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Support de cours d’embryologie

Préparé par Dr. Jeanneney Rabearivony

Enseignant-Chercheur à Faculté des Sciences

Université d’Antsiranana
I. EMBRYOLOGIE : VUE D'ENSEMBLE
L'embryologie est la science qui se consacre à l'étude du développement de l'embryon, c'est-
à-dire à la période de la vie comprise entre la fécondation de l'œuf et la naissance, ou
l'éclosion.

Ce processus produira :

 un individu de l'espèce considérée suivant le matériel génétique spécifique que


possèdent ses cellules: on parle alors de génétique et de transmission de caractère irréversible
(à part lors de mutations de l'ADN).

 un individu complexe avec sa multitude de tissus connectés entre eux. C'est un cas
particulier d'épigenèse, c'est-à-dire la modification de l'expression de gènes suivant
l'environnement.

Exemple de l’épigenèse : Chez de nombreuses tortues, les températures d'incubation


inférieures à la TRT (température de transition) fournissent des mâles et celles qui sont
supérieures à cette TRT donnent des femelles. Chez quelques lézards et les Sphénodon (petit
reptile de Nouvelle Zélande qui ressemble au lézard et se nourrit d’œufs ou de petits oiseux),
c'est l'inverse.

L'embryologie est divisée en :

 embryologie morphologique qui étudie les transformations physiques de l'embryon,

 embryologie causale qui s'intéresse à son déterminisme et est appelée biologie du


développement

II. EMBRYOGENESE

Le développement de l'organisme commence dès que le spermatozoïde féconde l'ovule


(fécondation).

La parthénogenèse est le processus par lequel un œuf non fécondé donne naissance à un ou
plusieurs individus. Cette reproduction " asexuée " se retrouve chez les insectes (mâles des
abeilles par exemple), mais aussi chez des vertébrés où cette reproduction peut être alternative
à la reproduction sexuée classique.

Les stades précoces du développement correspondent à l'embryogenèse qui se déroule en


plusieurs étapes qui se suivent dans le temps et, en général, dans un milieu protégé (que ce
soit l'œuf chez les ovipares ou la mère chez les vivipares).
II.1. Zygote ou œuf fécondé

La fusion des deux gamètes (spermatozoïde et ovocyte), lors de la fécondation, permet la


formation d'un zygote (du grec zugotos, " joint, attelé "), à l'origine d'un nouvel individu.

 Ce zygote est diploïde (du grec diploos, " double "), c'est-à-dire contenant 2n
chromosomes, grâce à l'apport des gamètes des parents, cellules haploïdes (du grec
haploos, " simple "), à n chromosomes, obtenues par une division particulière appelée
méiose qui réduit le nombre de chromosomes de moitié.
 Les organites cellulaires sont tous ceux de l'ovule, sauf le centriole proximal, apporté
par la pièce intermédiaire du spermatozoïde qui il est à l'origine du fuseau de division
(mitotique) et de tous les organites tubulaires du zygote : c'est lui qui forme le
spermaster, demi-fuseau mitotique, qui attire le pronucléus femelle vers le pronucléus
mâle. L'ADN mitochondrial du nouvel être est donc un ADN uniquement maternel
 Ce zygote n'a pas encore subit la segmentation

II. 2. La segmentation (ou clivage), première phase du développement embryonnaire suit


immédiatement la fécondation, et correspond aux premières mitoses du zygote (œuf fécondé)
en blastomères, sans augmentation du volume de départ de l'œuf.

On définit deux grands types de segmentation : la segmentation méroblastique - incomplète


- (du grec meros, " partie ") des œufs riches en vitellus, et la segmentation holoblastique -
complète - (du grec holos, " complet ") des œufs pauvres ou moyennement riches en vitellus.

