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Faculté des Sciences de Sfax

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Département des Sciences de la Vie
*****
COURS

de

GENETIQUE FORMELLE

Destiné aux étudiants de la 1ère année :

Cycle préparatoire Biologie/Géologie

Licence Appliquée en Biotechnologie (LABT)

Licence Fondamentale en Sciences de la Vie (LFSV)

Licence Fondamentale en Sciences de la Vie et de l’Environnement


(LFSVE)

Préparé par :

Dr. Borchani Istabrak

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GÉNÉTIQUE FORMELLE des EUCARYOTES

Plan du cours :

A/ Définitions générales et Terminologie

B/ Importance de la méiose
Brassage inter-chromosomique :

Brassage intra-chromosomique :

C/ Transmission des caractères chez les Haploïdes

I- Notion de cycles biologiques :


1- Cycle haplobiantique :
2-Cycle diplobiantique

3- Cycle haplo-diplobiantique
II- Cycle de reproduction d’un champignon :
III- Analyse d’asques à spores ordonnés :

1- Analyse génétique d’un croisement entre deux souches qui diffèrent par un
seul couple d’allèles :
2- Analyse génétique d’un croisement entre deux souches qui diffèrent par deux

couples d’allèles portés par deux chromosomes différents(indépendance physique

et génétique)

3-Analyse génétique d’un croisement qui diffère par deux couples d’allèles portés
par un même chromosome (des gènes physiquement liés) :

IV- analyse des asques à spores non-ordonnées :

V- analyse génétique par étude des spores en vrac :


A- Etude d’un exemple chez Coprin :
B- Test trois points

D/ Annexe : test « khi deux »

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A/ Définitions générales et Terminologie

Génétique : Science qui étudie l’hérédité et les gènes. La génétique doit intégrer deux forces
opposées : le coté hérédité (transmission fidèle) et le coté variation observée
(polymorphisme).
La génétique formelle est l’étude de la transmission des caractères héréditaires.
Eucaryotes : ensemble des organismes unicellulaires ou multicellulaires dont les cellules
possèdent un noyau délimité par des membranes.
Gène : élément physique et fonctionnel de l'hérédité qui transmet une information d'une
génération à la suivante. Physiquement, c'est une séquence nucléotidique d'ADN nécessaire à
la synthèse d'un polypeptide ou d'un ARN fonctionnel.
Chromosomes homologues : dans les cellules diploïdes (2n chromosomes), il y a un lot de
chromosomes venant du parent mâle et un du parent femelle. Ces chromosomes sont
identiques morphologiquement.
Les gamètes(n) contiennent la moitié des chromosomes des cellules somatiques, on dit qu'ils
sont haploïdes. Exemple :Chez l'homme : 2n= 46 (23 chromosomes homologues : 22 paires
d’autosomes et 1 paire de gonosomes).
Organisme diploïde (2n): organisme qui possède deux jeux complets de chromosomes
homologues et qui possède deux allèles de chaque gène.
Les organismes haploïdes(n) ne contiennent qu'un seul allèle de chaque gène dans leurs
cellules.
Un caractère : tout paramètre observé d'une cellule ou d'un individu : taille, couleur, forme
etc. On dit qu'un caractère est génétique quand il est transmissible d'une génération à l'autre
selon les lois de l'hérédité. Un caractère peut apparaître sous deux aspects différents
(grand/petit, sensible à/résistant à, jaune/vert …etc).
Un allèle est une version différente d'un même gène. Les différents allèles d'un même gène se
trouvent à des emplacements semblables sur les chromosomes homologues appelés «locus».
Un organisme hétérozygote : est une cellule ou un organisme qui possède deux allèles
différents pour chacun des gènes considérés :A//a
Un individu homozygote : est une cellule ou un organisme qui possède deux allèles
identiques pour chacun des gènes considérés : A//A ou a//a

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Le génotype : est l'ensemble des potentialités génétiques d'une cellule ou d'un organisme
donné. C'est aussi l'ensemble des différents loci.
Le phénotype : est l'ensemble des caractères visibles d'une cellule ou d'un organisme en tant
que résultat de l'expression du génotype dans un environnement donné.
La dominance : est la propriété d'un allèle dont l'expression détermine le phénotype.
La récessivité : est la propriété d'un allèle dont l'expression n'apparaît pas dans le phénotype.
Souche pure ou lignée pure : il s'agit d'organismes homozygotes pour la quasi-totalité de
leurs loci. On fabrique une souche pure par autofécondation au fil des générations (évitant le
brassage génétique.)
Monohybridisme : quand les deux souches parentales ne différent que par les allèles d'un
seul gène.
Polyhybridisme: quand les souches parentales différent de deux ou plusieurs loci.
Dihybridisme : quand un croisement fait intervenir deux couples d'allèles (2 gènes)

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B/ Importance de la méiose

La progression d’une division cellulaire à une autre peut être vue comme un processus
cyclique appelé le cycle cellulaire. Il comporte quatre phases différentes. La réplication de
l’ADN a lieu pendant la phase S (S pour synthèse). La période qui précède la phase S est
appelée phase G1 (G pour gap ou intervalle) et la période qui suit la phase S et précède la
division est appelée phase G2. Les phases G1, S et G2 prises collectivement constituent
l’interphase après quoi la cellule rentre en phase M (M pour mitose).

