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l a P r at i q u e q u o t i d i e n n e e n R H U M AT O L O G i e

BEST OF
CONGRÈS DE L’ACR
CONGRÈS DE LA SFR
 Actualités 2020 
ENVIRONNEMENT • RHUMATISME PSORIASIQUE
THÉRAPEUTIQUE • GÉNÉTIQUE • GROSSESSE
POLYARTHRITE RHUMATOÏDE • INNOVATION
IMAGERIE • SPONDYLOARTHRITES
DIAGNOSTIC • OSTÉOPOROSE

SÉLECTIONNÉES PAR NOTRE COMITÉ SCIENTIFIQUE

Pr Divi Cornec Pr Laure Gossec Pr Cédric Lukas Pr Alain Saraux


(CHU, Brest) (AP-HP, Paris) (CHU, Montpellier) (CHU, Brest)

Attention ceci est un compte rendu de congrès dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ;
ainsi les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par les autorités de santé françaises JANVIER 2021 . VOL.18 .
et ne doivent donc pas être mises en pratique. Le contenu a été réalisé sous la direction scientifique du comité d’experts,
en toute indépendance et sous la seule responsabilité d’Expressions Santé éditeur de Rhumatos. N° 160 . CAHIER 2
Best of ACR / Congrès de la SFR

ÉDITORIAL
L’année 2020 aura été marquée par de nombreux re- alisable avec une qualité et une possibilité d’échange
bondissements, liés à la pandémie, qui nous ont en tout à fait satisfaisantes.
revanche permis de découvrir une nouvelle façon de Nous proposons dans ce numéro de vous présenter
travailler à distance par visioconférence. un rédactionnel qui est une retranscription des vidéos
Après l’Eular de Francfort suivi de chez nous, nous que nous avons postées durant les congrès de l’ACR
avons tous été à Washington en restant à domicile, et et de la SFR pour résumer des communications très
enfin nous avons assisté aux séances du congrès de pratiques qui nous ont paru intéressantes à partager.
la SFR de Paris de notre salon. Bonne lecture… de chez vous !
On retiendra que la convivialité nous a manqué mais
que l’organisation de tels congrès est maintenant ré- Pr Alain Saraux

Retrouvez toutes les vidéos

CONGRÈS CONGRÈS
ACR DE LA SFR

ENVIRONNEMENT

 ACR  / Le diagnostic de spondyloarthrite améliore-t-il le pronostic professionnel


chez des patients avec rachialgies chroniques ?
Pr Cédric Lukas
Le sommeil est souvent modifié par la spondyloarthrite axiale. retrouvés plus élevés chez les patients avec une mauvaise qua-
L’intrication des symptômes de la maladie eux-mêmes (réveils lité de sommeil.
nocturnes, difficultés posturales, douleurs au repos) avec ses L’analyse multivariée a permis de mettre en évidence qu’en de-
conséquences physiques et psychologiques, est cependant hors du genre féminin (OR = 1,4) et de la surcharge pondérale
très fréquente. (OR = 1,39), c’était avant tout les facteurs psychologiques (l’exis-
Une étude portant sur 2 846 patients, provenant de 13 pays eu- tence d’une anxiété OR = 3,8, d’une dépression OR = 3,1 et le ni-
ropéens, interrogés au moyen d’auto-questionnaires permet de veau de détresse psychologique), ainsi que l’impact de la mala-
dégager les facteurs les plus fortement associés à ces troubles die sur les choix professionnels qui influencent le plus le risque
du sommeil qui sont retrouvés présents chez 39 % des sujets de présenter un mauvais sommeil. Tous les éléments d’activité
inclus. de la maladie se retrouvent alors effacés et insignifiants.
Ainsi, en analyse univariée, les caractéristiques sociodémo- Ce travail portant sur un échantillon important et, a priori, repré-
graphiques semblent influencer leur prévalence, avec davan- sentatif de patients, conforte donc l’importance d’une prise en
tage de femmes touchées que d’hommes (68,3 versus 31,7 % ; charge globale, y compris des conséquences socioprofession-
p < 0,001), et plus souvent les sujets en surpoids ou obèses nelles de la maladie, pour améliorer des symptômes associés inva-
(56,5  versus 49,8 % ; p < 0,001). Les éléments d’activité de la lidants comme les troubles du sommeil et la fatigue qui en découle.
spondyloarthrite sont également associés à la présence de
troubles du sommeil, notamment la raideur matinale et le BAS- • Garrido-Cumbrera M, Navarro-Compán V, Christen L et al. Prevalence and Asso-
DAI (6,1 ± 1,8 versus 5 ± 2,1 ; p < 0,001). Enfin, les niveaux d’anxié- ciated Factors of Sleep Disorders in Patients with Axial Spondyloarthritis. Results from
té, de dépression et de détresse psychologique sont également the European Map of Axial Spondyloarthritis (EMAS). ACR 2020 : 1322.

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RP RHUMATISME PSORIASIQUE

 ACR  / Le guselkumab, un inhibiteur de l’IL-23, poursuit son développement


dans le rhumatisme psoriasique
Pr Laure Gossec
Le guselkumab (GUS) est un inhibiteur de 1 an. On a également noté entre 32 et 37 % lisation antérieure d’un anti-TNF ou non,
l’unité P19 de l’IL-23 qui est utilisé avec de patients en basse activité de maladie dans l’étude DISCOVER 1 où 31 % des pa-
succès dans le psoriasis. Deux essais cli- selon le MDA. Sur le plan radiographique, tients avaient déjà reçu un anti-TNF. Les
niques princeps ont été conduits dans le les deux groupes de traitement ont très résultats en termes d’efficacité étaient très
rhumatisme psoriasique : DISCOVER 1 et peu progressé. Enfin, la sécurité d’emploi semblables selon la prise antérieure d’an-
2. L’an dernier, les résultats de ces études semble très bonne avec seulement 1 % d’in- ti-TNF ou non, avec par exemple 40 à 47 %
montraient une efficacité supérieure au fection sévère et aucun décès. de réponse ACR50.
placebo. L’ACR 2020 nous apporte de nom- Le GUS pourrait devenir une nouvelle op-
breuses communications sur ce médica- Sécurité sur 1 an tion thérapeutique intéressante dans les
ment, dont ces trois études. La sécurité d’emploi du GUS semble excel- prochaines années.
lente également dans un poster (0349) qui
Efficacité sur 1 an a présenté les résultats poolés des deux • McInnes I, Rahman P, Gottlieb A et al. Efficacy and
En 2019, l’étude DISCOVER2 montrait l’ef- études DISCOVER 1 et 2, contre place- Safety of Guselkumab, a Monoclonal Antibody Specific to
ficacité du GUS chez les patients naïfs de bo. Les taux d’événements indésirables the p19-Subunit of Interleukin-23, Through Week 52 of a
biothérapie sur 6 mois. Lors de ce congrès, étaient comparables entre les groupes Phase 3, Randomized, Double-blind, Placebo-controlled
Study Conducted in Biologic-naïve Patients with Active
le suivi sur 1 an a été présenté (0506). Il de traitement et le groupe placebo avec
Psoriatic Arthritis. ACR 2020 : 0506.
s’agit de l’étude DISCOVER2 portant sur le par exemple un taux d’infection sévère de • Ritchlin C, Rahman P, Helliwell P et al. Pooled Safety
GUS toutes les 4 ou 8 semaines, chez des 1,2/100 patients-année dans le groupe GUS Results from Two Phase-3 Trials of Guselkumab in Patients
patients avec un rhumatisme psoriasique versus 1,7/100 PA dans le groupe placebo. with Psoriatic Arthritis Through 1 Year. ACR 2020 : 0349.
naïf de biothérapie. Près de 700 patients • Ritchlin C, Deodhar A, Boehncke WH et al. Guselkumab
Efficacy and Safety in TNF-Inhibitor-Experienced and
ont été suivis pendant 1 an. Le taux de ré- Efficacité chez quels patients ? TNF-Inhibitor-Naïve Patients with Active PsA: 1-Year
ponse ACR20 s’est maintenu et même amé- Un dernier poster (0888) nous a montré les Results of a Phase 3, Randomized, Controlled Study. ACR
lioré atteignant 70 à 75 % des patients à résultats de l’efficacité du GUS selon l’uti- 2020 : 0888.

THÉRAPEUTIQUE

 ACR  / Efficacité de l’ixékizumab dans la spondyloarthrite axiale non radiographique


selon la présence d’un syndrome inflammatoire biologique ou en IRM
Pr Divi Cornec
Les résultats d’un deuxième abstract qui a biologique définie par une CRP supérieure dans les trois groupes.
traité de l’efficacité de l’ixékizumab dans la à 5 et une inflammation en IRM définie par La conclusion du travail est que la présence
spondyloarthrite axiale non radiographique un score SPARCC supérieur à 2. d’une inflammation soit biologique, soit IRM
selon la présence d’un syndrome inflam- - Le second groupe avait une inflammation (mais au moins une des deux puisqu’il s’agis-
matoire biologique ou en IRM au moment en IRM, mais pas d’inflammation biologique. sait des critères d’inclusion dans l’étude pour
de l’initiation du traitement ont été pré- - Et le troisième groupe avait une inflamma- définir la spondyloarthrite axiale non radio-
sentés. C’est un abstract qui a été rappor- tion biologique mais pas d’inflammation en graphique) n’a qu’une influence modeste sur
té par Walter Maksymowych et qui repose IRM. l’efficacité de l’anti-IL-17 dans la maladie.
sur les données de l’étude COAST-X, une Le résultat principal de cette étude post-
étude de phase III qui a évalué l’efficaci- hoc est que l’efficacité du traitement se
té de l’ixékizumab contre placebo dans la voit en termes d’ASDAS40, d’ASDAS ou de • Maksymowych W, Marzo-Ortega H, Østergaard M et al.
spondyloarthrite axiale non radiographique. BASDAI50 dans les trois groupes de pa- Efficacy of Ixekizumab on Disease Activity and Quality
of Life in Patients with Active Nonradiographic Axial
Les 239 patients ont été divisés en trois tients qu’ils aient ou non une inflammation Spondyloarthritis and Objective Signs of Inflammation,
groupes. biologique, et en IRM, avec des amplitudes Stratified by Baseline CRP/Sacroiliac Joint MRI Status.
- Le premier groupe avait une inflammation de différences similaires contre le placebo ACR 2020 : 363.

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THÉRAPEUTIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Risque de survenue de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin


de novo sous anti-interleukine 17
Pr Divi Cornec
Les anti-IL-17 ne sont pas efficaces pour ResoPso. Une étude cas-témoins a été ré- (7/1 010) en 2016, de 0,23 % (11/4 704) en 2017,
traiter les maladies inflammatoires de l’in- alisée avec deux témoins appariés sur l’âge 0,11 % (7/6 550) en 2018 et 0,08 % (6/7 951) en
testin (MICI, maladie de Crohn et rectocolite (± 8 ans), le sexe et la pathologie. 2019.
hémorragique), et il a même été suspecté 31 cas de MICI-DN sous sécukinumab (SEK) La survenue d’une MICI-DN sous anti-IL-17
qu’ils pourraient induire des MICI de novo ont été recueillis entre janvier 2016 et dé- semble donc un événement rare, avec une
chez les patients traités pour une spondy- cembre 2019 : 27 patients ayant une spon- incidence faible, proche de celle rapportée
loarthrite. Les études de phase 3 ne per- dyloarthrite et 4 ayant un psoriasis. Aucun dans la littérature pour des patients atteints
mettant pas de répondre à ce type de ques- cas n’a été déclaré sous ixékizumab. Le délai de spondyloarthrite et non traités par anti-­
tion, il est nécessaire de réaliser des études médian de survenue des symptômes de MI- IL-17. De plus cette incidence annuelle dimi-
post-commercialisation. CI-DN était de 4,0 (1,5-7,5) mois après initia- nue régulièrement de 2016 à 2019.
Pour cela, un registre national collectant tion du SEK, avec quelques formes sévères
• Letarouilly JG, Pariente B, Pham T et al. Survenue de ma-
les cas de MICI-DN chez les patients sous (nécessitant un anti-TNFa pour 21 patients ladies inflammatoires chroniques de l’intestin de novo sous
anti-IL-17 a été mis en place entre 2016 et et deux chirurgies de colectomie). L’inci- anti-interleukine 17 : une éventualité rare - résultats finaux
2019 sous l’égide du CRI, du GETAID et de dence des MICI-DN était calculée à 0,69 % de l’étude cas-témoins MISSIL. SFR 2020 : O.149.

RP RHUMATISME PSORIASIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Le bimékizumab améliore les critères-patient


dans le rhumatisme psoriasique
Pr Alain Saraux & Pr Laure Gossec
Pr Alain Saraux : Peux-tu nous résu- eux avaient un psoriasis important sur chez ceux qui atteignaient un niveau de
mer les résultats d’une étude avec le plus de 3 % de la surface corporelle et basse activité ou de rémission.
bimékizumab, un anti-IL-17 A/F, dans le la moitié avait des douleurs d’enthèses.
rhumatisme psoriasique que vous avez Ces patients avaient aussi des symp- Pr A. S. : Est-ce que ce que l’on voit là sur
obtenus ? tômes assez importants puisque le HAQ les critères-patient paraît être plus im-
était autour de 1, qui est déjà un niveau de portant ou identique à que ce que l’on a
Pr Laure Gossec : Dans le rhumatisme gêne fonctionnelle assez important, et le avec les autres molécules ?
psoriasique, nous avons déjà plusieurs PsAID, un score de qualité de vie adapté
options thérapeutiques, y compris deux au rhumatisme psoriasique, était à 4,5, Pr L. G. : Avec toutes les limites de ce
inhibiteurs de l’IL-17 que l’on connaît bien, quand la normale est à 0 et que 10 cor- type de comparaison car les critères
le sécukinumab et l’ixékizumab. Dans ce respond à un effet maximal de la maladie. d’inclusion dans les études ne sont pas
poster, nous avons présenté les résul- Après un traitement par bimékizumab, à exactement les mêmes, la description
tats d’une nouvelle molécule, qui n’est pas 48 semaines, on constate une nette effi- de population à l’entrée dans ces essais
encore disponible sur le marché et qui cacité sur l’inflammation, mais aussi sur thérapeutiques n’est jamais exactement
d’ailleurs n’a pas encore fait d’études de ces deux critères-patient clés, puisque la même, donc c’est très difficile de com-
phase III, le bimékizumab. Il a un mode de en termes d’HAQ, une amélioration de parer. Mais la réponse en termes de cri-
fonctionnement un peu différent puisque plus de 0,35 point, ce qui correspond à tères-patient est vraiment très nette
c’est un inhibiteur de l’IL-17, mais qui agit une différence cliniquement pertinente, dans cette étude du bimékizumab et
à la fois sur l’IL-17 A et F. Il restera donc à a été observée chez 45 % des patients. aussi très rapide. Alors on ne sait pas si
voir si cela va apporter des différences en En termes de PsAID, 75 % des patients ce sera mieux que les autres molécules,
termes d’efficacité. avaient un niveau qu’on appelle accep- mais je pense que ce sera probablement,
Pour ce qui est de limiter l’inflammation, table, c’est-à-dire inférieur ou égal à 4/10. si on obtient l’AMM, une nouvelle option
l’étude princeps de phase II a été publiée Donc, peut-être une nouvelle option thé- qui sera intéressante pour nos patients.
tout récemment dans The Lancet, et a rapeutique dans le futur, avec en tout cas,
montré une bonne efficacité. Dans ce une efficacité sur les critères-patient qui
poster, nous montrons les résultats en semble être grande, qui est également
• Gossec L, Mease PJ, Gottlieb AB et al. Le bimékizumab
termes de critères-patient. Dans cette rapide, notée dès la 12e  semaine et qui,
améliore les critères-patient dans le rhumatisme psoria-
population, les patients avaient un ni- de façon assez logique, était corrélée au sique : résultats à 48 semaines d’une étude de phase IIB
veau d’activité élevé au départ, avec en contrôle de l’inflammation avec une meil- et association entre les critères-patient et l’activité de la
moyenne 12 synovites ; deux tiers d’entre leure efficacité sur les critères-patient maladie. SFR 2020 : PE.126.

