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S304 JDP 2018

qui associe inflammation de l’aponévrose palmaire et polyarthrite œstrogéniques et progestéroniques. L’aspect évoquait une méta-
des doigts et poignets, d’évolution rapide et bilatérale. Il survient stase cutanée de carcinome mucineux du sein.
chez la femme de plus de 50 ans, majoritairement associé à un car- La dernière mammographie de dépistage de la patiente, effec-
cinome ovarien (40 % des cas) ou à un cancer du pancréas (14 %). tuée 3 ans auparavant, était normale. Une nouvelle mammographie
L’association à un cancer du sein est plus rare (9 %). Les symptômes montrait une altération structurale du quadrant supéro-latéral. La
précèdent généralement de plusieurs mois la découverte du cancer : microbiopsie du nodule confirmait le diagnostic de carcinome lobu-
raideur matinale, douleur, œdème, érythème palmaire, contrac- laire et la patiente était adressée au centre d’oncologie mammaire
ture, épaississement du fascia et nodules des tendons fléchisseurs. pour la prise en charge (Fig. 1 et 2).
L’évolution se fait vers une rétraction en flexion irréductible des Discussion En excluant le mélanome, les cancers du poumon et
doigts : aspect de main boisée ou « woody hands » par rétraction des du sein sont les principales sources de métastases cutanées. Dans la
gaines ténosynoviales. Une atteinte plantaire similaire est décrite plupart des cas les métastases cutanées apparaissent après le diag-
dans 25 % des cas. Le bilan auto-immun est généralement négatif nostic du cancer primitif, mais peuvent être rarement la première
avec une imagerie et une histologie peu contributifs. La physiopa- manifestation d’une néoplasie viscérale.
thologie est mal connue mais les hypothèses sont : le rôle d’une La perte de cheveux en plaques isolées ou multiples causées par la
substance à potentiel fibrosant sécrétée par certaines tumeurs ; un métastatisation d’un cancer, au niveau du cuir chevelu est nommée
mécanisme immunologique (corroboré par le dépôt d’IgG, IgM et alopécie néoplasique. Les cellules métastatiques peuvent détruire
C3 dans la paroi des vaisseaux à l’immunofluorescence). L’absence les follicules pileux en causant une fibrobroplasie par libération de
de polyarthralgies associées est rare, notre cas étant le sixième médiateurs d’inflammation, par attraction de cellules inflamma-
rapporté à notre connaissance. Dans cette forme particulière, le toires qui se substituent à la population de cellules normales. Le
dermatologue est le premier sollicité pour le diagnostic différen- cancer du sein est à l’origine de la plupart des alopécies néopla-
tiel de sclérodermie. Le traitement de référence est la prise en siques (84 %).
charge du cancer sous-jacent avec 40 % d’amélioration sur les symp- Le cancer du sein est, en termes d’incidence, le plus fréquent chez
tômes inflammatoires mais persistance fréquente de la fibrose déjà la femme. Son pronostic est le plus favorable grâce au diagnostic
installée. précoce par le dépistage systématique et à l’amélioration de la prise
Conclusion Le diagnostic de fasciite palmaire paranéoplasique en charge. Les métastases cutanées sont présentes dans 23,9 % des
sans polyarthralgies associées, est rare et mérite l’intérêt des der- stades IV. Les carcinomes occultes, cherchés devant la découverte
matologues afin de savoir chercher rapidement un cancer dont le d’une métastase ne représentent que 0,1—0,8 %.
pronostic est déterminé par la précocité du diagnostic. Conclusion La découverte des carcinomes par la présence de
Mots clés Fasciite palmaire ; Rétraction en griffe ; Syndrome métastase du cuir chevelu est très rare et peut représenter un
paranéoplasique vrai défi diagnostic pour le dermatologue. Reconnaître une alopécie
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir néoplasique est très important pour découvrir un cancer occulte.
de liens d’intérêts. Mots clés Alopécie cicatricielle néoplasique ; Métastases
Annexe A Matériel complémentaire cutanées
Le matériel complémentaire accompagnant la version en ligne de Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir
cet article est disponible en ligne sur : https://doi.org/10.1016/j. de liens d’intérêts.
annder.2018.09.489. Annexe A Matériel complémentaire
夽 Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont dispo-
Le matériel complémentaire accompagnant la version en ligne de
cet article est disponible en ligne sur : https://doi.org/10.1016/j.
nibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder. annder.2018.09.490.
2018.09.489.
夽 Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont dispo-
https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.489
nibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.
2018.09.490.
