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PAR 549 : Insectes parasitoïdes et Zoonoses

PARTIE A ; Insectes parasitoïdes Par Prof TINDO

PLAN DU COURS

I. Généralités
II. Les différentes étapes du parasitisme

L’objectif de ce cours est de présenter cette forme de parasitisme, en insistant sur sa diversité
écologique, et les conséquences de ce mode de vie particulier sur la dynamique des
populations de ces espèces et celles de leurs hôtes.

I Généralités
Selon les estimations, les parasitoïdes représenteraient entre 8 % et 20 % des espèces d’insectes
décrites à ce jour. La majorité des parasitoïdes appartiennent soit à l’ordre des Hyménoptères (environ
50 000 espèces décrites), soit à l’ordre des Diptères (environ 16 000 espèces connues). De façon plus
anecdotique, des parasitoïdes sont également signalés chez les Coléoptères, les Lépidoptères, les
Trichoptères, les Neuroptères et les Strepsiptères.

D’un point de vue évolutif, l’apparition de ce mode de vie s’est déroulée différemment dans les deux
principaux ordres. En effet, alors que la transition vers le « parasitoïdisme » ne s’est produite semble-t-
il qu’une seule fois chez les Hyménoptères, probablement à partir d’un ancêtre mycophage inféodé au
bois mort, cette transition a eu probablement lieu de nombreuses fois chez les Diptères, sans doute à
partir d’ancêtres saprophages ou prédateurs.

Ces origines évolutives différentes expliquent une partie des différences biologiques entre les espèces
mais d’autres facteurs, notamment écologiques, doivent également être pris en considération pour
expliquer les phénomènes de spéciation et de diversification observés, par exemple, chez les
Hyménoptères.

1. Spectre d’hôtes

Les parasitoïdes infestent principalement d’autres insectes. Cependant, certaines espèces sont capables
de parasiter d’autres arthropodes, voire des représentants d’autres phylums, notamment des
plathelminthes, des annélides, des mollusques et même certains chordés. Certains de ces hôtes sont
parfois eux-mêmes des parasitoïdes et on parle alors d’hyperparasitisme.

Le stade parasité est variable d’une espèce à l’autre ce qui permet, lorsqu’il s’agit de parasitoïdes
d’insectes, de définir globalement des parasitoïdes d’œufs, de larves, de pupes, voire dans quelques
cas d’adultes. Dans certains cas, le parasitisme peut avoir lieu au stade d’œuf mais avec un
développement du parasitoïde suffisamment lent ou différé pour s’achever beaucoup plus tardivement
lorsque l’hôte a atteint un stade larvaire (parasitoïdes ovo-larvaires) ou le stade pupe (parasitoïdes ovo-
pupaux). Certaines espèces sont également capables de parasiter différents stades : œuf et larve, ou
larve et adulte. Le nombre d’espèces susceptibles d’être infestées avec succès varie considérablement

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d’une espèce à l’autre. Par exemple, certains tachinides sont hautement généralistes (ou polyphages) et
peuvent parasiter plusieurs dizaines d’espèces hôtes dans des familles différentes.

De nombreuses espèces sont en revanche spécialisées sur une ou quelques espèces hôtes seulement.
Les facteurs déterminant le spectre d’hôtes sont multiples. Les Diptères parasitoïdes sont ainsi, dans
l’ensemble, plus généralistes que les Hyménoptères, laissant suggérer que certaines contraintes ou
préadaptations phylogénétiques déterminent en partie le niveau de polyphagie.

La taxonomie des hôtes potentiels est également un facteur déterminant, dans la mesure où un
parasitoïde peut probablement plus facilement exploiter un nouvel hôte ayant une physiologie et des
mécanismes de défense proches de ceux de son hôte d’origine. De même, les parasitoïdes sont plus
susceptibles de parasiter des hôtes partageant des exigences écologiques proches. Loin d’être une
caractéristique figée, le spectre d’hôtes d’une espèce parasitoïde peut donc évoluer au cours du temps,
ou localement, suite à des contraintes particulières.

2. Déterminisme du sexe

Le sexe chez les parasitoïdes est principalement déterminé par trois systèmes : 1) la diplo-diploïdie ; 2)
l’haplo-diploïdie ; ou encore 3) la parthénogenèse thélytoque.

La diplo-diploïdie est le système principal chez les Diptères parasitoïdes et correspond à ce qui est
observé, par exemple, chez les mammifères. Chaque individu est issu d’un ovocyte fécondé et hérite
d’une partie des génomes maternel et paternel, le sexe étant alors déterminé par la combinaison des
chromosomes sexuels.

