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UNIVERSITES FRANCOPHONES

MEDICALE
Préface de P. G . Janssens

«Médecine tropicale»
dirigée par le Professeur Marc Gentilini

Agence francophone
pour l'enseignement
DeBoeck
et la recherche RIIPELF"U Rf F Université
PROTOZOOLOGIE
MEDICALE
La diffusion de l'information scientifique et technique est un facteur essentiel du développement. Aussi dès 1988,
l'Agence francophone pour l'enseignement supérieur et la recherche (AUPELF-UREF), mandaté par les Sommets
francophones pour produire et diffuser revues et livres scientifiques, a créé la collection U n i v e r s i t é s
francophones.
Lieu d'expression de la communauté scientifique de langue française, U n i v e r s i t é s f r a n c o p h o n e s vise à
instaurer une collaboration entre enseignants et chercheurs francophones en publiant des ouvrages, coédités
avec des éditeurs francophones, et largement diffusés dans les pays du Sud, grâce à une politique tarifaire
préférentielle.
Quatre séries composent la collection:
• Les manuels: cette série didactique est le cœur de la collection. Elle s'adresse à un public de deuxième
et troisième cycles universitaires et vise à constituer une bibliothèque de référence couvrant les principales
disciplines enseignées à l'université.
• Sciences en marche: cette série se compose de monographies qui font la synthèse des travaux de recherche
en cours.
• Actualité scientifique: dans cette série sont publiés les actes de colloques organisés par les réseaux
thématiques de recherche de l'UREF.
• Prospectives francophones: s'inscrivent dans cette série des ouvrages de réflexion donnant l'éclairage
de la Francophonie sur les grandes questions contemporaines.
Notre collection, en proposant une approche plurielle et singulière de la science, adaptée aux réalités multiples
de la Francophonie, contribue efficacement à promouvoir la recherche dans l'espace francophone
et le plurilinguisme dans la recherche internationale.
Professeur Michel GUILLOU
Directeur général de l'AUPELF
Recteur de l'UREF

Illustrations d e couverture:
De g a u c h e à droite:
• Formes sanguicoles d e Trypanosoma congolense
• Formes schizogoniques érythrocytaires d e Plasmodium falciparum en culture
• Forme schizogonique d e Plasmodium vivax dans le foie
• Trophozoïtes, schizontes et gamétocytes d e Plasmodium vivax.

Dessins à la chambre claire de M a r i a Janssens.

© 1995 De Boeck & Larcier S.A.


rue des Minimes 39 - B-l 000 Bruxelles

Toute reproduction d'un extrait quelconque de ce livre, par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm,
est strictement interdite.

D/1995/0074/030 ISBN 2-8041-2048-1

Printed in Belgium
AVEC LA COLLABORATION DE SONIA PASKOFF

Préface de Peter Gustaaf Janssens


Directeur Honoraire de l'Institut de Médecine tropicale d'Anvers
Préface de Marc Gentilini

Agence francophone
pour l'enseignement
DeBoeck
et la recherche Université
Préface

Être unique, le protozoaire l'est par son caractère A u contact des protozoaires, on peut découvrir la
unicellulaire et sa place en parasitologie. biologie cellulaire et moléculaire ou l'immunologie la
plus raffinée sans que pour autant le microscope bino-
Être inique, il l'est souvent aussi par la violence culaire apparaisse comme un instrument obsolète: il est
des attaques de certains d'entre-eux, meurtriers, pour encore capable de «damer le pion» aux technologies
l'homme ou pour les animaux. avancées dont certaines, fragiles, doivent être jugées
avec circonspection.
Dans leur ensemble, les protozoaires sont respon-
sables des maladies parasitaires les plus répandues et les Le traité de P r M a r c W é r y de l'Institut Prince
plus sévères en milieu tropical, celles qui déciment les Léopold d'Anvers répond aux préoccupations du méde-
pays pauvres et obèrent leur développement. Certes, cin biologiste ou du technicien supérieur, soucieux de
les conséquences économiques de ces affections sont mieux cerner le rôle de ces parasites à l'égard des indi-
difficiles à évaluer mais elles retentissent d'évidence sur vidus autant que des collectivités. L'auteur a su rassem-
le mal-développement des nouvelles nations issues de bler une multitude de connaissances bien ordonnées qui
la décolonisation; l'insécurité politique et les carences permettront aux personnels médical et technique,
sanitaires sont autant de sources de résurgences tra- confrontés à la délicate prise en charge des malades
giques des maladies à protozoaires. dans la lutte contre les grandes endémies, de bénéficier
d'un traité simple, concret et riche. Son expérience

Le paludisme qui s'étend, porté par une démo- d'homme de terrain et de laboratoire aura beaucoup
contribué à faire de ce document une référence dçrçt
graphie croissante et une population vectorielle incon-
notre communauté francophone avait besoin.
trôlée, la m a l a d i e du sommeil qui renaît des désordres
socio-économiques, le Sida qui, inattendu et insolite,
émerge et favorise ou réactive l'éclosion des proto- Je souhaite donc que l'ouvrage Protozoologie
zooses, tous ces faits justifient une étude attentive des Médicale de M a r c W é r y , inscrit dans la collection consa-
affections induites par des protozoaires agressifs ou crée aux maladies tropicales dont j'ai la charge,
sournoisement anodins. Les populations des régions connaisse, par le canal de l'Université des Réseaux
tropicales en constituent les victimes les plus nom- d'Expression Française (UREF), la diffusion qu'il mérite.
breuses.

Mais il n'est pas jusqu'aux voyageurs, globe-


trotters ou nantis qui, insuffisamment instruits des
risques encourus sous les tropiques, payent un lourd
tribut, eux aussi, aux insuffisances de diagnostic, de Pr M a r c Gentilini
prévention ou de traitement.
Table des matières

Table des matières 5 3 CLASSIFICATION


Liste des figures 13
M É T H O D E S TAXINOMIQUES
Préface 17
C O N S E R V A T I O N DES PROTOZOAIRES 33
Avertissement au lecteur 19
1. Critères de classification
des protozoaires 33
1 LE PROTOZOAIRE: 1.1 Caractères morphologiques 33
1.2 Caractères biochimiques 33
M O R P H O L O G I E , PHYSIOLOGIE 21
1.3 Caractères génomiques 33
1. Généralités 21 1.4 Caractères physiologiques
1.1 Définition 21 et comportementaux 33
1.2 La cellule eucaryotique 21 2. Panmixie et clonalité 34
2. Structures et fonctionnement 21 3. Méthodes de taxinomie 34
2.1 Système cytomembranaire 21
2.2 Cytosol 23 4. Entretien de Protozoaires
2.3 Corpuscules intra-cytoplasmiques 23 au laboratoire 35
2.4 Noyau 24 4.1 Définitions 35
2.5 Cytosquelette 25 4.2 Les animaux de laboratoire 35
2.6 Organites moteurs 25 4.3 La culture 35
2.7 Reproduction 26 4.4 La cryoconservation 35
4.5 Collections de souches 35
Bibliographie 28
5. Classification des Protozoaires 35
Groupe I Protozoaires flagellés 36
Goupe II Protozoaires amiboïdes
2 LE PROTOZOAIRE PARASITE
(Subphylum: Sarcodina) 37
ET LE PHÉNOMÈNE D U PARASITISME 29 Groupe III Sporozoaires (Phylum: Apicomplexa) 37
Groupe IV Microsporidies 38
1. Définitions 29
Groupe V Haplosporidies 38
2. Portes d'entrée du parasite 29 Groupe VI Myxosporidies 38
Groupe VII Protozoaires ciliés 38
3. Localisation du parasite 30
Bibliographie 39
4. Choix de l'hôte 30
5. Réceptivité de l'hôte 30
ENTAMŒBA HISTOLYTICA ( E U A M Œ B I D A )
6. Relations entre l'hôte et le parasite 30
L'AMIBIASE 41
7. Le sort des parasites
dans des hôtes inhabituels 31 1. Historique 41
1.1 Le syndrome dysentérique 41
Bibliographie 32 1.2 Les parasites 41
Table cJes. matières

2. Localisation a n a t o m i q u e 42 1.1 Entamœba dispar 59


1.2 Entamœba hartmanni 60
3. C y c l e évolutif 42
1.3 Entamœba coli 60
3.1 Cycle non pathogène 42 1.4 Entamœba polecki 61
3.2 Cycle pathogène 42 1.5 Entamœba gingivalis 61
4. Caractères m o r p h o l o g i q u e s 2. L e genre Endolimax nana 62
et p h y s i o l o g i q u e s d e s stades 43 2.1 Localisation anatomique
4.1 Formes végétatives (trophozoïtes) 43 et distribution géographique 62
4.2 Kyste 44 2.2 Morphologie 62
5. Développement 3. L e g e n r e lodamœba butschlii 62
du pouvoir pathogène 45 3.1 Localisation anatomique
5.1 Faits d'observation 45 et distribution géographique 62
5.2 Facteurs liés à l'hôte 45 3.2 Morphologie 62
5.3 Facteurs liés au parasite 46 4. Les a m i b e s libres 62
6. Lésions c a u s é e s d a n s l ' o r g a n i s m e 4.1 Présentation générale 62
d e l ' h o m m e par E. histolytica 48 4.2 Amibes du genre Naegleria 63
6.1 Amibiase intestinale (dysenterie amibienne) 48 4.3 Le genre Acanthamœba (Hartmanella) 64
6.2 Localisations extra-intestinales 49 Bibliographie 65
6.3 Effet des défenses immunitaires de l'hôte 49
7. Diagnostic de l'amibiase
6 P R O T O Z O A I R E S CILIÉS
au l a b o r a t o i r e 50
LE G E N R E B A L A N T I D I U M
7.1 Recherche des amibes
par examen microscopique 50 (VESTIBULIFERA) 67
7.2 Détection d'antigènes amibiens 52
1. Balantidium coli 67
7.3 Mise en culture 53
1.1 Cycle évolutif, morphologie
7.4 Recherche d'anticorps anti-amibiens 53
et caractères biologiques 67
7.5 Les tests de biologie générale
1.2 Hôtes 67
(non spécifiques) 54
1.3 Pouvoir pathogène 67
8. C u l t u r e in vitro 54 1.4 Diagnostic 68
8.1 Culture polyxénique 54 1.5 Traitement 68
8.2 Culture axénique 55 1.6 Transmission et épidémiologie 68
9. Traitement 55 2. Autres ci liâtes parasites 69
9.1 Amœbicides de contact (à action directe) 55
3. Protozoaires ciliés n o n parasites 69
9.2 Amœbicides tissulaires
(toutes localisations tissulaires) 55 Bibliographie 69

10. Transmission 55
10.1 Contamination 55
10.2 Réservoir de parasites 56 7 P R O T O Z O A I R E S FLAGELLÉS PARASITES
10.3 Facteurs influençant la prévalence 56 D U TUBE DIGESTIF
10.4 Endémicité amibienne 56 ET DES CAVITÉS N A T U R E L L E S
Bibliographie 56 L A LAMBLIASE, LA T R I C H O M O N O S E 71

Schéma taxinomique 71
5 A U T R E S A M I B E S PARASITES DE L ' H O M M E Ordre des Retortamonadida 71
(EUAMŒBIDA, ACANTHOPODIDA, Ordre des Diplomonadida 71
SCHIZOPYRENIDA) 59 Ordre des Trichomonadida 71
Ordre des Mastigamœbbia 71
Schéma taxinomique 59
1. Chilomastix mesnili 71
Ordre des Euamoebida 59
1.1 Morphologie 71
Ordre des Acanthopodida 59
1.2 Localisation 71
Ordre des Schizopyrenida 59
1.3 Hôtes 71
1. Le g e n r e Entamœba Casadrandi 1.4 Pouvoir pathogène 71
et B a r b a g a l l o 1895 59 1.5 Culture 72

6
Table des matières

2. Giardia intestinalis 72 1. Trypanosoma


2.1 Synonymes 72 (Megatrypanum) theileri 91
2.2 Espèces et hôtes 72 1.1 Morphologie 91
2.3 Morphologie, structures 73 1.2 Hôtes 91
2.4 Cycle évolutif 73 1.3 Cycle et mode de transmission 91
2.5 Pathologie et immunité 74 1.4 Pouvoir pathogène 91
2.6 Diagnostic 75
2. Trypanosoma
2.7 Culture 75
2.8 Traitement 75 (Herpetosoma) lewisi 91
2.9 Epidémiologie 76 2.1 Morphologie 91
2.2 Hôtes 92
3. Le genre Trichomonas 76 2.3 Cycle et mode de transmission 92
3.1 Trichomonas hominis 2.4 Pouvoir pathogène 92
(synonyme: T. intestinalis) 76
3. Trypanosoma
3.2 Trichomonas tenax 77
3.3 Trichomonas vaginalis 77 (Schizotrypanum) cruzi 92
3.1 Historique 92
4. Description brève
3.2 Morphologie (forme sanguicole) 93
de q u e l q u e s autres flagellates 78 3.3 Hôtes vertébrés 93
4.1 Histomonas meleagridis 78 3.4 Hôtes invertébrés 93
4.2 Retortamonas intestinalis 79 3.5 Cycle évolutif: morphologie,
4.3 Enteromonas hominis 79 caractères biologiques 94
4.4 Dientamœba fragilis 79 3.6 Evolution de l'infection 97
Bibliographie 80 3.7 Evolution de l'infection
chez les patients immunodéprimés 97
3.8 Pathogénie 97
3.9 Diagnostic de laboratoire 97
8 P R O T O Z O A I R E S FLAGELLÉS
3.10 Traitement 99
(TRYPANOSOMATIDA) 3.11 Données épidémiologiques 99
P A R A S I T E S D U S A N G ET DES TISSUS 83 3.12 Méthodes de contrôle 101

Généralités 83 4. Le sous-genre Endotrypanum 101

1. Historique 83 Bibliographie 101

2. A p e r ç u t a x i n o m i q u e et p h y l o g é n i e 83
2.1 Systématique 83 1 0 T R Y P A N O S O M A BRUCEI
2.2 Considérations phylogéniques 84 ET LES SALIVARIA
3. Caractéristiques morphologiques 84 LES T R Y P A N O S O M I A S E S AFRICAINES 103
4. D e s c r i p t i o n des genres 85 Introduction 103
4.1 Le genre Leptomonas 85
Classification 103
4.2 Le genre Crithidia 85
4.3 Le genre Trypanosoma 85 Le sous genre Trypanozoon 103
4.4 Le genre Leishmania 86 Le sous-genre Duttonella 104
Le sous-genre Nannomonas 105
5. Ultrastructure, p h y s i o l o g i e , c y c l e s 87
Le sous-genre Pycnomonas 105
5.1 Morphologie (ultrastructure) 87
Le sous-genre Tejeraia 105
5.2 Métabolisme 87
5.3 La variation antigénique 88 1. Trypanosoma (Trypanozoon)
5.4 Modulations de l'adaptation à la glossine 89 brucei brucei 106
Bibliographie 89 1.1 Morphologie chez l'hôte vertébré 106
1.2 Hôtes 106
1.3 Distribution géographique 106
1.4 Cycle et mode de transmission 106
9 TRYPANOSOMA CRUZI
1.5 Pouvoir pathogène 108
ET LES STERCORARIA 1.6 Epidémiologie 108
L A M A L A D I E DE C H A G A S 91 2. H i s t o r i q u e d e la m a l a d i e
Introduction 91 du sommeil 108
Table cJes. matières

3. Trypanosoma (Trypanozoon) 6. Traitement 129


brucei gambiense i09 7. D e s c r i p t i o n des c o m p l e x e s d ' e s p è c e s 129
3.1 Morphologie 109 7.1 Leishmanioses viscérales:
3.2 Hôtes 109 le complexe Leishmania (L.) donovani 129
3.3 Distribution géographique 109 7.2 Les leishmanioses cutanées
3.4 Cycle et mode de transmission 109 de l'Ancien Monde 131
3.5 Pouvoir pathogène 109 7.3 Les leishmanioses cutanées
3.6 Diagnostic 110 du Nouveau Monde 132
3.7 Traitement 116
8. M é t h o d e s d e lutte et c o n t r ô l e 134
3.8 Epidémiologie 116
8.1 Réservoir de parasites 134
3.9 Le contrôle de la trypanosomiase
8.2 Vecteurs 135
à T. b. gambiense 117
8.3 Vaccins 135
4. Trypanosoma (Trypanozoon)
9. Synthèse 135
brucei rhodesiense 118
4.1 Morphologie 118 Bibliographie 135
4.2 Hôtes 118
4.3 Distribution géographique 118
4.4 Cycle et mode de transmission 118 12 LES CARACTÈRES
4.5 Pouvoir pathogène 118 D U G E N R E PLASMODIUM 137
4.6 Diagnostic 119
4.7 Traitement 119 Introduction 137
4.8 Epidémiologie 119 1. T a x i n o m i e (selon L e v i n e 1988,
5. Synthèse concernant a m e n d é e par C o x 1991) 137
1.1 Embranchement, classes, ordres 137
les sous-espèces d e T. (T.) brucei 120
1.2 Famille 138
6. Synthèse générale 120 1.3 Genres 138
1.4 Sous-genres et espèces 138
Bibliographie 120
2. C y c l e évolutif
des p l a s m o d i u m s h u m a i n s 138
2.1 Description du cycle 138
1 1 LE G E N R E LEISHMANIA 2.2 Dénomination des stades
LES LEISHMANIOSES 123 et principaux caractères 140

1. Historique 123 3. Morphologie 140


3.1 Stade de la schizogonie
2. Bases d e la distinction en e s p è c e s 123 pré-érythrocytaire 140
2.1 Extériorisation clinique 123 3.2 Le mérozoïte, stade invasif 140
2.2 Distribution géographique 124 3.3 Stades de la schizogonie sanguine 140
2.3 Espèces animales réceptives 124 3.4 Stades sporogoniques 141
2.4 Combinaison de caractères 124
4. Caractères biologiques 142
3. H ô t e s des l e i s h m a n i e s 124 4.1 Pénétration dans le globule rouge 142
3.1 Hôtes vertébrés 124 4.2 Le plasmodium dans le globule rouge 143
3.2 Hôtes invertébrés 124 4.3 Le plasmodium chez l'anophèle 145
4.4 La schizogonie pré-érythrocytaire 146
4. C y c l e évolutif
et c a r a c t è r e s b i o l o g i q u e s 125 Bibliographie 147
4.1 Chez l'hôte vertébré 125
4.2 Chez l'hôte invertébré 125
4.3 Biologie du parasite 126
13 LES PLASMODIUMS PARASITES
5. D i a g n o s t i c a u laboratoire 127 DE L'HOMME
5.1 Mise en évidence du parasite 127
PALUDISME OU MALARIA 149
5.2 Sérologie 128
5.3 Intradermo-réaction de Monténégro 1. Historique 149
à la leishmanine 129 1.1 La fièvre et les marais 149
5.4 Constantes biologiques 129 1.2 Le cinchona et la quinine 149

8
Table cJes. matières

1.3 Le plasmodium et l'anophèle 149 14 COCCIDIES MONOXÈNES


1.4 Le DDT, la chloroquine et le paludisme 150
LES G E N R E S EIMERIA, ISOSPORA
2. R a p p e l d e la b i o l o g i e des p l a s m o d i u m s CRYPTOSPORIDIUM ET CYCLOSPORA
et les relations hôte-parasite 150
(EIMERIIDA) LES C O C C I D I O S E S 179
2.1 Le plasmodium chez l'homme 150
2.2 Le plasmodium chez l'anophèle 152 1. Généralités 179
1.1 Cycle évolutif 179
3. Variations géographiques 1.2 Caractères distinctifs des genres 180
du paludisme 152
2. C o c c i d i e s infectant les a n i m a u x 181
4. M o r p h o l o g i e et caractères 2.1 Les genres Eimeria et Isospora 181
b i o l o g i q u e s des parasites 153 2.2 Le genre Cryptosporidium 181
4.1 Plasmodium vivax 153 3. C o c c i d i e s infectant l ' h o m m e 182
4.2 Plasmodium ovale 155 3.1 Isospora belii 182
4.3 Plasmodium maiariae 156 3.2 Cryptosporidium sp. 182
4.4 Plasmodium falciparum 157 3.3 Cyclospora cayetanensis 185
5. L ' i m m u n i t é d a n s le p a l u d i s m e 159 Bibliographie 187
5.1 Définitions 159
5.2 Les antigènes de Plasmodium 159
5.3 Réponse immune 160 1 5 C O C C I D I E S HÉTÉROXÈNES
5.4 Mécanismes de protection 160
LES G E N R E S TOXOPLASMA
5.5 Immunité congénitale 160
ET SARCOCYSTIS (EIMERIIDA)
6. Physiopathologie du paludisme 161
LA TOXOPLASMOSE H UMAI N E 189
6.1 Effets généraux 161
6.2 Effets sur les principaux organes 161 1. Toxoplasma gondii 189
1.1 Historique 189
7. Diagnostic du paludisme 163
1.2 Classification 190
7.1 Diagnostic clinique 163 1.3 Hôtes habituels 190
7.2 Le diagnostic spécifique 163 1.4 Cycle évolutif de Toxoplasma gondii 190
7.3 Le diagnostic biologique non spécifique 167 1.5 Pouvoir pathogène 193
8. Traitement du paludisme 167 1.6 Diagnostic 194
8.1 Définitions 167 1.7 Traitement euratif 196
1.8 Epidémiologie 197
8.2 Inventaire des produits
1.9 Mesures prophylactiques 198
et des associations 168
8.3 Schémas prophylactiques 169 2. Sarcocystis spp. 199
8.4 Schémas thérapeutiques 2.1 Introduction 199
les plus employés 169 2.2 Cycle évolutif 199
8.5 Résistance des plasmodiums
3. Besnoitia 201
aux médicaments 170
4. Frerikelia 201
9. Epidémiologie du paludisme 171
9.1 Paramètres théoriques importants 171 Bibliographie 202
9.2 Paramètres mesurés 173
9.3 Classification des situations
1 6 LES G E N R E S BABESIA ET THEILERIA
épidémiologiques 175
(PIROPLASMIDA)
10. L e c o n t r ô l e d u p a l u d i s m e 175
LES P I R O P L A S M O S E S 203
10.1 Objectifs 175
10.2 Stratégies 176 1. L e g e n r e Babesia 203
10.3 Application 176 1.1 Hôtes, espèces
et distribution géographique 203
11. P e r s p e c t i v e s d e v a c c i n a t i o n 176
1.2 Spécificité d'hôte 203
11.1 Choix de l'antigène et effet attendu 176
1.3 Cycle évolutif, morphologie
11.2 Obtention des antigènes 177
et caractères biologiques 204
11.3 Essais de vaccination 177
1.4 Pathologie 205
Bibliographie 178 1.5 Diagnostic 205

9
Table cJes. matières

1.6 Traitement 206 2. Blastocystis hominis 218


1.7 Données épidémiologiques 206 2.1 Localisation 218
1.8 Prévention et lutte 206 2.2 Morphologie et cycle 218
207 2.3 Pouvoir pathogène 219
2. Le g e n r e Theileria
2.4 Diagnostic 219
2.1 Hôtes, espèces
2.5 Culture 219
et distribution géographique 207
2.6 Traitement 219
2.2 Morphologie et cycle évolutif 207
2.7 Epidémiologie et transmission 219
2.3 Pouvoir pathogène 207
2.4 Diagnostic 207 Bibliographie 219

Bibliographie 208

19 TECHNIQUES UTILISÉES
17 LE GROUPE DES MICROSPORIDIES POUR LE DIAGNOSTIC
(MLCROSPORIDA) 209 ET LA RECHERCHE 221
Introduction : t a x i n o m i e 209 Protozoaires des matières f é c a l e s 221
Famille des Microsporidae 209
1.1 Examen direct des selles
Famille des Nosematidae 209 pour recherche de protozoaires 221
Famille des Enterocytozoonidae 209 1.2 Méthodes de concentration 222
1. I n v e n t a i r e des genres 1.3 Coloration des protozoaires fécaux
d'intérêt m é d i c a l : généralités sur frottis 223
210
1.4 Coloration des oocystes
1.1 Avant l'ère de l'immunodépression VIH 210
de Cryptosporidium et de Cyclospora 224
1.2 A l'époque du SIDA 210
1.5 Conservation des kystes dans les selles 225
1.3 Cycle évolutif, caractères biologiques 210
1.6 Culture polyxénique
1.4 Caractères distinctifs importants
de Entamœba histolytica 226
des genres 210
1.7 Culture axénique
2. D e s c r i p t i o n des genres de Entamœba histolytica 226
infectant l ' h o m m e 211 1.8 Milieux de culture pour flagellates
2.1 Le genre Encephalitozoon 211 intestinaux et assimilés 228
2.2 Le genre Enterocytozoon 211 Protozoaires d u s a n g et des tissus 231
2.3 Le genre Nosema 212 2.1 Préparations pour la microscopie 231
3. D i a g n o s t i c des infections 2.2 Préparation du colorant de Giemsa 231
2.3 Colorations utiles en histologie
à microsporidies 212
des parasitoses 232
4. T r a i t e m e n t des infections 2.4 Techniques de concentration
à microsporidies 212 par centrifugation 234
2.5 Techniques de concentration par filtration 235
Bibliographie 213
2.6 Techniques de concentration
par hémolyse 236
2.7 Milieux de culture
18 PROTOZOAIRES pour flagellates sanguicoles 236
DE CLASSIFICATION INCERTAINE 2.8 Culture de Plasmodium falciparum 238
PNEUMOCYSTIS CARINII Examen du liquide
BLASTOCYSTIS HOMINIS 215 céphalo-rachidien (LCR) 240
3.1 Numération des cellules (éléments) 240
1. Pneumocystis carinii 215
3.2 Examen parasitologique 241
1.1 Introduction 215
3.3 Dosage des protéines 241
1.2 Cycle évolutif, morphologie
3.4 Dosage des IgM non spécifiques 242
et caractères biologiques 215
1.3 Hôtes 216 4. Autres t e c h n i q u e s
1.4 Pouvoir pathogène 216 d e m i s e e n é v i d e n c e d e parasites 243
1.5 Diagnostic 217 4.1 Recherche d'antigènes parasitaires
1.6 Traitement 218 par méthodes immunologiques 243
1.7 Epidémiologie 218 4.2 Sondes ADN 245

10
Table cJes. matières

4.3 Amplification de séquence 1.2 Lutte biologique 261


("polymerase chain reaction", PCR) 245 1.3 Méthodes génétiques 261
1.4 Lutte mécanique et écologique 262
5. D i a g n o s t i c indirect
1.5 Répulsifs 262
par r e c h e r c h e d ' a n t i c o r p s 246
2. Lutte c o n t r e les a n o p h è l e s 262
5.1 Prélèvements et dilutions 246
5.2 Réactions d'agglutination directe 247 2.1 Pulvérisations intra-domiciliaires 262
5.3 Agglutination de particules inertes 2.2 Traitement spatial intra-domiciliaire 262
("Latex agglutination test", LAT) 249 2.3 Traitement spatial extérieur 262
2.4 Mesures antilarvaires 262
5.4 Hémagglutination passive 249
2.5 Diminution du contact homme-insecte 263
5.5 Variante de réaction d'agglutination:
2.6 Moustiquaires imprégnées d'insecticides 263
"immunosorbent agglutination assay" (ISAGA) 250
5.6 Précipitation en gel (PEG) 250 3. Lutte c o n t r e les glossines 263
5.7 Immunofluorescence indirecte (IFI) 252 3.1 Insecticides 263
5.8 Test ELISA 3.2 Lâcher de mâles stériles 263
("Enzyme-linked Immunosorbent Assay") 253 3.3 Etablissement de barrières chimiques
5.9 Variante: ELISA IgM "capture" 254 et mécaniques 264
5.10 Immuno-transfert 255 3.4 Utilisation de pièges 264
3.5 Régulateurs de croissance 264
6. Cryoconservation ZDJ
3.6 Phéromones sexuelles 264
6.1 Plasmodium falciparum du sang 3.7 Groupe de l'ivermectine 264
de patients ou de cultures 255
6.2 Trypanosomes sanguicoles 256 4. Lutte c o n t r e les p h l é b o t o m e s 264
6.3 Parasites intestinaux 4.1 Utilisation des insecticides 265
en culture (amibes, Ciardia) 257 4.2 Modifications de l'environnement 265
4.3 Mise en place de barrières naturelles 265
Bibliographie 257
4.4 Protection individuelle 265
5. Lutte c o n t r e les r é d u v i d é s 265
5.1 Utilisation des insecticides 265
20 LUTTE CONTRE LES ARTHROPODES
5.2 Réduction du contact homme - vecteur 265
VECTEURS DE PROTOZOAIRES 5.3 Réduction des populations de réduves 265
PARASITES 259

1. Concepts généraux
d u c o n t r ô l e des v e c t e u r s 259
1.1 Lutte chimique 259 INDEX 267

11
Liste des figures

Figure 1 -1 Cellule eucaryotique 22 Figure 7-4 Espèces du genre Trichomonas


infectant l'homme 77
Figure 1 -2 Endocytose 23
Figure 8-1 Eléments structuraux
Figure 1 -3 Structures cytosquelettiques
des Trypanosomatidae 84
et membranaires 25
Figure 8-2 Famille des Trypanosomatidae:
Figure 1 -4 Organites de locomotion 26
stades des cycles 86
Figure 1 -5 M o d e s asexués de reproduction 27
Figure 8-3 Morphologie des formes de l'insecte
Figure 4-1 Evolutions possibles chez Trypanosoma 86
de l'infection amibienne 41
Figure 8-4 Organites des trypanosomes
Figure 4-2 C y c l e de E. histolytica 43 au microscope électronique 88

Figure 4-3 Trophozoïtes et kystes Figure 9-1 Stercoraria sanguicoles 92


de £ histolytica 44
Figure 9-2 Réduve, vecteur
Figure 4-4 Analyse isoenzymatique
de la maladie de Chagas 94
de E. histolytica 47
Figure 9-3 Stade trypomastigote de T. cruzi 95
Figure 4-5 Cristaux de Charcot-Leyden 50
Figure 9-4 Stade amastigote de T. cruzi 95
Figure 4-6 Objets rencontrés à l'examen
microscopique des selles 52 Figure 9-5 Stade épimastigote de T. cruzi 96

Figure 5-1 Amibes du tube digestif Figure 9-6 C y c l e de T. (S.) cruzi 96


de l'homme 60
Figure 9-7 Immuno-électrophorèse
Figure 5-2 Kystes d'amibes
dans l'infection par T. cruzi 99
du tube digestif de l'homme. 61
Figure 10-1 M o u c h e tsé-tsé (genre Ciossina) 103
Figure 5-3 Structure comparée
des noyaux d'amibes 62 Figure 10-2 T. (T.) brucei et sous-espèces,
trypomastigotes sanguicoles 104
Figure 10-3 T. (D.) vivax, T. (N.) congolense
Figure 5-4 Trophozoïtes
64 et T. (T.) rhodesiense 104
et kyste de Naegleria
Figure 10-4 Trypanosoma congolense,
Figure 5-5 Trophozoïte
forme sanguicole 105
et kyste d'Acanthamoeba 65
Figure 10-5 Trypanosoma rangeli,
Figure 6-1 Trophozoïte
forme sanguicole 105
et kyste de Balantidium coli 69
Figure 10-6 T. (T.) brucei et sous-espèces,
Figure 7-1 Flagellates intestinaux
les plus courants 72 épimastigotes du proventricule 106

Figure 7-2 Trophozoïte et kyste Figure 10-7 Schéma du cycle de T. (T.) brucei 107
de Giardia intestinalis 73
Figure 10-8 Galerie forestière (gîte habituel
de G. palpalis) 109
Figure 7-3 C y c l e évolutif
de Giardia intestinalis 74 Figure 10-9 Signe de Winterbottom 111
Liste des figures

Figure 10-10 Fréquence relative Figure 13-2 Distribution du paludisme


des signes cliniques 111 dans le monde 153

Figure 10-11 T. b. gambiense Figure 13-3 Anopheles stephensi,


en goutte épaisse 114 un vecteur de paludisme 153

Figure 10-12 Schéma de dépistage classique 117 Figure 13-4 P. vivax dans le sang 154

Figure 10-13 Schéma Figure 13-5 P. ovale dans le sang 155


de dépistage amélioré 118
Figure 13-6 P. malariae dans le sang 156
Figure 10-14 Microscopistes au cours
Figure 13-7 P. falciparum dans le sang 158
d'une scéance de dépistage actif 118
Figure 13-8 La fièvre, symptôme cardinal 163
Figure 10-15 T. b. rhodesiense en frottis
et dans le sang non coloré, Figure 13-9 Mesure de l'hypertrophie
au contraste de phase 119 de la rate 174

Figure 11-1 Phlébotome, vecteur Figure 13-10 Actions possibles


de leishmanioses 124 en zone endémique 176

Figure 11-2 Macrophages Figure 14-1 Schéma général


et formes amastigotes 125 du cycle des coccidies 180

Figure 11-3 Formes promastigotes Figure 14-2 Trophozoïte


(vecteur, culture) 126 de Cryptosporidium
dans l'intestin 180
Figure 11-4 C y c l e évolutif des leishmanies 126
Figure 14-3 Oocystes de Isospora
Figure 11-5 Communautés antigéniques dans les selles 182
chez les Trypanosomatidae 128
Figure 14-4 Stades du cycle
Figure 11-6 Immuno-électrophorèse: de Cryptosporidium 183
arcs 4 et 24 spécifiques
de Leishmania 129 Figure 14 -5 Oocystes de Cryptosporidium
dans les selles 184
Figure 11-7 Sérums de chiens et antigènes
131 Figure 14-6 Oocystes de Cyclospora
de L. donovani
dans les selles 186
Figure 11-8 U l c è r e leishmanien 131
Figure 15-1 Schéma du cycle
Figure 12-1 Schéma du cycle de Toxoplasma gondii 191
des plasmodiums 138
Figure 15-2 Ultrastructure d'un trophozoïte
Figure 12-2 Schizontes hépatiques 141 de Toxoplasma 192

Figure 12-3 Ultrastructure des stades invasifs Figure 15-3 Zoïtes et kystes
de Plasmodium 141 de Toxoplasma 193

Figure 12-4 Stades de la schizogonie Figure 15-4 Circulation des toxoplasmes 198
érythrocytaire 141
Figure 15-5 Schéma du cycle de Sarcocystis 199
Figure 12-5 Stades de la sporogonie 142
Figure 15-6 Zoïtes et kystes de Sarcocystis 200
Figure 12-6 Etapes de la pénétration
Figure 15-7 Oocystes de Sarcocystis 201
du mérozoïte
dans le globule rouge 143 Figure 16-1 Formes érythrocytaires
de Babesia sp 204
Figure 12-7 Le plasmodium
dans le globule rouge 144 Figure 16-2 Schéma du cycle de Babesia 205

Figure 13-1 Modalités d'évolution Figure 17-1 Spores de microsporidies


de la parasitémie 151 (ultrastructure) 209

14
Figure 17-2 Schéma du cycle Figure 19-3 Immunodiffusion radiale 242
des microsporodies 210
Figure 19-4 Prélèvements de sang séché,
Figure 17-3 Stades intracellulaires découpage de "confettis" 247
de microsporidies (dessins) 211
Figure 19-5 Test d'agglutination
Figure 18-1 Schéma du c y c l e hypothétique directe sur carte (CATT) 248

de P. carinii 216 Figure 19-6 Réaction d'agglutination:

Figure 18-2 Stades de Pneumocystis 216 promastigotes de Leishmania


en plaque à microtitration 249
Figure 18-3 Formes de Pneumocystis
dans les sécrétions bronchiques 217 Figure 19-7 Immunodiffusion (Ouchterlony)

Figure 18-4 Sades de Blastocystis présents et immunoélectrophorèse 252


dans les selles 219 Figure 19-8 Lames «multispot» 252
Figure 19-1 Goutte épaisse Figure 19-9 Exemple de tests
correctement effectuée 227 d'immunofluorescence positifs 253

Figure 19-2 Quadrillage des cellules Figure 19-10 "Immunoblotting"


à numération des éléments ou"Western blot" 255
cellulaires dans le L C R 232

15
Avant-Propos

La protozoologie est la pierre angulaire des affec- personnes immunodéficientes d'origine iatrogène et
tions parasitaires endémo-épidémiques sous les tropi- particulièrement par les tristes retombées du SIDA, a
ques. Elle a été reconnue comme telle, dès les ouvert plus largement le registre des infections à proto-
premières tentatives d'identification par les pionniers zoaires latents ou à potentiel opportuniste. C e domaine
de la médecine tropicale, toutes nationalités confon- particulier, auquel M a r c W é r y s'est familiarisé dans le
dues. Broden et Rodhain ont fondé l'école belge de laboratoire de son maître J.B. Jadin, reçoit l'attention
protozoologie qui connaîtra un lustre particulier qu'il mérite.
notamment par la découverte des plasmodiums des
rongeurs, les Vinckeia. Cette découverte transformera Dans le présent ouvrage, tous les aspects classi-
l'étude expérimentale, fondamentale et appliquée de ques et neufs des protozoaires sont rassemblés dans un
ces protozoaires, menaces majeures et ubiquitaires large panorama, selon une formule méthodique et pré-
pour la santé des hommes et des animaux. cise et de plus, confrontés avec une large et précieuse
expérience. O n y trouve des données sûres et réfléchies
M a r c W é r y est un digne représentant de cette sur une taxinomie basée de plus en plus sur des carac-
lignée qui, ayant bénéficié au surplus de l'hospitalité et tères génétiques, sur la biologie cellulaire et molécu-
du climat stimulant du service de l'éminent protoozo- laire, sur les cycles biologiques complexes rendus
logiste R C . C . C a r n h a m , a acquis son expérience en accessibles par des schémas particulièrement démons-
associant des recherches sur le terrain et les méthodo- tratifs. Il offre une analyse critique des signes cliniques,
logies modernes dans ses laboratoires à Kinshasa sur les méthodes de diagnostic usuels ou très sophisti-
(Zaïre) et à Anvers. qués jugés comparativement avec objectivité, des indi-
cations pour les traitements et les moyens de
Les protozoaires, microorganismes unicellulaires,
prévention. L'épidémiologie, notion fondamentale pour
occupent présentement une place de choix dans
les modalités des transmissions, reçoit l'attention
l'étude de la biologie cellulaire. Ces eucaryotes offrent
qu'elle mérite.
la possibilité de disposer d'un nombre illimité de cellu-
les identiques aux divers stades de développement. Ils
Cet ouvrage s'avérera un guide précieux pour
sont devenus de ce chef le matériel de choix pour
tous ceux qui souhaitent acquérir et assimiler la proto-
l'étude des structures, ultrastructures et fonctions phy-
zoologie à l'aide de textes clairs, ordonnés, souvent
siologiques et biochimiques des organites et des enve-
captivants. Il n'y manque que le complément anecdoti-
loppes cellulaires. La progression de nos connaissances
que qui enrichit les exposés magistraux. Il s'avérera de
a trouvé dans le champ des protozoaires un terrain très
même très utile pour un public plus large qui, con-
riche. La biologie moléculaire, la génétique, l'immuno-
fronté avec des problèmes déroutants en médecine
logie en ont profité et ont permis de mieux fixer des
humaine, y trouvera les données utiles à orienter la
cadres taxinomiques, de préciser davantage les rap-
réflexion vers une solution.
ports complexes "hôte-parasite" et de mettre au point
des techniques plus performantes pour les diagnostics
C'est avec une grande satisfaction et gratitude
individuels et communautaires.
que j'ai introduit ce traité de protozoologie qui fait
honneur à son auteur et à l'école belge de protozoolo-
Le cadre essentiellement tropical et subtropical
gie.
des protozoooses a été rompu: son extension est uni-
verselle. La fréquence, la capacité et la vitesse des
Professeur P.G. Janssens
transports aériens et leur utilisation routinière entraîne
la globalisation des risques de transmission des mala-
Directeur honoraire
dies infectieuses. Le compartimentage des pays en
de l'Institut de M é d e c i n e tropicale
fonction de leur climat et du niveau d'hygiène a de ce
Prince Léopold
chef cessé d'exister. Il y a plus: la multiplication des
à Anvers
Avertissement ou lecteur

Cet ouvrage a pour but principal de décrire les l'espace intérieur de l'hôte ou la résistance que celui-ci
protozoaires et leur comportement parasitaire chez leur oppose par une réaction de défense adaptée.
l'homme. Il ne s'agit d o n c pas d'un traité clinique.
La liste des techniques de laboratoire est loin
La localisation anatomique de l'activité parasi- d'être exhaustive. Le choix présenté au chapitre 19
taire et la réaction de l'hôte à la présence de cet.intrus sera basé sur l'expérience accumulée par l'auteur. C e
déterminent, dans de nombreux cas, un dysfonctionne- sont des recettes éprouvées avec l'accent mis sur la fai-
ment organique dont la pathogénie, souvent encore sabilité dans les conditions du terrain.
partiellement hypothétique, sera décrite et une maladie
La lutte contre les vecteurs sortirait du cadre de
dont les symptômes seront évoqués schématiquement.
la protozoologie médicale si elle n'était une compo-
Toute l'attention se porte sur le diagnostic au labora-
sante essentielle de la lutte contre les maladies parasi-
toire.
taires dont il est question dans le reste du livre. Ici
aussi, quelques indications pratiques utiles pour la
La démarche thérapeutique qui s'en suit sera
mise en œuvre des opérations prendront le pas sur les
évoquée sous forme d'une liste de médicaments actifs
principes généraux qui seront seulement évoqués. O n
et de schémas de traitement éprouvés.
en profitera cependant pour familiariser le lecteur avec
les insecticides et leur formulation, produits générale-
Les mécanismes de transmission de chaque orga-
ment peu connus et souvent mal employés.
nisme, décrits en détail, introduiront les paragraphes
de description épidémiologique qui situeront le para-
O n peut regretter l'absence de couleurs dans les
site et suivront ses mouvements au sein d'une commu-
illustrations mais après tout la forme est, en parasitolo-
nauté d'individus. Les méthodes de mesure
gie, l'élément le plus important sauf lorsqu'une colora-
épidémiologique sont essentielles car elles permettent
tion spécifique peut aider au repérage d'un organisme.
d'évaluer l'importance des endémies et de prévoir
Le but poursuivi sera de guider l'observation au
l'efficacité des méthodes de contrôle proposées.
microscope du stade diagnostique et de suivre la mor-
phogenèse au cours du cycle parasitaire. En plusieurs
La littérature récente est encombrée de données
endroits, un texte descriptif remplacera une photo dont
éparses sur la dissection des parasites et du système
l'utilité est marginale. D'autre part, des atlas en cou-
immunitaire en leurs composants moléculaires. Epito-
leurs de qualité exceptionnelle (Atlas of human Proto-
pes de protéines antigéniques, molécules de reconnais-
zoa, Ed. E.G. Rondanelli et M . Scaglia, Masson, M i l a n o
sance cellulaire et leurs séquences déterminantes
1993 et Atlas de microbiologie médicale, Mangels-
identifiées dans le génome du parasite, étapes métabo-
chots, Lontie, Vandepitte, A c c o Amersfoort Leuven
liques du protozoaire, sécrétion de cellules immunitai-
1990) ont été récemment publiés sur les protozoaires.
res, déterminants du mécanisme oxydatif des
phagocytes, tout est analysé. Ces mécanismes molécu- La bibliographie terminant chaque chapitre est
laires ne seront évoqués que lorsque leur connaissance présentée de manière chronologique pour mieux retra-
est suffisamment cohérente pour aider à comprendre la cer les étapes marquantes dans la connaissance du
survie et la multiplication des microorganismes dans protozoaire et de son comportement parasitaire.
Le Protozoaire: morphologie, physiologie 1
1. Généralités primordial de la membrane externe de la cellule et "i. Généralités :
pour l'élucidation des réactions biochimiques qui pré- 1.1 Définition .
sident au métabolisme de la cellule. 1.2 La cellule eucaryotique
1.1 Définition 2. Structures et fonctionne-
ment
Le Protozoaire est un être vivant unicellulaire 2. Structures et fonctionnement 2.1 Système cyromembra-
dépourvu de chlorophylle et se multipliant par mitose noire
ou par reproduction sexuée. L'embranchement des 2.2 Cyîosol
2.1 Système cytomembranaire 2.3 Corpuscules inrro-cyro-
protozoaires comprend les ciliés, les flagellés, les
plpsmiques
rhizopodes (amibes, foraminifères, radiolaires) et C'est l'ensemble constitué par la membrane plas- 2.4 Noyou
l'hématozoaire du paludisme (dictionnaire Larousse) matique (paroi externe de la cellule) et ses invagina- 2.5 Cyrpsquelette
tions endocytaires qui forment un réseau de 2.6 Organites moteurs
1.2 La cellule eucaryotique membranes à l'intérieur de la cellule et la divisent en 2.7 Reproduction
compartiments spécialisés. La structure adoptée permet
Les composants principaux de cette cellule, qui
aux membranes les deux actions opposées de fusion/
l'opposent au "procaryote" (bactéries et apparentés) FIGURES
fission qui sont la base de leur fonctionnalité: une
sont énumérés ci-dessous (figure 1-1): 1-1 Cellule eucaryotique
membrane peut à tout moment s'interrompre, s'ouvrir 1-2 Endocyîose
- un système de cytomembranes, y compris l'enve- (vacuole alimentaire, lysosome) ou au contraire fusion- 1-3 Structures cytosqueletti-
loppe nucléaire qui isole le matériel nucléaire du ner avec une autre partie et se refermer (division cellu- ques et membranaires
cytoplasme; laire, formation des vésicules d'endocytose). 1-4 Organites de locomotion
1-5 Modes asexués de repro-
- des éléments cytosquelettiques et systèmes duction
Ce système cytomembranaire est constitué d'une
moteurs associés, y compris l'appareil mitotique;
bicouche lipidique (phospholipides, glycolipides etsul-
- une organisation complexe du génome compre- pholipides), d'une épaisseur de 5 à 6 nm. Les têtes
nant des chromosomes (ensembles de gènes avec hydrophiles font saillie sur les deux faces de la mem-
leurs outils de fonctionnement), des nucléoles, brane. La cohésion latérale est assurée par les forces de
des gènes segmentés, un système d'épissage de van der W a a l s entre les chaînes hydrocarbonées hydro-
l ' A R N (acide ribonucléique), une séparation phy- phobes.
sique stricte entre la transcription (noyau) et la
traduction (cytoplasme) de l'information généti- Cette structure simple procure aux membranes
que; séparant différents compartiments, deux qualités indis-
pensables au fonctionnement de la cellule: elles ont
- des organites métaboliques cytoplasmiques.
une tendance générale à se refermer spontanément sur
En tant que cellule isolée, le protozoaire possède elles-mêmes (formation de vésicules fermées) et elles
les constituants des cellules métazoaires: membrane, sont imperméables aux molécules et ions solubles dans
cytoplasme et noyau. Il possède en outre un certain l'eau.
nombre d'organites spécialisés.
Les protéines membranaires sont insérées dans la
Les Protozoaires ont largement contribué aux couche bilipidique par des segments polypeptidiques
progrès réalisés ces dernières années en matière de hydrophobes et ancrées par un acide gras. Leur rôle est
biologie cellulaire et moléculaire. Leur survie aisée et double:
leur multiplication au laboratoire dans des liquides - transporter les molécules d'un côté à l'autre de la
nutritifs simples en ont fait un matériel de choix pour membrane, par diffusion et par un système de
l'observation au microscope électronique des consti- pompes pouvant forcer le courant contre les
tuants cellulaires, pour l'étude de la fonction des orga- déséquilibres ioniques et contre les charges élec-
nites cytoplasmiques, pour la définition du rôle triques (potentiels de membranes); les pompes

21
Chapitre 1 LE PROTOZOAIRE: MORPHOLOGIE, PHYSIOLOGIE

Figuré 1-1 lipides en émulsion porte le nom d e "pinocytose"


(boire, au niveau cellulaire).
Cellule eucaryotique
cl cylosol Les vacuoles chargées de produits du catabo-
f.a. fibres d'actine lisme, au contraire, fusionnent a v e c la membrane plas-

g. Golgi matique et s'ouvrent à l'extérieur (exocytose),


éliminant ainsi les déchets cellulaires (figure1-2).
gl. glycoprotéines de surface
i.e. invagination endocytaire C h e z certains protozoaires, toute la surface d e la
I. lysosome cellule participe au phénomène car la membrane est
m. mitochondrie souple (amibes); chez d'autres dont la membrane
mt. microtubules externe est sous-tendue par des structures squelettiques

n. noyau rigides, l'endocytose se fait à un endroit spécialisé de


la membrane: p o c h e flagellaire chez les trypanosomes,
nu. nucléole
cytostome chez les ciliates.
ph.-ly phagoiysosome
r.e. réticulum endoplasmique Les antigènes de surface recouvrent la membrane
v. vacuole externe et sont constitués de protéines complexes,
fixées aux structures membranaires par lesquelles le
protozoaire entre en contact avec le milieu extérieur.
sont alimentées en énergie par l'hydrolyse de Ces glycoprotéines revêtent une importance toute par-
l'adénosine triphosphate (ATP); ticulière chez les protozoaires parasites car c e sont
elles qui vont induire la réponse immune chez l'hôte.
- communiquer avec l'environnement par des Les premiers anticorps fabriqués par l'organisme
récepteurs situés à l'extérieur (par exemple, sites envahi sont en effet dirigés spécifiquement contre ces
de fixation pour des ligands spécifiques), la protéines garnissant la membrane. L'action d e ces anti-
réponse aux messages (réaction) étant assurée corps a pour résultat la lyse des parasites par destruc-
par les sites effecteurs situés de l'autre côté de la tion de leur paroi. D e nombreux protozoaires ont la
membrane. capacité de produire au sein d ' u n e population en
cours d e lyse, des mutants appelés "variants antigéni-
Les membranes doivent remplir de multiples
ques". C e sont des individus qui, ayant changé la
fonctions. Les différences résident dans l'abondance
séquence des acides aminés d e leurs protéines d e sur-
de telle protéine plutôt que telle autre. La membrane
face, échappent à l'action des anticorps lytiques diri-
plasmatique est un organite frontière. Elle est équipée
gés contre le premier antigène et sont à l'origine d ' u n e
de transporteurs, d e pompes, de chenaux, de vannes;
nouvelle population de parasites. Ces antigènes, portés
elle est souvent renforcée, sous-tendue par un tissu
par la surface du parasite, sont appelés glycoprotéines
cytosquelettique de diverses compositions, la plus
variantes de surface; le codage génétique de la syn-
courante étant un réseau serré d e fibres d'actine. Les
thèse d e ces antigènes variables est assuré par des
membranes internes sont des organites frontières spé-
gènes nucléaires séparés, activés successivement.
cialisés. Elles sont chargées, par exemple, de la fonc-
tion de triage entre la capture endocytaire (pinocytose) Les protozoaires résistent très mal à la présence
et la digestion lysosomiale (fusion avec un lysosome). d'oxygène, à un excès d'ions Ca + + ou M g + + , aux chan-
gements de tonicité, à la dessication, aux agents déter-
La membrane plasmatique, semi-perméable, génts... Certains sont capables de modifier leur
permet le passage des petites molécules (H 2 0), passi- membrane externe, de l'épaissir, au cours du processus
vement par les mécanismes osmotiques et activement d'enkystement.
(grâce aux protéines qui la truffent) par un système d e
"pompes" (exportation des ions N a + et importation des La paroi kystique, rigide, a une constitution très
ions K + , Ca + + ). Elle est, de plus, souple et déformable variable. En général, elle est formée de différentes cou-
et donne naissance aux vacuoles d'endocytose (pha- ches, l'interne étant cellulosique ou composée de chi-
gosomes) par invagination. L'importation dans le cyto- tine et l'externe phosphoprotéique, dure et chargée sur
plasme de particules solides (bactéries, grains sa surface externe de mucopolysaccharides. Cette
d'amidon etc...) porte le n o m de "phagocytose" (man- paroi contient chez les amibes 33 p.100 de protéines
ger, au niveau de la cellule), celle de gouttelettes liqui- (manteau de surface de glycoprotéines) et permet au
des contenant des matières nutritives dissoutes ou de parasite qui l'a sécrétée, de survivre dans un milieu

22
Structures e t fonctionnement Chapitre 1

hostile (antiseptiques, dessication) pendant des pério- Figure 1-2


des plus longues.
Endocytose
Le protozoaire doit cependant, au préalable, 1. Vacuole d'endocytose avec accu-
avoir éliminé de son cytoplasme les matériaux usagés mulation de phosphatase acide
et les organites métaboliques de même que l'excédent indiquant la fusion précoce avec
d'eau (épuration et concentration du cytoplasme). Les un lysosome
échanges entre la cellule et l'extérieur sont interrom- 2. Vue schématique des phénomè-
pus pendant la durée du stade kystique et le métabo- nes d'endocytose (d'après P.J. Jac-
lisme est arrêté. ques)

2.2 Cytosol

C'est un élément amorphe (sans structure) mais


très concentré (20 p.100 de protéines et 70 p.100
d'eau) dans lequel baignent des inclusions cytoplasmi-
ques diverses. Il occupe tout l'espace entre la mem-
brane externe et le noyau. Il contient des systèmes
lysosome
enzymatiques importants pour la vie de la cellule,
entre autres les enzymes de la chaîne glycolytique et
des systèmes bio-synthétiques.

La mobilité des substances entre les différents


V
endroits du cytoplasme ou du noyau nécessite l'organi- vacuoles digestives résiduel

sation de leur transport, souvent à travers des membra- DIACYTOSE

nes ou enfermées dans des vésicules: c'est ce qu'on


appelle la translocation. Le cytosol y joue un rôle
important mais passif. C'est un lieu de passage où ont
cependant lieu des transformations.

Le réticulum endoplasmique baigne dans le cyto-


sol. C'est un réseau de membranes, réparti dans tout le
cytoplasme et qui lui donne l'aspect d'une éponge.
Certaines parties du réticulum sont garnies de grains
visibles au microscope électronique contenant l ' A R N : chondries sont des organites d'adaptation
les ribosomes. Ils sont chargés de la synthèse protéique particulièrement importants pour les protozoaires qui
en utilisant l'information venue du noyau par l'inter- sont amenés, au cours de leur cycle évolutif, à vivre
médiaire de l ' A R N messager.
dans des milieux très différents au point de vue valeur
nutritive et oxygénation (par exemple successivement
2.3 Corpuscules intra-cytoplasmiques
le sang d'un vertébré et l'estomac d'un invertébré).
L'appareil de Golgi est constitué de sacs aplatis L'adaptation du protozoaire à un milieu pauvre en oxy-
et empilés les uns sur les autres, ainsi que d'ampoules gène nécessite une hypertrophie très importante de la
vésiculeuses, émises par la périphérie des saccules à la mitochondrie pour maintenir les oxydations intracellu-
suite de constriction locale. Il participe à la fabrication laires à un niveau constant.
de membranes, aux sécrétions cellulaires, au drainage
d'éléments du cytosol vers l'extérieur (figure 1-3). Le kinétoplaste des flagellés est une portion diffé-
Les mitochondries sont des sacs allongés, entou- renciée de la mitochondrie. C'est un corpuscule
rés d'une membrane double. Le feuillet interne de cette allongé, en forme de bâtonnet, qui se trouve sous le
membrane comporte de nombreux replis s'enfonçant à corpuscule basai chez certains flagellates. Il contient
l'intérieur de la mitochondrie, en vue d'augmenter la une quantité importante d ' A D N (plus de 25 p.100 du
surface de contact. Elles contiennent des enzymes contenu cellulaire total chez les trypanosomes). En
d'oxydation (déshydrogénases) et ont pour principal continuité avec la mitochondrie, il est le support géné-
rôle de brûler (c'est-à-dire oxyder) les substances ingé- tique réglant les adaptations métaboliques aux diffé-
rées par la cellule pour produire de l'énergie. Les mito- rents milieux où évolue le parasite.

23
Chapitre 1 LE PROTOZOAIRE: MORPHOLOGIE, PHYSIOLOGIE

Il faut remarquer que cet A D N cytoplasmique est acides aminés essentiels qui composent la matière
u n e déviation du c o d e génétique universel: le g é n o m e vivante. Le c o d e génétique est connu: le triplet U U A
d'organite est en effet transmis, lors d e la reproduction c o d e pour l'utilisation d e la leucine, UCA pour la
sexuée, par la mère (et exclusivement par elle) à sa sérine, G C U pour l'alanine, etc... Le c o d e génétique
descendance. n'a pas de ponctuation (il est lu sans interruption, par
blocs d e trois bases à la suite les unes des autres); il est
Les lysosomes sont d e petits sacs sphériques à universel car tous les organismes utilisent le m ê m e
paroi simple. Ils contiennent des e n z y m e s lytiques ser- langage; il possède des codons de départ ( A U G ) et
vant normalement à la digestion des particules ingé- d'arrêt ( U A G , UAA ou U G A ) spécifiques, qui indi-
rées dans le phagosome. Leur lésion amène la quent l'endroit o ù la traduction doit débuter et s'arrê-
destruction de la cellule ("corpuscules suicide"). Pro- ter.
téases, glycosidases, phospholipases, phosphatases
(entre autres phosphatase acide), peroxydases, hydro- Le matériel génomique peut être diffus o u con-
lases sont les principaux e n z y m e s lysosomiaux. centré en grains (chromatine), dont la disposition au
sein du noyau peut constituer une caractéristique taxi-
La phagocytose et la pinocytose conduisent à la nomique. La chromatine est l'association de l'ADN
formation d e vacuoles (phagosomes), entourées d ' u n avec des protéines appelées histones. Ces protéines
morceau d e membrane plasmatique et contenant des servent de " b o b i n e s " autour desquelles s'enroule la
produits alimentaires qui seront progressivement digé- c h a î n e d ' A D N , jouant un rôle de protection contre les
rés avec l'aide des lysosomes. Les substances ingérées accidents de parcours. Toutefois, cette situation a un
seront utilisées, après digestion, soit pour la fourniture inconvénient: la réplication ne peut se faire qu'après
d'énergie par oxydation a v e c l'aide des mitochondries, déroulement, c e qui retarde le processus d e la mitose.
soit pour la synthèse des constituants cellulaires. La
vacuole est parfois un critère morphologique utile (tro- Les gènes des protozoaires sont segmentés, inter-
phozoïte de Plasmodium, kyste d e lodamoeba). Il rompus par des introns et repérables à leurs extrémités
existe aussi dans certains protozoaires, des vacuoles par des télomères.
dites "pulsatiles" qui servent à collecter les produits du
catabolisme ou un excédent d ' e a u qui seront ensuite R o n d o u ovale, le noyau o c c u p e une position

éliminés à l'extérieur de la cellule. variable, le plus souvent centrale, au sein d e la cellule.


Il est parfois associé aux corpuscules basaux des fla-
gelles o u attaché à une structure squelettique (axos-
2.4 Noyau
tyle).
Porteur du patrimoine génétique, le noyau des
La plupart des protozoaires n'ont q u ' u n seul
protozoaires est caractérisé par un grand degré de
noyau mais on rencontre cependant d e nombreux
variabilité d u matériel c h r o m o s o m i q u e mis en évi-
exemples de cellules plurinucléées: kystes d'amibes,
d e n c e par des variations dans la colorabilité au Feul-
schizontes de plasmodium, ciliates... D e plus, c h e z
gen mais aussi par les autres colorants usuels (Ciemsa,
les flagellates, le noyau ne détient pas l'exclusivité d e
hématoxyline). Il est délimité (contrairement aux bac-
la présence de l ' A D N , puisque des organites cytoplas-
téries) par u n e d o u b l e m e m b r a n e trouée, en continuité
miques c o m m e les kinétoplastes sont essentiellement
a v e c le réticulum endoplasmique, qui sépare la "répli-
composés de cette substance et interviennent donc
cation" d e la "traduction".
dans le déterminisme génétique d e la cellule. La dis-
La réplication des séquences d e bases se fait à position de la chromatine et des caryosomes, conden-
l'intérieur d u noyau. L ' A R N messager, copie conforme sations d'ADN visibles au microscope optique,
des séquences de bases de l ' A D N , est exporté à travers constituent c h e z certains protozoaires des caractères
la membrane nucléaire dans le cytoplasme pour être taxonomiques utiles.
rattaché par épissage à l ' A R N ribosomal.
Les noyaux se divisent par mitose mais
La traduction (synthèse protéique) peut alors lorsqu'une multiplication sexuée existe a v e c formation
avoir lieu dans le cytoplasme par la lecture du c o d e d ' u n œ u f (zygote), la méiose (division réductionnelle)
génétique: un triplet de nucléotides (trois nucléotides est obligatoire. Dans l'ordre des Coccidia, cette
successifs) c o d e pour l'utilisation d ' u n acide aminé. méiose est dite zygotique, c'est-à-dire qu'elle suit
Cette disposition d o n n e aux quatre nucléotides (Ura- immédiatement la formation du zygote par féconda-
cile, Adénine, Cytosine, Guanine), pris par groupes de tion a v e c pour c o n s é q u e n c e q u e tous les stades végé-
trois, la possibilité d e coder pour l'utilisation des vingt tatifs sont haploïdes.
Structures et fonctionnement Chapitre 1

2.5 Cytosqueleîîe

Il doit assurer le maintien d'une forme, forcer les


structures à rester en place ou au contraire les forcer à
se rejoindre pour fusionner. Il est composé de protéines
spéciales (actine et tubuline) qui s'alignent en chaînes
pour former des fibrilles.

Les fibres d'actine sont contractiles. Enchevê-


trées, elles peuvent former un réseau serré comme une
toile résistante et semi-rigide.

Les microtubules sont composés de tubulines a


et p, protéines très importantes chez les protozoaires.
Des structures latérales de ces protéines permettent
l'assemblage de 13 filaments côte à côte (ni plus ni
moins) pour former un microtubule cylindrique. Ces
fins tubes creux et rigides sont disposés en spirale
immédiatement sous la membrane externe de certains
protozoaires. Ils peuvent aussi, par un raccourcisse-
ment combiné à un appui sur un point d'ancrage
(structure fixe), assurer la mobilisation d'une vésicule,
des chromosomes lors de la mitose (métaphase), le
mouvement d'un flagelle, etc.

Le couplage de ce travail avec une réaction four-


nissant l'énergie est nécessaire: l'hydrolyse de l'ATP. Il
est assuré par des protéines comme la myosine, dans le
cas de l'actine dans les fibres musculaires; dans le cas
ments, invisibles à l'observation, se font continuelle- Figure 1-3
des tubulines, c'est la dynéine ou la kinésine qui
ment à l'intérieur de la cellule dans le cytoplasme, le
jouent le rôle d'intermédiaires. Structures cytosquelettiques et
noyau, les vacuoles: mouvements liquidiens, formation
membranaires
L'axostyle est un faisceau de microtubules acco- de vacuoles, invaginations des membranes, division
lés, en forme de bâtonnet rigide et rectiligne, qui cons- 1. Microtubules sous-tendant la
nucléaire et cellulaire, etc. Tous ces mouvements sont
membrane plasmatique
titue une sorte de colonne vertébrale chez rendus possibles grâce aux filaments d'actine et de
Trichomonas par exemple. Bien visible au microscope 2. Appareil de Golgi (saccules apla-
tubuline qui composent le cytosquelette.
optique, il se situe dans l'axe du parasite, en son cen- tis), réserve de membranes
m.p. membrane plasmatique
tre. Il prend son origine devant le noyau, à la base des Le flagelle est un prolongement cytoplasmique
v.a. vacuole alimentaire
flagelles puis se dirige vers l'arrière où il semble dépas-
long et fin centré par l'axonème, système de fibrilles v.b. vacuole basale
ser l'extrémité postérieure clu parasite (figure 1-3).
axiales (9 paires périphériques et une paire centrale).
3. Fibrilles soutenant les éléments
Accompagné d'une gaine de cytoplasme et enveloppé flagellaires
2.6 Organites moteurs
par la membrane externe du parasite, cet axonème m membrane plasmatique
La plupart des protozoaires ont besoin d'une pos- soutient et anime le flagelle sur toute sa longueur. Les ax. axostyle (microtubules torsa-
sibilité de se mouvoir dans le milieu ambiant. Les spo- paires de fibrilles contractiles sont constituées de 2 dés)
rozoaires passent une partie importante de leur vie à microtubules associés. Leur activation provoque des c.b. blépharoplaste ou corpuscule
l'intérieur des cellules. Ils n'acquièrent des possibilités contractions des protéines de tubuline qui les compo- basai
de motilité qu'au moment où ils sont obligés de chan- sent et un raccourcissement d'un des microtubules de t.r. flagelle récurrent
ger de cellule hôte (sporozoïtes, mérozoïtes), en même la paire, assurant ainsi une déformation, puisqu'ils sont
temps que des organes de pénétration se développent
fixés l'un à l'autre, produisant une onde sinusoïdale ou
(rhoptries, micronèmes, anneau polaire).
hélicoïdale dans le flagelle.
Certains protozoaires possèdent une ou plusieurs
structures spécialisées qui leur confèrent une mobilité Le corpuscule basai (cinétosome, blépharo-
extrêmement agile et rapide. Ce sont des mouvements plaste) est un granule cylindrique situé sur l'axonème
visibles au microscope optique. D e nombreux mouve- clu flagelle, à son point de fixation dans le cytoplasme.

25
Chapitre 1 LE PROTOZOAIRE: MORPHOLOGIE, PHYSIOLOGIE

Les pseudopodes sont provoqués par des défor-


mations de la membrane plasmatique (visibles au
microscope optique chez les amibes) qui permettent à
la cellule de ramper sur un support dans une direction
déterminée. Ces déformations de la membrane externe
r sont provoquées par des pressions internes du cyto-
plasme, modulées par une contractilité de certaines
parties de la membrane (sous-tendue d'un réseau de
fibres d'actine) accompagnées du relâchement
d'autres sites (situés à l'avant par rapport au mouve-
ment). Grebecki (1982) a comparé l'amibe à une cor-
^ A' nemuse écossaise: "la pression doit être exercée sur
l'outre de la cornemuse pour la faire fonctionner mais

n c'est en actionnant les tuyaux à nombreuses ouvertu-


res sur le front de l'instrument qu'on fait de la musi-
que"... (figure 1 -4).
Figure 1-4

Organites de l o c o m o t i o n
2.7 Reproduction
1. Amibes avec pseudopodes
(microscope à balayage) Trois modes de reproduction existent chez les
2. Amibes avec pseudopodes filifor- Protozoaires: asexuée, sexuée, par conjugaison.
mes (idem)
La reproduction asexuée peut se faire par
3. Dessin de flagelles (Trichomonas
sp.) - bipartition: c'est la plus fréquemment observée.
4. Flagelles de Trichomonas sp. La division du noyau est immédiatement suivie
de la division cellulaire (amibes, flagellates);
(microscope à balayage)
5. Ciliate holotriche (entièrement - schizogonie: plusieurs divisions du noyau ont
recouvert de cils) au microscope lieu avant que la cellule mère (schizonte) ne se
électronique: on y aperçoit l'em- morcelle en plusieurs cellules, isolant les noyaux
preinte du macronucleus réni-
(coccidies);
forme, de vacuoles et de structures
cytosquelettiques. - endodyogenèse. deux cellules filles se forment à
6. Dessin de ciliate holotriche l'intérieur de la cellule mère. Avant que chacune
de ces deux cellules ne soit complète, avec
7. Cils coupés transversalement, au
membrane externe et cytoplasme individualisé,
microscope électronique: ils ont
une structure identique à celle des le noyau s'allonge et se divise une nouvelle
flagelles. fois... La membrane de la cellule mère persiste
et finit par contenir de nombreux parasites (kyste
de Toxoplasma).

La reproduction sexuée se fait par union de


deux gamètes haploïdes (mâle et femelle) différenciés.
Elle donne lieu à la fécondation et production d'un
Les cils, toujours nombreux (ciliâtes), recouvrant
zygote (œuf fécondé) diploïde (coccidies).
dans certains cas la totalité de la surface de l'orga-
nisme (chez les holotriches), ont la même structure La conjugaison consiste en un échange de maté-
que les flagelles mais sont beaucoup plus courts. Leurs riel génétique entre deux cellules accolées, avant une
battements ne sont pas synchrones mais sont organisés nouvelle série de divisions par bipartition. La division
par vagues et propulsent l'animal à grande vitesse. du noyau donne une cellule binucléée, un des noyaux
Chaque cil possède un corpuscule basai, semblable à traverse le pont cytoplasmique et fusionne avec le
celui des flagelles et est animé de mouvements "en noyau resté en place de l'autre cellule. C'est le mode
moulinets", son extrémité libre décrivant un cercle. habituel de reproduction chez les ciliés.

26
Structuresetfonctionnement Chapitre 1

Remorque
Figure 1-5
Alternances de reproduction sexuée et asexuée M o d e s asexués de reproduction
Il semble démontré pour certains protozoaires qu'au cours de séries de divi- 1. Schizogonie avec sept mérozoïïes
sions par bipartition, des échanges de matériel nucléaire peuvent avoir lieu. (microscopie électronique, d'après
On a parlé de la sexualité cachée des trypanosomes et de l'apparition en cul- Vivier, 1969)
ture, d'hybrides entre isolats différents û'Entamoeba histolytica. Cependant, 2. Endodyogénie (Toxoplasma gondii,
la fréquence de ces phénomènes reste suffisamment basse pour ne pas
microscopie électronique, d'après
influencer le caractère clonal de ces protozoaires.
Senaud, 1967)
Le fait qu'un parasite évolue en lignées verticales strictes (comportement Go. appareil de Golgi
clonal) ou qu'il permette des hybridations fréquentes entre lignées verticales n. nucléole
voisines (comportement panmictique) a des implications profondes sur son Ce cellule initiale ("mère")
génie épidémique et sur la recherche appliquée qui essaye de décrire son En1 premier endozoïïe
comportement sur le terrain (voir méthodes taxinomiques, chapitre 3). La
En2 deuxième endozoïïe
question est de savoir quel est le retentissement de la diversité génétique des
N1 noyau de la première cellule
microorganismes sur leurs propriétés biologiques qui intéressent le médecin
N2 noyau de la deuxième cellule
et l'épidémiologiste (virulence, adaptation à des hôtes, résistance aux médi-
caments...). Mi. mitochondrie
3. Bipartition chez une amibe juste
avant la séparation des deux cellules
encore reliées par un fin pont cyto-
plasmique (microscopie optique,
d'après Pussard, 1973)

27
Chapitre 1 LE PROTOZOAIRE: MORPHOLOGIE, PHYSIOLOGIE

BIBLIOGRAPHIE

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28
Le Protozoaire parasite
et le phénomène du parasitisme 2
1. Définitions est partagé entre plusieurs hôtes (pour les protozoaires, 1. Définirions
pas plus de deux), le parasite est "hétéroxène". 2. Portes d'entrée du poro-
sité
Le parasitisme implique l'association intime de L'organisme (hôte) qui héberge un parasite à
deux organismes vivants, de natures différentes. L'un, potentialité pathogène tout en restant bien portant (ou 0. Localisation du parasite
appelé "hôte", fournit l'hébergement et la nourriture peu s'en faut) en constitue le réservoir. Il fera donc 4. Choix de l'hôte
pour l'autre, appelé "parasite". Le parasite vit donc aux office de "base" à partir de laquelle le parasite diffusera 5. Réceptivité d e l'hôte
dépens de l'hôte mais il existe plusieurs types de rela- vers d'autres hôtes, parfois plus sensibles, chez qui il
6. Relations entre l'hôte et
tions hôte-parasite et de comportements parasitaires. pourra causer l'apparition d'une pathologie. le porosité
U n e zoonose est une infection naturellement 7. Le sort des parasites dans
Le parasite commensal vit aux dépens d'un autre
transmise entre animaux vertébrés et homme (trypano- dés hôtes inhabituels
organisme sans lui faire aucun mal. Dans certaines cir-
constances, cette coexistence pacifique cesse et l'orga- somiase américaine, toxoplasmose.) Elle implique la
nisme devient pathogène (infection opportuniste). notion d'hôte réservoir.

Le parasite vivant en symbiose vit au dépens de


2. Portes d'entrée du porosité
son hôte en l'aidant dans certaines de ses fonctions
(nutrition, métabolisme, défense).
A partir d'un stock existant quelque part dans la
Le parasite pathogène entraine, par sa présence nature, les parasites peuvent pénétrer chez un nouvel
chez son hôte, des désordres métaboliques, des lésions hôte par plusieurs voies.
organiques ou des réactions allergiques plus ou moins
Ingestion: le parasite se trouvant dans le milieu
graves.
extérieur ou chez un autre hôte, est avalé par l'hôte.
Le parasite est dit "obligatoire" si sa survie et sa U n stade kystique de résistance en milieu extérieur et
multiplication ne peuvent avoir lieu en dehors d'un pour le passage dans le milieu acide de l'estomac est,
hôte. Il est dit occasionnel (ou facultatif) s'il peut survi- en ce cas, souvent prévu dans le cycle (amibes, flagel-
vre et se multiplier aussi bien dans le milieu extérieur lâtes, coccidies).
que chez un hôte.
Injection: le parasite se trouvant chez un hôte
L'hôte est l'organisme qui héberge le parasite. invertébré (vecteur) est injecté lors de la piqûre de
Dans cette relation, deux facteurs interviendront, celui-ci. Le stade infectant est le stade ayant atteint la
l'adaptation du parasite à son hôte et la réceptivité de maturité chez l'hôte invertébré: sporozoïtes de plasmo-
celui-ci. La cellule cible pour les parasites à dévelop- dium, trypanosomes métacycliques... La présence du
pement intracellulaire est dite "cellule hôte". parasite chez le vecteur suppose la prise préalable d'un
repas de sang sur un vertébré porteur de l'infection.
Le vecteur est l'organisme (souvent invertébré)
Contact sexuel: c'est le stade trophique (tropho-
qui transmet le parasite d'un hôte à un autre, soit par
zoïte) qui passe, sans structure particulière prévue (Tri-
simple transport, soit en l'hébergeant pendant une par-
chomonas vaginalis).
tie de son cycle évolutif (hôte intermédiaire).
Voie transovarienne chez l'insecte vecteur:
Le cycle évolutif décrit les différentes étapes de
développement dans tous les organes de la tique y
la vie du parasite au cours de ses pérégrinations dans
compris les ovaires et passage de l'infection à la des-
les différents hôtes dont dépend sa survie.
cendance (Babesia sp.).
Si tout le cycle évolutif se passe dans un seul Parfois, le parasite pénètre activement à travers la
hôte, le parasite est dit "monoxène". Si le cycle évolutif peau ou les muqueuses. Le phénomène est rare chez

29
Chapitre 2 LE PROTOZOAIRE PARASITE ET LE PHÉNOMÈNE DU PARASITISME

les protozoaires (T. cruzi), plus fréquent c h e z les hel- - les plasmodiums de l ' h o m m e n'infectent que

minthes. l'homme (sont spécifiques de l'homme). Le


réservoir de parasites se trouve d o n c limité aux
personnes infectées.
3. Localisation du parasite
- les stades non c o c c i d i e n s du toxoplasme peu-
vent se développer c h e z n'importe quel animal
Le parasite pourra rester extracellulaire, présen- aussi bien q u e c h e z l ' h o m m e . Les parasites sont
tant alors u n e certaine mobilité: parasites intestinaux présents dans différents organes et les modes d e
dans le tube digestif (G. intestinalisfixé à la muqueuse, transmission sont très variés.
E. histolytica pouvant essaimer dans d'autres organes),
parasites des muqueuses génitales, en c o m m u n i c a t i o n
a v e c le système urinaire {T. vaginalis), parasites du
5. Réceptivité de l'hôte
sang ("sanguicoles") avec sortie et envahissement des
espaces extra-vasculaires (T. gambiense, T. rhode- La constitution génétique des hôtes vertébrés et
siense). invertébrés j o u e un rôle primordial dans la possibilité
qu'a un parasite de se développer c h e z eux. Les exem-
Les parasites à développement intracellulaire ont
ples foisonnent et sont très diversifiés (reconnaissance
imaginé u n e série de mécanismes pour entrer dans la
cellulaire impossible, métabolites essentiels man-
cellule.choisie.
quants, présence de facteurs toxiques dans le plasma,
Injection: une catapulte projette le parasite dans etc.).
u n e cellule (microsporidies).

Phagocytose: elle se fait par intervention de cel- 6. Relations entre l'hôte et le parasite
lules spécialisées (macrophages). Le parasite est capté
dans un phagosome puis, théoriquement, digéré par Elles doivent être envisagées à deux niveaux,
les enzymes lysosomiaux. Divers mécanismes de pro- multiplication dans les espaces intercellulaires et péné-
tection contre la destruction par les macrophages ont tration dans les cellules. O n peut citer les facteurs sui-
été mis a u point par les protozoaires: échappement de vants, nécessaires pour un c y c l e évolutif réussi:
la v a c u o l e avant fusion a v e c les lysosomes ( I cruzi ),
- la capacité d'adaptation métabolique à des envi-
persistance dans le phagosome mais résistance aux
ronnements différents, indispensable au passage
enzymes lysosomiaux (Leishmania ), formation d ' u n e
de l'hôte vertébré à l'invertébré;
vraie v a c u o l e parasitophore qui ne fusionne pas avec
- l'utilisation optimale des ressources énergétiques
les lysosomes (Toxoplasma ).
d e l'hôte (métabolisme), indispensable pour u n e
Remarque multiplication suffisante dans les localisations
choisies par le parasite;
Les parasites intracellulaires dépendent le plus souvent pour leur passage - l'évitement des défenses d e l'hôte, par variation
d'un individu à l'autre, de l'intervention d'un insecte hématophage. antigénique, défense contre la destruction dans

Endocytose induite: les stades invasifs du para- les macrophage, etc... S o m m e toute, l'installa-

site, munis d'un appareil de pénétration, provoquent tion d ' u n parasite chez un hôte est l'équivalent
d ' u n e greffe d'organe réussie!
une invagination d e la membrane externe de la cellule
hôte ( P l a s m o d i u m , Toxoplasma); les trypomastigotes - le choix d e la cellule mettant en jeu les mécanis-
de T. cruzi pourraient faire de m ê m e . mes biochimiques de reconnaissance cellulaire
(protéines membranaires de reconnaissance, lec-
tines). La pénétration dans la cellule choisie sup-
4. Choix de l'hôte
pose aussi un outillage e n z y m a t i q u e adéquat.

La spécificité d'un parasite pour un hôte est


O n peut, schématiquement, admettre q u e les
importante à connaître pour ses implications épidé-
relations entre un hôte et son parasite dépendront de
miologiques évidentes. Chaque parasite (genre,
trois facteurs parasitaires et de deux facteurs apparte-
espèce) doit être défini c o m m e zoonose o u non. Cet
nant à l'hôte.
état dépend d ' u n e série de facteurs génétiques. Deux
exemples extrêmes se trouvent dans la liste des proto- La v i r u l e n c e et la pathogénicité d ' u n parasite
zoaires d ' i m p o r t a n c e médicale: sont difficiles à définir de manière précise. Ces deux

30
Le sort des parasites dans des hôtes inhabituels

termes ne sont pas synonymes. La virulence dépend La spécificité d'hôte peut être étroite (parasite
des exigences nutritionnelles, de l'équipement enzy- adapté à un seul hôte) ou large (zoonoses, hôtes réser-
matique, de la vitesse de multiplication. La pathogéni- voirs, parasite adapté à plusieurs espèces animales y
cité exprime une agressivité plus spécifique, la compris, éventuellement, l'homme).
destruction de cellules, la mobilisation exagérée de
lignées de cellules immunitaires, la localisation parti- L'état général de l'hôte (terrain) dépend de fac-
culière touchant des cellules ou des organes vitaux, teurs génétiques, de l'état nutritionnel, du stress, de la
etc... Il faut noter qu'une virulence élevée n'est pas le présence d'autres maladies ou conditions anergisantes
signe d'une adaptation parasitaire réussie. U n parasite et immunosuppressives (SIDA, splénectomie)... L'état
virulent qui détruit son hôte rapidement ne pourra pas de certains organes est aussi important. L'intestin peut
s'y maintenir au cours du temps. Il doit exister, dans ce être fragilisé par une irritation de la muqueuse, les
cas, un réservoir où le parasite se comporte plus calme- déséquilibres alimentaires ou agressé par des microor-
ment (Trypanosoma rhodesiense, très pathogène pour ganismes pathogènes concomitants. Il est alors plus
l'homme, est retrouvé chez plusieurs animaux tant vulnérable à l'invasion amibienne. L'absence de rate
domestiques que sauvages). (sujets splénectomisés) peut favoriser l'infection par
Babesia et aggraver l'infection plasmodiale.
Le degré d'adaptation du parasite à son hôte a
été acquis au cours de l'évolution. Enfin, l'immunité spécifique, acquise au contact
des antigènes parasitaires par la mise en branle des
Chez l'hôte vertébré, on distinguera
mécanismes de défense de l'organisme de l'hôte
- des hôtes principaux, réguliers, préférentiels (immunité tissulaire et sérique), est très importante.
(homme pour Entamoeba histolytica ), Elle aboutit à un freinage de la virulence du parasite
- des hôtes facultatifs, secondaires (homme pour qui peut parvenir jusqu'à un équilibre des forces en
Trypanosoma rhodesiense ), présence. O n en arrive donc à un parasitisme asympto-
matique et les relations en resteront au stade de "paix
- des hôtes accidentels, occasionnels (homme
armée", synonyme de "guerre froide". A la moindre
pour Naegleria sp., Balantidium coli),
défaillance des systèmes de défense de l'individu, le
- des hôtes inadaptés dont le cycle incomplet parasite va en profiter et un processus pathologique
aboutit à une impasse (cobaye pour Plasmodium s'ensuivra (Plasmodium sp).
berghei ),

- des hôtes chez qui les parasites sont captifs parce


qu'ils ne pourront pas continuer leur évolution, 7. Le sort des porosités
s'étant engagés dans un cul-de-sac (homme pour dons des hôtes inhabituels
Toxoplasma gondii).

Lorsqu'un parasite entre par hasard dans un hôte


Chez l'hôte invertébré, il y aura
auquel il n'est pas adapté, il peut subir plusieurs types
- des hôtes intermédiaires vrais (glossine pour T. d'évolution:
brucei, anophèles pour Plasmodium) qui pren-
- il peut être détruit immédiatement, c'est le cas de
nent en charge une phase de reproduction du
loin le plus fréquent.
parasite;

- des hôtes intermédiaires facultatifs (glossine - il peut traverser l'hôte sans subir de changement,
pour T. vivax) dont le parasite peut éventuelle- ni lyse, ni multiplication, se comportant comme
ment se passer en s'adressant à d'autres mouches un objet inerte. C'est souvent le cas de parasites
hématophages chez qui il ne se multiplie pas ingérés qui traversent le tube digestif en se lais-
mais qui le transmettront; sant emporter passivement par le péristaltisme
intestinal, sans être capables de s'arrêter en che-
- des transporteurs mécaniques principaux (sto- min, de traverser les muqueuses ou même d'éta-
moxe pour T. evansi) chez lesquels la trompe
blir une colonie à un quelconque endroit du tube
souillée de sang infecté transmet l'infection avec
digestif. O n les retrouvera dans les matières féca-
efficacité;
les (pseudo-parasitisme des oocystes de cocci-
- des transporteurs mécaniques occasionnels dies de poissons chez l'homme, des kystes de
(moustiques pour tous les trypanosomes) où la parasites d'insectes chez les animaux insectivo-
survie du parasite est aléatoire et de courte durée. res).

31
Chapitre 2 LE PROTOZOAIRE PARASITE ET LE PHÉNOMÈNE DU PARASITISME

- il peut survivre un certain temps dans l'un o u - il peut se multiplier et atteindre la maturité en
l'autre organe sans se multiplier. C'est l'impasse causant o u non l'apparition d ' u n e maladie. Les
parasitaire (parasites occultes c h e z les protozoai- infections expérimentales d'animaux d e labora-
res révélés au laboratoire par passage aveugle à toire a v e c des parasites qui ne les atteindraient
un hôte sensible). jamais dans les conditions naturelles, en sont un
exemple (T. gambiense c h e z le rat albinos).
- il peut survivre et se multiplier sous une forme
L'accomplissement des cycles évolutifs n'est
immature, sans avoir la possibilité de compléter
possible q u e chez des hôtes habituels, sélection-
son c y c l e de développement jusqu'à maturité.
nés par les parasites au cours de millénaires par
Les toxoplasmes c h e z l ' h o m m e et chez d e nom-
d'innombrables essais et une adaptation progres-
breux animaux se multiplient sous forme d e tro-
sive.
phozoïtes, ne produisant des oocystes q u e chez
les Félidés.

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32
Classification - Méthodes taxinomiques -
Conservation des Protozoaires 3
1. Critères d e classification reflet fidèle d e la variabilité génétique d e l'organisme 1. Critères d e classification
des protozoaires
étudié et aboutit naturellement au c o n c e p t d e zymo-
des protozoaires 1.1 Caractères morpholo-
d è m e (population d e parasites appartenant à un t y p e
giques
iso-enzymatique donné). 1.2 Caractères biochimi-
1.1 Caractères morphologiques ques
1.3 Caractères génomi-
L'immunologie, a v e c n o t a m m e n t la reconnais-
Au microscope optique, les dimensions et la ques
s a n c e des antigènes (protéines constitutives), permet d e 1.4 Caractères physiologi-
f o r m e d e la cellule, la présence de flagelles, d e cils, d e
faire l'inventaire des protéines d ' u n e population homo- ques et comportemen-
pseudopodes, la présence et la position dans le cyto- taux
g è n e (clone) d'organismes et d e c o m p a r e r entre elles
p l a s m e d e structures particulières c o m m e les kinéto-
2. Panmixies
plusieurs populations m o r p h o l o g i q u e m e n t indistingua-
plastes, les axostyles, les vacuoles pulsatiles et
bles (sérodèmes). 3. Méthodes d e taxinomie
nutritives, la disposition des granules chromatiniens d u
noyau, sont p a r m i les caractères le plus souvent rete- 4. Entretien d e Protozoaires
ou laboratoire
nus. 1.3 Caractères génomiques
4.1 Définitions
A u m i c r o s c o p e électronique, o n se c o n c e n t r e sur 4.2 Les animaux de labo-
L'information présidant à la détermination de ratoire
la m e m b r a n e plasmatique (couches externes d e protec-
tous les caractères qui précèdent est présente dans les 4.3 La culture
tion), les structures cytosquelettiques (microtubules, 4.4 La ciyocônservarioh
m o l é c u l e s d ' A D N d u noyau sous f o r m e d e séquences
axostyle, tube polaire), l'appareil d e pénétration (rhop- 4.5 Collections de souches
d e bases puriques et pyrimidiques, prises trois par trois
tries, a n n e a u polaire, micronèmes), les organites cyto- 5. Classification des Proto-
(les triplets). L'analyse d e ces séquences d o n n e au taxi- zoaires
plasmiques (mitochondrie, appareil d e C o l g i , etc...).
nomiste l'outil idéal pour le c a l c u l des distances géné- Groupe I Protozoaires fla-
M a l g r é la perspicacité des observateurs, certains tiques qui séparent les organismes et d ' e n déduire une gellés
parasites sont impossibles à distinguer l'un d e l'autre phylogénie. Goupe II Protozoaires
par la recherche des critères morphologiques et physio- àmiboïdès
(Subphylum:
logiques, alors qu'ils peuvent différer par l'extériorisa- Sarcodina
Les méthodes de biologie m o l é c u l a i r e permettent
tion clinique, la distribution géographique, le type Groupe III Sporozoaires
d e c o m p a r e r les brins d ' A D N d'organismes voisins e n
d ' h ô t e (genre, espèce) auquel ils sont adaptés. D e p u i s (Phylum: Api-
utilisant les e n z y m e s d e restriction, la dénaturation par cdmplèxâ
quelques années, les méthodes taxinomiques sont enri-
la chaleur, l'hybridation in situ d ' A R N a v e c un A R N Groupe IV Microspcricies
chies d e l'apport d e la biochimie, d e l ' i m m u n o l o g i e et Groupe V Hdplosporidies
c o n n u , etc...
d e la génétique moléculaire. Groupe VI Myxosporidies.
Groupe VII Protozoaires
ciliés
1.2 Caractères biochimiques 1.4 Caractères physiologiques
Bibliographie
et comportementaux
L'étude b i o c h i m i q u e du cytoplasme permet d e
c o m p a r e r entre eux, par migration électrophorétique,
Enfin, la physiologie d u parasite et les modalités
les e n z y m e s métaboliques d'organismes voisins (par
d e son c y c l e évolutif sont prises e n c o m p t e : mode de
exemple malate déshydrogénase, glucose-phosphate
multiplication (bipartition, schizogonie, endodyogénie,
isomérase, g l u c o s e 6-phosphate déshydrogénase et 6-
conjugaison), présence d ' u n c y c l e sexué (sporogonie),
phosphogluconate déshydrogénase, dans le cas de
existence d ' u n stade kystique, position intra o u extra-
Leishmania).
cellulaire et type d e c e l l u l e hôte, modifications mor-
La m é t h o d e isoenzymatique, largement utilisée, phologiques de la cellule hôte, pathogénicité,
révèle un p o l y m o r p h i s m e protéique qui constitue un v i r u l e n c e c h e z les hôtes...

33
CLASSIFICATION MÉTHODES TAXINOMIQUES

2. Panmixie et clonalité à la reproduction sexuée (interfécondité intraspécifi-


que). C'est la "notion biologique" d e l'espèce. Or,
c h e z la plupart des protozoaires parasites, la reproduc-
La question posée à l'issue d e l'analyse fine de
tion uniparentale est importante sinon prépondérante.
populations de protozoaires parasites est la suivante:
Le concept biologique est dès lors inutilisable et la
les populations analysées sont-elles des variants indivi-
définition d e l'espèce doit être réinventée car l'identifi-
duels fugaces o u des lignées parasitaires stables, indé-
cation (nomenclature) est indispensable à toute recher-
pendantes les unes des autres? Les génotypes mis en
c h e en zoologie.
évidence par l'analyse isoenzymatique évoluent-ils
indépendamment les uns des autres ou bien échan-
O n a alors d é c i d é d e baser la notion d'espèce
gent-ils librement des gènes avec les autres génotypes?
sur la morphologie et la pathogénicité. Cette définition
L'analyse de génétique des populations, prônée de l'espèce n'a pas de base rigoureuse, elle est u n e
par M . Tibayrenc, permet de vérifier que la distribution simple affaire de commodité, de consensus. O n Crée
des génotypes est conforme à l'hypothèse de libre cir- une espèce quand on estime q u e c'est souhaitable
culation des gènes (hypothèse panmictique). Si la dis- pour le travail des médecins, des pharmacologues,
tribution d e ces génotypes est incompatible a v e c cette etc...Cependant, les progrès dans la finesse des analy-
hypothèse, on en conclut q u e le flux génique a été ses provoquent la description incessante de nouvelles
entravé d ' u n e q u e l c o n q u e manière (hypothèse clo- entités taxinomiques, c e qui apporte la confusion dans
nale). C'est la constatation de "déséquilibres de les études faites (par exemple les leishmanioses). O ù
liaison" qui indique l'absence de recombinaison entre est la limite entre clones dissemblables et espèce?
les génotypes situés à des loci différents. D a n s c e cas, Q u a n d doit-on créer une nouvelle espèce?
la révélation d ' u n seul type isoenzymatique permet de
prévoir quel génotype on observera pour tous les C o m m e l'a proposé M . Tibayrenc, il est souhaita-
autres loci chez une souche donnée de parasites ble d'utiliser conjointement les deux critères (phénoty-
(puisqu'il n'y a pas eu de mélanges). pique et phylogénique) pour décrire de nouvelles
espèces d e microorganismes dans les cas où le con-
Si l'organisme étudié est sexué, les génotypes
cept biologique de l'espèce ne s'applique pas.
individualisés par l'analyse isoenzymatique ne sont
q u e des variants éphémères, ne perdurant q u e le temps
d ' u n e génération. Après quoi, ils se diluent dans le
3. Méthodes de taxinomie
pool génique c o m m u n du fait du brassage génique dû
à la reproduction sexuée. Il est d o n c vain de vouloir
les "typer" du fait de leur fugacité. Par contre, si l'orga- En zoologie, deux méthodes ont été proposées
nisme est fondamentalement clonal, les génotypes sont pour arriver à des regroupements d'organismes. La
capables d e diffuser sans changement sur d e longues
méthode phénétique est basée sur les degrés de res-
périodes de temps et dans de vastes aires géographi-
semblance: elle c o m p a r e entre eux les organismes à
ques, c o m m e des "photocopies génétiques". Il est
l'aide de caractères dont l'importance est éventuelle-
d o n c licite de les "typer" du fait de leur pérennité dans
ment pondérée. Les paires les plus semblables sont
l'espace et le temps, dans le but de suivre la diffusion
placées dans un ensemble ( U n i t é Taxinomique Opéra-
des épidémies ("epidemiological tracking"). Les clones
tionnelle) qui est ensuite c o m p a r é à d'autres ensem-
naturels parasitaires vont diverger toujours davantage
bles et ainsi de proche en proche. L e traitement des
les uns des autres du fait de l'accumulation de muta-
données et leur comparaison nécessite l'emploi d ' u n
tions qui ne sont pas brassées régulièrement par la
ordinateur: ce sont des méthodes de "taxinomie numé-
sexualité. O n peut donc prévoir q u e les clones présen-
rique".
tant de grandes divergences évolutives les uns par rap-
port aux autres auront accumulé davantage de
La méthode cladistique (ou phylogénétique) veut
mutations différentes. C e c i devrait logiquement influer
arriver à décrire les embranchements successifs qui se
sur leurs propriétés biologiques, en particulier celles
sont séparés du tronc c o m m u n en cours d'évolution.
qui intéressent le m é d e c i n (virulence, résistance aux
Le taxon monophylétique est entièrement défini par
médicaments).
l'espèce ancestrale qui l'a engendré: toutes les espèces
Le m o d è l e clonal éclaire le concept d'espèce qui y figurent dérivent d ' u n e espèce ancestrale u n i q u e
. chez les microorganismes. En effet, chez la plupart des et, réciproquement, toutes les espèces issues d e cette
organismes supérieurs, la définition de l'espèce est liée espèce ancestrale appartiennnent au m ê m e taxon.

34
Entretien de Protozoaires au laboratoire Chapitre 3

4. Entretien de Protozoaires 4.3 La culture


au laboratoire La plupart des protozoaires peuvent être cultivés
dans des milieux chimiquement semi-définis, c'est-à-
dire contenant, outre les molécules organiques et inor-
Les protozoaires parasites peuvent être entrete-
ganiques chimiquement définies, des produits biologi-
nus au laboratoire soit sur animaux, soit en culture in
ques complexes (sérum, bile...). Les parasites
vitro, avec ou sans cellules suivant le cas. Ils peuvent
intracellulaires nécessitent généralement la présence
également être conservés par cryopréservation.
de cellules pour se reproduire (Plasmodium). Le stade
obtenu en culture acellulaire peut être différent de
4.1 Définirions celui trouvé chez l'hôte vertébré (Leishmania).

Les populations parasitaires manipulées au labo-


ratoire sont décrites ci-dessous.
4.4 La cryoconservation
C'est la méthode qui respecte le plus les caractè-
L'isolât est la population extraite de l'infection
res originaux des organismes. La congélation de proto-
naturelle à une occasion; elle est hétérogène, pouvant
zoaires vivants est possible moyennant l'addition
provenir d'infections mixtes.
d'agents cryoprotecteurs dont les plus utilisés sont le
glycérol et le diméthylsulfoxide (voir Chapitre 19). Les
La lignée est issue de l'isolât, par entretien selon
températures de conservation sont: - 7 9 ° C (neige car-
une technique choisie au laboratoire: passages sur ani-
bonique) ou —190°C (azote liquide). La durée de con-
maux (mécaniques ou cycliques), culture.
servation à ces températures est indéfinie.
Le clone est issu de l'isolât ou de lignées; il a
pour origine un seul organisme, ce qui exclut toute 4.5 Collections de souches
hétérogénéité; c'est le matériel de choix pour mener les
Les organismes sont conservés à l"'American
observations.
Type Culture Collection" où ils peuvent être obtenus
sur demande, sous forme congelée ou en culture sui-
La souche définit l'ensemble isolât, lignées et
vant le cas (ATCC, 12301, Park lawn Drive, Rockville,
clones subséquents, entretenus au laboratoire, isolés à
MD 20852, U.S.A; FAX 301-231-5826; TELEX
une occasion unique de la population sauvage (Le Ray
908768).
1975).

Le stabilat est une population quelconque con- 5. Classification des Protozoaires


servée dans l'azote liquide.

U n e bonne classification doit remplir trois critè-


4.2 Les animaux de laboratoire
res: refléter les relations phylogénétiques; être compati-
ble avec la littérature sur le sujet; être pratique pour les
Les plus utilisés sont la souris blanche, le rat albi-
utilisateurs.
nos, certains rongeurs sauvages (Cricetomys gambia-
nus, Mastomys sp., Thamnomys surdaster etc...), le
Elle doit refléter la réflexion moderne sur la clas-
hamster doré (Mesocricetus auratus), le cobaye, le
sification de tout le groupe, tout en retenant suffisam-
lapin, les singes. Cette liste est loin d'être limitative.
ment d'éléments familiers pour permettre de se référer
aux traités présents et passés et aux taxons utilisés dans
Les voies d'inoculations les plus utilisées sont,
les listes de mots clés de la littérature.
par ordre de fréquence, les voies intrapéritonéale,
intraveineuse, sous-cutanée, digestive et l'instillation Nous avons une préférence pour la présentation
nasale ou oculaire {T. cruzi). Les contrôles de l'évolu- des protozoaires parasites en sept groupes et dix phyla
tion de l'infection doivent être périodiques (examens qui ne pose pas de problème majeur, sauf pour les
de sang, d'exsudat péritonéal, de liquides de ponction amoebo-flagellates qui chevauchent deux groupes: les
d'organes, de biopsies, etc...). Il faut noter que, dans le flagellates et les amibes. Cette division se base évidem-
cas des parasites hétéroxènes, la conservation des ment sur des critères morphologiques mais tient
caractères implique la transmission cyclique, c'est-à- compte également des récents développements au
dire le recours aux deux hôtes alternativement (rongeur niveau moléculaire, y compris la comparaison des peti-
et anophèle pour Plasmodium berghei) tes unités d ' A R N ribosomal.
Chapitre 3 CLASSIFICATION MÉTHODES TAXINOMIQUES

C h a q u e espèce fait partie d ' u n genre. Celui-ci Le nom de la classe se termine par " E A " , celui de
occupe une place déterminée au sein d ' u n e famille, l'ordre se termine par " I D A " ; le nom de famille est
d'un ordre, d'une classe et d'un embranchement (phy- caractérisé par le suffixe "IDAE". Pour ne pas alourdir
lum). la présentation des tableaux qui suivent, les classes ne
sont mentionnées que lorsqu'elle sont utiles et les
Les noms donnés aux classes et aux ordres ne familles ne le sont pas.
sont pas toujours ceux qui sont recommandés par la
Nomenclature Zoologique Internationale mais les Le nom du genre s'écrit toujours avec une lettre
dénominations les plus couramment rencontrées dans majuscule. Il est souvent désigné par l'initiale seule
les traités d e parasitologie ont été intentionnellement suivie du nom de l'espèce dont l'initiale s'écrit en
choisies. La dernière classification proposée par le minuscule. G e n r e et espèce étant des noms latins, ils
Comité d e Nomenclature est exposée par Levine et al. sont écrits en italiques: E. histolytica (Entamoeba histo-
en 1980. lytica), T. brucei (Trypanosoma brucei).

GROUPE I PHYLUM Classe Ordre : : Genres Caractères


Protozoaires Flagellés METAMONADA Mitochondrie [ - ] ;
(Subphylum: Mastigophora) Golgi [ - ];
x paires de flagelles.
Locomotion par flagelles; possède des
systèmes de "caryomastigontes" (orga- Retortamonadida 1 ou 2 paires de flagelles;
1 caryomastigonte;
nelles associées aux flagelles et au
Tous parasites.
noyau)
Chilomastix

Diplomonadida 4 paires de flagelles;


2 caryomastigontes;
La plupart parasites.
Giardia, Enteromonas

PARABASALIA Mitochondrie [ - ];
Golgi [ + ];
Cinétosomes;
Deux paires de flagelles.
Trichomonadida 1 flagelle récurrent;
3 flagelles antérieurs;
La plupart parasites.
Trichomonas

KINETOPLASTA Mitochondrie [ + ];
Golgi [ + ];
2 flagelles (ou un seul).
Trypanosomatida 1 flagelle;
Tous parasites.
Trypanosoma, Leishmania

INCERTAE SEDIS A

HETEROLOBOSEA Un flaœlle:
Petites amibes avec monopode:
Mitochondrie [ + l;
Golqi [ - ].
Schizopyrenida Stade flagellé.
Naegleria

Mastigamoebida Dientamœba

A. INCERTAE SEDIS: Protozoaires de position taxonomique incertaine

36
Classification des Protozoaires

G o u p e II
PHYLUM Ordre Genres Caractères
Protozoaires Amiboïdes
RHIZOPODA PSEUDOPODES
(Subphylum: Sarcodina)
Euamœbida Pseudopodes lobuleux. Capables d'émettre des pseudopodes;
parfois libres; les formes parasites sont
Entamœba toujours extracellulaires

Acanthopodida Pseudopodes filiformes.

Acanthamœba

G r o u p e III
PHYLUM Classe Ordre Genres Caractères
Sporozoaires
SPOROZOA OU Mitochondrie et Golgi [ + ]; (Phylum: Apicomplexa)
APICOMPLEXA Compexe apical;
Reproductions sexuée (sporogonie) Pas de mode de locomotion évident
et asexuée (schizogonie).
Coccidea Trophozoïte et stade sexué petits et in-
tracellulaires
Eimeriida Mérogonie présente, dimorphe;
mérozoïtes peu nombreux.
Microgamètes nombreux à flagelle
triple; oocyste de taille fixée dès le
début; sporocyste présent;
sporozoïtes nombreux.

Eimeria, Isospora, Cryptosporidium, Sarcocystis,


Toxoplasma

Haemosporidea Méroaonie et aamétocvtes chez le verté-


bré férvthrocvtes'l:
Piament:
Sporozoïtes nombreux chez l'insecte
hématophaae.
Haemosporida Mérogonie monomorphe;
pigment présent.
Oocyste de taille croissante;
sporocyste absent;
sporozoïtes nombreux chez l'hôte
invertébré.

Plasmodium

Piroplasmidea Méroaonie chez le vertébré


(érvthrocvtes ou Ivmphocvtes^:
Piament absent:
Développement des aamétocvtes
et des sporozoïtes chez l'invertébré.
Piroplasmida Mérogonie monomorphe, mérozoïtes
peu nombreux;
Divisions asexuées au cours de la
sporogonie.

Babesia, Theileria

37
Chapitre 3 CLASSIFICATION MÉTHODES TAXINOMIQUES

G r o u p e IV Genre Caractères
PHYLUM Ordre
Microsporidies MITOCHONDRIE [ - ];
Microspora
Pas de complexe apical; spores unicel- GOLGI [ + ];
MÉROGONIE ET SPOROGONIE;
lulaires de structure complexe (sporo-
S P O R E RÉSISTANTE AVEC FILA-
plasme, polaroplasme, filament en
MENT POLAIRE.
spirale)
Microsporida Spore allongée (ovale à tabu-
laire);
Filament polaire long, enroulé
en spirale.

Pleistophora

Encephalitozoon

Enterocytozoon

Nosema

Groupe V

Haplosporidies
Trophozoïte allongé, libre dans les orga-
nes de son hôte ou enkysté; spores
arrondies ou ovoïdes, uninucléées,
pourvues d'une membrane d'enveloppe
et dépourvues de capsules polaires.

Groupe VI

Myxosporidies
Voisins des microsporidies mais spores
pluricellulaires, à paroi formée de valves
et contenant un ou deux sporoplasmes
et 1 à 4 capsules polaires.

Groupe VII
PHYLUM Ordre ' - Genre Caractères
Protozoaires Ciliés
ClLIOPHORA CILS;
Déplacement et capture des aliments par DEUX NOYAUX DISSEMBLABLES.
le jeu des cils; présence d'un cytostome
bien visible; deux noyaux: macro- et LLTOSTOMATA
micronucléus; libres ou parasites; les
Vestibuliferida
formes parasitaires sont toujours extra-
cellulaires. Balantidium

38
Bibliographie Chapitre 3

BIBLIOGRAPHIE

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39
Entamœba histolytico (Euamœbida)
L'amibiase 4
1. Historique
2. Localisation anbtomique
3. Cycle évolutif
1. Historique A.2 Les parasites 4. Caractères morphologi-
ques et physiologiques
C'est à Saint Petersbourg en 1875 que Lôsch des stades
AA Le syndrome dysentérique découvre pour la première fois des trophozoïtes mobi- 5. Développement du pou-
voir pathogène
les qu'il nomme Amœba coli dans les selles d'un agri-
La diarrhée a toujours été reconnue comme 6. Lésions causées dans
culteur atteint de dysenterie chronique. A l'autopsie de
symptôme ("flux de ventre") mais la dysenterie des l'organisme d e l'homme
sujets morts de dysenterie, Koch décèle en 1883, dans par £ histolytico
pays chauds est distinguée comme une entité particu-
des ulcérations intestinales, des amibes que Council- J. Diagnostic d e l'amibiase
lière dès 1587 par les médecins et voyageurs rentrant
man et Lafleur baptiseront, en 1891, Entamœba dysen- au laboratoire
du Brésil où son traitement par les racines d'Ipécawana
teriae. Quinck et Ross, en 1893 et 1894 décrivent les 8. Culture in vitro
(arbrisseau de la famille des Rubiacées) était pratiqué.
La contagiosité de la dysenterie est mentionnée par kystes, formes de résistance en dehors de l'intestin et 9; Traitement
Sennert en 1626 et le syndrome est décrit avec préci- reconnaissent chez l'homme deux types d'amibes qui 10. Transmission
sion par Pisonis dans son traité "Historia Rerum Natu- seront décrites en 1903 par Schaudinn sous le nom de Bibliographie
ralium" paru en 1648 qui constitue une des premières Entamœba histolytica pour le type pathogène et
bases de la médecine tropicale. L'auteur y rapporte les FIGURES
Entamœba coli pour la forme inoffensive. Pendant ce
observations d'un médecin colonial hollandais, Jacob 4-1 Evoluions possibles de
temps, Kartulis en 1885 en Egypte décrit les amibes l'infection amibienne
de Bondt, qui prescrit pour les diarrhées sanguinolen- 4-2 Cycle de F. histolytica
dans les tissus en dehors de l'intestin, particulièrement 4-3 Trophozoïtes et kystes de:£
tes "deux drachmes de racines d'Ipecacuanha en
dans l'abcès du foie. La notion de porteurs sains, sujets histolytica
décoction dans du vin...". Quant à l'hépatite suppu-
4-4 Analyse isoenzymaricue : >
rée, reconnue depuis l'antiquité, il faut attendre les "semeurs d'amibes" est reconnue par Martin en 1908 de £ histolytica^
médecins coloniaux en poste aux Antilles et au Séné- et c'est Sir Léonard Rogers qui codifie en 1912 l'action 4-5 Cristaux.(fe Charcor-Ley-
den
gal pour voir s'établir la relation entre la lésion hépati- curative de l'émétine, extraite de l'Ipéca, avec la des- 4-6 Artéfacts à l'examen
que et la dysenterie. microscopique ces selles
cription du schéma posologique.

GENRES ESPÈCES Tableau 4-1

Entamœba histolytica Schaudinn 1903 Famille des Entamœbidae


(amibes du tube digestif)
dispar Brumpt 1925 }
hartmanni }
polecki }
coli }
Endolimax nana }
lodamœba butschli } sont décrites au chapitre 5

41
Chapitre 4 ENTAMŒBA HISTOLYTICA L ' A M IDIAS E

ditions favorables de température, pH et potentiel


2. Localisation anatomique
d'oxydo-réduction.

La forme végétative (trophozoïte) histolytica, Les 4 noyaux du kyste subissent c h a c u n une


hématophage et pathogène, se multiplie dans la paroi mitose (conduisant au stade fugace de "métakyste" à 8
du colon et du rectum (muqueuse et sous-muqueuse). noyaux) qui est immédiatement suivie par la division
du cytoplasme, donnant naissance à 8 petites amibes
A partir de cette localisation, le parasite peut
végétatives qui deviendront des trophozoïtes minuta
essaimer par voie sanguine o u lymphatique dans la
(15 à 20 (im d e diamètre).
plupart des organes (foie, poumons, cerveau, rate,
peau, organes génitaux, muscles, tissus cartilagineux Dans la lumière du côlon, après une série d e
o u osseux, reins, voies urinaires). divisions (par bipartition) qui augmentent considéra-
blement leur nombre, les formes minuta s'arrondissent
La forme végétative non pathogène, appelée
et s'entourent d ' u n e paroi épaisse: c'est l'enkystement.
forme minuta à cause de sa taille plus petite, ainsi que
le kyste se trouvent dans la lumière du gros intestin o ù
Dans le côlon, l'enkystement se fait suivant un
ils trouvent les conditions les plus favorables à leur
rythme mal défini; on retrouvera d o n c dans le bol
survie et à leur multiplication: anaérobiose relative,
fécal une majorité d e trophozoites minuta o u de kystes
température de 35 à 4 0 ° C , p H légèrement a c i d e (6,1 à
suivant le moment de l'examen.
6,6), potentiel redox réglé par la flore bactérienne nor-
male, présence de substances phagocytables (débris Les kystes, immobiles et capables de résister un
alimentaires, bactéries) (figure 4-1). certain temps en milieu extérieur seront éliminés dans
les selles, emportés passivement par le transit intesti-
nal. Les trophozoites y seront moins nombreux car
0. Cycle évolutif
leurs mouvements de reptation leur permettent de
s'abriter au fond des villosités intestinales où ils se
3.1 Cycle non pathogène trouvent à l'abri du transit.

Figure 4-1 L'ingestion de kystes mûrs est suivie d u dékyste-


R e m a r q u e importante
ment dans le milieu gastro-intestinal. La paroi kystique
Evolutions possibles de l'infection
est décapée par la trypsine pancréatique dans des con-
amibienne Si la recherche de kystes chez un individu suspect reste négative, il est
nécessaire de répéter les examens de selles avant de conclure à une absence
totale d'amibes car l'élimination des kystes est périodique et subit des varia-
tions importantes dans le temps.

Tel est le c y c l e minuta, qui permet aux amibes


d e coloniser pour de longues périodes le gros intestin
des individus bien portants. C e c y c l e ne comporte
a u c u n organisme pathogène.

3.2 Cycle pathogène


Si les conditions sont propices c h e z le porteur
(facteurs hôte) et si la souche possède une potentialité
pathogène (facteur parasite), on peut assister à la péné-
tration de quelques amibes dans la paroi intestinale où
elles grandissent et deviennent hématophages (phago-
cytose d'hématies). Ces grandes amibes de 20 à 30 p m
se divisent uniquement par bipartition, à un rythme
accéléré. Elles possèdent un important pouvoir lytique
sur les tissus et sont capables, en progressant de pro-
c h e en proche, de provoquer des ulcères étendus dans
la paroi de l'intestin et de là, d'essaimer dans d'autres
organes. Le m é c a n i s m e et les circonstances de cette
transformation clu trophozoïte minuta non pathogène

42
Caractères morphologiques et physiologiques des stades BMMiP||?

e n trophozoïte histolytica destructeur de tissus sont


mal c o n n u s .

S o u s l'influence d ' u n traitement m é d i c a m e n t e u x


s p é c i f i q u e o u des anticorps protecteurs synthétisés par
l'organisme du malade, les amibes hématophages
v o i e n t leur rythme d e multiplication freiné; d e nom-
breux trophozoites sont détruits et les amibes quittent
les tissus pour se réfugier dans la lumière intestinale où
l'attaque médicamenteuse ou immunologique est
m o i n s v i o l e n t e o u m ê m e inexistante. Ces trophozoites
hématophages diminuent de taille et redeviennent
minuta puis s'enkystent, réinstallant ainsi le cycle
minuta dans la lumière d u c ô l o n (figure 4-2).

forme prékystique
immobile à 1 noyau
4. Caractères morphologiques
métakyste
et physiologiques des stades à
8 noyaux

4.1 Formes végétatives (trophozoïtes)


kyste à 2 noyaux
La f o r m e histolytica mesure d e 20 à 3 0 p m tandis
q u e la f o r m e minuta ne dépasse pas 10 à 20 p m .
Ingestion
A 3 7 ° C , les m o u v e m e n t s sont lents o u soudain de
kystes
rapides par émission d e pseudopodes arrondis, larges,
a c c o m p a g n é s d e m o u v e m e n t s amples du cytoplasme.
L ' a m i b e se d é p l a c e dans le c h a m p microscopique. A iw, r Kyste en survie '
2 0 ° C les d é p l a c e m e n t s d e v i e n n e n t minimes mais les r ' dans le milieu extérieur •
pseudopodes sont toujours formés, souvent d e m a n i è r e
explosive.

Cytoplasme

O n y distingue deux zones: l'ectoplasme péri-


Remarque importante. Figure 4-2
phérique, d'aspect hyalin, transparent, qui intervient
dans la formation des pseudopodes et est d o n c essen- La présence de globules rouges dans l'endoplasme est donc un élément dia- C ycle d e E• histolytica
tiellement d é f o r m a b l e et l ' e n d o p l a s m e central, sphéri- gnostique important pour la reconnaissance d'une dysenterie amibienne.
que, d'aspect granuleux, qui contient les organites Dans la lumière intestinale, les amibes ne phagocytent que des microbes. Ce
caractéristiques d u cytoplasme. Il faut noter à c e sujet sont alors des formes minuta, sans action pathogène.
q u e le trophozoïte des a m i b e s est très primitif et est
dépourvu d'un bon nombre d'organelles présentes Noyau
c h e z la plupart des métazoaires: microtubules cyto-
Il est habituellement central, a u m i l i e u d e l'endo-
plasmiques, c o m p l e x e m e m b r a n a i r e de G o l g i , mito-
p l a s m e granuleux et d o n c difficilement visible à frais.
chondries. Le réticulum endoplasmique est présent
mais faiblement d é v e l o p p é . Le cytoplasme contient Les colorants (surtout l'hématoxyline) mettent
essentiellement des v a c u o l e s alimentaires e n cours d e bien en é v i d e n c e les structures nucléaires importantes
digestion. pour le diagnostic d'espèce: chromatine nucléaire sous
forme d e grains arrondis disposés e n c o u r o n n e régu-
La forme histolytica, hématophage, contient sou- lière sur la m e m b r a n e et entourant un granule plus
v e n t dans son e n d o p l a s m e entre autres débris "ingérés" gros, le c a r y o s o m e central. O n sait a c t u e l l e m e n t q u e la
par l ' a m i b e a u cours d e sa progression dans les tissus, c h r o m a t i n e périphérique est le lieu d e synthèse et d e
des globules rouges. stockage de l'acide ribonucléique ( A R N ) (figure4-3).
Chapitre 4 ENTAMŒBA HISTOLYTICA L ' A M I DI AS E

Figure 4-3 Il faut se rappeler que cette morphologie Capacité d'agression


nucléaire est, chez les amibes, un critère taxinomique
Trophozoïtes et kystes de E. histo- Les observations faites in vitro ont montré que
important. des trophozoïtes histolytica (de culture axénique) mis
lytica
au contact d'une culture de cellules épithéliales en
1. Trophozoïte avec pseudopode,
La taille du génome serait de 4 x 108 paires de couche monocellulaire sur un support pouvaient
inclusions endoplasmiques et
bases détruire ce "tissu" de cellules en une heure.
noyau à structure typique
2. Pré-kyste avec mobilité diminuée,
vacuoles cytoplasmiques, corps Multiplication 4.2 Kyste
sidérophile et un noyau à structure
typique Morphologie
La reproduction par bipartition se fait à un
3. Kyste immature avec un noyau et rythme calme chez les formes minuta, à un rythme Après une série de divisions uniquement dans
corps sidérophile épais à extrémi-
accéléré chez les formes histolytica. Ces dernières ont l'intestin et pas dans la lésion tissulaire, certains tro-
tés arrondies
à leur disposition des matériaux plus énergétiques qui phozoïtes minuta ralentissent leurs mouvements,
4. Kyste mûr où on devine trois
leur permettent une activité accrue). s'arrondissent et leur paroi s'épaissit: c'est la forme
noyaux à structure caractéristique
prékystique. Le trophozoïte histolytica, lui, ne
de l'espèce, et corps sidérophile
s'enkyste pas.

