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ÉDITORIAL

“Rosa”*, rosa, rosam

B
ien que cette jolie chanson* de Jacques Brel ait bercé mon jeune âge, je dois
confesser que je ne suis pas un expert en grammaire, déclinaisons, ­désinences
ou conjugaisons. Il m’est cependant apparu, ces derniers mois, qu’il existait
un nouveau phénomène en oncologie, une sorte de “déclinaison” de “conjugués”,
plus savamment dits, en langage médical, d’anticorps conjugués.
L’un des plus anciens, le trastuzumab emtansine, a ouvert la voie, dans les cancers
du sein HER2, en rétablissant une action thérapeutique après échappement
au trastuzumab seul.
L’anticorps conjugué de 2e génération, le trastuzumab déruxtécan, a bouleversé
le traitement des cancers du sein définis comme HER2 faible dans l’étude
DESTINY-Breast04, avec une survie globale de 23,4 mois des patientes
dans le bras de l’anticorps conjugué contre 16,8 mois dans le bras contrôle
Pr Jean-François recevant une chimiothérapie (HR = 0,64 ; p = 0,0010).
Morère Un troisième “conjugué”, le patritumab déruxtécan, qui cible, lui, HER3, donne
Rédacteur en chef
de La Lettre du Cancérologue.
30 % de réponses en 6e ligne de traitement.
Enfin, le sacituzumab govitécan ciblant la protéine TROP-2 semble représenter
une nouvelle carte à abattre dans les cancers du sein.
Deux autres anticorps conjugués, le mirvétuximab soravtansine et le ­MORAb-202­,
pourraient aussi être promis à un avenir intéressant, cette fois-ci dans les cancers
de l’ovaire.
Dans les cancers du col de l’utérus, le tisotumab védotin, qui cible le facteur
tissulaire, a démontré une efficacité motivant une autorisation accélérée
de la Food and Drug Administration.
L’utilisation de ces anticorps conjugués ne se résume cependant pas
à la sénologie ou à la gynécologie. C’est ainsi que l’enfortumab védotin, qui cible
la nectine-4, s’impose avec un bénéfice en survie globale dans les cancers urothéliaux
préalablement traités.
On le voit, ce raffinement du petit colis piégé enrichit manifestement
l’armamentarium des cancérologues dans de nombreuses situations difficiles.
Nul doute que les équipes de recherche pharmaceutique nous proposerons
de nouveaux anticorps conjugués à l’avenir encore plus efficaces.
Encore mille mercis à Thibault de la Motte Rouge, Jean-Yves Pierga
J.F. Morère déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts en relation et Philippe Beuzeboc pour leur couverture efficace de ce thème à l’ASCO®
avec cet article. et à l’ESMO 2022.

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et la validation des épreuves par les auteurs et les rédacteurs en chef. rédactionnels en marge des articles ­scientifiques.

4  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


ÉDITORIAL

Le cancer du sein chez la femme


avant 40 ans et après 70 ans,
retour sur les présentations orales
des 42es Journées de la SFSPM

L
es bonnes habitudes ont repris en 2022, et la Société Française de Sénologie
et de Pathologie Mammaire (SFSPM) a pu organiser ses 42es Journées à Nice,
en conservant des acquis de la période post-Covid-19 à savoir un format
mixte, en présentiel et à distance. Nous fûmes plus de 900 participants et orateurs
à avoir eu le plaisir de nous retrouver physiquement, et 250 ont suivi le congrès
par l’intermédiaire de notre interface distancielle.
Cette année, les Journées avaient pour thématique “Le cancer du sein chez la
femme de moins de 40 ans et de plus de 70 ans”, un sujet qui n’avait pas été abordé
depuis une dizaine d’années dans nos journées. Ce sujet de pratique quotidienne
pour la plupart d’entre nous a été abordé sous tous ses aspects, de l’épidémiologie
Dr Luc Ceugnart aux soins de support. Les évaluations des participants ont été très positives
tant sur la qualité scientifique des présentations que sur celle des orateurs.
Président de la SFSPM ;
pôle imagerie médicale, En qualité de membre de la SFSPM, vous pouvez retrouver l’ensemble des séances
Centre Oscar-Lambret, Lille. plénières, des ateliers et des séances de communications libres de Nice 2022
sur notre site internet (www.senologie.com), dans notre très riche médiathèque
(qui contient l’ensemble des congrès des 10 dernières années).
Cette année encore, Rémy Salmon et Claudia Régis ont coordonné avec brio
les séances de communications libres. Plus de 100 propositions avaient été soumises
et, après une sélection rigoureuse, plus de 60 ont été retenues, parmi lesquelles
21 ont été présentées en séance par des orateurs dynamiques et très souvent
enthousiasmants. Vous trouverez, dans ce numéro, la majorité d’entre elles, et vous
pourrez apprécier la qualité des travaux présentés, mais aussi constater l’étendue
des domaines abordés.
Vous souhaitant une lecture instructive de ces communications, je profite
de l’occasion pour vous souhaiter, au nom de l’ensemble des membres
du conseil d’administration de la SFSPM, une très belle année 2023.
Nous espérons vous retrouver nombreux du 8 au 10 novembre 2023 à Montpellier
L. Ceugnart déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts en relation pour nos 44es Journées qui auront pour thématique “Pourquoi tant de disparités
avec cet article. malgré les consensus ? – La sénologie dans tous ses états”.

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CONGRÈS
RÉUNION
Journées de la Société Française de Sénologie et de Pathologie Mammaire

Les cancers du sein


en fonction de l’âge
V. Diéras*,**

“Le cancer du sein chez la femme de moins de 40 ans et de plus de 70 ans” était la thématique des 42es Journées
de la Société Française de Sénologie et de Pathologie Mammaire (SFSPM). Il est indéniable que le pronostic des
cancers du sein s’est considérablement amélioré ces dernières années, avec un taux de curabilité plus impor-
tant au stade précoce et une prolongation significative de la survie globale au stade métastatique. Cela est en
lien avec un meilleur dépistage, ainsi qu’une optimisation des traitements locaux et systémiques. Cependant,
nous assistons ces dernières années à une augmentation de l’incidence des cancers du sein chez les femmes
jeunes et les femmes âgées. Il était donc important d’essayer d’analyser les particularités du cancer du sein en
fonction de l’âge.

D
urant ces journées, nous avons pu passer en Biologie
revue tous les aspects du diagnostic et de
la prise en charge du cancer du sein chez la L’impact des signatures génomiques dans la déci-
femme avec les particularités liées à l’âge. sion des traitements adjuvants des cancers du sein
Les données de vraie vie et analyses de cohortes est reconnu. Cependant, de nombreuses questions
permettent d’étudier au mieux nos pratiques. persistent du fait des différentes signatures dispo-
nibles et de leur utilisation. Le projet PROCURE visait
à développer un consensus sur l’utilité des signatures
Dépistage et épidémiologie génomiques dans la prise de décision thérapeutique
sur la base de l’avis d’un panel européen d’experts
L’hétérogénéité de la prise en charge des cancers (F. Penault-Llorca et al., abstr. A02).
du sein triple-négatifs et HER2+ en fonction de Une grande étude rétrospective confirme l’absence
l’âge est soulignée par l’analyse d’une cohorte de d’impact défavorable détectable d’une atteinte
528 patientes (G. Houvenaeghel et al., abstr. A01), qui micrométastatique du ganglion sentinelle (A. de
montre que l’âge a un impact négatif sur les décès de Nonneville et al., abstr. O12). L’évaluation d’un
toutes causes. Les patientes âgées de plus de 80 ans score prédictif de la réponse à la chimiothérapie
sont traitées plus fréquemment par mastectomie et néo­­adjuvante (RE, RP et Ki67) retrouve une valeur
moins fréquemment par chimiothérapie adjuvante prédictive pour toutes les tranches d’âge.
et radiothérapie régionale ganglionnaire.
LISE est une étude observationnelle, rétrospective,
qui a évalué de manière exhaustive les cancers du sein Chirurgie
diagnostiqués entre 2010 et 2021, ainsi que leur prise
en charge. Cette étude a montré que les cancers du sein L’étude ARMONIC permet de mieux préciser en temps
de la femme jeune présentent des critères pronostiques réel le drainage lymphatique du bras avec l’identifica-
défavorables par rapport aux autres tranches d’âge. tion des ganglions sentinelles dans le but de pouvoir
La précarité affecte la prise en charge du cancer du réduire l’incidence de lymphœdème (A. Conversano
sein, et il est primordial d’approfondir les études et al., abstr. C03). Le traitement chirurgical s’effectue de
et de sensibiliser les médecins. Les études BICS et plus en plus en ambulatoire, même en cas de mastec-
DESSEIN représentent une première étape d’analyse tomie, grâce à la mise en place du dispositif infirmier
* Membre du comité de rédaction qu’il convient d’intensifier dans le contexte actuel d’accompagnement et de suivi postambulatoire à
de La Lettre du Cancérologue. où, malheureusement, nous assistons à une augmen- domicile (M. Ottaviani et al., abstr. C08). De même, une
** Département d’oncologie médi-
cale, centre Eugène-Marquis, Rennes.
tation de la population de femmes en situtation de chirurgie mammaire conservatrice peut être réalisée
précarité (C. Ngo et al., abstr. S04 et S05). sous anesthésie locale (J. Seror et al., abstr. C10).

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CONGRÈS
RÉUNION

Chez les patientes très âgées, qui présentent une et EPOPEE, étude d’e-surveillance des patientes
contre-­indication à la chirurgie, la cryothérapie sous hormonothérapie adjuvante (F. Dalenc et al.,
percutanée ambulatoire pourrait représenter une abstr. O05).
alternative (O. Seror et al., abstr. C11). La désescalade
thérapeutique d’un curage axillaire vers la réalisation
du ganglion sentinelle chez les patientes âgées de plus Conclusion
de 70 ans, sans atteinte ganglionnaire initiale, semble
être une stratégie de première intention raisonnable Ces journées de la SFSPM ont exposé de façon exhau­
pour identifier les patientes à faible risque d’invasion stive l’ensemble des particularités du cancer du sein
ganglionnaire (A. Hourrier et al., abstr. C12). en fonction de l’âge. S’il est admis que l’âge chrono­
logique (supérieur à 70 ans) ne doit pas constituer
un critère décisionnel pour la prise en charge, un
Radiothérapie grand constat est que la population la plus âgée
(plus de 80 ans) ne semble pas bénéficier des inno-
L’équipe de Namur a évalué la toxicité de la radio- vations et est très peu représentée dans les études
thérapie mammaire locorégionale adjuvante de recherche clinique. Cette faible participation aux
hypofractionnée et l’impact de la pandémie de études cliniques est en relation avec des causes pluri-
Covid-19 (A.E. Yéo et al., abstr. O09). factorielles : comorbidités et comédications excluant
l’inclusion, ainsi que des facteurs personnels, familiaux
et peut-être une réticence des professionnels de santé
Soins de support et suivi à imposer les contraintes d’un essai clinique à cette
des effets indésirables population. Les données de vraie vie constituent alors
un élément complémentaire majeur dans l’élaboration
La thématique primordiale de l’an passé est à de référentiels de traitement.
nouveau évoquée avec onCOGITE (e-ateliers qui Encore une fois, la multidisciplinarité, clé de voûte
V. Diéras déclare ne pas avoir
reconnectent les neurones) dans la prise en charge de la SFSPM, a rempli son contrat avec de nombreux de liens d’intérêts en relation
de l’“oncobrain” (V. Gérat-Muller et al., abstr. O03), échanges. avec cet article.

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CONGRÈS
RÉUNION

Journées de la Société Française


de Sénologie et de Pathologie Mammaire
42e édition, 9-11 novembre 2022

Anatomo-cytopathologie – Biologie – Génétique Oncologie – Fertilité – Radiothérapie – Imagerie


• A01 Cancer du sein triple-négatif et HER2+ de la femme âgée (radiologie, médecine nucléaire…)
de 70 ans et plus : impact pronostique de l’âge en fonction des • O03 onCOGITE, les e-ateliers qui reconnectent les neurones :
traitements p. 11 onco-réhabilitation sociale et professionnelle. Retour d’expérience
• A02 Perspective française sur l’utilité des signatures multi­ nationale de 2 années de prise en charge des troubles cognitifs
géniques du cancer du sein dans la pratique clinique courante : liés au cancer et à ses traitements  p. 22
résultats du projet PROCURE p. 12 • O05 EPOPEE, étude d’e-surveillance de patientes sous hormono-
• A03 Modèle prédictif de l’envahissement ganglionnaire selon thérapie adjuvante pour un cancer du sein : résultats d’une étude
les caractéristiques histopathologiques primaires du cancer du prospective, pilote et monocentrique conduite à l’IUCT Oncopole
sein infiltrant, à partir de données de vraie vie (2 726 cas)p. 13 (Toulouse) p. 23
• A05 Impact pronostique de l’invasion lymphovasculaire chez • O09 Radiothérapie mammaire locorégionale adjuvante hypo­
les patientes atteintes d’un cancer du sein précoce : étude de fractionnée : analyse rétrospective de la toxicité et impact de la
cohorte rétrospective multicentrique nationale p. 13 pandémie de Covid-19 p. 24
• A07 Prévalence des mutations BRCA dans le cancer du sein • O 11 Ganglion sentinelle en cas de chirurgie première avec
triple-négatif dans une population algérienne p . 14 ­envahissement ganglionnaire prouvé p. 25
• O12 Micrométastases et ganglion sentinelle : absence d’impact
pronostique dans le cancer du sein à récepteurs hormonaux
Chirurgie – Ganglion sentinelle positifs p. 26
• C03 Étude ARMONIC : résultats du PHRC K15-222  p. 15 • O20 Évaluation d’un score prédictif de la réponse à la chimio-
• C08 Mastectomie totale en ambulatoire : état des lieux et faisa- thérapie néoadjuvante dans les cancers du sein RH+ HER2− en
bilité depuis la mise en place du dispositif infirmier d’accompa- fonction de l’âge p. 27
gnement et de suivi postambulatoire à domicile, une série de
plus de 1 000 patients p. 16
• C10 Faisabilité et impact de la chirurgie mammaire conservatrice Soins de support – Psychologie
sous anesthésie locale  p. 17 • S04 Biais implicites vis-à-vis des patientes en situation de précarité :
• C11 Cryothérapie percutanée ambulatoire du cancer du sein en impact sur la prise en charge du cancer du sein. Étude BICS p. 28
oncogériatrie p. 18 • S05 Impact de la précarité sur la prise en charge du cancer du sein :
• C12 Stratégie thérapeutique du creux axillaire chez les patientes résultats de l’étude DESSEIN p. 28
âgées de plus de 70 ans, atteintes d’un cancer du sein infiltrant
luminal cN0 et ayant bénéficié d’une hormonothérapie néo­­
adjuvante­ : intérêt du ganglion sentinelle pour limiter le recours
au curage  p. 19

Dépistage – Épidémiologie
• D05 Caractéristiques du cancer du sein et modalités de traite-
ment en vie réelle chez la femme jeune (moins de 40 ans) ou
âgée (plus de 70 ans) de la cohorte française en vie réelle LISE :
à propos de 758 cas p. 19
• D06 Évaluation d’une relance de fidélisation dans le dépistage
organisé des cancers du sein dans 3 départements d’Île-de-France
 p. 20
• D07 Observance thérapeutique chez les patientes atteintes d’un
cancer du sein : analyse issue des données du système national
des données de santé p. 21

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CONGRÈS
RÉUNION

Résumés des meilleures communications libres de l’édition 2022 du congrès de la Société Française de Sénologie
et de Pathologie Mammaire (SFSPM) soumis dans le cadre des 42es Journées de la SFSPM.

