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Tuberculose de hanche : à propos 48 cas vus à Abidjan.
Hip tuberculosis: about 48 cases in Abidjan.
Mariam Gbané-Koné1, Mohamed Diomandé1, Kouassi Jean Mermoz Djaha 1, Louis
Christian Kouakou Ehaulier2 , Joé Clovis Yao2, Edmond Eti1,N’zué Marcel Kouakou1.
1 Service de rhumatologie CHU de Cocody, Abidjan - Cote d’Ivoire.
2 Service de rhumatologie CHU de Bouaké - Cote d’Ivoire.
Résumé
Objectif : cette étude avait pour but de déterminer
la prévalence et les aspects épidémio- cliniques
et radiologiques de la tuberculose de hanche en
milieu hospitalier ivoirien.
Patients et Méthodes : il s’agissait d’une étude
rétrospective sur 550 dossiers de patients
hospitalisés pour tuberculose ostéoarticulaire
de janvier 2004 à décembre 2013. Les
patients ne disposant pas d’une imagerie
(Radiographie standard, et/ou TDM, IRM), n’ont
pas été inclus dans l’étude. Les paramètres
sociodémographique, clinique, et radiologique
ont été analysés.
Résultats : L’atteinte de la hanche représentait
08,73% de la tuberculose ostéoarticulaire. L’âge
moyen des patients était de 42 ans avec des
extrêmes de 14 à 69 ans. Les deux sexes sont
touchés. Le délai de consultation était supérieur
à 3 mois dans la majorité des cas (90,5%). Les
signes généraux sont souvent importants, avec
une gêne fonctionnelle considérable. La douleur
était le maître symptôme. L’atteinte était le plus
souvent unilatérale (93 ,62%). Dans la majorité des
cas, les patients consultaient au stade de lésions
radiologiques avancées (90,19%) et la prévalence
des abcès des parties molles était de 70 ,59%. Dix-
neuf patients avaient une atteinte multifocale.
Le diagnostic de certitude bactériologique et ou
histologique a pu être posé dans 14 ,58% des cas.
Sur le plan évolutif, les séquelles fonctionnelles
étaient importantes (boiterie, raideur articulaire)
respectivement dans 63,82% et 85,11% des cas.
Conclusion : a tuberculose de la hanche apparait
peu fréquente, la clinique est peu spécifique et les
lésions ostéoarticulaires sont importantes avec
des séquelles fonctionnelles sévères.
Mots clés : Tuberculose; Coxalgie; Tuberculose
ostéoarticulaire; Douleur de hanche.
La tuberculose de la hanche (TH) encore appelée
coxalgie, est la deuxième localisation de la tuberculose
ostéoarticulaire (TOA) des membres après le genou (1).
C’est la plus grave localisation du squelette âpres celle du
rachis ((2), elle met en jeu le pronostic fonctionnel surtout
quand le diagnostic n’est pas posé rapidement. Notre
Correspondance à adresser à : Dr. M. Gbané-Koné,
Email : mariamgbane05@yahoo.fr
www.smr.ma
Rev Mar Rhum 2015; 31:65-7
Abstract
Objective : This study aimed to determine the
prevalence and the epidemiological ,clinical
and radiological l aspects of hip tuberculosis in
Abidjan.
Patients and Methods : We have carried out a
retrospective study of 550 cases of osteoarticular
tuberculosis from January 2004 to December
2013. Patients with no imaging (standard X-ray
and / or CT, MRI), have not been included in
the study. The socio-demographic parameters,
clinical, and radiological were analyzed.
Results : Achieving hip represented 08.73% of
the osteoarticular tuberculosis. The average age
of patients was 42 years, ranging from 14 to 69
years. Both sexes are affected. The consultation
period was over three months in the majority
of cases (90.5%). General symptoms are
often significant, with considerable functional
impairment. Pain was the main symptom. The
achievement was usually unilateral (93, 62%). In
the majority of cases, patients consulted at the
stage of advanced radiological lesions (90%)
and the prevalence of soft tissue abscess was
70%. Nineteen patients had multifocal disease.
The diagnostic certainty bacteriological and/or
histological could be made in 14, 58% of cases.
Evolutionarily, functional effects were significant
(lameness, stiffness) respectively 63.82% and
85.11% of cases.
Conclusion : Tuberculosis of the hip appears
infrequently. The clinic is unspecific ,ostearticular
lesions are significant with severe functional
sequels.
