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REIN ET PATHOLOGIES

Diagnostic, suivi biologique de l’insuffisance


rénale chronique et prise en charge
de l’insuffisance rénale chronique terminale
Bernard Lacoura,*, Ziad Massyb

RÉSUMÉ SUMMARY
Cette revue fait le point sur le diagnostic et le suivi biologique de l’insuf-
fisance rénale chronique ainsi que sur la prise en charge de l’insuffisance Diagnosis, biological monitoring of chronic kidney
rénale chronique terminale par hémodialyse ou transplantation. Le premier disease and management of end stage renal
chapitre souligne les problèmes du diagnostic de la maladie rénale chronique disease.
(MRC), en discutant notamment les différents moyens d’évaluer le débit The present review summarizes our current knowledge
de filtration glomérulaire. Il se termine par la classification actualisée de about the diagnosis and the follow-up of patients with
la MRC. Un chapitre passe ensuite en revue les différentes complications chronic renal failure as well as the management of
liées à l’insuffisance rénale chronique, d’un point de vue physiopatholo- end stage renal disease (ESRD) by dialysis or kidney
gique et du point de vue de la prise en charge de ces complications. Un transplantation. The first chapter underlines the pitfalls
autre chapitre est consacré à l’organisation pratique du suivi du patient in the diagnosis of the chronic kidney disease (CKD)
aux différents stades de la MRC. L’avant dernier chapitre traite des dif- using the calculation or the estimation of glomerular
férentes méthodes de dialyse de suppléance utilisables pour prendre en filtration rate (GFR), and presents the current classi-
charge le patient urémique chronique, avec un aperçu des complications fication of CKD. The following chapter describes the
particulières observées chez ces patients. Le dernier chapitre traite de la different complications associated with CKD, consi-
transplantation rénale, avec un aperçu sur les traitements immunosuppres- dering the pathophysiology and the management
seurs actuels et les complications qu’ils sont susceptibles d’engendrer et of each complication. The third chapter concerns
qui doivent donc faire l’objet d’une surveillance attentive. the practical organization for the follow-up and the
management of CKD patients at each stage. The
Maladie rénale chronique (MRC) – classification de la MRC – fourth chapter is dedicated to the different dialysis
ostéodystrophie rénale – érythropoïétine – hémodialyse extracorporelle – modalities for ESRD patients, with a special focus
dialyse péritonéale – transplantation rénale. on specific complications related to hemodialysis or
peritoneal dialysis. The last chapter concerns kidney
transplantation with a comprehensible description of
Les reins remplissent trois fonctions d’excrétion des
the immunosuppressive therapy and their side-effects.
déchets, de régulation du bilan de l’eau et des électro-
lytes et de synthèse d’hormones, qui sont toutes affectées Chronic kidney disease (CKD) – classification of CKD
dans l’insuffisance rénale chronique. – renal osteodystrophy – erythropoietin – hemodialysis –
peritoneal dialysis – renal transplantation
a Service de biochimie générale
Hôpital universitaire Necker – Enfants Malades
149, rue de Sèvres
75730 Paris cedex 15
et UMR 1154 – Université Paris Sud – Châtenay-Malabry
1. Définition
b Service de néphrologie
L’insuffisance rénale chronique (IRC) correspond à la perte
Hôpital Ambroise-Paré
progressive et irréversible des fonctions des reins. Elle
Université Paris Ile-de-France-Ouest (UVSQ)
résulte de la réduction du parenchyme rénal fonction-
9, av. Charles-de-Gaulle
92100 Boulogne Billancourt
nel. Son diagnostic repose sur la diminution du débit de
et INSERM U-1088 – UPJV Amiens filtration glomérulaire (DFG), qui se traduit par une aug-
ziad.massy@apr.aphp.fr mentation progressive des concentrations plasmatiques
de la créatinine.
* Correspondance Au cours de l’IRC, les néphrons qui restent fonctionnels
bernard.lacour@nck.aphp.fr s’adaptent remarquablement au surcroît de travail qui
leur est demandé par l’organisme urémique pour assurer
article reçu le 8 janvier, accepté le 29 janvier 2013. l’excrétion des substances azotées et maintenir l’homéos-
© 2013 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. tasie de l’eau et des électrolytes. Mais ce surcroît de travail

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entraîne à terme la destruction progressive des néphrons pour le suivi de l’insuffisance rénale chez l’adulte, quel que
encore fonctionnels. soit le niveau de la fonction rénale chez l’adulte. L’équation
L’un des problèmes majeurs du diagnostic de l’IRC vient MDRD simplifiée doit être utilisée avec des créatininémies
de ce qu’elle peut rester asymptomatique très longtemps, déterminées en utilisant des méthodes compensées ou
jusqu’à un DFG voisin de 15 ml/min/1,73 m2 de surface des méthodes enzymatiques. Cette formule sous-estime
corporelle. Elle est donc souvent diagnostiquée à un stade le DFG chez les sujets à fonction rénale normale. Pour les
très tardif d’évolution de la maladie. deux types d’équation CKD-EPI et MDRD, il existe un fac-
La protéinurie, qui est la manifestation la plus commune teur correctif pour tenir compte de l’ethnie. Ce facteur n’a
des néphropathies, doit toujours être un signe d’appel toutefois pas été validé en France, à l’heure actuelle. Ces
pour évaluer la fonction rénale. Mais sa présence ne cor- deux méthodes d’estimation du DFG doivent être utilisées
respond pas toujours à une altération du débit de filtration avec prudence, lorsque la masse musculaire est anormale
glomérulaire. (poids extrêmes), chez la femme enceinte et chez les sujets
recevant des médicaments qui inhibent la sécrétion tubulaire
2. Le diagnostic d’insuffisance de créatinine comme la cimétidine ou la triméthoprime. Elle
n’est pas validée chez les enfants, ni chez les patients qui
rénale chronique ont une baisse importante de l’albuminémie (brûlés, grands
dénutris…), ni chez les patients âgés de plus de 75 ans.
Il est important de dépister l’altération de la fonction rénale le L’équation de Cockcroft et Gault ne devrait plus être utilisée,
plus précocement possible afin de pouvoir mettre en œuvre car elle reflète la clairance de la créatinine corrigée pour
une stratégie de néphro-protection susceptible de stabiliser 1,73 m2 de surface corporelle et non le DFG et également
ou de ralentir la progression de l’insuffisance rénale dans un parce qu’elle a été établie en utilisant des méthodes de
très grand nombre de cas, si elle est mise en place tôt. Le dosage de la créatininémie qui ne doivent plus être utili-
diagnostic précoce et le suivi de l’IRC ne doit pas reposer sées aujourd’hui (méthodes de Jaffé non compensées).
sur une valeur de la créatininémie mais sur celle du DFG. Quelle que soit la formule utilisée pour estimer le DFG, il
faut mentionner la formule utilisée et la méthode de dosage
2.1. La mesure ou l’estimation du DFG de la créatininémie sur la feuille de résultats.
Le DFG peut être mesuré à partir de la clairance d’une Il faut retenir que le diagnostic précoce et le suivi de l’IRC
substance exogène, qui n’est ni métabolisée et ni sécrétée ne doit pas reposer sur une valeur de la créatininémie, mais
ou réabsorbée par les tubules rénaux. On peut utiliser des sur l’estimation du DFG en utilisant une équation validée,
marqueurs comme l’inuline, l’iohexol ou des produits radio- de préférence l’équation CKD-EPI.
pharmaceutiques. La mesure du DFG par ces techniques
est lourde à mettre en œuvre et est réservée aux situations 2.2. Quelle est la place de la créatininémie
cliniques qui imposent d’avoir une mesure précise du DFG. et de la clairance de la créatinine dans
En pratique clinique courante, et dans le cadre du diagnos- le dépistage d’une insuffisance rénale ?
tic précoce d’une insuffisance rénale, le DFG est estimé à En routine clinique, la valeur de la créatininémie sert quo-
partir du dosage de la créatininémie, en utilisant différentes tidiennement à apprécier la fonction rénale et constitue un
équations. Chez l’adulte, les plus utilisées sont l’équation paramètre d’alerte. Pourtant la concentration plasmatique
de Cockcroft et Gault [1], la formule MDRD simplifiée à de créatinine est un mauvais reflet de la fonction rénale à
4 paramètres [2] et la formule CKD-EPI [3]. La valeur du DFG un stade précoce de l’insuffisance rénale car :
estimé dépend très étroitement de la qualité du dosage de r la relation entre filtration glomérulaire et créatininémie
la créatininémie. Le rapport de la Haute Autorité de Santé n’est pas linéaire et la créatininémie ne s’élève qu’à partir
de 2011 [4] fait le point sur deux questions essentielles : d’une amputation de la fonction rénale déjà importante
Quelles sont les meilleures méthodes de dosage de la correspondant à une réduction de 50 % du DFG. La créa-
créatininémie ? Et quelles sont les meilleures équations tininémie peut donc encore être normale, alors que la
pour estimer le DFG à partir de la créatininémie ? filtration glomérulaire est inférieure à 60 voire 50 ml/min ;
Les dosages de la créatininémie peuvent être réalisés en r la valeur de la créatininémie dépend de la sécrétion
utilisant des méthodes enzymatiques ou des méthodes tubulaire de créatinine, qui est de l’ordre de 10 à 20 % de
colorimétriques fondées sur la réaction de Jaffé, mais toutes la créatinine éliminée chez le sujet normal. Cette sécrétion
les techniques utilisées doivent être traçables à l’IDMS. est réduite par certains médicaments (cimétidine, trimé-
Les méthodes enzymatiques qui ont des performances thoprine…) et au contraire augmentée en cas d’insuffi-
analytiques nettement supérieures aux méthodes de Jaffé sance rénale ;
même corrigées sont recommandées par la Haute Autorité r la valeur de la créatininémie dépend de la production de
de Santé dans toutes les situations cliniques. Elles devraient créatinine, qui dépend elle-même du régime et surtout de la
donc être utilisées, en particulier lorsque la concentration masse musculaire et donc du poids, du sexe et de l’âge du
plasmatique de la créatinine est basse et proche du seuil sujet. Sa concentration s’élève donc moins rapidement en
de décision clinique (voir article 2). cas d’IRC chez la femme et le sujet âgé que chez l’homme.
L’équation CKD-EPI a été établie sur la base de créatininé- La créatininémie est donc un marqueur très imparfait
mies mesurées en utilisant des techniques enzymatiques. du DFG, mais elle reste très utilisée pour des raisons de
Elle doit être recommandée pour estimer le DFG. Elle est facilité de prescription. On peut considérer que c’est un
en effet plus précise, plus exacte et a moins de biais que paramètre d’alerte, lorsque les valeurs dépassent un seuil
les 2 autres équations, que ce soit pour le dépistage ou de 137 μmol/l pour les hommes et 104 μmol/l pour les