Le kyste mûr est sphérique, mesure 12 à 16 |im


de diamètre et le noyau, unique dans la forme prékys-
tique, va subir deux divisions successives non suivies
de division du cytoplasme, ce qui produit un kyste
mûr à 4 noyaux.

%
Le jeune kyste est arrondi, avec 1 ou 2 noyaux
(stades intermédiaires). Dans le cytoplasme granuleux,
on repérera facilement un ou deux bâtonnets épais,
arrondis aux extrémités, plus réfringents que l'ensem-
I ble du cytoplasme et donc visibles à frais, mal colorés
par le lugol mais colorés en noir par l'hématoxyline:
* ce sont les corps chromatoïdes (ou sidérophiles) (figure
4-3).

Dans les selles d'amibiens chroniques (convales-


cents et porteurs sains) on peut donc trouver des kystes
de E. histolytica qui contiennent de un à quatre
noyaux.

R e m a r q u e importante

Il est nécessaire d'examiner les matières fécales le plus vite possible après
leur émission pour voir les corps chromatoïdes. La présence de ces bâton-
nets dans les kystes est un élément de diagnostic de E. histolytica (chez E.
coli, ils sont beaucoup plus rares et plus fins).

Capacité de survie

La forme kystique assure la transmission du para-


site d'un individu à l'autre en passant par le milieu
extérieur. Le kyste peut en effet rester viable à l'exté-
rieur de l'hôte pendant un temps variable suivant les
conditions qui lui sont offertes (tableau 4-2)

Les kystes sont détruits rapidement (en quelques


minutes) dans une solution aqueuse d'iode à 200 ppm,
dans l'acide acétique dilué (vinaigre) de même que par

44
Développement du pouvoir pathogène

l'exposition à une température supérieure à 68°C. La Tableau 4-2


congélation à - 1 0 ° C les tue en 24 heures. Fèces, eau, sol humide: 8 jours à 28 - 34°C;

30 jours à 10°C;
Parmi les antiseptiques, le crésyl est très actif tan-
dis que le formol dilué et les hypochlorites (eau de Sol sec: 24 à 48 heures;
Javel) le sont moins.
Sous les ongles: 45 minutes;

Sur les mains: 10 minutes;


5. Développement
du pouvoir pathogène Eau physiologique 47 jours;
à température ambiante:

Fosses septiques 5 à 15 jours.


Il s'agit du passage de la forme minuta à la forme (fermentations):
pathogène. Ces facteurs sont multiples et leur impor-
tance relative est encore sujette à discussion.
bes, substances irritantes (huile de croton), lésions
5.1 Faits d'observation préexistantes de la muqueuse colique...

L'élimination préalable du contenu intestinal


La prévalence du parasitisme chez des rongeurs a permis l'invasion amibienne expé-
E. histolytica est présent dans les différentes par- rimentale, tandis que les intestins avec un transit nor-
ties du monde: la recherche des kystes à 4 noyaux dans mal ne le permettaient pas. Il semble que la couche de
les selles des individus montre que le parasite est cos- mucus recouvrant les cellules épithéliales suffise à pro-
mopolite (voir paragraphe 10.2). téger celles-ci du contact avec les amibes.

• CHEZ L'HOMME
Amibiase intestinale
Il semblerait que certains facteurs prédisposent à
O n sait que l'incidence annuelle de la dysenterie l'invasion .
amibienne est beaucoup plus élevée dans les pays tro-
picaux que dans les pays tempérés. La maladie est fré- Le régime alimentaire: une alimentation déséqui-
quente en Afrique, Amériques Centrale et du Sud, Asie librée et tout ce qui peut avoir une action irritante sur
tropicale et Océanie, elle est rare en Amérique du la paroi intestinale favorise la pénétration des amibes
Nord, Europe, Asie du Nord. et la prolifération des formes minuta dans un bol fécal
anormalement hydraté.
Amibiase hépatique La flore intestinale: certaines bactéries (groupe
Parmi les processus pathologiques causés par coli-typhique) s'associent au pouvoir pathogène de
l'amibe, la fréquence relative des localisations tissulai- l'amibe; il en serait de même de certains virus.
res extra-intestinales (abcès du foie) est nettement plus Les plaies et excoriations au niveau du côlon et
élevée en Extrême-Orient qu'en Afrique. Il se pourrait du rectum, les lavements irritants, les colites d'origine
donc que les propriétés pathogènes des souches de E. non infectieuse facilitent la pénétration des amibes.
histolytica soient différentes d'une région à l'autre à
cause de variations de la virulence. Facteurs liés à l'état général du sujet

5.2 Facteurs liés à l'hôte U n état général altéré favorise l'invasion ami-
bienne: affections intercurrentes (malaria, viroses, enté-
Facteurs liés à l'état de l'intestin rites etc.), surmenage, promiscuité (camps de
travailleurs, militaires en campagne), états de stress,
• L'AMIBIASE EXPÉRIMENTALE états de malnutrition...

Elle peut être réalisée chez le chaton (inoculation Les facteurs immunologiques sont primordiaux.
d'amibes par voie intrarectale) et chez le jeune rat albi- L'immunité systémique (ici, de la muqueuse intesti-
nos (inoculation intracaecale). O n a pu ainsi mettre en nale) joue un rôle important. Des IgA, IgG et IgM ont
évidence certains facteurs favorisant l'apparition du pu être décelés en grandes quantités dans les plaques
pouvoir pathogène (réceptivité de l'hôte): prolifération de Peyer chez des sujets infectés. Les macrophages
des formes minuta, nature de la flore intestinale asso- activés par l'IFNy parviennnent à tuer les trophozoïtes
ciée, ajout d'extraits bactériens à la suspension d'ami- de E. histolytica in vitro. O n a pu démontrer le rôle pri-

45
ENTAMŒDA HISTOLYTICA L'AMIBIASE

mordial q u e jouent les lymphocytes T dans la protec- histolytica et viennent (1993) d e recevoir le statut
tion immune en produisant, par injection intra- d'espèce séparée: E. dispar(voir chapitre 6).
intestinale d'amibes, des abcès de foie chez la totalité
Remarque importante
des souris ayant u n e immunodépression sévère (seule-
ment 10 p.100 des souris témoins immunocompéten- il est impossible de faire, en routine, la distinction entre un porteur asympto-
tes ont d é v e l o p p é cette pathologie au niveau du foie). matique d'une souche pathogène et un porteur de souche non pathogène.
Les techniques modernes d'analyse biochimique, immunologique et généti-
D e son côté, l'amibe ne reste pas inactive: elle que pourraient donner ce renseignement
sécrète un facteur qui immobilise les monocytes (mais
pas les polynucléaires neutrophiles) et qui bloque, • POUVOIR PATHOGÈNE EXPÉRIMENTAL

chez le macrophage, la libération d'oxygène libre. Pour mesurer la v i r u l e n c e de cultures axéniques


d'E. histolytica, on peut recourir à des techniques in
5.3 Facteurs liés au parasite vivo (inoculation intracérébrale au souriceau nou-
veau-né o u intrahépatique au hamster nouveau-né) o u
La pathogénicité d e E. histolytica varie d'après la
mieux, à des techniques in vitro: les amibes sont intro-
région géographique et m ê m e d ' u n cas à l'autre. Cer-
duites dans des cultures cellulaires ("monolayers") o ù
tains patients présentent en effet u n e dysenterie explo-
elles ont l'occasion de montrer leur action lytique sur
sive, d'autres des diarrhées rebelles sans présence d e
les cellules.
sang dans les selles, d'autres encore subissent
d'emblée une invasion du parenchyme hépatique o u • CARACTÈRES CULTURAUX
d'autres localisations extra-intestinales. Certains élimi-
La culture polyxénique d e E. histolytica n'est
nent des kystes sans présenter de symptômes.
possible qu'à la température de 37 ° C , tandis que les
souches non pathogènes peuvent se cultiver indiffé-
Reconnaissance des amibes pathogènes
remment entre 2 0 ° C et 3 7 ° C .
ou non pathogènes
• ISOENZYMES
• MORPHOLOGIE
L'électrophorèse des isoenzymes (peptidase,
La morphologie d'E. histolytica est très proche acétylglutaminidase, phosphoglucomutase, aldolase,
d e celle d'amibes non pathogènes élévées au rang N A D P diaphorase, hexokinase), citée c o m m e critère
d'espèce: E. hartmanni, E. polecki...(voir chapitre 6). de taxinomie, a permis de classer les isolats de E. his-
Leurs trophozoïtes sont semblables à ceux d'E. histoly- tolytica en u n e vingtaine de z y m o d è m e s différents
tica mais ne présentent jamais de globules rouges dans dont 9 seulement font preuve d e pathogénicité (figure
leur endoplasme. En c e qui c o n c e r n e les kystes, un 4-4).
examen microscopique minutieux peut mettre en évi-
dence d e petites différences: la taille des kystes de E. ° ANTIGÈNES
hartmanni est comprise entre 6 et 8 jim alors que les La v i r u l e n c e d ' u n e souche de E. histolytica sem-
kystes d e E. histolytica dépassent 10 |im de diamètre. ble liée à des propriétés de la surface de ses trophozoï-
La structure nucléaire des kystes (4 noyaux) diffère
tes: la présence de glycoprotéines antigéniques
sensiblement de E. histolytica: les amas de chromatine
intactes a c c é l è r e l'activité d e phagocytose de l'amibe;
sur la m e m b r a n e nucléaire sont plus gros et moins
ces antigènes sont actuellement reconnus utiles
nombreux. Le rapport taille noyaux/taille du kyste est
c o m m e critère d'identification d ' u n e souche (lectine
plus petit pour E. hartmanni que pour E. histolytica.
d ' a d h é r e n c e au galactose, certains antigènes de poids
moléculaire connu: 96 kDa, 29-30 kDa, 81-84
C h e z E. polecki il y a une fréquence particulière
kDa...). Ces protéines antigéniques peuvent être
de kystes à 1 noyau, c o m m e si le stade de kyste j e u n e
reconnues par des anticorps m o n o c l o n a u x dirigés con-
durait plus longtemps. O n note également des con-
tre elles.
densations cytoplasmiques régionales et des inclusions
plus nombreuses q u e c h e z les autres races o u espèces. • CARACTÈRES GÉNOMIQUES

D e s auteurs ont cultivé et décrit des amibes non L'analyse, e n c o r e assez grossière, du génome a
pathogènes en les considérant c o m m e des "races" o u montré une grande variation parmi les amibes du
des "souches" non pathogènes de E. histolytica: souche groupe histolytica (avec kystes à 4 noyaux). O n a
Laredo, souche Huff etc... Elles sont actuellement retrouvé des génomes différents (nombre et taille des
reconnues c o m m e z y m o d è m e s non pathogènes de E. gènes codant pour l'actine, caryotype moléculaire)

46
D é v e l o p p e m e n t du pouvoir p a t h o g è n e Chapitre 4

Anode Glucose posphate isomérase (GPI) •


Figure 4-4

Analyse isoenzymatique de
HK
- H tm mm -
mm mm M
- E. histolytica
" " " - •1
Origino
(d'après Sargeaunt et al. 1984)
1. Migration de l'isoenzyme glucose
/
phosphate isomérase. Les posi-
ME
tions de fin de migration électro-
Origine
phorétique sont indiquées par les
lettres grecques a , y, p, ô. Le con-
+
trôle est un lysat bactérien. La
wm m M migration se fait de la cathode vers
CPI •• - •i - m
• l'anode.
Origine i "
2. L'analyse de quatre isoenzymes,
+ hexokinase(HK), phosphogluco-
Cathode Origine CPI
5
M mm H mutase (PGM), glucose phosphate
r _

«P• - — isomérase (GPI) et malate oxidoré-


mm

Origine
=
mm mm M
- m
M m
ductase(ME), a permis d'identifier
m mm mm

Zymoderme vingt zymodèmes parmi les popula-

XVIII
<D> (D (D ©

MAX
-
>
> ®
X
X © x
>
X tions de £ histolytica. Les numéros
des zymodèmes à potentialité
pathogène parmi les dix-huit repré-
sentés sur la figure sont encerclés.
Les numéros dix-neuf et vingt non
représentés sont également poten-
dans une série de souches de E. histolytica pourtant • ACTION LYTIQUE
tiellement pathogènes.
considérées morphologiquement et pathologiquement
c o m m e "orthodoxes " (voir chapitre 6). Les protéinases de l'amibe (27 - 29 kDa) dégra-
dent le tissu collagène, la laminine et la fibronectine
L'analyse de souches de Entamœba "semblables dans les cultures cellulaires. Elles sont inhibées expéri-
à histolytica"("histolytica-like", regroupant E. disparet mentalement par des anticorps antiprotéinases qui pro-
E. hartmanni) a montré la même diversité. tègent les cellules contre l'agression amibienne. U n e
protéinase-cystéine (histolysaïne) semble être la frac-
Actuellement, des sondes nucléiques marquées tion enzymatique de loin la plus importante de l'appa-
permettent d'identifier les souches pathogènes. La reil histolytique de l'amibe. L'histolysaïne, qui n'est
réaction d'amplification de séquence (PCR) est égale- présente que chez les souches pathogènes, induit la
ment utilisée pour leur reconnaissance. fabrication d'anticorps chez le sujet infecté et a pu ser-
vir d'antigène pour un test ELISA à visée diagnostique
Mécanismes de virulence (Enzymeba test). Il faut noter que dans les modèles in
(études expérimentales) vitro, il suffit d'ajouter aux cultures de cellules un
extrait acellulaire de E. histolytica pour démontrer une
• ATTACHEMENT action cytopathogène. Ces toxines amibiennes, sans
doute des protéinases, ont un effet agglutinant sur les
U n contact de quelques minutes avec la mem- cellules de mammifères et induisent une synthèse
brane externe de l'amibe suffit à produire, chez une d'anticorps IgG chez des patients atteints d'amibiase
cellule de culture, des crevasses dans la membrane invasive.
externe qui conduisent à son détachement du support
et à sa destruction. Des protéases provoqueraient la Enfin, par leurs mouvements (pseudopodes), les
transformation sphérique de la cellule et des collagé- amibes sont aussi à même de détacher mécaniquement
nases endommageraient la matrice extracellulaire, iso- les cellules épithéliales de leur support.
lant ainsi la cellule de ses voisines. L'étape de la
reconnaissance par l'amibe de la cellule agressée (sous Les phénomènes décrits ci-dessus précèdent et
la dépendance de lectines reconnaissant la galactosa- facilitent la phagocytose de la cellule cible et sa des-
mine de la cellule épithéliale) est suivie d'une phase truction intracytoplasmique chez l'amibe.
d'attachement avec disparition des microvillosités de
Néanmoins, in vivo, on n'a pas pu démontrer
la cellule épithéliale puis de modifications léthales.
jusqu'ici d'effet lytique direct des amibes sur les tissus

47
Chapitre 4 ENTAMŒBA HISTOLYTICA L ' A M IDIAS E

de l'hôte. La nécrose résulterait plutôt de l'accumula- • POUR LE CHANGEMENT DE ZYMOGRAMME


tion puis d e la destruction des cellules inflammatoires
L'unique observation de la conversion d u zymo-
au contact des amibes. Les amibes pathogènes sont
gramme d'isolats de souches de E. histolytica entrete-
capables d e lyser o u de phagocyter les neutrophiles,
nues en culture n'a pas pu être confirmée (constatation
éosinophiles, monocytes sanguins et macrophages
de l'apparition de zymogrammes nouveaux, issus de 2
non activés. Les lésions du tissu hépatique seraient
clones à z y m o g r a m m e c o n n u cultivés ensemble). Elle
provoquées plus par la lyse secondaire des cellules
aboutissait à l'hypothèse de l'existence de recombinai-
inflammatoires q u e par l'action directe de l'amibe. Les
sons génétiques par é c h a n g e de matériel nucléaire
macrophages activés peuvent, en revanche, tuer les
entre souches.
trophozoïtes, d ' o ù la protection i m m u n e au niveau de
l'invasion d e la muqueuse intestinale. Si les z y m o d è m e s sont stables, on- est en pré-
sence de deux types différents de E. histolytica:
• PHAGOCYTOSE
- un type non pathogène (E. dispar ) dont les por-
teurs asymptomatiques se débarrassent en moins
Son intensité est proportionnelle à la pathogéni-
de un an;
cité des trophozoïtes. L'érythro-phagocytose accélérée
- un type pathogène (E. histolytica ) dont les por-
est un marqueur fidèle d e pathogénicité. La libération
de toxines et d ' e n z y m e s à la surface d e l'amibe teurs peuvent développer à tout m o m e n t une

s'accompagne d'un accroissement d e sa mobilité et amibiase invasive.

d'une accélération de la digestion des vacuoles ali-


mentaires. Si les z y m o d è m e s ne sont pas stables au cours
du temps (hautement improbable à la lumière des

Problème de la stabilité de la virulence observations récentes), on se trouve en présence d'un


seul type de £ histolytica à potentialité pathogène
des souches
dont les variations pourraient être dues à la réceptivité
U n e vingtaine de zymodèmes, nous l'avons vu, particulière du porteur, le contact a v e c des bactéries,
ont été décrits à travers le monde, 9 liés à un pouvoir les conditions physico-chimiques prévalant dans le
pathogène (isolés c h e z des sujets a v e c manifestations tube digestif...
invasives), les autres provenant toujours de porteurs
asymptomatiques. 6. Lésions causées dans l'organisme
En c e qui c o n c e r n e la stabilité du zymogramme,
d e l ' h o m m e p a r E. histolytica
les avis divergent: il est fixe pour certains (Sargeaunt),
labile pour d'autres (Mirelman). Les arguments sont les O n distingue les lésions intestinales et les lésions
suivants: extra-intestinales.

• POUR LA CONSERVATION DU ZYMOGRAMME bA Amibiase intestinale


(dysenterie amibienne)
- dans un m ê m e intestin, il arrive de trouver simu-
tanément plusieurs z y m o d è m e s de souches non
Localisation
pathogènes et un seul z y m o d è m e de souche
pathogène; La lésion siège dans le côlon, entre le caecum et
l'anus.
- les z y m o d è m e s restent inchangés au cours du
c y c l e et en culture; Pathogénèse
- les zymogrammes des isolats réalisés à partir L'ulcération est le résultat de la destruction de
d'abcès du foie sont homogènes; cellules par l'action des amibes et surtout par l'inflam-
- il y a correspondance de virulence chez le mation responsable d ' u n e accumulation de lymphocy-

cobaye suivant le z y m o d è m e , pathogène ou tes et de polynucléaires. Certaines de ces cellules,

non; tuées par l'amibe, déversent le contenu de leurs lyso-


somes dans les tissus.
- le suivi de porteurs asymptomatiques de zymo-
dèmes pathogènes a montré la survenue d'épiso- La large p o c h e d e tissu nécrosé de la sous-
des symptomatiques. muqueuse c o m m u n i q u e avec la lumière intestinale

48
Lésions causées dans l'organisme de l'homme par E. histolytica

par un étroit orifice en cheminée qui traverse la A l'intérieur de la "membrane" pyogénique se


muqueuse et se termine par une surélévation en cra- trouve le pus de teinte jaune ou brunâtre (pus choco-
tère. Cet ulcère, qui est plutôt un abcès fistuleux, conti- lat), constitué de cellules hépatiques nécrosées, de
nue de s'étendre latéralement dans la sous-muqueuse débris amorphes, de globules rouges, de leucocytes, de
(ulcère "en bouton de chemise"). globules graisseux, de cristaux d'hématoïdine. C'est la
présence d'hémoglobine en voie de décomposition qui
A u cours de cette évolution, les trophozoïtes
donne au pus sa couleur jaune puis brune. Le pus ne
hématophages prolifèrent au contact des tissus sains et
contient pratiquement pas d'amibes, celles-ci se trou-
leur activité tend à agrandir la lésion. Les violentes
vant en périphérie dans la zone active de l'abcès.
contractions péristaltiques de l'intestin irrité les déver-
sent dans la lumière intestinale en même temps que le Les microbes sont le plus souvent absents;
sang extravasé et les cellules nécrosées. Ils pourront lorsqu'on en trouve, il s'agit en général d'un abcès en
causer des lésions plus bas et seront retrouvés dans les communication avec le côlon transverse. C'est donc
selles. l'amibe qui semble seule responsable, avec les cellules
inflammatoires, de la destruction cellulaire.
La progression se fait en nappe dans la sous-
muqueuse, avec passage à la chronicité ou en profon- Amibiase pulmonaire
deur, pouvant aboutir à la perforation (amibiase fulmi-
C'est un abcès évoluant c o m m e un abcès du
nante).
foie; le foyer nécrotique, sec au début, suppure ensuite
Après cicatrisation, lorsque les abcès, vidés de et se surinfecte de germes microbiens venus de l'exté-
leur contenu, se sont comblés progressivement de tissu rieur par les bronches.
fibreux, des déformations ou rétrécissements plus ou
L'abcès ouvert dans une bronche peut se vider
moins étendus peuvent persister.
lors d'un accès de toux et provoquer une vomique de
Le développement, parfois tumoral, de tissus gra- crachats brunâtres.
nulomateux (éosinophiles, lymphocytes, quelques
fibroblastes, tissus nécrosés et trophozoïtes) se rencon-
Amibiase encéphalique
tre surtout au niveau du caecum (amoebome). Dans la méningo-encéphalite amibienne métas-
tatique, les amibes arrivées par voie sanguine produi-
6.2 Localisations extra-intestinales sent un abcès généralement unique qui provoque dès
son début, une réaction méningée localisée. U n e leu-
Il faut bien admettre que l'amibiase extra-intesti-
cocytose légère peut être observée dans le liquide
nale trouve son origine dans le côlon. Cependant, les
céphalo-rachidien.
essaimages surviennent généralement en l'absence de
toute pathologie intestinale visible. Ils se font
6.3 Effet des défenses immunitaires d e l'hôte
- par extension de lésions d'organes voisins: au
L'immunité cellulaire (cytotoxicité des lympho-
départ du rectum, vers les organes uro-génitaux ou vers
cytes T activés) jouerait, nous l'avons dit (paragraphe
la peau au pourtour d e l'anus; au départ du foie, vers le
5.2), un rôle important dans la limitation à l'intestin de
poumon (base droite, à travers le diaphragme), vers la
l'invasion amibienne: chez des animaux intacts, les
plèvre, vers la peau;
amibes se cantonnent dans l'intestin tandis que chez
- par voie sanguine (au départ du côlon) au foie des animaux traités par un sérum anti-lymphocytaire
(par la circulation porte), au poumon (par le cœur droit (ou des animaux immunodéficients), l'invasion du foie
et la petite circulation), au cerveau, à la rate, aux reins est constante. D e plus, les polynucléaires neutrophiles
(par le cœur gauche et la grande circulation). et les macrophages (monocytes) activés détruisent les
trophozoïtes.
Amibiase hépatique (abcès amibien du foie)
Les anticorps sériques sont présents dans tous les
La lésion typique est un abcès, la nécrose cellu- cas d'amibiase invasive. Le titre d ' I g G est élevé tandis
laire formant une poche renfermant une collection que celui des IgA subit peu de changements dans le
purulente. Le plus fréquemment, l'abcès est unique. A u sérum. Les IgA sont toutefois sécrétées au niveau de la
moment du diagnostic, la taille est très variable, d'une muqueuse intestinale (plaques de Peyer) où elles
tête d'épingle à une tête d'enfant, envahissant parfois jouent un rôle protecteur important. Les I g M et les IgG
la totalité du lobe intéressé, le plus souvent du volume sériques sont notablement plus élevées dans les cas
d'une orange. d'invasion extra-intestinale.

49
Chapitre 4 ENTAMŒBA HISTOLYTICA L ' A M I DI AS E

Figure 4 - 5

Cristaux de Charcot-Leyden
Des cristaux d'oxalate de potassium sont
présents dans les selles en cas d'ami-
biase, c'est un élément accessoire de
diagnostic. Ils se présentent sous forme
de losanges très allongés, légèrement 1
réfringents.
1. examen de selles d'amibien, micro-
photographie
2. Dessin représentant quatre cristaux
dans un champs microscopique

Le contact des antigènes de surface avec d'éven- microscopique est péremptoire, les trophozoïtes
tuels anticorps de l'hôte provoque l'apparition hématophages étant certainement pathogènes. Ces
d'immuncomplexes à la surface de l'amibe qui inhi- matières, émises à l'occasion de besoins fréquents,
bent sa capacité de phagocyter. Ces complexes de sur- douloureux (coliques abdominales) et peu productifs
face sont toutefois rapidement rejetés par le parasite, le (crachat rectal), sont liquides et de couleur non homo-
protégeant ainsi contre l'agression immunitaire de gène à cause de la variété des éléments qu'on y
l'hôte. retrouve: débris alimentaires, lambeaux de muqueuse,
mucus abondant blanc-jaunâtre, traces de sang rouge.
Il faut toutefois mentionner que l'immunodé-
pression du SIDA ne semble pas augmenter la fré-
Dans les cas moins aigus ou à la période de
quence des localisations extra-intestinales de l'amibe.
rémission, les matières encore liquides pourront pré-
Quant à la diarrhée fréquemment observée chez les
senter une coloration plus normale et plus homogène,
patients immunodéprimés, elle est très rarement due à
brun clair.
E. histolytica.

Il faudra pratiquer l'examen à frais et à 37°C,


7. Diagnostic de l'amibiase immédiatement après l'émission de l'échantillon. O n y
trouvera des trophozoïtes d'Entamœba histolytica
au laboratoire
mesurant 20 à 30 pm de diamètre, contenant souvent
des globules rouges dans leur endoplasme et formant
O n envisagera successivement les examens des pseudopodes actifs. O n notera aussi la présence
directs (recherche des amibes au microscope, détec- de leucocytes, de globules rouges à l'état libre, de cel-
tion immunologique d'antigènes amibiens, culture) et lules épithéliales desquamées et de cristaux de Char-
les tests indirects (recherche d'anticorps anti-amibiens cot-Leyden (oxalate de potassium) issus de la
et tests de biologie générale). destruction de polynucléaires éosinophiles (figure 4-
5).
L'utilité de chaque examen sera analysée pour le
diagnostic de l'amibiase intestinale aiguë, des porteurs
sains et des localisations extra-intestinales, de même O n veillera à répéter l'examen 2 ou 3 fois en cas
que pour les enquêtes de prévalence. de négativité, à examiner de préférence le mucus et le
sang. Il est parfois nécessaire de récolter le produit à
Les différentes techniques évoquées sont décrites l'occasion d'une rectoscopie ou en pratiquant une
en détail dans le chapitre 19. aspiration à la pipette du contenu rectal.

7.1 Recherche des amibes par examen Remarque


microscopique

Amibiase intestinale aiguë Le diagnostic de la dysenterie bacillaire (Shigella) repose sur l'observation
de selles liquides avec sang plus abondant contenant de nombreux leucocy-
La recherche de formes végétatives invasives tes (attention, pseudopodes!) et des cellules de desquamation de la
(histolytica) dans des matières fécales diarrhéiques muqueuse mais dépourvues de trophozoïtes hématophages. On isolera
muco-sanguinolentes est le seul cas où le diagnostic Shigella sp. à la culture bactériologique.

50
Diagnostic de l'amibiase au laboratoire Chapitre 4

Malades convalescents et porteurs sains membranes nucléaires et chromatine sont colorées en


vert pâle tandis que les corps chromatoïdes se présen-
O n recherchera dans les selles d'aspect normal,
tent sous la forme de solides bâtonnets verts.
les kystes à 4 noyaux et, plus rarement, les trophozoï-
tes minuta Les colorations permanentes

- chez les sujets qui relèvent d'un épisode aigu Elles se pratiquent sur des frottis de matières
(contrôle de l'efficacité du traitement); fécales fixés, en utilisant l'hématoxyline ferrique ou la
- chez les sujets pouvant présenter un danger de technique de Kohn. Ces procédures sont longues et
dissémination de l'agent pathogène (porteurs sont rarement utilisées dans les laboratoires de routine.
sains).
• MÉTHODES DE CONCENTRATION PARASITAIRE
R e m a r q u e importante Elles ont pour but de séparer les éléments parasi-
taires des multiples autres constituants des matières
Il est nécessaire de répéter les examens et d'utiliser une méthode d'enrichis-
fécales, de manière à concentrer les parasites dans un
sement avant de conclure à une absence de kystes.
faible volume et à faciliter l'examen microscopique.
La recherche de kystes ou éventuellement de tro- Deux méthodes parmi beaucoup d'autres ont été choi-
phozoïtes non invasifs (minuta) est un examen difficile sies pour leur simplicité et leur efficacité: la méthode
et décevant. Trois niveaux de spécificité doivent être de Faust (flottation) et la méthode formol-éther de Rit-
considérés: chie (sédimentation).
- il faudra connaître les différences entre E.histoly-
tica et les autres espèces d'amibes de l'homme, Recherche de la prévalence des porteurs
non pathogènes, décrites au chapitre suivant; de E. histolytica
- il faudra faire la distinction entre E histolytica et Les enquêtes de prévalence se basent sur la fré-
des espèces proches non pathogènes. On se quence des porteurs de kystes à quatre noyaux dans
basera sur la taille des kystes, le nombre et la des échantillons de population choisis par quartier
morphologie des noyaux (voir paragraphe 5.3); (influence du niveau socio-économique, de la densité
- enfin, l'examen microscopique ne pourra pas d'habitants), par groupe d'âge, par type d'environne-
faire la distinction entre souche pathogène et non ment (urbain, rural)...
pathogène (E. dispar ); il faudrait recourir à des Pour atteindre 80 ou 90 p.100 de sensibilité, il
anticorps monoclonaux ou à des sondes nucléi- faudrait examiner trois échantillons de chaque per-
ques. sonne à quelques jours d'intervalle, ce qui n'est évi-
• MÉTHODES FACILITANT L'EXAMEN demment jamais fait dans de telles enquêtes. Il faut
donc être conscient de la sous-estimation des résultats.
Les colorations extemporanées
La recherche des kystes se fera par une des tech-
En v u e de la recherche des kystes, l'eau physiolo- niques exposées au paragraphe précédent, à l'exclu-
gique utilisée pour homogénéiser les matières fécales sion de la concentration qui est trop longue à pratiquer
peut être remplacée par divers colorants. sur de grandes séries de prélèvements.

L'éosine colore en rose le fond de la préparation La morphologie identique des kystes de E. histo-
sur lequel les kystes non colorés se détachent en néga- lytica et de E dispar jette un doute sur l'utilité de ces
tif. L'examen se fait au faible grossissement (obj 10X); enquêtes car la spécificité des informations récoltées
ne concerne pas la prévalence de E histolytica. Il sera
Le lugol colore les membranes externes et
nécessaire, dans l'avenir, d'y adjoindre une technique
nucléaires. L'examen se fait à l'objectif 40 X ou 100 X;
d'identification immunologique (monoclonaux) ou
Le réactif de Bailenger colore certaines structures génétique (sondes).
des protozoaires intestinaux (kystes et trophozoïtes):
cytoplasme et bâtonnets cristalloïdes en rouge, structu- • EXAMENS DIFFÉRÉS

res nucléaires en noir; Conservation des selles

La coloration de Sargeaunt est également extem- Si les échantillons ne peuvent pas être traités ou
poranée mais se fait après un enrichissement selon Rit- examinés immédiatement, il faut y ajouter un agent
chie, en mettant en contact entre lame et lamelle le conservateur pour éviter la détérioration des protozoai-
culot obtenu et le colorant: paroi externe du kyste, res qui pourraient s'y trouver (valable surtout pour les
Chapitre 4 ENTAMŒBA HISTOLYTICA L ' A M IDIAS E

Objets rencontrés à l ' e x a m e n


m i c r o s c o p i q u e des s e l l e s
1. Bulle d'air
2. Grain de pollen
3. Spirale de cellulose
4. Poil végétal
5. Cellules végétales

kystes). Le formol, le mélange merthiolate-iode-formol en raclant, lors de la ponction, la paroi de l'abcès avec
(MIF ) et l'alcool polyvinylique (PVA ) sont les plus l'aiguille .
faciles à utiliser.
Difficulté de l'examen microscopique
Colorations permanentes sur frottis. des selles
Elles sont précieuses pour le diagnostic d'espèce Les kystes sphériques à 4 noyaux, de 12 à 16 (im
des kystes et des trophozoïtes de tous les parasites de diamètre , peuvent appartenir à E. dispar, E. coli,
fécaux (enquêtes épidémiologiques, recherche des Blastocystis hominis (kyste immature).
porteurs sains). Elles soulignent les structures nucléai-
res importantes pour la détermination de l'espèce (sauf En outre ils peuvent être confondus avec (figure
pour la distinction entre E. histolytica et E. dispar). 4-6):
- des globules de graisse réfringents, incolores ou
Les structures des trophozoïtes et des kystes
pigmentés, sans structure interne;
(membranes, corps chromatoïdes, bactéries et héma-
- des cellules végétales à paroi mince ou épaisse,
ties phagocytées, chromatine nucléaire) sont colorées
hérissée de protubérances;
en noir par l'hématoxyline ferrique.
- des vaisseaux spiralés du bois, réfringents et par-
Noyaux et caryosomes prennent une teinte gris- faitement ronds;
vert foncé après une coloration de Kohn.
- des spores de champignons, rectangulaires, à
paroi double;
Amibiase extra-intestinale
- des grains d'amidon, réfringents et incolores, de
L'examen microscopique a peu d'intérêt puisque formes et dimensions variables, anguleux.
dans plus de 50 p.100 des cas on ne met pas d'amibes
en évidence dans les selles du patient et que les pus
7.2 Détection d'antigènes amibiens
d'abcès ponctionnés ne contiennent que de très rares
parasites (sensibilité insuffisante de l'examen direct). O n peut repérer les amibes morphologiquem-
O n augmente les chances de les mettre en évidence ment intactes, au faible grossissement, par immnuno-

52
Diagnostic de l'amibiase au laboratoire

fluorescence ou identifier des antigènes solubles dans dans le fond du tube (anaérobiose), des trophozoïtes en
les prélèvements (selles, pus, plasma) en utilisant des grand nombre. La culture est plus sensible que l'exa-
anticorps monoclonaux dans un test ELISA ou Western- men direct mais rarement pratiquée dans les laboratoi-
blot. res de routine.

U n anticorps monoclonal bien choisi permet


Malades convalescents et porteurs sains
d'identifier en IFI les zymodèmes pathogènes de £ his-
tolytica isolés de patients avec symptômes tandis que Les stades du cycle minuta peuvent aussi être mis
les zymodèmes non pathogènes ne sont pas reconnus en culture mixte. La sensibilité en est plus grande que
par ce monoclonal. En Western-blot, un antigène de 30 l'examen direct où seulement les kystes sont recher-
kDa spécifique des souches pathogènes aurait été chés. Mais l'encombrement de la technique est dissua-
identifié. sif. Il faut souvent faire une ou deux subcultures (une
semaine de délai) avant de voir les trophozoïtes dans le
Amibiase intestinale aiguë culot du tube.

L'examen microscopique direct des selles est


Enquêtes de prévalence
considéré comme plus rapide et'plus simple. Actuelle-
ment à l'essai, un test ELISA serait capable d'apprécier La remarque faite pour les porteurs sains reste
la densité d'amibes dans les prélèvements. valable ici.

Malades convalescents et porteurs sains Amibiase extra-intestinale

La recherche d'antigènes solubles dans les selles La culture peut être tentée à partir du pus d'un
serait la méthode de choix car non seulement elle peut abcès du foie. L'examen microscopique direct étant
repérer la présence du cycle minuta dans un intestin non rentable, il peut être remplacé avantageusement
mais de plus, en utilisant un anticorps monoclonal par la mise en culture mixte en présence de germes
adéquat, elle pourrait identifier les parasites comme microbiens extrinsèques.
pathogènes ou non.
R e m a r q u e importante

Recherche de la prévalence Il faut rappeler que, par ailleurs, la culture bactériologique de pus d'abcès du
de E. histolytica foie reste stérile.

Ces techniques n'ont pas encore été utilisées


dans les enquêtes épidémiologiques. Elles peuvent 7.4 Recherche d'anticorps anti-amibiens
s'avérer d'une grande précision et donc constituer un
La titration d'anticorps anti-amibiens dans le
précieux progrès.
sérum (anticorps sériques, sérologie) ou dans le con-
tenu intestinal (copro-anticorps) se fait par immuno-
Amibiase extra-intestinale
fluorescence indirecte (IFI), hémagglutination
O n a pu mettre en évidence des amibes végétati- indirecte ou passive (HAI), agglutination de particules
ves par immunofluorescence sur des coupes de foie ou de latex (LAT), précipitation en gel (PEG), contre-
de poumon à partir de blocs fixés au formol et enrobés immunoélectrophorèse (CIE) ou test immuno-enzyma-
dans la paraffine depuis plus de 10 ans, en utilisant des tique (ELISA). Les antigènes utilisés sont produits par
immuns sérums polyclonaux de patients ayant eu un culture axénique: antigène figuré pour I*IFI, antigènes
abcès amibien du foie. Ceci démontre la stabilité des solubles (extrait total de trophozoïtes) pour les autres
antigènes d'amibes au cours des traitement agressifs de tests.
l'histologie classique.
Dans notre expérience, l'apparition des anticorps
fluorescents (IFI) est légèrement plus précoce que les
7.3 Mise en culture anticorps précipitants (PEG).

Amibiase intestinale aiguë Amibiase intestinale aiguë


La mise en culture est possible en inoculant un La détection des anticorps sériques (IgG, IgM)
peu de matières fécales fraîches dans un tube conte- donne 70 à 80 p.100 de positivité en cas d'amibiase
nant du milieu diphasique de Dobell (culture polyxéni- invasive. Les anticorps persistent à un niveau détecta-
que). Après 3 ou 4 jours à 37°C, on pourra trouver ble pendant plusieurs semaines.

53
Çhopïtre, 4 ENTAMŒDA HISTOLYTICA L'AMIDIASE

Les copro-anticorps ont été retrouvés chez 80 - connaître le délai de négativation après sérolo-
p.100 des sujets dysentériques tandis que, parmi des gie positive (très variable d'un sujet à l'autre et
sujets porteurs d'autres affections intestinales, seule- selon la localisation);
ment 1 à 2 p.100 étaient trouvés positifs. Il est proba- - savoir si les tests peuvent faire la distinction
ble que ces anticorps soient des lgA parce que le test entre porteurs d'isolats pathogènes ou non
de fixation du complément les détecte mal (souvent pathogènes.
négatif) alors que l ' H A l est positive. O n sait en effet
que les lgA ne fixent pas le complément. U n e enquête réalisée au Mexique (1974) a porté
sur 20.000 sérums, provenant de tout le pays. La pré-
Après l'épisode aigu, les copro-anticorps dispa-
valence varie de 2,3 à 9,9 p.100 suivant la densité de
raissent plus rapidement que ceux du sérum car trois
population, le niveau socio-économique et l'âge. Les
semaines après la guérison des symptômes, il ne reste
que 50 p.100 de tests positifs alors que les titres d'anti- tests utilisés ont été l'HAl, la CIE et l'IFI.

corps sériques sont en augmentation. R e m a r q u e importante

Rappelons le test "Enzymeba" qui détecte les Les spécialistes du'Centers for Disease Control " (CDC, Atlanta, USA)
anticorps sériques anti-histolysaïne, enzyme spécifi- accordent leur préférence à l'HAI et choisissent comme seuil de positivité le
que des souches pathogènes du parasite. titre de 1/256.

Malades convalescents et porteurs sains 7.5 Les tests d e biologie générale


(non spécifiques)
Les malades convalescents restent positifs (IgG
sériques) et les tests ne peuvent pas servir à suivre le Il n'y a que dans les cas d'amibiase extra-intesti-
processus de guérison. nale que les tests inflammatoires peuvent être utiles. Ils
ont une valeur d'orientation: numération des leucocy-
Les porteurs sains (disséminateurs de kystes) ont
tes (15.000 à 20.000 par pl), taux de fibrinogène élevé
des anticorps lgA dans les selles (copro-anticorps
(supérieur à 0,40 g par 100 ml), présence de protéine
sécrétés par la muqueuse intestinale) mais le plus sou-
C-réactive. La vitesse de sédimentation est élevée et
vent pas d'anticorps sériques.
son retour à la normale signe l'efficacité du traitement.

Amibiase extra-intestinale
ô. C u l t u r e in vitro
Les anticorps sériques sont pratiquement tou-
jours retrouvés à des titres significatifs. Le diagnostic
La culture des amibes a plusieurs utilités:
sérologique est une aide précieuse et fidèle pour le cli-
nicien qui se trouve devant un processus hépatique ou - diagnostic (recherche d'amibes dans les selles ou
pulmonaire d'étiologie inconnue. dans un pus d'abcès, par culture polyxénique);
- production d'antigènes pour tests sérologiques;
La sensibilité est excellente (99 p.100), les titres
d'anticorps spécifiques (IFI, HAÏ, LAT, ELISA, PEG) ne - préalable à une analyse iso-enzymatique pour

laissent aucun doute car ils s'élèvent rapidement avant identification des caractères d'une souche;
que les premiers sympômes n'apparaissent. La négati- - essais médicamenteux.
vation est lente, elle prend plusieurs mois. Tant que le
pus de l'abcès n'est pas complètement résorbé, la sti- O n distingue les cultures classiques faites en pré-
mulation antigénique persiste. sence de bactéries (polyxéniques) et les cultures axéni-
ques dans lesquelles les amibes se multiplient en
Prévalence des porteurs d'anticorps l'absence de tout autre organisme vivant (milieux de
culture plus complexes, satisfaisant à tous les besoins
Dans les études épidémiologiques, la détection
des amibes).
d'anticorps sériques peut être utilisée pour obtenir une
information sur la fréquence du processus d'invasion.
8.1 Culture polyxénique
Malheureusement, les études pèchent par manque de
standardisation des tests et ne sont donc pas compara- Les amibes s'y multiplient en compagnie de bac-
bles entre elles. Il faudrait téries provenant du tube digestif (cultures mixtes).

- standardiser les techniques; Elles ont, depuis 50 ans, été utilisées comme
- définir les seuils de spécificité; moyen de diagnostic (mise en culture des selles ou de

54
Traifemenf

pus d'abcès) permettant en outre, c o m m e signalé plus lodoquinol


haut, la distinction entre souches pathogènes (cultiva-
bles à 3 7 ° C seulement) et non pathogènes d'E.histoly- Direxiode®: 650 mg trois fois/jour pendant 20
jours maximum.
tica (cultivables indifféremment à 28° et 3 7 ° C ) .

Elles ont également été utilisées pour fournir des Furoate de diloxanide (Furamide®)
organismes en nombre suffisant (obtention d'antigènes
pour réactions sérologiques, études de virulence et Traitement de 10 jours à raison de 500 mg trois
sensibilité aux médicaments). fois/jour.

Les milieux utilisés (milieux de Dobell, de Jones ) 9.2 Amcebicides tissulaires


sont à base de produits biologiques (sérum de cheval, (toutes localisations tissulaires)
albumine d'œuf), additionnés d'éléments figurés tels
que des grains d'amidon qui serviront de source Dérivés de l'émétine
d'énergie aux seules amibes qui les phagocytent (voir
2-déhydroémétine: 1 mg/kg/jour en injection
chapitre 19).
sous-cutanée profonde ou intra-musculaire pendant 10
jours.
L'enkystement peut y être réalisé par un choc
osmotique ou en supprimant l'approvisionnement en
Dérivés azoiés
glucose. Il s'accompagne de l'apparition, à la surface
du parasite, de glycoprotéines sialées alors que le tro- Métronidazole (Flagyl®): 2 g/jour ou (chez les
phozoïte, lui, est dépourvu d'acide sialique. enfants) 30 à 50 mg/kg/jour pendant 5 à 10 jours.

Tinidazole (Fasigyn®): 2 g/jour en 1 prise pen-


8.2 Culture axénique
dant 3 jours.
Les amibes se développent en l'absence de tout
Secnidazole (Flagentyl®): 1,5 g/jour en 3 prises
autre organisme vivant. Elle a été l'œuvre de D i a m o n d
(25 mg/kg/jour chez l'enfant) pendant 2 à 5 jours.
qui depuis 1961 en a sensiblement amélioré le rende-
ment (milieu TYI-S-33 ou milieu T P S avec hydrolysat Ornidazole (Tiberal®): 2 g/jour pendant 5 à 10
de caséine). C e type de culture a permis l'obtention d'
jours.
antigènes purs, figurés ou solubles, utilisables en séro-
logie, de m ê m e que des études immunologiques, bio- Remarque
chimiques, pathologiques et pharmacologiques.
Vu la relative toxicité de l'émétine, on lui préfère le métronidazole. Les amoe-
bicides tissulaires ayant peu d'effet sur les formes intestinales, on fait en
Les imperfections de la culture axénique restent
général suivre le traitement par une cure d'amœbicide de contact.
- la nécessité d'utiliser du sérum animal dans les
milieux de culture (milieux "semi-définis"); 10. Transmission
- l'axénisation laborieuse: elle doit obligatoire-
ment passer par une phase d'adaptation sur cul- 10.1 Contamination
ture xénique qui peut être rendue plus facile par
l'utilisation de bactéries tuées par irradiation; Se fait par ingestion de kystes présents dans le
milieu naturel. Les sources d'infection les plus fréquen-
- l'impossibilité d'induire l'enkystement en cul- tes sont:
ture: pas de production du cycle c o m p l e t
- l'eau (puits à proximité de fosses d'aisance, cana-
lisations défectueuses);
9. Traitement - les légumes crus (fumure du sol avec de l'engrais
humain, cuisiniers peu soigneux, propreté des
récipients multi-usages);
9.1 Amoebicides de contact (à action directe)
- les mains sales, souillées de terre, de matières
Ces médicaments, pris par voie orale, ne sont pas fécales, facilement portées à la bouche (enfants);
résorbés. Ils agissent dans l'intestin, sur les trophozoï- matériel médical contaminé (lavements);
tes du cycle minuta: ils suppriment d o n c aussi les kys- - les mouches domestiques se promenant sur les
tes qui ont leur origine dans les trophozoïtes. aliments et sur la table dressée pour le repas
Chapitre 4 ENTAMŒBA HISTOLYTICA L ' A M IDIAS E

Tableau 4-3 c h e z les homosexuels. La durée m a x i m a l e d u statut d e


PORTEURS p.100 MINIMUM p.100 MAXIMUM porteur d e l'infection est d ' e n v i r o n deux ans; e l l e serait
DE KYSTES:
plus longue a v e c les souches pathogènes.
Bangladesh 10 30

Bolivie 3 14 10.3 Facteurs influençant la prévalence


Costa Rica 7 36
C e sont essentiellement la longue survie des kys-
Cote d'Ivoire 0,2 5,0 (rural)
tes et le contact féco-oral: température et humidité d e
Gambie 40,0 (rural) la surface de la terre, méthodes d e conservation des

38 aliments (congélation et ébullition détruisent les kys-


Inde 0,5
tes), habitude d e c o n s o m m e r cru, qualité d e la distri-
Mexico 0 55,0
bution d'eau, hygiène individuelle (utilisation de
Tanzanie 1 8 latrines, propreté des mains), a b o n d a n c e des m o u c h e s
domestiques (tableau 4-3).
U.S.A. 1 32,0 (homosexuels)

Zaïre 20
10.4Endémicité amibienne
Maroc 5 45

Egypte 5 40 Lorsque l ' e n d é m i c i t é est élevée, les cas sont dis-


séminés, il y a des kystes partout (eaux-aliments).
Sicile 18 55

Espagne 2 21 Lorsque l ' e n d é m i c i t é est faible, o n assiste surtout

France 6,0 (Nord) 31,0 (Sud) à des contaminations familiales où le contact direct,
les mains sales, j o u e n t un rôle prépondérant. O n peut
(Sources: R. Deschiens, 1965; R. Kretschmer, 1990) c e p e n d a n t assister à d e petites épidémies parmi les
clients d ' u n restaurant (cuisiniers).

D e graves accidents é p i d é m i q u e s sont possibles,


(transport m é c a n i q u e de kystes sur les pattes et à l'occasion d e rassemblements importants d e person-
la trompe). nes (pèlerinages, congrès internationaux). A C h i c a g o ,
en 1933, à l ' o c c a s i o n d ' u n e exposition universelle,
10.2 Réservoir de parasites u n e canalisation défectueuse dans un hôtel a été res-
L'homme est pratiquement le seul à pouvoir ponsable d e centaines d e cas "primaires" ayant à leur
héberger le c y c l e et d o n c disséminer les kystes. La pré- tour, après être rentrés chez eux, été à l'origine
valence des porteurs d e kystes est plus haute dans les d'innombrables cas "secondaires". En tout, on a
couches socio-économiques plus basses, c h e z les han- d é n o m b r é 1.409 cas d e dysenterie et une c e n t a i n e de
dicapés mentaux (institutions), c h e z les sujets âgés et décès.

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73-76.
Autres amibes parasites de l'homme
(Euamœbida, Acanthopodida, Schizopyrenida) 5
Schéma taxinomique
Ordre des Euamœb'da
Ordre des: Acanthopodida : :
Ordre deSfSchizopyrenida

1. Le genre ENTAMŒBA Casadrandi et 1. Le genre Entamœba •


Schéma taxinomique Casadrandi et Barba-
Barbagallo 1 8 9 5 gallo 1895
Embranchement (Phylum): Rhizopoda 1.1 Entamœba: dispar
1.2. Entamœba horrrnanni
Classe: R h i z o p o d e a . -1.1 ENTAMŒBA DISPAR
1.3 Entamœba coli
Brumpt 1925 - 1.4 Entamœba polecki : :•.
ORDRE DES EUAMŒBIDA Calkins1902
.. i. 1.5 Entamœba gingivalis
A m i b e s nues, uninucléées, en majorité libres mais d e
Historique
2. Le genre Endoljmax
nombreuses espèces sont parasites. Les souches non pathogènes d e E. histolytica, 2A Localisation-^ anatomi-
que et distriburion géo-
Famille des Entamœbidae morphologiquement identiques à l'amibe dysentéri-
graphique
que, ont r é c e m m e n t reçu un statut plus tranché: elles ; 2.2 Morphologie
Elle c o m p r e n d trois genres: Entamœba, Endolimax et rejoignent l'espèce E. dispar, déjà proposée par E. 3. Le genre lodamœba
lodamœba. B r u m p t e n 1925 pour désigner ces organismes hors-la- 3.1 Localisation anaromi-
loi. ! que or distribution géo-
Il s'agit d e parasites obligatoires d u tube digestif d e
graphique
l ' h o m m e ou des a n i m a u x , caractérisés par des tropho- 3.2 Morphologie
Longtemps, le concept d'£. histolytica non
zoïtes mobiles grâce à la formation d e pseudopodes et
pathogène ("/î/sfo/yf/ca-like") a été débattu. Les obser- 4. Les amibes libres
des kystes le plus souvent multinucléés. 4.1 Présentation générale
vations d e non-pathogénicité ne m a n q u a i e n t pas, mais
bien les outils qui auraient permis d e différencier les i 4.2 Amibes du genre- .
ORDRE DES ACANTHOPODIDA Naegleria
uns des autres, des organismes morphologiquement
4.3 Le genre
Famille des Hartmanellidae identiques. D e plus, la variation dans le temps de Acanthamœba
(ou Acanthamœbidae) l'extériorisation c l i n i q u e des souches pathogènes per- Bibliographie •
turbe les observations.
Il s'agit d e protozoaires libres, o c c a s i o n e l l e m e n t para-
sites, caractérisés par des trophozoïtes mobiles grâce à Récemment, les autorités en matière d'amibes
FIGURES
des lobopodes (pseudopodes filiformes) et des kystes ont été e n mesure d e distinguer, par des caractères bio-
5-1 Amibes du tube digestif de
uninucléés à paroi plissée. Il n ' y a pas de stade fla- chimiques, i m m u n o l o g i q u e s et génétiques, les organis-
l'homme
gellé. mes pathogènes des non pathogènes. Elles ont d o n c 5-2 Kysres d'amibes du tube
proposé de classer les non-pathogènes dans une digestif de. l'homme: i
Genre Hartmanella Alexeieff 1912 (ou Acan-
5r3 Structure comparée des
thamœba) e s p è c e séparée et ont repris le nom d e Entamœba dis-
noycux d'amibes
par d e Brumpt, la d é n o m i n a t i o n Entamœba histolytica 5-4 Trophozoïte er kysres de
ORDRE DES SCHIZOPYRENIDA n'étant plus attribuée q u ' a u x organismes à pathogéni- 'Naegleria
(dont la position t a x i n o m i q u e n'est pas certaine) cité démontrée. 5-5 Trophozoïte et kystes •
d'Acanthamœba
Famille des Vahlkampfiidae Caractères distinctifs
C e sont des protozoaires libres, occasionnellement • CARACTÈRES BIOCHIMIQUES
parasites, caractérisés par des trophozoïtes a m i b o ï d e s
Ils sont basés sur les différences de migration
mobiles par pseudopodes globuleux et flagellés transi-
électrophorétique e n gel d'agarose, d e divers isoenzy-
toires. Le kyste est u n i n u c l é é et à m e m b r a n e lisse.
mes: hexokinase, phosphoglucomutase, aldolase, acé-
G e n r e Naegleria Alexeieff 1912 tyl-glutaminidase, peptidase, N A D P diaphorase. Cela
fait déjà quelques années q u e les z y m o d è m e s d'isolats

59
Chapitre 5 AUTRES AMIBES PARASITES DE L'HOMME

Figure 5 - 1 de toutes provenances ont été étudiés et classés en téines (antigènes) cibles: la lectine d'adhérence G A L /
pathogènes et non pathogènes. G A L N A c , les antigènes de 96 kDa, de 29-30 kDa et de
A m i b e s du t u b e d i g e s t i f d e
81-84 kDa, l'antigène de "granules denses aux élec-
l'homme • CARACTÈRES IMMUNOLOGIQUES trons"...
Dessin représentant schématiquement Des anticorps monoclonaux dirigés contre plu-
trophozoïtes et kystes de chacune des • CARACTÈRES GÉNÉTIQUES
sieurs protéines de l'amibe permettent le marquage
espèces. La reconnaissance de parties du génome permet,
sélectif des souches pathogènes. O n cite c o m m e pro-
par l'utilisation de sondes (sonde P I 4 5 ) , par l'analyse
de fragments de restriction (après marquage de cer-
tains gènes) et par amplification de matériel génétique
sélectionné, d'identifier les souches pathogènes.

1.2 ENTAMŒBA HARTMANNI


Von Prowazeck 1912

Cette amibe est une forme non pathogène res-


semblant à E. histolytica. Morphologiquement, ses tro-
phozoïtes ont plus de 12 p m et ses kystes, à 4 noyaux,
ont toujours moins de 10 pm de diamètre. Les différen-
ces avec E. histolytica portent sur la taille des kystes qui
ENTAMŒBA HISTOLYTICA
ont, chez cette dernière, plus de 10 pm et sur la dispo-
sition de la chromatine nucléaire (voir chapitre 4).

1.3 ENTAMŒBA COU


Grossi 1879

Localisation anatomique

Elle vit dans le gros intestin (cœcum et côlon) de


l'homme et du singe mais n'envahit pas les tissus et est
dépourvue de pouvoir pathogène.

Distribution géographique

ENTAMŒBA COLI Cosmopolite, on peut estimer que 28 p. cent des


individus à travers le m o n d e sont porteurs de E. coli.
Elle est dépourvue de pouvoir pathogène.

Morphologie

Elle est importante à connaître car, v u la fré-


quence de E. coli, son diagnostic différentiel avec E.
IODAMŒBA BUTSCHLII
histolytica se pose souvent (figures 5-1, 5-2, 5-3).

• TROPHOZOÏTE

D e forme amiboïde, sa taille est de 20-30 pm.


DLENTAMŒBA FRAGILIS Légèrement mobile, il change de forme mais ne se
déplace pas beaucoup.

Le cytoplasme avec endoplasme et ectoplasme


peu distincts contient des bactéries et de petites vacuo-
les mais jamais de globules rouges.

Le noyau est plus facilement visible à frais que


ENDOLIMAX NANA celui de E. histolytica. Sa chromatine se présente en
plaques réparties sur la surface de la membrane
nucléaire.

60
Le genre Entamœba Chapitre 5

• KYSTE gingival. Sa présence est souvent liée à une mauvaise


D e taille très variable (10 à 30 pm), il est généra- hygiène buccale.
lement plus grand que celui de E. histolytica.
Morphologie
Le noyau, unique chez les kystes jeunes, se
divise trois fois pour aboutir à un kyste mûr rond ou Le trophozoïte, de 10 à 20 pm de diamètre, a
ovale, à 8 noyaux. Le diagnostic différentiel avec le tendance à former plusieurs pseudopodes en même
kyste d'E. histolytica qui n'a jamais plus de 4 noyaux temps. L'endoplasme granuleux contient des vacuoles
devient alors facile. D'autre part, les kystes jeunes à avec des bactéries phagocytées et d'autres débris.
deux noyaux possèdent souvent une grande vacuole L'ectoplasme transparent est nettement distinct. La
de glycogène en position centrale, refoulant les noyaux
chromatine en granules est répartie sur la paroi
en périphérie.
nucléaire, quelques grains sont libres dans le noyau et
Le cytoplasme possède des granules grossiers qui il y a un caryosome central.
font ressembler l'intérieur du kyste à une éponge. Les
corps chromatoïdes sont moins fréquents et plus fins Le kyste n'a jamais été décrit.
que chez E. histolytica.
Pathogénicité
1.4 ENTAMŒBA POLECKI Figure 5-2
Cette amibe n'a pas de pouvoir pathogène pro-
Von Prowozeck 1912
pre. Cependant on la retrouve souvent associée à une Kystes d'amibes du tube digestif
C'est une amibe plus fréquente chez le porc que infection préexistante des muqueuses buccales (levu- de l'homme.
chez l'homme. Elle ressemble à E. coli, avec un kyste à res, bactéries). Elle se trouve alors dans les sécrétions 1. Entamœba coli
1 ou 2 noyaux. Elle n'est pas pathogène.
purulentes (pyorrhée). 2. Entamœba coli(hématoxyline ferri-
1.5 ENTAMŒBA GINGIVAL/S que)
Elle n'est jamais présente dans les selles car ava-
Gros 1 8 4 9 lée, elle est détruite par le suc gastrique et la bile. 3. Entamœba coli (jeune, avec un
noyau et grande vacuole)
Localisation anatomique Tous les essais d'adaptation à des animaux de 4. Endolimax nana
laboratoire sont restés infructueux.
O n la trouve dans la cavité buccale de l'homme, 5. Endolimax nana
du chien et du cheval, entre les dents et dans le sillon 6. lodamœba butshlii

61
Chapitre 5 A U T R E S A M I B E S P A R A S I T E S DE L H O M M E

2. ENDOLIMAX NANA 3. lODAMŒDA DUTSCHUI


Wenyon and O'Connor 1917 Von Prowazeck 1912

3.1 Localisation anatomique et distribution


2 .1 Localisation anatomique et distribution
géographique
géographique
Il vit dans la lumière du gros intestin de l'homme
Ce parasite, dépourvu de pouvoir pathogène, vit et du porc où il n'exerce aucun pouvoir pathogène.
dans la lumière du gros intestin de l'homme. Il est cos- C'est un parasite cosmopolite.
mopolite.
3.2 Morphologie
2.2 Morphologie
Trophozoïte
Trophozoïte Sa taille est de 9 à 13 pm. L'endoplasme et
l'ectoplasme sont difficiles à dissocier. L'endoplasme
D e 6 à 12 pm de diamètre, il se déplace avec
contient des vacuoles alimentaires et des bactéries. Le
des mouvements lents. L'endoplasme granuleux, con-
noyau présente un seul grand caryosome.
tenant des vacuoles avec des bactéries et l'ectoplasme
transparent sont bien distincts. Le noyau est difficile-
Kyste
ment visible à frais et pourtant le gros caryosome sou-
vent excentrique est très réfringent. La coloration à La taille et la forme sont très variables (9 à 15
l'hématoxyline fait ressortir l'absence de chromatine pm). U n e grande vacuole de glycogène (colorée en
sur la membrane nucléaire. brun par le lugol) et le noyau unique avec grand
Figure 5-3 caryosome central et logettes périnucléaires sont les
Kyste principaux repères pour son diagnostic (figures 5-1, 5-
Structure comparée des noyaux
2, 5-3).
d'amibes
O v o ï d e ou arrondi, il mesure de 8 à 10 pm et
1. Entamœba histolytica contient quatre noyaux dont la membrane est très fine 4. Les a m i b e s libres
2. Entamœba hartmanri et le volumineux caryosome excentrique (figures 5-1,
3. Entamœba coli 5-2, 5-3).
4. Endolimax nana 4.1 Présentation générale
5. lodamœba butshiii
Dispersion
6. Naegleria
7. Acanthamœba Les amibes libres peuvent vivre partout où il y a
8. Entamœba histolytica (trophozoïte des bactéries et des déchets organiques qui constituent
histolytica) leur principale source de nourriture. O n les retrouve
dans les lacs, rivières, canaux, piscines, puits, réseaux
de distribution d'eau, aquariums, terre humide, boues,
égouts et sur n'importe quelle muqueuse humide de
sécrétions (voies respiratoires, voies urinaires, con-
jonctive oculaire et surface humidifiée et exposée de
la cornée, tube digestif de l'homme et d'animaux les
plus divers à sang froid ou à sang chaud). Ces amibes
ne nécessitent pas, pour leur survie et leur multiplica-
tion, une température de 37 ° C comme c'est le cas
pour les représentants de la famille des Entamœbidae.

Toutefois, l'élévation de température et le foison-


nement de bactéries et de déchets organiques favori-
sent leur prolifération. Les piscines chauffées, ainsi
que les lacs, rivières, canaux dont l'eau sert à refroidir
les machines des industries riveraines ou les réacteurs
de centrales nucléaires, permettent une multiplication

62
Les amibes libres j H K ^ F

a n o r m a l e d e la flore m i c r o b i o l o g i q u e d e l'eau et parti- multiplie d e manière foudroyante et p r o v o q u e une


c u l i è r e m e n t des a m i b e s libres. fonte nécrotique qui aboutit au c o m a et à la mort du

Cette très large distribution rend le contact d e patient dans un délai d e 30 heures à 5 jours après la

l ' h o m m e a v e c ces organismes inévitable: le contrôle et pénétration des parasites: c'est la méningo-encéphalite

la prévention d e c e c o n t a c t est problématique. a m i b i e n n e primitive ( M E A P ) .

La dénomination MEAP distingue immédiate-


Vie parasitaire
ment cette affection d e l'abcès a m i b i e n du cerveau,
Contrairement aux amibes du genre Entamœba s e c o n d a i r e à une invasion d'Entamœba histolytica au
qui sont des parasites permanents du tube digestif des départ d e l'intestin. Les cas, heureusement peu nom-
vertébrés d o n t le passage e n milieu extérieur (kystes) breux, décrits dans différentes parties du m o n d e ont été
n'est q u e transitoire et accidentel (parasitisme obliga- contractés dans des piscines chauffées, des lacs d ' e a u
toire), les a m i b e s des genres Acanthamœba et Naegle- d o u c e , des sources d ' e a u chaude. La b a i g n a d e dans
ria sont des parasites libres dans le m i l i e u extérieur, ces eaux a m è n e les muqueuses respiratoires supérieu-
dont le passage dans les tissus d e l'hôte n'est q u e tran- res e n c o n t a c t a v e c l'eau contaminée.
sitoire et accidentel (parasites facultatifs, occasionnels).
Diagnostic (mise en évidence des amibes)
4.2 Amibes du genre NAEGLERIA
• CHEZ LE PATIENT

Localisation anatomique On examinera le liquide céphalo-rachidien à

C h e z l ' h o m m e , o n peut les retrouver le plus fré- frais. O n y recherchera les trophozoïtes amiboïdes
mobiles, à différencier des polynucléaires pouvant
q u e m m e n t dans la totalité du tube digestif et dans
émettre des pseudopodes.
l'arbre b r o n c h i q u e . La porte d'entrée est le carrefour
naso-pharyngé, soit par la cavité b u c c a l e , soit par les L ' e x a m e n après coloration à l'hématoxyline per-
fosses nasales. mettra d e distinguer plus facilement les a m i b e s des
nombreux polynucléaires neutrophiles.
Morphologie
La mise en culture, l'inoculation aux a n i m a u x d e
Elles se présentent, au cours d e leur c y c l e évolu-
laboratoire pour démonstration du pouvoir pathogène,
tif, sous trois formes.
l ' e x a m e n anatomo-pathologique des pièces d'autopsie
Le trophozoïte a m i b o ï d e , d e 10 à 20 (j.m d e dia- permettront d e préciser l'étiologie a m i b i e n n e .
mètre, émettant des pseudopodes, possède un n o y a u
• DANS LES EAUX SUSPECTES
unique, un e n d o p l a s m e et un ectoplasme distincts.
C'est la forme parasitaire. On pratiquera la filtration d ' u n v o l u m e d'eau
c o n n u (1 à 10 litres) sur filtre millipore (1,2 |im d e dia-
Le trophozoïte flagellé, o v a l e d e 8 prn sur 15,
mètre d e pores) puis on mettra en culture les amibes
possède deux à quatre flagelles antérieurs, u n e v a c u o l e
retenues à la surface du filtre en retournant celui-ci sur
postérieure et un n o y a u unique. C'est la forme libre.
u n e boîte d e Pétri garnie de gélose couverte d ' u n e sus-
Le kyste sphérique u n i n u c l é é dispose d ' u n e paroi pension d e bactéries tuées. O n déterminera ensuite
d o u b l e dont la surface externe est lisse (figure 5-4). leur p o u v o i r pathogène et leur spectre antigénique
La transformation d e trophozoïte a m i b o ï d e en pour détermination d e l'espèce.
trophozoïte flagellé peut être obtenue au laboratoire
• LA DÉTERMINATION DU POUVOIR PATHOGÈNE
par c o n t a c t a v e c l'eau distillée. Les trophozoïtes flagel-
lés sont é v i d e m m e n t résistants dans le milieu extérieur. S e fait par la culture in vitro à 37 ° C et 45 ° C .
Ils s'y multiplient e n se nourrissant d e matières organi- Seules les amibes pathogènes se multiplient à ces tem-
ques, y compris les bactéries. pératures. L'inoculation à la souris par injection intra-
cérébrale o u par instillation nasale est suivie d e la mort
Pouvoir pathogène d e l'animal e n 4 à 8 jours si le parasite est pathogène
(Naegleria fowleri).
Naegleria fowleri est c a p a b l e d e traverser la
m u q u e u s e tapissant les fosses nasales et passant d e
Prévention et traitement
l'autre côté d e la l a m e criblée d e l'os ethmoïde, elle se
trouve dans la boîte crânienne, au contact du lobe Etant d o n n é la présence d e ces organismes dans
frontal d u c e r v e a u . D a n s la substance cérébrale, e l l e se les eaux de consommation et dans les collections

63
Chapitre 5 A U T R E S A M I B E S P A R A S I T E S DE L'HOMME

Figure 5-4

Trophozoïte et kystes de Naegleria


1. Trophozoïte amiboïde
2. Kystes à paroi lisse

d'eau fréquentées par le public, l'accent doit être mis Dispersion


sur la nécessité d'un contrôle rigoureux de ces eaux.
Le faible nombre de cas connus d e ces affections
La filtration sur sable et l'addition de chlore sont
contraste avec la très large distribution des agents éco-
deux moyens très efficaces à condition d'être contrôlés
logiques dans la nature. Le portage rhino-pharyngé a
et mis au point par des autorités compétentes, c e qui
été mis en é v i d e n c e chez 7 à 50 p. 100 des petits mam-
est rarement le cas, c o m m e le prouve la fréquence des
mifères. Dans les mares d'eau superficielle, on a
isolements de ces parasites faits à partir des eaux d e
c o m p t é jusqu'à 46.000 amibes par ml.
distribution urbaine, d'eaux de piscine et même
d'eaux minérales.
O n ne connaît pas le facteur qui d é c l e n c h e la
Le traitement curatif arrivera souvent trop tard. pathogénicité, ou alors les moyens de diagnostic sont
Signalons l'efficacité relative de l'Amphotéricine B® insuffisants pour avoir une mesure exacte de la fré-
contre Naegleria fowleri. q u e n c e des processus pathologiques.

4.3 Le genre ACANTHAMŒDA (HARTMANELLA) Pathologie

Localisations anatomiques Bien plus rare, la méningo-encéphalite est ici


aussi observée. Elle est moins aiguë que chez Naegle-
Les représentants du genre Hartmanella peuvent
ria.
causer u n e pathologie des muqueuses digestives et
respiratoires ainsi q u e des méningites dont l'évolution
Depuis 1975, l'attention a été attirée par la fré-
est moins rapide q u e celles provoquées par Naegleria.
q u e n c e des ulcères cornéens à Acanthamœba.
Ils peuvent de plus coloniser les couches superficielles
d e la c o r n é e (kératite amibienne). L'étiologie amibienne c o m m e cause de rejet de
greffe de cornée est bien c o n n u e mais il apparaît que
Morphologie les lésions peuvent aussi survenir sur des cornées en
dehors de toute agression chirurgicale:
Ces amibes se présentent, au cours d e leur c y c l e
évolutif, sous deux formes. - dans les régions à climat sec, où la poussière, le
vent, la chaleur, l'insolation et les traumatismes
Le trophozoïte de 12 à 15 p m est hérissé de
pseudopodes effilés ou filamenteux avec endoplasme par le contact avec des épis de mil fragilisent la

et ectoplasme distincts, vacuoles alimentaires conte- surface cornéenne; la c a r e n c e en vitamine A et

nant des bactéries, noyau unique avec gros nucléole des lésions préexistantes dues au trachome peu-
central et membrane nucléaire très nette (figure 5-3). vent préparer le terrain;

Le kyste est polygonal, avec un seul noyau et - chez les porteurs d e lentilles de contact qui cau-
une paroi double dont la surface extérieure est plissée sent une irritation et délimitent une cavité où les
(figure 5-5). amibes peuvent se multiplier.

64
Les amibes libres Chapitre 5

Diagnostic Figure 5-5

Trophozoïte et kystes à'Acan-


Dans la méningite, le LCR montrera surtout des
thamœba
mononucléaires. La biopsie cérébrale confirmera le
diagnostic. 1. Trophozoïte amiboïde de A. culbert-
soni avec pseudopodes filiformes
Les frottis de cornée seront examinés au micros- (microphotographie)
cope. O n y reconnaîtra les kystes d'aspect polygonal, à 2. Kystes à paroi plissée de A. castel-
paroi chiffonnée. Les trophozoïtes sont très difficiles à lani (dessins)
repérer.

Traitement

Le miconazole sera appliqué localement en cas


de kératite. Les antibiotiques semblent être utiles pré-
ventivement, en cas d'intervention sur la cornée.

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65
Protozoaires ciliés
Le genre Balantidium (Vestibulifera) 6
Caractéristiques du genre
1. Balantidium coli
1.1 Cycle évolutif, morpho-
il y a deux v a c u o l e s contractiles, l'une proche d u
logie ef caractères bio-
centre du parasite, l'autre tout près d e l'extrémité pos- logiques
Caractéristiques du genre térieure. Elles drainent l'eau en excès dans le cyto- 1.2 Hôtes
plasme et assurent ainsi le maintien d e la pression 1.3 Pouvoir pathogène
Toutes les espèces d e c e genre sont des parasites 1.4 ; Diagnostic
osmotique. Le cytoplasme est parsemé d e phagosomes
obligatoires et se présentent alternativement sous 1.5 Traitement
contenant des grains d ' a m i d o n , des fragments cellulai- 1.6 Transmission et épidé-
f o r m e d e trophozoïte garni d e cils et de kyste à paroi
res, des bactéries, des érythrocytes, etc... L'alimenta- mloiogie
épaisse.
tion est principalement à base d ' a m i d o n . La surface d u 2. Autres ciliates parasites =
Le corps est o v o ï d e . O n note la présence d e deux parasite est entièrement couverte d e rangées parallèles, 3. Protozoaires ciliés non >
n o y a u x d e type différent, le m a c r o n u c l é u s (poly- longitudinales, d e cils (figure 6-1). parc-sites
ploïde) allongé et le m i c r o n u c l é u s (haploïde) petit et Bibliographie
Le kyste est o v a l e o u sphérique et mesure d e 40 à
sphérique. Le cytoplasme granuleux contient une
60 jxm d e diamètre; il a une paroi épaisse et claire
vacuole contractile en relation a v e c le cytopyge
apparaissant double; le m a c r o et le m i c r o n u c l é u s sont
(pore excréteur). Elle est située à la partie posté- FIGURE
peu visibles; le cytoplasme est grossièrement granuleux
rieure d e la c e l l u l e tandis q u e la fente cytostomale 6-1 Trophozoïte et kyste
et le parasite, détaché d e l ' a m p l e paroi kystique, peut
o c c u p e l'avant d u parasite. Les cils sont répartis uni- de Dolontidium coli ;
se m o u v o i r q u e l q u e peu à l'intérieur.
f o r m é m e n t sur tout le corps d u trophozoïte; ils sont
plus longs dans et autour d u cytostome. Le kyste ingéré se transforme en trophozoïte dans
la lumière du côlon. Celui-ci peut rester saprophyte et
Les parasites d e c e genre se multiplient dans le se nourrir d e bactéries et d e débris alimentaires o u pro-
côlon de leur hôte et sont d o u é s d ' u n pouvoir v o q u e r des ulcérations d e la paroi. D e toutes façons, il
d ' i n v a s i o n tissulaire. La distinction entre les espèces se multiplie. L'enkystement se fait également dans le
n'est pas facile. Celles-ci ont été le plus souvent côlon. Les kystes sont alors rejetés dans le milieu exté-
n o m m é e s d'après leur hôte habituel mais o n n'est rieur a v e c les selles.
pas certain d e la spécificité pour l'hôte. Seul Balanti-
dium coli est pathogène pour l ' h o m m e .
1.2 Hôtes

L'hôte le plus fréquent est le porc; le singe et les


rongeurs sont moins importants. Le parasitisme de
1. BALANTIDIUM COU l ' h o m m e est occasionnel. L'hôte expérimental le plus
utilisé est le cobaye.

1.1 Cycle évolutif, morphologie 1.3 Pouvoir pathogène


et caractères biologiques
B. coli attaque la paroi intestinale (côlon, rec-

Le trophozoïte est o v o ï d e et d e grande taille (60- tum) m ê m e saine. Il c a u s e une diarrhée m u q u e u s e o u

80 p.m/30-50 (im) a v e c un cytostome subterminal à la muco-sanguinolente pouvant présenter un caractère

partie antérieure plus étroite. Le cytopyge est à l'extré- d'extrême gravité.

mité postérieure plus large. Le m a c r o n u c l é u s est réni-


La lésion est un ulcère d e la paroi d u côlon, à
f o r m e et le micronucléus, arrondi, est situé contre la
collet plus large q u e c e l l e d'E. histolytica. Les lésions
f a c e c o n c a v e d u macronucléus, à peu près en son cen-
sont très localisées et restent superficielles (pas de
tre.
métastase); les ulcérations sont rondes o u d e f o r m e

67
Chapitre 6 P R O T O Z O A I R E S CILIÉS LE G E N R E BALANTIDIUM

Figure 6-1
irrégulière; les bords sont flous et le centre est couvert du parasite intrakystique (cils). Les colorations extem-
Trophozoïte et kyste
de pus et de matériaux nécrosés. L'incision de la poranées (lugol ou Bailenger) sont utiles.
de Balantidium coli:
lésion fait sourdre du mucus mélangé de pus conte-
1. dessin de trophozoïte 1.5 Traitement
nant de nombreux parasites.
2. dessin de trophozoïte (en mitose)
Il est à base de métronidazole, cyclines (flore
3. dessin de kyste L'infection peut prendre un caractère chronique
bactérienne associée). Les schémas thérapeutiques
ou même devenir asymptomatique (porteurs de kys-
sont superposables à ceux de l'amibiase intestinale.
tes). Ce statut est cependant moins fréquent que pour
C cytostome
l'amibiase.
c cytopyge 1.6 Transmission et épidémiologie
M macronucleus U n régime riche en hydrates de carbone favorise La transmission se fait par contact féco-oral
m micronucleus la multiplication du parasite et augmente donc la sen- (mains sales, eau, mouches), par l'intermédiaire des
v vacuole pulsatile sibilité à l'infection tandis qu'un excédent en protéines kystes qui constituent le stade infectant. Ils résistent
agit en sens inverse. deux semaines environ dans l'eau à température
ambiante. Le réservoir est apparemment exclusive-
Les lésions chez le porc sont plus bénignes que
ment humain: les essais de transmission des kystes du
chez l'homme.
porc à l'homme ont échoué et les isolats provenant
d'animaux et de l'homme sont distinguâmes sérologi-
1.4 Diagnostic quement (immobilisation à l'aide de sérums immuns).

Dans les cas symptomatiques, on pratiquera Le parasite est cosmopolite mais la prévalence
l'examen des selles, la rectoscopie, la biopsie d'une est nettement plus élevée en zones tropicales, particu-
lésion. O n y trouvera des trophozoïtes reconnaissables lièrement I' Amérique latine, les îles du Pacifique, les
à leur grande taille (3 fois plus grands que les plus Philippines, la Nouvelle Guinée, l'Asie centrale et
grands flagellés) et, dans les examens à frais, à leur occidentale (Iran). En Afrique, les infections étaient
extraordinaire rapidité de mouvement de translation. connues dans la région de l'Ituri (Nord-Est du Zaïre).
La culture est possible sur milieu de Dobell et Laidlaw.
Dans certaines régions, le porc est considéré
Chez les porteurs sains, les kystes seront recher- c o m m e réservoir du parasite humain: en Nouvelle-
chés dans les selles à l'examen direct et après concen- Guinée, où près de 50 p.100 de la population héber-
tration. Ils sont reconnaissables à leur grande taille, à gerait ce parasite, la promiscuité avec le porc est évi-
leur paroi apparaissant double et au flou clu contour dente. Par contre, en Iran, pays musulman, la
Autres ciliafes parasites Chapitre 6

prévalence serait due à la transmission d'homme à pour les levures. Les protéines de protozoaires sont
homme. donc de valeur nutritive supérieure.

L'accumulation d'amylopectine par les ciliates

2. Autres ciliates parasites constitue en outre une source d'hydrate de carbone


pour l'hôte tandis que les acides gras volatiles produits
par les parasites sont également récupérés.
Les ciliates parasites sont très nombreux (parasi-
Bref, depuis un siècle, on sait que les ciliates du
tes des poissons d'eau douce, entre autres), mais la
tube digestif des ruminants fournissent à leur hôte un
plupart sont des commensaux ou des symbiontes. U n
cinquième de la nourriture dont ils ont besoin.
groupe particulièrement important est constitué par les
ciliales du tube digestif des ruminants: grâce à leurs Il n'est cependant pas vrai de dire que les ciliates
enzymes, ceux-ci jouent un rôle dans la digestion de la sont indispensables à l'assimilation de la cellulose par
cellulose et la synthèse de protéines. la vache. La suppression de la flore protozoaire du
tube digestif de cet animal ne diminue pas sa capacité
Les genres Entodinium, Epidinium, Eodinium, de digestion de l'herbe. Les bactéries présentes dans le
Diplodinium, Eremoplastrori, Eudipladinium, etc. sont rumen jouent un rôle équivalent.
régulièrement retrouvés dans la panse de divers herbi-
vores.
3. Protozoaires ciliés non parasites
Les énormes quantités de protozoaires du rumen
constituent environ 20 p.100 des protéines qui attei- L'embranchement des Ciliophora comprend un
gnent l'intestin de ces herbivores. Chez les ruminants, nombre impressionnant d'espèces non parasites, vivant
la digestibilité des protéines de protozoaires est de 91 dans l'eau et le sol. C e sont les opalines, les paramé-
p.100 contre 74 p.100 pour les bactéries et 84 p.100 cies etc...

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69
Protozoaires Flagellés (Retortamonadida,

7
Diplomonadida, Trichomonadida et Mastigamœbida)
Parasites du tube digestif et des cavités naturelles
La lambliase, la trichomonose

Schéma taxinomique
: Ordre des Retortamonadida
; : .Ordre des: Diplomonadida
1. CHILOMASTIX MESNILI Ordre des Trichomonadida
Ordre des Mastigamœbida:
Schéma taxinomique 1. Chilomastix. mesnili
1.1 Morphologie
1.1 Morphologie Localisation :::
ORDRE DES RETORTAMONADIDA 1.2
1.0 Hôtes : • .Si , '
2 à 6 flagelles, dont un à direction postérieure asso- Trophozoite 1.4 Pouvoir pathogène .
c i é à un cytostome. Sont en général parasites. 1.5 Culture:
Il est piriforme à extrémité postérieure pointue. Il 2. Giardla intestinalis
G e n r e s Chilomastix, Retortamonas. mesure 10 à 15 (j,m, possède 1 noyau et quatre flagelles : 2.1 Synonymes
dont trois dirigés vers l'avant. 2.2 : Espèces et hôtes
ORDRE DES DIPLOMONADIDA
2.3. Morphologie/structures
U n large sillon, e n forme d e S, à la partie anté- 2.4 Cycle évolutif
Corps à symétrie bilatérale a v e c deux noyaux, cha-
rieure du parasite fait office de cytostome et abrite le 2.5 Parhcicgie et immu-
q u e moitié c o m p o r t a n t trois o u quatre flagelles et les nité
quatrième flagelle. Le noyau se trouve en position anté-
corpuscules accessoires. La plupart sont parasites. 2.6.: Diagnostic
rieure et les flagelles prennent leur origine à proximité 2.7 Culture
Famille des Hexamitidae d e quatre blépharoblastes (figure 7-1 ). 2.8 Traitement
2.9 Epidémiologie
8 flagelles, disque ventral.
Kyste 3. Le genre Trichomonas
Genre Ciardia. 3.1 Trichomonas hominis
Il est piriforme, plus étroit à l'avant et renflé à 3.2 Trichomonas tenox
Famille des Enteromonadidae. l'arrière. Le sillon cytostomal reste bien visible, le
3.3 Trichomonas voginalis

n o y a u unique est situé à l'avant et les structures flagel- 4. Description: brève:


Genre Enteromonas.
d e quelques autres
laires atrophiées sont retrouvées dans le cytoplasme. Il
flagellates
ORDRE DES TRICHOMONADIDA mesure environ 8 j i m (figure 7-1 ).
4.1 Histomonas meléogri-
4 à 6 flagelles dont un récurrent a v e c membrane dis
1.2 Localisation 4.2 Retortamonas intesti-
o n d u l a n t e associée et un axostyle; pas d e kystes. nalis
Tous sont parasites. 4.3 Enteromonas hominis
G é o g r a p h i q u e m e n t cosmopolite, il vit et se mul-
.4.4 Dientamœba fragilis
Famille des Trichomonadidae tiplie dans le csecum et le côlon.
Bibliographie:
Costa présente; appareil parabasal associé à des fila-
1.3 Hôtes
ments.
FIGURES
L ' h o m m e (3 à 10 p. cent d e porteurs), le porc et
Genre Trichomonas. 7-1 Flagellates intestinaux les
la plupart des singes l'hébergent.
plus courants J
Famille des Monocercomonadidae. 7-2 Trophozoïte enkyste de
1.4 Pouvoir pathogène Giardia intestinalis
Genre Histomonas. 7-3: Cycle évolutif de Giardia
Classiquement inexistant, il peut provoquer des intestinalis :
Ordre des Mastigamœbida 7-4 Espèces du genre Tricho-
diarrhées banales par irritation (colite) e n cas de parasi-
: imoncs infectant l'homme
Genre Dientamœba tisme intense.

71
Chapitre 7 P R O T O Z O A I R E S F L A G E L L É S P A R A S I T E S DU TUBE DIGESTIF ET DES C A V I T É S NATURELLES

Figure 7-1

Flagellates intestinaux les plus


courants:
Chilomastix, Giardia, Trichomonas
DESSINS
1. Trophozoïte de Giardia intestinalis
2. Kyste de Giardia intestinalis
3. Trophozoïte de Trichomonas vagi-
nalis
4. Trophozoïte de Trichomonas intesti-
nalis
5. Trophozoïte de Chilomastix mesnili
6. Kyste de Chilomastix mesnili

PHOTOGRAPHIES
7. Trophozoïte de Giardia intestinalis
8. Kyste de Giardia intestinalis
9. Trophozoïte de Trichomonas intesti-
nalis
10. Kystes de Chilomastix mesnili
11. idem

1.5 Culture 2.2 Espèces et hôtes

Elle est possible dans les milieux usuels pour les O n peut, sur base de la morphologie et particu-
flagellates intestinaux (voir chapitre 19). lièrement celle des "médian bodies", distinguer trois
groupes de Giardia:
2. GIARDIA INTESTINALIS
Giardia intestinalis, parasite de reptiles, oiseaux,
Lambl 1853 mammifères y compris l'homme;

2.1 Synonymes Giardia mûris , parasite de rongeurs (souris,


hamster), oiseaux, reptiles;
Giardia duodenalis (Davaine 1875), Ciardia
lamblia (Kofoid et Christansen 1915). Giardia agilis, parasite d'amphibiens.

72
Giardia intestinalis Chapitre 7

2.3 Morphologie, structures

Trophozoïte

Les deux noyaux sont situés de part et d'autre de


la ligne médiane, dans la partie antérieure, large, du
parasite .

Le corps est aplati dans le sens dorsoventral,


donnant une symétrie bilatérale.

La face dorsale est convexe, la face ventrale con-


cave. Celle-ci porte une structure en forme de disque
située sous les noyaux et pouvant faire ventouse grâce
à un rebord circulaire rigide. Des microtubules en spi-
rale serrée donnent à la ventouse sa rigidité; la mem-
brane plasmatique du parasite est sous-tendue de
microtubules en rangées régulières, procurant au corps
du trophozoïte son élasticité.

Deux "corps médians", en forme de virgule


épaisse, sont disposés transversalement derrière la ven-
touse; leur rôle est inconnu. Ils sont composés de torsa-
des de microtubules.

Le cytosquelette est principalement constitué de


tubulines mais d'autres protéines caractéristiques du
genre, appelées "giardines", entrent dans la composi-
tion des structures du disque ventral rigide.

Le trophozoïte possède huit flagelles:


- deux antéro-latéraux, prenant leur origine devant
les noyaux et sortant par la face dorsale;
- deux postéro-latéraux, prenant leur origine entre
les noyaux et sortant latéralement par la face
ventrale;
- deux fibrilles caudales, prenant leur origine entre
les noyaux et sortant par la face ventrale à
l'extrémité postérieure, pointue, du parasite; (aspect de membrane double). Les résidus des structu- Figure 7-2
- deux ventraux, situés au fond du sillon formé par res flagellaires et des corps médians ainsi que des frag-
Trophozoïtes et kystes de Giardia
la concavité de la face ventrale. Ces deux flagel- ments de microtubules en forme de croissant
intestinalis
les, plus épais que les autres, assureraient par représentant les restes du disque rigide d e la ventouse,
1,2. Trophozoïtes en culture (remarquer
leurs mouvements, l'aspiration nécessaire à sont visibles à l'intérieur de la paroi kystique (figures
les deux flagelles ventraux qui lon-
l'action d e succion de la ventouse. 7-1,7-2).
gent l'axe du parasite).
Les dimensions habituelles du trophozoïte sont 3,4. Kystes dans un examen de selles
2.4 Cycle évolutif
de 12 x 7 x 2 p m (10 à 20 pm de longueur). Il se
déplace en décrivant une sorte de balancement, évo- Les deux stades, trophozoïte et kyste, se succè-
quant la chute d'une feuille. dent dans le tube digestif de l'hôte.

Kyste Le kyste pénètre par ingestion dans le tube diges-


tif. Le dékystement a lieu dès la sortie de l'estomac,
Il est ovale avec deux à quatre noyaux, tous
sous l'influence du milieu acide. Le trophozoïte vit
situés dans la moitié antérieure. Son grand diamètre
attaché à la muqueuse du duodénum et du premier
mesure 8 à 18 pm.
quart de l'intestin grêle, par l'action de la ventouse ou
La paroi épaisse, sans doute composée de chi- bien par adhérence aux cellules épithéliales (une
tine, est légèrement détachée du corps du parasite liaison chimique par des lectines). En tout cas, l'adhé-

73
P R O T O Z O A I R E S F L A G E L L É S P A R A S I T E S DU TUBE D I G E S T I F ET DES C A V I T É S NATURELLES

Figure 7-3 intra-épithéliaux et leur migration dans la lumière de


l'intestin, suivie de leur attachement aux trophozoïtes.
Cycle évolutif Les lymphocytes T semblent donc intervenir dans le
de Giardia intestinalis contrôle de l'infection. Il est possible que les macro-
phages et les monocytes puissent empêcher l'adhé-
rence des trophozoïtes et m ê m e les phagocyter.

La présence d'IgA sécrétées dans l'intestin amè-


nerait la résolution de l'infection. Les IgG sont aussi
une composante de la réponse immune. En cas de
déficience immunitaire (taux d'IgA, IgG et IgM abais-
sés), on a remarqué une plus grande sensibilité à
l'infection, une durée de l'infection nettement prolon-
gée (l'individu continue à éliminer des kystes) et une
résistance inhabituelle aux traitements.

L'infection ne semble pas être aggravée chez les


sujets atteints d'un infection à V I H .

Facteurs liés au parasite

Les isolats de C. intestinalis montrent une hété-


rogénéité importante au point de vue de leur virulence
et de leur infectiosité pour l'homme ou les animaux.
O n a identifié plus de dix types isoenzymatiques diffé-

rence est tenace, rendant le diagnostic difficile. Le rents et récemment, l'analyse génétique par la techni-

mode de multiplication, sans doute par bipartition, que de "random amplified polymorphic D N A " ( R A P D )

reste une énigme v u la présence de deux noyaux dans a pu confirmer le classement des zymodèmes. Il faut

le trophozoïte avant division. O n ne connaît pas la fré- souligner l'avantage des techniques d'amplification de

quence des échanges de matériel nucléaire entre sou- séquences géniques qui ne nécessitent pas la mise en

ches (mélanges possibles de populations de caractères culture préalable des parasites et évitent donc les biais

différents). La nutrition se fait par pinocytose et forma- de sélection des souches analysées.

tion de petites vésicules intracytoplasmiques.


La pathogénicité variable des souches serait liée
Au cours de l'enkystement qui survient lorsque à des antigènes de surface, entre autres certaines pro-
le trophozoïte se détache de la paroi (détachement téines riches en cystéine.
favorisé par la réponse immune), une division La présence d'endosymbiontes (coliformes) dans
nucléaire donne un kyste à 4 noyaux qui sera entraîné les trophozoïtes et les kystes de Giardia ajoute à leur
par le transit dans les matières fécales. U n e période de pouvoir pathogène propre, la possibilité de transmettre
maturation de quelques jours semble nécessaire pour des bactéries ou des virus. O n a décrit le "Giardia
le développement du pouvoir infectieux (figure 7-3). virus", présent dans 25 p.100 environ des isolats de
Giardia intestinalis. Le virus peut freiner la multiplica-
2 . 5 Pathologie et immunité tion du parasite en cas d'infection massive, mais
L'atrophie de la bordure en brosse de l'épithé- a u c u n e corrélation n'a pu être mise en évidence entre
lium s'accompagne d'une diminution de l'activité la présence du virus et le pouvoir pathogène des sou-

disaccharidasique qui conduit à la malabsorption; de ches du parasite.

plus, on assiste à une disparition des villosités et à une


atrophie des microvillosités, entravant le processus de Conséquences pathologiques
digestion au niveau du duodénum et du jéjunum.
L'infection par G. intestinalis peut être à l'origine
L'invasion de la vésicule biliaire n'est pas rare. d'épisodes de diarrhée aqueuse avec élimination de
grandes quantités de trophozoïtes, suivis de périodes
Facteurs liés à l'hôte
de rémission avec selles normales dans lesquelles on
La réponse immunitaire locale à médiation cel- ne retrouve que des kystes. Inappétence, perte de
lulaire consiste en la multiplication des lymphocytes poids, déshydratation (chez l'enfant I) s'expliquent par

74
Giardia intestinalis Chapitre 7

la malabsorption et la digestion incomplète des ali- La réaction manque de spécificité et détecte, entre
ments. autres, les anciens cas guéris.

Cependant, il faut noter que la majorité des


2.7 Culture
infections restent asymptomatiques.
C e n'est pas une technique de diagnostic mais
2.6 Diagnostic elle rend des services aux chercheurs qui s'intéressent
aux caractères du parasite. L'adaptation à partir de
Recherche par examen microscopique matières fécales est difficile. O n utilise des milieux du
type HPS-1 de M e y e r (phytone, peptone, glucose,
La recherche des kystes dans les selles normales
sérum, cystéine, sérum) et TPS-1 de D i a m o n d (aussi
devra se faire en utilisant des techniques de concentra-
utilisé pour la culture axénique de E. histolytica ). Les
tion (flottation avec sulfate de zinc ou formol-éther) et
premiers repiquages se font en présence de levures
de coloration qui soulignent les caractères morphologi-
(Candida ou Saccharomyces) ou d'extraits de levures.
ques (lugol, trichrome ou hématoxyline ferrique). Des
colorations fluochromes ont été récemment proposées: L'addition de bile améliore le rendement.
diacétate de fluorescéine qui colore les kystes viables D'autre part, la réussite de l'enkystement - dékyste-
uniquement ou l'iodure de propidium qui colore sur- ment in vitro met tout le cycle à la disposition des
tout les kystes dégénérés. chercheurs. Malgré les progrès, un certain nombre de
cultures ne réussissent pas (isolats non adaptables). Par
V u l'émission intermittente de kystes (enkyste-
conséquent, les études sont faites sur des parasites
ment périodique des trophozoïtes), la répétition des
sélectionnés pour leur cultivabilité (biais d'échantillon-
examens augmente considérablement la sensibilité; on
nage) et peut-être modifiés par l'adaptation en culture.
fera trois examens consécutifs à quelques jours d'inter-
valle. La congélation de ces parasites (trophozoïtes) à
partir de cultures se fait aisément en refroidissant lente-
La recherche des trophozoïtes à frais se fait dans
ment la suspension de trophozoïtes en présence de 7
les selles diarrhéiques immédiatement après leur émis-
p. cent de glycérol et 1 p. cent de l'agent tensio-actif
sion et dans le produit de tubage duodénal. Dans ce
tween 80. Les parasites conservent leur viabilité indéfi-
dernier cas, on peut, pour éviter le désagrément du
niment en azote liquide.
tubage, utiliser la capsule Enterotest®: la capsule de
gélatine est avalée, reliée à un fil de nylon dont l'extré-
2.8 Traitement
mité est fixée à la peau, sur la joue; le fil se déroule à
mesure que la gélatine extérieure se dissout, sa lon- Nitro-imidazoles
gueur permettant à la capsule d'atteindre le jéjunum;
après quelques heures, le fil est retiré et on sort ce qui Métronidazole (Flagyl®): schéma thérapeutique
de 5 jours.
reste de la capsule; le liquide qui imprègne le fil est
examiné au microscope. Tinidazole (Fasigyn®): traitement en dose uni-
que.
Détection d'antigènes
Secnidazole; (Flagentyl®)
La recherche d'antigènes solubles de Giardia
dans les selles (ELISA kits) est possible à l'aide d'anti- Furazolidone (Furoxone®)
corps monoclonaux. C e test, dont le principe est du U n traitement de 7 à 10 jours est nécessaire, les
type ELISA capture, reconnaît des protéines de 30 et de résultats très satisfaisants.
66 kDa. Mais attention à la variation antigénique! Elle
rend nécessaire l'utilisation de plusieurs monoclonaux. Quinacrine (Atébrine®, Mépacrine®)
La détection et l'amplification du gène giardine par
P C R est actuellement en cours d'essai. Traitement d'une durée de 5 à 7 jours. Ce
schéma a donné jusqu'à 80 p.100 de succès, mais des
effets secondaires gênants en limitent l'emploi.
Recherche d'anticorps
Nouvelle voie de recherche
Les anticorps antitrophozoïtes (IgC) sont démon-
trables par immunofluorescence indirecte. L' antigène Des agents qui se lient à la tubuline et qui pour-
(figuré) peut être constitué de trophozoïtes provenant raient donc interférer avec l'importante fonction du
de cultures ou de kystes provenant de matières fécales. cytosquelette, sont à l'étude.

75
Chapitre 7 P R O T O Z O A I R E S F L A G E L L É S P A R A S I T E S DU T U B E D I G E S T I F ET DES C A V I T É S NATURELLES

2.9 Epidémiologie O n a v u q u e l'immunité tant muqueuse q u e cel-


lulaire pouvait freiner la multiplication des trophozoï-
Caractères des kystes tes et leur fixation à la muqueuse. Les adultes sont
moins infectés q u e les enfants. D a n s les populations
Ils sont résistants au chlore (aux doses utilisées non immunes (crèches, pays à niveau élevé
habituellement dans les systèmes d'épuration) et à la d'hygiène), on assiste à des poussées épidémiques,
dessiccation; leur viabilité dans les fosses septiques tandis q u e là o ù la prévalence de l'infection est élevée
persiste jusqu'à trois mois. (pays tropicaux), l'infection est endémique.
La dose de kystes c a p a b l e d'infecter en m o y e n n e
Prévalence
50 p.100 des sujets (D.l. 50) est de 25 à 100 kystes,
mais on a réussi des infections expérimentales avec 10 Les services de santé britanniques rapportent
kystes o u 1 trophozoïte (ce qui explique la forte conta- jusqu'à 3.200 cas c h a q u e a n n é e et en H o l l a n d e , le
giosité de l'infection). L'incubation dure 7 à 2 0 jours parasite a été retrouvé dans les selles de 7 p.100 des
(avant l'apparition des symptômes et des kystes dans consultants en m é d e c i n e générale.
les selles).
D o u z e épidémies ont été observées aux USA
entre 1971 et 1974 (5.127 cas a u total). U n e enquête
Réservoir
faite en 1976 a trouvé 3,8 p 100 de positifs sur
V u la souplesse d'adaptation de G. intestinalis à 500 000 examens (contre 0,6 p.100 d ' E histolytica ).
plusieurs espèces de mammifères (cobaye, chien,
mouton, veau, gerbille, castor, etc.), certains animaux 0. Le genre TRICHOMONAS
pourraient servir de réservoir de l'infection humaine.
Leur rôle est secondaire.
Les trichomonas parasites de l ' h o m m e sont au
O n trouve souvent des kystes dans l'eau (exa- nombre de trois: T. hominis, T. tenax, T. vaginalis. Ils se
men microscopique de résidus de filtrations) o ù ils distinguent les uns des autres par leur localisation ana-
peuvent survivre plusieurs mois mais la description d e tomique, leur pouvoir pathogène et leur morphologie.
leur morphologie ne permet pas de déterminer leur Ils n'ont pas de stade kystique et vivent au contact des
origine. O n a décrit plusieurs épidémies en Europe et muqueuses en produisant u n e inflammation superfi-
aux U S A qui ont eu leur origine dans l'eau du robinet cielle mais il sont incapables de pénétrer dans les tis-
(réseaux de distribution mal surveillés). sus.

L ' h o m m e reste le réservoir le plus important.


3.1 TRICHOMONAS HOMINIS
L'infection se transmet habituellement par v o i e féco-
( s y n o n y m e : T. INTESTINALIS)
orale (mains sales, aliments frais etc...) au sein des col-
lectivités c o m m e les homes d'enfants et de vieillards.
Morphologie
O n remarque, d'autre part, une prévalence importante
chez les homosexuels masculins. Le trophozoïte est ovale, possède un noyau anté-
rieur et mesure 8 à 15 p m de longueur et 4 à 6 pm d e
Les difficultés inhérentes aux études sur le réser-
largeur. La fente cytostomale (localisation du proces-
voir sont de deux ordres: l'énorme variabilité généti-
sus de pinocytose) est située à côté d u noyau. Les blé-
q u e des isolats de G. intestinalis et la sensibilité
pharoplastes (corpuscules basaux), au nombre de
prouvée d ' u n e espèce d o n n é e d'hôte pour plusieurs
deux, sont situés à l'avant d ' o ù partent quatre flagelles
variants.
antérieurs et un flagelle postérieur longeant le corps du
parasite (membrane ondulante) et se prolongeant au
Réceptivité des individus à l'infection
delà de l'extrémité postérieure (flagelle libre). L'axos-
Elle varie en fonction de l'état de la muqueuse tyle rigide traverse tout le cytoplasme d'avant en
gastrique et de l'immunité. arrière et dépasse le corps du parasite par l'arrière où il
se termine en pointe (figures 7-1, 7-4).
L'acidité gastrique normale élimine un bon nom-
bre de kystes. Le défaut d'acidité permet le dékyste- Localisation et hôtes
ment et l'installation facile du parasite au niveau du
duodénum: achlorhydrie de l ' a n é m i e de Biermer, trai- Il s'agit d ' u n parasite cosmopolite, vivant dans la
tements anti-acides des ulcéreux, états de malnutri- lumière de l'intestin (caecum, côlon) de l ' h o m m e , du
tion, drogués... singe, du chien, des rongeurs.
Le genre Trichomonas Chapitre 7

Pouvoir pathogène

Il peut provoquer une diarrhée muqueuse s'il est


présent en grande quantité (irritation en surface de la
muqueuse).

Transmission

Elle est réalisée par les mouches (transport méca-


nique des trophozoïtes), par la nourriture ou l'eau de
boisson. Les formes végétatives sont fragiles et la trans-
mission doit s'effectuer rapidement. Cet aléa dans la 1
survie du parasite est compensé par un rythme de mul-
tiplication extrêmement élevé.

3.2 TRICHOMONAS TENAX

Il ressemble à T. hominis par sa taille (8 jim) et sa


structure. O n le retrouve dans la cavité buccale, sur les
gencives, entre les dents, dans la salive. Son pouvoir
pathogène est discret; il est cosmopolite (10 à 50 p.100 Figure 7-4
des individus examinés).
Espèces du genre Trichomonas
infectant l'homme
3.3 TRICHOMONAS VAGINALIS
1. Trichomonas intestinalis (mem-
Morphologie brane ondulante et axostyle bien
visibles, flagelle postérieur pré-
D e forme ovale et long de 10 à 18 (im, le tropho- sent. On ne voit pas les flagelles
zoïte, très mobile, possède quatre flagelles antérieurs et antérieurs.
une membrane ondulante se terminant au niveau du 2. Trichomonas vaginalis . On voit
tiers postérieur du parasite (pas de flagelle postérieur). bien les flagelles antérieurs, par
U n axostyle dépasse en arrière le corps du parasite. Il contre la membrane ondulante est
n'y a pas de kystes (figures 7-1, 7-4). très fine et le flagelle postérieur
n'existe pas.
Localisation anatomique 3. Trichomonas vaginalis. Les flagel-
les antérieurs sont visibles, de
Il se trouve sur les muqueuses et tissus glandulai- même que la membrane ondulante
res uro-génitaux: urètre, vagin chez la femme; urètre, qui n'arrive pas à l'extrémité posté-
prostate, épididyme chez l'homme. rieure du parasite

Pouvoir pathogène
Chez l'homme, la discrétion des signes cliniques
Il provoque une inflammation aiguë des
favorise la dissémination.
muqueuses et des glandes annexes du système génital
(vaginites, urétrites, prostatites, épididymites).
Diagnostic de laboratoire
Chez la femme, cette inflammation cause une
La mise en évidence du parasite mobile à frais
hypersécrétion (pertes blanches contenant des tropho-
entre lame et lamelle, est la plus aisée. Elle utilise les
zoïtes de Trichomonas, des globules blancs et des cel-
sécrétions vaginales recueillies par écouvillonnage ou
lules de desquamation), un prurit intense, une
raclage des muqueuses, ou le sédiment urinaire après
sensation de brûlure, de la dyspareunie. Des saigne-
centrifugation. La sensibilité de cet examen microsco-
ments sont possibles à cause de l'inflammation aiguë et
pique fait en contraste de phase est de 97 p.100.
de la desquamation de la muqueuse vaginale. Le pas-
sage à la chronicité est très fréquent, donnant lieu à de Les colorations à l'hématoxyline ou au Giemsa
longues périodes asymptomatiques (latence) pendant après fixation au Schaudinn ou au méthanol procurent
lesquelles le sujet porteur peut éventuellement dissé- à l'examen microscopique une sensibilité d'environ
miner l'infection. 60 p.100.

77
Chapitre 7 P R O T O Z O A I R E S F L A G E L L É S P A R A S I T E S DU TUBE DIGESTIF ET DES CAVITÉS NATURELLES

Des monoclonaux pour utilisation sur les sécré- 4. Description brève


tions vaginales ou m ê m e les urines, par immunofluo- de quelques autres flagellates
rescence ou par test ELISA sont en cours d'évaluation.
Les résultats sont prometteurs mais des problèmes
techniques restent à résoudre. 4.1 Histomonas meleagridis

La culture est possible sur milieux habituels pour Position taxinomique


flagellates intestinaux, y compris les milieux solides
(gélose nutritive) mais il existe des milieux spécialisés Bien qu'un stade amiboïde soit présent, c e para-
pour le diagnostic. Dans les urines ou en culture, on site est classé dans la famille des Trichomonadidae sur
note une prédominance de formes rondes ou ovales, base de la similitude de composition antigénique et
tandis q u e dans les sécrétions vaginales, environ 30 enzymatique. Rappelons que le genre Dientamœba a
p.100 des formes sont allongées, en carotte. été aussi reconnu proche de cette famille, bien que ne
présentant pas de stade flagellé. C'est la raison pour
laquelle Histomonas est brièvement décrit ici.
Traitement

Métronidazole (Flagyl®) par v o i e générale ou


Hôtes
locale (comprimés vaginaux); Tinidazole (Fasigyn®);
Surtout volaille, d'élevage o u sauvage.
Nimorazole (Naxogyn®); O r n i d a z o l e (Tiberal®)

Morphologie
Epidémiologie
O n reconnaît un stade trophozoïte flagellé (1 ou
• TRANSMISSION 2 flagelles), présent dans la lumière d e l'intestin et un
stade trophozoïte (6 à 20 |J.m) sans flagelle mais for-
Trichomonas ne formant pas de kystes, il est évi- mant des pseudopodes, présent dans les tissus (paroi
dent que l'infection est transmise généralement par intestinale, foie).
contact sexuel. Cependant on ne peut pas exclure tota-
lement une transmission par l'eau et le linge humide Cycle et mode de transmission
car les trophozoïtes peuvent survivre à température
La transmission s'effectue par pénétration à
ambiante au contact d e ces éléments pendant plu-
l'intérieur des œufs de certains helminthes du caecum
sieurs heures (on a pu cultiver Trichomonas vaginalis
des animaux infectés (par exemple Heterakis gallina-
après 12 heures de séjour dans l'eau du robinet à 21
rum ). Le stade parasitaire invasif peut résister dans les
° C et après 23 heures sur du linge souillé, humide,
œufs, en dehors de l'organisme de l'animal, pendant
laissé à température ambiante).
plusieurs années à des températures de 0 à 4 ° C . Les
larves de ces helminthes peuvent elles-mêmes être
• PRÉVALENCE
porteuses de l'infection lors de l'éclosion et héberger
ce protozoaire pendant toute la durée de la v i e larvaire
En 1972, on estimait à 180 millions le nombre
et adulte. L'infection est transmise à l'hôte gallinacé
d'individus infectés dans le monde. La prévalence
par voie digestive, lors de la destruction (lyse par les
observée varie de 2,6 p.100 chez des femmes mariées
enzymes) d'un des stades larvaires de l'helminthe.
à 70 p.100 chez des patients d'une consultation
d'affections transmises sexuellement. En 1970, dans Il faut noter q u e les stades parasitaires d e l'intes-
une ville d'Allemagne, l'examen d'écoulements vagi- tin o u des tissus sont rapidement détruits en dehors de
naux a révélé 9,7 p.100 de Trichomonas. l'hôte. L'helminthe sert donc de vecteur à c e proto-
zoaire.
Aux U S A (1966), la prévalence dans un échan-
tillon d e population blanche de 30 à 45 ans était d e Pouvoir pathogène
14,5 p.100 au cours d'un examen unique et d e 1 7
p.100 après plusieurs examens. Toutes les enquêtes, L'atteinte intestinale (diarrhée) et hépatique peut
effectuées sur des échantillons de populations adultes mener à la mort d e l'animal en 2 à 3 semaines (foyers
générales, montrent une prévalence comprise entre 5 de nécrose disséminés dans le tissu hépatique et dans
et 20 p.100. la paroi du csecum).
Autres flagellates

4.2 RETORTAMONAS INTESTINALIS 4.4 DIENTAMŒBA FRAGILIS

Hôte Jepps et Dobell -1918

C'est un parasite cosmopolite de l ' h o m m e et du


Position taxinomique
singe. Sur base d'analyses antigéniques et iso-enzymati-
ques, on attribue à cet organisme une position proche
Morphologie d e Histomonas et de Trichomonas qui sont des flagella-
tes du tube digestif de l ' h o m m e et des animaux.
Le trophozoïte (5 à 8 |j.m de longueur) est piri-
forme c o m m e c e l u i de Chilomastix. Il possède un C'est d o n c un organisme qui tient à la fois de
cytostome, un à trois flagelles antérieurs et un flagelle l'amibe (par sa morphologie et son m o d e de locomo-
récurrent situé au fond du cytostome, un noyau anté- tion) et de certains flagellés. O n le p l a c e parfois dans
rieur. Le kyste est ovale o u piriforme a v e c une paroi un ordre séparé, les Mastigamœbida, o u amœbo-fla-
épaisse qui renferme toutes les structures du tropho- gellates.
zoïte; il ne possède q u ' u n seul noyau.
Dientamœba fragilis ne possède cependant pas

Cycle, pathologie, diagnostic de stade flagellé c o m m e c'est le cas pour les amibes du
genre Naegleria.
La transmission s'effectue par ingestion d e kystes.
Les trophozoïtes se multiplient par bipartition dans le Morphologie
côlon et le pouvoir pathogène est inexistant. On Le trophozoïte amiboïde mesure 7 à 12 |j.m. O n
retrouve les kystes o u les trophozoïtes dans les selles. note une p r é d o m i n a n c e d e formes b i n u c l é é e s (2/3 à
4/5 des individus).
4.3 ENTEROMONAS HOMINIS
Le kyste est inexistant et le cycle évolutif
Hôtes inconnu.

C'est un parasite cosmopolite de plusieurs hôtes Localisation anatomique


(homme, singe, porc, lapin, rongeurs, certains amphi-
C e parasite, exclusivement humain, o c c u p e toute
biens). La p r é v a l e n c e chez l ' h o m m e serait de 0,2 à
l'étendue du côlon. Son pouvoir pathogène discret
0,8 p.100.
peut être à l'origine de diarrhées muqueuses en cas
d'importante prolifération.
Morphologie
Transmission
Le corps d u trophozoïte est piriforme et d e petite
taille (4 à 10 (xm d e longueur). O n remarque un noyau, V u l'absence du stade kystique, on a incriminé,
un cytostome, trois flagelles antérieurs et un flagelle pour le passage d'un individu à l'autre, l'intervention
récurrent formant membrane ondulante et se terminant d e vers intestinaux et particulièrement des œufs d'Ente-
par u n e partie libre. robius vermicularis (oxyures). Il n'y a toutefois pas de
preuves expérimentales de cette théorie.
Le kyste est ovale, entouré d'une membrane
épaisse constituée de matériel filamenteux. Il possède Les amibes qu'on retrouve dans les matières
quatre noyaux, situés deux par deux aux pôles d u para- fécales dégénèrent rapidement. Dans ce cas, une
site. grande v a c u o l e se développe dans le cytoplasme et
refoule les deux noyaux vers la périphérie, donnant un
Cycle, pathologie, diagnostic aspect de Blastocystis (voir chapitre 18).

Les trophozoïtes se multiplient par bipartition. Le Diagnostic


kyste q u a d r i n u c l é é participe aussi au processus de
La présence de ces petits trophozoïtes binucléés
multiplication mais on n'a pas pu observer le dékyste-
ment. est souvent ignorée dans des examens d e selles à frais.
Les colorations permanentes permettent de mieux les
Parasite c o m m e n s a l du côlon, il n'a a u c u n pou- reconnaître sur des frottis de matières fécales.
voir pathogène. Les méthodes de diagnostic les plus
efficaces sont le frottis de selles fixé au B o u i n et coloré Traitement
au protargol ainsi q u e la culture dans le milieu de Les drogues utilisées sont les mêmes q u e pour les
Dobell. autres amibes pathogènes.

79
PROTOZOAIRES F L A G E L L É S P A R A S I T E S DU T U B E D I G E S T I F ET DES C A V I T É S NATURELLES

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81
Protozoaires flagellés (Trypanosomatida)
Parasites du sang et des tissus
Généralités 8
1. Historique la m a l a d i e du s o m m e i l sont aperçus dans le liquide 1. Historique
céphalo-rachidien d e patients par Castellani; 2. Aperçu taxinomique et
phylogénie
La première observation d e trypanosomes est 1904: S c h a u d i n n d é c o u v r e le d é v e l o p p e m e n t d u
2.1 Systématique
c e l l e d e Valentin (Berne, 1841) dans le sang d e la trypanosome c h e z la m o u c h e et Kleine décrit en 1909
2.2 Considérations phylo-
truite. Ils ont été ensuite observés c h e z la grenouille e n le c y c l e d e d é v e l o p p e m e n t a v e c les changements mor- .w: géniques
1842, par G l u g e à Bruxelles, M a y e r à B o n n et G r u b y à phologiques qui l ' a c c o m p a g n e n t . 3. £araoréristiques;morpho-
Paris. C ' e s t G r u b y qui leur donnera le n o m d e trypano- logiques
s o m e ( x p w t a v o v : tarière, ocopa: corps) q u i veut dire
2. Aperçu taxinomique et phylogénie 4. Description des genres
corps en f o r m e de vrille (vilebrequin). Puis les décou- 4.1 te genre Leptomonas
vertes v o n t émailler la d e u x i è m e moitié d u 1 9 è m e siè- 4.2 Le genre Crithidia
cle. 4.3 Le genre Trypanosoma
2A Systématique 4.4 Le genre Leishmania
1845: observation du trypanosome chez des 5. Ulrrasrrucrure. physiolo-
Les protozoaires flagellés tissulaires appartien-
m a m m i f è r e s par G r o s dans le sang d e la taupe et d u gie, cycles
nent à l ' e m b r a n c h e m e n t des Kinetoplasta et à l'ordre
mulot; : 5.1 . . Morphologie (ultras-
des Trypanosomatida. Ils possèdent un à quatre flagel-
rruefure)
1878: travaux d e L e w i s en Inde, sur les trypano- les. Le kinétoplaste qui contient d e l ' A D N , mis e n évi- 5.2 Métabolisme
somes d u rat transmis par la p u c e ; d e n c e par les colorations argentiques et d e Feulgen, 5.3 La variation antigéni-
est un organite auto-reproductible lié à la mitochon- que
1880: découverte du premier trypanosome 5.4 Modulatiqns.de l!adap-
drie. La plupart des espèces sont parasites.
^ ration à la glossine.
pathogène par Evans qui décrit le surra c h e z les équi-
La famille des Trypanosomatidae contient quatre Bibliographie :
dés et les c a m é l i d é s e n Inde {T. evansi);
genres: Leptomonas, Crithidia, Trypanosoma et Leish-
1885: publication des travaux d e D a n i l e w s k y sur mania. Les deux derniers é v o l u e n t c h e z deux hôtes
les trypanosomes et hématozoaires endoglobulaires FIGURES
successivement (hétéroxènes).
des reptiles et des oiseaux; 8-1 . Eléments: structuraux des
Seules certaines espèces des genres Trypanosoma Trypanosomatidae.
1894: Rouget décrit la dourine (T. equiperclum) à .8-2 Famille, des Trypanosoma-
et Leishmania ont une importance médicale. Le genre
tidae: stades des cycles
Constantine; Trypanosoma est subdivisé en sous-genres sur base du 6-3 Morphologie des formes
c o m p o r t e m e n t c h e z les hôtes vertébré et invertébré. de l'insecte chez Trypano-
1897: B r u c e écrit un m é m o i r e resté fameux sur le
soma
nagana a u Z o u l o u l a n d , a v e c son agent étiologique (T. Ceux qui sont énumérés ci-dessous c o m p r e n n e n t des
8-4 Organites des.trypanoso-
brucei), la transmission par la glossine et le réservoir d e espèces intéressant le m é d e c i n o u le vétérinaire: Trypa- mes au microscope élec-
parasites; nozoon, Duttoneiia, Nannomonas, Pycnomonas, Teje- tronique
raia, Schizotrypanum, Herpetosoma, Megatrypanum,
1899: la cytologie des t r y p a n o s o m e s est décrite Endotrypanum.
par R a b i n o w i t s c h et K e m p n e r grâce à la coloration à
l'éosine - bleu d e méthylène; Les espèces d u genre Trypanosoma qui infectent
l'homme en Afrique appartiennent au sous-genre
1901: Elmassin décrit le mal de Caderas en Trypanozoon, en A m é r i q u e a u sous-genre Schizotrypa-
A s s u n c i o n ; Dutton d é c o u v r e un t r y p a n o s o m e dans le num.
sang d ' u n h o m m e en G a m b i e (T. gambiense);
Les espèces d u genre Leishmania qui infectent
1903: culture in vitro des t r y p a n o s o m e s du rat et l ' h o m m e sont divisées e n deux sous-genres Leishmania
d e T. brucei par N o v y et M e N e a l ; les trypanosomes d e et Viannia d'après leur c o m p o r t e m e n t c h e z le vecteur.