Toutes les cellules somatiques d’un organisme pluricellulaire proviennent d’une cellule
originelle appelée « œuf ou zygote » par suite de nombreuses divisions appelées mitoses.

La mitose a pour but de réaliser une copie exacte de chaque chromosome puis au
cours de la division proprement dite de la cellule mère de donner un lot identique de
chromosomes à chacune des deux cellules filles.

La reproduction sexuée implique la production de gamètes (gamétogenèse) et leur fusion


(fécondation).

La gamétogenèse ne concerne que les cellules de la lignée germinale groupées dans les
organes reproducteurs ou gonades. Ces gamètes sont haploïdes bien qu’elles sont produits à
partir de cellules diploïdes grâce à un processus réductionnel qui est la méiose.

La méiose nécessite deux divisions : la première est réductionnelle qui permet de


séparer les chromosomes homologues ; la deuxième est équationnelle qui vise à séparer les
chromatides sœurs. La prophase de première division ou prophase I diffère de celle d’une
mitose par le fait que les chromosomes homologues s’apparient sur toute leur longueur pour
former des bivalents. Durant cet appariement, les chromatides non-sœurs peuvent subir des
échanges appelés crossing-over.

La méiose est donc un mécanisme régulateur qui permet de réduire le nombre de


chromosomes avant la fécondation dans le but de conserver le degré de ploïdie qui est une
caractéristique de l’espèce.

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La méiose produit quatre types de gamètes : deux gamètes de type parental et deux gamètes
de type recombiné.

Les gamètes recombinés résultent d’un processus de recombinaison génétique entre les gènes
qui peuvent être physiquement indépendants (gènes localisés sur deux chromosomes
différents) ou physiquement liés (gènes localisés sur le même chromosome). On parle alors de
brassage inter-chromosomique dans le premier cas et de brassage intra-chromosomique dans
le deuxième cas.

Brassage inter-chromosomique :

Au cours de la mitose réductionnelle, les chromosomes s’organisent par paire, chaque


chromosome ayant son homologue morphologique malgré leur origine différente (maternelle
et paternelle).
A l’anaphase I, les chromosomes homologues se séparent, l’un migre vers le pôle de la cellule
et l’autre vers le pôle opposé systématiquement. Ce processus est aléatoire, il ne différencie
pas les chromosomes d’origine maternelle et les chromosomes d’origine paternelle de sorte
que les deux noyaux haploïdes des deux cellules filles contiennent une combinaison aléatoire
de chromosomes maternels et paternels. Ainsi, il y a recombinaison due à un partage
indépendant des chromosomes homologues qualifié de brassage inter-chromosomique.

La probabilité pour que deux cellules filles quelconques contiennent de nouvelles


combinaisons des chromosomes paternels et maternels (la probabilité de recombinaison)
dépend du nombre de chromosomes de l’espèce considérée. Si le noyau de la cellule qui entre
en division contient n paires de chromosomes homologues, le nombre de combinaisons
pouvant être obtenu est 2n combinaisons équiprobables.

Brassage intra-chromosomique :

Le nombre de combinaisons chromosomiques est considérablement augmenté du fait de


l’existence d’un deuxième type de brassage réalisé par le phénomène de crossing over (C.O)
définit comme étant la cassure de la double hélice d’ADN maternelle et paternelle de la paire
de chromosomes homologues en des points parfaitement identiques puis leur réunion

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réciproque. Ainsi, chacune des deux chromatides d’un chromosome peut se recombiner avec
chacune des deux chromatides du chromosome homologue (il s ‘agit d’échange
d’information génétique entre des chromatides non sœurs). Par ce biais, la méïose opère
une redistribution des gènes entre les chromosomes homologues de telle sorte que chaque
chromosome est différent du chromosome initial.
Il faut noter que la probabilité d’apparition du crossing over entre deux loci est toujours la
même, mais la fréquence de recombinaison varie selon les caractères étudiés. Elle dépend de
la distance génétique séparant les deux loci sur le chromosome.

Fig 1 : Comparaison entre Mitose et Méiose

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C/ Transmission des caractères chez les
Haploïdes

IV- Notion de cycles biologiques :


Les êtres vivants se classent en trois groupes tenant compte de leur cycle biologique.