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femmes, dans la mesure où 85 % des adultes ont alors l’utilisation de la cystatine C en pratique, même si elle
un DFG < 60 ml/min/1,73 m2. Quoi qu’il en soit, dans avait été introduite dans la formule CKD-EPI à l’origine.
le cadre du suivi d’un malade, il est souhaitable que la Le dosage de l’urée plasmatique ne doit plus être utilisé
détermination de la créatininémie soit réalisée en utilisant aujourd’hui pour évaluer la fonction rénale. Ce paramètre ne
la même méthode de dosage et soit donc effectuée dans conserve un intérêt réel qu’au cours du suivi biologique du
le même laboratoire autant que possible. La comparaison patient hémodialysé afin d’évaluer l’efficacité de l’épuration.
des résultats successifs en sera facilitée.
La mesure de la clairance de la créatinine ne devrait plus
être réalisée. D’un point de vue pratique, le résultat est trop
3. La classification des stades
dépendant de la qualité du recueil des urines, qui est très de la maladie rénale chronique
souvent entaché d’erreurs importantes. D’un point de vue
théorique, la clairance de la créatinine surestime toujours la La classification universellement utilisée aujourd’hui dis-
valeur du DFG en raison de la sécrétion tubulaire de créatinine. tingue 5 stades dans la maladie rénale chronique (MRC) qui
Cette surestimation peut être considérée comme négligeable correspond aux situations caractérisées par la présence
(environ 15 %) lorsque le DFG est normal ou peu abaissé. Mais de signes biologiques de néphropathie ou par une dimi-
elle peut représenter plus de 35 % en cas d’IRC évoluée [5]. nution du DFG. Les 2 premiers stades correspondent à
la présence de signes de néphropathie sans altération de
2.3. Les problèmes de l’évaluation la fonction rénale (stade 1) ou avec une réduction minime
de la fonction rénale chez l’enfant du DFG (stade 2). Le stade 3 correspond à une réduction
À la naissance, la fonction rénale n’est pas encore mature. modérée du DFG, le stade 4 à une réduction sévère et le
Le DFG est multiplié par deux à 2 semaines de vie. L’inter- stade 5 à une insuffisance rénale terminale (DFG < 15 ml/
prétation de la valeur de la créatininémie chez un nouveau- min/1,73 m2) qui nécessite un traitement de suppléance soit
né ou un très jeune enfant, nécessite donc de connaître par dialyse, soit par transplantation rénale. La définition des
les zones de valeurs usuelles établies par le laboratoire, 5 stades, établie par la Société de néphrologie, est résu-
pour la technique de dosage utilisée, en fonction de l’âge mée dans le tableau I. Il ne faut pas oublier qu’en 2002, la
et du sexe, compte tenu de l’augmentation progressive Haute Autorité de Santé a recommandé que les sujets qui
concomitante du DFG et de la masse musculaire. ont un DFG compris entre 60 et 90 ml/min/1,73 m2 sans
Chez l’enfant, il est classique d’estimer la clairance de marqueur d’atteinte rénale soient surveillés [9].
la créatinine en utilisant la formule de Schwartz, qui tient Cette classification ne tient pas compte de l’âge des sujets,
compte de la taille de l’enfant : clairance créatinine = K x ce qui peut conduire à considérer comme malades des
taille (cm)/créatininémie (μmol/l). sujets âgés dont la réduction de la fonction rénale est
Classiquement, la valeur de K doit être ajustée pour la normale compte tenu de l’âge. Pour les patients âgés,
population étudiée et varie donc en fonction de l’âge des il est impératif de distinguer ceux qui ont une réduction
enfants. Toutefois Schwartz et coll. [6] viennent de publier physiologique de leur fonction rénale de ceux qui ont une
récemment une formule dans laquelle K est fixe et égal maladie rénale évolutive. Dans l’interprétation, on doit
à 36,5 pour les 349 enfants de cette étude dont l’âge est également tenir compte de la présence ou non d’une albu-
compris entre 1 et 16 ans. Et l’estimation du DFG est consi- minurie, puisque ce facteur est significativement associé
dérée par les néphrologues pédiatres comme satisfaisante au risque de progression de l’IRC vers une insuffisance
pour des DFG compris entre 15 et 75 ml/min/1,73 m2. rénale terminale (IRT) et de développement d’une atteinte
cardiovasculaire. La classification récente de la MRC [10]
repose sur un DFG inférieur à 60 ml/min/1,73 m2 ou un
2.4. Intérêt de la cystatine C et de l’urée
rapport urinaire albumine/créatinine supérieur à 30 mg/g.
L’intérêt de la cystatine C vient de ce que cette molécule
Enfin, la classification repose sur la valeur du DFG défi-
est éliminée exclusivement par filtration glomérulaire et
nie à un moment donné. Il est important pour le clinicien
que sa production est constante dans l’organisme. Donc
d’identifier les patients qui ont une maladie rénale évolu-
sa concentration plasmatique dépend directement du taux
tive qui peut progresser très rapidement vers l’IRT et se
de filtration glomérulaire. En effet la corrélation entre les
concentrations plasmatiques de cystatine C et les clairances
du 125I-iothalamate est meilleure que celle qui existe avec Tableau I – Définition des 5 stades de la maladie
la concentration de créatinine plasmatique [7]. La mesure rénale chronique.
de la cystatine plasmatique s’est révélée être un marqueur Stade
DFG
Définition
(ml/min/1,73 m2)
plus sensible que celle de la créatinine plasmatique pour
dépister une diminution du DFG. En revanche, elle ne 1 > 90 MRC avec DFG normal
mais présence de marqueurs
semble pas présenter d’intérêt particulier pour estimer la d’une atteinte rénale*
progression de l’insuffisance rénale. Enfin, l’estimation du
2 60 - 89 MRC avec DFG légèrement diminué
DFG fondée sur le dosage de la cystatine C plasmatique
n’apparaît pas actuellement supérieure à celle fondée sur le 3 30 - 59 IRC modérée

dosage de la créatininémie [8]. Le dosage de la cystatine C 4 15 - 29 IRC sévère


fait appel à des méthodes immuno-enzymatiques, radio- 5 < 15 IRC terminale
immunologiques ou fluoro-immunologiques, qui ne sont pas * protéinurie, hématurie, leucocyturie, anomalies morphologiques
encore totalement standardisées et de toute façon pose (recherchées par une échographie rénale) ou histologiques ou marqueurs
d’un dysfonctionnement tubulaire qui persiste plus de 3 mois.
un problème de coût élevé, ce qui limite considérablement

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compliquer d’une atteinte cardiovasculaire. Il est donc 5. La prise en charge
indispensable d’évaluer la vitesse de réduction du DFG,
qui est calculée comme la perte annuelle de DFG expri- des complications de l’IRC
mée en ml/min/1,73 m2. Ainsi on parle d’une perte très
lente lorsqu’elle est inférieure à 1 ml/min/1,73 m2, d’une Les altérations biochimiques apparaissent tardivement
perte modérée lorsqu’elle est comprise entre 1 et 5 ml/ lorsque 50 % ou plus des néphrons ne sont plus fonc-
min/1,73 m2, et d’une perte rapide lorsqu’elle est supé- tionnels et les troubles cliniques apparaissent encore plus
rieure à 5 ml/min/1,73 m2. Lorsque le malade est vu pour tardivement. Le maintien de l’homéostasie hydrominérale
la première fois, il faut alors effectuer des dosages répétés reste très longtemps possible parce que les néphrons
de la créatininémie dans les mois suivants afin de définir sains s’hypertrophient et accroissent leur capacité de
la vitesse de la réduction du DFG. travail afin de compenser les néphrons défaillants. Toute-
fois cette adaptation entraîne leur « usure » et contribue
au processus qui fait évoluer l’IRC vers le stade terminal.
4. Les causes de l’IRC
5.1. Le déficit d’excrétion des déchets
Un grand nombre de maladies peut être à l’origine d’une IRC Les déchets azotés provenant du catabolisme des protéines
et le rythme de progression de ces maladies vers l’IRT est s’accumulent avec la réduction néphronique et le maintien
très variable en fonction de la maladie. Les unes affectent d’une élimination suffisante de ces déchets exige que la
primitivement les reins, les autres peuvent conduire à une concentration dans le sang augmente en proportion inverse
atteinte rénale comme le diabète, l’hypertension artérielle du nombre de néphrons fonctionnels restants. L’urée est
ou les maladies systémiques. le prototype de ces déchets. Elle n’a pratiquement pas
En France, l’épidémiologie de l’IRT est connue grâce aux de toxicité propre et il faut une concentration plasmatique
données du programme REIN (réseau épidémiologique d’urée supérieure à 40 mmol/l pour voir apparaître une
et information en néphrologie) mis en place en 2002. Les symptomatologie clinique. De la même façon, la créatinine
néphropathies causales de l’IRT des patients traités par s’accumule au cours de l’IRC et n’a pas de toxicité propre.
dialyse au 31 décembre 2010 sont présentées dans le L’un des problèmes majeurs du néphrologue est de limi-
tableau II. ter l’accumulation de l’urée et des déchets azotés, tout
On peut remarquer que les néphropathies diabétiques et en préservant l’état nutritionnel du patient. Elle se fait par
hypertensives représentent près de la moitié des causes l’instauration d’une restriction protéique adaptée au degré
d’IRT ayant conduit à un traitement de suppléance en 2010. de l’insuffisance rénale, tout en maintenant un apport calo-
Et ces dernières années, on a constaté une augmentation rique suffisant, au moins égal à 30 kcal/kg/j. Les apports
du nombre de patients âgés atteints de néphropathie protéiques sont donc limités à environ 1 g/kg/j pour un
vasculaire ou diabétique, ce qui pose le problème de leur DFG supérieur à 30 ml/min, puis à 0,8 g/kg/j entre 30
prise en charge précoce afin de limiter la comorbidité et 15 ml/min et à 0,7 g/kg/j quand le DFG est inférieur à
cardiovasculaire de ces patients. 15 ml/min. Un tel régime hypoprotéique doit être consti-
Le nombre de patients traités pour IRT a augmenté de tué de 2/3 de protéines animales. Lorsqu’on observe une
manière continue au cours des dernières années en baisse progressive de la créatininémie, il faut s’assurer
France comme dans tous les pays où l’accès au traite- qu’elle ne résulte pas d’une fonte musculaire par dénu-
ment de suppléance est libre. L’incidence de l’IRT traitée trition. Avec l’évolution de la détérioration de la fonction
était en moyenne de 148 cas par million de population rénale, lorsque les régimes sont très restreints en protides,
en 2008, avec des variations importantes en fonction l’état nutritionnel doit être surveillé plus attentivement. La
des régions, du sexe et de l’âge. Ainsi les sujets âgés mesure du pli cutané, de la circonférence du milieu du
de plus de 65 ans représentent 17 % de la population bras et des dosages biologiques tels celui de l’albumine et
générale et 60 % des patients commençant une dialyse de la pré-albumine sont proposés comme paramètres de
de suppléance. Elle tend à se stabiliser depuis quelques surveillance. L’albuminémie (demi-vie de 22 jours) est un
années en France. bon marqueur prédictif de mortalité et de morbidité chez
l’urémique chronique et la pré-albumine un indicateur quasi
immédiat (demi-vie de 48 heures) d’une correction ou d’une
Tableau II – Types de néphropathies causales
amélioration. Lorsqu’il existe une élévation inopinée de
de l’insuffisance rénale terminale
la créatininémie, il faudra essentiellement rechercher une
traitée par dialyse au 31 décembre 2010.
déshydratation, la prise d’un médicament néphrotoxique
Type de néphropathie %
(anti-inflammatoire non stéroïdien, inhibiteur de l’enzyme
Glomérulonéphrites chroniques primitives 14,6 de conversion, produit de contraste, antibiotiques) ou la
Pyélonéphrites 5,0 survenue d’un obstacle (lithiase, obstacle pelvien).
De même, au cours de l’IRC, on observe une hyperu-
Néphropathies hypertensives ou vasculaires 22,8
ricémie secondaire à la rétention d’acide urique, mais
Polykystose 6,6 l’élévation de l’acide urique plasmatique survient moins
Néphropathie diabétique 20,3 vite que ne le voudrait l’abaissement du DFG, en raison
Autres 15,8 d’une augmentation de l’excrétion fractionnelle des urates
et d’une dégradation intestinale plus importante. Le plus
Inconnues 14,9
souvent cette hyperuricémie est sans traduction clinique