Anatomo-cytopathologie – des groupes d’âge était significativement diffé-


Biologie – Génétique rente pour le stade T clinique, le stade pT, le type
de chirurgie du sein et axillaire, la réalisation d’une
A01 Cancer du sein triple-négatif et chimiothérapie (non significatifs : stade pN, emboles,
HER2+ de la femme âgée de 70 ans sous-type).
et plus : impact pronostique de l’âge Les taux de chimiothérapie étaient de 61,7 %,
en fonction des traitements / Triple- 58,7 % et 27,4 % en fonction des 3 groupes
negative and HER2+ breast cancer d’âge (p < 0,0001). Une chimiothérapie adjuvante
in women aged 70 and over: prognostic a été moins fréquemment réalisée chez les patientes
impact of age according to treatment de 75-80 ans (OR = 0,533 ; p = 0,011) et > 80 ans
(OR = 0,106 ; p < 0,0001), et plus fréquemment
G. Houvenaeghel (1), M. Bannier (1), M.P. Chauvet (2), réalisée pour les stades > pT1, les stades pN1mi et
C. Faure (3), J.M. Classe (4), E. Jouve (5), L. Sabiani (1), macro, les grades 2 et 3, et les tumeurs RH− HER2+.
M. Cohen (1) La réalisation d’un curage axillaire n’était pas diffé-
(1) Chirurgie oncologie, Institut Paoli-Calmettes, rente en fonction de l’âge. Le taux de mastectomie
Marseille ; (2) Chirurgie, Centre Oscar-Lambret, était croissant en fonction des groupes d’âge :
Lille ; (3) Chirurgie, Centre Léon-Bérard, Lyon ; 28 %, 40,7 % et 46 % (p = 0,001), cependant sans
(4)  Chirurgie, Centre René-Gauducheau, Saint- différence tenant compte du stade clinique de la
Herblain ; (5) Chirurgie, Oncopole, Toulouse. tumeur. La réalisation d’une radiothérapie régio-
Mots-clés : cancer du sein, triple-négatif, HER2, âge / nale ganglionnaire était moins fréquente chez les
breast cancer, triple-negative, HER2, age. patientes > 80 ans (OR = 0,293 ; p = 0,003).
Une prise en charge de patientes âgées et atteintes Le suivi médian était de 49 mois avec des
d’un cancer du sein de sous-type agressif qui néces- valeurs décroissantes en fonction des 3 groupes
site des traitements adjuvants en fonction de l’état d’âge (56,23 ; 49,0 ; 31,54).
général, des comorbidités et de l’espoir de vie est Analyse de Cox : les décès (survie globale) étaient
de plus en plus fréquente. L’objectif a été d’analyser significativement associés à un âge > 80 ans
l’impact pronostique de l’âge en fonction des trai- (HR = 2,718 ; p = 0,001), aux stades pT2 et pT3
tements chez des femmes âgées de 70 ans et plus (HR = 3,702 et 4,539 respectivement ; p < 0,0001),
présentant un cancer du sein triple-négatif ou HER2+. au stade pN1macro (HR = 1,745 ; p = 0,033), à la
Méthode : analyse d’une cohorte de patientes âgées présence d’emboles (HR = 2,50 ; p < 0,0001) et au
≥ 70 ans et traitées par chirurgie première pour un sous-type RH+ HER2+ (HR = 0,488 ; p = 0,012) ;
cancer du sein triple-négatif ou HER2+, réparties en les survies sans récidive étaient significativement
3 groupes : 70-74, 75-80, > 80 ans, de 2005 à 2018. associées aux stades pT2 et pT3, au stade pN1macro,
Les facteurs associés à la réalisation d’une chimio- à la présence d’emboles et à la limite de la signifi-
thérapie adjuvante, à une chirurgie conservatrice ou cativité pour l’âge > 80 ans (HR = 1,791 ; p = 0,065 ;
une mastectomie, à un curage axillaire ou un ganglion IC95 : 0,965-3,327) ; les survies spécifiques étaient
sentinelle seul, à une radiothérapie régionale ganglion- significativement associées aux stades pT2 et pT3,
naire et à une radiothérapie après mastectomie ont au stade pN1macro et à la présence d’emboles sans
été déterminés en analyses uni- et multivariées. différence entre les groupes d’âge.
Les survies globale, sans récidive et spécifique ont Conclusion : l’âge avait un impact négatif sur les
été déterminées en analyses uni- et multivariées. décès de toute cause, cependant sans différence sur
Résultats : 528 patientes, 243 de 70-74 ans (46 %), les décès associés à une récidive (survie spécifique)
172 de 75-80 ans (32,6 %) et 113 > 80 ans (21,4 %), et avec un impact proche de la significativité sur
présentaient un cancer triple-négatif (51,9 % ; la survie sans récidive chez les patientes > 80 ans
n = 274) ou aux récepteurs hormonaux (RH) posi- traitées plus fréquemment par mastectomie et
tifs et HER2+ (30,1 % ; n = 159) ou RH négatif et moins fréquemment par chimiothérapie adjuvante
HER2+ (18 % ; n = 95). La répartition en fonction et radiothérapie régionale ganglionnaire.

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  11


CONGRÈS
RÉUNION

A02 Perspective française sur l’utilité Résultats : 29 participants sur les 133 panélistes
des signatures multigéniques du cancer ayant répondu au questionnaire Delphi exercent
du sein dans la pratique clinique en France, dont 55,2 % d’oncologues et 20,7 % de
courante : résultats du projet PROCURE pathologistes, dont la majorité travaille dans des
/ French perspective on the utility hôpitaux universitaires (75,9 %) et possède une
of breast cancer multigenes signatures grande expérience de l’utilisation des SG (96,6 %). En
in routine clinical practice: results from ce qui concerne leur pratique clinique, 96,6 % d’entre
the PROCURE project eux ont déclaré la disponibilité des tests génomiques
dans leurs hôpitaux et signalé l’existence de politiques
F. Penault-Llorca (1), N. Harbeck (2), A. Prat (3), hospitalières ou nationales pour réglementer l’uti-
J. King (4), G. Curigliano (5), F. Cardoso (6), lisation des SG. La plupart des participants français
M. Gnant (7), A.V. Lænkholm (8) utilisent les SG en routine (69,0 %), principalement
(1) Centre de lutte contre le cancer Jean Perrin, pour évaluer le risque de récidive à distance dans
Imagerie moléculaire et stratégies théranostiques, les 10 ans en situation de désescalade de chimio-
Université Clermont Auvergne, UMR Inserm UCA, thérapie adjuvante (65,2 %), ainsi que pour prédire
Clermont-Ferrand ; (2) Breast Center, LMU University le bénéfice de la chimiothérapie adjuvante (30,4 %).
Hospital, Munich, Allemagne ; (3) Hospital Clínic de Ils utilisent également les SG pour définir le sous-type
Barcelona, August Pi i Sunyer Biomedical Research moléculaire de la tumeur (30,4 %), soit plus que ce
Institute (IDIBAPS), University of Barcelona, Barcelone, qui a été observé dans l’échantillon global (12,7 %).
Espagne ; (4) Royal Free Hospital NHS Foundation Enfin, les panélistes français ont utilisé les SG prin-
Trust, Londres, Royaume-Uni ; (5) European Institute cipalement dans des cas sélectionnés, indépendam-
of Oncology, IRCCS and University of Milano, Milan, ment du sexe, de l’âge ou du statut ménopausique,
Italie ; (6) Breast Unit, Champalimaud Clinical Centre / avec des résultats similaires concernant l’absence
Champalimaud Foundation, Lisbonne, Portugal ; d’envahissement ganglionnaire (62,1 %), l’envahis-
(7) Comprehensive Cancer Center, Medical University sement de 1 à 3 ganglions lymphatiques (79,3 %),
of Vienna, Vienne, Autriche ; (8) Zealand University le statut hormonal positif (58,6 %) et le statut
Hospital, Roskilde, Danemark. HER2− (65,5 %).
Mots-clés : cancer du sein précoce, test génétique, Discussion : les 2 principales raisons invoquées
technique Delphi, consensus / early breast cancer, par les panélistes français pour l’utilisation des
genetic testing, Delphi Technique, consensus. SG (évaluer le risque de récidive et sélectionner
Contexte : plusieurs signatures génomiques (SG) les patients pour une chimiothérapie adjuvante)
sont disponibles pour identifier le profil moléculaire sont conformes aux recommandations actuelles de
du cancer du sein de stade précoce (CSP). Cependant, l’ESMO [1]. Cependant, les SG ne peuvent pas prédire
on ignore l’étendue de leur utilisation actuelle et le bénéfice d’agents cytotoxiques spécifiques 1, une
leur perception dans la pratique clinique en Europe. conception erronée qui persiste chez certains clini-
Objectif : le projet PROCURE visait à développer ciens. De plus, un faible pourcentage de panélistes
un consensus sur l’utilité des SG dans la prise de a déclaré utiliser les SG hors recommandations,
décision thérapeutique dans le CSP sur la base de chez les patients avec un statut HER2+ (6,9 %),
l’avis d’un panel européen d’experts. Nous résumons 4 ganglions lymphatiques positifs ou dans le cancer
ici les principaux résultats obtenus pour la France. du sein triple-négatif (3,4 % les 2). L’ensemble de
Méthode : un questionnaire Delphi a été soumis ces résultats suggère un besoin d’information pour
2 fois à des cliniciens experts du CSP exerçant dans renforcer l’utilisation appropriée des SG.
11 pays européens. Le questionnaire comprenait Conclusion : les participants français à l’étude
5  sections : PROCURE possèdent une grande expérience dans
➤ profil et expérience des panélistes avec les SG ; l’utilisation des SG, mais une formation complémen-
➤ pratique clinique actuelle dans le CSP et utili- taire est nécessaire afin d’améliorer les connaissances
sation des SG ; des cliniciens concernant leur importance et leur
➤ avis des panélistes sur l’utilité des SG selon les véritable utilité clinique.
profils des patients ;
➤ accord avec un ensemble de recommandations Référence bibliographique
sur l’utilisation des SG dans la pratique clinique ; 1. Cardoso F et al. Early breast cancer: ESMO Clinical Practice
Guideline for diagnosis, treatment and follow-up. Ann Oncol
➤ identification des besoins non satisfaits et des 2019;30(8):1194-220.
applications futures des SG.

12  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


CONGRÈS
RÉUNION

A03 Modèle prédictif de l’envahissement ➤ au Ki67 (OR ajusté = Ki67 < 14 %, réf. ;


ganglionnaire selon les caractéristiques Ki67 ≥ 14 %, 1,37 ; p < 0,001) ;
histopathologiques primaires du cancer ➤ à l’atteinte lymphovasculaire (LVI) (OR ajusté =
du sein infiltrant, à partir de données non, réf. ; oui, 7,80 ; p < 0,001) ;
de vraie vie (2 726 cas) / Axillary nodal ➤ au sous-type moléculaire (OR ajusté = luminal A,
involvement (ANI) predictive model réf. ; luminal B HER2−, 1,26 ; luminal B HER2+, 2,11 ;
by primary histopathological features HER2+, 1,84 ; triple-négatif, 0,86 ; p < 0,001).
in invasive breast cancer: a real-world Naturellement, l’ANI était associé à un taux plus
analysis of 2,726 cases important de récidives (6,6 versus 2,7 % pour
les pN0) et de décès attribuables au cancer du
C. Charles (1), B. Cutuli (2), F. Bancheri (2), Y. Caron (2), sein (5,4 versus 1,9 % pour les pN0) (p < 0,001,
P. Colin (2), P.H. Dorangeon (2), S. Ferrand (2), médiane de suivi, 48,2 mois).
N. Gavillon (2), C.G. Hemery (2), N. Jovenin (2), La communication a présenté un modèle innovant
L. Krebs (2), A.R. Majidi (2), F. Mallet (2), W. Mina (2), avec un score prédictif d’ANI facile à utiliser (pN0/
K. Prulhiere-Corviole (2), P. Terrosi (2), A. Theillier (2), pN1mic-N1/pN2-3).
S. Urrutiaguer (2), I. Veron-Leclercq (2), G. Yazbek (2) Conclusion : les tumeurs pN+ étaient significative-
(1) Cabinet privé, Biarritz ; (2) Institut du cancer ment corrélées avec l’âge plus jeune, la détection
Courlancy, Reims. clinique, le pT croissant, le grade SBR croissant,
Mots-clés : cancer du sein, épidémiologie, vie réelle, le Ki67 ≥ 14 %, la présence de LVI, les sous-types
modèle prédictif, ANI / breast cancer, epidemiology, luminal B et HER2+, et associées à des taux de réci-
real-life, predictive model, ANI. dive et de mortalité plus élevés.
Contexte : l’envahissement ganglionnaire (ANI, Le modèle multivarié a révélé une forte influence du
axillary nodal involvement) est un facteur prono­ type de détection (clinique versus imagerie, du SBR,
stique majeur de survie sans progression et de survie du Ki67, du sous-type moléculaire et surtout du LVI).
spécifique du cancer du sein infiltrant (CSI), mais Ces résultats soutiennent l’évaluation complète des
des données de vie réelle précises sont nécessaires caractéristiques de la tumeur primaire en pratique
pour mieux comprendre les particularités des CSI clinique pour guider les décisions de traitement.
et aider les cliniciens à sélectionner les modalités
de traitement optimales. A05 Impact pronostique de l’invasion
Méthode : LISE est une étude observationnelle lymphovasculaire chez les patientes
rétrospective évaluant de manière exhaustive les atteintes d’un cancer du sein précoce :
caractéristiques des cancers du sein (infiltrants et étude de cohorte rétrospective
in situ) diagnostiqués entre 2010 et 2021 à l’Institut multicentrique nationale /
du cancer de Courlancy (Reims ; n = 3 122), ainsi que Lymphovascular invasion has a
leurs prises en charge et les données de suivi. significant prognostic impact in patients
Les corrélations entre les caractéristiques tumo- with early breast cancer, results
rales, les paramètres cliniques et l’ANI dans une from a large national multicenter
analyse portant sur 2 726 cas incidents de CSI ont retrospective cohort study
été évaluées.
Résultats : dans la cohorte des CSI, il y avait A. de Nonneville (1), M. Cohen (2), J.M. Classe (3),
1 922 (70,5 %) tumeurs pN0 et 804 (29,5 %) F. Reyal (4), C. Mazouni (5), N. Chopin (6),
tumeurs pN+ (pN1mic, 5,5 % ; pN1, 16,4 % ; pN2-3, A. Martinez (7), E. Daraï (8), C. Coutant (9),
7,5 %). L’ANI était fortement corrélé : P. E .   C o l o m b o   ( 1 0 ) , P.   G i m b e r g u e s   ( 1 1 ) ,
➤ à l’âge (OR ajusté ≤ 40 ans, 1,64 ; 40-49, 1,47 ; A.S. Azuar (12), R. Rouzier (13), C. Tunon de Lara (14),
50-74, réf. ; ≥ 75 ans, 1,17 ; p = 0,034) ; X. Muracciole (15), A. Agostini (16), M. Bannier (2),
➤ au type de détection (OR ajusté, imagerie ou E. Charafe-Jauffret  (17), A. Goncalves  (1),
dépistage, réf. ; signes cliniques / palpation, 1,77 ; G. Houvenaeghel (2)
p < 0,001) ; (1) Oncologie médicale, Institut Paoli-Calmettes,
➤ à la taille tumorale sur pièce anatomique (pT) (OR Marseille ; (2) Chirurgie oncologique, Institut Paoli-
ajusté = pT1a, réf. ; pT1b, 3,16 ; pT1c, 7,76 ; pT2, 21,12 ; Calmettes, Marseille ; (3) Chirurgie oncologique,
pT3-4, 66,86 ; p < 0,001) ; Centre René-Gauducheau, site hospitalier Nord, Saint-
➤ au SBR (OR ajusté = SBR I, réf. ; SBR II, 1,70 ; Herblain ; (4) Institut Curie, Paris ; (5) Gustave-Roussy,
SBR III, 2,15 ; p < 0,001) ; Villejuif ; (6) Centre Léon-Bérard, Lyon ; (7) Institut