1- Cycle haplobiantique : il caractérise les champignons et quelques


algues. La phase prédominante du cycle étant la phase haploïde ; la spore haploïde
germe pour donner un mycélium visible. La phase diploïde se limite à la formation du
zygote qui est invisible.

2-Cycle diplobiantique : ce cycle est caractérisé par une phase


diploïde prédominante et visible. La phase haploïde se limite à la formation
des gamètes par méiose qui sont invisibles (ex : l’Homme).

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3- Cycle haplo-diplobiantique : il caractérise les levures (ex :
Saccharomycès cerevisiae) et le cycle de vie présente une diplophase prédominante si
les conditions du milieu sont favorables sinon c’est la phase haploïde qui prend la
relève avec l’apparition des spores.

Remarque :

Dans le cycle haplobiantique, les produits de la méiose appelés spores sont


directement observables et chaque gène se trouve dans un seul exemplaire. Ainsi le
phénotype reflète directement le génotype. Dans le cycle diplobiantique par contre,
seule la phase diploïde est observable et pour contrôler génétiquement les caractères,
on est obligé d’étudier la descendance pour connaître le génotype des parents.

V- Cycle de reproduction d’un champignon :


Neurospora crassa ou moisissure de pain est un champignon ascomycète couramment
utilisé par les généticiens car il pousse sur un milieu simple et présente un temps de
génération ne dépassant pas les dix jours. Il présente soit une reproduction végétative
soit une reproduction sexuée. En effet, le mycélium est composé de filaments
enchevêtrés appelés hyphes qui peuvent donner des spores asexuées appelées conidies
lesquelles germent et produisent à leur tour de nouveaux hyphes. La reproduction
sexuelle n’intervient que si des mycéliums compatibles (protopérithèces femelles et
conidies males) de signes sexuels opposés (A et a) fusionnent pour former un
dicaryon. Ces deux noyaux fusionnent par la suite pour donner le zygote qui forme

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une cellule allongée appelée asque, et subit immédiatement une méiose ; une mitose
supplémentaire conduit à huit noyaux appelés ascospores.

Pendant la méiose, les divisions nucléaires se font suivant le sens de l’allongement de


la cellule mère et les ascospores seront ordonnés linéairement dans l’asque comme
l’étaient les chromatides sur la plaque métaphasique. Dans le cas de la levure par
contre, les ascospores représentant les quatre chromatides de la méiose, se distribuent
dans un ordre quelconque.

VI- Analyse d’asques à spores ordonnés :


Les noyaux résultants et organisés dans l’asque sont arrangés dans un ordre qui
permet de retracer les événements (les brassages) qui se sont déroulés au cours des
deux divisions cellulaires (méiose et mitose supplémentaire).

1- Analyse génétique d’un croisement entre deux souches qui


diffèrent par un seul couple d’allèles :
Exercice : On considère un croisement entre une souche sauvage de Neurospora à
spores noires et une souche mutante à spores claires. La descendance obtenue est la
suivante :
I II III IV V VI

Interprétez ces résultats ?

*Caractère étudié : couleur des spores

*Phénotypes : des spores noires  [N]

des spores claires  [n]

*Observations : - Les asques présentent uniquement des phénotypes parentaux.

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- Dans chaque asque, il y a autant de spores noires que de spores
claires  ségrégation 1/2 , 1/2.

- Il existe six dispositions des spores dans les asques ce qui permet
de les classer en deux grands groupes : des asques à moitié homogène et des asques à
moitié hétérogène.

- Les asques de type I et II sont plus nombreux que les quatre autres
types d’asques.

-Les asques appartenant à un même groupe présentent des effectifs


égaux.

* Hypothèse : Le caractère «couleur » est contrôlé par un seul couple d’allèles (N , n)


avec N  [N] et n  [n] .

* Interprétation et conclusion :

1- asques à moitié homogène : ils résultent de la


séparation des allèles N et n au cours de la première division de la méiose sans
intervention de crossing over. La migration des centromères vers l’un des deux pôles
de la cellule se fait au hasard et oriente vers les asques de type I et II qualifiés
d’asques pré-réduits. Ces deux distributions entre les pôles de la cellules ont des
chances égales de se produire  p(I) = p(II).

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2- asques à moitié hétérogène : ils sont obtenus après
échange physique (C.O) entre le gène et son centromère. Quatre répartitions sont
possibles en fonction des chromatides impliquées dans le crossing-over. Ces
différentes distributions ont des chances égales de se produire  p(III) = p(IV) = p(V)
= p(VI). Suite à l’intervention des C.O entre chromatides non sœurs, la ségrégaration
des allèles N et n va se faire au cours de la deuxième division de la méiose et les
asques obtenus sont qualifiés d’asques post-réduits.