P328
Un diagnostic histologique inattendu https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.490
dans un cas d’alopécie du cuir
chevelu夽 P329
Manifestations cutanées des
R. La Selva ∗ ,
V. Arese , M. Panzone
Dermatologia U, Città della Salute e della Scienza di Torino, Italie
dysthyroïdies
∗ Auteur correspondant. Y. Mansour 1 , A. Souissi 1,∗ , C. Ben Slama 2 , H. Slimane 3 ,
M. Mokni 1
Introduction Nous présentons un cas trompeur d’alopécie cicatri- 1 Dermatologie, hôpital La Rabta
cielle néoplasique du cuir chevelu (CC), dont le diagnostic, retenu 2 Service B, institut national de nutrition
uniquement après biopsie, a permis de découvrir et traiter un car- 3 Endocrinologie, hôpital La Rabta, Tunis, Tunisie
cinome mammaire inconnu. ∗ Auteur correspondant.
Observation Une femme de 72 ans se présentait en consultation
à la suite de l’apparition, depuis un an, d’une alopécie progressive Introduction Les manifestations cutanées des dysthyroïdies sont
du CC, résistante aux traitements locaux. variées. Elles témoignent de la multiplicité des interactions entre
Au moment de notre première observation, la patiente était sous les hormones thyroïdiennes circulantes et la peau. Leur prévalence
clobétasol propionate et minoxidil 2 % en application locale depuis a été peu étudiée dans la littérature.
3 mois. Le tableau clinique montrait des plaques d’alopécie du C.C. L’objectif de notre étude est de décrire les signes cutanés rencon-
avec aspect cicatriciel, sans signes inflammatoires décelables, ni trés au cours de l’hypothyroïdie et de l’hyperthyroïdie et de préciser
autre altération de la peau hormis l’absence de follicules pileux et s’ils sont plus fréquents chez les patients dont la dysthyroïdie est
une légère augmentation de consistance à la palpation. mal équilibrée que chez ceux dont la maladie est bien équilibrée.
En raison de l’aspect cicatriciel, une biopsie du CC avait été Matériel et méthodes Il s’agit d’une étude transversale étendue
pratiquée. L’examen histologique montrait la présence de cel- sur une durée de six mois, durant lesquels des patients suivis pour
lules histiocytaires épithéliales atypiques avec, dans le derme, des une hypothyroïdie ou une hyperthyroïdie périphériques ou centrales
cellules en bague à chaton exprimant les récepteurs hormonaux ont eu un examen dermatologique complet. Les patients présentant
une endocrinopathie associée ont été exclus. Nous avons comparé la
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fréquence des signes cutanés entre les malades dont la dysthyroïdie anaphylaxie, SAMA cutanés, digestifs, musculo-squelettiques, neu-
était équilibrée et ceux dont la maladie n’était pas équilibrée. ropsychiques, dyspnée. La durée moyenne du traitement était de
Résultats Nous avons colligé les dossiers de 83 patients. Il 18 mois. L’efficacité de l’omalizumab était maintenue au cours de
s’agissait de 51 cas d’hypothyroïdie et de 32 cas d’hyperthyroïdie. toute la durée du traitement chez 30/34 patients et non précisés
La proportion F/H était de 7,5/1 et de 15/1 respectivement. 98 % pour 2 patients. Pour 3 patients nous avons noté une absence de
des patients ayant une hypothyroïdie et 100 % de ceux ayant une rechute à l’arrêt du traitement avec une durée moyenne de suivi de
hyperthyroïdie présentaient au moins un signe cutané de leur mala- 16 mois. La tolérance était bonne chez 28/34 patients, non-précisée
die. Les manifestations les plus fréquentes en cas d’hypothyroïdie pour 2 patients et des effets indésirables systémiques étaient notés
étaient le myxœdème généralisé (71 %), la caroténodermie (53 %), chez 4 patients ayant motivé l’arrêt du traitement pour 2 cas. Des
la xérose cutanée (51 %), l’atteinte unguéale à type d’ongles cas- réactions locales au site d’injection étaient notées chez 2 patients
sants et de stries (45 %), la kératose palmoplantaire (41 %), le (Fig. 1 et Tableau 1).
mélasma (29 %), le signe de la queue du sourcil (22 %) et les che- Discussion L’omalizumab semble plus efficace pour le traite-
veux secs et cassants (22 %). Chez les patients suivis pour une ment de l’anaphylaxie (28/28), SAMA cutanés (18/18) et digestifs
hyperthyroïdie, les signes les plus fréquents étaient le flush (63 %), (15/16) dans les PM. L’effet est moins net pour les SAMA musculo-
les signes oculo-palpébraux (63 %), l’hyperpigmentation (59 %), squelettiques et neuropsychiques. Il est possible que l’anaphylaxie,
l’augmentation de la chaleur cutanée (53 %), l’hypersudation (50 %), les SAMA cutanés et digestifs soient liés à l’activation mastocytaire
le prurit (31 %), l’atteinte unguéale (28 %) et l’érythème palmoplan- IgE médiée, contrairement aux autres SAMA. Ces données rejoignent
taire (22 %). les résultats publiés par Gaudenzio et al. chez les souris montrant
En comparant la fréquence des signes cutanés entre les malades des différences de la sévérité de SAMA selon la voie d’activation
en dysthyroïdie et ceux bien équilibrés, les patients dont mastocytaire : IgE ou non IgE médiée. Le marqueur de l’activation
l’hypothyroïdie était équilibrée avaient significativement plus de mastocytaire (CD63), l’expression de CD2/CD5, la mutation KIT sont
mélasma (p = 0,043). Les patients dont l’hyperthyroïdie n’était pas inchangés dans tous les cas analysés et dans la plupart des cas, le
équilibrée rapportaient significativement plus de flush (p = 0,007). taux de la tryptase sérique (14/19).