Figure : Stades 2-4 blastomères Figure : Stades 16 blastomères d'un


embryon d'homme et du poisson zèbre
Les blastomères sont les cellules dérivées de la segmentation de l'œuf, (ou blastocytes, à
ne pas confondre avec blastocystes). Le nom blastomère vient du grec, " blastos ", germe,
immature, en rapport avec le développement embryonnaire, et de " meros ", partie, élément

Retenons comme idée générale que:

 la multiplication cellulaire est plus intense au pôle animal, pauvre en vitellus, qu'au
pôle végétatif ;
 la présence de vitellus ralentit la segmentation.

Le vitellus constitue les réserves énergétiques utilisées par les embryons durant le
développement embryonnaire.

 Il est produit par l'organisme maternel et s'accumule dans l'ovocyte au cours de


l'ovogenèse.

 Chez les vertébrés inférieurs, ce sera la vésicule vitelline (lécithocèle ou sac vitellin)
qui contiendra le vitellus. Avec l'apparition du placenta, elle n'aura plus aucun rôle nutritif.

1. Les œufs alécithes (du grec, " jaune d'œuf " et a, " sans ") ne possède pas de vitellus.

On les retrouve chez les mammifères placentaires, dont les embryons se développent dans le
corps de leur mère, et sont alimentés pendant la grossesse grâce au placenta

2. Les œufs oligolécithes (du grec, lecithos " jaune " et oligos, " peu ") possède un vitellus :

 peu abondant.
 à distribution homogène : le noyau est légèrement excentré (taille : 1/10 mm).

On les retrouve chez les spongiaires, les cnidaires, les échinodermes (oursin) et les prochordés
(présence d'une notochorde) : céphalochsordés (amphioxus) et urochordés - tuniciers -
(ascidies).

3. Les œufs hétérolécithes (du grec, " jaune d'œuf " et hétéros, " inégal " ou méso, " moyen ")
possède un vitellus :

 moyennement abondant,
 à distribution hétérogène, situé au pôle végétatif : le noyau est excentré au pôle animal
(taille : 1 mm).

On les retrouve chez les annélides, les gastéropodes, certains poissons (dipneustes, agnathes,
et les amphibiens.

4. Les œufs télolécithes (du grec, " jaune " et telos, " entier ") possède un vitellus :

 abondant,
 à distribution homogène, formant une masse compacte : le noyau est refoulé dans une
portion réduite du cytoplasme (taille : 1 à plusieurs cm).
On les retrouve chez les mollusques, les céphalopodes, de nombreux poissons (téléostéens et
sélaciens), les reptiles, les oiseaux et les mammifères ovipares (monotrèmes).

5. Les œufs centrolécithes (du grec, " jaune " et centros, " extrémité ") possède un vitellus :

 abondant
 en position centrale, refoulant le noyau à la périphérie dans un cytoplasme sans
vitellus.

On les retrouve essentiellement chez les insectes.

Certains auteurs emploient les termes :

 isolécithes qui groupe les œufs alécithes et oligolécithes,


 mésolécithes qui correspondent aux hétérolécithes.

II.3. La gastrulation correspond à la seconde phase de développement embryonnaire après la


segmentation.

 Elle est caractérisée par des mouvements cellulaires et tissulaires, dits


morphogénétiques, coordonnés dans le temps et l'espace.
 Elle modifie la position des blastomères et aboutit à la mise en place des deux
(animaux diploblastiques) ou trois feuillets (animaux triploblastiques) primitifs des
métazoaires.
 Elle permet la mise en place de l’organisation interne de l'espèce considérée en
délimitant des territoires cellulaires distincts les uns des autres.

Espèces diploblastiques ?

Chez les espèces primitives diploblastiques (à deux feuillets primitifs) spongiaires (éponges),
cnidaires (méduses), cténaires et placozoaires, une gastrulation par invagination produit un
embryon didermique.

Les cellules superficielles forment l'ectoderme qui coiffe l'endoderme délimitant une cavité
digestive, appelé archentéron, ouverte vers l'extérieur par un blastopore.