83
Chapitre 8 P R O T O Z O A I R E S F L A G E L L É S P A R A S I T E S DU S A N G ET DES TISSUS GÉNÉRALITÉS

déjections). Ces crithidias ont pu, au cours du temps,


parasiter aussi des insectes hématophages et arriver
ainsi au contact d'hôtes vertébrés. C'est par cette voie
que les protozoaires sont entrés dans la circulation
sanguine des vertébrés.

O n retrouve encore aujourd'hui, chez des trypa-


nosomes du groupe stercoraria adaptés aux vertébrés
(voir ci-dessous), un comportement semblable lors du
séjour dans l'insecte, qui amène le parasite à parcourir
le transit digestif complet et à terminer son évolution
dans les déjections.

Les leishmanies pathogènes (flagellates des tis-


sus) se sont développées par le même mécanisme,
d'abord parasites monoxènes des phlébotomes (Psy-
chodidae), insectes piqueurs aujourd'hui les plus
importants vecteurs de leishmanioses. Apparemment
les lézards ont été les premiers vertébrés à être parasi-
tés: ils ont joué un rôle de pionniers dans l'adaptation
de ces parasites d'insectes aux tissus des vertébrés. La
plupart des espèces du genre Leismania sont parasites
de divers animaux - souvent primitifs - qui jouent
encore à l'heure actuelle un rôle important de réser-
voir pour des parasites adaptés à l'homme.

Figure 8-1 2.2 Considérations phylogéniques


0. Caractéristiques morphologiques
Eléments structuraux
Les ancêtres des trypanosomes pathogènes
desTrypanosomatidae Les représentants de la famille desTrypanosoma-
(hémoflagellates) sont les blastocrithidias de l'intestin
1. Schéma d'un trypanosome mon- tidae sont des organismes très mobiles de forme allon-
de divers invertébrés (insectes) non piqueurs, qui se
trant le noyau (n), le kinétoplaste gée, aux deux extrémités pointues, avec un noyau
transmettent d'un insecte à l'autre par voie digestive
(k), le flagelle (fl) et sa membrane central, un kinétoplaste contenant de l'acide désoxyri-
ondulante (m.o.) ainsi que le cyto- (ingestion d e formes parasitaires contenues dans les
bonucléique, une membrane ondulante et un flagelle
plasme et ses inclusions.
libre. Le cytoplasme est plus ou moins granuleux. Cer-
2. Dessins de trypanosomes mon- tains stades évolutifs, adaptés à la vie intracellulaire
trant des variantes des éléments font exception: ils sont immobiles, sphériques et ne
cités en (1).
possèdent ni flagelle extérieur ni membrane ondu-
3. Microscopie en balayage d'un lante.
trypanosome montrant la forme
générale, le flagelle et son point Dans les formes allongées, le flagelle libre se
d'émergence, la membrane ondu- - la taille (3 à 30 pm) et la forme (sphérique trouve à l'avant du parasite et prend son origine près
lante. ou allongée); du kinétoplaste. Si le kinétoplaste se trouve à l'arrière,
le flagelle sort du cytoplasme à l'arrière du parasite et
- la forme de l'extrémité postérieure (effilée
doit longer la membrane externe dans un repli de
ou arrondie);
celle-ci, créant ainsi la membrane ondulante, avant de
- la position du noyau (central, postérieur ou se prolonger en avant du corps du parasite (figure 8-1 ).
antérieur);
O n peut distinguer les genres et les espèces par
- la taille du kinétoplaste et sa position: posté- les caractères énumérés au tableau 8-1.
rieur (terminal ou subterminal), juxtanu-
La reconnaissance de ces divers caractères per-
cléaire ou antérieur;
mettra de faire un diagnostic microscopique d'espèce
- la présence ou l'absence d'un flagelle libre; du parasite. La colorabilité par le Giemsa est excel-
- la présence (discrète ou exubérante) ou lente: le cytoplasme sera coloré en bleu-gris, le noyau
l'absence d'une membrane ondulante. et le kinétoplaste en rouge foncé, la membrane externe
T a b l e a u 8-1 et le flagelle en bleu foncé.

84
Description des genres Chapitre 8

4. Description des genres 4.3 Le genre Trypanosoma

Hôtes
4.1 Le genre Leptomonos
Parasite du sang des vertébrés (animaux,
Morphologie
homme...), il complète généralement son cycle chez
Parasite de forme allongée, avec noyau central, un hôte invertébré, le plus souvent un insecte qui joue
kinétoplaste antérieur, sans membrane ondulante mais le rôle de vecteur (hôte intermédiaire).
avec flagelle libre (forme "promastigote").C'est la
EXEMPLE: Trypanosoma gambiense infecte l'homme et pour-
forme la plus primitive au point de vue parasitaire
suit son évolution chez une mouche (Glossina).
(figure 8-2).
Morphologie générale
Hôtes et cycle
des formes sanguicoles
Parasites fréquents du tube digestif des insectes
(diptères, hémiptères, acariens), ils se multiplient par Dans le plasma sanguin, le parasite adopte une
division binaire. forme allongée, avec noyau central ou légèrement
déplacé vers l'avant ou vers l'arrière, kinétoplaste pos-
Rejetés dans le milieu extérieur avec les déjec- térieur, membrane ondulante longeant le corps sur
tions de l'insecte, ils peuvent contaminer d'autres indi- toute sa longueur et flagelle libre souvent présent
vidus. La forme de conservation dans les déjections est (forme "trypomastigote"). Il se divise par bipartition,
une forme leishmanoïde, immobile, arrondie, qui a avec division nucléaire et kinétoplastique. Les trypano-
perdu son flagelle. Il s'agit en fait d'une infection intes- somes sanguicoles étant ceux que l'on recherche le Figure 8-2
tinale de l'insecte, transmise par contact "féco-oral". plus souvent pour poser le diagnostic d'une trypanoso-
Famille des Trypanosomatidae:
EXEMPLE: Leptomonas ctenocephali infecte le tube digestif miase, leur morphologie doit être décrite avec préci-
stades des cycles
de la puce du chien. sion (figure 8-2).
1. Forme promastigote
Remarque importante Morphologie des stades chez l'insecte 2. Forme amastigote
3. Forme épimastigote
La forme "promastigote" représente aussi le stade de multiplication chez Dans les organes de l'insecte vecteur, les trypa-
4. Forme trypomastigote
l'insecte dans le cycle évolutif des espèces du genre Leishmania (voir ci- nosomes ont un kinétoplaste balladeur. D'abord pos-
dessous). Le cycle chez le genre Leptomonas
téro-nucléaire et progressivement détaché de
comporte la forme 1
l'extrémité postérieure au début du cycle, dans l'esto-
4.2 Le genre Crithidia Le cycle chez le genre Leishmania com-
mac, ensuite juxtanucléaire dans le proventricule et
porte les formes 1 et 2
Morphologie pendant son cheminement vers les glandes salivaires
Le cycle chez Crithidia comporte la
(figure 8-3), il redeviendra postérieur à la fin du cycle
Parasite de forme allongée, avec noyau central, forme 3
dans les formes des glandes salivaires ou de l'intestin
kinétoplaste juxtanucléaire, il possède une membrane Le cycle chez Trypanosoma comporte les
postérieur.
ondulante courte et un flagelle libre (forme "épimasti- formes 3 et 4
gote") (figure 8.2).

Hôtes

Le parasite se multiplie par division binaire dans


le tube digestif de certains arthropodes. La forme de
conservation dans le milieu extérieur est une forme
leishmanoïde, comme pour Leptomonas.

EXEMPLE: Crithidia hyaiommae infecte les tiques du genre


Hyalomma. Ce parasite se trouve dans le liquide coelomi-
que et se transmet par les oeufs à la génération suivante de
l'insecte; il est donc à l'origine d'une infection héréditaire
chez la tique.

Remarque importante

La forme "épimastigote" représente aussi un stade de multiplication chez


l'arthropode dans le cycle des trypanosomes (voir ci-dessous).
Chapitre 8 P R O T O Z O A I R E S F L A G E L L É S P A R A S I T E S DU S A N G ET DES TISSUS GÉNÉRALITÉS

dans l'intestin postérieur, près de l'ampoule rectale.


Les formes infectantes pour le nouvel hôte vertébré
(trypomastigotes métacycliques infectants) sont for-
mées à partir des épimastigotes procycliques et se
retrouvent donc dans les déjections. D e plus, la divi-
sion binaire est discontinue au cours du cycle: les for-
mes épimastigotes procycliques se divisent activement
clans l'estomac et l'intestin postérieur de l'insecte, tan-
dis que les métacycliques ne se divisent pas. T. (T.)
cruzi, agent étiologique de la maladie de Chagas est
un exemple de stercoraria.

Les salivaria colonisent l'estomac de l'hôte


invertébré mais ne passent jamais dans l'intestin posté-
rieur: à partir de l'estomac (ou intestin moyen), ils font
Figure 8-3 Dans les descriptions du c y c l e chez le vecteur,
demi-tour après s'être multipliés sous forme de trypo-
on utilise une terminologie spécialisée: on parlera de
Morphologie des formes de mastigotes allongés à kinétoplaste détaché de l'extré-
"procycliques" pour décrire les parasites qui se divisent
l'insecte chez Trypanosoma mité postérieure puis d'épimastigote procycliques et
au début de leur séjour chez l'insecte et de "métacycli-
1,2. Formes épimastigotes: le kinéto- migrent vers les parties antérieures de l'insecte pour
ques" pour nommer les parasites en fin d'évolution
plaste se trouve à proximité du aboutir dans la trompe et/ou dans les glandes salivai-
chez l'insecte. Ces derniers ont cessé leurs divisions et
noyau. En conséquence, la mem- res. C'est là que sont formées les formes trypomastigo-
sont prêts à passer chez le vertébré (tableau 8-2).
brane ondulante est courte, du tes métacycliques infectantes qui seront injectées au
point d'émergence du flagelle à nouvel hôte vertébré par piqûre de l'insecte. C'est le
l'extrémité antérieure où le flagelle Remarque
comportement de T.(T.) b.gambiense et T. (T.) b. rhode-
devient libre.
siense, agents de la maladie du sommeil, ainsi que
Le stade sanguicole chez le vertébré et son précurseur, la forme métacycli- celui de nombreux autres trypanosomes animaux: T.
que infectante, stade final du cycle chez l'invertébré seront donc des formes (T.) b. brucei, T. (N.) congolense, T. (D.) vivax ...
"trypomastigotes".

Classification des espèces 4.4 Le genre Leishmania

Les parasites du genre Trypanosoma se divisent


Morphologie et cycle
en plusieurs sous-genres que l'on peut regrouper, selon
leur comportement chez l'hôte invertébré, en deux Chez l'hôte vertébré, le parasite, intracellulaire,
catégories: les stercoraria et les salivaria. est sphérique et immobile, sans flagelle ni membrane
Les stercoraria se caractérisent par une évolution ondulante, avec noyau central et kinétoplaste en péri-
dans l'intestin de l'hôte invertébré (insecte) qui aboutit phérie (forme "amastigote").

T a b l e a u 8-2
Dénomination Localisation Morphologie
Evolution de Trypanosoma
(stercoraria) (salivaria)
chez l'invertébré
Trypanosome sanguicole sang du vertébré sang du vertébré trypomastigote avec GPS a

procyclique estomac, proventricule, in- estomac, proventricule, piè- trypomastigote allongé


testin postérieur de l'insecte ces buccales ou glandes sali- à kinétoplaste détaché
vaires de l'insecte de l'extrémité postérieure,
épimastigote, sans GPSa

métacyclique intestin postérieur, déjec- pièces buccales ou glandes trypomastigote avec GPS
tions de l'insecte salivaires de l'insecte métacyclique b

Trypanosome sanguicole comme en rangée 1

a. G P S : glycoprotéine de surface (antigène de surface)


b. les antigènes de surface des métacycliques constituent une collection spéciale de types antigéniques.

86
infrastructure, physiologie, cycles Chapitre 8

Chez l'insecte, le stade de multiplication dans


l'estomac est une forme allongée avec kinétoplaste
Dénomination Localisation Morphologie
antérieur et donc sans membrane ondulante (forme Leishmania intracellulaire: macrophages amastigote
promastigote). Le cycle se termine par l'accumulation du vertébré
de promastigotes infectants dans les pièces buccales
Leishmania procyclique estomac, proventricule, piè- promastigote
(trompe) (figure 8-2, tableau 8-3).
ces buccales de l'insecte
Hôtes Leishmania métacyclique pièces buccales de l'insecte promastigote
L'hôte vertébré est l'homme ou l'animal. L'hôte Leishmania comme en rangée 1
invertébré assurant la transmission est un insecte de la
famille des Psychodidae.
Deux mitochondries, antérieure et postérieure T a b l e a u 8-3
Classification (par rapport au kinétoplaste), sont présentes. La mito- ~~~
chondrie postérieure est responsable des adaptations che/nnueMébr
La classification traditionnelle des leishmanies métaboliques. Hypertrophiée chez les épimastigotes
est basée sur le pouvoir pathogène, l'organe parasité et où elle o c c u p e toute la partie du corps du trypanosome
la distribution géographique (voir chapitre 11). située à l'arrière du noyau, elle s'atrophie lors de la
Les caractères morphologiques des amastigotes transformation en trypomastigote dans le sang de l'hôte
sont peu nombreux et ne permettent pas de distinguer vertébré, entraînant la migration vers l'arrière du kiné-
les espèces les unes des autres. Les tendances actuelles toplaste.
de la taxinomie visent à utiliser les paramètres physio-
Le flagelle est un prolongement du cytoplasme
logiques du cycle de m ê m e que l'analyse antigénique
soutenu par des fibrilles longitudinales qui lui procu-
et biochimique pour séparer plus objectivement les
rent sa mobilité et enveloppé par un repli de la mem-
espèces, mais la situation reste complexe.
brane externe du parasite. A la base du flagelle, une
invagination de la membrane externe forme une
5. infrastructure, physiologie, cycles "poche flagellaire".

Le cytosquelette du parasite est constitué d'une


Au cours de leur cycle évolutif, la plupart des spirale de microtubules qui soutend la membrane plas-
espèces de Trypanosomatidae doivent non seulement matique. Il fait défaut au niveau de la poche flagellaire,
survivre mais aussi se multiplier successivement dans autorisant les déformations de la membrane plasmati-
des milieux très différents, tels que le sang d'un verté- que et donc la pinocytose. D ' o ù la forte concentration
bré et l'estomac d'un insecte. Les différences en fourni- dans cette région et quelle que soit la forme du para-
ture d'oxygène et de glucose entre ces deux biotopes site, des vésicules de pinocytose dérivées du Golgi.
obligent le trypanosome à adapter son métabolisme.
L'antigène variable, glycoprotéine apparaissant à
Dans les considérations qui suivent, l'espèce T. brucei
la surface du trypanosome au cours de la transforma-
a été prise c o m m e exemple.
tion en trypomastigote métacyclique et persistant chez
les stades sanguicoles, représente 15 p.100 environ du
5.1 Morphologie (ultrastructure)
poids du trypanosome.
La description des organites cytoplasmiques du
trypanosome au microscope électronique a permis la 5.2 Métabolisme
compréhension des changements morphologiques sur-
venant au cours du cycle (figure 8-4). Dans la circulation sanguine

Les enzymes de la chaîne glycolytique sont, chez


Principaux constituants des trypanosomes
tous les Trypanosomatidae et à la différence des cellu-
Le noyau, central, est porteur de la partie princi- les de mammifères, contenus dans les glycosomes,
pale du génome. organites cytoplasmiques constants chez toutes les
espèces et à tous les stades. Ils sont à l'origine de la
Le kinétoplaste est remarquable par sa structure
production d'acide pyruvique.
dense composée d ' A D N ( A D N extranucléaire ou kiné-
toplastique) et ses prolongements, les mitochondries. Dans le sang, en présence d'un excès de glucose
Sa position dans le parasite est liée au plus ou moins et d'oxygène, la glycolyse chez le trypanosome s'arrête
grand développement des mitochondries. là par manque des enzymes du cycle des acides tricar-

87
Chapitre 8 P R O T O Z O A I R E S F L A G E L L É S P A R A S I T E S DU S A N G ET DES TISSUS G É N É R A L I T É S

d'urgence une adaptation métabolique qui lui permet-


tra de tirer le maximum d'énergie d'un environnement
appauvri en glucose et en oxygène. Le développement
de la mitochondrie, atrophiée et inactive dans les for-
mes sanguicoles, remplit bientôt toute la partie posté-
rieure du parasite, refoulant le kinétoplaste vers
l'avant, l'amenant à proximité du noyau et reprodui-
sant ainsi la morphologie d'un épimastigote. La mito-
chondrie postérieure des trypanosomes est un organite
à double paroi, large, ramifié et pourvu de multiples
"crêtes", replis de la membrane interne. Elle contient
les enzymes du c y c l e de Krebs et les cytochromes qui
autorisent l'oxydation (déshydrogénation) et la décar-
boxylation de l'acide pyruvique produit par la chaîne
glycolytique.

La glycoprotéine de surface n'existe pas: le gène


qui la produit est réprimé pendant le séjour chez
l'insecte. Il reprend ses activités au moment de la
transformation en métacyclique, préparant ainsi l'inva-
sion du sang du vertébré.

5.3 La variation antigénique


Figure 8-4
La glycoprotéine qui recouvre la membrane
Organites des trypanosomes plasmatique du trypanosome sanguicole comporte
au microscope électronique 500 acides aminés dont la séquence peut changer au
1. Schéma de l'ultrastructure d'un sein d'une population de trypanosomes se reprodui-
trypanosome (d'après Melhorn et sant par bipartition. Les appellations de glycoprotéine
al. 1979) variable, antigène variable, antigène de surface, man-
AX axonème (du flagelle)
teau antigénique ("surface coat"), évoquent cette cou-
B corpuscule basai
che compacte, imperméable, composée de quelques
F flagelle avec sa structure de
1 0 7 molécules solidement ancrées dans la membrane
9 paires de fibrilles
du parasite et pouvant s'en détacher sur commande.
K kinétoplaste
MT microtubules sous la mem-
brane plasmatique La synthèse de cette molécule, réalisée à l'inté-
N noyau rieur du cytoplasme, est sous la dépendance d'une
NU nucléole boxyliques (Krebs) contenus dans la mitochondrie, série de plus de 1000 gènes dont un seul à la fois est
PF poche flagellaire atrophique dans la forme trypomastigote. Ainsi, au activé et donc responsable de la structure d'une molé-
RE réticulum endoplasmique. cule bien définie, avec une séquence unique d'acides
stade sanguin, le trypanosome ignore-t-il la partie la
V vacuole aminés. Chaque gène induit une séquence différente,
plus énergétique du catabolisme du glucose, grand
2, 3. Photos au microscope électroni- pourvoyeur d'ATP. changeant ainsi la structure de l'antigène et permettant
que illustrant certains consti- au trypanosome qui en est recouvert d'échapper aux
tuants. D'autre part, un manteau épais de glycoprotéi-
anticorps synthétisés par l'hôte contre la séquence pré-
bl corpuscule basai (blépharo- nes recouvre la membrane plasmatique du trypano-
cédente. La population de trypanosomes porteurs d'un
plaste) some parasite du vertébré. Cette protéine antigénique,
antigène déterminé est appelée "type antigénique
fl flagelle dont le trypanosome peut modifier la structure (sous
variable" ("variable antigenic type", VAT) La séquence
k kinétoplaste contrôle génique) au cours de l'infection, permet au
dans le temps de ces glycoprotéines, donc des antigè-
mi mitochondrie parasite d'échapper à la lyse immune.
mt microtubules nes de surface caractérisant la population de parasites
Dans l'estomac de l'insecte qui en sont porteurs, a reçu le nom de "répertoire anti-
n noyau
Enfermé dans une gouttelette de sang stagnant, génique variable" ("variable antigenic repertoire",
pf poche flagellaire
le trypanosome ne pourra survivre qu'en réalisant VAR).

88
infrastructure, physiologie, cycles Chapitre 8

5.4 Modulations d e l ' a d a p t a t i o n à la glossine gotes métacycliques a lieu. Le cycle complet prend 10
jours et le taux d'infection du proboscis chez des glos-
Le comportement de trois sous-genres de Trypa-
sines nourries sur des animaux infectés par T. (N.) con-
nosoma est évoqué pour faciliter la comparaison.
golense est de l'ordre de 30 p.100.
Le sous-genre Trypanozoon Le sous-genre Duttonella
Chez Trypanosoma (Trypanozoon) brucei on Ces trypanosomes restent dans le proboscis, ils ne
observe, au cours du cycle, une colonisation de tous colonisent pas le tube digestif. La multiplication des
les tissus de la glossine. Leur cycle est le plus com- épimastigotes, attachés à la paroi du canal alimentaire,
plexe: ils doivent franchir des obstacles divers pour et la maturation en trypomastigotes métacycliques ont
transiter de l'estomac jusqu'au terme de leur dévelop- lieu dans les pièces buccales. Le cycle prend 4 jours et
pement en trypomastigotes métacycliques dans les le taux d'infection des glossines nourries sur des ani-
glandes salivaires. Le cycle complet prend plus de 18 maux infectés par T. (D.) vivax est de plus de 90 p.100.
jours et le pourcentage d'infection salivaire chez des Ces trypanosomes sont les moins tributaires de
glossines nourries sur des animaux infectés par T. (T.) l'insecte. D e nombreuses espèces de glossines assurent
brucei est de l'ordre de 1 p.100 ou même moins. la transmission cyclique (avec les transformations et la
multiplication prévues pendant le séjour chez l'insecte).
Le sous-genre Nannomonas
Mais de plus, d'autres genres de mouches piqueuses
Ces trypanosomes se cantonnent dans le tube peuvent les transmettre mécaniquement (simple trans-
digestif de la glossine: après l'estomac, ils rebroussent port de la forme sanguicole d'un vertébré à un autre).
chemin et viennent terminer leur cycle dans les pièces Leur distribution cosmopolite tropicale (dans et hors
buccales (trompe) où la transformation en trypomasti- des zones à glossines) en est la conséquence.

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Trypanosoma cruzi et les Stercoraria
La maladie de Chagas 9
Introduction 1.2 Hôtes 1. TrypanosomaTheileri
1.1 Morphologie
Les stercoraria regroupent les Protozoaires du Les hôtes vertébrés sont des ruminants domesti- 1.2 Hôtes
genre Trypanosoma dont les formes métacycliques ques (bovidés) et sauvages. 1.3 Cycle et mode de
transmission
infectantes se trouvent dans les déjections d e l'insecte. Les hôtes invertébrés (vecteurs) sont des mou- 1.4 Pouvoir pathogène
L'hôte vertébré s ' i n o c u l e lui-même, e n se grattant, les ches piqueuses à distribution cosmopolite: Melopha- 2. Trypanosoma lewisi
parasites déposés par l'insecte sur sa peau (grattage, gus, Tabanus, Hippobosca. 2.1 Morphologie
v o i e transmuqueuse...). 2.2 Hôtes
1.3 Cycle et mode de transmission 2.3 Cycle et mode de
Ils se répartissent e n quatre sous-genres. transmission
Le t r y p a n o s o m e se trouve dans le sang des bovi- 2.4 Pouvoir pathogène
Sous-genre Megatrypanum: parasites d e mammi-
dés e n très petit nombre: il se multiplie seulement a u 3. Trypanosoma crozi
fères, d e grande taille et peu pathogènes, leur kinéto-
début d e l'infection sous forme épimastigote. Il est 3.1 Historique
plaste est situé entre l'extrémité postérieure et le 3.2 Morphologie (forme
repris par l'hôte invertébré a v e c le repas sanguin, passe
noyau. sanguicole)
par u n e phase d e prolifération dans l'estomac puis se
3.3 Hôtes vertébrés
Sous-genre Herpetosoma : parasites des ron- retrouve sous forme m é t a c y c l i q u e infectante dans les 3:4 Hôtes invertébrés
geurs, d e taille m o y e n n e , possédant un kinétoplaste déjections d e l'insecte après avoir parcouru le tube 3.5 Cycle évolutif: morpho-
digestif d u vecteur dans sa totalité (stercoraria). logie.-caractères biolo-
subterminal et u n e extrémité postérieure pointue, ils se
giques,
reproduisent sous forme épimastigote chez l'hôte 3.ô Evolution de l'infection'
invertébré. 1.4 Pouvoir pathogène 3.7 Evolution de l'infection
chez les patients immu-
Sous-genre Schizotrypanum: parasites sanguico- Il est très peu important chez le bétail: les ani- nodéprimés
les petits o u m o y e n s (15 à 2 4 pm), remarquables par m a u x p e u v e n t vivre en parfaite santé a v e c des trypano- 3.8 Pathogénie
somes dans leur sang périphérique. D e s parasitémies 3.9 Diagnostic de labora-
leur f o r m e t y p i q u e e n C (croissant) et leur kinétoplaste
toire
v o l u m i n e u x et situé très près de l'extrémité postérieure importantes p e u v e n t toutefois être observées e n cas
3.10 Traitement
pointue, ils se multiplient e n phase intracellulaire sous d'affection intercurrente d u bétail (piroplasmose, peste 3.11 Données épidémiolo-
la f o r m e amastigote et sont transmis par les insectes d e bovine). giques
3.12 Méthodes de contrôle
la famille des réduvidés.
Remarque 4. Le sous-genre Endotrypa-
Sous-genre Endotrypanum: parasites d e certains num
D'autres espèces appartiennent à ce sous-genre: Trypanosoma (M.) melo-
a n i m a u x sauvages, ils sont d e petite taille et souvent en Bibliographie
phagium (mouton) et Trypanosoma (M.) ingens (bétail, antilope), peu
position intraglobulaire.
pathogènes, ressemblent à T. (M.) theileri.

FIGURES
1. TRYPANOSOMA (MEGATRYPANUM) THEILERI
2. TRYPANOSOMA (HERPETOSOMA) LEWISI 9-1 Stercoraria sanguicoles
Laveran 1902 Kent 1880 9-2 Réduve, vecteur de la
maladie de Chagas
9-3 Stade trypomastigote de T.
cruzi
4A Morphologie 2A Morphologie 9-4' Stade amasfigote de T.
cruzi
Le parasite mesure d e 40 à 70 p m sur 5 à 6 p m Le corps étroit et effilé mesure d e 2 0 à 2 5 p m d e 9-5 . Stade épimastigote de T.
et a des extrémités effilées. S o n kinétoplaste est situé à longueur sur 1,5 p m . Les extrémités sont pointues, le cruzi
proximité d u n o y a u qui o c c u p e u n e position centrale. kinétoplaste subterminal et le noyau a l l o n g é est situé 9-6 Cycle de T. (S.) cruzi
9-7 lmmuno-élêcfrophorèse
La m e m b r a n e o n d u l a n t e large se prolonge par un fla- dans la partie antérieure du corps. La m e m b r a n e ondu-
dans l'infection par T. cruzi
gelle libre. lante se prolonge par un flagelle libre (figure 9-1).

91
Chapitre 9 TRYPANOSOMA CRUZI ET LES STERCORARIA LA MALADIE DE CHAGAS

2.2 Hôtes
Les rongeurs (Rattus rattus et autres rats, sauva-
ges et semi-domestiques) en sont les hôtes vertébrés.

L'hôte invertébré est la puce du rat (Ceratophyl-


lus fasciatus ).

2.3 Cycle et mode d e transmission


Chez le rat infecté, les formes de multiplication
ont leur kinétoplaste à proximité du noyau (épimasti-
gotes): elles sont majoritaires au cours de la première
semaine d'une infection expérimentale. Plus tard, la
multiplication se ralentit et l'infection passe à la chro-
nicité. Les parasites se présentent alors sous forme fine,
à kinétoplaste nettement postérieur (trypomastigote).

La puce absorbe le sang de rat contenant les


parasites. Les trypanosomes pénètrent dans la paroi
intestinale et s'y multiplient. Ils s'arrondissent incom-
plètement pour former une masse piriforme qui se
divise par schizogonie. La rupture de la cellule hôte
amène la libération des parasites dans la cavité intesti-
nale de la puce. Les parasites nés de cette schizogonie
sont des épimastigotes qui se multiplient par biparti-
tion dans l'intestin.

Arrivés dans l'ampoule rectale, un certain nom-


bre évoluent vers la forme métacyclique infectante
(forme trypomastigote). O n retrouve ces formes dans
les déjections de la puce. L'infection du rat se produit
par l'intermédiaire des déjections que les animaux
avalent en se léchant ou en dévorant les puces.

2.4 Pouvoir pathogène


Aucun. Ce parasite de rongeur a fait l'objet de
nombreuses études au laboratoire et a contribué à
l'acquisition de connaissances sur les trypanosomes.

Remarque
Figure 9-1

Stercoraria sanguicoles D'autres trypanosomes de ce sous-genre infectent les rongeurs: Trypano-


soma (H.) musculi, parasite de la souris grise de maison et Trypanosoma
1. Stades de T. lewisi (rat/puce) cosmo- (H.) microti, parasite de Microtus montanus, rongeur campagnard.
polite
2. Formes sanguicoles de T. pipistrelli
(chauve-souris) cosmopolite
3. TR YPANOSOMA (SCHIZOTR YPANUM) CRUZI
3. Formes sanguicoles de T. cruzi Chagas1909
(homme, animaux) Amérique latine

3.1 Historique
D'abord observé en 1909 dans l'intestin de rédu-
ves de la province de Minas Gérais au Brésil par Car-
los Chagas, le trypanosome fut transmis à des singes.

92
Trypanosoma cruzi Chapitre 9

Recherché c h e z des vertébrés, c'est d'abord dans le • CHAUVE-SOURIS


sang du chat qu'il fut trouvé puis chez l'homme. La
L'infection par T. cruzi a été identifiée chez 22
maladie et ses lésions anatomo-pathologiques sont
espèces a u Brésil. Elles entretiennent efficacement le
décrites dans une série d e publications de Chagas et
c y c l e syivatique. L'infection fréquente d e ces animaux
Vianna entre 1909 et 1911.
par T. dionisii (non transmissible à l'homme) peut créer
une confusion dans l'appréciation d e leur rôle c o m m e
3.2 Morphologie (forme sanguicole)
réservoir.
C'est c e stade qu'il faudra reconnaître au micros-
Réservoir domestique
c o p e pour le diagnostic lors d'un examen de sang. Le
corps d e c e trypomastigote en forme en croissant Les rongeurs domestiques (Rattus rattus entre
mesure 17 à 21 pm d e long (figure 9-1 ). Les extrémités autres) assurent le lien entre écotopes syivatique et
sont effilées, le noyau médian et arrondi, le kinéto- domestique. La souris de maison mange des réduves et
plaste gros et subterminal. La membrane ondulante se s'infecte. Le chien et le chat entretiennent un contact
prolonge par un flagelle libre. Des formes minces et étroit avec l'homme: le chat mange les souris et
épaisses semblent avoir été identifiées. O n leur attri- s'infecte. Les cobayes (10 à 60 p.100 d'infectés,

buerait une infectivité différente pour le vecteur. d'après les enquêtes) élevés autour d e la maison, y
trouvent refuge pour la nuit. Tous ces animaux sont
réceptifs à l'infection.
3.3 Hôtes vertébrés
Les porcs, les chèvres et le bétail vivent autour
Homme des endroits habités mais sont rarement trouvés infec-
tés: ils ne constituent qu'un réservoir d'importance
L ' h o m m e infecté sert de réservoir aussi bien à la
secondaire.
phase aiguë qu'à la phase chronique (peut-être pas en
permanence). La poule et les gallinacés sont réfractaires à
l'infection bien qu'ils servent souvent de repas sanguin
Réservoir syivatique aux réduves à proximité d e la maison.

Tous les animaux qui vivent à l'intérieur des


Environ 150 espèces animales sont reconnues
habitations contribuent à augmenter la population de
comme réservoir de T. cruzi (armadillos, singes,
réduves.
chauve-souris, rongeurs, carnivores...). Les oiseaux et
les amphibiens sont réfractaires à l'infection. 3.4 Hôtes invertébrés
Trois catégories méritent une mention spéciale. Réduves (noms vernaculaires: "Vinchuca", "Ulu-
chi" )
• MARSUPIAUX
Insectes de l'Ordre des Hémiptères appartenant à
L'opossum, petit marsupial ( D i d e l p h i s marsupia- la famille des réduvidés (Reduviidae) et à la sous-
lis ) a des contacts étroits avec les réduves de m ê m e famille des triatomes (Triatominae), ils disposent d ' u n e
q u ' a v e c d e petits rongeurs et des chauve-souris sou- trompe à 3 segments repliée au repos sous le thorax
vent parasités dont il se nourrit occasionellement. D e (figure 9-2).
la taille d'un chat, il a un museau pointu, des oreilles
Les trois genres les plus importants c o m m e vec-
nues, une q u e u e recouverte d'écaillés et un poil raide
teurs d e l'infection humaine sont Rhodnius, Triatoma
et soyeux. Rural ou urbain, il fait son nid aussi bien
et Panstrongylus (tableau 9-1).
dans la forêt (arbres) q u e dans les maisons (combles).
Les critères de distinction entre ces trois genres
Sa distribution géographique est large ( 4 0 ° N o r d à
sont
40°Sud).
- la morphologie générale: taille pouvant varier de
• EDENTÉS 5 à 45 m m selon les espèces, tête (allongée chez
Rhodnius, trapue chez Panstrongylus ), couleur
Le tatou ( D a s y p u s sp.) est un mammifère dont la
(jaune clair à noir), taches contrastées du con-
carapace formée de plaques cornées dessine une série
nexivium sur le pourtour de l'abdomen (jaunes,
d e bandes transversales. Il a une queue, peut se rouler
orangées, blanches, rouges, grises, vertes),
en boule c o m m e le hérisson et vit dans des terriers qui
dimensions des antennes et des yeux;
sont un refuge pour les réduves. II est un important
réservoir syivatique. Sa distribution géographique est - le profil iso-enzymatique;
large. - l'analyse cytogénétique.

93
Chapitre 9 TRYPANOSOMA CRUZI ET LES STERCORARIA LA MALADIE DE CHAGAS

Figure 9-2 R e m a r q u e importante

Réduve, vecteur de la maladie de La grande majorité (84 à 99 p.100) des repas sanguins sont pris sur
Chagas
l'homme, le poulet, le chien et le chat.
Triatoma spinolai au début de son repas
Une femelle pond entre 300 et 1000 oeufs
sanguin
durant son existence de quelques mois. U n c y c l e com-
plet (œuf, stades larvaires, nymphe, adulte) prend
environ 6 mois pour Rhodnius, plus longtemps (dépas-
sant souvent un an) pour les espèces sylvatiques.

Voici les gîtes préférentiels d e quelques espèces.

Réduvidés des habitations: T. infestans, R.prolixus.

Réduvidés semi-domestiques pouvant pénétrer dans


les habitations: T. dimidiata; T. sordida, P. megistus.

Réduvidés de la campagne et sylvatiques: nombreuses


Remarque
espèces.

Le connexivium est une membrane en accordéon qui borde l'abdomen et lui 3.5 Cycle évolutif: morphologie,
permet, en se dépliant, de se distendre lors du repas sanguin.
caractères biologiques
Caractères biologiques Chez l'hôte vertébré

Ces insectes peuvent vivre jusqu'à des altitudes • FORME TRYPOMASTIGOTE


de 4.000 m.
Forme mobile dans le sang, pourvue d'un fla-
En zone habitée, ils se reposent pendant la jour- gelle, elle ne se multiplie pas mais pénètre dans les
née autour de la maison, dans les poulaillers et autres cellule cibles: macrophages du SRE, cellules musculai-
installations annexes construites en bois, paille, pisé, res du myocarde, cellules nerveuses (gliales du sys-
briques empilées non cimentées ou dans la maison, tème nerveux central ou ganglionnaires des relais
dans les fentes des murs, faux plafonds, derrière les périphériques). Elle y prendra la forme amastigote.
meubles, tableaux, potiches, sous les lits, etc. L'abondance de la forme sanguicole dépend de
l'intensité de la multiplication en phase intracellulaire
Hématophages à tous les stades et dans les deux et c'est elle qui est reprise par l'insecte lors de son
sexes, ils se nourrissent pendant la nuit à proximité de repas sanguin (figure 9-3).
leur gîte. Le repas de sang (qui peut comporter jusqu'à
0,5 ml) est la seule activité, il est pris indifféremment • FORME AMASTIGOTE
T a b l e a u 9-1 sur l'homme ou sur l'animal, suivant les disponibilités Intracellulaire, arrondie et dépourvue de flagelle,
Espèces vectrices (domestiques) toutes les 1 à 2 semaines (très variable d'après les cette forme se caractérise par sa petite taille (3 à 5 pm
et préférences trophiques espèces et les conditions de température). de diamètre), la présence d'un noyau et d'un kinéto-
plaste. Le parasite se divise activement sous cette
forme et cause la destruction de la cellule hôte. Libé-
Espèce Hôtes préférentiels rés dans le sang, les amastigotes se transforment en
trypomastigotes. Certains cependant sont repris tels
Triatoma dimidiata homme, rongeurs, volaille;
quels par d'autres macrophages et phagocytés (figure
Rhodnius prolixus homme, volaille, chat, chien, opossum, 9-4).
rongeurs;
N e fixant pas les composants du complément,
T. infestans homme, volaille, chien, chat; les trypomastigotes utiliseraient, pour adhérer à leur
cellule cible, une opsonine plasmatique, la fibronec-
T. sordida oiseaux, homme;
tine. Pour les cellules non phagocytaires (musculaires,
Panstrongylus megistus oiseaux, rongeurs, homme; nerveuses), la pénétration se ferait de façon active et la
multiplication aurait lieu sans problème sous la forme
T. brasiliensis oiseaux, homme; amastigote.

R. pallescens homme, opossum, volaille.

94
Trypanosoma cruzi Chapitre 9

M
p

Figure 9-3

« Stade trypomastigote de T. cruzi


1. T. cruzi sanguicole (trypomasti-
gote) dans un frottis
2 à 5. T. cruzi sanguicole (trypomasti-
gote) en goutte épaisse

-f

Figure 9-4

Stade amastigote de T. cruzi


1,2. T. cruzien position intracellulaire
(amastigotes) dans du tissu mus-
culaire
3. Dessin d'amastigotes
intracellulaires

95
Chapitre 9 TRYPANOSOMA CRUZI ET LES STERCORARIA LA MALADIE DE CHAGAS

Figure 9-5

Stade épimastigote de T. cruzi


1,2 épimastigotes de l'estomac du vecteur (coloration au Giemsa)
3 épimastigotes de culture ("rosaces" vues au contraste de phase)

Figure 9-6

Cycle de T. (S.) cruzi

Si la cellule cible est un macrophage, il y a pha-


gocytose. Les trypomastigotes, tout c o m m e les amasti-
gotes immédiatement repris par les macrophages au
moment de l'éclatement d'une cellule hôte, sont alors
enfermés dans une vacuole parasitophore où ils
devraient être détruits lors de la fusion de celle-ci avec
les lysosomes. M a i s les parasites parviendraient, dans
les minutes qui suivent, à détruire la membrane de la
vacuole parasitophore et à se réfugier dans le cyto-
plasme où ils se multiplient impunément sous forme
amastigote.

Chez l'insecte

• FORME ÉPIMASTIGOTE

Forme de multiplication dans l'estomac de


l'insecte, elle évolue vers la forme métacyclique en
parcourant l'intestin postérieur (figure 9-5).

• FORME TRYPOMASTIGOTE

Présente dans l'ampoule rectale et dans les


déjections (forme métacyclique infectante), elle est
déposée au voisinage de la piqûre par la réduve sur la
peau du sujet endormi. Les transformations d'une
forme à l'autre sont schématisées dans la figure 9-6.

96
Trypanosoma cruzi

3.6 Evolution de l'infection 3.7 Evolution de l'infection chez les patients


immunodéprimés
Phase aiguë
U n e revue récente (1994) de 23 cas d'infection
Au lieu de pénétration (porte d'entrée), on double à V I H et T. cruzi attire l'attention sur la fré-
observe une réaction inflammatoire locale (chagome) quence de la méningo-encéphalite, localisation peu
inconstante courante dans la maladie de Chagas, observée dans 20
- au niveau de la face (chagome oculaire): œ d è m e cas dont 9 avec présence constatée de nombreux para-
palpébral et périoculaire (signe de Romana); sites dans le LCR. Les amastigotes se trouvent dans le
cytoplasme de cellules gliales ou de macrophages,
- au niveau de la peau: aspect furonculoïde et adé-
principalement dans les zones nécro-hémorragiques.
nopathies.
D'autre part, des poussées de myocardite aiguë
La période aiguë est caractérisée par l'abondance
peuvent survenir pendant la phase chronique de l'évo-
des trypanosomes dans le sang et la fréquence de
lution, avec des amastigotes dans les myocytes et les
l'atteinte infantile. La multiplication des amastigotes
macrophages de l'exsudat inflammatoire.
intracellulaires a lieu principalement dans les macro-
phages mais aussi dans les cellules musculaires et glia- La fréquence de cette association pourrait croître
les. avec le degré d'urbanisation.

Cette phase dure 8 à 10 semaines et est accom- 3.8 Pathogénie


pagnée
Le mécanisme par lequel T. cruzi provoque les
- de symptômes généraux: fièvre, hépato-spléno-
lésions de la maladie de Chagas est imparfaitement
mégalie, œdèmes généralisés, asthénie, cépha-
compris. Il peut s'expliquer par un effet direct des
lées, myalgies, adénopathies;
amastigotes sur les cellules nerveuses, avec conduction
- de symptômes de localisation: formes œdéma- altérée aux niveaux du myocarde et des organes creux.
teuses, respiratoires, neurologiques (méningo- Les cellules musculaires détruites laissent la place à du
encéphalite), gastro-intestinales (anorexie, diar- tissu cicatriciel non fonctionnel. Au niveau des neuro-
rhée, vomissements), cardiaques (myocardite nes, une destruction importante pendant la phase
aiguë). aiguë (réaction inflammatoire) produira des effets tar-
difs par désorganisation des fibres.
Phase "indéterminée"
Il pourrait aussi s'agir d'une réaction auto-immu-
Elle peut durer 10 à 20 ans et évolue vers la nitaire, s'expliquant par une identité des antigènes de
phase chronique dans 30 p.100 des cas environ. Elle T. cruzi et des tissus de l'hôte ou par un mécanisme
est asymptomatique mais la sérologie est positive et le qui causerait la couverture des cellules de l'hôte par
xénodiagnostic est positif dans 20 à 60 p.100 des cas. des antigènes de T. cruzi. Dans les deux cas, les anti-
Les patients à ce stade constituent un réservoir de para- corps spécifiquement dirigés contre le parasite détrui-
sites. raient les cellules de l'hôte. On a pu montrer
récemment, à l'aide d'immuns-sérums de cardiopa-
Phase chronique thies chagasiques, que l'épitope "JL5" d'antigène de T.
A v e c la séropositivité qui est la règle, diverses cruzi (peptide constitué d'une séquence de 11 acides
localisations suggéreront la phase chronique. aminés) reconnu par les anticorps est identique à une
séquence d'une protéine "P" ribosomale humaine. Ceci
Le tropisme cardiaque (myocardite) peut amener
renforce la théorie de l'auto-immunité.
des perturbations de l'électro-cardiogramme, l'hyper-
trophie, l'arythmie (cas de mort subite). Au niveau du myocarde, une réaction d'hyper-
sensibilité produira une inflammation chronique par
Le tropisme digestif est marqué par des troubles
présence de cellules immuno-compétentes, a v e c com-
du péristaltisme dus à l'atteinte du système nerveux
posante vasculaire et fibrose, même en l'absence de
autonome et conduisant au mégaœsophage (dyspha-
parasites.
gie) ou au mégacolon (constipation de plus de 7 jours).

La neuropathie chagasique est une atteinte du


3.9 Diagnostic de laboratoire
système nerveux central, périphérique ou végétatif
avec troubles moteurs, sensoriels, cérébelleux, psychi- En phase aiguë, 95 p.100 des cas ne sont pas dia-
ques... gnostiqués. En phase chronique, 10 p.100 environ pré-
Chapitre 9 TRYPANOSOMA CRUZI ET LES STERCORARIA LA MALADIE DE CHAGAS

sentent une symptomatologie éloquente et chez des sont inoculés avec des isolats humains. Cette méthode
patients asymptomatiques, 20 p.100 peuvent être dia- est à déconseiller pour le diagnostic.
gnostiqués par des méthodes d'investigation sensibles.
Par contre, au laboratoire, ces animaux permet-
tent d'étudier l'infection et le parasite: selon l'isolât de
Mise en évidence du trypanosome
trypanosomes et l'espèce animale, on peut reproduire
par examen du sang
des modèles d'infection aiguë (chinchilla), subaiguë
(uniquement au stade aigu)
ou chronique avec lésions cardiaques (souris).
• EXAMEN A FRAIS, GOUTTE ÉPAISSE, FROTTIS
• SONDES A D N ET P C R
D a n s l'examen à frais, il faudra veiller à ne pas
confondre T. cruzi et T. rangeli, c e dernier n'étant pas Ces méthodes sont à l'étude sur le terrain. Des
pathogène (voir chapitre 10). sondes spécifiques de T. cruzi sont connues et
publiées et on connaît les séquences à amplifier. Il
• MÉTHODES DE CONCENTRATION
s'agit, dans le cas de la P C R , d'un tel gain de sensibi-
"Buffy coat" suivi d'un examen in situ selon W o o lité sur les méthodes traditionnelles que la surveillance
(voir chapitre 19) ou entre lame et lamelle; des sangs de transfusion ne devrait plus pouvoir s'en
passer.
Méthode de Strout : on laisse coaguler dans un
tube 5 ml de sang; après rétraction du caillot, le sérum
décanté est centrifugé; on examine alors à frais le culot Sérologie
où sont concentrés les trypanosomes (les parasites,
Au stade aigu, la sérologie reste pratiquement
sortis du caillot au cours de la rétraction, conservent
négative. Aux stades indéterminé et chronique, les
leur mobilité dans le sérum).
méthodes sérologiques fournissent un appoint impor-
• XÉNODIAGNOSTIC tant, tant pour le diagnostic que pour le dépistage et
les enquêtes de prévalence.
Il consiste à faire se nourrir des triatomes élevés
au laboratoire sur le patient suspect et à disséquer les Le nombre de fractions antigéniques connues est
insectes ou examiner leurs déjections à intervalles d'environ 30, se répartissant entre A g somatiques et A g
réguliers pendant 60 jours après le repas sanguin. O n de surface (l'antigène variable semble peu important).
utilise de préférence des nymphes parce que leur cuti-
Les tests utilisés peuvent être regroupés d'après
cule moins chitinisée que chez l'adulte permet la prise
la préparation antigénique utilisée. Les méthodes sont
de repas sanguins plus abondants. La multiplication
décrites au chapitre 19.
des parasites dans l'intestin procure un enrichissement
"biologique".
• ANTIGÈNE FIGURÉ (PARASITES INTACTS)
La sensibilité de l'examen est de 100 p.100 au
L'immunofluorescence indirecte avec un anti-
stade aigu et d'environ 50 p.100 au stade chronique.
gène de culture (formes épimastigotes) ou de formes
• MISE EN CULTURE tissulaires (coupes de tissus d'animaux infectés expéri-
mentalement) a une sensibilité d'environ 98 p.100.
C'est la méthode la plus sensible pour le dia-
Les réactions croisées avec les leishmanies rendent
gnostic parasitologique, utilisant divers milieux
nécessaire la titration des anticorps sur les deux antigè-
(décrits au chapitre 19), comme le "Brain Heart Infu-
nes de genre.
sion", le Tobie ou le "kit for in vitro isolation" (KIVI®).
L'agglutination directe avec des épimastigotes
L'adaptation facile de ce trypanosome en culture
traités à la trypsine et fixés au formol offre la possibilité
sur milieux semi-synthétiques, dont la composition
de détecter des lgC et des I g M séparément par traite-
modèle est le G L S H , permet la production facile de
ment secondaire du sérum au dimercapto-éthanol.
grandes quantités d'épimastigotes. Ces cultures massi-
ves fournissent la matière première pour la fabrication
• ANTIGÈNE SOLUBLE (EXTRAIT TOTAL DE T. CRUZI )
des antigènes servant aux tests sérologiques.
Le test de fixation du complément avec A g de
• INOCULATION AUX ANIMAUX DE LABORATOIRE culture purifié par délipidation donne 75 à 95 p.100
Les jeunes rats, souris, chinchillas, singe Aotus de sensibilité. La titration des anticorps est nécessaire
présentent de très longues périodes prépatentes et pour éliminer les réactions croisées avec des leishma-
développent des parasitémies très basses quand ils nies.

98
Trypanosoma cruzi Chapitre 9

La précipitation en gel avec un antigène soluble Figure 9-7


révèle la présence de plusieurs systèmes précipitants.
En analyse immuno-électrophorétique, le repérage du Immuno-électrophorèse dans
trait de précipitation numéroté en position 5 est parti- l'infection par T. cruzi
culièrement précieux car il correspond à la reconnais- Immuno-électrophorèse montrant les
sance par le sérum du patient, d'un antigène spécifique composants antigéniques de T. cruzi gt
de T. cruzi. Les réactions croisées avec les antigènes les arcs de précipitation qu'ils induisent.
L'arc n°5, indiqué sur le document, est
communs partagés avec d'autres genres et espèces de
spécifique de T. cruzi.
la famille des Trypanosomatidae , dont les leishmanies,
sont donc exclues. Ceci équivaut pratiquement à un 1. Immuns sérums réagissant contre T.
brucei (T. b.), T. cruzi (T. c.) et L.
diagnostic de certitude (figure 9-7).
donovani( L. d.)
2. Sérums de patients réagissant con-
Fractions antigéniques purifiées
tre T. cruzi.

U n test d'hémagglutination indirecte utilisant Document D. Le Ray.


comme Ag une fraction glycoprotéique ou polysaccha-
ridique est commercialisé par les laboratoires
Hoechst. Les réactions croisées avec les leishmanies
rendent nécessaire la titration.

Des fractions purifiées de T. cruzi ont aussi été 3.10 Traitement


proposées dans des tests ELISA et d'agglutination de
Dérivé du nitrofurane. Nifurtimox (Lampit®): 10
particules de latex.
mg/kg/jour (15 mg chez l'enfant), pendant 60 à 90
Peptides synthétiques ou recombinants jours.

Groupe des nitro-imidazoles. Benznidazole


Divers antigènes de T. cruzi ont été clonés: clo- (Rochagas®, Radanil®): 5 à 10 mg/kg/jour pendant 30
nes 1, 2, 30, 36, SAPA ("shed acute phase antigen"); les à 60 jours. Des études expérimentales chez le lapin ont
séquences géniques responsables ont été identifiées et montré que ce produit tue le trypanosome mais
les peptides décrits d'après la séquence nucléotidique n'arrête pas le développement des lésions myocardi-
(24 à 60 acides aminés) ont pu être synthétisés. ques.

Le test ELISA, utilisant 5 peptides synthétiques L'atténuation des symptômes de la phase aiguë
correspondant à des épitopes des principaux antigènes, est généralement obtenue et la guérison (stérilisation
permet d'analyser plus finement la réponse de l'hôte à du sang et des tissus) est possible. A la phase chroni-
l'infection naturelle. Les sérums testés, positifs en IFI que, aucune cure complète n'a été prouvée parasitolo-
sur épimastigotes, ont donné 96 p.100 de résultats giquement.
positifs avec l'épitope n° 2 à une dilution dépassant 1/
100. 3.11 Données épidémiologiques

En utilisant le "Dot blot immuno-assay", 100


Distribution géographique
sérums de patients (45 avec symptômes cliniques Les cycles à l'intérieur des réservoirs animaux
divers et 55 en phase indéterminée) ont pu être testés existent entre le nord de la Californie et le sud de
sur 8 peptides recombinants. Tous les sérums de cha- l'Argentine et du Chili. La maladie est transmise à
gasiques étaient positifs en IFAT, 95 p.100 d'entre eux l'homme dans les pays d'Amérique centrale et d'Amé-
réagissant avec un ou plusieurs peptides: 88 p.100 rique du Sud, entre le nord du Mexique et les régions
avec les clones 1 et 2, 78 p.100 avec le clone 13. Des nord du Chili et de l'Argentine. L'infection est présente
différences de réactivité avec les clones 13, 30 et SAPA partout où le biotope (température et humidité, alti-
ont été observées entre patients symptomatiques et tude) permet le développement du vecteur.
asymptomatiques.
L ' O M S (1991) mentionne 100 millions de per-
Les recherches de cet ordre se poursuivent dans sonnes exposées et 16 à 18 millions de sujets parasités.
le but d'analyser la réponse immune vis-à-vis des diffé- Les pays indemnes sont la Guyane, le Surinam et
rents constituants antigéniques de T. cruzi. les îles de la mer des Caraïbes.

99
Chapitre 9 TRYPANOSOMA CRUZI ET LES STERCORARIA LA MALADIE DE CHAGAS

Origines possibles de l'infection • EN ZONE URBAINE

pour l'homme Dans les "favellas" en périphérie des grandes vil-


les qui rassemblent 70 p.100 de la population du con-
Elles sont multiples.
tinent, les réduves pullulent car elles trouvent un
Les formes métacycliques d'un réduvidé passent habitat à leur convenance dans les maisons faites
à travers la peau abîmée (excoriations, lésions de grat- d'assemblages rudimentaires de matériaux hétérocli-
tage, blessures) ou par voie transmuqueuse au voisi- tes. Le réservoir de trypanosomes y est présent chez les
nage de la piqûre, souvent autour des lèvres ou des rongeurs et animaux domestiques.
yeux ("Kissing bug"). C'est le grattage qui a m è n e le La transmission y est aussi congénitale et trans-
trypanosome au contact de la porte d'entrée: lésion fusionnelle. La prévalence chez la femme enceinte va
cutanée, conjonctive. La muqueuse buccale peut aussi de 6 p.100 (Argentine) à 51 p.100 (Bolivie) et de 5 à
être traversée (voie "digestive"). 10 p.100 (Brésil) à 1 à 7 p.100 (Argentine). Près de 20
p.100 des donneurs de sang sont séropositifs pour T.
Les formes sanguicoles d'un sujet infecté peu-
cruzi dans les villes de zones endémiques mais m ê m e
vent être transmises par transfusion sanguine (les para-
les centres de transfusion des grandes villes en dehors
sites pouvant survivre plusieurs semaines dans du sang
de la zone endémique, c o m m e Santiago, Rio ou Sâo
réfrigéré) ou par voie transplacentaire (maladie de
Pâulo, ont détecté 0,5 à 2 p.100 de porteurs d'anti-
Chagas congénitale).
corps parmi les donneurs. Or, un million de transfu-
O n avance les chiffres de 0,5 à 2 p.100 de nou- sions sont données par an en Argentine et quatre
veaux-nés contaminés chez des mères ayant la mala- millions au Brésil.
die de Chagas et jusqu'à 10 p.100 au Brésil, dans une
enquête à Bahia. Prévalence

Les formes sanguicoles ou tissulaires d'animaux En Argentine, les enquêtes sérologiques ont indi-
peuvent contaminer la nourriture (sécrétions d'opos- qué que 6 p.100 des recrues militaires étaient porteurs
sums envahissant les habitations). Expérimentalement, de l'infection.
les chats s'infectent en mangeant des souris infectées Par extrapolation, à partir d'une enquête sérolo-
(la pénétration des trypanosomes s'effectue au niveau gique de 1960, on estime à plus de 10 millions le
des muqueuses buccales). nombre de porteurs de T. cruzi. Parmi les porteurs, 1

L'importance de la transmission sexuelle n'est p.100 auraient des symptômes susceptibles d'attirer
l'attention du clinicien. La mortalité parmi les patients
pas précisée. Des trypanosomes ont été observés dans
diagnostiqués a été estimée à 5 à 10 p.100 en période
les urines d'animaux sauvages de même que dans
aiguë et à 34 p.100 en période chronique, tandis que
leurs testicules et dans le sperme.
l'incapacité de travail due à la maladie chronique
serait d'environ 10 p.100.
La transmission à l'homme

• EN ZONE RURALE Variations du pouvoir pathogène


et circulation des zymodèmes
Les conditions socio-économiques favorisent le
contact étroit avec les réduves. L'identification de plusieurs types iso-enzymati-
ques (zymodèmes) a permis l'étude de la distribution
Chez l'insecte, parmi les facteurs qui favorisent
de "souches" de T. cruzi entre les différents pays et
la transmission, on peut citer les habitudes physiologi-
régions géographiques.
ques d'alimentation et de défécation, le degré
d'anthropophilie, l'adaptation à la colonisation des RAPPEL.

habitations, la sensibilité à l'infection, la résistance Le zymodème est une population de parasites appartenant
à un type enzymatique donné.
aux insecticides, la densité des colonies, la présence
d'hôtes réservoirs... La maladie peut varier dans sa gravité d'une
région géographique à l'autre: fréquence et sévérité
D e plus, la disponibilité des animaux réservoirs
des cardiopathies, sévérité des lésions intestinales, fré-
et leur mobilité, le pouvoir infectant (variable) des sou-
q u e n c e et longueur des épisodes aigus.
ches de T. cruzi et la viabilité (inconnue) des formes
parasitaires ingérées par le vecteur influencent l'effica- A u Vénézuela où les dilatations de viscères
cité de la transmission. ("mégas") n'existent pas, le z y m o d è m e Z 1 est prédo-

100
Le sous-genre Endotryponum Chapitre 9

minant tandis que Z 3 est rare. En Amazonie brésilienne Il faut éloigner les animaux domestiques et éviter
où on observe surtout des infections sylvatiques avec la présence d'animaux familiers dans la maison. Ils
des cas humains sporadiques, les deux zymodèmes Z I augmentent la population de réduves et la plupart
et Z3 sont retrouvés. A u Brésil central et oriental constituent, en plus, un réservoir de parasites.
(régions côtières) où les "mégas" sont fréquents, on
trouve le zymodème Z2. Contrôle des transfusions
En Bolivie en dessous de 1.000 mètres d'altitude,
Le dépistage sérologique des donneurs s'impose
les cardiopathies sont bénignes et les "mégas" rares
(nécessité d'étudier sensibilité et spécificité des diffé-
(région de Santa Cruz) tandis qu' entre 1.500 et 3.000
rentes réactions utilisées).
m, on rencontre des cardiopathies sévères et des
lésions digestives fréquentes (région de Cochabamba). L'addition de violet de gentiane à la concentra-
tion de 1/4.000 tuerait les trypanosomes en 24 heures
Cependant, on n'a toujours pas pu rattacher à
sans nuire à la conservation des érythrocytes (colora-
des zymodèmes particuliers les tropismes digestifs ou
tion bleue transitoire des tissus chez le receveur).
cardiaques, pas plus que la présence ou l'absence de
pathogénicité. U n e des difficultés de ces études réside
Immunisation préventive
dans le fait que de nombreux malades sont infectés par
deux ou plusieurs zymodèmes. Or, il n'est pas certain A u cours d'essais, des protections partielles ont
que les essais d'isolement à partir d'un patient permet- été obtenues dans des modèles expérimentaux: infec-
tent le développement de toutes les souches (clones, tion par souches atténuées, injection de fractions anti-
populations) dont il est porteur. géniques solubles, infection par espèces
Les zymodèmes se distribuent aussi de manière antigéniquement apparentées (Herpetosoma samuel-
différente dans le réservoir animal: le zymodème Z2, pessoai ).
par exemple, est plus fréquemment retrouvé chez
l'homme ou les animaux domestiques, tandis que les 4. Le sous-genre ENDOTRYPANUM
zymodèmes Z I et Z3 infectent préférentiellement les
animaux sauvages et les vecteurs sylvatiques...
Mesnil et Brimont 1908

3.12 Méthodes de contrôle Parasites-flagellés intraglobulaires des Edentés


Pour les mesures à prendre contre le vecteur, on c o m m e l'armadillo (Choloepus dactylus).
se reportera au chapitre 20.
U n e seule espèce: T. schaudini. D e petite taille
avec kinétoplaste situé aux environs du noyau, il est
Réduction du réservoir de parasites
cultivable sur milieu d e T o b i e ou N N N (forme épimas-
Le traitement des individus infectés, en vue d'une tigote). Il est transmis par Lutzomyia sp., avec infection
réduction du nombre de trypanosomes circulant dans de tout le tube digestif de l'insecte et attachement de
le sang, n'a aucun impact épidémiologique vu l'impor- formes trypomastigotes infectantes à la paroi de
tance du réservoir animal. l'ampoule rectale.
Chapitre 9 TRYPANOSOMA CRUZI ET LES STERCORARIA LA MALADIE DE CHAGAS

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102
Trypanosoma
Les trypanosomiases africaines
brucei et les salivaria
10
Introduction
Les rryponosomiases
africaines humaines er
animales
Classification
Ordonnance du chapitre
Tryponosomo brucei
Introduction geois, sont atteints par ces parasitoses qui, m ê m e si brucei
Historique
elles ne tuent pas l'animal a u cours d ' u n e infection
A l'intérieur du genre Trypanosoma, les "saliva- Tryponosomo brucei
aiguë, e m p ê c h e n t son engraissement et sa reproduc-
ria" regroupent les trypanosomes dont les formes méta- gombiense
tion a u cours d ' u n e m a l a d i e chronique. Les vecteurs
cycliques infectantes se trouvent dans les glandes Tryponosomo brucei
sont pour certaines, la glossine (figure 10-1) et pour
salivaires o u dans les pièces buccales (trompe) de rhodesiense
d'autres, des m o u c h e s hématophages c h e z qui le para-
l'insecte vecteur ("anterior stage"). Les parasites sont Synrhèse concernant
site ne séjourne pas longtemps (transmission mécani- les sous-espèces d e T. (T.)
injectés par la trompe à travers la p e a u a v e c la goutte
que). brucei.
de salive qui empêche la coagulation du sang à
l'endroit d e la piqûre. Ils c o m p r e n n e n t c i n q sous-gen- 6. Synrhèse générale
res: Trypanozoon, Duttonella, Nannomonas, Pycno- Classification Bibliographie
monas et Tejeraia.
FIGURES
Seul le sous-genre Trypanozoon comporte, outre Le sous genre Trypanozoon
10-1 Mouche rsé-rsé (genre Glos-
des espèces infectantes pour les animaux, deux espè- sina')
c e s infectantes pour l ' h o m m e c h e z qui elles provo- Il est constitué de trypanosomes sanguicoles 10-2 T. (T.) brucei er sous-espè-
ces. rrypomasrigores san-
q u e n t la m a l a d i e du sommeil. Les autres sous-genres polymorphes (forme longue et forme courte o u trapue),
guicoles
c o m p r e n n e n t des espèces qui infectent les a n i m a u x a v e c flagelle libre facultatif et kinétoplaste petit et e n 10-3 T. (D.) vivox, T. (N.) congo-
sauvages et domestiques et ne sont jamais infectantes position subterminale (postérieur) (figure 10-2). Les lense er T. (T.) rhodesiense
10-4 Trypanosoma congolense,
pour l ' h o m m e mais p e u v e n t avoir des répercussions espèces d e c e sous-genre, T.(T.) brucei et ses sous-espè- forme sanguicole
indirectes importantes pour sa santé. ces, T.(T.) evansi et T. (T.) equiperdum, impossibles à 10-5 Trypanosoma rangeli,
forme sanguicole
distinguer morphologiquement les unes des autres, dif-
10-6 T. (T.) brucei er sous-espè-
Les trypanosomiases humaines fèrent par des caractères biologiques et nosologiques. ces, épimasrigores du pro-
africaines venrricule
10-7 Schéma du cycle de T. (T.)
brucei
Elles sont répandues dans 3 6 pays sub-sahariens 10-8 Galerie forestière (gîte
et 50 millions de personnes courent le risque de con- habiruel de G. poipalis)
tracter la maladie. Le n o m b r e d e n o u v e a u x cas enregis- 10-9 Signe de Winterbotrom
10-10 Fréquence relative des
trés c h a q u e a n n é e est d e l'ordre d e 2 5 . 0 0 0 mais c e signes cliniques
n o m b r e est largement sous-estimé, à cause d e la préca- 10-11 T. b. gambiense en goutte
rité des services m é d i c a u x c o u v r a n t les zones rurales épaisse
10-12 Schéma de dépistage
o ù la m a l a d i e sévit à l'état e n d é m i q u e . Le vecteur est classique
u n e m o u c h e piqueuse du genre Glossina ( m o u c h e tsé- 10-13 Schéma de dépistage
tsé ). amélioré
10-14 Microscopisres au cours
d'une scéance de dépis-
Les trypanosomiases animales tage actif
10-15 T. b. rhodesiense en frottis
er dans le sang non coloré,
Leur influence sur la p r o d u c t i o n de v i a n d e est
ou conrrasre de phase
considérable. Elles ont un intérêt é c o n o m i q u e impor-
tant et u n e influence indirecte sur la santé publique e n Figure 10-1
d i m i n u a n t la quantité d e protéines disponibles. Les
bovins, porcs, moutons, chèvres, principales sources Mouche tsé-tsé (genre Glossina)
d e protéines animales par l'élevage industriel o u villa- Trompe piqueuse, ailes e n ciseaux au repos, a b d o m e n à bandes sombres

103
Chapitre 10 TRYPANOSOMA BRUCEI ET LES SALIVARIA LES TRYPANOSOMIASES AFRICAINES

T.(T.) brucei et ses sous-espèces (T.b.brucei,


T.b.gambiense et T.b.rhodesiense) sont transmis par un
diptère du genre Clossina (figure 10-1) dont ils coloni-
sent le tube digestif et les glandes salivaires. Ces mou-
ches sont hématophages dans les deux sexes et ont un
rôle actif dans la transmission. Elles piquent de jour,
sont attirées par les couleurs sombres et leur durée de
vie est de l'ordre de trois mois. Leur distribution géo-
graphique est restreinte à l'Afrique.

T. (T.) evansi est transmis au bétail, aux chevaux


Figure 10-2 et aux chameaux par des mouches piqueuses autres
que les glossines (Tabanidae) de même que par des
T. (T.) brucei et sous-espèces, trypomastigotes sanguicoles
chauve-souris hématophages en Amérique du Sud. T.
1. Forme longue ("slender form") et forme courte ("stumpy form")
(T.) equiperdum n'a pas d'hôte invertébré (transmis-
voisinent dans le sang (coloration au Giemsa).
sion sexuelle chez les chevaux). Ces deux dernières
2. Forme longue et forme courte au fort grossissement (coloration au
espèces débordent largement des régions à glossines et
Giemsa).
sont cosmopolites. Leur morphologie est semblable à
3. Dessin montrant les principaux caractères morphologiques du
parasite. Chez les formes longues: le petit kinétoplaste, le noyau celle de T. brucei mais elles sont monomorphes (for-
central, la membrane ondulante et le flagelle libre. Chez les formes mes longues uniquement).
courtes: le petit kinétoplaste, le noyau déplacé vers l'arrière, la
membrane ondulante et l'absence de flagelle libre.
Le sous-genre Duttonella

Les trypanosomes ont une forme de massue ou


de gourdin, avec extrémité postérieure arrondie et
large, le corps se rétrécissant vers l'extrémité anté-
rieure (figure 10-3). Le kinétoplaste est volumineux,
arrondi et en position terminale; la membrane ondu-
lante peu développée, étroite, se termine en flagelle
libre. T. (D.) vivax et T. (D.) uniforme, espèces parasites
des ruminants sauvages et domestiques, s'adaptent dif-
ficilement aux rongeurs de laboratoire. Transmis par
les glossines, ces trypanosomes colonisent exclusive-
ment la trompe et le proventricule (dans l'estomac, les
parasites sont digérés). La transmission est aussi possi-
ble par simple transport mécanique dans la trompe
infectée de mouches piqueuses (Tabanidae ).

Figure 10-3

T. (D.) vivat T. (N.) congolense et T. (T.) rhodesiense


Dessins montrant la diversité morphologique des trypanosomes. Taille du
parasite, morphologie de l'extrémité postérieure hébergeant le kinétoplaste,
ampleur le la membrane ondulante, position du noyau, présence ou absence
d'un flagelle libre.

104
Inrroducrion Chapitre 10

Figure 10-4

Trypanosoma congolense,
forme sanguicole
Ces trypanosomes sont de petite taille,
avec extrémité postérieure arrondie,
kinétoplaste en position marginale,
membrane ondulante étroite. Ils n'ont
pas de flagelle libre.

Le sous-genre Nannomonas trouvent dans les glandes salivaires aussi bien que dans
l'intestin postérieur du vecteur (réduvidés). Chez
Trypanosomes de petite taille (8 à 24 pm), ils l'insecte, la morphologie est très polymorphe (épimas-
n'ont de flagelle libre à aucun stade de leur développe- tigotes de 20 à 100 |im!).
ment. Le kinétoplaste de taille moyenne se trouve en
position subterminale ou marginale. L'extrémité posté-
T. (T.) rangeli est un trypanosome non pathogène
rieure est arrondie et la membrane ondulante étroite.
pour l'homme que l'on trouve dans certaines régions
La pathogénicité est importante pour le bétail, le porc
d'Amérique latine chez les mêmes vecteurs et les
et le chien en Afrique. Le développement chez la glos-
mêmes réservoirs que T. (S.) cruzi. Sa longueur est en
sine prend place dans l'estomac et le proboscis exclu-
moyenne de 30 pm, le kinétoplaste est peu volumi-
sivement. Les principales espèces sont T. (N.)
neux et situé à quelque distance de l'extrémité posté-
congolense et T. (N.) simiae (figures 10-3, 10-4).
rieure. Le noyau est déplacé vers l'avant. Il se trouve
dans le sang de l'homme mais pas dans les tissus. Il
Le sous-genre Pycnomonas
n'existe pas d'immunité de protection croisée entre T.
Ces trypanosomes monomorphes sont trapus, cruzi et T. rangeli. (figure 10-5)
avec flagelle court, kinétoplaste petit et subterminal. Le
développement chez le vecteur (glossine) prend place
R e m o r q u e importante
dans l'estomac et les glandes salivaires. T. (P.) suis en
est la seule espèce importante.
Vu sa répartition géographique, le problème du diagnostic différentiel se
Le sous-genre Tejeraia pose tant en clinique que dans les enquêtes de prévalence de la maladie de
Chagas. En fait, T. rangeli est très différent de T. cruzi dans le sang de l'hôte
C e sous-genre a été créé spécialement pour clas- vertébré. Chez l'insecte, par contre, la distinction est plus subtile (on peut
ser T. (T.) rangeli dont les formes métacycliques se trouver plus de 10 p.100 de réduves infectées).

Figure 10-5

H Trypanosoma rangeli,
forme sanguicole
Deux exemplaires de ce trypanosome
non pathogène qui brouille les pistes
d'observation de T. cruzi. Cette forme
4** trouvée dans le sang de l'homme et
t \ d'animaux réservoirs de T. cruzi s'écarte
notablement de ce dernier par sa mor-
phologie : kinétoplaste de taille moyenne
et situé à distance de l'extrémité posté-
rieure, noyau déplacé vers l'avant, mem-
brane ondulante et flagelle libre bien
développés, pas de forme en croissant.

105
Chapitre 10 TRYPANOSOMA BRUCEI ET LES SALIVARIA LES TRYPANOSOMIASES AFRICAINES

Ordonnance du chapitre (groupe morsitans); G. brevipalpis, G. medicorum


(groupe fusca); G. tachinoides, G. palpalis, G. fuscipes
Les descriptions qui suivent sont regroupées
(groupe palpalis).
d'après les sous-genres. O n y trouvera les principales
espèces et sous-espèces qui infectent l'homme. Les 1.3 Distribution géographique
caractères des sous-genres et espèces infectant
l'homme ou l'animal sont résumés dans un tableau en Le parasite a été isolé chez des glossines du
fin de chapitre. Nigeria, du Burkina Faso, de Tanzanie, du Burundi et
du Zululand, mais l'aire géographique de sa distribu-
tion est sans doute beaucoup plus grande, vu le grand
1. TRYPANOSOMA (TRYPANOZOON) nombre d'espèces de glossines trouvées infectées dans
BRUCEI BRUCEI la nature.
Plimmer et Bradford 1899 L'infection a été identifiée chez de nombreuses
espèces animales dans tous les pays où existent des
C'est un trypanosome africain polymorphe non glossines. Les observations sont rendues laborieuses
infectant pour l'homme. par les parasitémies basses existant chez la plupart des
animaux examinés (tant sauvages que d'élevage).
1.1 Morphologie chez l'hôte vertébré
1.4 Cycle et mode de transmission
La forme trypomastigote est polymorphe et se
L'infection de la glossine aboutit à l'infection de
présente sous deux aspects: la forme longue ("slender
la totalité de son tube digestif y compris les glandes
form") et la forme courte ("stumpy form"). La forme
longue de 25-35 pm sur 2-3 pm présente un petit salivaires (figure 10-7).
kinétoplaste subterminal, une membrane ondulante
Remorque
bien développée, un flagelle libre, une extrémité pos-
térieure pointue et un noyau central. La forme courte Pour identifier l'infection chez une glossine, on doit, au minimum (Char-
de 14-22 pm sur 4-5 pm de large n'a pas de flagelle dome et Peel 1967)
libre mais possède tous les autres caractères de la - avoir une description morphologique des parasites provenant de l'esto-
forme longue (figure 10-2). mac, des pièces buccales et des glandes salivaires;
- connaître la morphologie précise des métacycliques et la comparer avec
1.2 Hôtes celle des formes sanguicoles d'animaux infectés;

Les hôtes vertébrés sont les animaux domesti- - pouvoir transmettre l'infection à partir de glossines sauvages sur des ani-
ques (bovins, mouton, chèvre, cheval, chameau, maux réceptifs et à partir de ceux-ci à des glossines élevées en labora-
toire.
chien) et sauvages (antilope, buffle, etc...). L'homme
est réfractaire à l'infection (effet létal du sérum humain Ceci explique la rareté des observations péremptoires publiées...
sur le trypanosome). Avec les techniques modernes (sondes nucléiques, anticorps monoclo-
naux), on peut actuellement, au laboratoire, identifier les espèces de trypa-
Les hôtes invertébrés trouvés infectés dans la nosomes avec leur localisation anatomique précise chez les glossines
nature (voir plus loin les difficultés de ces études) sont: capturées (proventricule, estomac, glandes salivaires...). Ces méthodes ne
Clossina morsitans, G. submorsitans et G. pallidipes sont pas encore utilisées en routine mais cela ne devrait pas tarder.


Figure 10-6

T. (T.) bruceiet sous-espèces, épi-


mastigotes du proventricule
(chez le vecteur)
1. Formes en division. Kinétoplaste
juxta-nucléaire caractéristique de
O ' @@i a
l'épimastigote. r r ~ J \ t-A

2. Dessin montrant le résultat de la


division rapide: la formation de
rosaces d'épimastigotes.
§ m *
rfo ~ * 1

106
Trypanosoma (Trypanozoon) brucei brucei

La détermination d ' u n taux d'infection des glossi-


nes sauvages par T. brucei est rendue difficile par
l'infection simultanée par d'autres trypanosomes (parti-
c u l i è r e m e n t T. vivax et T. congolense.). Il y a aussi,
alors, invasion d u tube digestif et des pièces buccales
mais les glandes salivaires sont épargnées.

C o n c e r n a n t le c o m p o r t e m e n t de T. brucei chez
la m o u c h e , Laveran écrivait e n 1912: "Présents au
début c h e z toutes les mouches, les flagellés n'existent estomac
plus q u e dans 8 p.100 environ après 6 o u 7 jours; il y a
trypomastigote
c h e z ces 8 p.100 un d é v e l o p p e m e n t considérable dans
tout l'intestin qui persiste j u s q u ' à la mort d e l'insecte. allongé

O n ne trouve pas d'infections d e la trompe. U n e fois sur procyclique


deux, on en trouve dans le proventricule, c'est là q u e
s ' a c c o m p l i t le d é v e l o p p e m e n t . A partir du 2 5 è m e jour,
on observe des trypanosomes dans les glandes salivai-
res, c'est seulement là q u ' o n retrouve les formes sangui-
coles, surtout la f o r m e trapue. O n ne sait c o m m e n t . s e
fait l'invasion des glandes salivaires. Il y a u n e corréla-
tion parfaite entre i'infectivité des mouches et la pré-
sence des trypanosomes dans les glandes salivaires".

O n n'a pas fait d e progrès marquants depuis ces


observations: le proventricule est la p l a q u e tournante le repas infectant devra être le premier repas san- Figure 1 0-7
d e l'infection mais on ne c o n n a î t pas le c h e m i n suivi guin d e son existence. Ensuite, la solidification
pour atteindre les glandes salivaires. Il s e m b l e q u e la d e la m e m b r a n e péritrophique rendra impossible S c h é m a du cycle de ^ brucei

seule v o i e possible pour le t r y p a n o s o m e soit de des- le passage d u parasite;


c e n d r e j u s q u ' a u bout d e la t r o m p e pour pénétrer dans
elle devra se nourrir régulièrement (au moins
l'hypopharynx par son extrémité et remonter ensuite
toutes les 48 heures) pendant le c y c l e d e multi-
j u s q u ' a u x glandes salivaires.
plication des épimastigotes (apport d'énergie);
C h e z la glossine, le d é v e l o p p e m e n t v a se dérou-
elle d e v r a survivre plus d e 20 à 2 5 jours car c e
ler en plusieurs étapes (tableau 10-1 ). Tableau 10-1
n'est q u ' à partir de c e m o m e n t qu'apparaissent
Les formes courtes qui se trouvent éventuellement les formes métacycliques dans les glandes sali- stades de Trypanosoma brucei(el
dans le sang d e l'animal se transforment dans l'estomac va ires.
sous espèces) au cours du cycle
d e la m o u c h e e n formes procycliques, trypomastigotes
allongés à kinétoplaste situé à moitié c h e m i n entre Localisation Morphologie Fonction
l'extrémité postérieure et le n o y a u et dépourvus d'anti-
gène d e surface. Il faut noter à c e sujet q u e l'infection Sang de l'hôte vertébré Trypomastigotes Multiplication, envahissement du sang
de la glossine est plus facile si le repas sanguin est pris
(Formes longues) et des tissus de l'hôte
a u début d e l'infection c h e z l'hôte vertébré. Trypomastigotes Capables d'évoluer chez la glossine
(Formes courtes)
La multiplication des formes p r o c y c l i q u e s a lieu
dans l'estomac, dans le proventricule, dans l'hypopha- Estomac de la glossine Trypomastigotes à Multiplication dans l'espace ecto-
rynx e n route vers les glandes salivaires. D a n s les glan- kinétoplaste avancé péritrophique 3
des salivaires elles-mêmes, la multiplication se
(tryp. procycliques)
poursuit sous f o r m e épimastigote (figure 10-6). Proventricule Epimastigotes Multiplication
D e n o u v e l l e s formes métacycliques, infectantes Glandes salivaires Epimastigotes Multiplication
pour l'hôte vertébré, sont formées à partir des généra-
tions d'épimastigotes se s u c c é d a n t dans les glandes Trypomastigotes Arrêt de la multiplication, attente
salivaires. (tryp. métacycliques)
a. la membrane péritrophique est constituée par la solidification (polymérisation) d'un film
Pour p o u v o i r transmettre le trypanosome, la glos-
muqueux sécrété dans l'estomac de la glossine autour du sang ingéré lors des premiers repas.
sine devra remplir plusieurs conditions: L'espace ecto-péritrophique est compris entre cette membrane et la paroi de l'estomac.

107
Chapitre 10 TRYPANOSOMA BRUCEI ET LES SALIVARIA LES TRYPANOSOMIASES AFRICAINES

1.5 Pouvoir pathogène oedème de la face, incontinences, maladresse des


mouvements, accès narcoleptiques ... Puis les descrip-
L'infection est aiguë, souvent mortelle chez le tions cliniques s'affinent, surtout à partir de 1840, sous
chameau et le chien. Elle est plus légère chez le porc, l'influence de Clarke en Sierra Leone, de Corré au
le mouton, la chèvre qui sont rarement trouvés infectés Sénégal et de Guérin à la Martinique: céphalées, pru-
naturellement. Chez les bovins il existe, suivant les rit, changement de comportement, oedème des pau-
races, une résistance non négligeable à l'infection. La pières et ptosis, appétit capricieux, disparition de la
maladie est appelée "nagana" et sévit dans toute l'Afri- libido, démarche incertaine, convulsions, sommeil
que tropicale. Elle est surtout marquée par une ané- léthargique, apathie extrême, mouvements choréifor-
mie, une hyperplasie lymphoïde, des lésions du tissu mes, hypothermie terminale sont relatés comme signes
conjonctif, des lésions testiculaires menant à l'asper- pathognomoniques.
matogenèse.
A partir de 1885, la liberté de commerce et de
1.6 Epidémiologie navigation à l'intérieur du continent ainsi que l'effort
d'occupation des territoires, avec l'établissement de
Il existe un important réservoir de parasites (ani-
comptoirs sur les voies fluviales navigables et le va-et-
maux sauvages, porcs semi-sauvages, antilopes) à par-
vient des récolteurs, trafiquants, commerçants accom-
tir duquel les mouches tsé-tsé se réinfectent pagnés de leurs caravanes à travers les zones à glossi-
régulièrement et disséminent le trypanosome. Les taux nes, précipite la dissémination et exalte la virulence
d'infection chez les mouches sont très variables selon des trypanosomes, comme d'autres germes infectieux
les études: 0,2 à 5p.100 dans les glandes salivaires. d'ailleurs. C'est l'origine de foyers nouveaux, parfois
épidémiques, comme en Ouganda autour de 1900.
Remarque importante
Les connaissances concernant le comportement
Dans les zones où T. b. rhodesiense sévit, il est encore plus difficile de faire du parasite datent du début du vingtième siècle: en
la part de T.b. brucei dans ces infections de la glossine car les deux espèces
1901, Dutton et Todd trouvent des trypanosomes dans
se retrouvent dans les mêmes organes et leur morphologie est identique.
le sang d'un européen rapatrié à Liverpool; en 1903,
Leur distinction peut se faire par l'étude de leur résistance au sérum humain
Castellani fait en Ouganda son illustre observation de
("Blood Incubation Infectivity Test") de même que par l'analyse de leurs
isoenzymes. Voir tableau de synthèse des trois sous-espèces de T. b. brucei. parasites dans le LCR et évoque le rôle de la glossine
comme transmetteur; la même année, Novy et
M c N e a l réussissent la culture in vitro sur gélose au
1. Historique d e l a m a l a d i e sang; en 1904, Schaudinn observe les alternances de
d u sommeil générations au cours des changements d'hôte entre
l'homme et la glossine; enfin, Laveran en 1912 consa-
cre aux trypanosomiases un traité de plus de mille
La maladie du sommeil est africaine, liée au
pages.
continent par l'activité d'une mouche exclusive, casa-
nière, avare de mouvements et pauvre en progéniture Côté thérapeutique, dès 1905, les arsenicaux
mais boulimique et exigeante dans ses menus. trouvent ici une nouvelle indication sous forme de
O n savait que la piqûre de la "tsé-tsé" était toxi- combinaisons d'arsenic et d'aniline (Atoxyl®) puis un
que. Livingstone en 1857 parlait de son venin et de ses détour par les colorants d'Erlich (rouge trypan et con-
effets léthargiques à long terme mais le parasite res- sorts) apportera la suramine (Bayer 205®) en 1920.
ponsable ne fut décrit qu'en 1902 chez un de ces Enfin, les sulfamides hypoglycémiants aideront à
malades, par Castellani en Ouganda. découvrir les propriétés des diamidines apparues en
1940. Pendant ce temps-là, les arsenicaux restent à
Les caboteurs aventureux du dix-huitième siècle l'honneur en permanence car ils sont les seuls à attein-
avaient observé la maladie le long des côtes. J. Atkins dre le parasite où qu'il se trouve dans l'organisme: le
parle de "sleeping distemper" en Guinée dès 1734. tryparsamide (Tiyponarsyl®), arsenical pentavalent,
Winterbottom (celui du signe) décrivant la "lethargus" détrône l'Atoxyl® vers 1920 et cédera, vers 1950, la
en 1793, mentionne, au Bénin, l'hypertrophie gan- place à l'arsobal, un trivalent encore utilisé actuelle-
glionnaire cervicale déjà connue des négriers qui ment, détoxiqué tant bien que mal par le dimercaprol
triaient leurs victimes sur cette anomalie visible. Et aux (BAL).
Antilles, à l'arrivée des esclaves, les observations clini-
ques s'enrichissent au début du dix-neuvième siècle: La lutte contre l'endémie sommeilleuse est orga-
durée d'incubation de plusieurs années parfois, nisée à grand renforts de règlements, passeports sani-

108
Trypanosoma (Trypanozoon) brucei rhodesiense Chapitre 10

taires, recensements médicaux etc... Comme actions 3.5 Pouvoir pathogène


spectaculaires autant qu'héroïques, il faut citer les
Chez l'homme, ce trypanosome provoque la
équipes mobiles de dépistage actif (sur base de recher-
maladie du sommeil (forme chronique). La maladie
che des ganglions cervicaux) mises sur pied dans les
années 30 et la pentamidinisation généralisée (une évolue en trois phases.
injection de diamidine tous les six mois à tout le
Le chancre d'inoculation
monde, à titre préventif) dans les années 50. C'est
l'attaque du réservoir de parasites. (papule érythémateuse)

Lors de la piqûre d'une glossine infectée, les


La lutte contre les glossines décourage les mieux
trypanosomes métacycliques sont déposés sous la peau
intentionnés. Les insecticides sur les troncs d'arbres
et injectés dans la circulation; la multiplication locale
dans les forêts galeries, le lâcher de mâles stériles et
provoque, après 4-5 jours, une réaction avec les anti-
plus récemment le piégeage sur grande échelle don-
corps circulants nouvellement synthétisés. O n assiste à
nent des résultats souvent sans lendemain. Le piégeage
une précipitation locale des complexes immuns provo-
fait aujourd'hui merveille dans une situation épidémi-
quant l'activation des fractions C3a et C5a du complé-
que observée en Uganda (l'histoire se répète!)...
ment et donc un appel de polynucléaires. Le relargage
des enzymes lysosomiaux de ces polynucléaires provo-
3. TRYPANOSOMA (TRYPANOZOON) quent l'induration et l'oedème. Les lésions artériolaires
et l'agrégation plaquettaire peuvent conduire à la
BRUCEI GAMDIENSE
nécrose. Il y a donc apparition d'oedème, d'érythème
avec desquamation cutanée concentrique et induration
3.1 Morphologie sous-cutanée.

Polymorphe, elle est identique à celle de T. b. L'envahissement hémo-lymphatique


brucei.
Les trypanosomes se multiplient dans le sang et
la lymphe, la parasitémie s'élève; suit une lyse de la
3.2 Hôtes
population de trypanosomes sanguicoles par les anti-
C'est essentiellement l'homme, très accessoire- corps circulants, la parasitémie s'effondre. U n e muta-
ment le porc et le chien (qui a parfois servi de modèle tion survient chez quelques trypanosomes rescapés qui
pour étudier l'évolution de la maladie). modifient la structure de leur antigène de surface (gly-
coprotéine), leur permettant d'échapper à l'action des
Les vecteurs appartiennent au groupe palpalis, anticorps. La multiplication de ces mutants (appelés
mouches hygrophiles, vivant en forêt ou le long des "variants antigéniques") va donner une deuxième
forêts galeries (figure 10-8), liées à l'ombre et à la fraî- population parasitaire qui, à son tour, subira la lyse
cheur: Clossina palpalis, G. tachynoides, G. fuscipes. immune et ainsi de suite...

3.3 Distribution géographique Les gènes responsables de la synthèse de ces dif-


férentes glycoprotéines sont connus. L'activation suc-
Elle est liée à l'écologie de G. palpalis (grande cessive de parties du génome détermine la séquence
forêt tropicale et équatoriale, savane boisée, forêts
galeries longeant les cours d'eau): Angola, Cameroun,
Figure 10-8
Congo, Côte d'Ivoire, Dahomey, Gabon, Gambie,
Ghana, Guinée, Haute Volta, Kenya (Nord), Libéria, Galerie forestière (gîte habituel
Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Soudan de G. palpai
(Equatoria), Tchad, Togo, Ouganda (Nord), Zaïre (tou-
Glossina palpalis, vecteur de T. gam-
tes les régions). L'endémie sommeilleuse se présente
biense, est tributaire de l'ombre des
en foyers, souvent situés à proximité de cours d'eau et
arbres. Elle ne s'écarte guère de son gîte
leurs forêts galeries. Le comportement du trypanosome
forestier. Ici, une forêt-galerie de la
est différent d'un foyer à l'autre, prenant parfois (Côte
savane zaïroise.
d'Ivoire) l'allure d'une infection à T. rhodesiense.

3.4 Cycle et mode de transmission

C e sont les mêmes que pour T. b. brucei


109
Chapitre 10 TRYPANOSOMA BRUCEI ET LES SALIVARIA LES TRYPANOSOMIASES AFRICAINES

des variants observés. Cette séquence, appelée réper- que le trypanosome ne jouerait que le rôle d'induc-
toire antigénique, est caractéristique d'un isolât (stock) teur.
de trypanosomes et a permis la mise au point de tests
sérologiques basés sur l'identification des variants pré- Certains lymphocytes prennent, dans les infiltrats
coces et dominants. et dans le liquide céphalo-rachidien, un aspect très
caractéristique causé par la vacuolisation du cyto-
La succession de variants antigéniques est res- plasme: les cellules de Mott. Cette vacuolisation serait
ponsable d'une succession de vagues de parasitémie. le signe d'une dégénérescence précédant la mort cel-
L'extériorisation clinique de cette parasitémie fluc- lulaire, à moins que cette transformation morphologi-
tuante est une symptomatologie grippale ou mala- que ne soit le signe d'une sécrétion augmentée d'IgM.
rienne avec fièvre irrégulière, malaise général, maux
de tête, douleurs articulaires. Il faudra répéter les exa-
mens de sang pour augmenter la sensibilité de l'exa-
Classification des malades trypanosomés
men microscopique.
Dans les trois paragraphes précédents sont
Il se forme des infiltrats périvasculaires dans les décrits les trois "périodes" ou "stades" classiquement
organes lymphatiques entraînant d'abord splénoméga- reconnus dans l'évolution de la maladie du sommeil. Il
lie et engorgement ganglionnaire (50 à 75 p.100 des est préférable de ne pas trop schématiser les étapes
cas), puis envahissement progressif et insidieux de la d'une infection qui progresse de manière continue et
plupart des organes et glissement vers la troisième d'admettre que ces stades se recouvrent partiellement.
période. En particulier, il est maintenant admis, et démontré sur
modèle expérimental, que les trypanosomes quittent
Le mécanisme de production de ces infiltrats
très tôt le système circulatoire et qu'on les retrouve en
périvasculaires est encore discuté. O u bien, ils sont le
position extravasculaire dès la deuxième semaine
résultat de l'immunité cellulaire: l'afflux d'antigène à
d'une infection chronique de 18 mois chez le rat. Le
un endroit où se trouvent déjà des cellules immuno-
seul signe objectif du stade nerveux est l'inflammation
compétentes, au préalable sensibilisées par ce même
du liquide céphalo-rachidien.
antigène, provoque une brusque multiplication de ces
cellules. O u bien, l'augmentation de la perméabilité
D'autre part, dans la pratique du contrôle de la
capillaire, provoquée par les complexes antigène-anti-
maladie, une autre classification des malades est utili-
corps formés dans la circulation par la lyse successive
sée: nouveau cas; guérison provisoire (pendant la
de populations parasitaires et circulant dans le plasma,
durée des contrôles après traitement); guérison défini-
permet la diapédèse.
tive (après deux années de suivi du LCR); ancien cas
Envahissement tissulaire extra-vasculaire (traité antérieurement et guéri).

(stade nerveux)
3.6 Diagnostic
L'espacement des poussées parasitémiques
s'accompagne d'une diminution du nombre de parasi-
Remarque importante
tes dans le sang et d'un envahissement du comparti-
ment extra-vasculaire. L'apparition de symptômes plus
caractéristiques en résulte: signes de méningo- Le diagnostic clinique de la maladie du sommeil doit toujours être confirmé
par le laboratoire.
encéphalite, de myocardite, parfois de néphrite, œdè-
mes généralisés, anémie...
La démarche diagnostique se base sur une suspi-
Les infiltrations périvasculaires sont présentes cion clinique, suivie de la mise en évidence du para-
dans tous les organes, mais le cœur et le cerveau sont site dans le sang, la lymphe ganglionnaire ou le
les plus atteints. L'encéphalite est d'ailleurs la cause liquide céphalo-rachidien. Les parasites étant généra-
des symptômes cardinaux de la trypanosomiase lement rares dans les prélèvements, la recherche
humaine africaine. Le fait que les infiltrats périvascu- d'anticorps (Ig totales anti-antigène variable) dans le
laires en couche monocellulaire dans le cerveau du sérum ou IgM non spécifiques dans le liquide céphalo-
trypanosé soient identiques aux lésions de l'encépha- rachidien sera utile en apportant une présomption sup-
lite allergique expérimentale du lapin, suggère l'hypo- plémentaire. La biochimie (protéines) et la cytologie
thèse que les principales lésions anatomo- (numération de cellules inflammatoires) du LCR per-
pathologiques, non seulement du cerveau mais aussi mettront de déterminer le stade d'évolution de la
des autres organes, seraient d'origine immunitaire et maladie.

110
Trypanosoma (Trypanozoon) brucei rhodesiense Chapitre 10

Figure 10-9

Méthodes conduisant à une présomption malade isolé) et par un observateur averti (et l'expérience dans ce Signe de Winterbottom
domaine doit s'acquérir sur le terrain, au contact de nombreux patients).
C e seront d'abord l'interrogatoire et l'examen cli- L'hypertrophie ganglionnaire est parfois
nique (recherche de signes subjectifs o u des troubles volumineuse et très superficielle. Le plus
Dans une série de plus de 300 observations (Boa
souvent, une palpation minutieuse de la
du comportement, de signes d'inflammation au niveau et a l 1988), la fréquence des signes retrouvés est indi-
région s'avère nécessaire.
des ganglions cervicaux ou de signes d'atteinte ner- quée à la figure 10-10.
1 à 3. Ganlions visibles dans la région
veuse).
cervicale postérieure de malades
C e seront ensuite les examens de laboratoire: trypanosomés
sérologie, biochimie et cytologie du LCR.
Figure 10-10
• INTERROGATOIRE DU PATIENT ET DE L'ENTOURAGE

Les plaintes sont peu nombreuses: maux de tête, Fréquence relative des signes cliniques
poussées de fièvre. L'entourage aura remarqué des
modifications du caractère: apathie (le sujet est sou- Symptômes
dain devenu "paresseux"), indifférence, hilarité ou de la maladie
du sommeil
colère injustifiées, insomnie nocturne...
hépatomégalie
• EXAMEN PHYSIQUE DU PATIENT
signes psychiatriques
O n recherchera les signes cutanés (oedèmes de
la face, trypanides difficiles à repérer sur une peau hypertonie extrapyr.
noire), les adénopathies cervicales (figure 10-9) ou sus-
déficits moteurs
claviculaires (signe de Winterbottom), les troubles sen-
soriels o u moteurs, une hyperesthésie profonde (signe splénomégalie
d e Kérandel). U n examen neurologique complet décè- tr. endocriniens
lera des signes très variés, c o m m e la rigidité extrapyra-
hyperesthésie
midale.
température
R e m o r q u e importante
mouvements invol.
Le diagnostic des trypanosomiases africaines reste très difficile à poser si on prurit
ne tient compte que des signes cliniques. Ceux-ci sont peu nombreux, peu
spécifiques et manquent dans un nombre non négligeable de cas: réfl. archaïques

- les adénopathies, qui restent le signe sur lequel se base le dépistage tra- tr. vigilance
ditionnel de la maladie à T . b . gambiense, font défaut chez plus de la moi-
céphalées
tié des malades le jour de l'examen;
- la bouffissure de la face, le faciès figé et inexpressif sont parfois évidents adénopathies
mais l'observateur doit avoir une certaine expérience pour les apprécier
correctement; 20 40 60 80 100
- les réflexes caractéristiques, "ancestraux" comme le fameux "palmo-men-
tréquence (en % )
tonnier", doivent être recherchés dans des conditions idéales (calme,

111
Chapitre 10 TRYPANOSOMA DRUCEI ET LES SALIVARIA LES TRYPANOSOMIASES AFRICAINES

• EXAMENS DE LABORATOIRE DE PRÉSOMPTION lysat de trypanosomes ( I H A : Cellognost® Behring-


werke). O n trouvera la description de ces réactions au
La sérologie
chapitre 19.
L'infection chronique par T. b. gambiense induit Dans toutes ces réactions, les antigènes sont
la production d'anticorps circulants dirigés contre plu- figurés ou solubles et les fractions antigéniques utili-
sieurs antigènes du parasite. Ces anticorps peuvent sées sont les glycoprotéines de surface, en choisissant
être détectés par des examens immunologiques prati- des variants ubiquitaires et dominants.
qués sur le sérum ou le LCR.
Remarque importante
La sélection de l'antigène utilisé dans les réac-
tions est très importante: le diagnostic le plus précoce
La sérologie permet un diagnostic précoce: en effet, des anticorps sont pro-
est réalisé avec les antigènes de surface duits dès le début de la multiplication des parasites dans la circulation
(glycoprotéines) puisque c'est par eux que le parasite hémolymphatique. Toutefois, vu la toxicité de la chimiothérapie, il sera
entre en contact avec l'hôte dès le début de l'infection. nécessaire d'avoir mis le parasite en évidence chez un suspect sérologique
Cependant, vu leur propriété de variation, il faudra avant d'instaurer la thérapeutique.
choisir un variant ou un choix de plusieurs variants
Le dosage des IgM dans le sérum
précoces (dans l'infection), dominants
( revenant plus souvent) et ubiquitaires (pré- La stimulation antigénique permanente, due à la
sentés par différents isolats de trypanosomes provenant succession des alternances multiplication/lyse, induit
de régions géographiques différentes). une production constante d ' I g M aspécifiques. Leur
concentration atteint au moins quatre fois le taux nor-
Sous forme d'antigène figuré, il s'agira de trypa-
mal, ce qui a fait de ce dosage un moyen supplémen-
nosomes fixés par le formol ou la glutaraldéhyde, en
taire de diagnostic et de dépistage.
frottis ou en suspension purifiée. La fixation rend les
antigènes somatiques (du cytoplasme) inaccessibles Le dosage des protéines et des IgM dans le LCR
aux immunoglobulines en laissant intacts les antigènes Le taux de protéines totales du L C R est significa-
de surface. Sous forme d'antigène soluble, il faudra
tivement plus élevé que les 0,32 g par litre considérés
purifier les glycoprotéines de surface par des manipu-
c o m m e la teneur normale. Le dosage des protéines se
lations biochimiques. Ces préparations antigéniques
fait soit par le couplage des protéines à un colorant
peuvent être lyophilisées, c e qui les rend aptes à une
suivi de la comparaison de la couleur obtenue à celle
distribution et une utilisation sur large échelle.
de tubes contenant des solutions connues de protéines
En choisissant un parasite non fixé (conservation ("dye-binding protein assay"), soit par floculation sous
des antigènes somatiques), on retarde le diagnostic et l'effet de l'acide trichloracétique et mesure de la hau-
les réactions croisées avec d'autres parasites sont plus teur du précipité blanc (méthode de Sicard et Canta-
fréquentes. Ces antigènes sont communs à tous les loube ).
trypanosomes d'une m ê m e espèce mais aussi à plu- D e plus, il est reconnu que, dans la maladie du
sieurs espèces. Sous forme d'antigène figuré, il s'agira sommeil, le liquide céphalo-rachidien des patients
de parasites non fixés (le plus souvent en frottis). Sous contient des IgM. C e fait est dû à une excitation per-
forme d'antigène soluble, on utilisera un broyât total manente des cellules sécrétrices d'anticorps locales
de trypanosomes. suite à la multiplication des parasites dans ie système
nerveux central. La détection des I g M se fait par préci-
La recherche d'anticorps anti-trypanosomes dans
le sérum des sujets se fait par agglutination directe pitation en gel ou par agglutination de particules de

avec des trypanosomes fixés au formol et colorés au latex.


bleu de Comassie ("Card Aggutination Trypanosomia- Les techniques de dosage des I g M (sérum, LCR)
sis Test", CATT), par immunofluorescence indirecte et des protéines (LCR) sont décrites au chapitre 19.
avec des trypanosomes en gouttes séchées sur des
Cytologie du LCR
lames multispot et fixés par le formol (IFI), par test
immuno-enzymatique avec une fraction purifiée de L'examen doit se faire sur du liquide fraîche-
glycoprotéines de surface (ELISA), par agglutination de ment prélevé. La numération des cellules de type
particules de latex sensibilisées avec une fraction puri- inflammatoire (lymphocytes et polynucléaires) par
fiée de la glycoprotéine de surface ("Latex agglutina- unité de v o l u m e se fait sur le liquide non dilué dans
tion test", LAT), par hémagglutination avec des une cellule à numération (voir chapitre 19). Les cellu-
globules rouges de mouton fixés et sensibilisés avec un les de Mott peuvent y être présentes.
Trypanosoma (Trypanozoon) brucei gambiense
Chapitre 10

O n peut tolérer dans un L C R normal jusqu'à 3 à Les microfilaires Loa ioa et Dipetaionema pers-
5 cellules par pl. tans (300 pm de long) ainsi que les gamètes mâles d e
Plasmodium (0,5 p m d'épaisseur) libérés in vitro à par-
Remarques importantes tir des gamétocytes sont mobiles dans le sang et consti-
tuent une source d'erreur pour un microscopiste non
Ces examens n'ont de sens que s'ils sont pratiqués sur un liquide de ponc- averti.
tion clair, ne contenant pas de sang, ce qui perturberait tant la teneur en pro-
téines que le nombre de cellules! Examen à frais de sang clarifié
(Van Meirvenne et Busscher, 1989)
Dans la trypanosomiase, une altération du liquide céphalo-rachidien indique
U n e lyse partielle des érythrocytes est obtenue
le début de la phase "nerveuse" (méningo-encéphalitique) de la maladie. Cet
en mélangeant une goutte de sang héparine avec une
examen déterminera la longueur et les modalités du traitement à mettre en
oeuvre. goutte d e solution à 1 p.100 d e dodécylsulfate d e
sodium (SDS). Cela facilite la détection de trypanoso-
Les autres examens mes restés mobiles.

L ' a n é m i e pourra être appréciée par la recherche Goutte épaisse (GE)


d e la valeur hématocrite (les tubes capillaires et la cen- N o n fixée mais défibrinée et colorée au Giemsa,
trifugeuse sur batterie font partie de l'arsenal normal du elle sera examinee à l'objectif X 1 0 0 à immersion
laboratoire de terrain). Elle progresse a v e c l'évolution (figure 10.11).
d e la maladie.
Remarque f
La leucocytose à tendance lymphocytaire et la
I
perturbation des tests inflammatoires généraux n'ont Le frottis n'est guère utile, par manque de sensibilité.
rien d e très caractéristique.
Examen de la lymphe ganglionnaire
Méthodes conduisant à une certitude Il est toujours pratiqué à frais pour tirer parti de la

L'examen microscopique permettant de consta- mobilité des parasites. Les adénopathies sous cutanées,

ter la présence du parasite se fait sur le sang, la l y m p h e souvent cervicales, sont le résultat d e l'inflammation

ganglionnaire, le liquide céphalo-rachidien ou la lymphatique généralisée provoquée par la présence in

moelle osseuse. situ des trypanosomes pendant la première période


d'évolution de la maladie. Il sera d o n c utile de ponc-
Les méthodes suivantes pourront être utilisées. tionner.

• EXAMENS SANS CONCENTRATION U n e aiguille à biseau court et d e calibre assez


important sera enfoncée perpendiculairement à la
C e sont les examens de base où les prélèvements
peau dans le ganglion hypertrophié, immobilisé entre
ne subissent a u c u n e préparation spéciale (sauf la colo-
deux doigts et malaxé pour faire monter dans l'aiguille
ration éventuelle) avant l'examen microscopique.
un peu d e suc (lymphe). Le contenu de l'aiguille est
La morphologie des trypanosomes africains alors rejeté sur une lame porte objet en y adaptant une
infectants pour l ' h o m m e est toujours la même: trypa- seringue contenant un peu d'air.
nosomes polymorphes, présentant dans le sang et les
La lymphe ganglionnaire est un liquide blanchâ-
liquides biologiques des formes courtes et des formes
tre, suspension de lymphocytes. L'examen se fera obli-
longues. Les détails morphologiques sont mieux mis en
gatoirement à frais, à l'objectif X I 0 ou X40, en
é v i d e n c e par la coloration mais l'examen à frais per-
recouvrant la préparation d ' u n e lamelle pour obtenir
met aussi d e reconnaître le parasite grâce à sa forme et
une couche fine. Un microscopiste expérimenté
à ses mouvements vifs.
découvrira les trypanosomes grâce à leurs mouvements

Examen du sang à frais dans cette purée de lymphocytes. La coloration est à


proscrire et le contraste de phase n'est guère utile pour
Il se fait extemporanément, entre l a m e et lamelle, le repérage des trypanosomes v u la densité cellulaire
à l'objectif X40. U n e goutte d e sang prise au doigt est dans c e prélèvement.
placée sur une lame porte-objet, recouverte d'une
lamelle pour obtenir un étalement régulier puis immé- Examen de la moelle osseuse
diatement examinée. Les trypanosomes sont repérés Si tout est négatif, le frottis de moelle, recueilli
grâce à leur mobilité. Ils bousculent les globules rouges par ponction sternale ou de la crête iliaque et coloré au
avoisinants. Giemsa permet parfois la découverte de parasites.
Chapitre 10 TRYPANOSOMA BRUCEI ET LES SALIVARIA LES TRYPANOSOMIASES AFRICAINES

Figure 10-11

T. b. gambiense en goutte épaisse


1 à 5. Exemplaires de T.b.gambiense dans des
gouttes épaisses.

Examen du liquide céphalo-rachidien rer trypanosomes et globules rouges par centrifugation.


La classique triple centrifugation de 10 ml de sang pré-
Au cours de la maladie, l'inflammation
levés à la veine a été abandonnée et remplacée par
méningo-encéphalitique est provoquée par la pré-
une microméthode (technique du "buffy-coat" ou de
sence de trypanosomes. Ceux-ci sont présents dans
W o o ) qui permet de centrifuger quelques gouttes de
tous les compartiments cérébraux mais surtout dans
sang pris au doigt dans un tube capillaire du type
les plexus choroïdes, formations chargées de sécréter
hématocrite et d'obtenir ainsi une séparation des diffé-
le LCR. La dilution des parasites est cependant impor-
rentes cellules et la concentration des trypanosomes
tante et leur présence n'est pas toujours mise en évi-
avec les leucocytes au niveau de l'interface érythrocy-
dence dans le produit d'une ponction lombaire non
tes - plasma (voir chapitre 19).
concentré. Leur découverte pourra être fortuite à
l'occasion d'une numération cellulaire. Centrifugation du liquide céphalo-rachidien
(simple ou double)
• EXAMENS APRÈS CONCENTRATION

V u sa rareté dans les prélèvements, les méthodes Prélevé par ponction lombaire en période "ner-
de concentration parasitaire ont une grande utilité veuse" de la maladie, il contient, outre des cellules
pour la recherche d e T. gambiense. inflammatoires, des parasites qui se trouvent dans un
grand volume, donc à l'état très dilué.
Dans le sang ou le LCR, les parasites peuvent
être concentrés avant examen microscopique. Après numération des éléments inflammatoires,
La concentration peut se faire suivant deux prin- le liquide pourra être centrifugé et le culot, non coloré,
cipes: la centrifugation ou la filtration sur cellulose. examiné entre lame et lamelle. Les trypanosomes se
reconnaîtront à leur motilité (centrifugation simple).
Centrifugation du sang

La densité (poids spécifique) des trypanosomes Le culot peut être repris dans un tube capillaire
est proche de celle des leucocytes mais nettement dif- et centrifugé une deuxième fois (centrifugation dou-
férente d e celle des érythrocytes. C e c i permet de sépa- ble).

114
Trypanosoma (Trypanozoon) brucei gambiense Chapitre 10

Fiitration sélective du sang • XÉNODIAGNOSTIC

Elle est basée sur la taille du parasite et sur la Utilisant des glossines écloses au laboratoire, il
charge électrique de sa membrane, différente d e celle peut aussi être utilisé: dissection de l'estomac entre le
des cellules sanguines (élution). O n fera passer le sang 3e et le 5e jour après le repas d e sang sur le malade
mélangé à un tampon à travers une c o l o n n e de cellu- suspect et observation des formes procycliques trypo-
lose spéciale qui en retient les éléments figurés et laisse mastigotes en cours d e multiplication. Le sang du
passer les trypanosomes. Le liquide recueilli au bas de patient, conservé au froid, peut être aussi expédié au
la c o l o n n e est ensuite centrifugé pour concentrer les laboratoire où il servira à nourrir des glossines (sur
trypanosomes dans le culot. La méthode d e Lanham et membrane). A partir du tube digestif des glossines
son adaptation en microméthode, la minicolonne de (stade procyclique), il est possible d'initier des cultures
Lumsden ("mini-Anion Exchange Column", mAEC) in vitro et à partir de leur glandes salivaires (stade
sont décrites au chapitre 19. métacyclique), d'inoculer des animaux.

Remarque importante Evaluation des différentes techniques

Dans la trypanosomiase à T. b. gambiense, la mise en évidence du parasite • TECHNIQUES DE MISE EN ÉVIDENCE DU PARASITE
est difficile au début de la maladie. De plus, le trypanosome est toujours rare Globalement, l'examen d e la lymphe ganglion-
dans les prélèvements qu'il faut répéter patiemment (en utilisant si possible
naire est moins sensible que les techniques d'examen
des techniques de concentration parasitaire) les jours suivants en cas de
du sang: il a détecté 52 p.100 de 95 nouveaux cas en
suspicion. Et c'est là que les méthodes de présomption (la sérologie en par-
Côte d'Ivoire alors que la technique de W o o ("buffy-
ticulier) prennent toute leur valeur car elles font persévérer dans des exa-
mens fastidieux. coat") en a détecté 86 p.100; il a détecté 31 p.100 de
84 nouveaux cas au Z a ï r e alors q u e la goutte épaisse
• RECHERCHE D'ANTIGÈNES CIRCULANTS en a détecté 90 p.100 et l'examen du sang à frais 78
DE TRYPANOSOMES DANS LE PLASMA ET DANS LE L C R p.100 .