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et la survenue d’une goutte secondaire à l’IRC est assez La conséquence la plus dangereuse de l’insuffisance d’ex-
rare : elle s’observe surtout au cours des néphropathies crétion rénale de l’eau et du sel est l’inflation du secteur
interstitielles chroniques et des polykystoses rénales. La extracellulaire, qui, même si elle est cliniquement inap-
présence de crises douloureuses de goutte ou une hype- parente, est responsable d’hypertension et de surcharge.
ruricémie supérieure à 600 μmol/l nécessite un traitement L’excrétion urinaire du potassium est augmentée elle-
par l’allopurinol en prenant soin d’adapter les doses, un aussi au cours de l’IRC. Ainsi, la majorité des malades
métabolite de ce médicament étant à élimination rénale. atteints d’IRC sont capables de maintenir l’homéostasie
En revanche, d’autres métabolites retenus en raison de du potassium et conservent une kaliémie normale jusqu’à
la réduction de leur excrétion rénale exercent des effets un stade avancé d’urémie. L’hyperkaliémie est donc rare
délétères. Ce sont les toxines urémiques, qui ont comme avant le stade préterminal (lorsque le DFG est inférieur à
caractéristique commune d’être difficilement éliminées, y 30 ml/min/1,73 m2) et est due principalement à la baisse de
compris par les techniques de dialyse conventionnelles, la sécrétion tubulaire du potassium. C’est une complication
car elles diffusent très mal à travers les membranes de grave, potentiellement mortelle, qui est favorisée par l’aci-
dialyse en raison de leur liaison très élevée aux protides. dose métabolique, qui contribue à redistribuer le potassium
Leur connaissance a fait des progrès importants ces der- intracellulaire dans la circulation. À ce stade, se développe
nières années. Et il a clairement été démontré qu’elles une tendance à l’hyperkaliémie. La surveillance du malade
sont à l’origine de la micro-inflammation associée à l’état nécessite donc de déterminer régulièrement la kaliémie et
urémique, qui contribue à la progression de l’insuffisance éventuellement d’effectuer un électrocardiogramme à la
rénale et au développement de l’athérosclérose accélérée recherche de modifications électriques du tracé. Le risque
qui caractérise ces patients urémiques. de développer des troubles du rythme ou de la conduction
peut apparaître pour des kaliémies supérieures à 6,5 mmol/l.
5.2. Les désordres hydro-électrolytiques La prévention de l’hyperkaliémie repose sur une limitation
Au cours de l’IRC, les reins parviennent jusqu’à un stade des apports alimentaires en potassium (légumes, pommes
très avancé (environ 10 % de néphrons fonctionnels) à de terre, agrumes, fruits et chocolat) et sur la correction
éliminer la quantité d’eau, de sodium, de potassium et de l’acidose métabolique. Lorsqu’il existe une tendance à
de phosphates provenant quotidiennement de l’alimen- l’hyperkaliémie, des résines échangeuses d’ions (Resikali®
tation et du métabolisme intermédiaire afin de maintenir ou Kayexalate®) peuvent être utilisées.
l’homéostasie hydrominérale de l’organisme.
En revanche, les mécanismes de concentration de l’urine 5.3. Les troubles de l’équilibre acide-base
sont affectés plus précocement et plus profondément. Le L’IRC s’accompagne d’une acidose qui provoque une
défaut de concentration de l’urine s’observe généralement déminéralisation osseuse (en effet l’acidose métabolique
à partir d’un DFG abaissé en dessous de 60 ml/min et libère les phosphates osseux pour tamponner les pro-
la capacité de variation de l’osmolalité diminue avec la tons) et un catabolisme protéique musculaire. La rétention
progression de l’insuffisance rénale, de sorte qu’assez acide entraîne également une stimulation de la production
rapidement l’osmolalité urinaire est proche de l’osmolalité d’endothéline et d’aldostérone et contribue ainsi à la pro-
plasmatique. Dans ces conditions, l’élimination des 600 à gression de l’IRC. L’acidose métabolique, qui est liée à un
800 mOsm produites quotidiennement par le métabolisme défaut d’élimination de la charge acide, n’est généralement
intermédiaire impose une diurèse comprise entre 2 et observée au cours de l’IRC que lorsque le DFG diminue en
2,5 litres. Et l’excrétion fractionnelle de l’eau par néphron dessous de 25 ml/min. La concentration des bicarbonates
restant doit donc augmenter de façon drastique pour plasmatiques reste donc longtemps dans les limites de
permettre le maintien de l’homéostasie hydrique. Ainsi la normale, sauf au cours de certaines tubulopathies, au
l’organisme urémique ne peut faire face à des modifications cours desquelles l’acidose peut survenir plus précocement.
d’apport d’eau que dans certaines limites. Il est cependant L’objectif de la correction de l’acidose métabolique est de
incapable de répondre de façon adéquate à des apports maintenir les bicarbonates plasmatiques à une concen-
hydriques excessifs, qui entraînent une hyperhydratation, tration supérieure à 21 mmol/l sans chercher à dépasser
ou à des apports hydriques trop insuffisants, qui conduisent 25 mmol/l, et ainsi d’éviter les troubles osseux. Elle néces-
à un état de déshydratation. site d’utiliser des alcalinisants du type eau de Vichy Céles-
L’excrétion urinaire de sodium est le plus souvent adaptée tins ou Saint-Yorre, à raison de 0,5 à 1 litre/jour (faire atten-
de façon satisfaisante aux besoins de l’organisme uré- tion au risque de fluorose en cas d’absorption prolongée)
mique, c’est-à-dire à un maintien précis de l’homéostasie ou une prescription orale de bicarbonate de sodium, qui
de l’espace extracellulaire. La capacité d’excréter de larges est habituellement de 2 à 4 g/24 h.
variations de la charge filtrée du sodium est conservée,
au moins jusqu’à une filtration glomérulaire de 10 ml/min. 5.4. Les troubles du métabolisme
Ceci n’est vrai que pour des charges sodées ne dépassant glucido-lipidique
pas certaines limites (9 g/24 h). Les troubles du métabolisme glucidique sont bien décrits.
Les apports en eau et en sel doivent donc être ajustés selon Il existe une intolérance au glucose chez un grand nombre
le degré d’insuffisance rénale et le type d’atteinte rénale. Au d’urémiques, le degré de l’intolérance étant corrélé à celui
cours de l’IRC avancée, des apports suffisants d’eau (1,5 à 3 L) de l’insuffisance rénale. La glycémie à jeun est généralement
et de sel (3 à 6 g/j) sont nécessaires chez la plupart des normale, mais l’élévation de la glycémie après surcharge
malades pour faire face à la diurèse osmotique obli- glucidique est fréquemment pathologique. En dehors d’une
gatoire au niveau des néphrons encore fonctionnels. diminution de l’assimilation du glucose, la glycolyse et la

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gluconéogenèse peuvent également être perturbées. Une des polynucléaires neutrophiles. La dépression immunitaire
résistance à l’action périphérique de l’insuline est le méca- est favorisée par la dénutrition et le syndrome inflamma-
nisme le plus fréquemment évoqué. toire chronique de l’IRC. La pratique d’un ECBU (examen
Les anomalies lipidiques sont différentes chez les patients cytobactériologique des urines) et d’hémocultures répé-
urémiques selon qu’ils sont ou non atteints de syndrome tées est indispensable devant toute suspicion clinique ou
néphrotique. biologique d’infection bactérienne.
La dyslipidémie le plus fréquemment observée chez les Les infections virales sont dominées par les virus des
patients en IRC sans syndrome néphrotique associe une hépatites B et C. La positivité chronique de ces virus a
augmentation de la concentration des triglycérides plas- été associée à des concentrations plasmatiques basses
matiques, liée à une accumulation des lipoprotéines riches d’interféron chez les patients urémiques. Bien que la plu-
en apoprotéine (apo) B (VLDL : lipoprotéines de très faible part de ces patients ne manifestent pas de signes cliniques
densité, et surtout IDL : lipoprotéines de densité intermé- d’hépatite, ils deviennent des porteurs chroniques d’hé-
diaire pro-athérogènes), et une diminution de la concentra- patite B ou C et peuvent développer des complications
tion plasmatique des HDL (lipoprotéines de haute densité). sévères de l’hépatite en cas de transplantation rénale.
La cholestérolémie totale est généralement normale, mais La suppression des complications de l’hépatite à virus
le transfert du cholestérol des HDL vers les LDL (lipopro- B repose sur la vaccination de tous les patients en IRC.
téines de basse densité) et VLDL est diminué. La teneur Chez ces patients, une sérologie annuelle visant à déter-
en cholestérol des HDL est généralement diminuée et le miner le taux d’anticorps anti-HBs est réalisée, le rappel
transport réverse du cholestérol, qui est assuré par les de vaccination n’étant effectué que si le taux d’anticorps
HDL à partir des tissus périphériques, est perturbé, ce est inférieur au seuil protecteur. La vaccination permet une
qui conduit à long terme à une surcharge tissulaire en immunisation efficace d’un sujet sain dans 95 % des cas.
cholestérol. Une grande partie de ces anomalies résulte En revanche, son taux de succès n’est que de 60 à 70 %
de la diminution combinée des activités de trois enzymes, chez l’insuffisant rénal dialysé. Pour améliorer ce score,
la lipoprotéine-lipase, la triglycéride-lipase hépatique et la la vaccination est réalisée chez ces malades en utilisant
lécithine-cholestérol-acyltransférase. des doses vaccinales doubles, et doit être entreprise le
L’hyperlipémie des patients IRC peut être traitée efficace- plus tôt possible, dès que la chronicité de l’affection rénale
ment par le régime et l’activité physique et par les stratégies est établie, et en tout cas dès que la filtration glomérulaire
hypolipémiantes non spécifiques (comme les inhibiteurs devient inférieure à 40 ml/min.
de l’enzyme de conversion et les inhibiteurs du récepteur
de type 1 à l’angiotensine). En pratique, si ces traitements 5.6. Les problèmes phosphocalciques
ne sont pas assez efficaces, les inhibiteurs de l’HMG-CoA et l’ostéodystrophie rénale
(hydroxy-méthyl-glutaryl Coenzyme A)-réductase sont les Le déficit de production du calcitriol en raison d’une dimi-
hypolipémiants de première intention pour corriger le taux nution de l’activité de la 1α-hydroxylase rénale est à l’ori-
de LDL-cholestérol. En 2003, les recommandations K/DOQI gine des désordres phosphocalciques, puisqu’il entraîne
visaient à limiter le LDL-cholestérol à des valeurs inférieures une diminution de l’absorption intestinale du calcium, qui
à 2,6 mmol/l pour tous les patients urémiques, afin de est à l’origine d’une hypocalcémie chronique responsable
réduire l’incidence de la maladie cardiovasculaire chez ces d’une hypersécrétion d’hormone parathyroïdienne, d’au-
patients [11]. Récemment, l’étude SHARP (Study of heart tant plus importante qu’il existe une hyperphosphatémie.
and renal protection) a montré cette efficacité du traite- Cette hyperparathyroïdie secondaire s’installe dès que le
ment hypolipémiant abaissant le taux de LDL-cholestérol niveau de filtration glomérulaire s’abaisse en dessous de
sur la protection cardiovasculaire chez les patients à dif- 70 à 80 ml/min/1,73 m2. Cliniquement, elle reste le plus
férents stades de l’IRC [12]. L’efficacité de ce traitement souvent latente, les signes cliniques n’apparaissant que
chez les malades dialysés reste néanmoins discutée. pour des concentrations plasmatiques de PTH supé-
rieures à 10 fois les valeurs usuelles. Il s’agit de douleurs
5.5. Le déficit immunitaire osseuses, de faiblesse musculaire, de prurit ou encore de
et les problèmes infectieux ruptures tendineuses. Biologiquement, elle se traduit par
L’IRC s’accompagne d’une altération du système immu- une hypocalcémie, une hyperphosphatémie, une élévation
nitaire. Toutes les cellules de la lignée blanche ont des des phosphatases alcalines (PAL), une élévation de la
fonctions altérées : diminution de la bactéricidie, du chimio- PTH et, souvent, une diminution de la 25-OH-vitamine D3
tactisme et de l’activité phagocytaire des polynucléaires associée à celle du calcitriol.
neutrophiles, baisse de la réponse anticorps des lympho- La prévention des désordres phosphocalciques est un
cytes B, altération des monocytes entraînant une faible temps fondamental du traitement de l’IRC, d’autant que
réponse à la vaccination contre l’hépatite B notamment. On ces troubles peuvent être prévenus en totalité à condition
note également une lymphopénie habituellement modérée. que le traitement soit institué précocement, dès le stade
Les infections bactériennes et virales représentent une de l’insuffisance rénale débutante [13].
complication fréquente chez le malade urémique, en par- Le meilleur moyen de corriger l’hypocalcémie et de limiter
ticulier lorsqu’il est au stade de l’IRT et traité par hémo- l’hyperphosphatémie est la supplémentation calcique, qui
dialyse chronique. Elles constituent pour lui une menace doit de préférence être prise au cours des deux principaux
considérable en termes de morbidité et de mortalité. Les repas, afin de capter au maximum les phosphates. Au stade
infections bactériennes sont le plus souvent une consé- précoce de la maladie rénale chronique (stades 2 et 3),
quence clinique de l’altération des fonctions phagocytaires l’augmentation de la phosphatonine (FGF23) circulante,