Chez certains cnidaires, on observe une gastrulation par ingression (origine de la


gastrulation).

Chez ces animaux, le développement s'arrête au stade gastrula

Espèces triploblastiques ?

Chez les espèces triploblastiques (à trois feuillets primitifs), un troisième feuillet apparaît, le
mésoderme.

 Il se place entre l'ectoderme (qui produira les structures de revêtement et une partie du
tissu nerveux) et l'endoderme (tissu digestif).
 Il forme une cavité qui donnera naissance à un grand nombre de tissus internes (tissu
musculaire, système génital, excréteur, circulatoire…), qui n'existe pas chez les
diploblastiques.

La plupart de ces espèces possèdent une tête (on parle de céphalisation) qui regroupe:

 la bouche (nutrition),
 le tissu nerveux - ganglions cérébroïdes (un collier périœsophagien qui rassemble au
cerveau ; cas des Annélides, par exemple où le système nerveux est typiquement
hyponeurien) ou cerveau - et les organes sensoriels (coordination des mouvements et
meilleure traitement de leur environnement).

On peut classer les triploblastiques de différentes façons (cf. Figure ci-dessous):

 par la présence ou non une cavité générale ou coelome (coelomates, acoelomates,


pseudocoelomates),
 par la destinée du blastopore (bouche - protostomiens - ou anus - deutérostomiens -),
 par la position de leur système nerveux (hyponeuriens, épithélioneuriens, épineuriens).

Diploblastiques et triploblastiques Caractéristiques des protostomiens Caractéristiques des


deutérostomiens
II. 4. L'organogenèse peut alors se mettre en route suivant un timing précis et suivant leur
localisation cellulaire (facteurs de croissance, voies de signalisation) : les organes (et leur
différenciation cellulaire) aboutissent à une topographie anatomique spécifique.

On définit souvent:

 la neurulation, étape du développement embryonnaire des métazoaires


triploblastiques, au cours de laquelle se met en place le système nerveux central.
 la métamérisation, répétition tout le long du corps, de l'avant à l'arrière d'une
structure fondamentalement identique à elle-même, fonctionnelle et structurelle
organisée autour d'une paire de cavités cœlomiques, mais dont les éléments vont se
différencier et de se spécialiser au cours de son développement.

Chez les mammifères qui nous intéressent ici, cette période prénatale qui correspond à la vie
in utero voit se mettre en place deux processus de développement simultanément:

 le développement de l'embryon divisé en deux périodes :

 la période embryonnaire,
 la période fœtale

 le développement des annexes fœtales qui assurera la nutrition du fœtus

La période embryonnaire

La période embryonnaire correspond à la multiplication cellulaire du zygote (œuf fécondé)


et à la différenciation des organes.

C'est pendant cette période d'embryogénèse (multiplication cellulaire du zygote) et


d'organogenèse (différenciation des organes) qu'apparaissent les malformations congénitales.

Les limites dépendent de la définition de la période embryonnaire, controversée selon les


scientifiques:

 Pour les plus nombreux, cette période se termine quand la plupart des d'organes se mettent
en place, souvent très rapidement.

 Pour certains, cette période embryonnaire se termine dès qu'apparaissent les premiers
caractères spécifiques.

Exemple 1 : Chez l'Homme, la période embryonnaire correspond aux 56 premiers jours de la


gestation.

 Cette période correspond aux 23 stades de Carnegie. Ces stades ont été établis à partir
de la Collection de la Carnegie Institution of Science de Washington créée en 1802 par
Andrew Carnegie (1835-1919).
Globalement l'embryon peut être caractérisé selon trois critères: son âge, sa taille et ses
caractéristiques morphologiques. C'est la corrélation de ces trois critères qui va permettre
d'identifier les stades embryonnaires ou stades de Carnegie

 Cette période part de la fécondation (stade 1), la préimplantation (stade 2 - 2èmeet


3èmejour - stade 3 - 4èmeet 5èmejour -), la nidation (stade 4 - 6èmejour - et stade 5 - 7èmeau
16èmejour -), et au développement précoce (stade 6 - 17èmejour - à 23 - 56èmejour -), dont le
début est marqué par la gastrulation au cours de laquelle les cellules de l'épiblaste prolifèrent
et migrent pour former les trois feuillets primitifs (endoderme, mésoderme, ectoderme).