Chez la plupart des hyménoptères parasitoïdes, c’est en revanche le système haplo-diploïde qui
prédomine. Les femelles sont issues d’ovocytes normalement fécondés tandis que les mâles fertiles
proviennent d’ovocytes non fécondés et sont par conséquent haploïdes avec un patrimoine génétique
uniquement d’origine maternelle. Une conséquence de ce mode de reproduction est la possibilité, pour
les femelles fécondées, de « choisir » la proportion des sexes dans leur descendance en fécondant ou
non les œufs qu’elles pondent.

De nombreux cas de parthénogenèse thélytoque (ou thélytoquie) sont également observés. Dans ce
cas, seules des femelles sont présentes et se reproduisent de manière asexuée sans nécessité de
s’accoupler. La diploïdie chez les femelles est alors restaurée par des mécanismes variés aboutissant à
une reproduction de type clonale. La thélytoquie peut parfois être induite chez une espèce par des
agents symbiotiques. Enfin, chez certaines espèces, des lignées à reproduction sexuée et asexuée
peuvent coexister.

Loin d’être anecdotique, la connaissance du déterminisme du sexe est capitale pour comprendre non
seulement l’évolution et l’écologie des parasitoïdes, mais également pour optimiser leur utilisation en
tant qu’auxiliaires de lutte biologique contre des ravageurs de culture.

3. Autres traits d’histoire de vie

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Selon les espèces, les stades immatures (œufs, larves) des parasitoïdes peuvent se développer soit à
l’intérieur, soit à l’extérieur de leurs hôtes : on parle alors d’endo ou d’ectoparasitoïdes,
respectivement. La possibilité de se développer ou non en présence d’un ou plusieurs congénères aux
dépens d’un même hôte conduit à faire la distinction entre parasitoïdes solitaires ou grégaires. Cette
distinction doit toutefois être prise avec précaution, certaines espèces pouvant se développer d’une
façon ou d’une autre selon les caractéristiques (espèce, taille, qualité) de leur hôte.

La durée relative de l’interaction entre l’hôte et le parasitoïde est également importante et l’on
distingue ainsi les espèces idiobiontes qui tuent et exploitent rapidement leurs hôtes, des espèces
koïnobiontes qui permettent à leur hôte de continuer plus ou moins normalement leur développement
avant de succomber sous l’effet du développement parasitaire.
Chez l’adulte parasitoïde, la disponibilité des œufs varie également de façon très nette, certaines
espèces disposant de la totalité de leurs œufs matures dès l’émergence de la femelle (espèces pro-
ovogéniques) tandis que d’autres produisent des nouveaux œufs tout au long de leur vie (espèces syn-
ovogéniques). En fait, la distinction est probablement beaucoup moins nette et il semble exister en
pratique un continuum entre ces deux stratégies extrêmes.

L’importance et les modalités de la nutrition des adultes parasitoïdes sont également très variables. En
effet, si de nombreuses espèces ont une alimentation nulle ou limitée à des substances sucrées (miellat,
nectar, etc.), d’autres pratiquent le « host-feeding » en consommant une partie de l’hémolymphe ou
des tissus de l’hôte susceptible d’être parasité.

Cet apport nutritif se révèle déterminant pour prolonger la vie du parasitoïde, ou pour produire des
œufs. Cette activité de nutrition du parasitoïde peut conduire ou non à la mort de l’hôte. Les modalités
de ce comportement, présent chez près de 17 familles d’Hyménoptères ainsi que chez certains
Diptères, peuvent affecter profondément la dynamique de l’interaction hôte-parasitoïde.

II. Les différentes étapes du parasitisme

Pour qu’un parasitoïde réussisse son infestation et son développement, il est communément admis que
plusieurs étapes chronologiques doivent être franchies avec succès. Ces différentes étapes sont
représentées schématiquement sur la Figure 8-1. Elles correspondent à deux grandes parties du cycle
de vie de ces insectes. La première correspond à la perception, par une femelle, d’une série de stimuli
qui vont lui permettre de réduire progressivement son aire de recherche pour aboutir à la découverte
d’un hôte et à son acceptation en tant que site de ponte (on parle alors d’oviposition).

Les étapes de cette première phase sont qualifiées de pré-ovipositionnelles et dépendent du


comportement des femelles adultes.

