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Université de RELIZANE -SNV-L3 sciences biologiques Parasitologie 2023/2024 Dr BOUMEDIENE

Les bactériophages
1. Définition :
Un bactériophage (ou phage) est un virus n'infectant que des bactéries. En grec, phageton signifie
nourriture/consommation. On les appelle également virus bactériens.
2. Habitat :
Les bactériophages se distinguent des autres groupes viraux par leur immense diversité, tant au niveau
de leur morphologie que de la composition de leurs génomes. Les données actuelles indiquent en effet que
les phages représentent le plus important réservoir de matériel génétique encore inconnu sur terre. Les
bactériophages sont présents dans l'ensemble de la biosphère. En effet, ils sont présents partout, mais en
quantité plus importante dans les excréments, le sol et les eaux d'égout.
3. Structure et composition :
Comme tout autre virus, les phages sont principalement composés d'acide nucléique et de protéines. En
fonction du type de phage, le génome peut être de l'ADN ou de l'ARN, simple ou double brin
« Généralement Les bactériophages contiennent de l’ADN double brin »
La taille de la capside est variable et généralement proportionnelle à la taille du génome.
La capside du phage a pour rôle primaire de contenir et de protéger le génome viral. Sa géométrie peut être
très variable et de nouvelles formes, souvent inattendues, sont constamment découvertes dans la nature.

Formes de quelques phages.

Exemple de phage : T4 (T4 est parmi les phages les plus gros)
• Tête ou capside : elle qui varie en taille et en forme. Certaines sont icosahèdrales (20 faces) et
d’autres sont filamenteuses. La tête ou capside est composée de différentes copies d’une ou plusieurs
protéines. A l’intérieur de la tête on trouve l’acide nucléique. La tête agit comme une couverture
protectrice de l’acide nucléique.
• La queue : C’est un tube creux à travers lequel passe l’acide nucléique lors de l’infection. La queue
est entourée par une gaine contractile qui se contracte pendant l’infection de la bactérie. A la fin de
la queue, le phage T4 possèdent une lame basale et plusieurs fibres caudales attachées à cette
structure. La lame basale et les fibres caudales sont impliquées dans l’attachement du phage à la
cellule bactérienne.
Tous les phages n’ont pas de lame basale et de fibres caudales. Dans ces cas là d’autres structures sont
impliquées dans l’attachement de la particule de phage à la bactérie.
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Structure du phage T4.


4. SENSIBILITE ET PERMISSIVITE
Les bactéries naturellement capables de permettre la transmission du phage sont dites sensibles et
permissives.
Sensible : se dit lorsque l’infection peut physiquement avoir lieu, et que le génome viral peut pénétrer
au sein de la cellule hôte. Cette notion se ramène donc à la possibilité d’infection par le virus. Un tel
processus nécessitant une reconnaissance cellule/virus, les hôtes sensibles possèdent obligatoirement un
récepteur spécifique au virus
Permissive : se dit lorsque la cellule permet la réplication du virus. Certaines bactéries sont ainsi
sensibles mais non permissives. Les virus utilisant la machinerie cellulaire de l’hôte pour se multiplier, de
telles cellules ne possèderont ainsi pas les protéines nécessaires au mécanisme de réplication, ou bien seront
en possession d’une protéine empêchant celui-ci. Inversement, il existe à l’état naturel des cellules non
sensibles mais permissives. Il sera alors possible d’y faire entrer de manière artificielle un virus, lequel s’y
répliquera.

5. CYCLES DE MULTPLICATION PHAGIQUE

5-1- Phages lytiques ou virulents :


Les phages lytiques ou virulents sont des phages en se multipliant dans les bactéries tuent la cellule par
lyse à la fin de leur cycle.

a. Phase d’éclipse : Durant la phase d’éclipse, aucune particule infectieuse de phage n’est retrouvée à
l’intérieur ou à l’extérieur de la cellule bactérienne. L’acide nucléique du phage s’empare de la
machinerie de biosynthèse de l’hôte et des ARNm et protéines spécifiques du phage sont fabriqués.

b. Phase d’accumulation intracellulaire : Au cours de cette phase, l’acide nucléique et les protéines
structurales qui ont été fabriquées sont assemblées et les particules infectieuses de phage s’accumulent
dans la cellule.

c. Phase de lyse et de libération : Après un moment, les bactéries commencent à se lyser à cause de
l’accumulation de protéines de lyse du phage et les phages intracellulaires sont libérés dans le milieu. Le
nombre de particules libérées par bactérie infectée peut être aussi grand que 1000.
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Cycle lytique d’un phage virulent.


5-2- Les phages tempérés :
Les phages lysogéniques ou tempérés sont ceux qui peuvent soit se multiplier via le cycle lytique ou entrer
en état de quiescence dans la cellule. Dans cet état quiescent, la plupart des gènes des phages ne sont pas
transcrits ; le génome du phage existe dans un état réprimé. L’ADN du phage dans cet état est appelé un
prophage parce que ce n’est pas un phage mais qu’il a le potentiel de produire un phage. Dans la plupart
des cas l’ADN du phage s’intègre en fait dans le chromosome de l‘hôte, est répliqué en même temps que
celui-ci et transmis aux cellules filles. La cellule qui héberge le prophage n’est pas affectée de manière
défavorable par la présence du prophage et l’état lysogénique peut persister indéfiniment. La cellule
hébergeant le phage est appelée lysogène.

Cycles lytique et lysogénique du phage tempéré λ.


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Evénements conduisant à la fin de la lysogénie .


A chaque fois qu’une bactérie lysogénique est exposée à des conditions défavorables, l’état lysogénique
peut être interrompu. Ce processus est appelé induction. Les conditions qui favorisent la terminaison de
l’état lysogénique incluent : la dessiccation, l’exposition aux UV ou aux radiations ionisantes,
l’exposition à des agents mutagènes chimiques, etc. Les conditions défavorables conduisent à la
production de protéases (protéine rec A) qui détruisent la protéine répresseur. Ceci conduit alors à
l’expression des gènes du phage, l’inverse du processus d’intégration, et à la multiplication lytique.

6. ROLE DES PHAGES :

• Impact écologique : 40% des bactéries de l’océan sont détruites chaque jour par des phages : Rôle
important dans la régulation du cycle du carbone océanique.
• Régulation des populations bactériennes au sein des milieux naturels.
• Dans l’industrie laitière : Dans les ateliers de transformation du lait, les bactériophages génèrent un grand
nombre de défauts impactant la saveur, la texture, les aspects des produits et ainsi de larges pertes
économiques.
• Participent à la diversification des espèces bactériennes grâce aux transferts génétiques horizontaux
(transduction).
7. LA PHAGOTHERAPIE :

La phagothérapie est l'utilisation des bactériophages lytiques afin de traiter certaines maladies
infectieuses d’origine bactérienne. Ce traitement a été largement utilisé dans le monde avant la découverte
des antibiotiques. Elle a été progressivement abandonnée par les pays occidentaux pour l’antibiothérapie.

Mais depuis les années 1990, l’utilisation des bactériophages est reconsidérée dans de nombreux pays
devant le double constat du développement inquiétant des infections nosocomiales à bactéries multi
résistantes et de l’absence de nouveaux antibiotiques efficaces. Aujourd’hui, des applications sont
envisagées non seulement dans le domaine médical mais aussi dentaire, vétérinaire, agricole ou
environnemental.

Tableau : Caractéristiques de la phagothérapie et de l’antibiothérapie.

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