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[TD$INLE]
Summary Résumé
Nephrocalcinosis is defined by the presence of calcium deposits in La néphrocalcinose est définie par la présence de dépôts de calcium
the kidney parenchyma, preferably at the level of the medulla, but au sein du parenchyme rénal, préférentiellement au niveau de la
occasionally in the cortex or, more rarely, throughout the kidney. médullaire, mais parfois au niveau du cortex ou, plus rarement, dans
Sometimes associated with kidney stones, nephrocalcinosis is l’ensemble du rein. Bien qu’elle puisse être parfois associée à des
distinct from pure nephrolithiasis that arises from a different cause. calculs rénaux, elle est à différencier de la lithiase rénale pure dont
This disease can be found both in children and adults, but its les étiologies sont différentes. Elle existe chez l’enfant comme chez
causes are numerous; most of the associated metabolic system l’adulte, mais les causes sont multiples et la plupart des désordres du
disorders have a genetic origin. The most frequent etiologies are système métabolique associés ont une origine génétique. Parmi les
distal tubular acidosis, parathyroid dysfunction, and oxaluria or étiologies les plus fréquentes, il faut citer l’acidose tubulaire distale,
iatrogenic causes such as drugs or vitamin D intoxication. Asymp- un dysfonctionnement des parathyroı̈des, une oxalurie ou des causes
tomatic in the majority of cases, nephrocalcinosis is often dis- iatrogènes comme la prise de certains médicaments ou une intoxica-
covered incidentally during a routine ultrasound examination. tion à la vitamine D. Asymptomatique dans la majorité des cas, la
Kidney function is usually normal at this stage, especially in néphrocalcinose est souvent découverte fortuitement lors d’une
children, but slowly progressive renal failure develops over the échographie dans le cadre d’un examen de routine. La fonction
years leading to complete destruction of the kidneys. There is no rénale est le plus souvent normale à ce stade, surtout chez l’enfant,
treatment for removing the calcium deposits in the kidney. Howe- mais une insuffisance rénale lentement progressive se développe
ver, it is possible to slow the progression by acting on the avec les années jusqu’à destruction complète des reins. Il n’existe
underlying disease. We propose to review the most frequent causes pas de traitement pour éliminer les dépôts de calcium au niveau du
and to present the various imaging (ultrasound, computed tomo- rein, en revanche, il est possible de ralentir l’évolution en agissant
graphy, magnetic resonance) aspects of nephrocalcinosis through sur la maladie de base. Nous proposons de revoir les étiologies les
various adult and pediatric examples. plus fréquentes et de décrire les aspects de la néphrocalcinose selon
ß 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. les techniques d’imagerie (échographie, tomodensitométrie, réso-
nance magnétique) à travers divers exemples adultes et pédiatriques.
ß 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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Cet article est paru initialement dans l’EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Radiologie et imagerie médicale - génito-urinaire - gynéco-obstétricale - mammaire
2012;7(3):1-17 [Article 34-180-A-10]. Nous remercions la rédaction de l’EMC-Radiologie et imagerie médicale pour son aimable autorisation de reproduction.
* Auteur correspondant.
e-mail : Sylviane.Hanquinet-Ginter@hcuge.ch (S. Hanquinet).
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(Fig. 3), une infection ou une hyperoxalurie massive. L’écho- Abdomen sans préparation
graphie objective une hyperéchogénicité du cortex plus mar-
Actuellement, les clichés d’abdomen sans préparation (ASP)
quée que la norme.
ne sont pratiquement plus réalisés en routine pour le diag-
La néphrocalcinose peut également être associée à des kystes
nostic de néphrocalcinose ou de calculs rénaux (Fig. 5). Seuls
rénaux (Fig. 4) surtout chez les patients avec une acidose
les dépôts de calcium importants et macroscopiques peuvent
tubulaire distale. L’association à des kystes a aussi été décrite
être visualisés sur ASP. Ils présentent peu d’intérêt par rapport
dans le syndrome de Bartter, ou encore en cas d’excès de
à l’échographie et la tomodensitométrie surtout depuis
corticoı̈des, etc. L’explication de la formation de ces kystes
l’introduction des techniques à faible dose d’irradiation [10].