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GÉNÉTIQUE

 ACR  / Lien entre HLA-B27, spondyloarthrite axiale et uvéite


Pr Cédric Lukas
Deux travaux ont été présentés et portent HLA-B27 ? d’une uvéite. C’est l’une des limites : il ne
sur le lien important que l’on connaît tous Le HLA-B27 n’est pas trouvé associé, jus- s’agit pas de diagnostic au sens ophtalmo-
entre HLA-B27, uvéite antérieure et spon- tement, avec la survenue des uvéites an- logique mais de questions qui évoquent le
dyloarthrite axiale. Mais avec des données térieures. On pourra bien sûr imaginer que diagnostic d’uvéite. Néanmoins, les auteurs
qui sont novatrices, parfois même pertur- le HLA-B27 est tellement important dans le trouvent des résultats qui sont intéressants
bantes. diagnostic lui-même de la spondyloarthrite puisque la certitude du diagnostic concer-
Le premier travail, rapporté par l’équipe de qu’en réalisant les ajustements en multiva- nant la spondyloarthrite axiale radiogra-
Besançon, et Clément Prati, porte sur la rié, il puisse être exclu de l’analyse. Néan- phique a été obtenue chez 85 patients.
cohorte DESIR. C’est une cohorte de spon- moins, voilà la notion que l’on avait de lien En observant la survenue et la prévalence
dyloarthrites axiales débutantes, compre- fort entre HLA-B27 et uvéite qui s’estompe de ces supposées uvéites, à peu près 60 %
nant un peu plus de 700  patients qui sont un peu. des spondyloarthrites axiales HLA-B27 po-
recrutés, qui sont suivis et parfaitement L’uvéite antérieure aiguë associée au gène sitif font des uvéites. Ce qui est pertinent,
bien phénotypés, et génotypés sur le gène HLA-B27, sous-entendu sans spondyloar- c’est que chez les apparentés, qu’ils soient
HLA-B27 en particulier. Ce travail s’est inté- thrite axiale associée, est une entité noso- HLA-B27 positif ou HLA-B27 négatif, la pro-
ressé à la survenue des uvéites antérieures logique parfaitement définie par les oph- portion de malades qui ont eu une suppo-
au cours des 5 premières années de suivi. talmologues. Autre élément d’information sée uvéite est strictement identique (de
Ils ont effectivement trouvé que 91 patients dans un deuxième travail cette fois mené l’ordre d’un tiers) qu’ils soient HLA-B27 posi-
sur les 480  qui avaient des données com- en Suisse. Les auteurs ont évalué l’asso- tif ou non. Les auteurs en concluent que le
plètes à 5 ans avaient au moins un épisode ciation qu’il peut y avoir entre spondyloar- risque d’uvéite est beaucoup plus conféré
d’uvéite pendant les 5 premières années, et thrite axiale, HLA-B27 et uvéite. Ils se sont par la maladie spondyloarthrite que par le
que 31 patients avaient un premier épisode basés sur une association de de plus de gène HLA-B27 lui-même. Cela remet pos-
au moins au cours des 5 premières années. 1 100 patients suisses, pour lesquels ils ont siblement en cause nos notions de gène
Mais quand ils ont analysé les éléments aussi recrutés leurs apparentés au premier HLA-B27 comme élément le plus favorisant
associés à la survenue de ces uvéites, ils degré. Pour tous, ils ont recherché le gène à la survenue d’une uvéite antérieure.
trouvent surtout l’aspect inflammatoire HLA-B27. Ils ont également, pour les pa-
de la maladie, et en particulier le score in- tients qui avaient une spondyloarthrite dia-
flammation sur l’IRM des sacro-iliaques. Ils gnostiquée, refait le bilan radiographique • Wendling D, Prati C, Lequerre T et al. Uveitis Occurrence
trouvent aussi associés la présence d’une pour être certains qu’il s’agissait bien d’une in Early Inflammatory Back Pain: Five Years Data from a
dactylite, la présence également d’un syn- spondyloarthrite axiale radiographique. Ils Prospective French Nationwide Cohort. ACR 2020 : 1304.
drome inflammatoire par le biais de la vi- ont ensuite fait passer à l’ensemble de ces • van der Linden S, Villiger P, Li Z. Is the Occurrence of
Acute Anterior Uveitis Linked Primarily to Ankylosing
tesse de sédimentation, mais aussi, moins personnes, patients et non patients (les Spondylitis (AS) or to HLA-B27? Results of a 35-Year
surprenant, le diagnostic de spondyloar- apparentés) des questionnaires dont cer- Follow-Up Family Study of a Swiss Cohort of Patients with
thrite lui-même. Et qu’en est-il du gène taines questions portaient sur la survenue AS. ACR 2020 : 1305.

THÉRAPEUTIQUE

 ACR  / Efficacité du tofacitinib dans la spondylarthrite ankylosante


Pr Divi Cornec
Une étude a donné les résultats d’une ASAS20 à 56 % dans le groupe tofacitinib C’est donc une étude qui prouve l’efficacité
étude de phase 3 du tofacitinib dans le versus 29,4 % dans le groupe placebo. du traitement par inhibiteur de JAK par le
traitement de la spondylarthrite anky- Avec également, une réponse très nette tofacitinib, qui pourrait être une nouvelle
losante. C’est une étude qui a inclus en termes de pourcentage d’ASAS40 avec option thérapeutique pour nos patients.
269 patients avec un diagnostic de spon- 40,6 % dans le groupe tofacitinib versus
dylarthrite ankylosante et qui ont été ran- 12,5 % dans le groupe placebo. D’autres
domisés entre tofacitinib 5 mg deux fois end points confirment cette efficacité du
• Deodhar A, Sliwinska-Stanczyk P, Xu H et al. Tofacitinib
par jour et placebo. L’étude qui est posi- tofacitinib dans la spondylarthrite anky- for the Treatment of Adult Patients with Ankylosing
tive sur son critère d’évaluation principal losante et cette étude n’a pas mis en évi- Spondylitis: Primary Analysis of a Phase 3, Randomized,
qui était le taux de patients répondeurs dence d’effets secondaires inattendus. Double-blind, Placebo-controlled Study. ACR 2020 : L11.

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GROSSESSE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Spondyloarthrite : fertilité, morbidité obstétricale


et complications de grossesse
Pr Cédric Lukas
Deux posters électroniques ont été pré- Plus de césariennes programmées Donc, globalement, des données qui sont
sentés au congrès sur la grossesse et la Le premier élément qui sort de façon très plutôt rassurantes, avec plus de césa-
spondyloarthrite axiale et le rhumatisme claire, est le taux de césariennes, clairement riennes, sans doute, on peut l’imaginer, par
psoriasique. Deux équipes ont effectué retrouvé augmenté dans les deux travaux in- crainte de complications au sens méca-
une analyse systématique de la littérature dépendants, de 70 % ou de 62 % pour l’un et nique, au sens mobilité rachidienne, mo-
de façon indépendante et n’aboutissent pour l’autre, en tout cas de façon significative. bilité du bassin surtout, qui sont peut-être
pas exactement au même nombre d’ar- Ce sont les césariennes programmées qui craintes par les obstétriciens, les gynécolo-
ticles puisqu’ils n’avaient pas exactement sont le plus souvent retrouvées. Les césa- gues comme les anesthésistes ou peut-être
les mêmes objectifs et que les processus riennes en urgence sont exactement compa- les mamans elles-mêmes, et qui font qu’on
de sélection des publications ne sont pas rables à la population de contrôle. observe davantage de césariennes pro-
exactement les mêmes. Mais les données grammées. Globalement, des données qui
sont très proches les unes des autres. Plus de prématurité sont intéressantes et qui doivent peut-être
En ce qui concerne dans un premier temps Deuxième élément, c’est le taux de pré- nous faire réfléchir quant à nos pratiques
la fertilité chez les femmes atteintes de maturité qui est un peu plus élevé dans les obstétricales chez ces jeunes patientes.
spondyloarthrite, il y a très peu de données spondyloarthrites, également de prématuri-
de la littérature, donc on ne va pas pouvoir tés importantes, c’est-à-dire avec moins de
en tirer de grandes conclusions. En re- 32 semaines d’aménorrhée. Les deux sont
vanche, pour tout ce qui est morbidité obs- considérées comme plus fréquemment re-
tétricale, on a quelques données. Ce que présentées chez les patientes avec spon-
l’on observe notamment, c’est légèrement dyloarthrite axiale. En revanche, heureuse-
plus de prééclampsies chez les femmes ment, il n’y a pas d’augmentation du risque • Hamroun S, Hamroun A, Bigna JJ et al. Fertilité et
qui ont une spondyloarthrite axiale. En re- d’avoir un mort-né, d’observer une mortalité morbidité obstétricale chez les femmes atteintes de spondy-
vanche, le diabète gestationnel ne semble périnatale, une anomalie congénitale ou une loarthrite : revue systématique et méta-analyse. SFR 2020 :
PE.139.
pas surreprésenté. souffrance fœtale périnatale. Ce sont des • Bernardy C, Gaudin P, Baillet A, Romand X. Spondyloar-
C’est surtout autour de l’accouchement que choses qui sont comparables à la population thrites et complications de la grossesse : revue systématique
l’on a le plus de données. générale. de la littérature de méta-analyse. SFR 2020 : PE.149.

THÉRAPEUTIQUE

 ACR  / Efficacité et tolérance du bimékizumab dans la spondylarthrite ankylosante :


une étude d’extension
Pr Divi Cornec
Un abstract présente les résultats d’une ont été inclus dans une étude d’extension quelle que soit la dose initiale à laquelle
étude d’extension d’une étude de phase 2 et donc les résultats à 2 ans ont été pré- les patients ont été randomisés. Des ré-
qui évalue l’efficacité et la tolérance du sentés. Globalement, ils montrent une sultats prometteurs qui nécessitent bien
bimékizumab, un nouveau anti-IL-17 qui bonne maintenance de l’efficacité du entendu d’être confirmés dans les études
bloque à la fois l’IL-17A et l’IL-17F dans la traitement pendant la deuxième année de phase 3 en cours.
SPA. L’étude BE AGILE a inclus 300 pa- de traitement, avec environ 75 % des pa-
• Baraliakos X, Deodhar A, Dougados M et al. Bimeki-
tients atteints de spondylarthrite anky- tients qui atteignent une réponse ASAS
zumab Long-Term Efficacy and Safety over 96 Weeks
losante qui ont été randomisés en deux 20, 65 % qui atteignent une réponse in Patients with Ankylosing Spondylitis: Interim Results
bras avec deux doses différentes de bi- ASAS 40 et 36 % qui atteignent un stade from a Phase 2b Open-Label Extension Study. ACR
mékizumab. Au bout de 1 an, 250 patients de rémission partiel défini par l’ASAS, 2020 : 1364.

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RP RHUMATISME PSORIASIQUE

 ACR  / L’upadacitinib dans le rhumatisme psoriasique : des données positives


Pr Laure Gossec
L’upadacitinib est un JAK inhibiteur com- PASI 100. Enfin, en termes de critères com- 40 % des patients rhumatisme psoriasique
mercialisé dans la polyarthrite rhumatoïde posites, la minimal disease activity, corres- sous biothérapie sont en monothérapie.
(PR) pour lequel il y a eu deux publications pondant à la basse activité, était atteinte Lorsque l’on regarde, dans les données poo-
en 2020 dans Annals of the Rheumatic Di- chez 25 à 29 % des patients versus 3 %. La lées SELECT-PSA-1 et -2, l’effet de l’upada-
seases portant sur son efficacité dans le sécurité d’emploi semble similaire à celle citinib avec ou sans méthotrexate, ou autre
rhumatisme psoriasique (RP). Au cours de dans la PR avec à noter une augmentation traitement conventionnel, les effets appa-
l’ACR, diverses présentations et posters ont du taux d’herpès zoster. raissent très semblables pour tous les cri-
rapporté des résultats supplémentaires sur tères d’évaluation.
l’efficacité de l’upadacitinib. Plusieurs posters ont noté l’efficacité sur
les critères rapportés par le patient. En par- L’ensemble de ces données apporte des
Tout d’abord, une présentation orale (0504) ticulier un poster (0886) a montré l’efficacité éléments en faveur de l’efficacité et de la
a montré les résultats de l’upadacitinib à sur différents critères-patients de l’étude sécurité d’emploi de l’upadacitinib dans le
la dose de 15 mg ou 30 mg par jour versus SELECT-PSA-1 qui porte sur des patients rhumatisme psoriasique.
placebo chez des patients en échec ou into- en échec à un traitement de fond non biolo-
lérants à au moins une biothérapie, il s’agit gique. Dans cette étude, à 12 semaines, on
de l’essai SELECT-PSA-2. Dans cette étude, note une amélioration de la douleur, de la • Genovese M, Lertratanakul A, Anderson JK et al. Efficacy
642 patients ont été inclus avec une durée qualité de vie et du HAQ. Cette amélioration and Safety of Upadacitinib in Patients with Active Psoriatic
de maladie autour de 10 ans. 61 % étaient était rapide, dès la semaine 2. Arthritis and Inadequate Response to Biologic Disease-Mo-
difying Anti-Rheumatic Drugs: A Double-Blind, Rando-
en échec à une biothérapie tandis que 39 % Un autre poster (1341) a montré le résultat
mized Controlled Phase 3 Trial. ACR 2020 : 0504.
étaient en échec à deux ou plus. Le critère poolé des études SELECT-PSA-1 et -2 en • McInnes I, Tillett W, Mease P et al. Impact of Upadaci-
principal, qui était l’ACR20 à la semaine 12, termes de douleur. On note à nouveau un tinib on Reducing Pain in Patients with Active Psoriatic
a été chez 57 à 64 % des patients versus effet rapide sur la douleur, mais également Arthritis: Results from Two Phase 3 Trials in Patients with
24 % des patients sous placebo. Le taux un effet important avec entre 65 et 75 % des Inadequate Response to Non-biologic or Biologic DMARDs.
ACR 2020 : 0896.
d’ACR50 était autour de 35 versus 5 % et patients qui rapportent une amélioration de • Strand V, Mease P, Soriano E et al. Improvement in
l’ACR70, 9 à 17 versus 1 %. Une efficacité est leur douleur supérieure au MSID (différence Patient-Reported Outcomes in Patients with Psoriatic Ar-
également notée avec résolution complète minimale cliniquement pertinente). thritis with Inadequate Response to Non-Biologic DMARDs
des enthésites chez 45 % et des dactylites Treated with Upadacitinib versus Placebo or Adalimumab:
Results from a Phase 3 Study. ACR 2020 : 1341.
chez 60 % des patients traités environ. Une Enfin, un dernier poster (1345) expose l’effi-
• Nash P, Richette P, Gossec L et al. Upadacitinib as Mono-
amélioration sur la peau est également ob- cacité de l’upadacitinib dans le rhumatisme therapy and in Combination with Non-biologic DMARDs
servée avec autour de 55 % de PASI 75 ver- psoriasique selon qu’il est en monothéra- for the Treatment of Psoriatic Arthritis: Subgroup Analysis
sus 16 % sous placebo et autour de 30 % de pie ou non. En effet, ce poster rappelle que from Two Phase 3 Trials. ACR 2020 : 1345.

THÉRAPEUTIQUE

 ACR  / Traitement des spondyloarthrites axiales par certolizumab pegol


et poussées d’uvéite
Pr Divi Cornec
Une étude s’est intéressée à la fréquence d’uvéite est très nettement inférieure rassurants et prometteurs. Donc c’est un
des poussées d’uvéite chez les patients pendant l’année qui suit le début du trai- traitement qui peut être utilisé chez nos
traités par certolizumab pegol pour une tement par certolizumab pegol comparé patients atteints de spondyloarthrites
spondyloarthrite axiale. Il s’agit d’une à l’année précédant l’initiation du trai- faisant des uvéites.
étude de phase 4 qui a inclus 89 pa- tement. Ces résultats sont à prendre
tients ayant initié du certolizumab pegol avec prudence, notamment du fait de
pour une spondyloarthrite axiale alors l’absence de groupe contrôle et de l’his- • van der Horst-Bruinsma I, van Bentum R, Verbraak
F et al. Reduction of Anterior Uveitis Flares in Patients
qu’ils avaient fait au moins une poussée toire naturelle de la maladie qui pourrait with Axial Spondyloarthritis During Certolizumab Pegol
d’uvéite l’année précédente. Cette étude expliquer cette diminution du nombre Treatment: 96-Week Results from the C-VIEW Study.
montre que la fréquence des poussées d’uvéite. Ces résultats sont toutefois ACR 2020 : 0881.

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Best of ACR / Congrès de la SFR
INNOVATION IMAGERIE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Polyarthrite rhumatoïde :  ACR  / Rhumatisme psoriasique : délai


performance d’une interface de surveillance entre premier symptôme et diagnostic
connectée versus une surveillance physique Pr Alain Saraux
de routine
Il est connu depuis longtemps que dans les spondyloar-
Pr Alain Saraux
thrites, il y a un important délai entre le premier symptôme
Depuis le Covid-19, nous avons tendance à utiliser plus souvent et le moment du diagnostic. Pour le rhumatisme psoria-
les outils connectés, les techniques à distance, afin de moins dé- sique, nous avions jusqu’ici moins de données, ce qui fait
placer les gens. La polyarthrite rhumatoïde est une maladie qui tout l’intérêt d’un poster de Paras Karmacharya, un Amé-
est extrêmement variable dans son activité au fil du temps et les ricain, qui a regardé sur une population de 162 patients,
visites physiques fixées à l’avance posent un problème concep- de façon rétrospective, ceux qui avaient eu un diagnostic
tuel puisqu’on se dit que l’on ne voit les patients qu’à certains mo- de rhumatisme psoriasique entre 2000 et 2017 selon les
ments précis alors qu’il faudrait avoir une idée de ce qu’il se passe critères CASPAR, et quel était donc ce délai entre le pre-
entre les deux. Il semble donc logique de trouver un moyen d’ef- mier symptôme est le moment où le diagnostic a été porté.
fectuer un suivi à distance, éventuellement connecté, et c’est ce L’auteur montre que le délai moyen est de 2 ans et demi, ce
qui a été fait par l’équipe d’Yves-Marie Pers à Montpellier, avec un qui est tout de même assez long, avec un diagnostic avant
essai prospectif randomisé ouvert contrôlé qui a comparé une 6 mois chez seulement 23 % des patients, et avant 12 mois
interface de suivi de l’activité de la maladie à un suivi de routine chez seulement 35 %. En multivarié, les facteurs qui sont
comme le rhumatologue en a l’habitude. associés à ce retard diagnostique sont essentiellement
Ils ont pu inclure un nombre important de patients, puisque le fait d’être jeune, d’avoir un BMI élevé, d’avoir une forme
94 ont été inclus, randomisés et, parmi eux, 89 ont pu terminer enthésitique, ce qui n’est pas très surprenant puisque tant
l’étude. Si bien que l’on a deux bras, l’un surveillé avec un outil qu’il n’y a pas d’arthrite, nous sommes toujours plus hési-
connecté, et un qui n’est surveillé que comme on le fait habi- tants à porter le diagnostic. De plus, il semble que le risque
tuellement. d’évolution radiographique est plus élevé quand le délai est
Ce qui est très intéressant, c’est que quand on regarde le bras long, mais c’est à la limite de la significativité dans cette
connecté par rapport au bras suivi classique, on voit tout étude.
d’abord que le nombre de visites nécessaire a été plus petit Pour lutter contre ce retard, qui pose tout de même pro-
dans le groupe qui avait l’outil connecté puisque c’est 0,42 visite blème de manière générale, une des solutions serait de
pour 6 mois contre 1,93 visite pour 6 mois dans l’autre groupe. mieux former les médecins et peut-être de porter à la
Les patients ont une activité de la maladie qui est la même dans connaissance de la population ce type de pathologie.
les deux bras. La qualité de vie est meilleure dans le groupe Pour cela, le poster d’Arnd Kleyer est intéressant : il prône
connecté. Et enfin, il y aurait même une épargne financière à l’utilisation de l’imprimante 3D pour reconstituer des sque-
ce suivi connecté des patients pour polyarthrite rhumatoïde. lettes ayant une atteinte enthésitique, des sacroiliaques,
Donc, la conclusion de cette histoire, c’est que cet essai rando- des syndesmophytes, ce qui permet de montrer de façon
misé bien fait montre qu’il y a un bénéfice pour les patients et très visuelle la différence entre un squelette normal et un
pour la société à réaliser un suivi de la polyarthrite rhumatoïde squelette qui a des atteintes dans le cadre d’un rhumatisme
de façon connectée. psoriasique ou d’une spondyloarthrite.