La seconde partie, qui concerne les stades immatures se développant dans l’hôte, est qualifiée de post-
ovipositionnelle et met en œuvre des mécanismes liés à la physiologie de l’association entre les deux
partenaires. Reprenons en détail ces différentes étapes afin de comprendre quels en sont les enjeux
biologiques, écologiques et évolutifs.

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1. Étapes pré-ovipositionnelles

C’est au cours de ces étapes qu’une femelle parasitoïde adulte partira à la recherche d’hôtes pour y
déposer une descendance. Les mécanismes impliqués dans ces étapes pré-ovipositionnelles reposent
sur les caractéristiques écologiques des niches occupées et les caractéristiques comportementales des
deux partenaires.

Ces mécanismes vont déterminer la capacité des femelles parasitoïdes à découvrir et à attaquer leurs
hôtes et vont donc conditionner l’impact parasitaire sur la dynamique des populations hôtes.

a) Recherche de l’habitat de l’hôte

Une femelle parasitoïde adulte récemment émergée ne se trouve généralement pas à proximité d’hôtes
à attaquer. Elle doit, dans un premier temps, partir à la recherche d’habitats potentiellement colonisés
par des hôtes. De nombreux travaux démontrent le rôle important joué par les caractéristiques
visuelles, acoustiques et surtout olfactives de l’habitat des hôtes dans sa détection par les femelles
parasitoïdes. Certains hôtes sont attaqués non pas parce qu’ils sont préférés, mais simplement parce
qu’ils vivent dans un habitat accessible et activement recherché par les femelles parasitoïdes. C’est
ainsi qu’a été montré, par exemple, que les femelles Leptopilina boulardi sont attirées par l’éthanol,
produit de fermentation qui est présent dans les fruits en décomposition où vivent ses hôtes, les larves
de la drosophile Drosophila melanogaster.

Plus récemment, des chercheurs ont démontré que certaines plantes émettent, en cas d’attaques par des
phytophages, des molécules caractéristiques, appelées synomones, qui peuvent être utilisées par des
parasitoïdes pour trouver de façon précise un habitat infesté par leurs hôtes.

Une telle « communication chimique » entre niveaux trophiques ouvre de nombreuses questions de
recherche aussi bien au niveau fondamental (étude des causes proximales et évolutives) qu’appliqué
(utilisation de synomones pour la protection des cultures).

b) Recherche de l’hôte

Une fois un site potentiellement habitable trouvé, la femelle doit commencer à rechercher un hôte
proprement dit à partir de stimuli parfois acoustiques ou visuels, mais généralement plutôt chimiques
et olfactifs qui proviennent ici des hôtes eux-mêmes. Ces signaux sont qualifiés de kaïromones. Il
s’agit, par exemple, de phéromones sexuelles impliquées dans la recherche et la reconnaissance de
partenaire pour la reproduction. Dans ce cas, la femelle parasitoïde agit comme un véritable espion en
détournant à son avantage des signaux qui ne lui sont pas initialement destinés.

Les mécanismes impliqués dans cette étape sont souvent complexes et présentent parfois des niveaux
de spécificité extraordinairement élevés. Ceci traduit très probablement la mise en œuvre de pressions
de sélection importantes aboutissant à des mécanismes d’adaptation particulièrement élaborés. Par
exemple, le parasitoïde Cardiochiles nigriceps est capable de reconnaître des composés (le 13-méthyl
dotriacontane) présents dans les glandes mandibulaires des larves du papillon Heliothis virescens, et
de se servir de ce signal pour remonter jusqu’à lui. Un simple changement dans la branche méthylée
sur un des carbones de la molécule peut détruire totalement son activité vis-à-vis de la femelle
parasitoïde.
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c) Acceptation de l’hôte

Une fois l’hôte trouvé, la femelle doit encore s’assurer que celui-ci peut convenir au développement de
sa descendance. Cet hôte est-il de la bonne espèce ? Est-il du bon stade ? Est-il dans un état
physiologique adéquat ? N’a-t-il pas déjà été attaqué précédemment ? Autant de questions auxquelles
la femelle va devoir répondre grâce encore à des signaux physiques (taille, forme, couleur) ou
chimiques provenant de l’hôte découvert. Ces signaux peuvent être situés à l’extérieur de l’hôte et sont
alors généralement perçus par le parasitoïde grâce à de nombreux récepteurs situés sur ses antennes
qui sont richement innervées. Ils peuvent aussi se situer à l’intérieur de l’hôte et sont détectés grâce à
des organes sensoriels situés sur l’ovipositeur (organe de ponte) lors de son insertion dans l’hôte. Au
cours de cette étape également, les mécanismes en jeu peuvent être extraordinairement spécifiques
aboutissant à des situations où seul un stade particulier d’une espèce hôte clairement identifiée sera
parasité. Ici encore, de puissantes interactions sélectives entre les deux partenaires ont probablement
contribué à la riche diversité des stratégies adoptées par les femelles parasitoïdes.