Des anticorps monoclonaux dirigés contre un D'après une étude au laboratoire, chez des ani-
antigène invariable de T. b. rhodesiense ont été utilisés maux infectés expérimentalement avec T. b. gam-
a v e c succès pour détecter, dans un test ELISA, des anti- biense, le nombre m i n i m u m de parasites détectables
gènes de parasites chez des patients atteints d'infection par chaque méthode est de:
à T. b. gambiense ou à T. b. rhodesiense. Le test s'est
6 trypanosomes/ml pour la m A E C (prélèvement de
montré utile tant pour le diagnostic q u e pour le con-
500pl),
trôle de la guérison après traitement. Les antigènes cir-
culants disparaissent environ 6 mois après un 600 trypanosomes/ml pour le "buffy-coat" (prélève-
traitement réussi. Dans des études faites au Z a ï r e et en ment de 70 pl),
Côte-d'Ivoire, le test a dépisté 89 p.100 des patients
2 0 0 0 trypanosomes/ ml pour la G E (prélèvement de
dans le plasma et 45 p.100 dans le LCR. La recherche
10pl)
conjointe dans les deux prélèvements a porté la sensi-
bilité à 95 p.100. 6000 trypanosomes/ml pour le sang examiné à frais
(prélèvement de 10 pl).
• CULTURE IN VITRO DES TRYPANOSOMES
• TECHNIQUES SÉROLOGIQUES
La mise en culture est possible sur G L S H modi-
Le problème des réactions dè dosage d'anticorps
fié. La trousse "KIVI" ("kit for in vitro isolation") permet
réside dans la mesure aussi exacte que possible de leur
l'isolement d e trypanosomes à partir d'un prélèvement.
sensibilité et d e leur spécificité. Il est universellement
Les formes qui se multiplient en culture (en une à deux
reconnu, en effet, qu'il existe des faux positifs, sujets
semaines à température ambiante) sont des trypomasti-
ayant des anticorps et pourtant non infectés (mais com-
gotes.
bien d'examens parasitologiques faut-il faire avant de
• ISOLEMENT SUR ANIMAUX (POUR LA RECHERCHE) déclarer qu'un patient n'est pas infecté?) et des faux
négatifs, sujets n'ayant pas d'anticorps détectables et
L'inoculation d e sang, de L C R ou d e lymphe gan-
pourtant bel et bien infectés (de 5 à 15 p.100 d'après la
glionnaire est possible aux animaux de laboratoire: rat
technique sérologique utilisée et la région géographi-
albinos, cobaye, souris blanche, Cricetomys gambia-
q u e considérée).
nus (rat de Gambie), Mastomys natalensis, Microtus
montanus, ratons nouveau-nés. O n observera la parasi- Le débat est difficile mais deux conclusions
témie subséquente. s'imposent.
Chapitre 10 TRYPANOSOMA DRUCEI ET LES SALIVARIA LES TRYPANOSOMIASES AFRICAINES

En c e qui concerne les faux positifs, il - Nifurtimox (Lampit®), un nitrofurane: 12,5 à 17


faut s'entourer de précautions maximales avant de mg/kg/jour pendant 60 jours par voie orale.
déclarer un individu infecté et donc passible de mise - Efiomithine, a-Difluorométhyl-omithine (a-
en traitement (toxicité !): faire plusieurs tests sérologi- DFMO, Ornidyl®), inhibiteur de l'ornithine
ques, soit espacés dans le temps, soit sur le même décarboxylase: 100 mg/kg en IV quatre fois par
échantillon par des techniques différentes ou mieux,
jour pendant 14 jours, suivi de 75 mg/kg quatre
mettre les parasites en évidence chez le patient, ce qui
fois par jour par voie orale pendant 21 à 30
est la démonstration irréfutable de son infection.
jours.
En c e qui concerne les faux négatifs, le
maximum de 15 p.100 observé indique néanmoins
Combinaison de plusieurs médicaments
une sensibilité de loin supérieure à celle du dépistage Le traitement comprendra successivement
par la palpation ganglionnaire. l'administration d'une injection de suramine et de trois
ou quatre séries de 3 ou 4 injections (d'après le résultat
3.7 Traitement de l'examen du LCR) IV de 3,6 mg/kg d'Arsobal® à
une semaine d'intervalle.
Les médicaments doivent être divisés en deux
La suramine et le nifurtimox en combinaison ont
groupes: ceux qui sont actifs seulement dans le sang et
été utilisés avec succès pour traiter des patients ayant
la lymphe et ceux qui atteignent les tissus nerveux (qui
rechuté après mélarsoprol.
passent la barrière hémato-méningée).
Des schémas thérapeutiques expérimentaux
Médicaments actifs en période proposent actuellement l'association de plusieurs pro-
hémo-lympha tique duits, sur base d'une meilleure connaissance du méta-
bolisme des trypanosomes:
- Suramine ( Moranyl®, Germanin®), en ampou-
- Efiomithine et mélarsoprol (la déplétion en poly-
les contenant 10 mg de poudre à reconstituer
amines provoquée par le premier facilite l'action
dans 10 ml d'eau distillée, pour injection IV :
du second);
une injection hebdomadaire de 15 à 20 mg/kg
pendant 5 à 10 semaines. - Efiomithine et 2-Nitro-imidazoles (traitement
expérimental de souris infectées par7T b. brucei).
- Iséthionate de pentamidine (Pentacarinat®), en
ampoules de 300 mg de poudre à reconstituer: 5
3.8 Epidémiologie
injections I M de 4 mg/kg à raison d'une tous les
2 jours. La transmission du parasite à un sujet sain se fait
- Acéturate de diminazène (Bérénil®), en solution essentiellement par la glossine (évolution de 21 jours
injectable à 5 p.100 de produit actif: 10 injec- environ avant que les glandes salivaires ne soient
tions I M de 5 mg/kg à raison d'une injection par infectées).
jour pendant 10 jours.
Elle est possible aussi, beaucoup plus rarement,
Plus aucun schéma curatif n'ose proposer l'utili- par d'autres insectes piqueurs (transmission mécani-
sation exclusive de ces produits. Par contre, ils ont été que par trompe infectée), par transmission congénitale
utilisés en monothérapie par certains dans des pro- à travers le placenta et par transfusion sanguine (risque
grammes qui visent à diminuer le réservoir de parasi- faible car les transfusions se font en ville et la trypano-
tes, pour stériliser le sang périphérique chez les somiase n'est pas une maladie urbaine).
séropositifs, par exemple.
Réservoir de parasites
Médicaments actifs en toute circonstance
Pour T. b. gambiense, il n'existe pas de réservoir
- Mélarsoprol (Arsobal®, M e l B), en solution à 3,6 animal d'importance épidémiologique. O n a trouvé
p.100 (36 mg/ml) dans le propylèneglycol: 3,6 des porcs et des chiens infectés naturellement et il est
mg/kg par injection lente et strictement IV (sol- possible d'infecter certains animaux par transmission
vant caustique!). Deux à quatre séries de quatre cyclique au laboratoire (porc - glossine - porc). Le rat
injections seront administrées, espacées de 7 sauvage pourrait également jouer le rôle de réservoir
jours, d'après le degré d'inflammation du LCR. parce qu'il est réceptif à l'infection et que certains rats
La toxicité de cet arsénical rend son usage infectés expérimentalement font une maladie chroni-
périlleux mais il n'y a souvent pas d'autre choix. que.
Trypanosoma (Trypanozoon) brucei rhodesiense Chapitre 10

C'est l'homme lui-même qui est le réservoir le


plus important de T. b. gambiense. En effet, la maladie Recensement
est de longue durée et le sujet infecté, non diagnostiqué
et non traité, se fait piquer par des glossines et leur PALPATION
transmet le trypanosome. D e plus, il est prouvé qu'un H

I
certain nombre d'individus peuvent héberger T. b. gam- (+)
biense pendant de longues périodes sans être malades.
C e sont des porteurs sains ou sujets trypanotolérants.
PONCTION GGL
RETOUR
Ces personnes peuvent infecter des glossines qui vont

I
AU
éventuellement transmettre ce trypanosome à d'autres DOMICILE
personnes qui, elles, pourront faire la maladie.
MICROSCOPIE
Contact homme-mouche SUR GGL ou SANG
C e facteur, très variable d'une région à l'autre, H
dépend de deux conditions importantes: limitation des
M
déplacements des glossines (C. palpalis est tributaire
de l'ombre des forêts et des forêts galeries) et possibi-
lité pour la mouche de se nourrir ailleurs que sur
l'homme.
TRAITEMENT
Si des animaux sont présents, l'homme a moins
PONCTION LOMBAIRE:
de chance d'être piqué souvent. D ' o ù le danger de
concentrations humaines à proximité de gîtes à glossi-
nes car ces agglomérations éloignent les animaux sau-
vages et d'élevage et les tsé-tsé iront, dès lors, piquer En pratique, c e dépistage s'effectue c o m m e suit: Figure 10-12
exclusivement l'homme. Il faut rappeler ici que les (figure 10-12)
. Schéma de dépistage classique
glossines prennent un repas sanguin presque tous les - palpation de la région cervicale postérieure de
jours et que les mâles piquent c o m m e les femelles. tous les individus afin de découvrir les ganglions
Des niveaux d'endémie très élevés de maladie ( G G L ) hypertrophiés;
du sommeil peuvent être observés dans des villages - recherche du trypanosome chez tous ceux qui
situés en savane, à proximité d ' u n e rivière et de sa ont des ganglions engorgés, par-ponction gan-
galerie d'arbres. Les villageois se rendent chaque jour à glionnaire et par goutte épaisse (figure 10-14);
.la rivière pour le ménage et la baignade, empruntant
- ponction lombaire et examen du LCR pour pré-
un sentier qui traverse la galerie forestière. Les mêmes
ciser le stade de la maladie en cas de découverte
glossines piqueront quotidiennement les mêmes indivi-
du parasite et éventuellement rechercher des
dus et, s'il y a l'un ou l'autre trypanosomé parmi eux,
parasites si les autres examens sont restés néga-
un cercle vicieux pourra s'installer. O n connaît des cas
tifs.
où jusqu'à 15 à 20 p.100 des habitants ont été infectés
au cours d'une année. U n e variante moderne du dépistage consiste à
doubler la recherche des ganglions hypertrophiés par
3.9 Le contrôle d e la trypanosomiase à la recherche, chez tous les individus de la commu-
T. b. gambiense nauté à examiner, des anticorps antitrypanosomes
dans le sérum (prélèvement de sang sur papier filtre ou
Réduction du réservoir en tube capillaire). Les suspects sérologiques seront
par le dépistage actif ensuite examinés afin de mettre, chez eux, le trypano-
some en évidence dans le sang, la lymphe ganglion-
Cette méthode de lutte contre la maladie du
naire ou le liquide céphalo-rachidien (figure 10-13).
sommeil consiste à mettre sur pied des équipes mobi-
les qui auront pour mission d'aller, dans les villages La méthode du dépistage par sérologie possède
des zones endémiques, examiner périodiquement (tous deux avantages sur celle par recherche des ganglions
les 6 mois) tous les individus afin de déceler chez eux hypertrophiés:
les premiers signes de l'infection et de les mettre aussi-
- diagnostic très précoce, avant que des parasites
tôt en traitement, tant dans leur intérêt que dans celui
ne soient visibles facilement dans le sang et que
de la communauté.
l'hypertrophie ganglionnaire ne se manifeste;

117
Chapitre 10 TRYPANOSOMA BRUCEI ET LES SALIVARIA LES TRYPANOSOMIASES AFRICAINES

bles de surface qui permettent aux trypanosomes


Recensement d'éluder la réponse immune.

SEROLOGIE Lutte antivectorielle


CATT

j
La lutte contre les glossines peut être entreprise
au moyen de méthodes très diverses: insecticides par
avion ou hélicoptère, lâcher de mâles stériles, pié-
SANG RETOUR geage... (voir chapitre 20).
PALPATION GGL
AU
ET PONCTION SANG DOMICILE
4. TRYPANOSOMA (TRYPANOZOON)
SANG
DRU CEI RHODESIENSE
SANG
Stephens et Fantham 1910

4.1 Morphologie
Elle est identique à celle de T. b. brucei (trypa-
nosome polymorphe).
TRAITEMENT
4.2 Hôtes
PONCTION LOMBAIRE
En plus de l'homme, il a été prouvé qu'il existe
un énorme réservoir animal: animaux sauvages ( lions,
Figure 10-13 _ c|jagnostjc t r ès sûr (90 à 95 p.100 des sujets
antilopes, buffles), animaux domestiques (bétail).
Schéma de dépistage amélioré infectés sont repérés, contre 50 à 75 p.100 envi- Les vecteurs appartiennent au groupe morsitans,
par l'utilisation d'un test sérologi- ron par la recherche des adénopathies). mouches xérophiles, circulant librement dans les
que
zones de hautes savanes: Clossina morsitans, G. swyn-
L'IFI nécessite une infrastructure de laboratoire nertoni, G. pallidipes, G. fuscipes.
qui n'existe pas partout mais le CATT (ou le test au
latex) sont utilisables sur le terrain et la réponse est 4.3 Distribution géographique
immédiate. Ils constituent un progrès important dans
Elle est limitée à celle des vecteurs, les glossines
le dépistage de la maladie.
de savane, vivant en climat relativement sec et frais
(plateaux et leurs vallées avec végétation d'arbustes et
Mesures prophylactiques
de hautes herbes et peuplés d'abondant gibier). La
trypanosomiase à T. rhodesiense sévit sur les plateaux
La pentamidinisation a été utilisée avec succès
de l'Afrique orientale, dans la savane clairsemée de
mais il y a des problèmes de résistance du trypano-
bouquets d'arbres: Burundi (Mosso), Ethiopie, Kenya
some et de logistique. La vaccination n'est pas au
(rives du Lac Victoria), M a l a w i , Mozambique, Rwanda
point. Elle se heurte à la difficulté des antigènes varia-
(Akagera), Soudan (Equatoria, à l'Est du Nil), Tanzanie,
Uganda (régions situées sur la rive nord du lac Victo-
ria), Zambie, Z i m b a b w e .

4.4 Cycle et mode de transmission


C e sont ceux d e T. b. brucei.

Figure 10-14
4.5 Pouvoir pathogène
Microscopistes au cours d'une
scéance de dépistage actif Chez l'homme, c'est une forme aiguë de maladie
du sommeil, à évolution rapide: l'altération du LCR
Quelle que soit la méthode de sélection
peut apparaître en un mois. Des formes plus chroni-
des suspects, l'escadron de microsco-
ques, ressemblant à des infections à T. b. gambiense,
pistes constitue l'élément de base d'une
ont été observées en Zambie.
équipe mobile de dépistage.

118
Trypanosoma (Trypanozoon) brucei rhodesiense
Chapitre 10

Figure 10-15

T. b. rhodesiense en frottis et
dans le sang non coloré, au con-
traste de phase
1. Trypanosomes en frottis, colorés au
Giemsa.
2. Préparation après "buffy-coat" exa-
minée au contraste de phase.

4.6 Diagnostic piquent l'homme, elle lui transmettent l'infection. Les


malades eux-mêmes ne constituent pas une source
La comparaison avec l'approche diagnostique
d'infection importante pour les glossines car ils sont
décrite pour T. gambiense fait ressortir les différences
rapidement hors d'état de circuler, une symptomatolo-
suivantes:
gie aiguë s'installant d'emblée.
- le malade consultera spontanément beaucoup
plus tôt, car les symptômes de début sont plus En zone d'endémie, les cas sont disséminés à
accusés (fièvre, maux de tête); cause de la circulation très libre de G. morsitans. Par-
fois, la maladie prend une allure épidémique locale
- l'examen microscopique de la goutte épaisse ou
plus explosive que pour T. b. gambiense si la transmis-
du frottis de sang mettra en évidence de nom-
sion homme-homme par les glossines devient majori-
breux parasites (facilité du diagnostic parasitolo-
taire, comme dans le cas de la transhumance de T a b l e a u 10-2
gique) (figure 10.15).
troupeaux.
- les méthodes sérologiques sont moins utiles car
elles sont prises de vitesse par les symptômes cli-
niques et la recherche des parasites. Caractéristiques T. b.brucei T. b.rhodesiense T. b.gambiense

Comme pour la maladie à T.b. gambiense, l'exa- Infectant pour l ' h o m m e non oui oui
men du liquide céphalo-rachidien est indispensable
A n i m a u x infectés oui oui non (?)
pour connaître le stade d'évolution de la maladie. d a n s la n a t u r e

4.7 Traitement R é s e r v o i r de p a r a s i t e s Animaux Animaux sauvages et Homme, (porc)


sauvages élevages
Le traitement de la trypanosomiase à T. b. rhode-
siense se base sur les mêmes principes mais est plus Vecteurs Groupes Groupe Groupe
difficile que celui de l'infection à T. b. gambiense. Les G.morsitans, G. morsitans G. palpalis
médicaments efficaces ne sont que deux: la suramine
G.palpalis,
G. fusca
et le mélarsoprol. D e plus, le passage rapide au stade
nerveux impose l'association de ces deux produits Distribution en A f r i q u e Occidentale, Orientale Occidentale
dans tous les cas. La suramine d'abord, pour éliminer sub-saharienne orientale et centrale
les trypanosomes du sang et de la lymphe, ensuite le et centrale
mélarsoprol à une dose correcte, déterminée par le A l l u r e de la m a l a d i e Inexistante Rapide Lente
degré d'atteinte du LCR. chez l ' h o m m e

La pentamidine est sans action et le D F M O peu R é s i s t a n c e au s é r u m Infectivité Infectivité conservée Infectivité


efficace. humain (B.I.I.T.)3 diminuée conservée

4.8 Epidémiologie Efficacité p e n t a m i d i n e non non oui


La maladie du sommeil provoquée par T. b. rho- B.I.I.T. ("Blood Incubation Infectivity Test") de Rickman et Robson: une suspension de trypanoso-
mes isolés à partir d'un animal (bovidé, gibier...) est placée en présence de sérum humain nor-
desiense est une zoonose. Les mouches tsé-tsé s'infec-
mal à 37° C pendant une heure avant d'être injectée à un animal sensible. Ce test permet de
tent à partir de l'énorme réservoir animal et lorsqu'elles savoir s'il s'agit de T. b.brucei ou de T. b.rhodesiense (sensible ou résistante au sérum humain).

119
Chapitre 10 TRYPANOSOMA BRUCEI ET LES SALIVARIA LES TRYPANOSOMIASES AFRICAINES

5. Synthèse concernant - analyse de l ' A D N par dénaturation à la chaleur,


par les enzymes de restriction, par hybridation in
les sous-espèces de T. (T.) brucei. situ des A R N (acide ribonucléique) du trypano-
some avec des A R N connus;
Les principaux caractères distinctifs des trois
sous-espèces de Trypanosoma (Trypanozoon) brucei - analyse des iso-enzymes cytoplasmiques interve-
sont repris dans le tableau 10-2. nant dans le métabolisme du parasite (amino-
transférases);
En outre, au laboratoire, une série de techniques
modernes permettent actuellement de distinguer ces - comparaison des répertoires antigéniques de sur-
trois sous-espèces: face par tests de lyse. Ces répertoires sont très
- analyse antigénique par immuno-électropho- semblables pour T. b. brucei et T. b. rhodesiense
rèse; et sont nettement distincts chez T. b. gambiense.

6. Synthèse générale
U n résumé des principaux caractères des sous-genres et espèces du groupe salivaria sera trouvé dans le tableau ci-dessous.

PARASITE Hôtes vertébrés Formes Hôtes pour Pouvoir


Vecteurs Distribution
Ss genre naturels métacycliques isolement pathogène
Duttonella
T. (D.) vivax Bovins, mouton, chè- Glossina, Tabanus Proboscis Rongeurs (adapta- Afrique tropicale ++ à ++++ (Souma)
vre, équidés, chien tion difficile)
T. (D.) uniforme Bovins, mouton, Glossina Proboscis aucun Afrique tropicale ++
chèvre, antilope (centre et Est)
, Nannomonas
T. (N.) congolense Bovins, mouton, Glossina Proboscis Rongeurs Afrique tropicale + à ++++
chèvre, porc, équidés,
chien
T. (N.) simiae Porc + (bovins, Glossina Proboscis Singes, lapins Afrique tropicale ++++
équidés, chameau).
Pycnomonas
T. (P.) suis Porc Glossina Glandes salivaires Aucun Tanzanie, Burundi ++

Trypanozoon
T. (T.) brucei brucei Chameau, chien, porc, Glossina Glandes salivaires Rongeurs et autres Afrique tropicale + à ++++ (Nagana)
bovins,mouton, Culture in vitro
chèvre,
animaux sauvages
T. (T.) brucei Homme, bovins, ani- Glossina Glandes salivaires Rongeurs et autres Afrique tropicale Maladie du sommeil
rhodesiense maux sauvages orientale aiguë
Culture in vitro
T. (T.) brucei Homme, Glossina Glandes salivaires Rongeurs et autres Afrique tropicale Maladie du sommeil
gambiense (porc, chien?) Ouest et centre chronique
Culture in vitro
T. (T.) evansi Bovidés, équidés, Tabanidae etc... Inexistantes (trans- Rongeurs et autres Afrique du Nord, + à ++++ (Surra)
chameau, chien, etc. mission mécanique) Asie, Amérique latine
T. (T.) equiperdum Equidés Inexistants Inexistantes Lapins, rongeurs Afrique du Nord, + à ++++ (Dourine)
(transmission Afrique du Sud,
sexuelle) Europe, etc..
Tejeraia
T. (T.) rangeli Animaux divers, Réduviidae glandes salivaires rongeurs Amérique latine Aucun
homme et déjections

120
Bibliographie. Chapitre 7

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Le genre Leishmania
Les leishmanioses

- dans le tube digestif d e l'insecte, u n e f o r m e pro- 1. Historique


1. Historique
mastigote, allongée, possédant un n o y a u central, 2. Bases d e la distinction e n
un kinétoplaste situé dans la partie antérieure d u espèces
C ' e s t C u n n i n g h a m qui, e n 1885, reconnaît pour parasite et un flagelle libre, sans membrane 3. Hôtés des leishmanies •
la première fois " d e s organismes parasitaires particu- ondulante. -4. Cycle évolutif e t caractè-
liers c o n t e n a n t des spores": c e sont e n fait les macro- res biologiques ' ,
Les caractères morphologiques très uniformes
phages parasités. 5. Diagnostic a ù laboratoire
des espèces appartenant au genre Leishmania ne per-
Il faudra attendre 1903, a n n é e décisive, pour q u e mettent pas d e les distinguer les unes des autres. Pour- 6. Traitement , i

Leishman suspecte la présence d'infections à trypano- tant, les comportements d e c e parasite a u cours d e sa 7. Description jdes comple-
multiplication chez l'homme et l'animal sont très xes d'espèces
somes e n Inde, reconnaissant la similitude des corpus-
cules décrits c h e z des m a l a d e s atteints d e la " m a l a d i e variés. C e s variations portent essentiellement sur trois 8. Méthodes d e lutte et con-
trôle
noire" a v e c les corps arrondis observés dans certaines points: l'extériorisation clinique, la distribution géogra-
trypanosomiases. D o n o v a n , la m ê m e année, décrit les phique et la liste des animaux receptifs dans la nature 9. Synthèse

" c o r p u s c u l e s dans des infections à trypanosomes" tan- (réservoir animal). Bibliographie -


dis q u e Laveran et M e s n i l pensent à des piroplasmes. Depuis quelques années, les laboratoires ont
Ross range f i n a l e m e n t (à tort) les parasites décrits dans d é v e l o p p é des techniques d e c o m p a r a i s o n des isoen- FIGURES
les sporozoaires et les baptise "Leishmania". z y m e s métaboliques, d'étude d e l ' A D N ainsi q u e la 11 -1 Phléborome, vecteur de ^
" - leishmanioses
description plus précise du c o m p o r t e m e n t c h e z le vec-
En 1904, Rogers observe l'apparition d e flagellés 11 -2 Macrophages et- formes
teur. C e c i p r o c u r e u n e base plus objective à la taxino- omasrigotes
dans des suspensions d e p u l p e splénique contenant L.
m i e et permet d e regrouper les isolats faits à partir d e 11 -3 Formes promasrigotes
donovani maintenues in vitro dans u n e solution de (vecteur, culture)
l ' h o m m e o u d ' a n i m a u x dans n'importe q u e l l e région
citrate. Il y reconnaît des leptomonas. Cette dernière 11 -4 Cycle évolutif des leishma-
géographique, en deux sous-genres (Leishmania et nies
forme parasitaire est trouvée, les années suivantes,
Viannia) et six c o m p l e x e s d'espèces ( L e i s h m a n i a (L.) 11-5 Communautés antigéni-
c h e z le pigeon, les rongeurs, les lézards... ques chez les Trypanosor
donovani, L. (L.) tropica, L. (L.) major, L. (L.) aethio-
matidae
N i c o l l e , e n 1909, d o n n e le n o m d e L. infantum à pica, L. (L.) mexicana, L. (V.) braziliensis). 11-6 Immunb-électrophorèse:
l'organisme causant le kala-azar méditerranéen et fait arcs 4 et 24 spécifiques de
le r a p p r o c h e m e n t entre les parasites viscéraux et les
Remarque Leishmania
11 -7 Sérums de chiens et anti-
cutanés d e l ' A n c i e n M o n d e (décrit par d'autres sous le gènes de L. donovani
Chacun des complexes d'espèces mentionnés ci-dessus peut être subdivisé
n o m d e Ovoplasma orientale) tandis q u e V i a n n a décrit 11-8 Ulcère leishmanie
en plusieurs espèces dont l'identité ne fait pas l'unanimité des auteurs.
L. braziliensis e n A m é r i q u e latine.
2A Extériorisation clinique
2. Bases de la distinction Les leishmanioses sont classées par les cliniciens
en espèces e n viscérales, cutanées simples o u récidivantes, cuta-
nées diffuses o u anergiques et cutanéo-muqueuses.

Les parasites d u genre Leishmania présentent Remarque importante


deux formes a u cours d e leur c y c l e évolutif:
La localisation de la phase intracellulaire chez l'hôte vertébré n'est pas une
- chez l'hôte vertébré, une forme amastigote, caractéristique stricte d'une espèce ou sous-espèce: des agents responsa-
arrondie, possédant un noyau, un kinétoplaste et bles de leishmanioses viscérales peuvent envahir la peau (lésions post kala-
u n e é b a u c h e d e flagelle qui ne sort pas d e la cel- azar) et certaines leishmanioses cutanées peuvent se "viscéraliser" dans cer-
lule; taines circonstances.

123
Chopitre 11 LE GENRE LEISHMANIA LES LEISHMANIOSES

2.2 Distribution géographique - sauvages dans l'Ancien Monde: canidés sauva-


ges (chacal, loup, renard), rongeurs (rats des
Ancien Monde (Europe, Asie, Afrique), Nouveau champs), daman (mammifère ongulé herbivore
Monde (du Mexique à l'Argentine et au Chili); urbaine, de la taille d'un lapin rencontré en Afrique et en
rurale ou forestière; restreinte, large. Asie mineure);

2.3 Espèces animales réceptives - sauvages dans le Nouveau Monde: paresseux


(mammifère d'Amérique du Sud, arboricole de
On distingue les leishmanioses anthroponosi-
60 cm de longueur environ, aux mouvements
ques, causées par des parasites infectants pour
lents et possédant des articulations vertébrales
l'homme uniquement et les leishmanioses zoonosi- particulières); petit fourmilier arboricole et opos-
ques dont les parasites sont infectants pour l'homme et sum (déjà décrit pour la maladie de Chagas);
certains animaux. procyonidés (raton laveur, Carnivore des régions
forestières d'Amérique à fourrure fauve et à la
2.4 Combinaison de caractères
queue longue, souvent dressée, ornée de bandes
La classification épidémiologique suivante pro- annulaires); rongeurs (rats des champs ou fores-
vient de l'amalgame des caractères "hôtes" et "locali- tiers).
sation chez l'homme": L (leishmaniose); V (viscérale);
C (cutanée); A (anthroponosique); Z (zoonosique). O n trouvera la liste des animaux réservoirs dans
les paragraphes décrivant les différents complexes
L. donovani d'espèces. La longévité de l'hôte et l'intensité de ses
LVA
contacts avec le vecteur, la proportion d'individus
LVZ L. infantum et L. chagasi infectés, la faible pathogénicité du parasite et sa pré-
sence dans le sang ou la peau sont des facteurs impor-
LCA L. tropica
tants dans la détermination du statut d'hôte réservoir.
LCZ L. major, L. aethiopica, L. mexicana, L. pifanoï,
L. amazonensis, L. braziliensis, L. peruviana, 3.2 Hôtes invertébrés
L. guyanensis.
Le vecteur des leishmanies est le phlébotome ou
"sand fly" (mouche des sables), décrit c o m m e un"petit
3. Hôtes des leishmanies moucheron bossu" (la tête, le thorax et l'abdomen font
en effet un angle donnant l'aspect d'un insecte faisant
3.1 Hôtes vertébrés le gros dos). Seule la femelle est hématophage et joue
le rôle de vecteur. Son activité est maximale la nuit, à
Les hôtes réservoirs principaux sont
la tombée du jour (figure 11-1).
- domestiques ou péri-domestiques: chien, Rattus
rattus (rat de maison); Les vecteurs piquent dans les habitations (endo-
phages) ou en dehors (exophages). Selon les régions,
Figure 11-1 ils piquent de préférence l'homme (anthropophilie) ou
les animaux (zoophilie).
Phlébotome, vecteur de leishma-
nioses Moucheron des pays relativement secs, très
Le "petit moucheron bossu" aux ailes sédentaire (rayon de vol de 50 à 100 mètres), ses lar-
poilues, pendant son repas. ves se développent dans le sable, les fissures de pier-
res, les failles rocheuses, les crevasses de troncs
d'arbres. Elles ne sont pas tributaires de l'eau mais une
humidité de plus de 70 p.100 leur est favorable. Elles
se nourrissent de déjections d'insectes ou de lézards
ainsi que de débris végétaux en décomposition.

Deux genres appartenant à la famille des Phle-


botominae sont les principaux vecteurs. C e sont, pour
l'ancien Monde, le genre Phlebotomus et, pour le
Nouveau Monde, les genres Lutzomyia et Psychodo-
pygus.

124
Cycle évolutif er caractères biologiques Chapitre 11

Figure 11 -2

mM Macrophages et formes amasti-


gotes
1. Amastigoles libres en frottis
— ... . . (macrophages éclatés).
i f M R * T: • 2. Amastigoles dans un macrophage.
• • ' - • ^ 3. Amastigoles dans un macrophage
et éparpillés dans la préparation.
4. Dessin de macrophages parasités
montrant les éléments constitutifs
des amastigotes.

•i

La reconnaissance du statut de vecteur implique C'est lorsqu'ils se trouvent dans le sang et le


que l'insecte incriminé permette la multiplication des derme que les parasites sont repris par l'hôte inverté-
parasites dans son tube digestif, qu'il soit porteur de bré, le phlebotome.
parasites infectants, qu'il pique l'homme ainsi que les
hôtes réservoirs. 4.2 Chez l'hôte invertébré
Les parasites sont entraînés avec le repas sanguin
jusque dans la partie postérieure de l'estomac de
4. Cycle évolutif l'insecte où ils se transforment en promastigotes. Dès le
et caractères biologiques premier jour, on les retrouve dans l'intestin moyen
jusqu'au pylore chez le sous-genre Leishmania et
occupant déjà la totalité du tube digestif (y compris
4.1 Chez l'hôte vertébré l'intestin postérieur) chez le sous-genre Viannia. A par-
tir du 2ème jour, les parasites ayant résisté aux enzy-
Le parasite (injecté par l'insecte) se retrouve dans mes digestifs de l'insecte entament une migration vers
la partie antérieure. O n les retrouve alors dans la par-
les macrophages, histiocytes, monocytes de différents
tie moyenne de l'estomac.
organes où il se multiplie sous forme amastigote. La
destruction de la cellule hôte provoque la dissémina- Du troisième au cinquième jour, la multiplication
tion dans le sang et la lymphe des parasites qui seront sous forme promastigote très rapide dans la partie anté-
phagocytés par de nouvelles cellules réticulo-endothé- rieure de l'estomac et dans le proventricule aboutit au
liales (figure 11-2). stade de "rosette", amas de parasites restés accolés
après la division (figure 11-3).
La prolifération des parasites viscérotropes cause Il faut attendre les neuvième et dixième jours
une hyperplasie du SRE et celle des parasites dermotro- après le repas infectant pour voir apparaître, en grand
pes cause l'apparition d'un histiocytome cutané. nombre, des formes promastigotes dans le pharynx et

125
Chopitre 1 1 LE GENRE LEISHMANIA LES LEISHMANIOSES

Figure 11-3

Formes promastigotes (vecteur,


culture)
1,2. Formes promastigotes retrou-
vées dans le tube digestif et la
trompe du vecteur: le kinéto-
plaste se trouve à l'avant du
parasite.
3. Dessin de promastigotes et for-
mation d'une rosace, résultat
d'une multiplication rapide.

le proventricule qui communiquent avec la trompe.


Ces amas de parasites bloquent l'intestin antérieur de
l'insecte, obligeant celui-ci à produire des efforts de
pompage lors du repas sanguin. Ces efforts favorisent
l'injection des parasites à l'hôte vertébré par un méca-
nisme de régurgitation. L'écrasement sur la peau d'un
Figure 11-4 insecte porteur de promastigotes peut aussi être à l'ori-
gine de la transmission. U n e fois introduit dans la cir-
Cycle évolutif des l e i s h m a n i e s
culation d'un hôte à sang chaud, le promastigote est
repris par un macrophage où il se multipliera sous
forme amastigote (figure 11 -4).

4.3 Biologie du porosité

Chez l'invertébré
Les promastigotes de l'estomac sont non-infec-
tants pour l'hôte vertébré. Ils acquièrent la capacité
d'infection au cours de leur maturation chez l'insecte.
Lorsqu'ils arrivent dans les pièces buccales et la salive,
ils ont synthétisé, sur leur membrane externe, des
récepteurs qui facilite leur phagocytose par le macro-
phage: les lipo-phosphoglycannes (LPG) et une glyco-
protéine (gp63) à activité protéinasique.

Des L P G sont retrouvées à la surface du macro-


phage qui vient de phagocyter des promastigotes et y
restent présentes pendant 2 à 3 jours, au stade initial
de l'infection. Ces molécules ont également été tenues
pour responsables de la spécificité d'une espèce don-
née de Leishmania pour son vecteur préféré. Il s'agirait
d'une reconnaissance des cellules de l'estomac.

Remorque

Le parasite ne persiste après digestion du repas de sang que chez un vecteur


adapté à l'espèce; chez un vecteur inadapté, il est éliminé par la trypsine.

La glycoprotéine gp63, également présente à la


Sous genre Viannia surface et différente d'une espèce à l'autre, favoriserait
la phagocytose du promastigote par le macrophage,

126
Diagnostic au laboratoire mj^^QSQQ^JJjjjm

aidant ainsi à l'établissement de l'infection c h e z l'hôte souris (C57BI.6 et C H 3 ) tandis qu'elle aboutissait à une
vertébré. Son rôle ne s'arrête pas là: par son activité généralisation c h e z les Balb/C ayant des caractères
protéinasique elle inhiberait la libération des radicaux immunologiques différents:
libres supposés détruire les microorganismes phagocy-
- la guérison survient par activation des cellules T4
tés par les macrophages. Cette famille d e protéines,
(TH1) qui produisent l ' I F N y et IL-2, une activa-
codées par des gènes répétés, est considérée c o m m e
tion des macrophages et une hypersensibilité
un facteur de virulence, c h a q u e protéine de la famille
retardée aux antigènes du parasite;
conférant au parasite qui la porte le caractère de viru-
lence qui le caractérise. - la généralisation survient par activation des cel-
lules T4 (Ti-12) et production d ' I L 4 ("granulocyte-
D'autre part, les promastigotes sont résistants à la macrophage colony stimulating factor") qui four-
lyse immune complément-dépendante car ils ne per- nit au parasite de nouvelles cellules cibles.
mettent pas à la fraction C 9 du c o m p l é m e n t de se fixer
sur leur membrane externe.
5. Diagnostic ou laboratoire
L'identification de l'origine des repas sanguins
peut être réalisée sur le terrain, à l'aide de tests
immuno-enzymatiques pratiqués sur bandelettes por-
5.1 Mise en évidence du parasite
tant des antisérums dirigés contre le sang d'animaux
Examen microscopique
cibles. D'autre part et à condition d'avoir une pré-
somption de la souche cible, la recherche d e l'infec- Il permet la recherche des amastigotes intracellu-
tion chez les insectes capturés peut se faire par laires (corps de Leishman-Donovan, "L-D bodies") dans
utilisation des anticorps monoclonaux ou des sondes les macrophages sur frottis o u coupes histologiques.
nucléiques auxquelles la technique P C R confère une O n y reconnaîtra le noyau et le kinétoplaste.
sensibilité hors du c o m m u n . Ces techniques ont facilité
les études sur le pouvoir vectoriel des phlébotomes. Remarque

Il est parfois possible de trouver des amastigotes dans le sang.


Chez l'hôte vertébré
• FROTTIS
La phagocytose des amastigotes par les macro-
phages est également facilitée par la présence à la sur- Ils seront faits à partir d e matériel prélevé par
face de ce stade parasitaire, des deux protéines ponction de moelle osseuse, de rate o u de lymphe der-
signalées chez le promastigote, la L P G et, dans une mique. Pour les lésions cutanées, le prélèvement se
moindre mesure, la gp63. fera sur le bord après injection d ' u n e goutte d'eau phy-
siologique in situ. Les frottis, fixés au méthanol, seront
Plusieurs hypothèses ont été émises pour expli-
colorés au Giemsa.
quer la survie des parasites amastigotes à l'intérieur des
macrophages où ils résistent aux mécanismes anti- La numération des parasites est utile (nombre de
microbiens oxygéno-dépendants induits par les cytoki- parasites ou de cellules parasitées par 1, 10, 100, 1000 •
nes. L'explosion respiratoire n'a pas lieu car champs microscopiques).

- il y aurait destruction par la protéase leishma- La sensibilité de l'examen est de pratiquement


nienne gp 63, de l'enzyme lysosomial p-galacto- 100 p.100 pour la rate, de 80 p.100 pour la moelle
sidase; osseuse et de 60 p.100 pour les ganglions dans les cas
- c e stade parasitaire aurait développé un méca- d e kala-azar.
nisme (inconnu) de détoxification des métaboli-
Remarque importante
tes oxygénés.

Des équilibres très différents existent d'une La ponction de la rate présente un danger certain, surtout si elle est effectuée
espèce à l'autre, entre la force d e multiplication des sur une rate hypertrophiée, dont la capsule est fragilisée. On préfère habituel-
lement la ponction de moelle osseuse.
parasites et les modalités d e la réponse immunitaire
des hôtes avec, pour conséquence, une variété consi- • COUPES
dérable d' altérations dégénératives (lésions) résultan-
Les tissus seront prélevés par ponction biopsie du
tes.
foie ou biopsie cutanée (faite sur le bord de la lésion).
O n a démontré que l'infection expérimentale par Les coupes seront examinées après fixation au formol,
L. major se résolvait d'elle m ê m e chez deux races de enrobage et coloration au Giemsa ou à l'hématoxyline-

127
Chopitre 11 LE GENRE LEISHMANIA LES LEISHMANIOSES

éosine. Les amastigotes sont plus difficiles à identifier fication de séquences identifiées (PCR) suivie d'hybri-
en coupe que sur frottis car un des deux éléments dation.
caractéristiques, noyau ou kinétoplaste, fait souvent
La PCR a été utilisée sur le terrain, à partir de
défaut.
biopsies traitées à l'ADNase, à laquelle résiste l ' A D N
kinétoplastique. C e dernier contient des séquences
Culture
spécifiques, identifiées, des grands groupes de Leish-
Elle permet la croissance de formes promastigo- mania. Des amorces sont donc disponibles, spécifi-
tes (les mêmes que celles du phlébotome) à partir de ques par exemple du complexe brasiliensis,
ponctions ou de biopsies, dans des milieux d'isole- permettant de détecter rapidement et de manière très
ment des hémoflagellates (voir chapitre 19). Des spécifique, ces parasites rares dans les prélèvements et
milieux de culture pour isolement sont disponibles difficiles à cultiver. Les problèmes techniques sont
dans le commerce. L'ensemencement doit évidem- aisément surmontés, même en zone rurale, mais les
ment être fait à partir de matériel stérile au point de contaminations d'une biopsie à l'autre, par les lames
vue microbien et mycotique. La croissance prend plus ou les pinces à biopsies insuffisamment décontami-
d'une semaine à 26° C. nées, restent une difficulté majeure. O n peut citer
comme décontaminant efficace, l'eau de Javel (hypo-
Inoculation aux animaux chlorite).
Le hamster doré de Syrie et le cobaye sont les
Les applications les plus prisées sont: un dia-
animaux les plus réceptifs. L'inoculation se fera dans
gnostic plus spécifique, la recherche des facteurs de
le coussinet plantaire pour les parasites de la peau, par
risque de développer une espundia, la recherche des
voie intra-péritonéale pour les parasites viscéraux.
sites de développement des leishmanies.
Une période prépatente de plusieurs semaines est sou-
vent observée. Les animaux sont aussi utilisés comme 5.2 Sérologie:
intermédiaires entre un prélèvement impossible à stéri-
recherche d'anticorps spécifiques
liser et la mise en culture, lorsqu'il est important d'iso-
ler la souche. Les antigènes utilisés proviennent généralement
des promastigotes de culture entiers ou soniqués sui-
Techniques modernes permettant vant le type de réaction sérologique utilisée: fixation
la détection du parasite du complément, hémagglutination indirecte, ELISA,
immunofluorescence indirecte. Pratiqué sur des pro-
Elles permettent de mettre en évidence d'infimes
mastigotes de culture ou amastigotes en culture sur
quantité de matériel nucléaire parasitaire dans un pré-
rein de singe, ce dernier test est le plus sensible et le
lèvement (ponction ou biopsie). Elles permettent aussi
plus spécifique du groupe. O n observe cependant
de déterminer avec précision l'espèce de Leismania
aussi des réactions croisées avec T. cruzi et M. tuber-
responsable.
culosis.
La détection des antigènes excrétés par les amas-
Dans la précipitation en gel utilisant des antigè-
tigotes se fera par des anticorps monoclonaux et celle
nes solubles (figure 11-5), la réponse est qualitative par
des acides nucléiques du parasite, par hybridation
le nombre de systèmes précipitants et peut être analy-
moléculaire (sondes marquées aux isotopes) ou ampli-
sée par immuno-électrophorèse (présence des arcs de
Figure 11-5
précipitation n° 4 et 24, spécifiques des leishmanies)
Communautés antigéniques chez (figure 11 -6).
les Trypanosomatidae
D'autres réactions sont en développement:
Une immunodiffusion montre qu'un
agglutination directe de promastigotes de culture fixés
hyperimmunsérum (HIS) contre T. bru-
et colorés (comme le CATT pour la trypanosomiase) et
cei reconnaît des antigènes des différen-
agglutination de particules de latex sensibilisées par
tes espèces de trypanosomes ou de
un extrait soluble de promastigotes.
leishmanies.
Des communautés antigéniques entre T. Remorque importante
gambiense, T. rhodesiense et T. brucei
sont mis en évidence, de même qu'entre Les affections causées chez l'homme par les différents complexes d'espèces
T. cruzi &t L. donovani. peuvent être distinguées par la sérologie à la condition que les réactions uti-
Document D. Le Ray lisées fassent intervenir aussi bien les antigènes excrétés (exoantigènes)
que les antigènes de surface et les antigènes somatiques.

128
Trairemenr Chapitre 11

5.3 Intradermo-réaction d e Monténégro Figure 11-6


à la leishmanine
Immuno-électrophorèse: arcs 4 et
C'est une réaction d'hypersensibilité retardée 24 spécifiques de Leishmania
provoquée par l'injection intradermique de promasti- Immuno-électrophorèse montrant les
gotes de culture, lavés et mis en suspension dans une antigènes de leishmanies reconnus par
solution saline contenant 0,5 p.100 de phénol. des immuns-sérums. Les arcs n° 4 et 24
L'espèce de leishmanie utilisée n'a pas d'importance (il sont spécifiques de Leishmania sp.
n'y a pas de spécificité d'espèce). La "leishmanine" Document D. Le Ray
contient un million de parasites par ml. La dose indivi-
duelle comporte 0,1 ml, c'est-à-dire 100.000 parasites.
U n e injection de 0,1 ml de solution phénolée sans
parasites est faite à proximité, comme témoin d'une
éventuelle sensibilité du patient au phénol.

Après 48 à 72 heures, une réaction positive


moine) ou stibogluconate de sodium (10 p.100
donne un nodule induré entouré d'érythème. O n faci-
d'antimoine)
lite la mesure en traçant au bic, sur la peau avoisinante
et suivant les diamètres, des lignes qui s'arrêtent au Iséthionate de pentamidine
bord de l'induration. Les degrés sont exprimés de 1 à 4, Amphotéricine B ®
d'après le diamètre (de < 4 mm à > 8 mm).
Kétoconazole et Itraconazole
Cette réaction est positive chez les sujets ayant Allopurinol
fait une leishmaniose viscérale antérieurement. Elle
reste positive après la guérison pendant toute la vie du Chez les patients séropositifs, le traitement de
patient et est utilisée en épidémiologie du kala-azar. choix serait l'amphotéricine B, de préférence la pré-
Pour les leishmanioses cutanées, elle peut aider au dia- sentation dans des liposomes qui évite les effets secon-
gnostic. daires gênants. U n e prévention à vie par une injection
mensuelle de pentamidine éviterait en même temps la
5.4 Constantes biologiques pneumocystose. Cependant, le développement d'un
diabète insulino-dépendant serait une contre-indica-
Dans les leishmanioses viscérales, une forte aug- tion de ce schéma au long cours.
mentation des yglobulines est mise en évidence par
- l'électrophorèse du sérum qui indique une inver-
7. Description des complexes
sion du rapport albumine/globuline due à la très
haute teneur en gamma globulines; d'espèces
- la formol-gélification (solidification et opacifica-
tion d'un mélange de 1 ml de sérum et d'une 7.1 Leishmanioses viscérales: le complexe
goutte de formol, après 20 minutes, à 37°C). Leishmania (L.) donovani
Cette réaction ne devient positive qu'après plu-
sieurs semaines d'évolution (citée pour Parasites des macrophages de la rate, du foie et
mémoire). autres organes lymphoïdes, ils sont les agents écologi-
ques du kala-azar (maladie noire). O n y retrouve L.
Les paramètres hématologiques montrent une
donovani, L. infantum, L. archibladi et L. chagasi
pancytopénie avec perturbation des tests de coagula-
(tableau 11-1).
tion.
Remorques
6. Traitement
Lorsque l'homme est le seul réservoir, des épidémies peuvent survenir lors
des déplacements de populations le long d'axes de communication, parfois
de manière inexplicable. Lorsqu'il y a un réservoir animal, la maladie per-
Principes actifs
siste à l'état endémique, produisant des cas sporadiques.
Antimoniés pentavalents
Les similitudes entre L. chagasi e t L. infantum portent à croire que L. infan-
Ils sont administrés par voie générale ou locale- tum de l'ancien Monde aurait été introduit en Amérique latine par les Con-
ment: antimoniate de méglumine (8,5 p.100 d'anti- quistadors et leurs chiens.

129
M^^Q^JJ^L LE GENRE LEISHMANIA LES LEISHMANIOSES

Pouvoir pathogène Leishmanioses et SIDA

Dans les zones endémiques du Sud de l'Europe,


Après une période d'incubation de 10 jours à
et particulièrement en Espagne, de plus en plus de cas
plus d'un an ; au cours de laquelle une lésion peut se
d'infections leishmaniennes sont diagnostiquées chez
manifester à l'endroit de l'inoculation (phénomène
des patients sidéens. En Espagne, parmi 111 H I V séro-
surtout observé au Soudan), les parasites se dévelop-
positifs présentant de la fièvre, 17 p. 100 des moëlles
pent dans les cellules de la rate et du foie, principale-
examinées montraient des amastigotes. A l'époque du
ment les macrophages. L'intense multiplication des
SIDA, l'excédent de diagnostics de leishmaniose chez
formes amastigotes remplit rapidement la totalité du l'enfant a cédé la place aux 80 p. 100 de diagnostics
cytoplasme de la cellule. chez l'adulte séropositif.

Deux syndromes sont décrits dans l'évolution de Il faut rappeler ici la fréquence des infections
la maladie: l'hyperplasie du système réticulo-endothé- inapparentes: jusqu'à 30 p. 100 des chiens sont séro-
lial et les lésions cutanées post-kala-azar. positifs pour Leishmania en France méridionale et en
Italie, plus de la moitié d'entre eux sans aucun symp-
La destruction des macrophages et des histiocy- tôme (figure 11-7). Les chiens asymptomatiques infec-
tes par multiplication des formes amastigotes aura tent les phlébotomes avec la même fréquence que
comme conséquences une augmentation importante ceux présentant des lésions. Chez l'homme, dans les
du volume de la rate, du foie (cellules de Kupffer) et de mêmes régions, on trouve jusqu'à 30 p. 100 de tests
tous les tissus lymphoïdes (ulcération possible des pla- cutanés à la leishmanine positifs, alors que les cas dia-
ques de Peyer) ainsi que le remplacement progressif, gnostiqués chez l'homme immunocompétent sont
dans la moelle osseuse, du système hémopoïétique par rares. L'infection à V1H donne au parasite l'occasion
le SRE d'où l'anémie, la ieucopénie et la thrombocyto- de se manifester.

pënie.
L'infection, dans ces cas, montre une tendance à
la diffusion des lésions (avec papules de leishmaniose
Les lésions cutanées post-kala-azar consistent en
cutanée diffuse bourrées d'amastigotes), à la récidive
taches dépigmentées, macules hypopigmentées ou
après traitement correct d'une leishmaniose viscérale
érythémateuses de la face, du cou ou d'autres régions et se présente dans des localisations atypiques. La dis-
anatomiques. L'évolution est possible vers des papules sémination des parasites est due à l'effondrement du
et nodules surtout à la face, sans ulcération. Elles peu- nombre de lymphocytes T C D 4 + .
vent apparaître jusqu'à deux ans après la guérison et
Tableau H - 1 sont infectantes pour le phlébotome (présence de Diagnostic
nombreux parasites viables à l'endroit des lésions et
Le complexe Leishmania (L.) • CLINIQUE
même dans la peau saine). Ces manifestations cuta-
donovani : espèces, distribution
nées, fréquentes en Inde et au Soudan, sont rares dans
géographique et hôtes La leishmaniose viscérale peut être confondue
les régions méditerranéennes.
avec le paludisme et d'autres parasitoses généralisées.
Son diagnostic repose sur les observations suivantes:
fièvre ondulante, mauvais état général, perte de poids
Espèce Géographie Hôtes vertébrés Vecteurs
et émaciation, splénomégalie, adénopathies, anémie,
L. donovani Asie homme, chien P. chinensis, pigmentation de la peau.
(sauf en Inde) P. argentipes
• LABORATOIRE
L. infantum Europe méditerra- Homme, P. perniciosus
néenne (Espagne, chien P. ariasi (Cévennes) Mise en évidence du parasite
France, Italie, etc...) P. major
Afrique du Nord (partie orientale du bassin) L'examen microscopique se fait sur le produit de
ponction médullaire ou splénique (dangereuse) ou sur
L. archibaldi Afrique de l'Est Homme P. martini
(Ethiopie, Soudan, uniquement le sang périphérique en frottis. O n retrouvera les para-
Kenya) sites intracellulaires ou extracellulaires (cellules écla-
tées au cours des manipulations).
L. chagasi Toute l'Amérique Homme, chien L. iongipaipis
latine, sauf Chili, et canidés sauvages, La culture de toutes les espèces viscérales est
Equateur et Uruguay rongeurs
facile.

130
Description des complexes d'espèces Chapitre 11

L'isolement sur animaux est sans problèmes, Figure 11-7


même pour des souches de L. donovani infectant
Sérums de chiens et antigènes
l'homme uniquement.
de L. donovani
Les techniques modernes sont en plein essor Le chien joue dans la leishmaniose
(monoclonaux, sondes, PCR). méditerranéenne un rôle important
comme réservoir de parasites. Des
Sérologie
sérums de chiens infectés reconnaissent
Tous les tests donnent une réponse très positive plusieurs antigènes de Leishmania
dans 99 p.100 des cas. U n suivi post-thérapeutique est donovani, proche de L. infantum.
possible par surveillance de la négativation des tests en Document D. Le Ray
6 à 12 mois. Les rechutes sont détectées avant l'alerte
clinique.

Constantes biologiques

Les modifications des paramètres déjà mention- Il a été proposé d'associer le Z y l o r i c ® au stibo-
nés sont très éloquentes. gluconate, à raison de 20 mg/kg/jour, en trois prises par
voie orale. Les avis sont partagés sur son activité.
Epidémiologie
7.2 Les leishmanioses cutanées
La maladie peut être endémique au départ de
de l'Ancien Monde
réservoirs animaux ou épidémique par transmission
interhumaine, avec des vecteurs très nombreux en
Caractéristiques générales
contact étroit avec l'homme.
Il s'agit de parasites des macrophages du derme.
La transmission est réalisée habituellement par
Phlebotomus dans l'Ancien Monde, par Lutzomyia La lésion débute par une papule, évoluant vers
dans le Nouveau Monde. un nodule (tissu inflammatoire constitué de lymphocy-
tes, plasmocytes, cellules réticulo-endothéliales rem-
Le chien dans le bassin méditerranéen joue un plies de parasites). Une ulcération peut apparaître,
rôle important comme réservoir de parasites. souvent très tardivement, au centre de la papule (après
deux à trois mois d'évolution). Les surinfections sont
Traitement fréquentes. L'apparition du tissu granulomateux con-
• DÉRIVÉS DE L'ANTIMOINE duit à la cicatrisation qui survient souvent spontané-
ment au bout d'une année ou plus. Les lésions
20 mg/kg/jour (850 mg maximum) de Sb pendant métastatiques sont rares (figure 11-8).
20 jours en moyenne.
Le parasite sera mis en évidence par examen
- antimoniate de méglumine (Glucantime®): 10
microscopique sous forme de frottis, culture (facile) ou
ml en injection intramusculaire;
inoculation à l'animal du produit de ponction des
- stibogluconate de sodium (Pentostam®): 8,5 ml bords de l'ulcère faite par l'extérieur de la lésion. Le
en injection intramusculaire ou intraveineuse. frottis sera coloré au Giemsa. La biopsie, elle aussi,
Les doses seront proportionellement plus élevées
chez l'enfant que chez l'adulte. Figure 11-8

Remorque Ulcère leishmanien

I
Ulcère à bords taillés à pic, dont le fond
En cas de résistance (rechutes), on donnera une nouvelle cure d'antimoniés est occupé par du tissu de cicatrisation;
ou l'Amphotéricine B® à raison de 1 mgAg (dose à atteindre progressive- les parasites seront retrouvés en bordure
ment par paliers de 5 - 1 0 mg) trois fois par semaine. La dose totale à attein- de la lésion.
dre est de 1 à 3 grammes.

• ISÉTHIONATE DE PENTAMIDINE 1
Pentacarinat®: 4 mg/kg, trois fois par semaine
pendant 5 à 25 semaines.

• ALLOPURINOL
M

101
Chopitre 11 LE GENRE LEISHMANIA LES LEISHMANIOSES

sera faite sur les bords de la lésion: le fond de l'ulcère thétique ou passe à la chronicité (lésion continuelle-
ne contient pas de parasites. ment inflammatoire).

En immunofluorescence et en précipitation en • TRAITEMENT


gel, les anticorps ne sont détectables que chez 50 L'objectif principal pourrait en être la diminution
p.100 environ des patients atteints d'une ulcération du réservoir de parasites. Il consiste en l'injection
simple. d'antimoniés ou de quinacrine au niveau de la lésion
L'intradermo-réaction à la leishmanine est utile (à deux ou trois reprises). L'exérèse chirurgicale a été
pour le diagnostic épidémiologique (rétrospectif, dans aussi proposée.
une population).
Le complexe Leishmania (L.) major
Le complexe Leishmania (L.) tropica (tableau 11-3)
(tableau 11-2) • POUVOIR PATHOGÈNE:

• POUVOIR PATHOGÈNE L. major est responsable d'une lésion humide,


Agent de la leishmaniose cutanée urbaine (bou- plus rapide d'évolution, ayant tendance à métastaser
ton d'Orient, clou de Biskra, bouton d'Alep, "Oriental le long des trajets lymphatiques ou à récidiver (leish-
Sore"), L. tropica cause une ulcération sèche, le plus maniose cutanée rurale). C'est un granulome exubé-
souvent unique, survenant à l'endroit de la piqûre et rant avec surface exsudative.
guérissant spontanément. La localisation et le nombre • TRAITEMENT
des lésions dépendra donc des endroits et de la super-
Les lésions bénignes ne nécessitent aucun traite-
ficie exposés; on a observé jusqu'à 40 lésions simulta-
ment.
nées chez un même individu (chacune se développant
à l'endroit d'une piqûre infectante). L'évolution peut Les lésions ulcérées, enflammées avec lymphan-
s'étaler sur une période allant d'une semaine à un an. gite, seront traitées par l'administration d'antimoniés
Elle aboutit à la guérison, laissant une cicatrice ines- par voie générale (10 à 20 mg/kg/jour) jusqu'à obten-
tion de la guérison clinique et parasitologique.
Tableau 1*1-2
Le complexe Leishmania (L.) aethiopica
Espèce Géographie Hôtes vertébrés Vecteurs (tableau 11-4)

L. tropica Afrique du Nord; Homme P. sergenti • POUVOIR PATHOGÈNE


Pourtour de la méditer- (parfois le chien?)
La lésion de L. aethiopica ressemble à celle de
ranée orientale; autres vecteurs ?
L. tropica mais l'ulcération est très tardive ou inexis-
Asie centrale;
tante. La durée totale, du début à la guérison, est de 2
(Zones urbaines)
à 3 ans. Les sujets anergiques ou immunodéprimés
montrent une tendance à la métastase et à l'évolution
T a b l e a u 11-3 vers la généralisation de lésions nodulaires ressem-
blant à la lèpre lépromateuse (leishmaniose cutanée
diffuse: voir description sous L. mexicana).
Espèce Géographie Hôtes vertébrés Vecteurs
• TRAITEMENT
L. major Zone sèche d'Afrique Homme P. papatasi
au Nord de l'équateur; Rongeurs P. dubosqi O n laissera les lésions guérir spontanément sauf
Moyen Orient; en cas de localisations nasales ou buccales où l'admi-
Asie centrale, Inde. nistration de pentamidine (4 mg/kg deux fois par
(Zones rurales) semaine) est justifiée jusqu'à régression des lésions
(plusieurs semaines).

Tableau 11-4 7.3 Les leishmanioses cutanées


du Nouveau Monde
Espèces Géographie Hôtes vertébrés Vecteurs
Le complexe Leishmania (L.) mexicana
L. aethiopica Ethiopie, Kenia Homme P.iongipaipis
et pays limitrophes Rongeurs P. pedifer Parasites des macrophages de la peau provo-
Daman
quant l'apparition de lésions ulcératives ou proliférati-

132
Description des c o m p l e x e s d'espèces Chapitre 11

ves uniques ou multiples, ils présentent une Tableau 11-5


distribution géographique par petits foyers, (tableau
11-5) Le complexe Leishmania (L.) mexicana

• POUVOIR PATHOGÈNE
Espèces Géographie Hôtes vertébrés Vecteurs
L. mexicana est responsable de l'ulcère du "chi-
clero" (ouvrier travaillant à la récolte du latex dans les L. mexicana Amérique centrale Homme L. olmeca
(zones forestières) Rongeurs
plantations d'hévéa), qui guérit généralement sponta-
nément sauf s'il siège au niveau du pavillon de l'oreille L. pifanoi Venezuela Homme ?
(endroit préférentiel de piqûre de L. olmeca ). Le car-
tilage du pavillon peut être complètement détruit par L. amazonensis Forêt amazonienne Homme ?
Ile de la Trinité Rongeurs forestiers,
une lésion à l'emporte-pièce avec perte de substance,
marsupiaux
finissant par cicatriser. Ce type de lésion peut être pro-
voqué par d'autres espèces de Leishmania du Nou-
veau M o n d e si la piqûre a eu lieu sur le pavillon de • TRAITEMENT
l'oreille. O n incrimine la température plus basse des
Les antimoniés seront administrés localement en
tissus auriculaires pour expliquer l'exaltation du pou-
cas de lésion unique et par voie générale en cas de
voir pathogène.
lésions diffuses.
L. pifanoi donne des lésions cutanées simples
La chaleur (par irradiation infra-rouge ou par
sans caractère particulier.
bains chauds) ralentirait l'évolution des lésions.
L. amazonensis: lésion cutanée unique sans
La leishmaniose cutanée diffuse répond mal aux
caractère clinique particulier.
traitements.
Remarque importante
Le complexe Leishmania (V.) brasiliensis
La leishmaniose cutanée diffuse survient en Amérique latine chez des sujets
à réponse immunitaire altérée, après inoculation de L. amazonensis ou de Parasites intracellulaires des macrophages de la
L. pifanoi. Ses caractères sont les suivants peau et des muqueuses, causant l'espundia (leishma-
- il s'agit de lésions non ulcératives mais prolitératives (ressemblant à la niose muco-cutanée), le pian-bois (lésions cutanées
lèpre lépromateuse); disséminées ou récidivantes) ou l'uta (lésion cutanée
- on note histologiquement la présence de nombreux macrophages vacuo- simple à guérison spontanée) (tableau 11-6).
lés (cellules spumeuses), bourrés d'amastigotes;
- il n'y a pas de disséminations viscérales; Tableau 11-6
- l'intradermo réaction à la leishmanine est négative;
Le complexe Leishmania (V) brasiliensis
- elle est réfractaire à tout traitement;
- elle évolue inexorablement vers un envahissement de toute la surface
cutanée (sauf la plante des pieds et la paume des mains). Espèces Géographie Hôtes vertébrés Vecteurs

• DIAGNOSTIC L. brasiliensis Am. centrale: Belize, Homme Psychodopygus


Costa Rica, Guatemala, Dans les zones urbanisées: wellcomei
Le diagnostic se fait par examen microscopique Honduras, Panama. chien, cheval, âne;
(empreinte ou frottis) du produit de ponction ou de Régions forestières de Forêt: réservoir inconnu
biopsie du pourtour des lésions. La culture est facile, l'Amérique du sud
les formes promastigotes apparaissant en 20 à 30 jours
L.peruviana • Hautes vallées, du Pé- Homme, chien; Lutzomyia
à 26°C. rou au nord de l'Argen- pas de réservoir sylvatique verrucarum
tine L. peruensis
L'inoculation aux animaux de laboratoire donne
des ulcérations aux extrémités (coussinets plantaires et L. guyanensis Brésil, Honduras, Homme, Lutzomyia
museau chez le hamster). Guyane française, Didelphis marsupialis umbratilis
Guyane, Surinam Edentés arboricoles:
Les tests sérologiques (immunofluorescence indi- Choloepus, Tamandua
recte, précipitation en gel), à l'aide d'antigènes spécifi- (paresseux)
ques sont en général positifs.
L. panamensis Costa Rica, Honduras, Homme Lutzomyia ???
Le test à la leishmanine n'est positif que dans 50 Nicaragua, Panama, Edentés arboricoles
p.100 des cas et négatif dans les cas de leishmaniose Colombie, Equateur Cheval, chien, rongeurs
cutanée diffuse. (région cotière) Marsupiaux, primates

133
M ^ ^ Q ^ J J ^ L LE GENRE LEISHMANIA LES LEISHMANIOSES

Remarques En culture, la croissance des représentants du


groupe L. brasiliensis est difficile.
L. peruviana: le parasite a pratiquement été éradiqué depuis l'introduction
L'inoculation au hamster entraîne l'apparition
des insecticides dans les habitations, vu l'absence de réservoir syivatique.
d ' u n e ulcération unique à l'endroit de l'inoculation;
L. guyanensis: le réservoir forestier est le paresseux, mais l'opossum pas d e métastase à distance.
(Didelphis marsupialis) se charge d'héberger le parasite autour des endroits
habités et dans la forêt secondaire. L'immunofluorescence indirecte et la précipita-
tion en gel, l'intradermo-réaction à la leishmanine sont
• POUVOIR PATHOGÈNE utiles au diagnostic.

La lésion primaire d e L. brasiliensis est une ulcé- • TRAITEMENT


ration unique survenant à l'endroit de la piqûre. Des
récidives peuvent survenir (parfois plusieurs années Dans le cas de L. guyanensis, la lésion cutanée

plus tard) de m ê m e que des métastases siégeant le plus nodulaire sera traitée aux RX mous o u enlevée chirur-
souvent au niveau de la face. Ces lésions prennent une gicalement.
extension souvent considérable. Elles peuvent être S'il existe des extensions lymphatiques, on devra
ulcératives ou non. Ulcératives, elles aboutissent à une recourir aux antimoniés par voie générale (10 à 20 mg/
destruction plus o u moins complète des lèvres, du nez,
kg/jour) jusqu'à guérison.
du carrefour naso-pharyngé. Le patient peut mourir d e
surinfections, d e troubles graves d e la déglutition et de L'injection unique de pentamidine est utilisée en
la respiration. C'est cette situation q u e décrit le terme Guyane.
"espundia." Les lésions non ulcératives sont des poly-
A part la suggestion de traiter d e manière inten-
pes et des granulomes, accompagnés d ' o e d è m e et de
sive la lésion primaire (banale) d e L. brasiliensis à
fibrose, provoquant des obstructions des voies respira-
l'aide d'antimoniés par voie générale pendant 4
toires supérieures et des déformations du faciès (profil
semaines, il n'y a pas de traitement réellement efficace
de tapir).
de l'espundia; la chirurgie reconstructive serait sou-
vent nécessaire dans des endroits où les soins médi-
L. peruviana est l'agent causal de l'Uta, constitué
caux rudimentaires sont seuls assurés.
de plusieurs lésions primaires, véritables ulcérations
évoluant spontanément vers la guérison sans séquel-
les. O n a prétendu qu'il s'agissait de L. tropica importé 8. M é t h o d e s d e lutte e t c o n t r ô l e
de l'Ancien M o n d e mais la ressemblance biochimique
avec L. brasiliensis est évidente et cette hypothèse
doit d o n c être rejetée. 8.1 Réservoir d e parasites

L. guyanensis provoque le pian-bois, consistant


Leishmanioses anthroponosiques
en lésions ulcératives initiales multiples avec dissémi-
nation le long des trajets lymphatiques. Elles peuvent La surveillance passive avec notification et le
évoluer vers la formation d'excroissances kératinisées dépistage actif avec identification du parasite devront
surélevées (jusqu'à 1 c m au dessus du plan de la peau être instituées.
avoisinante).
Pour la leishmaniose viscérale, le diagnostic pré-
L. panamensis cause un ulcère unique, guéris- somptif des cas sera basé sur les symptômes cliniques;
sant spontanément c o m m e la lésion primaire de L. le sérodiagnostic pourra être appliqué sur la popula-
brasiliensis ; il n'y a jamais de métastases ni de réci- tion à risque.
dive et d o n c pas d'espundia. D e s adénopathies de
Pour la leishmaniose cutanée, on recherchera les
drainage sont observées, à partir desquelles il est pos-
cicatrices ou on pratiquera le test cutané à la leishma-
sible d'isoler le parasite responsable. La guérison
nine.
spontanée est moins régulière que pour L. mexicana .
L'identification des parasites est nécessaire pour
• DIAGNOSTIC
le choix des mesures d e lutte et la prescription du trai-
Pour l'examen microscopique, se référer aux tement. Les techniques utilisées sont diverses: isoenzy-
méthodes décrites pour l'ensemble des leishmanioses mes, anticorps monoclonaux, sondes nucléiques avec
cutanées de l'Ancien M o n d e . Dans le frottis coloré au ou sans P C R . Ces dernières ont été employées avec
Giemsa, les parasites sont très rares. succès dans les zones rurales au Pérou.

134
Caractères des espèces : synthèse

Les cas devront être traités. Les schémas théra- 8.2 Vecteurs
peutiques sont différents d'une leishmaniose à l'autre
Pour les mesures proposées , consulter le chapi-
(voir paragraphes spécifiques).
tre 20.

Remarque 8.3 Vaccins


D e bons résultats, supérieurs dans certains cas au
Il faut assurer la fiabilité du diagnostic! La population apprendra à reconnaî- traitement médicamenteux, ont été obtenus par l'injec-
tre les premiers symptômes et le principe de la gratuité des médicaments tion de leishmanies tuées mélangées à du B C G (vaccin
doit être institué. antituberculeux).

D e nombreux autres vaccins sont à l'étude. Il


Leishmanioses zoonosiques s'agit surtout de molécules antigéniques purifiées,
extraites du parasite. Deux molécules ont récemment
Les chiens errants seront abattus; chez les autres,
attiré l'attention: la glycoprotéine majeure de surface
la recherche de signes cliniques ou la sérologie seront
( G P 63), dont la séquence génomique identifiée a été
utilisées. Des mesures somme toute superposables à
transférée chez E. coli pour production d'antigène
celles du contrôle de la rage.
recombinant et des lipophosphoglycannes (LPG) dont
l'action aurait lieu chez le vecteur.
Les rongeurs seront repérés ainsi que leurs ter-
riers. La destruction des terriers par un labourage pro-
9. Synthèse
fond dans les champs cultivés ou les appâts
empoisonnés sont les méthodes les plus utilisées.
Pouvoir pathogène
et répartition géographique
des espèces

Leishmaniose
Tableau 11-7
Espèces de Espèces du ; Clinique Réservoir
l'Ancien Monde Nouveau Monde
Leishmania tableau comparatif
Viscérale L. donovani Kala azar homme des espèces

L. infantum Kala azar chien

L. chagasi Kala azar chien, renard

Cutanée simple L. tropica Lésion sèche (Bouton homme


d'orient)

L. major lésion humide rongeurs

L. mexicana ulcère du «chiclero» rongeurs,


marsupiaux

L. peruviana uta chien

L. guyanensis pian-bois fourmilier,


paresseux

L. panamensis ulcère unique paresseux, singes

Cutanée diffuse L, aethiopica diffuse et grave Daman

(si immunité déficiente) L. amazonensis id. homme

L. pifanoi id. rongeurs

Cutanéo-muqueuse L. brasiliensis espundia rongeurs, chien

135
Chopitre 11 LE GENRE LEISHMANIA LES LEISHMANIOSES

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136
Les caractères du genre Plasmodium

Introduction m o d i u m s humains qui ne peuvent, dans la nature, se Introduction, .. •


développer que chez l'homme. 1. Taxinomie '
L ' e m b r a n c h e m e n t des S p o r o z o a est a p p e l é par L e v i n e
. 1.1 Embranchement, clos-
"Apicomplexa" pour é v o q u e r la présence, constante
ses, ordres
c h e z les stades invasifs d u c y c l e d e ces parasites (res- 1. Taxinomie 1.2 Famille
ponsables d e la pénétration dans u n e c e l l u l e d e l'hôte), (selon Levine 1988, amendée par Cox 1991 ) 1.3 Genres
d ' u n " c o m p l e x e a p i c a l " c o m p r e n a n t l'anneau polaire, 1.4 Sous-gs
les m i c r o n è m e s , les microsphères et les rhoptries. C e t 2. Cycle évolutif des plas- ;
e m b r a n c h e m e n t c o m p r e n d les plasmodiums, les coc- 1.1 Embranchement, classes, ordres modjums'hunnQins,
cidies m o n o x è n e s et hétéroxènes ainsi q u e les piro- 2.1 Description du cycle
plasmes. Le groupe des Sporozoaires (ou A p i c o m p l e x a ) 2.2 Dénomination des sta-
c o m p r e n d trois classes. des er>princip
Le p l a s m o d i u m est un parasite intracellulaire, ami- caractères
boïde, produisant d u pigment (provenant d e la dégra- Il y a trois ordres dans l'embranchement, un dans •3. Morphologie
dation d e l'hémoglobine). Il présente, au cours du c h a q u e classe: H a e m o s p o r i d a Danilevski 1885, Eime- 3.1 Stade de la schizogo-
c y c l e évolutif, u n e alternance d e reproduction asexuée riida et Piroplasmida. nie pré-érythrocytoire
3.2 Le mérozoTfe, stade
(schizogonie) c h e z l'hôte vertébré et d e reproduction
invasif
sexuée (sporogonie) c h e z l'hôte invertébré. O n dénom- Les caractères d e l'ordre des H a e m o s p o r i d a qui
3:3 Stades de lo schizogo-1
bre 146 espèces différentes c a p a b l e s d'infecter divers contient les plasmodiums sont les suivants: m i c r o et r nie sanguine
hôtes: homme, singes, oiseaux, rongeurs, reptiles, macrogamétocytes se d é v e l o p p a n t indépendamment; 3.4 ^ Stades sporogoniques"
amphibiens, chauve-souris, ongulés (antilopes, etc.). pas d e c o n o ï d e ; microgamétocyte produisant 8 micro- 4. "Caractères biologiques
Q u a t r e espèces se retrouvent dans le sang d e l ' h o m m e : gamètes; zygote m o b i l e (ookinète); sporozoïtes nus; , 4 1 Pénétration dans le
Plasmodium falciparum, P. malariae, P. ovale, P. vivax endodyogénie absente; hétéroxène; schizogonie globule rouge
(mérogonie) chez le vertébré; pigment (hémozoïne) 4.2 , Le plasmodium dans le
La spécificité d'hôte est très stricte pour les plasmo- .. globule rouge
visible au microscope optique; sporogonie chez
4.3 Le plasmodium chez
diums d e mammifères et e n particulier pour les plas- l'invertébré; transmision par insectes hématophages. l'anophèle
4.4 Lo schizogoni
ÉMBRANCHEMENT : S P O R O Z O A ( A P I C O M P L E X A ) éryfhrocy taire
Bibliographie
CLASSES ORDRES Familles Genres
HAEMOSPORIDEA HAEMOSPORIDA FIGURES
Plasmodiidae Plasmodium 12-1 Schéma du cycle
, modiums .
COCCIDEA EIMERIIDA 12-2l Schizontes hépatiques
12-3 Ultrastrucljjre dès stades- '
Eimeriidae Eimeria invasifs de Plasmodium
Cryptosporiidae 12-4, Stades de la schizogonie
Cryptosporidium
éryrhrocyraire
Sarcocystiidae Sarcocystis 12-5 Stades de la sporogonie
12-6, Etapes de Iq pénétration
Toxoplasma du mérozoïte dons le glo-
bule rouge
PIROPLASMIDEA PIROPLASMIDA 12-7, te plasmodium donsle,
- globule rouge
1
Babesiidae Babesia

Theileriidae Theileria

137
Chapitre 12 LES CARACTÈRES DU GENRE PLASMODIUM

4.2 Famille (mérogonie) a un développement synchrone chez


l'hôte vertébré et aboutit à la formation d e schizontes
L'ordre des Haemosporida comporte une seule présents dans les érythrocytes et dans certains autres
famille: les Plasmodiidae Mesnil 1903. Les caractères tissus.
d e la famille sont les mêmes que ceux de l'ordre:
l'hôte invertébré est un moustique; il y a une schizogo- 4.4 Sous-genres et espèces
nie dans le sang; les gamétocytes mûrs sont dans les
érythrocytes et au cours de la maturation dans Les espèces du genre Plasmodium sont regrou-
l'érythrocyte, il y a apparition de pigment malarien. pées en 9 sous-genres dont 3 sous-genres parasites des
mammifères, 4 sous-genres parasites des oiseaux et 2
A .3 Genres sous-genres parasites des sauriens (lézards).

Plusieurs genres, Plasmodium Marchiafava et L'initiale majuscule du nom du sous-genre se


Celli 1885, Haemoproteus, Leucocytozoon, Hepato- met entre parenthèses à la suite du nom du genre mais
cystis sont reconnus chez les Plasmodiidae. c e niveau de classification est peu utilisé et n'est pas
mentionné dans la pratique.
Le genre Plasmodium possède les caractéristi-
ques suivantes: les gamétocytes mâle et femelle sont Les trois sous-genres parasites des mammifères
d e même taille et situés dans les érythrocytes; les sont Plasmodium (P.), Vinckeia (V.) et Laverania (L.).
mâles produisent un nombre limité (8) de microgamè- Leurs caractères sont décrits ci-dessous.
tes; le résultat d e la fécondation est un ookinète Plasmodium: schizontes érythrocytaires grands,
mobile qui se transforme en oocyste dont la taille aug- gamétocytes arrondis, parasites des primates. Les espè-
mente au cours d e la maturation et qui d o n n e nais- ces infectant l ' h o m m e sont P. (P.) vivax Grassi et Feletti
sance à d e très nombreux sporozoïtes; la schizogonie 1890, P. (P.) ovale Stephens 1922 et P. (P.) malariae
Figure "12-1 Feletti et Grassi 1889.

Schéma du cycle des piasmodiums Vinckeia: schizontes érythrocytaires petits,


gamétocytes arrondis, parasites des antilopes, ron-
geurs et autres mammifères à l'exclusion des primates.
L'espèce P. (V.) bergheiVincke et Lips 1948 qui infecte
les rongeurs constitue un modèle de laboratoire très
utilisé. C e plasmodium peut être transmis par des ano-
phèles élevés en insectarium (A. stephensi).

Laverania: schizontes érythrocytaires grands,


gamétocytes allongés (falciformes), parasites des pri-
mates. L'espèce P. (L.) falciparum W e l c h 1897 infecte
l'homme.

2. Cycle évolutif
des piasmodiums humains

2.4 Description du cycle

Schéma général (figure 12-1 )

Après l'inoculation à l ' h o m m e par l'anophèle, le


plasmodium envahit successivement, chez l'hôte ver-
tébré, deux types de cellules: d'abord les hépatocytes
puis les érythrocytes. Il s'y multiplie par schizogonie
(divisions nucléaires multiples suivies du morcelle-
ment du cytoplasme). C e sont les deux phases d e
reproduction asexuée: la schizogonie hépatique (ou
pré-érythrocytaire) et la schizogonie érythrocytaire.
Cycle évolutif des piasmodiums humains

Les stades "invasifs", responsables de la recon- recommence un c y c l e de multiplication dans un autre


naissance de la cellule hôte et de la pénétration, étapes globule rouge : la parasitémie s'élève, le sujet devient
essentielles du c y c l e chez le vertébré, sont le sporo- fébrile, c'est l'accès de paludisme.
zoïte et le mérozoïte.
Sporogonie (figure 12-5)
Les sporozoïtes sont formés chez le moustique à
l'issue de la maturation de l'oocyste, résultat de la A partir du sang, le parasite passe chez le vecteur
reproduction sexuée. Injectés à l'homme lors de la (moustique du genre anophèle dont seule la femelle est
piqûre, ils constituent le stade infectant. Ils disparais- hématophage) sous forme d'un stade sexué provenant
sent du sang en moins d'une heure et ne peuvent péné- aussi d'un mérozoïte, apparemment semblable aux
trer que dans les hépatocytes (cellules du foie). autres mais ayant subi dans le globule rouge une matu-
ration d'une dizaine de jours, accompagnée d'une dif-
Les mérozoïtes sont formés à l'issue des schizo-
férenciation sexuée (gamétocytes mâles et femelles).
gonies (hépatique unique ou érythrocytaires multiples).
Ils ne peuvent pénétrer que dans un globule rouge L'anophèle, au cours d'un repas sanguin pris
(érythrocyte). chez un sujet infecté, ingère donc des gamétocytes
mâles (microgamétocytes) et femelles (macrogaméto-
Schizogonie (mérogonie) cytes). Dans son estomac, les gamètes mâles se forment
pré-érythrocytaire à partir du microgamétocyte au cours d'un processus
d'exflagellation: il s'agit d'une division rapide du
Dans les hépatocytes, la présence et la multipli-
noyau en huit (octoploïdie) et de la protrusion, à la
cation du parasite passent inaperçues: le patient est en
périphérie de la cellule, de huit fins filaments cytoplas-
période d'incubation. La cellule hépatique parasitée
miques pourvus de microfibrilles (synthèse de tubuline)
par un schizonte (provenant du sporozoïte) s'hypertro-
et dans chacun desquels un noyau s'engage. Ces fins
phie considérablement (30 à 40 pm de diamètre) et
filaments cytoplasmiques se détachent et nagent libre-
sera détruite par le développement du parasite mais les
ment dans le contenu stomacal du moustique: ce sont
phénomènes inflammatoires restent très discrets. La
les microgamètes ou gamètes mâles. C e processus est
schizogonie hépatique est asymptomatique.
explosif, il est complété en 10 minutes. Les macroga-
La maturation de c e schizonte dure une à deux métocytes (femelles) ne subissent aucun changement
semaines et produit de nombreux (jusqu'à 20.000) mais ils se débarrassent de l'enveloppe érythrocytaire
mérozoïtes, stade parasitaire qui envahit le sang. La et deviennent réceptifs. Ils exercent un pouvoir
schizogonie hépatique est unique dans le cycle, les d'attraction sur les microgamètes. Leur rencontre et la
cellules hépatiques ne pouvant être infectées que par fusion des noyaux d'un microgamète et d'un macroga-
des sporozoïtes. mète réalise la fécondation.

Dans les infections à P.vivax et P.ovale, une schi- D e cette rencontre naît un organisme mobile,
zogonie hépatique retardée (hypnozoïtes) peut amener diploïde, appelé "ookinète", c'est-à-dire "œuf mobile".
la libération dans le sang de mérozoïtes jusqu'à 18 Les zygotes (oeufs fécondés) ainsi formés sortent active-
mois après la piqûre du moustique, causant les rechu- ment de l'estomac, échappant ainsi au processus de
tes tardives de malaria. Dans les infections à P. falcipa- digestion et deviennent des oocystes. La réalisation de
rum et a P. malariae, les hypnozoïtes n'existent pas. ces phénomènes ne prend que 24 heures.

Schizogonie (mérogonie) érythrocytaire A l'intérieur de l'oocyste (situé sur la paroi


externe de l'estomac), les cellules parasitaires se multi-
Dans les érythrocytes, la pénétration d'un méro- plient activement provoquant un accroissement de
zoïte et sa maturation en schizonte qui prend 48 ou 72 taille: c'est la maturation de l'oocyste. La première
heures (d'après l'espèce) conduit à la destruction du division est réductionnelle, cette méiose donnant
globule rouge hôte et à la libération de 8 à 32 nou- d'emblée des cellules haploïdes pour tout le reste du
veaux mérozoïtes. Les étapes de la maturation portent cycle. Après plusieurs jours de maturation (la durée
des noms: anneau, trophozoïte, forme amiboïde dépend de la température ambiante), chaque oocyste
(acroissement de la taille du cytoplasme), schizonte libère quelques centaines de sporozoïtes autour de
immature, schizonte mûr (série de divisions nucléai- l'estomac du moustique. Ceux-ci constituent, c o m m e
res). Cette évolution suppose une synthèse d'ADN on l'a vu, le stade infectant pour l'homme. Ils vont
importante et rapide, surtout dans le dernier quart de la migrer et s'accumuler dans les cellules des glandes
période. Chaque mérozoïte libéré par le schizonte mûr salivaires, attendant l'occasion d'être injectés avec la

139
Chapitre 12 LES CARACTÈRES DU GENRE PLASMODIUM

salive, lors d'une piqûre, à un nouvel hôte vertébré. 3. Morphologie


U n nouveau sujet s'infecte, l'infection débutant par
une schizogonie hépatique. 3.1 Stade de la schizogonie
pré-érythrocytaire
Les sporozoïtes sont des parasites hybrides résul-
tant de la fécondation. Le gamète femelle et le gamète A leur maturité, les schizontes hépatiques
mâle peuvent provenir de lignées parasitaires différen- ("corps bleus") atteignent 35 à 50 p.m de diamètre et
tes coexistant chez un sujet parasité en zone d'endé- possèdent 15.000 à 20.000 noyaux. Sur des coupes de
mie et reprises par un moustique lors du repas tissu hépatique colorées au Giemsa, leur forme est
ronde, ovale ou polylobée, les noyaux sont petits,
sanguin. C e fait est important pour la compréhension
arrondis ou anguleux, le cytoplasme est bleu.
de la diversité des lignées parasitaires à l'intérieur
d'une espèce c o m m e P. falciparum. Avant leur maturité, les schizontes sont difficiles
à repérer dans le tissu hépatique car leur cellule hôte
2.2 Dénomination des stades n'est pas encore augmentée de volume et ils sont for-
cément très peu nombreux par rapport au nombre
et principaux caractères (tableau 12-1 )
d'hépatocytes (figure 12-2).

ACTIVITÉ 3.2 Le mérozoïte, stade invasif


DESIGNATION LOCALISATION
Petit parasite extracellulaire ovale de 2 à 3 |a.m
HÔTE ORGANE OU
de diamètre, stade fugace, le mérozoïte possède dans
CELLULE
son cytoplasme, à un des pôles de l'ovale, une struc-
Cellules ture spécialisée dans la pénétration composée d'un
Reconnaissance hépatocyte;
Anophèle des glandes anneau polaire, de micronèmes et de rhoptries. Le
adhérence et pénétration
Sporozoïte salivaires; mérozoïte n'est pas vu, ni recherché à l'examen
microscopique d'un frottis (figure12-3).
Homme Sang

Schizonte
Homme
Foie Multiplication: synthèse ADN 3.3 Stades de la schizogonie sanguine
exoérythrocytaire hépatocyte et divisions nucléaires
Ces stades, intra-érythrocytaires, sont responsa-
Reconnaissance erythrocyte;
Mérozoïte Homme Circulation bles de l'accès de paludisme (poussée de fièvre qui
adhérence et pénétration
coïncide avec la libération des mérozoïtes) et permet-
Anneau tent au microscopiste de poser le diagnostic.
Homme Erythrocyte Accroissement de taille
(trophozoïte jeune)
Rappelons qu'avec la coloration de Giemsa, le
Accroissement de taille; pinocyto- cytoplasme des parasites est coloré en bleu tandis que
Forme amiboïde Homme Erythrocyte
se du cytoplasme de l'érythrocyte les noyaux sont colorés en rouge. Il est inutile de vou-
Accroissement de taille; loir examiner ici des préparations à frais, les parasites
Schizonte jeune Erythrocyte
Homme divisions nucléaires étant intracellulaires et pratiquement immobiles. Et si
(érythrocytaire)
Laveran a découvert P. falciparum dans des prépara-
Eclatement et libération des tions non colorées du sang d'un malade, c'est grâce
Schizonte mûr Homme Erythrocyte
mérozoïtes aux mouvements du seul stade mobile dans une prépa-
Accroissement de taille ration de sang, le gamétocyte mâle en exflagellation.
Homme; Erythrocyte;
Gamétocytes
(mâle et femelle) Anophèle Estomac Exflagellation; fécondation Les principaux caractères distinctifs des formes
sanguines sont les suivants:
Ookinète Anophèle Estomac Mobile, sort de l'estomac

Surface externe Divisions cellulaires; - taille de l'anneau (trophozoïte jeune);


Oocyste jeune Anophèle accroissement de taille
de l'estomac - contours de la forme amiboïde (trophozoïte âgé);
- nombre et disposition des noyaux dans le schizonte mûr;
Surface externe Eclatement; libération
Oocyste mûr Anophèle des sporozoïtes - forme des gamétocytes;
de l'estomac
- abondance, localisation et couleur du pigment;
Hémocèle;
Migration vers les glandes - altérations du globule parasité (modifications de la taille, de la forme,
Sporozoïtes Anophèle glandes
salivaires de la colorabilité, présence de granulations).
salivaires

140
Morphologie Chapitre 12

Schizontes hépatiques
1. Schizonte immature
A l'aide de ces caractères, il est possible de dis-
2. Schizonte mûr de P. v i v a x m o n t r a n t le noyau de l'hépatocyte hôte
tinguer l'une de l'autre les différentes espèces de Plas-
3. Dessin de schizontes en voie de maturation, montrant la disposition
modium (humains ou autres) (figure 12-4).
variable des noyaux

3.4 Stades sporogoniques


Figure 12-3

Par dissection on pourra repérer, chez le mousti- Ultrastructure des stades invasifs
que, les différents stades de la sporogonie. de Plasmodium
Pôle apical du mérozoïte et du sporozoïte
Ookinète montrant l'appareil de pénétration
P anneau polaire
Dans l'estomac, les ookinètes résultant de la C conoïde
fécondation sont présents de 12 à 24 heures après le MN micronèmes
repas infectant, sous l'aspect de vermicules de 10 pm RH rhoptries
de longueur sur 3-4 pm de largeur, pointus aux deux Ml mitochondrie
extrémités, avec noyau central, cytoplasme parsemé de Ces structures sont communes aux "Api-
grains de pigment accumulés en plus grande quantité à complexa" qui comprennent aussi les
une extrémité du parasite. Ce stade est mobile. Il coccidies.
adhère aux cellules de la paroi puis, par des mouve-
ments de reptation, sort activement de l'estomac du
moustique (figure 12-5).

Oocyste

Les oocystes à des stades différents d'évolution Figure 12-4


sont visibles autour de l'estomac, appliqués sur la face
externe de sa paroi. Les oocystes jeunes ont 8 à 10 pm Stades de la schizogonie érythro-
de diamètre, ils sont sphériques et n'ont pas de struc- cytaire
ture interne, à part les grains de pigment hérités du 4, 6, 7 , 1 3 trophozoïtes (anneaux)
gamétocyte femelle, arrangés en figure (lignes parallè- 10. schizonte jeune
les, lignes se croisant, gerbes de lignes divergentes). 1,8. schizontes en maturation
Les oocystes mûrs ont 50 à 80 pm de diamètre. Ils sont 2, 3, 9,12.gamétocytes (pigment dis-
remplis de petites cellules allongées, rangées en fais- séminé dans le cyto-
ceaux ou en roue de chariot, chacune avec son noyau plasme)
propre et son cytoplasme: ce sont les sporozoïtes. Libé- 11. infection double: un gamé-
tocyte et un trophozoïte
rés par les oocystes mûrs, ils flottent dans le liquide
(vacuolé)
dans lequel l'estomac a été disséqué (figure 12-5).
5. érythrocyte non infecté

141
Chapitre 12 LES CARACTÈRES DU GENRE PLASMODIUM

Figure 12-5 Sporozoïte, stade invasif mérozoïte puisse reconnaître sa cellule hôte. Ces
récepteurs sont, dans le cas de P. vivax, des antigènes
Stades de la sporogonie Il est doué d'une mobilité paresseuse, se cour- de groupes sanguins (glycoprotéines Duffy) et pour P.
1. gamétocyte mâle en exflagellation bant dans un sens puis dans l'autre. Il a 11 à 14 ^m de falciparum, des glycophorines (acide sialique en parti-
(formation et libération de huit long sur 0,5 à 1 |im d'épaisseur. Son noyau est central culier). Grâce à la présence de ligands, le mérozoïte
gamètes mâles, mobiles) et le cytoplasme est réduit à un fin filament. Tout adhère d'abord par une quelconque partie de sa sur-
2. ookinète comme le mérozoïte, il est pourvu de micronèmes, face, puis il s'oriente de manière à ce que son pôle
3. dessins d'un estomac disséqué rhoptries et anneau polaire (figuresl 2-3, 12-5). antérieur, qui est porteur des organites de pénétration,
avec oocystes arrive en contact avec la paroi globulaire. Le contenu
4. photo d'oocystes proches de la des rhoptries est alors déversé sur la membrane
4. Caractères biologiques
maturité externe du globule rouge, provoquant l'invagination
5. photo d'oocystes (profil d'esto- de celle-ci. A l'endroit de la jonction, de courts fila-
mac) 4.1 Pénétration dans le globule rouge ments sont visibles, unissant la surface de l'érythro-
6. sporozoïtes cyte, riche à cet endroit en protéines intra-
Les mérozoïtes, libres dans le plasma pendant membranaires, et la surface du mérozoïte.
quelques instants, doivent pénétrer dans un érythro-
cyte. Plusieurs antigènes de ce stade jouent un rôle Une conséquence pratique de ces observations
important dans la pénétration: trois protéines de sur- est que le paludisme à P. vivax n'existe pas en Afrique
face ("Merozoïte Surface Antigens", M S A l, Il et III), centrale et de l'Ouest: environ 85 p.100 de la popula-
plusieurs protéines des rhoptries et une protéine des tion y étant Duffy A(-) B(-), leurs globules sont dépour-
micronèmes transférée, lors de la pénétration, à la sur- vus de la protéine de reconnaissance nécessaire à
face de l'érythrocyte infecté ("Ring-infected Erythro- l'attachement des mérozoïtes de P. vivax.
cyte Surface Antigen", RESA). Ce processus peut être
décomposé en deux phases (figurel 2-6). Pénétration

Le mérozoïte est aspiré par une invagination de


Adhérence
la membrane globulaire qui forme une vacuole "para-
La présence, sur la surface du globule rouge, de sitophore" dans l'érythrocyte. Celle-ci se referme der-
récepteurs spécifiques est indispensable pour que le rière le parasite. Dans ce processus, le rôle du

142
Caractères biologiques Chapitre 12

cytosquelette (chaînes permettant la cohérence et Figure "I2-6


l'élasticité d e la membrane érythrocytaire: spectrine,
actine, ankyrine) est évidemment important. Les ovalo- Etapes de la pénétration du méro-
cytes, fréquents c h e z les Mélanésiens et dont le cytos- zoïte dans le globule rouge

quelette est altéré, rendant la membrane externe plus 1. Attachement


rigide, sont résistants à l'invasion par les mérozoïtes d e 2. Orientation du pôle apical contre
P. falciparum. l'érythrocyte
3 , 4 . Invagination de la membrane de
A l'intérieur du globule rouge parasité, la fabrica- l'érythrocyte
tion d u supplément de membrane (bicouche lipidique)
5. Fermeture de la vacuole parasito-
requis pour former la vacuole parasitophore au phore (V P)
moment d e la pénétration entraîne un besoin accru en
6. Perte des organites de pénétra-
lipides. Cette membrane est très différente de la mem- tion, mouvements amiboïdes
brane globulaire externe: pas de particules intra-mem-
7. Début de la pinocytose de l'hémo-
branaires, pas de protéines du cytosquelette,
globine par le parasite
croissance forcée accompagnant l'accroissement de
taille du parasite. D ' o ù les modifications du métabo-
lisme des lipides dans l'infection plasmodiale. tion progressant, la fermeture au niveau de la mem-
brane externe la transforme en v a c u o l e alimentaire.
P. ovale, P. vivax et P. malariae sont restrictifs
L'utilisation d e l'hémoglobine, grâce à des pro-
dans le choix d e leur cellule hôte. Les deux premiers
téases très spécialisées actives en milieu acide, n'est
ont une nette prédilection pour les réticulocytes et P.
pas complète. La globine est scindée en acides aminés,
malariae préfère les globules rouges âgés de sorte que
utilisés au m ê m e titre que des acides aminés importés
les parasitémies dépassent rarement 1 à 2 p.cent. P. fal-
du plasma pour la synthèse protéique du plasmodium.
ciparum, au contraire, envahit des globules rouges d e
L'hème libéré de la molécule est aussitôt oxydé en pro-
tous âges et peut atteindre des parasitémies très éle-
toporphyrine ferrique toxique et inhibitrice des protéa-
vées.
ses dans le cytoplasme du parasite. Une
polymérisation intervient in situ sous l'influence de
4.2 Le plasmodium dans le globule rouge
l'héme-polymérase produisant un matériel cristallin
insoluble, l'hémozoïne ou pigment malarien qui préci-
Formes asexuées sanguines
pite dans le cytoplasme du parasite au cours de la
• SYNTHÈSE D ' A D N maturation. Il est visible au microscope sous forme d e
grains brun-jaunâtres. U n e hypothèse avancée pour
L'activité du parasite à l'intérieur de l'érythrocyte l'action des médicaments du groupe quinoléine est
consiste essentiellement en la maturation rapide du l'inhibition de la polymérisation provoquant l'accumu-
stade d'anneau, qui contient 10" 13 g d ' A D N , au stade lation d e la protoporphyrine ferrique, toxique pour le
de schizonte qui en contient 20" 1 2 g. Cela implique parasite.
une augmentation d e 20 fois. Dans cette synthèse
d ' A D N , la v o i e métabolique partant d e l'acide para- Les hémoglobines anormales, HbF impliquée
aminobenzoïque et passant par l'acide folique est utili- dans les thalassémies et H b S causant la drépanocytose,
sée, d ' o ù la sensibilité de c e stade aux sulfamidés et seraient plus difficilement utilisables par P. falciparum
aux antifoliniques du type pyriméthamine (inhibiteur au cours de son développement érythrocytaire. La
d e la dihydrofolate réductase). schizogonie serait perturbée et la virulence du parasite
s'en trouverait diminuée.
Remarque
Remarque
Le régime exclusivement lacté (dépourvu d'acide para-aminobenzoïque)
empêche la multiplication des piasmodiums et protège l'hôte. L'hémoglobine foetale (HbF) persiste pendant les premières semaines de la
vie extra-utérine; elle contribue à protéger le nouveau-né contre les crises
• PIGMENT MALARIEN ET MÉTABOLISME (figure! 2-7) graves de paludisme.

Le plasmodium ingère plus de 80 p.100 de Le plasmodium absorbe également des acides


l'hémoglobine d e sa cellule hôte par pinocytose et par aminés importés du plasma à travers la membrane glo-
l'action du cytostome, invagination de la membrane bulaire dont la perméabilité augmente. D e plus, il est
externe entourée d e deux anneaux denses. L'invagina- capable d'en synthétiser lui-même, à partir des élé-

143
Chapitre 12 LES CARACTÈRES DU GENRE PLASMODIUM

a v a n c é e q u e l'infection p a l u d é e n n e protégerait contre


les taux élevés d e cholestérol plasmatique.

La d é f i c i e n c e e n G - 6 - P D (glucose-6-phosphate
déshydrogénase) freine aussi le d é v e l o p p e m e n t du
parasite qui a besoin d e cet e n z y m e pour sa matura-
tion.

• MODIFICATIONS DE L'ÉRYTHROCYTE

Le globule rouge infecté subit des modifications


d e structure et d e taille qui ne sont pas e n c o r e bien
comprises. Les granulations d e Schuffner {P. vivax, P.
ovale ) sont d e petites cavités e n rapport a v e c la mem-
brane globulaire. Les taches d e M a u r e r (P. falciparum )
sont des évaginations d e la m e m b r a n e parasitophore,
truffées d e particules intramembranaires. Des protubé-
rances ("knobs") apparaissent à la surface d u g l o b u l e
rouge parasité par certaines souches d e P. falciparum ;
elles seraient responsables de l ' a d h é r e n c e des érythro-
cytes parasités à l ' e n d o t h é l i u m des capillaires et sont
constituées d ' a c c u m u l a t i o n d e protéines spécifiques
d'espèces, riches en histidine et d e haut poids molécu-
laire. L'accroissement d e taille est considérable (11 à
12 p.m d e diamètre) dans les invasions par P. vivax.
Figure -l 2-7 ments les plus simples, c o m m e les atomes d e c a r b o n e
" ; ! , , , du COo. L'érythrocyte infecté passe d ' u n e f o r m e bicon-
Le plasmodium dans le globule * c a v e à une forme globuleuse d e sphère crénelée. S a
rouge Remarque déformabilité est d i m i n u é e et les protéines d e surface
sont profondément modifiées.
Certains auteurs ont prétendu que la malnutrition protéique grave serait
"protectrice", le plasmodium privé de certains métabolites essentiels étant Des altérations surviennent dans le c o n t e n u d e
freiné dans sa multiplication. la m e m b r a n e globulaire e n protéines, hydrates d e car-
Le transport du glucose en provenance du b o n e et lipides, procurant u n e perméabilité passive
plasma est a c c é l é r é au niveau, à la fois, d e la mem- augmentée (influençant peut-être l'accessibilité aux
brane érythrocytaire (dont la perméabilité est par médicaments) mais é g a l e m e n t u n e plus grande fragi-

ailleurs augmentée) et d e la m e m b r a n e plasmatique d u lité osmotique. D e plus, d e n o m b r e u x épitopes d'anti-

parasite grâce à u n e a b o n d a n c e d e protéines assurant gènes p o l y m o r p h i q u e s d e p l a s m o d i u m sont enchâssés

un transport actif d u dextrose. dans la m e m b r a n e globulaire et induisent c h e z l'hôte


u n e réponse i m m u n e protectrice.
Le p l a s m o d i u m fabrique une quantité importante
d e membranes, entourant les mitochondries, noyaux, Les gamétocytes
cytostome, v a c u o l e s alimentaires, rhoptries. La source
des a c i d e s gras semble être le plasma: le g l o b u l e para- O n ne sait toujours pas à la suite d e quel stimu-
sité a e n effet une teneur nettement augmentée e n lipi- lus certains mérozoïtes vont, après la pénétration dans
des. le g l o b u l e rouge, devenir des gamétocytes. La gaméto-
genèse prend d e quatre à d o u z e jours c h e z P. falcipa-
Vu l'importance du métabolisme des lipides
rum. A maturité, le gamétocyte remplit le globule
dans l'infection plasmodiale, des investigations sont en
rouge et son noyau ne s'est pas divisé. D e plus, u n e
cours pour déterminer l'importance éventuelle de
différenciation sexuelle a lieu e n m â l e et femelle, mor-
l'avitaminose A sur la gravité d u paludisme. Cette vita-
p h o l o g i q u e m e n t différents par la taille d u n o y a u et la
mine liposoluble ne pourrait-elle pas j o u e r u n rôle
colorabilité du cytoplasme.
dans la défense contre l'infection et conférer u n e pro-
tection contre les c h o c s oxydatifs qui l ' a c c o m p a g n e n t ? C e stade parasitaire doit s'adapter à deux hôtes
D'autre part, les lipides de basse densité j o u e r a i e n t un différents: sa maturation a lieu c h e z l ' h o m m e , tandis
rôle important dans le métabolisme des p l a s m o d i u m s q u e la fécondation d u gamétocyte f e m e l l e par un
a u cours d e cette phase d u c y c l e , d ' o ù l'hypothèse gamète mâle s'effectue dans l'estomac d e l'anophèle.

144
Caractères biologiques ^^Eg^afl

O n sait q u e l'immunité antiplasmodium diminue schizogonie, c'est-à-dire toutes les 48 heures (72 heu-
le nombre de gamétocytes viables (c'est-à-dire capa- res pour P. malariae).
bles d'évoluer chez l'anophèle). D e plus, les gaméto-
• FÉCONDATION ET FORMATION DES OOKINÈTES
cytes peuvent, dans certaines infections aiguës,
manquer des substances indispensables à leur dévelop- Exflagellation des gamètes mâles, fécondation,
pement ou être inhibés par des toxines. formation de l'ookinète et sortie de l'estomac prennent
environ 24 heures. Les ookinètes doivent pouvoir
Le fait de produire des gamétocytes ne dépend
adhérer aux cellules de la paroi stomacale et les traver-
pas seulement de l'environnement, c'est aussi une qua-
ser impunément. Ceux qui réussissent à sortir d e l'esto-
lité intrinsèque d ' u n e lignée parasitaire. Il y a d e bons
m a c se transforment en oocystes.
et d e moins bons producteurs de gamétocytes. Au
laboratoire, lorsqu'on entretient une lignée parasitaire O n peut, au laboratoire, réaliser la fécondation
sur l'hôte vertébré seulement (piasmodiums de ron- in vitro des gamétocytes femelles prélevés dans le sang
geurs sur souris par exemple) en injectant un animal d'un sujet infecté. Les ookinètes obtenus, offerts au
avec le sang parasité de l'animal précédent, la lignée moustique dans un repas artificiel, poursuivent leur
perd progressivement la faculté de produire des gamé- évolution et sortent de l'estomac à condition que
tocytes, devenus inutiles à la survie du parasite dans l'espèce d'anophèle convienne (adaptation du parasite
ces conditions artificielles. à son hôte).

• MATURATION DES OOCYSTES


4.3 Le plasmodium chez l'anophèle
La croissance de l'oocyste prend de 4 à 21 jours
Dès l'arrivée chez l'anophèle, les phénomènes
selon la température ambiante dans laquelle se trouve
se bousculent: en 10 minutes, les gamètes mâles sont
l'anophèle. Plusieurs centaines de sporozoïtes sont for-
formés par exflagellation et prêts à féconder une
més, à partir de la cellule initiale de l'œuf fécondé, à
femelle.
l'intérieur de la paroi d e l'oocyste alors que le diamètre
La durée du processus d e développement chez le passe de 8 à 65 pm. O n ne sait pas de quelles substan-
vecteur d é p e n d d e la température ambiante: le mousti- ces se nourrit l'oocyste en cours de maturation. L'ano-
que devient infectant pour l'homme à partir du phèle porteur d'oocystes peut se nourrir exclusivement
moment où les sporozoïtes, libérés par les oocystes de solution glucosée ou prendre des repas sanguins,
mûrs sont arrivés dans les glandes salivaires. Plus la sans q u e cela influence le rendement ni le rythme de la
température est élevée, plus courte est la sporogonie maturation.
(8 jours à 3 0 ° C pour P. falciparum ). En dessous de
C'est le seul stade dont la culture in vitro n'a pas
1 8 ° C et au dessus de 3 3 ° C , le développement de P. fal-
encore été réussie.
ciparum est arrêté chez le moustique. Les climats
chauds facilitent d o n c la transmission du paludisme. • LIBÉRATION DES SPOROZOÏTES ET MIGRATION
VERS LES GLANDES SALIVAIRES
Remarque
Les sporozoïtes, libérés dans l'hémolymphe par
P. wVaxsupporte 16°C, ce qui explique sa répartition géographique. l'éclatement des oocystes situés autour d e l'estomac,
se dirigent vers le thorax où ils se concentrent, en 24
Les stades de la sporogonie heures, dans les cellules des acini des glandes salivai-
res. Ils peuvent y rester entreposés pendant plusieurs
Le temps passé par le plasmodium c h e z l'ano-
jours, jusqu'à 2 ou 3 semaines, sans perdre leur viabi-
phèle peut se décomposer en trois parties très inégales:
lité c'est-à-dire leur capacité, une fois injectés dans la
fécondation, croissance des oocystes, libération et
circulation d e l'hôte vertébré, de pénétrer dans un
migration des sporozoïtes.
hépatocyte et d'y produire un schizonte pré-érythrocy-
• VIABILITÉ DES GAMÉTOCYTES taire. Ici encore, une migration réussie et une survie
longue dans les cellules des glandes salivaires sont tri-
Le nombre d e gamétocytes ingérés par le mousti-
butaires d ' u n e bonne adaptation à l'hôte invertébré.
que est très variable. Il suffit de quelques femelles et
d'un mâle pour qu'à l'autre bout du cycle, des centai- Les sporozoïtes acquièrent leur viabilité une fois
nes de sporozoïtes s'accumulent dans les glandes sali- sortis de l'oocyste, en m ê m e temps qu'est synthétisée
vaires. La viabilité des gamétocytes n'est que de la protéine circumsporozoïtique, épais manteau anti-
quelques jours mais c h e z l ' h o m m e infecté, d e nou- génique spécifique du stade. Cette protéine a été isolée
veaux gamétocytes sont produits à la fin d e chaque et sa structure est connue. Certains de ses épitopes ont

145
LES CARACTÈRES DU GENRE PLASMODIUM

servi, dans les années quatre-vingt, aux premiers ® PÉNÉTRATION DANS L'HÉPATOCYTE
essais, infructueux, de vaccination antipaludique.
La protéine c i r c u m s p o r o z o ï t i q u e j o u e un rôle
D ' a u t r e part, des anticorps m o n o c l o n a u x spécifiques
dans la reconnaissance d e la surface d e l'hépatocyte.
sont utilisés dans un test E L I S A pour la repérer dans les
O n retrouve en effet des traces d e cette protéine à la
moustiques capturés sur le terrain.
surface des hépatocytes infectés. U n rôle actif d e trans-
Le n o m b r e d e sporozoïtes injectés lors d'une port des sporozoïtes vers l'hépatocyte a été attribué
piqûre est très variable, e n général d e quelques dizai- aux cellules d e Kupffer.
nes à quelques centaines. Dans le m o d è l e expérimen-
tal du paludisme d e rongeurs (P. berghei) , le n o m b r e • SCHIZOGONIE PRÉ-ÉRYTHROCYTAIRE ET HYPNOZOÏTES
d e sporozoïtes contenus dans les glandes salivaires des
anophèles infectés peut atteindre plus d e 2 0 . 0 0 0 et le D e u x espèces présentent un d é v e l o p p e m e n t pré-
nombre minimal de sporozoïtes nécessaire pour érythrocytaire rapide, p r o v e n a n t d ' u n e population d e
induire à c o u p sûr u n e infection c h e z un rongeur sporozoïtes h o m o g è n e se d é v e l o p p a n t dans les hépa-
réceptif est d e l'ordre d e 50. tocytes e n 6 jours {P. falciparum) et e n 15 jours {P.
malariaë). Passés ces délais, il n'y a plus d e parasites
• ADAPTATION DU PLASMODIUM À SON VECTEUR dans le foie (en l ' a b s e n c e d e n o u v e l l e inoculation d e
sporozoïtes).
O n peut le constater, le d é v e l o p p e m e n t des dif-
férentes phases de la sporogonie nécessite u n e adapta- Pour les deux autres, P. vivax et P. ovale, les spo-
tion, réalisée au cours d e l'évolution, d ' u n e lignée rozoïtes injectés par le moustique constituent un
parasitaire d o n n é e à u n e espèce d ' a n o p h è l e . Anophe- m é l a n g e d e deux populations. Les uns atteignent le
les atroparvus (européen) transmet f a c i l e m e n t P. falci- stade d e schizonte mûr rapidement (9 jours) dans les
parum d u S u d de l'Europe mais très difficilement u n e hépatocytes tandis q u e les autres entrent e n léthargie
s o u c h e d e P. falciparum provenant d ' A f r i q u e centrale. dès leur entrée dans l'hépatocyte. Ils restent inchangés
D ' a u t r e part, il est possible, dans u n e population ano- (hypnozoïtes), avant d e poursuivre leur développe-
phélienne, d e sélectionner au cours d e plusieurs géné- ment pour atteindre la maturité après des périodes
rations, des femelles très sensibles o u au contraire des allant d e 1 à 18 mois, d e sorte q u e l'envahissement d u
femelles réfractaires à une population parasitaire sang est différé d'autant. Les hypnozoïtes sont à l'ori-
(c'est-à-dire à l'hébergement des gamétocytes et d e gine des rechutes d e paludisme, a c c è s aigus survenant
leurs activités). Les caractères b i o c h i m i q u e s responsa- longtemps après la piqûre infectante.
bles de l'adaptation sont actuellement l'objet de
recherches actives au niveau des récepteurs d e l'esto- Il est probable q u e P. vivax, a d a p t é aux pays
m a c des insectes et des protéines d e reconnaissance tempérés où l'hibernation est p r o b l é m a t i q u e c h e z le
d e l'ookinète. moustique, aurait trouvé le m o y e n d ' h i b e r n e r dans le
foie et d e ressortir dans le sang lorsque les moustiques
4.4 La schizogonie pré-érythrocytaire ont repris leur activité, dans le courant d e l'été d e
l ' a n n é e suivante.
Le contraste est frappant entre la léthargie des
sporozoïtes e n p l a c e dans les glandes salivaires d e A u cours d e la schizogonie hépatique, des anti-
l ' a n o p h è l e et l'activité d é p l o y é e par ces m ê m e s parasi- gènes spécifiques d e c e stade, liés à des m o l é c u l e s d u
tes, u n e fois arrivés dans l'organisme d e l'hôte vertébré complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) de
(une heure, a u m a x i m u m , dans la circulation sanguine classe 1, sont exprimés à la surface des hépatocytes
et d e 6 à 15 jours dans un hépatocyte pour produire infectés et sont la c i b l e des l y m p h o c y t e s T cytotoxi-
un schizonte à 20.000 noyaux). ques (T CD8+).

146
Bibliographie Chapitre 12

BIBLIOGRAPHIE

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147
13
Les piasmodiums parasites
de l'homme
Paludisme ou malaria

1. Historique Les semences importées par Charles Ledger e n iv Historique


1865 pour le " K i e w G a r d e n " de Londres ne suscitent 2. R a p p e l d e la biologie
pas l'enthousiasme des agronomes anglais; c e sont les
C'est la fièvre qui d o m i n e les observations clini- 3. Variations géographi-
hollandais qui s'y intéressent, e n achètent 4 5 0 gram-
ques à travers la p é r i o d e historique et c'est la q u i n i n e ques du paludisme
mes et implantent a v e c succès Cinchona ledgeriana à
qui, à partir d e 1663, fera l'unanimité pour la combat- 4. Morphologie er caractères
Java. Ils veillent à maintenir l'espèce sans hybridation
tre. biologiques des parasites
pour conserver ses qualités dont u n e teneur d e l ' é c o r c e
e n q u i n i n e d e 5 à 10 p.100. Ces plantations feront la 5. L'immunité dans le palu-
1.1 La fièvre et les marais réputation d e la toute puissante "Amsterdamsche Chi- disme '
nine Fabriek" et satisferont, jusqu'à la d e u x i è m e guerre 6. Physioparhologie du
Hippocrate, parlant d e "fièvres atrabilaires" (à la
m o n d i a l e , la d e m a n d e en q u i n i n e qui v a en augmen- paludisme
bile noire), a d o n n é u n e description extrêmement pré-
tant. 7., Diagnostic du paludisme ..
cise d e l ' a c c è s fébrile et d e sa périodicité. Les fièvres
8. Traitement du paludisme
périodiques sont citées par les G r e c s o u les Egyptiens;
9. Epidémiologie
les Chinois, quant à eux, d o n n e n t d e l ' a c c è s u n e des- 1.3 Le plasmodium et l'anophèle
10. Le contrôle du paludisme
cription particulièremenr i m a g é e faisant se succéder a u
Depuis longtemps, le pigment produit par le 11. Perspectives d e vaccina-
c h e v e t d u patient, des d é m o n s armés d u brasero, d u tion
parasite avait été observé sous f o r m e d e granulations
marteau et d e la marmite d ' e a u froide.
foncées dans les organes. En Î 7 1 7 , M o r t o n et G i o v a n n i Bibliographie
Mal-aria (en italien: mauvais air), fièvre des Lancisi écrivent un m é m o i r e intitulé " D e Noxii Paiu-
marais o u p a l u d i s m e (du latin palus: marais), noms dum Effluviis eorumque remediis" dans lequel le pig- FIGURES
ment est décrit dans la rate et le cerveau, observation 13-1 Modclirés d'évolution de la
d o n n é s officiellement à l'infection piasmodiale évo-
' , parasitémie
quent tous, la responsabilité des e a u x d e surface. " C e s faite par plusieurs autres auteurs et q u e M e c k e l renou-
13-2 ' Distribution du paludisme .
eaux croupissent et, se résolvant par l'évaporation, v e l l e e n 1847. Le travail d'Afanasiev e n 1879 a j o u t e dons le monde
q u e le pigment s e m b l e contenu dans des " c o r p s proto- 13-3 Anopheles srephensi, un
remplissent l'atmosphère de miasmes pestilentiels",
vecteur de paludisme
c'est la description d ' u n certain G a u t i e r (1863). plasmiques". Il p r é c è d e de peu la découverte par Lave-
13-4 P. vivox dans le sang
ran à B ô n e (Algérie) d u parasite d u paludisme. C'est e n .13-5 P. ovale dans le scng
13-6 P. malariae dons le sang
1.2 Le cinchona et la quinine 1880 en effet, q u e c e m é d e c i n d e l'armée française
13-7 P. falciparum dans le sang
observe dans u n e préparation d e sang d ' u n m a l a d e fié- 13-8 La fièvre, symptôme
C e sont les Jésuites installés e n Equateur qui vreux, outre le pigment bien c o n n u , des filaments très cardinal ':"•,•
remarquent que les mineurs indiens mâchaient mobiles s'agitant autour d ' u n globule rouge: c e sont les 13-9 Mesure de l'hypertrophie
de la rate
l ' é c o r c e d ' u n certain arbre lorsqu'ils sentaient venir les microgamètes, sortis par exflagellation. La description 13-10 Actions possibles en zorte.-.
frissons. Ils transfèrent cette observation a u Pérou o ù le des parasites progressera d e manière décisive grâce à endémique
n o m d e la princesse d e C i n c h o n , qui e n reçoit la bien- la coloration d e R o m a n o v s k i , dans laquelle le bleu d e
faisante action lors d ' u n a c c è s fébrile, sera d o n n é a u méthylène d ' E h r l i c h est r e m p l a c é par un colorant poly-
genre b o t a n i q u e (Cinchona). L'importation et la dissé- chromatique, colorant les structures cytoplasmiques e n
m i n a t i o n d e l ' é c o r c e en Europe en passant par S é v i l l e bleu tandis que les noyaux prennent une couleur
fera b e a u c o u p d e bruit. La p o u d r e v a u t son pesant rouge. Il s'agit d u m ê m e bleu d e méthylène ayant subi
d'argent. En 1679 Louis X I V achète pour la s o m m e d e l'oxydation qui le transforme e n " a z u r s " auxquels est
4 8 . 0 0 0 livres, à un a p o t h i c a i r e anglais d u n o m d e T a l - ajoutée d e l'éosine. Le colorant d e R o m a n o v s k i est le
bot, le secret d ' u n e préparation à base d e q u i n q u i n a : précurseur d u colorant d e Leishman et d e l'universel
c e sera la p a n a c é e universelle. Pelletier et C a v e n t o u Giemsa. Les stades d u cycle du plasmodium sont
isolent le p r i n c i p e actif, la quinine, e n 1870. décrits et n o m m é s par S c h a u d i n n e n 1900 tandis q u e

149
LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

la distinction entre espèces sera faite par Golgi, Mar- d é c o u v r e l ' a m o d i a q u i n e et la primaquine, Hitchings la
chiafava et Bignami en Italie. pyriméthamine, Curd le chlorproguanil, D a v e y et Rose
le proguanil.
Le rôle du moustique des marécages est é v o q u é
par Lancisi en 1717: le poison serait concentré par le En 1939, M u l l e r décrit les propriétés insecticides
moustique dans ses pièces buccales. Laveran, en du D D T . Cette découverte, a v e c c e l l e d e la chloro-
1884, attribue au moustique le m ê m e rôle pour la quine, a m è n e l'espoir de pouvoir un jour se débarras-
malaria q u e celui, récemment découvert, qu'il j o u e ser du paludisme à l'échelle de la planète et, entre
pour les filarioses. La preuve expérimentale est appor- 1950 et 1970, l'Organisation M o n d i a l e de la Santé
tée par Ross en 1897, lorqu'il nourrit des moutiques lance le programme global d'éradication d u paludisme
sur un patient c h e z qui il a observé des formes en (LE M O N D E U N I C O N T R E LE P A L U D I S M E ) .
croissant (gamétocytes de P. falciparum) et constate
D è s avant 1960, certains anophèles deviennent
c h e z eux, autour de l'estomac, l'apparition de cellules
résistants au D D T . Les produits d e remplacement sont
pigmentées qui croissent de jour en jour. Il continue
plus chers, parfois plus toxiques et moins efficaces.
ses observations déterminantes sur les plasmodiums
d'oiseaux, trouve que les oocystes d e l'estomac libè- Entre 1962 et 1970, l'apparition dans certaines
rent des parasites filiformes qui s ' a c c u m u l e n t dans les régions du monde, d e souches d e P. falciparum résis-
glandes salivaires et réussit la transmission expérimen- tantes à la chloroquine relance la recherche de nouvel-
tale chez les oiseaux. C h e z l ' h o m m e , la transmission les molécules actives, mais les résultats sont assez
expérimentale est réussie par Grassi à R o m e e n 1898 décevants.
qui, après s'être acharné à nourrir sans succès des
Sans q u e les p h é n o m è n e s de résistances en
Culex, essaye par hasard des anophèles qui permettent
soient la cause exclusive, l ' é c h e c d e l'éradication est
enfin d'observer des formes sporogoniques de P. falci-
reconnu à partir d e 1970 et on ne parle plus q u e du
parum et de P. vivax. Le c y c l e c o m p l e t d u parasite
"contrôle".
c h e z l'anophèle est décrit en Italie par Bignami et
Grassi en 1898. En 1994, ces vers, extraits du premier livre des
Poèmes de Pierre de Ronsard (1560), sont toujours
S c h a u d i n n prétend en 1903 avoir v u les sporo- d'actualité:
zoïtes inoculés par la piqûre du moustique pénétrer
"En attendant que de mes veines parte
dans les globules rouges. Cette observation ne sera
Cette exécrable, horrible fièvre quarte
jamais répétée. Peu de temps après, on constate, au
Qui me consomme et le corps et le cœur,
contraire, q u e les parasites inoculés disparaissent de la
Et me fait vivre en extrême langueur..., "
circulation après une heure environ, car le sang des
sujets infectés reste non infectieux pour d'autres sujets
réceptifs pendant plusieurs jours. Il faut attendre 2. Rappel de la biologie
l'apparition dans les prélèvements, des parasites intra- des plasmodiums
érythrocytaires pour réussir la subinoculation. D'où
l'hypothèse d ' u n stade préliminaire de d é v e l o p p e m e n t
et les relations hôte-parasite
d u parasite en dehors de la circulation sanguine. C e
développement pré-érythrocytaire sera découvert, 2.-1 Le plasmodium chez l'homme
d'abord c h e z les plasmodiums d'oiseaux en 1938 par
Kikuth et M u d r o w , puis chez les plasmodiums de Considérations générales
l ' h o m m e par Shortt et G a r n h a m en 1948.
L'infection survient suite à l'inoculation de spo-
rozoïtes par les anophèles femelles. L ' h o m m e héberge
1.4 Le DDT, IQ chloroquine et le paludisme
les deux schizogonies hépatique et érythrocytaire ainsi
Jusqu'en 1935, on se contente de la quinine que la maturation de mérozoïtes en gamétocytes
c o m m e thérapeutique du paludisme: c'est un bon (début de la sporogonie).
médicament, fiable, bon marché et peu toxique. Il faut
Le porteur de gamétocytes (stade sexué sanguin
attendre les guerres, accompagnées de difficultés
mature) est le seul réservoir des plasmodiums humains
d'approvisionnement en écorce d e quinquina, pour
pour la transmission. Il n'y a pas d e réservoir animal.
voir la recherche thérapeutique se mettre en action:
entre 1930 et 1940, la p a m a q u i n e (Schuleman), la qui- Le parasitisme des globules rouges par les stades
nacrine (Mausse et Mietsh) et la c h l o r o q u i n e (Ander- de la schizogonie (cycle asexué sanguin) est le seul à
sag) sont synthétisées; entre 1945 et 1950, Burckhalter provoquer une pathologie.