• Karmacharya P, Wright K, Achenbach. SJ et al. Diagnostic Delay in Psoriatic


• Bernard L, Valsecchi V, Ferreira LR et al. Essai prospectif randomisé, ouvert et contrôlé Arthritis: A Population Based Study. ACR 2020 : 309.
comparant la performance d’une interface de surveillance connectée à la surveillance • Kleyer A, Pachowsky M, Schuster L et al. Understanding Ankylosing Spondyli-
physique de routine chez les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. SFR 2020 : P.11. tis. ACR 2020 : 80.

THÉRAPEUTIQUE

 ACR  / Efficacité du filgotinib sur les lésions inflammatoires en IRM


Pr Divi Cornec
Une deuxième étude s’intéresse à l’effica- par filgotinib et 41 par placebo. On observe qui laisse suggérer une efficacité du filgo-
cité d’une deuxième molécule inhibitrice une diminution franche du score d’inflam- tinib également sur l’imagerie au cours de
de JAK, le filgotinib, sur les lésions inflam- mation vertébrale décrite par la méthode la spondylarthrite ankylosante.
matoires en IRM. C’est Walter Maksymowy- de Camden qui prend en compte diverses
ch qui rapporte des données issues de localisations vertébrales pour l’inflamma- • Maksymowych W, Østergaard M, Landewé R et al.
Effects of Filgotinib on Spinal Lesions in Patients with
l’étude TORTUGA. Dans cette étude, 88 pa- tion et l’ankylose. On voit une diminution Ankylosing Spondylitis: Magnetic Resonance Imaging
tients ont eu deux IRM à baseline et à la nette dans le groupe filgotinib versus pas Data from the Placebo-Controlled, Double Blind, Rando-
semaine 12. Quarante-sept ont été traités d’amélioration dans le groupe placebo. Ce mized TORTUGA Trial. ACR 2020 : 2024.

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GROSSESSE

 ACR  / Évolution des grossesses dans la spondyloarthrite axiale


Pr Cédric Lukas
Deux travaux, l’un portant sur la littéra- mais ce n’est pas significatif et donc le utero. Deux malformations mises en évi-
ture et l’autre dans une cohorte pros- risque est probablement faible. dence : une du système nerveux central,
pective, portaient sur la grossesse au Autre point intéressant qui avait été avec une interruption thérapeutique de
cours de la SpAax. Ce sont des patientes évalué est la question de l’évolution de grossesse, et un cas de sténose œso-
jeunes dont pour moitié à peu près la maladie elle-même, de l’activité de la phagienne.
dans les formes non radiographiques maladie au cours de la grossesse. Dans Lorsque les auteurs analysent les fac-
des femmes qui, par nature, peuvent la polyarthrite rhumatoïde, on dit que teurs qui sont associés à ces problé-
avoir un désir de conception au cours c’est la plupart du temps une améliora- matiques obstétricales, ils se rendent
de leur maladie. Il existe encore actuel- tion qui est observée, dans le lupus c’est compte que c’est surtout la coexistence
lement des données qui sont assez dis- le contraire. En fait, dans la SpAax, le d’une MICI, donc d’une maladie de Crohn
parates concernant l’évolution de ces chiffre précis rapporté dans cette ana- ou d’une rectocolite, qui accentue le
grossesses et de l’accouchement chez lyse de la littérature est que 47,8 % des risque. De la même façon, une maladie
ces femmes traitées pour une SpAax. femmes considèrent que leur maladie active sur le plan rhumatologique aug-
L’étude menée sur la littérature a été s’est aggravée pendant la grossesse. Ce mente également fortement le risque
réalisée par des médecins irlandais qui qui signifie aussi qu’il y en a un peu plus d’observer un événement défavorable au
se sont attachés à faire une analyse sys- de la moitié qui n’ont soit pas vu de diffé- cours de la grossesse. Enfin, mais cela
tématique de la littérature jusqu’à sep- rence, soit vu une amélioration. rejoint plus probablement l’ancienneté
tembre 2019 sur des bases de données et surtout la sévérité de la maladie rhu-
classiques bibliographiques. Ils ont fi- Le deuxième travail a été mené sur une matologique, c’était l’usage de plus de
nalement trouvé 130 articles portant sur cohorte, analysée de façon rétrospec- deux traitements de fond, qu’ils soient
le sujet dont 18 études qui permettent tive mais les données étaient recueil- conventionnels ou biologiques, qui était
de répondre à cette question de l’évolu- lies de façon prospective, dans deux aussi associé à un surrisque de pro-
tion de la grossesse dans la SpAax. Cela centres (italien et espagnol), entre 2009 blèmes obstétricaux.
regroupe 3 166 femmes. Ils trouvent via et 2019. Les auteurs se sont intéressés
leur méta-analyse que, effectivement, à l’évolution des grossesses chez les Ce que l’on peut conclure de ce travail,
il y a un peu plus de problématiques, femmes qui avaient une SpA. 82 pa- qui a l’avantage d’être systématique et
notamment de prééclampsies avec un tientes répondaient à leurs critères, prospectif, c’est qu’il confirme bien qu’il
odds ratio qui est à 1,3, mais qui n’est avec 94 grossesses. Ce ne sont pas que y a un surrisque de complications obsté-
pas significativement supérieur à 1. De la des spondyloarthrites axiales puisque tricales dans les spondyloarthrites, mais
même façon, un retard de croissance in 45 patientes sont atteintes de rhuma- pas seulement dans la forme axiale d’une
utero un petit peu élevé avec un risque tisme psoriasique, 23 avec une forme part et surtout liées aux MICI d’une part
à 1,17, mais là encore sans significativi- axiale de spondyloarthrite, 18 avec une et à une maladie active d’autre part.
té sur le plan statistique. Finalement, la forme indifférenciée et 5 qui ont une
seule différence qui est montrée sur le MICI associée. Chez ces femmes, ils ont
plan statistique, c’est que ces femmes noté 39 événements défavorables, soit
subissent davantage de césariennes au 41 % des femmes qui avaient effective- • Maguire S, O’Dwyer T, Wilson F et al. Pregnancy in
cours de l’accouchement avec un odds ment eu un problème au cours de leur Axial Spondyloarthropathy: A Systematic Review & Me-
ratio à 1,85 (significatif). grossesse et pour sept d’entre elles, une ta-Analysis. ACR 2020 : 1323.
Les données actuelles indiquent que les fausse couche. Six avaient un accou- • Cruz-Machado AR, Crisafulli F, Barreira S et al. Risk
Factors for Adverse Pregnancy Outcomes in Women
patientes ont peut-être un peu plus de chement prématuré, quatre avaient une with Spondyloarthritis: An Observational Study from
risques de problématiques obstétricales rupture prématurée des membranes et Two European Multidisciplinary Pregnancy Clinics.
quand elles sont porteuses d’une SpAax, cinq avaient des retards de croissance in ACR 2020 : 1324.

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RP RHUMATISME PSORIASIQUE

 ACR  / La basse activité dans le RP : est-ce possible ?


Pr Laure Gossec
L’objectif de traitement dans le rhumatisme d’un compte articulaire, maximum un, d’un arrêté dans ce groupe, versus 67 % dans le
psoriasique (RP) est défini par la rémission compte d’enthèse, d’une évaluation de la groupe MTX seul.
ou la basse activité. Cependant, il n’y a pas peau (maximum 3 % de la peau atteinte) Troisième travail : le taux d’atteinte de MDA
de consensus sur cette définition de ré- et aussi trois critères-patients : la dou- sous upadacitinib (UPA), un nouveau JAK
mission ou de basse activité, et nous man- leur, l’évaluation globale et le HAQ avec des inhibiteur, et à peu près la moitié des pa-
quons encore d’information sur l’efficacité scores assez stricts. Philip Mease a montré tients peuvent atteindre un niveau de MDA
des traitements pour atteindre cet état. les résultats d’atteinte du MDA dans le RP sous UPA. Fait intéressant : les éléments
Deux posters et une présentation orale por- dans l’étude contrôle. Dans cette étude, des qui bloquaient le plus fréquemment le MDA
taient sur la rémission dans le RP. patients qui étaient en réponse insuffisante sont les trois critères-patients et le compte
D’abord une revue systématique de la litté- au méthotrexate ont été randomisés pour d’articulations douloureuses, des critères
rature a été présentée avec la fréquence recevoir adalimumab (ADA) + méthotrexate plutôt subjectifs.
d’utilisation des différents critères d’éva- (MTX) ou escalade de la dose de MTX. Les
luation dans le RP dans 27 registres. Dans premiers résultats de cette étude ont été
ces registres, les scores composites sont présentés au congrès de l’Eular et mettent
rapportés dans 73 % des cas, et le plus en évidence que l’association ADA et MTX • Mease P, Conaghan PG, Tillett W et al. Maintenance or
fréquent est le minimal disease activity fonctionne beaucoup mieux que d’augmen- Achievement of Minimal Disease Activity Following Therapy
(MDA) voulant dire basse activité de la ma- ter le MTX chez des patients suffisamment Optimization with Adalimumab or Methotrexate in Patients
with Psoriatic Arthritis: Results from Part 2 of a Rando-
ladie, tandis que les deux autres scores répondeurs, puisque 46 % de MDA étaient
mized, Open-Label Phase 4 Study. ACR 2020 : 0508.
fréquemment utilisés sont le DAS 28 et le observés dans le groupe ADA versus 14 % • Aouad K, Moysidou G, Rakotozafiarison A et al. Outcome
DAPSA dans plus d’un tiers des cas. Le MDA dans le groupe augmentation du MTX, de 15 Measures in Psoriatic Arthritis Registries Are Very Hete-
apparaît aujourd’hui comme la définition à 25 mg par semaine. Philip Mease a mon- rogeneous: A Systematic Literature Review of 27 Registries,
principale de basse activité dans le RP. Ce tré que le taux de maintenance chez les or 16183 Patients. ACR 2020 : 0321.
• Mease P, Kavanaugh A, Gladman D et al. Characteri-
score comporte sept éléments, cinq des patients qui vont atteindre le MDA sur 7 ou zation of Remission in Patients with Psoriatic Arthritis
sept doivent être remplis pour être un MDA. 8 mois, 32 semaines, est de 80 % dans le Treated with Upadacitinib: Post-hoc Analysis from Two
Il s’agit des comptes articulaires à moins groupe ADA alors même que le MTX a été Phase 3 Trials. ACR 2020 : 1355.

THÉRAPEUTIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Ianalumab, inhibition des récepteurs BAFF


et déplétion des lymphocytes B pour le syndrome de Sjögren primitif
Pr Divi Cornec
Le syndrome de Sjögren primitif est fique des lymphocytes B, mais égale- répondeurs contre 61 % dans le bras
une maladie de système pour laquelle ment une modulation de la transmission placebo. Donc c’est une efficacité signi-
nous avons désespérément besoin de du signal par BAFF, qui est une cytokine ficative. Des études de phase 3 vont être
traitements efficaces. Jusqu’à pré- spécifique des lymphocytes B elle aus- lancées rapidement pour le confirmer à
sent, la plupart des essais randomisés si. Ce médicament a été testé chez plus grande échelle avec cette dose effi-
contre placebo, qui ont été réalisés 190 patients dans une étude de phase cace. Mais il faut noter, comme souvent
évaluant l’efficacité de médicaments 2 et Xavier Mariette nous en a rappor- dans cette maladie, un taux de réponse
immunomodulateurs, se sont révélés té les résultats au congrès aujourd’hui. important dans le bras placebo, donc il
négatifs. Mais un peu d’espoir est au- Ces 190 patients ont été randomisés y a également des efforts de recherche
torisé à l’heure actuelle avec quelques en quatre groupes : un bras placebo et extrêmement importants en cours pour
premières études positives qui ont été trois doses différentes. Et les résultats essayer de définir de nouveaux critères
rapportées récemment. Parmi celles-ci, sont positifs sur le critère d’évaluation de réponse dans la maladie.
un essai clinique évalue l’efficacité d’un principal, qui était l’activité systémique
médicament innovant, le ianalumab, qui de la maladie, mesurée par le score ES-
est un anticorps monoclonal spécifique SDAI avec une diminution significative • Mariette X, Bowman S, Fox R et al. Ianalumab
(VAY736), inhibition des récepteurs BAFF et déplétion
du récepteur à BAFF, a un double mode dans le bras ianalumab 300 mg comparé
des lymphocytes B pour le traitement du syndrome de
d’action, à la fois une déplétion en lym- au placebo et un taux de répondeurs à Sjögren primitif : résultats d’une étude internationale,
phocytes B, car le récepteur de BAFF 6 mois significativement plus élevé dans randomisée, contrôlée par placebo de détermination de
est une protéine de membrane spéci- le groupe ianalumab à 89 % des patients doses chez 190 patients. SFR 2020 : P.09.

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THÉRAPEUTIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Maintien et tolérance du traitement par le sécukinumab


dans l’étude en vraie vie SERENA
Pr Laure Gossec
Les inhibiteurs de l’IL-17 sont une vraie sont des hommes et ont une maladie éta- inférieur ou égal à 4, ce qui démontre sans
option thérapeutique dans le rhumatisme blie avec une durée moyenne de maladie doute la difficulté d’évaluer la part inflam-
psoriasique et la spondyloarthrite axiale, de 9 ans dans le rhumatisme psoriasique matoire des douleurs dans la spondyloar-
mais on manque de données de mainte- et de 12 ans dans la spondyloarthrite axiale. thrite.
nance thérapeutique avec ces traitements. Quatre-vingt neuf pour-cent des patients En termes de tolérance, aucun signal inat-
L’équipe du Dr Lespessailles nous a présen- ont déjà reçu une biothérapie avant de re- tendu n’a été recueilli.
té lors de ce congrès le suivi à 1 an d’une cevoir le sécukinumab et plus de la moitié
cohorte de vraie vie, la cohorte SERENA, des patients ont déjà reçu trois biothéra- Donc, ce que cette cohorte indique c’est
qui va se poursuivre pendant 5 ans et est in- pies avant de recevoir le sécukinumab. que, en France, dans le rhumatisme psoria-
ternationale. Les données des patients qui, La rétention thérapeutique dans cette sique et la spondyloarthrite axiale, la main-
en France, ont reçu le sécukinumab pour étude est de 86 % dans le rhumatisme pso- tenance thérapeutique du sécukinumab est
un rhumatisme psoriasique ou une spondy- riasique et de 91 % dans la spondyloarthrite correcte, autour de 70-75 % après 2 ans de
loarthrite axiale, qui ont ensuite été inclus axiale après 1 an de traitement. Et après 1 an traitement, sans signal inattendu en termes
dans cette cohorte après environ 10 mois de suivi dans la cohorte, donc presque 2 ans de tolérance.
de traitement et suivis pendant 1 an, ont été de traitement, la maintenance thérapeu-
analysées. tique tourne autour de 75 %. Elle est de 71 %
Dans cette cohorte, les résultats, pour dans le rhumatisme psoriasique et de 74 %
l’instant préliminaires, portent sur 29 pa- dans la spondyloarthrite axiale. • Lespessailles E, Monteiro I, Goupille P et al. Maintien et
tolérance du traitement par le sécukinumab dans l’étude en
tients atteints de rhumatisme psoriasique Les données d’efficacité sont plus difficiles vraie vie SERENA : données à un an des patients français
et 45 patients atteints de spondyloarthrite à interpréter puisque, par exemple, seu- inclus pour rhumatisme psoriasique ou spondylarthrite
axiale. Trente-neuf pour-cent des patients lement la moitié des patients a un BASDAI ankylosante. SFR 2020 : O.148.

RP RHUMATISME PSORIASIQUE

 ACR  / Le diagnostic de rhumatisme psoriasique n’est pas si simple et la présence


de dactylites dans les formes récentes pourrait marquer une maladie plus sévère
Pr Laure Gossec
Compte tenu de l’hétérogénéité du rhu- entre dactylite échographique chez des était nettement augmenté (15/100 PA) par
matisme psoriasique et de l’absence d’élé- patients ayant une maladie très récente, l’existence d’arthralgies, ce qui semble
ments pathognomoniques à la biologie, le en moyenne avec 18 mois de symptômes, logique, mais aussi par l’existence de lé-
diagnostic n’est pas toujours simple pour et érosion échographique. Ils trouvent sions structurelles sur les enthèses vues
ce rhumatisme. La deuxième difficulté est que près de la moitié de leur cohorte pré- au scanner (avec, dans ce cas, une inci-
de détecter les formes les plus sévères sente une dactylite échographique, 46 %, dence de 21/100 PA). À noter que ces lé-
dans la maladie récente. Deux abstracts et que, chez ces patients, les érosions sions structurelles des enthèses ont été
présentés à l’ACR cette année apportent échographiques sont beaucoup plus fré- remarquées chez un tiers des patients. Il
des éléments de réponse. quentes, 32 versus 12 %. faut donc être attentifs aux atteintes ar-
Dans une étude de 162 cas collectés sur ticulaires mais aussi d’enthèses dans le
la Mayo Clinic, dans une zone géographi- Qui parmi les patients atteints de pso- psoriasis.
quement captive, entre 2000 et 2017, le riasis va développer un rhumatisme
délai diagnostique entre les premiers psoriasique ? Plusieurs études ont tenté
symptômes et un diagnostic confirmé de répondre à cette question avec des • Karmacharya P, Wright K, Achenbach SJ et al. Dia-
gnostic Delay in Psoriatic Arthritis: A Population Based
est 2 ans et demi, sans amélioration de résultats souvent discordants. Lors de
Study. ACR 2020 : 309.
ce délai au cours des années. En outre, l’ACR, un groupe allemand a présenté • Dubash S, Alabas O, Michelena X et al. Dactylitis Is
les patients qui étaient plus jeunes, les résultats du suivi à 7 ans de 114 pa- Associated with Greater Disease Severity, Ultrasound
étaient plus en surpoids et avaient plus tients atteints de psoriasis : 24  ont dé- Synovitis, and Erosive Damage, in Very Early DMARD
d’enthésites, avaient un délai de diagnos- veloppé un rhumatisme psoriasique, Naïve Psoriatic Arthritis. ACR 2020 : 312.
• Simon D, Tascilar K, Kleyer A et al. Structural Enthe-
tic plus long. correspondant à une incidence de seal Lesions in Psoriasis Patients Are Associated with an
L’équipe de Leeds, spécialisée dans 10/100 patients-année (PA). Le risque de Increased Risk Ofprogression to Psoriatic Arthritis – A
l’échographie articulaire, a étudié le lien développer un rhumatisme psoriasique Prospective Cohort Study. ACR 2020 : 0501.

