Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1
Aux éditeurs du Pan African Medical Journal
Une incidence cumulative de 10% à 20% était rapportée dans les études de cohorte réalisées
sur les traumatismes urogénitaux [1-3]. Après les traumatismes du rein et de la vessie, les
traumatismes des bourses arriveraient en troisième position au sein de la pathologie
traumatique en urologie [4]. Malgré qu’ils soient des traumatismes assez fréquents touchant
des sujets jeunes, et qu’ils puissent compromettre la sexualité et la fertilité [5], les
traumatismes des bourses sont souvent sous-estimés.
Au Maroc, un faible nombre d’étude réalisée sur les traumatismes des bourses. Le but de
notre travail est de décrire les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, paracliniques et
thérapeutiques des traumatismes scrotaux dans notre service d’urologie.
Nous avons mené une étude rétrospective monocentrique qui s’est déroulée entre 1 Janvier
2017 et 31 Décembre 2019, au sein du service des urgences chirurgicales de l’hôpital Ibn
Rochd de Casablanca, Maroc. Tous les patients admis pour traumatisme des bourses dans le
service ont été inclus dans cette étude. Notre étude s’était basée sur un questionnaire qui
comporte :
Données sociodémographiques
Données anamnestiques
Données cliniques
Données paracliniques : résultats d’échographie.
Données thérapeutiques: traitement chirurgical, traitement médicamenteux.
Evolution : favorable, complication.
Soixante-douze patients pris en charge pour un traumatisme de bourses, ont été colligés
durant la période d’étude. Les données sociodémographiques et anamnestiques de la
population de l’étude sont présentées dans le tableau 1.
2
entre les 16 cas pour lesquels l’échographie scrotale avait objectivé une hématocèle,
l’exploration chirurgicale a confirmé en 14 cas qu’il s’agissait effectivement d’une
hématocèle ;
entre les 8 cas pour lesquels l’échographie scrotale avait objectivé une rupture de
l’albuginée, l’exploration chirurgicale a confirmé en 6 cas qu’il s’agissait
effectivement d’une rupture de l’albuginée ;
entre les 13 cas pour lesquels l’échographie scrotale avait objectivé un hématome
intratesticulaire, l’exploration chirurgicale a confirmé en 11 cas qu’il s’agissait
effectivement d’un hématome intratesticulaire.
Par ailleurs, la sensibilité de l'échographie était de 87,5%, de 75%, et de 84,6% pour l’
hématocèle, pour la rupture de l’albuginée, et pour l’hématome intratesticulaire
respectivement.
Un traitement médicamenteux était instauré chez 16 patients (22,2%), consistant
essentiellement en un repos au lit, port d’un suspensoir, une surveillance clinique, une
antibiothérapie (à base d’amoxicilline-acide clavulanique, ciprofloxacine), et un traitement
antalgique et anti-inflammatoire (à base de paracétamol-codéine, diclofénac et de
serrapeptase).
Le traitement chirurgical a été pratiqué dans 56 cas de notre série, il s’agissait de :
L’évolution était favorable chez la majorité des malades (66 cas). Seulement 6 patients, ont eu
de complications andrologiques, il s’agissait :
Dans cette étude, nous avons enregistré 24 cas de traumatisme scrotal par an. Le scrotum et
les testicules sont relativement bien protégés contre les dommages graves pour les raisons
suivantes: les testicules sont intrinsèquement mobiles dans le scrotum; la peau scrotale offre
une élasticité raisonnable permettant aux structures internes de s'échapper du point de contact
en cas de traumatisme contondant; et la tunique albuginée sert de défense physique fibreuse
solide [6]. Ceci peut expliquer la faible fréquence des traumatises des bourses.
L’âge jeune de nos malades (31ans en moyenne) était comparable avec les données de
littérature moderne. Eya Mohameden 2018 [7], et Saadi et al 2019 [5], ont rapporté une
moyenne d’âge de 27 ans et 27,53 ans respectivement. Ce sont des jeunes, et appartiennent à
la catégorie la plus active de la population, et sont par conséquent plus exposés aux
traumatismes des bourses dus aux accidents du travail, sportifs, et surtout de la route.