Chez de nombreuses espèces, les informations recueillies par les femelles parasitoïdes permettent
également de détecter des hôtes déjà parasités, soit par elles mêmes précédemment, soit par une ou
plusieurs autres femelles conspécifiques ou d’une autre espèce. La décision de pondre dans un hôte
déjà parasité (on parle de superparasitisme) est généralement risquée pour un parasitoïde solitaire
puisqu’elle entraîne une compétition à l’intérieur de l’hôte. Cependant, plusieurs travaux théoriques
prédisent dans quelles situations une telle décision comportementale peut être avantageuse. Un grand
nombre de travaux expérimentaux montrent que la décision de superparasitisme est souvent conforme
à ces prédictions théoriques.

d) Choix du nombre de descendants par hôte

Chez les parasitoïdes grégaires les informations recueillies lors de l’examen interne et externe des
hôtes peuvent permettre aux femelles d’ajuster précisément le nombre de descendants qu’elles doivent
déposer par hôte. Des hôtes plus gros pourront en effet permettre le développement d’un nombre plus
élevé de descendants. Plusieurs travaux expérimentaux ont montré que les femelles parasitoïdes sont
effectivement capables d’estimer la taille de leurs hôtes pour y pondre un nombre adéquat d’œufs.
Chez le parasitoïde d’œufs Trichogramma minutum par exemple, la femelle inspecte d’abord la
surface de l’œuf à attaquer en utilisant ses antennes. Plus l’œuf est gros, plus l’angle entre la tête et le
premier segment antennaire sera petit, et il a été démontré que les femelles utilisaient ce paramètre
angulaire pour contrôler le nombre d’œufs qu’elles vont pondre dans l’hôte ainsi inspecté.

e) Choix du sexe du descendant

Chez les espèces haplo-diploïdes, les femelles fécondées ont la capacité de déterminer le sexe de leurs
descendants en fécondant ou non l’ovocyte pondu. Ce choix peut être influencé soit par la qualité de
l’hôte, soit par le nombre de compétitrices présentes sur le site. Dans tous les cas, d’importantes
pressions de sélection s’exercent alors, conduisant les femelles à adopter le sex ratio (i.e., proportion
de fils et de filles) qui va maximiser leur succès reproducteur.

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2. Étapes post-ovipositionnelles
Une fois un hôte attaqué avec succès, l’œuf puis la larve du parasitoïde se retrouvent dans un
environnement dont les caractéristiques sont particulières. En effet, l’hôte constitue avant tout un
milieu de vie que le parasitoïde doit préserver jusqu’à la fin de son développement mais cet hôte
représente également une ressource nutritionnelle qu’il doit exploiter et un milieu hostile qui dispose
de mécanismes de défense contre lesquels il doit se protéger. Face à cette triple contrainte, les
parasitoïdes ont développé différentes stratégies faisant intervenir soit des molécules injectées par la
femelle au cours de l’oviposition, soit des adaptations particulières de l’œuf ou de la larve parasitoïde
pour aboutir à un développement complet et réussi. La disponibilité et les modes d’action de ces
différents mécanismes varient considérablement suivant l’origine phylogénétique et le mode de vie du
parasitoïde. Ils partagent cependant deux fonctions principales : 1) contourner, détruire ou détourner
rapidement les défenses immunitaires de l’hôte ; 2) réguler sur le long terme le développement de
l’hôte pour l’assujettir aux besoins du parasitoïde en développement. Conjointement à ces deux
aspects qui sont abordés ci-dessous, d’autres composantes de l’adéquation de l’hôte au parasitoïde («
host suitability » sont également importantes. Ainsi, la quantité et la qualité nutritives de l’hôte
déterminent fortement non seulement la survie de la larve parasitoïde, mais également le phénotype de
l’adulte qui en résulte (taille, fécondité, longévité, etc.). De même, l’interaction hôte-parasitoïde peut
également être sensiblement modulée par de nombreux facteurs environnementaux biotiques, tels que
la présence de pathogènes, ou abiotiques, tels que la température.

a) Réponse immunitaire de l’hôte


Le principal moyen de défense des hôtes face au développement du parasitoïde est l’encapsulation de
l’œuf ou de la jeune larve parasitoïde. .