n’est pas claire, et serait différente en fonction de l’étiologie
de la néphrocalcinose. Une hypokaliémie chronique préexis-
tante ou bien l’obstruction des néphrons par la néphrocalci-
Tomodensitométrie
nose pourraient être responsables. Sur les coupes sans produit de contraste, le cortex et la
Si l’échographie est très sensible pour diagnostiquer une médullaire ne présentent pas de différence d’atténuation
néphrocalcinose, les images ne sont pas spécifiques. L’anam- (entre 30 et 60 UH) alors que les cavités pyélocalicielles et
nèse familiale, l’âge du patient, le bilan sanguin et urinaire le bassinet sont hypodenses (entre -10 et + 20 UH). En cas de
permettent d’orienter vers une néphrocalcinose ou une autre néphrocalcinose, le compartiment atteint apparaı̂t hyper-
pathologie pouvant entraı̂ner une hyperéchogénicité anor- dense par rapport au reste du parenchyme rénal. Les formes
male des pyramides. Les observations de néphrocalcinose de néphrocalcinose médullaire, corticale ou mixte peuvent
unilatérale s’orientent vers des atteintes spécifiques d’un rein, être précisées au scanner comme à l’échographie. Il existe
alors que dans les maladies métaboliques, que celles-ci soient cependant des faux positifs comme la dysfonction tubulaire
génétiques ou non, les deux reins sont altérés. aiguë transitoire chez le nouveau-né [11], une déshydratation
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est responsable d’un ensemble de signes cliniques divers Chez l’adulte, c’est l’étiologie la plus fréquente de
d’ordre digestif, neuromusculaire et cardiaque. Au niveau rénal, néphrocalcinose. L’hypercalcémie s’accompagne d’un taux
l’hypercalcémie entraı̂ne, d’une part, une néphropathie fonc- élevé de parathormone, ce qui la différencie de
tionnelle et, d’autre part, une atteinte organique du rein. On l’hypercalcémie familiale bénigne. En revanche, la présence
observe une atteinte du pouvoir de concentration des urines d’adénomes multiples doit faire rechercher une néoplasie
avec une polyurie hypotonique (perte de sodium, magnésium endocrinienne multiple (NEM), maladie génétique, qui
et calcium), une acidose tubulaire distale de type 1, une hyper- regroupe des adénomes au niveau de l’hypophyse, du
calciurie et une augmentation des résistances vasculaires. Il pancréas, de la surrénale et d’autres tumeurs
s’ensuit des lésions tubulo-interstitielles secondaires aux endocriniennes carcinomateuses ou non. Cette maladie est
dépôts de calcium dans les tubules. Cette néphrocalcinose très rare chez l’enfant.
progressive évolue lentement vers une insuffisance rénale avec
risque d’hypertension artérielle. Secondaire
Une hyperplasie secondaire des glandes parathyroı̈des
Hypercalcémie avec résorption osseuse s’observe dans toute affection hypocalcémiante.
L’insuffisance rénale est le plus souvent à l’origine de ces
Hyperparathyroı̈die hyperparathyroı̈dies secondaires par atteinte du métabolisme
phosphocalcique (Fig. 8, 9). La plupart des patients présentent
Primaire également des calculs calciques. L’hyperparathyroı̈die est
L’hyperparathyroı̈die est une affection fréquente et liée responsable d’une élévation du taux sérique de vitamine D
dans 90 % des cas à un adénome unique parathyroı̈dien. qui accroı̂t la résorption intestinale du calcium. Dans la
[(Figure_8)TD$IG]
Figure 8. Hyperparathyroı̈die secondaire à une insuffisance rénale chronique et une immobilisation prolongée (A à D). Néphrocalcinose chez un patient
de 71 ans en hémodialyse pour une insuffisance rénale chronique sur néphro-angio-sclérose hypertensive compliquée d’une insuffisance artérielle des
membres inférieurs entraı̂nant une immobilisation prolongée. Les reconstructions MPR (multiplanar reconstructions) des reins droit et gauche lors d’un
angio-TDM acquis durant la phase artérielle montrent de multiples calcifications médullaires en regard des papilles ainsi que de multiples calculs
caliciels.
