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INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
HEPATO-GASTRO-
ENTEROLOGIE
Pancréatite chronique
II-269
Dr Laure LAMARE
Interne des Hôpitaux de Paris
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Pancréatite chronique
Objectifs :
– Diagnostiquer une pancréatite chronique.
– Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du
patient.
A/ Introduction
1. Circonstances de diagnostic
● L’alcoolisme chronique est responsable de 70 à 90 % des PC en France :
– La consommation moyenne d’alcool au cours des PC alcooliques symptomatiques est d’en-
viron 150 g par jour.
– Les premiers signes (douleur, poussée aiguë de pancréatite) apparaissent après 10 à 15 ans
d’intoxication alcoolique chronique.
– L’âge de début, en moyenne de 40 ans, est lié à l’ancienneté et à l’importance de l’intoxica-
tion alcoolique.
– Il existe une nette prédominance masculine (9 hommes pour 1 femme en France).
● Le diagnostic de PC est facilement évoqué à l’interrogatoire sur les données suivantes :
– Terrain : homme jeune, alcoolisme chronique.
– Crises douloureuses récidivantes : sus-ombilicales intenses, transfixiantes, diminuées par
l’antéflexion et augmentées par les repas, les crises durent de plusieurs heures à plusieurs
jours, séparées par des intervalles de calme.
– Amaigrissement important.
● La PC peut également être révélée par :
– Une complication de la PC (voir plus loin).
– Rarement une insuffisance pancréatique exocrine ou un diabète.
– Un examen morphologique (ASP, écho, TDM).
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2. Signes fonctionnels
3. Examen clinique
● Il est souvent pauvre dans les pancréatites non compliquées.
● Il apprécie l’état nutritionnel : l’amaigrissement est constant en période douloureuse, lié
surtout à la peur alimentaire mais également à l’anorexie et parfois à la malabsorption, à un
diabète déséquilibré ou à une néoplasie associée.
● Il recherche :
– Une sensibilité à la palpation de l’épigastre.
– Une masse sus-ombilicale (pseudo-kyste).
– Des signes de cholestase (prurit, ictère), liés à une compression du cholédoque.
– Les autres complications de l’éthylisme chronique, notamment une hépatopathie alcoo-
lique associée.
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* Calcifications : la TDM est l’examen le plus sensible pour le dépistage des calcifications
pancréatiques.
* Dilatations du canal de Wirsung.
* Modifications de la structure du parenchyme (anomalies focales ou diffuses).
* Pseudokystes, ascite.
* Dilatation des voies biliaires.
* Vaisseaux adjacents : thrombose, HTP segmentaire.
– La TDM est l’examen non invasif le plus sensible pour le diagnostic de PC.
– L’échographie est performante pour la détection de la dilatation du Wirsung, des pseudo-
kystes, de la dilatation des voies biliaires et la thrombose de la veine splénique.
c) Échoendoscopie
– Elle permet souvent le diagnostic de PC et apprécie le retentissement local de la PC (com-
pression de la VBP, pseudo-kyste, dilatation du canal de Wirsung).
– Elle a un intérêt dans le diagnostic différentiel du cancer du pancréas.
C/Diagnostic différentiel
1. Autres causes de PC
● Hypercalcémie (hyperparathyroïdie).
● Pancréatite chronique tropicale (régions tropicales, liée à la malnutrition).
● Pancréatite héréditaire (autosomique dominante avec pénétrance variable) : rare, débute
généralement avant l’âge de 20 ans.
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3. Cancer du pancréas
● Les tumeurs (cancer du pancréas, ampullome vatérien) peuvent être responsables d’une pan-
créatite chronique obstructive (liée à l’obstacle sur le canal de Wirsung). Elles peuvent être
révélées par une pancréatite aiguë d’amont.
● Ce diagnostic est évoqué devant :
– Une lésion focale nodulaire.
– L’existence de métastases hépatiques.
– Une sténose complète du Wirsung.
● La confirmation histologique peut être nécessaire :
– Biopsie transcutanée sous écho ou TDM, voire ponction sous échoendoscopie (intérêt de la
voie échoendoscopique si la tumeur est résécable, car le trajet de ponction est réséqué avec
la tumeur).
– Une laparotomie peut être discutée.
D/ Évolution
3. Complications
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c) Insuffisance pancréatique
– Au-delà de dix ans d’évolution, douleurs, pseudo-kystes et compression biliaire diminuent
en fréquence ; les calcifications sont pratiquement constantes, et l’insuffisance pancréatique
exocrine et endocrine devient de plus en plus fréquente.
– Le diabète est insulinodépendant dans près d’un tiers des cas. Il peut être révélateur et
entraîner des complications dégénératives.
– L’insuffisance pancréatique exocrine est une complication tardive, qui survient parallèle-
ment aux troubles de la glycorégulation :
* Elle se manifeste par un syndrome de malabsorption avec selles grasses et amaigrisse-
ment ; elle est rarement révélatrice et n’apparaît que si plus de 90 % du parenchyme est
détruit.
* Si le diagnostic de PC n’est pas évident par ailleurs, le repas de Lundh est la meilleure
exploration pour rapporter une stéatorrhée au pancréas ; il montre un taux nul de lipase
intraduodénale.
e) Hémorragies digestives
– Elles peuvent être la conséquence :
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* De la rupture d’une varice œsophagienne par hypertension portale segmentaire, par com-
pression ou thrombose de la veine splénique.
* De la rupture d’un pseudo-kyste (pseudo-anévrisme).
– Il peut également s’agir d’une rupture de varices œsophagiennes en rapport avec une cir-
rhose alcoolique.
4. Mortalité
● La mortalité directement liée à la pathologie pancréatique est faible
● Il existe une surmortalité d’environ 30 % au cours des PC, mais les trois causes principales
de décès ne sont pas directement liées à l’affection pancréatique. Il s’agit des hépatopathies
alcooliques, des cancers (ORL, œsophagiens et bronchiques) et des décès postopératoires.
● La PC est directement responsable du décès dans moins d’un tiers des cas.
E/ Principes du traitement
1. Traitement médical
a) Sevrage alcoolique
– La suppression totale et définitive de toute boisson alcoolisée est essentielle ; elle permet
d’améliorer le syndrome douloureux dans environ la moitié des cas.
b) Régime alimentaire
– Le régime alimentaire tiendra compte de l’état nutritionnel, du degré de tolérance gluci-
dique et de l’importance du syndrome de malabsorption.
– Il faut assurer un apport calorique élevé, mais l’apport en graisse doit être limité.
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2. Traitement chirurgical
● Une intervention chirurgicale est indiquée dans les complications de la maladie et dans les
formes où le traitement médical ne permet pas de maîtriser les douleurs.
● Deux types d’intervention sont possibles :
a) Exérèses pancréatiques
– Duodénopancréatectomie céphalique (DPC).
– Splénopancréatectomie.
b) Interventions de dérivation
– Dérivation du canal de Wirsung dilaté : anastomose Wirsungo-gastrique ou jéjunale.
– Dérivation biliaire : anastomose cholédoco-duodénale ou jéjunale.
– Dérivation digestive : anastomose gastro-jéjunale.
– Dérivation d’un pseudo-kyste : anastomose kystoduodénale, gastrique ou jéjunale.
– Les interventions de dérivation doivent être préférées aux exérèses, dont les indications
doivent être réduites au minimum.
– Le développement du drainage radiologique ou endoscopique des pseudo-kystes a conduit
à une diminution des indications de la chirurgie. ■
POINTS FORTS
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