Vous êtes sur la page 1sur 10

L'histoire humaine lue dans les génomes

Introduction :

Nous venons de voir que l’ADN subit des modifications aléatoires de sa


séquence : les mutations.
Au sein d’une espèce, le polymorphisme des séquences d’ADN résulte
de l’accumulation de mutations au cours des générations. C’est ce qui va
créer la diversité des individus de l’espèce.

Nous avons vu que si les mutations touchent les cellules germinales,


elles sont transmises à la descendance. Mais en quoi ces mutations
peuvent-elles être favorables ou défavorables pour la survie d’une
espèce ?
Nous verrons également comment les interactions entre mutations et
environnement peuvent favoriser l’émergence de certains phénotypes.

1 L’origine de la diversité allélique

Au sein du génome d’une espèce, les similitudes qui existent entre les
gènes sont interprétées comme le résultat d’une transmission d’un gène
ancestral ayant muté.

Rappel

Un gène est un fragment d'ADN qui encode une information. Il existe en


plusieurs versions appelées allèles.

Chez certaines espèces très proches, on peut observer une différence


morphologique alors que le gène impliqué dans ce caractère est similaire
chez les deux espèces.

 Il n’y a donc pas de différence génétique mais plutôt une variation de


l’expression de ce gène.

SchoolMouv.fr SchoolMouv : Cours en ligne pour le collège et le lycée 1 sur 10


Dans la nature, il y a des êtres vivants que l’on dit « mutants ».

Exemple

Ils peuvent avoir des ailes en plus


par exemple ; ou même une patte à
la place d’une antenne comme chez
la drosophile (mutation
antennapedia ).

a. La duplication génétique

À retenir

Quand il y a création d’un nouveau gène, qui aboutit à la création d’un


nouveau phénotype dans l’espèce, on parle de duplication génétique.
Le gène d’origine, quant à lui, est appelé gène ancestral.

Ces duplications génétiques sont à l’origine de nouveaux allèles, voire de


nouveaux gènes. Ainsi, les mutations sont des moteurs d’innovation
génétique : elles créent de la diversité au sein d’une espèce.

Attention

La diversification est un processus qui se met en place sur de très


longues périodes.

b. Une famille multigénique

Les gènes issus d’un même gène ancestral constituent une famille
multigénique. Leurs séquences d’ADN sont similaires à plus de 50 % .

Les globines sont des protéines qui permettent le transport et le stockage


de l'oxygène dans le sang. Il existe plusieurs types de globines, les α -

SchoolMouv.fr SchoolMouv : Cours en ligne pour le collège et le lycée 2 sur 10


globines, les β -globines, les γ -globines et les δ-globines. Voici le tableau des
similitudes de cette famille multigénique :

 Les β -globines et les δ-globines partagent plus de 90 % de similitudes dans


leur génome, elles sont donc très proches.

 À l’inverse, les α -globines ne partagent que 50 % environ de similitudes avec


toutes les autres familles de globines, elles sont donc plus éloignées.

C’est en calculant les degrés de similitudes entre les gènes, que l’on peut
reconstituer l’arbre phylogénétique entre différentes espèces.

Définition

Arbre phylogénétique :

Un arbre phylogénétique est la représentation schématique sous forme


d’arbre des relations de parenté entre les êtres vivants.

Nous parvenons ainsi à la construction de l’arbre phylogénétique suivant :

SchoolMouv.fr SchoolMouv : Cours en ligne pour le collège et le lycée 3 sur 10


À retenir

Plus les gènes partagent une forte similarité de séquence, plus ils sont
proches.
Moins ils sont proches, plus ils ont divergé.

2 La sélection naturelle

a. Point historique : Darwin et la théorie de l’Évolution

En 1859, Charles Darwin publia son ouvrage L’Origine des espèces, dans
lequel il pose les bases de la théorie de l’évolution et de la sélection
naturelle.

Cet ouvrage marque un changement radical dans l’histoire des sciences.


Avant la théorie de l’évolution, on pensait que les animaux avaient été
créés indépendamment les uns des autres et sous leur forme actuelle : en
effet, la science n’était pas encore complètement détachée de la religion.
Mais les travaux de Darwin ont prouvé que les espèces évoluaient en
interaction les unes avec les autres, invalidant ainsi les thèses soutenues
par l’Église.

 La théorie de l’évolution par la sélection naturelle fait désormais consensus


dans la communauté scientifique.

SchoolMouv.fr SchoolMouv : Cours en ligne pour le collège et le lycée 4 sur 10


b. Définitions

Rappel

Des mutations peuvent apparaître de manière aléatoire au sein du


génome d’un individu. Si ces mutations atteignent les cellules
germinales, elles sont transmises à la descendance.

 On parle d’innovation génétique.

Ces mutations peuvent avoir des conséquences variables sur l’individu et


lui conférer un avantage sélectif : l’environnement va exercer des
pressions de sélection sur les espèces (les conditions climatiques, les
ressources en nourriture…).