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  13


CONGRÈS
RÉUNION

Claudius-Regaud, Toulouse ; (8) Hôpital Tenon, une ILV. L’ILV ne représentait pas un facteur négatif
Paris ; (9) Centre Georges François-Leclerc, Dijon ; chez les patientes avec des tumeurs de grade 3, RE+
(10) Institut du cancer de Montpellier ; (11) CHU ou chez celles présentant des tumeurs luminales A
de Clermont-Ferrand ; (12) Centre hospitalier de traitées par CA.
Grasse ; (13) Hôpital René-Huguenin, Saint-Cloud ; Discussion : seules les patientes présentant des
(14) Institut Bergonié, Bordeaux ; (15) Hôpital de la tumeurs luminales A et recevant une CA ne présen-
Timone, Marseille ; (16) Hôpitaux universitaires de taient pas un impact négatif de l’IVL sur la survie.
Marseille Conception, Marseille ; (17) Biopathologie, L’IVL pourrait donc être particulièrement importante
Institut Paoli-Calmettes, Marseille. pour les décisions de traitement adjuvant dans un
Mots-clés : emboles, invasion lymphovasculaire, sous- sous-groupe de patientes avec un risque de récidive
type luminal A, cancer du sein / embolus, lympho­ supposé réduit, mais pouvant encore bénéficier d’un
vascular invasion, luminal A subtype, breast cancer. traitement adjuvant. Par conséquent, le rôle respectif
Contexte : l’invasion lymphovasculaire (IVL) est des tests génomiques par rapport à l’importance
définie comme la présence de cellules tumorales pronostique de l’IVL doit être discuté lors de la prise
dans un espace défini, bordé d’endothélium (vais- de décisions adjuvantes, tandis que l’intégration
seaux lymphatiques ou sanguins) dans la zone entou- de l’IVL dans le calcul du risque fourni par ces tests
rant le carcinome invasif. L’IVL est un indicateur (de la même manière que la taille de la tumeur et
précoce du potentiel de dissémination métastatique. le statut ganglionnaire) pour les cancers de type
Cependant, son utilisation pour poser l’instauration luminal A (G1-2) pourrait améliorer la prédiction
d’un traitement adjuvant est très limitée. du risque, et peut-être celle du bénéfice de la CA.
Objectif : déterminer l’impact pronostique de l’IVL Conclusion : l’IVL représente un facteur pronostique
dans le cancer du sein précoce. négatif indépendant pour presque toutes les caté-
Méthode : des données sur 17 322 patientes gories de patientes et tous les sous-types de cancer,
atteintes d’un cancer du sein précoce et traitées dans avec ou sans chimiothérapie adjuvante.
13 centres français de lutte contre le cancer ont été
Référence bibliographique
recueillies entre 1991 et 2013 [1]. Les fonctions de
survie ont été calculées par la méthode de Kaplan- 1. Houvenaeghel G et al. Lymphovascular invasion has a significant
prognostic impact in patients with early breast cancer, results from
Meier et des analyses de survie multivariées ont été a large, national, multicenter, retrospective cohort study. ESMO
réalisées à l’aide de modèles de Cox ajustés pour Open 2021;6(6):100316.
les variables significatives associées ou non à l’IVL.
Deux approches d’appariement sur la base des scores
de propension ont été utilisées pour équilibrer les A07 Prévalence des mutations BRCA
différences entre les variables pronostiques connues dans le cancer du sein triple-négatif
associées au statut IVL et pour évaluer l’impact de dans une population algérienne /
la chimiothérapie adjuvante (CA) chez les patientes Prevalence of BRCA mutations in triple-
présentant des tumeurs luminales A avec une IVL. negative breast cancer in an Algerian
Résultats : une IVL était présente chez 24,3 % (4 205) population
des patientes. L’IVL était associée de manière signifi-
cative et indépendante à toutes les caractéristiques N. Habak (1), M. Ait Abdellah(1), A. Chikouche (1),
cliniques et pathologiques analysées dans l’ensemble L. Griene (1), A. Ait Abdelkader (1)
de la population et en fonction du statut des récep- (1) Laboratoire de biochimie, EHS Centre Pierre et
teurs d’estrogènes (RE), à l’exception de la période Marie Curie, faculté de médecine et de pharmacie,
dans la régression logistique binaire. En analyses Alger.
multivariées incluant la CA, le grade et les sous-types Mots-clés : BRCA1, BRCA2, triple-négatif / BRCA1,
moléculaires, la présence d’IVL était associée à un BRCA2, triple-negative.
impact pronostique négatif sur les survies globale, L’évolution des connaissances permet désormais
sans maladie et sans métastase chez toutes les l’identification moléculaire des anomalies génétiques
patientes (HR = 1,345 ; HR = 1,312 et HR = 1,415, constitutionnelles responsables des prédispositions
respectivement ; p < 0,0001). Ces résultats étaient aux cancers (cancer du sein et/ou de l’ovaire, cancer
également observés dans l’analyse en score de du côlon et de l’endomètre) et offre aux familles à
propension, en plus de démontrer un bénéfice de risque un suivi adapté. Le but de ce travail est la
la CA en survies globale et sans maladie chez les recherche des mutations germinales au niveau des
patientes présentant des tumeurs luminales A avec gènes de prédisposition BRCA1 et BRCA2 chez des

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CONGRÈS
RÉUNION

patientes algériennes atteintes d’un cancer du sein, Pour les porteurs asymptomatiques de la muta-
et de montrer la prévalence des mutations chez les tion, des outils de prise en charge de ce très haut
patientes présentant un cancer triple-négatif. risque sont mis en œuvre : dépistage (imagerie) et
Matériel et méthode : la cohorte comporte prévention (chirurgie prophylactique) Ces démarches
230 patients (cas index) provenant de tout le territoire permettent de déceler des anomalies à des stades très
national. La recherche des mutations BRCA1 et BRCA2 précoces et évite de ce fait des traitements lourds.
est réalisée par séquençage direct. L’analyse complète Conclusion : tout l’enjeu de l’analyse génétique
des gènes BRCA1/2 a été réalisée pour 88 patientes. réside dans la précocité de la prise en charge des
Résultats : des mutations BRCA1/2 ont été iden- familles à risque et, de ce fait, de la réduction du
tifiées chez 34 cas index : 32 cas index de cancer coût de la prise en charge médicale pour ce type
du sein isolé et 2 cas de cancer du sein associé à un de cancer.
cancer de l’ovaire.
Selon les caractéristiques histopathologiques avec Références bibliographiques
cancer du sein seul, on retrouve : 1. Chompret A. Consultation d’oncogénétique pour le cancer du
sein. Presse Med 2007;36(2 Pt 2):357-63.
➤ 25 cas index BRCA1 muté, dont 16 cas de type
2. Aloraifi F et al. Phenotypic analysis of familial breast cancer:
histologique triple-négatif (64 %) – ce type histo- comparison of BRCAx tumors with BRCA1-, BRCA2-carriers and
logique est associé à 8 mutations différentes – et non-familial breast cancer. Eur J Surg Oncol 2015;41(5):641-6.
3. Rouault A. Étude génomique des cancers du sein familiaux
9 cas de type luminal A (14,28 %), associés à 5 muta- liés à une mutation constitutionnelle du gène BRCA2. Thèse de
tions différentes ; doctorat. Université de Bordeaux 2. 2013.
➤ 7 cas index BRCA2 muté, associés à 7 mutations 4. Viassolo V, Chappuis PO. [When to refer patients for onco­
genetic counseling?]. Rev Med Suisse 2016;12(519):966, 968-72.
différentes et se répartissant histologiquement en
5. Jégu M et al. Cancers du sein et de l’ovaire liés aux mutations
6 cas de type luminal A (85,71 %) et 1 cas de type constitutionnelles délétères BRCA1&2 et reproduction : revue de
triple-négatif (36 %). la littérature. J Gyn Obstr Biol Reprod 2015;44(1):10-7.
Cependant, dans le deuxième groupe des 54 cas
index BRCA1/2 non mutés, 65,21 % sont atteints
d’un cancer du sein de type triple-négatif. Chirurgie – Ganglion sentinelle
L’étude comparative entre le groupe muté et le
groupe non muté ne retrouve aucune différence C03 Étude ARMONIC : résultats
statistiquement significative dans la fréquence du PHRC K15-222 / ARMONIC Study:
des phénotypes histopathologiques triple-négatif PHRC K15-222 results
et luminal A du cancer du sein entre les cas index
des groupes 1 et 2 (p > 0,05). Dans le sous-groupe A. Conversano (1), M. Abbaci (2), M. Karimi (3),
triple-négatif, il n’existe pas de différence statisti- M.C. Mathieu (4), F. De Leeuw (2), S. Michiels (3),
quement significative de l’âge au diagnostic entre les C. Laplace-Builhé (2), C. Mazouni (1)
17 cas index BRCA1/2 mutés (43,64 ans) et les 32 cas (1) Département de chirurgie du sein, Gustave-Roussy,
index BRCA1/2 non mutés (43,90 ans) (p > 0,05). Villejuif ; (2) Plateforme d’imagerie et cytométrie,
Discussion : selon les données de la littérature, le Gustave-Roussy, Villejuif ; (3) Service de biostatistique,
phénotype des tumeurs BRCA1 présente quelques Gustave-Roussy, Villejuif ; (4) Département de biologie
différences avec celui des tumeurs BRCA2 et des et pathologie médicales, Gustave-Roussy, Villejuif.
tumeurs sporadiques [1, 2]. Les cancers du sein Mots-clés : vert d’indocyanine, ganglion sentinelle
associés à des mutations de BRCA2 ont des carac- du bras, lymphœdème, fluorescence / indocyanine
téristiques histopathologiques de type luminal, green, axillary reverse mapping, lymphoedema,
semblables aux cas sporadiques [3]. Les cancers du fluorescence.
sein liés à des mutations de BRCA1 sont souvent de Le lymphœdème du bras est un effet indésirable
type canalaire invasif de haut grade avec un indice potentiel du curage axillaire (ALND) lors de la
de prolifération élevé, de type médullaire, RH− et chirurgie mammaire. La procédure “axillary reverse
HER2−, ou de sous-type triple-négatif : 7 à 29 % des mapping” (ARM) est une technique qui permet de
tumeurs du sein triple-négatives sont dues à des visualiser le drainage lymphatique du membre supé-
mutations germinales au niveau du gène BRCA2, rieur vers le ganglion lymphatique axillaire (LN) [1].
contre 70 à 75 % pour BRCA1 [4, 5]. L’essai ARMONIC (Axillary Reverse Mapping Using
Pour les cas index porteurs de la mutation, une Near-infrared fluorescence Imaging in Invasive Breast
surveillance ultérieure du sein controlatéral et des Cancer) a évalué l’imagerie par fluorescence proche
ovaires est instaurée. infrarouge (NIR) pendant les mastectomies avec

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  15


CONGRÈS
RÉUNION

ALND pour l’identification des ganglions sentinelles 2. Abbaci M et al. Near-infrared fluorescence imaging for the
du bras, a analysé les facteurs prédictifs potentiels prevention and management of breast cancer-related lymphe-
dema: a systematic review. Eur J Surg Oncol 2019;45(10):1778-86.
d’envahissement de ces ganglions et a comparé l’in- 3. Noguchi M et al. Axillary surgery for breast cancer: past, present,
tensité du signal de fluorescence en fonction des and future. Breast Cancer 2021;28(1):9-15.
résultats cliniques. 4. Wijaya WA et al. Clinical application of axillary reverse mapping
in patients with breast cancer. Breast 2020;53:189-200.
Méthode : la procédure ARM avec injection de vert
d’indocyanine (ICG) a été réalisée chez 109 patientes
au cours de ALND standard pour le cancer du sein C08 Mastectomie totale en
invasif. L’ICG a été administrée par voie intra­ ambulatoire : état des lieux et faisabilité
dermique (1 à 2,5 mg/mL), juste avant la chirurgie, depuis la mise en place du dispositif
dans le deuxième espace interdigital et sur la face infirmier d’accompagnement et de suivi
interne du coude. Les ganglions sentinelles du bras postambulatoire à domicile, une série
ont ensuite été identifiés par caméra NIR, retirés de plus de 1 000 patients / Outpatient
séparément, et leur localisation dans l’aisselle total mastectomy: status and feasibility
précisément notée. La comparaison de l’intensité since the implementation of the Nursing
du signal de fluorescence, de la distribution du signal Support and Post-Ambulatory Home
et des résultats cliniques a été réalisée ex vivo à l’état Monitoring System, a series of more
frais, puis après inclusion dans la paraffine. than 1 000 patients
Résultats : sur 109 patientes, la technique de fluo­­
rescence a identifié les ganglions lymphatiques du M. Ottaviani (1), F. Forestier (1), F. Desmarest (1),
bras chez 94,5 % (103), et 191 ganglions du bras ont A. Dupont (1), Y. David (1), M. Gilles-Baray (1),
été retirés. Leur localisation était dans la partie supé- D. Georgescu (1)
rieure/externe de l’aisselle dans 63,4 % des cas. Pour (1) Chirurgie, Centre Henri-Becquerel, Rouen.
20 patientes (19,4 %), les ganglions du bras étaient Mots-clés : cancer du sein, ambulatoire, chirurgie /
métastatiques : seul le nombre de mitoses était corrélé breast cancer, ambulatory, surgery.
avec leur envahissement (p = 0,04). La valeur moyenne Le cancer du sein est le cancer chez la femme le plus
normalisée de l’intensité du signal de fluorescence était fréquent en France. Si la prise en charge chirurgicale
de 0,47 sans différence de signal significative entre les du cancer du sein en ambulatoire est réalisable sans
ganglions lymphatiques des bras métastatiques et non altération de la qualité ni de la sécurité des soins,
métastatiques (p = 0,3728). Il était significativement la réalisation d’une mastectomie totale ou la pose
plus élevé lorsque les patients avaient des métastases d’un drain de Redon sont des facteurs limitants iden-
ganglionnaires axillaires au moment du diagnostic tifiés dans la littérature. Dans ce contexte, le centre
préopératoire : 0,52 versus 0,43 (p = 0,0253). de lutte contre le cancer Henri-Becquerel (CHB) a
Conclusion : la procédure ARM par fluorescence NIR développé un dispositif infirmier d’accompagnement
offre le suivi visuel et en temps réel du drainage du et de suivi postambulatoire à domicile (DIASPAD)
bras avec l’identification des ganglions axillaires senti- sécurisant le retour à domicile des patients, orga-
nelles du bras lors de l’ALND [2, 3]. Cependant, des nisé par l’infirmière pivot. Le suivi postopératoire
cellules cancéreuses pourraient se propager dans ces comporte une visite quotidienne à domicile d’un
ganglions – ici 19,4 % des cas – posant la question infirmier libéral (IDEL), formé par le CHB, dès le
de l’impact pronostique en cas de préservation pour premier soir, puis quotidiennement jusqu’à J3 où
éviter un lymphœdème [4]. Aucune association n’a une consultation est prévue au CHB pour ablation
été trouvée entre l’atteinte métastatique, le signal du drain. L’objectif de cette étude était d’étudier l’im-
de fluorescence et les facteurs cliniques, à l’exception pact de la mise en place du DIASPAD sur la pratique
du nombre de mitose. Une cohorte plus importante, de la mastectomie totale en ambulatoire.
avec un suivi à long terme, est nécessaire pour créer Il s’agit d’une étude descriptive, rétrospective, mono-
un algorithme de prise de décision qui éviterait la centrique. Elle concernait tous les patients opérés
résection des ganglions sentinelles du bras. d’une mastectomie totale, associée ou non à un geste
axillaire, au CHB, depuis la mise en place du DIASPAD
Références bibliographiques en 2017 jusqu’à 2021, sans reconstruction mammaire
associée, quel que soit le mode d’hospitalisation.
1. Nos C et al. Upper outer boundaries of the axillary dissection.
Result of the SENTIBRAS protocol: Multicentric protocol using En cas de non-éligibilité à l’ambulatoire (HA),
axillary reverse mapping in breast cancer patients requiring axillary le patient était pris en charge en hospitalisation
dissection. Eur J Surg Oncol 2016;42(12):1827-33.
conventionnelle (HC) et le séjour était programmé