On définit alors P comme étant le pourcentage de post-réduction du gène (N , n) :

P = % post-réduction = nombre d’asques post-réduits x 100

le nombre total d’asques

Remarques : * Pour un couple d’allèles, P est toujours constant quelque soit le


croisement car le C.O intervient entre des chromatides d’un gène qui occupe une
position fixe sur le chromosome définissant le locus.

* Plus le gène est loin de son centromère, plus la probabilité d’un C.O
est grande  le C.O est fonction de la distance gène-centromère.

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La distance génétique :

La distance génétique entre deux marqueurs génétiques (gène-gène ou gène-


centromère) est caractérisée par le pourcentage de C.O ou le pourcentage de
recombinaison.

L’unité standard de la distance est le centimorgan (CM) définit comme étant la


distance qui donne en moyenne et dans les conditions standards, un gamète affecté par
un C.O sur 100 gamètes produits. C’est aussi l’intervalle chromosomique sur lequel la
probabilité d’avoir un C.O est de 1%.

Sachant qu’un gamète affecté par un C.O provient d’une chromatide remaniée, on
peut alors raisonner sur les chromatides au lieu des gamètes. Ainsi :

d(g-c) = nbre de gamètes affectés par C.O x 100 = nbre de chromatides remaniés x100
nombre total de gamètes nombre total de chromatides

Asques pré réduits Asques post réduits

I - II III- IV- V- VI

Nombre d’asques N1 N2

Nombre de chromatides 4N1 4N2

Nombre de chromatides remaniées O 2N2

d(g-c)= nbre de chromatides remaniés x100 = nbre de spores recombinés x 100


nbre total de chromatides nbre total de spores
 d (g-c)= 2N2 x 100 = 1/2 ( N2 ) x100 = 1/2 P
4N1+4N2 N1+N2
P

d’où d(g-c) = 1/2 % post réduction

Les limites du pourcentage de post réduction :

1-limite inférieure : elle est obtenue quand il n’y a pas possibilité de voir
intervenir un C.O  C.O = 0
 % postréduction = 0

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 d(g-c) = 0

Pour une distance inférieure à 1% , le gène est considéré comme marqueur ou repère
du centromère.

2- limite supérieure : elle est obtenue quand le gène est très loin de son
centromère ; dans ce cas, il ségrégera indépendamment du centromère. D’où la
possibilité d’avoir plusieurs C.O par méiose ; le nombre pair de C.O touchant
les mêmes chromatides donne des asques pré-réduits alors qu’un nombre
impair de C.O donne des asques post-réduits. Quand cette limite est atteinte, la
fréquence des asques pré-réduits sera égale à la fréquence des asques post-
réduits :
 p(asque pré-réduit) = p(asques post-réduit) = 1/6

 p(I , II) = 2 x 1/6 = 2/6 = 1/3 et p(III, IV, V, VI) = 4 x 1/6 = 4/6 = 2/3.

Ainsi, le maximum de post-réduction est obtenu avec un % de post-réduction Pmax


telque :

Pmax = N2 x 100 = 4 x 1/6 = 66.6 % Pmax = 66.6%  d(g-c)  33.3%


N1 +N2 1 
et le gène ségrége indépendamment
d limite ( g-c) = 1/2 x Pmax = 66.6% = 33.3%
de son centromère.
2

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2- Analyse génétique d’un croisement entre deux souches qui diffèrent par deux

couples d’allèles portés par deux chromosomes différents (indépendance

physique et génétique):

Soit deux souches P1 et P2 de Neurospora qui différent par deux couples d’allèles

(A,a) et (B,b) portés par deux chromosomes différents.

P1 x P2

(AB) (ab)

Zygote

(2n)

intervention de C.O entre (g- c)


brassage interchromosomique
ex : C.O2-3 pour B/b

ou

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DP DR T
Remarques :

1- Quelque soit le type d’asques (DP, DR ou T), il y a autant de spores (A) que de
spores (a) ; il en est de même pour les spores (B) et (b)  la ségrégation ½, ½ est
vérifiée ce qui confirme que chaque caractère est contrôlé par un seul couple d’allèles.

2- Si on ne tient pas compte de l’ordre des spores dans l’asque, on distingue :

* Des asques de type « ditype parental » : DP avec quatre spores identiques


deux à deux à chacun des deux types parentaux (AB) et (ab).

* Des asques de type « ditype recombiné » : DR avec quatre spores identiques


deux à deux à chacun des deux types recombinés possibles (Ab) et (aB) .

* Des asques de type « tétratype » : T avec quatre spores toutes de génotypes


différents dont deux de type parental (AB) et (ab) et deux de type recombiné (Ab) et
(aB).

