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Physiopathologie de l'insuffisance rénale chronique chez les carnivores


domestiques : les différentes théories

Article · January 2003

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Nathalie Priymenko
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ARTICLE ORIGINAL

Physiopathologie de l’insuffisance rénale


chronique chez les carnivores domestiques :
les différentes théories
° E. FONTAINE-VERDIER et °° N. PRIYMENKO

° Secteur Vétérinaire Interarmées de Brest, B.P. 41, F-29240 Brest Armées


°° École Nationale Vétérinaire de Toulouse, Unité d’Alimentation, 23 chemin des Capelles, F-31076 Toulouse Cedex

RÉSUMÉ SUMMARY

L’insuffisance rénale chronique (IRC) est une affection fréquente chez les Pathophysiology of chronic renal failure in domestic carnivores : the
carnivores domestiques. Elle se caractérise par une incapacité des reins à different theories. By E. FONTAINE-VERDIER and N. PRIYMENKO.
réaliser normalement leurs fonctions. Elle est le résultat d’une grande varié-
té de maladies qui conduisent, progressivement, à la destruction de plus des Chronic renal failure (CRF) is a common illness in domestic carnivores.
3/4 de la masse rénale fonctionnelle. It is characterized by the fact that the kidneys are unable to perform their
Les études expérimentales de réduction néphronique révèlent, chez les normal functions. It results from a wide range of diseases, and leads pro-
rats, les chiens et les chats, l’existence d’adaptations rénales fonctionnelles gressively to the destruction of more than 3/4 of the functional renal mass.
et structurales : hyperfiltration glomérulaire, hypertension glomérulaire, Experimental studies of partial nephrectomy in rats, dogs and cats, reveal
hyperperfusion glomérulaire et hypertrophie glomérulaire. the existence of functional and structural renal adaptations : glomerular
Ces adaptations ont permis de construire successivement différentes hyperfiltration, hypertension, hyperperfusion and hypertrophy.
théories : théorie du phénomène de «magnification» puis théorie «d’hyper- These adaptations allowed to build up successively different theories :
filtration», enfin théorie des «forces opposées». Toutes tiennent compte de «magnification phenomenon» theory, then «hyperfiltration» theory, finally
ces adaptations mais divergent quant à l’interprétation de leur rôle dans la «opposing processes» theory. All these theories take these modifications
progression de l’IRC. into account but differ on how to explain their part in CRF progression.

MOTS-CLÉS : insuffisance rénale - chien - chat - hyper- KEY-WORDS : renal failure - dog - cat - hypertrophy -
trophie -hypertension. hypertension.

1. Introduction nécessaire de comprendre la physiopathologie de cette affec-


tion, avant de pouvoir envisager un traitement.
Les travaux réalisés récemment ont permis de comprendre,
L’insuffisance rénale chronique (IRC) est l’affection rénale d’abord chez les rongeurs puis chez le chat et le chien, les
la plus fréquente chez le chat et le chien. Elle représente, en mécanismes mis en jeu dans la progression de l’IRC. Ces
effet, une des trois causes majeures de mortalité dans ces études devraient permettre, à terme, la mise en place de thé-
espèces. Elle est définie comme une perte progressive des rapies précoces et effectives.
fonctions rénales endocrines, métaboliques et d’homéostasie. Dans cette synthèse bibliographique, nous expliquerons les
Elle a toujours pour origine une néphropathie qui évolue, adaptations rénales observées lors des expériences de réduc-
quel que soit le traitement, jusqu’au stade ultime du syn- tion néphronique. Puis, à partir de ces observations, nous pré-
drome urémique et de la mort de l’animal. En raison de la senterons les différentes théories qui ont été proposées pour
forte prévalence de cette affection qui, à son stade terminal, expliquer les mécanismes physiopathologiques mis en jeu au
est associée à une morbidité et une mortalité élevées, il est- cours de l’évolution de l’IRC chez les carnivores.