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REIN ET PATHOLOGIES

qui est un reflet des apports phosphatés, va limiter l’aug- tion du taux circulant d’hémoglobine entraîne des troubles
mentation de la phosphatémie liée à l’urémie et bloquer hémodynamiques et une asthénie relativement bien tolé-
le métabolisme de la vitamine D. Le rôle du FGF23 dans rés en raison d’une instauration progressive, sauf chez
les désordres phosphocalciques aux stades avancés de les sujets coronariens. Ils sont malgré tout source d’une
l’IRC reste à définir. Ainsi on n’observe pratiquement pas fatigue physique et intellectuelle qui contribue largement
d’hyperphosphatémie tant que le DFG est supérieur à à l’altération de la qualité de vie des patients.
30 ml/min/1,73 m2, et la supplémentation calcique doit res- La découverte d’une anémie hypochrome hyposidérémique
ter modérée, comprise entre 500 mg et 1 g par jour compte doit faire rechercher des pertes de sang occultes, notam-
tenu de l’apport des produits laitiers qui reste normal à ce ment d’origine digestive. De nombreux autres facteurs
stade d’IRC. Au stade avancé de l’IRC, l’hyperphospha- d’aggravation peuvent s’ajouter au défaut de synthèse
témie devient patente et il convient de réduire l’apport en d’Epo comme la carence martiale, l’hyperparathyroïdie qui
produits laitiers et d’augmenter les apports pharmacolo- favorise la fibrose médullaire, le déficit en vitamine B12 ou
giques en calcium. L’acétate de calcium est à privilégier, en acide folique, ou encore l’effet inhibiteur des toxines
malgré son coût nettement plus élevé, lorsque le patient urémiques. Les dosages plasmatiques de la vitamine B12
est traité par un inhibiteur de la pompe à protons, en rai- et de l’acide folique, tous les 6 mois, permettent de pré-
son de sa meilleure biodisponibilité à pH alcalin. En cas venir un déficit.
d’hyperphosphatémie rebelle, il faut avoir recours à un Le traitement de cette anémie par l’Epo humaine recom-
complexant des phosphates, tel le sévélamer (Renagel®) binante constitue un progrès considérable [14], puisque
ou le carbonate de lanthane (Fosrenol®). ce traitement corrige rapidement les signes cliniques de
Etant donné que le déficit en vitamine D est très fréquent, il l’anémie, diminue le recours aux transfusions et leurs
est recommandé de supplémenter les malades en vitamine D risques et, enfin, réduit la surcharge ferrique en stimulant
au moyen du calcifédiol (Dedrogyl®) au stade d’insuffisance l’érythropoïèse. Le traitement de l’anémie doit être envi-
rénale modérée. Au stade d’IRC avancée, il est parfois sagé dès que l’hémoglobinémie est inférieure ou égale
nécessaire d’avoir recours aux dérivés 1α-hydroxylés de à 110 g/l de façon stable. La correction de l’anémie doit
la vitamine D (calcitriol ou alfacalcidol) qui seront utilisés être progressive afin d’éviter l’apparition ou l’aggravation
avec prudence en raison de leurs effets secondaires plus d’une hypertension artérielle. Le but recherché est d’ame-
fréquents que ceux de la vitamine D native. Le but recher- ner et de maintenir le taux d’hémoglobine au voisinage
ché est de maintenir la calcémie entre 2,3 et 2,5 mmol/l, de 120 g/l. Une correction plus poussée est déconseillée
sans vouloir dépasser ce niveau, et la phosphatémie au- parce qu’elle n’apporterait pas de bénéfice net en termes
dessous de 1,7 mmol/l, en adaptant les doses respectives de qualité de vie et surtout parce qu’alors elle majorerait
de sels de calcium et de dérivés actifs de la vitamine D. le risque d’accidents cardiovasculaires. Un bilan martial
De cette façon, la concentration plasmatique de la PTH doit être effectué avant de commencer le traitement par
peut être maintenue à son niveau optimal chez le patient les agents stimulant l’érythropoïèse. En effet, une carence
en IRC, c’est-à-dire entre 1,5 et 3 fois la limite supérieure en fer serait responsable d’une résistance au traitement
de la normale. Il faut tolérer un certain degré d’hyperpara- par l’Epo. La carence en fer est évaluée par une baisse
thyroïdie secondaire pour pouvoir surmonter la résistance de la ferritinémie (< 100 μmol/l), une hypochromie et une
des organes cibles à la PTH, un freinage trop important saturation de la transferrine inférieure à 20 %. La ferri-
risquerait d’entraîner une ostéopathie adynamique. Les tinémie peut toutefois être tout à fait normale dans un
contrôles peuvent être bimensuels pour la calcémie et la contexte inflammatoire. Au traitement causal éventuel d’une
phosphatémie et bisannuels pour les dosages hormonaux. carence martiale, sera associée une supplémentation en
Outre ce bilan phosphocalcique classique, l’étude biochi- fer habituellement per os ou, à défaut d’être efficace, par
mique de l’ostéodystrophie rénale peut être complétée par voie intraveineuse.
le dosage de l’iso-enzyme osseuse de la PAL. En effet, Par ailleurs, les patients urémiques ont également des
une concentration élevée des PAL osseuses oriente le anomalies de l’hémostase primaire, avec un temps de
clinicien vers le diagnostic de remodelage osseux élevé saignement allongé, en raison d’une thrombopathie (défi-
et des concentrations diminuées orientent vers une ostéo- cit de l’adhésivité et de l’agrégabilité plaquettaires) et une
pathie adynamique. baisse de l’hématocrite. Le nombre de plaquettes peut être
L’ostéodystrophie rénale est constituée de deux types abaissé, mais il est le plus souvent normal.
de lésions osseuses qui peuvent s’associer à des degrés
divers, l’ostéomalacie (diminution de la formation osseuse) 5.8. Les anomalies du système rénine-
secondaire au déficit en métabolite actif de la vitamine D, angiotensine et leurs conséquences sur
et l’ostéite fibreuse (destruction osseuse accélérée) secon- la progression de l’insuffisance rénale
daire à l’hyperparathyroïdie. et sur les problèmes cardiovasculaires
On considère que la progression de l’IRC est due à l’évo-
5.7. Le déficit en érythropoïétine lution de la maladie causale jusqu’à la perte de la moitié
et les troubles hématologiques des néphrons. Ensuite elle relève d’un processus d’auto-
Le déficit de production d’érythropoïétine (Epo) est res- aggravation commun à toutes les maladies rénales, qui se
ponsable d’une anémie normochrome normocytaire non traduit par une fibrose tubulo-interstitielle, une raréfaction
régénérative, qui est également liée, par ailleurs, à une des capillaires péritubulaires et une atrophie des tubules.
hémolyse chronique secondaire à l’accumulation des Au cours de l’IRC, l’activation du système rénine-angio-
toxines urémiques dans la MRC. Cliniquement, la diminu- tensine et donc la production excessive d’angiotensine II