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Figure 9. Hyperparathyroı̈die secondaire à une insuffisance rénale terminale (A à C). Patiente de 34 ans diabétique insulinodépendante hémodialysée
présentant une hypocalcémie associée à une hyperparathyroı̈die secondaire supérieure à neuf fois la norme et une hyperphosphatémie dans le contexte
d’une insuffisance rénale chronique terminale compliquée d’une néphrocalcinose. La TDM non injectée démontre de multiples calcifications médullaires
punctiformes du rein gauche en regard de calculs intracaliciels ainsi que des kystes hémorragiques.
maladie cœliaque, l’hypocalcémie chronique, secondaire à métabolisme phosphocalcique (Fig. 10), à une immobilisation
l’atrophie villositaire intestinale, entraı̂ne une prolongée qui est responsable d’une déminéralisation rapide
hyperparathyroı̈die secondaire. (Fig. 8).
La néphrocalcinose est beaucoup plus fréquente dans l’hyper-
Hypercalcémie par augmentation de l’absorption du
parathyroı̈die primaire que secondaire.
Parmi les diagnostics différentiels, il faut penser aux cancers
calcium
avec métastases ostéolytiques, aux syndromes paranéoplasi- Nous citerons la sarcoı̈dose et d’autres maladies granuloma-
ques avec productions hormonales anormales perturbant le teuses, un surdosage à la vitamine D [29], un surdosage de la
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Figure 10. Cancer du sein avec métastases osseuses. Néphrocalcinose bilatérale et lithiases rénales chez une patiente de 72 ans souffrant d’un cancer du
sein gauche compliqué de métastases osseuses. La TDM au niveau des reins révèle une fine bande hyperdense dans la médullaire (flèches) en regard des
papilles dilatées des deux reins correspondant à une néphrocalcinose (têtes de flèches). La dilatation pyélocalicielle bilatérale provient de la maladie
lithiasique avec de multiples calculs urétéraux et coralliformes bilatéraux visibles sur la radiographie de l’abdomen sans préparation qui a nécessité la
pose de deux drains urétérovésicaux. Le rein gauche présente une atrophique d’origine vasculaire. Noter également la présence d’ascite dans un contexte
de la péritonite carcinomateuse.
vitamine A (plus de 10 000 unités) ou encore un excès granulomateuses comme la tuberculose [33] et plus rarement
alimentaire de calcium (buveur de lait). la bérylliose, la coccidiomycose, l’histoplasmose ou l’histiocy-
Certains médicaments comme les diurétiques favorisent une tose langerhansienne.
hypercalcémie par hémoconcentration (Fig. 11).
Cytostéatonécrose
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Figure 11. Abus de diurétique. Patiente de 42 ans diabétique et hypertendue avec un trouble de la personnalité de type délirant, une anorexie et un abus de
laxatifs et de diurétiques pendant plus de 20 ans, hospitalisée pour une insuffisance rénale aiguë avec hypokaliémie, hyponatrémie et hypercalciurie. La
TDM non injectée révèle plusieurs bandes d’hyperdensité médullaire et des petits calculs caliciels dans les deux reins. En l’absence d’hypercalcémie et
avec des taux sériques de parathormone et vitamine D normaux, l’origine de la néphrocalcinose a été attribuée à l’abus de diurétiques.
signe clinique hormis la présence d’une hypercalcémie. La calcium est perturbé avec hypercalciurie et risque de
normalité des glandes parathyroı̈des à l’imagerie permet de néphrocalcinose et de lithiase rénale. Les causes de
faire le diagnostic. La forme homozygote se présente en cette acidose sont très diverses, il existe des formes pri-
période néonatale, d’emblée avec une hyperparathyroı̈die maires, sporadiques ou génétiques rares [38]. La forme
majeure et des signes cliniques sévères. Le pronostic de la génétique, autosomique dominante, s’observe chez l’enfant
maladie est variable, mais certaines formes peuvent évoluer et l’adulte. En revanche, la forme récessive se voit chez
rapidement vers un décès. Sur le plan biologique, la para- l’enfant surtout en Asie et s’accompagne, selon les types,
thormone est élevée avec une calciurie normale [36]. d’une surdité progressive. L’hypercalciurie sans hypercalcé-
mie est secondaire à l’acidose chronique et responsable
Syndrome de Williams de la néphrocalcinose médullaire avec des calculs rénaux
[39].