16  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


CONGRÈS
RÉUNION

le plus souvent à J+1 avec une sortie le lendemain de Contexte : la part de l’ambulatoire est en augmen-
l’intervention. Les données pré- et postopératoires tation dans la chirurgie mammaire. En 2015, un
ont été comparées selon le mode d’hospitalisation. rapport de l’INCa rapportait plus de 50 % d’am-
Depuis la mise en place du DIASPAD au CHB, bulatoire pour les mastectomies partielles [1].
1 186 patients ont été pris en charge pour mastec- Les chirurgies mammaires entraînent peu de
tomie totale, 350 en HC et 836 en HA. Le taux douleurs post­opératoires immédiates, permettant
d’ambulatoire a progressé jusqu’à 70 % en 2021, des prescriptions limitées d’antalgiques. L’anesthésie
s’accompagnant d’une réduction de la durée de générale (AG) est alors le processsus le plus lourd,
séjour en HC grâce aux sorties à J+1. source d ­ ’anxiété et d’asthénie au décours. Certaines
Les taux moyens de conversion d’HA vers HC était de interventions sont pratiquées sous anesthésie
5,4 % ; de reprise chirurgicale pour hématome de 3 % locale (AL) avec sédation ou hypnose – souvent
dans les 2 groupes (p = 0,482) ; de réhospitalisation à réservées aux patients âgés avec risque anesthé-
30 jours de 4 % en HA versus 1 % en HC (p = 0,001). sique [2]. Afin de poursuivre la désescalade chirur-
Aucune différence significative n’a été relevée entre gicale dans le cancer du sein, une AL est proposée de
les 2 groupes concernant la production du drain de façon systématique à toutes les patientes opérées
Redon à J1. La douleur moyenne déclarée à J1 est à avec un traitement conservateur.
0,22/10 en HC contre 0,48 en HA (p < 0,001). Objectif : évaluer la faisabilité et l’impact des chirur-
La mastectomie et le drainage peuvent provoquer la réti- gies mammaires conservatrices sous AL.
cence du chirurgien quant à une prise en charge ambula- Méthode : comparaison des indicateurs de temps
toire, mais la surveillance du drain de Redon à domicile de prise en charge chirurgicale entre une période
est possible, et est entrée dans la nomenclature des actes témoin (janvier-mars 2022) de chirurgies sous AG
infirmiers depuis 2021. Par ailleurs, la nécessité d’un drai- et une période test (mars-juin 2022) de chirurgie
nage prolonge la durée de séjour lorsque qu’une HC est sous AL. Les chirurgies étaient réalisées sous la
requise. Le DIASPAD a permis une réduction de la durée conduite d’un seul binôme chirurgien et anesthé-
de séjour grâce aux sorties à J+1. Ces données renforcent siste. Le protocole consistait en l’administration
celles de la littérature qui retrouvent peu d’études simi- de faibles doses de midazolam, dexmédétomidine
laires concernant la chirurgie non conservatrice du sein. et kétamine en bolus à l’entrée en salle d’opéra-
Cette étude présente des limites méthodologiques, dont tion, relayée par l’administration de rémifentanil
la principale est son caractère rétrospectif. Un biais de par voie intraveineuse à objectif de concentration,
sélection est engendré par l’absence de randomisation. ajusté en fonction de la réponse clinique. Du côté
Le caractère unicentrique ne permet pas la généralisation du chirurgien, les patientes recevaient un bolus de
des résultats. 20 à 50 mg de propofol. La profondeur de l’anes-
Conclusion : la mastectomie en ambulatoire est thésie était monitorée par l’index bispectral de
réalisable sans altération de la qualité et de la l’électro­encéphalogramme.
sécurité des soins. Le succès de la mastectomie en Résultats : de janvier à juin 2022, 294 chirurgies
­ambulatoire est largement influencé par l’adaptation mammaires ont été réalisées. Après exclusion des
de l’anesthésie au mode ambulatoire et la prépara- mastectomies totales, des chirurgies bilatérales
tion des patientes au retour à domicile avec un drain. et chirurgies en hospitalisation conventionnelle,
Sa faisabilité réside dans la conviction, la collabora- 191 patientes ont été incluses, dont 96 AG et 95 AL.
tion et la coordination des professionnels de santé. Les patientes étaient plus âgées dans le groupe AL
(62 versus 53, p = 0,02) et avaient plus rarement un
C10 Faisabilité et impact de la geste axillaire associé (37 versus 55, p = 0,01). La durée
chirurgie mammaire conservatrice ­d’intervention n’était pas différente dans les 2 groupes
sous anesthésie locale / Feasibility and (AL : 25 min versus AG : 28 min, p = 0,05), mais les
impact of breast-conserving surgery durées en salle d’intervention (AL : 44 min versus AG :
under local anesthesia 49 min, p = 0,03), en salle de surveillance postinter-
ventionnelle (SSPI) (AL : 12 min versus AG : 55 min,
J. Seror (1), D. Hequet (1), C. Gout-Duracher (2), p < 0,005) et la durée totale de présence dans l’établis-
M.L. Cittanova (2) sement (AL : 363 min versus AG : 432 min, p < 0,005)
(1) Chirurgie, Clinique Saint Jean de Dieu, Paris ; étaient significativement plus courtes en cas d’AL.
(2) Anesthésie, Clinique Saint Jean de Dieu, Paris. Discussion : cette large série de chirurgies
Mots-clés : chirurgie mammaire, anesthésie locale / mammaires sous AL confirme la faisabilité de cette
breast surgery, local anaesthesia. technique, avec une réhabilitation encore plus rapide.

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  17


CONGRÈS
RÉUNION

Les durées au bloc, en SSPI et dans l’établissement des tumeurs est de 24 mm, réduite de 25 % par
étaient plus courtes en cas d’AL. Toutefois, dans cette l’hormono­thérapie par rapport à la taille au dia­gnostic.
population AL, moins de gestes axillaires étaient Les patientes sont sélectionnées selon des critères
réalisés. Dans cette étude préliminaire de faisabilité, d’accompagnement familial fort et de statut géria-
la satisfaction des patientes n’a pas été enregistrée. trique non opposant qui permet une coopération de
Conclusion : une étude prospective avec stratifica- prise en charge ambulatoire simplifiée avec surveil-
tion sur le geste axillaire et intégrant la satisfaction lance de 2 h. La procédure utilise de l’azote liquide sous
des patientes va commencer prochainement. AL, avec insertion intratumorale d’une seule cryode
10 G ou 13 G (zone létale de 40 mm). Hydrodissec-
Références bibliographiques tion de l’hypoderme si atteinte cutanée, puis double
1. INCa. La chirurgie ambulatoire dans le cancer – Évolutions de cycle de congélation/décongélation avec poche de
2010 à 2015. Fiche d’analyse. Avril 2018. sérum physiologique tiède, fenêtre de monitoring
2. Balentine CJ et al. Using local rather general anesthesia for échographique et visuel de la congélation et du blan-
inguinal hernia repair is associated with shorter operative time and
enhanced postoperative recovery. Am J Surg 2021;221(5):902-7. chiment de la peau avec réaction à la dermopression.
Résultats : les 5 procédures ont répondu au cahier
des charges ambulatoire : indolore (effet analgésique
de la congélation), durée moyenne courte (30 min)
C11 Cryothérapie percutanée sans complication avec glaçon englobant la tumeur
ambulatoire du cancer du sein et la stroma-réaction de dureté élevée (170 kPa).
en oncogériatrie / Percutaneous Les temps moyens des 1re et 2e congélations sont de
cryotherapy of breast cancer 4 min 25 et 5 min 35, séparées de 5 min. La réponse
in out-patient geriatric population est satisfaisante au contrôle à 6 mois, tous types
histologiques confondus. Aucune patiente n’a eu
O. Seror (1), G. Bousquet (2), O. Sutter (1), besoin d’une seconde séance de CP.
S. Jendoubi (3), A. Benbara (4), M. Fermaut (4), Discussion : les études initiales ont montré des taux
P. Agranat (2), E. Angeli (2), F. Pamoukdjian (5), de réponse complète significatifs, avec des succès de
L. Zelek (2), N. Sellier (3) 68 à 93 % pour les tumeurs infiltrantes précoces de
(1) Radiologie interventionnelle, hôpital Avicenne, moins de 15 mm ou en cas de situation palliative ;
Bobigny ; (2) Oncologie, hôpital Avicenne, Bobigny ; elles ont permis de confirmer le caractère mini-­
(3) Imagerie médicale, hôpital Jean-Verdier, Bondy ; invasif ambulatoire de la CP et de montrer sa limite
(4) Gynécologie-Sénologie, hôpital Jean-Verdier, par non-­détection de la composante in situ faisant
Bondy ; (5) Oncogériatrie, hôpital Avicenne, Bobigny. sélectionner le traitement de tumeurs infiltrantes sans
Mots-clés : cryothérapie, cancer du sein, oncogéria- ou avec peu de CCIS (carcinomes canalaires in situ).
trie, ambulatoire mini-invasif / cryotherapy , breast Un essai multicentrique [1] a démontré que la CP était
cancer , oncogeriatrics, mini-invasive outpatient. une alternative à l’excision chirurgicale s’il y a une
Contexte : avec de nouvelles technologies évitant les sélection appropriée des patientes. L’effet immuno-
contraintes logistiques de l’argon et de l’hélium, et modulateur de la CP, préventif de la récidive tumorale,
améliorant le pilotage de la délivrance du froid pour pourrait offrir des perspectives intéressantes.
protéger la peau, la cryothérapie percutanée (CP) du Conclusion : les contre-indications anesthésiques
cancer du sein atteint sa maturité dans le traitement de la chirurgie en population gériatrique ouvrent
secondaire des patientes âgées non chirurgicales. un champ à la CP des cancers hormonodépendants,
Ses indications après évaluation de la fragilité des envisageable au bout d’1 ou 2 ans quand la maladie
patientes et des troubles cognitifs vont augmenter est contrôlée. Elle permet une alternative intéres-
avec le vieillissement de la population. sante à la suppression d’une hormonothérapie mal
Objectif : montrer la faisabilité ambulatoire en popu- tolérée et évite la progression vers la peau. La faisabi-
lation gériatrique avancée du traitement secondaire du lité et l’efficacité de la CP pour des personnes âgées
cancer du sein par CP, alternative aux non-indications en font un complément thérapeutique alternatif
anesthésiques à l’AG (troubles cognitifs aggravés par ambulatoire prometteur.
l’AG) ou au refus chirurgical des familles ou des patientes.
Matériel et méthode : 5 patientes âgées de 82 à Référence bibliographique
90 ans, atteintes d’un cancer de type histologique 1. Fine RE et al. Cryoablation without excision for low-risk early-
stage breast cancer : 3-year analysis of recurrence in the ICE trial.
divers sans atteinte ganglionnaire, maladie stabilisée Ann Surg Oncol 2021;28(10):5525-34.
sous hormonothérapie de 1re ligne. La taille moyenne

18  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


CONGRÈS
RÉUNION

C12 Stratégie thérapeutique du creux à l’histologie et, parmi ces patientes, 62 n’ont pas
axillaire chez les patientes âgées de plus subi de curage axillaire, soit un taux de curage axil-
de 70 ans, atteintes d’un cancer du sein laire évité selon nos critères d’éligibilité de 71,3 %
infiltrant luminal cN0 et ayant bénéficié (IC95 : 61,8-80,8). Parmi les 24 patientes ayant eu
d’une hormonothérapie néoadjuvante : une recherche du GS positive, 12 patientes n’ont pas
intérêt du ganglion sentinelle pour eu de curage axillaire post-sentinelle, soit un taux de
limiter le recours au curage / Axillary curage évité total de 85 % dans notre population.
treatment strategy after neoadjuvant Par ailleurs, le taux de survie globale à 5 ans était de
endocrine therapy in patients over 76,8 % (IC95 : 56,3-88,6), il n’y avait pas de différence
70 years with cN0 luminal invasive significative sur la survie globale entre les patientes
breast cancer: sentinel lymph node n’ayant pas d’atteinte ganglionnaire ou ayant une
to limit the need for curage atteinte ganglionnaire minime (cellules tumorales
isolées – micrométastases) et les patientes ayant une
A. Hourrier (1), C. Tunon De Lara (1), M. Debled (1), atteinte ganglionnaire macrométastatique (respec-
H. Bonnefoi (1), M. Fournier (1), H. Charitansky (1), tivement de 75,9 % versus 76,1 % versus 80 %). Il en
G. Mac Grogan (1), A. Petit (1), C. Bellera (1), était de même pour la survie sans maladie à 5 ans.
N. Quenel-Tueux (1), C. Cantarel (1), V. Bouste (1) Discussion : quelques études ont analysé la pertinence
(1) Institut Bergonié, Bordeaux. du GS après une HNA, mais aucune ne s’était inté-
Mots-clés : hormonothérapie néoadjuvante, cancer du ressée spécifiquement aux patientes âgées, population
sein, ganglion sentinelle, curage / neoadjuvant endo- dans laquelle il est nécessaire d’être le moins invasif
crine therapy, breast cancer, sentinel lymph node, curage. possible. Le taux de curage axillaire évité et le taux de
Contexte : les tumeurs du sein hormonodépendantes survie globale semblent acceptables pour proposer à
– décrites comme des tumeurs exprimant ≥ 10 % ces patientes une prise en charge par HNA si besoin et
de RH – représentent les types de cancer du sein recherche du GS quand les conditions le permettent.
les plus courants. Elles ont la caractéristique d’être Conclusion : la désescalade thérapeutique d’un
accessibles à une hormonothérapie adjuvante ou curage axillaire vers la réalisation du GS chez les
néoadjuvante (HNA). Les thérapies néoadjuvantes patientes ≥ 70 ans, sans atteinte ganglionnaire
ont prouvé leur efficacité concernant la diminution initiale, après une HNA, semble une stratégie de
de la taille tumorale, permettant une désescalade première intention raisonnable pour identifier les
thérapeutique de la chirurgie mammaire, d’un trai- patientes à faible risque d’invasion ganglionnaire. De
tement radical à un traitement conservateur. plus, en cas d’atteinte ganglionnaire faible, le curage
Cependant, il existe un manque de données et de axillaire systématique devrait faire l’objet d’une
recommandations concernant la prise en charge du discussion pluridisciplinaire et pourrait être évité.
creux axillaire après une HNA. Le ganglion senti-
nelle (GS) apparaît être une alternative intéressante
au curage axillaire, surtout chez les patientes âgées Dépistage – Épidémiologie
de plus de 70 ans, chez qui la morbidité du curage
axillaire a un impact important sur la qualité de vie. D05 Caractéristiques du cancer du sein
L’objectif principal de l’étude est d’évaluer le taux de et modalités de traitement en vie réelle
curage axillaire ayant pu être évité depuis l’instaura- chez la femme jeune (moins de 40 ans)
tion du GS chez les patientes ≥ 70 ans, après une HNA, ou âgée (plus de 70 ans) de la cohorte
d’évaluer la survie globale et la survie sans maladie française en vie réelle LISE : à propos
à distance en fonction de l’atteinte ganglionnaire. de 758 cas / Real-world breast
Méthode : une étude rétrospective est réalisée en cancer characteristics and treatment
collectant les données des patientes d’au moins modalities from the French LISE
70 ans ayant bénéficié d’une HNA et de la technique cohort in younger (< 40 years)
du GS dans le cadre d’un CSI unilatéral et unifocal, and older (> 70 years) patients:
de sous-type luminal A ou B, N0 et M0. an analysis on 758 cases
Résultats : de janvier 2010 à décembre 2019,
232 patientes ont bénéficié de l’instauration d’une B. Cutuli (1), C. Charles (2), F. Bancheri (1), Y. Caron (1),
HNA à l’institut Bergonié, 87 patientes de plus de P. Colin (1), P.H. Dorangeon (1), S. Ferrand (1),
70 ans ont été incluses. Dans cette population, N. Gavillon (1), C.G. Hemery (1), N. Jovenin (1),
63 patientes ont eu une recherche du GS négative L. Krebs (1), A.R. Majidi (1), F. Mallet (1), W. Mina (1),