Cette période correspond à plusieurs étapes du développement de l'embryon.

1. La vie libre - préimplantation (ou période tubaire) - correspond à la vie libre de l'embryon
(migration de l'embryon) depuis la fécondation dans la trompe utérine jusqu'à la nidation dans
la cavité utérine (stades 1 à 3 de Carnegie - jours 1 à 5 -)

2. La nidation correspond, pour l'embryon des Mammifères placentaires, à l'implantation du


blastocyte dans l'endomètre pour former un placenta, source de nourriture pour son
développement.

3. La gastrulation est l'étape du développement de l'embryon au cours de laquelle les cellules


de l'épiblaste prolifèrent et migrent pour former les trois feuillets primitifs : l'embryon
diblastique devient alors triblastique.

4. L'organogenèse est le processus de formation des organes d'un métazoaire au cours du


développement embryonnaire, à partir des trois feuillets embryonnaires fondamentaux
(ectoderme, mésoderme et endoderme).

 Il semble que 90% des 4500 structures répertoriées chez l'adulte apparaissent à l'état
débauches déjà durant la période embryonnaire.
 Ces organes croissent et se différencient surtout pendant la période fœtale.

La migration dans l'oviducte dure environ 4 à 5 jours quelle que soit l'espèce, et est fortement
dépendant de la progestérone

Voyage de l'ovule jusqu'à l'implantation


C'est donc sur cette base que les 8 semaines (56 jours) de la période embryonnaire ont été
subdivisées en 23 stades de Carnegie. La période fœtale qui débute après la 8e semaine est
caractérisée par la croissance en taille et la maturation des organes de l'embryon. Les
modifications morphologiques y sont moins remarquables et il n'y a dès lors plus de
classification en stades de Carnegie au cours de cette période.

Exemple 2. Le chien est en retard sur le chat quant à son développement prénatal

Vers le 20ème jour :

 L'embryon a la taille d'un petit pois (7-8 mm).


 Il n'est constitué que de deux paires d'arcs branchiaux et d'une trentaine de somites.

Vers le 22ème jour :

 On distingue l'ébauche des membres visibles depuis le 21ème (antérieur) et le 22ème jour
(postérieur).
 Le système nerveux et la colonne vertébrale se forment.

Vers le 25ème jour :

 Le cœur commence à battre.


 L'oreille externe se forme.
 La crête mammaire devient visible.
 Les membres commencent à se modeler.

Vers le 30ème jour : les viscères sont visibles sur le fœtus de 19 mm de long ainsi que le début
du squelette.

 Les intestins sont situés dans le cordon ombilical, faute de place dans l'abdomen du
fœtus.
 Le globe oculaire se forme, ainsi que les muscles.

Vers le 32ème jour (25 mm environ) :

 Les paupières apparaissent.


 Les follicules des vibrisses se forment.

Vers le 35ème jour (35 mm environ) :

 Les doigts commencent à se former, l'ossification se développe


 La différenciation des organes sexuels commence.

Exemple 3. Le chat est en avance sur le chien quant à son développement prénatal

Vers le 20ème jour :

 L'embryon a la taille d'un petit pois (8-9 mm).


 Il est constitué de quatre paires d'arcs branchiaux et d'une quarantaine de somites.
 Les ébauches des membres sont déjà visibles depuis le 18ème (antérieur) et le 19ème
jour (postérieur), la différenciation des membres commence vers 21 jours.