Key words : Tuberculosis; Coxalgia;
Osteoarticular tuberculosis; Hip pain.
étude a été entreprise afin de déterminer la prévalence et
d’analyser les aspects épidémio-cliniques et radiologiques
de la TH en milieu hospitalier ivoirien.
Matériels et méthodes
Il s’agissait d’une étude rétrospective descriptive sur dossiers
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de patients hospitalisés pour tuberculose ostéoarticulaire, la
période d’étude allait de janvier 2004 à décembre 2013.
Le diagnostic a été retenu sur la preuve bactériologique et ou
histologique, et /ou sur un faisceau d’arguments épidémio-
anamnestique, biologique, radiologique et évolutif (la
bonne évolution sous traitement antituberculeux). Les
patients ne disposant pas d’une imagerie (Radiographie
standard, et/ou TDM, IRM), n’ont pas été inclus dans
l’étude. Les paramètres sociodémographique, clinique, et
radiologique ont été analysés.
Résultats
Prévalence
Sur 550 dossiers de TOA, nous avons recensé 48 cas de
tuberculose de hanche soit une prévalence de 8,73%.
Age
L’âge moyen des patients était de 42 ans avec des extrêmes
allant de 14 à 69 ans.
Sexe
On notait une légère prédominance masculine dans 57,45%
des cas ; les femmes représentaient 42,55% des cas.
Clinique
Les symptômes évoluaient depuis plus de 3 mois dans 90,3%
des cas, avec des extrêmes allant de 2 semaines à 2 ans.
Une notion de contage tuberculeux a été retrouvée chez
14,58% des patients et un antécédent de TBC pulmonaire
chez 2 patients.
La douleur était le maitre symptôme, elle était retrouvée chez
tous les patients, elle était le seul signe dans 39,8 % des
cas, elle était associée à une boiterie dans 41 ,9 %, et une
impotence fonctionnelle dans 18,3% des cas. L’atteinte était
unilatérale dans 93,62 % des cas.
Les signes généraux étaient l’amaigrissement (81 ,30 %), la
fièvre (76,70%) ; l’asthénie (52,20%) ; les sueurs nocturnes
(44,70%). Les principaux signes physiques étaient : la boiterie
dans 73,1%, l’amyotrophie quadriccipitale dans 69,9 % et
le clinostatisme dans 68,8 % des cas. Une attitude vicieuse a
été notée dans 35,5% des cas. Le taux de réalisation de l’IDR
était de 33,33 %, elle était positive dans 37,5 % des cas.
Radiologie
Tous les patients ont réalisé une TDM du bassin, les lésions
d’ostéoarthrite de la hanche prédominaient (90,19 % des
cas), une coxite a é té notée dans 09,81% des cas.
La prévalence des abcès des parties molles de voisinage était
de 70 ,59%. Ces abcès contenaient des calcifications dans
51,2% des cas.
M. Gbané-Koné et al.
L’atteinte tuberculeuse était multifocale dans 39,58% des
cas. Les différentes localisations de la tuberculose dans les
atteintes multifocales ,sont résumées dans le tableau1.
Tableau 1 : Sites dans les atteintes multifocales
Autres localisations Effectif
Hanche controlatérale 3
Miliaire+atteinte neuroméningée 1
Ostéite branches pubiennes+ épaule
1
droite+Cheville droite+médiotarse+TPM(+)
Ostéite branches pubiennes 1
Poignet gauche + genou droit 1
TPM(+) 2
Sacro-iliite 3
Atteinte rachidienne 6
Genou+rachis+poignet+ganglion 1
Examen de certitude
La ponction radioguidée des abcès de la hanche a été
réalisée chez 10 patients, elle a permis d’isoler le BK dans
3 cas. La bacilloscopie des crachats a été positive chez 3
patients. La preuve histologique a été faite dans un cas (à la
fois sur la biopsie du genou et d’un ganglion chez la même
patiente). La sérologie VIH a été réalisée chez 20 patients,
elle était positive dans 4 cas.
Traitement et évolution
Tous les patients ont été mis sous antituberculeux, la durée
moyenne était d’un an. Le protocole était le suivant : 2 mois
de RHZE et 10 mois de RH.
L’évolution a été satisfaisante dans la majorité des cas, un
décès a été constaté (un patient de 22 ans qui avait une
tuberculose multifocale avec une localisation neuroméningée).