Il s’agit d’un syndrome génétique primaire décrit en 1961 avec
une prévalence d’environ 1 sur 10 000 naissances. On observe
un faciès particulier, un déficit mental, une atteinte cardiaque Désordres tubulaires héréditaires avec
et vasculaire. Une hypercalcémie idiopathique est présente hypercalciurie
dans 10 % des cas à la naissance. Cette hypercalcémie dis-
paraı̂t dans l’enfance, mais des perturbations du métabolisme Syndrome de Bartter
du calcium et de la vitamine D peuvent persister et être
Le syndrome de Bartter (Fig. 14) est dû à des mutations des
responsables de dépôts de calcium dans les reins plus tard
gènes ROMK ou NKCC2, l’hypercalciurie est secondaire à un
dans la vie [37].
déficit de réabsorption des ions NaCl. Il existerait un trouble
dans le système rénine-angiotensine et dans l’excrétion des
Néphrocalcinose avec calcémie normale et
prostaglandines. La forme anténatale ou périnatale est
hypercalciurie
sévère. Un diagnostic anténatal peut être évoqué devant
des reins hyperéchogènes et la présence d’un polyhydram-
Acidose tubulaire distale nios. Les enfants, qui sont souvent des prématurés, présen-
L’acidose tubulaire distale de type 1 avec hypokaliémie tent une polyurie avec une déshydratation majeure et une
(Fig. 13) regroupe des affections où le rein n’est pas capable hypercalciurie sévère. La néphrocalcinose est de type médul-
de faire baisser le pH urinaire. L’alcalinisation des urines est laire, des calculs rénaux précoces peuvent s’y associer. Chez
due à une anomalie des mécanismes de sécrétions d’ions H+ l’enfant plus grand, les symptômes secondaires à l’hypoka-
dans les tubes collecteurs distaux. Le métabolisme du liémie et le retard psychomoteur sont des signes d’appel.
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Figure 13. Acidose tubulaire distale chez un garçon de 10 ans (clichés du Professeur F. Avni, Bruxelles).
A. Dans l’acidose tubulaire distale, il n’est pas rare de découvrir des kystes associés à la néphrocalcinose ; ces lésions sont bien visibles à l’échographie.
B. Les calcifications rénales sont confirmées par la tomodensitométrie.
Figure 14. Syndrome de Bartter (cliché du Professeur F. Avni, Bruxelles). Évolution en 7 mois d’une néphrocalcinose chez un nourrisson souffrant d’un
syndrome de Bartter néonatal. Les hyperéchogénicités médullaires, franches les premières semaines de vie (A), se sont estompées à l’échographie avec le
temps suite à un traitement adéquat (B, C).
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Malade de Dent Des cas isolés de néphrocalcinoses ont aussi été décrits dans
La maladie de Dent [43] est une maladie génétique récessive, d’autres maladies génétiques qui peuvent s’accompagner de
rare et liée au chromosome X avec dysfonctionnement tubu- tubulopathies comme les trisomies 21, les hypophosphaté-
laire proximal : protéinurie, hypercalciurie, néphrocalcinose mies, le syndrome de Sotos [45], l’hypothyroı̈die congénitale,
la glycogénose, etc.
avec calculs et insuffisance rénale progressive. Cette affection
Comme de multiples gènes sont impliqués dans le métabo-
peut se compliquer d’un rachitisme ou d’une ostéomalacie. Le
lisme du calcium, il semble que de nombreuses néphrocalci-
magnésium est en revanche normal.
noses soient d’origine génétique, bien que celle-ci n’est pas
encore été prouvée.