Vers le 22ème jour :

 L'oreille externe se forme.


 La crête mammaire devient visible.
 Les intestins sont situés dans le cordon ombilical, faute de place dans l'abdomen du
fœtus

La période fœtale

La période fœtale correspond à une période de croissance et de maturation des organes qui
se sont individualisés pendant la période embryonnaire et qui deviennent progressivement
fonctionnels.

La période fœtale est, en général, la période la plus longue du développement prénatal qui se
termine à la parturition ou mise bas. Elle commence :

 au 57ème jour chez la femme,


 entre le 32ème et le 39ème jour, chez la chienne,
 vers le 24ème jour chez la chatte.

Les différents chiffres cités, chez le chien ou chez le chat, varient d'un auteur à l'autre car, il
est souvent difficile de préciser avec exactitude le moment de la fécondation (survie des
spermatozoïdes et des ovules)

Exemple 1 : Développement fœtal chez le chien

Vers le 39ème jour : l'embryon devient fœtus et a la taille d'une boule de billard. Les premiers
mouvements apparaissent et sont un bon indice de la vitalité fœtale.

 Les muscles se développent rapidement, surtout des pattes et de la mâchoire.


 Les oreilles sont visibles : l'oreille interne est déjà formée, mais le canal auditif est
bouché.
 Les paupières se soudent.
 Les ongles et les vibrisses apparaissent.
 Les intestins gagnent leur place dans l'abdomen fœtal.

Vers le 45ème jour : les aptitudes olfactives se mettent en place et on voit bien la truffe.

 Le sens tactile et le goût sont vraisemblablement présents à cette époque et même


peut-être dès le début de la période fœtale.
 Les poils et la couleur de la robe commencent à apparaître.

Vers le 63ème jour, la parturition ou mise bas commence.

On peut prévoir le moment de la mise bas par deux mesures : le diamètre bipariétal et le
diamètre de l'abdomen (échographie de gestation)
Exemple 2 : Développement fœtal chez le chat

25ème jour (18 mm environ) : l'embryon devient fœtus et prend sa forme définitive.

Les paupières apparaissent.

Les follicules des vibrisses se forment.

28ème jour (27 mm environ)

Les viscères sont visibles ainsi que le squelette.


Les muscles se développent rapidement.
Les oreilles sont visibles : l'oreille interne est déjà formée, mais le canal auditif est
bouché

30ème jour :

Les intestins gagnent leur place dans l'abdomen fœtal.

Les griffes apparaissent.

Toucher et goût sont vraisemblablement présents dès le début de la période fœtale.

33ème jour :

Les premiers mouvements de flexion du dos apparaissent.

La différenciation des organes sexuels commence.

36ème jour :

On observe des mouvements d'extension et de flexion des membres.

Les vibrisses se forment.

40ème jour : le sens du goût apparaît avec les papilles gustatives, même peut-être dès le début
de la période fœtale.

45ème jour : les aptitudes olfactives se mettent en place et on voit bien la truffe.

Les poils et la couleur de la robe commencent à apparaître.

Les griffes deviennent dures.

50ème jour : des mouvements de la langue et d'ouverture de la bouche ainsi que des
contractions du diaphragme.
Vers le 65ème jour, la parturition ou mise bas commence.

On peut prévoir le moment de la mise bas par deux mesures : le diamètre bipariétal et le
diamètre de l'abdomen (échographie de gestation)

Annexes fœtales

Les annexes fœtales sont l’ensemble des enveloppes qui se développent à partir du zygote
(œuf fécondé), mais qui ne font pas partie de l‘embryon proprement dit

Les annexes fœtales n'apparaissent qu'à partir des reptiles.

Les amniotes (reptiles, oiseaux, mammifères) sont des vertébrés tétrapodes qui possèdent un
amnios, ou sac amniotique, qui renferme l'embryon ou le fœtus. L'embryon, protégé par un
œuf à coquille dure ou par l'utérus maternel, se développe en milieu aqueux à l'intérieur de
l'amnios, ce qui permit à ces animaux de s'émanciper du milieu aquatique pour leur
reproduction.