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sont d’autant plus importantes que l’IRC progresse. Or avis néphrologique rapide. Sinon, l’évaluation repose sur
l’angiotensine II joue un rôle central dans la progression de une évaluation de l’évolutivité de l’IRC (appréhendée par
l’IRC et dans le développement des complications cardio- le ΔDFG ou une 2e détermination de la créatininémie),
vasculaires qui y sont liées. D’une part, elle est responsable l’identification de la cause et l’évaluation du risque de
d’une augmentation de la pression hydrostatique dans les progression.
capillaires glomérulaires qui conduit à une glomérulosclé- Devant une élévation de la créatininémie et une diminu-
rose progressive de tous les néphrons. D’autre part, en tion du DFG estimé, il faut rechercher, en particulier chez
augmentant la perméabilité des capillaires intra-gloméru- le sujet âgé, une insuffisance rénale fonctionnelle ou une
laires aux macromolécules, elle majore la protéinurie qui IRA nécessitant une prise en charge urgente, en particulier
concourt très largement au développement de la fibrose un obstacle, une cause médicamenteuse, une glomérulo-
tubulo-interstitielle. Ces lésions glomérulaires entraînent néphrite rapidement progressive ou une cause vasculaire.
une hypoxie du parenchyme rénal, qui est aggravée par Lors de la découverte d’une insuffisance rénale, en l’ab-
l’effet vasoconstricteur de l’angiotensine II et par l’anémie sence d’arguments en faveur d’un caractère aigu ou chro-
et aboutit à l’atrophie des tubules. nique, un contrôle de la créatininémie est effectué dans
De plus, l’IRC constitue un facteur de risque autonome un délai d’autant plus court que la créatininémie est plus
d’une atteinte cardiovasculaire particulière qui associe élevée, ainsi qu’un bilan initial minimum comportant une
une athérosclérose accélérée, plus précoce et plus sévère recherche de protéinurie, d’hématurie, de leucocyturie
que dans la population générale, une artériosclérose qui et une échographie rénale. L’absence de réversibilité de
est à l’origine d’une HTA systolique et d’une hypertrophie l’insuffisance rénale ou des anomalies rénales au-delà de
ventriculaire gauche et une cardiomyopathie urémique 3 mois signe la chronicité. Certaines anomalies biologiques
associant fibrose interstitielle et raréfaction des capillaires. peuvent également orienter vers le caractère chronique,
Les mécanismes impliqués dans la progression de l’IRC telle qu’une anémie normochrome normocytaire arégéné-
et l’atteinte cardiovasculaire sont en relation avec un état rative ou une hypocalcémie.
de micro-inflammation chronique et de stress oxydant et Un avis néphrologique est recommandé pour tout patient
certaines toxines urémiques liées aux protéines. ayant une maladie rénale chronique, dans le but de recher-
Il est donc important d’intervenir le plus tôt possible dans cher et de corriger des facteurs éventuellement réversibles,
le cours des maladies rénales afin de tenter de ralentir, d’optimiser la stratégie d’intervention et pour organiser
voire de stopper, la progression vers l’insuffisance rénale le suivi du patient. La rythmicité et l’organisation du suivi
terminale. Dans ce cadre, la prévention de l’atteinte cardio- dépendent de la gravité de l’insuffisance rénale et des
vasculaire est un enjeu majeur. Il s’avère que les moyens pathologies associées. La vitesse de progression d’une
thérapeutiques mis en œuvre pour la néphro-protection insuffisance rénale est appréciée par la pente de la droite
contribuent en même temps à la cardio-protection. Les 1/créatininémie, qui permet d’envisager la date de recours
deux cibles cliniques du traitement néphroprotecteur sont à l’épuration extrarénale.
une pression artérielle inférieure à 130/80 mm Hg et une Le suivi du patient se fait de façon alternée entre le néphro-
réduction de la protéinurie au-dessous de 0,5 g/24 h. La logue et le médecin correspondant. Le néphrologue revoit le
diminution de la protéinurie sous l’effet du traitement est patient 1 à 2 fois par an, lorsque son DFG est de l’ordre de
le meilleur indice prédictif de son efficacité néphroprotec- 60 ml/min, alors qu’il le revoit tous les 3 mois s’il s’abaisse
trice, qui est attestée par un ralentissement ou un arrêt en dessous de 25 ml/min et même tous les mois lorsque
de la décroissance du DFG avec un retour à des valeurs le DFG devient inférieur à 10 ml/min.
correspondant au déclin physiologique. Chez les patients L’examen clinique complet apprécie plus précisément le
atteints d’IRC, un contrôle strict de la pression artérielle poids, la pression artérielle en position couchée et debout,
est fondamental à la fois pour ralentir la progression de l’état d’hydratation et les signes fonctionnels cardiaques.
l’IRC et pour prévenir l’atteinte cardiovasculaire. À éga-
Les explorations biochimiques (urémie et créatininémie,
lité de contrôle de la pression artérielle, les inhibiteurs de
ionogramme, glycémie, uricémie, cholestérol sérique,
l’enzyme de conversion et les antagonistes des récepteurs
phosphatases alcalines sériques, ferritinémie) sont deman-
de l’angiotensine II ont un effet néphroprotecteur supérieur
dées le moins souvent possible pour préserver le capital
à celui des autres antihypertenseurs, particulièrement chez
veineux et éviter d’aggraver l’anémie. On veille à mainte-
les patients protéinuriques.
nir la calcémie à 2,5 ± 0,2 mmol/l, la phosphatémie entre
1,0 et 1,5 mmol/l, les bicarbonates entre 23 et 27 mmol/l,
6. L’organisation pratique du suivi la kaliémie entre 4,0 et 5,5 mmol/l et la natrémie entre
137 et 143 mmol/l.
du patient en fonction de la sévérité En plus des surveillances cliniques et biologiques sanguines,
de l’insuffisance rénale qui permettent d’apprécier l’efficacité des traitements diété-
tiques et médicamenteux, on surveille certains paramètres
Il est important de reconnaître l’IRC le plus tôt possible, urinaires afin de vérifier l’observance des prescriptions dié-
afin de pouvoir détecter une éventuelle cause accessible tétiques. Pour cela, on a besoin d’un recueil des urines de
à un traitement qui pourra stabiliser, voire faire régresser 24 heures, avec un dosage de la créatininurie qui permet
l’atteinte rénale. Lorsqu’une diminution du DFG au-des- de vérifier que le recueil d’urines est correct. L’excrétion
sous des valeurs normales pour l’âge est découverte pour urinaire de créatinine devant rester, jusqu’à une filtration
la première fois, la prise en charge dépend du degré de glomérulaire de 10 ml/min, dans des limites étroites : 15 à
l’IRC. Un DFG inférieur à 30 ml/min/1,73 m2 impose un 20 mg/kg de poids corporel chez la femme, 20 à 30 mg/kg

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REIN ET PATHOLOGIES

de poids corporel chez l’homme. La natriurèse et la kaliu- normal. Le transport des solutés et de l’eau à travers la
rèse en régime de stabilité pondérale reflètent les apports membrane du dialyseur fait intervenir deux mécanismes
sodés et potassiques, qui doivent respectivement être de fondamentaux : la diffusion et l’ultrafiltration. Les dialyseurs
l’ordre de 50 à 100 et 40 à 60 mmol/24 h. Le dosage de actuels sont de deux types, dialyseurs en plaque et dialy-
l’excrétion d’urée urinaire des 24 h fournit un très bon reflet seurs à fibres creuses. Ils sont stériles, apyrogènes, prêts
des apports protéiques, en sachant qu’un g d’urée provient à l’emploi et à usage unique. Les dialyseurs sont équipés
du catabolisme d’environ 3 g de protéines. En pratique, il de membranes de dialyse de haute performance, dont les
suffit de multiplier l’excrétion d’urée urinaire exprimée en membranes hydrophobes.
mmol/24 h par 0,21 pour connaître les apports protéiques. La mise en œuvre d’un traitement par hémodialyse chro-
Ainsi un débit urinaire d’urée supérieur à 5 mmol/kg/jour nique nécessite un abord vasculaire qui assure un débit
traduit un apport protidique excessif, supérieur à 1 g/kg/j. sanguin suffisant dans la ligne de circulation extracorpo-
Durant cette surveillance au long cours du malade uré- relle. Cet abord vasculaire doit être réalisé suffisamment
mique, le néphrologue doit le conduire progressivement à à l’avance, idéalement, deux mois avant la date prévisible
envisager dans le futur la nécessité de sa prise en charge du début de l’épuration extrarénale. L’hémodialyse est la
par épuration extrarénale chronique et/ou transplantation technique de dialyse la plus utilisée en France (environ
rénale, tout en maintenant au mieux son insertion socio- 85 %). Les modalités pratiques de l’hémodialyse sont
professionnelle. Très tôt, le néphrologue doit avoir le souci l’hémodialyse en centre, à domicile ou en centre allégé (dite
de l’abord vasculaire en protégeant au maximum le capital souvent auto-dialyse). L’hémodialyse permet les durées
veineux. La création d’une fistule artério-veineuse doit de survie les plus longues (jusqu’à 20 ans voire plus), mais
être envisagée suffisamment tôt : en général, lorsque le elle est aussi la plus coûteuse. Le taux de survie global
DFG est aux alentours de 10 ml/min chez l’urémique non des patients ayant commencé la dialyse de suppléance
diabétique et de 15 ml/min chez l’urémique diabétique, entre 2002 et 2008 est de 82,5 % à un an, de 63 % à 3 ans
ou plus précocement si des interventions chirurgicales et de 50 % à 5 ans.
répétées sont envisagées. La dialyse péritonéale est une méthode de dialyse dans
Il convient d’être particulièrement vigilant à l’utilisation des laquelle les transferts péritonéaux provoqués par l’irri-
médicaments ou produits de contraste radiologique poten- gation de la cavité péritonéale se font essentiellement à
tiellement néphrotoxiques chez le patient insuffisant rénal partir du sang qui circule dans le lit capillaire situé sous
chronique, afin de préserver le plus longtemps possible le mésothélium péritonéal. Le succès à long terme de la
la fonction rénale résiduelle. La plus grande prudence est dialyse péritonéale repose sur un accès durable au péri-
recommandée dans l’utilisation des inhibiteurs du sys- toine. Cet accès est assuré par un cathéter implanté en
tème rénine angiotensine, surtout chez les sujets âgés et permanence, dont les deux caractéristiques principales
athéromateux, des anti-inflammatoires non stéroïdiens doivent être, d’une part, les qualités hémodynamiques
et des analgésiques chez l’IRC. Il ne faut pas oublier que facilitant l’injection et le drainage rapide des solutions de
de nombreux médicaments sont éliminés par voie rénale dialyse, et d’autre part, le risque mineur de surinfection.
et nécessitent donc des précautions particulières pour En hémodialyse intracorporelle, le patient et le système de
adapter les posologies chez l’insuffisant rénal. L’ajustement dialyse péritonéale forment une interface liquidienne dont
est impératif pour les aminoglycosides qui ont un risque la membrane de séparation est représentée par la séreuse
d’ototoxicité et de néphrotoxicité. péritonéale. La dialyse péritonéale est une technique de
dialyse moins utilisée en France que l’hémodialyse (envi-
ron 12 %), permettant un traitement à domicile. Elle est
7. Prise en charge de l’urémique mieux tolérée que l’hémodialyse au plan hémodynamique,
chronique par les techniques de mais elle a des performances d’épuration moindre et sa
durée d’utilisation chez un patient est limitée à quelques
dialyse de suppléance [15] années (environ 5 ans), du fait de l’altération progressive
des propriétés du péritoine.
7.1. Les principes généraux
des méthodes d’épuration extrarénale 7.2. Les indications
Le terme « dialyse de suppléance » correspond à l’ensemble de la dialyse de suppléance
des méthodes d’épuration extrarénale susceptibles de L’indication d’une méthode de suppléance repose sur des
débarrasser le sang du malade insuffisant rénal des déchets critères biologiques et cliniques. Il est admis de débuter le
azotés et de corriger, au moins partiellement, les troubles traitement par dialyse au cours de l’IRC avant que n’appa-
hydro-électrolytiques, phosphocalciques et acido-basiques raissent les complications graves de l’insuffisance rénale
qui résultent de la défaillance de la fonction rénale. terminale, comme une péricardite, une surcharge hydro-
On peut utiliser des méthodes qui nécessitent une circu- sodée ou une atteinte neurologique. Par conséquent, les
lation sanguine extracorporelle pour lesquelles on parle symptômes cliniques mineurs doivent être recherchés :
d’hémodialyse au sens large et des méthodes intracorpo- diminution de l’appétit, asthénie, perte de poids, troubles
relles représentées par la dialyse péritonéale. du sommeil et de l’attention.
L’hémodialyse réalise un échange des solutés et de l’eau D’un point de vue biologique, le seuil de décision repose
à travers une membrane semi-perméable, entre le sang sur certains critères : urée sanguine supérieure à 40 mmol/l,
du malade et une solution de dialyse, le dialysat, qui a une créatininémie supérieure à 1 000 μmol/l, kaliémie supé-
composition voisine de celle d’un liquide extracellulaire rieure à 6 mmol/l, phosphatémie supérieure à 3 mmol/l,

