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Médecine et maladies infectieuses 49 (2019) S4–S6


20es Journées Nationales d’Infectiologie

Communications orales libres : zoonoses

COL02-01 avec les acteurs de santé animale, sera utile pour établir s’il s’agit d’une tendance
Une épidémie de tularémie en France en durable ou d’un évènement isolé, et essayer d’en comprendre les ressorts.
2018 suggérant une modification de Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
l’épidémiologie de la maladie d’intérêt.
A. Mailles 1 , R. Ollivier 2 , F. Benezit 3 , H. Lepoivre 4 , M. Faisant 5 , https://doi.org/10.1016/j.medmal.2019.04.028
J.H. Aranda grau 6 , M. Lefebvre 7 , Y. Caspar 8 , T. Guimard 9
1 Santé publique France, Saint-Maurice, France
2 Santé publique France, Nantes, France
COL02-02
3 CHU de Rennes, Rennes, France Bartonelloses hépatospléniques de
4 ARS Pays de la Loire, Nantes, France l’immunocompétent : une étude
5 Santé publique France, Rennes, France multicentrique
6 ARS Bretagne, Rennes, France F. Berteau 1 , R. Mahieu 2 , P. Le turnier 3 , J. Nousbaum 1 , L. Quaesaet 1 ,
7 CHU de Nantes, Nantes, France D. Tandé 1 , B. Rouvière 1 , D. Boutoille 3 , S. Ansart 1 , P. Tattevin 4
8 CNR des Francisella, Grenoble, France 1 CHRU de Brest, Brest, France
9 CH de La Roche-Sur-Yon, La Roche-sur-Yon, France 2 CHU d’Angers, Angers, France
3 CHU de Nantes, Nantes, France
Introduction La tularémie est une zoonose, à déclaration obligatoire (DO) 4 CHU de Rennes, Rennes, France
depuis 2002. Les cycles épidémiologiques présents en France et les facteurs
climatiques ou environnementaux qui les influencent sont mal connus. Des Introduction Bartonella henselae, l’agent de la maladie des griffes du chat,
augmentations d’incidence se produisent à intervalles irréguliers, avec des carac- est rarement responsable d’atteintes viscérales granulomateuses, rapportées par
téristiques des cas inconstantes. Nous rapportons une épidémie majeure survenue quelques séries de faible effectif. Nous rapportons une série de bartonelloses
en 2018. hépato-spléniques de l’immunocompétent afin de mieux en préciser les carac-
Matériels et méthodes Les cas de tularémie sont identifiés par la DO. Un téristiques et l’évolution.
cas est défini comme un patient présentant des signes cliniques évocateurs de Matériels et méthodes Étude rétrospective réalisée dans 4 centres hospitalo-
tularémie et un diagnostic biologique confirmant l’infection aiguë (PCR, isole- universitaires (CHU), ayant inclus tous les cas de bartonelloses hépatospléniques
ment bactérien, sérologie). Les informations démographiques et les expositions documentées entre 2001 et 2018 chez des immunocompétents. Les critères
à risque sont recueillies en routine. Les données des cas survenus en 2018 sont d’inclusion étaient (1) lésions hépatiques et/ou spléniques évocatrices de granu-
décrites et comparées aux années antérieures (2002–2017). La DO dispose d’une lomatose en imagerie ; (2) sérologie B. henselae positive à un taux significatif
autorisation de la CNIL et est conforme au RGPD. et/ou PCR positive pour B. henselae sur un prélèvement tissulaire. Ont été exclus
Résultats Au 01/02/19, 109 cas de tularémie survenus en 2018 ont été décla- les patients < 15 ans ou présentant une immunodépression. Les données ont été
rés, c’est l’année de plus forte incidence depuis 2002. Les formes ganglionnaires saisies à partir des dossiers médicaux par un questionnaire standardisé. Une
et ulcéro-ganglionnaires étaient les plus fréquentes mais les formes pleuro- revue de la littérature été réalisée.