Leur nombre varie suivant les classes:

 Les reptiles et les oiseaux (classés maintenant dans les Sauropsidés) et les
Mammifères Protothériens (primitifs) possèdent trois annexes : la vésicule vitelline,
l’amnios et l’allantoïde.
 Les Mammifères Euthériens (appelés également Placentaires - Placentalia -) en
développent une quatrième, le placenta qui permet une nutrition du fœtus plus
sophistiquée. En effet, les œufs sont de type alécithe (sans réserve) et l'éclosion
(hatching) permet au blastocyste de s'implanter dans la muqueuse utérine. Ces
mammifères sont tous vivipares.

Les marsupiaux (Mammifères Métathériens), qui sont classés avec les Mammifères
Euthériens dans les Mammifères Thériens, possèdent un placenta rudimentaire avec une
vésicule vitelline très développée (placenta vitello-chorionique ou allanto-vitello-chorionique
chez Perameles).

Les annexes fœtales évoluent au cours de la gestation : certaines disparaissent, d'autres sont
remaniées.

Pendant la gestation, deux processus de développement se mettent en place simultanément :

 le développement de l'embryon, avec la croissance et la différenciation de


l'embryoblaste et sa transformation en embryon diblastique, puis triblastique pendant
la période embryonnaire (jusqu'au stade 23 de Carnegie - 56èmejour -), jusqu'à la
période fœtale ;
 le développement des annexes (ou membranes) fœtales ou embryonnaires au nombre
de quatre :
ème
o l'amnios (7-8 jour),
ème
o le placenta (9-10 jour : stade lacunaire),
ème
o la vésicule vitelline (11 jour),
ème
o l'allantoïde (18 jour), diverticule de la vésicule vitelline.
Nutrition du fœtus

L'organisme maternel nourrit son petit de deux manières :

 la première est la nutrition in utero grâce aux annexes fœtales, et en particulier le


placenta ;
 la deuxième est l'allaitement, après la parturition, qui assure l'alimentation du
nouveau-né

La circulation sanguine placentaire et les transferts fœto-maternels sont alors intenses : apport
d'eau, d'O2 et de nutriments, mais aussi évacuation de CO2 et des déchets métaboliques

Chez la femme, les primates ou les rongeurs qui possèdent des structures placentaires
identiques, les anticorps de la mère sont transmis aux fœtus pendant la gestation. Les
nouveau-nés possèdent 75% de leurs défenses immunitaires.

III. DIFFERENCIATION CELLULAIRE


Il nous paraît difficile de concevoir comment un œuf fécondé (zygote) puisse donner un
individu complet et complexe avec sa multitude de tissus connectés entre eux. Pour cela, les
cellules, issues de ce zygote, doivent se différencier

La différenciation cellulaire est un concept de biologie du développement décrivant le


processus par lequel les cellules se spécialisent en un " type " cellulaire précis.

Bien que son matériel génétique reste inchangé, la morphologie d'une cellule peut changer
radicalement durant cette différenciation (cf. épigénétique).

Les cellules peuvent passer par plusieurs stades:

 Cellule totipotente

Les cellules souches totipotentes : ovule fécondé ou cellules issues des premières
divisions de cet œuf jusqu'au quatrième jour (morula de 2 à 8 cellules). Ces cellules sont les
seules à permettre le développement d'un individu/embryon complet à condition d'être placé
in-vivo pour permettre une orientation de l'embryon impossible in-vitro. C’est seulement à ce
stade que peut s'opérer un clonage reproductif (vrais jumeaux) par scission embryonnaire.
Étymologiquement totipotence signifie "tout pouvoir" indiquant que théoriquement ces
cellules peuvent être différenciées en tout type cellulaire de l'organisme qu'elles devaient
conduire à former (cellules épithéliales, neuronales, hépatiques...).