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  19


CONGRÈS
RÉUNION

K. Prulhiere-Corviole (1), P. Terrosi (1), A. Theillier (1), en surpoids ou obèses, ou présentant des comor-


S. Urrutiaguer (1), I. Veron-Leclercq (1), G. Yazbek (1) bidités. Tout comme les CS de la femme jeune, il
(1) Institut du cancer Courlancy, Reims ; (2) Cabinet a été observé davantage de tumeurs pT2-3, mais
privé, Biarritz. avec d’autres critères bien distincts. En effet, ces
Mots-clés : cancer du sein, épidémiologie, vie réelle, CS étaient plus fréquemment des carcinomes infil-
traitements, femme jeune ou âgée / breast cancer, trants (92,7 %), notamment lobulaires (15,6 versus
epidemiology, real life, treatments, young or old patient. 11,1 % [40-70] et 7,9 % [< 40] ; p < 0,001) ; les sous-
Contexte : il est essentiel de disposer de données types moléculaires majoritaires étaient luminal A
épidémiologiques de vie réelle précises, afin de mieux et B HER2−. On note donc un recours nettement
caractériser les cancers du sein (CS) en France et d’aider moindre à la chimiothérapie, avec davantage de
les cliniciens à optimiser les décisions thérapeutiques. chirurgies conservatrices et d’irradiation de clôture
Méthode : LISE est une étude observationnelle rétro- sur le sein ou la paroi seuls.
spective évaluant de manière exhaustive les CS (infil- Un suivi médian de 47 mois a révélé un taux de
trants et in situ) diagnostiqués entre 2010 et 2021 récidive plus important chez la femme jeune (12,9
à l’Institut du cancer Courlancy (Reims ; n = 3 122), versus 3,8 % pour les 2 autres groupes, p = 0,008),
ainsi que leurs prises en charge et données de suivi. ainsi qu’une survie spécifique inférieure à celle des
Les résultats sont présentés ici selon les tranches 2 autres groupes (92,8 versus 97,2 %/96,2 % ;
d’âge < 40, 40-70 et > 70 ans. p = 0,011), reflétant l’impact du dépistage organisé
Résultats : l’âge médian au diagnostic était de et d’un diagnostic plus précoce.
58 ans (extrêmes : 27-96). La répartition des CS Conclusion : cette étude en vie réelle confirme le fait
par tranche d’âge (< 40 [femme jeune], 40-70 et que les CS de la femme jeune revêtent des critères
> 70 ans [femme âgée]) était de 5,5 %, 75,7 % et histopronostiques défavorables par rapport aux autres
18,8 %, respectivement. tranches d’âge ; ceux de la femme âgée sont les moins
En raison du dépistage organisé, ont été naturelle- agressifs, même au regard de la tranche 40-70 ans.
ment observées des différences majeures sur le mode La présentation détaillera de façon exhaustive les
de détection (imagerie par dépistage individuel ou caractéristiques des CS, leur prise en charge ainsi
organisé, versus autopalpation ou examen clinique, que les données de suivi selon ces tranches d’âge.
versus autre mode de détection) des CS diagnos-
tiqués < 40 ans (16,9 %/80,9 %/2,2 %), entre 40 D06 Évaluation d’une relance
et 70 ans (66,9 %/29,9 %/3,3 %) et au-delà de de fidélisation dans le dépistage
70 ans (57,7 %/35,0 %/7,3 %) (p < 0,001). organisé des cancers du sein dans
Les CS infiltrants de la femme jeune (85,4 % des 3 départements d’Île-de-France /
CS de cette tranche) se présentaient davantage Evaluation of a second reminder letter
sous forme de lésions bifocales ou multi­focales, in population-based breast cancer
pT2-3, RH− et/ou HER2+, de type luminal B screening program in 3 departments
HER2+ ou triple-négatif (basal-like). L’envahisse- of “Île-de-France”
ment ganglionnaire était plus important que pour
les 2 autres tranches (pN+, 37,7 %/29,5 %/28,1 %, A. Bernoux (1), T. Le Trung (2), A. Koivogui (3),
respectivement), avec notamment plus de tumeurs M. Dufour (4), J. Nicolay (4)
pN2-3 (11,4 %/6,3 %/11,3 %). Il était également (1) Site de l’Essonne, CRCDC Île-de-France, Paris ;
observé une plus grande prévalence de tumeurs avec (2) Site du Val-d’Oise, CRCDC Île-de-France, Paris ;
un Ki67 > 14 %, un SBR et un index mitotique plus (3) Site de Seine-Saint-Denis, CRCDC Île-de-France,
élevés, et des emboles lymphatiques et/ou vascu- Paris ; (4) Siège, CRCDC Île-de-France, Paris.
laires. Pour les carcinomes in situ (14,6 %), le grade Mots-clés : dépistage organisé, cancer du sein,
étant aussi plus élevé, avec davantage de nécroses. mammographie, Covid-19 / population-based scree-
Les CS de la femme jeune étaient ainsi de moins ning, breast cancer, mammography, Covid-19.
bon pronostic selon la classification AJCC VIII Contexte : en Île-de-France, la participation au
avec, évidemment, un recours plus fréquent à la dépistage organisé des cancers du sein (DOCS) est
mastectomie, à la chimiothérapie (adjuvante ou néo­­ insuffisante. Un des leviers pour augmenter cette
adjuvante­) et à l’irradiation des aires ganglionnaires participation est d’accroître la fidélisation des femmes
(en complément du sein ou de la paroi). à ce programme.
Les CS de la femme âgée étaient, quant à eux, Objectif : en 2021, le CRCDC Île-de-France a expé-
associés à une plus grande proportion de patientes rimenté l’envoi d’une deuxième relance (R2) aux

20  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


CONGRÈS
RÉUNION

femmes qui avaient réalisé une mammographie de en Île-de-France, en raison du premier confinement lié
dépistage en 2018 et qui, malgré une invitation en à la crise du Covid-19 [1]. Cette R2 a donc été particu-
2020 et une relance 4 mois plus tard (R1), n’avaient lièrement utile sur cette période puisqu’elle a permis
ni réalisé de mammographie, ni envoyé de réponse de rattraper le dépistage de 45 cancers. Il conviendra
postale. Cette étude évalue l’impact de cette R2 sur d’approfondir l’évaluation de cette R2 dans la cohorte
le taux de participation. des femmes invitées en 2021 afin de mettre en
Méthode : un courrier spécifique et personnalisé évidence un éventuel impact de cette R2 en dehors
ayant valeur de prise en charge leur rappelant la du contexte particulier de la crise du Covid-19.
date de leur dernière mammographie et insistant Référence bibliographique
sur la nécessité d’un dépistage régulier tous les
1. Vincelet C et al. Dépistage du cancer du sein dans deux régions
2 ans leur a été adressé en mai 2021 (femmes invi- françaises dans le contexte de la crise sanitaire liée à la Covid-19.
tées entre le 1er janvier et le 30 juin 2020) et en Imagerie de la Femme 2021;31(3):130-5.
octobre 2021 (femmes invitées entre le 1er juillet et
le 31 décembre 2020). Cette étude a été réalisée sur
3 départements d’Île-de-France. L’évaluation a été D07 Observance thérapeutique chez les
réalisée dans la cohorte de 15 934 femmes (5 741 patientes atteintes d’un cancer du sein :
dans le 91, 4 736 dans le 93 et 5 457 dans le 95) analyse issue des données du système
invitées en 2020. Les indicateurs évalués étaient national des données de santé /
le taux de DO réalisés à la suite de la R2 exprimé Therapeutic compliance in patients
par le pourcentage de femmes dépistées parmi les with breast cancer: analysis based
femmes relancées, le taux de positifs parmi les on data from the french national health
DO réalisés à la suite de la R2, le taux de cancers data system
détectés pour 1 000 femmes dépistées et le coût
de ce mailing supplémentaire par femme dépistée. P. Rinder (1), P. Sinel-Boucher (1), T. Marcille (1),
Résultats : 4 277 femmes ont réalisé un DO, soit 27 % D. Szeftel (1), P. Hornus (1), V. Bros (2), P. Heudel (3),
des femmes invitées. Globalement, dans la cohorte C. Bernard-Marty (4), C. Levy (5), L. Teixeira (6),
de femmes invitées en 2020 dans les 3 départements D. Kanoun (4)
d’expérimentation, le taux de DO réalisé à la suite de (1) Sêmeia, Paris ; (2) Pfizer, Paris ; (3) Centre
l’invitation était de 22 %, et de 19 % après la R1. Le taux Léon-­Bérard, Lyon  ; (4) Clinique Pasteur, Toulouse ;
de dépistage dans la cohorte sans les R2 était de 36,1 %. (5) Centre François-Baclesse, Caen ; (6) Hôpital Saint-
Il passait à 37,5 % après la R2, soit une augmentation Louis, Paris.
de 1,4 point. Parmi les femmes dépistées à la suite de la Mots-clés : cancer du sein, anticancéreux oraux,
R2, 222 ont eu un test suspect (soit 5,2 % des femmes SNDS, adhésion, observance / breast cancer, oral
dépistées). Au 1er septembre 2022, 45 cancers ont été cancer treatment, SNDS, adherence, compliance.
dépistés à la suite de la R2 (soit 10,5 cancers pour Contexte : les traitements anticancéreux oraux ont
1 000 femmes dépistées). Sur la cohorte des femmes montré leur efficacité lorsqu’ils sont suivis assidûment.
invitées en 2020, 778 cancers ont été dépistés (soit Une bonne adhésion est associée à une réduction du
6,9 cancers pour 1 000 femmes dépistées). La dépense risque de décès spécifique de 67 % et une diminution du
engendrée par la R2 pour le CRCDC était de 8 109 €, risque de rechute de 35 % chez des patientes atteintes
soit un coût de 1,9 € par femme dépistée. d’un cancer du sein localisé hormonodépendant [1].
Conclusion : cette étude montre dans la cohorte des Les données du SNDS (Système national des données
femmes invitées au DOCS en 2020 un taux de DO à de santé) permettent d’estimer l’adhésion de la
la suite de la R2 supérieur à celui observé à la suite population française.
de l’invitation ou de la R1. Il a permis d’augmenter L’objectif principal de cette étude est de mesurer
de 1,4 point la participation au dépistage pour un l’adhésion aux traitements médicamenteux oraux
coût supplémentaire de 1,9 € par femme dépistée. parmi les femmes atteintes d’un cancer du sein
On observe un nombre de cancers détectés pour localisé ou métastatique, puis d’analyser les diffé-
1 000 femmes dépistées qui passe de 6 dans l’en- rences entre ces 2 populations à l’aide d’analyses de
semble de la cohorte à 10 chez les femmes ayant persistance et d’observance aux traitements suivis.
bénéficié d’une R2, ce qui est très élevé. Il faut noter Méthode : l’étude concerne les patientes adultes ayant
que cette R2 a été évaluée sur une cohorte de femmes eu un diagnostic de cancer du sein entre 2013 et 2018.
invitées en 2020. On a observé, en 2020, une dimi- Le cancer du sein est repéré à partir d’un diagnostic
nution de 8 % de la participation des femmes au DO de cancer du sein ou à la suite de l’achat d’un