150
Biologie des plasmodiums et relations hôte-parasite

Dans le sang d'un sujet infecté, on pourra donc


trouver, en théorie, des globules rouges parasités par
les stades schizogoniques: jeunes anneaux, trophozoï-
tes, schizontes jeunes et mûrs, ainsi que des gamétocy-
tes. La succession des cycles schizogoniques
érythrocytaires toutes les 48 ou 72 heures fait monter la
parasitémie qui devient patente puis dépasse le seuil
clinique à partir duquel le patient devient fébrile.

Chez le sujet qui vit dans une zone endémique et


est régulièrement infecté par des plasmodiums, une
résistance immune s'installe, qui va freiner la multipli-
cation du parasite. Les accès cliniques deviennent plus
rares mais la parasitémie persiste à un niveau plus bas,
asymptomatique.

Conséquences de l'infection pour l'homme

A partir de l'état de sujet indemne, l'homme peut


développer les états suivants (figure 13-1) :

- porteur d'hypnozoïtes dans le foie: rien dans le sang;


- sujet infecté asymptomatique: parasitémie présente mais basse;
- malade (accès simple de paludisme): parasitémie élevée, causant
des symptômes;
- malade grave (paludisme sévère ou compliqué, accès pernicieux,
cérébral): parasitémie très élevée à P. falciparum.
Figure 13-1
A tous les niveaux d'infection sanguine, des la parasitémie patente non accompagnée de signes cli-
Modalités d'évolution de la para-
gamétocytes peuvent être présents dans le sang péri- niques est décrite comme paludisme asymptomatique.
sitémie
phérique: l'anophèle s'infecte en se nourrissant sur un
Inoculation, par piqûre d'un anophèle
homme infecté ou malade qui joue le rôle de réservoir Lorsqu'un sujet fait un nouvel accès après guéri-
infesté.
de l'infection. son du précédent, il peut s'agir d'une réinfection (nou-
Durée du cycle hépatique: entre l'inocu-
velle piqûre par un anophèle infecté), d'une
lation de sporozoïtes par le moustique et
Définitions recrudescence de parasitémie ayant comme origine la première arrivée des mérozoïtes dans
des parasites sanguins (parasitémie généralement sub- le sang.
Dans une parasitémie patente, les parasites sont patente persistant après traitement incomplet ou ineffi- Seuil de patence. niveau de parasitémie
visibles à l'examen microscopique d'une goutte cace, ou persistant au long cours chez des sujets à partir duquel on peut détecter les para-
épaisse ou d'un frottis de sang tandis qu'une parasité- partiellement immuns) ou encore d'une rechute, sites au microscope; il dépend de la sen-
mie subpatente est caractérisée par la présence de poussée de parasitémie ayant comme point de départ sibilité de l'examen microscopique
parasites dans le sang mais en nombre insuffisant pour (frottis, GE ou concentration).
des schizontes exo-érythrocytaires à développement
être visibles dans une goutte épaisse, au cours d'un Seuil clinique, niveau de parasitémie à
lent (hypnozoïtes de P.vivax ou de P.ovale ).
examen de 10 minutes, soit 100 champs microscopi- parlir duquel le sujet présente des symp-
tômes (fièvre etc...). Il dépend de la sen-
ques (moins de 20 parasites par p.1 de sang). Les parasi-
La période d'incubation, en cas de primo-infec- sibilité individuelle, de l'état de
témies subpatentes peuvent être suspectées par
tion, sépare le moment de la piqûre infectante du protection immune, de l'espèce de Plas-
recherche d'anticorps ou mises en évidence par PCR
moustique de l'apparition des premiers symptômes. modium etc...
(pas encore en routine!).
Elle comprend la durée du cycle schizogonique exo- Immunité, acquise par les contacts anté-
érythrocytaire (hépatique), d'évolution silencieuse, rieurs avec le même parasite.
Le paludisme clinique est décrit comme une suc-
Traitement radical: fait disparaître tous
cession de poussées fébriles et tout autre symptôme plus deux ou trois cycles schizogoniques érythrocytai-
les parasites.
accompagnant la présence de parasites dans le sang res (48 heures pour P. falciparum, P. vivax et P. ovale,
Traitement suppressif: fait disparaître les
d'un individu. Les parasitémies donnant lieu à des 72 heures pour P. malariae ) qui élèvent la parasitémie symptômes; abaisse la parasitémie en
symptômes cliniques sont généralement de plus de à un niveau suffisant, d'abord pour être décelable au dessous du seuil clinique (le patient est
10.000 parasites/pJ de sang. En dessous de ce niveau, microscope, puis pour provoquer des symptômes. "guéri").

151
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

Paramètres de la biologie humaine 3. Variations géographiques


qui influencent le parasite du paludisme
• DIMINUTION DE LA VIRULENCE

L'immunité, acquise au contact du parasite et La répartition actuelle des zones d'endémie


entretenue par sa présence, freine (sans pouvoir l'empê- p a l u d é e n n e ou à potentiel paludogène est illustrée sur
cher tout-à-fait) la multiplication des parasites dans le la planisphère (figure 13-2).
sang. C'est la prémunition o u "semi-immunité".
Le paludisme est souvent é v o q u é à l'échelle
L'immunité congénitale, anticorps passés de la
mondiale, c o m m e une m a l a d i e unique, invariable. O n
mère i m m u n e au nouveau-né, protège celui-ci pen-
en a organisé l'éradication mondiale, dans les articles
dant environ 6 mois contre les accès graves.
d e presse, il est fait allusion aux pays " e n d é m i q u e s " , à
Les hémoglobulines anormales, H b F (thalassé- la prophylaxie et au traitement des cas, récemment à la
mies) et H b S (drépanocytose) perturbent la schizogo- vaccination, sans distinction, globalement.
nie et diminuent donc la virulence du parasite.
L'hémoglobine foetale est un des éléments qui protè- Or, sur le terrain, le paludisme est une m a l a d i e
gent le nouveau-né, pendant les premières semaines, qui prend des allures épidémiologiques, des gravités,
contre les accès de paludisme grave. des répartitions dans le temps et dans l'espace, extrê-

La déficience en glucose-6-phosphate déshydro- m e m e n t variables. D ' a p r è s Swenllengrebel, "le palu-

génase (G-6-PD) gène considérablement le développe- disme doit être envisagé c o m m e une m a l a d i e locale".

ment du parasite.
A u point de v u e parasitologique, on a affaire à
Un régime exclusivement lacté, par sa défi- quatre espèces de piasmodiums dont le c o m p o r t e m e n t
cience e n acide para-aminobenzoïque, e m p ê c h e la c h e z l ' h o m m e diffère par plusieurs caractères impor-
synthèse d ' A D N par le parasite et entrave d o n c la schi- tants.
zogonie.

La malnutrition protéique, par la pénurie grave A u point de v u e climatique, facteur essentiel qui

d'acides aminés, gêne également la croissance du influence la transmission, il ne suffit pas d e distinguer
parasite: les enfants atteints de kwashiorkor ne font pas régions polaires, tempérées, subtropicales, tropicales:
de paludisme grave mais au moment o ù la correction il faut aussi considérer l'altitude, l'humidité, les régions
de l'apport protéique survient, on assiste à des aug- côtières, les forêts inondées, les zones désertiques et
mentations spectaculaires de parasitémie. les oasis, bref c h a q u e "localité" possède un microcli-
mat qui doit être défini avec précision.
La chimioprophylaxie, prise régulièrement,
e m p ê c h e la multiplication exubérante du parasite et Le vecteur est, lui aussi, très différent d'un
protège d o n c contre les accès de paludisme, tout en endroit à l'autre. C h a q u e espèce d ' a n o p h è l e (figure
laissant la parasitémie évoluer à des niveaux bas. 13-3) possède des caractères de longévité, d'adapta-

• OBSTACLES À L'INFECTION tion au parasite, de préférence nutritionnelle ( h o m m e


o u animaux), de fréquence de repas sanguins ainsi q u e
L'absence des antigènes de groupe sanguin
des choix des lieux de repos et de gîtes larvaires qui lui
Duffy sur la paroi d e l'érythrocyte protège contre
sont propres.
l'infection à P. vivax.

L'ovalocytose, une a n o m a l i e du cytosquelette du L ' h o m m e lui-même, hôte vertébré du parasite,


globule rouge qui rend la membrane externe plus sera génétiquement sensible o u résistant à telle e s p è c e
rigide, e m p ê c h e la pénétration du mérozoïte. d e plasmodium; il va acquérir une immunité plus o u
moins rapidement; il exerce des activités qui modifient
2.2 Le plasmodiunn chez l'anophèle l'environnement (irrigations, créations de collections
L'efficacité de la transmission dépendra de d'eau, barrages) ou qui l'amènent en contact plus fré-
l ' a b o n d a n c e des moustiques, de leur longévité et de la quent avec le vecteur (activités nocturnes: pêche,
fréquence avec laquelle ils piquent l'homme. O n trou- chasse, danses); il vit dans des habitations qui permet-
vera les détails c o n c e r n a n t les stades sporogoniques tent aux anophèles d'entrer o u au contraire dans des

au chapitre précédent et les paramètres influençant la constructions qui le mettent à l'abri des vecteurs dont

transmission au paragraphe traitant de l'épidémiolo- les activités sont essentiellement nocturnes (dévelop-

gie. pement socio-économique).

152
Morphologie er caractères biologiques des parasites Chapitre 13

4. Morphologie et caractères
biologiques des parasites

4.1 Plasmodium vivax

Cycle pré-érythrocytaire
U n e proportion des sporozoïtes se développent
dès leur arrivée dans l'hépatocyte et arrivent à maturité
en 8 jours. L'invasion du sang par les mérozoïtes initie
la parasitémie.

L'existence d'hypnozoïtes allonge considérable-


ment le cycle pré-érythrocytaire (et donc retarde l'inva-
sion du sang par les mérozoïtes). O n a observé, d'après
l'origine géographique des souches de P. vivax, des
comportements différents (tableau 13-1).

Dans les pays tempérés, P. vivax s'est adapté à


Figure 13-2
l'alternance des saisons; en termes anthropocentriques,
on pourrait prétendre qu'il passe l'hiver dans la cellule Distribution du paludisme dans le monde
hépatique, alors que toute activité est arrêtée chez le
Les croix et la zone ombrée marquent les limites historiques de la transmission du paludisme. Les zones pointillées sont
vecteur et que la température ambiante est insuffisante les régions endémiques actuelles.
pour assurer une sporogonie dans les délais.
Figure 13-3
Morphologie dans le sang
Anopheles slephensi, un vecteur
La maturation en schizonte passe par les étapes de p a l u d i s m e
suivantes (les morphologies sont celles observées dans On remarque la position, oblique par
des frottis colorés au Giemsa) (figure 13-4). rapport au support, de l'anophèle au
Le jeune trophozoïte (anneau) présente, autour cours de son repas sanguin comme au
repos, d'ailleurs.
d'une vacuole centrale incolore, une mince bande de
cytoplasme bleu et un petit noyau rouge.

Le trophozoïté âgé (forme amiboïde) présente


une forme tourmentée avec cytoplasme plus abondant
et vacuole fragmentée. Le noyau est toujours unique.

Le schizonte jeune, de forme arrondie ou irrégu-


lière, possède 2 à 4 noyaux et ne remplit pas le globule Tobleau13-1
Souche nord-coréenne
rouge. Les vacuoles ont disparu de son cytoplasme où
Primo invasion du sang: 8 jours; rechutes: 8-9 mois, Comportement variable de
les granulations pigmentaires font leur apparition.
16-18 mois P. vivax
Le schizonte mûr possède 16 à 24 noyaux dispo-
Souches Madagascar et Inde du nord
sés au hasard dans une forme arrondie remplissant
Primo-invasion: 8 jours; rechutes: 8-9 mois, 10-11 mois,
entièrement le globule rouge. Le pigment est rassemblé 12-13 mois;
au centre du cytoplasme bleu.
Souche Chesson
Les gamétocytes mâle et femelle matures pré-
Primo-invasion: 8 jours; rechutes: tous les mois, de 1 à 7
sentent une forme arrondie qui remplit le globule mois;
rouge, avec cytoplasme parsemé de granulations pig-
Souche Nicolaev ( P . vivax hibernans)
mentaires. Chez la femelle, le cytoplasme est intensé-
Primo-invasion tardive: 8-9 mois; rechutes: 10-11 mois,
ment coloré en bleu et le noyau unique est petit et
12-13 mois.
rouge vif. Chez le mâle, le cytoplasme est bleu-gris
délavé et le noyau est plus grand et rose pâle.
tre 10 pm), la décoloration du cytoplasme et la pré-
Les modifications du globule rouge parasité sence de granulations de Schuffner (colorables par le
apparaissent très tôt après l'entrée du mérozoïte (4 ou Giemsa si le p H de l'eau de coloration n'est pas infé-
5 heures). O n note l'augmentation de volume (diamè- rieur à 7,2).

153
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

Figure 13-4

*
P. vivax dans le sang
M

< %
1. Trophozoïte
2. Trophozoites
multiple)
(infection û
feT W 1
i
3. Trophozoïte âgé
4. 5. Schizontes en cours 1 MKR2,,.
de maturation

»
6 Gamétocyte immature

#
7. Gamétocyte femelle
8. Gamétocyte mâle

Chronologie de développement zoïtes par les schizontes, survient toutes les 48 heures,
et longévité de l'infection durée du cycle schizogonique érythrocytaire (de l'anneau
au schizonte mûr).
La durée du cycle complet dans les conditions de
La période d'incubation est de 11 à 15 jours (le
transmission existant à un endroit donné, peut se décom-
poser comme indiqué au tableau 13-2. cycle hépatique pré-érythrocytaire rapide de 8 jours plus
deux ou trois cycles schizogoniques érythrocytaires de 48
La longévité spontanée de l'infection chez l'homme heures).
en l'absence de réinfection est de 3 à 5 ans.
Après traitement d'un accès de primo-infection, des
Pouvoir pathogène rechutes peuvent survenir pendant plus d'une année, à
partir des hypnozoïtes qui ne sont pas affectés par les schi-
P. vivax est l'agent de la fièvre tierce bénigne. La zonticides sanguins (traitement de l'accès).
T a b l e a u 13 2 poussée fébrile, correspondant à la libération des méro-
Fièvre et splénomégalie sont les symptômes majeurs
et les complications sont rares (bénigne).

Distribution géographique
1 fécondation et formation d'ookinètes 24 à 48 heures
La distribution en est cosmopolite, entre les isother-
2 maturation de l'oocyste 9 jours à 25°C
mes d'été de 16 à 20 ° C dans l'hémisphère nord et de 20
délai d'invasion des glandes salivaires 11 jours ° C dans l'hémisphère sud. Dans les régions d'altitude des
3
(cases 1+2) pays tropicaux, la température plus basse tend à favoriser
P. vivax vis-à-vis de P. falciparum.
séjour des sporozoïtes dans la circulation sanguine
4 1 heure max.
de l'hôte vertébré - Europe: éradication achevée mais encore quelques
cas isolés.
5 schizogonie hépatique normale (forme rapide) 8 jours
- Bassin méditerranéen: Turquie, Moyen-Orient, Afri-
6 schizogonie hépatique lente (hypnozoïtes) 4 -18 mois
que du nord.
7 schizogonie érythrocytaire 48 heures - Asie: endémicité importante dans toute la partie tro-
picale
gamétogenèse (jusqu'à maturité) à partir
8 4 jours
des mérozoïtes issus des schizontes hépatiques - Afrique tropicale: suprématie des trois autres espè-
ces. P. vivax est pratiquement absent de l'Afrique de
Durée minimale du cycle complet (gamétocyte 23 jours
9 l'ouest, entre l'Angola et la Mauritanie. Distribution
donneur - gamétocyte receveur) (cases 3+5+8)
par petits foyers dans le reste de l'Afrique tropicale.

154
Morphologie er caractères biologiques des parasites Chapitre 13

P. vivax ne reconnaît pas les globules rouges mencements du sang jusqu'à 18 à 20 mois, c o m m e
dépourvus des antigènes de groupes sanguins dans le cas de P. vivax.
Duffy, circonstance extrêmement fréquente (85
p.100) chez les populations bantoues en Afrique
Morphologie dans le sang
centrale et occidentale.

- Iles de Madagascar, Maurice et Comores: endé- Elle est assez semblable à celle de P. vivax mais
micité élevée mais prédominance de P. falcipa- les schizontes ont des noyaux moins nombreux (figure
rum. 13-5).
- Amériques, du sud des Etats-Unis à l'Argentine et
Le jeune trophozoïte est un anneau semblable à
au nord du Chili: dans toutes les régions de basse
celui de P. vivax.
altitude, endémicité variable avec suprématie de
P. falciparum.
Le trophozoïte âgé est peu amiboïde, souvent de
forme ovale régulière.
Hôtes

Parasite de l'homme, P. vivax a pu être adapté Le jeune schizonte, de forme arrondie avec ses
aux primates après splénectomie. deux à quatre noyaux, présente dans son cytoplasme
des granulations pigmentaires très foncées à reflets ver-
Anopheles labranchiae atroparvus (Europe), An. dâtres, concentrées au centre du parasite. Il ne remplit
quadrimaculatus, An. freeborni (Amérique du Nord et pas le globule rouge.
centrale), An. stephensi (Asie-Inde) en sont les princi-
paux vecteurs. Le schizonte mûr contient de 4 à 16 noyaux
volumineux qui font saillie à l'extérieur (schizonte bos-
Remarque
selé, mûriforme). Les grains de pigment sont gros et
Garnham (1966) cite 40 espèces d'anophèles vecteurs potentiels de P. vivax concentrés au centre du cytoplasme.
(trouvés infectés dans la nature ou infection expérimentale réussie).
Les gamétocytes sont arrondis avec grains de
4.2 Plosmodium ovole pigment disséminés dans tout le cytoplasme et plus
grossiers que chez P. vivax.
Figure 13-5
Schizogonie pré-érythrocytaire
Les modifications du globule rouge parasité sur- P. ovale dans le sang
Le comportement des sporozoïtes de P. ovale est viennent dès le stade trophozoïte: augmentation de 1 à 6. Trophozoïtes à différents stades
semblable à celui des sporozoïtes de P. vivax . A côté volume, déformation en ovale avec contour souvent de maturation
du développement rapide de 9 jours, les hypnozoïtes crénelé ou effiloché aux pôles de l'ovale, décoloration
7, 8, 9. Schizontes immatures
mûrissent après 3 à 6 mois (dans les observations faites du cytoplasme. Les granulations de Schuffner sont
10. Schizonte mûr
jusqu'à présent) mais sans doute y a-t-il des réense- abondantes et très grossières.
11. Gamétocyte immature
12. Gamétocyte mâle

m u

mm
0m
flr
i
M b V ,
2 • 3 4 © ^ m © 6

8HV ^ËgHp ^HP

%
! • ^ ' • -
11-
7 . 8 9 10 12

155
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

P. vivax ); poussées de fièvre survenant toutes les 48


1 fécondation et formation d'ookinètes 24 à 48 heures
heures; rechutes possibles à partir de schizontes hépa-
2 maturation des oocystes 14 jours à 25 °C tiques à développement lent; peu de complications.

3 délai d'invasion des glandes salivaires (cases 1+2) 16 jours Distribution géographique

séjour des sporozoïtes dans la circulation sanguine de Il s'agit d'un parasite essentiellement africain:
4 1 heure max.
l'hôte vertébré Afrique centrale et surtout occidentale (pays de la côte
9 jours du golfe de Guinée) où des prévalences de l'ordre de
5 schizogonie hépatique normale (forme rapide)
10 p.100 sont observées chez les jeunes enfants. Des
6 schizogonie hépatique lente (hypnozoïtes) 18-20 mois infections sont aussi observées en Extrême-Orient (Phi-
lippines, Malaisie etc...). C'est l'espèce la plus rare. O n
7 schizogonie érythrocytaire 48 heures
a attribué cette rareté des infections aux parasitémies
gamétogenèse (jusqu'à maturité) à partir des méro- basses et à la sensibilité du parasite aux anticorps spé-
8 4 jours
zoïtes issus des schizontes hépatiques cifiques produits par l'hôte.

9
Durée minimale du cycle complet (gamétocyte don- 29 jours Hôtes
neur - gamétocyte receveur) (cases 3+5+8)
Parasite de l'homme, il est facilement adaptable
Tableau 13-3 au chimpanzé dont le rôle comme réservoir n'est
Chronologie de développement
et longévité de l'infection cependant pas prouvé.

Anopheles funestus, An. gambiae en sont les


La durée du cycle complet se décompose en
Figure 13-6 principaux vecteurs en Afrique. L'adaptation impar-
comme indiqué au tableau 13-3.
faite aux espèces des autres continents est sans doute
P. m a l a r i a e dans le sang La longévité de l'infection en l'absence de réin- aussi responsable de la rareté des infections.
1 à 3. Trophozoïtes fection est souvent de moins de 3 ans (la longévité de
4. Schizonte immature l'infection sanguine est courte). 4.3 Plasmodium malorioe
5 à 7. Schizontes mûrs (6, dans une
Pouvoir pathogène
goutte épaisse) Cycle pré-érythrocytaire
8. Gamétocyte P. ovale est l'agent d'une fièvre tierce bénigne:
La durée de la maturation des schizontes hépati-
9. Dessin de trophozoïtes période d'incubation de 12 à 15 jours (comme chez
ques est de 15 jours. Il n'y a pas de preuves de l'exis-
tence d'hypnozoïtes et donc pas de rechutes à long
terme qui aient leur origine prouvée dans le foie.

* Morphologie dans le sang (figure 13-6)


i
• Le jeune trophozoïte est un anneau semblable à
celui de P. vivax.

1 3 Le trophozoïte âgé, à contours réguliers, ovale


ou allongé, traverse parfois diamétralement le globule
d'un côté à l'autre (forme en bande ou en drapeau). Le
* î pigment brun foncé est rassemblé en mottes dans le
cytoplasme, à côté du noyau encore unique.
Le schizonte mûr contient 8 noyaux rouges dis-
posés en périphérie du parasite tandis que les grains
de pigment foncé sont rassemblés au centre du cyto-
4 5 « 6 • -<• . ^ plasme bleu (forme en marguerite).
Les gamétocytes sont arrondis et remplissent le
globule rouge. Le pigment noir est disséminé dans le
cytoplasme.
Le globule rouge parasité est de taille et de colo-
ration normales. O n a décrit des granulations de Zie-
mann, difficiles à mettre en évidence, fines et peu
nombreuses (les colorations habituelles ne les mon-
8 9 trent pas).

156
Morphologie er caractères biologiques des parasitesChapitre13

Chronologie de développement
1 fécondation et formation d'ookinètes 24 à 48 heures
et longévité de l'infection
2 maturation des oocystes 17-20 jours
Le cycle complet se décompose comme indiqué à 25 °C
au tableau 13-4. 3 délai d'invasion des glandes salivaires (cases 1+2) 20 jours

La longévité de l'infection chez l'homme en séjour des sporozoïtes dans la circulation sanguine de
4 1 heure max.
l'absence de réinfection est de 21 à 53 ans (observa- l'hôte vertébré
tions de la littérature). La longévité exceptionnelle de
5 schizogonie hépatique normale (forme rapide) 15 jours
cette espèce de plasmodium pourrait s'expliquer par le
rythme lent de la schizogonie érythrocytaire (72 heu- 6 schizogonie hépatique lente (hypnozoïtes) inexistante
res), le parasite n'étant pas complètement éliminé par
7 schizogonie érythrocytaire 72 heures
les doses habituelles de chloroquine ou d'autres schi-
zonticides sanguins. Le système immunitaire ne par- gamétogenèse (jusqu'à maturité) à partir des méro-
8 6 jours
vient pas non plus à l'éliminer totalement. Les zoïtes issus des schizontes hépatiques
recrudescences sont donc possibles à partir de parasi-
Durée minimale du cycle complet (gamétocyte don-
témies subpatentes en l'absence de toute réinfection. 9 41 jours
neur - gamétocyte receveur) (cases 3+5+8)

Pouvoir pathogène T a b l e a u 13-4


Hôtes
Agent de la fièvre quarte, la poussée de tempéra- L'homme et le singe (chimpanzé) hébergent P.
ture correspondant à la libération des mérozoïtes par malariae.
les schizontes survient toutes les 72 heures, durée du
cycle schizogonique érythrocytaire (de l'anneau au Anopheles funestus, An. gambiae, An. darlingi et
schizonte mûr). 20 autres espèces citées par Garnham permettent le
cycle sporogonique complet.
Elle est dominée par l'anémie, la splénomégalie,
le dépôt de pigment dans les organes et l'augmentation 4.4 Plasmodium falciparum (figure 13-7)
des immunoglobulines. La néphrose, la glomérulo-
néphrite aspécifique et la sclérose secondaire du rein, Schizogonie pré-érythrocytaire
d'origine vraisemblablement immunologique, sont des La maturation du schizonte est complète après 6
complications fréquentes de l'infection à P. malariae. jours et il n'y a pas d'hypnozoïtes.

Distribution géographique Morphologie dans le sang périphérique


(figure 13-7)
C e plasmodium est le plus fréquent en Afrique
Les jeunes trophozoïtes sont des anneaux sou-
tropicale, avec des prévalences parfois très élevées si
vent très petits (1-2 (im de diamètre) comportant,
on se donne la peine de le chercher (les parasitémies
autour de la vacuole habituelle, une couronne de cyto-
sont souvent à la limite de la patence). Quelques foyers
plasme extrêmement fine et un noyau proéminent par-
existaient en Afrique du Nord avant I'éradication (par
fois scindé en deux petits fragments. L'infection
exemple le Cap Bon en Tunisie) et en Europe (actuelle-
multiple du globule rouge est fréquente (2 ou 3 parasi-
ment en voie de disparition). Par ordre de fréquence
tes dans le même globule) et certains trophozoïtes sont
décroissante, on range ensuite la Mer des Caraïbes et
parfois aplatis, accollés à la paroi du globule rouge, la
le Golfe du Mexique, les Amériques centrale et du Sud
vacuole étant alors difficilement visible et le noyau
et enfin l'Asie.
(rouge) situé entre deux petits traits bleus cytoplasmi-
ques.
La prévalence est très variable suivant l'endroit, à
cause de la très longue période nécessaire pour le Les gamétocytes falciformes sont allongés, aux
développement chez le moustique. Là où la survie des extrémités arrondies, légèrement incurvés avec une
anophèles est courte, la transmission devient problé- face concave et une face convexe (formes en banane,
matique. Les espèces de moustiques présentent en croissant). Le pigment, contrairement aux gaméto-
d'ailleurs de grandes variations dans leur aptitude à cytes des autres espèces humaines, est rassemblé
transmettre P. malariae. autour du noyau central.

157
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

M 19
_
IHlllï
U mm E l E l m
Figure 13-7

P. f a l c i p a r u m dans le sang
1 à 4. anneaux (jeunes trophozoïtes)
5,6.
7,8.
trophozoïtes avec taches de Maurer dans l'érythrocyte
gamétocytes
t. *
9 à 11. trophozoïtes en gouttes épaisses
12. dessin de trophozoïtes et gamétocyte en goutte épaisse
13. dessin de schizontes (formes de culture)

I I IËJ IKJ

Le globule rouge parasité présente une taille peu R e m o r q u e importante


modifiée, une coloration plus pâle que normalement
Les trophozoïtes âgés, de même que les schizontes, ne se retrouvent pas à
et un rougissement de la paroi globulaire. Les taches
l'examen du sang périphérique, les globules parasités par des formes en
de Maurer dans le cytoplasme sont spécifiques de
cours de maturation étant retenus dans les capillaires des organes internes.
l'espèce falciparum et, plus généralement, du sous-
genre Laverania. Elles apparaissent c o m m e des petites Morphologie des stades schizogoniques
billes décolorées entourées d'une fine membrane,
colorables par le Giemsa à condition de pratiquer une Le trophozoïte âgé est peu amiboïde et n'a pas
surcoloration de plus de 30 minutes avec un colorant de vacuole.
dilué dans une eau de p H compris entre 7,2 et 7,4 sur
Le schizonte mûr contient en moyenne 16
des frottis frais (pas plus de quelques heures) et très
grands noyaux; il est de forme ovale ou irrégulière, ne
fins. Les modifications du globule rouge parasité com-
remplit pas complètement le globule rouge et le pig-
mencent très tôt. Les taches de Maurer sont concomi-
ment est rassemblé au centre.
tantes aux modifications de la membrane externe
visibles au microscope électronique et qui provoquent O n peut observer les stades avancés de la schi-
la formation de "rosettes" (adhérence de globules nor- zogonie dans la rate, la moelle osseuse, le placenta
maux à un globule parasité) et l'adhérence des globu- chez la femme enceinte (séquestration d'érythocytes
les parasités à l'endothélium vasculaire. parasités).

158
L'immunité dans le paludisme Chapitre 13

Chronologie de développement
1 fécondation et formation d'ookinètes 24 à 48 heures
et longévité de l'infection
2 maturation des oocystes 9 jours à 25 °C
Durée des étapes du cycle (tableau 13-5) 3 délai d'invasion des glandes salivaires (cases 1+2) 10 jours

La longévité de l'infection chez l'homme en séjour des sporozoïtes dans la circulation sanguine de
4 1 heure max.
l'hôte vertébré
l'absence de réinfection est de 6 mois à 3 ans.
5 schizogonie hépatique normale (forme rapide) 6 jours
Pouvoir pathogène
6 schizogonie hépatique lente (hypnozoïtes) inexistante

P. falciparum est l'agent de la fièvre tierce mali- 7 schizogonie érythrocytaire 48 heures


gne (fièvre en théorie à périodicité de 48 heures). D e
gamétogenèse (jusqu'à maturité) à partir des méro-
graves complications peuvent survenir au cours de 8 10 jours
zoïtes issus des schizontes hépatiques
l'accès, d'où le nom d"'accès pernicieux".
Durée minimale du cycle complet (gamétocyte don-
9 26 jours
neur - gamétocyte receveur) (cases 3+5+8)
La séquestration des érythrocytes contenant des
schizontes de P. falciparum est la cause d'importants T a b l e a u 13-5
ralentissements circulatoires dans la plupart des viscè-
res. Au niveau du cerveau, l'anoxie provoque des trou-
bles de la conscience.
5. L'immunité dans le paludisme

Les manifestations du paludisme grave ou com- 5.1 Définitions


pliqué ont été énumérées dans de nombreuses études
cliniques, les plus fréquemment citées étant le palu- Immunité naturelle
disme cérébral (coma) et la fièvre bilieuse hémoglobi-
Etat réfractaire d'un hôte vis-à-vis d'un parasite,
nurique.
relevant de la constitution génétique de l'hôte (incapa-
cité de P. berghei du rongeur à se développer dans les
Distribution géographique globules rouges de l'homme; impossibilité pour des
mérozoïtes des plasmodiums humains à entrer dans
Parasite cosmopolite avec nette prédominance des ovalocytes, etc...).
dans les pays tropicaux, il a été éradiqué du bassin
Immunité acquise de type "prémunition"
méditerranéen et du sud des Etats-Unis d'Amérique. Il
constitue toujours un grave problème dans la plupart Etat immunitaire (permanent en zone endémi-
des pays tropicaux: Afrique au sud du Sahara, Asie du que), conférant une protection relative acquise pro-
Sud et du Sud-Est, Amérique centrale, Amérique du gressivement (2 à 6 ans), provoqué et entretenu par la
présence du parasite dans l'organisme de l'hôte. Il
Sud.
s'estompe après le départ de la zone d'endémie, peu
après la disparition des parasites (12 à 24 mois).
Hôtes
Immunité congénitale
P. falciparum peut infecter l'homme et, expéri-
Transmission à l'enfant d'immunoglobulines
mentalement, quelques singes splénectomisés (Chim-
(IgG) synthétisées chez la mère, par passage transpla-
panzé, Aotus, Saïmiri). centaire: le nouveau-né sera protégé pendant environ
6 mois contre les accès graves.
Les vecteurs sont nombreux: Anopheles gam-
biae, An. funestus en Afrique, An. labranchiae atropar- 5.2 Les antigènes de Plasmodium
vus en Afrique du Nord, An. quadrimaculatus, An.
U n e série de protéines antigéniques ont été iso-
albimanus en Amérique centrale, An. dirus, An. mini-
lées de P. falciparum au cours de son cycle et définies
mus, An. stephensi en Asie, etc. Soixante six espèces biochimiquement. Elle ont fait l'objet d'un inventaire
d'anophèles transmettrices sont citées par Garnham. poussé en vue de la production d'un vaccin.

159
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

Une protéine, appelée "circumsporozoïtique" n'est acquise, en zone endémique, qu'après plus de 6
("circumsporozoïte proteine", CSP), située à la surface ou 8 ans de contact avec les parasites. C'est en effet
de la membrane externe, domine le stade sporozoïte. vers cet âge q u e les densités parasitaires baissent de
Elle comporte 412 acides aminés, dont 40 p.100 sont manière significative chez les enfants pourtant conti-
des séquences répétées en tandem. L'épitope le plus nuellement infectés. U n e explication plausible serait
immunogène est un petit peptide de quatre acides que les parasites qui se succèdent chez l'enfant, suite
aminés: asparagine (N), alanine (A), asparagine (N) et aux multiples inoculations par le moustique, présen-
proline (P), soit la séquence N A N P . Elle a été essayée tent une diversité génétique énorme qui se traduit au
comme v a c c i n et utilisée c o m m e antigène pour les niveau des schizontes sanguins par des contenus anti-
tests sérologiques. La C S P ne se retrouve pas dans les géniques différents (polymorphisme antigénique). Le
autres stades du plasmodium. sporozoïte est en effet un stade hybride résultant de la
fécondation de deux gamètes pouvant avoir des origi-
Remarque nes différentes.

Pour évoquer la variablité qui existe d'un plasmodium à l'autre, il est inté-
ressant de noter que la structure du peptide épitope (CSP) des sporozoïtes
5.4 Mécanismes de protection
de P. vivax diffère de celui de P. falciparum par les acides aminés qui le Les anticorps participent à la protection aussi
composent : arginine (R), acide aspartique (D), glycine (G), glutamine (Q),
bien que les cellules T et les monocytes sécréteurs de
proline (P), alanine (A).
monokines.
Le stade schizogonique hépatique, phase de
La formation d e complexes antigènes-anticorps
transition entre sporozoïte et mérozoïtes, exprime des
au niveau de la C S P facilite la phagocytose des sporo-
antigènes spécifiques à la surface des hépatocytes
zoïtes et leur destruction dans les macrophages.
parasités. Plusieurs protéines spécifiques ont été iden-
tifiées en m ê m e temps que, déjà, des antigènes de Pour le stade hépatique, c e sont les lymphocytes
mérozoïtes. T cytotoxiques qui sont responsables de la cytotoxicité
sur l'hépatocyte infecté exprimant l'antigène parasi-
Dans les stades schizogoniques sanguins, les
taire en surface par l'intermédiaire du complexe
principaux antigènes sont ceux d e la surface et des
majeur d'histocompatibilité de classe I. L'immunité
rhoptries d u mérozoïte, ceux du schizonte mûr et de la
anti-sporozoïte comme l'immunité anti-mérozoïte
vacuole parasitophore et celui de la surface de
pourrait agir indirectement sur le parasite et sa cellule
l'érythrocyte parasité au stade anneau.
hôte, respectivement au début et à la fin du dévelop-
Plusieurs protéines spécifiques du stade gaméto- pement du schizonte, au moment où les antigènes spé-
cyte ont été décrites ainsi qu'une protéine présente sur cifiques de ces stades sont exprimés par l'hépatocyte
les zygotes et les ookinètes. infecté: sécrétion de cytokines, particulièrement
l'interféron y ( I F N y) et l'interleukine 6 (1L6).
La plupart d e ces antigènes varient d ' u n e souche
à l'autre d e P. falciparum et, a fortiori, d'une espèce à A u niveau de la surface des mérozoïtes, c'est
l'autre d e plasmodium. une opsonisation qui a lieu. Elle neutralise les sites d e
reconnaissance cellulaire et interfère d o n c avec le
5.3 Réponse immune mécanisme d'invasion des érythrocytes. Les parasites

A u cours de l'infection plasmodique, le système intracellulaires pourraient être atteints par les lympho-

immunitaire est tenu de réagir contre tous les antigè- kines et les globules rouges infectés peuvent égale-
ment subir l'opsonisation par les anticorps
nes relargués par le parasite. La majorité des antigènes
reconnaissant les antigènes parasitaires exposés en
n'induisent pas d'immunité protectrice: les anticorps
surface.
concernés sont des témoins d'un contact récent avec
le parasite, ni plus ni moins. La reconnaissance des antigènes de surface des
Les antigènes qui induisent la protection sont gamétocytes et leur opsonisation les rend inaptes à la
situés à la surface du parasite. Ils sont spécifiques de fécondation.
stade, d'où l'absence de protection croisée entre
immunité anti-sporozoïte, anti-mérozoïte et anti- 5.5 Immunité congénitale
gamétocyte.
Les accès graves de paludisme s'observent rare-
D e plus, il est étonnant de constater q u ' u n e pro- ment chez le nouveau-né d ' u n e mère vivant en région
tection efficace contre les formes asexuées du sang d'endémie, alors qu'il est soumis, dès sa naissance,

160
Physiopathologie du paludisme Chapitre 13

aux piqûres des anophèles. Toutefois, une parasitémie Q u a n t aux hématies non parasitées de sujet en
peut apparaître. accès de paludisme, elles peuvent être agglutinées par
le sérum de Coombs, preuve qu'elles sont recouvertes
Cette protection s'explique par le fait que le nou-
d'immunoglobulines plasmatiques. La présence de ces
veau-né reçoit les anticorps protecteurs (IgC) de sa
dernières ne s'explique que si des antigènes plasmodi-
mère par la voie transplacentaire, puis par le colostrum
ques solubles dans le plasma ont au préalable adhéré à
et m ê m e par le lait (très peu). Ces anticorps acquis pas-
la surface de ces globules. En présence de complé-
sivement par le nourrisson, sans qu'aucune cellule de
ment, ces érythrocytes opsonisés subissent l'hémolyse
son organisme ne soit capable de les synthétiser, sont
ou sont phagocytés par les macrophages.
métabolisés progressivement et bientôt, l'enfant ne
recevant plus l'aide maternelle dans ce domaine, sera L'hémoglobine libérée par l'hémolyse provoque
soumis au risque d'infection aiguë par manque d'un une surcharge rénale et est partiellement transformée
système de défense spécifique. A ce moment, on dans le foie en bilirubine. L'excès est éliminé dans les
observe simultanément chez le nourrisson, une baisse urines (hémoglobinurie).
du taux des IgG anti-plasmodium et une augmentation
de son taux d' IgM spécifiques, ceux-ci étant les pre- L'hémolyse brutale ret massive est la cause du
miers à apparaître, synthétisés par l'enfant en présence syndrome appelé "fièvre bilieuse hémoglobinurique"
d'une stimulation antigénique (présence du parasite). ("Blackwater Fever"). O n a accusé la quinine d'être le
facteur déclenchant chez des sujets présentant de for-
tes parasitémies.
6. Physiopathologie d u paludisme
D'autre part, l'utilisation de l'hémoglobine par le
parasite amène la précipitation dans son cytoplasme,
Elle est encore très imparfaitement connue. de granules de pigment (hémozoïne). Le pigment accu-
mulé dans le cytoplasme du schizonte est relargué
6.1 Effets généraux dans le plasma lors de la libération des mérozoïtes. Il
est phagocyté par les macrophages et les histiocytes
Remarque importante
(leucocytes mélanifères). L'hémosidérine de couleur
Les stades exo-érythrocytaires ne donnent lieu à aucune pathologie. jaune sombre provient de la transformation de l'hémo-
globine et de l'hémozoïne par les histiocytes.
La schizogonie érythrocytaire provoque une
anoxie dans tous les organes par trois mécanismes dif- Les thrombocytes, enfin, sont détruits par des
férents. mécanismes encore mal précisés.

L'activité de multiplication du parasite entraîne


La moelle osseuse
la sécrétion du "Tumor Necrosis Factor" (TNF) par les
macrophages activés par les interleukines des lympho- La lignée érythrocytaire est hypertrophiée pour
cytes T C D 4 + . Cette cytokine jouerait un rôle dans la compenser l'anémie. Les lignées leucocytaires sont
production des lésions vasculaires, causant des nécro- peu perturbées. En cas d'infection à P. falciparum, des
ses hémorragiques. schizontes y sont retrouvés.

Des ralentissements circulatoires sont causés au


La rate
niveau des capillaires par la perte d'élasticité des
érythrocytes parasités. S'il s'agit de P. falciparum, L'augmentation de volume notée dans l'infection
l'adhérence des érythrocytes parasités à l'endothélium paludéenne est provoquée par l'hypertrophie de la
du réseau veineux post-capillaire pourra aller jusqu'à pulpe blanche (lymphocytes petits et grands, cellules
l'anoxie tissulaire. réticulaires, macrophages).

L'anémie s'installe progressivement, due à L'érythrophagocytose est accélérée par deux


l'hémolyse permanente. phénomènes: activation des macrophages et fixation
d'immunoglobulines sur la paroi des érythrocytes,
6.2 Effets sur les principaux organes infectés ou non. L'activité de phagocytose concerne
aussi le pigment parasitaire et les débris cellulaires.
Le sang
O n observe une rate congestive, de consistance
Les érythrocytes sont détruits par les parasites molle. Sa rupture est aisée à cause de la fragilité aug-
qu'ils hébergent. mentée de la capsule. Sa couleur rouge foncé, parfois
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

brune est d u e à l'accumulation du pigment repris par locale est possible, pouvant aboutir à la néphrose
les phagocytes. (complication fréquente pour P. malariae).

Remarque Le blocage rénal par destruction massive de glo-


bules rouges est le danger principal de la fièvre
Le poids moyen de la rate chez des sujets autopsiés est de 3,2 p.1000 du bilieuse hémoglobinurique.
poids du corps en Grande-Bretagne et de 5 à 8 p.1000 en Afrique centrale.
Le système nerveux central
La splénomégalie constitue un signe qui accom- La schizogonie profonde d e P. falciparum est à
pagne le développement d e la parasitémie. Il sert d e l'origine de complications redoutables dont la malaria
base à u n e observation épidémiométrique: l'index cérébrale. Celle-ci consiste en des thromboses capil-
splénique. Celui-ci rend c o m p t e de la fréquence des laires responsables d e lésions vasculaires et hémorra-
rates hypertrophiées dans une population et constitue giques, provoquant des altérations dégénératives des
u n e mesure d e l ' e n d é m i e malarienne dans u n e z o n e cellules nerveuses, entourées d'infiltrats cellulaires.
donnée.
Plusieurs théories sont en présence pour expli-
Le syndrome de "splénomégalie hyperréactive quer ces phénomènes:
palustre", c o n n u a n c i e n n e m e n t sous le n o m d e "splé-
- obstacles mécaniques sur la circulation micro-
nomégalie tropicale", est une m a l a d i e des immuncom-
capillaire et veineuse à cause d ' u n e déformabi-
plexes provoquée par une réaction démesurée de la
lité d i m i n u é e des érythrocytes parasités et de la
rate à la stimulation prolongée des éléments réticulo-
formation d e "rosettes" constituées d ' u n globule
endothéliaux par des immuns complexes circulants. Il
rouge parasité auquel adhèrent, par un méca-
en résulte une splénomégalie chronique, un hypers-
nisme non é l u c i d é (les antigènes et les immuno-
plénisme avec chute des trois lignées sanguines et pro-
globulines exposés à sa surface joueraient un
duction d'anticorps I g G et I g M en quantité exagérée.
rôle), des érythrocytes normaux; ces phénomè-

Dans le "paludisme viscéral évolutif mineur", nes causent u n e diminution du débit circulatoire

appelé aussi "paludisme subaigu de longue durée", la et un c o m a métabolique réversible;

splénomégalie est souvent massive et a c c o m p a g n é e de - a d h é r e n c e i m m u n o l o g i q u e d e globules parasités


signes cliniques liés à l'anémie (adynamie, pâleur des à l'endothélium vasculaire post-capillaires cau-
conjonctives...). sant des ralentissements circulatoires importants;
cette a d h é r e n c e serait sous la d é p e n d a n c e de
Le foie certaines protéines de surface des globules para-
sités visibles au m i c r o s c o p e électronique (protu-
La schizogonie exo-érythrocytaire ne produit
bérances o u "knobs"), des lymphocytes T C D 4 + ,
a u c u n e lésion inflammatoire. La destruction par les
d e certaines interleukines, en particulier d u T N F ,
schizontes d'un certain nombre de cellules parenchy-
et de récepteurs endothéliaux du type ICAM-1.
mateuses passe inaperçue.
L'expression symptomatologique consistera en
L'hypertrophie du SRE (cellules de Kupffer)
une hémiplégie o u des convulsions (zones motrices),
chargé de la phagocytose des débris et des pigments
des troubles thermorégulateurs avec hyperpyrexie
arrive à obstruer les veines lobulaires. L'hépatomégalie
(hypothalamus), u n e altération progressive d e la cons-
est légère et ne survient q u ' à la longue, c h e z les sujets
c i e n c e si le c e r v e a u entier est entrepris.
qui ont fait des accès de malaria à répétition.

Le placenta
Les reins
Les villosités placentaires baignent dans d e lar-
La formation de complexes antigènes-anticorps
ges sinus o ù le sang maternel circule au ralenti. Les
et leur dépôt dans la membrane basale cause une sur-
espaces entre les villosités sont un excellent refuge
charge du rein et une diminution de la capacité d'épu- pour les globules rouges parasités par P. falciparum.
ration d e cet organe, déjà anormalement sollicité en L ' a c c u m u l a t i o n des globules parasités, collant les uns
cas d'hémolyse. aux autres, détruits sur place, crée un appel d e macro-
La thrombose des artérioles des glomérules phages. Cet engorgement peut causer un blocage des
rénaux, l'anoxie des cellules des tubes contournés et espaces intervilleux et une thrombose placentaire. La
l'apparition de signes de glomérulonéphrite sont des diminution des échanges foeto-maternels est une des

phénomènes souvent observés. U n e dégénérescence raisons pour lesquelles la chimioprophylaxie est pré-

162
Diagnostic du paludisme Chapitre 13

conisée c h e z la f e m m e enceinte: elle vise à abaisser le Figure 13-8


nombre de parasites en circulation.
La fièvre, symptôme cardinal
Courbes thermiques pour les fièvres
7. Diagnostic du paludisme tierces (un jour sans fièvre entre les
accès) et quartes (deux jours sans fiè-
vre).
7.1 Diagnostic clinique

C'est la constatation d'un accès fébrile, décrit


classiquement avec sa périodicité et sa séquence: fris-
sons, chaleur et transpiration (figure 13-8).

En z o n e d'endémie, l'immunité et les infections


mixtes embrouillent le tableau clinique. La difficulté
vient des parasitémies asymptomatiques.
Le frottis est indispensable pour le diagnostic
En pathologie d'importation, la profession, les d'espèce avec répercussion sur le traitement: pour P.
notions de voyage récent et d'interruption prématurée falciparum, complications possibles et résistance pro-
d'une chimioprophylaxie doivent faire envisager ce bable aux traitements habituels; pour P. vivax et P.
diagnostic. L'éventualité du paludisme chez les voya- ovale, existence de rechutes ( hypnozoïtes insensibles
geurs à leur retour est généralement ignorée. aux traitements usuels de l'accès); pour P. malariae,
complications rénales.
7.2 Le diagnostic spécifique
Il faut signaler l'existence fréquente d'infections
Les techniques de diagnostic actuellement en mixtes o ù P. falciparum est accompagné de P. vivax, P.
usage comprennent la mise en évidence de parasites ovale ou P. malariae.
dans le sang et la titration des anticorps antiplasmo-
• GOUTTE ÉPAISSE
dium dans le sérum.
L'examen de la G E peut détecter des parasité-
Actuellement à l'étude, la détection d'antigène
mies de 10-20 parasites par pl.
plasmodial dans le sang total à l'aide d'anticorps
monoclonaux ou le repérage d ' A D N plasmodial par La numération parasitaire se fait en comptant le
hybridation avec des sondes marquées ou après ampli- nombre de parasites par 200 leucocytes. O n admet
fication d u type "polychain reaction" ( P C R ) détrôneront que la leucocytémie moyenne est de 6000 par pl. En
peut-être les méthodes microscopiques traditionnelles, multipliant le nombre de parasites comptés par 30, on
éprouvées mais imparfaites et exigeant, pour être effec- obtient une approximation du nombre de parasites par
tuées correctement, un personnel suffisamment expéri- pl.
menté. U n e méthode plus rapide consiste à compter,
dans 100 champs microscopiques, le nombre de
Microscopie: la goutte épaisse et le frottis champs contenant un ou des parasites. Le résultat est
exprimé en pourcentage de champs positifs. Il a été
Sur ces techniques seules, repose actuellement le
calculé qu'à partir de 500 parasites par pl, tous les
diagnostic de certitude.
champs contiennent au moins 1 parasite.
Pour les parasites sanguicoles, la mise en évi-
• FROTTIS
dence d u parasite se fait habituellement par l'examen
au microscope d'une goutte épaisse (GE) et d'un frottis L'examen des frottis permet de détecter des para-
de sang colorés au Giemsa. Dans la G E , les éléments sitémies de l'ordre de 200 parasites par pl.
du sang sont concentrés sur une surface beaucoup Dans le frottis, l'utilisation d'un oculaire qua-
plus petite que dans le frottis, ce qui accélère la drillé, permettra la numération des globules rouges
recherche. La destruction des érythrocytes rendra la parasités par champ. Le rapport de c e nombre sur le
reconnaissance des parasites plus difficile mais le gain nombre total d ' h é m a t i e s par champ d o n n e le pourcen-
de sensibilité par rapport au frottis est d'environ 20 fois tage d'hématies parasitées et donc le nombre de para-
(tableau 13-6). O n peut estimer que l'examen de 100 sites par pl, en admettant que le nombre normal de
champs microscopiques (oculaire X10, objectif X100) globules rouges par pl soit de 4 à 5 millions. Si le
correspond à un v o l u m e examiné de 0,25 pl. sujet est très anémié, il faudra ajuster les valeurs mais

163
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

vité des symptômes est nette. La grande majorité des


G.R.dans G.B.dans Sensibilité en 10 patients avec malaria cérébrale ont une hyperparasité-
Volume examiné
100 ch. 100 ch. min. d'examen mie.

FROTTIS 80.000 125 0,010-0,016 pl 100-300 parasites/pl Chez les enfants atteints de malaria cérébrale,
les parasitémies qui excèdent 1 million/pl (20 p.100 de
GOUTTE 0,25-0,31 pl 10-20 parasites/pl
détruits 2500 G R parasités) sont associées de manière significative à
EPAISSE
une issue fatale.

Dans les régions où le paludisme n'est pas stable


T a b l e a u 13-6 l'approximation reste acceptable entre 3 et 5 millions
— de globules rouges par pl. (endémicité fluctuante, prémunition peu efficace), les
Sensibilité de l'examen microsco- patients infectés par P.falciparum et présentant plus de
pique • INTÉRÊT DE LA NUMÉRATION PARASITAIRE 100.000 parasites par pl (plus de 250 parasites par
L'importance de la détermination de la densité champ de G E ou 2 p.100 de globules rouges parasités)
parasitaire est relative: des sujets semi-immuns peu- nécessitent une attention particulière, surtout si
vent héberger des parasites du paludisme sans symptô- l'hématocrite est bas.
mes de maladie tandis qu'en l'absence d'immunité
Remarques importantes
spécifique, toute présence de parasites dans le sang est
à l'origine d'une pathologie aiguë en incubation ou La présence de schizontes (formes parasitaires plurinucléées) de P. falcipa-
chronique. rum dans le sang périphérique est un signe de gravité.
Dans les infections à P. falciparum, l'examen de séries de frottis prélevés
O n peut évoquer trois niveaux: le seuil de
toutes les 6 à 12 heures montre d'importantes fluctuations dans les densités
patence, le seuil clinique et, dans les infections à P. fal-
parasitaires. Ceci est dû à la séquestration des érythrocytes parasités au
ciparum, le seuil de danger du paludisme pernicieux.
moment de la schizogonie. Dans les infections où le développement des
Seuil de patence et seuil clinique parasites est synchrone, ceux-ci peuvent disparaître temporairement des
en région endémique prélèvements.
L'auto-médication et la prophylaxie peuvent réduire la parasitémie à des
En Afrique au sud du Sahara, la parasitémie peut
niveaux subpatents: on fera des frottis en séries tant qu'il subsiste un doute
être observée chez 60 à 70 p.100 de la population
quant au diagnostic. Les méthodes d'enrichissement peuvent d'avérer uti-
saine lors d'un seul examen en G E et chez presque
les.
100 p.100 des individus si des examens répétés sont
De toutes façons, un traitement présomptif sera administré devant tout syn-
pratiqués. Les parasitémies en dessous de 10.000/jj.l ne
drome clinique grave évocateur, sans attendre l'apparition des parasites
sont pas souvent symptomatiques et lorsqu'on les
dans les prélèvements.
découvre chez des patients fébriles, on recherche une
autre étiologie. Cette densité seuil de 10.000/pl repré-
Méthodes d'enrichissement
sente 0,2 p.100 de globules rouges parasités (environ 2
par champ dans un frottis). La tolérance est variable U n e technique basée sur une centrifugation dif-
d'un sujet à l'autre, elle se situe généralement entre férentielle et le fait connu que l'acridine orange colore
5.000 et 15.000 parasites par pl. les cellules contenant de l'acide nucléique y compris
les piasmodiums, a été proposée par Becton-Dickin-
D e façon générale, il existe une corrélation entre
son sous le nom de "quantitative buffy coat" ( Q B C ,
la parasitémie et l'apparition des signes cliniques et
leur gravité. Cependant les enfants et, dans une moin- voir chapitre 19).
dre mesure les adultes, peuvent dans les régions afri- Dans le tube Q B C (capillaire tapissé d'acridine
caines, tolérer des parasitémies très élevées sans orange, d'un anticoagulant et muni d'un flotteur) et
présenter de symptômes cliniques. Au Niger, Rouge- après centrifugation, les hématies contenant des tro-
mont a observé des parasitémies de plus de 100.000/jjJ phozoïtes sont concentrées au dessus des hématies
chez des sujets non fébriles! non parasitées, au niveau du flotteur et étalées autour
Chez les personnes non immunes, des parasité- de celui-ci contre la paroi du capillaire. Les parasites
mies faibles peuvent donner lieu à des phénomènes apparaissent nettement sous éclairage ultraviolet grâce
pathologiques. à l'émission, par le noyau du parasite, de lumière fluo-
rescente. Le pigment malarien est bien visible sous
Seuil de gravité
forme de granules foncés dans les phagocytes ou dans
En l'absence d'immunité surtout, la corrélation les parasites eux-mêmes et contraste avec la fluores-
entre la densité parasitaire de P. falciparum et la gra- cence de la chromatine nucléaire.

164
Diagnostic du paludisme Chapitre 13

Le principal avantage d e la méthode Q B C par parasites/p.1 et de 90 à 100 p.100 pour des parasitémies
rapport à la G E est certainement la rapidité des mani- moyennes de 1290 parasites/jul.
pulations et de la lecture. Par ailleurs, le v o l u m e exa-
Antigènes figurés dans le sang
miné étant d e 60 pJ d e sang, on peut s'attendre à une
meilleure sensibilité par rapport à la G E (où 500 La recherche de parasites au microscope peut se
champs examinés équivalent à 1,2 Cependant les faire après une réaction d'immunofluorescence. Le test
auteurs qui ont testé la méthode ne sont pas tous "monofluo kit" pour détection de P. falciparum est
d ' a c c o r d sur c e point. commercialisé par l'Institut Pasteur, Paris.

L'utilité n'est pourtant pas évidente car le temps


Méthodes d'introduction récente
consacré à la préparation est considérable et le gain de
Elles permettent la reconnaissance de molécules sensibilité n'est pas significatif par rapport à la GE
spécifiques du parasite. colorée au Giemsa.

• DÉTECTION D'ANTIGÈNES DE PLASMODIUM • RECHERCHE DE MATÉRIEL GÉNIQUE


DANS UN PRÉLÈVEMENT
D e s anticorps monoclonaux permettent la détec-
tion et de l'identification des agents pathogènes. La Sondes nucléiques
détection d'un antigène parasitaire (produit d u métabo-
Le choix judicieux des séquences d e nucléotides
lisme o u de la lyse parasitaire, soluble dans le plasma)
permettra en théorie, dans l'avenir, le repérage dans un
témoigne d ' u n e infection actuelle de façon plus rapide
prélèvement (sang parasité) des différentes espèces de
et plus sensible q u e la microscopie. Elle devrait pou-
Plasmodium ou m ê m e d ' u n e lignée possédant des
voir identifier le parasite avec précision et théorique-
caractères particuliers, par exemple la résistance à un
ment distinguer non seulement l'espèce plasmodiale
médicament antipaludique. Ces séquences constituent
mais aussi des sous-populations à l'intérieur d'une
des réactifs très spécifiques à condition d'avoir une
m ê m e espèce.
longueur suffisante.
Antigènes solubles de formes asexuées
U n e sonde à P. falciparum décèle régulièrement
sanguines dans le plasma
des parasitémies de 500/p.l. Dans une étude compara-
Depuis quelques années, d e nombreuses protéi- tive par rapport à la microscopie, la sensibilité d ' u n e
nes d e stades schizogoniques ont été décrites et les sonde a été de 65 p.100.
anticorps m o n o c l o n a u x correspondants s'accumulent.
L'amplification génique
Cependant, les molécules utiles sont des peptides (épi-
("polymerase chain reaction", PCR)
topes) provenant d e la scission des protéines natives du
parasite et dénaturées au cours des manipulations La P C R , beaucoup plus sensible, amplifie les
d'extraction. séquences reconnues et les rend facilement repérables.
L'amplification génique n'est pas encore évaluée dans
Face à une telle abondance d e réactifs monospé-
le diagnostic du paludisme (ou plutôt dans la détection
cifiques différents, il faudra attendre pour q u ' u n e hié-
de plasmodiums dans un prélèvement, c e qui est très
rarchie apparaisse dans leur valeur respective pour le
différent, on l'a vu, du diagnostic d u paludisme clini-
diagnostic du paludisme aigu ou des infections inappa-
que!). Il restera à déterminer dans quel cas, mis à part
rentes.
les contrôles de sang de transfusion en dehors des
U n e capture d'antigène riche en histidine ("histi- zones d ' e n d é m i e et certains programmes de recherche
dine-rich protein", HRP-II) de P. falciparum a cepen- pointus, il est nécessaire et utile de s'assurer q u e la der-
dant été essayée par Becton-Dickinson sous forme nière trace de parasite a disparu du sang d'un sujet.
d'un "dip-stick test" (RaraSight F®). Il s'agit d'un bâton-
net en fibres de cellulose, imprégné d'un I g G I mono- Sérologie
clonal dirigé contre un peptide synthétique constitutif
• ANTICÈNES ET RÉACTIONS UTILISÉS
de la protéine. C e bâtonnet est d'abord trempé dans un
échantillon de sang hémolysé du sujet suspect d e palu- Protéines constitutives du parasite ou produits
disme et ensuite dans un sérum polyclonal anti-HRP-ll excrétés de son métabolisme, chacun des quelques 30
conjugué à des liposomes contenant un colorant rose. antigènes de plasmodium a une localisation qui lui est
Par rapport à la microscopie, la sensibilité d u test est propre: cytoplasme ou membrane d u parasite et d e
de 58 p.100 pour des parasitémies moyennes d e 63 l'érythrocyte parasité, plasma.

165
LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

Ces antigènes peuvent actuellement être séparés Aotus pour P. falciparum, P. vivax et P. malariae,
et purifiés chimiquement, après destruction du para- c h i m p a n z é pour P. ovale).
site. Réactions utilisées

Antigènes de sporozoïtes L'immunofluorescence indirecte (IFI), l'hémag-


glutination passive et les tests immuno-enzymatiques
U n e fraction antigénique purifiée de sporozoïte
du t y p e ELISA sont actuellement les plus utilisés.
est maintenant disponible. C'est un épitope de la pro-
téine "circumsporozoïtique" (CSP, déjà citée dans le Ces trois techniques, dans l'état actuel des pré-
paragraphe traitant des antigènes de plasmodium), uti- parations antigéniques, sont grossières et décèlent un
lisé a v e c succès par les épidémiologistes dans une contact global, passé ou présent, d e l'organisme a v e c
réaction immuno-enzymatique pour titrer c h e z les les parasites. La mosaïque antigénique est présentée
sujets exposés aux piqûres infectantes, les anticorps en v r a c soit sous forme d'antigène figuré (piasmo-
spécifiques dirigés contre les sporozoïtes. Ces antigè- diums en frottis ou étalement plus épais, sur une
nes ne sont pas utiles pour le diagnostic d ' u n accès cli- lame), soit sous forme d ' u n antigène soluble (mélange
nique mais ils donnent un renseignement précis de protéines parasitaires en solution aqueuse).
d'ordre épidémiologique (fréquence des inoculations
• UTILITÉ DES MÉTHODES SÉROLOGIQUES
d e sporozoïtes).
La présence de piasmodiums dans l'organisme
Antigènes de la schizogonie érythrocytaire d ' u n sujet est à l'origine de la synthèse d'anticorps
dirigés contre les antigènes d e c e parasite. L e n o m b r e
C e sont les antigènes des formes asexuées du
et la diversité, déjà mentionnés, des antigènes dans
sang qui sont utilisés en routine c l i n i q u e o u épidémio-
les stades de la schizogonie érythrocytaire compli-
logique puisque c'est ce stade qui provoque les symp-
quent l'interprétation de la réponse i m m u n e . D'autre
tômes par sa prolifération et celui qui persiste c h e z le
part, les caractéristiques mêmes de cette réponse
sujet asymptomatique immun.
i m m u n e limitent l'utilité pratique d e la sérologie dans
Parmi les protéines déjà connues des formes san- le d o m a i n e du diagnostic.
guines, il n'en existe a u c u n e qui puisse à elle seule,
La quantité d'anticorps dosée par les méthodes
jusqu'à présent, jouer le rôle d'antigène de diagnostic
sérologiques sera proportionnelle à l'intensité et à la
précoce d'une infection plasmodiale. On continue
durée de l'infection. La sérologie est plus sensible q u e
d o n c à utiliser, e n sérologie de routine, des parasites
la mise en é v i d e n c e du parasite car elle est indépen-
entiers, sous forme d'antigène figuré (intacts morpho-
dante des fluctuations à court terme d e la parasitémie
logiquement) o u d e solutions de protéines parasitaires
et reste positive en cas de parasitémie subpatente. D e
(parasites détruits et repris en solution dans un tam-
c e fait, l'existence dans les pays e n d é m i q u e s d e très
pon).
nombreux porteurs asymptomatiques de parasites,
jouissant à l'âge adulte d ' u n e immunité protectrice
Pour un diagnostic sensible et spécifique de
induite par un contact prolongé et contemporain a v e c
l'infection plasmodiale, on est obligé de choisir, en
le parasite, y anéantit la valeur diagnostique des tests
outre, l'espèce qui a le plus de c h a n c e d'être e n cause
sérologiques.
(réaction homologue). D ' o ù la nécessité de doser les
anticorps vis-à-vis de plusieurs espèces parasitaires Dans l'accès de paludisme clinique, l'abon-
(idéalement, les quatre espèces de parasites de dance de parasites dans le sang facilite l'examen
l'homme) s'il s'agit, c o m m e dans les centres d e trans- microscopique, toujours péremptoire, et produit,
fusion sanguine de régions non endémiques, d e garan- après un délai variable, une élévation du titre d'anti-
tir l'absence de piasmodiums humains dans le sang corps anti-stades de la schizogonie érythrocytaire. Lors
des donneurs . d ' u n e primo-infection, les anticorps ne deviennent en
effet décelables que lorsque la parasitémie a atteint,
D a n s la pratique, les schizontes endo-érythrocy-
depuis plusieurs jours, des niveaux cliniques. C e délai
taires de P. falciparum peuvent être obtenus par matu-
n'est pas observé lors d ' u n e réinfection.
ration synchrone in vitro (cultures continues) tandis
q u e les parasites d e la schizogonie érythrocytaire d e P. La sérologie possède c e p e n d a n t trois indications
vivax, P. ovale o u P. malariae, qui ne sont pas cultiva- précises:
bles, doivent être récoltés chez des patients atteints de - dans les cas d e fièvre d'origine indéterminée.
paludisme aigu. A défaut d e patients o u de cultures, il Lorsque le patient a suivi u n e chimioprophylaxie
est également possible de recourir à des infections irrégulière d'efficacité douteuse o u q u e le traite-
expérimentales d'animaux splénectomisés (singe ment curatif a été c o m m e n c é sans attendre le

166
Traitement du paludisme Chapitre 13

prélèvement, la parasitémie peut être masquée. Paramètres hépatiques


La constatation d'un titre élevé d'anticorps préci-
sera souvent la cause de la fièvre, tandis que leur Les altérations de la fonction hépatique sont cou-
absence permettra d'exclure Pédologie mala- rantes dans le paludisme aigu. Généralement sans
rienne. extérioration clinique, elles peuvent être recherchées
par le dosage des enzymes habituels: élévation de la
- dans les centres de transfusion sanguine des lactate déshydrogénase ( L D H ) et de la glutamate pyru-
zones non endémiques. Les donneurs de sang vate transaminase (SGPT). Le rapport albumine/globu-
ayant voyagé récemment pourront être porteurs line sériques est fortement abaissé du fait du déficit de
de parasites en dehors d'accès francs. Dans ce
la synthèse de l'albumine combinée à une hyperpro-
cas aussi, il s'agira d'exclure la présence d'une
duction d'immunoglobulines.
parasitémie asymptomatique et souvent subpa-
tente. Le cholestérol est presque toujours diminué et les
triglycérides augmentés dans les premiers jours de
- dans les études épidémiologiques. Le titre moyen
l'accès. Il faut quelques semaines pour la normalisa-
d'anticorps anti-formes asexuées sanguines dans
tion après traitement.
un échantillon de population permet d'évaluer
l'intensité-du contact avec les parasites, qui lui-
Paramètres rénaux
même est tributaire de la transmission locale.
La fonction rénale devra donc être surveillée par
7.3 Le diagnostic biologique non spécifique le dosage de l'urée (> 0,60 g/l) ou de la créatinine plas-
matique (> 30 m g/l). C'est dans le paludisme au long
Il est utile surtout pour surveiller l'apparition des cours ou chronique que ces phénomènes sont les plus
formes graves. Les chiffres donnés entre parenthèses marqués. P. malariae est parfois responsable d'un syn-
sont des cotes d'alerte laissant présager des complica- drome néphrotique qui se caractérise par une albumi-
tions d'une extrême gravité! nurie élévée accompagnée d'une hypo-albuminémie
(< 30 g/l).
Anémie hémolytique
ô. Traitement d u paludisme
L'hémolyse est présente dans tous les cas de
paludisme. M ê m e le paludisme viscéral évolutif,
d'allure chronique, déterminera une hémolyse avec 8.1 Définitions
anémie grave d'installation progressive. L'anémie de Le traitement suppressif, curatif ou prophylacti-
type hémolytique est donc constante. que, a pour but de guérir ou de prévenir un accès clini-
que sans pour .autant viser à faire disparaître tous les
D'importance variable, normochrome ou hypo-
parasites .
chrome, elle est mise en évidence par le dosage de
l'hémoglobine (< 7 g/dl), la mesure de l'hématocrite ou Le traitement radical a pour but d'éliminer tous
la numération des hématies. Ces valeurs pourront être les parasites de l'organisme.
faussées par l'existence d'une hémoconcentration mise Le traitement antirechute a pour but d'éliminer
en évidence par le dosage du sodium plasmatique. La les schizontes pré-érythrocytaires à développement
numération des réticulocytes est très utile pour déceler lent.
une anémie en cours de régénération.
Le traitement présomptif est administré sans
Le dosage d'urobilinogène dans l'urine confir- attendre le diagnostic de certitude.
mera l'hémolyse. Dans le plasma, on recherchera la La prophylaxie causale est une prévention totale
diminution de l'haptoglobine (utilisée pour fixer d'infection érythrocytaire par action sur les formes pré-
l'hémoglobine libre et former avec elle de grosses érythrocytaires.
molécules métabolisées par la rate et le foie) et l'aug-
La prophylaxie suppressive est la prévention de
mentation de la bilirubine.
l'accès clinique. C'est la chimioprophylaxie comme on
l'entend habituellement, par administration régulière
Glycémie
de schizonticides sanguins.

Le paludisme grave à P. falciparum cause une U n schizonticide sanguin est un produit actif
hypoglycémie, aggravée par l'effet hypoglycémiant de contre les formes asexuées du sang (cause des manifes-
la quinine. O n surveillera la glycémie (< 0,40 g/l). tations cliniques) et guérit l'accès de paludisme.
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

U n schizonticide tissulaire est un produit actif U n sporonticide inhibe la maturation des gamé-
contre les hypnozoïtes mûrissant lentement dans les tocytes et les rend inaptes à continuer le cycle sporo-
hépatocytes et prévient les rechutes. gonique et interrompt la transmission.

T a b l e a u 13-7 U n gamétocytocide est un produit actif contre les 8.2 I n v e n t a i r e d e s produits (Tableau 13-7)
gamétocytes, qui vise à interrompre la transmission. et d e s associations

PRODUITS ACTION UTILISATION

Quinine Schizonticide sanguin Per os: curatif de l'accès en cas de résistance à la chloroquine
(Quinimafè, Pharmakina®) I.V. dans les accès pernicieux

4-amino quinoléines

Chloroquine ( N i v a q u i n e ® , Resochiné Schizonticide sanguin Traitement curatif des accès, attention aux résistances
Aralen®, etc...)

Amodiaquine ( F l a v o q u i n e ® ) Schizonticide sanguin Traitement curatif des accès

8-aminoquinoléines

Primaquine Gamétocytocide et schizonticide tissulaire Prévention des rechutes chez P. vivax et P. ovale

Acridines

Quinacrine ( A t é b r i n e M é p a c r i n e ® ) Schizonticide sanguin N'est plus employé

Antifoliniques Schizonticides sanguins (action lente) et sporonticides

Pyriméthamine (Daraprim® ,Malocide®) N'est plus jamais employée seule

Triméthoprime

Proguanil ( P a l u d r i n e ® ) Prophylaxie, en association avec la chloroquine

Sulfamides

Sulfadoxine Schizonticide sanguin (action lente) Toujours associé aux antifoliniques (voir Fansidai®)

Sulfaméthoxazole Idem Toujours associé aux antifoliniques (voir Bactrim®)

Sulfones

Dapsorie Idem Toujours associé aux antifoliniques (voir Maloprim®)

Cyclines

Tétracycline Schizonticide sanguin Curatif de l'accès résistant (associé à la quinine)

Doxycycline (Vibramycine®, Vibratab®) Idem Prophylaxie; Curatif de l'accès résistant (associé à la quinine)

Lincosamine

Clindamicine ( D a l a c i n ® ) Schizonticide sanguin Traitement curatif de l'accès résistant

Quinoline-méthanol

Méfloquine (LariarrP) Schizonticide sanguin Prophylaxie; Traitement curatif de l'accès

Phénanthrène-méthanol

Halofantrine ( H a l f a n ® ) Schizonticide sanguin Traitement curatif de l'accès

Extraits de Artémisia annua

Quinghaosu (Artémisinine) Schizonticide sanguins Traitement curatif de l'accès


Artémether Action rapide Accès pernicieux
Artésunate

168
Traitement du paludisme Chapitre 13

Associations commercialisées 8.4 Schémas thérapeutiques


les plus e m p l o y é s
Sulfadoxine (500 mg) + pyriméthamine (25 mg)
(Fansidai®) Monothérapies
Sulfaméthoxazole (400 mg) + triméthoprime Chloroquine ou amodiaquine: 25 mg de base/kg,
(80 mg) ( B a c t r i m ® ) répartis sur 3 jours (10,10, 5 mg par kg).

Dapsone (100 mg) + pyriméthamine Fansidar® (sulfadoxine-pyriméthamine): 1 com-


(25 mg) ( M a l o p r i m ® ) primé/20 kg (3 comprimés pour l'adulte) en dose uni-
que.
Sulfadoxine (500 mg) + pyriméthamine
Quinine: 25 mg de base/kg/jour, en 3 administra-
(25 mg) + méfloquine (250 mg) (Fansimet®)
tions (toutes les 8 heures), pendant 5 à 7 jours.

8.3 Schémas prophylactiques Méfloquine: dose unique d'environ 20 mg/kg,


donnée en deux prises séparées par 8 heures ( 2 x 2
Outre la protection contre les moustiques (mous- comprimés de 250 mg chez l'adulte).
tiquaires imprégnées d'insecticides, insecticides en
Halofantrine: dose totale de 25 mg/kg per os,
spray dans la maison, répulsifs antimoustiques et fumi-
répartie sur 18 heures (3 administrations de 8 mg/kg,
gations) qui est la mesure de prévention la plus sûre, la
toutes les 9 heures, soit 3 x 500 mg chez l'adulte).
prise d'une chimioprophylaxie reste recommandée
pour les voyageurs et les immigrés non immuns entrant Artemisia annua : artémisinine, artémether, arté-
dans une région endémique. sunate.

Aucun schéma n'offre une sécurité totale à cause


Remarque générale
de la résistance de P. falciparum vis-à-vis des antipalu- L'emploi de ['artémisinine et de ses dérivés ne se justifie que dans les cas de
diques utilisables au long cours (prix, compliance, paludisme à P. falciparum résistants aux autres médicaments.
innocuité). U n e mise à jour des recommandations
- Artéméther (ampoules de 1 ml contenant
détaillées par pays est effectuée chaque année dans le
80 mg en solution huileuse pour injections IM):
Bulletin Epidémiologique hebdomadaire publié par
Premier jour (dose de charge): injection I M de
l'OMS.
3,2 mg/kg
Quatre schémas sont aujourd'hui préconisés. Deuxième au septième jour (maximum): une
injection de 1,6 mg/kg/jour.
Méfloquine: un comprimé (250 mg)/semaine. Il
- Artésunate (ampoules de 1 ml pour injec-
est recommandé de ne pas dépasser 16 semaines, à
tions I M ou IV contenant 60 mg de poudre anhy-
cause de l'accumulation du produit qui a une demi-vie
dre d'acide artésunique à reconstituer
de 20 jours dans le plasma. Des effets secondaires
immédiatement avant l'emploi dans 0,6 ml de
gênants sont à redouter chez 5 à 10 p. 100 des sujets.
bicarbonate de sodium à 5 p. cent)
Chloroquine: 100 mg/jour ou 300 mg en une premier jour: injection IV de 2 mg/kg (dose de
prise/semaine. Efficace uniquement en Amérique Cen- charge), suivie de 1 mg/kg quatre et vingt-quatre
trale et au Proche Orient. heures plus tard
deuxième au septième jours (maximum): une
Choroquine + proguanil, répartis comme suit
injection de 1 mg'kg/jour
(pour l'adulte): chloroquine, une prise de 300 mg (trois
comprimés de 100 mg)/semaine plus proguanil, une Remarques
prise de 200 mg (deux comprimés de 100 mg)/jour.
Ces deux traitements sont réservés à l'accès pernicieux. Passer à la voie
L'efficacité de cette association est meilleure que celle
orale dès que possible (artésunate et artémisinine, voir page suivante)
de la chloroquine seule mais des résistances fréquentes
sont à craindre dans certaines régions d'Afrique, en Les associations à base de quinine
Amérique du Sud et en Asie à l'est de l'Inde.
U n traitement complet à la quinine est difficile-
Doxycycline: un comprimé ou une gélule de ment supporté, voire abandonné par la majorité des
100 mg/jour. Il faut la réserver à des cas exceptionnels patients, à cause des effets secondaires. L'association
(intolérance aux autres produits) et ne pas dépasser d'un autre produit permet d'écourter le traitement sans
huit semaines d'administration. en diminuer l'efficacité.
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

Quinine + Fansidar® rité d'emploi, la facilité d'administration et le coût


Premier jour: quinine, 3 administrations de 8 mg modeste. Elle sévit en Asie, du Vietnam à l'Inde et d e
d e base (10 mg d e bichlorhydrate)/kg la Malaisie à la Nouvelle-Guinée. En Afrique au sud
du Sahara, la résistance est apparue partout mais elle
et Fansidar®, 1 comprimé/20 kg
est moins marquée à l'ouest. En Amérique du Sud, elle
Deuxième au quatrième jour : quinine, 3 admi-
existe par endroits, dans la plupart des pays où le palu-
nistrations par jour de 8 mg de base (10 mg de
disme sévit.
bichlorhydrate)/kg

Quinine + cyclines Résistance à la quinine


Pendant 4 jours : quinine, 3 prises de 8 mg de
Elle existe également, surtout en Asie o ù il est
base/kg
nécessaire d'augmenter les doses (25 à 30 mg/kg/jour
en plus, pendant 7 jours:
pendant 7 à 10 jours) et d'y associer les cyclines pour
tétracycline, 3 prises par jour de 8 mg/kg d e
venir à bout d e certains accès cliniques. D a n s beau-
poids ou bien doxycycline, 100 mg/jour
c o u p de régions d'Afrique aussi, les doses de quinine
(adulte)
habituelles (25 mg/kg/jour pendant 3 à 4 jours) ne suf-
fisent plus.
Les associations à base de dérivés
d'Artémisia annua Résistance aux antifoliniques
Artémisinine (capsules ou comprimés d e 250
Elle existe partout par petits foyers et survient
mg)
très rapidement après l'utilisation sur large échelle de
premier jour: 25 mg/kg la pyriméthamine o u des biguanides.
d e u x i è m e jour: 12,5 mg/kg plus m é f l o q u i n e
(15 à 25 mg/kg) Mesure de la résistance
troisième jour: 12,5 mg/kg
O n peut mesurer la sensibilité de P. falciparum à
Remarque n'importe quel antipaludique par des test in vivo : un
traitement standard est administré au patient et la para-
L'artémisinine existe aussi en suppositoires
sitémie est contrôlée pendant 7 jours. Pour les sou-
Artésunate (comprimés de 50 mg) ches sensibles, la parasitémie disparait définitivement
premier jour: 5 mg/kg vers le troisième jour. Le niveau de résistance R I est
deuxième jour: 2,5 mg/kg plus méfloquine (15 à marqué par une négativation temporaire des prélève-
25 mg/kg) ments, suivie d e recrudescence avant quatre semaines.
Le niveau R II s'observe lorsque la parasitémie baisse
troisième jour: 2,5 mg/kg jusqu'à environ 25 p.100 d e sa valeur initiale, pas
plus. La goutte épaisse peut devenir négative pendant
Remarque
un court moment. Le niveau R III est défini par une
Ces deux schémas à base û'Artémisia doivent Être réservés aux cas non
persistance d e la parasitémie à plus de 75 p.100 de
compliqués résistants aux autres antipaludiques
son niveau initial.

L'association Atovaquone - proguanil


Les tests in vitro demandent plus de matériel et
Pendant trois jours (doses pour l'adulte): un laboratoire équipé d'électricité. Le sang parasité
atovaquone 1 g/jour en dose unique par P. falciparum, généralement prélevé chez des
enfants asymptomatiques, est incubé à 37 ° C pendant
proguanil 400 mg/jour en dose unique
24 heures au contact d e doses croissantes d'un produit
8.5 Résistance des plasmodiums (chloroquine, méfloquine ou quinine). Les trophozoï-
aux médicaments tes de P. falciparum grandissent et deviennent des schi-
zontes (reconnaissables à leurs noyaux multiples) dans
Le seul vrai problème est constitué par la résis- les tubes (ou godets) témoins, tandis que la croissance
tance de P. falciparum aux schizonticides sanguins. des parasites sensibles au produit schizonticide est
inhibée. A la fin du test, il faudra compter, pour cha-
Résistance à la chloroquine
que dose de produit, la proportion de formes asexuées
Elle constitue le problème de loin le plus gênant, qui ont deux noyaux ou plus et la comparer aux
car c e médicament n'a pas son pareil quant à la sécu- témoins.

170
Epidémiologie du paludisme Chapitre 13

Vérification de la prise de médicaments gamétocytes ingérés lors du (des) repas infectant(s)


(donc de la densité parasitaire) et de leur qualité. Ces
Le dosage des médicaments dans le plasma ou
deux facteurs sont influencés par l'état immunitaire du
les urines du patient est rudimentaire ou se fait par des
sujet.
méthodes chromatographiques sophistiquées ("High
Pressure Liquid Chromatography") dans les laboratoi- La durée de l'infection est, en l'absence de nou-
res de chimie. Sur le terrain, il n'y a guère que le test velles piqûres infectantes, de l'ordre de 1 an pour P.
de Dill et Glasko qui puisse détecter (non quantitatif) la falciparum, de 2,5 ans en moyenne pour P. vivax et P.
chloroquine dans les urines. Récemment, des techni- ovale et peut dépasser les 30 ans chez P. malariae.
ques immunologiques du type ELISA sur bandelettes,
La densité parasitaire est un paramètre impor-
réalisables en périphérie, ont été proposées pour le
tant. Vu l'existence d'un seuil de patence et d'un seuil
dosage plasmatique de la quinine, la chloroquine et la
clinique, le clinicien ne perçoit donc, en s'occupant
pyriméthamine. Les évaluations sont en cours.
des malades, qu'une partie infime des parasites en cir-
culation dans une communauté. L'épidémiologiste qui
Traitements alternatifs recherche une prévalence de l'infection en examinant
En cas de résistance à la chloroquine, on utilise les gouttes épaisses prélevées en zone d'endémie chez
les associations suivantes: Fansidar®; Fansimef®; Qui- des individus sains, prendra en considération une par-
nine + cyclines. En monothérapie, le Lariam®, l'Hal- tie plus importante de la population parasitaire. Le
f a n ® et l'artémisinine sont utilisés. recours à la sérologie permet, quant à lui, de tenir
compte des faibles niveaux parasitémiques puisque
Remarques toute stimulation antigénique induit une production
d'anticorps.
Avant d'évoquer la résistance, il faut éliminer les autres causes de non
réponse au traitement: L'influence de l'immunité sur la densité parasi-
- le produit administré per os n'a pas été entièrement résorbé (vomisse- taire est évidente en région endémique où la prémuni-
ments, diarrhée).
tion s'installe progressivement avec la durée de
- le patient a cessé précocement de prendre les comprimés, par indocilité, l'exposition aux piqûres infectantes. Dans les zones à
négligence ou pour cause de réaction cutanée (prurit) à la prise de chlo-
paludisme stable (forte transmission constante), les
roquine.
densités parasitaires décroissent avec l'âge. Puisqu'il y
- le médicament manufacturé est sous-dosé.
a moins de mérozoïtes à chaque génération, il y a aussi
L'absence de réponse peut aussi avoir pour cause des affections concomi-
moins de gamétocytes chez les sujets immuns, d'où
tantes, éventuellement anergisantes (rickettsioses, virus). On sait que les
transmission freinée et intensité du paludisme réduite
médicaments antipaludiques sont considérablement aidés dans leur action
par les défenses immunitaires de l'hôte: les doses suppressives de chloro- (le nombre des gamétocytes baisse d'ailleurs de
quine sont moins élevées chez les sujets semi-immuns (10 mg/kg) que chez manière plus importante que le nombre de parasites
les sujets neufs (25 mg/kg). asexués). Enfin, dans ces zones, la densité des gaméto-
cytes sera plus haute chez l'enfant que chez l'adulte.

Remarque
9. Epidémiologie
La transmission directe de piasmodiums est possible mais n'a aucun impact
épidémiologique. Elle se fera par
9.1 Paramètres théoriques importants - injection de sang infecté: transfusions. Les donneurs ne présentent plus
de danger s'ils sont asymptomatiques depuis un an pour P. falciparum,
Chez l'homme (receveur de sporozoïtes depuis trois ans pour P. vivax. Le plasma conservé pendant une semaine
et réservoir de gamétocytes) ou lyophilisé ne présente plus de risque;
- voie transplacentaire: paludisme congénital, rare (il faut un accès aigu
La fréquence des piqûres infectantes dépend des chez la mère).
caractéristiques de la population anophélienne, de
l'écologie du milieu et du réservoir de gamétocytes Chez l'anophèle
(voir taux d'inoculation au paragraphe suivant).
L'anophèle reçoit de l'homme des gamétocytes
L'inoculum de sporozoïtes est difficilement et les transforme en sporozoïtes. Ce processus (sporo-
quantifiable (nombre de sporozoïtes injectés lors d'une gonie) dure un certain nombre de jours qui dépend
piqûre ou nécessaires pour induire une infection chez essentiellement de la température. Il va de soi que le
l'homme). L'intensité de l'infection chez l'anophèle moustique ne deviendra vecteur (porteur de sporozoï-
(abondance de sporozoïtes) dépendra du nombre de tes) que s'il survit un nombre de jours plus grand que la

171
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

durée d e la sporogonie. Ci-dessous, on trouvera quel- qui survivent pendant un temps assez long permettront
ques paramètres qui influencent la transmission du l'accomplissement du c y c l e du p l a s m o d i u m chez le
paludisme. moustique (10 jours à 2 5 ° C pour P. falciparum) et
pourront inoculer les sporozoïtes à u n e série de per-
• BIOLOGIE DU VECTEUR
sonnes (lors de c h a q u e piqûre, au rythme d ' u n e tous
Densité anophélienne les deux à trois jours).

L'anophèle a besoin, pour sa reproduction, de la L'espérance d e v i e d ' u n a n o p h è l e (2 à 3 semai-


présence de collections d ' e a u de surface, c a l m e d e nes) dépend en fait b e a u c o u p de la température et d e
préférence, non polluée. Ses larves sont aquatiques et l'humidité, des vents, des précipitations et, évidem-
la durée d e la vie larvaire est d ' u n e huitaine d e jours ment, de la présence d'insecticides.
dans les conditions tropicales, après quoi l'éclosion a
Si la sporogonie du p l a s m o d i u m dure 10 jours,
lieu. L ' a b o n d a n c e de moustiques vecteurs est expri-
le nombre d'anophèles susceptibles d e servir d e vec-
mée en densité anophélienne, nombre d'anophèles
teurs (population vectorielle) est la population survi-
femelles par rapport au nombre d e personnes vivant
vante après 10 jours: notion d' "espérance d e vie
dans le m ê m e milieu (mesurée par des méthodes stan-
infectante".
dardisées d'échantillonnage par capture).

Agressivité pour l'homme


Remarque importante

Après sa fécondation, quarante-huit heures au Les paramètres densité, longévité, habitudes nutritionnelles sont condensés
plus tard après son éclosion, l'anophèle femelle se met dans la notion de "capacité vectorielle", propriété importante d'une popula-
à la recherche d ' u n repas de sang sur l'hôte de son tion de moustiques vecteurs.

choix. La maturation des oeufs dépend en effet de la Réceptivité pour le plasmodium


présence d e sang dans le tube digestif, d ' o ù les habitu-
Anopheles atroparvus est adapté à P. vivax et aux
des hématophages obligées de la femelle d e ces mous-
souches méditerranéennes d e P. falciparum. Il trans-
tiques: u n repas d e sang est pris tous les 2 à 3 jours.
met plus difficilement o u pas du tout les souches afri-
Ce c y c l e d e reproduction (cycle "gonotrophi- caines de P. falciparum.
que") d é c o u p e la v i e du moustique femelle en pério-
O n mesure cette réceptivité par la numération
des de 4 8 à 72 heures qui se suivent sans interruption
des oocystes autour d e l'estomac o u par c e l l e des spo-
et qui, c h a c u n e , comprennent un repas sanguin, u n e
rozoïtes dans les glandes salivaires après un repas san-
période d e repos et de maturation des oeufs, la ponte
guin contenant des gamétocytes en nombres connus.
sur la surface de l'eau. Après avoir pondu ses oeufs, la
femelle cherche u n e nouvelle v i c t i m e pour se nourrir • TAUX D'INFECTION DU VECTEUR
d e sang, toujours pendant la nuit.
Il est représenté par le pourcentage d'anophèles
Le taux de contact homme-vecteur dépend de la porteurs de sporozoïtes dans leurs glandes salivaires
longueur d u c y c l e gonotrophique et des habitudes (indice sporozoïtique).
nutritionnelles: repas sanguin pris sur l ' h o m m e ou
• TAUX D'INOCULATION ENTOMOLOGIQUE (H 6 )
l'animal (anthropophilie o u zoophilie). Le repas san-
guin peut être pris dans la maison o u dehors (endo- C'est le nombre de piqûres infectantes distri-
phagie o u exophagie); après la prise du repas sanguin, buées par les anophèles à la population par unité d e
le moustique se repose à l'intérieur des maisons (endo- temps: h e = m a b s.
philie) o u à l'extérieur (exophilie). La lutte c h i m i q u e
L'enquête entomologique permet d e connaître
(insecticides rémanents) contre les moustiques adultes
aura d'autant plus d'effet q u e ceux-ci sont endophages m : densité anophélienne;

et endophiles. a : nombre de piqûres sur l ' h o m m e par nuit pour un


moustique;
Rappelons q u ' u n a n o p h è l e doit piquer l ' h o m m e
ma : nombre de piqûres/homme/nuit;
au moins deux fois dans sa v i e pour transmettre le
s : index sporozoïtique (pourcentage d'anophèles
paludisme.
infectés dans leurs glandes salivaires);
Longévité b ne peut pas être mesuré par les observations ento-
La durée de vie moyenne des anophèles mologiques. C'est la proportion de piqûres apparem-
influence grandement la capacité de transmission ment infectantes qui réussissent à établir une infection
d'une population anophélienne: seuls les anophèles chez l'homme.

172
Epidémiologie du paludisme Chapitre 13

• LA CAPACITÉ VECTORIELLE (C) Mesure de la prévalence


Le rôle d e l'anophèle est d e transmettre le palu- La mesure d e la prévalence donne des indica-
disme; la capacité vectorielle se définit c o m m e le nom- tions sur l'importance d e la transmission (taux d'inocu-
bre potentiel d e cas secondaires d e paludisme issus, lation) et d e la circulation du parasite dans une
par jour, d'un cas primaire. communauté. Elle permet aussi d e délimiter le pro-
blème malarien dans l'espace (délimitation des régions
Cette notion mesure l'efficacité d ' u n e population
malariennes) et dans le temps (délimitation de la saison
d'anophèles comme vecteurs du paludisme. Elle
de transmission).
influence directement la rapidité d e l'acquisition de
l'infection par des individus indemnes et la fréquence Au cours d'enquêtes paludométriques, on
des surinfections chez les individus déjà porteurs d u recherchera le parasite soit chez l'hôte vertébré en
parasite. dehors de tout contexte pathologique, par des métho-
des directes (lecture de gouttes épaisses) ou indirectes
Elle dépend d e la densité anophélienne (m), de la
(splénomégalie), soit c h e z l'hôte invertébré.
fréquence des repas sanguins sur l ' h o m m e (a) et de la
probabilité (p) pour un anophèle d e survivre un nom- • CHEZ L'HOMME
bre de jours (n) égal à la durée du c y c l e sporogonique.
L'indice plasmodique est la proportion de sujets
Si la probabilité d e survie d'un anophèle de sur- (d'un échantillon d'enfants non fébriles âgés d e 2 à 9
vivre 1 jour est p (p étant forcément compris entre 0 et ans) présentant des piasmodiums dans le sang, quel
1 ), alors l'espérance d e v i e de cet anophèle s'exprime que soit le stade parasitaire. Les gouttes épaisses doi-
par la formule vent être examinées pendant 5 minutes (100 champs
microscopiques soit 0,2 pl d e sang), les frottis pendant
1 15 minutes.
-l°geP
Remarque
dans laquelle le signe négatif a u dénominateur
est introduit pour neutraliser le signe négatif du loga- Un microscopiste ne peut pas utilement examiner plus de 50 à 60 gouttes
épaisses par jour.
rithme d ' u n e valeur plus petite que 1.
La densité parasitaire moyenne est la moyenne
L'expression mathématique faisant appel à ces
des numérations parasitaires effectuées chez tous les
trois variables mesurables sur le terrain par des obser-
individus d ' u n échantillon. Elle est exprimée en nom-
vations entomologiques est:
bre d e parasites par pl de sang.
2 n
L'indice gamétocytaire représente la proportion
c = m a
P
-logeP de porteurs d e gamétocytes dans un groupe d'âge
donné.
Remarque L'indice splénique est le pourcentage d e sujets
avec rate hypertrophiée.
Une autre mesure utilisée est le "taux de reproduction de base". Il ajoute à la
capacité vectorielle, les qualités du réservoir de gamétocytes (durée de Généralement, l'échantillon est pris parmi les
l'infection chez l'homme). enfants de 2 à 9 ans. Les palpations se font sur les
C'est le nombre d'infections secondaires causées dans une commnunauté à sujets debout, mais certains auteurs préfèrent palper
partir d'un unique cas primaire, non immun. Si ce taux est inférieur à 1, la des abdomens de sujets couchés sur le dos.
situation évolue vers l'extinction de l'endémie (éradication).
L'hypertrophie de la rate est un symptôme telle-
9.2 Paramètres mesurés ment caractéristique de la malaria qu'elle est utilisée
depuis longtemps c o m m e seule mesure de l'endémie
Le taux d e prévalence est la fraction d ' u n e popu- malarienne. L'index splénique est cependant un index
lation infectée à un moment donné. non spécifique et tardif comparé à l'index plasmodi-
que.
Le taux d ' i n c i d e n c e parasitologique est le nom-
bre de nouveaux cas (nouvelles infections) par unité d e L'indice de Hackett (rate hypertrophiée
temps, rapportés à la population totale (synonymes: moyenne) consiste à rechercher dans un échantillon d e
taux d'inoculation parasitologique, taux de conver- population l'augmentation moyenne du v o l u m e d e la
sion). rate ("average enlarged spleen", AES). Il faut, pour cela,

173
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

microscopiques non rentables car trop de négatifs).


Elle permet de contrôler l'efficacité d'une mesure anti-
paludique (le titre moyen continue à baisser jusqu'à se
négativer si la transmission est interrompue) ou de sur-
veiller la réapparition du paludisme d'une région d'où
il avait disparu.

Remarque

La moyenne géométrique est obtenue en calculant l'antilogarithme de la


moyenne des logarithmes d'une série de nombres.

moyennes
Série de quatre titres sérologiques avec

moyenne
antilog
leurs inverses et les logarithmes de ces
inverses

titres 1/20 1/80 1/640 1/1280

inverses 20 80 640 1280 505

logarithmes 1,30 1,90 2,81 3,11 2,28 190,55

Dans cette série, la moyenne arithmétique est de


505 et la moyenne géométrique de 190,5
Figure 13-9 mesurer l'augmentation de volume et attribuer un coef-
ficient à chaque degré d'hypertrophie (figure 13-9). U n e diminution de la transmission, résultant par
Mesure de l'hypertrophie de la exemple d'une action de contrôle (insecticide, drai-
rate pour le calcul de l'indice de
coefficient description nage) ou d'une variation des conditions climatiques
Hackett
(longue saison sèche) se reflétera, après un délai de 2
A Repères topographiques pour les 0 rate impalpable; ou 3 mois, par une baisse du titre sérologique moyen.
cinq catégories de rates hypertro-
phiées 1 rate palpable à l'inspiration; Jusqu'à récemment, c'est généralement le titre
B Projection à la surface de l'abdomen 2 rate dépassant le rebord costal; d'anticorps anti-formes sanguines. qui était mesuré.
de ces cinq catégories Depuis la vulgarisation de l'épitope N A N P du sporo-
3 rate atteignant l'horizontale de l'ombilic; zoïte, les anticorps anti-sporozoïtes peuvent être titrés,
donnant une information plus directement interpréta-
4 rate à mi-chemin entre l'ombilic et l'épine
iliaque antérieure et supérieure; ble (titre directement influencé par la fréquence des
inoculations par l'anophèle).
5 rate atteignant la fosse iliaque gauche.
• CHEZ L'ANOPHÈLE

L'indice sporozoïtique est la proportion d'ano-


nombre d'individus dans chaque classe phèles femelles capturés, montrant à la dissection des
X coefficient splénique correspondant sporozoïtes dans les glandes salivaires.
AES:
nombre d'individus avec rate hypertrophiée On recherche les sporozoïtes par examen
microscopique des glandes salivaires après dissection
de l'insecte.
L'indice de Hackett donne un renseignement du
même ordre que la densité parasitaire. Il est également possible de mettre en évidence
des antigènes de sporozoïtes dans des broyats de tho-
La séro-épidémiologie consiste à mesurer le titre
rax d'anophèles. Le repérage des épitopes de la cir-
d'anticorps chez tous les individus d'un échantillon de
cumsporozoïte protéine (pour P. falciparum et P.
la population (adultes ou par tranches d'âges).
vivax, séparément) se fait en utilisant des anticorps
Le titre moyen (moyenne géométrique de monoclonaux dans un test immuno-enzymatique très
l'inverse des titres, M G I T ) est une mesure de l'intensité spécifique. On peut ainsi déterminer rapidement
de la transmission. Cette méthode est utilisée lorsque l'infectivité d'une population de vecteurs, en échap-
l'index plasmodique est inférieur à 10 p.100 (examens pant à la fastidieuse dissection des glandes salivaires.

174
Le contrôle du paludisme Chapitre 13

Il faudra rapporter cet indice à la densité ano- O n parle de paludisme stable lorsque la saison
phélienne qui est la quantité d'anophèles femelles de transmission est très longue et qu'il y a peu de chan-
adultes capturés par unité de surface (maison, mètre gement dans l'incidence au cours de l'année et d'une
carré de paroi etc.) et par unité de temps (heure, jour) année à l'autre. Les changements climatiques sont trop
en un endroit donné. D e plus, il ne faut tenir compte peu importants pour influencer l'activité de transmis-
que des anophèles anthropophiles (se nourrissant de sion des anophèles et la température assure un cycle
préférence sur l'homme) et négliger les femelles nulli- sporogonique rapide. Le vecteur est hautement anthro-
pares, forcément trop jeunes pour héberger des sporo- pophile et sa durée de vie est longue. Le paludisme sta-
zoïtes. ble est le plus souvent un paludisme à P. falciparum et
il entretient chez la population un degré de protection
Mesure de l'incidence immune très important. O n observe, entre le groupe
d'âge de 1 à 4 ans et celui des adultes, une baisse pro-
Le taux de morbidité est la proportion de person-
gressive des densités parasitaires moyennes. Dans une
nes ayant souffert d'accès palustres pour 1.000 person-
région de l'Inde à paludisme stable, on a observé des
nes par unité de temps.
densités moyennes de 12.000 par |j.l chez les enfants
Le taux de mortalité est la proportion de la popu- alors que le groupe des adultes a une densité moyenne
lation dont le paludisme a été la cause directe du décès d'environ 100 parasites par |nl. C'est la prémunition qui
par unité de temps. Le diagnostic fait par l'entourage est responsable de cet effondrement.
manque de précision et c o m m e on l'a vu, le diagnostic
clinique est purement présomptif. Le paludisme instable est une situation dans
laquelle un écart climatique minime, des variations
Ces indices sont imprécis et difficiles à mesurer. dans l'intensité de reproduction des anophèles ou un
Cependant le taux de mortalité par paludisme est un léger changement de structure de la population
bon témoin des variations de l'intensité de la transmis- humaine causent un arrêt presque complet de la trans-
sion en fonction du temps et de l'espace. mission ou au contraire une flambée épidémique chez
des sujets sans immunité. L'incidence varie d'un point
9.3 Classification des situations à un autre, on peut observer l'anophélisme sans palu-
épidémiologiques disme à certains endroits. C e type instable existe lors-
que le vecteur est peu anthropophile ou de longévité
L'endémicité se rapporte à un degré de préva-
courte, lorsque la température est à la limite de tolé-
lence incluant fréquence et intensité des infections.
rance pour le développement de la sporogonie (18 ° C )
Une épidémie consiste en une augmentation et que la densité du vecteur doit obligatoirement être
soudaine et importante de la morbidité et de la morta- très forte pour assurer une transmission. Paludisme ins-
lité dues au paludisme. table ne veut pas dire paludisme saisonnier. C e type de
transmission fluctuante peut très bien être observé dans
Le paludisme autochtone est contracté sur place.
un milieu dont les caractéristiques climatiques ne
Le paludisme importé est une infection contrac- changent pas au cours du temps.
tée en dehors de la zone concernée.
A l'intérieur de ces deux types, stable et instable,
Le paludisme introduit est une infection contrac- on peut observer des degrés d'intensité différents.
tée localement à partir de cas importés.

Le paludisme sporadique est la constatation de 1 0 . Le contrôle du paludisme


quelques cas épars sans que l'on puisse parler d'endé-
mie.
10.1 Objectifs (figure 13-10)
Types de paludisme
La diminution de la mortalité est obtenue par une
Deux paramètres vont les définir: l'intensité de chimiothérapie correcte, après un diagnostic posé
l'infection et sa variation dans le temps (stabilité). Les promptement.
notions de niveau d'endémicité, image trop statique, a
La diminution de la morbidité est obtenue par
laissé la place à la notion de stabilité qui prend en
une chimioprophylaxie chez les groupes à risques,
compte la dynamique de la transmission.
sensibles à l'infection (femmes enceintes, immigrés).
Celle-ci tient compte de la variation d'intensité Les enfants sont aussi à risque mais pour eux la distri-
au cours du temps. bution des doses prophylactiques est difficile à organi-

175
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

1 1 . Perspectives d e vaccination
NON INFECTE

LUTTE ANTIVECTORIELLE L'induction d'une protection par l'injection


d'antigènes de plasmodium n'est pas encore au point
mais fait l'objet de recherches actives. Rappelons que
l'immunité de protection s'adresse aux antigènes de
N.B. En diminuant le nombre d'inoculations par unité de temps,
surface du parasite qui sont spécifiques de stade. Il faut
on abaisse les densités parasitaires, ce qui diminue
INFECTÉ ' a fréquence des accès de paludisme. donc choisir entre les antigènes de sporozoïte, stade
hépatique, schizogonie sanguine (mérozoïte) ou
gamétocytes.

CHIMIOPROPHYLAXIE 11.1 Choix de l'antigène et effet attendu

Antigènes de sporozoïtes

MALADE Les anticorps dirigés contre l'épitope de 4 acides


aminés ( N A N P ) répété un certain nombre de fois,
DIAGNOSTIC TRAITEMENT GUÉRISON devraient empêcher l'entrée des sporozoïtes dans les
hépatocytes et produire une immunité totale (pas
d'infection).

ACCES PERNICIEUX Antigènes de formes hépatiques

DIAGNOSTIC PRISE EN CHARGE L'action des anticorps dirigés contre eux devrait
prolonger l'action contre les sporozoïtes après leur
I entrée dans les hépatocytes. Leur inventaire n'est pas
terminé et ils sont encore mal connus; on sait cepen-
DÉCÈS GUÉRISON
dant que la présence de schizontes hépatiques produit
une protection spécifique de ce stade. Puisqu'ils
Figure "10-10 ser et la période pendant laquelle ils devraient recevoir s'adressent à un stade pré-érythrocytaire, leur objectif
le traitement est trop longue. est une immunité totale.
Actions possibles en zone
endémique La diminution de la transmission ne peut être
obtenue que par la lutte contre les anophèles: réduc- Antigènes de formes asexuées sanguines
tion de la densité, de la longévité, du contact homme- (mérozoïte> schizonte)
vecteur ou les trois combinés. Les méthodes de con-
trôle des vecteurs sont détaillées au chapitre 20. Les anticorps dirigés contre eux empêcheraient
la montée de la parasitémie et imiteraient donc la pré-
10.2 Stratégies munition en permettant des parasitémies asymptomati-
ques.
En fonction des circonstances, du milieu écolo-
gique et des possibilités financières, on sera amené à Antigènes de gamétocytes
sélectionner des ensembles de méthodes cohérentes.
Les anticorps dirigés contre eux empêcheraient
10.3 Application leur transformation en gamètes fonctionnels et donc la
production de zygotes chez l'anophèle. Ils stérilise-
La mise en application des mesures choisies sera raient le réservoir de parasites et empêcheraient les
du ressort des Services de Santé généraux. Certaines anophèles de s'infecter. Ils visent à interrompre la
actions sont du ressort de services spécialisés. La parti- transmission.
cipation de la population est requise pour la générali-
sation des moustiquaires imprégnées de deltamétrine: Remarque
achat des moustiquaires et leur réimprégnation bisan-
nuelle. Les différents antigènes pourraient éventuellement être "panachés".

176
Perspectives de vaccination

11.2 Obtention des antigènes Vaccin anti-sporozoïte


Seuls les parasites sanguicoles peuvent être culti- L'immunisation de volontaires a été faite par des
vés et uniquement dans le cas de P. falciparum. Cette molécules N A N P synthétiques ou recombinantes. Les
culture est laborieuse. Ces modes de production res- résultats décevants sont attribués à la brièveté du con-
tent à un niveau théorique. Il semble illusoire de pro- tact avec le sporozoïte et la non prise en compte des
duire des doses de vaccins à partir de parasites entiers réponses immunitaires de type cellulaire.
tués ou atténués.

U n e autre alternative existe: rechercher des frac- Vaccin anti-mérozoïte


tions antigéniques les plus protectrices, les identifier et
Elaboré par une équipe colombienne, la pre-
les purifier ainsi que leurs épitopes les plus intéressants
mière phase a consisté en la recherche et la sélection
(avec l'aide des anticorps monoclonaux), ensuite isoler
de peptides de surface du mérozoïte les plus protec-
la partie du génome codant pour la séquence d'acides
teurs pour le singe. Il s'agit d'un vaccin de synthèse à
aminés et enfin faire produire ce peptide de plasmo-
base de tels peptides, reliés entre eux par des segments
dium par une bactérie en utilisant les méthodes de
N A N P du sporozoïte et polymérisés (SPf 66). Son effi-
génie génétique ou le synthétiser chimiquement.
cacité est actuellement à l'étude sur le terrain. En Tan-
zanie, les résultats obtenus semblent montrer que la
i 1.3 Essais de vaccination
morbidité a été réduite de 3 0 % chez les sujets vacci-
Deux types de vaccins ont été expérimentés sur nés, mais le pourcentage de sujets parasités est resté
l'homme jusqu'à présent. inchangé.

177
Chapitre .13 LES PLASMODIUMS PARASITES DE L'HOMME PALUDISME

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178
Coccidies Monoxènes
Les Genres Eimeria, Isospora
Cryptosporidium et Cyclospora (Eimeriida)
Les Coccidioses

1. Généralités Chez certaines espèces à'Isospora, on signale l'existence d'un stade hypno- 1. Généralités '
zoïte, retardant de plusieurs jours l'évolution vers le schizonte et la libération 11 Cycle .évolutif
de mérozoïtes. 1.2 Caractères.distinctifs'
L e c y c l e évolutif d e ces genres se fait entière- des genres
m e n t dans un seul hôte et le plus souvent dans un seul Les schizogonies se suivent, en nombre variable et à localisation variable: 2. Coccidies infectant les ani-
organe, l'intestin et ses annexes. La schizogonie et la ganglions mésentériques, poumons, etc. maux
sporogonie prennent p l a c e dans les cellules épithélia- 2. "I Les genres Eimeria et
les d u t u b e digestif (et glandes annexes) d e divers ani- Isospora
Après deux ou plusieurs cycles asexués, les
2.2 Le genre Cryptospori-
m a u x ou, accessoirement, d e l ' h o m m e . mérozoïtes issus d e la dernière génération d e schizon- , dium
tes (qui sont toujours localisés dans l'épithélium intes- 3. Cocciclies infectant
Les c a r a c t è r e s distinctifs i m p o r t a n t s sont la mor-
tinal) subissent, à l'intérieur des cellules, la dif- , l'homme
p h o l o g i e d e l'oocyste (stade diagnostique), la p é r i o d e
férenciation sexuelle. Certains mérozoïtes donnent 3.1 Isospora belli
prépatente (précédant le début d e l'excrétion d'oocys-
3.2 Cryptosporidium sp.
tes), la d u r é e d e la période de patence (excrétion une cellule multinucléée (microgamétocyte) qui se
3.3 Cyclospora
d'oocystes). fragmente e n petits parasites flagellés (3 flagelles) très cayetanensis
mobiles: c e sont les gamètes mâles o u microgamètes. Bibliographie
1.1 Cycle évolutif D'autres mérozoïtes v o n t d o n n e r un grand parasite
dont le noyau reste u n i q u e à l'intérieur d e la c e l l u l e
FIGURES
L e s c h é m a est le m ê m e pour les trois genres,
hôte: c'est le g a m é t o c y t e f e m e l l e o u macrogaméto- 14-1
Eimeria, isospora et Cryptosporidium, malgré des Schéma général du cycle
cyte. des coccidies
variantes parfois importantes (figure 14-1). 14-2 Trophozoïtes de Cryptos-
poridium dans l'intestin
La f o r m e infectante est le sporozoïte contenu La fécondation intervient dans la c e l l u l e épithé- 14-3 Oocystes de Isospora dans
dans l'oocyste o ù il survit, dans le m i l i e u extérieur, liale qui contient le macrogamétocyte, par fusion d e les selles
protégé par u n e paroi épaisse. L'oocyste est ingéré par 14-4 Stades du cycle de Cryptos-
son noyau a v e c c e l u i d ' u n microgamète. Le zygote
poridium
l'hôte et, dans l'intestin, les sporozoïtes sont libérés ainsi formé sécrète u n e paroi épaisse et est alors a p p e l é 14-5 Oocystes d e Cryptospori-
sous l'influence d e la trypsine et des sels biliaires et oocyste. dium dans les selles
pénètrent dans les cellules d e la paroi intestinale par 14-6 Oocsyfes d e Cyclospora
refoulement d e la paroi cellulaire et formation d ' u n e
Celui-ci sort d e la c e l l u l e hôte dégénérée, se
v a c u o l e parasitophore. A l'intérieur d e la c e l l u l e hôte,
retrouve dans la lumière intestinale, est entraîné par le
le sporozoïte s'arrondit et c o m m e n c e à grandir. Pen-
transit et aboutit dans le m i l i e u extérieur où la matura-
d a n t la croissance, le n o y a u se divise et on aboutit à la
tion se poursuivra j u s q u ' a u stade d'oocyste mûr. Cette
p r o d u c t i o n d ' u n schizonte c o n t e n a n t plusieurs noyaux.
maturation c o m p o r t e la formation d e cellules appelées
A la fin d e la schizogonie, la division d u cytoplasme
sporoblastes ou sporocystes à l'intérieur desquelles
produit les mérozoïtes, d e f o r m e allongée, libres dans
sont formés les sporozoïtes.
la l u m i è r e intestinale. C e s mérozoïtes d e première
génération pénétrent à l'intérieur d e nouvelles cellules
L'oocyste est d o n c un stade c a p a b l e d e survivre
et d o n n e n t des schizontes d e d e u x i è m e génération qui
libèrent à leur tour des mérozoïtes. en milieu extérieur. Contrairement aux oocystes de
Plasmodium, les oocystes d e c o c c i d i e s ne changent
Remarques pas d e taille a u cours d e leur maturation, le nombre d e
sporozoïtes est p e u é l e v é (huit) et ils sont entourés par
Chez les espèces du genre Cryptosporidium, la maturation du schizonte a u n e m e m b r a n e épaisse, apparaissant au microscope
lieu à l'extérieur de la cellule épithéliale. c o m m e constituée d e deux c o u c h e s distinctes.

179
Chapitre 14 LES GENRES EIMERIA, ISOSPORA, CRYPTOSPORIDIUM ET CYCLOSPORA LES COCCIDIOSES

évolutif complet (période prépatente); le nombre de


générations asexuées; le nombre de mérozoïtes formés
Trophozoïte n
par chaque génération de schizontes; le site de déve-
Mérozoïte I loppement chez l'hôte; le type de cellule parasitée; la
Schizonte n
position du parasite dans la cellule hôte; la taille et la
épithélium intestinal
forme de l'oocyste; la pathogénicité pour l'hôte; la
Schizonte I
sensibilité aux médicaments. Cette diversité de com-
épithélium intestinal portement est typique des coccidies; elle est retrouvée,
ggls mésentériques
dans une moindre mesure, dans les autres genres.
poumon
Mérozoïte n
Hypnozoïte
Le genre Isospora
épithélium intestinal
Ses oocystes mesurant plus de 20 |am de diamè-
Trophozoïte I tre, éliminés par les selles, contiennent deux sporo-
cystes hébergeant chacun quatre sporozoïtes.
macro- et microgamétocyte
Il est composé de nombreuses espèces infectant
épithélium intestinal
des animaux très divers, une seule espèce infectant
l'homme (/. b e l i i ) . Son cycle se déroule dans les cellu-
les épithéliales de l'intestin et dans les monocytes
Sporozoïte (ganglions mésentériques). Les sporozoïtes infectants
changement d'hôte OOCYSTE peuvent séjourner quelque temps dans une cellule épi-
lumière intestinale théliale (comportement d'hypnozoïte) avant leur matu-
ration en schizonte (de première génération) et la
(transmission) libération des mérozoïtes.