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2. Les adaptations rénales glomérulaire : on parle d’hyperfiltration. Ce phénomène


résulte, en partie, d’une augmentation du débit plasmatique
observées à la suite d’une rénal (DPR) [9, 44]. Il est également associé à une hyperten-
réduction néphronique expéri- sion glomérulaire [25, 33].

mentale Ces phénomènes ont été étudiés chez le rat Wistar qui
possède des néphrons sous-capsulaires, donc facilement
Pour comprendre les mécanismes physiopathologiques accessibles à l’exploration. Des études par microponction
impliqués lors d’IRC, de nombreuses expérimentations per- ont montré que le taux de filtration glomérulaire individuel
mettant de réduire la masse rénale fonctionnelle ont été (TFGi) ainsi que le débit plasmatique rénal individuel
conduites dans différentes espèces, et en particulier chez le (DPRi) de chaque néphron encore fonctionnel augmen-
rat. Certains modèles de réduction néphronique ont été réali- taient à la suite d’une néphrectomie unilatérale (Figure 1)
sés par une néphrectomie unilatérale [25, 44]. D’autres [25, 33].
modèles ont consisté à associer une néphrectomie unilatérale
à une ligature d’une ou plusieurs artères collatérales de l’ar-
tère rénale du rein restant en place [33]. Ces différents
B) LES ADAPTATIONS STRUCTURALES
modèles présentent l’avantage de pouvoir étudier l’évolution
La réduction néphronique s’accompagne aussi de modifi-
de l’IRC en évitant les conséquences éventuelles de l’affec-
cations structurales. En effet, après une néphrectomie unila-
tion rénale primaire. Ainsi, les facteurs intrinsèques rénaux,
térale, le poids et la taille du rein controlatéral augmentent :
impliqués dans la progression de l’IRC, peuvent être identi-
cela correspond à une hypertrophie rénale [25, 44]. Il n’y a
fiés.
pas formation de nouveaux néphrons, la capacité à générer de
Les études expérimentales de réduction néphronique ont nouveaux néphrons étant perdue avant ou juste après la nais-
révélé qu’il existe des adaptations fonctionnelles et structu- sance. Cette hypertrophie précède l’hyperfiltration gloméru-
rales à la perte de tissu fonctionnel. laire [44].

A) LES ADAPTATIONS FONCTIONNELLES Des études morphologiques ont montré que la masse rénale
résiduelle est remaniée : par rapport à la structure normale
Des expériences de réduction néphronique, réalisées chez d’une cellule épithéliale, appelée podocyte (Figure 2), on
le rat, ont montré que les néphrons de la masse rénale rési- observe lors d’IRC une fusion des pédicelles et une expan-
duelle étaient capables d’augmenter leur capacité de filtration sion mésangiale [8, 33, 38].

FIGURE 1. — Représentation schématique des forces intervenant dans la filtration glomérulaire.


Le taux de filtration glomérulaire (TFG) est le volume de plasma transitant dans les glomérules par unité de
temps (environ 4 mL/min/kg, chez le chien). Il correspond à la somme de tous les taux de filtration glomérulaire
de chaque néphron TFGi.
Le TFGi est caractérisé par l’équation suivante :
TFGi = Kf x Pf
avec Kf, le coefficient d’ultrafiltration capillaire qui dépend de la surface de filtration du glomérule et de sa poro-
sité ; Pf, la pression de filtration.
Or la pression de filtration (Pf) le long du capillaire glomérulaire se calcule par :
Pf = Pcg - Pt- πgc
avec Pcg, la pression hydrostatique capillaire qui dépend du débit plasmatique rénal (DPR) et des résistances
artériolaires ; Pt, la pression hydrostatique dans la capsule de Bowman ; πcg, la pression oncotique capillaire.

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PHYSIOPATHOLOGIE DE L’INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE CHEZ LES CARNIVORES DOMESTIQUES 19

réponse excrétrice de façon inversement proportionnelle au


nombre de néphrons sains. Cette adaptation a été qualifiée de
«phénomène de magnification» [11]. Les néphrons qui ne
sont pas lésés permettraient ainsi de préserver l’excrétion
d’eau et de nutriments dans les phases précoces de l’IRC.
L’hyperfiltration glomérulaire des néphrons sains permettrait
de minimiser la réduction du taux de filtration glomérulaire
(TFG) et de compenser la perte fonctionnelle liée à la réduc-
tion néphronique [33]. Dans cette théorie, l’hypertrophie
rénale qui précède l’hyperfiltration glomérulaire est interpré-
tée comme un phénomène compensateur [44].
Ainsi, avant les années 1980, les modifications fonction-
nelles (hyperfiltration et hypertension glomérulaires) et
structurales (hypertrophie rénale) consécutives à la réduction
néphronique sont considérées comme des adaptations béné-
fiques permettant de compenser la perte rénale fonctionnelle.