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Best of ACR / Congrès de la SFR
SpA SPONDYLOARTHRITES
THÉRAPEUTIQUE
 CONGRÈS DE LA SFR  / Retour sur l’étude TICOSPA
par le Pr Dougados  CONGRÈS DE LA SFR  /
Pr Laure Gossec et Pr Maxime Dougados L’infiltration épidurale par
la voie du hiatus, une étude
Pr Maxime Dougados (Hôpital Cochin, co-économique quand bien même, il y ait randomisée contrôlée, au
Paris) : Il s’agit d’une étude internationale plus d’utilisation de biothérapies dans le Burkina Faso
menée dans trois pays avec de nombreux groupe actif par rapport au groupe soin Pr Laure Gossec
centres français dont le but était de com- courant, et bien il y avait un effet positif
parer d’un côté des malades traités par sur le plan médico-économique. Les infiltrations épidurales sont très
des rhumatologues selon leurs habitu- Donc comment interpréter cette étude ? utilisées dans la lomboradiculalgie
des, ce que l’on va appeler soins courants. Soit vous êtes un “ayatollah” de la statis- chronique, mais le niveau de preuve les
Et d’un autre, des rhumatologues qui ont tique et vous dites : le critère principal concernant reste limité. Nos collègues
accepté de participer à cette étude en n’a pas été atteint donc l’étude était né- du Burkina Faso ont réalisé un essai ran-
suivant un protocole qui avait été défini a gative, point final. Soit vous êtes un peu domisé contrôlé dans la lomboradiculal-
priori et qui comportait trois parties. plus clinicien et vous dites : quand même, gie commune en comparant 30 patients
Premièrement, revoir les malades de ma- il y a beaucoup d’éléments qui font sug- bénéficiant d’une infiltration par la voie
nière fréquente, toutes les 4 semaines. gérer que cette étude est positive, quand du hiatus sacro-coccygien et 15 patients
Deuxièmement, utiliser un outil de me- bien même le critère principal n’a pas été bénéficiant d’une infiltration épidurale
sure, c’est l’ASDAS. Et troisièmement, atteint. par voie interépineuse, avec un suivi cli-
accepter de traiter les malades, d’inten- Cette étude comporte trois parties. La nique jusqu’à J30.
sifier le traitement si la cible, que nous première, c’est le tight control, quand le L’infiltration épidurale par la voie du
avions au préalable définie comme un malade est actif, c’est-à-dire de revoir hiatus était aussi rapide à réaliser que
ASDAS inférieur à 2,1, n’était pas atteinte. les malades fréquemment ou de ne pas l’infiltration interépineuse. La tolérance
Les résultats de cette étude montrent les laisser partir dans la nature ou de les était semblable dans les deux groupes,
que sur le critère principal, que nous revoir 6 mois plus tard. La deuxième, c’est sans complications graves et l’efficacité
avions choisi, l’ASAS Health Index, il y a une d’utiliser un outil de mesure qui permet sur les critères de douleur et les critères
tendance en faveur du groupe actif mais d’avoir une approche de l’activité de la fonctionnels était également semblable.
sans atteindre la significativité statis- maladie, ici nous avons utilisé l’ASDAS. Et Les auteurs concluent que les deux
tique, en mettant en exergue que les deux la troisième, c’est que si vous vous fixez voies d’infiltration sont similaires, mais
groupes se sont nettement améliorés. Ce une cible sur cet outil de mesure, dans que la voie du hiatus pourrait être plus
qui est probablement expliqué par le fait cette étude ASDAS, inférieure à 2,1, c’est sécurisante. Il manque bien sûr dans
que nous n’avons invité dans cette étude d’intensifier le traitement. cette étude un groupe contrôle sans
que des groupes experts dans la spon- Donc trois concepts et de ces trois infiltration, puisque la question de la
dylarthrite et que même, certainement concepts, le minimum, c’est que j’espère régression spontanée des symptômes
dans le soin courant, les rhumatologues que la communauté rhumatologique se pose souvent dans la lomboradicu-
étaient au courant des recommanda- française n’oublie pas le second, c’est-à- lalgie commune. Toujours est-il qu’il est
tions d’utiliser des outils de mesure et de dire l’intérêt d’utiliser un outil de mesure important d’avoir de nouvelles études
traiter jusqu’à une cible. Il n’en reste pas standardisé qui reflète l’activité de la ma- de bonne qualité méthodologique
moins que pour tous les autres critères ladie dans notre pratique quotidienne. dans cette pathologie fréquente, mais
que l’on va appeler secondaires, mais que sous-explorée.
ce soit le pourcentage de répondeurs Propos recueillis
avec le critère ASAS 40, ASAS 20, le pour- par le Pr Laure Gossec • Sougoué C, Kaboré F, Tiendrébéogo WSJ et al. Essai
centage de malades en bon état clinique randomisé contrôlé comparatif des infiltratations épidu-
• Association de recherche clinique en rhumatologie.
et qui ont atteint la cible à la fin l’étude, Treat to Target Trial in Axial Spondylo Arthritis :
rales en repérage anatomique par le hiatus sacro-coccy-
que ce soit l’absence d’effet délétère du gien et par voie inter épineuse. SFR 2020 : O.104.
The TICOSPA (Tight Control in Spondyloarthritis)
groupe actif et surtout sur le plan médi- (TICOSPA)

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SpA SPONDYLOARTHRITES

 CONGRÈS DE LA SFR  / De nouvelles données de l’étude DESIR


Pr Cédric Lukas
Deux travaux présentés portaient sur la bas, et le nombre plus bas d’enthèses dou- té de vie étaient plus défavorables chez les
cohorte DESIR, avec des modalités légère- loureuses étaient le plus souvent associés à patients qui avaient des trajectoires plutôt
ment différentes et complémentaires. l’obtention d’une rémission. péjoratives. En revanche, il n’y avait pas de
lien avec la progression structurale radio-
Rémission à 5 ans Analyse de trajectoire graphique mesurée par le mSASS.
La première a été faite dans cette cohorte Le deuxième travail a suivi des patients Parmi les facteurs qui pouvaient être as-
de spondyloarthrite débutante et de pa- dans les 5 premières années dans DESIR sociés avec les évolutions favorables, on
tients qui ont des rachialgies inflamma- mais cette fois sous forme d’une analyse retrouve un niveau d’études supérieures
toires récentes de moins de 3 ans. Les au- de trajectoires. Ils ont déterminé six tra- de niveau universitaire qui multiplie par  3
teurs se sont intéressés à l’obtention de la jectoires parmi les 630 patients qui ont pu la probabilité d’être en maladie inactive
rémission à 5 ans et surtout aux facteurs être analysés. Une trajectoire plutôt très fa- persistante. Et à nouveau, le fait d’être un
associés. Sur les 450 patients qu’ils ont vorable, appelée « maladie inactive persis- homme, le fait d’avoir des atteintes articu-
pu analyser, environ 250 n’ont pas reçu de tante » présente chez 14 % de ces malades. laires périphériques, là encore, augmen-
traitement biologique au cours des 5 ans. Deux particulièrement défavorables, « l’ac- taient le pronostic plutôt favorable (donc les
Chez ces derniers, environ 31 % obtenaient tivité forte persistante » (17 %) et « l’activité trajectoires plutôt favorables). À l’inverse,
un niveau de rémission défini par un ASDAS très forte persistante », (12 % des patients un faible niveau éducatif, le sexe féminin
CRP < 1,3, donc maladie inactive. Parmi les dans DESIR). Enfin les autres patients, dont étaient plutôt associés à une activité très
un peu plus de 200 malades qui ont été trai- la plus grande proportion était en «  acti- forte persistante.
tés pendant les 5 ans par biologique, 17 % vité modérée persistante », (un quart des
obtenaient cette rémission. Globalement, malades), et par ailleurs, « amélioration Conclusion
c’étaient plus souvent des hommes, plus presque majeure » (14 % des patients) et Ces études dans DESIR nous permettent
souvent les patients porteurs du HLA-B27, « amélioration cliniquement pertinente  » non pas de prédire mais d’avoir une impres-
plus souvent également les patients avec donc avec un ASDAS significativement sion globale sur ce qui risque de se passer
une sacroiilite IRM au début mais égale- amélioré, là encore plutôt favorable (17 %.). au cours des 5 années de suivi en fonction
ment des patients avec un niveau d’études du profil patient observé initialement.
supérieures qui obtiennent plus facilement Résultats
ou en tout cas plus fréquemment le niveau Première observation : à 5 ans, les patients
de rémission, et aussi les patients qui ont qui avaient des trajectoires plutôt défavo- • Pina Vegas L, Sbidian E, Goupille P, Kerkal S. Facteurs
un IMC plus bas. rables avaient effectivement des valeurs initiaux associés à la rémission à 5 ans dans la spondyloar-
thrite axiale précoce : données issues de la cohorte DESIR.
Sur le plan des caractéristiques de la ma- moins bonnes sur le plan du BASFI à 5 ans,
SFR 2020 : O.023.
ladie, la présentation de la maladie, les ni- du BASMI à 5 ans, de la SF36 à 5 ans. Donc, • Benattar L, Molto A, Resche-Rigon M, Gossec L. Identifica-
veaux de BASDAI plus bas, le nombre d’ar- le côté fonctionnel, le côté mobilité rachi- tion de trajectoires d’activité dans la spondyloarthrite axiale
ticulations douloureuses également plus dienne et périphérique, également la quali- récente : résultats de la cohorte DESIR. SFR 2020 : O.027.

IMAGERIE

 CONGRÈS DE LA SFR  / La sacro-iliite : une manifestation de la sarcoïdose ?


Pr Alain Saraux
Simon Cadiou a rapporté une étude très seulement 13 % de Löfgren, donc beau- cas de pathologies un peu particulières.
intéressante sur le fait qu’il peut y avoir coup avaient des atteintes qui étaient plus Mais, globalement, la sacro-iliite n’est cer-
ou non une sacro-iliite au cours de la sar- importantes qu’un Löfgren. Les auteurs tainement pas une manifestation commune
coïdose. La question de longue date est de montrent que finalement il n’y avait que de la sarcoïdose.
savoir si c’est une manifestation possible de trois patients qui avaient une sacro-iliite,
la maladie. Le groupe qu’il représente a fait ce qui représente 1,38 % des patients, c’est
une analyse des scanners de patients qui très faible.
ont une sarcoïdose pour chercher si une On peut donc penser que la sacro-iliite n’est
• Cadiou S, Coiffier G, Journeau S et al. Étude structurale
sacro-iliite pouvait être détectée avec une pas réellement une manifestation de la sar- des articulations sacro-iliaques en tomodensitométrie dans
lecture faite par le même auteur. coïdose, mais une spondyloarthrite asso- la sarcoïdose : étude rétrospective monocentrique de 217
Sur 217 patients qui avaient une sarcoïdose, ciée, peut-être fortuitement, ou quelques patients (SISTER). SFR 2020 : PE.277.

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SpA SPONDYLOARTHRITES

 CONGRÈS DE LA SFR  / Prévalence et incidence de l’uvéite antérieure aiguë


dans la spondyloarthrite axiale débutante
Pr Cédric Lukas
Le lien fort entre l’uvéite antérieure aiguë significativement plus de cervicalgies, de • la présence d’une dactylite
et la spondyloarthrite, en particulier dans maladies digestives type Crohn, et leurs • et un score radiographique (syndesmo-
sa forme axiale, est bien connu. La préva- symptômes faisaient plus fréquemment phytes) élevé.
lence habituellement attendue au cours suite à un épisode infectieux. Tous ont été retrouvés plus fréquem-
de la vie d’un patient est estimée à envi- Sur les 91 patients avec uvéite, 60 avaient ment chez les patients avec manifes-
ron 30 %. En revanche, on dispose de peu déjà présenté un épisode avant leur in- tation ophtalmologique. L’absence de
de données concernant sa fréquence clusion dans la cohorte, et 31 ont déve- lien statistique avec le gène HLA-B27
dans les formes récentes de la maladie loppé un épisode de novo. Pour ce qui est possiblement en lien avec la relative
d’une part, et sur les facteurs associés concerne les 31 patients avec au moins faible fréquence de cet haplotype dans
à un risque particulier de survenue chez un premier cas d’uvéite dans les 5 années cette cohorte (environ 60 % des malades
les malades avec une forme débutante. après l’inclusion, l’incidence est estimée B27+), d’autre part avec la rareté de la
Ce travail, mené dans la cohorte française à 1,29/100 patients-année, et la préva- forme radiographique (“spondylarthrite
DESIR de patients avec rachialgie inflam- lence est donc estimée à 18,9 % après ankylosante”) parmi ces patients et en-
matoire récente, dont la plupart évolue- 5 ans de suivi. Il est intéressant de noter fin par le poids important conféré par ce
ront vers une spondyloarthrite axiale, que la répartition des événements au gène dans le diagnostic de la maladie,
s’est intéressé à décrire et analyser les cours du temps paraît assez homogène. ce dernier étant, lui, retrouvé très forte-
cas d’uvéites antérieures aiguës observés Les éléments associés à la survenue ment associé à la survenue d’une uvéite.
pendant les 5 premières années de suivi d’une uvéite ont alors été analysés et ce
de ces malades. Il avait déjà été rapporté sont :
un taux de 8,5 % de malades ayant déjà • le diagnostic retenu de spondyloar-
présenté au moins un épisode au mo- thrite, • Wendling D, Prati C, Lequerré T et al. Uvéite dans la
ment de leur inclusion. Ces patients avec • le niveau d’inflammation sacro-iliaque spondyloarthrite récente : données à 5 ans de la cohorte
atteinte ophtalmologique présentaient en IRM, nationale DESIR. SFR 2020 : O.022.

THÉRAPEUTIQUE

 ACR  / Efficacité de l’anakinra dans la maladie de Still : un essai randomisé double aveugle
Pr Alain Saraux
De nombreux arguments laisse penser que un groupe traité par anakinra (2 ou 4 mg/ donc on démontre l’efficacité indiscutable
l’anakinra, un anti-IL-1, est très efficace kg) versus placebo, les patients ayant donc de l’anti-IL-1 dans cette population. Tous les
dans la maladie de Still de l’enfant comme la possibilité d’avoir le traitement si jamais patients du groupe placebo après le suivi
de l’adulte. Il est donc difficile aujourd’hui c’était nécessaire pour le groupe placebo. pour l’objectif principal ont malgré tout été
de faire des essais double aveugle versus Ils étaient considérés comme en échec si switchés pour avoir le traitement par ana-
placebo chez des patients qui ont tout de jamais la fièvre persistait et qu’ils ne s’amé- kinra lui-même. Ce qui montre bien que le
même des maladies assez sévères avec lioraient pas. placebo ne marche pas dans la maladie de
cette molécule. Pourtant, tant qu’il n’y aura Le nombre de patients inclus est assez Still. Il existe donc désormais au moins une
pas d’essais de bonne qualité montrant faible, puisque finalement il n’y a eu que étude double aveugle démontrant l’efficaci-
l’efficacité du produit versus placebo, il douze patients randomisés, huit enfants et té de l’anakinra de façon randomisée avec
sera très difficile d’obtenir un rembourse- quatre adultes, mais l’analyse a été faite sur une efficacité indiscutable.
ment. Pour les maladies rares, on peut se l’ensemble de la population. Il a pu être mon-
contenter parfois de tout petits effectifs tré que tous les patients du groupe traité
pour conclure et cela a été l’objectif de Lau- par anakinra ont eu l’objectif principal rem-
• Schanberg L, Nigrovic P, Cooper A et al. A Randomized,
ra Schanberg qui a fait une étude nommée pli contre aucun du groupe placebo. Ce qui Double-Blind, Placebo-Controlled Study of Anakinra in
anaSTILLS et qui avait pour objectif de confirme bien que même sur un tout petit Pediatric and Adult Patients with Still’s Disease. ACR 2020 :
juste vérifier la disparition de la fièvre dans effectif, on a une différence caricaturale et 1633.

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THÉRAPEUTIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Le filgotinib, un JAK inhibiteur avec une efficacité prolongée


dans le rhumatisme psoriasique
Pr Laure Gossec
Plusieurs nouvelles possibilités thérapeu- ouvert, tous les patients recevaient le fil- pendant le suivi en ouvert chez certains pa-
tiques sont apparues dans le rhumatisme gotinib 200 mg, une fois par jour, per os. On tients qui n’avaient pas répondu de façon
psoriasique, en particulier, deux nouveaux peut noter que l’immense majorité des pa- complète au traitement dans la phase ran-
Jak sont en cours de développement, en tients a souhaité poursuivre le traitement domisée contrôlée.
plus du tofacitinib qui a déjà l’AMM. Il s’agit en ouvert puisque, sur les 124 patients qui Les nouveaux JAK inhibiteurs, et en par-
de l’upadacitinib d’une part et du filgotinib ont terminé l’essai EQUATOR, 122 ont inté- ticulier le filgotinib, seront sans doute des
d’autre part. L’efficacité du filgotinib, un in- gré le suivi en ouvert EQUATOR2 et, à 1 an, options thérapeutiques intéressantes dans
hibiteur sélectif de JAK 1, a été démontrée seulement 11 patients, donc 9 %, avaient le rhumatisme psoriasique.
dans l’essai thérapeutique EQUATOR. interrompu leur traitement.
L’extension en ouvert d’EQUATOR, nommée L’efficacité au long cours était tout à fait
• Tasset, Gladman D, Coates L et al. Efficacité à long terme
EQUATOR2, a été présentée pour la durée intéressante avec 85 % de réponses ACR20 du filgotinib (FIL) dans le traitement du rhumatisme
de suivi de 1 an après la partie randomisée et 90 % de basse activité selon le score psoriasique : résultats à S52 de l’étude d’extension en ouvert
contrôlée. Sur cette phase d’extension en PASDAS. On a même noté une amélioration EQUATOR2. SFR 2020 : PE.128.

