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Rein et pathologies (1)

Bruno Baudina,*

A VA N T - P R O P O S
n dossier sur la biologie du rein en 2013, biologique, ce qui n’est pas si souvent le cas en

U est-ce vraiment d’actualité ? Vous voulez


rire ! Un célèbre canard aurait pu lancer son
fameux « Quoi de neuf docteur ? ». Et encore, il
biologie médicale. La mesure du débit de filtra-
tion glomérulaire (DFG) fait encore débat ; même si
la suprématie de la créatinine est avérée, c’est la
ne s’agit ce mois-ci que du premier tome. Nous façon dont on l’inscrit dans un score d’estimation
y voilà… deux dossiers « Rein et pathologies », le du DFG qui pose problème, encore et toujours, et
premier dans ce numéro d’avril 2013 de la Revue surtout parce que les autorités décisionnaires ne
Francophone des Laboratoires, le deuxième prévu sont pas d’accord entre elles ; en France, elles ne
pour le numéro de septembre. sont pas au même degré de prudence vis-à-vis des
nouveaux scores (MDRD, CKD-EPI…) et ce n’est
Alors pourquoi tant de bruit ? C’est que le rein en fait guère mieux au niveau international. Il faut dire
toujours beaucoup, d’abord parce que les maladies que ce DFG varie en fonction de l’âge (problèmes
rénales sont très fréquentes, qu’elles sont reliées à spécifiques avec les enfants et les plus de 75 ans),
de nombreux états pathologiques, et puis surtout l’origine ethnique (paramètre bien difficile à prendre
parce que la définition de l’insuffisance rénale est
en compte !), l’index de masse corporelle (oui mais
dans certaines limites), plus encore le DFG dépend
a Biochimie A – Pôle Biologie médicale et pathologie de sa valeur même (selon qu’il est dans les limites
Hôpitaux universitaires de l’Est Parisien (AP-H) physiologiques ou fortement abaissé). Faut-il pour
Site Saint-Antoine cela jeter l’urée, si chère à nos études du XXe siècle ?
184, rue du Faubourg Saint-Antoine Et les bandelettes pour dépister une protéinurie ?
75571 Paris cedex 12 Non, toutes ont encore leurs emplois, encore faut-il
et EA-4530 – UFR Pharmacie – Châtenay-Malabry – en savoir faire bon usage. Et les nouveaux marqueurs
Université Paris Sud (cystatine C, β2-microglobuline, NGAL, KIM 1),
sont-ils vraiment novateurs ?
* Correspondance
bruno.baudin@sat.aphp.fr Je me suis chargé de faire le point sur tous ces
problèmes relatifs à l’exploration du rein dans le
© 2013 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. chapitre 2 intitulé « L’exploration du rein en 2013 »;