3
Nous avons noté un court délai de consultation (25 heure en moyenne) chez tous les cas ayant
présenté un traumatisme scrotal ouvert et fermé, la chose que nous peuvent l’expliquer par
l’aspect spectaculaire des lésions, et l’inconfort du patient qui ont poussé le patient à consulter
dès le lendemain.
Dans cette étude, l’hématocèle était observée cliniquement dans 21 cas. Dans sa globalité, la
symptomatologie clinique observée dans notre série est semblable à celle des séries de
Randhawa et al [6], Eya Mohameden [7], et Fatogoma Dit Ladji Kone [8]. L’examen
clinique est parfois difficile à établir devant une douleur scrotale constante (100%), et un
scrotum augmenté de volume (40,2%) ce qui empêche l’établissement d’un bilan lésionnel
complet et précis. L’échographie scrotale a permet d’observer des lésions (hématocèle,
hématomes intratesticulaires, ruptures de l’albuginée) non observés cliniquement.
Les résultats de l’échographie scrotale ont orienté notre choix de traitement conservateur
(évacuation des hématomes intratesticulaires, drainage des hématocèles, et résection pulpaire
avec suture de l’albuginée) chez 34 malades. Comme l’exigent les recommandations des
sociétés savantes, le traitement conservateur des traumatismes scrotaux a été majoritaire dans
cette série (52/56).
Quant aux séquelles du traumatisme de la bourse. Des mécanismes auto-immuns, des lésions
post traumatiques de la micro-vascularisation du testicule, et une ischémie par compression de
la pulpe testiculaire contre l'albuginée, sont des mécanismes qui peuvent être à l’origine de
l’atrophie testiculaire. La physiopathologie des douleurs testiculaires résiduelles reste mal
connue [10].
Conclusion :
4
Conflit d'intérêts
AK: rédaction de l´article, collecte et analyse des données. YS: participation à la rédaction et
à l´analyse des données et révision de l´article; SD: révision de l´article; MD: révision de l
´article; AD: révision de l´article; RA: révision de l´article.
Tableaux et figures
Tableau 1. Données sociodémographiques et anamnestique de la population de l’étude
Tableau 2. Répartition des malades selon les signes cliniques et échographiques
Figure 1. Aspect peropératoire d’un hématome testiculaire au dépend du pole inférieur du testicule
gauche secondaire à une agression
Références :
2. Grimsby GM, Voelzke B, Hotaling J, Sorensen MD, Koyle M, Jacobs MA. Demographics
of pediatric renal trauma. J Urol. 2014;192:1498–502.
6- Randhawa H, Blankstein U, Davies T. Scrotal trauma: A case report and review of the
literature. Can Urol Assoc J. 2019;13(6 Suppl4):S67-S71.
7- Eya Mohameden, Traumatismes des organes génitaux externes (à propos de 34 cas), Thèse
de médecine, n° 120/18, Faculté de Médecine et de pharmacie de Fez, Université Mohamed
ben abdellah, 2018.
8- Fatogoma Dit Ladji Kone, traumatisme des organes génitaux externes masculins : étude
épidémie-clinique et thérapeutique dans le service d’urologie du chu-Gabriel Toure,Thése de
Médecine, Faculté de médecine, Université des sciences, des techniques et des technologies
de Bamako, 2018.
5
9- Kitrey ND, Djakovic N, Gonsalves M, et al. EAU guidelines on urological trauma.
European Association of Urology; 2016. [Accessed Feb. 7, 2019]. Available at:
https://uroweb.org/individual-guidelines/non-oncology-guidelines
10- Grima F, Paparel P, Devonec M, Perrin P, Caillot JL, Ruffion A. Prise en charge des
traumatismes des corps caverneux du pénis. Progrès en Urologie 2006. 16 :12-18.
6
7