Discussion Notre étude est l’une des rares études dans la littéra- Conclusion Omalizumab semble efficace pour les SAMA sévères
ture où un examen dermatologique complet a été réalisé chez des pouvant engager le pronostic vital mais aussi pour SAMA cutanés et
malades afin de rechercher des signes cutanés de leur dysthyroïdie. digestifs. Des études contrôlées randomisées sont nécessaires afin
La fréquence des signes cutanés des dysthyroïdies varierait de 50 à de confirmer ces données et définir le schéma thérapeutique idéal.
80 % en fonction des séries. Cette fréquence a été plus élevée dans Mots clés Mastocytose ; Omalizumab ; Symptômes d’activation
notre étude. mastocytaire
À notre connaissance, aucune étude dans la littérature n’a com- Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir
paré la prévalence des signes cutanés entre les patients dont la de liens d’intérêts.
dysthyroïdie était équilibrée et ceux dont la maladie n’était pas Annexe A Matériel complémentaire
équilibrée. Le matériel complémentaire accompagnant la version en ligne de
Conclusion L’équilibre de la maladie ne semble pas avoir cet article est disponible en ligne sur : https://doi.org/10.1016/j.
d’impact sur la plupart des signes cutanés des dysthyroïdies. annder.2018.09.492.
Mots clés Hyperthyroïdie ; Hypothyroïdie 夽 Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont dispo-
Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir
de liens d’intérêts. nibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.
2018.09.492.
https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.491
https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.492

P330
Omalizumab comme traitement de la P331
Le syndrome de Gleich ou
pathologie mastocytaire : revue
angio-œdème hyperéosinophilique est
systématique de la littérature夽
en rapport avec une sous-population
F. Jendoubi ∗ , M. Severino , C. Paul , C. Bulai-Livideanu
CEREMAST Toulouse, service de dermatologie, CHU de Toulouse, lymphocytaire clonale produisant de
France l’interleukine-5夽
∗ Auteur correspondant.
G. Salomon 1,∗ , M. Peres 2 , M. Caucanas 3 , L. Lamant 4 ,
Introduction Les pathologies mastocytaires (PM) regroupent les T. Al Saati 4 , C. Uthurriague 1 , C. Paul 1
1 Dermatologie, CHU de Toulouse
mastocytoses cutanées (MC), systémiques (MS) et le syndrome 2 Laboratoire d’hématologie, institut universitaire du cancer
d’activation mastocytaire (SAMA). Les caractéristiques communes 3 Dermatologie, clinique Sain- Jean-Languedoc
de ces 3 pathologies sont les symptômes d’activation mastocytaire 4 Service d’anatomopathologie, institut universitaire du cancer,
(SAMA), pour lesquels aucun traitement n’a l’AMM. L’omalizumab
est un anticorps monoclonal anti-IgE qui modifierait l’expression et Toulouse, France
∗ Auteur correspondant.
la transduction des récepteurs aux IgE à la surface des mastocytes,
les rendant moins réactifs. L’objectif de notre étude était d’évaluer Introduction Le syndrome de Gleich est une cause rare
l’intérêt de l’omalizumab dans le traitement des PM à travers une d’hyperéosinophilie associant angio-œdèmes récidivants et aug-
revue systématique de la littérature. mentation sérique des immunoglobulines de type M (IgM). Il affecte
Matériel et méthodes Une recherche d’articles scientifiques a surtout l’adulte jeune. Nous rapportons un cas de syndrome de
été réalisée en Mai 2018 en interrogeant la base de données infor- Gleich induit par une population clonale lymphocytaire sécrétrice
matique Pubmed. Les mots clé saisis étaient : omalizumab systemic d’interleukine(IL)-5.
mastocytosis, omalizumab cutaneous mastocytosis, omalizumab Observation Un patient de 41 ans asthmatique présentait des
mast cell activation syndrome. épisodes récidivants d’œdème du visage non fébriles. La symp-
Résultats Nous avons inclus 17 articles et 34 patients. tomatologie avait débuté en 2012, associée à des papules
L’omalizumab était prescrit le plus souvent à la dose de érythémateuses de la partie supérieure du corps. Les épisodes sur-
300 mg/mois : 24/34 patients. Les SAMA évalués étaient : venaient sans facteur déclenchant toutes les 4 semaines, durant

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