pulmonaires étaient plus nombreuses en 2018 que les autres années (21 % vs Résultats Sur 430 cas de bartonelloses documentées dans les 4 CHU,
10 %, p = 0,001). Deux patients sont décédés. En 2018, le diagnostic était plus 23 répondaient aux critères d’inclusion. La revue a permis d’identifier 69 cas sup-
souvent obtenu par isolement de Francisella que toutes les années précédentes plémentaires. Les 92 patients (40 femmes, 52 hommes), avaient un age médian
(21 % vs 11 %, p = 0,02). Les régions Bretagne et Pays de la Loire totalisaient de 41 ans (IQR, 27–55). Les principaux signes cliniques étaient la fièvre (n = 77,
55 % des cas en 2018 avec respectivement 32 (29 %) et 29 (26 %) cas. Les cas 84 %), une altération de l’état général (n = 54, 59 %), des adénopathies (n = 44,
survenus en 2018 étaient moins souvent exposés à des lièvres (12 % vs 38 %, 48 %) et des douleurs abdominales (n = 43, 47 %). Un contact avec les chats a été
p < 10−6 ), mais il n’existait pas de différence significative concernant les autres retrouvé dans 76 cas (83 %), dont 25 (27 %) auprès de chatons. L’atteinte était
animaux ou les piqûres de tique. La proportion de cas ne rapportant aucune hépatosplénique dans 49 cas (54 %), splénique isolée dans 27 cas (29 %) et hépa-
exposition à risque était plus importante (18 % en 2018 vs 10 % de 2008 à 2017, tique isolée dans 16 cas (17 %). Les lésions étaient multiples chez 79 patients
p = 0,01). Tous les patients sans exposition à risque identifiée habitaient en zone (86 %). La taille des lésions était < 20 mm dans 44 cas (48 %). Un syndrome
rurale. inflammatoire a été rapporté dans 80 cas (87 %), avec une CRP médiane de
Conclusion La surveillance de la tularémie en 2018 en France est marquée 117 mg/L (IQR, 48–145). Une cytolyse hépatique a été rapportée dans 33 cas
par une épidémie survenue dans l’ouest de la France. IL s’agit de l’année de (36 %). L’histologie, disponible pour 50 patients, objectivait des granulomes
plus forte incidence depuis l’inscription sur la liste des DO. La survenue de dans 47 cas (51 %), dont 20 gigantocelullaires, 47 lésions de nécrose pyogène
nombreux cas d’atteinte pleuro-pulmonaire et ne présentant pas les facteurs de et 10 mises en évidence du pathogène par colorations spéciales. La sérologie
risque habituels suggère une modification de l’épidémiologie, d’origine non était positive dans 76 cas (83 %), dont 18 séroconversions, et la PCR positive
connue à ce jour. La poursuite de la surveillance de la maladie humaine, en lien dans 38 des 45 cas testés (84 %). Une antibiothérapie a été prescrite dans 78 cas

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(85 %), comportant 1 à 5 molécules différentes, principalement des macrolides Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
(n = 37, 48 %), des cyclines (n = 34, 44 %), des quinolones (n = 21, 27 %), et d’intérêt.
la rifampicine (n = 17, 22 %). Pour 8 patients, aucune antibiothérapie n’a été https://doi.org/10.1016/j.medmal.2019.04.030
prescrite. La durée médiane du traitement était de 30 jours (IQR, 15–60). Douze
patients (13 %) ont nécessité une chirurgie. L’évolution, rapportée dans 86 cas, a
COL02-04
été la guérison dans 82 cas (95 %). Quatre échecs sont rapportés : persistance des
lésions en fin de traitement (n = 2), rechutes multiples (n = 1), et rechute unique Épidémiologie des cas autochtones
ayant conduit à une splénectomie (n = 1). d’encéphalite à tiques en France : 2013–2018
Conclusion Il s’agit de la plus grande cohorte de bartonelloses hépatos- A. Velay 1 , H. Delagréverie 1 , X. Argemi 1 , C. Lohmann 2 , P. Kieffer 2 ,
pléniques chez l’immunocompétent rapportée à ce jour. Les antibiothérapies M. Wendling 1 , D. Debriel 3 , M. Martinot 3 , Y. Hansmann 1 , S. Fafi-Kremer 1
1 CHU de Strasbourg, Strasbourg, France
proposées sont hétérogènes. L’évolution est favorable dans la grande majorité
2 GHR Mulhouse et Sud Alsace, Mulhouse, France
des cas, y compris en cas d’abstention thérapeutique.
