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Terminale Spécialité SVT Années 2022/2023

II. D’autres mécanismes de diversification du vivant

L'association des mutations et du brassage génétique au cours de la méiose et de la fécondation ne


suffit pas à expliquer la totalité de la diversification génétique des êtres vivants. L’universalité de
l’ADN et l’unicité́ de sa structure dans le monde vivant autorisent des échanges génétiques entre
organismes non nécessairement apparentés. Cette propriété accentue la diversité génétique des
êtres vivants.

TP 11 : La diversification du vivant

A. Polyploïdisation : augmentation de la ploïdie des cellules c’est à dire du nombre


d’exemplaires de chromosomes

Les végétaux supportent beaucoup mieux la polyploïdie. Il est désormais démontré que la quasi-
totalité des espèces végétales ont connu au moins un événement de polyploïdisation au cours de
leur évolution. Il suffit que les deux espèces parents soient des espèces sympatriques, c’est-à -dire
des espèces coexistant dans un même territoire, que les pollinisateurs soient communs aux deux
espèces avec des floraisons proches dans le temps. On obtient des hybrides le plus souvent stériles
mais l'hybridation est suivie d'une polyploïdisation.

Nombre des espèces cultivées par l'homme sont polyploïdes : soit autoploïdes portant plusieurs
exemplaires du même génome (ex : luzerne, pomme de terre) soit alloploïdes présentant les
génomes de plusieurs espèce apparentées (ex : blé, coton, colza, tabac).
Exemple p.36 avec caryotype.

Document 4 : Polyploïdisation

La polyploïdisation est la multiplication du nombre de chromosomes par 2 ou plus, transformant la


ploïdie de la cellule. Le mécanisme est une absence de cytodiérèse au cours de l'une des deux
divisions de la méiose

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Remarque : Chez les animaux, ce mécanisme n'est pas connu. Les hybrides obtenus suite à des
croisements entre espèces différentes ne sont pas fertiles et ne donnent pas lieu à une nouvelle
espèce : exemple une jument et un â ne. De leur union naîtra un animal hybride, mule ou mulet.
Accouplez cette fois-ci la mule et le mulet. Vous n'obtiendrez aucune descendance. Car la mule et le
mulet sont stériles. Il peut y avoir des hybrides fertiles mais entre espèces possédant le même
nombre de chromosomes, le même caryotype. Exemple : chien et le loup (la crocotte) ou le cochon
avec le sanglier (cochonglier)

B. Modifications de l’expression de gènes de développement

Les gènes de développement sont des gènes qui s'expriment pendant des périodes précises du
développement d'un embryon et dans des zones précises de l'embryon.
Ils sont responsables de la construction de l'organisme. Parmi eux, on rencontre des gènes
homéotiques ou gènes architectes qui contrô lent les séquences d'autres gènes (gènes régulateurs
ou gènes switch) ; Ils sont responsables de la mise en place de toute une partie du corps d'un
organisme.

Une mutation affectant l’expression de ces gènes ou la chronologie de leur expression peut
provoquer une ou des modifications morphologiques pouvant conduire à un nouveau phénotype
voir une nouvelle espèce.

Vidéo Darwin pinsons de 57min29s à 1h01min55s

Exemple : chez l’homme, une mutation du gène homéotique Hoxd-13 peut entraîner un
ralentissement du développement inhibant la formation des deuxièmes phalanges et entraînant
parfois jusqu’à la disparition des doigts.

Les variations épigénétiques : changements héréditaires sans modification du génome (pas


d’altération de la séquence d’ADN), c’est juste la chronologie de l’expression ou l’intensité de
l’expression des gènes de développement qui sont modifiées.

Exemple : les « mères hollandaises ». Il s’agit d’un groupe de femmes enceintes vivant aux
Pays-Bas, peinant dans des conditions de famine imposées par un embargo alimentaire et un
hiver rude, qui a donné naissance à des bébés relativement petits. Quand leurs enfants ont
grandi, dans une certaine prospérité, et qu’ils ont eux-mêmes eut des enfants, leurs bébés
étaient étonnamment petits. Ainsi, les effets d’une faible nutrition sur ces mères hollandaises
se sont répercutés sur leurs petits-enfants

Comment le régime alimentaire peut-il affecter les descendants, étant donné qu'il ne
peut pas changer la séquence d'ADN dans l’ovule ou le spermatozoïde ?

Nous savons aujourd’hui que ces effets observés chez ces familles hollandaises proviennent
de changements au niveau de marqueurs présents sur leur ADN, liés au manque de certaines
molécules cruciales dans l’alimentation de leur grand- mères. L’une des plus importantes
modifications épigénétiques est la méthylation de l’ADN. De façon à maintenir fidèlement le
bon patron de méthylation au cours des divisions cellulaires, de nouveau groupement

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méthyl sont ajoutés sur l’ADN nouvellement copié. Ceci nécessite un apport constant en
groupements méthyl, qui peuvent provenir directement de notre nourriture à partir de la
méthionine, la bétaïne ou la choline. De façon alternative, nous pouvons aussi fabriquer des
groupements méthyl à partir de précurseurs chimiques comme l’acide folique. D’autres
éléments chimiques provenant de notre nourriture sont nécessaires pour transporter des
groupements méthyl à travers le corps et pour les attacher soigneusement à l’ADN. Par
exemple, le zinc et la vitamine B12.

Dans le cas des mères hollandaises, c’est comme si leurs maigres rations les avaient
privées des nutriments dont elles avaient besoin pour mettre en place le correct
patron de méthylation dans leur descendance et comme si ces anomalies
épigénétiques avaient été transmises à la génération suivante.