3- Au cours de la méiose, l’allèle A peut migrer avec l’allèle B ou l’allèle b avec la


même probabilité pour donner soit un asque DP soit un asque DR (brassage inter-
chromosomique)

 f(DP) = f(DR) est une condition nécessaire pour dire que les deux couples
d’allèles mis en jeu ségrégent indépendamment l’un de l’autre.

4- Si on regarde la disposition des spores dans l’asque pour chacun des gènes, on a six
configurations possibles dont deux pré- réduites et quatre post- réduites et sachant
qu’une paire de chromosomes ségrége indépendamment d’une autre paire de
chromosomes homologues, on peut prévoir 6 x 6 = 36 configurations possibles non
superposables :

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Pré-réduction Post-réduction

(1-p) (p)

(1-p)/2 (1-p)/2 p/4 p/4 p/4 p/4

A a A a a A

A a a A A a

a A A a A a

a A a A a A

Pré-réduction B

B
(1-q)/2
b DP DR T T T T
b

Pré-réduction b

b
(1-q)/2
B DR DP T T T T
B

Post- B

réduction b

q/4 B T T DP DR T T
b

Post- b

réduction B

q/4 b T T DR DP T T
B

Post- b

réduction B

q/4 B T T T T DP DR
b

Post- B

réduction b

q/4 b T T T T DR DP
B

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p : fréquence de post-réduction du gène (A,a).
q : fréquence de post-réduction du gène (B,b).

Interprétation du tableau :

*Quand il y a ségrégation de deux couples d’allèles portés par deux chromosomes


différents sans intervention de crossing over (c.a.d que les deux gènes sont pré-
réduits), on obtient autant d’asques DP que d’asques DR par simple brassage inter-
chromosomique.

*Quand l’un des gènes est touché par un crossing-over et non les deux à la fois (c.a.d
que l’un des gènes est post-réduit et l’autre est pré-réduit), on obtient exclusivement
des asques T.

*Quand les deux gènes sont touchés par un crossing over (c.a.d que les deux gènes
sont post-réduits), on peut obtenir soit des asques DP soit des asques DR soit des
asques T selon les chromatides remaniées par les deux crossing over.

Ainsi :

si les deux crossing over touchent deux chromatides sur quatre (les mêmes
chromatides des deux chromosomes homologues sont touchées par les deux crossing
over) , on obtient un asque DP.

si les deux crossing over touchent trois chromatides sur quatre, on obtient un
asque T.

si les deux crossing over touchent les quatre chromatides (les quatre
chromatides des deux chromosomes homologues sont impliquées dans les crossing
over), on obtient un asque DR.

En calculant les fréquences des différents types d'asques de la descendance, on trouve:

* p(DP) = 2 x (1-p)/2 x (1-q)/2 + p/4 + q/4

= (1-p) (1-q)/2 + pq/4

* p(DP) = p(DR)

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* p(T) = 8 x (1-p)/2 x q/4 + 8 x (1-q)/2 x p/4 + 8 x ( p/4 x q/4)

p(T) = (1-p) x q + (1-q) x p + pq/2

p(T) = p + q – 3/2 pq

Discussion des limites de la probabilité des tétratypes :

 p = 0 et q = 0  d(g1 – c) = d(g2 – c) = 0
 les deux gènes sont marqueurs de leurs centromères

 f(T) = 0 et f(DP) = f(DR) = ½

 p ou q = 0 : si p = 0  f(T) = q
 d(g – c) = ½ x q = ½ x f(T) x 100

 p ou q = 2/3: si p = 2/3  f(T) = 2/3 + q – 3/2 x 2/3 x q = 2/3


et f(DP) = f(DR) = 1/6

autrement dit, si l’un des gènes ou les deux gènes sont toujours post-réduits alors, le
ou les gènes ségrégent indépendamment du centromère.

D’où d(g – c)  33.3% et f(T) = constante = 2/3.

En conclusion : deux gènes sont portés par deux chromosomes différents


(indépendance physique et génétique) si f(DP) = f(DR) et si 0  f(T)  2/3

3-Analyse génétique d’un croisement qui diffère par deux couples d’allèles
portés par un même chromosome (des gènes physiquement liés) :

Soit le croisement suivant entre deux souches de Neurospora P1 et P2 qui différent


par deux couples d’allèles (A , a) et (B , b) portés par le même chromosome.

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P1 x P2

(AB) (ab)

Zygote

(2n)

1 c.o 2 c.o touchant


touchant 4chromatides
0 C.O 2 chromatides sur 4 sur4

DP T DR

Tenant compte de l'origine de chaque asque nous avons toujours:

p(DP)  p(T)  p(DR)

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Interprétation :

Quand les deux gènes sont très proches sur un même chromosome, généralement la
ségrégation des allèles se fait sans crossing over aboutissant à des asques de type DP.

