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Chapitre: la diversification non génétique du vivant

La diversification des phénotypes est essentiellement associée à des mécanismes génétiques qui se produisent au cours de la
reproduction sexuée (brassages au cours de la formation des gamètes et de la fécondation) ou à l’occasion de transferts de gènes
par exemple. En dehors de ces processus génétiques, d’autres mécanismes participent à diversifier le phénotype des individus.

I. Une diversification générée par des associations d’organismes


Le phénotype d’un individu peut être modifié en raison d’interactions établies entre cet individu et un autre individu
appartenant à un espèce différente. En effet, des individus d’espèces différentes peuvent s’associer étroitement et durablement
entre eux, établissant ainsi un type particulier de relation appelé symbiose (= vivre ensemble). Lorsque cette relation est
bénéfique aux deux partenaires, la symbiose est qualifiée de mutualiste ou symbiose au sens strict.
Plusieurs symbioses mutualistes s’observent chez les végétaux :

les mycorhizes, associations entre un champignon et une plante (mousse, gymnospermes, angiospermes) et les nodosités,
associations entre des bactéries (fixatrices d’azote atmosphérique) et une plante (haricots, pois, lentilles, soja …) qui contribuent
à améliorer le développement de la plante grâce à l’activité métabolique du partenaire (amélioration de l’absorption racinaire
par le champignon ou de l’approvisionnement en azote par les bactéries).
Ces symbioses existent aussi chez les animaux :

– symbioses avec des algues photosynthétiques : ver de Roscoff, salamandre ponctuée, animaux qui bénéficient d’un meilleur
approvisionnement en matière grâce aux algues ;

– symbiose avec le microbiote intestinal chez l’Homme : la composition du microbiote intestinal contribue à définir certaines
caractéristiques du phénotype (minceur ou obésité …).

La présence durable d’organismes parasites dans un individu peut également modifier le phénotype de cet individu : insectes
parasités par un champignon (ex : fourmi zombie) ; homme affecté par un parasite (ex : ver solitaire).
Dans ces différentes situations, les caractéristiques de l’hôte sont donc modifiées sans que son génome n’ait été changé. La
symbiose contribue donc bien à diversifier le phénotype des individus.

II. Une diversification du comportement des individus


La diversification des individus peut également reposer sur des caractéristiques comportementales et non pas uniquement
morphologiques : on s’intéresse alors au concept de phénotype étendu des individus. Ce dernier est également déterminé par
des facteurs non génétiques.

A. Des phénotypes comportementaux qui dépendent de l’exploitation des ressources du milieu


Le comportement de différents individus est dépendant des ressources dont ils disposent dans leur environnement. C’est le cas
de la construction des nids d’oiseaux, des termitières, des fourreaux des phryganes ou du comportement reproducteur de
certains oiseaux (comme le Jardinier satiné).

B. Des comportements non héréditaires transmis au sein d’une espèce


Certains de ces comportements « phénotypiques » sont transmis, par voie non héréditaire, entre individus d’une même espèce.
Cela conforte l’idée que le phénotype ne repose pas que sur des bases génétiques.

Ainsi certains comportements (chants et alimentation des oiseaux, alimentation des macaques) se transmettent dans un 1er
temps entre individus contemporains par observations et apprentissages puis éventuellement, dans un 2d temps, entre
générations. Cela contribue donc à la diversification des individus car les sources des apprentissages varient, notamment dans
les sociétés humaines où les échanges entre populations se sont diversifiés. De plus, selon les conséquences de ces
comportements, ceux-ci ont pu ou non se maintenir dans les populations. Ils ont ainsi pu contribuer à l’évolution technique et
culturelle de l’espèce humaine.

La diversification se réalise donc ici en l’absence de modifications génétiques mais grâce aux apprentissages transmis par
d’autres individus.
Chapitre: la diversification non génétique du vivant
Dans les populations réelles, différents facteurs empêchent d'atteindre cet équilibre théorique, entraînant
l'évolution de la diversité des populations au cours du temps. Les mutations font apparaître de
nouveaux caractères. La probabilité de transmettre les génotypes dépend du phénotype : la sélection
naturelle modifie la fréquence des allèles selon l'environnement. La fréquence des allèles neutres évolue
aléatoirement par dérive génétique, et la taille finie des populations peut entraîner ainsi la disparition
d'allèles. Les préférences sexuelles des partenaires interviennent dans la rencontre entre les individus. Des
migrations entraînent l'ajout ou le retrait de génotypes de la population. À cause de l'instabilité de leur
environnement, des différences génétiques entre les populations d'une même espèce se produisent au
cours du temps, limitant les échanges réguliers de gènes entre ces populations. Elles peuvent alors être
isolées génétiquement les unes des autres et évoluer de manière indépendante, formant ainsi de nouvelles
espèces. Les espèces peuvent être considérées comme des populations d'individus suffisamment isolées
génétiquement des autres populations. Toutes les espèces apparaissent comme des ensembles
hétérogènes de populations, évoluant continuellement dans le temps.

Une diversification des êtres vivants est possible sans modification de leur génome, comme lors
d'associations non héréditaires, telles les symbioses ou le parasitisme. Une autre modalité de diversification
sans modification du génome chez les animaux est le recrutement de composants inertes du milieu
modifiant le phénotype. Chez certaines espèces animales, des caractères comportementaux sont l'objet d'une
transmission culturelle à l'intérieur des populations.

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