Syndrome de Beckwith-Wiedemann
Dans le syndrome de Beckwith-Wiedemann [40,44], des ano- Causes iatrogènes d’hypercalciurie
malies rénales sont observées dans plus de 22 % des cas. La Outre les maladies génétiques, il existe des causes iatrogènes
néphrocalcinose est due à une hypercalciurie. Une dysplasie diverses à l’hypercalciurie. Certains médicaments comme le
tubulaire entraı̂ne un dysfonctionnement rénal responsable furosémide et les corticoı̈des (Fig. 15) peuvent être responsables
de l’excrétion excessive de calcium. du développement d’une néphrocalcinose par ce mécanisme.
Figure 15. Traitement aux corticoı̈des. Fillette souffrant d’une ostéopétrose (A), avec des reins normaux à l’âge de 3 ans (B). Après plusieurs années de
traitement aux corticoı̈des, elle développe une néphrocalcinose (D), la densité osseuse est quasi normale sur les clichés standard (C).
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Figure 17. Reins médullaires en éponge. Patient de 39 ans présentant de multiples épisodes de colique néphrétique.
A. L’échographie effectuée lors d’un épisode d’obstruction urinaire montre un rein droit avec des calices dilatés qui sont entourés au niveau du pôle
inférieur de multiples foyers hyperéchogènes.
B à E. Une urographie intraveineuse confirme le diagnostic de rein médullaire en éponge avec l’aspect typique en brosse des fonds de calices et la
stagnation linéaire du produit de contraste dans les pyramides, bien visibles au niveau du pôle inférieur du rein gauche.
F à H. Une TDM effectuée à distance de cet épisode permet de retrouver les mêmes éléments visibles sur l’urographie intraveineuse (UIV).
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Néphrocalcinose avec hyperoxalurie avec risque d’obstacle [54]. Étant donné la grande variabilité
Le calcium sanguin et urinaire est normal dans l’hyperoxalu- génotypique de l’hyperoxalurie type I, les premiers symp-
rie. tômes peuvent apparaı̂tre très tôt dans la vie ou plus tard
à l’âge adulte. Ils sont, pour la majorité, liés au développement
de calculs, ceux-ci étant très radio-opaques. L’atteinte rénale
Hyperoxalurie primaire est inéluctable à la fois en raison des épisodes d’obstructions,
L’hyperoxalurie primaire représente la forme la plus courante d’infections et aussi en raison d’une atteinte tubulo-interti-
de néphrocalcinose en pédiatrie [53]. D’origine héréditaire, par tielle secondaire à la toxicité de l’oxalate sur les cellules
transmission autosomique récessive avec un fort taux de épithéliales du rein. Le parenchyme rénal abı̂mé évolue vers
consanguinité, cette maladie est liée à une anomalie du la fibrose et l’évolution se fait vers une insuffisance rénale
métabolisme du glyoxalate. Les cristaux d’oxalate de calcium progressive avec retard de croissance et acidose tubulaire
sont insolubles et se précipitent surtout dans le rein et, au fur (Fig. 18).
et à mesure que la fonction rénale se dégrade, ils se pré- En dehors de l’atteinte rénale, les dépôts d’oxalate se forment
cipitent ensuite dans d’autres organes (les os, la rétine, le au niveau des yeux avec risque de cécité, et au niveau des
cœur, les vaisseaux, etc.). Il existe plusieurs types d’hyper- vaisseaux et du cœur, entraı̂nant des problèmes vasculaires
oxalurie primaire : le type I, de loin le plus fréquent (80 %) est divers. Le diagnostic est basé sur l’anamnèse familiale, le
dû à un déficit enzymatique de l’alanine glyoxalate amino- dosage d’oxalate sanguin et urinaire, voire la biopsie hépa-
transférase. Le type II est secondaire à un déficit en glyoxylate tique. Étant donné que le pronostic est sombre et que l’hémo-
et en hydroxypyruvate réductase. Il existerait également un dialyse n’empêche pas les complications vasculaires, le
type III. Ces enzymes déficients sont d’origine hépatique. La meilleur traitement reste la double greffe foie-rein [55,56].
néphrocalcinose, présente précocement, se traduit par une Un diagnostic anténatal par analyse biologique moléculaire
hyperéchogénicité des pyramides, parfois très prononcée, et est possible et fiable. L’hyperoxalurie de type II, beaucoup plus
une calcification du rein qui peut être massive. Les images rare, est davantage observée en Asie. La néphrocalcinose est
sont frappantes et pathologiques très tôt dans la vie. Le moins fréquente et l’atteinte rénale moins prononcée que
développement de calculs s’observe dans tout l’axe urinaire dans le type I [57,58].