IMAGERIE

 ACR  / Utilisation des enthésopathies pour détecter précocement


le rhumatisme psoriasique ?
Pr Alain Saraux
Les rhumatologues se posent toujours la fait une étude sur 114 patients psoriasiques périosté et donc un facteur de risque non
question de savoir comment l’on peut pré- pour lesquels ils ont suivi cette méthode négligeable de développer un jour un rhu-
dire que les patients qui ont un psoriasis d’imagerie au niveau des métacarpophalan- matisme psoriasique. Une piste potentielle
développeront un jour un rhumatisme pso- giennes des mains. Ils ont regardé en quoi pour parvenir à la détection précoce en plus
riasique. Le fait d’avoir des arthralgies est cela permettait de prédire que les patients des arthralgies chez les patients qui ont un
un facteur qui peut le prédire, mais existe- développeront un jour un rhumatisme pso- psoriasis.
t-il d’autres éléments ? Une des pistes est riasique. Même en l’absence d’arthralgies,
• Colaco K, Lee KA, Akhtari S et al. Targeted Metabolo-
celle de l’utilisation de l’existence d’enthé- il semble que ce soit bien l’outil le plus utile mic Profiling and Prediction of Cardiovascular Events: A
sopathies que l’on peut mettre en évidence pour prédire que les patients ont déjà un Prospective Study of Patients with Psoriatic Arthritis and
par un scanner. L’équipe de David Simon a phénomène de Köbner au niveau osseux ou Psoriasis. ACR 2020 : 0503.

THÉRAPEUTIQUE

 ACR  / Efficacité et sûreté de l’upadacitinib dans le traitement


de la spondylarthrite ankylosante
Pr Divi Cornec
Une étude sur l’upadacitinib, un inhibiteur l’efficacité observée à 14 semaines est par jour. Donc des données rassurantes
de JAK, a été présentée dans la spondy- maintenue et même améliorée pendant sur l’efficacité à long terme de l’upadaci-
larthrite ankylosante (SA). Il s’agit des ré- l’année qui suit avec des scores ASAS 40 tinib dans la SA.
sultats d’une phase d’extension en ouvert chez plus de 80 % des patients 1 an plus
de l’étude SELECT-AXIS 1 qui a évalué tard et surtout un effet rapide de la mo-
l’upadacitinib contre placebo dans la SA. lécule dans le groupe placebo avec des
• Deodhar A, van der Heijde D, Sieper J et al. Efficacy
L’étude randomisée contre placebo du- taux de répondeurs ASAS 40 un  an plus
and Safety of Upadacitinib in Patients with Active Anky-
rait 14 semaines et 178 patients ont parti- tard qui sont similaires que les patients losing Spondylitis: 1-Year Results from a Randomized,
cipé à l’extension en ouvert de cette étude aient été randomisés initialement dans le Double-Blind, Placebo-Controlled Study with Open-La-
pendant 1 an. Le résultat principal est que bras placebo ou sous upadacitinib 15 mg bel Extension. ACR 2020 : 2023

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IMAGERIE

 ACR  / Faut-il immobiliser les spondylodiscites ?


Pr Alain Saraux & Dr Adrien Le Pluart
Pr Alain Saraux : Avec votre groupe mul- mobilisés. Nous avons remarqué mal- celui qui n’en a pas besoin, auquel cas la
ticentrique vous avez fait une étude ap- gré le faible nombre de patients qui se comparaison des deux groupes pourrait
pelée SPONDIMMO sur l’intérêt ou non compliquent, ceux de ce groupe de pa- ne pas été totalement pertinente car il n’y
d’immobiliser les patients qui ont une tients sans aucun corset rigide ont plus a pas les mêmes patients dans les deux
spondylodiscite. C’est une question qui de complications s’il y a des signes de groupes. Est-ce que vous avez prévu de
est très pertinente et très pratique pour compression à l’IRM. Ce qui nous fait dire faire une analyse qui soit très stratifiée
les rhumatologues, puisque aujourd’hui qu’effectivement, immobiliser l’ensemble en fonction des caractéristiques de dé-
nous ne savons pas exactement ce que des patients n’est peut-être pas néces- part, voire un score de propension pour
nous devons faire. De quoi s’agit-il ? saire comme les recommandations nous compenser ce biais, ou est-ce que vous
le demandent, mais probablement que, allez vous dire que vous pouvez tout de
Dr Adrien Le Pluart : Nous avons fait une lorsqu’il y a des signes de compressions même conclure parce que les patients ne
étude prospective où nous avons recru- à l’IRM, c’est un sous-groupe de patients sont pas si différents au départ ?
té 250 patients atteints de spondylodis- qu’il faut immobiliser.
cites, qui étaient prouvées avec l’ima- Dr A. L. P. : Les patients immobilisés
gerie avec un germe qui a été retrouvé. Pr A. S. : Quand nous immobilisons les sont quand même plus atteints puisque
L’immobilisation dans la spondylodiscite gens, c’est en partie parce que nous les médecins immobilisent les patients
est assez peu étudiée, mais quand même espérons qu’il n’y ait pas de déforma- graves, mais il y a d’énormes différences
très recommandée pour éviter les com- tions vertébrales au décours, ce n’est notamment entre les centres. Certains
plications neurologiques. Dans notre pas uniquement pour les complications centres immobilisent beaucoup, même
étude, la plupart des patients étaient im- neurologiques. Avez-vous pu regarder si les patients qui sont plutôt rassurants car
mobilisés. Il y avait des facteurs associés les images radiographiques montraient ils ont des spondylodiscites peu sévères,
à cette immobilisation, notamment l’âge plus de mauvaises évolutions en termes plutôt lombaires. Et certains centres,
un peu plus jeune, le fait d’avoir des com- de fusions osseuses ou de déformations étonnamment, immobilisent très peu
plications numérologiques initialement, chez les patients qui n’étaient pas immo- même avec des signes de compressions,
et d’avoir des signes de compression à bilisés par rapport aux autres ? même avec des spondylodiscites cervi-
l’IRM, signes de gravité des spondylodis- cales. Donc, finalement, nous avons une
cites. Nous avons vu aussi au cours du Dr A. L. P. : Nous avons effectivement étude très variée et nous avons décidé de
suivi que finalement les patients avec une analyse radiographique au cours du ne pas stratifier plus notre analyse parce
ou sans immobilisation n’avaient pas de suivi à 3 et à 6 mois, que nous n’avons que l’étude n’était pas faite pour ça initia-
différence en termes d’apparition de pas détaillée dans cette étude-ci mais, lement et risquait d’être peu valide.
complications plus tard sur notre suivi le sera probablement dans un deuxième
qui était de 6 mois dans cette étude. Il n’y papier. Nous nous sommes plus concen- Propos recueillis
avait pas de différence ni sur l’apparition trés sur l’évolution clinique et l’évolution par le Pr Alain Saraux
de complications neurologiques, ni sur radiographique nous la laissons pour plus
l’apparition de douleurs, ni sur l’évolution tard.
plus fonctionnelle avec un questionnaire • Le Pluart A, Coiffier G, Darrieutort C et al. “No Benefit
from a Strict Immobilization in Vertebral Osteomyelitis”
que nous avons réalisé au cours du suivi. Pr A. S. : Il est difficile de savoir dans
Vertebral Immobilization and Neurological Com-
Néanmoins, nous avons regardé un peu ce type d’analyse si c’est que le médecin plication in Acute Pyogenic Vertebral Osteomyelitis:
plus précisément dans un sous-groupe est bon et, autrement dit, ne prescrit le SPONDIMMO, a Prospective Cohort of 250 Patients.
de patients qui n’étaient pas du tout repos qu’à celui qui en a besoin et pas à ACR 2020 : 0630.

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RP RHUMATISME PSORIASIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Traitements de seconde intention du rhumatisme psoriasique


et survenue d’événements cardiovasculaires graves
Pr Laure Gossec
Dans le rhumatisme psoriasique (RP), il y a en moyenne 48 ans et 42 % étaient des réalisées qui confirmaient ce résultat.
de nombreux facteurs de risque cardiovas- hommes. La biothérapie la plus utilisée Donc ce travail montre d’une part la possi-
culaires et nos patients sont donc exposés à était l’anti-TNF chez 7 000 patients, donc bilité d’utiliser la base de remboursements
un risque d’événements cardiovasculaires. 77 % de la population d’analyse, puis l’inhibi- du SNDS pour avoir des données sur la to-
Les traitements de fond, les biothérapies, teur de l’IL-17, utilisé chez 12 % de la popula- lérance des traitements et d’autre part un
sont efficaces pour réduire l’inflammation, tion, puis l’inhibiteur de l’IL-12/23 chez 11 % risque global d’événements cardiovascu-
mais on manque de données sur l’effet des et enfin l’aprémilast chez 3 % des patients. laires qui est assez faible, ou en tout cas
biothérapies sur le risque cardiovasculaire. Le risque d’événements cardiovasculaires rassurant, dans cette population avec un
Dans ce travail, l’équipe de Créteil a utilisé les graves a été trouvé chez 51 patients sur risque global à 0,4 % sur une période de
données du Système national des données une durée moyenne de suivi de 10 mois, ce suivi de 10 mois et enfin semble indiquer
de santé (SNDS), c’est-à-dire les rembour- qui correspond à une prévalence de 0,4 % un surrisque chez les patients qui reçoivent
sements via la Sécurité sociale couplés aux pour un événement cardiovasculaire grave un traitement par biothérapie autre qu’un
données d’hospitalisation et de codage, pour ischémique coronarien ou AVC ischémique. anti-TNF. S’agit-il d’une différence physio-
observer le risque d’événements cardiovas- Le risque était le plus bas avec les anti-TNF pathologique en termes des traitements ou
culaires graves, définis comme un syndrome et était significativement plus important est-ce qu’il s’agit de différences en termes
coronarien aigu ou un AVC ischémique, chez avec un odds ratio à 2 chez les patients qui de populations recevant ces traitements ?
les patients atteints de rhumatisme psoria- recevaient un inhibiteur de l’IL-12/23 et à Cette analyse reste à faire.
sique et recevant un traitement de fond ciblé 1,9 chez les patients qui recevaient un inhi-
sur la période 2015 à 2019 en France. biteur de l’IL-17, tandis qu’avec l’aprémilast,
Ils ont trouvé 66 000 patients atteints de mais la population était assez faible, le sur-
• Pina Vegas L, Le Corvoisier P, Penso L et al. Traite-
rhumatisme psoriasique, dont 9 500 étaient risque était à 1,3, mais non significatif.
ments de seconde intention du rhumatisme psoriasique et
de nouveaux utilisateurs d’une biothérapie Les analyses étaient ajustées sur les diffé- survenue d’événements cardiovasculaires graves : étude de
ou d’un traitement ciblé oral. Les patients rences à baseline par un score de propension cohorte en pratique courante à partir des données du SNDS.
qui recevaient un traitement ciblé avaient et différentes analyses de sensibilité ont été SFR 2020 : P.04-A.

THÉRAPEUTIQUE

 ACR  / L’aprémilast : des données en vraie vie


Pr Laure Gossec
L’aprémilast (APR) est une option théra- nir de données d’efficacité par des scores. genre d’étude est toujours difficile à inter-
peutique dans le rhumatisme psoriasique En revanche, on voit que le temps moyen préter, car les patients bio-exposés sont
(RP) qui se donne par voie orale, avec une avant changement du traitement de fond des patients qui ont déjà résisté à des trai-
efficacité moindre que les biothérapies est de 19 mois sous APR versus 30 mois tements et donc sont toujours moins sus-
mais un faible risque infectieux. Deux pré- pour les patients des mêmes cabinets trai- ceptibles de répondre. L’effet indésirable
sentations ont rapporté l’utilisation de l’APR tés par anti-TNF sur la même période. principal a été la diarrhée chez 10 % des
en vraie vie. Tout d’abord, l’étude ARN-TRIO Un second travail présente les données patients environ.
(0365) rapporte l’utilisation de l’APR en ex- d’utilisation en vraie vie de l’APR en Alle- Il semble donc que nos collègues uti-
ploitant les données des dossiers médi- magne (étude LAPS-PsA) (0345). Il s’agit lisent l’APR plutôt avant qu’après biothé-
caux d’un regroupement de 200 rhumato- de 418 patients, qui ont un profil moyenne- rapie, voire en première intention aux
logues de ville aux États-Unis. Les données ment inflammatoire puisqu’ils ont quatre États-Unis, et souvent en monothérapie.
de 581 patients traités entre 2014 et 2019 ou cinq articulations gonflées mais onze
ont été utilisées. Le profil des patients est articulations douloureuses. La durée du
• Wollenhaupt J, Bach C, Roemmler-Zehrer J. Effective-
intéressant, puisqu’on voit que 56 % ont RP est de 17 à 20 ans. Parmi ces patients, ness and Safety of Apremilast in Biologic-Naive versus
reçu ce traitement comme premier trai- une grande majorité, 73 %, sont naïfs de Biologic-Experienced Patients with Psoriatic Arthritis
tement de fond, 22 % après un traitement biothérapie. Les auteurs rapportent une in Real-World Clinical Practice Settings in Germany:
conventionnel comme le méthotrexate, efficacité plus importante chez les pa- Interim Analysis of an Ongoing, Multicenter, Prospective,
Non-interventional Study. ACR 2020 : 0345.
et 22 % après un traitement ciblé ou une tients naïfs de biothérapie avec près de
• Edgerton C, Frick A, Helfgott S et al. Experience with
biothérapie. La moitié des patients a reçu 50 % d’atteinte d’un niveau de base acti- Apremilast in Treatment of Psoriatic Arthritis in US
l’APR en monothérapie. L’exploitation des vité selon MDA à 1 an dans le groupe naïf Clinical Practice; Assessments from Trio Health and the
dossiers médicaux ne permet pas d’obte- versus 14 % dans le groupe bio-exposé. Ce American Rheumatology Network (ARN). ACR 2020 : 0365.

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Best of ACR / Congrès de la SFR
ENVIRONNEMENT

 ACR  / Analyse des facteurs associés aux troubles du sommeil


dans la spondyloarthrite axiale
Pr Cédric Lukas
Rechercher une étiologie potentiellement Parmi les patients actifs sur le plan pro- commune était retenue.
curable chez des patients consultant pour fessionnel, 124 (69 %) dans le groupe Ces résultats confirment par conséquent
une douleur rachidienne chronique, l’ori- “spondyloarthrite axiale” et 52 (70  %) l’importance d’une démarche diagnos-
gine commune étant retenue par défaut, dans le groupe “rachialgie commune” ont tique appropriée systématique en cas de
et en l’absence d’orientation particulière constitué l’échantillon d’analyse. rachialgie chronique, les conséquences
est habituel. Cependant, la démonstration Si la prise en charge thérapeutique de thérapeutiques spécifiques en cas de
du bénéfice sur le plan professionnel de la ces patients a permis d’améliorer tant confirmation d’une spondyloarthrite
mise en évidence d’une spondyloarthrite l’absentéisme (nombre de jours de travail axiale apportant des bénéfices incontes-
axiale dans ces situations restait à faire. Ce manqués) que le présentéisme (manque tables, y compris donc sur le plan profes-
travail mené dans la cohorte néerlandaise d’efficacité au travail) dans l’ensemble de sionnel.
SPACE a évalué l’évolution professionnelle la cohorte de malades, les meilleurs ré-
des sujets inclus sur la base de rachialgies sultats étaient observés dans le groupe
évoluant depuis 3 mois à 2 ans et ayant dé- avec un diagnostic porté de spondyloar- • Anne Boel, Miranda van Lunteren, Karen Fagerli.
buté avant l’âge de 45 ans. Le diagnostic thrite axiale au cours du suivi, avec en Comparison of Work Productivity Outcomes Between
Chronic Back Pain Patients with and Without a Diagno-
nosologique était ensuite déterminé après particulier une amélioration plus impor- sis of Axial Spondyloarthritis After 2-Year Protocolised
réalisation des examens complémentaires tante du présentéisme chez ces derniers Follow-Up: Data from the pondyloarthritis Caught Early
requis, et suivi clinique adapté. par rapport à ceux pour qui une origine Cohort. ACR 2020 : 1871.

RP RHUMATISME PSORIASIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Fréquence du rhumatisme psoriasique en France :


des données récentes
Pr Laure Gossec
L’équipe de Créteil a analysé les données psoriasique avait un âge moyen de 56 ans tique, était utilisé chez 3 % des patients.
du Système national des données de san- et 46 % étaient des hommes. On peut Ces résultats viennent d’une part, et pour
té (SNDS) qui regroupe les données de noter en termes d’autres manifestations la première fois dans le champ du rhuma-
codage des hôpitaux par le CIM 10 et les du spectre des spondyloarthrites que tisme psoriasique, montrer l’utilisation
données de dépenses de santé du SNII- 42 % avait un psoriasis actif puisqu’ils possible des données de remboursement
RAM couvrant 99 % de la population fran- recevaient des traitements topiques, 4 % de soins français. D’autre part, ceux-ci
çaise. L’objectif de cette analyse était de avaient un code pour une maladie inflam- confirment la prévalence relativement
regarder l’incidence et la prévalence du matoire chronique intestinale et 0,1 % un faible de ce rhumatisme en France avec
rhumatisme psoriasique en France et code pour une uvéite ayant menée à une une prévalence à 0,1 %. Et enfin, ils ap-
les traitements utilisés. En analysant les hospitalisation. portent des éléments concernant les
données de 2015 à 2019, les auteurs ont Les trois comorbidités les plus fré- comorbidités avec essentiellement des
trouvé 63 598 cas de rhumatisme pso- quentes dans les risques cardiovascu- éléments de comorbidités cardiovas-
riasique selon le codage CIM 10, l’hospi- laires étaient l’hypertension à 22 %, le culaires comme cela a déjà été décrit. Il
talisation pour ce motif ou une affection diabète à 12 % et la dyslipidémie à 9 %. À est important pour nos patients de s’in-
de longue durée. Ce qui mène à une pré- noter que l’obésité n’a pas pu être collec- téresser à ces facteurs de risque cardio-
valence de 0,1 % et une incidence sur la tée en tant que telle puisqu’elle ne figure vasculaires et de corriger ceux qui sont
période d’analyse de 8,4 pour 100 000 pa- pas comme un code. Nous n’avons pas corrigeables.
tients-année. Ceci correspond à peu de donnée de sévérité dans cette popu-
près à la prévalence précédemment dé- lation, mais on voit que 26 % recevaient
crite sachant qu’il s’agit ici des cas les un traitement conventionnel de fond,
plus sévères de rhumatisme psoriasique dont le méthotrexate à 71 % ; que 30 %
puisque ce sont les patients qui ont été recevaient un traitement de fond par
• Pina Begas L, Sbidian E, Penso L, Claudepierre P.
hospitalisés ou qui sont en affection de biothérapie, dont le plus fréquent était Étude épidémiologique du rhumatisme psoriasique en
longue durée. l’adalimumab chez 36 % d’entre eux et France : étude de cohorte en pratique courante à partir
La population atteinte de rhumatisme que l’aprémilast, traitement ciblé synthé- des données du SNDS. SFR 2020 : P.04-B.