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  21


CONGRÈS
RÉUNION

t­ raitement anticancéreux spécifique du cancer du Oncologie – Fertilité –


sein. Les patientes ayant développé des métastases Radiothérapie – Imagerie
sont ensuite repérées avec un diagnostic méta-
statique en hôpital, ou bien avec l’achat d’un trai- (radiologie, médecine
tement spécifique anticancer du sein métastatique. nucléaire…)
On considère qu’une patiente a un épisode de
non-persistance si elle n’a plus de stocks médica- O03 onCOGITE, les e-ateliers
menteux pendant 2 mois (pendant une phase de qui reconnectent les neurones :
thérapie ciblée ou chimiothérapie orale) ou 3 mois onco-réhabilitation sociale
(pendant une phase d’hormonothérapie) et que l’on et professionnelle. Retour d’expérience
n’observe pas de changement de traitement, d’entrée nationale de 2 années de prise en charge
en soins palliatifs ou de décès. des troubles cognitifs liés au cancer
L’observance est estimée par le MPR (Medication et à ses traitements /
Possession Ratio). Une patiente est considérée onCOGITE, e-workshops that reconnect
comme non observante si le MPR de ses 3 prochains neurons: social and professional
achats est inférieur à 80 %. rehabilitation after oncological
Résultats : la population française atteinte d’un cancer treatment. National feedback
du sein localisé est d’environ 210 000 patientes et from two years of management
environ 40 000 sont atteintes d’un cancer du sein méta- of cognitive disorders related to cancer
statique. La moyenne d’âge au moment de la première and its treatments
détection du cancer du sein localisé est de 62,5 ans,
contre 66 ans pour le cancer du sein métastatique. V. Gérat-Muller (1), C. Chakiba-Brugère (2),
17 % des patientes repérées en cancer du sein loca- O. Duguey-Cachet (3), C. Tunon de Lara  (4),
lisé ont eu au moins un épisode de non-persistance, C. Breton-Callu (5), V. Moniot (6)
contre 14 % des patientes atteintes d’un cancer (1) Soins de support - prévention, Centre de lutte
métastatique. À l’aide de courbes d’incidence d’évé- contre le cancer (CLCC) Institut Bergonié - ­onCOGITE,
nements, il a été remarqué des disparités de persis- Bordeaux ; (2) Oncologie médicale, CLCC Institut
tance au sein des 2 populations selon des critères Bergonié - onCOGITE, Bordeaux ; (3) Oncologie médi-
comme l’âge, le type de traitement consommé, ou cale, CLCC Institut Bergonié, Bordeaux ; (4) Chirurgie,
le bénéfice de la couverture maladie universelle. CLCC Institut Bergonié - onCOGITE, Bordeaux ;
41 % des patientes atteintes d’un cancer localisé ont (5) Radiothérapie, CH de Brive, Brive-la-Gaillarde ;
eu au moins un épisode de non-observance, contre (6) Patiente partenaire, CLCC Institut Bergonié -
46 % chez les patientes atteintes d’un cancer méta- onCOGITE, Bordeaux.
statique. Comme pour la persistance, on observe Mots-clés : chemobrain, troubles cognitifs, cancer du
des disparités d’observance selon l’âge, le type de sein, réhabilitation post-cancer / chemobrain, cogni-
traitement consommé, ou le bénéfice de la CMU. tive disorders, breast cancer, post-cancer rehabilitation.
Discussion : le SNDS ne contient pas les données de Le cancer du sein se situe au premier rang des cancers
prescription médicamenteuse. L’ajout de celles-ci incidents chez la femme avec 59 000 nouveaux cas
permettrait l’identification de patientes à risque. par an. Les deux tiers des patientes sont âgées de
Cela permettrait de mettre en place des programmes moins de 65 ans au moment du diagnostic et un
individualisés et ainsi d’améliorer la persistance et tiers sont en emploi. Deux ans après le dia­gnostic,
l’observance. 1 femme sur 3 quitte ou perd son emploi, et
Conclusion : les patientes atteintes d’un cancer du 1 patiente sur 5 ne travaille plus après 5 ans.
sein localisé ont tendance à être moins persistantes Par ailleurs, les troubles cognitifs post-traitements
mais plus observantes que les patientes atteintes oncologiques touchent environ 50 % des patients [1],
d’un cancer du sein métastatique. De plus, il existe avec environ 30 000 nouvelles femmes chaque
des disparités d’adhésion au traitement au sein des année, dont presque 15 000 en situation d’activité
populations étudiées. professionnelle. L’angoisse de performance en est la
première conséquence qui entrave la réhabilitation
Référence bibliographique sociale et professionnelle [2].
1. Ekinci E et al. Interventions to improve endocrine therapy adhe- La prise en charge centrée sur la remédiation cogni-
rence in breast cancer survivors: what is the evidence? J Cancer
Surviv 2018;12(3):348-56.
tive fait partie des options les plus prometteuses [3],
comme l’a confirmé une recherche exploratoire

22  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


CONGRÈS
RÉUNION

menée à l’Institut Bergonié [4] (amélioration de la O05 EPOPEE, étude d’e-surveillance


qualité de vie, de la plainte cognitive, de la symp- de patientes sous hormonothérapie
tomatologie anxiodépressive et de la motivation au adjuvante pour un cancer du sein :
retour au travail). résultats d’une étude prospective, pilote
Ce travail a motivé la proposition nationale d’un et monocentrique conduite à l’IUCT
parcours de prise en charge spécifique du chemobrain Oncopole (Toulouse) / EPOPEE, e-drug
organisée par la plateforme onCOGITE, portée par monitoring study of patients under
l’association née à l’Institut Bergonié et soutenue endocrine therapy for early breast
par la région Nouvelle-Aquitaine. cancer : results of a pilot, monocentric
Inaugurée en octobre 2020, onCOGITE a d’ores et and prospective study conducted
déjà accueilli 920 patients qui ont suivi leur parcours at IUCT Oncopole (Toulouse)
de remédiation cognitive grâce aux 27 ateliers. Les
séances leurs étaient proposées en visioconférence, F. Dalenc (1), L. Chaltiel (2), T. Filleron (2), V. Esteyrie (3),
selon un rythme hebdomadaire. Chaque séance de M. Loo (3), A. Bouamama (3), F. Nogarotto (4),
90 minutes, animée par une neuropsychologue C. Vaysse (5), C. Massabeau (3), E. Jouve (6)
spécifiquement formée, accueille un groupe de 8 (1) Oncologie médicale, Institut Claudius Regaud (ICR)
à 12 patients et propose une approche d’éducation IUCT Oncopole, Toulouse ; (2) Département de bio­­
thérapeutique, des activités de stimulation et de statistique, ICR IUCT Oncopole, Toulouse ; (3) Radio-
réentraînement cognitif adapté au niveau de chaque thérapie, ICR IUCT Oncopole, Toulouse ; (4) Infirmière,
patient. Ce travail est complété grâce à l’application consultation sénologie, ICR IUCT Oncopole, Toulouse ;
web onCOGITIEL qui permet d’intensifier le travail (5) Département de chirurgie, hôpital Rangueil, IUCT,
entre les séances et/ou de le maintenir à l’issue du Toulouse ; (6) Département de chirurgie, ICR IUCT
parcours. Il s’agit d’un parcours de remédiation axé Oncopole, Toulouse.
sur une progression individuelle portée par la dyna- Mots-clés : hormonothérapie adjuvante, adhésion,
mique d’un groupe ouvert. e-surveillance, effets indésirables / adjuvant hormono-
Après 2 ans de fonctionnement, de retours d’expé- therapy, adherence, e-drug monitoring, adverse events.
riences et d’analyses des chiffres de la fréquentation Contexte : la mauvaise observance de l’hormono­
des ateliers, l’étude renseigne sur plusieurs points : thérapie adjuvante (HA) pour un cancer du sein est
pathologies des adhérents (cancer du sein 75 %), un obstacle à l’obtention de résultats optimaux en
situations socioprofessionnelles (76 % en situation termes de réduction du risque de rechute [1, 2]. Les
professionnelle), âge (53,4 ans), adresseurs et pres- causes sont multiples, parmi elles les effets indé-
cripteurs (centres de soins, association de patients), sirables (EI) qui altèrent la qualité de vie [3]. La
profil du parcours, évaluation d’une prise en charge télésurveillance ayant prouvé son efficacité dans
en visioconférence, de la nature des progrès ressentis la surveillance des patients en oncologie [4], un
et de la satisfaction de cette prise en charge. dispositif d’e-surveillance des patientes éligibles à
L’étude randomisée multicentrique e-onCOGITE une HA a été développé afin d’optimiser rapidement
est en cours afin d’évaluer les effets de cette prise la gestion des EI.
en charge. Objectifs : l’objectif principal était d’évaluer la
Cette expérience a été primée comme innovation faisabilité d’un dispositif d’e-surveillance chez les
Unicancer 2021 et a reçu le prix Galien France 2021. patientes commençant une HA. Les objectifs secon-
daires étaient d’évaluer l’efficience d’une correspon-
Références bibliographiques dance patiente-infirmier diplômé d’état (IDE) via le
dispositif, l’adhésion des patientes à l’HA durant ces
1. Joly F et al. Impact of cancer and its treatments on cognitive
function: advances in research from the Paris International Cogni-
6 mois et la satisfaction des patientes à cet outil.
tion and Cancer Task Force symposium and update since 2012. Méthode : il s’agit d’une étude monocentrique et
J Pain Symptom Manage 2015;50(6):830-41. prospective d’une durée de 6 mois. Les patientes
2. Lange M et al. How to assess and manage cognitive impairment
induced by treatments of non-central nervous system cancer. devaient remplir :
Neurosci Biobehav Rev 2019;107:602-14. ➤ en ligne, un questionnaire évaluant l’existence ou
3. Jacquin-Courtois S, Reilly KT. Troubles cognitifs liés au cancer : la sévérité des principaux EI au moment de l’inclu-
quelle(s) prise(s) en charge ? Revue de neuropsychologie
2019;11(4):296-306. sion, puis tous les mois. Les questionnaires étaient
4. Gerat-Muller V et al. onCOGITE : lutter contre les troubles reçus par une IDE coordonnatrice en sénologie qui
cognitifs post-traitements oncologiques. Innov Ther Oncol apportait une action en fonction du niveau d’alerte
2022;8(1).
déclenché par la sévérité des symptômes ;

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  23


CONGRÈS
RÉUNION

➤ en ligne, à 3 et 6 mois, le questionnaire GIRERD O09 Radiothérapie mammaire


évaluant leur observance à l’HA ; locorégionale adjuvante
➤ puis un questionnaire de satisfaction lors de la hypofractionnée : analyse rétrospective
consultation médicale à 6 mois. de la toxicité et impact de la pandémie
L’observance à l’HA était aussi relevée par le médecin de Covid-19 / Hypo-fractionated
investigateur lors de la consultation à 6 mois selon adjuvant locoregional breast
l’estimation du ratio de médicaments pris. Le critère radiotherapy: retrospective analysis
de jugement principal était le taux de patientes ne of toxicity and impact of Covid-19
présentant pas un échec au protocole d’e-surveil- pandemic
lance défini par l’absence de connexion à plus de
2 questionnaires ou l’inadéquation entre le niveau A.E. Yéo (1), J. Vanderick (1), L. Donnay (1), M. Seret (1),
d’alerte et la gravité des EI rapportés. V. Remouchamps (1)
Résultats : il a été inclus 45 patientes dont l’âge (1) Radiothérapie, CHU UCL NAMUR (site Sainte-­
médian était de 52 ans de février à décembre 2020. Elisabeth), Namur, Belgique.
22 patientes ont reçu une chimiothérapie (néo)adju- Mots-clés : radiothérapie, sein, hypofractionnement,
vante, 22 du tamoxifène et 23 un inhibiteur de l’aro- locorégional, FAST, ganglions / radiotherapy, breast,
matase. Un analogue de la LH-RH a été prescrit à 3 hypo-fractionation, locoregional, FAST, nodes.
d’entre elles. Une patiente n’ayant finalement pas eu Contexte : le schéma FAST (28 Gy/5,7 Gy par
de connexion internet à domicile a été non évaluable fraction/1 jour/semaine), alternative validée
pour tous les critères de jugement. Sur les 44 patientes pour la radiothérapie (RT) mammaire adjuvante
évaluables, 42 patientes (95,4%) ont répondu à au chez les patientes âgées, n’est recommandé
moins 4 questionnaires. Pour les patientes se confor- qu’en cas d’abstention du traitement ganglion-
mant au remplissage des questionnaires, une donnée naire [1]. Nous le proposions régulièrement aux
manquante pour l’adéquation entre le niveau d’alerte patientes gériatriques en cas d’irradiation loco-
et la gravité des EI a été constatée chez 3 d’entre elles. régionale (LR) sur la base de l’expérience de
Finalement, 34 des 41 patientes évaluables (83 %) schémas similaires de l’institut Curie [2]. Face
garantissent le succès de l’étude pour son objectif à la pandémie de Covid-19, nous avons même
principal. Seule une patiente a été considérée comme abaissé la limite d’âge à 65 ans et hors gériatrie.
non observante à l’HA selon le questionnaire GIRERD L’objectif était d’évaluer les toxicités aiguës et
à 3 mois et une autre lors de l’évaluation médicale à semi-tardives des patients traités entre 2018 et
6 mois. 37 des 39 patientes ayant rempli le question- 2021 au niveau LR par le schéma FAST ainsi que
naire de satisfaction étaient très satisfaites de cet outil. l’évolution de notre pratique face à la pandémie.
Discussion et conclusion : cette étude montre la Matériel et méthode : 87 dossiers de patientes
faisabilité et la bonne adhésion des patientes sous avec un âge médian de 79 ans (extrêmes : 64-92)
HA à un protocole de e-surveillance. Elle nous a ont été retenus. Ces patientes présentaient des
permis de développer un outil de solution digitale tumeurs mammaires (cT1 : 28,7 % ; cT2 : 46 % ;
donnant la possibilité de repérer précocement cT3 : 8,04 % ; cT4 : 17,2 %) majoritairement opérées
les patientes ayant des EI importants afin de leur (mastectomie : 51,7  % ; tumorectomie : 47,12  % ;
apporter rapidement des solutions. Elle suggère abstention : 1,17 %). Au niveau axillaire, toutes
que notre outil pourrait être utile pour améliorer présentaient une atteinte ganglionnaire en pré-
­l’observance en agissant très tôt sur la gestion des EI. ou en postopératoire. En termes d’exploration
régionale, 25,2 % ont bénéficié de la technique
Références bibliographiques du ganglion sentinelle et 72,4 %, d’un curage avec
1. Murphy CC et al. Adherence to adjuvant hormonal therapy
une moyenne de 11,4 ± 5,6 ganglions prélevés. Au
among breast cancer survivors in clinical practice: a systematic niveau RT, 94,2 % ont été irradiées au niveau des
review. Breast Cancer Res Treat 2012;134(2):459-78. aires sus- et sous-claviculaires (II, III et IV) avec
2. Font R et al. Influence of adherence to adjuvant endo-
crine therapy on disease-free and overall survival: a popula-
ou sans l’aire I et la chaîne mammaire interne. Le
tion-based study in Catalonia, Spain. Breast Cancer Res Treat suivi moyen était de 15 mois (extrêmes : 0-43).
2019;175(3):733-40. Résultats : on observait une tendance à la hausse
3. Lehmann A et al. Assessing medication adherence: options to
consider. Int J Clin Pharm 2014;36(1):55-69. du nombre de patientes (N) par année, associée à
4. Denis F et al. Two-year survival comparing web-based symptom une diminution de l’âge médian (M) : 2018 N : 14,
monitoring vs routine surveillance following treatment for lung M : 84 ; 2019 N : 10, M : 82,5 ; 2020 N : 28, M : 79 ;
cancer. JAMA 2019;321(3):306-7.
2021 N : 36, M : 75.

