophie des fibres musculaires lisses et d’un épaississement hyalin des parois.
- Néphroangiosclérose maligne
Elle est de constitution très rapide. Elle s’accompagne d’une hypertension artérielle très
sévère, et peut entraîner une insuffisance rénale terminale en quelques mois, semaines
voire même quelques jours. Les lésions sont faites d’une nécrose fibrinoïde des parois
artériolaires, d’une rupture des limitantes élastiques et de thromboses.
b- Angéites :
U
Sont des affections inflammatoires des parois vasculaires (artérielles, artériolaires, parfois
même veinulaires intrarénales) dues à un processus auto-immun. Les lésions vasculaires
intéressent souvent aussi les capillaires glomérulaires. Ce sont des maladies de système qui
en général ne se limitent pas qu’au rein.
c- Embolies de cholestérol
U
Conclusion
Cette classification imparfaite est aujourd’hui encore utilisée. Elle ne rend cependant pas
compte de la nature souvent intriquée des lésions au cours de la plupart des néphropathies.
Par exemple, les glomérulonéphrites s’accompagnent très souvent de lésions tubulo-
interstitielles ou vasculaires qui conditionnent le pronostic ; les néphropathies vasculaires
compliquant l’hypertension artérielle sont souvent accompagnées de lésions de sclérose
glomérulaire, et enfin les néphropathies interstitielles ont souvent partie liée avec des
lésions tubulaires.
Ces faits montrent que la classification d’une néphropathie glomérulaire, tubulaire ou
vasculaire est plus facile au début de l’évolution. À un stade tardif, la néphropathie devient
18/ 19
souvent inclassable, car elle associe des lésions diffuses des différents éléments du
parenchyme rénal, classique mal de Bright.
Références :
- J. Fourcade. Néphropathies glomérulaires. Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes. Mai
2006
- Néphropathies glomérulaires ITEM 264. CUEN
- M. Colombat. Lésions élémentaires des glomérules chez l’adulte. EMC
19/ 19