Cependant, on peut avoir avec une faible fréquence l’intervention d’un crossing over
aboutissant à un asque de type T ou encore l’intervention de deux crossing over avec
une fréquence encore plus faible et dans ce cas :

* si les deux crossing over touchent les mêmes chromatides, leurs effets
s’annulent et on obtient des asques de type DP.

* si les deux crossing over touchent trois chromatides sur quatre, on obtient
des asques de type T.

* si les deux crossing over touchent les quatre chromatides, on obtient


exclusivement des asques DR.

2C.O touchant 2C.O touchant 2C.O touchant

2chromatides/4 3chromatides/4 4chromatides/4

DP T DR

Remarques :

1- quand on a deux gènes portés par le même chromosome, on ne tient compte que
des crossing over intervenant entre les deux gènes et on néglige l’effet des crossing
over intervenant éventuellement entre le gène et son centromère.

2- En aucun cas, on ne peut avoir p(DR) > p(DP).

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Calcul de la distance génétique :

En admettant qu’entre deux gènes il y a 0, un ou deux crossing over et qu’un asque


DR n'est obtenu qu'après intervention de deux crossing over, la composition des
asques en spores sera la suivante :

Type d’asques DP T DR

Nombre total de 8 8 8
spores

Nombre de spores 0 4 8
recombinés

d(g1 – g2) = nombre de spores recombinés x 100 = 4T + 8DR x 100

Nombre total de spores 8(DP+DR+T)

 d(g1 – g2)= T/2 + DR x 100

DP+DR+T

Discussion des limites de la d(g – g) :

* d(g – g) = 0 CM  pas de c.o entre les deux gènes.

 100% DP, 0% DR, 0% T

* d(g – g) très élevée  bien que les deux gènes soient liés physiquement (portés par
le même chromosome), ils se comportent comme deux gènes indépendants.

 p(DP) = p(DR)

 d(g1 – g2 ) = T/2 + DR x 100 = T/2 + DR x 100


DP+DR+T DR+DR+T

= T/2 + DR x 100
2DR+T

= ½ x 100 = 50%

22
D’où d(g1 – g2) limite ≥ 50% ou 50CM

d(g1_g2)  50CM d(g1_g2)≥50CM

Liaison génétique Indépendance génétique

f(DP) 1/6 f(DR) f(DP)= f(DR) = 1/6

Conclusion:

* f(DP) = f(DR) avec 0 ≤ f(T)  2/3  indépendance physique et génétique

* f(DP) = f(DR) avec f(T) = 2/3  on peut conclure l’indépendance génétique mais il y aura
deux cas qui sont possibles quand à l’indépendance ou la liaison physique:

1- indépendance physique et génétique avec d(g1-c) et/ou d(g2-c)  33.3CM

2- indépendance génétique et liaison physique avec d(g1- g2)  50CM


* f(DP)  f(DR) avec 0 ≤ f(T)  2/3  liaison physique et génétique

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IV- analyse des asques à spores non-ordonnées :

Chez des ascomycètes comme Saccharomycès cerevisiae ou Aspergillus nidualans,


les tétrades sont non ordonnées. De ce fait, il est impossible d’analyser la pré-
réduction ou de la post-réduction des asques .Il en est de même pour la carthographie
des gènes par rapport à leurs centromères respectifs. Par ailleurs, toutes les autres
notions restent valables (ségrégation ½, ½  le caractère étudié est contrôlé par un
seul couple d’allèles; f(DP) = f(DR)  deux gènes indépendants génétiquement ;
f(DP)  f(DR)  deux gènes liés physiquement et génétiquement ; ….).
Exercice d’application :
Chez un organisme haploïde où les spores sont organisés en tétrades non ordonnées,
on connaît deux mutations de la couleur des spores aboutissant à des spores blanches,
la souche sauvage étant à spores noires. Le croisement entre une souche mutante M
avec la souche sauvage S a fourni les résultats suivants :
[N] [B] [N]
[N] [B] [B]
[B] [B] [B]
[B] [B] [B]
36 34 35

Interpréter ces résultats et dresser la carte chromosomique des gènes impliqués dans le
contrôle de ce caractère sachant que l’un d’eux est marqueur du centromère ?
Inteprétation :
Caractère étudié : « couleur des spores »
Phénotypes : spore noire  [N]
spore blanche  [B]
On constate que le ségrégation ½, ½ n’est pas vérifiée dans tous les asques 
le caractère étudié est contrôlé par au moins deux couples d’allèles (A , a) et (B , b)
avec A  [N] ; B  [N]
a  [B] ; b  [B]

(A , a) (B , b)
X Y Z
[B] [B] [N]

24
S x M
[N] [B]
AB ab

P AB [N] R Ab [B] P AB [N]