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THÉRAPEUTIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Effet du nintédanib sur la progression de la pneumopathie interstitielle


diffuse chez des patients atteints d’une PID associée à une maladie auto-immune
Pr Divi Cornec
Le nintédanib est un traitement anti-fibro- développé ≥ 1 exacerbation aiguë de pneu- patients atteints d’une PID associée à une
sant qui est disponible sur le marché pour mopathie interstitielle diffuse (PID) ou sont maladie auto-immune fibrosante progres-
les patients atteints de fibrose pulmonaire décédés et 40,2 % et 53,4 % ont eu une sive. Les effets secondaires sont malgré
idiopathique. Son efficacité dans les pneu- progression de la maladie ou sont décédés. tout fréquents (notamment diarrhées), né-
mopathies fibrosantes secondaires aux La diarrhée a été l’événement indésirable cessitant l’arrêt du traitement chez près
maladies auto-immunes (principalement le plus fréquent, avec des taux d’incidence d’un patient sur cinq. La place de cette
PR, sclérodermie, connectivite mixte, Sjög- de 139,2 et 26,3 événements pour 100 pa- molécule dans le traitement des atteintes
ren) a été évaluée dans cette analyse en tients–année dans les groupes respecti- pulmonaires fibrosantes chez nos patients
sous-groupe de l’étude INBUILD. vement nintédanib et placebo. Les événe- atteints de maladies auto-immunes systé-
170 patients ayant une maladie auto- ments indésirables ont entraîné l’arrêt du miques reste donc à définir.
immune sous-jacente ont été randomisés traitement chez 20,7 % des patients (ninté-
entre nintédanib et placebo pendant 52 se- danib) et 13,6 % des patients (placebo). • Allanore Y, Matteson E, Kelly C et al. Effet du nintédanib
sur la progression de la pneumopathie interstitielle diffuse
maines. Respectivement dans les groupes Le nintédanib semble donc avoir un effet (PID) chez des patients atteints d’une PID associée à une
nintédanib et placebo, 9,8 % et 12,5 % des cliniquement significatif sur le ralentisse- maladie auto-immune : données complémentaires de l’étude
patients sont décédés, 12,2 % et 20,5 % ont ment de la progression de la PID chez les INBUILD. SFR 2020 : O.040.

IMAGERIE

 ACR  / Lecture d’IRM dans la SPA : quels critères de diagnostic ?


Pr Alain Saraux
Dans la spondyloarthrite, interpréter l’IRM anomalies peuvent se voir dans les deux de zones atteintes est certainement un
peut être compliqué du fait de la possibi- groupes et il faut trouver un cut-off qui point important pour séparer le sujet
lité d’anomalie chez des patients qui n’ont permette de mieux trancher. ayant une pathologie mécanique du sujet
pas de spondyloarthrites, et donc qui sont L’ASAS s’est intéressé à cette question et qui a une spondyloarthrite.
des témoins malheureusement avec une Walter a présenté un travail qui émane du Deux communications abordaient l’intelli-
image pathologique, ce qui peut engendrer groupe IRM de l’ASAS et qui a demandé à gence artificielle (IA), notamment celle de
des erreurs thérapeutiques. À l’inverse, il huit lecteurs de lire des IRM et de tran- Denis Poddubnyy (2018) mais aussi celle de
y a des patients qui ont une spondyloar- cher pour dire si les patients avaient ou l’équipe parisienne de Maxime Dougados
thrites sans anomalie visible. La question non, selon eux, des images compatibles (1879). Elles ont montré que l’IA va peut-
qui est posée à chaque fois c’est de savoir avec une spondyloarthrite. Il a été consi- être pouvoir régler ce problème, faire une
où nous devons mettre le seuil de normali- déré qu’il y avait une spondyloarthrite si lecture automatisée des sacro-iliaques et
té et d’anormalité selon le contexte ? au moins quatre lecteurs étaient d’ac- évaluer combien il y a de cadrans atteints
Sophie Hecquet, de l’équipe de Be- cord pour le dire, quatre sur sept quand il et de coupes pathologiques, ce qui per-
sançon, a présenté la comparaison de y en avait sept. Et plutôt que de juger sur mettra de faire des analyses beaucoup
200 IRM avec 96 qui appartenaient à des deux coupes consécutives avec une ano- plus fines et de simplifier probablement la
patients avec une spondyloarthrite et malie, c’est par un nombre de cadrans pa- vie des rhumatologues.
104 à des individus qui avaient des pa- thologiques sur les cadrans de lecture de
thologies mécaniques pour lesquelles l’IRM. Nous pourrions donc imaginer que • Hecquet S, Lustig JP, Verhoeven F et al. Frequency and
ils avaient une IRM et n’avaient pas de finalement il faut avoir une érosion dans Anatomic Distribution of Magnetic Resonance Imaging
spondyloarthrites. Globalement, il y a une trois cadrans, un œdème dans quatre ca- Lesions in the Sacro-iliac Joints of Healthy Subjects and
Patients with Spondyloarthritis. ACR 2020 : 1535.
érosion chez à peu près 31 % des sujets drans, et une lésion graisseuse dans cinq
• Bressem KK, Vahldiek J, Adams A et al. Development
sains, et 61 % des patients qui ont une cadrans de l’IRM des sacro-iliaques, pour and Validation of an Artificial Intelligence Approach for
spondyloarthrite, un œdème chez 21 % pouvoir dire que c’est pathologique. C’est the Detection of Radiographic Sacroiliitis. ACR 2020 :
des sujets sains, et 65 % des patients important, d’autant que finalement selon 2018.
qui ont une spondyloarthrite, et des lé- la zone étudiée, ce ne sont pas exacte- • Aouad T, Lopez-Medina C, Molto A. Development of
a Deep Learning Algorithm to Predict Positive MRI of
sions graisseuses chez 23 % des sujets ment les mêmes : la zone qui est la plus the Sacroiliac Joints According to the ASAS Definition
sains contre à peu près 35 % du groupe antérieure étant la plus affectée par les in Patients with Recent Axial Spondyloarthritis. ACR
spondyloarthrite. Autrement dit, des pathologies mécaniques. Et le nombre 2020 : 1879.

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IMAGERIE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Cohorte DIGICOD : l’atteinte des articulations métacarpophalangiennes


est une localisation fréquente dans l’arthrose digitale
Pr Alain Saraux
Alice Courties et Jérémie Sellam ont pré- ou une hémochromatose. Alors, c’est vrai, qu’au niveau des métacarpophalangiennes
senté les premiers résultats de la cohorte mais chez les patients inclus dans cette sur lesquelles ils le sont assez peu.
DIGICOD, cohorte monocentrique faite à cohorte, ces pathologies étaient exclues. Il s’agit donc d’une nouvelle cohorte qui nous
l’hôpital Saint-Antoine, sous la férule du Et même quand on considère que les pa- permettra de faire beaucoup d’études ulté-
Pr Francis Berenbaum, qui a permis d’in- tients n’ont pas ces pathologies-là, l’at- rieurement. Il y a eu en même temps, sur des
clure 426 patients, ayant une arthrose des teinte n’est pas si rare, puisque, finalement, éléments déclaratifs, le fait que les patients
doigts, ce qui est globalement assez rare il a été retrouvé une atteinte des premier et ont une arthrose associée de hanches, de
comme type de cohorte. Les patients ont deuxième rayons de façon assez fréquente genoux à cette arthrose de mains. Donc,
été inclus et devront être suivis pendant dans cette population de patients, plus du beaucoup de résultats à attendre dans
6 ans. Pour l’instant, seulement une partie côté dominant. Il y avait beaucoup moins l’avenir, à la fois radiographiques, cliniques,
a eu un suivi prospectif, les inclusions ont d’atteintes érosives que sur les autres sites. génétiques, biologiques, sur cette belle co-
été faites, mais le suivi continue. Il y a 84 % Ce qui ressort c’est que ce sont les patients horte DIGICOD.
de femmes dans cette cohorte, avec en- qui ont les professions les plus manuelles
viron 13 ans d’ancienneté. Non seulement qui ont une atteinte des métacarpopha-
on voyait comment est faite la cohorte langiennes. Souvent, ils sont plus vieux, ils • Kouki I, Tuffet S, Crema M et al. L’atteinte des arti-
DIGICOD, mais surtout quelles sont les ca- ont une arthrose plus ancienne, mais sont culations métacarpophalangiennes est une localisation
ractéristiques des atteintes des métacar- plutôt moins douloureux que les autres. Ce fréquente au cours de l’arthrose digitale : résultats de la
cohorte DIGICOD. SFR 2020 : P.08A.
pophalangiennes. Classiquement, on dit n’est pas un marqueur de gravité en termes
• Sellam K, Maheu E, Crema M et al. DIGICOD, première
que l’atteinte des métacarpophalangiennes de symptômes, même si les patients ont cohorte française de patients souffrant d’arthrose digitale :
n’est pas une arthrose banale et qu’il faut plutôt plus d’arthroses, puisqu’ils ont plus méthodologie et description de la population d’inclusion.
rechercher s’il y a une chondrocalcinose de synovites et sont plus érosifs ailleurs SFR 2020 : P.08B.

THÉRAPEUTIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Bursites prépatellaires : quelle prise en charge ?


Pr Alain Saraux
La prise en charge des bursites prépatel- cloxacilline, enfin une pénicilline M, éven- Il est donc possible de dire que l’origine in-
laires olécraniennes n’est pas très bien co- tuellement associée à un aminoside. Seu- fectieuse représente la majorité, voire les
difiée actuellement et on se pose toujours lement 6 % des patients ont été opérés au deux tiers des cas. Dans cette majorité
la question de savoir s’il faut ponctionner, total. infectieuse, c’est presque toujours un sta-
mettre un antibiotique, opérer. Deux com- Dans la série de l’ouest, qui est plus im- phylocoque ou un streptocoque, presque
munications ont répondu à cette question. portante en volume avec 272 patients qui toujours quelque chose qui est sensible à
La première, par Frédéric Banal, qui rap- avaient tous une origine infectieuse, c’est le l’amoxicilline + acide clavulanique, qui pour-
porte les résultats de la prise en charge des staphylocoque qui domine avec 57 %, mais rait être dans la grande majorité des cas le
bursites à l’hôpital Bégin à Paris ; et la deu- il y a quand même 35 % de streptocoques. traitement de première intention, en atten-
xième, par Laurie Charret, du Consortium Donc, on ne peut pas dire qu’on se limite aux dant le résultat de la ponction ; la chirurgie
de l’ouest qui a colligé des cas de bursites staphylocoques quand on les traite, mais étant nécessaire surtout quand il y a des fac-
traitées dans les différents CHU de l’ouest 95 % de l’ensemble de ces germes étaient teurs de mauvais pronostic ou des comorbi-
et hôpitaux en général. sensibles à l’association amoxicilline - acide dités ou quand cela persiste bien entendu.
Dans la série de Frédéric Banal, qui ne clavulanique et les patients étaient traités
présage pas de l’origine infectieuse, sur en moyenne pendant 21 jours.
88 patients, on peut dire qu’un tiers des pa- Il y a eu un petit peu plus de chirurgie dans
tients n’a pas eu de germes, deux tiers en l’ouest que pour l’équipe parisienne puisque • Faudemer M, Verron R, Sidibe M et al. Bursites olécra-
avaient. Dans ceux qui avaient un germe, 26 % des patients ont été opérés. Il est in- niennes et prépatellaires : une étude rétrospective sur 88
patients. SFR 2020 : PE.206.
c’était essentiellement un staphylocoque téressant de noter que la durée d’antibio- • Charret L, Bart G, Cormier G et al. Prise en charge des
doré, et dans la très grande majorité, il était thérapie était de 14 jours chez les patients bursites septiques dans la région ouest de la France : étude
sensible à la méticilline. Donc la majorité opérés contre 21 jours chez ceux qui ne rétrospective multicentrique sur 272 patients. SFR 2020 :
des patients a été traitée par oxacilline ou l’étaient pas. O.079.

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ENVIRONNEMENT

 ACR  / Effets du tabagisme passif sur le risque de développement


de la polyarthrite rhumatoïde
Pr Cédric Lukas
Le lien entre le tabagisme actif et le dé- - et exposition, passive toujours, mais à association demeurait, y compris après
veloppement de la polyarthrite rhuma- l’âge adulte. ajustement pour le tabagisme actif, à
toïde (PR), en particulier séropositive, est Parmi les 90 923 femmes suivies, l’âge adulte. Seul le tabagisme passif au
parfaitement connu de la communauté 532  nouveaux cas de PR ont été identi- cours de l’âge adulte, après ajustement
rhumatologique, et de mieux en mieux fiés, dont 352 séropositives. Parmi ces sur le tabagisme personnel, n’était pas
par les patients et leurs apparentés. L’in- dernières, 25 % avaient subi une expo- retrouvé associé au risque de développer
cidence éventuelle du tabagisme passif sition fœtale, 64 % pendant l’enfance la maladie. Tous ces résultats confortent
en revanche n’a été que très peu étu- et 44 % en vivant à l’âge adulte avec un encore l’hypothèse du lien physiopatho-
diée. C’est désormais chose faite grâce conjoint fumeur. Après ajustements mul- logique entre tabagisme et développe-
à ce travail mené sur la célèbre cohorte tiples, l’exposition fœtale restait asso- ment de la PR, et nous offre -  si besoin
NHS d’infirmières américaines. À côté ciée à un risque significativement majoré était - un argument supplémentaire pour
des nombreux facteurs de risque déjà de développer la maladie (HR 1,25 [IC95% préserver les jeunes enfants de cette in-
connus, le tabagisme passif a été évalué 1,03-1,52]). Cette association était en- toxication involontaire.
en le répartissant en trois catégories : core plus marquée dans la forme séropo-
- exposition fœtale pendant la grossesse sitive de la maladie (HR 1,34 [1,06-1,70]).
• Yoshida K, Wang J, Malspeis S et al. Passive Smoking
de la mère, Le tabagisme passif au cours de l’enfance Throughout the Life Course and the Risk of Incident
- exposition pendant l’enfance (avant augmentait également le risque de PR Rheumatoid Arthritis in Adulthood Among Women. ACR
18 ans) séropositive (HR 1,41 [1,08-1,83]), et cette 2020 : 1000.

SpA SPONDYLOARTHRITES

 CONGRÈS DE LA SFR  / Est-il raisonnable de diminuer les doses d’anti-TNF-α


après obtention de la rémission dans la spondyloarthrite axiale ?
Pr Cédric Lukas
La pratique clinique quotidienne et des tés pendant 48 semaines en ouvert par Parmi les patients passés sous placebo,
études antérieures ont clairement dé- du certolizumab à la posologie habituelle, et retraités par certolizumab lors de leur
montré que l’arrêt brutal d’un anti-TNF et ceux d’entre eux qui ont atteint un ni- rechute, 63,4 % ont pu obtenir une récu-
chez un patient y ayant initialement très veau de très faible activité persistante (au pération du faible niveau d’activité. À no-
bien répondu occasionne dans la grande moins deux visites avec ASDAS-CRP < 1,3) ter un taux de rattrapage similaire dans le
majorité des cas une rechute de sa ma- ont alors été randomisés entre trois bras. groupe de malades dont la posologie avait
ladie. Une diminution progressive des Soit le traitement était poursuivi sans été réduite de moitié et chez qui le retour
posologies en revanche semble une modification (200 mg toutes les 2 se- à la pleine dose a également permis, dans
option raisonnable, même si, comme il maines), soit la posologie était réduite de 60 % des cas, d’atteindre un faible niveau
a été observé dans les études RE-EM- moitié (200 mg toutes les 4 semaines), d’activité ASDAS.
BARK (avec l’étanercept) et ABILITY-3 soit le traitement actif était arrêté (injec- Ce travail conforte donc l’idée de la pos-
(avec l’adalimumab), un certain nombre tions de placebo), ceci en aveugle pour le sibilité, avec un niveau de risque accep-
de patients (respectivement 76 et 53 % patient comme l’investigateur. 43 % des table, d’alléger le traitement anti-TNFα
dans les 40 semaines) vont rechuter et, malades traités ont atteint ce faible ni- après avoir obtenu une rémission cli-
surtout, ne pas répondre favorablement veau d’activité, et ont pu être randomisés nique, avec toutefois un certain nombre
à la reprise du traitement à dose pleine : dans les trois bras. Au cours des 48 se- de malades qui présenteront une rechute
respectivement 38 et 43 % ne récupèrent maines de suivi après cette adaptation et chez qui le retour aux pleines posolo-
pas le niveau de rémission après au moins thérapeutique, la très grande majorité gies ne garantira pas forcément la récu-
3 mois de retraitement dans ces deux es- des malades ayant poursuivi le certoli- pération de la rémission.
sais thérapeutiques. Cette étude permet zumab n’a pas rechuté (83,7 % lorsque le
de répondre plus précisément encore à traitement était poursuivi sans change- • Landewé R, Van Der Heijde D, Dougados M et al. Le
genre, l’âge ou la sous-population influencent-ils le
cette problématique : 736 patients avec ment, 79 % lorsqu’il était réduit de moitié). maintien de la rémission clinique dans la spondyloar-
spondyloarthrite axiale radiographique ou En revanche 79,8 % des patients passés thrite axiale après une réduction de la dose de certolizu-
non radiographique ont d’abord été trai- sous placebo ont présenté une rechute. mab pegol ? SFR 2020 : PE.119.