Figure 18. Oxalurie primaire. Néphrocalcinose sur oxalurie (A) bien prononcée chez un garçon de 5 mois avec une histoire familiale connue de la maladie.
Chez la sœur, les premières échographies ont été faites à l’âge de 7 ans. On objective une perte de la différenciation et une hyperéchogénicité diffuse du
parenchyme (B) et également la présence de lithiases (C). Fillette de 15 mois en insuffisance rénale terminale sur oxalurie type I avec déjà des dépôts
d’oxalate aux niveaux osseux, cardiaque et rétinien. Sur la radiographie de la main (D), lésions osseuses d’hyperparathyroı̈die secondaire avec
trabéculation osseuse à larges mailles. Les reins, à l’échographie (E), sont totalement calcifiés avec cône d’ombre massif (flèche).
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Hyperoxalurie secondaire calcium dans le rein et sont plus performantes que la réalisa-
tion d’un abdomen sans préparation.
L’hyperoxalurie secondaire ou hyperoxalurie entérique est
Chez l’adulte, une plage échogène peut correspondre à la
due à une augmentation de l’absorption intestinale d’oxalate
graisse hilaire, un angiomyolipome, un hémangiome, un
exogène, chez des patients souffrant de malabsorption, que
oncocytome, un infarctus ou encore un foyer de pyélonéph-
ce soit dans le cadre d’une pancréatite chronique ou d’une
rite.
affection de l’intestin grêle (maladie métabolique telle la
Chez l’enfant, une série d’affection se manifeste par une
mucoviscidose, maladie inflammatoire telle la maladie de
altération de l’échostructure rénale similaire, mais sans dépôt
Crohn (Fig. 7), ou après résection étendue du grêle) [59].
de calcium.
Les acides gras (stéatorrhée) dans la lumière intestinale for-
Nous citerons tout d’abord la tubulopathie aiguë transitoire
ment des complexes insolubles avec le calcium, de sorte que
néonatale qui consiste en dépôts intratubulaires de la pro-
celui-ci ne se lie pas à l’oxalate exogène, qui reste libre et est
téine de Tamm-Horsfall (Fig. 19). Cette protéine est excrétée
ainsi absorbé en plus grande quantité. La présence de sels
physiologiquement par les nouveau-nés et, secondairement,
biliaires dans le côlon, caractéristique du syndrome de malab-
lors de l’insuffisance rénale transitoire et de la déshydratation
sorption, favorise également l’absorption de l’oxalate exo-
qu’ils présentent à la naissance, elle se précipite dans les
gène, en augmentant la perméabilité intestinale. Chez les
tubules. L’hyperéchogénicité des pyramides est irrégulière ou
patients avec une mucoviscidose, on a constaté une absence,
globale et disparaı̂t rapidement en quelques jours après
dans la flore intestinale, de la bactérie Oxalobacter formige-
hydratation. Il est également possible d’observer des dépôts
nes, qui dégrade l’oxalate. Il s’ensuit une augmentation de la
de matériel échogène dans la vessie.
réabsorption d’oxalate exogène. L’hyperoxalurie secondaire
Ensuite, d’autres maladies peuvent être évoquées comme
accroı̂t fortement l’incidence de calculs rénaux (plus de 10 %
certaines infections, notamment à candida albicans (dépôts
chez ces patients), mais une néphrocalcinose est rare.