B) LA THEORIE DE «L’HYPERFILTRATION»
Fentes de filtration
Dans les années 1980, l’interprétation des modifications
fonctionnelles et structurales dans la progression de l’IRC est
remise en cause par une nouvelle théorie, dite de «l’hyperfil-
FIGURE 2. — Schéma de la structure normale d’une cellule épithéliale viscé- tration».
rale (podocyte) recouvrant un capillaire glomérulaire (CG) chez les car-
nivores domestiques (d’après [38]). Selon cette théorie, l’hyperfiltration et l’hypertrophie
Les podocytes sont des cellules hautement différenciées, indivisibles, rénales sont considérées, à long terme, comme délétères. En
situées sur le versant externe de la membrane basale glomérulaire. Les
podocytes jouent un rôle essentiel dans le maintien de l’architecture tri- effet, si elles peuvent conduire, en début d’évolution de
dimensionnelle du glomérule, car ils émettent des prolongements pédicu- l’IRC, à améliorer à court terme la fonction rénale, elles
lés, appelés pieds ou pédicelles [primaires (P), secondaires (S) et tertiaires deviennent rapidement des facteurs aggravants. A partir d’un
(T)] qui s’étendent depuis le corps cellulaire (CC) jusqu’à la membrane
basale glomérulaire. Les espaces délimités par les prolongements sont certain seuil de réduction néphronique, appelé le seuil cri-
appelés fentes de filtration. Lors d’IRC, la diminution de la densité des tique, ces phénomènes compensatoires sont mal supportés
podocytes est responsable d’un étirement des «pieds» et de la dénudation par le rein et contribuent directement aux lésions rénales de
focale de la membrane basale glomérulaire.
sclérose glomérulaire [8, 33] (Figure 3). Trois stades de
l’IRC sont ainsi définis (Figure 4) :
- au stade I, l’affection rénale primaire est présente mais la
3. Les différentes théories expli- diminution de la quantité de néphrons fonctionnels est par-
tiellement masquée par l’augmentation temporaire du TFGi
quant le rôle de ces «adapta- des néphrons intacts, ce qui a tendance à stabiliser le TFG
tions» dans l’évolution de l’IRC. global.
- au stade II, l’hyperfiltration et l’hypertrophie gloméru-
Depuis cinquante ans, différentes théories ont été propo- laires des néphrons encore fonctionnels provoquent des
sées pour expliquer les mécanismes de progression de l’IRC lésions de sclérose glomérulaire et le TFG global diminue
chez les mammifères. Toutes reconnaissent l’existence des progressivement.
adaptations fonctionnelles et structurales décrites précédem- - au stade III, le syndrome urémique apparaît. Les toxines
ment, mais divergent quant à l’interprétation de leur rôle dans urémiques et les facteurs pré-rénaux engendrent des varia-
l’évolution de l’IRC. tions erratiques du TFG global.
Cette théorie, proposée à partir d’études de réduction
A) LA THEORIE DU PHENOMENE DE «MAGNIFICA- néphronique réalisées chez le rat Wistar [8, 25, 33], permet
TION» d’expliquer les modifications observées après une réduction
néphronique dans cette espèce, à savoir (i) une augmentation
Une des premières théories, dite du «néphron sain», a été de la filtration glomérulaire (hyperfiltration glomérulaire),
tout d’abord proposée dans les années 1970, par BRICKER (ii) une augmentation de la pression hydrostatique capillaire
et ses collaborateurs [10]. Selon cette théorie, tout néphron glomérulaire à l’origine d’une hypertension glomérulaire,
lésé au niveau glomérulaire ou au niveau tubulaire devient (iii) une augmentation du débit plasmatique perfusant les
inactif. La fonction rénale résiduelle résulte de l’activité des capillaires glomérulaires (hyperperfusion glomérulaire) et
néphrons demeurés intacts. Il a été proposé, à partir de cette (iv) une diminution de la résistance vasculaire rénale (vaso-
théorie, que chaque néphron, demeuré sain, augmentait sa dilatation rénale).

