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UE-SF 5 : Biologie moléculaire et génomes des plantes

Chapitre II :
Création de variabilité génétique chez les plantes

1. Culture in vitro des végétaux

1.1. Bases biologiques de la culture in vitro

1.1.1. Notion de totipotence

Les cellules végétales, prélevées sur un organe quelconque d'une plante, possèdent la capacité de
régénérer un individu complet identique à la plante mère. C'est la totipotence des cellules végétales.
Elle repose sur l'aptitude à la dédifférenciation : les cellules peuvent redevenir des cellules simples,
non spécialisées et se différencier ensuite pour donner à nouveau les différents types de cellules
spécialisées.

Chaque cellule végétale possède en effet les potentialités nécessaires et suffisantes pour se multiplier
et surtout pour s'organiser en tissus différenciés permettant de reconstruire une plante.

 Différenciation cellulaire : évolution d’une cellule d’un état simple (exemple : cellule
méristématique) à un état spécialisé (fonctionnel, exemple cellule de l’endoderme) ;
 Dédifférenciation cellulaire : retour vers un état simple non différencié.

Différenciation et dédifférenciation cellulaire

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Chap. II : Création de variabilité génétique Cours préparé par : Dr. Boualem HARFI

1.1.2. Substances de croissance (hormones de croissance)

Le développement végétal est régulé par des facteurs de croissance qui, par leur action à distance
du lieu de production sont appelés PHYTOHORMONES. Ces substances peuvent agir en synergie
ou en antagonisme. Les principales hormones végétales sont :

• les auxines ;
• les gibbérellines ;
• les cytokinines.

1.2. Techniques de la culture in vitro

1.2.1. Micropropagation

Une plante peut être multipliée en masse de façon identique à partir de cellules ou d'un fragment
d'organe. C'est la multiplication conforme. Elle peut être réalisée à partir de nœuds, de pousses
axillaires. Elle ressemble au bouturage. En culture in vitro, les tissus se développent et donnent une
plante entière, identique à la plante de départ.

Micropropagation de la pomme de terre

1.2.2. Culture d’embryons immatures (sauvetage d’embryons)

Le sauvetage d'embryon consiste à prélever un embryon précoce, pour le cultiver in vitro afin de le
protéger contre les inhibiteurs du développement au niveau des tissus maternels (cas de croisements
interspécifiques). Son sauvetage peut être aussi pour accélérer les cycles végétatifs.

Les graines immatures sont désinfectées en surface et après dissection, les embryons sont transférés
sur un milieu de culture solide approprié. Après deux semaines, les embryons ont généralement
atteint le stade cotylédonaire.

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Le transfert sur un milieu riche en hormones de croissance permet la production de plantes.

Dans quels cas l’utilisée :

L'avortement d'embryons issus de croisements interspécifiques est attribué à un


développement retardé de l'albumen, par incompatibilité entre les tissus embryonnaires et
maternels.

1.2.3. Cal, callogenèse et régénération (organogenèse directe)

L'équilibre des taux de deux hormones (auxines et cytokinines) permet d'obtenir un cal. Le cal est le
résultat de la prolifération anarchique de cellules plus ou moins différenciées mais qui n'arrivent
plus à s'organiser en tissus et organes distincts.

De fortes concentrations en cytokinines associées à de faibles concentrations en auxines (ou non),


permettent d'obtenir le développement de la partie aérienne (caullogenèse).

De fortes concentrations en auxines accompagnées ou non à de faibles concentrations en cytokinines,


nous permettent d'obtenir l'enracinement (rhizogenèse) des tiges feuillées.

Balance hormonale et régénération Exemples de cals

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1.2.4. Embryogenèse somatique (organogenèse indirecte)

Classiquement, l'embryon est défini comme étant une plante se trouvant au stade initial de son
développement. Il s'agit en fait d'une structure bipolaire (munie de deux méristèmes : l'un caulinaire
et l'autre racinaire) qui, suite au processus de germination, donne naissance à une nouvelle plante.

Les embryons somatiques ont pour origine des cellules particulières ; dites embryogènes. Elles
présentent des caractères de cellules méristèmatiques primaires : petites tailles, cytoplasme dense,
gros noyaux aux nucléoles proéminents et petites vacuoles. Les embryons somatiques sont obtenus
sur des cals (organogenèse indirecte).

Étapes de l’embryogenèse somatique

1.2.5. Culture de méristèmes

Un méristème est constitué de cellules non différenciées qui sont à l'origine de tous les tissus de la
plante. La culture d'un méristème permet d'obtenir une plante identique à la plante initiale. L'intérêt
de la culture des méristèmes réside dans le fait que ce sont des structures indemnes de virus. Leur
culture conduit à des plantes saines.

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1.2.6. Haplo-diploïdisation

L'haplodiploïdisation consiste en l'obtention de plantes à partir des cellules reproductrices ou


gamètes. Ces cellules contiennent une copie de l'information génétique qui est normalement
présente dans une cellule sous forme de deux copies, les deux chromosomes homologues. Lors de
la régénération, on peut arriver à doubler le stock chromosomique. Les individus obtenus sont des
lignées pures, car ils ont la même information sur les deux chromosomes, ils sont homozygotes.

* A partir de gamète mâle, pollen : Androgenèse


* A partir de gamète femelle, ovule : Gynogenèse

Applications : Obtention de lignées pures homozygotes


- Fixation rapide de nouvelles variétés ;
- Évaluation de gènes récessifs.

