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B. Dussol
Centre de néphrologie et de transplantation rénale, hôpital de la Conception, 147, boulevard Baille, 13385 Marseille cedex 5,
France
KEYWORDS Summary The ANAES has defined four stages of chronic renal disease according to the pre-
Renal disease; sence of markers of kidney damage and to Cockcroft clearance (an estimate of endogeneous
Cockcroft; creatinine clearance). Renal insufficiency is defined by a Cockcroft clearance below 60 ml/min
Kidney Damage per 1.73 m2 . Renal insufficiency is moderate if Cockcroft clearance is between 59 and 30 ml/min,
markers; severe between 29 and 15 ml/min, and end stage below 15 ml/min. Recommendations for the
Renal insufficiency management of patients are given at each stage. The National Kidney Fundation has defined
five stages of chronic kidney disease introducing mild renal insufficiency if estimated glomerular
filtration rate is between 89 and 60 ml/min.
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Résumé L’Anaes a défini quatre stades de maladie rénale chronique en fonction de la présence
MOTS CLÉS de marqueurs d’atteinte rénale et de la clairance de Cockcroft (estimation de la clairance de la
Maladie rénale ; créatinine endogène). L’insuffisance rénale est définie par une clairance de Cockcroft inférieure
Cockcroft ; à 60 mL/min par 1,73 m2 . L’insuffisance rénale est modérée entre 59 et 30 mL/min, sévère entre
Marqueurs d’atteinte 29 et 15 mL/min et terminale en dessous de 15 mL/min. À chaque stade correspondent des
rénale ; recommandations pour la prise en charge. La National Kidney Fundation a défini cinq stades de
Insuffisance rénale maladie rénale chronique introduisant la notion d’insuffisance rénale minime pour un débit de
filtration glomérulaire estimé entre 89 et 60 mL/min.
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0923-2532/$ – see front matter © 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.immbio.2010.12.003
56 B. Dussol
Tableau 1 Recommandations pour la prise en charge diagnostique et thérapeutique à chaque stade de l’insuffisance rénale
chronique selon l’Anaes.
les reins épurent 120 mL de déchets azotés (urée, créatinine 1,73 m2 . Bien qu’il existe de nombreux moyens pour évaluer
et acide urique) du sérum. L’insuffisance rénale chronique la fonction rénale, il est difficile de déterminer avec pré-
(IRC) est définie par une diminution permanente du DFG. cision le DFG. Les moyens pour évaluer la fonction rénale
En France, l’Anaes définit l’IRC comme un DFG inférieur à sont :
60 mL/min par 1,73 m2 [1] (Tableau 1). Une IRC correspond
donc à la perte d’au moins la moitié des néphrons. L’IRC est • les dosages sanguins de molécules éliminées par les reins :
à différentier de la maladie rénale chronique au cours de urée, créatinine, cystatine C ou 2 microglobuline ;
laquelle le DFG est supérieur à 60 mL/min par 1,73 m2 mais • la mesure de la clairance de la créatinine endogène ;
en présence de marqueurs d’atteinte rénale. • les formules qui permettent d’estimer la clairance de
L’IRC est toujours secondaire à une maladie rénale qui a la créatinine endogène (formule de Cockcroft) [3] ou le
affecté un des quatre secteurs du parenchyme rénal : glo- DFG (formules Modified Diet in Renal Diseases [MDRD]
mérules, tubes, interstitium ou vaisseaux. et Chronic Kidney Diseases Epidemiology Collaboration
L’IRC s’oppose à l’insuffisance rénale aiguë au cours de [CKD-EPI]) [4,5] ;
laquelle la diminution du DFG est transitoire (moins de trois • les mesures de clairances isotopiques ou non isotopiques
mois) et dans la grande majorité des cas réversible. (inuline).
Aux États-Unis, la terminologie est différente et
plus complexe. La National Kidney Fundation ne parle
Aucun de ces moyens n’est parfait en termes de préci-
d’insuffisance rénale que pour un DFG inférieur à 15 mL/min
sion, de facilité d’accès ou de rapport coût/utilité.
par 1,73 m2 [2]. Au dessus de cette valeur, les Américains
Le plus souvent, les cliniciens se basent sur :
parlent de lésions rénales (kidney damage) lorsqu’il existe
des signes de lésions rénales quelque soit le DFG. La mala-
die rénale chronique est définie par un DFG inférieur à • le dosage de la créatinine sérique ;
60 mL/min par 1,73 m2 (Tableau 2). • les formules de Cockcroft [3], MDRD [4] ou CKD-EPI [5] qui
permettent une meilleure évaluation du DFG à partir de
la créatinine sérique.
Comment faire le diagnostic de l’insuffisance
rénale chronique ? La créatinine sérique a comme principal inconvénient de
ne pas faire le diagnostic de l’insuffisance rénale débutante.