P AB [N] R Ab [B] R Ab [B]
P ab [B] R aB [B] R aB [B]
P ab [B] R aB [B] P ab [B]
DP = 36 DR = 34 T = 35

On constate que DP = DR (il faut faire la vérification par le test 2)  les deux gènes
(A , a) et (B, b) sont génétiquement indépendants.

f(T) = 35 = 0.33  2/3  les deux gènes (A , a) et (B, b) sont


36+34+35 physiquement indépendants

Sachant que f(T) = p + q + - 3/2 pq et que l’un des gènes (A , a) ou (B, b) est
marqueur du centromère (à titre d’exemple : d(A/a , c) = 0CM  p = 0)
 f(T) = q
 d(B/b,c) = ½ x q x 100
= ½ x 0.33 x 100
= 16.6CM

D’où la carte chromosomique suivante :


(A , a)

0CM
(B , b)

16CM

25
V- analyse génétique par étude des spores en vrac :
C- Etude d’un exemple chez Coprin :
Chez Coprin on possède trois souches simple mutantes :
S1  [Arg -]
S2  [Ade-]
S3  [Try -]

On réalise le croisement S1 x S2 et à partir de la descendance obtenue on


conclue que les deux gènes (Arg +/ Arg– et Ade+/Ade-) impliqués dans ce croisement
sont liés physiquement et génétiquement. On isole alors une souche double mutante
S4 à partir de cette descendance qu’on va croiser avec la souche S3 ; la descendance
suivante est obtenue :

S3 x S4
[Try -] [Arg -, Ade-]

Arg Ade Try


158 _ _ + [Arg -, Ade-]
166 + + _ [Try -]
28 + _ + [Ade-]
22 _ + _ [Arg -, Try -]
16 + _ _ [Ade- , Try -]
10 _ + + [Arg -]
2 + + + [+]
1 _ _ _ [_ ]

Interpréter génétiquement ce résultat ?

Interprétation :
Etudions chaque caractère à part :

26
1er caractère : « synthèse d’Arginine »

S3 x S4
+
[Arg ] [Arg -]

[Arg+] = 166 + 28 + 16 + 2 = 212


[Arg -] = 158 + 22 + 10 + 1 = 191
Hypothèse: le caractère étudié est contrôlé par un seul couple d’allèles
Vérification : il faut montrer que la descendance présente autant de spores [Arg +] que
de spores [Arg-] avec absence de nouveau phénotype, pour cela il faut faire une
vérification statistique :
[Arg+] [Arg-] Total T
Vobs 212 191 403
Vth T x ½ = 201.5 T x ½ = 201.5 403

2 = (212-201.5)2 + (191-201.5)2 = 1.094


cal
201.5 201.5

ddl = 2-1 = 1

2 = 3.84 2  2  Hypothèse vérifiée


th (5% ; ddl= 1) cal th

 Le caractère étudié est contrôlé par un seul couple d’allèles [Arg +, Arg-] avec
Arg+  [Arg+]
Arg-]  [Arg-]
Il en est de même pour les deux autres caractères.
Etudions les caractères deux à deux
On rappelle que si AP = AR  les deux gènes sont génétiquement indépendants
et si AP  AR  les deux gènes sont physiquement et génétiquement
liés
N.B : on parle de AP et AR et non de DP et DR car les spores sont en vrac

27
S3 x S4
[ Arg +, Ade+] [Arg -, Ade-]

AP [Arg -, Ade-] = 158+166+2+1=327


[Arg +, Ade+]

AR [Arg -, Ade+] = 28+16+22+10=76


[Arg +, Ade-]

AP  AR  les deux gènes sont physiquement et génétiquement liés

d(Arg+/Arg- ; Ade+/Ade-) = AR = 76 x 100 = 18.86%


AP+ AR 327+76

Il en est de même pour les deux autres gènes avec :

d(Arg+/Arg- ; Try+/Try-) = AR = 53 x 100 = 13.15%


AP+ AR 350+53

d(Try+/Try- ; Ade+/Ade-) = AR = 29 x 100 = 7.2%


AP+ AR 374+29

Arg+/Arg- Try+/Try-) Ade+/Ade-

13.15CM 7.2CM
18.86CM

Correction de la distance génétique : on peut corriger la distance génétique


séparant les deux gènes de l’extrémité (Arg+/Arg- ; Ade+/Ade-) en faisant intervenir le
nombre de C.O qui sont à l’origine de chaque type de spore.