Tous ces mécanismes sont des transferts verticaux de gènes, les modifications se transmettent de
génération en génération mais dans certains cas, les gènes peuvent être transférés de
manière »horizontale », sans lien de parenté, entre individus de la même espèce ou non.

C. Transfert horizontal de gènes

1. Les transferts horizontaux entre bactéries

Les bactéries ont la capacité d’intégrer de l’ADN de leur environnement et de l’exprimer. Cette
capacité est notamment permise grâ ce à l’universalité de la molécule d’ADN.
Les échanges génétiques en l’absence de toute reproduction sont nommés transferts génétiques
horizontaux. Ces transferts peuvent se faire selon 3 modalités :
- La transformation : intégration d’ADN libéré dans l’environnement ;
- La transduction : transfert d’ADN par l’intermédiaire d’un virus (bactériophage) emportant
des fragments du génome d’une bactérie donneuse vers une bactérie receveuse ;
- La conjugaison : transfert d’ADN entre deux bactéries par l’intermédiaire d’un pont de
conjugaison.

Document 5 : Des transferts horizontaux entre bactéries

Remarque 1 : L’ADN échangé par conjugaison peut être un plasmide, petite molécule circulaire
indépendante du chromosome bactérien. On parle d’hérédité cytoplasmique pour qualifier la
transmission de caractères par l’intermédiaire de plasmides.

Remarque 2 : Ces échanges génétiques ont d’importantes conséquences sur l’évolution rapide des
bactéries, notamment leur résistance aux antibiotiques.

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Remarque 3 : Les transferts de gènes horizontaux peuvent être contrô lés par les humains au
travers d’applications biotechnologiques pour réaliser des organismes génétiquement modifiés par
transgénèse et produire des molécules d’intérêt.

2. Les transferts horizontaux dans l’arbre du vivant

La forte similitude de séquence et de fonction entre la protéine de l'enveloppe du virus et la


syncitine 1 humaine montre que le gène humain de la syncitine aurait donc une origine virale. Il y
aurait eu une intégration du gène viral dans le génome d'une espèce ancestrale. Il y aurait ensuite
eu transmission verticale au cours des générations suivantes de cette espèce et de celles qui en
dérivent. L'expression de ce gène aurait conduit à l'apparition du placenta chez certains
Mammifères et conduit ainsi à une diversification du vivant. Le processus de transfert horizontal de
gène est donc un processus important dans l'évolution du vivant.

Document 6 : Des transferts horizontaux dans l’arbre du vivant

D. Symbiose et endosymbiose

Symbiose : Relation permanente entre deux organismes d'espèces différentes et qui se traduit par
des effets bénéfiques aussi bien pour l'un que pour l'autre.

Exemple Lichen (TP11)

Exemple 1 = Un très grand nombre de végétaux possèdent un système racinaire associé à des
champignons : c'est le mycorhize. Dans cette association, la plante bénéficie de l’eau et des
éléments minéraux efficacement absorbés par le champignon tandis que ce dernier utilise les
molécules organiques synthétisées par la plante grâ ce à la photosynthèse.
Exemple 2 = Microbiote intestinal.
Exemple 3 = Parasitisme : guêpe parasite et coccinelle « garde du corps »

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Document 7 : Un exemple de parasitisme

Endosymbiose : Interactions à bénéfices mutuels entre deux cellules, l’une des cellules étant située
à l’intérieur de l’autre.

Les endosymbioses transmises entre générations, fréquentes dans l’histoire des eucaryotes, jouent
un rô le important dans leur évolution. Le génome de la cellule (bactérie ou eucaryote) intégré́ dans
une cellule hô te régresse au cours des générations, certains de ses gènes étant transférés dans le
noyau de l’hô te.

Remarque : Ce processus est à l’origine des mitochondries et des chloroplastes, organites contenant
de l’ADN.

Document 8 : Des endosymbioses à l’origine des mitochondries et des chloroplastes

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E. Par recrutement de composants inertes pour moduler le phénotype

La diversification phénotypique des êtres vivants n’est pas uniquement due à la diversification
génétique. D’autres mécanismes interviennent comme le recrutement de composants inertes du
milieu qui modulent le phénotype (constructions, parures...).

Exemple : Les fourreaux des phryganes


Les phryganes sont des petits insectes dont la larve aquatique présente la particularité de
construire un fourreau, tube la protégeant des prédateurs. Pour le fabriquer, la larve utilise tout
d’abord les sécrétions des glandes salivaires. Elle tisse ainsi une enveloppe de soie qu’elle recouvre
de petits éléments récoltés au fond de l’eau (fragments végétaux, fragments de coquilles, graviers).

Document 9 : Les fourreaux des larves des phryganes


1. Larve dans son fourreau
2. Larve extraite du fourreau
3. Stade Nymphe
4. Stade adulte

F. Diversification des comportements

Certaines espèces se diversifient également par la transmission des comportements, des


apprentissages :
Les espèces, surtout les vertébrés, sont caractérisées par des comportements qui peuvent être
transmis de génération en génération grâce à l’apprentissage.
 Les oiseaux se transmettent leurs chants par apprentissage et non par voie génétique.
 Les êtres humains se diversifient également grâ ce aux comportements, nous apprenons la parole,
les conventions sociales, la maîtrise d'un travail, etc.
 Les chimpanzés apprennent à leurs petits l'utilisation d'outils, et apprennent au contact les uns
des autres de nouveaux comportements qui seront ainsi transmis.

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