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FIGURE 3. — Représentation schématique de la théorie de l’hyperfiltration.

FIGURE 4. — Schéma représentant les facteurs de progression de l’affection rénale chronique à l’origine
d’une baisse du taux de filtration glomérulaire (TFG), en fonction du temps (d’après [14]).
Lors d’une affection rénale chronique, différents facteurs engendrent des baisses progressives du TFG,
à chaque stade du processus de l’affection. Au stade I, l’affection rénale primaire est responsable de
chutes du TFG mais la diminution de la quantité de néphrons fonctionnels est masquée par l’augmenta-
tion du TFGi des néphrons intacts, ce qui tend à stabiliser le TFG. Au stade II, à partir d’un point cri-
tique (matérialisé par l’étoile), les adaptations rénales (hypertrophie et hypertension glomérulaires)
secondaires à la perte rénale initiale, diminuent davantage la masse rénale fonctionnelle et contribuent
aux décroissances spontanées du TFG (théorie de «l’hyperfiltration»). Au stade III, les signes cliniques
attribuables aux toxines urémiques se développent et s’associent aux facteurs pré-rénaux (par exemple,
la déshydratation) qui engendrent des variations erratiques du TFG.

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Selon cette théorie, toutes les modifications hémodyna- sanguin cortical en ajustant le tonus des artérioles préglomé-
miques observées sont liées. En effet, la diminution du rulaires (Figure 5) [26, 42]. Lors d’IRC, ce système d’autoré-
nombre de néphrons fonctionnels entraîne une diminution de gulation vasculaire rénale est perturbé : la dilatation de l’ar-
la résistance vasculaire rénale (vasodilatation). Cette vasodi- tériole afférente consécutive à la réduction néphronique favo-
latation rénale est associée à une augmentation du débit per- rise la transmission des hautes pressions aux capillaires glo-
fusant le capillaire glomérulaire et à une augmentation de la mérulaires et l’apparition de lésions hypertensives artérielles,
pression glomérulaire, toutes deux responsables d’une aug- artériolaires et glomérulaires [5, 33]. Lors d’IRC, ces modifi-
mentation de la filtration glomérulaire. Cette hyperfiltration cations hémodynamiques sont à l’origine d’une destruction
est très probablement responsable de l’apparition des lésions progressive des néphrons résiduels par sclérose. Ces hypo-
de glomérulosclérose associées à la réduction néphronique. thèses expliquent d’autres résultats obtenus, à savoir que la
D’autres arguments ont permis d’étayer cette théorie. Il a restriction protéique et les traitements anti-hypertenseurs
été montré, chez le rat, qu’une restriction protéique ou qu’un permettent d’améliorer la capacité d’autorégulation rénale et
traitement avec des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de de diminuer ainsi l’apparition des lésions glomérulaires, chez
l’angiotensine (IECA), en diminuant la pression gloméru- le rat [5].
laire, permet d’éviter l’apparition du phénomène d’hyperfil- L’hypertrophie glomérulaire semble contribuer également
tration et, par conséquent, limite la sclérose glomérulaire [3, aux lésions de sclérose glomérulaire, car elle s’accompagne
8, 33]. d’une altération de la structure des podocytes et d’une dimi-
Enfin, les études de réduction néphronique suggèrent éga- nution de leur densité [8, 33]. Après réduction néphronique,
lement que l’hypertension artérielle systémique puisse aussi le glomérule augmente de volume mais les podocytes ne peu-
contribuer à l’évolution des lésions rénales. En effet, chez le vent pas accompagner cette croissance puisqu’ils sont inca-
rat sain, une hypertension systémique n’entraîne pas une pables de se diviser. La diminution progressive de la densité
hypertension glomérulaire, puisqu’il existe chez l’animal des podocytes est responsable de la dénudation focale de la
sain un mécanisme rénal d’autorégulation vasculaire qui crée membrane basale [33]. Ces lésions associées à l’hyperfiltra-
une vasoconstriction préglomérulaire protégeant les capil- tion altèrent alors la perméabilité sélective de la membrane
laires glomérulaires de barotrauma en réponse à une hyper- basale glomérulaire aux macromolécules, en particulier aux
tension. Ce mécanisme limite les effets des changements de protéines [36]. Elles sont responsables de l’apparition d’une
la pression sanguine systémique sur le DRP, le TFG et le flux protéinurie [8, 33].