 Cellule pluripotente

Les cellules souches pluripotentes dont font partie les cellules ES (embryonnaires
souches) : les cellules ES ne peuvent pas produire un organisme entier, mais peuvent se
différencier en cellules issues de n'importe lequel des 3 feuillets embryonnaires, y compris les
cellules germinales.
La pluripotence est donc la faculté de certaines cellules à se différencier en n'importe quelles
cellules d'un des trois feuillets embryonnaires (ectoderme, mésoderme et endoderme). Elles
ne peuvent à elles seules aboutir à la création d’un individu complet. Elles proviennent en
effet de la masse cellulaire interne du blastocyste (au stade de 40 cellules) alors que le
placenta qui nourrit l’embryon et le protège de tout rejet par le système immunitaire est
produit par la couche cellulaire externe (ou trophectoderme). Elles ont vocation à former tous
les tissus de l'organisme, mais ne peuvent pas, seules, être à l'origine de l'être humain. Le
clonage reproductif à partir des cellules ES n'est pas possible.

 Cellule multipotente

Les cellules souches multipotentes : présentes dans l'embryon ou dans l’organisme adulte,
elles sont à l’origine de plusieurs types de cellules différenciées mais conservent leur capacité
à s'autorenouveler. Les cellules souches multipotentes peuvent donner naissance à plusieurs
types de cellules, mais elles sont déjà engagées dans une certaine direction. On dit que ce sont
des cellules déterminées. Leurs potentialités sont donc plus restreintes que celles des cellules
ES.

Les cellules hématopoïétiques des mammifères, par exemple, donnent des globules rouges,
des plaquettes, des lymphocytes T ou B, des macrophages, mais elles ne peuvent pas donner
des cellules musculaires. Un autre exemple de cellules souches multipotentes est apporté par
les cellules de la crête neurale qui émigrent du tube neural au cours de l'embryogénèse et qui
donnent notamment naissance aux mélanocytes, aux neurones et aux cellules gliales du
système nerveux périphérique.

 Cellule unipotente

Les cellules souches unipotentes ne peuvent produire qu'un seul type cellulaire (tout en
s'autorenouvelant) comme la peau, foie, muqueuse intestinale, testicule. Certains organes, tels
que le cœur et le pancréas, ne renferment pas de cellules souches et n’ont donc aucune
possibilité de régénération en cas de lésion.

Pour donner une idée de leur importance, on estime qu’un corps humain normal élimine et
remplace 100 milliards de globules rouges et cellules intestinales chaque jour, ou encore que
1,5 g de cellules épidermiques est remplacé quotidiennement.
Figure : Différenciation cellulaire

IV. NAISSANCE ET DEVELOPPEMENT


La naissance est une période cruciale pendant laquelle les jeunes se retrouvent en prise directe
avec le milieu extérieur. Ils sont alors dans un état d'immaturité plus ou moins important en
fonction de l'espèce.

 Les espèces nidifuges, littéralement qui " fuient le nid ", sont des animaux dont le
développement sensorimoteur est pratiquement achevé à la naissance.
 Les espèces nidicoles, littéralement qui " habitent le nid ", sont des animaux dont le
développement anatomique, et en particulier, nerveux et sensorimoteur, n'est pas
achevé à la naissance.

Auparavant, les termes " nidifuge " et " nidicole " ne s'appliquaient qu'aux oiseaux. A l'heure
actuelle, ils s'utilisent pour tous les animaux, même chez ceux qui ne construisent pas de nid.

Pour être complet, n'oublions pas les insectes et le processus de métamorphose qui modifie
profondément la larve par devenir une imago.

Le développement physique (post-embryonnaire), mais aussi le développement


comportemental (d’origine génétique et environnemental ou épigénétique), se poursuivra par
la suite.