Étapes de l’haplo-diploïdisation

1.2.7. Culture des protoplastes

Les protoplastes sont des cellules sans paroi pectocellulosique. Ils peuvent être obtenus à partir
d'explants divers (fragments prélevés sur les tissus d'une plante, de préférence des limbes de jeunes
feuilles). La fusion de protoplastes permet d'introduire des caractères à hérédité cytoplasmique et
de créer de nouvelles variétés.

a) Obtention des protoplastes

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b) Fusion des protoplastes (hybride somatique)

c) Sélection de protoplastes

d) Stérilité mâle cytoplasmique (exemple des hybrides du colza)

e) Hérédité cytoplasmique
Transmission verticale des caractères héréditaires par l'ADN des organelles cytoplasmiques telles
que les mitochondries et les chloroplastes.

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1.3. Notions de multiplications conservatrice et créatrice

1.3.1. Multiplication conservatrice

L’ensemble des techniques de culture in vitro permettant de conserver le patrimoine génétique des
parents conforme d’une génération à la suivante (suite aux subcultures).

- Micropropagation ;
- Culture d’embryons immature.

1.3.2. Multiplication créatrice (de variabilité génétique)

Les techniques in vitro nécessitant le passage par un cal sont créatrices de variabilité génétique, i.e. :
les plants issus de la culture in vitro sont génétiquement différents du plants qui est à leur origine.

- Organogenèse directe ;
- Organogenèse indirecte.

Principalement, la variabilité génétique ainsi créée est due aux mutations survenues lors de
l’obtention et de la sélection des cals qui sont des structures constituées de cellules plus ou moins
différenciées et à multiplication anarchique.

1.4. Semences artificielles

Les semences artificielles sont des semences produites directement et artificiellement à partir d’une
cellule (des cellules) du végétal à multiplier (cloner), par la technique de l’embryogenèse somatique.

Les étapes de la production des semences artificielles sont :

- Culture d’embryons somatiques dans des bioréacteurs ;


- Sélection et encapsulation des embryons dans des billes d’alginates (émulsifiant gélatineux)
et de calcium ;
- Ajouts d’antibiotique et d’antifongiques ;
- Traitements (chimique ou physique) pour retarder la germination des embryons jusqu’à la
date du semi.

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Étapes de la production des semences artificielles

2. Aspects moléculaires de la variation somaclonale

2.1. Au niveau génétique

Une partie de la variation somaclonale est due à des mutations de gènes, principalement, lors de la
formation des cals.

La variation somaclonale est, aussi, induite par une culture plus ou moins longue des cellules en
conditions artificielles.

Cette variation se manifeste, dès le stade cal, par la diversité des lignées cellulaires issues d'un
même explant, aux points de vue couleur (blanc ou brin), compacité (friable ou dur) et aspect
superficiel.

2.2. Au niveau de l’expression

La variation somaclonale se manifeste aussi au niveau de l’expression (changement d’expression


entre la plante d’origine et les plantes régénérées sans changement au niveau moléculaire).

Cette variation est, principalement, due à l’expression de gène(s) inhibé(s) chez la plante source qui
s’exprime(nt) chez la plante régénérée(s), et vis-vers-ça.

3. Hybridation intra- et interspécifique

3.1. Hybridation intra-spécifique

Fécondation croisée de l'ovule d'une plante par du pollen d'une autre plante de la même espèce.

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Les plantes allogames privilégient la fécondation croisée. Elle a lieu pour les plantes qui ont des
pieds mâles et femelles séparés, ce sont des espèces dioïques, comme l'asperge ou le palmier dattier.
La dissémination du pollen est réalisée par le vent et les insectes.

Chez certaines espèces dites monoïques (comme le maïs), les fleurs mâles et femelles sont séparées,
mais présentes sur un même pied. La fécondation croisée est favorisée car les organes mâles et
femelles d'une même plante ne viennent pas à maturité en même temps.

Pour des espèces où les fleurs sont hermaphrodites, il peut exister des barrières physiologiques ou
physiques à l'autofécondation (luzerne, orchidées, primevère), imposant là encore la fécondation
croisée.

Pour les plantes autogames, les sélectionneurs réalisent des fécondations croisées (manuellement)
entre deux plantes (de la même espèce) pour associer des caractères intéressants.

 Notion de variétés hybrides

Chez les plantes allogames, comme le maïs, l'hybridation permet de réaliser une variété hybride et
de profiter ainsi de l'hétérosis, c'est-à-dire de cumuler de nombreux caractères intéressants par
rapport à ses deux parents, ce qui confère une vigueur générale plus importante que l'on appelle
vigueur hybride.

3.2. Hybridation interspécifique

Fécondation croisée de l'ovule d'une plante d’une espèce par du pollen d'une autre plante d’une
autre espèce (les deux espèces sont génétiquement proches).

Cette hybridation est très rarement naturelle.

Exemple d’hybridation interspécifique naturelle :


- Le blé tendre, résultat d'une hybridation entre des espèces de blés sauvages.

Cependant, le triticale, né d'un croisement entre le seigle (genre : Secale) et le blé dure (genre :
Triticum), il a été obtenu par les sélectionneurs.

3.3. Mécanismes favorisant l’hybridation

- Proximité physique de parents différents ;


- La séparation des sexes dans l’espace évitant l’autofécondation (espèces dioïques –
allogamie) ;
- La séparation des sexes dans le temps (dichogamie) ;
- Cas de fleurs hermaphrodites avec incapacité d’autofécondation (taille du pollen, stigmate,
longueur du tube pollinique, longueur du style).

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