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - AVRIL 2013 - N° 451 // 23


mais pour la mieux comprendre, j’ai chargé le Professeur
Bernard Lacour (mon mentor au cours de mon Sommaire
année d’internat à Necker) de nous faire tous les thématique
rappels de physiologie nécessaires (chapitre 1 :
« Physiologie du rein et bases physiopatholo- rPhysiologie du rein
giques des maladies rénales »). Gageons que et bases physiopathologiques
ses qualités d’enseignant feront de ce chapitre 1 des maladies rénales ..................................... p. 25
une référence en la matière pour la décennie. Nous
entrerons ensuite dans le domaine de la pathologie, rL’exploration du rein en 2013 ............... p. 39
tout d’abord avec l’insuffisance rénale aiguë, puis
l’insuffisance rénale chronique (chapitres 3 et 4, rL’insuffisance rénale aiguë ...................... p. 55
respectivement) ; Bernard Lacour, chef du service
de biochimie de l’Hôpital Necker – Enfants Malades rDiagnostic, suivi biologique
à Paris, s’est associé à son collègue de travail dans de l’insuffisance rénale chronique
ce domaine, le Professeur Ziad Massy, chef du ser- et prise en charge de l’insuffisance
vice de néphrologie de l’Hôpital Ambroise-Paré à rénale chronique terminale...................... p. 59
Boulogne-Billancourt.
rExploration de la protéinurie
Dans le chapitre 3, seront rappelées les grandes au laboratoire......................................................... p. 75
causes de « L’insuffisance rénale aiguë », et
seront détaillés leur diagnostic clinique, biologique rQCM .............................................................................. p. 83
et radiologique, ainsi que leur prise en charge et
leur surveillance. Le chapitre 4 traitant de l’insuf-
fisance rénale chronique est plus lourd tant cette Le chapitre 5, le dernier pour ce tome 1, s’intitule
pathologie l’est aussi, tout comme sa prise en « Exploration de la protéinurie au laboratoire» ; j’en
charge avec la dialyse, la transplantation rénale, ai confié la réalisation à deux collègues biologistes
la lutte contre les ostéodystrophies et l’anémie du Centre hospitalier de Valence (Lydvine Raidelet et
(« Diagnostic, suivi biologique de l’insuffisance Thierry Lebricon), qui travaillent depuis de nombreuses
rénale chronique et prise en charge de l’insuffi- années dans ce domaine et en particulier sur l’étude
sance chronique terminale »). La biologie y tient des protéinuries par électrophorèse. Ils font le point
une bonne place tant au niveau du diagnostic, de sur les problèmes inhérents au dosage quantitatif
la classification en stades de sévérité, que du suivi des protéines urinaires en nous faisant part de leur
évolutif et thérapeutique, avec la créatinine et les expérience dans leur hôpital confrontée à celles des
scores bien sûr, mais aussi les ionogrammes san- collègues au niveau national. Ils font ensuite la part
guins et urinaires, l’évaluation des équilibres acido- belle à l’analyse électrophorétique des protéines uri-
basique et phosphocalcique, le suivi nutritionnel naires et à l’immunofixation des immunoglobulines
(protidique, glucidique et lipidique), le contrôle de et des chaînes légères contenues dans les urines de
l’érythropoïèse et des troubles hématologiques, patients porteurs de syndromes myéloprolifératifs,
ou encore du système rénine-angiotensine. Les en particulier de myélome multiple. Des méthodes
avancées en terme de prise en charge médica- sans pré-concentration des urines voient le jour, tout
menteuse sont conséquentes tant au niveau de comme l’application de l’électrophorèse capillaire à
l’immunosuppression nécessaire à la transplan- l’analyse des protéines urinaires.
tation rénale que celui de la lutte contre l’hyper-
tension secondaire à l’atteinte rénale, ou encore Que nous restera-t-il pour le tome 2, prévu pour
des traitements supplétifs à l’hypocalcémie et septembre 2013 ? Hé bien encore beaucoup d’encre
à l’anémie ; tous ces traitements sont suivis par et de papier avec les relations complexes liant le rein
des examens de biologie médicale (biochimie, aux hormones, le problème spécifique du diabète
hématologie, microbiologie, pharmacologie entre qui est la 1re cause d’insuffisance rénale chronique,
autres). On ne fait pas de transplantation rénale l’étude des cristaux urinaires et des calculs rénaux par
sans biologie ; elle est même omniprésente. La spectrométrie infrarouge, enfin nous parlerons de la
biologie est utile aussi au suivi de la qualité des néphrotoxicité, de celle des médicaments en particulier.
dialyses par l’analyse des bains de dialyse et les
dosages sanguins chez le dialysé, montrant l’effi- Bonne lecture, prenez soin de vos reins, et contrôlez
cacité de la dialyse d’une part, et l’importance du les fonctions rénales de vos patients en respectant
laboratoire dans les centres de dialyse d’autre part. les règles de bonnes pratiques.

La coordination de ce dossier a été assurée par le Pr Bruno Baudin, Biochimie A, Pôle Biologie médicale et pathologie,
Hôpitaux universitaires de l’Est Parisien (AP-H), Site Saint-Antoine, Paris et EA-4530, UFR Pharmacie, Châtenay-Malabry,
Université Paris Sud.

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