Espèces nidifuges

Parmi ces espèces, on trouve surtout des oiseaux et des herbivores, qui doivent constamment
se déplacer pour se nourrir et fuir les prédateurs.

Chez les oiseaux, les différences peuvent être importantes entre les oiseaux chanteurs qui
naissent aveugles et sans plume et certains oiseaux de mer (mouettes, alcidés et vanneau) qui
sont " fonctionnels " après quelques jours seulement.

Il semble que les oiseaux les plus anciens soient nidifuges alors que c'est le contraire pour les
mammifères.
Certains rongeurs comme les cobayes ou certains lagomorphes comme les lièvres sont
nidifuges alors que d'autres sont nidicoles comme les rats ou les lapins.

Les nouveau-nés de ces espèces possèdent comme caractéristiques principales :

 La vision, l'audition et l'homéothermie sont fonctionnelles.


 Le sommeil paradoxal (*) est peu développé.
 Les petits parviennent rapidement à se tenir debout, à se déplacer et à suivre leur mère.
 Les jeunes acquièrent donc une autonomie très rapide, ce qui est associée à une
empreinte brève analogue à celle des oiseaux.
(*)
Le sommeil est décrit comme une répétition de cycle durant la nuit. Un cycle est constitué
de deux phases : le sommeil lent (de 60 à 70 mn selon l’individu) et le sommeil paradoxal. Ce
dernier est la deuxième phase d'un cycle du sommeil.

Le sommeil paradoxal est la phase la plus courte du cycle du sommeil :

 Elle dure entre 15 à 20 minutes. Cette phase est caractérisée par une activité cérébrale
intense.
 En effet, contrairement au sommeil lent, les ondes du cerveau présentent un rythme
accéléré et une amplitude très faible durant le sommeil paradoxal. Les muscles inertes,
comme paralysés, et le mouvement oculaire rapide sont aussi caractéristiques de cette
phase.

Le rythme des ondes électriques du cerveau durant le sommeil paradoxal est similaire au
rythme durant la phase d'éveil. Bien que le corps soit inerte et que l'individu soit endormi, le
cerveau est paradoxalement très actif. C'est pourquoi cette phase est appelée sommeil
paradoxal

Espèces nidicoles

Parmi ces espèces, on trouve entre autres, le chien et le chat, la plupart des rongeurs et les
primates humains et non humains.

Les nouveau-nés de ces espèces possèdent comme caractéristiques principales :

 La vision, l'audition et l'homéothermie ne sont pas fonctionnelles.

Les nouveau-nés présentent une importante immaturité nerveuse et sensorielle. Leurs


paupières sont soudées, le canal auditif externe n'est pas creusé.

 Leurs compétences motrices se limitent à la reptation (déplacement ventre au sol à


l’aide de quatre membres).
 Les éliminations urinaires et fécales du jeune (réflexe périnéal) sont dépendantes de la
mère.
 Le sommeil paradoxal est très développé.

 Les jeunes ont une imprégnation longue.


Oiseau nidicole (perruche) et nidifuge Paupières soudées et oreilles Faon, deux minutes après
(vanneau) au même âge obturées d'un chiot Boxer sa naissance (nidifuge)
nouveau-né (nidicole)

Sources principales
Gilbert S.F. - Biologie du développement - DeBoeck Université, Bruxelles, 836 p., 2004

Houillon Ch. - Embryologie - Hermann, Paris, 184 p., 1979

Le Moigne A., Foucrier J. - Biologie du développement - Dunot, Paris, 414 p., 2009

Marieb E. N. - Anatomie et physiologie humaines - De Boeck Université, Saint-Laurent, 1054


p., 1993

Rosenzweig M.R., Leiman A.L., Breedlove S.M. - Psychobiologie - DeBoeck Université,


Bruxelles, 849 p., 1998

Wolpert L. and coll - Biologie du développement - Dunot, Paris, 479 p., 2004

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