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pH artériel inférieur à 7,10. En pratique, chez un patient de traitement de l’eau (filtration submicronique, osmose
régulièrement suivi en milieu néphrologique, le critère inversée et ultrafiltration) et l’installation d’un réseau de
habituellement accepté est une valeur de clairance de la distribution d’eau et de dialysat ne comportant pas de
créatinine inférieure à 10 ml/min, voire inférieure à 15 ml/min zone stagnante (bypass, bras mort, réservoirs) permettent
chez les sujets diabétiques, âgés et/ou dénutris. la production d’un bain de dialyse stérile et apyrogène,
La préparation psychologique à la dialyse est fondamen- sous réserve d’une maintenance rigoureuse de l’installation
tale. Ensuite l’étape de création d’un accès vasculaire (désinfection efficace hebdomadaire de l’ensemble des
sous forme d’une fistule artério-veineuse est nécessaire, circuits hydrauliques, remplacement régulier des filtres
lorsque la modalité d’hémodialyse est retenue. bactériologiques). La surveillance du système doit être
stricte : chimique une fois par an, bactériologique (surtout
7.3. L’hémodialyse extracorporelle au niveau des filtres et de l’osmoseur) tous les mois. Il
L’épuration du sang à travers la membrane semi-per- existe une législation précise définissant les concentra-
méable du dialyseur est obtenue en hémodialyse grâce tions maximales en contaminants de l’eau que l’on peut
à la circulation à contre-courant du sang d’un côté et du admettre (tableau III).
dialysat de l’autre côté de la membrane semi-perméable.
Le dialysat est fabriqué en continu et il entre en contact 7.3.2. L’efficacité de la dialyse
avec le sang du malade à travers la membrane de dia- Il est nécessaire d’avoir recours à un certain nombre d’index
lyse. Il est donc essentiel de contrôler en permanence sa pour apprécier la « qualité d’épuration » délivrée au patient.
composition électrolytique et sa température pour déceler La notion de clairance permet de quantifier la puissance
toute variation potentiellement dangereuse. d’un système d’épuration vis-à-vis d’un soluté donné.
Dans le cas de l’épuration extrarénale, l’urée est le seul
7.3.1. La surveillance de la qualité du bain de dialyse marqueur couramment utilisé pour quantifier l’efficacité de
L’eau est un milieu favorable à la croissance bactérienne. la dialyse. La « dose d’épuration de l’urée », appelée « dose
De nombreuses bactéries sont trouvées dans l’eau de ville, de dialyse », par comparaison de la dialyse à un traitement
mais leur nombre est limité par l’utilisation de désinfec- médicamenteux, correspond au produit K x t, où K est la
tants (chlore libre, ozone). L’impossibilité de désinfecter clairance de l’urée du dialyseur et t la durée effective de la
l’eau pour hémodialyse et le dialysat durant les séances a dialyse. La dose de dialyse doit être normalisée au volume
pour conséquence de favoriser la prolifération bactérienne d’eau totale du patient V, dans la mesure où le volume de
dans les équipements de dialyse et dans les systèmes de distribution de l’urée correspond au volume d’eau totale.
distribution de dialysat. On définit alors une dose normalisée de dialyse (K x t)/V,
La contamination bactérienne de l’eau pour hémodia- qui est un index sans dimension. Dans la pratique, (K x t)/V
lyse ne doit pas dépasser 200 colonies par ml à l’entrée est égal au logarithme népérien du rapport des concen-
du générateur ; celle du liquide de dialyse, mesurée à la trations plasmatiques de l’urée en début (C0) et en fin (Ct)
sortie du dialyseur en fin de séance, ne doit pas excéder de séance de dialyse : (K x t)/V = Ln (C0/Ct).
2 000 colonies par ml. Une contamination bactérienne L’indice de soustraction uréique permet aussi de mesu-
excessive du dialysat peut être la cause de septicémie, en rer l’efficacité globale d’une séance de dialyse. C’est le
cas de micro-perforation de la membrane du dialyseur, ou pourcentage entre la masse d’urée soustraite au cours
de réaction fébrile per- ou post-dialytique par transfert trans- de la séance d’hémodialyse et la masse d’urée présente
membranaire d’endotoxines libérées par les germes à Gram chez le patient en début de dialyse. En pratique, la valeur
négatif. L’utilisation correcte des techniques modernes et la signification de cet indice sont proches de celles du
pourcentage de réduction de l’urée (PRU), paramètre qui
Tableau III – Taux maximum (mg/l) tolérés est le plus régulièrement évalué.
des éventuels contaminants de l’eau. PRU = ((C0- Ct) / C0) x 100.
Aluminium 0,01 Fluorures 0,2 La dose de dialyse optimale correspond à la dose en des-
Ammonium 0,02 Magnésium 2 sous de laquelle la morbidité et/ou la mortalité augmen-
tent et au-dessus de laquelle elles diminuent. En effet, il
Arsenic 0,005 Mercure 0,001
existe une bonne corrélation entre la dose de dialyse et
Argent 0,005 Nitrates 2
la morbi-mortalité des patients. Cette relation explique
Baryum 0,01 Nitrites 0,005 la nécessité d’optimiser cette dose de dialyse. Ainsi, un
Cadmium 0,001 Phosphates 5 indice Kt/V équilibré à 1,2 par séance ou un PRU ⩾ 65 %
Calcium 2 Plomb 0,005 chez un patient dont le programme comporte trois séances
Chrome 0,01 Sélénium 0,09 hebdomadaires représente la dose minimale admissible.
L’urée étant également un marqueur nutritionnel, la dose
Chlore 0,1 Sodium 50
de dialyse doit être individualisée et adaptée aux besoins
Chlorures 50 Sulfates 50
du patient tout en favorisant les apports protidiques
Etain 0,1 Zinc 0,05 alimentaires.
Contamination
Endotoxines
L’utilisation de ces index, bien que très utile, doit néanmoins
microbienne 100 0,25 être nuancée. En effet, ce n’est pas la mesure d’un seul ou
(UI/ml)2
(CFU/ml)1
de deux index qui peuvent rendre compte des phénomènes
1 CFU/ml = colony-forming units/ml complexes mis en jeu au cours des séances de dialyse.
2 Ul/ml = unités internationales/ml
L’évaluation du programme d’épuration extrarénale mis en

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REIN ET PATHOLOGIES

œuvre doit intégrer un ensemble de paramètres cliniques étaient présents chez le malade en IRC. L’expression cli-
et biologiques : variation de poids entre deux séances de nique d’une atteinte squelettique chez un nombre croissant
dialyse, appétit retrouvé, disparition des troubles diges- de dialysés en fonction de la durée du traitement n’est
tifs et de l’asthénie, qualité de vie améliorée, contrôle du donc pas pour surprendre. Ainsi, plus de 60 % des patients
volume extracellulaire, de l’acidose métabolique et de hémodialysés depuis plus de 10 ans ont des complications
l’équilibre phosphocalcique. rhumatologiques, sources de douleurs et d’altération de
L’efficacité à long terme du programme d’épuration extra- la qualité de vie. La thérapeutique consiste à chélater les
rénale est suivie par l’état nutritionnel, la survenue des phosphates par le carbonate de calcium dans la lumière
troubles ostéo-articulaires et cardiovasculaires. La qualité intestinale et les objectifs du traitement restent les mêmes
de l’épuration extrarénale dépend également, et pour une que ceux qui ont été définis dans le cadre de la prise en
part importante, de la durée moyenne des séances (12 à charge de l’IRC. En cas d’échec de ce traitement médical,
15 heures par semaine en trois séances selon le schéma en particulier chez les patients symptomatiques, lorsque
thérapeutique conventionnel), des qualités intrinsèques de les concentrations plasmatiques de PTH restent supé-
la membrane (surface, coefficient de tamisage), de la qualité rieures à 600 pg/l, il faut d’abord utiliser les calcimimétiques
de l’abord vasculaire, des débits sanguins et du dialysat. (Mimpara®), avant d’envisager de pratiquer une abla-
C’est donc tout un ensemble de paramètres qui guide le tion totale ou des 7/8e des glandes parathyroïdiennes en
clinicien. L’analyse rationnelle de l’efficacité de la dialyse cas d’échec d’efficacité des calcimimétiques. Il est donc
permettra aux néphrologues de définir un programme adé- important de maîtriser au mieux l’équilibre phosphocal-
quat de traitement par hémodialyse pour un patient donné. cique chez les patients dialysés : alimentation, traitement
vitamino-calcique, composition du bain de dialyse adaptée
7.3.3. Les complications propres de l’hémodialyse en fonction des dosages biochimiques…
Chez les patients dialysés, la régulation du bilan hydrique L’amylose à β2-microglobuline représente une complica-
et électrolytique est majoritairement assurée par la dia- tion osseuse particulière, qui n’apparaît pratiquement que
lyse. L’existence d’une diurèse faible, voire nulle, le défaut chez les patients traités de longue date par hémodialyse.
d’élimination de l’eau libre, ont tendance à entraîner une Aujourd’hui, avec les techniques modernes de dialyse
hémodilution et une hyponatrémie, ce qui doit faire réduire utilisant des membranes à haute perméabilité, elle a prati-
les apports hydriques autour de 800 à 1 000 ml d’eau quement disparu. La β2-microglobuline constitue la chaîne
par jour. Concernant le bilan sodé, un élargissement des légère des antigènes d’histocompatibilité de classe I du
apports sodés à 6 g/j en moyenne est réalisé lors de la système HLA. Son dépôt progressif se fait préférentiel-
mise en hémodialyse des patients initialement avec régime lement au niveau de l’os et du cartilage, et se manifeste
pauvre en sel dans le but de permettre une meilleure ali- habituellement par un syndrome du canal carpien carac-
mentation. La surcharge hydro-sodée est appréciée par térisé par des paresthésies douloureuses des mains et par
la clinique (prise de poids, hypertension artérielle, œdème des arthralgies touchant principalement les épaules et les
pulmonaire se traduisant par une dyspnée et une toux), par hanches, exacerbées la nuit et au cours des séances de
la radiographie (émoussement des culs-de-sac pleuraux) dialyse. La fréquence de survenue de cette complication
et traitée par majoration de l’ultrafiltration et diminution est très dépendante de la technique de dialyse utilisée.
du poids sec. Seules les membranes qui ont une biocompatibilité très
Il existe une rétention obligatoire de protons et de potas- élevée doivent être utilisées chez ces malades, afin de
sium entre deux séances de dialyse. L’hyperkaliémie peut limiter les phénomènes inflammatoires engendrés. Le
être d’origine alimentaire, mais elle est surtout favorisée diagnostic repose sur la mise en évidence d’une dimi-
par l’acidose qui induit une sortie du potassium intracel- nution de la vitesse de conduction du nerf médian par
lulaire vers le secteur extracellulaire. Les mesures de la électromyographie. Le dosage de la β2-microglobuline
kaliémie sont régulièrement effectuées au laboratoire (tous est réalisé deux fois par an, avant et après dialyse, les
les 15 jours en moyenne selon le centre de dialyse). Les concentrations pouvant atteindre 20 à 30 fois les valeurs
patients en hyperkaliémie avant dialyse (5,0 à 6,0 mmol/l) usuelles. Cependant, la concentration n’est pas un reflet
se retrouvent parfois en hypokaliémie en fin de séance (2,5 de la constitution des dépôts amyloïdes, d’autres facteurs
à 3,0 mmol/l), conséquence d’une concentration faible en favorisant le développement comme l’âge avancé, la
en potassium dans le dialysat (2,0 mmol/l). Il s’agit d’une surcharge en fer voire en aluminium, l’hyperparathyroïdie
hypokaliémie transitoire, qui est normalement bien tolérée secondaire, la stimulation des médiateurs de l’inflam-
par le sujet hémodialysé et qui ne nécessite pas que le mation par les membranes bio-incompatibles et/ou les
néphrologue instaure un traitement spécifique. Cependant, endotoxines bactériennes.
sur un terrain de cardiopathie préexistante, des troubles L’intoxication aluminique est devenue maintenant une com-
du rythme transitoires peuvent survenir devant la brusque plication exceptionnelle au cours de l’insuffisance rénale
variation de la kaliémie, et peuvent nécessiter une éventuelle traitée par hémodialyse, car la concentration d’aluminium
adaptation de la concentration en potassium du dialysat. dans l’eau entrant dans la composition du dialysat est
L’acidose métabolique est habituellement bien corrigée par rigoureusement contrôlée (teneur en aluminium inférieure
l’utilisation de bains de dialyse contenant des bicarbonates, à 0,01 mg/l). Les conséquences de l’intoxication alumi-
ce qui permet d’obtenir des valeurs de bicarbonates plas- nique sont neurologiques (encéphalopathie aluminique)
matiques pré-dialytiques comprises entre 20 et 25 mmol/l. et osseuses (ostéomalacie). Une telle intoxication peut
La dialyse ne corrige que très imparfaitement les désordres être évoquée en cas d’ostéodystrophie inexpliquée. En
phosphocalciques et les lésions d’ostéodystrophie qui effet, la surcharge prolongée et massive en aluminium