28
Arg+ Ade+ Try- (166) 0 C.O
- - +
Arg Ade Try (158)

Arg+ Ade- Try+ (28)


Arg- Ade+ Try- (22)
1 C.O
Arg+ Ade- Try- (16)
Arg- Ade+ Try+ (10)

Arg+ Ade+ Try+ (2)


2 C.O
Arg- Ade- Try- (1)

d(Arg+/Arg- ; Ade+/Ade-)corrigée = nombre de C.O x 100


nombre total de spores
= 0(166+158) + 1(28+22+16+10) + 2(2+1) x 100
403
= 20.35%
En conclusion :
La présence d’un marqueur intermédiaire (Try+/Try-) entre les deux gènes extrêmes,
permet de corriger la distance séparant Arg+/Arg- et Ade+/Ade- en mettant en
évidence le double C.O.

D- Test trois points:


Il correspond à un croisement entre deux souches faisant intervenir trois marqueurs
génétiques liés.
Il permet de déterminer sans aucun calcul l’ordre des trois marqueurs sur le
chromosome. En effet, on s’attend parmi les spores de la déscendance à ce que les
spores parentales soient les plus fréquentes et que les spores recombinées provenant
d’un double C.O soient les plus rares.
L’ordre des gènes sur le chromosome s’obtient en cherchant parmi les différentes
possibilités celle qui permet la production des spores double recombinées.
Si on revient à l’exercice précédent :

29
S3 x S4
-
[Try ] [Arg -, Ade-]
[Arg +, Ade+, Try -] [Arg -, Ade-, Try +]

spores les plus fréquentes spores les plus rares


(0C.O) (2C.O)
+ + –
Arg , Ade , Try Arg , Ade+, Try +
+

Arg -, Ade-, Try + Arg -, Ade-, Try –

Arg+ Ade+ Try-


Cet ordre est à rejeter car il
Arg+ Ade- Try-
n’aboutit pas aux spores

Arg- Ade+ Try+ double recombinées les
Arg - Ade- Try + plus rares

Try- Arg+ Ade+


Try- Arg- Ade+ Cet ordre est à rejeter car il
 n’aboutit pas aux spores
Try+ Arg+ Ade- double recombinées les
Try+ Arg- Ade- plus rares

Arg+ Try- Ade+


Arg+ Try+ Ade+ Cet ordre est correcte car il
 - - - aboutit aux spores double
Arg Try Ade
recombinées les plus rares
Arg - Try + Ade-

N.B :
L’ordre des gènes sur le chromosome peut être aussi détérminé en comparant le
génotype des spores parentales et celui des spores double recombinées. Les deux
gènes conservés dans les deux génotypes correspondent obligatoirement aux deux
gènes extrêmes sur le chromosome.

30
Exemples :
2 C.O
1/ Arg+ Ade+ Try- Arg+ Ade+ Try+
Arg- Ade- Try+ Arg- Ade- Try-

Arg Try Ade

2/ Arg+ Ade+ Try- 2 C.O Arg+ Ade- Try-


Arg- Ade- Try+ Arg- Ade+ Try+

Arg Ade Try

3/ Arg+ Ade+ Try- 2 C.O Arg- Ade+ Try-


Arg- Ade- Try+ Arg+ Ade- Try+

Ade Arg Try

31
D/ Annexe : Le test χ2
Le test χ2 (khi carré) permet d'évaluer le degré de conformité existant entre
des résultats expérimentaux et des fréquences théoriques.
La différence entre la valeur expérimentale (exp.) et la valeur théorique (th.)
est égale à "e", soit l'écart (ou la différence) entre la valeur fournie par
l'expérimentation et celle qu'on aurait attendue compte tenu de la fréquence
théorique.
χ2 est donc égal à la somme des valeurs de [e2/th.] calculées pour chaque
classe.
On formule toujours la même hypothèse (Ho) : La distribution observée dans
l'échantillon est conforme à la distribution théorique choisie.
Sous cette hypothèse (Ho), la variable aléatoire doit suivre une loi du χ2 à un
nombre de degré de liberté (γ ).

 Oi = effectifs observés dans l'échantillon à tester,


 Ci = effectifs théoriques ou calculés sous l'hypothèse (Ho) formulée,
 (γ) = le degré de liberté = nombre de comparaisons effectuées pour le
calcul du χ2 diminué du nombre de paramètres expérimentaux
nécessaires pour le calcul des valeurs théoriques ; ou nombre de classes
phénotypique moins 1.

Le degré de liberté détermine la limite de confiance.


Si la valeur trouvée χ2cal est inférieure à la valeur limite choisie pour un degré
de liberté et à un risque α bien déterminés (exemple pour γ= 3, α =0.05, χ2cal
< 7,82), les résultats sont admis conformes aux fréquences théoriques. Dans le
cas contraire, on admet qu'il y a une divergence entre les résultats et les
fréquences théoriques.
Limites d’utilisation de ce test
32
- Les effectifs de chaque classe phénotypique doivent être > à 5.

33

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