FIGURE 5. — Le phénomène d’autorégulation vasculaire au niveau du rein (d’après [26]).


Chez l’individu sain, l’absence de modification nette du TFG et du débit sanguin rénal pour les plages de valeurs de
la pression artérielle moyenne allant d’environ 80 à 180 mmHg correspond au phénomène dit «d’autorégulation cir-
culatoire du rein». Elle dépend très largement des modifications adaptées des résistances rénales pré et post-glomé-
rulaires. Au cours de l’insuffisance rénale chronique, la capacité d’autorégulation circulatoire du rein serait altérée
et pourrait favoriser la transmission des hautes pressions aux capillaires glomérulaires et l’apparition de lésions
rénales hypertensives.

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A son tour, la protéinurie favorise l’apparition de lésions de de la masse rénale fonctionnelle [6, 18, 29, 30]. Les études de
glomérulosclérose [34]. Le flux de protéines à travers la réduction néphronique [1, 43] et les affections rénales spon-
membrane basale engendre des lésions cellulaires, une proli- tanées [27] décrites chez le chat ont été peu nombreuses,
fération mésangiale et une augmentation de la matrice mais leurs résultats ont été similaires à ceux obtenus dans
mésangiale. De plus, des protéines sont réabsorbées au l’espèce canine.
niveau tubulaire proximal par différents processus d’endocy-
tose et certaines s’accumulent dans des lysosomes. Cette sur- Une autre théorie (dite des «forces opposées») a donc été
charge protéique est responsable de lésions cellulaires tubu- proposée pour expliquer la stabilité apparente de la fonction
laires par rupture des lysosomes, à l’origine d’une réaction rénale malgré la présence de lésions rénales, secondaires à la
inflammatoire locale qui facilite la migration de cellules réduction néphronique, chez les carnivores domestiques [13,
ayant la capacité de synthétiser des substances stimulant la 19].
prolifération des fibroblastes et le dépôt de matrice extra-cel-
lulaire comme le facteur de croissance plaquettaire et le fac- C) THEORIE DES «FORCES OPPOSEES»
teur de croissance β. L’ensemble de ces phénomènes est res-
ponsable d’une fibrose interstitielle. La protéinurie apparaît Selon la théorie des «forces opposées», l’hyperfiltration et
donc comme un facteur de progression des lésions rénales. l’hypertrophie rénales ne sont pas toujours considérées
comme des adaptations qui risquent d’avoir un effet délétère
En résumé, cette théorie de «l’hyperfiltration», formulée à
(Figure 6). Elles auraient un rôle mixte dans l’évolution de
partir d’études menées chez des rongeurs, permet d’expliquer
l’affection rénale chez les chiens et les chats : elles peuvent
la détérioration progressive du TFG observée lors de néphro-
avoir pour effet soit d’augmenter la filtration rénale donc le
pathies spontanées, même après traitement de la cause pri-
TFG, soit de favoriser l’auto-entretien des lésions de glomé-
maire de l’affection rénale. Ce déclin fonctionnel s’observe
rulosclérose et donc de diminuer, dans un second temps, le
également lors réduction néphronique expérimentale. Aussi,
TFG. Ces deux effets s’opposent ou s’équilibrent et ainsi,
la progression de l’IRC semble se produire indépendamment
selon les circonstances, peuvent améliorer la fonction rénale,
de la cause de départ et se poursuivre même si cette cause dis-
la stabiliser ou l’aggraver.
paraît [8, 33]. Cette théorie permet de comprendre la pré-
sence constante de lésions de glomérulosclérose observées au Pour étudier les hypothèses présentées dans la théorie des
niveau des néphrons résiduels lors d’affections rénales avan- «forces opposées», de nombreuses expériences de réduction
cées [33]. De plus, elle propose un lien de cause à effet entre néphronique ont été réalisées chez le chien [20, 35] et le chat