Le genre Cryptosporidium
Figure "14-1 1.2 Caractères distinctifs des genres
Ses oocystes, petits (4 à 5 |im de diamètre), con-
Schéma général du cycle
Le genre Eimeria tiennent 4 sporozoïtes mais pas de sporocyste.
des coccidies
Il infecte infecte l'homme et de nombreux ani-
Les oocystes de plus de 20 |im de diamètre con-
maux et présente les caractéristiques suivantes:
tiennent quatre sporocystes hébergeant chacun deux
sporozoïtes. - développement du schizonte en dehors de la
cellule épithéliale à laquelle il est attaché par
Les nombreuses espèces infectant tous les ani- une matrice membranaire ("feeder organelle")
maux (mais pas l'homme) se distinguent les unes des (figure 14-2);
autres par les caractères suivants: la durée du cycle
- possibilité d'infections persistantes chez certains
individus par auto-réinfec.tion à partir de sporo-
zoïtes libérés dans leur intestin;
- manque de spécificité d'hôte (comme chez
Toxoplasma);
- étonnante résistance à la chimiothérapie habi-
tuelle des coccidioses;
- infection de l'épithélium intestinal surtout mais
Figure 14-2
aussi pulmonaire.
Trophozoïte de Cryptosporidium
dans l'intestin Le genre Cyclospora
Trophozoïte de Cryptosporidium parvum,
La connaissance de ce genre, récemment décrit,
montrant la relation avec la cellule "hôte"
est provisoirement très fragmentaire. O n ne sait pas si
n noyau
l'espèce responsable de l'infection humaine est pré-
o.n. organite nourricier ("feeder
sente chez des animaux. La localisation décrite est
organelle")
purement intestinale (haute).
c.h. cellule hôte

180
Coccidies infectant les a n i m a u x B B f f l H f f l B l ^ B

2. Coccidies infectant les animaux


Cyclospora Isospora Cryptosporidium
Les espèces décrites chez les animaux domesti- Sporocystes 2 2 absents
ques et les animaux sauvages peuvent être regroupées
en plusieurs genres d'après l'existence ou non d'hyp- Sporozoïtes 4 (2X2) 8 (2X4) 4(1X4)
nozoïtes, la localisation et le nombre de schizogonies,
Forme sphérique ovale allongée ovale-ronde
la structure de l'oocyste.
Taille 8-10 mp >20 mp 4-5 mp
2 .1 Les genres Eimeria et Isospora
Acido-résistance irrégulière totale périphérique
C e sont les plus importants au point de vue nom-
bre d'espèces et importance économique. Ils sont spé- Marquage par monoclo- non non oui
cifiques de leur hôte habituel: les espèces infectant la nal anti- Cryptosporidium
dinde ne peuvent être adaptées au poulet ou au
canard; les espèces des bovins ne peuvent infecter les Autofluorescence bleue brillante non non
moutons ou les porcs.
Après concentration - transparent - ovale allongé généralement
C e sont les espèces parasites de la volaille qui formol-éther (aspect en len- - non sporulé invisible
ont été le plus étudiées, ces oiseaux étant des animaux tille de verre)
de laboratoire faciles à héberger et bon marché. Les - non sporulé
caractéristiques des stades du cycle évolutif des parasi-
tes de nombreux grands animaux sont incomplètement Exemples (/'Isospora Tableau 14-1
connues.
d'animaux domestiques Oocystes des coccidies monoxè-

Exemples (/'Eimeria d'animaux domestiques Isospora felis: intestin grêle; oocystes ovoïdes sans micropyie, mesurant 30 nes ( , a b l e a u récapitulatif)
x 40 pm et apparaissant après 7 ou 8 jours; URSS, Europe, Amérique du
Remarque Nord, Japon. Chat, chien.

Le micropyie est une ouverture circulaire présente à un pôle de l'oocyste. Isospora bigemina. partie moyenne de l'intestin grêle; oocystes ovoïdes ou
sphériques, sans micropyie, de 15 x 18 pm et apparaissant après 15 jours;
Eimeria bovis. intestin grêle; oocystes ovales de 20 x 27 pm avec micropyie
cosmopolite. Chat, chien.
à une extrémité, apparaissant après 18 à 21 jours; cosmopolite. Bovins.

Eimeriaparva. intestin grêle; oocystes sphériques, sans micropyie, mesurant Isospora suis: intestin grêle; oocystes subsphériques sans micropyie, mesu-
12 x 13 pm, apparaissant après 15 jours; Europe, URSS, Amérique du Nord, rant 20 pm de diamètre, à paroi épaisse jaune brunâtre et apparaissant après
Tunisie. Mouton et chèvre. 6 à 8 jours; Amérique du Nord et Europe. Porc.

Eimeria leuckarti intestin grêle; oocystes ovoïdes avec micropyie, mesurant 2.2 Le genre Cryptosporidium
50 x 80 pm, à paroi épaisse et rugueuse; Europe, Amérique du Nord, Inde.
Cheval. Il est présent chez plus de 20 espèces d'animaux
(et chez l'homme). Morphologiquement toujours le
Eimeria deblieckr. intestin grêle; oocystes ovoïdes sans micropyie, mesurant
15 x 20 pm et apparaissant après 6 à 7 jours; URSS, Europe, Amérique du même, sa composition antigénique ne semble pas
Nord et du Sud, Java, Congo. Porc. varier d'une espèce animale à l'autre. Il manque de
spécificité d'hôte et n'est généralement pas très patho-
Eimeria stiediae. épithélium des canaux biliaires dans le foie; oocystes ovoï-
gène.
des avec micropyie à un des pôles, à paroi brunâtre et lisse, mesurant 20 x
35 pm et apparaissant après plus de 15 jours; cosmopolite. Lapin. Ce parasite a été observé dans l'intestin de la
Eimeria perforans. partie moyenne de l'intestin grêle, oocystes ovoïdes à souris, du lapin, du poulet, du cobaye et du chat (infec-
sphériques, avec micropyie, de taille très variable (20 à 25 pm x 12 à 15 pm tions inapparentes). Chez le veau, le mouton, la chè-
en moyenne) et apparaissant après 5 à 6 jours; cosmopolite. Lapin. vre, la dinde, le singe, le cerf et l'homme, l'infection
est symptomatique, à localisation intestinale. Le veau
Eimeria tenella. épithélium des cryptes des caeca, passage des sporozoïtes
étant très sensible, ce parasite cause des dégâts impor-
par les macrophages; oocystes ovoïdes, incolores sans micropyie, de 19 x
tants dans les élevages de bovins.
27 pm, apparaissant après 7 jours. Poulet.

Eimeriaadenoides, £ gallopavonis, £ meleagridis... Dinde. La spécificité d'hôte est large. U n e espèce don-
née du parasite peut être transmise expérimentalement
Eimeria anatis, Tyzzeria perniciosa, Wenyonella anatis... Canard.
d'une espèce animale à une autre (du cerf, de l'homme
£ noceus, £ stigmosa... Oie. ou de la chèvre à des moutons, des porcelets ou à des

181
Chapitre 14 LES GENRES EIMERIA, ISOSPORA, CRYPTOSPORIDIUM ET CYCLOSPORA LES COCCIDIOSES

Diagnostic

Essentiellement parasitologique, il se fera par


l'examen direct des selles liquides ou après concentra-
tion et coloration (voir Cryptosporidium). Les oocystes
assez grands (environ 20pm), sporulés ou non, sont
facilement reconnaissables.

Remarque

Une éosinophilie sanguine est souvent observée. Des cristaux de Charcot


Leyden et d'acides gras sont abondants dans les selles.

Transmission

Les oocystes d'Isospora conservent leur viabilité


en milieu extérieur (plusieurs mois dans des milieux
Figure 14-3 veaux). D e nombreuses espèces sont facilement trans-
liquides); ils résistent à des désinfectants utilisés en
mises à la souris blanche de laboratoire, sans change-
Oocystes de Isospora milieu hospitalier c o m m e le crésyl, l'iodoforme,
ment de pathogénicité pour l'hôte d'origine.
dans les selles l'hypochlorite de sodium, la soude caustique et des
1. Microphotographie d'un oocyste produits à base d'aldéhyde; ils sont tués assez rapide-
montrant deux sporocystes. 3. Coccidies infectant l'homme ment par l'ammoniaque, le formol, la lyophilisation
2. Dessin d'un oocyste montrant la ainsi que par l'exposition pendant plus de 30 minutes
paroi épaisse, les deux sporocystes à des températures supérieures à 65 ° C .
3.1 Isospora belli
et les quatre sporozoïtes qu'ils con-
O n ne connaît pas le nombre d'oocystes néces-
tiennent chacun. Parasite de l'homme exclusivement, normale- saires pour provoquer l'apparition de symptômes.
ment peu pathogène, il devient plus agressif en cas
d'immunodépression. Traitement

Caractéristiques du parasite Les cas humains d'infection par Isospora belli


peuvent, si les symptômes le nécessitent, être traités
Il colonise l'intestin grêle, exclusivement. Les efficacement par l'association triméthoprime-sulfamé-
oocystes ovoïdes de 25-33 pm / 13-16 pm, avec
thoxazole (Bactrim®).
micropyle, contiennent deux sporocystes avec chacun
quatre sporozoïtes (tableau 14-1 et figure 14-3). Il est Bactrim® forte: ( T M P 640 mg/jour; S M Z 3200
cosmopolite et donne des symptômes habituellement mg/jour), soit 4 comprimés par jour pendant 10 à 15
bénins: diarrhée et douleurs abdominales. U n e petite jours
hyperthermie de quelques jours est possible. Flagyl®: 2 g par jour pendant 10 jours.

Pouvoir pathogène Chez les patients atteints de SIDA, une prophy-


laxie à base du quart de la dose de Bactrim® du traite-
Il s'explique par la destruction des cellules ment curatif peut être instituée.
superficielles de la muqueuse intestinale provoquant
localement une chute du pH, des troubles de l'absorp- 3.2 Cryptosporidium sp.
tion, une fuite de protéines sériques dans la lumière
R e m a r q u e préliminaire
intestinale ainsi qu'une diminution d'activité des enzy-
mes intestinaux et de la bile. Des toxines ne semblent
Les espèces distinctes décrites chez divers animaux ne constituent pas une
pas exister mais des changements interviennent dans
classification définitive: C. mûris (rongeurs), C. meleagridis (oiseaux),
les taux de glucose sanguin et de glycogène muscu-
C. crotali (reptiles), C. nasorum (poissons), C. parvum. Elles peuvent, cha-
laire. Cliniquement souvent inapparente, la maladie cune, infecter plusieurs espèces animales. La spécificité d'hôte n'est pas
peut se traduire par une diarrhée avec signes géné- rigoureuse. Les infections, tant chez l'homme que chez les animaux domes-
raux. tiques, peuvent être dues à plusieurs de ces espèces actuellement séparées
dans la nomenclature mais morphologiquement identiques.
Au cours des infections à V I H , le parasite, à
caractère opportuniste provoque une diarrhée aqueuse L'existence d'une espèce qui n'infecterait que l'homme et pour laquelle Bird
profuse et persistante. (1981) a proposé le nom de C. garnhamies{ incertaine.

182
Coccidies infectant l'homme

Caractéristiques des stades du cycle

Les schizogonies ont lieu surtout dans l'épithé-


lium digestif des mammifères, causant des entérocoli-
tes et des diarrhées; on assiste à deux schizogonies
successives au contact des cellules épithéliales, la pre-
mière produisant huit mérozoïtes, la seconde quatre
mérozoïtes. Plus rarement, le parasite peut évoluer
dans l'épithélium du système respiratoire (figure 14-4).

Les oocystes sont sphériques, mesurant 4 à 6 pm


de diamètre chez l'homme et 5 à 7 pm chez les bovi-
dés (espèces probablement différentes), ils contiennent
à maturité quatre sporozoïtes (sans présence de sporo-
cyste), issus de la fécondation du macrogamétocyte par
un microgamète dépourvu de flagelle. O n a décrit des
oocystes à paroi double (épaisse), résistant dans le
milieu extérieur et des oocystes à paroi mince, qui
le transit "torrentiel", est pourtant rarement atteinte par Figure -14-4
les infections. Cryptosporidium fait exception à cette
libèrent leurs sporozoïtes dans l'intestin du sujet Stades du cycle
règle, provoquant une hypersécrétion d'eau et d'élec-
infecté (auto-infestation), prolongeant ainsi la durée de de Cryptosporidium
trolytes du type choléra. Les changements de la
l'infection.
muqueuse sont minimes au début (malgré l'infiltration 1. Trophozoïtes
L'éclosion de l'oocyste à paroi épaisse se fait par des cellules inflammatoires) puis survient un 2 , 3 Schizontes en maturation
après 1 heure à 3 7 ° C dans un mélange de trypsine et approfondissement des cryptes et enfin une atrophie 4. Schizonte libérant les mérozoïtes
de sels bliaires, après 2 heures dans l'eau à p H 7,6 à des villosités. 5. Gamétocyte mâle avec 8 noyaux
37°C, après plusieurs mois dans l'eau à 5°C. Le contact 6. Gamétocyte femelle avec son
Dans les localisations pulmonaires, le parasite se
avec la salive inhiberait l'éclosion. noyau unique
multiplie au contact des muqueuses du larynx, de la
trachée et des bronchioles. Le parasite est rarement 7. Zygote (noyau diploïde)
U n important point de divergence avec les autres
coccidies monoxènes est la position extracellulaire de seul en cause à ce niveau. Il peut s' associer au cyto- 8. Oocyste avec ses quatre sporo-
mégalovirus, à Pneumocystis carinii et à des bactéries. zoïtes
tous les stades: les parasites se développent à l'exté-
rieur du cytoplasme de la cellule hôte (épithéliale) et se U n e inflammation aiguë s'installe avec les symptômes 9. Les sporozoïtes libérés par
laissent partiellement encercler par la membrane de habituels: douleur, dyspnée, sécrétions. l'oocyste infectent de nouvelles
cellules épithéliales, soit dans le
cette cellule, tout en faisant saillie dans la lumière
même intestin lorsque l'éclosion
intestinale. En fait, ils restent en position extracellu- Pouvoir pathogène
de l'oocyste a lieu pendant le tran-
laire et organisent un contact étroit avec la membrane
Les premiers cas de cryptosporodiose ont été sit intestinal, soit dans l'intestin
externe profondément modifiée de la cellule hôte, par d'une autre personne, après pas-
décrits en 1976, probablement chez des patients
un organite intracytoplasmique qu'on appelle organite sage de l'oocyste dans le milieu
atteints d'immunodépression acquise ou congénitale,
nourricier ("feeder organelle"). La membrane externe extérieur
avant la reconnaissance du SIDA. C e n'est qu'en 1982
de la cellule hôte s'hypertrophie, augmentant ainsi la 10. Les mérozoïtes infectent de nou-
que le caractère "opportuniste" du parasite est apparu.
surface de contact avec le parasite et perd ses villosi- velles cellules épithéliales et
Il est responsable de la diarrhée rebelle, un des symp-
tés. recommencent une schizogonie
tômes dominant le tableau clinique chez les patients
sidéens.
Hôtes
Cryptosporidium sp. cause essentiellement de la
De nombreuses espèces animales, comme diarrhée, parfois accompagnée de nausées, vomisse-
l'homme, hébergent le cycle complet de Cryptospori- ments et douleurs abdominales. La durée des symptô-
dium. mes est très variable. Des infections peuvent persister
pendant des périodes très longues à cause de la possi-
Physiopathologie bilité d'auto-réinfestation à partir des sporozoïtes con-
tenus dans les oocystes à paroi mince. Cette
Dans l'intestin, c'est surtout la partie haute de
réinfestation serait favorisée par l'immunodépression.
l'intestin grêle qui est touchée. Plus rarement, on note
une extension vers le système biliaire, l'estomac, et le L'association à des bactéries entéropathogènes
côlon. Cette première portion de l'intestin grêle proté- ou à des virus n'est pas rare; elle a été suggérée à plu-
gée par le p H extrême, l'intense activité protéolytique, sieurs reprises.

183
Chapitre 14 LES GENRES EIMERIA, ISOSPORA, CRYPTOSPORIDIUM ET CYCLOSPORA LES COCCIDIOSES

Figure 14-5 Diagnostic

Oocystes de C r y p t o s p o r i d i u m dans • MISE EN ÉVIDENCE DU PARASITE DANS LES SELLES


les s e l l e s
Examen parasitologique
1. Dessin d'oocystes, à l'examen et coloration des oocystes
de matières fécales
L'examen se fera, après concentration par des
2,3. Dessins d'oocystes montrant les
méthodes de flottation (sulfate de zinc ou saccharose,
quatre sporozoïtes (4 à 5 mu)
solutions saturées), sur frottis colorés. Plusieurs techni-
4 à 6. Microphotographies d'oocystes
ques sont utilisables (voir chapitre 19). N o u s retien-
colorés montrant des structures
drons la coloration rapide à la safranine et au bleu de
internes typiques
méthylène et la coloration de Ziehl Neelsen modifiée,
basée sur l'acido alcoolorésistance de la paroi kysti-
que (tableau 14-1 et figure 14-5).

Marquage immunologique

Il peut se faire par immunofluorescence avec


anticorps monoclonaux anti-paroi d'oocyste (la réac-
tion manque de spécificité si elle est appliquée direc-
tement sur les selles, de nombreuses particules
fluorescentes de 3 à 6 pm de nature différente étant
difficiles à identifier). Il existe aussi un test immuno-
enzymatique (ELISA) avec anticorps anti-formes endo-
gènes ou anti-oocystes (plus spécifiques) sur les selles.

• BIOPSIE INTESTINALE

C'est la méthode la plus sensible car les lésions


de la bordure en brosse sont très caractéristiques et la
présence de schizontes sera notée (autopsie d'animaux
ou biopsie chez l'homme).

• L'INOCULATION AUX SOURICEAUX NOUVEAU-NÉS

C h e z les animaux, la sévérité des symptômes O n pourra confirmer le diagnostic par l'observa-
dépend de l'âge: les agneaux nouveau-nés, les che- tion des lésions intestinales chez des souriceaux ayant
vreaux peuvent mourir des suites de troubles intesti- ingéré des oocystes contenus dans les selles, après leur
naux. lavage et désinfection dans l'eau distillée et dans
l'alcool à 60 p. 100.
Le sujet immunocompétent présente une diar-
rhée aqueuse a c c o m p a g n é e de vomissements, cram- • SÉROLOGIE
pes abdominales, fièvre. L'épisode, dont la durée
dépasse rarement 10 jours, régresse spontanément. L'immunofluorescence indirecte avec comme
antigène, des coupes d'intestins surinfectés d'animaux
La durée est raccourcie chez l'enfant (traitement élevés dans des conditions stériles ("specific pathogen
plus précoce?). A u cours d'une épidémie récente, o n a free"), est très sensible.
observé des symptômes dans 78 p.100 des cas et pas
de diarrhée contemporaine de l'excrétion d'oocystes Le test ELISA est pratiqué sur des oocystes puri-
dans 14 p.100 des cas. L'infection peut prendre un fiés, soniqués pour libérer les sporozoïtes. Les I g G per-
caractère de gravité en cas de rougeole ou de malnu- sistent moins d'un an.
trition.
D e nouveaux antigènes sont à l'étude. Ceux des
C h e z les sujets immunodéprimés (chimiothéra- formes endogènes (schizontes), différents des antigè-
pies anticancéreuses, thérapeutiques immnosuppressi- nes de parois d'oocystes, donneraient des réactions
ves et surtout SIDA), la diarrhée aqueuse, profuse plus sensibles: des échantillons de population pris au
(jusqu'à 2 à 6 litres par jour), n'a aucune tendance à la hasard présentent 86 p.100 de positifs avec l'IFI sur A g

rémission et peut menacer la vie du patient. de formes endogènes tandis qu'ils ne présentent que

184
Coccidies infectant l'homme

5 p.100 de positifs avec le test ELISA sur A g de paroi Traitement et prévention


d 1 oocyste.
Purement symptomatique chez les sujets immu-
Source de matériel pour l'étude du parasite nocompétents, le traitement est très difficile en cas de
diarrhée sévère. O n ne connaît pas de drogues effica-
Le parasite est cultivable in vitro sur des lignées ces contre Cryptosporidium.
cellulaires diverses. Le cycle est reproduit dans sa tota-
lité, du sporozoïte qui constitue l'inoculum jusqu'à Beaucoup de médicaments ont été essayés: anti-
l'oocyste sporulé. Il n'y a cependant qu'une seule schi- microbiens, antiprotozoaires, anthelmintiques, antima-
zogonie, ce qui limite considérablement le rendement lariques, antimycoplasma, antitréponèmes, antiviraux,
des cultures. antituberculeux, antihistaminiques, Ivermectine...

Cependant, la source la plus importante d'oocys- Des résultats douteux ont été obtenus avec la spi-
tes est sans conteste le veau infecté et le patient immu- ramycine.
nodéprimé au cours de ses épisodes diarrhéiques
Le colostrum de vaches immunisées par des
prolongés.
injections d'antigènes d'oocystes a été essayé ...
Transmission et épidémiologie Les selles des malades étant très infectantes, il est
important de prendre des précautions drastiques dans
Il est prouvé que des infections animales peuvent
les unités de soins où séjournent des patients immuno-
passer à l'homme: les animaux familiers et les veaux
déprimés (transplantations, chimiothérapie anticancé-
font des diarrhées et éliminent de grandes quantités
reuse, services accueillant les malades atteints de
d'oocystes même après la disparition des symptômes.
SIDA...).
Mais les contaminations dans les familles, les
hôpitaux, les crèches montrent que la transmission 3.3 Cyclospora cayetanensis
directe, d'homme à homme, existe. Des explosions
épidémiques sont observées dans les garderies (tout Historique
comme avec Rotavirus, Shigella sp., Clostridium diffi-
cile, Giardia intestinalis ...). L'âge le plus touché est de La découverte de ce parasite protozoaire est très
6 à 12 mois tandis qu'il est de 1 à 3 ans pour G. intesti- récente. O n avait indentifié comme "granules cyano-
nalis. bactériens" des corpuscules arrondis à reflets bleuâtres
dans les selles de sujets diarrhéiques, immunodéprimés
La transmission indirecte par l'eau,, les aliments ou non. L'examen en microscopie électronique, puis la
(lait cru) existe également. sporulation provoquée des oocystes ont permis, en
Enfin, la transmission par voie respiratoire sem- 1993, de connaître leur nature coccidienne.
ble possible (infections expérimentales de porcelets).
Cycle évolutif
Les oocystes sont résistants aux désinfectants; ils
éclosent spontanément après un temps variable, Chez l'homme, on a décrit des stades schizogo-
dépendant de la température et du milieu dans lequel niques dans l'épithélium intestinal (intestin grêle) et les
ils se trouvent. Les saisons ont une influence: l'inci- oocystes dans les matières fécales aussi bien que dans
dence est plus importante si l'atmosphère est chaude et le liquide duodénal. Les oocystes incubés à 30°C
humide. Les sporozoïtes ne peuvent survivre en dehors subissent une maturation (sporulation) et placés dans
de l'oocyste, ils doivent entrer rapidement dans une une solution de trypsine, ils libèrent des sporozoïtes
cellule. pourvus de micronèmes comparables à ceux des coc-
cidies (Apicomplexa). O n n'en sait pas plus.
Le parasite est responsable de 1,5 p.100 des gas-
tro-entérites dans les pays développés et de 4,7 p.100
(et même certainement davantage) dans les pays en Pathologie
voie de développement. L'infection peut causer des épisodes diarrhéiques
C'est une cause supplémentaire de diarrhée du successifs entrecoupés de périodes de rémission. Le
voyageur. Signalons quelques pays à risque spécial: parasite a été identifié pendant des épisodes diarrhéi-
Caraïbes, Mexique, Asie du Sud-Est , URSS, Afrique ques ou en dehors de ceux-ci chez des sujet atteints de
Centrale. SIDA comme de sujets immunologiquement intacts.

185
Chapitre 14 LES GENRES EIMERIA, ISOSPORA, CRYPTOSPORIDIUM ET CYCLOSPORA LES C O C C I D I O S E S

Diagnostic Epidémiologie

Il repose sur la mise en é v i d e n c e d'oocystes, Le parasite est c o s m o p o l i t e . Il est clair que l'eau
sporulés o u non, mesurant de 8 à 10 mp de diamètre et le lait cru sont des sources de c o n t a m i n a t i o n impor-
dans les selles o u le produit d'aspirations duodénales. tantes mais la v i a n d e crue ne peut pas être exclue.

Les oocystes sporulés c o n t i e n n e n t parfois deux O n n'a pas b e a u c o u p d ' i n f o r m a t i o n sur u n possi-
ble réservoir a n i m a l , ni sur la présence éventuelle d ' u n
sporocystes visibles sans c o l o r a t i o n . La paroi est sou-
hôte intermédiaire. Jusqu'à présent, le parasite est c o n -
vent bien colorée par le Ziehl (acido-résistance),
sidéré c o m m e une c o c c i d i e m o n o x è n e de l ' h o m m e ,
c o m m e ceux de Cryptosporidium.
tout c o m m e Isospora belli.

A frais, les oocystes apparaissent c o m m e des


Chez des porteurs sains, l'excrétion d'oocystes
billes sphériques, transparentes et brillantes, avec des
persiste pendant une vingtaine de jours.
structures internes allant d u stade " m o r u l a " , 6 à 8
petits globules réfringents juxtaposés, jusqu'à deux
Traitement
volumineuses formations granuleuses q u i sont les spo-
rocystes. Les sporozoïtes ne sont pas visibles au
Les associations triméthoprime-sulfaméthoxa-
microscope optique. Après sporulation, ils s'avèrent
z o l e o u de tétracycline-acide f o l i q u e semblent avoir
être au n o m b r e de deux par sporocyste, alors q u e chez u n effet sur l ' é v o l u t i o n des symptômes. Le métronida-
Isospora, il y a quatre sporozoïtes par sporocyste zole, la norfloxacine, la p a r o m o m y c i n e et le furoate de
(tableau 14-1 et figure 14-6). d i l o x a n i d e seraient sans effet.

Figure 14-6

Oocystes de Cyclospora
1, 2 A frais
3,4 Après coloration à la saframine-
bleu de méthylène
N.B. Sur la photo 2, remarquer la taille
de deux levures, dans le coin
supérieur gauche.
Matériel aimablement fourni par
E. Mangelschots, IMT Anvers.
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187
Coccidies hétéroxènes
Les genres Toxoplasma et Sarcocystis (Eimeriida)
La toxoplasmose humaine

Introduction: famille des Eimeriidae 1. Toxoplasma gondii Infrodudion:


Relations entre les genres famille des Eimeriidae
1. Toxoplosma gondii
La famille des Eimeriidae comprend (tableau 15-1) \A Historique 1.1 Historique
•1.2 Classification _
- les genres Eimeria, Isospora et Cryptosporidium, 1.3 Hôtes habituels
Toxoplasma gondii a été décrit p o u r la première
trois groupes de parasites d o n t la s c h i z o g o n i e et 1.4 Cycle évolutif, de
fois en Tunisie en 1 9 0 8 par N i c o l l e et M a n c e a u x chez •:--:•••••: . Toxoplasma gondii
la s p o r o g o n i e se passent exclusivement dans les
un rongeur sauvage, Ctenodactylus gundi. Ce parasite, • 1.5 Pouvoir pathogène
cellules épithéliales de l'intestin, chez un seul et
i n o c u l é à des rongeurs sauvages maintenus en captivité 1.6 Diagnostic
m ê m e hôte (coccidies monoxènes); 1îTraitementvcuratif •
ainsi q u ' à des souris blanches de laboratoire, se m u l t i -
1.8 Epidémiologie
- le genre Toxoplasma p o u r lequel, à côté des schi- p l i e dans les cellules l y m p h o ï d e s et tue son hôte en 1.9 Mesures prophylacti-
zogonies et sporogonie évoluant dans l'épithé- quelques jours. Il s'agit d o n c d ' u n parasite très virulent. ques
l i u m intestinal d ' u n hôte (félidés), on reconnaît Par la suite, ce parasite a été retrouvé et isolé à partir 2. Sarcocystis spp.
u n e r e p r o d u c t i o n asexuée e x t r ê m e m e n t fré- d ' a n i m a u x divers: chiens, lièvres, lapins, rats sauvages, 2.1 Introduction
q u e n t e et a b o n d a n t e dans la p l u p a r t des tissus cobayes, taupes, pigeons et n o m b r e u x autres oiseaux. 2.2 Cycle évolutif
d ' u n éventail très large d'hôtes vertébrés (hété- O n peut le retrouver dans toutes les parties d u m o n d e . 3. Besnoitia
roxène facultatif); C'est un parasite très répandu et très f r é q u e n t dans la 4. Frenkelia
nature.
Bibliographie
- les genres Sarcocystis, Besnoitia et Frenkelia
p o u r lesquels la sporogonie seule é v o l u e dans Des études m o r p h o l o g i q u e s et des essais d ' i n o -
l ' é p i t h é l i u m intestinal d ' u n hôte, tandis q u e la c u l a t i o n à divers hôtes o n t apporté la preuve q u ' i l FIGURES ~ - - -
s c h i z o g o n i e se passe dans les tissus (muscles, n'existe q u ' u n e seule espèce de Toxoplasma, capable 15-1 ' Schéma du cycle
cerveau, etc.) d ' u n autre hôte vertébré (hétéroxè- d'infecter un éventail e x t r ê m e m e n t large d'hôtes verté- d é Toxoplasma gondii
nes obligatoires). brés (mammifères, oiseaux). 15-2 ' Infrastructure d'un tropho-
1 zoi'te de Toxopjasma
15-3 Zoïtes et kystes
d e Toxoplasma_
15-4 ^Circulation
T a b l e a u 15-*! des toxoplasmes
15-5 <Schéma;du cycle
Tableau comparatif '! de Sarcocystis
15-6 Zoïtes et'kystes
d e ^Sarcocystis 1 '
Caractère Isospora Toxoplasma Sarcocystis 15-7 Oocystes de Sarcocystis
Nombre d'hôtes 1 2 2
Hôte définitif Nombreux carnivores Félidés Divers (sporogonie)
Schizogonie intestinale Epithélium Epithélium Absente
Gamétogenèse intestinale Epithélium Epithélium Sous-épithéliale
Cycle extra-intestinal Rare ou absent Abondant Abondant
Lieu du cycle extra-intestinal Cerveau Muscle (kystes), foie,
et tous les organes rein, rate (schizontes)
Paroi du kyste extra-intestinal Fine Epaisse

N. B.Ces trois genres ont en commun un oocyste présent dans les matières fécales contenant deux sporocystes avec chacun quatre spo-
rozoïtes (Garnham, 1975).

189
LES GENRES TOXOPLASMA ET SARCOCYSTIS LA TOXOPLASMOSE HUMAINE

Le parasite est pour la première fois observé cystes; les sporocystes contiennent un ou plusieurs
chez l ' h o m m e en 1916, à Ceylan d'abord, puis en sporozoïtes; la schizogonie et la sporogonie se passent
Russie méridionale. La maladie n'est reconnue chez chez le même hôte (monoxènes) ou chez deux hôtes
l'homme que vers 1923 par Janku en Europe centrale successivement (hétéroxènes); les oocystes sont élimi-
et le tropisme d u parasite pour les tissus nerveux nés en dehors de l'hôte dans les matières fécales; les
(encéphale, œil) est immédiatement mis en évidence. microgamètes (mâles) possèdent 2 ou 3 flagelles. Prati-
L'infection congénitale est reconnue en 1937 par quement tous les hôtes sont des vertébrés.
Wolf. L'infection généralisée chez l ' h o m m e adulte
Dans le genre Toxoplasma, les oocystes éliminés
avec prédominance lymphoïde (fièvre ganglionnaire)
dans les matières fécales de l'hôte définitif contiennent
est décrite en 1940. Depuis le développement de
deux sporocystes avec 4 sporozoïtes chacun et la spo-
méthodes fiables pour la mise en évidence d'anticorps
rogonie se termine en dehors de l'hôte.
antitoxoplasmiques (dye-test de Sabin et Feldman,
1948), o n s'est rendu compte que l ' h o m m e est en con- Chez l'hôte intermédiaire, on note la présence
tact permanent avec le parasite et que, à côté des cas de deux types de trophozoïtes, tachyzoïte (ou endo-
de toxoplasmose aiguë ciiniquement reconnus, il y a zoïte) et bradyzoïte (ou cystozoïte). Les stades tissulai-
de très nombreux porteurs sains chez qui l'affection est res (parentéraux) sont prédominants. La division
chronique ou inapparente. binaire se fait par endodyogénie (formation de pseudo-
kystes et de kystes vrais) et la reproduction asexuée
La transmission par la viande crue est évoquée peut durer indéfiniment, sans q u ' u n e sporogonie ne
par W e i n m a n et Chandler en 1954 tandis que la soit intercalée dans le cycle (hétéroxène facultatif).
démonstration de l'infection par les fèces du chat date
de 1968. C'est entre 1968 et 1973 que la nature vérita- 1.3 Hôtes habituels
ble du parasite a été reconnue par Hutchinson: il s'agit
d'un parasite coccidien qui évolue chez deux hôtes Hôtes intermédiaires
vertébrés (hétéroxène) avec alternance de plusieurs
Avec l'homme, un éventail très large d'oiseaux,
modalités de reproduction asexuée, produisant divers
domestiques (pigeons, volaille) ou non, d'animaux
types de trophozoïtes tissulaires ou intestinaux ainsi
domestiques (bétail, porc, chien, lapin, souris, rat, etc.)
que des kystes tissulaires et d'une reproduction sexuée
et d'animaux sauvages (gibier, rongeurs, etc.) peuvent
localisée dans l'intestin des seuls félidés et produisant
héberger le parasite qui, par ce fait, est cosmopolite.
des oocystes éliminés dans le milieu extérieur avec les
matières fécales. Hôtes définitifs
A partir de 1982, le syndrome de déficience Les seuls animaux chez qui les cycles schizogo-
immunitaire acquise amène la toxoplasmose au pre- nique et sporogonique ont été décrits sont le chat et
mier rang des maladies opportunistes avec l'encépha- autres félidés.
lite aiguë, principale localisation, spectaculaire, de
l'infection. 1.4 Cycle évolutif d e Toxoplasma gondii
La schizogonie et la sporogonie ont lieu dans les
1 .2 Classification
cellules intestinales des félidés :
Les caractères de l'ordre des Eimeriida sont - le développement sexué donne des oocystes,
décrits au chapitre 14. Ces parasites possèdent des présents dans les matières fécales des chats. De
oocystes de taille fixe, ne grandissant pas au cours de forme ellipsoïde de 12,5 x 11 pm, ils contiennent
la maturation et représentant un stade de résistance en deux sporocystes ovales de 8 x 6 p m et des spo-
milieu extérieur. Des sporocystes sont présents à l'inté- rozoïtes de 8 x 2 pm, au nombre de quatre par
rieur de l'oocyste. Chaque sporocyste contient un petit sporocyste.
nombre de sporozoïtes (stade infectant). Contraire-
- les stades asexués se développent dans l'intestin,
ment aux hémosporidies, il n'y a pas de stade sanguin
le cerveau, les muscles, les leucocytes m o n o n u -
de développement du parasite et il n'y a pas d'hôte
cléaires des exsudats péritonéal et autres, chez le
invertébré (vecteur); tout le cycle se passe dans la
chat mais aussi chez de très nombreux m a m m i -
paroi intestinale et dans les tissus des hôtes vertébrés.
fères et oiseaux (au moins 200 espèces). La
La famille des Eimeriidae est caractérisée par un transmission est possible d ' u n hôte à l'autre sans
développement intracellulaire de tous les stades du passage par les félidés, par ingestion de tropho-
cycle évolutif; les oocystes possèdent de 0 à 4 sporo- zoïtes.

190
Cycle d e Toxoplasma gondii

Nomenclature des stades du cycle évolutif

• STADES DANS L'ÉPITHÉLIUM INTESTINAL (FÉLIDÉS)

Trophozoïte: parasite (sporozoïte ou mérozoïte)


ayant pénétré dans une cellule de l'épithélium intesti-
nal et commençant l'évolution vers le schizonte.

Schizonte: parasite à plusieurs noyaux produi-


sant les mérozoïtes.

Mérozoïte: parasite issu de la schizogonie.

Gamétocyte: cellule précurseur du gamète mâle


ou femelle. Chez le mâle, le noyau se fragmente en
plusieurs morceaux; chez la femelle le noyau reste uni-
que.

Zygote: produit de la fécondation du gamète


femelle par le gamète mâle.

Oocyste: zygote possédant une paroi protectrice


épaisse. Il sera rejeté à l'extérieur avec les matières
fécales.

Sporocyste (ou sporoblaste): cellule contenue


dans l'oocyste qui va se diviser pour donner les sporo-
zoïtes.

La plupart de ces stades correspondent à un


stade évolutif des piasmodiums. Ici, cependant, schizo-
gonie et sporogonie se passent toutes deux chez le
même hôte et dans le même organe. Tous ces stades
sont également retrouvés chez les coccidies monoxè-
nes (Isospora et Eimeria ): les cycles sont superposa-
bles.
sexué) de ce parasite. Ils sont donc appelés les hôtes Figure i 5 - i
• STADES TISSULAIRES (HÔTES INTERMÉDIAIRES)
définitifs (figure 15-1 ).
Tachyzoïte (ou endozoïte): trophozoïte asexué se Schéma du cycle de Toxoplasma
multipliant rapidement par endodyogénie à l'intérieur Chez le chat qui a ingéré des oocystes (matières gondii
d'une cellule hôte (macrophage) pour former un fécales) ou des cadavres d'animaux infectés de toxo-
pseudo-kyste. L'accumulation des parasites entraîne la plasmes (tachyzoïtes, bradyzoïtes) on trouve, dans les
destruction de la cellule et les libère. cellules de l'épithélium intestinal, des schizontes (donc
une pathologie intestinale) et des gamétocytes aboutis-
Bradyzoïte (ou cystozoïte): parasite se reprodui- sant à la formation d'oocystes éliminés dans les matiè-
sant lentement par endodyogénie, à l'intérieur d'une res fécales.
paroi kystique qui va persister.
Le cycle peut continuer indéfiniment chez l'hôte
Kyste vrai: amas de bradyzoïtes à l'état quies- définitif par schizogonie et reproduction sexuée conco-
cent, enfermés à l'intérieur d'une paroi épaisse sécré- mitantes, suite à des réinfections fréquentes: le chat,
tée par les parasites au contact de la paroi d'une par son comportement indépendant, ses activités de
cellule hôte. Cette paroi de la cellule hôte peut dispa- chasse, son immixtion dans l'intimité de l'homme est
raître secondairement, le kyste restera compact. un réservoir important et un disséminateur redoutable
du parasite.
Cycle coccidiomorphe (intestinal)
chez les félidés D'autre part, le chat ne fait pas exception: il
héberge, comme la plupart des autres espèces anima-
Le chat et les autres félidés sont les seuls ani- les, les stades tissulaires asexués donnant une patholo-
maux capables d'héberger le cycle complet (asexué et gie générale.

191
Chopitre 15 LES GENRES TOXOPLASMA ET SARCOCYSTIS LA TOXOPLASMOSE HUMAINE

Cycle chez l'hôte intermédiaire ou d ' u n o v o ï d e asymétrique avec une extrémité effilée
(pôle apical) et l'autre arrondie. Après c o l o r a t i o n au
L'hôte intermédiaire peut être n ' i m p o r t e quel Giemsa, le noyau o v o ï d e rouge o c c u p e une position
m a m m i f è r e (y compris l ' h o m m e ) o u u n oiseau. centrale dans un cytoplasme bleu, homogène et
Il p e u t s'infecter soit à partir des oocystes pro- d é p o u r v u de p i g m e n t .
duits par le chat, soit à partir des kystes ou des formes
végétatives (bradyzoïtes et tachyzoïtes) présents dans Ces trophozoïtes se retrouvent dans les histiocy-
les muscles (viande) d ' u n a n i m a l infecté, ainsi q u e tes, les monocytes et dans toutes les cellules nucléées,
dans le sang, le lait, les urines de cet a n i m a l . parfois m ê m e dans les globules rouges (infections
expérimentales d'oiseaux et de souris). Ce sont d o n c
Le d é r o u l e m e n t de cette partie d u cycle se fait en en général des parasites adaptés à la vie intracellulaire.
deux phases: une phase aiguë et u n e phase c h r o n i q u e O n peut c e p e n d a n t les retrouver à l'état libre dans les
o u latente. D u r a n t la phase aiguë, les trophozoïtes, exsudats ( l i q u i d e péritonéal de souris). La pénétration
issus des kystes tissulaires contenus dans la v i a n d e de des toxoplasmes dans les cellules est active.
nombreuses espèces animales o u des oocystes prove-
nant du chat, se m u l t i p l i e n t activement dans les tissus
Au microscope électronique on retrouve,
lymphatiques, musculaires, nerveux et p r o v o q u e n t
c o m m e dans un m é r o z o ï t e de Plasmodium, le c o m -
une m a l a d i e aiguë, souvent m o r t e l l e chez l ' a n i m a l
plexe apical, constitué surtout de rhoptries, organelles
infecté e x p é r i m e n t a l e m e n t (tachyzoïtes, pseudokys-
cytoplasmiques en f o r m e de "club" de golf c o m m e la
tes). Cet épisode aigu est dangereux pour le fœtus
lettre grecque p (rho, d ' o ù leur nom). Les parasites de
chez la f e m m e enceinte. Chez la p l u p a r t des hôtes, et
la classe des A p i c o m p l e x a (les coccidies, caractérisées
chez l ' h o m m e tout particulièrement, la phase prolifé-
par ce " c o m p l e x e a p i c a l " , d ' o ù le n o m d o n n é par cer-
rative s'arrête au b o u t d ' u n temps assez c o u r t grâce
tains systématiciens à ce groupe de parasites sporo-
aux défenses i m m u n i t a i r e s de l ' h ô t e et aussi, sans
zoaires) présentent des rhoptries dans tous les stades
doute, parce que l'adaptation d u parasite à l ' h o m m e
parasitaires invasifs, chargés de la pénétration dans
est plus laborieuse. A ce m o m e n t , les parasites ralen-
une c e l l u l e hôte (sporozoïte et mérozoïte de Plasmo-
tissent leur m u l t i p l i c a t i o n et s'enkystent dans certains
Figure 15-2
dium, Eimeria, Isospora, etc.) (figure 15-2).
organes (bradyzoïtes, kystes).

Ultrastructure d'un trophozoïte de Ces kystes vrais sont entourés d ' u n e membrane, Chez les "zoïtes" de Toxoplasma, on c o m p t e plus
Toxoplasma propre au parasite, qui enferme et protège un grand de 8 rhoptries par c e l l u l e . Elles sont dérivées de
P anneau polaire nombre d e petits trophozoïtes. Ils p e u v e n t rester sur l'appareil de G o l g i et o n t une f o n c t i o n sécrétoire. Leur
C conoïde place p e n d a n t de très longues périodes sans p r o v o q u e r contenu, mélange c o m p l e x e de plusieurs protéines à
MN micronèmes de symptômes et sont à l ' o r i g i n e de rechutes, surtout f o n c t i o n e n z y m a t i q u e o u d'intégration dans la m e m -
RH rhoptries chez l ' h ô t e i m m u n o d é p r i m é . brane externe des cellules cibles, s'écoule par le p ô l e
apical après l'attachement du parasite à la c e l l u l e hôte
mitochondrie Si les kystes o u les trophozoïtes sont ingérés par
(macrophage o u autre). Il se p r o d u i t alors une invagi-
noyau un nouvel hôte intermédiaire (viande mal cuite, canni- nation de la m e m b r a n e externe de la dite cellule, qui
RE réticulum endoplasmique balisme c h e z les rongeurs), les parasites r e c o m m e n -
permet au parasite d ' y pénétrer, entouré d ' u n e paroi
cent à se m u l t i p l i e r chez le nouvel hôte o ù ils sont à protectrice le séparant du cytoplasme et de ses corpus-
l'origine d ' u n nouveau c y c l e asexué.
cules acidifiants o u lytiques. En effet, la v a c u o l e q u i
Si les kystes o u les trophozoïtes sont ingérés par contient le parasite (vacuole parasitophore) ne
un chat (ingestion de cadavres infectés, cannibalisme), f u s i o n n e pas avec les lysosomes c o m m e les vacuoles
les trophozoïtes c o m m e n c e n t un c y c l e s c h i z o g o n i q u e alimentaires et le parasite est d o n c protégé. Par contre,
dans les cellules d e l'intestin. Puis la gamétogénèse si le parasite r e c o n n u par le macrophage est recouvert
intervient avec p r o d u c t i o n d'oocystes, seule f o r m e de d'anticorps (opsonisé), il est phagocyté et digéré.
résistance d u parasite en m i l i e u extérieur.
• PSEUDOKYSTES
Morphologie et caractères biologiques
chez l'hôte intermédiaire Ce sont des macrophages remplis de parasites
qui se sont divisés par b i p a r t i t i o n à l'intérieur de la cel-
• TROPHOZOÏTES (TACHYZOÏTES ET BRADYZOÏTES)
lule, dans une v a c u o l e parasitophore; o n les retrouve
Parasite intracellulaire de 6 à 12 n m de l o n g sur dans les infections aiguës, surtout au niveau du sys-
3 à 4 |J.m de large, il présente la f o r m e d ' u n croissant t è m e réticuloendothélial (figure 15-3).

192
Toxoplasma gondii : pouvoir pathogène Chapitre 15

La paroi de ces "faux kystes" est donc étrangère


au parasite puisqu'elle est constituée par la membrane
cellulaire. On les reconnaîtra facilement grâce à la pré-
ê
sence du noyau de la cellule hôte.

Lorsque l'espace intérieur est complètement ï


occupé par les parasites, la cellule hôte dégénère et les
parasites sont libérés.

• KYSTES VRAIS

Ils sont le résultat d'une série de divisions par


bipartition sans séparation des cellules filles. La mem- 1 2 3
brane de la cellule mère n'est pas dissoute et sert
m -M. • •// * •
d'enveloppe au kyste. Ils peuvent atteindre une taille f
de 30 à 50 ont une forme ronde ou ovale et con-
tiennent de 50 à plusieurs centaines de parasites. A Figure 1 5 - 3
l'intérieur de ces kystes, situés dans les organes abdo-
minaux, les muscles et surtout le cerveau et l'œil, les Zoïtes et kystes
parasites peuvent survivre pendant de nombreuses de Toxoplasma
années, parfois pendant toute la vie du sujet porteur. 1. tachyzoïtes dans un macrophage
Les kystes peuvent également évoluer vers la calcifica- 2, 3. tachyzoïtes sortant d'un macro-
tion ou se rompre pour des raisons mal connues. Les * m «• , phage
parasites sont alors libérés et une infection subaiguë ou 4, 5. kystes de Toxoplasma dans le
aiguë peut se produire (récidives). 4 5 tissu cérébral

Les kystes constituent une forme de résistance tis-


sulaire mais ils dégénèrent rapidement en milieu exté- En cas d'infection inapparente, le parasite migre
rieur. Ils doivent être ingérés par le nouvel hôte en dans un organe profond, de préférence tissu nerveux
même temps que l'organe dans lequel ils se trouvent ou muscle, et s'enkyste après une brève période de
(chez l'animal vivant ou à l'état de cadavre). multiplication dans les ganglions. Le malade pourra
faire un épisode fébrile, sans signe de localisation, qui
Remarque rétrocède rapidement puis son état sera apparemment
La division du toxoplasme par bipartition possède une caractéristique très normal. Le seul signe de la présence des parasites dans
particulière: les deux cellules filles se forment complètement à l'intérieur de son organisme sera alors la persistance d'anticorps
la membrane externe de la cellule mère. Les parois des cellules filles sont antitoxoplasmiques. Outre les kystes, des endozoïtes
donc totalement distinctes de celle de la cellule mère. Si la paroi de la cellule (tachyzoïtes) peuvent continuer à se multiplier dans les
mère disparaît après la division, on assiste au résultat de la bipartition et on cellules du système réticulo-endothélial pendant la
se trouve en présence de deux parasites. phase de chronicité, d'où le titre d'anticorps non négli-
Si au contraire la paroi de la cellule mère persiste, les divisions se poursui- geable observé pendant de longues périodes.
vent à l'intérieur de cette paroi et on assiste à la formation d'un kyste vrai.
Toxoplasmose congénitale

C'est la complication d'une infection acquise


1.5 Pouvoir pathogène
par une femme ne possédant pas d'anticorps et qui est
enceinte au moment de l'infection. Dans les primo-
Toxoplasmose acquise
infections, même en cas d'infection asymptomatique,
L'individu qui s'infecte au cours de sa vie fait, le les parasitémies sont courantes (mais non visibles au
plus souvent, une infection inapparente. Parfois sur- microscope). L'époque de la formation du placenta est
vient une maladie aiguë ou chronique, localisée ou la plus dangereuse au point de vue transmission au
généralisée. Les localisations sont diverses: cerveau fœtus: les macrophages parasités, restés prisonniers de
(encéphalite), peau (lésions maculo-papuleuses), ocu- la circulation placentaire, peuvent provoquer des proli-
laire (chorio-rétinite), cardiaque (myocardite), hémo- férations parasitaires locales qui aboutissent à une
lymphatique ou ganglionnaire (symptômes généraux ulcération nécrotique communiquant éventuellement
plus ou moins marqués). avec la circulation fœtale.

193
Chapitre 15 LES GENRES TOXOPLASMA ET SARCOCYSTIS LA TOXOPLASMOSE HUMAINE

C h e z le fœtus, malgré le passage des IgG prove- due à la rapidité de m u l t i p l i c a t i o n des tachyzoïtes à
nant de la mère, les toxoplasmes ne subissent pas de l'intérieur des macrophages.
lyse car les fractions du c o m p l é m e n t et le magnésium
font défaut. Il est donc normal q u e l'infection cause 1.6 Diagnostic
plus de dégâts chez le fœtus que chez la mère.

La fréquence des infections chez les fœtus d o n t Mise en évidence du parasite


la mère a fait une infection aiguë pendant sa grossesse
• EXAMEN MICROSCOPIQUE
est de 10 à 20 p.100 environ. La plupart de ces infec-
tions congénitales causent un avortement. Sa difficulté a, de t o u t temps, découragé les
Lorsque la grossesse est menée à terme, il faut microscopistes: le parasite (tachyzoïte o u kyste) est
redouter rare dans les prélèvements; il se trouve dans des orga-
nes difficiles d'accès (ganglions, rate, m o e l l e osseuse,
- la méningo-encéphalite datant de la vie intra-
cerveau); enfin, étant i m m o b i l e et intracellulaire, il
utérine avec tendance à la nécrose hémorragi-
n'est reconnaissable que sur des préparations fixées et
q u e et à l'hydrocéphalie, aboutissant à la des-
colorées. Les frottis o u empreintes d'organes sont pré-
t r u c t i o n complète d u tissu cérébral (enfant mort-
férables aux coupes histologiques ( c o m m e pour les
né). Toutes les formes intermédiaires existent:
leishmanies) car un parasite c o u p é transversalement
divers degrés d'hydrocéphalie ou de
perd une partie de ses déjà rares caractéristiques mor-
microcéphalie, plus o u moins compatibles avec
phologiques.
la survie de l'enfant et des formes moins graves
avec conservation presque intégrale d u cerveau,
Les frottis et empreintes de tissus peuvent être
o ù seule la radiographie peut déceler quelques
colorés au Giemsa mais la c o l o r a t i o n à l'éosine - bleu
petites lésions calcifiées chez l'enfant.
de méthylène en solutions aqueuses (RAL 555) pro-
- la chorio-rétinite avec lésions caractéristiques cure l'avantage de colorer les toxoplasmes plus inten-
visibles à l'ophtalmoscopie dans 90 p . 1 0 0 des sément que les cellules qui les entourent, ce qui
cas de toxoplasmose congénitale. facilite leur repérage.

Réveil de l'infection latente Dans les coupes histologiques, les tachyzoïtes


sont le mieux colorés par le PAS (Periodic A c i d -
Les formes latentes peuvent, par éclatement des Schiff). Il permet de faire la différence avec des amasti-
kystes et réveil de la m u l t i p l i c a t i o n des endozoïtes, gotes de Leishmania, qui sont également dans les
donner lieu à une rechute aiguë o u subaiguë. macrophages. Chez les patients sidéens, dans certains
Les infections inapparentes peuvent se réactiver cas, la biopsie d u cerveau est justifiée, dirigée par CT
chez des patients d o n t la réponse i m m u n e est suppri- Scan o u résonance magnétique nucléaire.
mée: Sida, affections malignes, H o d g k i n , transplanta-
tions cardiaques o u autres.... Chez les malades atteints • INOCULATION AUX ANIMAUX ET CULTURE
de SIDA, l'encéphalite t o x o p l a s m i q u e est fréquem-
Il faudra recourir à l ' i n o c u l a t i o n à la souris blan-
ment observée, conduisant rapidement au décès. Le
che mise sous corticothérapie o u à la culture de tissu.
diagnostic est difficile dans ces cas parce que la séro-
L ' i n o c u l u m proviendra de l i q u i d e de p o n c t i o n gan-
logie peut rester négative. Après le traitement (labo-
glionnaire, de tissu cérébral o u de placenta après la
rieux) d e l'épisode encéphalitique, la prophylaxie
naissance d ' u n enfant m o r t o u présentant des anoma-
devra être prolongée indéfiniment pour éviter d'autres
lies neurologiques suspectes. Il est cependant difficile
rechutes.
de se procurer des animaux dont o n est certain qu'ils
ne soient pas spontanément infectés.
Virulence des parasites
et réceptivité des hôtes • RÉSULTATS DU DIAGNOSTIC
PARASITOLOGIQUE CLASSIQUE
Différentes souches de toxoplasmes peuvent
provoquer, chez une espèce donnée d ' a n i m a l , des Il est plus ou moins rentable (± à + + + ) dans les
infections aiguës, subaiguës o u chroniques. formes acquises en é v o l u t i o n o u dans les formes con-
D ' a u t r e part, certaines espèces animales sont génitales, c'est-à-dire dans toutes les formes o ù o n
extrêmement réceptives (souris, cobaye); d'autres au assiste à une m u l t i p l i c a t i o n et dissémination d u para-
contraire sont résistantes (rats). Cette différence serait site.
Toxoplasma gondii : diagnostic Chapitre 15

- i n f e c t i o n chez les i m m u n o d é f i c i e n t s : + + + (ino- nues à des concentrations normales dans le plasma.


c u l a t i o n à la souris ou en culture de tissus à partir C'est à ce stade, en général, q u e sont enregistrées les
de b i o p s i e d'abcès cérébral o u du sang) données sur la prévalence.
- i n f e c t i o n active l y m p h o - g a n g l i o n n a i r e : ±
• ANTIGÈNE
- t o x o p l a s m o s e o c u l a i r e chez le j e u n e enfant: ±
( p o n c t i o n d ' h u m e u r aqueuse, en théorie!) Il est p r o d u i t à partir de l i q u i d e péritonéal de
souris atteinte d ' i n f e c t i o n aiguë (souche virulente,
- f e m m e enceinte et nouveau-né: + (à partir de
entretenue au laboratoire); ce l i q u i d e c o n t i e n t des
placenta, de sang du c o r d o n , d u l i q u i d e a m n i o t i -
tachyzoïtes et des pseudokystes en v o i e de maturation.
que)
Il faudra obtenir une suspension purifiée de t r o p h o z o ï -
• APPORTS DE L'IMMUNOLOGIE tes q u e l ' o n pourra utiliser telle q u e l l e (Ag figuré) ou
ET DE LA BIOLOGIE MOLÉCULAIRE après destruction par les ultrasons o u par une série de
congélations-décongélations.
L'IFI peut être a p p l i q u é e sur des frottis et
empreintes d'organes traités par un m o n o c l o n a l spéci- Remarque
f i q u e et faciliter le repérage des parasites au micros-
cope. On peut aussi utiliser des toxoplasmes entretenus sur culture de cellules car-
cinomateuses en lignées continues.
La mise en évidence d'antigènes circulants a été
proposée en utilisant le p r i n c i p e de l'ELISA capture. • RÉACTIONS UTILISÉES POUR LA TITRATION DES IgG
O n utilise des plaques à godets sensibilisés par des Le dye-test de Sabin et Feldman
anticorps spécifiques antitoxoplasmiques, éventuelle-
m e n t un mélange d'anticorps m o n o c l o n a u x , chargés Le p r i n c i p e de ce test m e t à p r o f i t la destruction
de reconnaître les antigènes o u les c o m p l e x e s antigéni- in vitro de toxoplasmes vivants par des sérums conte-
ques circulants, dissous dans le sérum ou dans le sur- nant des anticorps spécifiques IgG, en présence de
nageat d ' u n homogénéisât de biopsie. Il y a cependant c o m p l é m e n t (utilisation de la v o i e classique C l à C9)
des difficultés d u f a i t de la c o m p l e x i t é des antigènes et de magnésium. Dans le dye-test de Sabin-Feldman,
circulants de toxoplasmes et de protozoaires en géné- o n visualise la lyse parasitaire par une perte de la c o l o -
ral: antigènes membranaires, cytoplasmiques, sécrétés. rabilité d u cytoplasme par le b l e u de méthylène alcalin
D e plus, le t o x o p l a s m e étant la cause de nombreuses ( p H 11). Dans la variante de D e s m o n d , la réaction est
infections inapparentes, l'antigène peut être présent lue en observant le pourcentage de lyse au m i c r o s c o p e
dans le sérum en dehors des poussées aiguës, ce q u i à contraste de phase. Ce test met en évidence les IgG.
d i m i n u e la valeur diagnostique de la m é t h o d e . Il est très fiable et a servi de réaction de référence pen-
dant plus de trente ans. Sa mise en pratique est limitée
Les sondes nucléiques o u la PCR p o u r détecter la car il nécessite l ' e m p l o i de sérum frais h u m a i n
présence de matériel nucléaire t o x o p l a s m i q u e dans les dépourvu d'anticorps antitoxoplasmiques comme
prélèvements sont à l'étude. source de c o m p l é m e n t et d ' u n e suspension de parasi-
tes vivants (risques particuliers de c o n t a m i n a t i o n chez
Diagnostic sérologique les manipulateurs). La souche de parasites d o i t être
entretenue au laboratoire sur souris blanches .
Il est, de loin, le plus f r é q u e m m e n t utilisé actuel-
lement.
Ce test reste reconnu c o m m e un des plus fiables
• CINÉTIQUE DES ANTICORPS et garde une valeur historique. V u sa c o m p l e x i t é , il
n'est plus pratiqué que par quelques laboratoires spé-
AU COURS DE L'INFECTION
cialisés.
Pendant la phase d'invasion, q u i dure j u s q u ' à 4
semaines, les I g M seules sont sécrétées. Pendant la L'immunofluorescence (Ag figuré)
phase aiguë (du 2 è m e mois au d é b u t du 4 è m e mois), Avec un c o n j u g u é anti-lg total, elle d o n n e un
les I g M restent élevées tandis q u e les IgG et IgA sont taux d ' i m m u n o g l o b u l i n e s sériques g l o b a l .
également retrouvées en quantités appréciables. Pen-
d a n t cette période, on observe u n e chute des fractions L'agglutination directe
C3 et C 4 d u c o m p l é m e n t . Pendant la phase c h r o n i q u e , Le test de Fulton modifié, réalisé avec le sérum
l ' i n f e c t i o n est stabilisée, les I g M baissent r a p i d e m e n t et d u patient avant et après traitement par le d i m e r c a p t o -
disparaissent tandis q u e les IgG et IgA restent détecta- éthanol (qui détruit les IgM) et un antigène particulaire
bles très longtemps. Les fractions C3 et C 4 sont reve- (toxoplasmes fixés au formol), permet de titrer séparé-

195
Chopitre 15 LES GENRES TOXOPLASMA ET SARCOCYSTIS LA TOXOPLASMOSE HUMAINE

- un titre croissant au cours d u temps (il f a u t d o n c


TEST TITRE D'ANTICORPS
au moins 2 prélèvements);
Contact avec le parasite Maladie évolutive - la présence d ' I g M antitoxoplasmiques dans le
Maladie inapparente sérum d u patient; celles-ci sont produites rapide-
> 1 /256 m e n t lors d u contact avec le parasite en m u l t i p l i -
Dye Test 1 /32-1 /256
cation et o n t une d e m i - v i e courte. Leur présence
(Sabin-Feldman)
i n d i q u e d o n c une infection aiguë récente ou
Immunofluorescence 1/10-1/1000 >1/1000
c o n t e m p o r a i n e (tableau 15-2).
(IFI-lgG)
Immunofluorescence Négatif Positif Diagnostics sérologiques
(IFI-lgM) de toxoplasmose active
Agglutination (IgG+lgM) 1/4 à 1/64 > 1/64
• FORME LYMPHOGANGLIONNAIRE
(sérum avant 2-ME)*
A u g m e n t a t i o n d u titre d ' I g G de 16 fois o u plus;
Agglutination (IgG) 1/4 à 1/64 1/4 à 1/256
(sérum après 2-ME)* Présence d ' I g M par IFI-lgM o u ELISA-lgM ou
ISAGA-lgM.
* 2-ME : dimercapto-éthanol
Remarques
T a b l e a u 15-2 m e n t les IgG et les I g M par d é d u c t i o n , après c o m p a r a i -

Attention à la suppression des IgM par des IgG concomittantes; il est possi-
son des d e u x titres obtenus. ble d'éliminer les IgG dans un sérum par adsorption sur la protéine A (Sta-
Le test ELISA phylococcus aureus).
Il est aussi possible d'utiliser le test d'agglutination modifié (avant et après
Il utilise des godets sensibilisés par l'antigène
traitement du sérum par le dimercapto-éthanol).
(soluble) de T. gondii.
• TOXOPLASMOSE OCULAIRE
• RÉACTIONS UTILISÉES POUR LA RECHERCHE DES IGM
La sérologie est peu sensible, la recherche des
L'immunofluorescence
anticorps dans l ' h u m e u r aqueuse peut être indicative
Elle est faite avec un c o n j u g u é spécifique anti- mais est peu utilisée en routine.
I g M humaines (ou anti-chaînes (i); ce test est pris en
• PATIENTS IMMUNODÉPRIMÉS
défaut lorsque les I g M sont occultées par des IgG
(chez le n o u v e a u - n é par exemple). La sérologie est souvent peu sensible, la
Les tests immuno-enzymatiques m e i l l e u r e réaction restant l'agglutination.

L'ELI SA s i m p l e utilise un c o n j u g u é monospécifi- • FEMME ENCEINTE


que anti-lgM La l o g i q u e de l'interprétation des résultats est
L'IgM capture fait intervenir les I g M seules, en exposée au tableau 15-3.
utilisant des godets o u des tubes d o n t la paroi est
recouverte d'anticorps a n t i - l g M (chaînes |i). 1.7 Traitement curatif
Le test d'agglutination de toxoplasmes Antibiotiques
Après captage sur la paroi d ' u n godet des I g M du Spiramycine (Rovamycine®): 4 0 à 5 0 m g / k g / j o u r
sérum d u patient, ce test m e t en oeuvre des toxoplas- en 2 doses p e n d a n t 3 0 à 45 jours.
mes formolés qui v o n t s'agglutiner en présence de ces
La R o v a m y c i n e ® ne pénétrant pas dans le LCR
anticorps. Il a été décrit sous le n o m de "Immunosor-
n'est pas active contre l'encéphalite chez le patient
bent A g g l u t i n a t i o n Assay" (ISAGA).
atteint de SIDA.
• TITRES SIGNIFICATIFS
Sulfamides en association
V u la grande fréquence des contacts entretenus avec les antifoliniques
avec le parasite, u n pourcentage i m p o r t a n t de sujets
possèdent des anticorps antitoxoplasmiques. U n dia- Il s'agit esssentiellement de la d o u b l e association
gnostic d e toxoplasmose aiguë suppose d o n c la mise - sulfadiazine (Adiazine®): 1 0 0 m g / k g / j o u r (max.
en évidence d ' u n e m o n t é e d u titre. 4 g/jour)

Deux éléments peuvent faire suspecter une - p y r i m é t h a m i n e ( D a r a p r i m ® , M a l o c i d e ® ) : 1 mg/


m a l a d i e évolutive: k g / j o u r (max. 5 0 mg/jour)

196
Toxoplasma gondii : épidémiologie Chapitre 15

à laquelle, on ajoute
Test précoce, réalisé au début de la grossesse pour recherche des IgG et IgM;
- acide f o l i n i q u e : 2 à 10 m g d e u x fois par j o u r
pendant le traitement à la p y r i m é t h a m i n e . si IgG +
IgM nég. Infection avant la grossesse
La cure est 4 à 6 semaines en cas de toxoplas-
mose aiguë. Chez la f e m m e enceinte, éviter l'utilisa-
si IgG +
tion de la p y r i m é t h a m i n e . Chez les patients
i m m u n o d é p r i m é s , le traitement d o i t être c o n t i n u é sans IgM + Répéter après 3 semaines
interruption. En cas d ' i n t o l é r a n c e aux sulfamidés,
- si idem Pas de risque
l'association c l i n d a m y c i n e - p y r i m é t h a m i n e peut être
intéressante. - si IgG augmentées Infection possible au moment
de la conception

1.8 Epidémiologie traitement de la mère

Les sources de contamination si IgG nég

(pour l'homme et l'animal) IgM nég Pour dépister un début d'infection en cours de grossesse, répéter tous les
mois
Les oocystes contenus dans les matières fécales
- si positivation traitement de la mère
des chats résistent p e n d a n t des mois sur o u dans le sol
h u m i d e à température ordinaire. Ils p e u v e n t être trans-
si Développement d'une lymphadénopathie pendant la grossesse
portés par des mouches, des cancrelats, des vers de
terre dans les pâturages, etc. Ils sont tués par une tem- si IgG >1/1000
pérature de 70°C p e n d a n t 1 heure, mais résistent à la IgM positive
p l u p a r t des désinfectants.
ou si
Les kystes vrais sont situés dans les tissus (cer- IgG <1/1000
veau, intestin, muscles) des a n i m a u x o ù ils survivent
Répéter après 3 semaines: IgG en augmentation
plus de 2 mois dans la v i a n d e ou les abats conservés à
+ 4 ° C . Ils sont tués par la chaleur (cuisson), la salaison, Traitement de la mère
la f u m u r e et par la c o n g é l a t i o n à -10°C.
si la mère s'est infectée pendant a grossesse
Les pseudokystes o u trophozoïtes se t r o u v e n t
en plus de son traitement, surveiller le fœtus:
dans le lait, la salive o u les urines des a n i m a u x domes-
tiques (chien, chat). - Echographie
- Isolement de T. gondii k partir du sang fœtal ou
Les voies de pénétration liquide amniotique.

Elles sont multiples: - Anticorps dans le sang du nouveau-né

- digestive, sans d o u t e la plus courante;


si l'enfant s'avère infecté, il sera traité dès la naissance.
- placentaire (transmission congénitale). Chez la
f e m m e enceinte q u i fait un épisode aigu avec
Circulation du parasite T a b l e a u 15-3
tachyzoïtes circulants localisés au niveau du pla-
centa, l'enfant est infecté dans e n v i r o n 5 0 p . 1 0 0 Le t o x o p l a s m e possède un c h o i x de destinations
des cas. Dans 10 o u 2 0 p . 1 0 0 des cas, il fait u n e impressionnant, à partir de ses réservoirs habituels
infection aiguë p e n d a n t la vie foetale o u à la (figure 15-4):
naissance. Jouent un rôle: la période de la gros-
- D u chat à l ' h o m m e , aux bovidés, aux autres ani-
sesse où survient la maladie, la v i r u l e n c e du
m a u x domestiques, aux oiseaux, par contact
parasite, l'état i m m u n i t a i r e de la m è r e . . .
avec des oocystes répandus dans la maison o u
- respiratoire et c o n j o n c t i v a l e ; dans la nature.

Les c o n t a m i n a t i o n s les plus fréquentes p o u r - D u chat au chat, en se léchant le pelage ou en


l ' h o m m e sont causées par l'ingestion de kystes tissulai- avalant des matières contaminées par des oocys-
res présents dans la v i a n d e mal cuite o u crue (steak tar- tes.
tare) o u d'oocystes souillant les aliments crus ayant été - D u chat au chien (coprophagie, léchage d'objets
en c o n t a c t avec des fèces de chat. contaminés).

197
LES GENRES TOXOPLASMA ET SARCOCYSTIS LA TOXOPLASMOSE HUMAINE

IgG spécifiques antitoxoplasmiques. Les enquêtes de


prévaience sont effectuées au m o y e n de tests tels q u e
RONGEURS l ' i m m u n o f l u o r e s c e n c e indirecte et les tests i m m u n o -
OISEAUX cannibalisme
enzymatiques.
GIBIER
kystes
ETC ... Dans la p o p u l a t i o n adulte, le pourcentage de
bradyzoïtes matières
porteurs d'anticorps dans la p o p u l a t i o n générale varie,
fécales
matières fécales d'après les pays, entre 10 et 9 0 p . 1 0 0 . En France, Des-
oocystes
cannibalisme monts a trouvé chez les enfants de 5 ans une fré-
oocystes
kystes quence de positivité de 7 p . 1 0 0 , tandis q u ' e n exa-
bradyzoïtes m i n a n t les adultes à partir de 3 0 ans, il t r o u v e 7 0 à
8 0 p . 1 0 0 de sujets porteurs d'anticorps. A u x Etats-
Unis, la prévalence sérologique dans des échantillons
CARNIVORES de plus de 1 0 . 0 0 0 f e m m e s enceintes était de 8 p . 1 0 0
dans l'état d ' O r e g o n , tandis q u e dans l'Est, elle était de
matières fécales
38 p . 1 0 0 .
viande crue oocystes
kystes
Il faut c e p e n d a n t insister sur le fait q u e cette
bradyzoïtes
infection est généralement inapparente et q u e les i n d i -
vidus porteurs de kystes tissulaires peuvent v i v r e pen-
dant des années, o u m ê m e toute leur vie, sans q u e ces
transplacentaire
HOMME kystes ne d o n n e n t lieu à des rechutes aiguës.
tachyzoïtes
Par examen systématique des femmes enceintes
et des donneurs de sang, on a pu déterminer
l ' i n f l u e n c e de la c o n s o m m a t i o n régulière de v i a n d e
peu cuite ou de lait non b o u i l l i , du travail dans les
Figure 15-4 abattoirs et d u contact avec les chats.

Circulation des toxoplasmes


- D u bétail et des oiseaux au chien, au chat et à Fréquence de la maladie toxoplasmique
l ' h o m m e , par ingestion de v i a n d e crue (tous les
carnivores). L'infection h u m a i n e par t o x o p l a s m e est cosmo-
p o l i t e et sa fréquence est b e a u c o u p plus grande q u e
- Des mammifères aux oiseaux de proie (animaux
ne le laisse supposer la f r é q u e n c e des diagnostics cli-
vivants ou cadavres, par ingestion).
niques. L ' i n c i d e n c e des cas c l i n i q u e s (fièvre g a n g l i o n -
- Des petits mammifères aux gros a n i m a u x sauva-
naire, uvéite) varie avec l'âge de 1 (moins de 4 ans) à 7
ges carnivores (animaux chasseurs).
(entre 15 et 35 ans) p o u r 1 0 0 0 habitants (Grande Bre-
- Des a n i m a u x sauvages à l ' h o m m e (ingestion de tagne).
gibier).
- C a n n i b a l i s m e chez b e a u c o u p d ' a n i m a u x . 1.9 Mesures prophylactiques
- C o p r o p h a g i e chez le porc.
Elles c o n c e r n e n t surtout la f e m m e enceinte non
- Des rongeurs domestiques au chat (ingestion).
i m m u n e : relations surveillées avec les chats; éviter les
- De la mère à sa nichée (voie transplacentaire) et viandes insuffisamment cuites et les crudités mal
ceci est valable p o u r tous les mammifères. lavées.
Cette liste n'est pas limitative, elle m e t en évi-
La surveillance sérologique mensuelle permettra
d e n c e l'intense c i r c u l a t i o n d u parasite dans la nature.
le traitement curatif d ' u n épisode aigu p o u r prévenir
Les oiseaux, migrateurs o u non, se chargent d u trans-
les lésions chez le fœtus.
p o r t à distance.
L'administration de l'association sulfadiazine-
Prévalence de l'infection toxoplasmique pyriméthamine est r e c o m m a n d é e pendant toute la
La fréquence du c o n t a c t avec le parasite ne peut durée d ' u n traitement immunosuppressif, de même
être appréciée q u e par des enquêtes séro-épidémiolo- q u e chez les patients sidéens ayant fait une atteinte de
giques q u i recherchent les sujets porteurs d'anticorps toxoplasmose.

198
Sarcocystis spp.

2. Sarcocystis spp.

2A Introduction
Toxoplasma et Sarcocystis se distinguent l'un de
l'autre par leur spécificité vis-à-vis de l'hôte intermé-
diaire où évolue la multiplication asexuée: trophozoï-
tes et schizontes, pseudokystes, kystes.

Nous avons vu que l'espèce Toxoplasma gondii


pouvait infecter un éventail considérable d'hôtes et
que l'infection pouvait se transmettre d'un hôte à
l'autre sans passage obligatoire par la sporogonie chez
les félidés.

Les espèces du genre Sarcocystis, au contraire,


montrent une spécificité assez stricte pour un couple
d'hôtes vertébrés déterminé: leur schizogonie évolue
chez un hôte déterminé pour chaque espèce tandis
que la gamétogénèse suivie de toute la sporogonie (et à
l'exclusion de toute schizogonie, ce qui élimine prati-
quement la possibilité d'une action pathogène), évolue
chez un autre mammifère, lui aussi bien déterminé
pour chaque espèce. Il s'agit donc d'un parasite hété-
roxène obligatoire.

Cette combinaison spécifique de deux hôtes a


même été proposée pour définir chaque espèce. C'est
Figure 15-5
ainsi qu'on a proposé la dénomination Sarcocystis vent observées; les mérozoïtes issus de la dernière
bovihominis pour le parasite évoluant par schizogonie génération se développent par endodyogénie en sarco- Schéma du cycle de Sarcocystis
chez le bœuf et dont la sporogonie se passe dans cystes dans les muscles. Ceux-ci contiennent des cys-
l'intestin de l'homme; de même, on peut citer S. suiho- tozoïtes.
minis (couple porc-homme), S. ovicanis (couple mou-
ton-chien), etc ... L'infection chez l'animal est recherchée par la
mise en évidence des kystes (sarcocystes ou tubes de
2.2 Cycle évolutif Miesscher) qui se développent dans les muscles striés,
les muscles lisses, le muscle cardiaque, le diaphragme
Le cycle asexué, aboutissant à la formation de
et qui peuvent atteindre une taille de 1 à 2 millimètres.
kystes par endodyogénie, se développe chez les bovi-
Ces grands kystes sont visibles à l'œil nu et apparais-
dés, porcs...
sent comme des grains blanchâtres à la surface des
Le cycle sexué (sporogonie) aboutissant à la for- muscles. La paroi de ces kystes est épaisse et se com-
mation d'oocystes contenant deux sporocystes et 2x4 pose de deux couches dont l'externe a une structure
sporozoïtes, se déroule chez l'hôte "définitif" (carnivo- spongieuse et l'interne est constituée par une zone
res: nombreux animaux et l'homme) (figure 15-5). cytoplasmique étendue comportant de nombreux
noyaux (syncytium), et émettant des prolongements
Chez le bétail vers l'intérieur du kyste en le divisant en comparti-
ments. La cavité du kyste est remplie de trophozoïtes
Sarcocystis sont des parasites très fréquents des
en forme de banane, de 12 pm sur 3 pm (figure 15-6).
herbivores, des porcs et de la volaille.
Chez l'herbivore, l'infection est acquise par Le Carnivore (hôte définitif qui héberge le cycle
ingestion d'oocystes. Les sporozoïtes qui en sortent sexué) se contamine en mangeant de la viande conte-
développent une schizogonie dans les cellules endo- nant des kystes (sarcocystes). Les zoïtes qui sortent du
théliales des vaisseaux de divers organes (viscères, kyste se cantonnent dans l'intestin où le développe-
muscles ...) et dans les macrophages et produisent des ment des gamétocytes dans l'épithélium aboutit à la
mérozoïtes. Deux générations de schizontes sont sou- formation d'oocystes dans le bol fécal, ce qui amène le

199
Chopitre 15 LES GENRES TOXOPLASMA ET SARCOCYSTIS LA TOXOPLASMOSE HUMAINE

Figure 15-6

Zoïtes et kystes de S a r c o c y s t i s
1. Dessin d'un trophozoïte
2. Dessin d'un sarcocyste (tube de Miesscher)
3. 4, 5.
Photographie de sarcocystes dans le tissu musculaire

parasite à quitter l'hôte. Cette partie sexuée d u c y c l e l'oocyste. Dans ce cas, ils se présentent c o m m e des
n'entraîne aucune pathologie chez le Carnivore (figure corpuscules arrondis et contiennent quatre sporozoïtes.
15-6).
R e m o r q u e importante

Chez l'homme (S. suihominis Le cycle évolutif de Sarcocystis cause un doute lors du diagnostic û'Isos-
et S. b o v i h o m i n i s j pora belli par la recherche dans les selles humaines d'oocystes à 2 x 4 spo-
rozoïtes.
L ' h o m m e se c o n t a m i n e en c o n s o m m a n t de la
Des chiens et des chats qui reçoivent de la
v i a n d e m a l cuite de porc (dans le premier cas) o u de
boeuf (dans le second cas), à partir des parasites v i a n d e des mêmes porcs n'excrètent pas d'oocystes
asexués se trouvant, le plus souvent, sous f o r m e de (spécificité d'hôte!).
kystes. Les zoïtes issus des kystes ingérés entrent dans D'autre part, à partir d'oocystes d'origine
les cellules épithéliales de l'intestin et se d é v e l o p p e n t h u m a i n e , on peut infecter (par ingestion) des porcelets.
en gamétocytes. Les cellules hôtes libèrent les formes Entre le 10ème et le 13ème j o u r après l'ingestion, les
sexuées arrivées à leur maturité et la f é c o n d a t i o n a lieu a n i m a u x d e v i e n n e n t malades: fièvre, dyspnée, inappé-
dans la l u m i è r e intestinale, aboutissant à la f o r m a t i o n tence et hémorragies disséminées. Certains a n i m a u x
d'oocystes. meurent au cours de la phase aiguë. Des examens his-
topathologiques, pratiqués à différents m o m e n t s de
Entre 10 et 3 0 jours après l'ingestion de viande,
l ' i n f e c t i o n , permettent de reconnaître des schizontes
de n o m b r e u x oocystes apparaissent dans les selles. Ils
de deux générations successives dans les cellules
ont une f o r m e ovale, une paroi épaisse apparaissant
endothéliales des veines de différents organes.
d o u b l e et contiennent deux sporocystes avec chacun
quatre sporozoïtes (figure 15-7). Il faut signaler que, Après la phase aiguë de l ' i n f e c t i o n , les parasites
c o m m e la maturation des oocystes de Sarcocystis est quittent l'endothélium vasculaire et les cystozoïtes
souvent achevée dans l'intestin avant l'émission dans apparaissent dans les muscles striés, o ù leur m u l t i p l i -
les selles, on retrouve fréquemment, à l'examen cation aboutit à la f o r m a t i o n de sarcocystes à paroi
microscopique, les sporocystes déjà libérés de épaisse et striée.

200
Besnoiria Chapitre 15

3. Desnoitia Figure 15-7

Oocyste de S a r c o c y s t i s
C'est un parasite c o s m o p o l i t e de différents ani- Kyste à paroi double en voie de matura-
m a u x (mais n'atteignant pas l ' h o m m e ) , d o n t la schizo- tion (on aperçoit quatre cellules avec
g o n i e (tachyzoïtes) a lieu dans les monocytes chacune un noyau). A maturité, il présen-
circulants. Les kystes (bradyzoïtes) présents dans les tera deux sporoblastes contenant cha-
histiocytes d e la peau atteignent j u s q u ' à 5 0 0 | i m de cun quatre sporozoïtes.
diamètre. Le kyste m û r est rempli de trophozoïtes en
f o r m e de banane, entourés d ' u n e m i n c e bande de
cytoplasme de la c e l l u l e hôte c o n t e n a n t plusieurs
grands noyaux. Le tout est e n v e l o p p é d ' u n e c o u c h e
dense de collagène.

La transmission m é c a n i q u e des stades d u c y c l e


s c h i z o g o n i q u e peut se faire chez le bétail par les gran-
des mouches piqueuses et les tiques. Le c y c l e sporogo-
n i q u e é v o l u e chez les félidés.

A ce genre appartiennent Besnoitia besnoiti


(parasite du bétail) et Besnoitia jellisoni (parasite des
rongeurs).

L'espèce africaine infectant le bétail aurait perdu


la faculté de p r o d u i r e une sporogonie et serait trans-
mise m é c a n i q u e m e n t par des insectes piqueurs. Chez 4. Frenkelia
cette espèce, les kystes sont présents en majeure partie
dans la peau des a n i m a u x . Par contre, une espèce de
l ' a n t i l o p e q u i présente des kystes surtout dans le sys- Les hôtes intermédiaires (schizogonie et kystes,
tème cardiovasculaire (paroi des vaisseaux) ne pourrait entre autres dans le cerveau) en sont des campagnols
être transmise que par l ' i n t e r m é d i a i r e d ' u n Carnivore, et divers rats. Les hôtes définitifs (sporogonie) en sont
vu la situation plus p r o f o n d e des kystes. les oiseaux de proie (buses).

201
LES GENRES TOXOPLASMA ET SARCOCYSTIS LA TOXOPLASMOSE HUMAINE

BIDUOGRAPHIE

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202
Les genres Babesia et Theileria
(Piroplosmida)
Les Piroplasmoses 16
L'ordre des Piroplasmida n ' a pas encore reçu de Animaux sauvages 1. Le genre Babesia
position définitive dans la classification des p r o t o z o a i - 1.1' Hôtes; espèces et^disrri-
Toutes sortes de mammifères (primates, antilopes, bution géographique
res. Ses structures m o r p h o l o g i q u e s au m i c r o s c o p e
buffles, zèbres, chacals, loups, renards, léopards, lions, 1.2 Spécificité d'hôte
é l e c t r o n i q u e le f o n t ranger de manière p é r e m p t o i r e
panthères, jaguars, éléphants, chauve-souris, écu- 1.3 Cycle évolutif, morpho-
dans le g r o u p e des Sporozoaires mais les particularités logie et caractères bio-
de la r e p r o d u c t i o n sexuée restent une difficulté. La
reuils, gerbilles, mulots, hamsters, souris et rats et de logiques
classification proposée ci-dessous n'est pas universel-
n o m b r e u x autres rongeurs sauvages) sont infectés. Par 1.4 Pathologie
exemple, cerf, d a i m : Babesia bigemina; lion, léopard, 1.5 Diagnostic
l e m e n t admise: g r o u p e des Sporozoaires ( A p i c o m - 1.6 Traitement
p u m a : B. felis; Hylomyscus, Microtus et n o m b r e u x
plexa); classe des Piroplasmidea; ordre des 1.7 Données épidémiolo-
Piroplasmida, c e l u i - c i c o m p r e n a n t deux familles: les
autres petits rongeurs: B. hylomysci, B. microti... giques
Babesiidae (genre Babesia ) et les Theileriidae (genres 1.8: Prévention et lutte .
Theileria et Haematoxenus ).
Hôtes invertébrés 1. Le genre Theileria
et distribution géographique 1.1 : Hôtes, espèces et distri-
bution géographique
Les piroplasmes sont des parasites intracellulaires
Ce sont les tiques (Ixodes, Ornithodoros, Hya- -1:2 Morphologie et cycle
des globules rouges et des globules blancs m o n o n u -
lomma, Rhipicephalus, Boophilus, DermacentorJ. évolutif
cléaires des mammifères. Ils sont transmis par la p i q û r e 1.3 Pouvoir pathogène
d ' u n e tique. C h e z l ' h ô t e invertébré, le cycle c o m - Les babesia ont, c o m m e les tiques qui les trans- 1.4 Diagnostic
m e n c e dans les cellules de la paroi du tube digestif et mettent, u n e distribution cosmopolite. Le grand éven- Bibliographie
se t e r m i n e dans les glandes salivaires o ù se trouve le tail des hôtes vertébrés réceptifs favorise également la
stade i n f e c t a n t présence universelle de ce parasite.
FIGURES
U n e caractéristique essentiel le-de certains de ces 1.2 Spécificité d'hôte 16-1 Formes érythrocytoires ce
parasites est q u e l ' i n f e c t i o n acquise par la t i q u e est , Babesia sp
O n a cru longtemps q u e chaque espèce de Babe- 16-2 Schéma du cycle de Babe-
transmise à sa descendance par l'intermédiaire des
sia
sia était spécifique d ' u n groupe d'hôtes vertébrés. D e
œufs. L'hôte invertébré semblerait d o n c être le réser-
là, le n o m b r e très important d'espèces décrites, d o n t la
v o i r p r i n c i p a l de ces protozoaires qui n ' o n t pas besoin
m o r p h o l o g i e et le cycle évolutif sont p r a t i q u e m e n t
de l ' h ô t e vertébré p o u r se perpétuer.
superposables (78 espèces identifiées chez des m a m -
mifères autres q u e les ruminants!).
1. Le genre Babesia
Les essais récemment entrepris au laboratoire
p o u r entretenir des lignées de Babesia sur des a n i m a u x

1.1 Hôtes, espèces e x p é r i m e n t a u x ont m o n t r é que cette spécificité est


moins étroite q u ' o n ne le pensait: on peut citer, entre
et distribution géographique
autres, la découverte de cas humains de babésiose à B.
microti, les infections de souris de laboratoire avec B.
Animaux domestiques
canis, et de rats et hamsters avec B. galagolata du
singe galago.
Vache: Babesia bigemina, B. bovis, B. divergens,
B. argentina, B. berbera; cheval: B. caballi, B. equi; Si l'adaptation à un hôte vertébré particulier ne
m o u t o n : B. foliata, B. motasi, B. ovis; chèvre: B. peut plus servir de critère pour la séparation d ' u n e
motasi, B. ovis; B. taylori; Porc: B. peronticita, B. traut- espèce, il faudra revoir la liste des espèces et b o n n o m -
manni; c h i e n : B. canis, B. gibsoni, B. vogeli; chat: B. bre d'entre elles t o m b e r o n t en synonymie. Les critères
felis... m o r p h o l o g i q u e s , b i o c h i m i q u e s et génétiques resteront
Chapitre 16 LES G E N R E S DADESIA ET THEILERIA LES PIROPLASMOSES

formes, c o m p o r t a n t un p e t i t n o y a u c e n t r a l e n t o u r é
de cytoplasme (figure 16-1). Certains (les formes
asexuées) se m u l t i p l i e n t par b o u r g e o n n e m e n t et res-
tent accolés par leur extrémité p o i n t u e ce q u i d o n n e
des images en trèfle à deux o u à quatre feuilles, en
croix de Malte. O n y observe la f o r m a t i o n de rhoptries
et des segments membranaires doubles, précurseurs
d u b o u g e o n n e m e n t . Il n'y a ni p i g m e n t parasitaire ni
altérations du g l o b u l e rouge parasité. Sans q u e le
microscope o p t i q u e ne puisse en faire la distinction,
o n sait q u e l'érythrocyte héberge un autre type de
parasite, les formes sexuées (gamétocytes) décrites "en
accordéon" au m i c r o s c o p e é l e c t r o n i q u e à cause de
leur paroi plissée, qui ne b o u g e o n n e n t pas, ne f o r m e n t
pas de rhoptries et ne disposent pas de segments de
m e m b r a n e dédoublée.

Le mécanisme de l'entrée dans le g l o b u l e est


semblable à celui adopté par les p i a s m o d i u m s : les
rhoptries d u parasite causent une invagination de la
m e m b r a n e plasmatique de la c e l l u l e hôte. Par contre,
la sortie reste é n i g m a t i q u e : o n ne sait pas par quel
mécanisme le g l o b u l e hôte est détruit par ce parasite
de taille très modeste lors de sa maturité, alors q u e la
destruction globulaire est la p r i n c i p a l e caractéristique
Figure 16-1 alors les seuls valables pour établir une n o u v e l l e liste des babésioses.
d'espèces pouvant infecter chacune, une série plus O n distingue des espèces à petites formes de 1 à
Formes érythrocytaires de B a b e s i a
importante d'hôtes vertébrés. 2,5 (i de long (B. bovis, B. divergens, B. berbera, B.
sp
equi, B. ovis, B. felis) et des espèces à formes plus
1. Babesia hylomisci (Hylomyscus,
rongeur africain) 1.3 Cycle évolutif, morphologie grandes de 2,5 à 5 (i de l o n g (B. bigemina, B. major, B.

2. Dessin de Babesia, schématisant et caractères biologiques caballi, B. canis).

les formes intra-érythrocytaires


Chez la tique
Chez l'hôte vertébré
Dans l'estomac, sans m o d i f i c a t i o n m o r p h o l o g i -
Après l ' i n j e c t i o n de sporozoïtes à un a n i m a l par
que, o n croit observer la fusion de gamètes. Les zygo-
une tique infectée, o n a observé chez B. equi (mais
tes résultants, pourvus d ' u n p ô l e p o i n t u , traversent la
u n i q u e m e n t chez cette espèce), une phase de dévelop-
m e m b r a n e péritrophique puis pénètrent dans les c e l l u -
pement pré-érythrocytaire (mérogonie o u schizogo-
les épithéliales de la paroi du tube digestif o ù ils
nie) dans les lymphocytes. Les mérozoïtes qui en
s'arrondissent. Le zygote sphérique est rejeté par la
sortent v o n t dans les érythrocytes. Chez B. microti et
c e l l u l e hôte vers l ' h é m o l y m p h e . Les parasites se pré-
d'autres espèces, il semble que les sporozoïtes pénè-
sentent, à la sortie des cellules, sous f o r m e de vermi-
trent directement dans les globules rouges. Cette phase
cules renflés à une extrémité, les ookinètes, stade pivot
d u c y c l e est encore mal définie. Il faut rappeler ici que
d u d é v e l o p p e m e n t chez la tique. En effet, les o o k i n è -
chez les piasmodiums, la phase préérythrocytaire n'a
tes de première génération peuvent, soit gagner les
été décrite q u e plus de 60 ans après la découverte d u
glandes salivaires, soit entrer dans des cellules de la
parasite dans les globules rouges et que Schaudinn
cavité générale de la tique et s'y multiplier. Leur migra-
avait prétendu au début de ce siècle, avoir observé la
t i o n à travers tous les tissus de la t i q u e (muscles, ovai-
pénétration d u sporozoïte dans un érythrocyte.
res, hémocytes, tissu péritrachéal) et leur prolifération
Dans le g l o b u l e rouge, les parasites sont c o n t e - leur permettent l'atteinte des ovaires. L'organe c i b l e
nus p r o v i s o i r e m e n t dans une v a c u o l e parasitophore reste cependant les glandes salivaires où l ' o o k i n è t e se
mais c e l l e - c i est r a p i d e m e n t détruite et les parasites transforme en sporoblaste. U n e dernière m u l t i p l i c a -
se retrouvent libres dans le cytoplasme. Les parasites tion, très généreuse, survient au m o m e n t o ù la tique
intraglobulaires apparaissent ronds, ovales o u p i r i - s'est fixée à un hôte (l'augmentation de la température

204
Le genre Babesia

est déterminante). Elle produit des milliers de petits


parasites piriformes, les sporozoïtes, qui constituent la
forme infectante pour l'hôte vertébré.

L'infection des œufs pondus et le passage des


parasites à la génération suivante causent, chez certai-
nes espèces de Babesia, l'envahissement des tissus de
la larve, de la nymphe, et de l'adulte. Chez chaque
stade de maturation de la tique (larve, nymphe, adulte),
il y a accumulation de parasites dans les glandes sali-
vaires. La tique, qui prend un repas sanguin à chacun
de ses stades, peut donc chaque fois transmettre
l'infection à partir de ses glandes salivaires. Il est
remarquable que l'hôte vertébré ne soit pas indispen-
sable au maintien de la lignée de parasites. O n a pu
observer Babesia bovis chez Rhipicephalus pendant
32 générations, sans réinfection à partir d'un hôte ver-
tébré, les tiques étant nourries sur des lapins non infec-
tés. Ceci implique un mécanisme de prolifération des
ookinètes chez l'hôte invertébré et ne semblerait pas
possible si la sporogonie seule y avait lieu (figure 16-
2).

1.4 Pathologie

Chez le bétail et les animaux domestiques Babésiose humaine Figure 16-2

Le tableau est dominé par l'hémolyse: c'est une La maladie chez l'homme est superposable à Schéma du cycle de Babesia
fièvre hémoglobinurique. Il existe des formes aiguës et celle observées chez les animaux. On y observe aussi
des formes chroniques, d'après l'espèce de Babesia en des cas aigus et une maladie chronique.
cause. Dans la forme aiguë, la période d'incubation Aucune espèce de Babesia n'est spécialisée dans
dure deux semaines. le parasitisme humain mais c'est B. microti qui a causé
le plus de cas, à l'occasion de l'épidémie observée aux
La sévérité de la primo-infection dépend de USA. Deux facteurs interviennent pour expliquer
l'espèce de parasite et de son degré d'adaptation à l'observation d'infections aiguës chez l'homme.
l'hôte envisagé, de la race du bétail, certains bovidés
- Certaines professions sont particulièrement
étant plus résistants que d'autres, et de l'âge (les ani- exposées aux piqûres de tiques (fermiers, cultivateurs,
maux arrivant à l'âge adulte sans contact préalable éleveurs).
avec le parasite font plus facilement une infection mor-
- La déficience immunitaire particulière provo-
telle). Les jeunes chats sont très sensibles à l'infection
quée par la splénectomie confère à l'homme une sensi-
tandis que les jeunes ruminants bénéficient d'une pro-
bilité particulière. L'infection dans ce cas pourra être
tection immunitaire naturelle dont on ignore la nature .
fulminante comme chez les animaux.

La mort peut survenir après 8 à 10 jours d'évolu- \ .5 Diagnostic


tion mais l'animal peut aussi en réchapper, gardant
alors une immunité protectrice. A l'autopsie, on est Il s'agit d'une fièvre hémoglobinurique.
frappé par la couleur jaune des tissus sous-cutanés
(produits de dégradation de l'hémoglobine), la pâleur
Parasitologie
des muscles (anémie), l'hypertrophie importante de la L'examen de prélèvements de sang colorés au
rate et du foie avec coloration rouge-brun. La moelle Giemsa (frottis, goutte épaisse) montre les parasites
osseuse est congestionnée et les reins œdématiés. intra-globulaires, en forme de goutte d'eau, avec un

205
M M M M LES GENRES BABESIA ET THEILERIA LES PIROPLASMOSES

noyau entouré de cytoplasme homogène. Les érythro- des Etats-Unis, chez des sujets non splénectomisés:
cytes contiennent un, deux ou quatre parasites. Les dif- 143 diagnostics ont été posés dans deux états (Massa-
férences avec les piasmodiums concernent deux chusets et N e w York). O n a parlé d'épidémie dans l'ile
points: il n'y a pas de gamétocytes à morphologie de Nantucket (N.Y.).
reconnaissable et il n'y a pas de pigment au cours du
Des souches de Babesia bovis, B. divergens, B.
développement intra-globulaire. Toutefois, le diagnos-
microti et B. canis ont été isolées à partir de cas
tic différentiel d'avec des anneaux de P. falciparum
humains.
reste difficile.
Les cas subaigus ou chroniques (individus sains
Des anticorps monoclonaux et polyclonaux sont
porteurs de parasites) peuvent être recherchés par les
actuellement proposés pour la capture d'antigènes
méthodes sérologiques, suivies de l'examen du sang
solubles circulants.
des individus possédant un taux d'anticorps significa-
Sérologie tif. O n essayera chez les positifs à l'examen du sang,
d'isoler des souches par inoculation à des animaux de
La recherche des anticorps est utile pour distin-
laboratoire.
guer les unes des autres, les infections par différentes
espèces de Babesia. Les réactions croisées d'une A M e x i c o , 38 personnes sur 101 examinées pro-
espèce à l'autre sont faibles et le titre obtenu avec venant d ' u n e région où la babésiose animale est endé-
l'antigène homologue est nettement plus élevé. mique, avaient un taux d'anticorps significatif. Aux
L'immunofluorescence reste la réaction la plus fiable, Etats-Unis, une enquête parasitologique et sérologique
utilisant un antigène de formes sanguines en frottis ou de prévalence de l'infection organisée en 1981 a
goutte épaisse provenant d'animaux infectés ou de recensé, dans les deux états sus-nommés, 2 5 0 sujets
parasites cultivés. Elle est utile pour le diagnostic des parasités.
cas humains de même que chez les chiens. Pour les
O n a accusé la prolifération des cerfs, animaux
troupeaux de bovidés, on préfère les agglutinations au
protégés, sortis de leur biotope pour s'approcher des
latex et l'ELISA, plus rapides d'exécution.
endroits habités dans des zones forestières résidentiel-
Les tests immuno-enzymatiques qui font appel à les. La transmission est assurée par Ixodes dammini.
des mélanges antigéniques complexes (lysats de para- Depuis 1986, les rapports de cas semblent avoir dimi-
sites) sont difficilement interprétables. Les antigènes nué, suite aux mises en garde lancées par les pouvoirs
purifiés sont nombreux, provenant le plus souvent du publics.
mérozoïte, de la surface du globule parasité, du
Il faut rappeler la ressemblance morphologique
plasma où ils sont déversés au cours du développe-
des trophozoïtes de Babesia dans les globules rouges
ment du parasite. Les antigènes récupérés dans les sur-
d ' u n h o m m e avec de jeunes trophozoïtes (anneaux) de
nageats de culture sont séduisants: facilement obtenus,
Plasmodium, ce qui peut être à l'origine de l'attribu-
ils ont de bonnes performances. Toutefois, aucun anti-
tion erronée à Plasmodium, d'autres infections parasi-
gène ne donne entière satisfaction jusqu'à présent,
taires intraglobulaires.
quant à la spécificité d'espèce et la précocité du dia-
gnostic.
1.8 Prévention et lutte
1.6 Traitement
Les essais de vaccination contre les babésioses
L'association quinine-clindamycine ou la penta- ont utilisé des souches atténuées (sang d'animaux
midine sont des médicament actifs. infectés), des plasmas d'animaux infectés (contenant
les exo-antigènes), des extraits de parasites lysés et des
1.7 Données épidémiologiques antigènes purifiés.
Le premier cas humain mortel a été décrit en Un vaccin est actuellement commercialisé (Piro-
Yougoslavie en 1957, chez un fermier qui avait subi, dog®) pour les chiens (chiens de chasse surtout) : il est
11 ans auparavant, une splénectomie. Vingt-cinq cas produit à base d'exo-antigènes relargués par le parasite
de maladie aiguë avec fièvre, anémie, hémoglobinurie B. canis dans les surnageats de culture. Il donne de
ont été décrits depuis lors, chez des sujets splénecto- bons résultats puisque depuis 1982, date de la pre-
misés. mière vaccination, le pourcentage de chiens ayant
Dans les années septante, on a vu apparaître une contracté une babésiose clinique est tombé de 12
bouffée de cas causés par Babesia microti dans l'Est p.100 en moyenne par an à 0 p.100 à partir de 1985.

206
Theileria

2. Le genre Theileria jusqu'à l'arrivée des parasites dans les glandes salivai-
res. Les sporoblastes se trouvent alors dans les cellules
des acini des glandes sous forme de petits parasites
2.1 Hôtes, espèces arrondis qui grandissent. A leur maturité, ils distendent
et distribution géographique très fort la cellule parasitée et libèrent les sporozoïtes,
La maladie est inexistante chez l'homme. Plu- stade infectant. L'infection acquise par la larve sera
sieurs espèces infectent les bovins d'élevage (Theileria transmise à l'hôte vertébré au stade de nymphe. Si la
parva, Theileria annulata...), le mouton et la chèvre nymphe s'est infectée, c'est l'adulte qui transmettra.
(Teileria herci, Theileria ovis ...). C'est un pathogène Les tiques mâles aussi bien que les femelles peuvent
important des animaux d'élevage. héberger ce cycle et devenir infectantes. Il n'existe,
dans aucun cas, de transmission transovarienne.
Les infections ont une aire géographique très
large, suivant la distribution des tiques qui les trans-
2.3 Pouvoir pathogène
mettent: Rhipicephalus, Boophilus, Hyalomma...
Fièvre, engorgement ganglionnaire, hypertro-
2.2 Morphologie et cycle évolutif phie de la rate, œdème pulmonaire avec oppression
caractérisent le tableau clinique.
Cinq jours environ après la piqûre de la tique
infectée, des jeunes schizontes apparaissent dans le Le pouvoir pathogène varie d'une espèce à
cytoplasme des lymphocytes. l'autre. C'est Theileria parva, agent de l'"East Coast
Fever " qui, chez le bétail, est l'espèce la plus virulente.
On observe, chez l'hôte vertébré, trois formes
intracellulaires:
2.4 Diagnostic
- dans les lymphocytes, les macroschizontes (ou
"Koch's Blue Bodies") contenant environ huit Engorgement ganglionnaire et splénomégalie
noyaux irréguliers, qui libèrent à leur maturité les évoquent l'infection à Theileria.
macromérozoïtes qui vont parasiter d'autres lym-
phocytes; La recherche des schizontes sur des frottis de
tissu lymphoïde colorés au Giemsa ne permet pas de
- dans les macrophages ou les cellules réticulaires, distinguer les espèces. Par contre, l'examen du sang le
les microschizontes, qui ont de 50 à 120 minus- permettra, par la découverte des "piroplasmes" (gamé-
cules noyaux; tocytes) dans les globules rouges: ils sont annulaires
- clans les globules rouges, les gamétocytes, très chez T. annulata, en forme de virgule chez T. parva et
petits parasites (1,2 à 2,5 p.m), dont la forme dif- pleiomorphes chez T. mutans.
fère d'une espèce à l'autre.
La sérologie par immunofluorescence sur l'anti-
Chez la tique, la fécondation des gamétocytes gène gamétocyte (sang parasité) ou, moins bien, sur
femelles se fait dans l'estomac. Un ookinète est pro- l'antigène schizonte, permet de faire la distinction
duit, qui sort de l'estomac mais on perd sa trace entre les infections à T. parva, T. annulata, T. mutans.

207
Chapitre 16 LES GENRES BADESIA ET THEILERIA LES PIROPLASMOSES

BIBLIOGRAPHIE

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208
Le groupe des microsporidies
(Microsporido) 77
Introduction : Taxinomie FAMILLE DES ENTEROCYTOZOONIDAE Introduction : Toxinomie
Famille des Microsporidae
La p a t h o l o g i e causée par les microsporidies c h e z Genre Enterocytozoon Famille des Nosematidae
Famille des Enterocytozooni-
l ' h o m m e i m m u n o d é p r i m é ayant significativement aug-
dae
menté, il est nécessaire de passer en revue l'ordre des Plasmodes multinucléés au stade prolifératif
(méronte) avec noyaux allongés simples et a p p a r i t i o n 1. Inventaire des genres d'
Microsporida.
inrérêr médical: générali-
précoce de structures d u tube polaire; plasmodes m u l -
G R O U P E DES M I C R O S P O R I D I E S tés
tinucléés également au stade sporogonique (sporonte)
1.1 Avanr l'ère de l'immu-
ORDRE : MICROSPORIDA avec noyaux en division; spores petites, de 1,5 x 1 p m . nodépression VIH
1.2 A l'époque du SIDA
Infecte les insectes, poissons et mammifères.
1.3 Cycle évolutif, caractè-
FAMILLE DES MICROSPORIDAE res biologiques
1.4 Caractères disrincrifs
Genre Pleistophora importants des genres
2. Description des genres
Spores de 2 à 3 p, sporonte produisant de n o m -
infecranr l'homme345
breuses spores, noyaux simples.
2.1 Le genre Encephalito-
zoon
Genre Encephalitozoon
2.2 Le genre Enterocyto-
Spores de 1 à 2 p, sporonte produisant 2 spores, zoon
2.3 Le genre Nosema
noyaux simples.
3. Diagnostic
FAMILLE DES NOSEMATIDAE 3.1 Mise en évidence du
parasite
Genre Nosema 3.2 Sérologie
Spores de 2 à 4 p, sporonte produisant 2 spores, 4. Traitement
noyaux de type d i p l o c a r y o t i q u e (deux noyaux acco- Bibliographie
lés).

FIGURES
Figure 17-1
17-1 Spores de microsporidies
Spores de microsporidies (ultrastructure) (ulrrostrucrure)
17-2 Schéma du cycle des
1. Dessin d'une spore montrant le filament polaire spirale (coupé transver- miaosporodies
salement) et le noyau 17-3 Stades intracellulaires de
n noyau miaosporidies
f.p. filament polaire
2. Dessin d'une spore en phase d'éjection du filament polaire
f.p. filament polaire
3. Dessin d'une spore vidée après éjection du sporoplasme
d.a. disque d'ancrage
f.p. filament polaire
4. Microphotographie de spores (1 à 2 pm de diamètre)

209
Chapitre 17 L E G R O U P E DES M I C R O S P O R I D I E S

1. Inventaire des genres Phase infective

d'intérêt médical: généralités Les spores, présentes dans le milieu ambiant,


entrent en contact avec un hôte. Elles contiennent,
dans une coque rigide et épaisse, un filament (filament
1.1 Avant l'ère de l'immunodépression VIH polaire) attaché, d'une part, au disque d'ancrage situé
à un pôle de la spore et d'autre part, au sporoplasme
Quelques cas d'infection avaient été décrits chez (ensemble cytoplasme-noyau) (figure 17-1 ). Grâce à ce
des patients dont le système immunitaire était incom- filament enroulé en spirale à l'intérieur de la coque et
pétent pour des raisons diverses: qui agit comme un ressort, l'extrusion se produit sous
- un cas de localisation musculaire causé par l'in-fluence d'un stimulus ad hoc, entr'ouvrant la
Pleistophora sp.; coque et projetant le sporoplasme dans la cellule hôte
(opération "missile"). La pénétration a lieu par effrac-
- cinq cas d'infection généralisée ou oculaire par tion de la membrane plasmatique de cette cellule sous
Nosema conori et N. corneum; la violence du choc ou par endocytose grâce à la pré-
- deux cas d'infections respectivement cérébrale et sence sur la surface externe du sporoplasme de clath-
rénale par Encephalitozoon cuniculi. rine, une protéine de reconnaissance cellulaire. Le
développement intracellulaire peut commencer.
1.2 A l'époque du SIDA
Phase proliférative
Les patients sidéens présentent le plus souvent
des infections digestives causées par le genre Enterocy- La cellule hôte va héberger deux phases succes-
tozoon, plus rarement des infections de l'oeil provo- sives de multiplication. Le sporoplasme (éjecté de la
quées par Encephalitozoon hellem, exceptionnel- spore) devient un trophozoïte à son entrée dans la cel-
lement des localisations hépatiques ou péritonéales de lule. Son noyau se divise pour former un schizonte
Encephalitozoon cuniculi. Les genres Pleistophora et (méronte). Les mérozoïtes résultant de cette schizogo-
Nosema sont exceptionnels chez l'homme. nie (mérogonie) restent à l'intérieur de la cellule et
entament un deuxième cycle de divisions nucléaires
1.3 Cycle évolutif, caractères biologiques aboutissant à la production d'un deuxième schizonte
Figure 17-2 (sporonte).
] rz • O n distingue trois rphases dans les activités du
Schéma du cycle des microsporo- , , . .. „
' parasite: phases infective, proliferative, sporogonique. Phase sporogonique

Le sporonte donne des sporoblastes puis des


spores qui sont libérées, entraînant la mort de la cel-
lule hôte, et qui vont coloniser d'autres cellules.

D'autre part, les spores, entourées d'une paroi


épaisse, résistent dans le milieu extérieur pendant plu-
sieurs mois et sont d'emblée infectantes. Elles provien-
nent des très nombreux animaux infectés naturel-
lement. La contamination survient généralement par
ingestion (formes digestives), à moins que ce ne soit
par un contact direct avec des produits contaminés
(oeil, peau) (figures 17-2 et 17-3).

1.4 Caractères distinctifs importants


des genres

Le sporoplasme a un noyau diplocaryotique


(deux noyaux accolés) ou non.

Le sporonte donne de nombreuses spores (pans-


poroblastique) ou seulement deux spores (disporoblas-
tique).

210
Description des genres infectant l ' h o m m e

Il y a présence, o u non, d ' u n e paroi épaisse Figure 17-3


sécrétée par le parasite autour d u sporonte dans la cel-
lule hôte. Stades intracellulaires de micros-
poridies (dessins)
La taille des spores et le n o m b r e de tours de spire 1. Trophozoïte en division (les noyaux
d u tube polaire, la présence et la taille de la v a c u o l e se sont séparés, le cytoplasme suit)
postérieure d o i v e n t aussi être pris en considération. n noyau
d.b. division binaire
2. Description des genres 2. Schizonte (plasmode avec quatre
noyaux
infectant l'homme n noyau
i.t. inclusions translucides
c.h. cellule hôte
2.1 Le genre Encephaliïozoon
3. Sporonte (plasmode avec douze
D e u x espèces o n t été reconnues chez l ' h o m m e : noyaux et synthèse de tubes polai-
Encephalitozoon cuniculi (du lapin), à localisations res)
h é p a t i q u e et péritonéale et E. hellem, à localisation n noyau
o c u l a i r e ( é p i t h é l i u m cornéen). O n ne peut pas les dis- t.p. tube polaire
tinguer m o r p h o l o g i q u e m e n t mais l'analyse de leurs c.h. cellule hôte
protéines par électrophorèse en gel de p o l y a c r i l a m i d e
(SDS-PAGE) p e r m e t de les reconnaître.

Morphologie et cycle

La m é r o g o n i e et la sporogonie se situent dans les


cellules d u rein, d u foie, d u système nerveux central.
Le parasite y est c o n t e n u dans une vacuole parasito-
phore.

Les sporoblastes produisent deux spores, pas


plus: c'est le type "disporoblastique".

Les spores sont petites (1 à 2 p de diamètre); le


tube p o l a i r e y décrit 6 tours de spire.

Distribution et hôtes

Le réservoir de parasites est constitué par les ron-


geurs, lapins et a n i m a u x domestiques.

Culture in vitro

E. cuniculi et E. hellem se cultivent f a c i l e m e n t


sur des cellules de rein, dans le m i l i e u essentiel m i n i -
mal a d d i t i o n n é de 10 p . 1 0 0 de sérum de veau foetal
(MEM-S). Les spores sont récoltées dans le m i l i e u de Morphologie et cycle
c u l t u r e et p e u v e n t servir à l ' e n s e m e n c e m e n t de c u l t u -
Les mérontes multinucléés sont situés dans les
res secondaires. C'est une source d'antigène p o u r les
cellules épithéliales de l'intestin, entre le noyau et la
réactions sérologiques.
b o r d u r e en brosse, au contact direct d u cytoplasme,
sans v a c u o l e parasitophore.
2.2 Le genre Enterocytozoon
Les sporontes également se d é v e l o p p e n t en cel-
Enterocytozoon bieneusi est le parasite q u e l ' o n lules à plusieurs noyaux. Les filaments spirales sont for-
trouve chez les patients sidéens. Il se situe habituelle- més avant q u e les sporoblastes (plus de dix) ne
m e n t dans l'intestin. s'individualisent (microsporodies pansporoblastiques).

211
Chapitre 17 L E G R O U P E DES M I C R O S P O R I D I E S

Les sporoblastes renferment le sporoplasme, le disque Les sporontes sont en contact direct avec le cyto-
d'ancrage au pôle antérieur, le tube polaire en déve- plasme de la cellule hôte (pas de vacuole parasito-
loppement (déjà 4 à 5 tours de spire) et une vacuole phore). Les sporoblastes produisent chacun deux
postérieure. spores (disporoblastiques).

Les spores sont très petites, de 1 à 2 p. de diamè-


tre, avec noyau simple et tube polaire faisant 8 à 12 3. Diagnostic des infections
tours de spire. à microsporidies

Distribution et hôtes
Mise en évidence du parasite
L ' h o m m e héberge le parasite fréquemment sans
Dans les selles, la recherche par microscopie
symptômes. Plusieurs animaux (poissons, entre autres
optique des spores, seul stade extra-cellulaire est diffi-
le saumon) sont infectés par Enterocytozoon sp., dont
cile. La description des formes parasitaires et la com-
la morphologie et le cycle sont superposables à ceux
préhension du cycle a été tributaire du microscope
d ' E bieneusi. O n ne sait toutefois pas si ces espèces
électronique. Celui-ci reste indispensable pour l'iden-
sont infectantes pour l'homme.
tification des spores. D ' o ù l'importance de la sérologie
Pathologie pour obtenir des informations sur la prévalence de
l'infection.
Le développement du stade prolifératif dans les
cellules épithéliales de l'intestin cause des diarrhées Sérologie
de longue durée par nécrose de ces cellules, infiltra-
O n est actuellement assez démuni, au labora-
tion lymphocytaire, atrophie des villosités et de la bor-
toire, pour interpréter utilement les réactions sérologi-
dure en brosse, élongation des cryptes...
ques. Sensibilité et spécificité sont nettement insuf-
fisantes avec les antigènes disponibles.
Culture in vitro
En immunofluorescence indirecte (IFI), l'anti-
Elle est difficile pour le genre Enterocytozoon . gène Encephalitozoon cuniculi donne une réaction
positive chez les animaux de laboratoire infectés expé-
Transmission
rimentalement. Le diagnostic a pu aussi être posé chez
L'infection se transmet le plus souvent par inges- un enfant ayant éliminé des spores dans ses urines.
tion. Les spores sont répandues dans la nature avec les L'IFI et le test ELISA sont tous deux utilisés pour les
selles. D'autre part, les spores formées dans un intestin enquêtes épidémiologiques. Les prévalences trouvées
et libérées peuvent infecter, par projection du tube sont hautes.
polaire et injection du sporoplasme, une cellule épi- Pour Enterocytozoon bieneusi, on ne dispose
théliale d u même intestin et ainsi prolonger l'infection. pas encore de l'antigène spécifique et les réactions
croisées avec Encephalitozoon sp. ne sont pas inter-
2.3 Le genre Nosemo prétables.

Les espèces de ce genre sont surtout des parasi-


tes d'insectes. Les plus connues sont N. bombicis , 4. Traitement des infections
première espèce décrite, parasite du ver à soie à microsporidies
(Naegeli 1857) et N. apis, parasite des abeilles. De
nouvelles espèces sont encore décrites comme, par
Le métronidazole et l'albendazole o n t donné des
exemple, N. scripta chez un coléoptère parasite de la
rémissions cliniques chez les patients sidéens avec
feuille du peuplier dont la première description date
diarrhée (Enterocytozoon bieneusi) mais pas de guéri-
de 1993. Une espèce a été décrite dans une lésion de
son parasitologique (rechutes).
la cornée (N. corneum ).
L'itraconazole a été utilisé avec succès chez un
Morphologie et cycle patient dont la cormée était infectée par Encephalito-
zoon hellem.
Les mérontes donnent deux o u plusieurs cellules
filles, ayant chacune des noyaux doubles, diplocaryo- La sinéfungine a débarrassé des ruches d'abeilles
tiques. de Nosema apis.