24  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


CONGRÈS
RÉUNION

Les réactions aiguës et semi-tardives étaient accep- Mots-clés : ganglion sentinelle, envahissement
tables sans aucune toxicité de grades 3 et 4 ni de ganglionnaire, chirurgie première / sentinel lymph
plexite radique enregistrée. En termes de grade 2, node, lymph node involvement, upfront surgery.
on observait : Contexte : en novembre 2021, lors des 43 es Jour-
➤ fin de traitement (N : 87) : dermite aiguë : 4,5 %, nées de la Société Française de Sénologie et
œdème mammaire : 2,3 % ; de Pathologie Mammaire, des recommanda-
➤ 0-6 mois (N : 75) : œdème mammaire : 5,3 %, tions concernant le traitement locorégional du
douleur mammaire : 1,3 %, œdème du bras homo- cancer du sein ont été présentées [1]. Parmi les
latéral : 5,3 %, pneumonie radique symptomatique : nouveautés, la possibilité de réaliser un ganglion
2,66  % ; sentinelle en cas d’envahissement prouvé pré­­
➤ 7-12 mois (N : 34) : œdème mammaire : 5,9 %, thérapeutique par cytoponction ou microbiopsie,
hyperpigmentation : 2,9 %, œdème du bras homo- pour des tumeurs cT1T2 N0 avec un seul ganglion
latéral : 8,8  % ; suspect à l’échographie et positif. Cette recom-
➤ > 12 mois (N : 30) : œdème mammaire : 6,6 %, mandation est un avis d’expert ; il n’existe pas à
hyperpigmentation : 3,3 %, œdème du bras homo- ce jour de données prospectives appuyant cette
latéral : 10 %. prise en charge.
Discussion : l’œdème mammaire persistait au-delà Objectif : évaluer le taux de patientes N+ d’emblée
de 1 an avec une tendance à l’augmentation. ayant un envahissement limité du creux axillaire et
Parmi les 15 patientes présentant un œdème du éligibles à un ganglion sentinelle en cas de chirurgie
bras, 13 (86,6 %) avaient préalablement bénéficié première.
d’un curage axillaire avec une moyenne de 13,4 Méthode : étude de vie réelle évaluant l’envahis­
± 7,2 ganglions. Par ailleurs, en postopératoire, sement axillaire à l’imagerie et sur l’analyse
4 présentaient déjà un œdème de grade ≥ 1. histologique du curage, de patientes N+ préthéra-
Conclusion : avec un recul médian de plus de 12 mois, peutiques traitées par chirurgie première dans une
ce schéma de RT hypofractionné LR entraîne des seule institution entre janvier 2018 et janvier 2020.
réactions aiguës et semi-tardives modérées. Il offre Résultats : parmi 395 patientes diagnostiquées
l’avantage d’un confort accru pour les patientes et N+ préthérapeutiques, 195 ont eu une chirurgie
d’une gestion efficiente de nos ressources de RT. première. L’âge moyen était de 60 ans et 65 %
Ces résultats sont à confirmer de façon prospec- étaient ménopausées. 97 % des patientes étaient
tive et randomisée, ce que nous planifions via notre pN1 et 43 % avaient 1 ou 2 ganglions envahis et
participation prochaine à une étude multicentrique. auraient été éligibles aux critères de l’ACOSOG
Z0011 – sans sélection à l’imagerie. Nous avons
Références bibliographiques comparé les valeurs prédictives négatives (VPN)
1. Brunt AM et al. Ten-year results of FAST: a randomized controlled et positives (VPP) des examens d’imagerie (écho-
trial of 5-fraction whole-breast radiotherapy for early breast graphie, TDM et TEP-TDM) et de leur association
cancer. J Clin Oncol 2020;38(28):3261-72.
pour prédire une atteinte limitée du creux. L’asso­
2. Ortholan C et al. Long-term results of adjuvant hypofractionated
radiotherapy for breast cancer in elderly patients. Int J Radiat ciation échographie et TEP-TDM permettait le meil-
Oncol Biol Phys 2005;61(1):154-62. leur couple VPN/VPP avec une VPP de 90 % et une
VPN de 67 %.
Discussion : la désescalade se poursuit dans la
chirurgie axillaire du cancer du sein. Elle est légitime
O11 Ganglion sentinelle en cas de du fait des résultats historiques de l’essai ACOSOG
chirurgie première avec envahissement Z0011 qui a prouvé l’absence d’effet thérapeutique
ganglionnaire prouvé / Sentinel lymph du curage axillaire. Pourtant, il aura fallu attendre
node biopsy in patients with lymph node la publication des données de survie à 10 ans pour
involvement first treated by surgery convaincre la communauté française d’appliquer
les critères d’abstention du curage [2]. En paral-
D. Hequet (1), P. Brun Amaro (2), R. Rouzier (3) lèle, des désescalades sont proposées sans données
(1) Chirurgie, Institut Curie/Clinique Saint Jean de prospectives. Un encadrement de ces pratiques
Dieu, Saint-Cloud/Paris ; (2) Chirurgie, Institut Curie/ “optionnelles” proposées par les référentiels est
Centre hospitalier Marne La Vallée, Saint-Cloud/ ainsi essentiel : critères d’éligibilité pertinents, bilan
Jossigny ; (3) Chirurgie, Institut Curie/Centre François d’imagerie complet, suivi des cas avec des données
Baclesse, Saint-Cloud/Caen. de vie réelle.

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  25


CONGRÈS
RÉUNION

Conclusion : une limitation de la chirurgie axillaire d’expression génique utilisant le statut pN dans leur
chez les patientes N+ préthérapeutiques traitées algorithme de recommandation.
par chirurgie première est une option intéressante à Objectif : déterminer l’impact pronostique des
proposer aux patientes avec atteinte limitée axillaire micrométastases ganglionnaires identifiées dans
sous réserve d’un bilan d’imagerie complet et du le ganglion sentinelle de patientes avec un cancer
prélèvement du ganglion positif marqué. du sein précoce RH+.
Méthode : 13 773 patientes traitées pour un cancer
Références bibliographiques du sein RH+ dans 13 centres français de lutte contre
1. INCa. Traitements locorégionaux des cancers du sein infiltrants le cancer ont été analysées rétrospectivement
non métastatiques. Coll. Recommandations et référentiels. Juin entre 1999 et 2014 [1]. Cinq catégories de statut
2022.
2. Giuliano AE et al. Effect of axillary dissection versus no
ganglionnaire axillaire ont été définies : ganglion
axillary dissection on 10-year overall survival among women négatif (pN0i−), cellules tumorales isolées (pN0(i+)),
with invasive breast cancer and sentinel node metastasis: The pN1mi, et pN1 divisé en macrométastases (> 2 mm)
ACOSOG Z0011 (Alliance) randomized clinical trial. JAMA
2017;318(10):918-26. uniques (pN1 = 1) et multiples (pN1 > 1). L’effet
des micrométastases sur la survie a été étudié à la
fois dans la cohorte totale de patientes et dans des
sous-groupes cliniquement pertinents en fonction
des sous-types de tumeurs. Un appariement fondé
O12 Micrométastases et ganglion sur un score de propension a été utilisé pour équili-
sentinelle : absence d’impact brer les différences dans les variables pronostiques
pronostique dans le cancer du sein connues associées au statut pN.
à récepteurs hormonaux positifs / Lack Résultats : après analyse du ganglion sentinelle,
of prognostic impact of sentinel node 9 427 patientes étaient pN0 (68,4 %), 546 pN0(i+)
micro-metastases in endocrine receptor- (4,0 %), 1 446 pN1mi (10,5 %) et 2 354 pN1 avec
positive early breast cancer macrométastases (17,1 %). Avec un suivi médian de
61,25 mois, le statut pN1, mais pas pN1mi, avait un
A. de Nonneville (1), M. Cohen (2), N. Chopin (3), impact significatif sur la survie globale, la survie sans
C. Coutant (4), F. Reyal (5), C. Mazouni (6), maladie (SSM), la survie sans métastase (MFS) et la
P. Gimbergues (7), A.S. Azuar (8), M.P. Chauvet (9), survie spécifique au cancer du sein. Dans le sous-
J.M. Classe (10), E. Daraï (11), A. Martinez (12), groupe de patientes dont le sous-type de tumeur
R. Rouzier (13), C. Tunon de Lara (14), E. Lambaudie (2), était connu, pN1 = 1, comme pN1 > 1, mais pas
J. Barrou (2), A. Gonçalves (2), G. Houvenaeghel (2) pN1mi, l’impact pronostique était significatif sur la
(1) Oncologie Médicale, Institut Paoli-Calmettes, survie globale. La SSM et la MFS n’étaient impactées
Marseille ; (2) Institut Paoli-Calmettes, Marseille ; que par une atteinte pN1 > 1. Des résultats similaires
(3) Centre Léon Bérard, Lyon ; (4) Centre Georges ont été observés dans le sous-groupe de patientes
François Leclerc, Dijon ;(5) Institut Curie, Paris ; présentant des tumeurs de type luminal A (n = 7 101).
(6) Gustave-Roussy, Villejuif ; (7) CHU de Clermont-­ Dans l’analyse en population appariée, pN1macro,
Ferrand ; (8) Centre hospitalier de Grasse ; (9) Centre mais pas pN1mi, avait un impact négatif statisti-
Oscar-Lambret, Lille ; (10) CHU Nord Laennec, Saint- quement significatif sur la MFS et la survie globale.
Herblain ; (11) Hôpital Tenon, Paris ; (12)  Institut Discussion : les tests génomiques de 1re génération
­C laudius Regaud, Toulouse  ; (13) Hôpital René classent les patients pN1mi au même niveau que
Huguenin, Saint-Cloud ; (14) Institut Bergonié, pN0. Cependant, la 2e génération de signatures d’ex-
Bordeaux. pression génique, comme EndoPredict® ou Prosigna®,
Mots-clés : cancer du sein, ganglion sentinelle, inclut la taille de la tumeur et le statut ganglionnaire
micrométastases, survie / breast cancer, sentinel dans le score final de risque de récidive pour les
node, micro-metastases, survival. tumeurs RE+ HER2−. Ces signatures considèrent les
Contexte : l’impact pronostique des microméta­ micrométastases et les macrométastases comme
stases ganglionnaires (pN1mi) a été rapporté de des facteurs équivalents et peuvent donc surestimer
manière discordante dans la littérature. La nécessité le risque de récidive pour les patientes présentant
de clarifier ce point pour la prise de décision concer- des micrométastases.
nant le traitement adjuvant, en particulier pour les Conclusion : il n’existe pas d’impact défavorable
patientes présentant des tumeurs RH+ et HER2−, est détectable d’une atteinte micrométastatique du
encore renforcée par la généralisation des signatures ganglion sentinelle. Ces micrométastases ne doivent

26  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


CONGRÈS
RÉUNION

donc pas être considérées comme un facteur déter- de 45 mm (extrêmes : 15-150). Les biopsies initiales
minant dans l’indication d’une chimiothérapie adju- ont été analysées dans 30 laboratoires d’anatomo­
vante. L’évaluation du risque de récidive à l’aide de pathologie différents (Institut Bergonié : 60 % ;
signatures de 2e génération doit être calculée en 75 % réalisées dans 3 centres). 97 % des analyses
considérant les micrométastases comme pN0. anatomopathologiques des pièces chirurgicales ont
été effectuées à l’Institut Bergonié.
Référence bibliographique Le taux de réponse TA de Sataloff est de 20,8 %,
1. Houvenaeghel G et al. Lack of prognostic impact of sentinel avec une forte corrélation avec le score IHC3 :
node micro-metastases in endocrine receptor-positive early AUC ROC = 0,72 (extrêmes : 0,67-0,78). Taux de
breast cancer: results from a large multicenter cohort. ESMO
Open 2021;6(3):100151.
réponse TA selon le score IHC3 : < 120 (n = 77) : 5 % ;
120-129 (n = 72) : 8 % ; 130-139 (n = 113) : 19 % ;
140-149 (n = 110) : 21 % ; 150-159 (n = 82) : 32 % ;
≥ 160 (n = 55) : 45 %.
La valeur prédictive de l’IHC3 apparaît forte
dans toutes les tranches d’âge : 0,71 (< 41 ans) ;
O20 Évaluation d’un score prédictif 0,67 (41-45,9 ans) ; 0,77 (46,0-51,9 ans) ;
de la réponse à la chimiothérapie 0,72 (52-60,9 ans) ; 0,75 (≥ 61 ans).
néoadjuvante dans les cancers du sein Le taux de réponse TA apparaît plus élevé chez les
RH+ HER2− en fonction de l’âge / Impact patientes ≥ 61 ans (26 %) (n = 113), les patientes
of the age for the predictive value of de cette tranche d’âge ayant un score IHC3 globa-
IHC3 for the response of chemotherapy lement plus élevé (critère de sélection théra-
in luminal breast cancers peutique).
Le taux de réponse TA est également plus élevé chez
M. Debled (1), N. Quenel-Tueux (1), M. Fournier (1), les patientes < 41 ans (28 %) (n = 99). Il est de
C. Chakiba-Brugère (1), L. Salabert (1), H. Bonnefoi (1), 19 % (n = 67) si l’on exclut les patientes traitées
C. Tunon de Lara (2), M. Arnedos (1), G. Mac Grogan (3) conjointement par agoniste de la LH-RH et/ou les
(1) Oncologie, Institut Bergonié, Bordeaux ; patientes ayant une mutation génétique prédispo-
(2)  Chirurgie, Institut Bergonié, Bordeaux ; sant au cancer du sein (n = 32 ; TA : 47 %, Chi-deux,
(3) Anatomo­pathologie, Institut Bergonié, Bordeaux. p = 0,0026).
Mots-clés : cancer du sein, luminal, chimiothérapie Conclusion : le score IHC3 prédit la réponse à la
néoadjuvante, score prédictif, âge / breast cancer, chimiothérapie néoadjuvante dans les tumeurs lumi-
luminal, neoadjuvant chemotherapy, predictive nales. La valeur prédictive de ce score est retrouvée
factor, age. pour toutes les tranches d’âge, y compris chez les
Contexte : l’utilité des signatures moléculaires pour patientes < 41 ans. Le taux plus élevé de réponse
prédire le bénéfice de la chimiothérapie adjuvante chez les patientes ≥ 61 ans est lié à des critères
a été évaluée dans de grandes études de phase III : de sélection de traitement ; le taux plus élevé de
TAYLORx, RxPONDER, MINDACT. Ces études ont réponse chez les patientes jeunes pourrait être lié
montré une hétérogénéité de résultats avec une à l’administration conjointe d’agoniste de la LH-RH
interaction significative entre l’âge et le bénéfice de ou à des mutations génétiques constitutionnelles
la chimiothérapie selon le score pronostique [1-3]. associées à une plus grande chimiosensibilité.
Objectif : déterminer, en situation néoadjuvante, la
valeur prédictive du score IHC3, adapté de l’IHC4
pour les tumeurs HER2− [4]. L’IHC3 est calculé à
partir des résultats immunohistochimiques (IHC) Références bibliographiques
de RE, RP et Ki67 sur les biopsies préthérapeutiques. 1. Sparano JA et al. Adjuvant chemotherapy guided by a 21-gene
Méthode : patientes traitées par chimiothérapie expression assay in breast cancer. N Engl J Med 2018;379(2):111-21.
2. Kalinsky K et al. 21-Gene assay to inform chemotherapy benefit in
néoadjuvante, pour une tumeur luminale non méta- node-positive breast cancer. N Engl J Med 2021;385(25):2336-47.
statique (exclus T0N+) ; résultats IHC disponibles sur 3. Piccart M et al. 70-gene signature as an aid for treatment
la biopsie (RE, RP, Ki67) ; analyse anatomopatho- decisions in early breast cancer: updated results of the phase 3
randomised MINDACT trial with an exploratory analysis by age.
logique de la réponse selon Sataloff. Lancet Oncol 2021;22(4):476-88.
Résultats : 499 patientes ont été traitées entre 2008 4. Sheri A et al. Relationship between IHC4 score and response
et 2022, d’un âge médian de 49,2 ans (extrêmes : to neo-adjuvant chemotherapy in estrogen receptor-positive
breast cancer. Breast Cancer Res Treat 2017;164(2):395-400.
21,9-82,9). La taille tumorale clinique médiane était