les éléments structuraux (hypertrophie et sclérose gloméru- [15]. Ces études montrent que les adaptations fonctionnelles
laires) et les modifications fonctionnelles (hypertension et (hyperfiltration rénale) et structurales (hypertrophie rénale) à
hyperfiltration glomérulaires) rencontrés lors d’une diminu- une réduction néphronique expérimentale existent dans ces
tion de la masse rénale fonctionnelle : deux espèces, mais sans avoir les mêmes conséquences sur
l’évolution des fonctions et des lésions rénales, que chez les
- les modifications hémodynamiques et structurales
rongeurs. En effet, même si on observe à la suite d’une réduc-
conduisent à des lésions de glomérulosclérose qui viennent
tion néphrotique, chez les carnivores comme chez les ron-
s’ajouter aux lésions initiales et participent ainsi au dysfonc-
geurs, une augmentation de la pression glomérulaire, une
tionnement rénal progressif,
hyperfiltration glomérulaire et une hypertension artérielle
- ces changements semblent directement proportionnels au systémique, les modalités donc les conséquences de ces phé-
degré de réduction néphronique : plus la perte de masse nomènes semblent être très différentes, en fonction de l’es-
rénale fonctionnelle est importante, plus les modifications pèce considérée.
hémodynamiques sont importantes et précoces [33].
Chez le chien [20] et le chat [15], l’augmentation de la
Néanmoins, cette théorie de «l’hyperfiltration» a été énon- pression glomérulaire, après réduction néphronique, semble
cée à partir de résultats d’études menées chez les rongeurs. favoriser l’apparition de lésions de sclérose glomérulaire. En
Les chercheurs ont ensuite tenté de transposer cette théorie effet, les IECA permettent de stabiliser la pression des capil-
chez les carnivores domestiques. Cependant, les résultats laires glomérulaires et de limiter les lésions de glomérulo-
expérimentaux ont mis en évidence les limites de cette théo- sclérose [12, 19]. De plus, les IECA stabilisent ou accroissent
rie chez ces derniers. En effet, des études cliniques ont per- le TFG et le DRP chez le chien [32] et chez le chat [17, 37].
mis de confirmer l’existence d’un déclin du TFG chez des Néanmoins, chez les carnivores domestiques, contrairement
chiens atteints d’affections rénales chroniques spontanées [2, au rat, la pression hydrostatique capillaire et la protéinurie ne
4] mais si cette diminution fonctionnelle a été parfois pro- sont importantes que lors de réductions sévères de la masse
gressive [2], elle a été plus fréquemment erratique [4]. De rénale fonctionnelle [20] et l’hypertension glomérulaire reste
plus, des études expérimentales de réduction néphronique ont importante après une restriction protéique [24]. Il n’est donc
été réalisées chez le chien, pour connaître l’évolution à long pas prouvé que restreindre l’apport protéique dans l’alimen-
terme des fonctions rénales [6, 7, 28, 40, 41]. Ces expé- tation puisse ralentir la progression des lésions rénales chez
riences ont confirmé l’existence de lésions de glomérulosclé- le chien [7, 18, 28, 29, 30, 40, 41]. A l’inverse, la mise en
rose. Mais, contrairement à ce qui a pu être observé chez les place d’une restriction protéique peut prévenir les lésions de
rongeurs, chez le chien, le TFG est resté souvent stable [7, glomérulosclérose et la protéinurie, chez le chat, mais elle ne
28, 40, 41] sauf lors de réductions sévères (supérieures à 3/4 semble pas avoir d’effet sur l’évolution du TFG [1].

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PHYSIOPATHOLOGIE DE L’INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE CHEZ LES CARNIVORES DOMESTIQUES 23

FIGURE 6. — Représentation schématique de la théorie des «forces opposées» (d’après [19]).