de mycélium), les reflux vésico-urétéraux, la polykystose
récessive ou encore la drépanocytose. Dans ce dernier exem-
Néphrocalcinose d’autres origines ple, la congestion vasculaire de la papille, stade précurseur
d’une nécrose papillaire, se manifeste par une hyperéchogé-
Toute nécrose corticale, thrombose de la veine rénale ou nicité. À noter que des calcifications peuvent également être
nécrose papillaire, peut se calcifier secondairement, donnant vues dans les stades plus avancés de nécrose papillaire d’autre
des images linéaires échogènes. Les nécroses corticales, le origine, en particulier en cas d’abus analgésiques [60]. Dans la
plus souvent bilatérales, apparaissent dans le cadre d’une polykystose autosomale récessive, les microkystes, créant une
insuffisance rénale aiguë après par exemple un choc hypo- augmentation des interfaces échographiques, simulent une
volémique ou septique (méningococcémie, syndrome hyperéchogénicité similaire à une néphrocalcinose, mais les
d’hémolyse-urémie), entraı̂nant une ischémie du cortex rénal. reins sont agrandis, l’atteinte est symétrique et il existe un
Les reins sont hyperéchogènes, agrandis, et des calcifications contexte familial, voire un diagnostic anténatal. Dans les
linéaires se forment dans les semaines qui suivent. reflux vésico-urétéraux intrarénaux, la stase d’urine dans
les canaux collecteurs donne aussi une hyperéchogénicité
médullaire à ne pas confondre avec une néphrocalcinose.
Diagnostic différentiel [(Figure_19)TD$IG]
La néphrocalcinose doit faire partie des diagnostics différen-
tiels des patients avec une maladie rénale chronique, une
hypercalcémie et pas ou peu de protéinurie. Le diagnostic est
fait le plus souvent fortuitement par l’imagerie réalisée pour
une indication sans relation avec une pathologie rénale par-
ticulière. La néphrocalcinose doit être différentiée, d’une part,
des autres causes d’hyperéchogénicité des pyramides et,
d’autre part, des calcifications isolées des voies excrétrices
du rein.
La néphrocalcinose se traduit habituellement par une hyper-
échogénicité des pyramides, mais toute hyperéchogénicité
des pyramides ou du rein ne signifie pas l’existence de dépôts
de calcium. Les néphrocalcinoses massives s’accompagnent
Figure 19. Nouveau-né de 2 jours avec protéinurie de Tamm-Horsfall. La
de cônes d’ombre, posant le diagnostic de certitude. En cas de
précipitation des protéines sous l’effet de la déshydratation provoque
doute sur la nature des images échogènes, quelques coupes une hyperéchogénicité des pyramides, les reins sont par ailleurs
de tomodensitométrie peuvent confirmer la présence de normaux.
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D’autres précipitations dans les tubules vont également la maladie initiale, mais une persistance de la néphrocalci-
entraı̂ner une hyperéchogénicité des pyramides, par exemple nose.
dans les glycogénoses, la maladie de Wilson ou le syndrome Il n’existe pas de traitement spécifique de la néphrocalcinose,
de Lesch-Nyhan (dépôts d’urates). car les dépôts calciques ne peuvent être ni dissous ni extraits
Les calcifications isolées que l’on peut observer au niveau des chirurgicalement. En revanche, la maladie en cause doit tou-
reins correspondent le plus souvent à des calculs. Une origine jours être soignée afin d’empêcher l’extension des calcifica-
infectieuse doit être recherchée, éventuellement tumorale, tions. Les traitements chirurgicaux ou médicamenteux visent à
kystique, voire vasculaire. Ces images doivent être identifiées modifier l’hypercalcémie, l’hypercalciurie et le pH urinaire. Le
et interprétées en tenant compte du contexte clinique du régime alimentaire doit aussi être adapté. Si la cause peut être
patient. Les calcifications peuvent aussi être vues dans les traitée, la néphrocalcinose se stabilise. Dans le cas contraire, les
tumeurs kystiques tant bénignes que malignes et ne repré- calcifications augmentent avec le risque du développement
sentent pas un élément différentiateur [61]. Dans les tumeurs d’une insuffisance rénale progressive secondaire à une néphrite
solides, leur présence doit faire suspecter une tumeur maligne interstitielle chronique et de l’apparition d’une hypertension
[62] telle qu’un carcinome rénal papillaire ou à cellules claires, artérielle. À l’imagerie, l’hyperéchogénicité des pyramides per-
une tumeur de Bellini ou un sarcome [63–65]. Ces calcifica- siste, même après régularisation des taux de calcium sanguin
tions sont généralement aisément reconnaissables en raison et urinaire. Toute hypercalcémie doit être surveillée biologi-
de la masse tumorale associée. quement avec des dosages sanguins réguliers et une limite des
apports de calcium et de vitamine D. Une échographie rénale
doit être réalisée régulièrement.