Ce processus fait appel à différents types cellulaires, regroupés sous le nom d’hémocytes, qui vont
successivement assurer la reconnaissance du corps étranger, adhérer à sa surface, recruter d’autres
cellules afin de former une capsule progressivement mélanisée autour de l’intrus et finalement tuer le
parasitoïde probablement par asphyxie ou émission de composés toxiques. Face à ce mécanisme de
résistance, trois tactiques principales de réponse ont été montrées chez les parasitoïdes.

La première consiste à éviter cette réaction, soit en limitant simplement l’interaction avec l’hôte
(ectoparasitisme), soit en infestant des stades très précoces sans défenses, soit en se protégeant dans
des tissus spécifiques (muscle, tube digestif, glande, etc.) incapables d’initier la réaction de défense.
Une autre tactique, utilisée chez de nombreux diptères parasitoïdes, consiste à détourner la réaction
immunitaire en s’isolant à l’intérieur du corps de l’hôte tout en maintenant un « tunnel respiratoire »
vers l’extérieur afin d’éviter l’asphyxie. Enfin, de nombreuses espèces détruisent les défenses
immunitaires de leurs hôtes à l’aide de différents facteurs de virulence.

Dans bien des associations hôtes-parasitoïdes, des processus coévolutifs complexes se mettent ainsi en
place chez chacun des partenaires pour sortir vainqueur de la confrontation, conduisant à l’existence
d’une variabilité intraspécifique chez l’hôte et chez le parasitoïde des niveaux de résistance ou de
virulence observés. .

b) Régulation de l’hôte

En raison de la proximité physiologique entre l’hôte et le parasitoïde, la synchronisation des


développements des deux protagonistes est capitale pour la réussite du développement parasitaire.
On distingue à ce titre deux types de parasitoïdes : 1) ceux qui utilisent les hormones de leurs hôtes
pour réguler leur propre développement ; et 2) ceux qui perturbent le développement de leurs hôtes en

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induisant des mues, voire des métamorphoses précoces, ou au contraire en bloquant définitivement
leur développement à un stade pré-imaginal (i.e., avant le stade adulte). Ces manipulations de la
physiologie de l’hôte font intervenir différents facteurs de régulation qui agissent principalement sur
deux hormones, l’hormone juvénile et les ecdystéroïdes, impliquées dans la mue ou la métamorphose
chez les insectes.

c) Facteurs de virulence et de régulation

Facteurs de virulence
Le venin est probablement « l’arme ancestrale » des parasitoïdes contre leurs hôtes. Le rôle premier
des venins est de paralyser l’hôte soit de façon temporaire pour faciliter l’oviposition, soit de façon
permanente. Parfois, il contribue également à la régulation de l’hôte en empêchant sa mue. Chez
certains parasitoïdes, le venin facilite également l’action d’autres facteurs de virulence, tels que les
polyDNAvirus (PDVs). .

Les PDVs sont des symbiontes particuliers présents chez deux familles d’hyménoptères parasitoïdes,
les Braconidae et les Ichneumonidae. Comme leur nom le suggère, les PDVs ont une grande similarité
avec des virus, mais leur ADN est intégré à celui de l’hôte parasitoïde et leur réplication ne s’opère
que dans certains tissus et à certains stades de la femelle parasitoïde adulte. Les virions sont injectés
avec l’œuf du parasitoïde au cours de l’oviposition dans l’hôte où ils s’expriment plus ou moins
rapidement et durablement selon les espèces. Les PDVs ont un rôle majeur dans la suppression de la
réponse immunitaire des hôtes, en modifiant ou détruisant les cellules qui sont impliquées. Dans de
nombreux cas, une action des PDVs a également été démontrée sur le système endocrine de l’hôte,
entraînant soit des mues ou des métamorphoses précoces, soit au contraire un blocage du
développement de l’hôte à un stade donné. Chez d’autres espèces parasitoïdes, des structures proches
des virus mais dépourvues en acides nucléiques (les VLPs pour « Virus-like particles ») jouent un rôle
semblable aux PDVs. .