Ce schéma représente les effets supposés bénéfiques et délétères de l’hypertension glomérulaire, consécutive à la dilatation de l’artériole afférente, (à gauche),
et de l’hypertrophie glomérulaire (à droite), chez les carnivores domestiques. L’effet net sur le TFG dépend de l’équilibre des deux groupes de facteurs oppo-
sés, pour chacune des adaptations rénales. Ainsi, l’affection rénale peut :
- soit être stabilisée lorsqu’il existe un équilibre entre les effets des lésions glomérulaires qui diminuent le TFG et ceux de l’hypertrophie et de l’hypertension
glomérulaires qui l’augmentent.
- soit bénéficier d’une compensation de la perte rénale fonctionnelle lorsque l’hypertension et l’hypertrophie glomérulaires prédominent (cas rencontré en
début d’IRC et qui peut durer plusieurs années).
- soit être évolutive lorsque les effets des lésions glomérulaires prédominent et le TFG diminue.

L’hyperfiltration glomérulaire liée à une réduction néphro- nitrique [16, 22], soit une technique dite de «Page» qui
nique [13, 19], engendre des lésions de glomérulosclérose consiste à créer une hypertension systémique en enveloppant
chez le chien et le chat, mais ce phénomène est beaucoup un des reins dans du papier cellophane [31]. D’après les
moins marqué que chez le rat. Les carnivores domestiques résultats d’études utilisant ces modèles, il est fortement pro-
pourraient bénéficier de l’augmentation de la filtration rénale bable que l’hypertension systémique, si elle est sévère,
sans subir obligatoirement les effets délétères de l’hyperfil- contribue en effet au développement des lésions rénales chez
tration sur les structures rénales. Dans ces espèces, l’hyper- les carnivores domestiques [16, 31].
tension glomérulaire ne serait pas obligatoirement néfaste,
L’hypertrophie glomérulaire observée chez les carnivores
elle pourrait avoir aussi un effet bénéfique sur les fonctions
comme chez le rat, semble néanmoins avoir des consé-
rénales en augmentant la pression de filtration et donc le taux
quences fonctionnelles différentes en fonction de l’espèce
de filtration des néphrons résiduels.
considérée (figure 7). En effet, chez le chien et chez le chat,
A la suite d’une réduction néphronique chez le chien et le l’augmentation de taille des glomérules, en réponse à une
chat, même si on observe une hypertension artérielle systé- réduction néphronique, est associée à une augmentation du
mique, sa contribution au développement de lésions rénales coefficient d’ultrafiltration des capillaires glomérulaires (Kf)
n’est pas encore déterminée dans ces espèces. En effet, la [15, 20]. Or, un des principaux déterminants de ce coefficient
réduction néphronique s’accompagne d’une diminution de la est la surface de la paroi capillaire et chez les carnivores
résistance préglomérulaire [23] et d’une baisse de l’autorégu- domestiques, contrairement au rat, l’hypertrophie gloméru-
lation vasculaire rénale lors de diminutions sévères de la laire accroît cette surface et augmente ainsi le TFG (le TFG
masse rénale fonctionnelle, chez les carnivores domestiques au niveau de chaque néphron (TFGi) est équivalent au pro-
[21]. Ce processus rend le glomérule plus sensible à l’hyper- duit de Kf et de la pression nette de filtration (Pf)). Ce béné-
tension artérielle systémique. De plus, une hypertension arté- fice n’existe pas chez le rat dont les néphrons augmentent de
rielle systémique n’est pas systématiquement observée chez taille sans accroissement de la surface de filtration [25, 33].
les carnivores domestiques après réduction néphrotique Les études réalisées chez le rat Wistar montrent que l’aug-
expérimentale (contrairement au rat), bien qu’elle soit cou- mentation du TFGi est due à l’augmentation de la pression
ramment rencontrée chez les chiens et les chats atteints d’af- nette de filtration sans changement apparent de Kf [25, 33] et
fections rénales spontanées [39]. Ainsi, le choix du modèle la présence d’un équilibre de filtration à la surface de filtra-
de réduction néphronique, pour l’étude des effets de la pres- tion rend le TFGi fortement dépendant de la Pf et beaucoup
sion artérielle systémique sur les structures rénales, n’est moins dépendant de Kf. A l’inverse, chez le chien et le chat,
peut être pas approprié chez les carnivores. D’autres modèles la pression nette de filtration ne s’annule pas avant la fin du
sont en cours d’évaluation ; ils consistent à associer une capillaire glomérulaire (déséquilibre de filtration) donc les
réduction néphrotique à un modèle d’hypertension systé- changements de Kf peuvent conduire à des modifications du
mique en utilisant soit un inhibiteur de la synthèse de l’oxyde TFGi (Figure 7) [12, 15, 20].