Évolution
Les néphrocalcinoses sont surveillées par échographie, elles Conclusion
augmentent dans environ 40 % des cas, restent stables dans
40 % et diminuent dans 20 %. En pédiatrie, les études La néphrocalcinose est une affection rare, souvent asympto-
longitudinales sont rares [6,7]. Dans l’étude d’Ammenti matique et découverte le plus souvent fortuitement lors d’un
qui exclut les néphrocalcinoses des prématurés, la majorité examen échographique chez l’enfant comme chez l’adulte
des patients suivis sur une période de 4 ans présente une (Tableau 1). La néphrocalcinose peut se développer sous toutes
stabilisation de la fonction rénale après prise en charge de les conditions avec hypercalcémie, hyperphosphatémie et
Tableau 1
Principales causes de néphrocalcinose.
Néphrocalcinose avec hypercalcémie et hypercalciurie Hyperparathyroı̈die
Hypophosphatémie
Sarcoı̈dose
Intoxication à la vitamine D
Syndrome de Williams
Nécrose graisseuse sous-cutanée
Hypercalcémie familiale
Immobilisation
Hypervitaminose A et D
Buveur de lait
Cancer avec métastases ostéolytiques
Syndromes paranéoplasiques
Néphrocalcinose avec calcémie normale et hypercalciurie Acidose tubulaire distale
Hypercalciurie idiopathique
Syndrome de Bartter
Hypomagnésémie
Cystinose
Gylocogénose
Tyrosynémie
Syndrome de Beckwith-Wiedemann
Médicaments : furosémide, dexaméthasone
Néphrocalcinose avec hyperoxalurie (calcium sanguin et Hyperoxalurie primaire et secondaire
urinaire N)
Néphrocalcinose d’autres origines Nécrose corticale ou papillaire
Thrombose de la veine rénale
19
FRAD-633; No of Pages 21
augmentation urinaire de calcium, de phosphate ou d’oxalate. [12] Tublin ME, Tessler FN, McCauley TR, Kesack CD. Effect of
hydration status on renal medulla attenuation on unenhanced
Une hypocitraturie peut contribuer aux dépôts de calcium
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phocalcique et de l’anamnèse familiale, une liste des étiolo- [15] Nakada SY, Hoff DG, Attai S, Heisey D, Blankenbaker D, Pozniak
gies peut être établie. Les causes les plus fréquentes sont M. Determination of stone composition by noncontrast spiral
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Si une inversion de la différenciation corticomédullaire à 816–9.
[16] Yeh BM, Shepherd JA, Wang ZJ, Teh HS, Hartman RP, Prevrhal S.
l’échographie évoque en premier lieu une néphrocalcinose,
Dual-energy and low-kVp CT in the abdomen. AJR Am J Roent-
de multiples diagnostics différentiels existent et doivent être genol 2009;193:47–54.
considérés selon le contexte clinique. Chez l’adulte, la TDM est [17] Vrtiska TJ, Takahashi N, Fletcher JG, Hartman RP, Yu L, Kawas-
utile pour objectiver avec plus de certitude une néphrocalci- hima A. Genitourinary applications of dual-energy CT. AJR Am J
nose si l’échographie est douteuse. L’IRM, qui a pourtant un Roentgenol 2010;194:1434–42.
rôle de plus en plus important dans l’imagerie rénale, n’a pas [18] Primak AN, Fletcher JG, Vrtiska TJ. Noninvasive differentiation
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