En fin de traitement, on a observé une boiterie séquellaire
et une raideur de hanche chez respectivement 62,5 et
83,33% des patients. Les patients ont été suivis pendant 2
ans. Aucun patient n’a bénéficié d’une chirurgie prothétique.
Discussion
La tuberculose reste un problème de santé publique. Depuis
une quinzaine d’années, on assiste, dans les grandes
agglomérations des pays occidentaux, à une lente remontée
du taux d’infection par le bacille de Koch (3,4). La TOA
représente 10 à 15 % des formes extra-pulmonaires(5,6) et
les localisations extravertébrales représentent la moitié des
tuberculoses ostéoarticulaires(1). Les arthrites tuberculeuses
prédominent aux membres inférieurs qui sont atteints dans 60
à 80 % des cas (1, 7, 8,9). Chez l’adulte, le genou est devenu
la localisation la plus fréquente (22-59 %) devant la hanche
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(11–19 %) (7-11). Dans certaines études, la localisation la
plus fréquente reste la hanche (2, 12,13) . Dans notre série
la TH représentait environ 9 % de la TOA.
L’âge moyen de nos patients était de 42 ans ; la TOA peut
toucher les deux sexes et tous les âges (1). Selon les séries,
l’âge moyen des patients atteints d’arthrite tuberculeuse varie
de 47 ans (10) à 65 ans (11).
Le principal facteur favorisant est l’existence d’un antécédent
de tuberculose ou d’un contage tuberculeux, dans notre série
nous avons eu une notion de contage tuberculeux chez
14,58% des patients et un antécédent de TBC pulmonaire
chez 2 patients.
D’autres facteurs sont rapportés : le VIH, les patients greffés,
la corticothérapie, les patients âgés, la toxicomanie, le
diabète ou l’éthylisme, l’immigration, la dialyse (1 ,4,5).
La présentation clinique n’était pas spécifique, elle se
caractérisait par un début insidieux avec une coxopathie
chronique, progressive, douloureuse et enraidissante chez
tous nos patients.
Tous nos patients avaient réalisé une TDM ; L’IRM et la
tomodensitométrie sont les explorations de référence dans
le diagnostic (1). Le scanner définira les lésions ostéo-
articulaires, il montrera les érosions osseuses, les séquestres
et précisera l’extension des abcès. La TDM sera surtout
indispensable pour guider les ponctions de l’interligne coxo
fémorale ou de l’abcès de voisinage(1).La majorité des
patients (90,19%) avait des lésions radiologiques avancées
(avec des destructions ostéoarticulaires importantes et des
abcès).
Tous les auteurs estiment que la gravité de la tuberculose de
la hanche réside dans le fait que son diagnostic soit posé
tardivement vu son caractère insidieux (1, 8,14), et par
conséquent le malade présente des lésions radiologiques
avancées.
Ce retard au diagnostic pourrait aussi expliquer l’importance
des atteintes multifocales dans notre série, en effet plus du
tiers de nos patients (39,58%) était concerné.
La fréquence des formes multifocales est variable selon les
séries, de 3 à 20 % des cas (1). La forme multifocale touche
avec prédilection le rachis (40%), la hanche (25%) et le
genou (8%) (15,16).
Dans notre série, l’examen des crachats et la biopsie d’un
ganglion nous ont aidé dans le diagnostic (respectivement
dans 3 et un cas). Devant toute suspicion de TOA, il faut
rechercher une tuberculose viscérale ou ganglionnaire,
la preuve de l’infection tuberculeuse peut parfois être
rapidement apportée par la mise en évidence du BK au direct
dans l’expectoration, les tubages, l’aspiration bronchique,
ou la ponction d’une adénopathie superficielle( 1).
En l’absence de tuberculose viscérale, il faut chercher à
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obtenir une preuve bactériologique et/ou histologique de la
tuberculose (1) ; dans notre série, la ponction des abcès de
la hanche, a permis de mettre en évidence le BK dans 3 cas.
Le plus souvent dans nos pays à forte endémicité tuberculeuse,
le diagnostic est retenu sur un faisceau d’arguments
épidémiologique, clinique (évolution chronique insidieuse)
radiologique (lésions ostéarticulaires très destructrices,
volumineux abcès) et évolutif (amélioration sous traitement
antituberculeux). Le traitement antituberculeux a été efficace
chez tous les patients, cependant les séquelles fonctionnelles
étaient importantes : une raideur de la hanche (85,11%) et
une boiterie (63,82%).
Déclaration d’intérêt
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.
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