Facteurs de régulation
Les tératocytes sont des cellules qui dérivent de la membrane séreuse qui entoure l’œuf de certains
parasitoïdes. Après l’éclosion, ces cellules se dissocient et se dispersent dans l’hémolymphe de l’hôte
où elles grandissent considérablement. Leur rôle reste encore mal connu mais il semble que ces
cellules puissent être par la suite ingérées par la larve de parasitoïde, leur servant ainsi d’apport
nutritionnel. .

Le parasitoïde contribue lui-même, par ses propres sécrétions, à contrer les défenses de son hôte et à le
réguler. Ainsi, certains parasitoïdes sont capables de sécréter dans l’hémolymphe de l’hôte des
hormones afin de réguler son développement. .

Quand les parasitoïdes sont eux-mêmes parasités

Outre leurs hôtes, les parasitoïdes sont dans la nature en interaction avec de nombreux autres
organismes : prédateurs, pathogènes, compétiteurs etc. Parmi ceux-ci, les endosymbiotes sont
longtemps restés inapeçus mais leur influence sur le phénotype du parasitoïde et leur rôle sur
leur écologie et leur évolution sont aujourd’hui de plus en plus reconnu. Ces symbiontes sont
des virus soit des bactéries.

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Les virus

Les parasitoïdes, notamment les hyménoptères sont infestés par des nombreux virus à ADN
(ascovirus par exemple) ou ARN (rhéovirus) dont l’influence est très variable. Dans de
nombreux cas, le virus profite de l’activité de parasitisme pour être transmis dans son hôte
final. Il se multiplie alors rapidement, entrainant la mort de l’hôte et du parasitoïde. Il s’agit
donc d’un parasitisme du parasitoïde par le virus. Dans d’autres cas, la relation est plutôt de
type commensal, le virus profitant du parasitoïde pour se transmettre lors des ovipositions ou
de façon verticale (de mère à descendants) sans contrepartie (positive ou négative) pour le
parasitoïde. Enfin, dans certains cas, la relation parasitoïde-virus semble avoir évolué vers un
réel mutualisme, à tel point que ce qu’il reste des virus est considéré par certains auteurs
comme des organelles, au même titre par exemple que les mitochondries. Ils jouent alors un
rôle capital de facteur de virulence et de régulation, assurant simultanément la survie du
parasitoïde ainsi que leur propre transmission puisque leur ADN est intégré à celui du
parasitoïde. Récemment, le rôle majeur d’un virus sur le comportement de ponte dans la
décision prise par la femelle de superparasiter c'est-à-dire de déposer un œuf dans un hôte
déjà parasité soit par elle-même, soit par une congénère a été mis en évidence chez un
hyménoptère parasitoïde, démontrant l’étendue des interactions possibles entre parasitoïdes et
virus.

Les bactéries

De nombreuse bactéries sont également hébergées par des parasitoïdes, parmi lesquelles les
représentants de genre Wolbachia. Les Wolbachia sont des alpha protéobactéries
endosymbiontiques (i.e situées dans le cytoplasme des cellules et leur hôtes) de la famille des
rickettsies qui sont présentes chez au moins 16% des espèces d’insectes et en particulier chez
de nombreux Hyménoptères parasitoïdes. Leurs effets sur les hôtes sont complexes et
variables suivant les systèmes étudiés. Les effets sur les plus spectaculaires de ces bactéries
s’expriment sur la reproduction de l’hôte qui devient profondément altérée. Chez certaines
espèces normalement haplo-diploïdes, certains variants de Wolbachia sont capables d’induire
la thélytoquie, les femelles gagnant la possibilité de donner une descendance femelle en
absence de fécondation. Cette induction de la thélytoquie pourrait se révérer particulièrement
intéressante en lutte biologique afin de limiter les coûts de production et d’améliorer
l’efficacité après les lâchers, le mâle parasitoïde n’ayant aucune utilité en terme d’impact sur
les populations hôtes Chez d’autres espèces, l’effet induit est l’incompatibilité cytoplasmique
qui se traduit par la diminution du nombre de femelles produites lors de certains croisements
entre des individus ayant des variants de Wolbachia différents, dits incompatibles. Les
conséquences de l’incompatibilité cytoplasmique sont probablement très vastes allant de
l’isolement reproductif entre des populations possédant des variants différents jusqu’à la
perturbation des mécanismes d’ajustement du nombre ou du sexe des descendants. L’issue de
ces interactions entre endosymbiotes et parasitoïdes peut également pendre une tournure
comme par exemple chez l’hyménoptère parasitoïde Asobara tabida où Wolbachia est
devenue indispensable pour l’ovogenèse du parasitoïde.

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