3 Hôpitaux Civils Colmar, Colmar, France
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
d’intérêt. Introduction Le virus TBE (Tick-borne encephalitis) est responsable de
l’encéphalite à tique, zoonose principalement transmise à l’homme par piqûre de
https://doi.org/10.1016/j.medmal.2019.04.029
tique du genre Ixodes. Endémique en Europe Centrale et de l’Est, une augmen-
tation du nombre de cas en Europe a été rapportée au cours des trente dernières
COL02-03 années. En France depuis 2016, le nombre de cas confirmés par an est passé
Description de l’épidémie de tularémie dans en moyenne de 10 à 20 cas. Nous rapportons les données épidémiologiques et
notre département en 2018 et organisation cliniques relatives aux cas autochtones français depuis 2013.
d’une table ronde des acteurs concernés Matériels et méthodes De 2013 à 2018, 3005 échantillons sériques ou de
O. Colin 1 , T. Guimard 1 , R. Bernardon 1 , S. Bourdon 1 , N. Cesbron 2 , LCR de 2675 patients suspects de TBE en France ont été testés (Serion classic
H. Lepoivre 3 , R. Ollivier 4 TBE virus IgM and IgG; TBE Enzygnost IgM et IgG Siemens). Les don-
1 CHD Vendée, La Roche-sur-Yon, France nées cliniques ont été recueillies pour classer les patients positifs en IgM et
2 Laboratoire de l’environnement et de l’alimentation de la Vendée, La IgG en cas confirmés (critères de l’ECDC). Les données épidémiologiques,
Roche-sur-Yon, France la durée d’hospitalisation et le délai de prescription de la sérologie ont été
3 ARS Pays de Loire, Nantes, France analysés.
4 Santé Publique France, Pays-de-Loire, Nantes, France Résultats De 2013 à 2018, le nombre d’échantillons testés a doublé passant
de 365 (2013) à 672 (2018). Au total, 90 cas de TBE ont été confirmés par le
Introduction La tularémie est inscrite sur la liste des maladies à déclara-
laboratoire, dont 73 autochtones (81 %) et 17 importés (19 %). La proportion
tion obligatoire (DO) depuis 2002. Elle connaît en 2018 une augmentation de
de cas autochtones varie sur 5 ans: 66,7 % en 2013 (2/3), 80 % en 2014 (8/10),
son incidence en France et particulièrement dans notre département. Il existe
90 % en 2015 (9/10), 96,4 % en 2016 (27/28), 53 % en 2017 (9/17), 81,8 % en
des caractéristiques cliniques et des facteurs d’expositions nouveaux qu’il est
2018 (18/22). La majorité des infections 88 % (62/73) étaient acquises en Alsace,
important de confronter aux données vétérinaires.
mais à partir de 2014 8 cas sont survenus en région Alpine et 1 cas en 2017 dans
Matériels et méthodes Une étude descriptive des DO de tularémie en Ven-
le département de la Loire. Jusqu’en 2016 les pics de prévalence de l’infection
dée en 2018 est réalisée. Les informations cliniques, les facteurs d’exposition,
se situaient en juin ou juillet, en 2017–2018 ils débutaient dès le mois de mai. Un
la répartition géographique des lieux de résidence ont été étudiés. Les données
facteur d’exposition était retrouvé dans 48 % des cas de 2013 à 2015, puis dans
ont pu être comparées à celles de la période 2010–2015 ainsi qu’au données
67 % des cas à partir de 2016: piqûre de tique majoritairement et 1 cas suspect de
de surveillance vétérinaire de la maladie sur les lagomorphes (réseau SAGIR).