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Best of ACR / Congrès de la SFR

IMAGERIE OSTÉO­POROSE

 ACR  / Effet des anti-TNF sur l’évolution radiographique  CONGRÈS DE LA SFR  /


rachidienne : visible après 4 ans de suivi L’ostéoporose n’est
Pr Alain Saraux pas une caractéris-
tique fréquente des
On se pose toujours la question de savoir entre un groupe traité par anti-TNF et un patients avec une
si les anti-TNF empêchent la progression groupe qui ne l’est pas. À l’inverse, quand
mastocytose
radiographique au cours de la spondy- on prend des patients qui étaient traités
loarthrite. Et il est communément admis par anti-TNF les 2 ans précédents, leur systémique
que c’est probablement le fait d’inhiber évolution est nettement moins impor- prédiagnostique
les érosions nouvelles, mais de laisser tante que le groupe qui n’a pas d’anti-TNF. Pr Divi Cornec
s’installer une cicatrisation et donc éven- Cela veut dire que si l’on veut évaluer l’ef-
tuellement un syndesmophyte, qui fait ficacité d’un traitement sur l’évolution ra- Lors du bilan d’une ostéopo-
qu’au total on a l’impression que, quand on diographique en termes de SASS, c’est-à- rose atypique ou sévère, nous
suit les patients pendant 2 ans, il n’y a pas dire au niveau axial de la spondyloarthrite, recherchons des arguments
réellement de bénéfice radiographique il faut normalement faire un suivi de 4 ans pour une cause d’ostéoporose
observé avec les anti-TNF au niveau axial. pour juger de l’efficacité sur l’évolution ra- secondaire. Parmi celles-ci, la
Denis Poddubnyy a étudié, dans la co- diographique d’un traitement. mastocytose systémique (MS)
horte GESPIC, 266 patients pour lesquels est une maladie rare mais qui
on avait les caractéristiques les 2 ans peut parfois se présenter sous
avant d’être inclus, puis les caractéris- un masque exclusivement rhu-
• Poddubnyy D, Rodriguez VR, Torgutalp M et al. A matologique. Il n’est cependant
tiques les 2 ans après. Les auteurs ont
Delayed Effect of Tumor Necrosis Factor Inhibitors on
pu montrer que chez des patients pour Radiographic Spinal Progression in Patients with Axial
pas clair si l’ostéoporose est
lesquels on initie les anti-TNF, l’évolution Spondyloarthritis: Long-term Results from the German une manifestation précoce ou
à 2 ans n’a pas de grandes différences Spondyloarthritis Inception Cohort. ACR 2020 : 1370. plutôt tardive au cours de cette
maladie.
L’équipe du CEntre de REfé-
rences des MASTocytoses du
CHU de Toulouse a analysé une
cohorte de 197 patients ayant
THÉRAPEUTIQUE un diagnostic de MS et 28 pa-
tients avec une symptomatolo-
gie compatible, mais qui malgré
 ACR  / Efficacité du sécukinumab dans le traitement un bilan exhaustif retrouvant
de la spondylarthrite ankylosante selon l’exposition des critères de MS, ne pré-
préalable aux anti-TNF-α sentent pas suffisamment de
Pr Divi Cornec critères pour établir le diagnos-
tic (concept de pré-MS).
Les résultats d’une étude s’intéressant à l’ef- patients arrêtent le traitement par sécukinu- Cette étude montre que la po-
ficacité du sécukinumab dans le traitement mab au cours de la première année dans le pulation des pré-MS présente
de la spondylarthrite ankylosante selon l’ex- groupe naïfs d’anti-TNF-α contre 30 à 40 % une fréquence moins élevée
position préalable aux anti-TNF-α ont été chez les patients qui ont préalablement reçu d’ostéoporose que les MS (15 %
présentés. Il s’agit d’une étude en vie réelle des anti-TNF-α. Ces données de vraie vie vs 34 %, p = 0,02), et que la pré-
menée dans un registre prospectif multi- confirment que le sécukinumab a une effi- sence d’une fragilité osseuse au
centrique allemand, AQUILA, et au sein du- cacité dans la spondylarthrite axiale chez les sein des pré-MS est associée à
quel environ 300 patients atteints de spon- patients qu’ils aient ou non été traités par an- l’existence de facteurs de risque
dylarthrite ankylosante ont été traités par ti-TNF-α auparavant et montrent des diffé- additionnels d’ostéoporose.
sécukinumab. Parmi eux, une trentaine de rences numériques pour une efficacité plus L’ostéoporose ne semble donc
pour-cent n’avaient jamais reçu d’anti-TNF-α grande et une meilleure rétention du traite- pas une manifestation particu-
préalablement, 25 % en avaient reçu un seul, ment chez les patients naïfs d’anti-TNF-α. lièrement précoce au cours de
et un peu moins de la moitié des patients en la MS.
avait reçu au moins deux. Parmi ces trois
• Degboé Y, Jendoubi F, Couture G et al.
groupes de patients, on observe une effica- L’ostéoporose n’est pas une caractéristique
cité du sécukinumab sur l’activité de la ma- fréquente des patients avec une mastocytose
ladie et cette amélioration de l’activité de la • Kiltz U, Brandt-Jürgens J, Kästner P et al. How Do
systémique prédiagnostique. SFR 2020 :
TNF-alpha-Inhibitors in Medical History Affect Patient
maladie est numériquement plus élevée chez Reported Outcomes and Retention in Ankylosing Spondylitis
O.142.
les patients naïfs d’anti-TNF-α. Concernant Patients Treated with Secukinumab in Real World? – German
la rétention du traitement, environ 20 % des Observational Study. ACR 2020 : 0354.

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Best of ACR / Congrès de la SFR
ENVIRONNEMENT

 CONGRÈS DE LA SFR  / Lien entre densité volumique osseuse et événements cardiovasculaires


Pr Cédric Lukas
Les associations entre les ostéopathies d’Agaston). S’il avait déjà été montré une risque complémentaire d’observer des cal-
fragilisantes et la survenue d’événements association inverse entre densité trabécu- cifications coronariennes, surtout chez les
cardiovasculaires sont connues, avec des laire au rachis et importance de ces calci- femmes, y compris après ajustement sur
taux d’incidence de fracture supérieurs fications coronaires, le lien avec la densité les facteurs de risque classiques (âge, sexe,
après un infarctus du myocarde ou un AVC corticale restait inconnu. IMC, statut ménopausique, tabac, diabète,
d’une part, et d’autre part l’association entre Sur les 1 060 patients inclus, d’âge moyen hypertension artérielle, dyslipidémie, anté-
faible DMO et risque cardiovasculaire. autour de 60 ans et pour moitié environ cédents familiaux cardiovasculaires et acti-
Un autre critère d’évaluation de l’état os- de sexe féminin, il est alors retrouvé une vité physique).
seux, complémentaire de la DMO, est la association positive entre le score de cal- Même s’il s’agit là d’une étude transversale,
densité volumique, mesurée par scanner cification coronaire et la densité corticale et que seules les calcifications corona-
quantitatif. Elle s’évalue sur le versant (score plus souvent anormal chez les pa- riennes ont pu être analysées (présence et
trabéculaire (sur un corps vertébral), et sur tients avec densité corticale plus élevée), importance des plaques non disponibles),
le versant cortical (en général au niveau de et par ailleurs une association inverse entre il semble que la densité volumique osseuse
la diaphyse fémorale). la densité trabéculaire et l’importance des puisse apporter une information prédictive
Ce travail, mené sur une cohorte de sujets calcifications coronariennes. Ces asso- complémentaire sur la survenue de corona-
suédois âgés de 50 à 64 ans et recrutés sur ciations, observées numériquement dans ropathies.
la base du volontariat entre 2012 et 2018, les deux sexes, s’avéraient significatives
• Funck-Brentano T, Grahnemo L, Hjelmgren O et al.
a évalué le lien entre densité trabéculaire uniquement chez les femmes. Le rapport Associations entre les densités osseuses trabéculaires ou
et présence et importance des calcifica- densité corticale sur trabéculaire plus éle- corticales et les calcifications coronaires : l’étude pilote
tions coronariennes (mesurées par le score vé semble alors constituer un facteur de SCAPIS. SFR 2020 : P.06.

DIAGNOSTIC

 ACR  / Anticorps anti-myéloperoxydase : infection ou vascularite ?


Pr Alain Saraux
En cas de découverte d’anticorps an- ont identifié 595 abstracts qui ont permis pyogènes, au premier rang duquel une
ti-myéloperoxydase, anti-MPO, il est im- de retrouver 17 cas cliniques dans les- endocardite à staphylocoque doré. Donc,
portant pour le clinicien de savoir si ce quels, manifestement, c’était l’infection quand on retrouve des anti-MPO, il faut
sont des anticorps induits par une infec- qui était responsable de cette présence éliminer une infection et savoir que des
tion ou des anticorps dans le cadre d’une d’anticorps. Sur ces 17 cas, 41 % ont été virus comme des mycobactéries ou des
vascularite qui débute. Et particulière- considérés comme une polyangéite mi- pyogènes peuvent les induire et qu’il faut
ment chez un patient qui a un tableau croscopique, 42 % comme une vascula- les traquer avant de retenir que le dia-
aigu, éventuellement fébrile, peut-être rite associée à la présence d’anti-MPO, gnostic définitif est celui d’une vascula-
une protéinurie, des signes qui peuvent et 17 % comme une glomérulonéphrite rite qui, pour autant, peut être induite par
aussi bien se voir dans une pathologie associée à la présence d’anti-MPO. En un tableau infectieux.
infectieuse que dans une pathologie type termes de germes à l’origine de ces an-
vascularite. Konstantinos Parperis et ticorps, on retrouve au premier chef
al. ont fait une revue systématique de la des virus, essentiellement l’Epstein-Barr
littérature pour rechercher tous les cas virus, le CMV et la dengue. Au deuxième
• Parperis K, Kakoullis L, Papachristodoulou E, Panos
cliniques qui ont été publiés de présence rang, on retrouve des mycobactéries, G. Infection-induced MPO-ANCA Associated Vasculitis:
d’anti-MPO induits par une infection. Ils dont le premier est Mycobacterium A Systematic Review of Published Case Reports. ACR
ont regardé sur PubMed et sur Scopus et avium. Enfin, le troisième, ce sont des 2020 : 622.

23
Best of ACR / Congrès de la SFR

SpA SPONDYLOARTHRITES

 ACR  / Facteurs associés à la perte d’emploi dans la spondyloarthrite axiale


Pr Cédric Lukas
La spondyloarthrite axiale comporte, parmi sociés à une perte d’emploi chez 323 pa- - et le tabagisme qu’il soit actif ou passé
ses conséquences sur la vie quotidienne tients atteints de spondyloarthrite axiale, (HR : 4,9 [1,3-18,0], p = 0,02).
du patient, un risque de perte d’emploi, radiographique ou non radiographique, On perçoit donc par l’intermédiaire de ce
occasionné autant par les symptômes en- dont 219 étaient en âge et situation de tra- travail les effets partagés du contexte so-
gendrés que par les répercussions fonc- vailler. Parmi ces derniers, 47 (22 %) ont dû cio-professionnel, du phénotype de la ma-
tionnelles, sur le plan physique comme psy- quitter leur emploi, dont 35 suite à un licen- ladie ainsi que des facteurs environnemen-
chologique, de la maladie. ciement et 12 par mise en invalidité, après taux, ce qui conforte l’importance d’une
Malgré l’amélioration de la prise en charge une durée médiane de maladie de 12 ans. prise en charge globale du patient, tant sur
thérapeutique, ce risque professionnel de- Plusieurs éléments ont alors été retrouvés les versants rhumatologiques que plus gé-
meure, mais les facteurs qui l’engendrent significativement et indépendamment as- néralement médico-sociaux.
plus particulièrement restent mal connus. sociés à cette perte d’emploi, notamment :
Une étude menée sur ce thème, dans des - le faible niveau d’études (HR : 3,4 [IC 95 % :
conditions de couverture sociale certes 1,4-8,6], p = 0,007), • Ediboglu E, Solmaz D, Oz HE et al. Work Disability and
différentes des nôtres (en Turquie), s’est - la présence d’une arthrite périphérique Predictors of Poor Work Outcome in Patients with Axial
attachée à rechercher les éléments as- (HR : 2,7 [1,07-6,8], p = 0,035) Spondyloarthritis. ACR 2020 : 0165.

OSTÉOPOROSE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Prévention secondaire de l’ostéoporose : analyse de la performance


de la filière des fractures du CHU de Rennes
Pr Divi Cornec
Le traitement de l’ostéoporose pose sou- expérience sur cette filière fractures qui petite minorité, seulement 3,4 % qui ont
vent problème en pratique quotidienne, a été mise en place en janvier 2015 sur été hospitalisés pour une fracture sévère,
et de nombreux patients ne reçoivent pas l’établissement et qui a permis d’identifier a pu être évaluée par cette filière.
de traitement anti-ostéoporotique, y com- 530  patients suspects d’avoir présenté Donc malheureusement, on est loin en-
pris les patients les plus sévères après une fracture ostéoporotique sévère. Moins core d’une organisation efficace, y compris
des fractures graves ayant nécessité une de la moitié d’entre eux a pu participer à dans les centres particulièrement impli-
hospitalisation. Pour essayer d’améliorer cette filière et 30 % de ces patients sont qués dans la prise en charge des fractures
le traitement de ces fractures ostéopo- venus en consultation. Pour les patients et on a tous encore beaucoup de travail à
rotiques sévères, plusieurs équipes ont qui sont venus en consultation, celle-ci a faire pour améliorer cette prise en charge.
essayé de mettre en place des filières frac- été tout à fait bénéfique avec notamment
• Trochain J, Robin F, Cadiou S et al. Analyse des perfor-
tures au sein des hôpitaux et notamment une prescription d’un traitement anti-os- mances de la filière des fractures du CHU de Rennes pour
l’équipe de Rennes. Juliette Trochain, du téoporotique chez la majorité d’entre eux. améliorer la prévention secondaire de l’ostéoporose. SFR
CHU de Rennes, a fait un retour de leur Mais l’évaluation globale est qu’une toute 2020 : O.088.

24
Best of ACR / Congrès de la SFR

THÉRAPEUTIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Spondylarthrite ankylosante :


facteurs prédictifs de réponse au sécukinumab
Pr Divi Cornec
Nous n’avons, à l’heure actuelle, que très ment. Sept cent quarante-sept patients ont peu de chose près, qui avaient été identi-
peu d’arguments pour choisir une biothéra- reçu la dose de 150 mg de sécukinumab et fiés comme étant associés à la réponse aux
pie chez un patient en particulier. C’est vrai 113 patients ont reçu une dose de 300 mg. anti-TNFα. Et, malgré le nombre important
pour toutes nos maladies inflammatoires Différentes stratégies statistiques ont été de patients inclus dans l’analyse, les stra-
chroniques et notamment la spondylar- mises en œuvre pour identifier ces facteurs tégies, y compris l’intelligence artificielle,
thrite. En l’absence d’étude comparative di- prédictifs, notamment plusieurs critères n’ont pas permis de définir des scores
recte, on peut réfléchir à d’autres stratégies de réponses différentes comme l’ASAS 40, prédictifs qui rendraient ces observations
pour essayer d’améliorer la prise en charge l’ASAS maladie inactive ou le BASDAI 50 et utiles à l’échelon individuel. Donc une ana-
individualisée de nos patients et, pour cela, plusieurs approches statistiques, y compris lyse très intéressante sur les facteurs as-
la définition de facteurs prédictifs de la ré- une méthode d’intelligence artificielle, afin sociés, pas encore d’outil qu’on pourrait
ponse à une biothérapie en particulier peut d’essayer de classer les patients selon leurs utiliser en pratique clinique pour prédire la
être une solution. caractéristiques initiales. réponse chez un patient individuellement.
Dans une présentation orale qui a été faite Les principaux facteurs qui, à l’inclusion,
par Corinne Miceli-Richard, une analyse étaient associés à une réponse au sécuki-
post-hoc de l’ensemble des études de numab étaient l’âge, l’IMC faible, le statut
phase 3 du développement du sécukinu- naïf vis-à-vis des anti-TNF-α, la présence
• Miceli Richard C, Poddubnyy D, Deodhar A et al. Facteurs
mab a été réalisée, afin de déterminer les d’un syndrome inflammatoire, une distance prédictifs de réponse au sécukinumab chez les patients atteints
facteurs associés à une meilleure réponse occiput-mur faible et l’absence d’enthé- de spondylarthrite ankylosante : analyse par régression logis-
chez les patients ayant donc reçu le traite- sites. Donc, il s’agit des mêmes critères, à tique et machine learning. SFR 2020 : O.024.

SpA SPONDYLOARTHRITES

CONGRÈS DE LA SFR / Pathologies cardiaques et spondyloarthrites axiales


Pr Alain Saraux
Il existe un lien entre les pathologies car- tracts, dont 33 ont été inclus dans l’ana- La conclusion, c’est que la prévalence
diaques et les spondyloarthrites axiales. lyse systématique de la littérature ; ce qui des valvulopathies réelles est faible dans
Mais finalement peu d’études ont été a permis d’avoir un nombre de patients les spondyloarthrites axiales. Il y existe
faites de façon systématique avec une importants, puisqu’il y avait 1 471 cas pour de petites anomalies de la fonction dias-
échographie pour tous les patients. C’est 1 115 témoins qui ont donc pu être compa- tolique et à moindre degré systolique,
là toute la force des méta-analyses et rés. Il a été regardé s’il y avait des troubles mais la pertinence clinique n’est pas évi-
c’est ce qu’a fait Fanny Adeline qui a colli- de la fonction systolique, de la fonction dente. Cela explique peut-être pourquoi
gé et fait une méta-analyse de toutes les diastolique, s’il y avait des valvulopathies. au total on a un peu plus de pathologies
publications qui ont comparé des cas de Globalement, il y a des troubles de la cardiaques chez les patients qui ont une
spondyloarthrites axiales à des témoins, fonction diastolique. Il y a aussi des spondyloarthrite.
jusqu’en avril 2020, pour voir si ceux qui troubles de la fonction systolique, mais
ont eu de façon systématique une écho- qui sont moins importants. Dans tous les
• Adeline F, Romand X, Dalecky M et al ; Dysfonction
graphie étaient plus souvent malades cas, ces atteintes restent tout de même
myocardique et valvulopathies évaluées par échographie
dans le groupe spondyloarthrite que dans assez modérées quand on les prend de transthoracique dans la spondylarthrite axiale : revue
le groupe témoin. façon séparée, item par item. Et, surtout, systématique de la littérature et méta-analyse. SFR
Ils ont pu globalement trouver 189 abs- il n’a pas été retrouvé de valvulopathies. 2020 : PE.140.