212
Bibliographie Chapitre 17

BIBLIOGRAPHIE

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213
Protozoaires de classification incertaine
Pneumocystis carinii - Blastoqsstis hominis

(plusieurs cellules filles à paroi mince dans une cellule 1. Pneumocystis carinii
1. Pneumocystis carinii
mère à paroi mince) (figure 18-2). 1.1 Introduction
1.2 Cycle évolutif, morpho-
La forme prékystique se présente sous forme logie eticoroctères. bio-
1A Introduction logiques
ovale (3,5 à 5,5 |im), avec paroi externe nettement
1.3 Hôtes
Parfois considéré comme un champignon, rangé épaissie, généralement lisse et régulière. Le noyau du 1.4 Pouvoir pathogène
par certains parmi les protozoaires, le statut taxinomi- grand trophozoïte s'est morcelé et on se trouve devant 1.5 Diagnostic
que de Pneumocystis carinii est toujours discuté, un parasite multinucléé (deux à huit noyaux haploï- 1.6 Traitement
faute d'arguments définitifs. Il ne possède en effet des). La première division du noyau présente un com- 1.7 Epidémiologie
aucune des structures qui caractérisent les sporozoai- plexe synaptonémal au cours de la prophase, ce qui est 2. Blastocystis
res (rhoptries, anneau polaire), les flagellates (kinéto- caractéristique d'une méiose (division réductionnelle) 2.1 Localisation
2.2 ' Morphçlogie et cycle
plaste, flagelle, microtubules) ou les rhizopodes. et indique un stade sexué.
2.3 Pouvoir pathogène
2.4 Diagnostic
Son rôle pathogène est parfois rapproché de La forme kystique (4 à 8 (im) dont la paroi s'est
2.5 Culture -
celui des toxoplasmes, avec une focalisation au pou- encore épaissie, renferme à ce moment huit parasites 2.6 . Traitement
mon. Les formes latentes sont les plus fréquentes, sur- complets, avec chacun leur noyau et leur aire cytoplas- 2.7 Epidémiologie
tout chez l'adulte, tandis que l'infection aiguë existe mique propre entourée d'une fine membrane. Les et transmission
chez l'enfant, le vieillard, le débilité et l'immunodé- corps intrakystiques sont arrondis, en forme de banane Bibliographie
primé. Il a été observé en République Démocratique ou amiboïdes. Le kyste est arrondi et contient, en
du Congo (Zaïre) pour la première fois en 1962 chez dehors des parasites intrakystiques, un résidu de cyto-
des nouveaux-nés prématurés ou débilités entre la FIGURES
plasme dégénéré de la cellule mère. Ces formes vont
7ème semaine et le 5ème mois d'âge. être libérées par une craquelure de la paroi du kyste 18-1 Schéma du cycle hypothé-
tique de P. carinii
pour revenir au stade initial (trophozoïte). La paroi du 18-2 Stades de Pneumocystis
L'infection par Pneumocystis carinii survient
kyste s'affaisse alors comme une baudruche dégonflée 18-3 Formes de Pneumocystis
avec une fréquence importante et une pathogénicité dans les sécrétions-bronchi-
et reste in situ pendant des périodes très longues (figure
considérable chez les patients atteints de SIDA.
18-2). • ques
18-4 Sades de Blasrocystis pré-
sents-dans les selles
1.2 Cycle évolutif, morphologie
Caractères biologiques
et caractères biologiques
Le cycle complet est hébergé par le même hôte,
Morphologie il se situe dans les alvéoles pulmonaires. Les petits tro-
phozoïtes haploïdes s'y trouvent par paquets (aspect
Au cours de son développement chez l'hôte, le
"en nid d'abeille"), souvent adhérents à la paroi de
parasite se présente sous quatre formes différentes
l'alvéole. Leur taille s'accroît et les formes deviennent
(figure 18-1 ).
amiboïdes, une copulation (fusion de deux petits tro-
Les trophozoïtes existent sous deux formes: les phozoïtes) interviendrait à ce moment pour les rendre
petites formes (haploïdes), arrondies, de 2 à 4 de dia- diploïdes; ces formes peuvent, avant copulation ou
mètre, à cytoplasme dense et noyau central et les gran- après celle-ci, se diviser par simple division binaire ou
des formes (diploïdes), d'un diamètre de 4 à 10 p., de par endodyogénie, en se nourrissant uniquement des
forme irrégulière avec cytoplasme peu dense et noyau sécrétions de la muqueuse alvéolaire. On se trouve
unique. La membrane externe du parasite est très fine; bientôt en présence de formes prékystiques plurinu-
la division se fait par bipartition ou par endodyogénie cléées puis de kystes contenant 8 corps intrakystiques

215
Chapitre 18 PNEUMOCYSTIS CARINII - BLASTOCYSTIS HOMINIS

La n u t r i t i o n se fait par sécrétion d ' e n z y m e s dans


le m i c r o - e n v i r o n n e m e n t puis pénétration de petites
molécules nutritives par diffusion à travers la m e m -
brane externe. L'endocytose est absente (ni phago- ni
pinocytose). O n n'a pas observé de motilité. Les for-
mes trophiques o n t t e n d a n c e à adhérer les unes aux
autres et aux parois kystiques ainsi q u ' a u x p n e u m o c y -
tes dans les alvéoles. C'est cette adhérence, p r o v o q u é e
par les polysaccharides de surface, qui d o n n e l'aspect
" e n n i d d ' a b e i l l e " déjà signalé.

Dans les alvéoles p u l m o n a i r e s des i m m u n o d é -


primés ou en c u l t u r e (sur d u tissu ganglionnaire de
rat), o n observe u n e p r é d o m i n a n c e de la r e p r o d u c t i o n
par bipartition.

1.3 Hôtes
P. carinii est un parasite m o n o x è n e de l ' h o m m e
ainsi q u e de n o m b r e u x a n i m a u x (singe, chien, chat,
m o u t o n , chèvre, cobaye, rat, souris). Il a une distribu-
t i o n large, c o s m o p o l i t e .

La m o r p h o l o g i e des parasites est identique d ' u n


hôte à l'autre mais la c o m p o s i t i o n antigénique est dif-
férente. Les antigènes majeurs sont, chez le rat, deux
protéines de respectivement 116 k D et 45 à 5 0 kD,
Figure i ô - l qui ensuite seront libérés, toujours dans l'alvéole pul-
tandis q u e chez l ' h o m m e , les protéines majeures (gly-
monaire.
Schéma du cycle hypothétique de coprotéines) o n t respectivement 116 et 4 0 k D . Il n'y a
P. carinii d o n c pas d ' i d e n t i t é a n t i g é n i q u e c o m p l è t e entre Pneu-
O n remarque l'absence de m i c r o t u b u l e s cyto-
mocystis d u rat et c e l u i de l ' h o m m e mais ces d e u x
plasmiques, de m i c r o f i l a m e n t s et de lysosomes dans
parasites partagent un n o m b r e de déterminants antigé-
les différents stades et la présence d ' u n e enveloppe
niques c o m m u n s .
nucléaire garnie de pores et de mitochondries, visibles
dans les corps intrakystiques. D ' o ù le doute t a x i n o m i - Les études faites à l'aide d'anticorps m o n o c l o -
que: est-ce bien un protozoaire? naux o n t permis de constater des variations antigéni-
ques entre souches isolées à partir d' espèces
différentes d ' a n i m a u x ainsi q u e d ' u n stade à l'autre du
Figure 1 8 - 2 cycle de d é v e l o p p e m e n t , de mettre en é v i d e n c e la
localisation des p r i n c i p a u x antigènes sur le parasite et
Stades de Pneumocystis d'isoler des antigènes spécifiques de P. carinii.
1. Dessin de petits trophozoïtes et kystes multinucléés dans les sécrétions alvéolaires et bronchiques
2. Dessin de parois de kystes vides restés visibles dans les sécrétions après coloration au bleu de toluidine 1.4 Pouvoir pathogène

Chez toutes les espèces animales ainsi q u e chez


l ' h o m m e , le parasite p r o d u i t généralement des infec-
tions latentes.

L ' h o m m e fait la m a l a d i e à l'occasion de baisse


de l'état général: leucémie, l y m p h o m e m a l i n , m a l a d i e
de H o d g k i n , m y é l o m e m u l t i p l e , a g a m m a g l o b u l i n é -
mies, anémies aplastiques, patients traités par corticos-
téroïdes, agents cytotoxiques, antibiotiques ou
irradiations, traitements immunodépresseurs mais sur-
t o u t actuellement le SIDA. Dans les infections à V I H ,
P. carinii est un germe opportuniste fréquent aux USA

216
Pneumocystis carinii Chapitre 18

et en Europe mais b e a u c o u p m o i n s en Afrique. La


cause de cette répartition différente est i n c o n n u e .

O n trouve aussi la pneumocystose chez les pré-


maturés, les enfants débilités o u en état de m a l n u t r i -
tion. Les greffes d'organes, par les traitements
immunodépresseurs associés, favorisent aussi l'infec- k
t i o n aiguë. 1 2

H i s t o l o g i q u e m e n t , il s'agit d ' u n e infiltration mas-


sive à m o n o n u c l é a i r e s (plasmocytes, histiocytes et lym-
phocytes). Les cavités alvéolaires élargies sont remplies
de débris cellulaires et bactériens. Les kystes d e Pneu-
mocystis sont enrobés dans u n substrat mousseux et
situés le l o n g de la paroi de l'alvéole. *
6
C l i n i q u e m e n t , le patient présente toux, dyspnée,
tachycardie, d o u l e u r a b d o m i n a l e o u thoracique, tem-
pérature peu élevée. S'il n'est pas traité, la maladie En fait, c'est souvent à l'autopsie que l'on d é c o u - Figure 18-3
peut évoluer vers la mort après deux o u trois semaines vre le parasite dans des coupes de tissus p u l m o n a i r e
d'aggravation constante. Formes de Pneumocystis dans les
colorées à l ' h é m a t o x y l i n e - éosine.
sécrétions bronchiques

1.5 Diagnostic Sérologie


1 à 5. prékystes
6. kyste
Le diagnostic chez le m a l a d e est basé sur la c l i n i - La recherche d'anticorps anti-Pneumocystis
q u e (pneumonie), l'anamnèse (sérologie V I H positive, dans le sérum d ' i n d i v i d u s aurait plus u n e valeur épidé-
corticothérapie, etc.) et la mise en é v i d e n c e d u m i o l o g i q u e (résultats contradictoires!) q u ' u n e valeur
m i c r o o r g a n i s m e responsable (figure 18-3). diagnostique, étant d o n n é la rapidité de l ' é v o l u t i o n de
la p n e u m o n i e . Les méthodes utilisées actuellement
Examen microscopique direct sont l ' i m m u n o - f l u o r e s c e n c e indirecte (IFI) et l'ELISA.

Il mettra en é v i d e n c e les trophozoïtes et les for- L'antigène est préparé à partir de p o u m o n s d ' a n i -
mes kystiques dans des sécrétions bronchiques obte- m a u x infectés e x p é r i m e n t a l e m e n t o u naturellement.
nues par expectoration i n d u i t e o u par lavage b r o n c h o - Les tissus subissent une homogénéisation, filtration et
alvéolaire (90 p . 1 0 0 de sensibilité). L'examen de c o u - centrifugation différentielle sur gradient de sucrose.
pes histologiques de biopsie p u l m o n a i r e (transbronchi- L'antigène d ' o r i g i n e a n i m a l e réagit de façon compara-
que), plus invasive, permet également le diagnostic. ble à l'antigène d ' o r i g i n e h u m a i n e .
Les méthodes de c o l o r a t i o n proposées pour les En i m m u n o f l u o r e s c e n c e , une suspension de kys-
coupes histologiques et les étalements (frottis) sont tes est très peu sensible: les individus sains sont habi-
nombreuses: hématoxyline-éosine, Giemsa (bonne tuellement négatifs. Des coupes de tissus infectés
mise en é v i d e n c e des corps intrakystiques), bleu de d o n n e n t une plus grande sensibilité.
t o l u i d i n e et i m p r é g n a t i o n argentique de G o m o r i pour
les parois. La m é t h o d e de G r a m (P. carinii est G r a m + ) Dans des réactions ELISA, ce sont des extraits de
permet une b o n n e d i f f é r e n c i a t i o n avec les autres P. carinii (à l'urée) o u solubilisés à l ' H C l qui sont utili-
microorganismes dans le l i q u i d e de lavage b r o n c h i - sés c o m m e antigènes.
que.
Des infections subcliniques (porteurs sains) sti-
D ' a u t r e part, les anticorps m o n o c l o n a u x permet- m u l e n t la réponse i m m u n e de l ' h ô t e ( p r o d u c t i o n
tent, par i m m u n o f l u o r e s c e n c e o u c o l o r a t i o n à la d'anticorps spécifiques). La réponse vis-à-vis d ' u n anti-
peroxydase, de repérer de manière très spécifique les gène d o n n é varie d ' u n sujet (ou d ' u n rat) à l'autre.
parasites. Ils sont commercialisés par plusieurs labora-
A titre d ' e x e m p l e , une étude faite il y a une
toires.
d i z a i n e d'années en i m m u n o f l u o r e s c e n c e a m o n t r é
que dans un g r o u p e de 119 patients morts de p n e u m o -
Remarque
cystose, 90 p . 1 0 0 avaient des anticorps décelables
Les crachats sont peu abondants et ne contiennent pas de parasites. contre 3 p.100 dans u n groupe t é m o i n d ' i n d i v i d u s bien

217
Chapitre 18 PNEUMOCYSTIS CARINII - BLASTOCYSTIS HOMINIS

B a c t r i m ® par jour) o u d'aérosols à la p e n t a m i d i n e


Patients avec pneumonie Sujets sains hétérosexuels (mensuels) pour les patients en immunodépression
(traitement immunosuppresseur et patients SIDA ayant
r é a c t i o n IFI +: 4 4 à 7 0 p . 1 0 0 ; réaction IFI +: 2 à 5 7 p . 1 0 0 déjà fait un épisode ou qui o n t moins 2 0 0 l y m p h o c y -
ELISA +: 4 7 à 8 4 p.100; E L I S A +: 5 0 à 100 p . 1 0 0 tes T C D 4 + / p l ) .

1.7 Epidémiologie
Tableau 18-1 portants. D ' a u t r e part, une enquête récente faite aux
Le parasite se t r o u v e chez 1 à 10 p . 1 0 0 de la
Etats Unis donnait, elle, les résultats ci-dessus (tableau
p o p u l a t i o n h u m a i n e , à l'état latent, ainsi q u e chez
18-1)
divers a n i m a u x domestiques et sauvages. La transmis-

Culture et inoculation sion se fait de manière directe d ' i n d i v i d u infecté à


i n d i v i d u i n d e m n e (contact direct, transmission pflug-
aux animaux de laboratoire
gienne).
Remarque Avant l ' é p o q u e de l ' i n f e c t i o n à V I H , la m a l a d i e
était le plus souvent décrite chez des patients i m m u n o -
Ni l'une ni l'autre ne constituent des méthodes de diagnostic mais les deux
déprimés où elle prenait parfois des allures d ' é p i d é m i e
sont utiles pour produire au laboratoire, à la demande, des quantités impor-
tantes de parasites. L'infection expérimentale permet aussi l'étude des rela- (services de prématurés); 17 cas o n t été diagnostiqués
tions hâte-parasite. dans un service pédiatrique hébergeant des enfants en
i m m u n o s u p p r e s s i o n p o u r affection maligne; 4 0 dia-
La culture in vitro est possible en présence de
gnostics rétrospectifs o n t été portés par examen de
cellules en c o u c h e m o n o c e l l u l a i r e ("feeder cells").
matériel d'autopsie de 3 0 1 enfants d u m ê m e hôpital,
L'avantage des cultures est de p o u v o i r récolter les
décédés d'autre affections.
parasites à l'état pur, sans cellules contaminantes ni
matériaux collants. Avec l ' i n f e c t i o n à V I H , le p r o b l è m e a changé de
d i m e n s i o n : aux Etats-Unis, 6 0 à 9 0 p . 1 0 0 des patients
Les p r i n c i p a u x problèmes posés par les cultures
atteints de SIDA d é v e l o p p e n t une pneumocystose. La
sont la stérilité, l'asynchronisme de développement, la
réponse aux m é d i c a m e n t s est lente et les rechutes fré-
difficulté de numération des organismes et le n o m b r e
quentes.
limité de passages.
L ' i n d i v i d u n o r m a l héberge le parasite sans s y m p -
L ' i n o c u l a t i o n à des a n i m a u x de laboratoire n'est
tômes (infection inapparente). Le parasite a d o n c une
pas un a p p o r t intéressant p o u r le diagnostic. La plupart
v i r u l e n c e peu élevée.
d'entre eux hébergent, en effet, le parasite à l'état
latent et il suffit de leur administrer u n e cure intensive
d'immunosuppresseurs p o u r faire apparaître spontané- 2. Blastocystis hominis
ment u n e infection aiguë à P. carinii.
Ce parasite reste, à b i e n des égards, é n i g m a t i -
Par contre, ces modèles a n i m a u x o n t permis
que. C'est bien un protozoaire, avec m i t o c h o n d r i e s ,
l'étude de l'efficacité de différents traitements médica-
r é t i c u l u m e n d o p l a s m i q u e et ribosomes mais il n'est
menteux (administrés c o n j o i n t e m e n t à la cortisone qui
pas encore classé de manière définitive: o n pense aux
favorise l'infection) visant à protéger les a n i m a u x de
amoebo-flagellates.
l'apparition de la pathologie.

2.1 Localisation
1.6 Traitement
C o s m o p o l i t e , les formes parasitaires se canton-
Association triméthoprime-sulfaméthoxazole
nent dans le c ô l o n .
(Bactrim®): T M P 16 mg/kg/jour et S M Z 80 mg/kg/jour
(soit, p o u r un adulte, 6 c o m p r i m é s de Bactrim® forte/ 2.2 Morphologie et cycle
jour).
Le parasite se caractérise par la présence, à c ô t é
Pentamidine (Pentacarinat®): 4 mg/kg/jour en IV
d u o u des noyau(x), d ' u n corpuscule central q u i est, en
lente ou en aérosols pulmonaires.
fait, une v a c u o l e r e m p l i e de granules de différentes
La durée d u traitement est de 3 semaines. tailles.

U n e p r o p h y l a x i e a été r e c o m m a n d é e à base de Il se présente au cours de son cycle sous p l u -


t r i m é t h o p r i m e et sulfaméthoxazole (1 c o m p r i m é de sieurs formes: vacuolée, granuleuse, kystique et a m i -

218
Blastocystis hominis

boïde (figure 18-4). La f o r m e vacuolée se trans- Figure 1 8 - 4


formerait en f o r m e granuleuse par a c c u m u l a t i o n de
Sades de Blastocystis présents
granules dans la v a c u o l e , dans certaines circonstances
dans les selles
mal définies.
Dessin des formes le plus souvent
La f o r m e vacuolée, la plus f r é q u e m m e n t observée retrouvées à l'examen de selles
en culture, mesure de 8 à 1 0 p. Dans les formes à f.v. forme vacuolaire
vacuole u n i q u e , les noyaux (souvent multiples) et le f.m. forme multivacuolaire
cytoplasme sont c o m p r i m é s contre la membrane k kyste
externe par une grande v a c u o l e centrale. Le cytoplasme
contient peu de m i t o c h o n d r i e s et d'endosymbiontes
(bactéries en f o r m e de granules). La membrane plasma-
t i q u e peut avoir u n e épaisseur considérable. Les formes
multivacuolées, d ' u n diamètre variant de 5 à 15 p en
moyenne, sont les plus fréquentes dans les selles.

La f o r m e granuleuse, de t a i l l e très variable, est


2.4 Diagnostic
sphérique et r e m p l i e de granules situés dans le cyto-
plasme et dans la o u les vacuole(s). Ces petits granules L'examen m i c r o s c o p i q u e des selles montrera des
sont des bactéries e n d o s y m b i o n t e s de f o r m e circulaire parasites. Les méthodes de concentration les plus effi-
o u en bâtonnets. Les noyaux, multiples, possèdent des caces sont celles utilisant le f o r m o l - acétate d'éthyl
nucléoles. Cette f o r m e dérive apparemment de la (Ritchie). Le lugol peut être utile, de m ê m e q u e le bleu
forme vacuolée lorsque les conditions de survie de t o l u i d i n e , car le parasite non c o l o r é est d i f f i c i l e m e n t
d e v i e n n e n t défavorables pour le parasite. reconnaissable. La coloration au t r i c h r o m e est très
démonstrative.
Dans les selles fraîches (ou conservées dans le
Il n'existe pas de test sérologique.
f o r m o l ) , le parasite peut prendre une f o r m e kystique,
arrondie, de 3 à 1 0 p, avec un cytoplasme condensé, 2.5 Culture
plusieurs vacuoles, une p a r o i épaisse à structure
Les cultures polyxéniques sont possibles sur le
fibreuse m u l t i l a m e l l a i r e et un e n d u i t de surface de den-
m i l i e u de Boeck - Dbrolav, sans addition d ' a m i d o n de
sité irrégulière au m i c r o s c o p e électronique.
riz. La culture axénique est possible en anaérobiose
Enfin, la f o r m e a m i b o ï d e présente un noyau à stricte, sur m i l i e u x convenant aux amibes: le m i l i e u
c h r o m a t i n e condensée en périphérie, une v a c u o l e cen- M E M a d d i t i o n n é de sérum de cheval (MEM-S) est le
trale et de grandes m i t o c h o n d r i e s . Sa surface est héris- m e i l l e u r (voir chapitre 19). O n y observera surtout des
sée de longs filaments. Elle est peu m o b i l e et se divise formes géantes contenant beaucoup d'endosymbiontes.
activement. Il est possible q u e cette f o r m e soit un état
2.6 Traitement
particulier, passager, d ' u n e des formes décrites ci-des-
sus ou représente un artéfact. Les traitements anti-amibiens sont efficaces.

2.7 Epidémiologie et transmission


2.3 Pouvoir pathogène
Dans une étude récente faite aux USA portant sur
Il ne se manifeste qu'en cas de parasitisme les selles de 2 3 6 0 patients, 4 8 0 présentaient le parasite
intense. Les lésions ne sont pas c l a i r e m e n t identifiées. p a r m i lesquels 2 8 9 polyparasitismes c o m p r e n a n t B.
Les formes parasitaires sont retrouvées dans la hominis et 191 avec monoparasitisme à B. hominis.
m u q u e u s e du c ô l o n , à l'intérieur de l ' é p i t h é l i u m , entre Les prévalences médianes d ' u n e série d'enquêtes
les cellules, mais il n ' y aurait pas de réaction inflam- (dont l ' é c h a n t i l l o n dépasse 1000 personnes) sont de 5
matoire. à 15 p . 1 0 0 .

O n ne remarque a u c u n e différence entre les sou- La transmission se fait v r a i s e m b l a b l e m e n t par


ches. c o n t a c t féco-oral.

219
Chapitre 18 PNEUMOCYSTIS CARINII - BLASTOCYSTIS HOMINIS

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logy, In: JR BAKER and R MULLER, Advances in Parasitology, London, A c a d e m i c Press, 32, 2-70.

220
Techniques utilisées
pour le diagnostic et la recherche

1. Protozoaires des matières fécales Colorations extemporanées pour les kystes 1. Protozoaires des matières
fecales
• ÉOSINE (solution aqueuse à 1 p.100)
2. Protozoaires du sang et
i . 1 Examen direct des selles pour recherche Elle a pour but de colorer u n i f o r m é m e n t en rose , des tissus
d e protozoaires le f o n d de la préparation (matières alimentaires non
3. Examen du liquide
digérées, bactéries, cellules végétales). Sur ce f o n d
céphalo-rachidien (LCR)
Recherche de trophozoïtes coloré, les kystes de protozoaires apparaissent c o m m e
Ai Autres techniques d e mise
(sur selles diarrhéiques) des éléments non colorés: leur paroi épaisse ne laisse
. .en éyid.ence de. parasites
pas pénétrer le colorant.
• EXAMEN MICROSCOPIQUE À FRAIS 5. Diagnostic indirect par
A u faible grossissement (objectif X10), o n repère recherche d'anticorps
Il est i m p o r t a n t de réaliser une préparation bien facilement dans une telle préparation la présence de 6. Cryoconservotion
lisible. O n mélange à cet effet, sur un porte-objet, une kystes que l ' o n devra ensuite identifier à un plus fort
petite quantité de la selle à examiner avec une goutte grossissement. Cette méthode n'est efficace que si la
d'eau physiologique. Si la selle est liquide, on l'exa- préparation est très m i n c e (épaisseur d ' u n e cellule): en FIGURES
m i n e sans a d d i t i o n d ' a u c u n e sorte. O n recouvrira la effet, l'éosine ne doit pas recouvrir les éléments parasi- 19-1 Goutte; épalssecorrecte^v
préparation d ' u n e lamelle couvre-objet. La préparation taires, le contraste s'en trouverait d i m i n u é . menr effectuée.
doit être très m i n c e . 1.9-2 .Quadrillage des cellules à
• LUGOL numération des éléments
Pour l'examen au microscope, o n utilise l'objec- cellulaires dans le LCR
Il c o l o r e en jaune-brun les membranes des kystes 19-0 Immunodiffusion radiale
tif X I 0 o u X 2 0 puis X 4 0 avec un o c u l a i r e X6 ou X I 0 et
ainsi que leurs structures cytoplasmiques et nucléaires, 19-4 Prélèvements de sang
o n abaisse le condensateur de manière à ne pas trop séché, découpage de .
éclairer la préparation.
soulignant les caractéristiques morphologiques. L'exa- "confettis".
men se fait à l'objectif X 4 0 o u X100. 19-5 Test d'agglutination
directe sur carte (CATT)
Remarque Solution de Lugol .19-6 Réaction d'agglutination:
promastigotes de Leishma-
Eau distillée 100,0 ml
On examine les selles le plus tôt possible après leur émission car les tropho- . vnia;en plaque/à:microrir
zoïtes sont fragiles; un léger chauffage de la préparation augmente leur Iode 1,0 g trarion 1

mobilité, ce qui facilite le repérage au microscope. lodure de potassium 2,0 g 19-7 Immunodiffusion (Ouchrer-
lony) et immunoélectro-
Laisser reposer pendant 4 jours et conserver à +4°C. . phorèse
Recherche de kystes Pour l'emploi, on filtre (sur papier) une petite quantité que 19-Ô Lames multispot : -
19-9 : Exemple de tests d'immu-
l'on met dans un flacon compte-gouttes en verre brun. Il fau-
O n procédera de la m ê m e façon. Les quantités nofluorescence positifs
dra renouveler cette solution filtrée chaque semaine.
de selles et d ' e a u physiologique doivent être calculées 19-10 "Immunoblottlng" ou
"Western blot"
de manière à ce que la préparation finale ne soit pas • RÉACTIF DE BAILENGER
trop épaisse et que la lamelle ne flotte pas sur une
Il colore, chez les protozoaires intestinaux (kys-
quantité trop importante de l i q u i d e débordant de par-
tes et trophozoïtes), le cytoplasme et les bâtonnets cris-
tout
talloïdes en rouge, les structures nucléaires en noir.
L'examen au m i c r o s c o p e permet de repérer tro- Colorant de Bailenger
phozoïtes mobiles et kystes. Cependant pour ces der-
Cristal violet 2,0 g
niers, la reconnaissance des caractères m o r p h o -
Fuchsine basique 0,05 g
logiques nécessitera souvent un examen à l'immersion
Alcool 95° 20,0 ml
et une coloration.
Phénol cristallisé fondu 10,0 ml

221
T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

Après contact pendant une nuit, on ajoute • RÉACTIFS NÉCESSAIRES

Eau distillée 100,0 ml Solution isotonique de f o r m o l à 10 p. 100 dans


NaCI 8,5 p . 1 0 0 0
Filtrer et conserver en flacon bouché hermétiquement et à
Acétate d'éthyle (Merck) o u éther diéthylique.
l'abri de la lumière.
• PROCÉDURE
Coloration de Sargeaunt
- Délayer une partie de matières fécales dans dix
parties de solution isotonique de f o r m o l à 10
® PRINCIPE
p.100;
Extemporanée, elle se fait après un enrichisse- - filtrer à travers une d o u b l e couche de gaze chi-
ment selon Ritchie. rurgicale et laisser sédimenter 1 minute;

• COLORANT - reprendre le surnageant et le centrifuger à 1.500


tours/min. pendant 2 minutes;
Vert de malachite 0,2 g
- éliminer le surnageant, resuspendre le c u l o t dans
Acide acétique glacial 3,0 ml
10 ml de f o r m o l à 10 p.100, centrifuger à nou-
Alcool 95° 3,0 ml
veau; recommencer cette opération 3 o u 4 fois
Eau distillée pour faire 100,0 ml
jusqu'à ce que le liquide surnageant soit clair;
Dissoudre le vert de malachite dans l'alcool, ajouter l'acide - mettre le dernier c u l o t en suspension dans 5 ml
acétique et compléter à 100 ml avec de l'eau distillée. Le
de f o r m o l à 10 p.100, ajouter 3 ml d'acétate
colorant se conserve bien sur la table du laboratoire.
d'éthyle, bien boucher le tube et agiter vigoureu-
• PROCÉDURE sement en maintenant le p o u c e sur le b o u c h o n ,
pour émulsionner le tout;
- Concentration des kystes par la méthode f o r m o l -
- centrifuger à 1.500 tours/min. pendant 2 m i n u -
éther;
tes;
- coloration d u culot: mélanger sur une lame - éliminer le liquide surnageant (couche supé-
porte-objet, une goutte de la concentration de rieure d'acétate d'éthyle, couche inférieure de
selles avec une goutte de colorant. Examiner f o r m o l et anneau gras à l'interphase);
entre lame et lamelle.
- reprendre le c u l o t et l'examiner pour la recher-
• RÉSULTAT che des parasites.

Membrane externe du kyste, membrane Méthode de flottation (FAUST)


nucléaire et chromatine colorées en vert pâle. Les
• PRINCIPE ET RÉACTIF
corps chromatoïdes se présentent sous la f o r m e de
solides bâtonnets verts. Nécessite l ' e m p l o i d ' u n e solution aqueuse satu-
rée de sulfate de zinc (33 p. 100 environ) q u i a une
Coloration MIF densité de 1,180 et est plus l o u r d e que les protozoai-
(voir sous "conservation des kystes") res (et les œufs d'helminthes).

• PROCÉDURE
A .2 Méthodes d e concentration
- Triturer soigneusement une partie de selles avec
dix parties d'eau tiède;
Méthode diphasique de sédimentation
- tamiser 10 ml de la solution fécale à travers une
(RITCHIE)
couche de gaze h u m i d e disposée dans un enton-
• PRINCIPE noir; recueillir le filtrat dans un tube à centrifu-
ger;
Différents constituants des matières fécales
- centrifuger une m i n u t e à 2 . 0 0 0 tours/min.;
gênant l'examen sont éliminés en cours de prépara-
- éliminer le surnageant et resuspendre le culot
tion: les éléments protéiques sont coagulés par le for-
dans l'eau;
mol, les graisses sont solubilisées par l'acétate
d'éthyle. Les éléments figurés subsistent, la centrifuga- - recommencer la centrifugation jusqu'à obtention
tion les concentre dans le culot. d ' u n surnageant clair, l ' é l i m i n e r ;

222
Protozoaires des matières fécoles

- remettre le c u l o t en suspension dans la s o l u t i o n - le temps de traitement est de 2 à 4 heures; dans


d e sulfate de zinc; remplir le tube presque certains cas, il faudra colorer j u s q u ' à 12 à 18
jusqu'au bord; heures (vérifier les progrès de la c o l o r a t i o n en
- centrifuger pendant 1 m i n u t e à 2 . 5 0 0 t o u r s / m i n . ; e x a m i n a n t un des frottis au m i c r o s c o p e après 2 à
3 heures de contact avec le colorant).
- prélever à l ' a i d e d ' u n e anse m é t a l l i q u e la c o u c h e
superficielle d u l i q u i d e dans laquelle se trouvent Fixation, c o l o r a t i o n et différenciation sont c o m -
les parasites, faire plusieurs prélèvements et les binées en un seul et m ê m e bain.
e x a m i n e r à frais, entre lame et lamelle.
• RÉSULTAT
Remarques
Les noyaux et caryosomes p r e n n e n t une teinte
Prélever les parasites immédiatement après la centrifugation. gris-vert foncé.
Si on remplit le tube de sulfate de zinc jusqu'à ras-bord, on pourra placer Le tissu musculaire et la kératine sont colorés en
une lamelle à plat sur l'orifice du tube, au contact de la couche superficielle, rouge.
puis la transférer sur une lame porte-objet pour l'examiner.
Hématoxyline ferrique
1.3 Coloration des protozoaires fécaux
sur frottis • PRINCIPE

C'est une coloration régressive. Le m o r d a n ç a g e


Technique de Kohn et la surcoloration (imprégnation excessive des structu-
• PRODUITS NÉCESSAIRES res par le colorant) sont suivis d ' u n e d é c o l o r a t i o n
(enlèvement du c o l o r a n t des structures qui le retien-
C o l o r a n t de C h l o r a z o l Black E (G.T. GURR, Lon- nent le moins).
don)
• PRODUITS NÉCESSAIRES
Autres produits: catalogue M e r c k .
Solution A
Colorant
Hématoxyline 1-0 g
Chlorazol Black E (G.T. GURR, London) 5g Alcool absolu 10,0 ml
Solution de base Eau distillée 90,0 ml
Thymol 1 cristal
Alcool éthylique 90° 170 ml
Alcool méthylique 160 ml Remarque
Acide acétique glacial 20 ml
Phénol liquéfié 20 ml Dissoudre l'hématoxyline dans l'alcool absolu puis ajouter l'eau distillée.
Acide phosphotungstique à 1 p.100 12 ml
Solution B
Eau distillée pour faire 1000 ml
Alun de fer 2,0 g
Préparation Eau distillée 100,0 ml

Le c h l o r a z o l est broyé dans un mortier en a j o u - Solution C (Fixateur de Schaudinn)


tant la solution de base au fur et à mesure, par petites HgÛ2, sol. aqueuse saturée 2 parties
quantités. Le t o u t est placé dans un flacon de verre Alcool absolu 1 partie
b l a n c et laissé au repos, à la lumière p e n d a n t 4 à 6 Acide acétique glacial 4 gouttes par 100 ml
semaines (mûrissement); f o r m a t i o n d' un d é p ô t et
Remarque
éclaircissement (obligatoire) de la partie surnageante
qui p r e n d une c o u l e u r rouge cerise et qui servira de Ajouter l'alcool et l'acide acétique au moment de l'emploi.
s o l u t i o n colorante. La t e c h n i q u e c o n v i e n t p o u r les frot-
• PROCÉDURE
tis et p o u r les coupes.
Elle est longue (48 heures) et laborieuse, la diffé-
• PROCÉDURE renciation étant un p o i n t crucial et délicat.
- Faire des frottis de matières fécales sur une lame
Confectionner un frottis de selles
porte-objet à l'aide d ' u n bâtonnet;
Sur lame ou sur lamelle à l'aide d'un bâtonnet de bois (frottis
- les frottis e n c o r e humides seront trempés dans la
très mince).
s o l u t i o n c o l o r a n t e q u e l ' o n peut utiliser telle
q u e l l e o u d i l u é e avec 1 fois o u 2 fois son v o l u m e Fixer le frottis encore humide
de solution de base; Schaudinn (20 minutes).

223
Chap.itre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

Lavages nécessaires pour éliminer le sel de mer- i .4 Coloration des oocystes


cure d e Cryptosporidium et d e Cyclospora

10 minutes successivement dans chacun des bains suivants: Coloration rapide à la safranine
Alcool à 70 p.100; et au bleu de méthylène
alcool à 70 p.100 contenant quelques gouttes de lugol (don-
• RÉACTIFS
nent une teinte jaunâtre au bain d'alcool);
alcool à 70 p.100 contenant quelques gouttes d'une solution M é t h a n o l absolu a d d i t i o n n é de 3 p . 1 0 0 d ' H C l
saturée d'hyposulfite de sodium; Solution de safranine (Paramount o u Merck) à 1
alcool à 70 p.100. p . 1 0 0 dans l'eau distillée
Mordançage Solution de bleu de m é t h y l è n e (Paramount o u

Solution B, 1 partie Merck) à 1 p . 1 0 0 dans l'eau distillée


alcool à 70 p.100, 15 parties • PROCÉDURE
durée: 12 à 24 heures. Peut se faire sur des frottis de selles fraiches o u
après concentration de Ritchie o u p a r f l o t t a t i o n .
Lavage
- Faire sur une lame un frottis à partir de selles
Alcool à 70 p.100 pendant 30 minutes; diluées en eau physiologique et laisser sécher à
l'air; fixer par passage sur la f l a m m e (bec Bunsen);
Coloration
- fixation au m é t h a n o l - acide c h l o r h y d r i q u e pen-
Solution A, 1 partie dant 3 à 5 minutes;
alcool à 70 p.100, 10 parties - rincer à l'eau;
durée: 24 heures. - recouvrir la préparation de safranine à 1 p . 1 0 0 ;
laisser agir pendant 60 secondes en chauffant
Différenciation
jusqu'à ébullition (si nécessaire, rajouter du
Solution B, 1 partie c o l o r a n t en c o n t i n u a n t à chauffer);
alcool à 70 p.100, 15 parties - recouvrir de b l e u de méthylène à 1 p . 1 0 0 et lais-
ser agir pendant 3 0 secondes;
durée: environ 5 minutes; contrôler au microscope les pro-
- rincer à l'eau et sécher;
grès de la différentiation.
- monter entre lame et l a m e l l e au m o y e n d ' u n lut
Lavage a p p r o p r i é (DPX de la f i r m e B D H ) ;
Alcool à 70 p.100: 2 heures; changer plusieurs fois le bain. - examiner à l ' o b j e c t i f X20 et X 1 0 0 .

Déshydratation • RÉSULTAT
Alcool absolu: deux bains successifs de 5 minutes; La paroi des oocystes de Cryptosporidium (4 à 6
bain d'éclaircissement: huile de clou de girofle, 10 minutes; mp) est colorée en orange. Les sporozoïtes contenus
sont plus sombres et situés contre la paroi.
xylol: deux bains successifs de 5 minutes.
Chez Cyclospora, certains kystes (10 p m ) ont
Montage
une paroi colorée, d'autres les structures internes.
Au baume de Canada, en recouvrant d'une lamelle. Les kystes d'Entamoeba et de Giardia, les levures
et diverses particules contenues dans les selles sont
• RÉSULTAT
colorés en bleu. Q u e l q u e s bactéries sporulées p e u v e n t
Les structures des trophozoïtes et des kystes être colorées en orange.
(membranes, corps chromatoïdes, bactéries et héma-
Coloration de Ziehl-Neelsen (modifiée)
ties phagocytées, c h r o m a t i n e nucléaire) sont colorées
en noir. • PROCÉDURE
- Faire un étalement m i n c e de matières fécales sur
Remorque un porte-objet (délayer les selles si elles sont trop
solides);
La différenciation est le point délicat. Elle a pour but d'enlever électivement
- sécher à l'air;
l'excès de colorant de certaines structures (cytoplasme, vacuoles). Il est
nécessaire d'en contrôler le progrès toutes les 5 minutes au microscope. - fixer au méthanol pendant 5 minutes;

224
Protozoaires des matières fécales Chapitre 19

- sécher à l'air; Remarque


- c o l o r e r pendant 1 heure à la fuchsine p h é n i q u é e
(fuchsine de Ziehl); La solution MF se conserve plusieurs semaines en flacon brun.
- rincer à l'eau; Solution iodo-iodurée (lugol)
- différencier 2 0 secondes en agitant la lame dans Cristaux d'iode (pulvérisés) 5,0 g
u n e solution d ' a c i d e sulfurique à 2 p . 1 0 0 ; lodure de potassium 10,0 g
- rincer à l'eau; Eau distillée 100,0 ml
- colorer au vert de malachite à 5 p . 1 0 0 ; Filtrer.
- rincer à l'eau et sécher à l'air; Conservation en flacon brun pendant 3 à 4 semaines.
- observer à l ' o b j e c t i f X 4 0 puis X 1 0 0 à l'immer-
• PROCÉDURE
sion.
Juste avant l ' e m p l o i , on mélange 0,15 m l de
Remarque
lugol à 2,35 m l de MF. U n e partie de matières fécales
Le culot après enrichissement selon Riichie peut servir de point de départ. est triturée dans trois parties de mélange MIF.

• RÉSULTAT Remarque

Les oocystes de Cryptosporidium et de Cyclos- La solution MIF complète ne se conserve pas. L'iode précipite après quel-
pora sont ronds o u ovoïdes de c o u l e u r rouge vif sur ques minutes et les protozoaires ne sont plus bien colorés.
f o n d vert. Les autres éléments des selles sont colorés en
vert, sauf certains bacilles et autres coccidies q u i sont Ce mélange conserve les protozoaires, kystes et
rouges aussi. O n les reconnaît aisément à leur f o r m e et trophozoïtes colorés par l'iode, tandis q u e les autres
leur taille (4 à 6 m|i). constituants des matières fécales sont colorés par
l'éosine c o n t e n u e dans la teinture de merthiolate.
1.5 Conservation des kystes dans les selles Les échantillons de selles ainsi traités peuvent
Formol (formaldéhyde) plus tard subir des concentrations et l'examen micros-
c o p i q u e se fait dans d'excellentes conditions.
• PRODUITS

S o l u t i o n aqueuse de f o r m o l (5 p.100) L1 alcool polyvinylique


Formol du commerce (40 p.100) 5,0 ml
• COMPOSITION DU MÉLANGE FIXATEUR
Eau distillée 95,0 ml
Fixateur de Schaudinn modifié
ou
Cristaux de chlorure de mercure 4,5 g
eau p h y s i o l o g i q u e f o r m o l é e et glycérinée Alcool éthylique 95° 31,0 ml
Eau physiologique (NaCI 8,5 p.1000) 95,0 ml Acide acétique glacial 5,0 ml
Formol du commerce (40 p.100) 5,0 ml
L'alcool polyvinylique (PVA)
Glycérine 1,5 ml
Glycérol 1,5 ml
• PROCÉDURE Poudre PVA 5,0 g
Eau distillée 62,5 ml
M é l a n g e r 1 v o l u m e de matières fécales avec 3
Mélanger jusqu'à dissolution en chauffant (en évitant l'ébulli-
v o l u m e s de la solution de f o r m o l : l ' é c h a n t i l l o n peut se
tion).
conserver p e n d a n t plusieurs années.
• PRÉPARATION
Mélange MIF
Chauffer au bain-marie, à 7 0 - 7 5 °C, la solution
Il est c o m p o s é de teinture de merthiolate (M), de PVA et y ajouter le fixateur. M é l a n g e r j u s q u ' à ce q u e le
lugol (Iode) et de f o r m o l (F). mélange soit l i m p i d e . Laisser refroidir.
• PRODUITS
Remarque
Solution MF (stable)
Un léger trouble peut apparaître sans nuire aux qualités conservatrices.
Eau distillée 50,0 ml
Formaldéhyde 5,0 ml • PROCÉDURE
Teinture de merthiolate* (1/1.000) 4,0 ml
Glycérine 1,0 ml Mélanger 1 partie de matières fécales et 3 parties
•Utiliser la teinture de merthiolate contenant de l'éosine (Lilly). de fixateur.

225
Chapitre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

• RÉSULTAT Sel acide (phosphate monopotassique)


KH2P04 9,1g
Les mélanges à base de PVA conservent la mor-
Eau distillée 1000 ml
phologie des kystes et des trophozoïtes de manière
indéfinie. Les échantillons conservés de cette manière • PRÉPARATION DU MILIEU (pH 7,2 pour E.histolytica)
peuvent ensuite être colorés en frottis, à l'hématoxyline.
Mélange tampon
Eau bidistiliée 1125,0 ml
1.6 Culture polyxénique
NaCI (9 p.1000) 0,13 g
d e Entamœba histolytica
Sol. N a 2 H P 0 4 M/15 187,5 ml
Sol. K H 2 P 0 4 M/15 62,5 ml
Principe
Milieu complet
La croissance de l ' a m i b e dysentérique nécessite Mélange tampon 950,0 ml
la présence de germes m i c r o b i e n s associés et de grains Extrait de levure (Difco) 1,0 g
d'amidon. Sérum de cheval 50,0 ml
Vérifier le pH, filtrer sur Seitz (stérilisation), stocker à + 4 °C.
Milieu de Dobeii Pour l'emploi, répartir en tubes sur une hauteur de 5 cm au
• COMPOSITION moins et ajouter de l'amidon de riz (autoclavé) pour la cul-
ture d'amibes.
Phase solide
Sérum de cheval stérilisé par filtration; 1 ml par tube; coagu- Entretien des cultures
ler au four Pasteur pendant 1 heure à 80 "C, les tubes étant
L'isolement à partir des selles est fait en mettant
couchés pour obtenir une pente de sérum d'environ 3 à 4 cm
un g r a m m e e n v i r o n de selles dans deux tubes de
de longueur.
m i l i e u . Contrôler la croissance tous les jours. Dès q u e
Phase liquide des amibes sont observées, repiquer dans un tube de
Solution de Ringer-Locke m i l i e u neuf. Pour l'entretien, le rythme des repiquages
NaCI 9,0 g de E. histolytica est de 2 fois par semaine.
KCI 0,42 g
CaCl2 0,24 g 1.7 Culture axénique
NaHC0 3 0,2 g d e Entamœba histolytica
Glucose 1,0 g
Eau distillée 1000,0 ml Principe et utilité
Ajouter l'albumine d'oeuf (voir sous "préparation")
Le b u t est de m u l t i p l i e r les trophozoïtes en
• PRÉPARATION
l'absence de t o u t germe associé et de c o m p o s a n t parti-
Ajouter stérilement 1 blanc d'oeuf par 250 ml de Ringer culaire (amidon) qui gênent la récolte et l'étude des
(après désinfection d'un pôle de la coquille, découper une amibes. La récolte des amibes à l'état pur est néces-
petite fenêtre à l'aide de ciseaux pointus stérilisés et laisser
saire p o u r la préparation des antigènes solubles et figu-
s'écouler le blanc). Homogénéiser dans un ballon contenant
rés, p o u r l'analyse des isoenzymes, p o u r l'étude d u
des billes de verre. Stériliser par filtration sur Seitz.
p o u v o i r pathogène intrinsèque des amibes, etc.
La phase liquide est ajoutée au sérum coagulé de manière à
couvrir entièrement la pente (environ 5 cm de hauteur). Tes- A u m o m e n t de l'isolement d ' u n e souche, la diffi-
ter la stérilité des tubes ainsi complétés, à l'étuve pendant 24 culté est de se débarrasser de la flore intestinale forcé-
heures, puis conserver à + 4 °C. m e n t associée. O n suivra les indications données par
L'amidon de riz (stérilisé à l'autoclave) est ajouté au moment D i a m o n d (1968).
de l'ensemencement (une anse de platine ou une pointe de
couteau). R e m a r q u e importante

Milieu de Jones On trouvera, à la fin du paragraphe traitant de la culture des protozoaires


intestinaux, la liste des ingrédients utilisés pour les milieux avec le nom de
• SOLUTIONS STOCK POUR PRÉPARER leur fournisseur, leurs numéros de code et les conditionnements proposés.
UN TAMPON PHOSPHATE M / 1 5 .
Milieu TYI-S-33 complet (Diamond)
Sel alcalin (phosphate disodique)
soit Na2HP04 9,48 g (I) Bouillon TYl 87 ml
soit Na 2 HP04 2l-l2O 11,88g (II) Mélange vitamines-tween 80 3 ml
soit Na 2 HP0 4 12H 2 0 23,9 g (III) Sérum bovin 16 mi
Eau distillée 1.000 ml (iV) Antibiotiques
Protozoaires des matières fécoles

• (I) BOUILLON TYI ajuster à un pH de 6,8 avec NaOH 1 N;


- Dissoudre les ingrédients suivants dans 50 ml d'eau bidis- clarifier par passage à travers un filtre WHATMAN N°1 ;
tillée puis ajuster à un volume final de 87 ml: - autoclaver puis laisser refroidir jusqu'à température
Digeste de caséine 2000 mg ambiante.
Extrait de levure 1000 mg
glucose 1000 mg • (II) MÉLANGE VITAMINES-TWEEN 80
NaCI 200 mg
Solution A: mélange vitamines "107"
K 2 HPO 4 100 mg
KH 2 PO 4 60 mg Composition (tableau 19-1)
Chlorhydrate de L-cystéine 100 mg
Tableau "19-1
Acide L-ascorbique 20 mg
Citrate ferrique d'ammonium 2,28 mg

1 Vitamines hydrosoiubies
solution a solution b solution c
acide nicotinique 62,5 mg niacinamide 62,5 mg riboflavine 25 mg
acide para-aminobenzoïque 125 mg chlorhydrate de pyridoxine 62,5 mg
chlorhydrate de pyridoxal 62,5 mg
chlorhydrate de thiamine
25 mg
(aneurine B1)
pantothénate de calcium 25 mg
l-inositol 125 mg
chlorure de choline 1.250 mg
dissoudre dans l'eau distillée bouillante et Dissoudre dans l'eau distillée et Dissoudre dans 75 ml eau dist. en
ajuster à un volume de 150 ml ajuster à un volume de 150 ml ajoutant NaOH 0,1 N goutte à
goutte. Porter à 150 ml
Mélanger les solutions a, b et c et ajuster à un volume total de 500 ml
2. Solution de biotine
D- biotine 30 mg
Dissoudre dans 200 ml d'eau distillée à l'aide de NaOH
0,1 N puis ajuster à un volume de 300 ml
3. Solution d'acide folique
Acide folique 30 mg
Dissoudre dans 200 ml d'eau distillée à l'aide de NaOH
0,1 N puis ajuster à un volume de 300 ml
4. Vitamines lipo-solubles
Solution a solution b
" ~~

'—
vitamine D2 (ergo-calciférol) 300 mg vitamine K3 (bisulfite sodique 60 mg
de menadione)
vitamine A (rétinol) 300 mg
Dissoudre les deux composants dans 63 ml Dissoudre dans 300 ml de
d'alcool éthylique à 95 p.100 (VA/). Tween 80/eau à 5 p.100 (V/V);
mélanger avec sol (a), et porter
à un vol. tôt. de 3000 ml
5. Solution de vitamine E
Vitamine E (acétate de tocophérol alpha) 25 mg
Dissoudre dans 250 ml d'eau distillée

227
Chap.itre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

La solution A, ou mélange de vitamines " 1 0 7 " RÉFÉRENCES


est obtenue en mélangeant:
D I A M O N D LS. (1968) Techniques of axenic cultiva-
Solution 1 500 ml tion of Entamoeba histolytica Schaudinn, 1903 and E.
Solution 2 250 ml histolytica-\\ke amoebae, Journal of Parasitology,
Solution 3 250 ml 54,1047-1056.
Solution 4 2500 ml
250 ml DIAMOND LS, H A R L O W DR A N D CUNNICK C.
Solution 5
(1978) A n e w m é d i u m for axenic cultivation of Enta-
Stériliser par filtration. Le mélange c o m p l e t d o i t moeba histolytica and other amoebae, Transactions of
être l i m p i d e et conservé à -22°C. S'il apparaît un trou- the Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene,
ble après réchauffement à la température ambiante, il 72, 4 3 1 - 4 3 2 .
d o i t être jeté. Ce trouble est dû à l'utilisation de N a O H
MARINKELLE CJ et al. (1991) A m o d i f i c a t i o n of Dia-
en excès lors de la préparation des solutions stock 1 c,
mond's m é d i u m for axenic culture of Entamoeba his-
2 o u 3.
tilytica, Transactions of the Royal Society of tropical
Solution B Medicine and Hygiene, 85, 7 4 6 - 7 4 7 .
Vitamine B 12 40 mg
Dissoudre dans l'eau distillée et ajuster à un volume total de 1.8 Milieux de culture pour flagellates
100 ml. intestinaux et assimilés
Solution C
Culture de Giardia (Keister)
Acide DL-6,8-thioctique 100 mg
Dissoudre dans l'éthanol absolu et ajuster à un volume total Remarque
de 100 ml.
Ce milieu est le TYI-33 de Diamond supplémenté en bile et sans vitamines,
Solution D inutiles pour la croissance de Giardia.
Tween 80 50 g
Dissoudre dans l'éthanol absolu et ajuster à un volume total • MILIEU
de 100 ml. K2HPO4 (Merck) 100mg
KH2PO4 (Merck) 60 mg
Mélange final Vitamines-Tween 80
Trypticase peptone 2g
Solution A 1 0 0 0 ml Extrait de levures 1g
Solution B 12 ml Glucose 1g
Solution C 4 ml NaCI 200 mg
Solution D 4 ml Chlorhydrate de cystéine monohydraté
Eau distillée 180 ml (Sigma C-1276) 1g
Acide ascorbique (Merck) 20 mg
Le v o l u m e final est de 1200 ml. Stériliser par fil-
Citrate d'ammonium ferrique 2,28 mg
tration. Le mélange 11 (vitamines-tween 80) est c o n -
Bile de boeuf déshydratée (Sigma B3883) 75 mg
servé à -20°C.
Eau distillée 90 ml
• (III) SÉRUM BOVIN Ajuster le pH à 7,0 - 7,2 avec NaOH 1N

Inactiver pendant 3 0 minutes à 56°C. • ADDITIONS

• (IV) ANTIBIOTIQUES Sérum de boeuf i n a c t i v é l 0 ml

U n mélange de 0,25 m g / m l de streptomycine et de - Stériliser par filtration (Minisart 0,45pm);


2 5 0 U / m l de pénicilline; - répartir en tubes (± 15 ml par tube), flacons o u
bouteilles j u s q u ' à au moins 8 0 p.100 de leur
ou
capacité;
un mélange de 5 0 0 pg/ml de pipéracilline et de 125 U / - conserver en azote liquide.
ml d'amikacine.
• ENTRETIEN DES CULTURES
Entretien des cultures
Les tubes semi-cylindriques, possédant une surface
Le repiquage est nécessaire tous les trois o u qua- plane, sont inclinés dans l'étuve à 37°C. Le repiquage
tre jours. est nécessaire tous les trois o u quatre jours.

228
Protozoaires des matières fécoles

RÉFÉRENCE Culture de Trichomonas vaginalis (II)

KEISTER DB. (1983) A x e n i c c u l t u r e of Giardia lamblia Son isolement et sa croissance sont aussi possi-
in TYI-33 m é d i u m s u p p l e m e n t e d w i t h bile, Transac- bles dans le m i l i e u TYI S33 décrit p o u r E. histolytica.
tions of the Royal Society of Tropical Medicine and
RÉFÉRENCES
Hygiene, 77, 4 8 7 - 4 8 8 .
FEINBERG JG A N D W I T T I N G T O N MJ. (1957) A c u l -
Culture de Trichomonas vaginalis (!)
ture m é d i u m for Trichomonas vaginalis Donné and
• PRODUITS species of Candida, Journal of clinical Pathology, 10,
Extrait de foie* 25,0 g 327-329.
Glucose 5,0 g
L O W E G H . (1965) A c o m p a r i s o n of current laboratory
Na Cl 6,5 g
methods a n d a n e w semi-solid c u l t u r e m é d i u m for the
Agar 1,0 g
détection of Trichomonas vaginalis, Journal of clinical
Eau distillée 1.000 ml
Pathology, 18, 4 3 2 - 4 3 4 .
pH 6,4 ± 0,2
^Extrait de foie: "Oxoid Liver Infusion" donne de bons résul-
tats.
Minimal Essential Médium (MEM)

• PRÉPARATION • COMPOSITION

- M e t t r e les ingrédients dans un litre d'eau, porter Trypticase (BBL 11921) 20,0 g
Extrait de levure 10,0g
à é b u l l i t i o n j u s q u ' à dissolution c o m p l è t e ;
Maltose 5,0 g
- stériliser par autoclavage (121°C) pendant 15
L-cystéine-HCI 1,0g
minutes;
Acide L-ascorbique 0,2 g
- laisser refroidir j u s q u ' à 50°C; K2HPO4 0,8 g
- ajouter 8 0 m l de sérum de cheval* inactivé et KH2PO4 0,8 g
a c i d i f i é à p H 6,0. Agar noble (Difco 0142) 0,5 g
Eau distillée 900 ml
Pour l ' u t i l i s a t i o n en diagnostic, la croissance bacté-
rienne peut être inhibée par a d d i t i o n d ' a n t i b i o t i q u e s * * FABRICATION
Le p H de ce m i l i e u est de 6 , 4 ± 0,2. - Dissoudre les produits, sauf l'agar, dans l'eau dis-
tillée; ajusteV à p H 6,5; ajouter l'agar; autoclaver.
• ADDITIONS
- A j o u t e r avant l ' e m p l o i :
*Sérum de cheval Na 2 HC03 2,0 g par litre
Inactiver par chauffage à 5 6 ° C pendant 3 0 minutes; Sérum de veau foetal stérilisé 10 p.100
Solution pénicilline - streptomycine 1 p.100
acidifier à p H 6,0 par a d d i t i o n d ' H C I 1 N.
- Ajuster à un p H de 7,2 par barbotage d ' a i r h u m i -
**Antibiotiques difié et enrichi à 10 p . 1 0 0 de C O 2 .
P é n i c i l l i n e 1 0 0 0 unités et streptomycine 5 0 0 |ig par m l
• UTILISATION
de m i l i e u
ou Culture de Blastocystis hominis , de m i c r o s p o r i -
C h l o r a m p h é n i c o l 100 |ig par m l de m i l i e u . dies ..

• CONSERVATION DU MILIEU PRÉPARÉ

A l'abri de la lumière et au réfrigérateur, entre 2 et 8°C. Produits nécessaires pour la confection des
• ENTRETIEN DES CULTURES milieux ci-dessus (tableau 19-2).
- Inoculer le m i l i e u et incuber à 3 5 ° C pendant 3 à
5 jours;
- e x a m i n e r p é r i o d i q u e m e n t en prélevant au f o n d
d u tube.

Remarque

Les Candida poussent aussi dans ce milieu. Leur croissance éventuelle ne


gène pas celle des Trichomonas.

229
T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

T a b l e a u -19-2
Ingrédients source code conditionnement
Compilation Sigma N0765 25 g
Nicotinic a c i d (niacin)
Chantai VAN OVERMEIRE
Para-aminobenzoïc acid Sigma A9879 1 g
Laboratoire de Protozoologie, IMT,
Anvers Sigma N3768 100 g
Niacinamide

Pyridoxine h y d r o c h l o r i d e Sigma P6280 5 g

Pyridoxal h y d r o c h l o r i d e Sigma P6155 500 mg

T h i a m i n e hydrichloride (aneurine, vit. B1) Sigma T4625 5 g

Calcium p a n t h o t e n i c a c i d Sigma P6045 5 g

i-inositol Sigma 17508 50 g

Choline c h l o r i d e Sigma C7527 100 g

Riboflavin (vit. B2) Sigma R4500 5 g

D-biotin (vit. H) Sigma B4639 500 mg

Folie a c i d Sigma F8758 5 g

Ergocalciferol (vit. D2) Sigma E9007 1 g

Retinol (vit. A) Sigma R7632 500 mg

M e n a d i o n e s o d i u m bisulfite (vit. K) Sigma M5750 25 g

Alpha t o c o p h e r o l a c e t a t e (vit. E) Sigma T3376 5 g

C y a n o c o b a l a m i n (vit. B12) Sigma V2876 100 m g

DL-6,8-thioctic a c i d Sigma T5625 500 mg

Piperacilline Sigma P8396 1 g

Amikacine Sigma A3650 250 mg

Tween 8 0 Merck 822187 500 ml

Ethanol a b s o l u t e Merck 983 1 I

E n z y m a t i c digest of c a s e i n LED-Techno BBL 97023 500 g

Trypticase p e p t o n e Becton-Dickinson 11921 500 g

Yeast e x t r a c t Difco 0127-02-6 100 g

D-glucose Sigma G7021 100 g

NaCI Vel 1723 1000 g

K 2 HPO 4 Merck 5101 1000 g

KH 2 PO 4 Merck 4873 250 g

NaOH Merck 6498 500 g

L - c y s t e i n e HCI Sigma C1276 10 g

Ascorbic a c i d Sigma A4544 25 g

Ferrie a m m o n i u m citrate (brownl) Sigma F5879 100 g

Bovine s é r u m (adult) Biofluids, inc. 203 5 0 0 ml

D e h y d r a t e d b o v i n e bile Sigma B3883 25 g

Fœtal c a l f s é r u m EuroBiochem 500 ml

230
Protozoaires du sang et des tissus Chapitre 19

2. Protozoaires du sang et des tissus indicateur ajouté à l'eau à neutraliser (bleu de


bromothymol).
- Lors du rinçage à l'eau du robinet, éviter le jet
2.1 Préparations pour la microscopie
brutal q u i peut décoller le prélèvement.
Examen à frais
Frottis et sa coloration
• PROCÉDURE
U n e (petite) goutte de sang prélevée au doigt est
U n e petite goutte de sang est déposée au centre placée à l'extrémité d ' u n e lame porte objet. Sans atten-
d ' u n e lame porte-objet et i m m é d i a t e m e n t recouverte dre, placer le petit côté d ' u n e autre lame (rodée de pré-
d ' u n e lamelle. Le sang s'étale par capillarité en couche férence) au contact de la goutte. Les deux lames
mince. Si la goutte n'est pas trop grosse, le sang ne forment un angle de 45°. Attendre que le sang se
débordera pas. répande le long de l'angle dièdre ainsi formé.
Examiner sans attendre à l'objectif X 4 0 (avant le Pousser la lame inclinée vers l'autre extrémité d u
séchage d u sang). porte-objet en entraînant derrière elle le sang q u i
• PARASITES RECHERCHÉS s'étale en une couche d'épaisseur m i n i m e . Le mouve-
ment d o i t être régulier, ininterrompu, jusqu'à épuise-
Les protozoaires sanguicoles mobiles: trypanoso-
ment de la goutte de sang.
mes.
Dans un frottis correctement fait, les globules
Goutte épaisse (GE) et sa coloration rouges ne sont pas superposés, ils sont les uns à côté
des autres. Le frottis s'arrête avant l'extrémité du porte-
• PRINCIPE
objet (queue d u frottis) si la goutte de sang déposée sur
U n e goutte de sang est placée sur une lame la lame n'était pas trop grosse.
porte-objet et i m m é d i a t e m e n t défibrinée par un m o u -
v e m e n t en spirale fait à l'aide d u c o i n d ' u n e autre O n laisse sécher et o n pratique, c o m m e pour la
lame. Ce m o u v e m e n t aura aussi p o u r effet d'étaler le GE, une coloration au Giemsa mais q u i sera précédée
sang sur une surface d'1 à 2 c m de diamètre (figure d ' u n e fixation de trois minutes par le méthanol absolu.
19-1). Dans ce cas, les érythrocytes seront conservés avec les
parasites qu'ils contiennent éventuellement. La colora-
Séchage sans exposition à une chaleur excessive tion p a n o p t i q u e de Pappenheim (May-Grunwald-
(soleil !) puis coloration, sans fixation préalable, avec Giemsa), qui sert à colorer les frottis pour f o r m u l e leu-
une solution aqueuse de Giemsa q u i aura une d o u b l e cocytaire, peut aussi être e m p l o y é e mais elle n'ajoute
action: hémolyse (déshémoglobinisation) et coloration. rien à la qualité de la coloration des parasites.
Laver à l'eau, laisser sécher en position verticale avant
d'examiner. Seuls seront restés sur la lame les leucocy- Frottis et goutte épaisse sur la même lame
tes et les parasites éventuels. La recherche des proto-
zoaires se fait à l ' i m m e r s i o n (obj. X100). Lors d'enquêtes épidémiologiques, lorsque des
séries importantes doivent être faites, il est possible de
• DÉTAILS IMPORTANTS POUR RÉSULTAT OPTIMAL faire coexister les deux prélèvements: le frottis sera
- D é f i b r i n a t i o n plutôt qu'utilisation d'anticoagu- plus court (encore moins de sang!), n ' o c c u p a n t que la
lants (l'EDTA étant le moins mauvais). moitié de la lame, l'autre moitié étant réservée à la
- Séchage à fond, toutefois sans chauffage, pour goutte épaisse. La p r i n c i p a l e difficulté est de procéder
éviter la fixation des hématies q u i empêcherait à la fixation d u frottis en laissant la goutte épaisse non
leur destruction. Eviter l'exposition des lames au fixée (attention aux vapeurs de méthanol!).
soleil, m ê m e en boîtes fermées.
2.2 Préparation du colorant de Giemsa
- Coloration pendant 2 0 à 4 0 minutes au Giemsa
d i l u é (5 à 10 p.100) dans de l'eau tamponnée La solution mère de Giemsa doit être traitée avec
(tampon phosphate) o u neutralisée à p H 7,2 (voir beaucoup de soins: b o u t e i l l e de verre brun herméti-
c o l o r a n t de Giemsa). La neutralisation (alcalini- quement fermée, pas d'agitation, armoire fermée. A
sation) de l'eau, souvent trop acide, peut aussi partir de cette bouteille de solution mère, prélever la
s'effectuer par l ' a d d i t i o n de quelques gouttes quantité nécessaire dans un flacon compte-gouttes o u
d ' u n e solution saturée de carbonate de l i t h i u m ; dans un cylindre gradué. N e jamais reverser un surplus
l ' é v o l u t i o n d u p H sera suivie par le virage d ' u n éventuel dans la bouteille de solution mère.

231
Chap.itre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

Figure 19-1 *! " o g ' W l md brrtan-


— niques et américains.
— Quel e s t le rôle
Goutte épaisse correctement furtif F-117 ? -
effectuée ?lieront à la rescousse
teurs F14, F-J5, F-IB
1. Délibrination et étalement se font
d'un mouvement en spirale.
2. La préparation doit être suffisam-
ment mince pour ne pas être opa-
que.

La d i l u t i o n (entre 5 et 10 p.100) doit être faite Bleu de bromothymol (solution à 0,02 p.100 de
extemporanément, dans une eau l i m p i d e (sinon filtrer bleu de bromothymol prête à l'emploi)
sur filtre d e papier) d o n t le p H est c o m p r i s entre 7,0 et poudre de bleu de bromothymol 0,1 g
7,2. Ce p H peut être o b t e n u par l'utilisation d ' u n e eau distillée 15 ml
solution t a m p o n n é e o u par neutralisation de l'eau, solution de NaOH N/20 3,2 ml
généralement trop acide à cause d u C O 2 dissous. Chauffer au bain marie pour assurer la dissolution;
porter à 500 ml avec de l'eau distillée. Placer dans un flacon
Préparation d'un tampon phosphate compte-gouttes.
(selon Sôrensen)
Pour l ' e m p l o i , ajouter quelques gouttes d ' i n d i c a -
• SOLUTIONS STOCK teur dans un d e m i - l i t r e d ' e a u (suffisamment pour que
la c o u l e u r d e v i e n n e visible).
Na2HP04.2H20 11,87 g/l (1)
KH2P04 9,07 g/l (2) La c o u l e u r est j a u n e en solution acide et bleue
en solution alcaline. Le p H neutre d o n n e une couleur
• QUANTITÉS POUR OBTENIR
gris-verdâtre.
un pH de 7,0 un pH de 7,2
(1) 61 ml (1) 72 ml 2.3 C o l o r a t i o n s utiles e n h i s t o l o g i e
(2) 39 ml (2) 28 ml d e s porasitoses
Eau distill. 900 ml Eau distill. 900 ml
Coloration à l'hématoxyline d'Ehrlich
Remorque
• COLORANT
Il existe dans le commerce, sous forme d'ampoules ou de comprimés, des
Produits
mélanges tampons préparés, de pH connu, que l'on peut diluer dans une
Hématoxyline 2g
quantité donnée d'eau distillée pour assurer la stabilité du pH (Titrisol®
Alcool absolu 100 ml
Merck pH 7).
Clycérol 100 ml
Eau distillée 100 ml
Neutralisation
Acide acétique glacial 10ml
L'eau distillée o u d u robinet sont généralement Alun de potasse en excès (K2 S 0 4 A I 2 [ S 0 4 ] 3 24 H 2 0)
acides. Pour ramener le p H à 7, o n peut ajouter à l'eau Préparation
d'un b a l l o n , quelques gouttes d ' u n e solution saturée - Dissoudre l ' h é m a t o x y l i n e dans l'alcool avant
de carbonate de l i t h i u m . Cette alcalinisation se fera d'ajouter les autres constituants;
sous le c o n t r ô l e d ' u n indicateur d o n t le virage (chan-
- ajouter ensuite le glycérol et l'eau distillée;
gement d e couleur) permet de s'arrêter au p H désiré.
- faire une solution saturée de potasse dans u n
Utilisation des indicateurs récipient séparé en chauffant; laisser tiédir;
- ajouter la solution d ' a l u n à l ' h é m a t o x y l i n e ;
Les indicateurs sont des colorants qui changent
- ajouter l ' a c i d e acétique glacial en dernier lieu.
de couleur en f o n c t i o n d u p H et q u i permettent donc
d'apprécier celui-ci. Le b l e u de b r o m o t h y m o l est parti- En faire une g r a n d e q u a n t i t é et placer dans des b o u -
culièrement adapté pour la détermination du p H neu- teilles en verre clair, bouchées à l'ouate et laisser
tre. m û r i r 3 mois à la l u m i è r e d u j o u r ("gentle sunlight").

232
Protozoaires d u sang e t des tissus Chapitre 19

• PROCÉDURE (POUR COUPES DE TISSUS FIXÉS Hématoxylline


ET ENROBÉS DANS LA PARAFFINE) hématoxylline d'Ehrlich ou hémalun
- Déparaffiner par chauffage et traitement au x y l o l ; Vert lumière
- enlever le x y l o l par l ' a l c o o l m é t h y l i q u e (répéter Solution stock
trois fois); Vert lumière en cristaux 0,2 g
- laver à l'eau courante dans un bac à c o l o r a t i o n ; Eau distillée 100 ml
- sans laisser sécher à a u c u n m o m e n t , recouvrir Acide acétique glacial 0,2 ml
d ' h é m a t o x y l i n e les préparations q u i seront pla- Solution prête à l'emploi
cées d ' a b o r d sur une p l a q u e chauffante p e n d a n t Solution stock 10 ml
5 minutes puis à température ambiante p e n d a n t Eau distillée 50 ml
15 minutes;
• PROCÉDURE
- laver en eau courante (du robinet, légèrement
- Déparaffiner par chauffage et x y l o l et amener à
alcaline) dans les bacs à coloration j u s q u ' à
l'eau (voir hématoxyline);
bleuissement des tissus (pas moins de deux
minutes); - traiter à l'acide p é r i o d i q u e 0,5 p . 1 0 0 p e n d a n t 10
minutes;
- rincer b r i è v e m e n t à l ' a l c o o l acide (0,5 p.100
HCI); - laver en eau courante pendant 5 minutes;

- laver en eau c o u r a n t e ( c o m m e précédemment) - passer dans le réactif de Schiff p e n d a n t 10 m i n u -


j u s q u ' à bleuissement; tes;

- c o l o r e r à l'éosine à 1 p . 1 0 0 pendant 2 minutes; - rincer dans trois bains d'eau sulfureuse p e n d a n t


d e u x minutes chaque fois;
- laver en bac p e n d a n t 2 minutes;
- laver à l'eau pendant 3 à 5 minutes;
- déshydrater en a l c o o l méthylique;
- colorer les noyaux par l ' h é m a t o x y l i n e ;
- traiter à l ' h u i l e de c l o u de girofle;
- c o l o r a t i o n c y t o p l a s m i q u e éventuelle par le vert
- traiter au x y l o l à trois reprises;
lumière.
- m o n t e r au b a u m e de Canada sous une lamelle.
• RÉSULTAT

Les structures polysaccharidiques sont colorées


Remarque
en rouge.
Pour les frottis ou empreintes d'organes, la fixation se fera au méthanol avant
l'application de l'hématoxyline; la déshydratation en fin de traitement est Coloration nucléaire de Feulgen
inutile.
• PRODUITS NÉCESSAIRES

® RÉSULTAT HCI IN

N o y a u x (bleus) et cytoplasme (rouge) sont b i e n Réactif de Schiff


colorés, le contraste est excellent, la précision f o u r n i e Solution de métabisulfite de Na acidifié
par cette c o l o r a t i o n est remarquable. Métabisulfite de Na à 1 p.100 dans l'eau 50 ml
HCI 0,1 N 50 ml

Coloration PAS (Periodic acid - Schiff) Vert lumière

• PRODUITS NÉCESSAIRES » PROCÉDURE


- Les coupes seront déparaffinées et amenées à
Acide périodique 0,5 p . 1 0 0 dans l'eau distillée
l'eau (voir hématoxyline);
Réactif de Schiff (peut être o b t e n u dans le commerce)
- hydrolyser dans HCI 1 N à 60°C p e n d a n t 8 à 15
fuchsine basique, métabisulfite de Na, HCI, mélange déco-
minutes (dépend d u fixateur utilisé);
loré par le charbon
- laver à l'eau;
Eau sulfureuse de rinçage
- traiter au réactif de Schiff pendant 10 minutes;
bisulfite de Na à 10 p.100 10 ml
HCI I N 10 ml - enlever le réactif de Schiff par un j e t de métabi-
Eau distillée 180 ml sulfite de Na acidifié;
Chap.itre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

- immerger dans le métabisulfite acidifié 3 fois rer les trypanosomes mobiles à p r o x i m i t é de la c o u c h e


d e u x minutes; de leucocytes.

- laver à l'eau d u robinet pendant 5 minutes; La centrifugation et l ' e x a m e n d u sang de 12


patients peuvent être effectués en 2 0 à 3 0 minutes.
- c o l o r e r le cytoplasme au vert lumière.

• RÉSULTAT • APPLICATIONS

Les sites contenant de l ' A D N sont colorés en Recherche de Trypanosoma gambiense, Trypa-

pourpre. nosoma cruzi

2.4 Techniques d e concentration Variante: le "quantitative buffy coat" (QBC)


par centrifugation • PRINCIPE

Technique du "buffy coat" Centrifugation différentielle avec visualisation

appliquée aux trypanosomes des noyaux des p i a s m o d i u m s colorés par l'acridine


orange, à l'intérieur d ' u n tube capillaire.
• PRINCIPE
• PROCÉDURE
Le poids spécifique (densité) des trypanosomes
Il s'agit d ' u n tube c a p i l l a i r e tapissé d ' a c r i d i n e
est le m ê m e que celui des leucocytes et inférieur à
orange et d ' u n anticoagulant. U n flotteur c y l i n d r i q u e
celui des hématies. La centrifugation d ' u n tube c a p i l -
en plastique massif, possédant u n e densité intermé-
laire hépariné r e m p l i de sang parasité causera la sédi-
diaire entre celle du plasma et c e l l e des érythrocytes,
mentation des éléments: au f o n d les hématies, plus
est i n t r o d u i t "à frottement d o u x " dans le capillaire,
lourdes, puis les leucocytes et les parasites, enfin le
après le prélèvement de sang d ' u n v o l u m e de 6 0 pl. La
plasma.
centrifugation fait migrer le flotteur au niveau d u "buffy
• MÉTHODE coat" et provoque un étalement de celui-ci.

R e m p l i r un capillaire hépariné de 7 0 pl de sang Le matériel spécialisé est c o m m e r c i a l i s é par la


pris au doigt, fermer une extrémité à la plasticine et f i r m e Becton-Dickinson.
centrifuger à plus de 1 2 . 0 0 0 tours/min. p e n d a n t 5
C'est une t e c h n i q u e relativement s i m p l e mais
minutes. Le résultat est une séparation des globules
elle requiert une centrifugation (une centrifugeuse por-
rouges et d u plasma. A l'interface entre les d e u x pha-
tative "parafuge" sur batterie est fournie) et un micros-
ses, une c o u c h e blanchâtre est visible où sont c o n c e n -
c o p e é q u i p é d ' u n éclairage ultraviolet. U n objectif
trés les leucocytes et les trypanosomes éventuels.
spécial (paralens), filtrant les rayons ultra-violets et
Découper, à l'aide de deux traits de lime, une relié par fibres optiques à une source lumineuse
section a l l a n t de 1 m m sous la c o u c h e de leucocytes halogène, peut être vissé sur n ' i m p o r t e quel micros-
(globules rouges supérieurs) à 2 c m au dessus cope.
(plasma). Faire sortir, à l'aide d ' u n e poire m i c r o c a p i l -
O n a prétendu que cette m é t h o d e était plus sen-
laire, le c o n t e n u de cette section: plasma, c o u c h e lai-
sible que la m i c r o s c o p i e c o n v e n t i o n n e l l e . Elle est sur-
teuse ("buffy coat") et quelques érythrocytes. Porter des
t o u t plus rapide mais d e m a n d e u n e b o n n e e x p é r i e n c e
gants p o u r effectuer cette m a n i p u l a t i o n .
d u microscope.
L'examen de cette goutte à frais entre lame et
• APPLICATIONS
lamelle, é v e n t u e l l e m e n t au contraste de phase o u au
f o n d noir, permet aisément de repérer les parasites Le Q B C a été décrit p o u r la recherche des pias-
mobiles. m o d i u m s dans le sang mais il p o u r r a i t s'avérer utile
p o u r d'autres parasites sanguicoles d o n t les condensa-
• VARIANTE DE W O O
tions d ' A D N sont importantes: trypanosomes, m i c r o f i -
Il est possible d ' e x a m i n e r au m i c r o s c o p e l'inter- laires...
face érythrocytes-plasma à l'intérieur d u capillaire,
sans le casser. Remarque

Le t u b e est placé dans une rigole creusée sur un On a proposé d'examiner en fluorescence une goutte de sang du patient sus-
support transparent q u i prend place sur la p l a t i n e du pect, simplement additionnée d'acridine orange ou d'un autre colorant fluo-
microscope. A l'aide d ' u n objectif X I 0 , o n peut repé- rescent, la benzothiocarboxypurine. Après mélange avec le colorant, le sang

234
Protozoaires du sang et des tissus Chapitre .19

est étalé sous un couvre-objet. L'examen peut être fait après deux minutes. Pour le sang de rat (PSG 6:4)
La lecture est rapide à l'objectif spécial X60 appelé "Makier fluorescence pH à 20°C: 7,95 à 8,05 (acidifier si nécessaire avec quelques
objective", dont le principe est semblable à celui de Becton-Dickinson. gouttes d'HCI 1 N);

RÉFÉRENCES force ionique: 0,22


Na2HP04.2H20 10,14 g
LEVINE M , W A R D L A W SC A N D PATTON CL. (1989) NaH2P04.1H20 0,41 g
Détection of haemoparasites using quantitative buffy NaCI 2,55 g
coat analysis tubes, Parasitology Today, 5, 1 3 2 - 1 3 4 . Glucose 15,00 g
Eau distillée pour faire 1,00 1
PARZY D, R A P H E N O N G, MARTET G et al. (1990)
• MÉTHODE
Quantitative Buffy Coat test (QBC), Test M o n o f l u o k i t
falciparum. Intérêt comparé dans le diagnostic rapide U n e suspension de "diéthylamino-éthyl cellu-
d u paludisme, Médecine Tropicale, 50, 9 9 - 1 0 2 . lose" (cellulose DEAE) dans un t a m p o n de p H et de
force ionique déterminés avec précision, est versée
MAKLER MT, RIES J, H O R T O N RJ A N D HINRICHS DJ.
dans un cylindre (ou s i m p l e m e n t le corps d ' u n e serin-
(1991) Détection of Plasmodium falciparum infection
gue en plastique) dont l'extrémité inférieure est fermée
w i t h the fluorescent dye, b e n z o t h i o c a r b o x y p u r i n e ,
par un filtre (verre fritte o u simple papier filtre) qui
American Journal of Tropical Medicine and Hygiene,
retient la cellulose mais laisse passer les liquides. Le
44, 11-16.
flux de t a m p o n peut être réglé grâce à un robinet o u
une pince située à la sortie de la c o l o n n e .
2.5 Techniques de concentration par filtration
La cellulose sédimente sur le filtre et f o r m e une
Elution du sang sur résines échangeuses c o l o n n e de densité régulière tandis que le t a m p o n
passe au travers de cette c o l o n n e de quelques centimè-
d'ions (méthode de Lanham)
tres de hauteur.
• PRINCIPE Le sang citraté ou hépariné est versé avec pré-
caution à la pipette sur la face supérieure de la
Les éléments figurés d u sang possèdent une
colonne, à l'interface c o l o n n e - t a m p o n . Le flux créé par
charge électrique de surface différente de celle des
l'addition régulière de t a m p o n par le dessus d u c y l i n -
parasites. Les résines échangeuses d'ions, réseau cellu-
dre entraîne le sang et ses constituants à travers la cel-
losique en suspension dans une solution tamponnée,
lulose et est recueilli dans des tubes au bas de la
o n t la capacité de retenir des cellules ayant une charge
colonne.
électrique bien précise. Les cellules retenues varieront
suivant le p H et la force ionique (concentration) d u Tous les éléments d u sang sont retenus dans la
t a m p o n utilisé p o u r leur équilibrage. Pour chaque sang cellulose tandis que les trypanosomes passent au tra-
( h o m m e , animal) à traiter, un é q u i l i b r e spécifique doit vers et sont récoltés avec le t a m p o n à la sortie. Ils peu-
être respecté (Lanham, 1970). vent être ensuite concentrés soit par centrifugation et
examen du culot, soit par filtration sur une membrane
• MÉLANGES TAMPONS m i l l i p o r e de 1 à 2 n m de porosité et examen d u résidu
retenu à la face supérieure de la membrane.
Les tampons PSG contiennent d u phosphate de
sodium, d u sel (NaCI) et du glucose. Toutes ces manipulations doivent être faites en
m i l i e u stérile pour éviter les erreurs dues à la présence
Pour le sang d'homme ou de souris (PSG 5:5)
d'autres microorganismes mobiles.
pH à 20°C: 7,95 à 8,05 (acidifier si nécessaire avec quelques
gouttes d'HCI 1 N); • APPLICATIONS
force ionique 0,18. Trypanosomes africains humains mais aussi ani-
Na2HP04.2H20 8,45 g maux (T. evansi, T. equinum et T. equiperdum).
NaH2P04.1H20 0,34 g
RÉFÉRENCE
NaCI 2,13 g
Glucose 15,00 g L A N H A M SM A N D GODFREY D G . (1970) Isolation of
Eau distillée pour faire 1,00 l salivarian trypanosomes f r o m man and other mammals
Stériliser sur filtre Sartorius 0,22 Jim après préfiltration sur fil- using DEAE-cellulose, Experimental Parasitology, 28,
tre épais. 512-534.

235
Chap.itre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET LA RECHERCHE

Variante Lumsden La " c l a r i f i c a t i o n " peut être suivie par une centri-
("mini Anion Exchange Centrifugation f u g a t i o n d u sang hémolysé avec examen du s é d i m e n t

Technique", m-AECT) au m i c r o s c o p e . La m é t h o d e est à l'étude p o u r l'utilisa-


t i o n sur le terrain.
Nécessaires à usage unique, prêts à l ' e m p l o i ,
• APPLICATIONS
contenant la c o l o n n e et le mélange t a m p o n stérilisés.
Il faut disposer, en plus, d ' u n e centrifugeuse. Placer la Tous les trypanosomes
c o l o n n e contenant la cellulose DEAE en position verti-
cale sur un portoir, laisser se tasser la cellulose, rem- 2.7 Milieux d e culture
placer le t a m p o n q u ' e l l e contient et rincer la c o l o n n e pour flagellates sanguicoles
à l'aide de la réserve de t a m p o n .
L'hémoculture est utile p o u r le diagnostic o u la
A j o u t e r aux 10 m l de t a m p o n m-AECT, le glu- p r o d u c t i o n d'antigènes de certains parasites. Elle peut
cose (fourni dans le "kit"). Après dissolution, faire aussi f o u r n i r au laboratoire le matériel d o n t il a besoin
s'écouler un peu de ce t a m p o n à travers la c o l o n n e p o u r la d é t e r m i n a t i o n des souches par iso-enzymes.
pour ajuster son p H et sa force i o n i q u e . O n choisira de préférence un a n t i c o a g u l a n t a n t i - c o m -
Prélever au d o i g t ± 2 0 0 pl de sang dans un tube plémentaire. L'héparine ne c o n v i e n t pas.
hépariné, puis verser ce prélèvement sur le filtre supé-
La c u l t u r e des trypanosomes d u LCR a m é l i o r e la
rieur de la c o l o n n e et le laisser pénétrer dans le filtre.
sensibilité de leur recherche: elle a d o n n é de meilleurs
Placer le réservoir et son j o i n t en c a o u t c h o u c sur
résultats q u e la d o u b l e centrifugation.
l'extrémité supérieure de la c o l o n n e . Il est ainsi fixé en
position verticale. Verser le t a m p o n fraîchement pré- Bouillon au sang
paré dans le réservoir. Il va s'écouler lentement à tra- pour culture de flagellates sanguicoles
vers le filtre supérieur et la c o l o n n e , entraînant le sang
et ses constituants à travers la cellulose. Préparation
Brain Heart Infusion (Difco 0037) 37,0 g
Placer le tube prévu à cet usage en dessous de la
Eau distillée 1,0 I
c o l o n n e pour recueillir l'éluat (tampon et trypanosomes
éventuels). Les cellules sanguines sont retenues dans la - Stériliser à l'autoclave;
colonne. Centrifuger ce tube à 1 5 0 0 t/m pendant 5 - répartir en tubes par 5 ml;
minutes et recueillir le c u l o t pour examen à frais. - ajouter du sang de lapin défibriné: 0,5 ml par tube.

Remarque Milieux diphasiques


Ce matériel peut être obtenu au Projet de Recherche Clinique sur les Trypa-
pour flagellates sanguicoles
nosomiases (PRCT) Daloa, Côte d'Ivoire. • AGAR AU SANG DE LOCKE OU TOBIE MODIFIÉ

2.6 Techniques d e concentration Phase solide


par hémolyse H2O distillée 1000 ml
Bacto-Tryptose (Difco) 15,0g
Examen à frais après hémolyse (Test de NaCI 4,0 g
clarification de Van Meirvenne et Bûcher) Na3 PO4.I2H2O 5,0 g
KCI 0,4 g
• MÉTHODE
Gélose (BactoAgar, Difco) 15,0g
Placer une goutte de sang (10-20 pl) sur une pH 7,6
lame. A j o u t e r , à l'aide d ' u n e anse de platine, l O p l d u Solution de Locke
réactif h é m o l y t i q u e c o n c e n t r é (sodium dodécyl sulfate 1000,0 ml
H2O distillée
à 1 p . 1 0 0 dans du t a m p o n glucosé), puis mélanger. KCI 0,20 g
Placer un c o u v r e - o b j e t de 2 4 X 3 2 m m et examiner au CaCI 2 0,20 g
m i c r o s c o p e (ocul. X10, o b j . X10 o u X25). KH2P04 0,30 g
MgS0 4 .7H 2 0 0,10 g
Les érythrocytes sont hémolysés, les parasites
NaHC03 1,00 g
sont intacts et mobiles dans un c h a m p ne c o n t e n a n t
Glucose 2,50 g
plus q u e des leucocytes.
Pénicilline 200 U/mi
Cette méthode raccourcit significativement la Streptomycine 200 (ig/ml
durée de la lecture au m i c r o c o p e . pH 7,4

236
Protozoaires du sang et des tissus Chapitre 19

Préparation Phase liquide


- Dissoudre les composants de la phase solide Brain Heart Infusion (Difco 0037) 37,0 g
dans l'eau distillée par agitation magnétique sur Eau distillée 1,0 1
plaque chauffante j u s q u ' à é b u l l i t i o n ; Stériliser et ajouter aux tubes de manière à recouvrir les pen-
- répartir à raison de 8 0 ml par flacon de 100 ml à tes d'agar.
b o u c h o n à vis; Applications
- autoclaver 30 minutes à 120 °C et conserver à 4 °C;
Diagnostic par culture des leishmanies.
- au m o m e n t de l ' e m p l o i , faire f o n d r e les 80 ml de
gélose au bain-marie à é b u l l i t i o n ; ensuite stabili- Le milieu GLSH
ser la température à 56 X °C pendant une demi-
C'est un milieu monophasique qui contient glu-
heure, en ajoutant 2 0 m l de sang de lapin pré-
cose, lactalbumine, sérum de veau fœtal, hémoglobine
levé stérilement sur héparine;
de boeuf ou mieux, d'homme. Il permet la croissance
- mélanger le sang et la gélose; répartir 1 m l par de la plupart des espèces de la famille des Trypanoso-
tube; boucher au c a o u t c h o u c et laisser gélifier matidae.
(par refroidissement) en position inclinée;
• MILIEU (pour 1 litre)
- incuber 4 8 heures à 3 7 °C p o u r contrôle de stéri-
NaCI 8,00 g
lité;
KCI 0,40 g
- ajouter 3 ml de solution de Locke par tube au MgS0 4 .7H 2 0 0,20 g
m o m e n t de l'usage. Na2HP04.2H20 3,35 g
KH2PO4 0,70 g
Applications
NaHC0 3 0,35
Culture desTrypanosomatidae. CaCI 2 .2H 2 0 0,15 g
Glucose 1,00 g
• MILIEU DIPHASIQUE " N N N "
Lactalbumine 3,00 g
(NOVY-NICOLLE-MAC NEAL)
• ADDITIONS
Phase solide
Gélose au NaCI et au sang, solidifiée en pente: Sérum de veau foetal 100,00 ml
Agar 14,0g Hémoglobine (sol. 2 p.100)* 150,00 ml
Rouge phénol 0,005 g
NaCI 6,0 g
Pénicilline 200 U/ml
Eau distillée 900,0 mi
Streptomycine 200 ng/ml
- Autoclaver, répartir en tubes (5 ml par tube); Eau distillée 750 ml
- avant solidification (autour de 50 °C) ajouter à chaque tube
Ajuster le pH à 6,9 - 7,0 avec HCI 1 N;
1 ml de sang de lapin défibriné;
stériliser par filtration sous pression, sur filtres de cellulose
- laisser solidifier en pente. (après une préfiltration).
Phase liquide *Préparation de l'hémoglobine
Ajouter à chaque tube 2 ml de solution de Locke ou de solu- Sang humain frais, hépariné (pas d'autres additifs!), provenant
tion saline glucosée (ce dernier ajout n'est pas prévu dans la d'un centre de transfusion ou d'une banque de sang et certifié
recette originale). séronégatif pour HIV et hépatites.
Applications Hémolyse: ajouter 1 volume de sang à quatre volumes d'eau
bidistillée; mélanger à l'agitateur magnétique pendant 10
Diagnostic par culture des leishmanies
minutes à 4°C;
• B H I BLOOD AGAR autoclaver à 121°C pendant 20 minutes;
conservation à +4°C en attendant la congélation ou la lyophi-
Phase solide
lisation.
Brain Heart Infusion (Difco 0037) 37,0 g
Agar noble 18,0 g Lyophilisation: homogénéiser dans un mixer de cuisine,
Eau distillée 1,0 1 répartir par flacons de 500 ml ou de 1 I et lyophiliser. Conser-
vation dans des ampoules scellées, à t° ambiante.
- Dissoudre par ébullition; stériliser à l'autoclave; répartir en
Solubiiisation: 2 p.100 de sang lyophilisé dans l'eau bidis-
tubes par 5 ml;
tillée, agitateur magnétique pendant une nuit à 4°C (attention
- refroidir à 48°C; à la contamination bactérienne!). Centrifuger à 10.000 tours/
- ajouter le sang de lapin défibriné: 0,5 ml par tube; min. pendant 30 minutes à +4°C, filtrer le surnageat sur
- laisser solidifier en position inclinée. papier filtre (par exemple S&S folded filters 5951/2).
Chapitre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

• APPLICATIONS - Conserver à t° a m b i a n t e (de préférence entre 15


et 20°C) et en position verticale pour éviter la
Culture massive des Trypanosomatidae.
c o n t a m i n a t i o n bactérienne suite à un contact

La trousse KIVI ("kit for in vitro isolation") prolongé du m i l i e u avec le b o u c h o n .

pour la culture des Trypanosomatidae • Expédition au laboratoire

Ce " k i t " est fabriqué au laboratoire de Protozoo- Délai autorisé de 2 à 4 semaines après inocula-
logie de l'Institut de M é d e c i n e tropicale, Nationales- tion sur le terrain.
traat 155, B-2000 A n t w e r p e n , Belgique. Examen pour recherche de trypanosomes et
subinoculation s u r T o b i e (agar-sang).
• MILIEU

15 ml de m i l i e u G L S H - D C A * additionnés du • Applications

mélange d'antibiotiques**. Diagnostic et isolement sur le terrain des trypa-


nosomes africains (humains et aniimaux)
CLSH (voir culture trypanosomes);

Additifs Variantes du KIVI


*DCA o u " d i l u t e d cis aconitate" à la concentration pour isolement des leishmanies et de T. cruzi
finale de 3 m M o l (cet élément aiderait à la transforma-
RÉFÉRENCE
tion des trypanosomes sanguicoles trypomastigotes en
formes procycliques de culture); AERTS D, TRUC P, PENCHENIER L, CLAES Y A N D LE
**Antibiotiques: p é n i c i l l i n e 5 0 0 0 U l / m l , gentamycine RAY D. (1992) A kit for in vitro isolation of trypanoso-
200 p g / m l , 5-fluorocytosine 50 p g / m l (concentrations mes in the field: first trial w i t h sleeping sickness
finales). patients in the Congo Republic, Transactions of the
Royal Society of Tropical Medicine and Hygiene, 86,
• ANTICOAGULANT
394-395.
Solution à 5 p.100 de polyanéthol sulfonate de
sodium (PAS, Sigma). 2.8 Culture d e Plasmodium falciparum

• MATÉRIEL Principe
- Flacons scellés de type p é n i c i l l i n e de 50 ml. Ils L'isolement in vitro de R falciparum à partir d ' u n
contiennent 15 ml de G L S H - D C A stérilisé; sujet parasité et sa culture c o n t i n u e reposent j u s q u ' à
- seringues à usage unique et aiguilles G 20; présent sur la présence, dans le m i l i e u de culture, de
- flacons scellés de type p é n i c i l l i n e de 10 ml con- globules rouges humains dans lesquels a lieu la schi-
tenant l'anticoagulant; zogonie. Cette culture c o m p o r t e plusieurs exigences
qui en rendent l'entretien laborieux: nécessité de
- la trousse c o m p r e n d les seringues et aiguilles
renouveler le m i l i e u tous les jours, ajout régulier de
p o u r la prise de sang, du parafilm et les deux
globules rouges compatibles, nécessité d ' u n e atmos-
types de flacons à p é n i c i l l i n e scellés contenant,
phère enrichie en C02 et teneur obligatoire de 10
les uns, le m i l i e u de culture prêt à l'ensemence-
p.100 de sérum h u m a i n .
m e n t et les autres, l'anticoagulant.

• PROCÉDURE Milieux, solutions, suspensions


- Prélever environ 9,5 ml de sang de f a ç o n asepti- • MILIEU STOCK (CONSERVATION - RPMI STOCK)
q u e avec une seringue contenant 0,5 ml de la Milieu RPMI 1640 10,42 g
solution d'anticoagulant; Tampon HEPES 5,94 g
- le mélange sang-anticoagulant est introduit à rai- Hypoxanthine 50 mg
son de 2 à 5 ml dans 1 o u 2 flacons contenant le Glucose 2g
G L S H - D C A * , en injectant à travers le b o u c h o n Eau bidistillée 1.130 ml
de caoutchouc. N ' o u v r i r les flacons en aucun - Ajuster le pH à 7,2 avec NaOH 1 N;
cas! - stériliser par filtration sur Sartorius 0,22 |am;
- conservation: ± 1 mois au réfrigérateur (+4°C).
- protéger les flacons ensemencés par d u para-
film; • MILIEU DE LAVAGE
- mélanger par agitation m a n u e l l e douce. RPMI stock tel quel
Protozoaires du sang er des tissus B B M W

• MILIEU DE CULTURE de sang congelé, se référer à la t e c h n i q u e d e


RPMI stock 100 ml décongélation des ampoules décrite plus loin;
Solution de NaHCÛ3 à 5 p.100 4 ml - ajouter le m i l i e u de culture contenant les cellules
Solution de Gentamycine* 1 ml
péritonéales de souris* et des globules rouges
Sérum humain 10 ml
neufs (éventuellement, pour ajuster la parasité-
Stériliser la solution de NaHCC>3 par filtration sur Sartorius mie) de manière à obtenir un hématocrite de 5
0,22 [im. p . 1 0 0 et si possible une parasitémie initiale
*Solution de G e n t a m y c i n e d ' e n v i r o n 1 p.100;
Gentamycine 0,2 ml - ajouter le mélange de gaz**.
RPMI stock 9,8 ml
- Les repiquages se f o n t au rythme de deux par
• PRÉLÈVEMENT ET CONSERVATION D'ÉRYTHROCYTES semaine dans des boîtes de Falcon; les cellules
20 mi de sang prélevé chez des donneurs des groupes A ou O péritonéales de souris ne sont ajoutées que lors
dans une seringue contenant 3 ml de solution ACD** comme de la première mise en culture.
anticoagulant;
centrifuger, éliminer le plasma et resuspendre le culot dans 5 *Cellules péritonéales de souris

fois son volume de RPMI stock; La cavité péritonéale de la souris est ouverte stérilement et
rincée avec du milieu stock;
recommencer trois fois ce lavage des globules;
diluer le dernier culot de manière à obtenir un hématocrite de le liquide retiré est centrifugé à 2000 tours/min. pendant 5
50 p.100; conditionner en tubes de 2 ml; minutes; le lavage des cellules du culot est répété trois fois;
conserver à +4°C jusqu'au jour de l'utilisation (maximum 3 le dernier culot est remis en suspension dans 10 ml de milieu
semaines). de culture; cela suffit à faire deux boîtes Falcon (5 ml de
milieu de culture par boite).
* * A C D (Acide-Citrate-Dextrose)
Citrate trisodique 22,0 g * * M é l a n g e de gaz
Acide citrique 8,0 g N2 96 p.100
Dextrose 24,5 g 02 1 p.100
Eau distillée 1,0 I C02 3 p.100
• PRÉPARATION DE LA SUSPENSION GLOBULAIRE LAVÉE Ce mélange est introduit dans les boîtes de culture à l'aide
(AU MOMENT DE L'EMPLOI) d'une pipette pasteur stérile; le gaz provenant de la bonbonne
Aspirer le plasma et placer le culot dans un tube à centrifuger est humidifié par barbotage dans l'eau et passe par un filtre
conique; stérilisant.
ajouter le milieu de lavage (5 fois le volume du culot globu-
• ENTRETIEN DE LA CULTURE
laire);
centrifuger à 2.000 tours/min. pendant 5 minutes; O n distingue repiquage (dilution des globules
recommencer trois fois le lavage; parasités avec des globules neufs pour partir d ' u n e
parasitémie de 1 p.100) et simple renouvellement d u
après la troisième centrifugation, ramener l'hématocrite à 50
milieu.
p.100 (un vol. culot globules + un vol. milieu de culture).
Repiquage
Procédure
- Sortir les boîtes de culture de l'étuve et transférer,
• DÉMARRAGE DE LA CULTURE à l'aide d ' u n e pipette en verre stérile, la suspen-
La culture peut se faire à partir de sang parasité sion de culture dans un tube à centrifuger c o n i -
o u de produits provenant de la cryoconservation que;
(ampoule de sang ou de culture). - centrifuger à 2 0 0 0 tours/min. pendant 5 minutes;
Le sang d u patient est prélevé sur anticoagulant - é l i m i n e r le liquide surnageant, prélever une
( l ' A C D est le m e i l l e u r mais l'EDTA convient aussi); goutte d u culot pour en faire un frottis; coloration
l ' a m p o u l e de cryoconservation est décongélée. au Giemsa et numération parasitaire;
- Placer dans un tube stérile à f o n d conique; - ajouter 2,5 ml de m i l i e u de culture et placer à
- centrifuger à 2 0 0 0 tours/min. pendant 5 minutes, l'étuve en attendant le résultat de l'examen d u
é l i m i n e r le surnageant et le remplacer par du frottis (détermination de la parasitémie). Cette
RPMI de lavage; répéter trois fois ce lavage s'il suspension servira à inoculer les nouveaux fla-
s'agit de sang de patient; si on part de cultures o u cons (inoculum).

239
Chap.itre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

- Préparer les nouveaux flacons de culture:


milieu de culture 5 ml
Suspension globulaire lavée 0,5 ml
(hématocrite: 5 p.100)

Pour calculer le v o l u m e de l ' i n o c u l u m (en ml),


o n divisera le v o l u m e préparé plus haut (ici: 2,5)
par le pourcentage de parasitémie dans l'an-
cienne culture.
- Inoculer les flacons, y ajouter du mélange de gaz
et les mettre à l'étuve.

Renouvellement du milieu

Le renouvellement d u m i l i e u de c u l t u r e se fait en
m ê m e temps q u e le repiquage (deux fois par semaine)
si la concentration des globules dans le m i l i e u (héma-
tocrite) est de 1 p . 1 0 0 .

Pour les cultures ayant une c o n c e n t r a t i o n g l o b u -


laire de 5 p . 1 0 0 dans le m i l i e u , il faudra, outre les
deux repiquages hebdomadaires, impérativement
changer le m i l i e u de culture tous les jours.

Remarque
Des modifications de la méthode sont utilisées pour la production de gamé-
tocytes ou pour réaliser des clonages; ces techniques spécialisées sont
Figure 1 9-2
décrites dans des publications.
Quadrillage des cellules à numération des éléments cellulaires dans le LCR
1. Cellule de Fuchs-Rosenthal 3. Examen du liquide
2. Cellule de Nageotte céphalo-rachidien (LCR)

3.1 Numération des cellules (éléments)


La numération d o i t se faire sur un l i q u i d e fraî-
c h e m e n t prélevé et é v i d e m m e n t , avant t o u t e centrifu-
gation. O n trouvera, au cours de la n u m é r a t i o n , des
lymphocytes et des polynucléaires. La n u m é r a t i o n des
cellules par unité de v o l u m e ( n o m b r e d'éléments par
pl) se fait sur le l i q u i d e n o n d i l u é , en c e l l u l e de
Nageotte ou de Fuchs-Rosenthal.

Le LCR n o r m a l ne c o n t i e n t pas de cellules. O n


peut en tolérer 3 à 5 par pl. En cas d ' i n f l a m m a t i o n des
méninges, des leucocytes apparaissent. Dans les trypa-
nosomiases africaines, leur n o m b r e est p r o p o r t i o n n e l à
la gravité de l'atteinte.

Cellule de Fuchs-Rosenthal
La c e l l u l e de Fuchs-Rosenthal c o m p o r t e 9 o u 16
grands carrés de 1 m m de côté, c h a c u n divisé en 16
petits carrés. L'épaisseur de la c e l l u l e est de 0,2 m m . Il
suffira d o n c de c o m p t e r les éléments présents dans 5
grands carrés p o u r obtenir le n o m b r e d'éléments p a r p l
(5 m m 2 x 0,2 m m = 1 pl) (figure 19-2).

240
E x a m e n d u liquide céphalo-rachidien
Chapitre 19

Cellule de Nageotte acide en flocons blanchâtres q u i sédimentent au f o n d


d u tube. La hauteur du s é d i m e n t est p r o p o r t i o n n e l l e à
Elle a une surface carrée de 10 m m de côté.
la quantité d ' a l b u m i n e (protéines).
L'épaisseur de la c e l l u l e est de 0,5 m m . Le v o l u m e de
l i q u i d e q u ' e l l e peut contenir sera d o n c de 10 x 10 x
• RÉACTIF
0,5 = 5 0 pl. La c e l l u l e est divisée en 4 0 bandes hori-
zontales limitées par deux traits verticaux, correspon- Solution à 3 0 p. 100 d ' a c i d e t r i c h l o r a c é t i q u e
dant c h a c u n e à 5 0 / 4 0 = 1,25 pl. O n c o m p t e r a le
n o m b r e de cellules présentes dans 8 bandes et o n d i v i - • MÉTHODE
sera le n o m b r e o b t e n u par 10 p o u r o b t e n i r le n o m b r e
de cellules par pl. Le dosage est pratiqué à l'aide d ' u n a l b u m i n o m è -
tre de Sicard et Cantaloube (fin tube gradué et évasé à
son extrémité supérieure).
3.2 Examen parasitologique
- Verser dans l ' a l b u m i n o m è t r e 4 m l de LCR à exa-
Examen direct m i n e r (jusqu'au trait 4);

Rarement des parasites mobiles p e u v e n t être - chauffer le tube au bain-marie, j u s q u ' à une tem-
trouvés à frais, lors de la n u m é r a t i o n en cellules de pérature voisine de l ' é b u l l i t i o n : 8 0 à 90°C;
Nageotte o u de Fuchs-Rosenthal: trypanosomes (ils ne
- ajouter i m m é d i a t e m e n t 12 gouttes d ' u n e solution
restent m o b i l e s q u e p e n d a n t e n v i r o n 2 0 minutes), tro-
à 3 0 p. 1 0 0 d ' a c i d e trichloracétique;
phozoïtes amiboïdes de Naegleria (qu'il ne faudra pas
c o n f o n d r e avec des leucocytes, mobiles également par - placer le tube au repos p e n d a n t 5 minutes puis le
leurs pseudopodes). boucher et le retourner 2 o u 3 fois;

Ces parasites seront généralement recherchés - laisser reposer le tube en position rigoureuse-
dans les culots de centrifugation. . ment verticale pendant 5 heures.

Centrifugation simple O n peut différer la lecture j u s q u ' à 2 4 heures sans


grande m o d i f i c a t i o n du résultat.
Examiner le c u l o t entre lame et lamelle, à
l ' o b j e c t i f X 4 0 , après 10 minutes de centrifugation à • RÉSULTAT
2000 tours/min.
La lecture de la graduation correspondant à la
Centrifugation double l i m i t e supérieure d u sédiment d o n n e les quantités de
protéines en g r a m m e par litre: le 1er trait correspond à
Le c u l o t de la première centrifugation est remis
0,22 g/1; le 2 è m e trait à 0 , 4 0 g/1. A t t e n t i o n aux varian-
en suspension dans ce q u i reste de l i q u i d e et aspiré
tes de fabrication: il existe des tubes à graduations
dans un tube capillaire à m i c r o h é m a t o c r i t e . Boucher
décimales.
(sceller à la flamme) une extrémité et centrifuger pen-
dant u n e m i n u t e à grande vitesse. L'extrémité infé- Tube original de Sicard et Cantaloube
rieure (bouchée) d u capillaire est examinée au f a i b l e
grossissement et les trypanosomes sont recherchés à Les graduations de la partie inférieure du tube
l ' i n t é r i e u r d u tube. sont irrégulièrement espacées. La hauteur d u précipité
correspondra aux valeurs suivantes (à partir du f o n d d u
3.3 Dosage des protéines tube):

Les valeurs normales de la protéinorachie chez 1e division 0,22 Él par litre


l'adulte sont comprises entre 0,15 et 0 , 3 0 g par litre. 2e division 0 , 4 0 il par litre
Dans la trypanosomiase, l'augmentation est modérée, 3e division 0 , 5 6 f l par litre
dépassant rarement 1g par litre. 4e division 0,71 £; par litre
5e division 0,85 g; par litre
Méthode de Sicard et Cantaloube
• PRINCIPE Remarque

C'est un test de f l o c u l a t i o n . Les protéines coagu- Pour un liquide normal, le précipité ne doit pas dépasser la deuxième gra-
lent sous l'effet c o m b i n é de la chaleur et d u m i l i e u duation.

241
Chap.itre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

Albuminomètre décimal - verser 2,5 ml de ce réactif par tube et lire le test


dans l'heure qui suit, en c o m p a r a n t par transpa-
Le tube d ' u n e contenance de 1 m l porte des gra- rence la couleur du LCR au standard et au
duations régulièrement espacées avec deux variantes : t é m o i n négatif.
division en 10 graduations division en 5 graduations
• RÉSULTAT
(un trait = 0,10 g par litre) (un trait = 0,20 g par iitre)

1er trait = 0,10 g par litre 1er trait = 0,20 g par litre Test négatif (taux de protéines n o r m a l dans le
LCR): la c o u l e u r du tube LCR est comprise entre celle
10e trait = 1,00 g par litre 5e trait = 1,00 g par litre
d u t é m o i n négatif et celle du standard ou i d e n t i q u e à
celle d u standard;
Dosage colorimétrique
("Dye Binding Protein Assay") test positif: c o u l e u r du tube LCR plus b l e u q u e le
standard;
• PRINCIPE
Remarque
Le c o l o r a n t (bleu de Comassie brillant) se lie aux
protéines. L'intensité de la c o l o r a t i o n du LCR addi- Si la couleur du témoin négatif et celle du standard sont les mêmes, recom-
tionné de c o l o r a n t sera d o n c proportionnelle à la mencer le test (tubes souillés, réactif ou standard détériorés).
quantité de protéines dans l ' é c h a n t i l l o n
3.4 D o s a g e des IgM non spécifiques
• PRODUITS NÉCESSAIRES
Bleu de Comassie brillant G 250 (Bio Rad Lab.) Cette recherche sera faite sur du LCR non d i l u é .
Solution standard contenant 32 mg de protéines par 100 ml
(Sigma Chem. Comp.) Test de précipitation en gel
Eau distillée
• TECHNIQUE D'OUCHTERLONY (PARAGRAPHE 5.6)
• MATÉRIEL
Sur une lame couverte d'agarose, o n creuse des
Tubes à essai de 6 mi et portoir ad hoc
Pipettes de 50 |il, 5 ml et 10 ml puits périphériques entourant un puits central. Dans le
Verrerie graduée puits central est placé le sérum a n t i - l g M h u m a i n pré-
paré à partir d ' u n e espèce a n i m a l e (porc, lapin...).
• MÉTHODE Dans les puits périphériques sont disposés les diffé-
- Si le LCR est trouble, d ' a b o r d le centrifuger et rents LCR à examiner.
utiliser le surnageat;
Après diffusion et en cas de f o r m a t i o n d ' u n c o m -
- dans trois tubes identiques placés côte à côte sur p l e x e antigène-anticorps, il y a a p p a r i t i o n dans la
le portoir, verser 5 0 pl du LCR à analyser; gélose d ' u n trait b l a n c laiteux p e r p e n d i c u l a i r e à la
- préparer e x t e m p o r a n é m e n t la d i l u t i o n du c o l o - ligne passant par le centre des deux puits.
rant: 1 vol. dans 4 v o l . d'eau distillée;
• TECHNIQUE D'IMMUNODIFFUSION RADIALE

La gélose est imprégnée d u sérum a n t i - l g M . Les


échantillons à étudier sont à placer dans des puits ali-
gnés, creusés dans la gélose. La précipitation aura lieu
autour des puits où l ' I g M est présent. Le diamètre d u
cercle de précipitation sera p r o p o r t i o n n e l à la quantité
d ' I g M clans l ' é c h a n t i l l o n concerné (figure 19-3).

Technique d'immunoprécipitation
en milieu liquide (néphélométrie)

Les complexes antigènes-anticorps insolubles


Figure 19-3 p r o v o q u e n t l ' a p p a r i t i o n d ' u n trouble dans le mélange
Immunodiffusion radiale sérum a n t i - l g M - LCR. L'importance du t r o u b l e est
mesurée par la diffraction d ' u n rayon l u m i n e u x pas-
Lame porte-objet recouverte de gel d'agarose contenent du sérum anti-lgM. Godets contenant les échantillons
sant à travers le tube contenant le mélange.
à analyser.

242
Autres techniques d e mise e n é v i d e n c e d e parasites Chapitre 19

Test d'agglutination de particules de latex instructions liées à leur fonction de reconnaissance de l'anti-
(voir dosages d'anticorps sériques) gène et de production de l'anticorps spécifique, elles ne peu-
vent plus se multiplier. Parmi les innombrables lignées de ce
L'antigène consiste en une suspension aqueuse type de lymphocytes, chacune sécrète une immunoglobuline
de particules de polystyrène sensibilisées par des Ig spécifique (monoclonale) dirigée contre un seul site antigéni-
a n t i - l g M humaines. que (épitope).

Sur une carte plastifiée noire, une goutte de cet La fusion d'un lymphocyte avec une cellule tumorale produit
une cellule hybride dont la multiplication en culture devient
antigène est mise en présence d ' u n e goutte de LCR.
possible.
Après mélange p e n d a n t 2 minutes ( m o u v e m e n t rotatif),
il apparaît une agglutination si la réaction est positive. Etapes de la production
Ce test est c o m m e r c i a l i s é sous le n o m de Rapi Tex - Prélèvement de la rate d'un animal immunisé contre le
I g M ® par Behringwerke. parasite ou les épitopes cibles;
- fusion des cellules de myélome (cellules tumorales de la
Interprétation moelle osseuse: gène de prolifération) avec des lymphocy-
Dans le LCR n o r m a l , il n ' y a pas d ' I g M . Sa pré- tes (gène de synthèse d'une immunoglobuline utile) en pré-
sence de polyéthylèneglycol;
sence y est p a t h o l o g i q u e .
- clonage de cellules hybrides pour obtenir des "hybrido-
Remarque mes"; chaque clone qui se multiplie est analysé et on
regarde quelle est I' immunoglobuline fabriquée;
Dosage des IgM non spécifiques du sérum.
Les techniques sont les mêmes mais le sérum est analysé en dilutions. Pour - sélection des clones intéressants, fabriquant les anticorps
les techniques de précipitation en gélose, c'est la dernière dilution produi- monoclonaux recherchés;
sant un arc qui donnera le titre d'IgM. Chez le trypanosé, le taux d'IgM séri- - prolifération de ces clones en culture cellulaire ou dans le
ques est très élevé et la valeur normale peut être multipliée par quatre ou péritoine de souris et récupération de l'immunoglobuline
plus. recherchée dans le milieu ou le liquide péritonéal.

Recherche d'antigènes parasitaires figurés


4. Autres techniques
de mise en évidence d e parasites La recherche de parasites au microscope peut se
faire par une réaction d ' i m m u n o f l u o r e s c e n c e . U n frot-
tis de sang, de selles o u d ' o r g a n e (ou une c o u p e de tis-
4.1 Recherche d'antigènes parasitaires sus) dans lequel o n recherche les parasites est
par méthodes immunologiques recouvert dans un premier temps, d ' u n anticorps
m o n o c l o n a l spécifique de l'antigène parasitaire recher-
Principe ché et dans un d e u x i è m e temps, d ' u n c o n j u g u é f l u o -
rescent spécifique de l'Ig du m o n o c l o n a l .
Les réactions i m m u n o l o g i q u e s o n t pour but de
p r o v o q u e r in vitro la f o r m a t i o n de complexes antigè- La lecture d u frottis se fait au microscope, en
nes-anticorps et de les révéler. Dans les tests sérologi- lumière ultraviolette. Les parasites sont brillants sur un
ques classiques, l'antigène p r o d u i t au laboratoire est f o n d sombre.
mis au contact de sérums de patients p o u r détecter
chez eux la présence d'anticorps. • APPLICATIONS

Mais si on dispose d ' a n t i c o r p s de spécificité Plasmodium: mise en évidence de trophozoïtes


c o n n u e ( i m m u n s sérums connus o u anticorps m o n o - de P. falciparum dans les gouttes épaisses.
c l o n a u x * ) , ceux-ci p o u r r o n t à leur tour servir à détecter
Pneumocystis carinii: mise en évidence des for-
des antigènes dans les organes in situ o u c i r c u l a n t dans
mes du cycle dans le p r o d u i t de lavage alvéolaire o u
le plasma et contre lesquels ils sont dirigés.
crachats induits.
*Les anticorps m o n o c l o n a u x
Cryptosporidium: mise en évidence des oocystes
Principe dans les selles.
La fabrication des anticorps dirigés contre un microorganisme
Microsporodies
est assurée par des lymphocytes B contenus dans les organes
lymphoïdes, dont la rate. Ces cellules proviennent de cellules Remarque
souches, les lymphoblastes. Une fois parvenues au terme de
leur différenciation, au cours de laquelle elles reçoivent les Dans les quatre cas, il existe des anticorps monoclonaux commercialisés.

243
Chap.itre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

Recherche d'antigènes parasitaires Walter Reed A r m y Institute of Research, W a s h i n g t o n ,

solubles: ELISA "capture" D C 2 0 3 0 7 - 5 1 0 0 , USA) Tél. 7 8 2 . 3 0 4 9 .