contamination par consommation de produits laitiers crus. La durée moyenne
Une table ronde a réuni les différents acteurs concernés par la zoonose afin
d’hospitalisation était de 9,5 jours (0 à 60). La sérologie TBE était prescrite
d’identifier des axes de recherche et de prévention : cliniciens et biologistes, épi-
en moyenne 3 jours après le début de l’hospitalisation. Ce délai est passé de
démiologistes de l’ARS et de Santé Publique France, vétérinaires du Laboratoire
6 jours en 2015 à 2,5 jours ces 3 dernières années. Les patients ont présenté dans
départemental de l’Environnement et de l’Alimentation participant au réseau
27 % (20/73) des cas une méningite, 64 % (47/73) une méningo-encéphalite et
SAGIR et de la Direction Départementale de la Protection des Populations, et
6 patients n’ont pas présenté de signes neurologiques.
les représentants de la fédération de chasse.
Conclusion Les données recueillies sur les 5 dernières années montrent une
Résultats En 2018, 27 cas de tularémie ont été déclarés dans notre départe-
recrudescence des cas confirmés de TBE avec notamment la confirmation d’un
ment, 29 dans notre région. Les formes (ulcéro)ganglionnaires restent les plus
foyer secondaire en région Alpine et l’apparition d’une nouvelle zone de cir-
fréquentes, survenues principalement pendant une période humide de janvier-
culation du virus en Auvergne. Le facteur et le lieu d’exposition sont retrouvés
février. 7 cas étaient rapportés suites à des trails et courses d’orientation. Les
plus fréquemment grâce à un recueil plus précoce des données autour des cas
formes pleuro-pulmonaires étaient en augmentation par rapport aux années pré-
confirmés. Le diagnostic étiologique est aussi plus précocement évoqué.
cédentes (7[26 %] vs 4[23,5 %]). Elles sont survenues de mai à septembre.
Des formes septicémiques sont décrites avec 2 cas de décès chez des patients Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
cirrhotiques ainsi qu’une endocardite. Le diagnostic est posé par culture de d’intérêt.
Francisella tularensis chez 5 patients (18,5 % vs 0 %). Seulement 2 cas rap- https://doi.org/10.1016/j.medmal.2019.04.031
portent une exposition directe à des lagomorphes. L’analyse par PCR des rates
de lièvre confirme la forte présence de la maladie animale (11/38 soit 28,9 % COL02-05
des analyses). La distribution géographique cas-lièvres/cas-humains montre une
répartition homogène de la maladie dans le département sans cluster identifié.
Fièvre hémolytique des roussettes :
Conclusion La surveillance de la tularémie en 2018 dans notre département description d’une nouvelle zoonose due à
a montré une situation inhabituelle : forte augmentation d’incidence, nouveaux Mycoplasma haemohominis caledoniensis
facteurs d’expositions ruraux, formes graves septicémiques ou pulmonaires, dans le Pacifique
agent isolé plus fréquemment en culture chez les patients. Des réservoirs ani- E. Descloux 1 , E. Klement 1 , A. Merlet 1 , C. Cazorla 1 , L. Antonini 2 ,
maux non identifiés (rongeurs), les changements climatiques, les modifications A.C. Gourinat 1 , J. Colot 3 , S. Edouard 4 , O. Medianikov 4 , D. Raoult 4
des pratiques agricoles pourraient influencer ces bouleversements. Il est projeté 1 CHT, Noumea, Nouvelle Calédonie
d’effectuer des actions de prévention auprès des chasseurs, des clubs de course à 2 CHU, Caen, France
pied. Il est projeté un dépistage plus exhaustif de la maladie sur les lagomorphes 3 Institut Pasteur, Noumea, Nouvelle Calédonie
ainsi qu’une recherche de portage sur d’autres rongeurs. 4 Aix Marseille Univ, IRD, AP–HM, Marseille, France

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