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peut conduire, par le biais d’une inhibition de la sécrétion Depuis 1990, la transmission de ce virus a été considéra-
parathyroïdienne et aussi par une action inhibitrice directe blement réduite en raison de sa détection systématique
sur l’activité ostéoblastique, à des états d’hypoparathyroï- dans le sang des donneurs et de la diminution des actes
die et d’ostéopathie adynamique. La seule détermination de transfusions induite par le traitement par l’Epo.
de l’aluminémie ne permet pas d’exclure le diagnostic Enfin, l’hémodialyse chronique poursuivie pendant de
d’intoxication aluminique. Ce dosage, éventuellement nombreuses années accélère le vieillissement artériel
complété par un test à la déféroxamine (Desferal®), est le et favorise l’apparition d’athérosclérose qui touche les
plus souvent réalisé une à deux fois par an. artères coronaires, cérébrales et périphériques. De plus,
Les problèmes immunologiques et hématologiques sont les patients dialysés cumulent souvent plusieurs facteurs
loin d’être corrigés par la dialyse, la perturbation du sys- de risque d’athérosclérose : hypertension artérielle, dia-
tème immunitaire s’aggravant même au fil du temps en bète, hyperlipidémie, hyperfibrinémie, désordres phos-
raison de la bio-incompatibilité de la membrane et de l’état phocalciques, anémie, débit de la fistule artério-veineuse,
urémique des patients. De même, l’anémie, essentielle- hyper-homocystéinémie, qui s’additionnent aux facteurs
ment consécutive à un déficit en Epo, peut être aggravée classiques tels que l’âge avancé ou le tabagisme. Tous
par la dialyse elle-même en raison des phénomènes de ne peuvent pas être améliorés par les traitements, qu’ils
spoliation de sang par le circuit de dialyse. Tout déficit soient diététiques ou pharmacologiques. Les anomalies
martial aggrave l’anémie, notamment chez l’hémodialysé lipidiques observées sont comparables à celles qui existent
chronique, en raison de la perte résiduelle de sang dans chez l’IRC sans syndrome néphrotique.
le dialyseur et de la fréquence des prélèvements sanguins.
L’anémie peut être également la conséquence d’une hémo- 7.3.4. La dialyse péritonéale [16]
lyse pathologique qu’il faudra rechercher et dont les causes La dialyse péritonéale consiste à remplir la cavité péri-
de survenue sont multiples. La contamination du circuit tonéale virtuelle par le liquide de dialyse et à utiliser la
extracorporel par des polluants du dialysat (nitrites, nitrates, membrane péritonéale, particulièrement riche en vaisseaux
furamines), les stérilisants ou encore un dysfonctionnement sanguins, comme dialyseur, entre le sang à épurer et le
de la pompe à sang sont les causes les plus fréquentes dialysat présent dans la cavité abdominale. Le dialysat est
d’hémolyse liée à la technique elle-même. La présence injecté au moyen d’un cathéter qui a préalablement été
d’une valve cardiaque, l’insuffisance de dialyse, une crise inséré dans la paroi abdominale, sous anesthésie locale
hypertensive, l’hypersplénisme ou encore certains traite- ou générale. Le dialysat doit être renouvelé plusieurs fois
ments médicamenteux sont d’autres causes d’hémolyse par 24 heures. Plusieurs modalités techniques peuvent être
chez le dialysé, dont il faut tenir compte, le cas échéant. proposées avec la dialyse péritonéale continue ambula-
Si l’hémodialyse associée à la correction de l’anémie par toire (DPCA), qui a pour principe de compenser la faible
l’Epo a amélioré cliniquement les syndromes hémorra- capacité d’épuration du péritoine par l’irrigation quasi
giques (purpura, ecchymoses, saignements prolongés aux continue de la cavité péritonéale et la dialyse péritonéale
points de ponction, saignements digestifs…), elle ne les intermittente ou automatisée (DPA), qui consiste en une
élimine pas et ne normalise pas le temps de saignement injection automatisée du volume de dialysat pendant des
qui reste élevé. Elle peut même accentuer ce risque, en cycles courts.
raison de l’interaction des plaquettes avec les surfaces Le traitement est efficace s’il permet d’éviter la sous-dia-
synthétiques. Le traitement anticoagulant, nécessaire au lyse, c’est-à-dire la réapparition des signes de l’insuffisance
cours de l’hémodialyse en raison de l’existence d’une cir- rénale. Comme pour l’hémodialyse, il existe une dose
culation extracorporelle (thrombose dans le circuit extra- moyenne de dialyse péritonéale pour obtenir une dialyse
corporel) pose des problèmes supplémentaires. Ainsi, l’un adéquate. Cette dose est mesurée au moyen de l’index
des pièges dans l’interprétation du bilan de coagulation Kt/V de l’urée par semaine qui doit être supérieur à 2.
est l’élévation du TCA (temps de céphaline activée) chez
les patients traités par héparine. 7.3.4.1. Les solutions de dialyse péritonéale
L’insuffisant rénal hémodialysé est exposé à un risque Les solutions utilisées pour la dialyse péritonéale doivent
infectieux nettement plus élevé que le sujet normal. Cette être stériles et apyrogènes. Leur formulation répond à la
sensibilité à l’infection tient d’une part, à la technique de double nécessité de maintenir la composition hydro-élec-
dialyse elle-même, qui met le sang du malade en contact trolytique de l’organisme aussi près que possible de la
avec le milieu extérieur de façon répétitive au long cours normale et de contrôler le volume intra- et extracellulaire
et, d’autre part, à la persistance de troubles de l’immunité par soustraction hydrique et sodée, grâce à l’ultrafiltration
cellulaire. Les complications infectieuses, bactériennes osmotique. L’agent osmotique habituel est le glucose,
ou virales, peuvent survenir à tout moment dans la vie du même si d’autres agents osmotiques existent tels des
dialysé. Leur fréquence est très influencée par la qualité polymères du glucose ou des mélanges d’acides aminés.
des soins apportés aux patients. Les précautions d’asepsie Malgré des règles strictes de fabrication, les solutions
et le respect strict de règles d’hygiène élémentaire, tel que stériles apyrogènes de dialyse péritonéale contiennent
l’isolement des malades porteurs du virus de l’hépatite B des contaminants qui proviennent des produits chimiques,
par exemple, sont des facteurs essentiels dans la préven- des cuves de préparation, des tuyauteries et des filtres.
tion de ces complications. Chez le dialysé, l’hépatite B est Les contaminants identifiés sont nombreux : des éléments
pratiquement toujours asymptomatique, d’où la nécessité particulaires, l’aluminium, des endotoxines, des plastifiants
de son dépistage systématique. Concernant l’hépatite C, relargués par les contenants en plastique utilisés pour le
la prévalence atteint 50 % dans les centres de dialyse. stockage des solutions.