Remarque Toxoplasma:

Le test ELISA est exposé au paragraphe des techniques de recherche d'anti- mise en é v i d e n c e d'antigènes de tachyzoïtes.
corps.
• PRINCIPE "Dip-stick capture" pour P. falciparum :

Le support solide est sensibilisé par un antisérum Para Sight /®


poly- ou m o n o c l o n a l dirigé contre l'antigène recher-
ché (Ag). L'incubation avec le plasma ou le sérum d u • RÉACTIFS
patient permettra à l'antigène soluble de venir se coller
Agent hémolytique
sur le support (paroi de la cupule, par exemple). U n
sérum de lapin o u de chèvre spécifique de l'antigène Bâtonnet de fibres de cellulose, imprégné d'un IgG monclo-
permettra de recouvrir celui-ci d ' i m m u n o g l o b u l i n e s nal dirigé contre un épitope synthétique de la protéine "riche
de l'animal en question. L'étape suivante sera de mar- en histidine" de schizontes de P. falciparum
quer ces i m m u n o g l o b u l i n e s par un c o n j u g u é e n z y m a -
Sérum polycional dirigé contre cette même protéine "riche
t i q u e anti Ig de lapin o u de chèvre puis d ' a j o u t e r le
en histidine" et conjugué à des liposomes contenant un colo-
substrat correspondant. En cas de présence de l'anti- rant rose
gène, il se produira un c h a n g e m e n t de c o u l e u r du sup-
port par a c t i o n de l ' e n z y m e sur son substrat. Solution de lavage

• PROCÉDURE • PROCÉDURE
Elle c o m p o r t e s c h é m a t i q u e m e n t les étapes sui-
- 5 0 |il de sang à e x a m i n e r sont placés dans un
vantes: tube en p o l y p r o p y l è n e ; o n y ajoute 3 gouttes de
- sensibilisation du support par u n anticorps spéci- réactif l y t i q u e (environ 1 0 0 jx!) p o u r réaliser
f i q u e de l'Ag; l'hémolyse;
- i n c u b a t i o n avec le sérum o u plasma à tester:
- placer une goutte d u lysat de sang dans un
l ' A g soluble se lie au s u p p o r t s'il est présent;
godet, y t r e m p e r l'extrémité du b â t o n n e t réactif
lavage;
m a i n t e n u v e r t i c a l e m e n t et laisser imprégner 10
- i n c u b a t i o n avec le sérum de chèvre o u de lapin
minutes;
anti-Ag: l'antigène est recouvert d ' I g de l ' a n i m a l
choisi; lavage; - placer u n e goutte d u c o n j u g u é dans le godet et
- i n c u b a t i o n avec un c o n j u g u é e n z y m a t i q u e anti- laisser i m p r é g n e r le bâtonnet;
Ig de chèvre ou de lapin: marquage des Ig de
- ajouter la solution de lavage et la laisser impré-
l ' a n i m a l choisi;
gner le bâtonnet;
- i n c u b a t i o n avec le substrat; lavage;
- e x a m e n au p h o t o m è t r e p o u r q u a n t i f i c a t i o n ; en - lire le résultat en constatant la présence d ' u n
cas de lecture à l'oeil nu, le résultat sera seule- trait c o l o r é en rose apparu sur le bâtonnet.
m e n t qualitatif (positif o u négatif).
RÉFÉRENCES
• APPLICATIONS

Plasmodium: BEADLE C, L O N G G W , WEISS W R , M C E L R O Y PD,


mise en évidence de la protéine P 5 0 dans le MARET SM, O L O O AJ A N D H O F F M A N SL. (1994)
plasma des sujets parasités (pas e n c o r e passée en rou- Diagnosis of malaria by détection of Plasmodium falci-
parum HRP-2 antigen w i t h a rapid dipstick antigen-
tine).
capture assay, The Lancet, 3 4 3 , 5 6 4 - 5 6 8 .
détection des sporozoïtes c h e z le m o u s t i q u e à
l'aide d ' u n anticorps monospécifique de l'épitope SHIFF CJ, MINJAS J A N D PREMJI Z. (1994) The Para-
NANP. Sight®-F test: A s i m p l e rapid manual dipstick test t o
N.B. des m o n o c l o n a u x a n t i - N A N P peuvent être obte- detect Plasmodium falciparum infection, Parasitology
nus chez le Dr W I R T Z , D e p a r t m e n t of Entomology, Today, 10, 4 9 4 - 4 9 5 .

244
Autres techniques d e mise e n é v i d e n c e d e parasites Chapitre 19

4.2 Sondes ADN - c o n t a c t de 6 heures avec la sonde à 42°C;


- autoradiographie (en cas de sonde isotopique,
Principe les plus sensibles actuellement).
Les caractères génétiques reposent sur l ' o r i g i n a -
Remarques
lité de la séquence des bases dans la m o l é c u l e d ' A D N .
Certaines séquences de nucléotides sont répétées un La sensibilité des sondes dépend de deux facteurs essentiels: la fréquence de
grand n o m b r e de fois. Ces séquences répétitives v o n t la répétition de la séquence cible dans l'ADN recherché et l'intensité du mar-
être choisies et servir de c i b l e p o u r la reconnaissance quage par l'isotope ou l'enzyme.
dans u n prélèvement. Des sondes existent dans le commerce pour de nombreux microorganismes
mais pour les protozoaires, celte technologie reste jusqu'à présent du
identification de la séquence intéressante domaine de la recherche.

La sonde est constituée d ' u n fragment d ' A D N 4.3 Amplification d e séquence


parasitaire dénaturé (coupé en d e u x dans le sens de la
("polymerase chain reaction", PCR)
longueur) de manière à offrir dans la réaction u n e
chaîne s i m p l e ( A D N monocaténaire, séquence de Principe
nucléotides). Celle-ci sera capable de reconnaître son
"brin" c o m p l é m e n t a i r e , c o m p o s é de nucléotides dispo- Il s'agit de la synthèse in vitro de multiples copies
sés dans le m ê m e o r d r e dans l ' A D N , également déna- d ' u n e courte séquence choisie d'acides nucléiques
turé, des parasites d u prélèvement. La re-naturation de appartenant au g é n o m e c o n n u du parasite recherché.
l ' A D N a d o n c lieu par a p p a r i e m e n t des bases q u i le Les séquences des nucléotides (A,T,C,G) des
c o m p o s e n t . C'est I' "hybridation moléculaire". deux brins d ' A D N sont complémentaires. U n A sur un
brin correspond toujours à T sur l'autre, un C corres-
U n e fois d é t e r m i n é e la séquence de nucléotides
p o n d à G. Cette c o m p l é m e n t a r i t é stricte est capitale.
intéressante (et d o n c les paires de bases q u i en f o n t
Lorsque les deux brins sont séparés (chaleur), ils peu-
partie), d e u x séries de m a n i p u l a t i o n s sont nécessaires
vent se réassocier, c h a c u n de leur côté, avec de n o u -
p o u r en arriver à l ' h y b r i d a t i o n m o l é c u l a i r e : dénaturer
veaux brins o u de nouvelles molécules (nucléotides)
l ' A D N parasitaire dans le prélèvement et permettre
mais l ' a p p a r i e m e n t d o i t être respecté.
l ' h y b r i d a t i o n m o l é c u l a i r e entre séquences de bases
complémentaires. D ' a u t r e part, une enzyme, l ' A D N polymérase,
permet la c o p i e de nouveaux brins c o m p l é m e n t a i r e s
Procédure de ceux préexistants ( A D N matrice) à partir d ' a m o r c e s
- Fabrication de la sonde: c h o i x de la séquence; ("primers"). Les amorces sont de petits fragments c o m -
son isolement à partir d u génome; sa dénatura- plémentaires de chaque brin de la séquence à a m p l i -
t i o n de m a n i è r e à p r o d u i r e deux demi-séquen- fier et correspondant à une de ses extrémités, c h a c u n e
ces; son marquage par un isotope radioactif o u sur son b r i n . C h a q u e a m o r c e bloquera le processus de
un enzyme; c o p i e à sa hauteur, fixant ainsi la longueur d u fragment
à amplifier.
- dénaturation de l ' A D N parasitaire dans le prélè-
v e m e n t o ù l ' o n recherche le parasite, afin de La réaction de base se déroule en trois étapes:
p o u v o i r f o u r n i r à la sonde le c o m p l é m e n t d o n t
- séparation des d e u x brins de l ' A D N à mettre en
elle a besoin p o u r l ' h y b r i d a t i o n ; é v i d e n c e par augmentation de la température
- c o n t a c t sonde-prélèvement et révélation d u mar- (94°C);
quage.
- abaissement de la température p o u r permettre
aux amorces ajoutées dans le m i l i e u de s'appa-
Exemple: recherche de Plasmodium
rier c h a c u n e à une extrémité d ' u n des deux d e u x
- H é m o l y s e d u c u l o t g l o b u l a i r e dans les cupules brins séparés du fragment à a m p l i f i e r ("annea-
d'une plaque à microtitration; ling"); cette température varie, en f o n c t i o n des
- absorption de l ' h é m o l y s a t sur une m e m b r a n e de amorces utilisées, entre 4 0 ° C et 6 0 ° C et est un
nitrocellulose; facteur particulièrement i m p o r t a n t de la réaction;
- extraction et dénaturation de l ' A D N par incuba- - augmentation de la température (72°C) p o u r q u e
t i o n dans N a O H à température ambiante, neutra- la polymérase puisse synthétiser les brins c o m -
lisation puis chauffage dans une étuve à 50°C plémentaires à partir des amorces fixées, en utili-
p e n d a n t une heure; sant les nucléotides triphosphates du m i l i e u .
M ^ ^ ^ J ^ ^ ^ ^ B I T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

A la fin de ce cycle, o n obtient deux copies du considérées. Les anticorps se conservent b i e n à -2CPC.
fragment initial (s'il existe!). Le d e u x i è m e cycle, c o m - La conservation peut également être assurée par la
mençant par la séparation des deux brins de c h a c u n s i m p l e réfrigération à + 4 ° C si les surinfections m i c r o -
des deux copies fabriquera quatre brins c o m p l é m e n - biennes sont évitées par l ' a d d i t i o n de 1 p . 1 0 0 d ' a z i d e
taires, d ' o ù présence, à la fin de ce cycle, de quatre de s o d i u m .
copies d u fragment initial. C'est d o n c une progression Remarque
géométrique de raison 2.
La recherche d'anticorps peut aussi se faire dans le LCR.
Procédure
Sang séché
A u début, seront introduits dans un m i c r o t u b e
placé dans un bloc chauffant tous les éléments néces- • PAPIER FILTRE
saires à la réaction, en m i l i e u t a m p o n n é : l ' A D N d o n t il La quantité de sang prélevée au d o i g t o u au
faudrait a m p l i f i e r une séquence, un "stock" d ' a m o r c e s l o b u l e de l'oreille sera mesurée par remplissage d ' u n
des deux types, la polymérase (thermostable, prove- c a p i l l a i r e de contenance c o n n u e (entre 25 et 75 p.1).Ce
nant de bactéries vivant dans les eaux chaudes et p o u - capillaire sera immédiatement vidé par absorption
vant d o n c agir à des températures élevées) et les dans l'épaisseur d ' u n papier filtre ( W h a t m a n N°1). Le
composants nécessaires à l'élaboration des n u c l é o t i - séchage sera c o m p l e t .
des triphosphates.
Plusieurs prélèvements peuvent prendre place
Les variations de température se succèdent, con- sur un disque de 9 o u de 11 c m de diamètre. Les dis-
trôlées par ordinateur. ques chargés de sang seront, m ê m e après séchage,
Les cycles s'enchaînent de manière automati- séparés les uns des autres par une f e u i l l e de papier
que, aboutissant à une é n o r m e multiplication des q u e l c o n q u e ( c o u p o n de papier hygiénique, par e x e m -
molécules caractéristiques d u parasite recherché. ple) p o u r éviter le contact direct entre é c h a n t i l l o n s sur
les disques empilés (figure 19-4).
Le p r o d u i t d ' a m p l i f i c a t i o n est alors analysé par
électrophorèse et la séquence a m p l i f i é e apparaît sous La dessication sera c o m p l é t é e et m a i n t e n u e par
forme d'une bande après coloration au bromure la présence de cristaux de silicagel b l e u dans des
d ' é t h i d i u m ou après hybridation avec une sonde cor- sachets en polyéthylène scellés (fermés par un noeud)
respondant à cette séquence. Cette dernière m é t h o d e o ù seront enfermés les échantillons. A l'état sec, la
garantit q u e l ' a m p l i f i c a t i o n a bien été spécifique. conservation à + 4 ° C o u m ê m e à température a m b i a n t e
est assurée pour plusieurs semaines, il faut c e p e n d a n t
Le g a i n en sensibilité est spectaculaire.
éviter l'exposition des échantillons à u n e chaleur forte
Applications (soleil direct, effet de serre dans u n e voiture) car le
sang c u i t ne peut plus être élué.
Des séquences d ' A D N non codant, spécifiques
A u laboratoire, les taches de sang seront d é c o u -
de Trypanosoma brucei se sont avérées être d ' e x c e l -
pées et placées pendant 12 à 2 4 h dans un tube conte-
lentes cibles pour cette réaction.
nant une quantité mesurée de PBS. L'élution d u sang
est contrôlée par la d é c o l o r a t i o n c o m p l è t e de la tache
5. Diagnostic indirect et par la coloration rosée d u t a m p o n . La d i l u t i o n ainsi
par recherche d'anticorps o b t e n u e est calculée en divisant le v o l u m e de sang
prélevé (dont la m o i t i é e n v i r o n est d u plasma) par le
v o l u m e de solution t a m p o n placée dans le tube. Par
5.1 Prélèvements et dilutions exemple, une tache c o n t e n a n t 5 0 pl de sang (dont 25
pl de plasma) mise à éluer dans 2 5 0 p.l de PBS corres-
Sérum p o n d à une d i l u t i o n de 1/10 d u sérum.
Le sérum est obtenu par décantation, après coa-
• SUPPORTS ALTERNATIFS
gulation d u sang et rétraction du caillot. Les dilutions
pour u n e titration des anticorps s'effectuent en eau R e c o m m a n d é par le C D C Atlanta: papier filtre
physiologique tamponnée ("phosphate buffered " R O P A C O " n° 1 0 2 3 - 0 3 8 " , c h e z James River Roches-
saline", PBS). ter, 3 4 0 M i l l Street, Rochester, M i c h i g a n 6 8 0 6 3 USA.

Les échantillons de sérum sont conservés au D é c o u p e r des bandelettes de 7,5 x 2,5 c m sur
congélateur, la température d é p e n d a n t des molécules lesquelles o n dessine deux cercles de 12 m m de dia-

246
Diagnostic indirect par recherche d'anticorps Chapitre 19

mètre. U n e extrémité reste libre pour l'identification. Figure 1 9 - 4


Saturer l'intérieur des cercles de sang. Séparer les pré-
lèvements par d u parafilm (papier paraffiné). Les c o n - Prélèvements de sang séché,
fettis de 12 m m de diamètre découpés et élués dans découpage de " c o n f e t t i s "
0,2 m l de PBS fournissent une d i l u t i o n de 1/8 d u Les taches de sang proviennent de la
sérum. piqûre au doigt. Les échantillons sont
découpés en confettis à l'aide d'un
Les pastilles de fibres de verre pour antibio- emporte-pièce. Les prélèvements ainsi
g r a m m e c o n v i e n n e n t également p o u r recueillir le sang obtenus sont comparables entre-eux
des prélèvements. pourvu que le support soit saturé de
sang.
Prélèvement en tube capillaire

Le remplissage d ' u n tube capillaire de sang pris


au d o i g t permet aussi la conservation d u plasma con-
gelé si le capillaire hépariné, u n e fois r e m p l i , est cen-
trifugé. La partie contenant le plasma peut être séparée
et b o u c h é e par de la plasticine. L'échantillon de
plasma, d û m e n t étiqueté, pourra être conservé à +4°C
pour e x a m e n i m m é d i a t o u au congélateur p o u r exa-
ment des grumeaux bleus visibles à l'oeil nu. La réac-
men différé.
tion a lieu à l'intérieur de cercles dessinés sur une carte
plastifiée blanche.
Formule habituelle du PBS
(sauf indication contraire) • RÉACTIFS ET MATÉRIEL

U n mélange t a m p o n est une solution dans l'eau Antigène


distillée, d ' u n sel acide et d ' u n sel alcalin (habituelle-
Trypanosomes de sérotypes définis, fixés, c o l o -
m e n t phosphate m o n o s o d i q u e N a H 2 P 0 4 , sel acide et
rés, lyophilisés et c o n d i t i o n n é s en flacons scellés. Cha-
phosphate d i s o d i q u e N a 2 H P 0 4 / sel alcalin). La pré-
q u e flacon doit être reconstitué avec 2,5 m l de t a m p o n
sence d e ces deux sels a pour effet d'assurer à l'eau un
CATT. La suspension ainsi obtenue d o i t être parfaite-
p H stable au cours d u temps, déterminé par la quantité
ment h o m o g è n e et doit être utilisée e x t e m p o r a n é m e n t
relative des deux sels. L'addition de NaCI, à raison de
o u être conservée à +4°C. U n flacon suffit pour 5 0
8,5 g/1, assure l'isotonicité (eau physiologique).
tests.
Solution concentrée Tampon de reconstitution
Na2HP04.2H20 60,0 g
La solution t a m p o n ( p H 7,2) c o n t i e n t de l'azide
NaH2P04. H 2 0 13,6g
de s o d i u m (0,1 p.100) c o m m e agent conservateur. A u
NaN3 0,8 g
m o m e n t de l ' e m p l o i , verser l'antigène dans le flacon
Eau distillée 1.000 ml
compte-gouttes. Il faut l'agiter avant l ' e m p l o i et le gar-
Avant l'emploi, diluer 1 volume de cette solution der à l'abri d u soleil et de la poussière.
clans 25 volumes d'eau distillée et ajouter le sel:
La m ê m e solution t a m p o n est utilisée pour la
Solution concentrée 40,0 ml
reconstitution des sérums de c o n t r ô l e (lyophilisés) et la
Eau distillée 1.000 ml d i l u t i o n des échantillons à tester.
NaCI 8,5 g
Cartes plastifiées

5.2 Réactions d'agglutination directe Les cartes rigides sont lisses et de couleur blan-
che. Sur la suface sont dessinés 10 cercles ("spots") q u i
Test CATT ("Card Agglutination identifient dix zones de réaction à l'intérieur desquel-
Trypanosomiasis Test") les seront déposées les gouttes d'antigène et de sang o u
de sérum.
pour les trypanosomiases africaines
Le matériel et les réactifs peuvent être obtenus au
• PRINCIPE
laboratoire de Sérologie de l'Institut de M é d e c i n e Tro-
En présence d'anticorps, les trypanosomes fixés picale, Nationalestraat 155, B - 2 0 0 0 A n t w e r p e n , Belgi-
et colorés au bleu de Comassie sont agglutinés et for- que.

247
Chapitre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

Figure 19-5 • PRÉPARATION DES ÉCHANTILLONS

Test d ' a g g l u t i n a t i o n directe sur Sang total


carte (CATT) Remplir un capillaire héparine au 3/4 de sa lon-
1. Dépôt d'une goutte de sang complet gueur (éviter les bulles d'air) de sang pris au doigt et le
sur la carte plastifiée conserver horizontalement dans un portoir approprié.
2. Mise d'une goutte d'antigène (sus- La mini-poire permet de déposer 1 goutte de sang
pension de trypanosomes colorés) (environ 30 pl) sur la carte pour la réaction d'aggluti-
et mélange nation.
3. Lecture après deux minutes d'agita-
Lors d'un dépistage sur le terrain, prélever par
tion circulaire: les agglutinais
bleus sont visibles en périphérie du séries de 10 personnes et faire la réaction sans tarder.
spot n°1 (85), indiquant une réac- Eviter
tion positive
- la sédimentation des globules rouges (rouler
les capillaires);

- la dessication (chambre humide);

- la coagulation (recommencer le prélève-


ment).

Sérum

Chacune des dilutions (de 1/2 à 1/64) sera exa-


minée dans un "spot" de la carte.

• PROCÉDURE
- Déposer 1 goutte (environ 45 pl) du réactif CATT
(antigène reconstitué dans du tampon) dans cha-
que cercle de la carte (figure 19-5);
- ajouter ensuite, soit une goutte de sang, soit 5 pl
de sérum ou de plasma non dilué, soit 25 pl des
dilutions successives, soit une goutte des sérums
de contrôle;
- à l'aide d'une tige d'agitation étaler le mélange
jusqu'à environ 1 mm du bord du cercle;
- agiter la carte pendant 5 minutes sur un agitateur
rotatif; pour éviter un séchage des "spots", placer
un couvercle sur l'agitateur et mettre un tampon
d'ouate humide sous ce couvercle.

Remorque

En absence d'agitateur, agiter la carte manuellement de laçon à donner au


liquide un mouvement rotatoire continu mais lent et toujours dans le même
sens.

• LECTURE ET INTERPRÉTATION

Après les 5 minutes d'agitation, lire les résultats


sur la carte avant de l'enlever de l'agitateur. Si on tra-
vaille manuellement, lire les résultats en inclinant la
carte doucement dans les quatre sens.

La présence de grumeaux bleus en périphérie de


la goutte signe une réaction positive. Elle est négative
si la suspension est restée homogène.
Diagnostic indirect par recherche d'anticorps Chapitre 19

Remarque Figure 19-6

Réaction d'agglutination:
III existe aussi un test d'agglutination directe de promastigotes de
Leishmania, réalisé en plaque à microtitration (figure 19-6). promastigotes de Leishmania
en plaque à microtitration
5.3 Agglutination de particules inertes Les huit sérums examinés (S1 à S8) sont
("Latex agglutination test", LAT) dilués, dans les rangées horizontales, de
1/20 à 1/20480. Les titres obtenus sont
Principe indiqués à droite de la plaque. Le "bou-
ton" arrondi apparaissant au fond du
Des particules de latex (généralement polysty-
godet indique une réaction négative.
rène carboxylé), de taille microscopique (diamètre
(D. Le Ray, D. Jacquet, laboratoire de
inférieur à 1pm), ont leur surface recouverte d'une Protozoologie, Anvers)
couche de protéines antigéniques purifiées apparte-
nant au parasite considéré. Ces particules sensibilisées
sont mises en contact, sur une carte plastifiée sombre,
avec le sérum dans lequel on recherche des anticorps. 5.4 Hémagglutination passive
Les liaisons antigène-anticorps provoquent une agguti-
Aussi appelée hémagglutination indirecte (HAI).
nation des particules. La suspension d'aspect laiteux
homogène devient particulaire. O n voit les agglutinats
Principe
à l'oeil nu.
Dans ce cas, ce sont des globules rouges de
Réactifs et matériel mouton qui servent de support à un antigène. Ils subis-
Suspension de particules de latex sensibilisées sent "passivement" l'agglutination.
avec un antigène soluble (ou une mixture d'antigènes) Ce phénomène n'a aucun rapport avec l'aggluti-
de parasite nation directe des globules rouges humains (groupes
Solutions tampons pour la dilution de la suspen- sanguins A B O ) par des anticorps complets, bivalents,
sion d'antigène et pour la dilution des sérums spécifiques ni avec l'hémagglutination indirecte (réac-
tion de Coombs pour la recherche d'anticorps incom-
Carte plastifiée avec cercles dessinés, de couleur plets).
sombre.

Réaction Réactifs et matériel

U n e goutte d'antigène est mélangée à une goutte • PRÉPARATION DE L'ANTIGÈNE


de la dilution choisie de sérum. Après mélange à l'aide - Suspension en eau physiologique de globules
d'une spatule en plastique, la carte est agitée par rota- rouges de mouton lavés et fixés par l'acide tanni-
tion pendant 5 minutes à la température ambiante. Le que ou le glutaraldéhyde pour les rendre résis-
critère de positivité est l'apparition de grumeaux visi- tants;
bles à l'oeil nu.
- mise en présence de la suspension de globules
Applications rouges fixés et de l'antigène soluble;
- lavage pour éliminer l'antigène en excès, non
Trypanosomiases africaines (glycoprotéines
fixé sur les globules;
variables de surface de parasites d'animaux expéri-
mentalement infectés); amibiase (trophozoïtes de cul- - lyophilisation des globules rouges sensibilisés
tures axéniques détruits par ultrasons), toxoplasmose pour une conservation longue.
(Ag toxoplasmique total permettant de détecter globa-
• PLAQUES À MICROTITRATION
lement les Ac de type IgG et IgM).
Les cupules de ces plaques doivent avoir dans ce
RÉFÉRENCE
cas-ci un fond arrondi, pour favoriser la sédimentation
B Ù S S C H E R P, D R A E L A N T S E, M A G N U S E , V E R V O O R T des globules rouges non agglutinés sous forme de
T A N D V A N M E I R V E N N E N. (1991) An experimental "bouton".
latex agglutination test for antibody détection in
Remorque
human african trypanosomes, Annales de la Société
belge de Médecine tropicale, 71, 267-273. Il existe de nombreux "kits" dans le commerce.

249
Chap.itre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

Réaction (en tube ou en cupules) Remarque

O n place dans les cupules, successivement, une Les toxoplasmes formolés de la suspension peuvent être remplacés par des
quantité d'antigène (suspension de globules rouges globules rouges de mouton sensibilisés par l'antigène toxoplasmique. Ces
sensibilisés) et une quantité de la d i l u t i o n du sérum du globules rouges sédimentent en cas de non fixation sur la paroi.
patient;
5.6 Précipitation en gel (PEG)
i n c u b a t i o n à 3 7 ° C pendant 3 0 minutes à une
heure. Immuno-diffusion
(méthode d'Ouchterlony)
Lecture
• PRINCIPE
Si les globules rouges ne sont pas agglutinés, ils
sédimentent au f o n d du godet sous f o r m e d ' u n c u l o t Dans une c o u c h e de gélose (agar noble o u aga-
arrondi et c o m p a c t (le " b o u t o n " ) . En cas d'agglutina- rose) recouvrant u n e lame porte-objet, deux godets
tion, la sédimentation se fait par paquets, sous f o r m e sont creusés à l ' e m p o r t e - p i è c e à q u e l q u e distance l ' u n
d ' u n précipité granuleux à bords irréguliers, ayant de l'autre. Dans l ' u n de ces godets, on placera la solu-
l'aspect d ' u n e m e m b r a n e friable. tion de protéines antigéniques, dans l'autre le sérum
où l ' o n recherche les anticorps.
Applications
Les deux liquides diffusent, à partir de leur ori-
Trypanosomiases africaines et a m é r i c a i n e (Cello-
gine respective, dans le support inerte que constitue la
gnost®, Behringwerke); infections par piasmodiums;
gélose c o n c e n t r i q u e m e n t par rapport aux godets. Les
amibiase.
cercles de diffusion v o n t finir par se toucher. A u p o i n t
de rencontre, si le sérum c o n t i e n t des anticorps spéci-
5.5 Variante d e réaction d'agglutination:
fiques de l'antigène, se f o r m e n t des i m m u n s - c o m p l e -
"immunosorbent agglutination assay" xes insolubles dans la gélose et qui précipitent sur
(ISAGA) place. Ce p h é n o m è n e est visible sous la f o r m e d ' u n
Test utilisé p o u r la recherche des IgM spécifiques trait blanc laiteux, appelé "arc de précipitation", c o n -
dans la toxoplasmose. trastant avec le f o n d transparent de la gélose. Cet arc
est p e r p e n d i c u l a i r e à la ligne q u i passe par le centre
Principe des deux godets et révèle la présence des anticorps
spécifiques: la réaction est positive. L'absence d'arc
Cette méthode permet à une suspension de t o x o -
constitue une réaction négative (figure 19-7).
plasmes formolés de sédimenter dans une c u p u l e à
f o n d arrondi et de former un " b o u t o n " . Si la paroi de la La rencontre de la s o l u t i o n ("soupe") antigéni-
cupule expose des I g M anti-toxoplasmiques, les para- que, souvent constituée chez les protozoaires d ' u n
sites de la suspension sont captés et ne sédimentent mélange de protéines antigéniques (épitopes), et d ' u n
pas. sérum contenant plusieurs anticorps reconnaissant ces
Les I g M éventuellement exposées sur la paroi antigènes produira plusieurs arcs (systèmes précipi-
p r o v i e n n e n t du sérum du patient et o n t été captées par tants) situés parallèlement les uns aux autres.
les a n t i - l g M de la paroi sensibilisée de la c u p u l e . • PRÉPARATION DES LAMES
Procédure Des lames recouvertes de gel d'agarose à 1,5
La séquence des m a n i p u l a t i o n s est la suivante: p . 1 0 0 (poids/volume) dans du t a m p o n TRIS à p H 8,0
sont préparées en v u e de la réaction:
- sensibilisation du support (paroi de la cupule)
Tampon pour agarose
par des a n t i - l g M humaines (lapin, chèvre...);
NaCI 0,15 M
- i n c u b a t i o n en présence du sérum du patient: les
Tris* 0,01 M
IgM éventuelles adhèrent sur la paroi;
EDTA 0,005 M
- a d d i t i o n de la suspension de toxoplasmes entiers
NaN 3 0,02 p.100
formolés. * Tampon Tris(hydroxyméthyl) amino-méthane 0,05 M (pH
Ils adhèrent à la paroi si les I g M spécifiques sont 7,2 à 9,0)
présents; ils sédimentent sous f o r m e de b o u t o n au f o n d Tris 12,11g
de la c u p u l e si les toxoplasmes sont restés libres dans Eau distillée 1,0 I
la suspension. HCI 0,1 N ajuster la quantité en fonction du pH désiré

250
Diagnostic indirect par recherche d'anticorps Chapitre 19

CeI d'agarose Le colorant se compose de:


Faire bouillir l'agarose dans ie tampon pour ie dissou- Sol. A 425,0 ml
dre puis le conserver au bain-marie entre 50 et 60°C en atten- Sol. B 425,0 mi
dant de le couler sur les lames. Noir amido 10 B (Merck) 2,0 g
eau distillée q.s. pour 1000,0 ml
• PROCÉDURE - différenciation en acide acétique (2 p.100).
Découpage des puits à l'aide d'un perce bou-
chon (emporte-pièce) de 2 mm de diamètre; la disposi- • APPLICATIONS
tion la plus souvent adoptée est celle d'un puits central £ histolytica (antigène HK9), T. cruzi, Leishma-
contenant l'antigène et de 6 puits périphériques où nia sp. (formes de culture broyées et solubilisées en
sont placés les sérums à examiner; milieu aqueux).
- mise en place des réactifs (Ag et sérum) à raison
de 3 p,l par puits; Immuno-électrophorèse (IEP)
- placer en atmosphère humide et recouvrir d'un
couvercle pour éviter la dessication; • TECHNIQUE

- diffusion (24 à 36 heures) à 4 °C pour les lames On pourra, pour une analyse plus fine, utiliser
de taille ordinaire (porte-objet). l'immuno-électrophorèse dans laquelle le temps de dif-
- lavage en solution citratée (citrate trisodique à 5 fusion dans le gel est précédé d'une dissociation du
p. 100 dans l'eau distillée) pendant 3 à 15 heures mélange d'antigènes par électrophorèse. Dans ce but,
dans le but de redissoudre les floculations aspé- la lame garnie d'agarose est reliée par des bandelettes
cifiques provoquées par le contact éventuel de de papier filtre mouillé de tampon avec les cuvettes de
substance C (cellules parasitaires détruites) avec tampon où se trouvent les électrodes. Sous l'effet d'un
la protéine C réactive du sérum (protéine de champ électrique, les protéines constitutives migrent
l'inflammation aiguë); dans le gel suivant l'axe du courant électrique. Le sens
et la vitesse de déplacement sera fonction de la charge
- lavage en eau physiologique tamponnée dont la
électrique et de la taille des molécules.
formule est la suivante:
NaCI 9,0 g Les fractions antigéniques séparées diffusent
NaN 3 1,0 g
alors vers le sérum étudié (antisérum), placé secondai-
H2O distillée 900,0 ml
rement dans une rainure longitudinale découpée dans
Tampon barbital pH 8,2* 100,0 ml
le gel. La réaction des différentes fractions antigéniques
ajuster à pH 7,5-8,0 à l'aide d'une solution de KH2PO4 à avec les anticorps correspondants entraînera la forma-
8,08 g par litre d'eau distillée; tion d'une succession d'arcs de précipitation spécifi-
*Formule du tampon barbital à pH 8,2: ques (figure 19-7).
Tampon barbital 0,1 M** 76,9 ml
HCI 0,1 N 23,1 ml Après l'électrophorèse, les étapes de la réaction
Eau distillée 1000 ml sont superposables à celles de la réaction de précipita-
tion. Les gels pour IEP contiennent 1,5 à 2 p.100 d'aga-
** Tampon barbital (véronal) 0,1 M ( pH 6,8 à 9,4): rose pour résister à l'échauffement produit par
Diéthyl barbiturate Na 20,6 g l'électrophorèse.
Eau distillée 1000 ml
• APPLICATIONS
- séchage (recouvrir le gel d'une feuille de papier T. cruzi; Leishmania; cette technique permet
filtre Whatman n° 1, pour déminéraliser le gel l'identification d'arcs spécifiques.
pendant sa dessication);
- coloration au noir amido: RÉFÉRENCES
Sol. A
acide acétique 60,0 ml GRABAR P et WILLIAMS CA. (1953) Méthode permet-
eau distillée 1000,0 ml tant l'étude conjuguée des propriétés électrophoréti-
Sol. B ques et immunochimiques d'un mélange de protéines,
acétate de Na 13,61 ml Application au sérum humain, Biochimie, Biophysique
eau distillée 1000,0 ml Acta, 10,193-194.

251
Chap.itre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

Figure 19-7 5.7 Immunofluorescence indirecte (IFI)


I m m u n o d i f f u s i o n (Ouchterlony) et Principe
immunoélectrophorèse
Les complexes antigènes-anticorps (Ig du sérum
1. Réaction de précipitation en gel
du patient) produits au contact des parasites sont révé-
(PEG) pour la leishmaniose
lés par un sérum de Coombs (sérum d'animal, souvent
2. Immuno-électrophorèses avec des
porc, chèvre ou lapin, immunisé contre les Ig du
sérums de cas de leishmanioses
sérum humain), chimiquement combiné avec un colo-
Matériel aimablement communiqué par rant, la fluorescéine.
D. Le Ray
Réactifs et matériel

• ANTIGÈNES UTILISÉS

L'antigène (parasites entiers) est fabriqué à partir


d'une des sources suivantes:
- sang parasité d'animaux infectés au laboratoire
(frottis ou gouttes épaisses);
- parasites élués (filtration sur colonne) à partir du
sang de ces animaux (lyophilisés, en ampoule);
- parasites cultivés (lyophilisés, en ampoule).

U n e goutte de sang parasité, ou de l'antigène


lyophilisé reconstitué dans du tampon, est déposée
dans chacun des cercles ("spots") de lames siliconées.
L'antigène, une fois séché et bien emballé, se conserve
plusieurs mois au congélateur (-25°C).

• RÉACTIFS

Conjugué fluorescent; bleu Evans (utilisé comme


contre-colorant); PBS (solution tamponnée); glycérine
tamponnée (glycérine 60 p.100, PBS 40 p.100).
• MATÉRIEL

Microscope équipé d'éclairage ultraviolet; lames


siliconées "multispots" (figurel 9-8).

Prélèvements à examiner

Il peut s'agir d'échantillons de sang séché, de


sérum (en dilutions) ou de LCR (non dilué)

Procédure

- Mettre une goutte de chaque dilution du sérum


du patient (ou de l'éluat de sang séché) sur les
spots de la lame d'antigène pendant 30 minutes,
à température du laboratoire et en chambre
humide pour éviter la dessication des gouttes;

Figure 19-8 - laver 10 minutes en PBS pour évacuer les immu-


noglobulines non fixées;
Lames " m u l t i s p o t "
- diluer le conjugué fluorescent à la dose pres-
Les lames sont recouvertes d'une couche crite, dans du P B S additionné de bleu Evans à la
de silicone qui ménage deux rangées de concentration de 1/10.000 et le placer, à raison
cinq cercles (spots) où aura lieu la réac- d'une goutte par spot, sur l'antigène pendant 30
tion, soit avec des sérums de différents
minutes;
sujets, soit avec des dilutions progressi-
ves d'un même sérum. - laver 10 minutes en PBS;

252
Diagnostic indirect par recherche d'anticorps Chapitre 19

Figure 19-9

Exemple de tests d'immunofluo-


rescence positifs
m -
1. trypanosomes
2. amibes
3. toxoplasmes

- recouvrir la préparation de glycérine tamponnée


et d'une grande lamelle;
- examiner les spots d'antigènes au microscope
équipé d'un éclairage ultraviolet.

Lecture et interprétation

Une réaction positive se marque par la colora-


tion en vert brillant des parasites présents sur la lame,
dans le champ microscopique (figure 19-9), tandis
qu'en cas de réaction négative, les parasites colorés en
pourpre par le bleu Evans sont à peine visibles sur le
fond noir de la préparation.

Ce test permet la visualisation au microscope


des complexes antigène-anticorps localisés sur les Coombs lié à un enzyme) reconnaîtra les Ig du patient
parasites. C'est une garantie de spécificité. si elles sont présentes sur la paroi.

Le manque de standardisation des réactifs et des La quantité d'enzyme qui sera retenue sur la
manipulations intervenant dans la réalisation du test paroi est donc proportionnelle à la quantité d'anticorps
empêche souvent l'uniformisation des renseignements (Ig spécifiques de l'antigène) dans le sérum.
fournis par différents laboratoires (les titres considérés Un substrat incolore, spécifique de l'enzyme, est
comme spécifiques peuvent être différents). ajouté dans chaque cupule. La réaction enzymatique
produit un changement de couleur du substrat, propor-
Applications tionnel à la quantité d'enzyme présente dans la cupule
Amibiase; trypanosomiases humaines*; toxoplas- et donc à celle d'anticorps présente dans le sérum. La
mose; infections par Plasmodium. lecture peut se faire au spectrophotomètre et est donc
quantitative (malgré l'emploi d'une dilution unique) et
* Réactif antigénique gratuitement disponible sur
objective.
demande au laboratoire de Sérologie de l'Institut de
Médecine tropicale, Nationalestraat 155, B-2000 L'absorption de la lumière par la paroi colorée
Antwerpen, Belgique. de la cupule est mesurée par comparaison avec une
cupule témoin et exprimée en valeur d'absorbance.
5.8 Test ELISA
La réaction comprend donc, schématiquement,
("Enzyme-linked Immunosorbent Assay") les étapes suivantes:

Principe - sensibilisation d'un support par un antigène;


- mise en incubation du sérum;
L'antigène soluble est fixé sur un support solide
(paroi de cupules); les anticorps du patient viendront - mise en incubation d'un conjugué enzymatique
s'y attacher en cas de réaction spécifique. Dans le anti-globulines humaines;
second temps de la réaction, le conjugué (sérum de - ajout du substrat.

253
Chapitre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

Réactifs et matériel Procédure

• ANTICÈNES UTILISÉS - Placer 200 pl de la dilution choisie du sérum par


cupule; un contact de 30 minutes permet aux
Le test ELISA utilise des antigènes solubles, obte- anticorps du patient (Ig) de se fixer directement à
nus par destruction des parasites (ultrasons ou broyeur l'antigène collé sur la paroi;
de cellules) et qui peuvent être conservés à l'état con-
- laver 10 minutes dans du PBS pour éliminer le
gelé ou lyophilisé. Ils seront fixés sur un support rigide
sérum non fixé;
(surface de plastique) qui peut être la paroi interne
- introduire un conjugué enzymatique antiglobuli-
d'un tube à essai ou d'une cupule de plaque à microti-
nes humaines et laisser en contact pendant 30
tration.
minutes;
• RÉACTIFS - laver encore 10 minutes pour éliminer le conju-
Conjugué enzymatique gué non fixé;
- introduire le substrat spécifique de l'enzyme
D e nombreux conjugués anti-globulines humai-
clans la cupule;
nes liés à un enzyme (peroxydase le plus souvent) sont
- arrêter la réaction substrat-enzyme par un acide
disponibles dans le commerce. Ils peuvent être monos-
fort (H2SO4);
pécifiques (anti-lgG, anti-lgM) ou polyvalents (anti-
IgG+M+A). - lecture au photomètre ou visuelle (appréciation
du changement de couleur du substrat dans les
Substrat cupules tests par rapport aux témoins).
Chromogène spécifique de l'enzyme, il réagit
Précautions
avec lui et provoque un changement de couleur.
Cette réaction doit être réalisée en présence de
Couples enzyme-substrat fréquemment utilisés
témoins assurant la spécificité de la réaction: contrôle
peroxydase avec ortho-phénylène diamine;
de la qualité de l'antigène, des liquides de dilution et
phosphatase alcaline avec p-nitrophényl éventuellement du conjugué.
phosphate;
B galactosidase avec o-nitrophényl-D
Applications
galactoside. Trypanosomiases, toxoplasmose (intérêt des con-
jugués monospécifiques).
Solution d'arrêt

Solution d'acide sulfurique. 5.9 Variante: ELISA IgM "capture"


Liquide de dilution (PBS tween 0,01 M) Cette réaction permet le dosage des IgM spécifi-
Solution stock (concentrée) 0,25 M ques.

Na 2 HP0 4 . 2 H 2 0 34,35 g
Principe
NaH 2 P0 4 . H 2 0 7,875 g
H20 distillée 1,0 1 La paroi d'une cupule est sensibilisée par un
Pour l'emploi: anticorps anti IgM humaines préparé chez la chèvre
ou le lapin. L'incubation, dans cette cupule, du sérum
PBS stock 40,0 ml à examiner produira la fixation sur la paroi des IgM
NaCI 8,5 g
éventuellement présents. L'antigène toxoplasmique
Tween 20 0,5 ml
ajouté ensuite se fixera à son tour sur la paroi si des
H20 distillée 1,0 1
IgM du sérum du patient le reconnaissent. Il faudra
• MATÉRIEL alors révéler ces "captures" successives par un conju-
gué enzymatique anti-toxoplasme.
Plaques à microtitration; pissette ou arrosoir
pour les lavages intermédiaires; spectrophotomètre: Procédure
pour la lecture automatisée, il est nécessaire d'utiliser
des cupules à fond plat car le rayon lumineux du pho- La séquence des manipulations sera schémati-
tomètre est vertical et la cellule de mesure se trouve quement la suivante, les différentes étapes étant sépa-
sous la plaque. rées par des lavages en PBS:
Cryoconservarion Chapitre 19

- support sensibilisé par un anti-lgM (lapin, chè- Figure 19-10


vre); Western Woning:
"Immunoblotting" ou"Western
Hetrophorese des protancs de 4 différents souches de Pktmo&mifNciptrMi (Thailand
- sérum du patient: s'il y a des IgM, fixation sur le S.Tome. Suriname. (ihana) sur 10% aoylamide-jttl colcré avec Neu de cootrassie b l o t "
support; chaud
1. migration de protéines de plasmo-
- antigène de toxoplasme; dium
- conjugué enzymatique anti-toxoplasme. 2. protéines (antigènes) transférées
sur nitrocellulose où certaines ont
L'antigène toxoplasmique ajouté peut être lui-
réagi avec des immuns-sérums de
même marqué par un enzyme, la dernière étape patients
devient alors superflue. Le substrat changera de cou-
(Cliché Chantai VAN OVERMEIRE, Labo-
leur pourvu que l'enzyme soit présent sur la paroi de la
ratoire de Protozoologie, IMT, Anvers)
cupule.

Utilisation

Diagnostic de la toxoplasmose aiguë où le


InniMio blutting (nitroœllulose) des protéines appiolciuml a 4 différents souches de
dosage des IgM est précieux. PliconxSum falciparum ( Ihailand. S .Tome. Suriname, Ghana) aprèsreconnaissancepar
des IgG de S Tomé (malade no 115)
5.10 Immuno-transfert

"Western blot" (WB)

• PRINCIPE

U n e électrophorèse des protéines parasitaires est


pratiquée sur gel de polyacrilamide pour séparer les
constituants antigéniques. U n e fois la séparation obte- 2
nue, le transfert par contact sur une feuille de nitrocel-
lulose peut avoir lieu.

Le sérum à examiner devra être déposé sur la


feuille de nitrocellulose pour fixation des anticorps sur
les antigènes reconnus. U n conjugué enzymatique Remarque
anti-lg humaines et le substrat de l'enzyme révéleront
Un dispositif amélioré permet le contact avec les antisérums sans découpage
les fixations (figure 19-10).
préalable de la feuille de nitrocellulose.
• PROCÉDURE
• APPLICATIONS
- Séparation des antigènes parasitaires par électro-
En parasitologie, c'est essentiellement une tech-
phorèse des protéines sur gel de polyacrilamide;
nique de recherche pour analyse antigénique fine des
- transfert ("blotting") sur membrane de nitrocellu-
parasites: piasmodiums, toxoplasmes, trypanosomes...
lose et découpage de cette feuille en bandelettes
étroites;
6. CryoconservQtion
- incubation des bandes avec les sérums à tester
dilués en P B S tween (sans azide de sodium) pour
permettre les réactions antigène-anticorps; 6.1 Plasmodium falciparum du sang
- lavage par trempage à 6 reprises dans du PBS d e p a t i e n t s o u d e cultures
tween (voir ELISA);
Congélation
- incubation avec un conjugué enzymatique anti-
lg humaines pour permettre le marquage à O n peut congeler du sang parasité prélevé chez
l'enzyme; un patient ou des piasmodiums de culture.
- lavage dans les mêmes conditions que précé- Le sang parasité du patient sera prélevé sur anti-
demment;
coagulant (ACD ou EDTA) et centrifugé pour éliminer
- trempage des bandelettes dans le substrat pour le plasma; le culot sera remis en suspension dans 5 fois
coloration. son volume de R P M I stock*; le lavage des globules en

255
Chapitre 19 T E C H N I Q U E S UTILISÉES P O U R LE D I A G N O S T I C ET L A RECHERCHE

RPMI stock sera répété trois fois; le dernier culot de - centrifuger à 2.000 tours/min. pendant 5 minu-
globules lavés sera mélangé au mélange cryoprotec- tes;
teur**. - enlever le surnageat et ajouter goutte à goutte,
Pour les cultures, on les choisira d'environ 5 en mélangeant soigneusement, 10 ml de solu-
p.100 de parasitémie avec une forte proportion de for- tion C par ml de sang décongelé;
mes en anneau. Les grands trophozoïtes et les schizon- - centrifuger à 2.000 t/m pendant 5 minutes;
tes sont détruits par la congélation; centrifuger la
- enlever le surnageant, resuspendre le culot de
culture à 2.000 tours/min. pendant 5 minutes, éliminer
globules rouges dans d u milieu RPMI complet
le surnageant.
(voir culture de plasmodiums, paragraphe 2.8).
Dans les deux cas, ajouter au culot de globules
Démarrer la culture dans les conditions prescri-
un volume équivalent du mélange cryoprotecteur**,
tes (première culture avec des cellules péritonéales de
goutte à goutte et à température ambiante afin de per-
souris); ajouter des globules rouges frais si la valeur
mettre la pénétration du glycérol dans les cellules; la
hématocrite est trop basse (il faut obtenir un hémato-
suspension finale de globules rouges parasités doit
crite de 5 p.100).
avoir un hématocrite de 50 p.100.

Distribuer à raison de 0,5 ml par ampoule. 6.2 Trypanosomes sanguicoles


Congeler rapidement en plongeant les ampoules
Les trypanosomes africains tout c o m m e T. cruzi
dans l'azote liquide ou en les plaçant dans un congé-
peuvent être conservés en congélation à partir du sang
lateur à -70°C. d'un patient (trypomastigotes) ou à partir de cultures
*RPMI stock (formes procycliques). Les stabilats de trypanosomes
voir paragraphe 2.8. africains ont l'avantage de conserver indéfiniment le
type antigénique qu'ils expriment.
**Mélange cryoprotecteur
glycérol 28 p.100 Mélange cryoprotecteur
sorbitol (ou mannitol) 3 p.100
NaCI 0,65 p.100 DMSO (diméthyl sulfoxide) 20 ml
Ce mélange est fabriqué en ajoutant 28 ml de glycérol à 72 PSG 5:5 * 80 ml
ml d'une solution aqueuse contenant 4,2 p.100 de sorbitol *Le PSG est décrit plus haut (concentration des parasites san-
ou de mannitol et 0,9 p.100 de NaCI. Stériliser par passage guicoles par filtration).
sur un filtre de 0,22 |im.
Procédure
Décongélation
Sang prélevé sur héparine 3 volumes
Préparer les solutions suivantes:
Sol. A. NaCI à 12 p.100 dans l'eau distillée D M S O 20 p.100 1 volume
Sol. B. NaCI 1,6 p.100 dans l'eau distillée pour obtenir un mélange à 5 p.100 de D M S O en con-
Sol. C. Dextrose 0,2 p.100 et NaCI 0,9 p.100 dans l'eau dis- centration finale.
tillée
Vitesse de refroidissement dans un appareillage auto-
Stériliser les solutions par filtration. matique: 1°C par minute jusqu'à -35°C, puis 5°C par
- Retirer une ampoule de l'azote et la placer dans minute jusqu'à -79°C, enfin plonger dans l'azote
un bain-marie à 37°C jusqu'à décongélation liquide.
totale;
Pour obtenir approximativement ces vitesses de refroi-
- transférer dans un tube stérile, mesurer le dissement, procéder c o m m e suit:
v o l u m e de sang et ajouter goutte à goutte, en
- refroidir les ampoules vides à +4°C et la suspen-
mélangeant soigneusement, 0,2 ml de la solu-
sion de parasites dans la glace;
tion A par ml de sang décongelé;
- laisser reposer 3 minutes à température - répartir le mélange sang ou culture avec le cryo-
ambiante; protecteur à raison de 0,8 ml par ampoule;

- ajouter goutte à goutte, en mélangeant soigneu- - placer les ampoules, maintenues verticalement
sement, 10 ml de solution B par ml de sang sur un portoir, au fond d ' u n congélateur à -35°C
décongelé; pendant 30 minutes;
- placer les ampoules dans un congélateur à -75/
80°C ou sur la neige carbonique pendant 30
minutes;
- les transférer sans tarder dans l'azote liquide.

Le contrôle de viabilité peut être fait le lende-


main de la congélation, en observant le pourcentage
de formes mobiles après décongélation.

La décongélation se fait en plaçant les ampoules


dans un bain-marie à 37°C au sortir de l'azote liquide.

6.3 Parasites intestinaux


en culture (amibes, Giardia)

Mélange cryoprotecteur
Diméthyl sulfoxide (DMSO) 20 ml
PSG 5:5* 100 ml
*Le PSG est décrit plus haut (concentration des parasites san-
guicoles par filtration).

Procédure
- Mélanger la suspension de parasites avec le
mélange cryoprotecteur à température ambiante:
Culture de protozoaires (3 jours) 1 ml
Mélange cryoprotecteur 0,5 ml
- répartir en ampoules de 1 ml;
- procéder ensuite au refroidissement progressif
jusqu'à -70° (la technique décrite pour les trypa-
nosomes au paragraphe précédent peut être utili-
sée);
- transférer immédiatement dans l'azote liquide.
Lutte contre les arthropodes
vecteurs de protozoaires parasites
1. Concepts généraux d u
contrôle des vecteurs
1.1 Lutre chimique
1.2 l.uife biologique
au contact de l'air. Leur prix et leur rareté ont encou- 1.3 Méthodes génériques
1. Concepts généraux
1.4 Lutte; mécanique et :
ragé la recherche de succédanés: les pyréthrinoïdes.
du contrôle des vecteurs écologique
• PYRÉTHRINOÏDES SYNTHÉTIQUES 1.5 Répulsifs
2. Lutte contre les anophèles
1.1 Lutte chimique Ces produits sont analogues au pyrèthre mais
2.1 Pulvériserions intror
produits par synthèse chimique. La grande différence domiciliaires
Inventaire avec le pyrèthre réside dans la stabilité de ces molécu- 2.2 : Traitement spatial intra-
les qui restent actives sur un support pendant des domiciliaire
Les substances insecticides peuvent être produi-
périodes prolongées. 2.3 Traitement spatia,' exté-
tes par synthèse chimique ou extraites de végétaux ou
rieur
de bactéries. La perméthrine (Permas®) est utilisée en pulvéri- 2.4 Mesures anrilarvalres
sation rémanente. 2.5 Diminution du contact
Elles peuvent agir sur les arthropodes adultes
(adulticides) ou sur les stades larvaires (larvicides). La deltaméthrine (K-Othrine®, Decis®) est trois homme-insecte
2.6 Moustiquaires impré-
Le choix d'un insecticide est guidé, outre son fois plus active que le pyrèthre et plus stable à la
gnées d'insecticides
activité sur l'insecte cible, par sa toxicité pour les ver- lumière (effet prolongé). Plus toxique pour les animaux
3. Lutte contre les glossines
tébrés (y compris l'homme), la durée de son efficacité et l'homme que la perméthrine, elle est cependant uti-
3.1 Insecticides
(rémanence), son effet polluant, son coût, son mode lisée au dixième de la dose de cette dernière. Elle est
3.2 Lâcher de mâles stéri-
d'utilisation (par contact, étalés sur une paroi; effet spa- utilisée pour l'imprégnation dés moustiquaires ou pour les
tial, répandus dans l'atmosphère). des pulvérisations intra-domiciliaires. 3.3 Etablissement de bar-
rières chimiques et
La resméthrine (Pinosect®) est rapidement
• HUILES MINÉRALES mécaniques
décomposée au contact de l'air. Elle est utilisée en pul-
3.4 Utilisation de pièges
Etalées en nappe fine à la surface de l'eau, elles vérisations spatiales contre les phlébotomes.
3.5 Régulateurs de crois-
empêchent les larves de Culicidae qui se développent
La lambdacyalothrine est active contre les mous- sance :
en milieu aquatique, de venir respirer à la surface du
tiques adultes et est utilisée pour l'imprégnation des 3.6 Phéromones sexuelles
gîte. L'effet polluant est un inconvénient sérieux.
moustiquaires. 3.7 Groupe de l'ivermec-
• PYRÉTHRINES rine
La cyfluthrine, la cyperméthrine, l'etofenprox 4. Lutte contre les phléboto-
Ce sont des molécules d'origine végétale conte- (Trebon®) et l'alphaméthrine sont en cours d'évalua- mes
nues dans le pyrèthre, extrait de Chrysanthemum cina- tion contre les moustiques adultes. 4.1 Utilisation des insectici-
riaefolium. Leur effet adulticide immédiat ("knock des
down") et sans action prolongée (pas de rémanence) L'esbiothrine existe en bombes insecticides, pla- 4.2 Modifications de l'envi-
est mis à profit pour les captures résiduelles, dont le quettes et spirales pour fumigation. ronnement
but est de récupérer, le matin dans les maisons, les 4.3 Mise en place de bar-
• ORGANOCHLORÉS
moustiques qui se sont nourris la nuit sur les habitants rières naturelles
Le dichlorodiphényl-trichloro-éthane ou D D T a 4.4 Protection individuelle'
(épidémiologie du paludisme). Elles sont utilisées en
pulvérisations spatiales dans des espaces confinés été le premier insecticide découvert (1940). Il est :
5., Lutte conrre les réduvidés
(bombe insecticide ou pompe à main du type "flytox"), caractérisé par sa stabilité qui lui permet de rester actif 5.1 Utilisation des insectici-
sur les supports pendant plus de 6 mois (rémanence des
en association avec le butoxyde de piperonyle avec
prolongée), sa faible toxicité et son prix modique. Très 5.2 Réduction du contact
lequel elles entrent en synergie.
homme - vecteur
peu soluble dans l'eau, il est critiqué en écologie pour
Les extraits de pyrèthre, mis en solution à 0,04 p. 5.3 Réduction des popula-
sa très lente dégradation qui lui permet de s'accumuler
tions de réduves
100 dans un solvant organique (huile, kérosène), sont dans les chaînes alimentaires (légumes, viande). Il pos-
peu toxiques pour l'homme et sont rapidement détruits sède un léger effet répulsif sur les moustiques.
Bibliographie

259
Chapitre 20 LUTTE C O N T R E LES A R T H R O P O D E S V E C T E U R S DE P R O T O Z O A I R E S PARASITES

Le m é t h o x y c h l o r e est analogue au D D T ; il est Le d i a z i n o n est utilisé contre les mouches et les


toutefois partiellement biodégradable et sa rémanence phlébotomes.
ne dépasse pas 4 mois. Le t r i c h l o r f o n (Dipterex®) est utilisé contre les
L'hexachlorocyclohexane ou HCH (Lindane®, mouches.
Gammexane®) a u n b o n effet rémanent (3-4 mois). Il • CARBAMATES
est actif par contact (sur support) o u en pulvérisation
Le p r o p o x u r (Baygon®) est très efficace contre
spatiale (véhiculé par l'air). Son odeur désagréable
les insectes domestiques; il a remplacé le D D T contre
rend délicat son usage dans les habitations. U n e appa-
les anophèles en A m é r i q u e centrale.
rition rapide de résistance chez les anophèles a été
observée. Le carbaryl (Sevin®) peut remplacer le D D T là
o ù ce dernier est interdit.
La d i e l d r i n e possède une t o x i c i t é aiguë élevée
pour l ' h o m m e et elle est bien résorbée par voie cuta- Le b e n d i o c a r b est utilisé contre les moustiques.
née. Sa fabrication est coûteuse et de plus, l ' a p p a r i t i o n • HORMONES
rapide d'anophèles résistants rend son utilisation pro-
Certaines hormones entravent le d é v e l o p p e m e n t
blématique.
larvaire des insectes. Elles se caractérisent par u n e
L'endosulfan possède la m ê m e toxicité q u e la absence totale de t o x i c i t é sur les vertébrés.
dieldrine. Il a été utilisé en pulvérisation spatiale (par
Le m é t h o p r è n e (Altosid®) pose des problèmes
avion) contre les glossines (surtout G. morsitans).
de périodicité d'application, vu son efficacité de
• ORGANO-PHOSPHORÉS courte durée et son action restreinte au stade p r é n y m -
phal (larvaire) de l'insecte.
Le m a l a t h i o n , d é c o u v e r t en 1950, reste un
excellent a d u l t i c i d e contre les anophèles. Son action Le d i f l u b e n z u r o n ( D i m i l i n ® ) p r o v o q u e la m o r t
rémanente d ' e n v i r o n 3 mois et sa f a i b l e t o x i c i t é p o u r des larves en i n h i b a n t la sclérification (solidification
les vertébrés c o n t r e b a l a n c e n t son c o û t élevé et son de la cuticule) après les mues.
odeur désagréable après pulvérisation. En poudre, il Le Précocène® permet le d é v e l o p p e m e n t lar-
est efficace également contre les ectoparasites (poux, vaire mais, à l'éclosion, on ne retrouve q u e des adultes
puces). nains, malformés et inviables.
Le f é n i t r o t h i o n (Sumithion®) est utilisé c o m m e
Formulation des insecticides
larvicide o u c o m m e a d u l t i c i d e . Peu toxique, il peut
remplacer le D D T dans les campagnes antipaludiques. Dans les poudres à poudrer, la matière active,
pulvérulente, est présentée à l'état p u r o u mélangée à
Le f e n t h i o n (Baytex®) est c o m p a r a b l e au mala-
des particules inertes (pyrophillite, acide b o r i q u e , terre
thion. Il est utilisé avec succès c o m m e larvicide o u
de diatomées). Elles servent au déparasitage de la
adulticide.
peau, des locaux.
Le chlorpyrifos (Dursban®) est un larvicide à Les poudres mouillables sont utilisées en sus-
large spectre, utilisé contre les larves qui se dévelop-
pension dans l'eau. U n e suspension h o m o g è n e est
pent dans les eaux polluées (Culex). Le méthyl-chlor-
rendue possible grâce à l ' a d d i t i o n à la p o u d r e insecti-
pyriphos, un analogue c h i m i q u e , est en cours
cide, d'agents tensio-actifs (détergents o u analogues).
d'évaluation c o m m e a d u l t i c i d e contre les moustiques.
Les emballages portent souvent l'abrévation "WP"
Le téméphos (Abate®) est un larvicide pour eaux ( " W e t t a b l e Powder").
claires; très peu t o x i q u e , il est utilisé contre les larves Exemple de formule de DDT (poudre dispersable ou mouillable)
d e S i m u l i u m et d'anophèles.
DDT technique 76,5 p.cent
L'iodofenphos (Elocril®, N u v a n o l N ' ®) est un Poudre inerte (dioxyde de silicone hydraté) 21,0 p.cent
insecticide de contact p o u r insectes péridomiciliaires Agent mouillant (IgeponT 77) 1,5 p.cent
(fermes, dépendances). Agent dispersant (Marasperse N) 1,0 p.cent

Le dichlorvos (DDVP) est très volatil et agit à Dans les concentrés émulsionnables, l'insecti-
l'état gazeux (effet spatial) contre les insectes adultes. c i d e est en solution dans un solvant organique a d d i -
Dans les plaquettes Vapona®, il est incorporé dans u n e t i o n n é d ' u n agent tensio-actif. D i l u é dans l'eau, il
résine de p o l y c h l o r o v i n y l . p r o d u i t une é m u l s i o n (aspect laiteux) q u i d o i t rester

260
Concepts généraux du contrôle des vecteurs

homogène pendant une période prolongée. Les embal-


DL50 orale DL50 orale
lages portent souvent l'abréviation "EC" ("Emulsifiable Produit Produit
chez le rat chez le rat
Concentrate").
bendiocarb 40 gamma HCH 88
ULV est l'abréviation de "Ultra Low Volume"
(volume ultra-faible). La solution concentrée en solvant carbaryl 500 iodofenphos 2100
organique est utilisée comme telle, en spray très fin. chlorpyrifos 82 lambda-cyhalothrine 1444
Leur utilisation est réservée aux pulvérisations par
DDT 113 malathion 2800
avion ou hélicoptère, à raison de 0,6 à 4,7 l/ha. Le
malathion ULV par exemple a une concentration de 98 deltaméthrine 135 méthoxychlore 6000
p.100 de matière active. diazinon 250 perméthrine 430

Les granulés et briquettes sont des supports iner- dichlorvos 56 propoxur 90


tes (argile, ciment, plâtre) qui permettent le relargage dieldrine 46 pyrèthre 200
progressif du produit actif lors de l'immersion dans endosulfan 46 resméthrine 2500
l'eau (surtout utilisés comme larvicides). Ils contien-
esbiothrine 670 téméphos 8600
nent de 2 à 25 p. 100 de produit actif.
fénitrothion 800 trichlorfon 560
Les résines servent de support à un insecticide
fenthion 245
volatil comme le dichlorvos (plaquettes Vapona®).

Les bombes insecticides (aérosols) contiennent


un gaz liquéfié sous pression comme le très contesté épidémie due au germe choisi dans une population Tableau 20-1
dichlorodifluorométhane (fréon) ou autre, qui entraine anophélienne, par exemple.
l'insecticide lors de la vaporisation.
Les prédateurs sont surtout constitués par des
La toxicité des insecticides poissons larvivores (Gambusia affinis) dont on peuple
les gîtes larvaires. Il existe aussi des insectes prédateurs
La toxicité pour les vertébrés est exprimée en attaquant les moustiques mais leur intervention dans la
DL50 orale pour le rat femelle (dose qui, administrée lutte est problématique.
oralement, tue 50 p.100 des animaux). Le tableau ci-
dessous indique la DL50 en mg/kg de quelques insecti- Bacillus thurigiensis et Bacillus sphaericus pro-
cides couramment utilisés. O n remarquera que plus duisent des toxines possédant un effet larvicide très
cette dose est élevée, moins l'insecticide est toxique puissant. Chez B. thurigiensis, on a sélectionné le séro-
(tableau 20-1). type 14 qui est particulièrement actif, commercialisé
sous le nom deTeknar®. Il est utilisé surtout contre les
La résistance aux insecticides larves d'anophèles. Les bactéries sont incorporées dans
des boues qui leur permettent de rester en suspension
La résistance biochimique ou physiologique peut dans l'eau des gîtes. La toxine en poudre peut aussi
être mesurée par des tests standardisés dans lesquels être placée dans des particules (granulés) dont la den-
une sélection d'insectes capturés sont mis pendant un sité est calculée pour qu'elles flottent dans l'eau du
certain temps en contact avec une dose du produit gîte. La toxine de B. sphaericus est un peu moins
analysé. Des voies métaboliques alternatives trouvées active.
par l'organisme de l'insecte pour neutraliser l'effet toxi-
que du produit rendent l'insecticide inactif.
1.3 Méthodes génétiques
La fréquente résistance comportementale n'est
cependant pas mesurée par ces tests. Il s'agit de "com- La modification, au laboratoire, de la réceptivité
portements d'évitement", quand l'insecticide a une d'une espèce d'anophèle vis-à-vis des plasmodiums
action répulsive qui fait fuir le moustique. pourrait considérablement gêner la transmission du
paludisme. C'est actuellement une voie de recherche
1.2 Lutte biologique très active (moustiques transgéniques).

Certains parasites pathogènes pour les inverté- La stérilisation au laboratoire d'insectes mâles
brés (protozoaires, nématodes ou champignons) peu- (anophèles, glossines) par irradiation est suivie du lâcher
vent raccourcir considérablement la vie des insectes des mâles stériles dans un biotope naturel. La copula-
adultes. Leur utilisation est difficile: il faut créer une tion ne se faisant qu'une seule fois dans la vie d'une

261
L U T T E C O N T R E LES A R T H R O P O D E S V E C T E U R S DE P R O T O Z O A I R E S PARASITES

femelle, celle-ci n'aura d o n c pas de descendance si le 2A Pulvérisations intra-domiciliaires


m â l e choisi pour cette u n i q u e occasion est stérile!
Ce p r i n c i p e est basé sur l'observation q u e la p l u -
Ces méthodes nécessitent c e p e n d a n t l'élevage part des anophèles entrent dans les habitations pour
en insectarium de grandes quantités d'insectes. Les piquer et v o n t ensuite se poser sur les parois intérieu-
lâchers dans les biotopes d o i v e n t être précédés d ' u n e res des murs.
étude quantitative des populations d'insectes dans les
biotopes à traiter car la p r o p o r t i o n de mâles stériles Les pulvérisations c o u v r e n t toutes les surfaces
intérieures. Le dosage est e x p r i m é en grammes de
par rapport à la p o p u l a t i o n totale de m o u c h e s d o i t être
matière active par mètre carré: D D T 1 à 2 g / m ^ ; lin-
significative et leur c o m p é t i t i v i t é intacte.
dane 0,5 g / m ^ ; m a l a t h i o n 2 g / / m ^ ; p r o p o x u r 2 g / m ^ ,
f e n i t r o t h i o n 2 g / m ^ , d e l t a m é t h r i n e 0,025 g / m ^ .
1.4 Lutte mécanique et écologique
La durée d ' a c t i o n (rémanence) est de 3 à 12
Elle poursuit deux objectifs: la réduction de la
mois selon le p r o d u i t .
densité des vecteurs et la r é d u c t i o n du n o m b r e de
piqûres infligées à l ' h o m m e . Remarque

Pour agir sur la densité, o n p r o c è d e à la destruc-


Ce genre d'application des insecticides (même le DDT) est sans danger pour
t i o n des gîtes larvaires o u des lieux de repos des adul- l'environnement. Le produit est appliqué sur les surfaces et y reste fixé.
tes (voir cas particuliers ci-dessous) o u encore au
piégeage q u i capture les insectes au stade adulte o u 2.2 Traitement spatial intra-domiciliaire
larvaire.
O n utilise des aérosols sous pression (en bombe)
Pour agir sur le contact homme-vecteur, la
au fréon o u au p r o p a n e o u des pulvérisateurs à m a i n ;
déviation des vecteurs sur des a n i m a u x "pièges" (zoo-
d u pyrèthre destiné à étourdir le m o u s t i q u e y est sou-
prophylaxie) est parfois c o u r o n n é e de succès. L'exclu-
vent ajouté.
sion des vecteurs des locaux où v i t l ' h o m m e (treillis
moustiquaires aux portes, fenêtres et autres ouvertures) Les insecticides le plus souvent utilisés sont le
et l'utilisation de moustiquaires de lit ( d i m e n s i o n des D D T à 3 % , le m é t h o x y c h l o r e à 3 % et le m a l a t h i o n à
mailles inférieure à 1,5 m m de côté) peut être souve- 2 %.
raine p o u r les insectes à activité n o c t u r n e mais reste à
l'échelle de la protection de l ' i n d i v i d u . . 2.3 Traitement spatial extérieur

1.5 Répulsifs L'émission, dans le milieu extérieur, de


brouillards, de brumes o u de poudres sèches à l'aide
Le badigeonnage de la peau o u i m p r é g n a t i o n de d'appareils à m o t e u r portés à la m a i n , placés sur un
vêtements avec des produits qui é l o i g n e n t les insectes v é h i c u l e ou dans un avion, o n t des effets indésirables
permet de d i m i n u e r t e m p o r a i r e m e n t ( m a x i m u m 4 à 6 sur les a n i m a u x et entraîne la p o l l u t i o n des pâturages,
heures), le n o m b r e de piqûres. Ces produits sont actifs potagers et eaux de surface. Le dosage est e x p r i m é en
contre les moustiques et les p h l é b o t o m e s . grammes par hectare: D D T 2 2 4 g/ha; dichlorvos 5 6 à
2 8 0 g/ha; f e n t h i o n 112 g/ha; l i n d a n e 112 à 2 2 4 g/ha;
Les produits utilisés p o u r leur action répulsive m a l a t h i o n 112 à 5 6 0 g/ha.
sont, par o r d r e d ' a n c i e n n e t é décroissante, le sulfate de
c a l c i u m hydraté, la citronnelle, le pyrèthre, le d i m é -
2.4 Mesures antilarvaires
thyiphtalate et analogues, le d i é t h y l t o l u a m i d e o u
DEET, la perméthrine. Le plus actif est le DEET, utilisé à Elles réduisent la densité a n o p h é l i e n n e par l'éli-
des concentrations de 2 0 à 5 0 p. 1 0 0 dans des b o m - m i n a t i o n des c o l l e c t i o n s d ' e a u de surface: rem-
bes, crèmes, lotions, savons, etc. blayage, drainage, curage des canaux, assèchement
des marais, etc. L'utilisation de larvicides c o m m e le
déversement d ' h u i l e de pétrole a d d i t i o n n é e de subs-
2. Lutte contre les anophèles tances tensioactives, les épandages terrestres o u
aériens d ' A b a t e ® , de f e n t h i o n , de Dursban®, d'extraits
O n utilise p r i n c i p a l e m e n t , seuls ou en c o m b i n a i - de Bacillus thuringiensis o u l'alevinage des collections
sons, les pulvérisations rémanentes intra-domiciliaires, d'eau par Cambusia affinis, entravent le développe-
les moustiquaires imprégnées et les larvicides. m e n t larvaire.

262
Lutte contre les glossines

Tableau 20-1

Concentré émulsionnable Dilution pour l'emploi Dose par m 2 d'après la


Compilation Marc Coosemans.
capacité d'absorption

perméthrine: Permas® diluer à 10 p.100 dans l'eau. absorption: 50 ml/m2


(concentré à 10 p.100 soit 100 mg/ml) Concentration finale: 10 mg/ml Dose: 500 mg/m2

deltaméthrine (K-Othrine®) diluer à 2 p.100 dans l'eau. absorption: 50 ml/m2


(concentré à 2,5 p.100 soit 25 mg/ml) Concentration finale: 0,5 mg/ml Dose: 25 mg/m2

lambdacyalothrine diluer à 2 p.100 dans l'eau. absorption: 50 ml/m2


(concentré à 2,5 p.100 soit 25 mg/ml) Concentration finale: 0,5 mg/ml Dose: 25 mg/m2

2.5 Diminution du contact homme-insecte 3. Lutte contre les glossines


Elle est obtenue par utilisation de treillis mousti-
quaires aux fenêtres ou autour des lits ou l'usage de 3.1 Insecticides
répulsifs sur la peau (diéthyltoluamide ou DEET) dont
la durée d'action ne dépasse pas quelques heures. En région de savane, les épandages aériens
d'endosulfan (10 g/ha dans les villages; 250 g/ha sur la
Dans certains cas, une diminution importante du nom-
végétation entourant les villages) ou de dieldrine à 3 %
bre de piqûres sur l'homme a été obtenue par l'interpo-
sont utilisés. Le D D T reste actif mais son utilisation
sition d'un troupeau d'animaux d'élevage, entre les
dans la nature fait l'objet de réticences.
gîtes larvaires et les habitations.
Sur les forêts galeries, la déltaméthrine (12,5 g/
2.6 Moustiquaires imprégnées d'insecticides ha) peut être répandue à partir d'hélicoptère.

Dans la forêt, il faut tracer des routes pour pulvé-


Le tissu peut être du coton, du nylon, du polyes- riser à partir de véhicules ou bien se servir de pulvéri-
ter ou un mélange de ces fibres. Les insecticides sateurs portés par des équipes de désinsectisation; on
recommandés sont les pyréthrinoïdes: perméthrine utilise la dieldrine à 3 p. 100.
(Permas®), deltaméthrine (K-Othrine®, Decis®) lamb-
dacyalothrine. La surface moyenne d'une moustiquaire La plupart des insecticides restent actifs contre
de lit d'une personne est d'environ 10 m^. Les concen- les glossines: DDT, H C H , dieldrine, endosulfan, fen-
thion, dichlorvos, propoxur, pyréthrinoïdes.
trés émulsionnables sont dilués dans le volume d'eau
que peut absorber la moustiquaire. La capacité Ils ont souvent été abandonnés. Leur application
d'absorption d'eau est de 40 à 100 ml par m^ suivant relevait, en forêt, de la performance sportive et en
le tissu utilisé (nylon ou polyester mélangés à du savane, où les applications par avion sont possibles, de
coton). Le coton pur doit être évité (plus fragile et la prouesse financière.
insecticide enfermé à l'intérieur des fibres) (tableau 20-
2). 3.2 Lâcher de mâles stériles

Les moustiquaires seront immergées dans le bain Il est essayé depuis une dizaine d'année en Afri-
d'insecticide puis essorées à la main et mises à sécher que de l'Ouest. Les résultats sont inégaux d'après les
horizontalement sur le matelas, la paillasse ou une espèces et la méthode est laborieuse et très coûteuse.
claie. Le séchage au soleil doit être proscrit. Le mani- Il a donné lieu à des essais bien contrôlés.
pulateur portera obligatoirement des gants pour éviter Cependant, il ne se plie à aucune recette standard et
le contact avec l'insecticide. reste un défi car la production commerciale relève de
la science fiction et le lâcher de mâles stérilisés par
La concentration finale est de 500 mg/m^ pour la irradiation dans un biotope exige des études entomolo-
perméthrine et de 25 mg/m^ pour les deux autres pro- giques longitudinales et augmente transitoirement la
duits. population vectrice. En effet, les mâles aussi bien que

263
L U T T E C O N T R E LES A R T H R O P O D E S V E C T E U R S DE P R O T O Z O A I R E S PARASITES

les femelles piquent et sont aptes à transmettre les sur les écrans doivent être intoxiquées en moins de 10
trypanosomes. secondes.

Un écran imprégné résiste pendant 3 à 4 mois


3.3 Etablissement de barrières chimiques et
mais, en saison des pluies, la rémanence t o m b e à 45
mécaniques
jours au maximum. Les réimprégnations constituent
Pour isoler une région où une action de réduc- une manipulation coûteuse et encombrante vu le
tion de la population de glossines a été entreprise, on nombre de pièges nécessaires pour une bonne couver-
peut supprimer la végétation ou mettre en place des ture de la surface à protéger.
écrans avec application d'insecticides rémanents tous En conclusion, le piégeage, qui a pu réduire de
les mois (deltaméthrine). plus de 95 p.100 la population initiale de mouches
dans certaines plantations entretenues, reste une
3.4 Utilisation de pièges
méthode coûteuse vu son extension prohibitive dans
Un bon piège doit exercer un pouvoir d'attrac- le temps et l'espace. Quant à la motivation des villa-
tion sur la mouche (couleur, forme, odeur, emplace- geois, elle est généralement de courte durée si elle a
ment); ensuite, il doit la retenir captive (pièges pu être suscitée à un moment. Les écrans o u les pièges
biconiques de Challier-Laveissière) ou bien la tuer sont alors abandonnés à l'agressivité d u milieu écolo-
(écrans de tissu bleu imprégnés de deltaméthrine à rai- gique qui les détruit: soleil, pluie, poussière ... C'est
son de 75 mg/m^) ou encore la stériliser (écrans pourtant une méthode qui pourrait résoudre le pro-
imprégnés de chimio-stérilisants). blème des zones éternellement endémiques.

Le piégeage pourrait être confié aux habitants


3.5 Régulateurs de croissance
eux-mêmes à condition qu'ils sachent à quoi il sert.
Le diflubenzuron (Dimilin®) est une hormone
Le piège biconique blanc-bleu de Challier et le
qui est très peu toxique pour les vertébrés et biodégra-
pyramidal bleu-noir de Gouteux et Lancien ont été
dable (elle ne s'accumule pas dans les chaines alimen-
reconnus les plus efficaces et les plus faciles à fabri-
taires). Elle peut donc être utilisée sur grande échelle
quer, avec leur armature simple habillée de tissu. Leur
dans la nature. Elle n'a pas d'effet sur la glossine
prix et la difficulté de leur entretien sont deux obsta-
adulte, mais les larves pondues n'atteignent pas le
cles à leur généralisation.
stade de pupe (stade nymphal).
Les écrans, simples morceaux de tissu coloré,
imprégnés de produits capables de tuer les mouches, 3.6 Phéromones sexuelles
constituent peut être l'ultime simplification. Des étu-
Des supports (corde avec des nœuds par exem-
des récentes très fouillées font appel à la chimie des
ple) imprégnés de ces substances attirent fortement le
fibres textiles, des colorants et des insecticides pour
mâle et l'invitent à copuler avec ces femelles factices.
réunir les quatre qualités recherchées: attractivité,
résistance aux intempéries, bonne imprégnation et Si on a ajouté une substance chimiostérilisante
rémanence. (groupe des Aziridines), la copulation stérilise le mâle
par la même occasion.
Les mélanges polyester-coton ont la préférence,
pour leur résistance à l'usure, la stabilité de leur colo-
3.7 Groupe de l'ivermectine
ration et leur capacité de retenir une quantité efficace
d'insecticide. Ce groupe de médicaments anthelminthiques
administré aux animaux (bétail) est dépourvu de toxi-
Pour la couleur, on hésite encore: le bleu électri-
cité pour les vertébrés, mais les glossines qui viennent
que attire le mieux les mouches mais elles préfèrent se
se gorger sur les animaux traités meurent dans un délai
poser sur d u noir. O n hésite aussi sur la nécessité de
assez bref.
combiner deux couleurs plus ou moins contrastées et
sur la manière de les juxtaposer.

Les insecticides en concentrés émulsionnables


4. Lutte contre les phlébotomes
sont les meilleurs. Plutôt que les organochlorés trop
vite inactivés et trop lents à tuer les mouches, on pré- L'abandon, dans nombre de pays tropicaux, de
fère les pyréthrinoïdes, l'alphaméthrine (200 mg de la lutte contre le paludisme a provoqué une recrudes-
concentré émusifiable par m ) étant jugée supérieure cence des cas de leishmanioses. Les phlébotomes sont
à la deltaméthrine. Les mouches qui viennent se poser très sensibles aux insecticides. Cependant, on signale

264
Lutte contre les réduvidés Chapitre 20

en Inde quelques cas de résistance au DDT, à la diel- 5. Lutte contre les réduvidés
drine et au diazinon.

4.1 Utilisation des insecticides 5.1 Utilisation des insecticides


La pulvérisation intra-domiciliaire avec la diel-
Il faut pulvériser à intervalles étudiés et à des
drine, la perméthrine (1 à 2 g/m 2 ) procure une réma-
endroits choisis en fonction des habitudes du vecteur.
nence d'au moins 2 mois, considérée comme
Là où l'infection est purement humaine ou péridomes-
importante car les réduves se cachent dans de profon-
tique (Asie, régions méditerranéennes), on appliquera
des crevasses. L'utilisation de peintures additionnées
les insecticides (DDT, malathion) dans et autour des
d'insecticides constitue une promotion non négligea-
maisons, sur les murets de pierre, dans les étables, les
ble de cette désinsectisation.
caves . Si on a affaire à une zoonose où les rongeurs
sont un réservoir important, outre ces pulvérisations
péridomiciliaires (lieux de repos diurnes), on évitera le 5.2 Réduction du contact homme - vecteur
contact entre les phlébotomes et les rongeurs (mor-
ceaux de tissus imprégnés de D D T à l'entrée des ter- Afin de réduire les lieux de refuge des réduves,
riers que les rongeurs emportent dans leur gîte et qui on peut supprimer les crevasses des murs par l'emploi
éloignera les phlébotomes, ou bien poudre de D D T à de ciment, de plâtre ou de boue séchée. Les toitures de
l'entrée des terriers). paille ou de tôles seront doublées d'un plafond ne lais-
sant pas passer les insectes. Bref, l'amélioration de
O n pourra utiliser les pulvérisations aériennes à l'habitat est primordial.
l'occasion de rassemblements importants de popula-
En outre, les moustiquaires de lit protègent effica-
tion. Les aérosols et nébulisations à l'iodofenphos ou à
cement les personnes qui y d o r m e n t
la resméthrine sont pratiqués dans les agglomérations.

4.2 Modifications d e l'environnement 5.3 Réduction des populations d e réduves

Il faudra éliminer les décombres et les ordures,


Sélection des "habitants" de la maison
détruire les terriers des rongeurs, défricher la forêt aux
alentours sur un rayon de 300 mètres autour des villa- La diminution des sources de repas sanguins pos-
ges, urbaniser les quartiers périphériques des villes... sibles pour les insectes à l'intérieur de la maison passe
par l'élimination de tous les animaux (cobayes, lapins,
4.3 Mise en place d e barrières naturelles volaille) qui y trouvent refuge la nuit.

Lutzomyia et Psychodopygus sont des insectes Capture d'insectes


forestiers d'Amérique latine. Les insecticides ne peu-
vent être employés sur des surfaces aussi étendues. O n Elle sert à faire une estimation du nombre
évitera le contact homme-vecteur en déboisant un d'insectes présents dans une maison aussi bien qu'à en
couloir planté d'herbe où des élevages de bétail peu- obtenir une diminution par captures répétées. Faite à la
vent être réalisés. Ce couloir isolera les agglomérations pince, pendant un temps determiné (15 minutes), elle
de la forêt. Seuls seront piqués les individus qui se ren- dépend de l'expérience du captureur. Après pulvérisa-
dent dans la forêt pendant la journée. tion spatiale de pyrèthre dans la pièce, son rendement
augmente de 3 à 4 fois mais la méthode n'est pas
quantitative.
4.4 Protection individuelle
Pour la quantification, on a imaginé plusieurs
Elle consistera dans la pose de toiles moustiquai- méthodes. Le marquage d'insectes capturés (couleur)
res à mailles très fines aux fenêtres et autour des lits, qu'on relâche et recapture dans une même maison
dans l'utilisation de répulsifs et dans l'élimination des manque de précision vu le petit nombre d'insectes
déchets de toutes sortes aux abords des maisons. marqués recapturés. On a essayé d'apprécier la dimi-
L'emploi de moustiquaires imprégnées d'insecticide, nution du rendement de captures de 15 minutes, répé-
de serpentins au pyrèthre, de plaquettes fumigantes ou tées consécutivement dans la même habitation. Les
de répulsifs (DEET), protège l'individu ou la maisonnée boîtes de Gomez-Nunez sont des boîtes de carton de
contre les piqûres du vecteur. 31 x 25 x 5 cm dont une face est perforée de 30 trous

265
Chapitre 20 L U T T E C O N T R E LES A R T H R O P O D E S V E C T E U R S DE P R O T O Z O A I R E S PARASITES

de 2 c m de diamètre. Elles sont collées contre une La maladie de Chagas est t y p i q u e m e n t une
paroi, face trouée contre le mur. Le contrôle de leur maladie d u sous-développement et de la pauvreté. En
contenu se fait, à intervalles réguliers, pendant 1 à 6 effet, une amélioration des habitations supprimerait les
mois. réduves domestiques.

BIBLIOGRAPHIE

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266
Index

A extra-intestinale, voir Abcès amibien Babésiose


Abate® 260 intestinale diagnostic 205, 206
Abcès amibien fréquence 45, 56 fréquence chez l'homme 206
diagnostic 52, 53, 54 lésions 48-49 Bacillus thurigiensis 261
fréquence 45 traitement 55 Bactrim® 169, 182, 218
lésions 49 transmission 55-56 Bailenger (coloration de-) 51, 221
Acanthamoeba 64 Amodiaquine 168, 169 Balantidium coli 67
Acanthopodida (ordre des-) 37, 59 Amphotéricine B ® 64, 129,131 Baygon® 260
Accès pernicieux 159, 162 Amplification de séquence, voir PCR Baytex® 260
Acide désoxyribonucléique, voir ADN Anémie (dans le paludisme) 161 Benznidazole 99
Acide folinique 197 Animaux de laboratoire 35 Bérénil® 116
Acide para-aminobenzoïque Anophèles Besnoitia sp. 201
(et Plasmodium) 143, 152 capacité vectorielle 173 Biopsie
Acide ribonucléique, voir ARN densité 172 bronchique 217
Actine 25 espèces transmettrices 155, 156, 157,159 cutanée 127, 131
Adaptation indice sporozoïtique 174 hépatique
des parasites à un hôte 31 longévité 172 Bipartion (reproduction par -) 26
des trypanosomes en culture 98,115 lutte contre les- 262-263 Blackwater Fever,
Adénopathies 111 Anticorps voir Fièvre bilieuse hémoglobinurique
ADN 23, 24 détection des- 246-255
Blastocystis 218
hybridation d'-, voir Sondes nucléiques -monoclonaux 243
prévalence 219
Agglutination Antifoliniques 168
Blépharoplaste 25, 71, 76
capture, voir ISAGA résistance aux- 170
Blood incubation infectivity test 108, 119
directe Antigènes
Bouton d'Alep 132
dans la maladie de Chagas 98 détection des- 115, 243-244
Bouton d'Orient 132
dans la toxoplasmose, 195 de surface 22, 86, 88
Bradyzoïte 190, 191
dans la trypanosomiase africaine variables 22, 87, 88, 112
Buffy-coat 98, 114, 234
voir CATT voir aussi Épitope 244
dans les leishmanioses 128 Antimoniate de méglumine 129, 131
Antimoniés 129, 131, 132, 133, 134 C
techniques 247 Capacité vectorielle (de l'anophèle) 173
passive 249 Apicomplexa 137
Carbamates (insecticides-) 260
voir aussi Latex et Hémagglutination embranchement des- 37
Aralen® 168 Carbaryl 260
Albendazole 212
ARN 24 Caryosome 24, 43, 61, 62
Alcool polyvinylique (conservation des selles) 225
Arsobal® 116 CATT (dans la maladie du sommeil) 112, 247
Allopurinol 129, 131
Cellognost® (dans la maladie du sommeil) 112
Altosid® 260 Artemisia annua (molécules dérivées de-) 168,169,
170 Chagas, voir Maladie de-
Amastigote 86, 87, 94, 95, 123, 125, 126, 130
Amibes (classification du roupe "Amiboïdes") 37, Atébrine® 75, 168 Chagome 97
59 Axostyle 25, 76, 77 Chancre d'inoculation 109
Amibes libres 62-65 Chilomastix mesnili 71
Azolés (dérivés-) 55
Amibes non pathogènes 46, 59-62, 79 Chloroquine 168, 169, 170
Amibiase résistance à la- dans le paludisme 170
diagnostic B Chlorpyrifos 260
recherche du parasite 50-53 Babesia Chorio-rétinite 193, 194
titration d'anticorps 53-54 infectant l'homme 205 Chromatine 24
effet de l'immunité 49 infectant les animaux 203 chez les amibes 43, 60, 61, 62

267
Ciliophora (embranchement des-) 38 Trichomonas vaginalis 78 E
Cils 26 Trypanosoma cruzi 98
East Coast Fever 207
Cinétosome 25 Trypanosoma gambiense 115
Eflornithine 116
Circumsporozoïtique (protéine-) 160, 166,174 Cyclines 68, 170, 171
Eimeriida (ordre des-) 37, 137
Cladistique (méthode- et taxinomie) 34 Cyclospora 185
Clarification par hémolyse (test de -) 113, 236 Eimeriidae (famille des-) distinction des genres,
Cytochromes 88
Classe (nomenclature) 36 synthèse 189
Cytokines 127, 160, 161
Classification Cytoplasme 22, 23, 24, 33, 43 ELISA
critères 33 dans l'amibiase 53
Cytosol 23
méthodes 34 dans la cryptosporidiose 184
Cytosquelette 25, 87
Clonalité 34 dans la maladie de Chagas 99
Cytostome 22, 67
Clone 35 dans la maladie du sommeil 112
Clou de Biskra 132 dans la pneumocystose 217
Coccidies D dans la toxoplasmose 196
caractères distinctifs des genres 180 Dapsone 168 dans le paludisme 166
de l'homme 182-185 dans les leishmanioses 128
Daraprim® 168
des animaux 181-182 technique 253
schéma du cycle évolutif 179, 180 Decis® 259, 263
ELISA "capture"
Collections de souches 35 DDT 259
dans l'amibiase 53
Coloration (techniques de-) Déhydroémétine 55 dans la giardiase 75
histologie 232-234 Deltaméthrine 259, 263 dans la toxoplasmose 195
matières fécales (Cryptosporidium) 224 Densité parasitaire (dans le paludisme) 163-164 dans la trypanosomiase 115
matières fécales (extemporanées) 51, 221-222
DFMO 116, 119 technique 244
matières fécales (permanentes) 51, 52, 223-
Diamond (milieu de-) 55, 226-228 titration d'IgM (technique) 254
224
Diarrhée 41, 46, 50, 67, 71, 74, 77, 79, 97, 182, titration d'IgM dans la toxoplasmose 196
ponction-biopsie 127
Embranchement (phylum) (nomenclature) 36
sang 231-232 183, 185, 212
Émétine 41, 55
Commensal 29 Diazinon 260
Encephalitozoon 209
Concentration (techniques de-) Dichlorvos 260
LCR 114, 241 cuniculi n 1
Dieldrine 260 hellem 211
matières fécales 51, 75, 184, 222
Dientamoeba fragilis 79 Endocytose 22
sang 98, 114-115, 164, 234-236
Congénitale (transmission- des protozoaires) Diflubenzuron 260 Endodyogenèse (reproduction par -) 26, 191
Babesia (tique) 205 Difluorométhyl-ornithine, voir DFMO Endolimax nana 62
maladie de Chagas 100 Dimilin® 260 Endosulfan 260
maladie du sommeil 116 Diminazène (aceturate de-) 116 Endotrypanum (sous-genre-) 101
paludisme 171
Diplomonadida (Ordre des-) 36, 71 Entamoeba
toxoplasmose 193 coli 41, 60-61
Dip-stick "capture"
Conjugaison (reproduction par-) 26 dispar 46, 59-60
Conservation dans le paludisme 165
non pathogène 46
des matières fécales 51, 225 technique 244
gingivalis 61
du sérum 246 Dipterex® 260
hartmanni 46, 60
Copro-anticorps 54 Direxiode® 55 histolytica 41
Corpuscule basai 25 Disporobastique 210, 211, 212 culture in vitro 226-228
Crithidia 85
Dobell (milieu de-) 55, 68, 79, 226 cycle minuta 42
Cryoconservation 35, 255-257
Dot blot immuno-assay cycle pathogène 42
Cryptosporidiose
dans la maladie de Chagas 99 porteurs de kystes
chez l'homme 182
voir aussi Western blot diagnostic 51-52
diagnostic 184-185
fréquence 56
pathologie 183 Doxycycline 168, 169, 170
virulence des souches 46-48
transmission 185 Drépanocytose 143
polecki 46, 61
Culture de Duffy (groupes sanguins- et Plasmodium) 142 Entamoebidas (famille des- ) 41
Balantidium coli 68
Duodénum (protozoaires du-) 74 Enterocytozoon 209
Entamœba histolytica 54-55
Dursban® 260 bieneusi 211
Giardia 75
Leishmania 128, 130 Duttonella (sous-genre-) 89, 104 Enteromonas hominis 79
Plasmodium falciparum 238 Dye-test 195 Enterotest® 75
protozoaires (généralités) 35 Dysenterie 41, 48, 67 Enzymeba test 47, 54

268
Index

Enzyme-linked immunosorbent assay, voir ELISA de coccidies 179 dans la maladie du sommeil 112
Éosine (coloration à I'-) 51, 221 de P. falciparum 157 dans le paludisme 166
Épimastigote 85, 86, 88, 91, 92, 96, 98, 107 de P. malariae 156 technique 249
Épitope 97, 99, 145,160,165,166,174,177,243, de P. ovale 155 Hématoxyline d'Ehrlich (coloration à I'-) 77, 232
244, 250 de P. vivax 153 Hématoxyline ferrique (coloration à I'-) 51, 223
Espèce (nomenclature) 36 de Plasmodium 139, 144, 145, 160, 176 Hémoflagellates 83, 91, 103
Espundia 133, 134 de Sarcocystis 200 Hémoglobine (et Plasmodium) 143
Euamoebida (ordre des-) 37, 59 de Theileria 207 Hémoglobinurie 161
Eucaryote 21 de Toxoplasma 191 Hémolyse
Exflagellation 139 Gamétocytocide 168
dans le paludisme 161
Genre (nomenclature) 36
dans les babésioses 205
Germanin® 116
F Hémosidérine 161
Ciardia intestinalis 72
Hémozoïne 143, 161
Famille (nomenclature) 36 culture in vitro 228
Herpetosoma (sous-genre-) 91
Fansidar® 169, 170, 171 réceptivité de l'hôte 76
Hétéroxène (parasite-) 29
Fansimef® 169, 171 réponse immune 74
Histolysaïne 47
Fasigyn® 55, 75, 78 zymodèmes 74
Histolytica (trophozoïte) 42
Faust (technique de-) 51, 222 Giardiase
Histomonas meleagridis 78
Fénitrothion 260 diagnostic 75
Historique
Fenthion 260 traitement 75
amibiase 41
Giemsa (coloration de-) 231
Feulgen (coloration de-) 233 leishmanioses 123
Globule rouge parasité
Fièvre maladie de Chagas 92
par Babesia 204
bilieuse hémoglobinurique 161, 162 par P. falciparum 158 maladie du sommeil 108
quarte 157 par P. malariae 156 paludisme 149
tierce bénigne 154, 156 par P. ovale 155 Toxoplasma gondii 189
tierce maligne 159 par P. vivax 153 trypanosomiases 83
Filtration (sur colonne de cellulose) par Plasmodium 144 Hôte
dans la trypanosomiase 115 par Theileria 207 réceptivité 31-32
technique 235-236 Glossine HPS-1 de Meyer (milieu-) 75
Fixation (techniques de-) 223, 225, 231 adaptation des trypanosomes à la - 89 Hypnozoïte 146
Fixation du complément comportement des trypanosomes chez la-107 de P. ovale 155
dans la maladie de Chagas 98 contact avec l'homme 117, 119 de P. vivax 153
dans les leishmanioses 128 espèces transmettrices 106, 109, 118
Flagelle 25, 87 lutte contre la-263-264
Flagellés 36 mâles stériles 263
IgA
Flagentyl® 55, 75 piégeage 264
dans l'amibiase 45, 49, 54
Flagyl® 55, 75, 78, 182 taux d'infection 107
dans la giardiase 74
voir aussi Métronidazole GLSH (milieu-) 237
dans la toxoplasmose 195
Flavoquine® 168 Glucantime® 129, 131
IgG
Formol (conservation des selles) 52, 225 Glucose-6-phosphate déshydrogénase 144, 152 dans l'amibiase 45, 49, 53
Formol-gélification (dans la leishmaniose) 129 Golgi (appareil de-) 23 dans la cryptosporidiose 184
Frenkelia sp 201 Goutte épaisse 231 dans la giardiase 74, 75
Frottis dans la maladie de Chagas 98
de matières fécales 223, 224 H dans la toxoplasmose 194, 195, 196
de sang 231 dans le paludisme 159, 161, 162
Hackett (indice de-) 174
Fuchs-Rosenthal (cellule de-) 240 IgM
Haemosporida (ordre des-) 37, 137 dans l'amibiase 45, 53
Furamide® 55
Furazolidone 75 Halfan® 168, 171 dans la maladie de Chagas 98
Furoate de diloxanide 55 Halofantrine 168, 169 dans la toxoplasmose 195, 196
Furoxone® 75 Hartmanella 64 dans le paludisme 161
HCH 260 IgM aspécifiques
Hémagglutination passive dosage 242
G dans l'amibiase 53 du LCR 112
Gamétocyte dans les leishmanioses 128 sériques 112
de Babesia 204 dans la maladie de Chagas 99 Immunodiffusion, voir Précipitation en gel

269
Index

Immuno-électrophorèse Kétoconazole 129 tableau comparatif des espèces 135


dans le diagnostic de la maladie de Chagas 99 Kinétoplaste 23, 84-87 Leishmania (sous-genre-) 125
dans le diagnostic des leishmanioses 128 KIVI (trousse- pour culture de trypanosomes) 98, Leishmanine (intradermo-réaction à la-) 129, 130,
technique 251 238 132, 133, 134
Immunofluorescence indirecte Knobs 144, 162 Leishmanioses
dans l'amibiase 53 Kohn (coloration de-) 51, 223 contrôle des- 134
dans la cryptosporidiose 184 K-Othrine 259, 263 cutanées
dans la leishmaniose 128 Krebs (cycle de-) 88 de l'ancien Monde 131-132
dans la maladie de Chagas 98 du Nouveau Monde 132-134
Kyste 22
dans la maladie du sommeil 112 diagnostic des-127, 128, 130, 131, 132
de Balantidium coli 67
dans la microsporidiose 212 de Besnoitia 201 viscérales 130-131
dans la pneumocystose 217 de Blastocystis 219 Leptomonas 85
dans le paludisme 166 de Chilomastix mesnili 71 Lignée 35
dans la toxoplasmose 195, 196 de Endolimax nana 62 Lindane® 260
technique 252 de Entamoeba coli 61 Liquide céphalo-rachidien, voir LCR
Immunosorbent agglutination assay, voir ISAGA de Entamoeba hartmanni 60 Lugol (coloration au-) 51, 221
Immunotransfert, voir Western Blot de Entamoeba histolytica 42, 44, 56 Lumsden (technique de-), voir Filtration
Indicateur de pH (préparation) 232 de Giardia 73, 76 Lutte
Indice plasmodique 173 de Hartmanella 64 contre les anophèles 262
Indice splénique 173 de lodamoeba butschlii 62 contre les glossines 263
Indice sporozoïtique 172, 174 de Naegleria 63
contre les phlébotomes 264
Infection opportuniste 29,182,190, 209, 210, 216 de Pneumocystis 215
contre les réduvidés 265
Infiltrats périvasculaires (dans la trypanosomiase) de Sarcocystis 199
Lutte antivectorielle 259
110 de Toxoplasma gondii 192, 193
Lutzomyia 124
Insectes
Lysosomes 24
mâles stériles 261 L
piégeage 262 Lait 192 M
Insecticides
Lampit® 99, 116
formulation 260 Macrogamétocyte 139, 179
Lanham (technique de-), voir Filtration
pulvérisations intra-domiciliaires 262 Macronucléus 67
Lariam® 168, 171
toxicité 261 Macrophage
Latex (agglutination de particules de-)
lodamoeba butschlii 62 et Leishmania 127
dans l'amibiase 53
lodofenphos 260 et T. cruzi 96
dans la maladie du sommeil 112
lodoquinol 55 et Toxoplasma 192
dans les leishmanioses 128
Ipéca 41 Macroschizonte 207
technique 249
ISAGA Maladie de Chagas 92-101
Laverania 138
dans le diagnostic de la toxoplasmose 196 diagnostic 98-99
LCR
distribution géographique 99
technique 250 dosage des IgM aspécifiques 112, 242 mode de transmission 100
Iséthionate de pentamidine 116, 119, 129, 131, dosage des protéines 112, 241 prévalence 100
132, 206, 218 numération cellulaire 112, 240 prévention 101
Isoenzyme 33 recherche de parasites 63, 114, 241 stades cliniques 97
Isolât 35 Leishmania 86 traitement 99
Isospora belli 182 aethiopica 132 Maladie du sommeil
Itraconazole 129, 212 amazonensis 132
à T. gambiense 109-118
Ivermectine 264 archibaldi 129
dépistage 117-118
brasiliensis 133
diagnostic 110-116
chagasi 129
J donovani 129
modes de transmission 116
sensibilité des techniques de diagnostic
Jones (milieu de-) 55, 226 guyanensis 133
115
infantum 129
stades 109, 110
major 131
K à T. rhodesiense 118-119
mexicana 131
kala-azar 129 Malaria voir Paludisme
panamensis 133
Keister (milieu de-) 228 Malathion 260
peruviana 133
Kérandel (signe de-) 111 pifanoi 132 Malnutrition (et Plasmodium)! 52
kératite amibienne 64 tropica 132 Malocide® 168

270
Index

Maloprim® 169 Mitochondrie 23, 87


Mastigamœbida (ordre des-) 36, 71 Mitose 24
Paludisme
Matières fécales Moelle osseusse (ponction) 127 accès de- 151
colorations extemporanées 221 Monofluo kit (pour le diagnostic asymptomatique 151
colorations permanentes 223 du paludisme) 165 cérébral 162
concentration 222 chimioprophylaxie 169
Monoxène (parasite-) 29
conservation 225 contrôle 175-176
Monténégro (intradermo-réaction de-)
culture 226 diagnostic
examen à frais 221 voir Leishmanine
parasitologique 163-165
Maurer (taches de-) 158 Moranyl® 116
sérologique 165-167
Méfloquine 168, 169, 170 Mott (cellule de-) 110 tests hématologiques et biochimiques 167
Méga Moustiquaires imprégnées 176, 263 distribution géographique 154, 156, 157, 159
colon 97 Moustiques transgéniques 261 epidémiologie
oesophage 97 incidence 175
Megatrypanum (sous-genre-) 91 N paramètres 171-175
Méiose 24 stabilité 175
Naegleria 63
Mel B 116 éradication 150
Nagana 108 historique 149
Mélarsoprol 116, 119
Nageotte (cellule de-) 241 immunité 160
MEM (milieu-) 229
Nannomonas (sous-genre-) 89, 105 niveaux de parasitémie 151
Membrane
Naxogyn® 78 rechute 151, 154, 156
du protozoaire 21-23
Nifurtimox 99, 116 recrudescence 151
ondulante 85
traitement 167-171
péritrophique 107 Nimorazole 78
vaccins 176
Méningo-encéphalite Nitrofurane 99
Paludométrie 173-175
amibienne primitive 63 Nitro-imidazoles 75, 99, 116 Paludrine® 168
toxoplasmique 194 Nivaquine® 168 Panmixie 34
Mépacrine® 75, 168 Nosema (genre) 209, 212
Pansporoblastique 210, 211
Mérogonie 204, 210 Noyau 24 Panstrongylus 93
Méronte 209, 210, 211, 212 Numération Papier filtre (prélèvement sur-) 246
Mérozoïtes de plasmodiums dans le sang 163 Parasite
de coccidies 179, 191 des cellules dans le LCR 112, 240 définitions 29
de Plasmodium 139, 140
relations avec l'hôte 30-31
Métacycliques (trypanosomes-) 86, 107
O PAS (coloration-) 233
Méthoprène 260
PBS (solution tamponnée) 247
Méthoxychlore 260 Oocyste
PBS tween 254
Métronidazole 55, 68, 75, 78, 212 de Cryptosporidium 180
PCR
voir aussi Flagyl® d'Eimeria 180
Microgamétocyte 139, 179 dans la leishmaniose 128
& Isospora 180
Micronème 137, 140 dans le paludisme 165
de Plasmodium 139, 145
Micronucléus 67 principe et procédure 245
de Sarcocystis 199
Micropyle 181, 182 Pentacarinat®
de Toxoplasma gondii 191
Microschizonte 207 voir aussi Iséthionate de pentamidine
Ookinète
Microspora (embranchement des-) 38 Pentamidine
de Babesia 204 Iséthionate de pentamidine
Microsporida (ordre des-) 38, 209 de Plasmodium 139, 145
Microsporidiose 212 Pentamidinisation 118
de Theileria 207 Pentostam® 131
Microtubule 25
Opportuniste, voir Infection- Permas® 259
Miesscher (tube de-) 199
Ordre (nomenclature) 36 Perméthrine 259, 263
MIF (conservation des selles) 52, 225
Organochlorés (insecticides-) 259 Phagocytose 22, 30
Milieux de culture
Organophosphorés (insecticides-) 260 chez les amibes 48
pour hémoflagellates 236-238 Oriental Sore 132 Phagosome 22, 30
pour Plasmodium 238 Ornidazole 55, 78 Phénétique (méthode- et taxinomie) 34
pour protozoaires fécaux 226-230 Ornidyl® 116 Phlébotomes 124
voir aussi noms de milieux Ouchterlony, voir Précipitation en gel lutte contre les- 264
Minuta (trophozoïte) 42 Ovalocyte (et Plasmodium) 143 Pian-bois 133, 134, 135

271
Index

Piège (à glossines) 264 Q Sandfly 124


Pigment malarien 143 Sang (mise en évidence des parasites du-)
Quantitative buffy-coat (QBC) 164, 234
Pinocytose 22 culture 236-240
Quinacrine 75, 132, 168
examen direct 231-232
Pirodog® (vaccin antibabésiose) 206 Quingaosu 168
examen en frottis 231
Piroplasmida (ordre des-) 37, 137, 203 Quinine 168, 169, 170, 171
examen en goutte épaisse 231
Piroplasmose 205 historique 149
techniques de concentration 234-236
Placenta et paludisme 162 résistance à la- 170
Sarcocystis sp 199
Plasmodium
Sargeaunt (coloration de-) 51, 222
antigènes de- 159, 176 R Schaudinn (fixateur de-) 223
berghei 138 Radanil® 99 Schizogonie 26
caractères du genre 138 Rate (dans le paludisme) 161, 173 chez Babesia 204
effets généraux 161 Rechutes (dans le paludisme) 151, 154, 15 6 chez les microsporidies 210
effets spécifiques 161 Recrudescence de parasitémie (dans le paludisme) chez les piasmodiums 143
falciparum 157-159 151 chez Theileria 207
culture 238 Réduvidés 93, 94 pré-érythrocytaire chez Plasmodium 139, 146
malariae 156-157 lutte contre les- 265-266 reproduction par- 26
ovale 155-156 Schizonte 139, 140, 153, 155, 156, 158, 179,
Reproduction (chez les protozoaires) 26
schizogonie érythrocytaire 139, 140,142-144 191, 207, 210
Répulsifs 262
schizogonie pré-érythrocytaire 139, 140, 146 Schizonticide 167, 168, 170
Réservoir
Schizopyrenida (ordre des-) 36, 59
sporogonie 139, 141, 145-146 de Balantidium coli 68
Schizotrypanum (sous-genre-) 92
vivax 153-155 de Entamoeba histolytica 56
Schûffner 153, 155
Pneumocystis carinii 215 de Giardia intestinalis 76
Secnidazole 55, 75
culture in vitro 218 de Leishmania 124
Selles, voir Matières fécales
Pneumocystose de parasites 29
Sérum
diagnostic 217 de T. b. brucei 108
conservation des échantillons 246
et SIDA 218 de T. cruzi 93
prélèvement 246, 247
pathogenèse 217 de T. gambiense 116
Sevin® 260
prévalence 218 de T. rhodesiense 118, 119
Sicard et Cantaloube (méthode de-) 112, 241
de Toxoplasma gondii 190
traitement 218 SIDA
Résistance au sérum humain des trypanosomes
Poche flagellaire 22, 87 et leishmaniose 130
voir Blood incubation infectivity test
Polymerase chain reaction, voir PCR et maladie de Chagas 97
Résistance médicamenteuse (mesure de la-dans le
Précipitation en gel et toxoplasmose 194
paludisme) 170
dans l'amibiase 53 voir aussi Infection opportuniste
Réticulum endoplasmique 23
dans la maladie de Chagas 99 Sinéfungine 212
Retortamonadida (ordre des-) 36, 71
dans les leishmanioses 128 Sonde nucléique
Retortamonas intestinalis 79
technique 250 dans le paludisme 165
Rhizopoda (embranchement) 37
Précocène® 260 principe 245
Rhodnius, 93
Prémunition (dans le paludisme) 159 Souche 35
Rhoptrie 25, 33, 137, 140, 192
Primaquine 168 Spiramycine 185, 196
Ribosomes 23
Procycliques (trypanosomes-) 86, 107 Splénectomie (et babésiose) 205
Ritchie (technique de-) 51, 222
Proguanil 168, 169 Splénomégalie
Rochagas® 99
Promastigote 85, 123, 125 dans la leishmaniose viscérale 130
Romana (signe de-) 97
dans le paludisme 161, 173
Propoxur 260 Rovamycine® 196
Spores (de microsporidies) 210
Protubérances ("knobs") 144, 162 Rumen (ciliates du-) 69
Sporoblaste 210, 211, 212
Pseudokyste (chez Toxoplasma) 192
voir aussi Sporocyste
Pseudopodes 26
S Sporocyste 180, 186, 191, 199
Psychodopygus 124
Sabin et Feldman (test de-) 195 voir aussi Sporoblaste
PVA (conservation des selles) 52
Safranine-bleu de méthylène (coloration-) 184, Sporonte 209, 210, 211,212
Pycnomonas (sous-genre-) 105 Sporonticide 168
224
Pyrèthre 259 Sporoplasme 210, 212
Salivaria 86
Pyréthrinoïdes synthétiques 259 classification 103 Sporozoïtes
Pyriméthamine 168, 170, 196, 198 comparaison des espèces et synthèse 120 de Babesia 205

272
Index

de coccidie 179, 180, 186, 191, 199, 201 et SIDA 194 Trypanozoon (sous-genre-) 89, 103
de Plasmodium 139, 145 infections latentes 194 Trypomastigote 85, 86, 88, 92, 93, 94, 96, 106,
de Theileria 207 prophylaxie 198 107
Stabilat 35 TPS avec hydrolysat de caséine (milieu-) 55 Tsé-tsé (mouche-) 103
Stercoraria 86 TPS-1 de Diamond (milieu-) 75 voir aussi Glossine
classification 91 Transfusion Tubuline 25, 75
Stibogluconate de sodium 129, 131 et maladie de Chagas 100, 101 Tumor necrosis factor, voir TNF
Strout (technique de-) 98 et paludisme 171 TYI-S-33 (milieu-) 55, 226
Sulfadiazine 196, 198 Transplacentaire
Sulfadoxine 168 transmission-de T. cruzi 100
Sulfadoxine-pyriméthamine 169 transmission- de Toxoplasma gondii 193
u
Sulfaméthoxazole 168, 182, 218 transmission- du paludisme 171 ulcère colique
Sulfamides 168 Triatoma 93 à Balantidium coli 67
Sulfones 168 Trichomonadida (ordre des-) 36, 71 à Entamoeba histolytica 48
Sumithion® 260 Trichomonas Ulcère du Chiclero 133
Suramine 116, 119 hominis 76 Urétrite 77
Symbiose 29 tenax 77 Urine 77, 78, 100, 161, 167, 192, 197, 212
Syndrome d'immunodéficience acquise, voir SIDA vaginalis 77 Uta 133, 134, 135
culture in vitro 229
T Trichomonase V
Tabanidae (et transmission des trypanosomes) 104 diagnostic 77
Vaccination
traitement 78
Tachyzoïte 190, 191, 192 antipaludique 146, 176
transmission 78
Tampons 232, 235, 247 contre la babésiose 206
Triméthoprime 168, 182, 218
Taux d'inoculation (dans le paludisme) 172 dans la leishmaniose 135
Triple centrifugation du sang (technique de la-)
Taxinomie (méthodes de-) 34 Vacuoles 24
Tejeraia (sous-genre-) 105 114
Vaginite 77
Téméphos 260 Trophozoïte
Vapona® 260
Tétracycline 168 de Balantidium coli 67
Variant 109, 112
Theileria sp. 207 de Entamoeba histolytica 43
Vecteur 29
de Giardia 73
Theileriose
de Naegleria 63 Vestibuiiferida (ordre des-) 38
diagnostic 207
de Plasmodium 140, 153, 155, 156, 157 Viannia (sous-genre-) 125
Tiberal® 55, 78
de Pneumocystis 215 Vibramycine® 168
Tinidazole 55, 75, 78
de Toxoplasma 191, 192 Vinckeia 138
Tiques
Trypanide 111
genres transmettant Babesia 203
Trypanosoma 85 W
genres transmettant Theileria 207
brucei
TNF (dans le paludisme) 161, 162 Western blot 255
brucei 106-108
Tobie (milieu de-) 88, 236 dans l'amibiase 53
gambiense 109-118
Toxoplasma gondii Winterbottom (signe de-) 111
rhodesiense 118-119
circuits naturels 197 Woo (Buffy-coat selon-) 98, 114, 234
tableau comparatif des 3 sous espèces 120
prévalence 198
cruzi 92-96
stades chez l'hôte intermédiaire 191, 192
evansi 104 X
stades chez les félidés 190, 191
lewisi 91
stades infectants 197 Xénodiagnostic 98, 115
rangeli 105
voies de pénétration 197
theileri 91
Toxoplasmose
Trypanosomatida (ordre des-) 36 z
acquise 193
Trypanosomatidae (famille des-) Ziehl-Neelsen (coloration de-) 224
cinétique des anticorps dans la- 195, 196 classification 83 Zoonose 29
congénitale 193 Trypanosomiases Zygote 24-26, 139, 179, 191, 204
dépistage chez la femme enceinte 197 animales 91-92, 101, 103-108 Zymodème 33
diagnostic humaines 92-101, 109-120 de Entamoeba histolytica 46, 48
parasitologique 194 africaines, voir Maladie du sommeil de Giardia 74
sérologique 195 américaine, voir Maladie de Chagas de Trypanosoma cruzi 100

273
Universités francophones

E. CAUMES, J.A. ESTRADA, C. FRANCHIMONT, G.E. PIÉRARD


DERMATOLOGIE TROPICALE.

M . DANIS, J. MOUCHET
PALUDISME.

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SOCIÉTÉS, DÉVELOPPEMENT ET SANTÉ.

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NEUROLOGIE TROPICALE.

PR. LAPOINTE
SIDA, TRANSMISSION MÈRE-ENFANT.

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G. RICHET
NÉPHROLOGIE.

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SIDA, INFECTION À V.l.H.,
Aspects en zone tropicale.

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CARDILOGIE.

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PROTOZOOLOGIE MÉDICALE.
Imprimerie Duculot, B-6060 Gilly
PROTOZOOLOGIE
MEDICALE
• W É R Y •

Protozoologie médicale met en relief le comportement parasitaire chez l'homme d'une série
de m i c r o o r g a n i s m e s e u c a r y o t e s
Partant de la description détaillée du cycle évolutif, il insiste d'abord sur les m é t h o d e s mises
au point pour repérer les parasites chez l'homme infecté grâce à leur morphologie,
leur constitution antigénique ou leurs séquences génomiques. Il aborde ensuite leur étude au
laboratoire incluant entretien de souches, lignées, clones, modèles expérimentaux ou culture.
Réservant une attention particulière à la circulation du parasite dans la c o m m u n a u t é
et présentant de manière critique les méthodes qui permettent d'en mesurer l'importance,
l'ouvrage fournit enfin un inventaire des m é d i c a m e n t s actifs et suggère quelques schémas
thérapeutiques éprouvés.
Ce livre s'adresse aux professionnels des laboratoires de diagnostic médical et aux praticiens
de la santé désirant acquérir une connaissance de base sur les parasites responsables
d'endémies. Son côté didactique en fait un outil quotidien pour les étudiants en médecine
et en sciences dans leur apprentissage de la biologie parasitaire.

Marc WÉRY
Docteur en médecine de l'Université catholique de Louvain, Ph.D. en parasitologie
de la London School of Tropical Medicine, il a été responsable de l'Unité de parasitologie
de l'Université nationale du Zaïre. Il est Professeur et Chef de service du Laboratoire
de protozoologie à l'Institut de Médecine tropicale d'Anvers et enseigne la parasitologie
à l'Université catholique de Louvain. Il est membre du réseau thématique de recherche
Paludisme de l'AUPELF-UREF, dirigé par le Professeur M. Centilini. Il est expert OMS et auteur
ou coauteur de publications scientifiques touchant aux domaines de la parasitologie médicale,
de I epidémiologie, de l'immunologie, de la santé publique et de la thérapeutique.

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ISBN 2-8041-2048-1

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