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FIGURE 7. — Hémodynamique glomérulaire comparée chez le rat et le chat.


La zone hachurée représente le gradient net de pression de filtration (Pf) le long du capillaire glo-
mérulaire.
Le haut de la figure représente «l’équilibre de filtration» chez rat Wistar: la pression nette de filtra-
tion s’annule avant la fin du capillaire glomérulaire (d’après [26]).
Le bas de la figure représente le «déséquilibre de filtration» chez un chat: la pression nette de fil-
tration reste positive tout au long du capillaire glomérulaire (d’après [12]).
Or, le TFGi est fonction de la constante d’ultrafiltration capillaire (Kf) et de la pression nette de fil-
tration (Pf) (TFGi= Kf x Pf ). Chez le rat qui présente un «équilibre de filtration», les variations du
TFGi sont très fortement dépendantes de Pf et très peu de Kf. A l’inverse, chez les carnivores
domestiques, la filtration glomérulaire est dépendante à la fois des variations du débit sanguin rénal
(donc de Pf) et de Kf.

Enfin, différents facteurs de croissance tels que le facteur le rat avant d’être ensuite considérées comme universelles.
de croissance plaquettaire et le facteur de croissance d’ori- Malheureusement, il existe des variations inter-espèces
gine épidermique sont mitogènes pour les cellules mésan- importantes. En particulier, les études menées chez les carni-
giales dans l’espèce canine et pourraient contribuer à la pro- vores domestiques montrent que la fonction rénale peut être
gression des affections rénales [19]. La restriction protéique stable pendant une période prolongée et que les adaptations
[45] et certains traitements anti-hypertenseurs [19] pour- rénales observées à la suite d’une réduction néphronique peu-
raient réduire l’augmentation de taille des glomérules. vent ne pas toujours être délétères dans ces espèces.
La théorie «des forces opposées» tente de réconcilier les
Conclusion théories précédentes : les facteurs augmentant le TFG s’op-
poseraient à ceux qui le diminuent, avec une prédominance
Les différentes théories successivement proposées pour des premiers en début d’évolution et une prédominance des
expliquer les mécanismes de progression des affections derniers en fin d’évolution des affections rénales chroniques,
rénales chroniques diffèrent quant à l’interprétation des phé- chez les carnivores domestiques. Elle offre ainsi des perspec-
nomènes physiopathologiques qui sont observés à la suite de tives thérapeutiques nouvelles. Jusqu’à présent, les études
la lésion initiale : les adaptations rénales à une réduction ont porté principalement sur les facteurs qui diminuent le
néphronique ont été considérées comme bénéfiques puis TFG. Il serait intéressant de développer et de tester des
délétères. Mais ces théories ont été proposées, au départ, à moyens thérapeutiques qui augmenteraient le TFG chez les
partir d’études expérimentales menées principalement chez carnivores domestiques [19].

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PHYSIOPATHOLOGIE DE L’INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE CHEZ LES CARNIVORES DOMESTIQUES 25

Néanmoins, le modèle de réduction néphronique, à la base 13. — BROWN S.A. : Affections rénales du chien. In : J.M. WILLS et
de ces trois théories, présente des lacunes. Il reste peu adapté K.W. SIMPSON (ed.) : Le Livre Waltham de la Nutrition Clinique
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pour étudier certains paramètres comme l’hypertension arté- 237-247.
rielle systémique et ne permet pas de connaître l’influence de 14. — BROWN S.A. : Evaluation of Chronic Renal Disease : A Staged
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