Pour faire le diagnostic d’IRC, il faut mettre en évidence une En effet, une diminution du DFG de 120 à 60 mL/min par
diminution permanente du DFG en dessous de 60 mL/min par 1,73 m2 ne s’accompagne pas d’une élévation de la créati-
Stades de l’insuffisance rénale chronique: recommandations 57
Tableau 2 Les cinq stades de maladie rénale chronique selon la classification américaine de la National Kidney Fundation.
Stade 1 Stade 3
Au stade 1, le point le plus important est le diagnostic Au stade 3, l’ensemble des interventions recommandées
de la maladie rénale chronique. Parfois, le diagnostic est au stade 2 reste valide. Il faut y ajouter, compte tenu du
évident. C’est le cas par exemple du malade diabétique caractère sévère de l’insuffisance rénale, l’information et
de type 1 qui présente une microalbuminurie après 20 ans la préparation au traitement de suppléance si celui-ci est
d’évolution de diabète : il ne peut s’agir que d’une glomé- envisagé en cas d’évolution vers le stade 4. L’information
rulosclérose diabétique au stade de néphropathie incipiens. est donnée par le néphrologue sur les différentes modali-
Parfois, le diagnostic va nécessiter des explorations biolo- tés du traitement de suppléance : dialyse ou transplantation
giques, radiologiques ou histologiques. L’Anaes recommande rénale. La dialyse se décline elle-même en deux modalités :
de demander un avis néphrologique chez tout malade ayant hémodialyse avec nécessité de mettre en place un abord vas-
une maladie rénale chronique. culaire ou dialyse péritonéale avec nécessité de mettre en
Évidemment, si la maladie rénale chronique peut béné- place un cathéter péritonéal. La transplantation rénale qui
ficier d’un traitement étiologique, ce traitement doit être nécessite un bilan somatique complet se décline elle-même
proposé. Au stade 1, en fonction du type de maladie rénale en deux modalités : transplantation avec un rein de cadavre
chronique surtout si elle peut laisser des séquelles paren- ou avec un rein d’un donneur vivant apparenté comme
chymateuses ou si le traitement ne peut pas l’éradiquer l’autorise les lois de Bioéthique. Une infirmière connais-
complètement, il faudra déjà mettre en place le traite- sant les modalités du traitement de suppléance est souvent
ment conservateur (Tableau 4) [6]. Dès ce stade, il est par d’une aide précieuse pour conseiller le malade et son
ailleurs recommandé de prendre en charge les facteurs de entourage.
risque cardiovasculaires et d’éviter les produits et médica-
ments néphrotoxiques. Il faut rappeler que l’IRC est un des
plus puissants facteurs de risque cardiovasculaires [7]. De Stade 4
même, la microalbuminurie [8] et la protéinurie [9] sont des
facteurs de risque cardiovasculaires. L’évolution vers le stade 4 signe l’échec des traitements
recommandés aux stades précédents. Le traitement de sup-
pléance est débuté dès que le DFG est inférieur à 5 mL/min
Stade 2 par 1,73 m2 en l’absence de signes clinique d’urémie ou infé-
rieur à 10 mL/min par 1,73 m2 s’il existe des signes d’urémie
Au stade 2, l’ensemble des interventions recommandées [1]. Chez le malade diabétique, le traitement de suppléance
au stade 1 reste valide. Il faut y ajouter des interventions est parfois commencé dès 15 mL/min par 1,73 m2 .
justifiées par les conséquences de l’insuffisance rénale : Chez certains patients et toujours avec leur accord ou
traitement de l’anémie, des troubles phosphocalciques, de celui de leur entourage, il ne sera pas proposé un traite-
l’acidose et de l’hyperkaliémie. ment de suppléance mais une prise en charge palliative.
Il faut penser à préserver le capital veineux en veillant à Cette situation assez rare concerne les malades ayant un
ce que le patient soit prélevé si possible dans les veines cancer évolué avec une espérance de vie courte, les sujets
du dos de la main ou au minimum en préservant un des déments ou ayant une affection psychiatrique rendant le
deux membres supérieurs. Enfin, compte tenu du risque traitement par dialyse dangereux et de façon générale, tous
élevé d’infection par le virus de l’hépatite B au cours de les malades pour lesquels la balance bénéfice risque d’un
l’insuffisance rénale, la vaccination est recommandée avec traitement par dialyse est défavorable (cachexie, mala-
contrôle du titre des anticorps spécifiques pour s’assurer dies chroniques très évoluées sans espoir thérapeutique
d’une protection efficace contre le virus [10]. etc. . .).
Conflit d’intérêt [5] Levey AS, Stevens LA, Schmid CH, et al. A new equa-
tion to estimate glomerular filtration rate. Ann Intern Med
2009;150:604—12.
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt concernant
[6] Zandi-Nejad K, Brenner BM. Strategies to retard the pro-
cet article. gression of chronic kidney disease. Med Clin North Am
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