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REIN ET PATHOLOGIES

En cours de stérilisation à l’autoclave, des produits de signes d’appel, il faut pratiquer sans retard un prélèvement
dégradation du glucose se forment selon la voie du bactériologique et prescrire d’emblée une antibiothérapie
5-hydroxyméthylfurfural. Ces produits de dégradation, adaptée, qui sera maintenue pendant 10 à 15 jours. En
plus abondants dans les solutions à forte concentration l’absence d’un traitement précoce et parfois malgré lui,
de glucose voient leur concentration augmenter avec le l’infection évolue en profondeur et l’ablation du cathéter
temps de stockage et peuvent être la cause de douleurs est alors nécessaire et la prothèse sera remplacée après
abdominales. guérison de l’infection cutanée.
L’amélioration constante des bonnes pratiques de fabri- Parmi les complications de la dialyse péritonéale,
cation permet d’obtenir, au fil des ans, des solutions de l’infection péritonéale est une cause majeure de mor-
dialyse péritonéale moins contaminées et de composi- bidité, d’échec et, à moindre degré, de décès chez
tions plus stables. Aujourd’hui on utilise des solutions les malades traités par dialyse péritonéale. L’une des
sans glucose (acides aminés, icodextran), des solutions complications certes rare, mais redoutable, est la péri-
à « pH physiologique » (bicarbonate) et des contenants tonite sclérosante. Les mesures destinées à prévenir
sans PVC. les complications infectieuses sont donc essentielles.
Le respect rigoureux des règles d’asepsie durant les
7.3.4.2. Les effets indésirables opérations de branchement et de débranchement du
L’irrigation du péritoine par des solutions de dialyse circuit de dialyse, en dialyse péritonéale intermittente,
péritonéale a des conséquences biologiques multiples. ou lors des changements de poche en dialyse péri-
Les pertes protidiques sont obligatoires en dialyse péri- tonéale continue ambulatoire, est essentiel pour le
tonéale du fait de la perméabilité de la membrane périto- succès de la méthode. La dialyse péritonéale continue
néale et sont comprises entre 5 et 12 g/24 h en dialyse ambulatoire, technique de dialyse péritonéale la plus
péritonéale continue ambulatoire et entre 15 et 20 g courante, nécessite le concours d’un patient motivé
par séance en dialyse péritonéale intermittente. Il est et discipliné, prenant en charge la responsabilité de
capital de s’assurer que l’état nutritionnel du patient est son traitement.
correct avant d’initier la dialyse péritonéale, au moyen
des dosages d’albuminémie et de pré-albuminémie. Une 8. La transplantation rénale [17]
fois instaurée, malgré l’importance de la fuite protéique
péritonéale, les protides totaux et l’albumine sérique Les principales difficultés de la transplantation rénale sont
restent le plus souvent stables, les valeurs observées aujourd’hui la pénurie d’organes au regard du nombre
étant généralement à la limite inférieure de la normale, de patients en attente d’une transplantation rénale.
sous réserve d’un apport protéique d’au moins 1,2 g/kg/j. L’âge limite de la transplantation rénale n’est pas un
L’absorption du glucose à partir du dialysat apporte en problème en soi, la seule contre indication absolue étant
moyenne 250 g de glucose par jour. Le transfert trans- l’existence d’un cancer métastasé. Les infections et
péritonéal de glucose diffère d’un malade à l’autre et les antécédents de cancer sont des contre indications
peut varier dans le temps chez un même patient. Bien temporaires.
que la réponse insulinique reste adaptée chez la plupart
des patients, un diabète sucré insulinodépendant peut 8.1. La préparation du receveur
occasionnellement survenir. Elle est indispensable et comprend l’information du
Une hyperlipidémie, due à une élévation des triglycé- patient qui doit être la plus objective possible quant aux
rides et du cholestérol sériques et surtout marquée au différentes possibilités de transplantation, aux avan-
cours de la première année de traitement, est habituelle tages et aux risques. Elle comprend l’étude du dossier
en cours de dialyse péritonéale continue ambulatoire. médical et la prescription d’examens complémentaires
L’hypertriglycéridémie est en partie sous la dépendance avec des examens cardiovasculaires approfondis (élec-
des apports énergétiques et un régime hypocalorique trocardiogramme, échographie, doppler), un examen
est donc recommandé. L’hypercholestérolémie est due à stomatologique et ORL et la sérologie des principaux
une élévation simultanée du taux des VLDL et des LDL. virus (cytomégalovirus ou CMV, virus d’Epstein-Barr
Une diminution de l’appétit s’observe, en particulier ou EBV, virus de l’immunodéficience humaine type 1
en début de traitement, chez les malades traités par et 2, virus de l’hépatite B et C, virus T-lymphotropique
dialyse péritonéale continue ambulatoire. Cette hypo- humain type 1 et 2, herpès virus humain type 8) ainsi
rexie, plus ou moins marquée, peut résulter de l’apport que les sérologies de la toxoplasmose et de la syphilis.
permanent de glucose par le dialysat, de la distension Les explorations immunologiques sont primordiales avec
abdominale ou d’une hypovolémie induite par une ultra- détermination des groupes érythrocytaires afin d’avoir
filtration excessive. des compatibilités dans le système ABO, des groupes
tissulaires d’histocompatibilité et la recherche d’anticorps
7.3.4.3. Les complications circulants dirigés contre les antigènes du système HLA
De nombreuses complications peuvent être observées lors (à faire tous les 3 mois). Le système Rhésus n’est pas
de l’implantation d’un cathéter péritonéal. L’infection de exploré dans la mesure où il n’intervient pas.
l’orifice de sortie du cathéter, observée chez 10 à 30 % À l’issue de cette évaluation, le dialysé est inscrit, s’il le
des patients, est habituellement due aux staphylocoques. désire et si son âge et son état clinique le permettent,
Celle-ci se manifeste par une douleur et une rougeur sur une liste d’attente gérée par l’Etablissement fran-
cutanées strictement localisées à l’orifice. Devant ces çais des greffes.

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2013 - N°451 // 71


8.2. La transplantation hépatique et expose aux aplasies des lignées blanches et
et ses suites immédiates plaquettaires. Le mycophénolate mofétil et l’acide myco-
La transplantation est toujours réalisée dans des établisse- phénolique, qui ont supplanté l’azathioprine, ont une toxi-
ments habilités par le Ministère de la Santé par des équipes cité hématologique et sont à l’origine de troubles digestifs
chirurgicales spécialisées. La transplantation elle-même importants. Les corticoïdes sont les molécules qui ont les
est toujours précédée d’une épreuve de cross-match effets secondaires les plus nombreux. Enfin, le sirolimus et
par micro-lymphocytotoxicité, qui permet de mettre en l’évérolimus ont eux aussi de nombreux effets délétères,
évidence la présence ou l’absence d’anticorps lympho- dont des effets hyper-lipémiants importants.
cytotoxiques dirigés contre les lymphocytes du donneur.
Cette vérification ultime doit faire renoncer à la greffe en 8.4. Les rejets
cas de positivité. Le rein greffé est implanté habituellement Le rejet peut être aigu ou chronique. Le rejet aigu survient
dans la fosse iliaque droite. en général dans les 3 premiers mois après la transplanta-
Dans la plupart des cas, la reprise de la diurèse et de la tion. Il est lié à l’invasion du greffon par les lymphocytes
fonction du greffon est immédiate. Lorsque tout se passe du receveur et entraîne rapidement une altération des
bien, le malade peut quitter l’hôpital après 2 à 3 semaines. fonctions du greffon, objectivée par une augmentation
Il reste toutefois sous surveillance médicale très régulière de la créatininémie. Il se révèle classiquement par une
avec de nombreux examens de laboratoire, d’abord une augmentation du volume du rein transplanté, de la fièvre,
à deux fois par semaine pendant les 3 premiers mois, une diminution de la diurèse et une augmentation de la
puis à intervalles qui vont en s’espaçant. Les examens à pression artérielle. Le rejet aigu peut être cellulaire ou de
prescrire dans le cadre du suivi ambulatoire des adultes type humoral.
transplantés au-delà de 3 mois ont été définis par la HAS Le rejet chronique est le plus souvent humoral, mais il
en novembre 2007 [18]. peut parfois être cellulaire. Il correspond à une fibrose
Parfois la reprise de diurèse peut ne pas être immédiate. interstitielle avec atrophie tubulaire.
Une anurie s’installe pendant plusieurs jours post-trans-
plantation. Elle peut nécessiter quelques séances d’hémo- 8.5. Les complications
dialyse. Elle est due à une tubulopathie et n’est le plus de l’immunosuppression
souvent que temporaire. Ce sont d’abord les infections, en particulier par des germes
En dépit du traitement immunosuppresseur, certains types dits opportunistes. Elles sont fréquentes et se traduisent
de glomérulonéphrite peuvent récidiver sur le greffon, en par l’apparition d’une fièvre, dont il importe de déceler
particulier la hyalinose segmentaire et focale. l’origine et le germe en cause.
Les infections virales sont fréquentes, notamment les
8.3. Le traitement immunosuppresseur infections à CMV (d’où la prophylaxie), les infections par
Ce traitement est indispensable chez tout sujet transplanté l’EBV et les herpès virus. Les infections bactériennes sont
pour prévenir le rejet du greffon, en diminuant la réponse principalement des infections urinaires à germes Gram
immune du receveur à l’égard du greffon. L’utilisation des négatif. Les infections à Listeria monocytogenes ne sont
immunosuppresseurs provoque une diminution des défenses pas rares chez les transplantés. De même les infections
anti-infectieuses et anticancéreuses de l’organisme, ce qui à mycobactéries sont plus fréquentes que dans la popu-
explique l’importance des infections et le nombre élevé des lation générale.
tumeurs chez les patients transplantés rénaux. Les infections mycosiques sont responsables de pneu-
Le traitement immunosuppresseur préventif repose actuel- mopathies. La plus sévère est l’infection à Pneumocystis
lement le plus souvent sur une trithérapie qui associe une jiroveci, qui est responsable de près de 10 % des pneu-
molécule anti-calcineurine (ciclosporine ou tacrolimus), mopathies observées dans les premiers mois qui suivent
des stéroïdes à faible dose et un inhibiteur de l’inosine- la transplantation.
monophosphate-déshydrogénase (mycophénolate mofétil Les complications sont aussi représentées par le déve-
ou acide mycophénolique). Au début, on y associe sou- loppement anormalement fréquent des tumeurs, avec une
vent un traitement dit d’induction qui est variable selon incidence des cancers double de celle observée dans la
le risque immunologique, et qui utilise des globulines population générale et une évolution plus sévère que dans
anti-lymphocytaires lorsque le risque est élevé et des la population générale. Les cancers les plus fréquemment
anticorps anti-récepteurs de l’interleukine 2 lorsque le rencontrés sont les cancers viro-induits. Les tumeurs de la
risque est plus faible. peau sont fréquentes, en particulier les épithéliomas spi-
Récemment une nouvelle classe d’immunosuppresseurs no-cellulaires qui touchent les zones exposées au soleil.
a été introduite avec les inhibiteurs de mTOR (sirolimus En dehors des tumeurs cutanées, les syndromes lympho-
ou évérolimus). Ils ne peuvent toutefois pas être utilisés prolifératifs sont les plus fréquents.
d’emblée en raison des risques de retard de cicatrisation Les complications cardiovasculaires sont pratiquement
qu’ils entraînent à cause de leur puissant effet antiproliféra- constantes au long cours, sous la forme d’une HTA et le
tif. Ils sont utilisés en remplacement des anti-calcineurines développement d’une athérosclérose accélérée. Ces com-
dans un second temps. plications constituent la première cause de mortalité tardive
Tous les immunosuppresseurs ont des effets secondaires. chez les patients transplantés. L’HTA est présente chez plus
La ciclosporine et le tacrolimus sont néphrotoxiques, la de 50 % des patients. L’infarctus du myocarde est la pre-
ciclosporine pouvant entraîner de plus une HTA. L’azathio- mière cause de morbidité et de mortalité chez les patients
prine n’a pas de toxicité rénale, mais elle a une toxicité transplantés. Les facteurs qui en sont responsables sont

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REIN ET PATHOLOGIES

nombreux (entre autres HTA, années d’insuffisance rénale Une anémie est observée chez 15 % des patients. Parmi
et anomalies lipidiques qui justifient d’avoir recours à un les différents facteurs qui sont impliqués dans son déve-
traitement par les statines de façon presque systématique). loppement, on doit mentionner le rôle important joué par
Les complications hépatiques sont nombreuses, avec les les immunosuppresseurs.
hépatites B et C, même si la vaccination systématique des
urémiques a considérablement réduit les risques d’hépatite 8.6. La survie des greffons
B. À noter que la péliose hépatique est une complication Le taux de survie global du greffon est actuellement de
rare, propre aux patients transplantés. 91 % à un an, de 80 % à 5 ans et de 60 % à 10 ans.
Les complications métaboliques sont surtout représen-
tées par le diabète sucré, les anomalies lipidiques et Déclaration d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de
l’hyper-uricémie. conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2013 - N°451 // 73

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