À retenir

Si un individu possède une mutation qui augmente ses chances de


survies et/ou de reproduction au sein de son environnement, alors cette
mutation va se répandre dans la population.

Exemple

Une bactérie ayant un gène muté résistant aux antibiotiques pourra


mieux survivre que les autres bactéries de sa colonie dans un milieu
contenant cet antibiotique.

Par ailleurs, certaines mutations peuvent conduire à l’apparition de


caractères défavorables à la survie dans un milieu donné : les individus
porteurs de la mutation auront donc moins de chances de survie.

À retenir

Une mutation désavantageuse sera donc peu représentée au sein d'une


population dans la mesure où les individus porteurs ont une espérance
de vie réduite.

C’est ce qu’on appelle la sélection naturelle.

SchoolMouv.fr SchoolMouv : Cours en ligne pour le collège et le lycée 5 sur 10


Définition

Sélection naturelle :

La sélection naturelle correspond à l’évolution génétique d’une


population sous l’effet de facteurs environnementaux.

L’apparition de nouveaux gènes entraînent aussi l’apparition de nouveaux


phénotypes.

c. L’exemple de l’intolérance au lactose

Le lactose, principal glucide du lait, est un disaccharide formé par l’union


d’une molécule de glucose et de galactose. Son absorption nécessite une
hydrolyse réalisée par une enzyme, la lactase.
Le gène de la lactase humaine est située sur le chromosome 2, et code
pour un polypeptide de 1927 acides aminés.

Chez les mammifères, la digestion du lactose peut se faire chez les jeunes
durant l’allaitement. Mais, chez les adultes, l’enzyme n’est normalement
plus produite.
Les adultes humains se répartissent alors en deux phénotypes :

ceux qui ont une aptitude très faible à digérer le lactose, car ils ne produisent
plus ou presque plus de lactase, présentent le phénotype LNP (« lactase non-
persistante ») : ils sont dits intolérants au lactose ;

ceux qui continuent à produire de la lactase et qui gardent ainsi l’aptitude à


digérer le lactose toute leur vie sont du phénotype LP (« lactase persistante »).

La fréquence du phénotype LP varie considérablement selon les


populations : elle est par exemple très faible en Asie, mais plus répandue
en Europe, comme vous pouvez l’observer sur le schéma ci-dessous.

SchoolMouv.fr SchoolMouv : Cours en ligne pour le collège et le lycée 6 sur 10


Astuce

La comparaison des gènes de la lactase pour les individus LP et LNP n’a


pas montré de différence. En revanche, des différences ont été mises en
évidences dans le gène voisin, MCM6.

Chez les Européens, on a constaté une différence de nucléotide en amont


de la transcription du gène de la lactase :

une thymine pour les LP ;

et une cytosine pour les LNP.

SchoolMouv.fr SchoolMouv : Cours en ligne pour le collège et le lycée 7 sur 10


 Ainsi, la forte fréquence de l’allèle résultant de cette mutation, et aboutissant
au phénotype LP, permet un avantage sélectif : la consommation du lait.

L’analyse génétique réalisée sur les momies, et les fossiles d’ Homo sapiens
ont révélé l’absence de cette mutation chez des individus de plus de 10000
ans : ainsi, c’est le phénotype LNP qui était représenté chez ces
populations anciennes.

Rappel

On dira donc que le gène LNP est « ancestral ».

En outre, les études montrent que les populations nomades d’éleveurs


ayant migré en Europe ont un phénotype LP assez fréquent, alors que les
populations où le phénotype LNP est très représenté proviennent de
migrations de chasseurs-cueilleurs.

SchoolMouv.fr SchoolMouv : Cours en ligne pour le collège et le lycée 8 sur 10


À retenir

C’est un exemple de sélection culturelle : la création d’un nouvel


environnement (l’apport de lait) a créé un avantage sélectif pour les
individus ayant une mutation permettant la production de lactase
jusqu’à l’âge adulte, ce qui a entraîné une évolution phénotypique des
populations.

Conclusion :

Les mutations peuvent conduire à l’acquisition de nouveaux caractères :


on parle d’innovation génétique.
Au sein d’une espèce, des similitudes de séquence d’ADN sont
observées. Elles sont interprétées comme le résultat d’une duplication
d’un gène ancestral. Tous les gènes issus d’un même gène ancestral
forment une famille multigénique.
Ces mutations, lorsqu’elles touchent les cellules germinales, peuvent
avoir un impact évolutif : celles qui confèrent un avantage sélectif ont
plus de chance d’être transmises à la descendance et de se répandre
dans une population. C’est la base de la théorie de l’évolution par la
sélection naturelle.
Les innovations génétiques peuvent être favorables ou défavorables
pour la survie de l’espèce en fonction de l'environnement.

SchoolMouv.fr SchoolMouv : Cours en ligne pour le collège et le lycée 9 sur 10


SchoolMouv.fr SchoolMouv : Cours en ligne pour le collège et le lycée 10 sur 10

Vous aimerez peut-être aussi