25
Best of ACR / Congrès de la SFR
THÉRAPEUTIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Cohorte ESPOIR : cortisone dans la polyarthrite rhumatoïde


Pr Laure Gossec & Pr Bernard Combe
Pr Laure Gossec : La cortisone dans la vère, fracture osseuse ou mort quelle que la toxicité au long cours de la cortisone.
polyarthrite rhumatoïde est une grande soit la cause. On s’est aperçu que ceux qui Est-ce que les nouvelles recommandations
question. Que peux-tu nous dire sur la corti- avaient eu des corticoïdes avaient signi- de traitement vont refléter ces éléments ?
sone dans la cohorte ESPOIR ? ficativement beaucoup plus de risques de
développer un événement sévère, surtout Pr B. C. : Je ne sais pas s’ils prendront uni-
Pr Bernard Combe : La cohorte ESPOIR les événements cardiovasculaires et les in- quement en compte cette étude, mais c’est
est une cohorte de patients atteints d’ar- fections sévères. tout à fait possible, car on l’a vu récemment
thrite débutante et ayant une forte pro- Le deuxième point dont nous nous sommes avec les nouvelles recommandations de
babilité de développer une polyarthrite aperçu est que la dose reçue et la dose l’ACR. Déjà celles-ci commencent à être in-
rhumatoïde. Les premiers patients ont été cumulée étaient très importantes. La mé- tégrées avec un point majeur qui est lors-
inclus en 2003 sous la promotion de la So- diane était à 8,4 g et, à partir de 8,4 g, il y qu’on commence les corticoïdes, ce que
ciété française de rhumatologie. On s’est avait un risque sur quatre de faire l’un de disaient nos collègues de l’ACR, on ne sait
intéressé aux patients qui avaient reçu des ces événements sévères. jamais quand on va les arrêter. Eux, met-
corticoïdes sur une période de 10 ans - il y Ensuite, il y avait un effet avec le temps : sur taient la barre, non pas à 6 mois comme
en avait 65 % - et puis ceux qui n’en avaient les 5 premières années, il n’y avait pas de dif- nous l’avons mise, mais à 3 mois.
pas eu. On a comparé les deux groupes en férence significative entre les groupes, mais
pondérant avec des analyses statistiques à partir de la sixième année cela devenait si- Propos recueillis
notamment en prenant en compte l’activi- gnificatif avec un risque multiplié par deux, par le Pr Laure Gossec
té ou la sévérité de la polyarthrite qui avait et cela augmentait progressivement jusqu’à
• Roubille C, Coffy A, Rincheval N et al. Évaluation, dans
amené à la prescription de corticoïdes. Le la dixième année, où l’on avait un risque mul-
la cohorte prospective ESPOIR, du risque de complica-
critère principal d’évaluation a été la surve- tiplié par sept dans la cohorte ESPOIR. tions sévères à 10 ans lié à l’utilisation de faibles doses de
nue d’un événement indésirable sévère qui crticoïdes chez les patients de polyarthrite rhumatoïde. SFR
était d’ordre cardiovasculaire, infection sé- Pr L. G. : Donc des résultats qui confirment 2020 : P.07.

SpA SPONDYLOARTHRITES

 CONGRÈS DE LA SFR  / Évaluation de l’efficacité des anti-interleukines 17


sur les manifestations extra-rhumatologiques des spondyloarthrites
Pr Cédric Lukas
L’efficacité, tant sur le plan axial que rapeutiques. anticorps anti-TNF, 1,28 % sous étaner-
périphérique, des médicaments anti-in- Trente-trois études ont alors pu être in- cept, 1,19 % sous anti-IL-17 et 0,5 % sous
terleukines 17 chez les patients atteints cluses dans l’analyse, représentant un placebo, sans différence statistique-
de spondyloarthrite est connu. Des es- total de 4 544 patients (2 101 traités par ment significative retrouvée entre les
sais thérapeutiques ont par ailleurs dé- anticorps monoclonal anti-TNF, 699 groupes.
montré qu’ils n’avaient pas d’effet propre par étanercept, 1 744 par anti-IL-17), et On en conclura par conséquent et en pre-
sur les manifestations digestives chez 2 497 patients qui avaient reçu un placebo. mier lieu que ces événements ophtalmo-
des patients atteints de maladies inflam- L’incidence des uvéites antérieures ai- logiques comme digestifs restent rares,
matoires chroniques intestinales. En re- guës rapportée dans ces essais théra- et que les molécules ciblant l’interleukine
vanche, leur effet éventuel sur l’atteinte peutiques était de 1,06 % sous anticorps 17 ne constitueront pas un choix à privi-
ophtalmologique (uvéite antérieure ai- anti-TNF, 2,14 % sous étanercept, 2,11 % légier chez des patients présentant des
guë) est très mal connu. sous anti-IL-17, et 3,1 % sous placebo. manifestations extra-articulaires oph-
Ce travail d’analyse systématique de la L’analyse statistique a alors montré que talmologiques comme digestives actives
littérature avec méta-analyse en réseau cette incidence était significativement ou récurrentes.
a évalué et comparé l’effet des cinq mé- abaissée sous anticorps monoclonal an-
dicaments anti-TNF disponibles, de deux ti-TNF comparativement aux anti-IL-17
médicaments ciblant l’interleukine 17 (OR = 0,34 [0,12-0,92]), et également par
(ixékizumab et sécukinumab). Le bras rapport au placebo (OR = 0,46, [0,24- • Roche D, Badard M, Boyer L et al. Revue systématique
de la littérature et méta-analyse en réseau comparant
placebo de chacune des études a alors 0,90]). Il n’a pas été mis en évidence de
l’incidence des uvéites et maladies inflammatoires
été employé comme comparateur de différence entre anticorps monoclonaux chroniques de l’intestin chez des patients atteints de
référence, permettant une comparaison et le récepteur soluble du TNF. L’in- spondyloarthrite axiale traités par anti-TNF versus
statistique indirecte des différentes thé- cidence des MICI était de 0,21 % sous anti-IL17A dans les essais. SFR 2020 : O.035.

26
Best of ACR / Congrès de la SFR
RP RHUMATISME PSORIASIQUE

 ACR  / Catastrophisme et fatigue sont fréquents dans le rhumatisme psoriasique


Pr Laure Gossec
Il est important de discuter de l’état d’esprit avait une échelle de catastrophisme élevée eux, 33 % (307 patients) avaient une fatigue
des patients qui ont un rhumatisme pso- et que cela était lié à plus d’anxiété et une élevée ou très élevée alors que c’était des
riasique (RP) et de leurs symptômes. Deux plus basse qualité de vie. Cela signifie donc patients qui recevaient tous un traitement
posters ont abordé cette thématique dans probablement que les patients, même ceux de fond, de nombreux avaient une biothéra-
le RP. qui bénéficient d’un traitement efficace de pie. Et on voit que les patients ayant le plus
leur maladie, peuvent avoir une certaine de fatigue ont, de façon assez logique, une
Catastrophisme inquiétude par rapport à leur maladie et au qualité de vie plus basse. Donc la fatigue
D’une part, un travail français présenté par pronostic. reste probablement un besoin non satisfait
Cécile Gaujoux-Viala pour l’équipe de Mont- ou un élément dont il faut améliorer la prise
pellier-Nîmes, qui s’intéresse au catastro- Fatigue en charge dans le RP.
phisme. Le catastrophisme est une réac- Le deuxième travail porte sur la fatigue qui
tion cognitive excessive à des situations est un aspect très important pour les pa-
inquiétantes ou à la douleur et on peut l’éva- tients qui ont une PR mais aussi un RP. Il
luer par une échelle qui est le Pain catas- s’agit ici d’une enquête internationale au-
• Coste B, Traverson C, Filhol E et al. Catastrophizing in
trophizing scale, qui mesure de 0 à 52. Dans près de patients et de médecins. Elle porte Patients with Axial Spondyloarthritis and Psoriatic Arthri-
ce travail, l’équipe a regardé le catastro- sur le RP. Au total, 932 patients ont pu être tis. ACR 2020 : 1318.
phisme chez 253 patients qui avaient pour inclus. La fréquence de la fatigue dans • Walsh J, Michaud K, Holdsworth E et al. Fatigue in
Psoriatic Arthritis (PsA): Prevalence in Patients from the
la plupart une SPAax, et pour 85 d’entre eux cette population : 80 % des patients décri- US and Europe, and Impact on Quality of Life and Work
un RP. Ils ont trouvé que près de la moitié vaient au moins une certaine fatigue, parmi Productivity. ACR 2020 : 1314.

THÉRAPEUTIQUE

 CONGRÈS DE LA SFR  / Pseudopolyarthrite rhizomélique : résultats d’une étude


observationnelle multicentrique sur le traitement par tocilizumab
Pr Divi Cornec
Le tocilizumab a une efficacité prouvée d’une corticodépendance et pour une mais la balance bénéfice/risque reste
et est utilisé en pratique pour le traite- épargne cortisonique. encore à évaluer.
ment de l’artérite à cellules géantes. Par La durée de suivi a varié entre 3 et Nous attendons avec impatience les
contre, peu de données sont disponibles 66 mois. La majorité des patients a pu résultats de l’étude prospective contre
pour le traitement de la pseudo-polyar- être sevrée en corticoïdes et, chez 10 pa- placebo SEMAPHORE, qui a été menée
thrite rhizomélique (PPR), hormis deux tients, les injections de tocilizumab ont en France, et que l’on devrait connaître
études ouvertes prospectives suggérant été espacées du fait d’une rémission courant 2021 !
son efficacité dans les PPR débutantes. prolongée. Cependant, 15/24  patients
Dans cette cohorte rétrospective multi- ont présenté des effets indésirables at-
centrique menée à Lille, Paris (Cochin), tribués au traitement.
Brest, Reims, Amiens, Clermont-Ferrand, Le traitement par tocilizumab semble
• Assaraf M, Chevet B, Philippe P et al. Traitement de
Nantes, Arras, Lomme et Valenciennes, donc avoir une efficacité en termes la pseudopolyarthrite rhizomélique par tocilizumab :
24 patients ont reçu du tocilizumab pour d’épargne cortisonique chez les patients résultats d’une étude observationnelle multicentrique.
une PPR, dans la majorité des cas du fait souffrant d’une PPR corticorésistante, SFR 2020 : O.157.

sion : Imprimerie de Compiègne - 2, av Berthelot - ZAC Rhumatos est une publication © Expressions Santé
de Mercières - BP 60524 - 60205 Compiègne cedex SAS - 2, rue de la Roquette, Passage du Cheval Blanc,
• Rédacteurs en chef  : Dr  Dominique Clerc (Paris) et Cour de Mai, 75011 Paris - Tél. : 01 49 29 29 29 - E-mail :
Pr Thierry Schaeverbeke (Bordeaux). rhumatos@expressiongroupe.fr • RCS Paris B  394 829
543 • N° de Commission paritaire : 1121 T 85687 - ISSN :
Comité scientifique du supplément : 1771-0081 • Mensuel : 10 numéros par an.
Directeur de la publication  : Dr  Antoine Lolivier •  • Pr Divi Cornec (CHU, Brest)
Journaliste  : Gaëlle Monfort • Directrice des opéra- • Pr Laure Gossec (AP-HP, Paris) Les articles de “Rhumatos” sont publiés sous la
tions : Gracia Bejjani • Assistante de production : Cécile • Pr Cédric Lukas (CHU, Montpellier) ­responsabilité de leurs auteurs. Toute reproduction, même
Jeannin • Rédacteur ­graphiste  : ­Élodie Lecomte • Di- • Pr Alain Saraux (CHU, Brest) partielle, sans le consentement de l’auteur et de la revue,
rectrice de clientèle/projets  : ­Catherine Patary-Colse- est illicite et constituerait une contrefaçon sanctionnée par
net • Service abonnements : Claire Voncken • Impres- Coordinateur : Pr Alain Saraux (CHU, Brest) les articles 425 et suivants du Code pénal.
Best of ACR / Congrès de la SFR
INCONTOURNABLE
THÉRAPEUTIQUE
 CONGRÈS DE LA SFR  /
  ACR   / Tofacitinib : un effet sur les fonctions Rhumatisme inflammatoire
du lymphocyte B in vivo et in vitro chez la souris
& Covid-19
Pr Divi Cornec
Pr Alain Saraux
Les inhibiteurs de JAK prennent une d’immunologie de Montpellier pilo-
Le Pr Christophe Richez a rapporté les ré-
place de plus en plus importante dans té par Claire Daien, nos collègues se
sultats de la cohorte RMD Covid-19, la co-
l’arsenal thérapeutique pour la polyar- sont intéressés à des effets poten-
horte française qui collecte tous les cas de
thrite rhumatoïde, mais également tiels du tofacitinib sur les fonctions du
rhumatismes inflammatoires touchés par
bientôt pour la spondylarthrite et peut- lymphocyte B in vitro et in vivo chez la
le Covid-19. Cette étude porte sur 975 pa-
être pour d’autres maladies. Les mé- souris. De façon très intéressante, ils
tients, dont 71 sont décédés. Ces patients
canismes d’action de cette classe de ont montré que dans des systèmes
peuvent être séparés en trois groupes :
médicaments passent par l’inhibition de culture cellulaire, sur des lympho-
- ceux qui ont eu une forme bénigne, c’est-
intracellulaire du signal médié par dif- cytes B activés, le tofacitinib avait un
à-dire qui sont restés à domicile (580 pa-
férentes cytokines proinflammatoires, effet net sur les fonctions de la cellule
tients) ;
mais leur mode d’action, notamment et notamment sur la fonction régula-
- ceux qui ont eu une forme modérée,
sur les différentes sous-populations trice des lymphocytes B.
puisqu’ils ont été hospitalisés, mais n’ont
de cellules immunitaires, reste mal On a encore du travail pour com-
pas eu de conséquences trop graves
compris. Différentes études ont évalué prendre précisément comment ces
(273 patients) ;
leur effet sur les lymphocytes T prin- médicaments agissent, mais de nom-
- ceux qui ont été soit en réanimation, soit
cipalement, notamment sur les TH17 breuses équipes s’y intéressent.
sont décédés, donc des formes sévères
et les lymphocytes T régulateurs, mais
(122 patients).
on sait très peu de choses sur un effet
Quand on regarde en multivarié les facteurs
potentiel sur d’autres types cellulaires. • Decarriere G, Mielle J, Combe B et al. Le tofaciti- associés à la gravité de la maladie, ce qui res-
Dans cette communication, présentée nib a un impact sur les fonctions du lymphocyte B in
sort, c’est essentiellement l’âge élevé, le sexe
par Guillaume Decarrière du groupe vitro et in vivo. SFR 2020 : O.049.
masculin, le fait d’avoir un fort IMC, une insuf-
fisance rénale, ce qui est un peu plus original,
des pseudopathies, ce qui peut bien entendu
cadrer avec le rhumatisme inflammatoire,
qui peut y être associé, la corticothérapie et

RP RHUMATISME PSORIASIQUE le traitement par rituximab.


Bien sûr, les patients traités par rituximab,
avaient surtout des vascularites, ce qui fait un
 ACR  / Le rhumatisme psoriasique oligoarticulaire biais dans l’analyse.
récent : est-ce une forme spécifique de rhumatisme Quand on se limite aux polyarthrites rhu-
psoriasique ? matoïdes, il n’y a eu finalement que trois
des 21 polyarthrites rhumatoïdes sous ritu-
Pr Laure Gossec ximab à avoir une forme grave.
Si on fait l’analyse de la même façon, mais
La forme oligoarticulaire du rhuma- moins grande évolution. En revanche,
uniquement avec les décès, on retombe a
tisme psoriasique (RP) est peu étu- les comptes articulaires étaient assez
peu près sur les mêmes facteurs de risque
diée et définie par moins de cinq ar- proches dans les deux groupes, autour
qui sont associés.
ticulations douloureuses ou gonflées. de deux ou trois articulations gonflées
Globalement, ces résultats sont rassurants
Pourtant, c’est une forme qui est très et trois à cinq articulations doulou-
puisqu’on ne voit pas de surrisque de mor-
fréquente dans notre pratique quo- reuses. Ce qui indique que, quand on
talité évident chez les patients qui ont un
tidienne. Dans ce poster, des Amé- traite le rhumatisme psoriasique, on
rhumatisme inflammatoire et cela reste vrai
ricains ont analysé la base CORONA redescend à des niveaux de contrôle
quand on les compare aux patients qui ont
de patients qui ont un RP (plus de de maladie proches d’une maladie
été hospitalisés à Lille. Le taux de décès
3 000 patients) et ils ont comparé les oligoarticulaire. En revanche, les pa-
n’est pas statistiquement différent, même
patients qui avaient une forme oli- tients qui avaient une forme oligoar-
s’il y en a un tout petit plus.
goarticulaire récente évoluant depuis ticulaire récente avaient des niveaux
On peut conclure que nos traitements n’aug-
moins de 2 ans et qui ne recevaient de douleur plus importants, mais ils
mentent pas nettement le risque de décès
pas d’autres traitements que du mé- présentaient également plus de dac-
chez les patients ayant une infection par le
thotrexate ou pas de traitement de tylites alors qu’ils avaient moins d’en-
Covid-19.
fond, comparé avec les 2 900 autres thésites.
patients qui eux reçoivent des traite-
ments. Ils ont trouvé, assez logique- • Richez C, Groupe de travail de la SFR/FAI1R/SNFMI/
• Ogdie A, Blachley T, Emeanuru K et al. Characte- SOFREMIP/CRI/IMIDIATE. Sévérité de l’infection Covid-19
ment, que les patients dans le groupe ristics of Patients with Early Oligoarticular Psoriatic chez les patients atteints de maladies inflammatoires : résul-
maladie récente avaient effectivement Arthritis in the Corrona Psoriatic Arthritis/Spondy- tats de la cohorte « French RMD Covid-19 ». SFR 2020 : P.01.
un âge plus jeune et une maladie de loarthritis Registry. ACR 2020 : 0306.

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