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  27


CONGRÈS
RÉUNION

Soins de support – Psychologie implicite pour les patientes non précaires. Incon-
sciemment, les patientes en situation de précarité
S04 Biais implicites vis-à-vis étaient davantage associées à des patientes non
des patientes en situation de précarité : observantes ou négligentes. Les patientes non
impact sur la prise en charge du cancer précaires étaient davantage valorisées. En situa-
du sein. Étude BICS / Implicit bias tion clinique, il existait bien une différenciation des
toward low socioeconomic status soins : tantôt positive (les patientes en situation
patients in oncology: effects on breast de précarité étaient davantage hospitalisées pour
cancer care. BICS Study être mieux surveillées alors que les patientes non
précaires étaient traitées en ambulatoire), tantôt
C. Ngo (1), C. Desprès (2), J. Richetin (3) négative (à stade égal, les patientes en situation de
(1) Centre de chirurgie cancérologique gynécologique précarité avaient davantage de chirurgies radicales et
et sénologique, hôpital privé des Peupliers, Ramsay des traitements médicaux plus “légers”). Néanmoins,
Santé, Paris ; (2) Centre de recherche des Cordeliers, la corrélation entre les IAT et les décisions de soins
Sorbonne université, université Paris Cité, Inserm, n’était pas statistiquement significative. L’approche
équipe ETRES, Paris ; (3) Department of psychology, qualitative a montré de grandes variations entre les
università degli studi di milano-bicocca, Milan, Italie. médecins dans le déroulement des consultations et
Mots-clés : biais implicites, cancer du sein, précarité, la qualité de l’information donnée. Très souvent, le
soins différenciés, inégalités / implicit bias, breast statut social de la patiente n’était pas apprécié, ou
cancer, precariousness, socio-economic health inequi- alors de manière subjective. Il n’existait que peu de
ties, discrimination. variations intra-médecin sur les propositions de prise
Contexte : les patientes socioéconomiquement en charge et les explications fournies, et celles-ci ne
défavorisées atteintes d’un cancer du sein ont un semblaient pas liées au statut social des patientes.
moins bon pronostic par retard de prise en charge Discussion : il existe des biais implicites vis-à-vis des
et moins bonne qualité de prise en charge. Ces patientes en situation de précarité pouvant conduire
inégalités peuvent s’expliquer par plusieurs méca- à des soins différenciés. Cette différenciation est
nismes, parmi lesquels la différenciation des soins difficile à montrer pour plusieurs raisons : la prise en
par les médecins eux-mêmes en raison de préjugés charge du cancer du sein est extrêmement codifiée,
inconscients vis-à-vis des patientes en situation de notre étude présente des biais (petit échantillon,
précarité : les biais implicites. praticiens sensibilisés), enfin, le temps de consul-
Objectif : rechercher des biais implicites vis-à-vis des tation par patient est limité, ce qui conduit certains
patientes en situation de précarité chez les médecins praticiens à adopter un schéma routinier de consul-
impliqués dans la prise en charge du cancer du sein, tation très structuré et donc très “égalitaire”. Para-
et corréler ces biais implicites à des décisions de soins doxalement, cette attitude égalitariste ne prend pas
différenciées affectant le traitement. en compte les particularités sociales, économiques
Méthode : des radiothérapeutes, des oncologues et culturelles des patientes, et peut entraîner des
médicaux et des chirurgiens ont été invités à inégalités par omission.
répondre à des cas cliniques exposant des situa- Conclusion : les biais implicites des médecins
tions classiques de cancer du sein chez des patientes vis-à-vis des patientes en situation de précarité
précaires et non précaires. Ils ont également rempli affectent la prise en charge du cancer du sein. Les
un test d’associations implicites (IAT) pour mettre études doivent être aprofondies et les médecins
en évidence leurs préjugés inconscients. Une étude sensibilisés.
de correlation entre les IAT et les réponses aux cas
cliniques a été réalisée. Une approche qualitative S05 Impact de la précarité sur la prise
associée, réalisée par une anthropologue, a permis en charge du cancer du sein : résultats
d’analyser des consultations et des entretiens de l’étude DESSEIN / Effect of socio-
semi-dirigés avec les praticiens. economic deprivation on breast cancer
Résultats : 117 médecins ont répondu aux vignettes management: results of the study
cliniques, parmi lesquels 96 ont réalisé également DESSEIN
les IAT. 206 consultations ont été analysées dans
7 établissements de la région parisienne, 12 prati- C. Ngo (1), H. Bonsang-Kitzis (1), H. Charreire (2),
ciens ont répondu aux entretiens. Notre étude A. Bochaton (3), C. Desprès (4), S. Baffert (5),
a montré que les médecins ont une préférence B. Conti (6), J. Djadi-Prat (7)

28  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


CONGRÈS
RÉUNION

(1) Centre de chirurgie cancérologique gynécologique 45 % des patientes en situation de précarité ne
et sénologique, hôpital privé des Peupliers, Ramsay connaissaient pas le dépistage organisé versus 30 %
Santé, Paris ; (2) EA 7374 Lab’URBA, Université chez les patientes non précaires (p < 0,0001). Les
Paris-Est, Créteil ; (3) UMR 7533 LADYSS, Université patientes en situation de précarité avaient un stade
Paris Nanterre, Nanterre ; (4) Centre de recherche au diagnostic plus avancé (47 % de T1 versus 54 %,
des Cordeliers, Sorbonne université, université Paris 67 % de N0 versus 77 %, p = 0,005), avaient davan-
Cité, Inserm, équipe ETRES, Paris ; (5) Économie de la tage de chirurgie radicale à stade égal (31 versus
santé, CEMKA, Bourg-La-Reine ; (6) LVMT, Université 21 %, p = 0,002), avaient un risque plus élevé de
Gustave Eiffel, École des Ponts ParisTech, Champs- ne pas recevoir le traitement initialement prévu (4
sur-Marne ; (7) Unité de recherche clinique, hôpital versus 1 %, p = 0,004), participaient moins à des
européen Georges Pompidou, AP-HP, Paris. essais cliniques (5 versus 9 %, p = 0,03).
Mots-clés : précarité, inégalités sociales de santé, Le non-recours aux soins de support (psychologue,
cancer du sein / precariousness, social health inequa- esthéticienne, kinésithérapeute et sophrologue) était
lities, breast cancer. 2 fois plus fréquent chez les patientes en situation
Contexte : dans le cancer du sein, la précarité a de précarité (p < 0,001). Cela était souvent lié à
été associée à une augmentation de la mortalité, des contraintes financières ou organisationnelles,
mais les liens entre précarité, stade au diagnostic mais aussi à une diminution de l’offre. Les soins de
et parcours de soins sont peu explorés. support étaient 2 fois moins proposés aux patientes
Objectif : évaluer l’impact de la précarité sur la en situation de précarité.
maladie et les parcours de soins En cours de traitement, 33 % des patientes
Méthode : étude prospective observationnelle en situation de précarité déclaraient subir une
multicentrique en Île-de-France (financement perte de revenus contre 24 % des patientes non
INCa-SHSESP (Sciences Humaines et Sociales, précaires (p < 0,001). À 12 mois du diagnostic, les
Épidémiologie et Santé Publique)-2015), compa- licenciements étaient 2 fois plus nombreux chez
rant des patientes précaires et non précaires qui les patientes en situation de précarité (p = 0,0001).
consultaient pour un cancer du sein et qui étaient Discussion : l’impact de la précarité est multifacto-
suivies pendant 1 an. riel : plus faible niveau de littératie en santé chez les
Trois scores ont été utilisés pour identifier les patientes en situation de précarité, moindre accès aux
patientes en situation de précarité (score de Pascal, soins spécialisés et aux soins de support. La maladie est
score EPICES, score EDI). Les données suivantes un facteur de précarisation d’autant plus important
ont été comparées entre les 2 groupes : stade au que la situation sociale et professionnelle initiale est
diagnostic, caractéristiques de la maladie et trai- fragile. Par ailleurs, il existe une discrimination des soins
tements, caractéristiques socioéconomiques et vis-à-vis des patientes en situation de précarité, qui peut
géographiques, coûts directs et indirects, restes être liée au fonctionnement des institutions de santé
à charge. Les données ont été recueillies dans les comme aux comportements inconscients des soignants.
dossiers médicaux et à l’aide de questionnaires à Conclusion : la précarité affecte toutes les étapes
l’inclusion, à 3, 6 et 12 mois. de l’histoire du cancer et du parcours de soin. Elle
Résultats : 875 patientes ont été incluses entre doit être prise en compte de manière multidimen-
décembre 2016 et juin 2019 dans 20 établisse- sionnelle. Les analyses géographiques, économiques
ments : 543 patientes non précaires et 332 patientes et prédictives de l’étude seront communiquées
précaires. ultérieurement.

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  29


MISE AU POINT

Nut ritio n
es Diab ètes et
es Hor mon
Mét abo lism

Un génome, des génomes


Périodique de formation

TE
RACONTÉ À JULIET
ADN, WES & co

Genomics: when the frontier between constitutional


Béné (Nantes)
Pr Marie-Christine
DOSSIER
ome
 Exploration du gén
thies
dans les hémopa

and somatic is blurred


malignes 
(Paris)
Pr Thierry Leblanc
Coordonné par le

des génomes
l Un génome,
(Lyon)
Pr Pierre Sujobert NGS, séquençage
nos gènes par panel et limites
l Exploration de : méthodologie
génome entier
d’exome ou de
Dr Pierre Hirsch (Paris) somatiques
rmatique des variants
l Analyse bio-info du séquençage d’exomes

P. Sujobert*
tumoraux à partir
complets e Antoniewski (Paris)
ou de génomes Naouar, Christoph
Bellenge r, Naïra
Drs Léa
s et juridiques
enjeux éthique somatiques
l Quels sont les
génétique des variants thies malignes ?
de l’exploration
le cadre des hémopa (Créteil)
et germinaux dans fier
Dr Sandrine de Montgol
Alice Hallopeau,
tionnel lors
variant constitu s:
l Découverte d’un génétique de cellules maligne
d’une exploration
du biologiste
le point de vue
Dr Yoann Vial (Paris) ion
l lors d’une explorat
variant germina ences pour
l Découverte d’un malignes : les conséqu
génétique de cellules néticien
le clinicien et l’oncogé r, Marie-Astrid Dalin,
Le Bris, Patrice Chevallie
Prs et Drs Yannick ristine Béné (Nantes)
Peterlin, Marie-Ch
Bertrand Isidor, Pierre
ût 2022

re
… tout le sommai
Vol. XVII - n° 4 - juillet-ao

DPC
S! page 198
EZ-VOU
a r k . f r | ABONN
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Société éditrice : EDIMARK nale ICMJE

Quand les frontières entre


- ISSN : 1954-4820
CPPAP : 0124 T 88680 dans la base internatio
Bimestriel Revue indexée
46 €
Prix du numéro :

aussi bien transmettre des signaux électriques (et


constitutionnel et somatique faire émerger la conscience), se contracter (et faire
circuler le sang), ou devenir des éléments essen-
se brouillent tiels de la lutte contre les agents infectieux. Nous
apprenions 3 exceptions notables à cette règle d’or :
S’il y a bien une chose qui paraissait acquise lorsque ➤ les modifications somatiques du génome des
nous avons appris la médecine, c’est que toutes lymphocytes T et B, solution combinatoire générant
les cellules de notre organisme avaient le même une diversité quasiment infinie de récepteurs anti-
© Correspondances en Onco -­ génome, hérité de chacun de nos parents au moment géniques à partir d’un nombre restreint de gènes ;
Hémato­logie 2022;17(4):199-202 de la fécondation de l’ovocyte par le spermatozoïde. ➤ l’apparition de mutations durant les 1res étapes
Et le sujet d’émerveillement était alors de constater de la vie embryonnaire, aboutissant à des tissus
* Service d’hématologie biologique,
Centre hospitalier Lyon-Sud. l’extra­ordinaire variété phénotypique de nos cellules dits “mosaïques” composés de cellules au génome
normales qui, avec le même génome, pouvaient normal et d’autres au génome modifié ;
➤ et bien sûr, l’acquisition pathologique de mutations
conférant aux cellules des capacités prolifératives illi-
mitées, une résistance à la mort cellulaire, et autres
caractéristiques phénotypiques (hallmarks) du cancer.
La théorie des mutations somatiques, consolidée
par des résultats expérimentaux démontrant le rôle
causal de certaines mutations, est encore la théorie
dominante pour expliquer l’oncogenèse, et constitue
le fondement du développement des thérapeutiques
personnalisées.
Ce que nous pensions avant : stabilité du génome sauf en cas de cancer
Mais comme souvent en science, même les théo-
ries les mieux étayées ont une durée de vie limitée.
Elles finissent par être remises en question par des
développements technologiques et des observations
Ce que nous savions déjà : prédisposition génétique au cancer expérimentales, qui agissent comme un grain de
sable dans les rouages les mieux huilés. Et dans la
situation qui nous occupe, ce grain de sable est le
séquençage à haut débit, qui a permis de révéler
que l’accumulation de mutations oncogéniques
Ce qui nous est nouveau : évolution clonale des tissus sains et l’évolution clonale sont la règle dans les tissus
sains. Quelques indices auraient pu nous mettre
la puce à l’oreille, car nous savions déjà, grâce à
l’étude de la lyonisation du chromosome X [1], que
l’hématopoïèse des femmes âgées avait tendance
Maladies liées à un clone L’oncogenèse n’est pas réductible à être clonale, et que les hommes âgés avaient
: cancer non malin : HPN, VEXAS… à l’évolution clonale
souvent une hématopoïèse clonale caractérisée par
Figure. Évolution de la compréhension du rôle des mutations somatiques dans l’onco­ la perte du chromosome Y [2]. Avec les techniques
genèse. de séquençage à haut débit, ces observations ont
pu être précisées sur de larges panels de gènes/

30  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


Résumé
Les techniques de séquençage à haut débit ont permis de démontrer que l’acquisition de mutations soma-
tiques du génome n’est pas réservée aux cellules cancéreuses, mais s’observe dans tous les organes lors
Mots-clés
du vieillissement. Cela remet en question la traditionnelle distinction entre génome constitutionnel et Mutations
génome tumoral, ainsi que la théorie des mutations somatiques habituellement mobilisée pour expliquer somatiques
l’oncogenèse et justifier la recherche de thérapeutiques personnalisées. Ces observations posent égale-
Hématopoïèse clonale
ment la question de l’impact clinique des expansions clonales non cancéreuses, et soulèvent des questions
techniques pour l’analyse des génomes cancéreux. Oncogenèse

exomes, et généralisées à des tissus aussi variés débit, avec l’espoir de pouvoir agir plus efficacement Summary
que la peau [3], l’œsophage [4], le côlon [5], le sur les stades précoces de la maladie. Au lieu de High-throughput sequencing
poumon [6], le foie [7], la vessie [8], la prostate [9], cela, nous découvrons des ­entités intermédiaires techniques have demonstrated
l’endomètre [10], le cerveau [11], etc. entre le normal et le pathologique, dont l’hémato- that the acquisition of somatic
Pour résumer, l’étude du génome des tissus sains met poïèse clonale de signification indéterminée (CHIP) mutations in the genome is not
en évidence des mutations somatiques récurrentes, offre un exemple paradigmatique. Environ 10 % des restricted to cancer cells, but is
qui concernent des hotspot mutationnels identiques humains âgés de 70 ans sont porteurs d’une hémato­ observed in all organs during
à ceux observés dans les cancers (figure). Ces muta- poïèse clonale, dérivée de cellules souches ayant aging. This calls into question
tions semblent être la conséquence des mêmes une mutation de gènes tels que DNMT3A, TET2 ou the traditional distinction
processus mutationnels que ceux à l’œuvre dans ASXL1, qui est associée à un sur-risque minime mais between constitutional and
les cancers (exposition aux UV, au stress oxydatif, statistiquement significatif de développer une hémo- tumor genomes, as well as the
theory of somatic mutations
erreurs de réplication de l’ADN, etc.). Ces mutations pathie maligne [13, 14]. De manière paradoxale, ce
usually mobilized to explain
sont sélectionnées positivement, et on observe des n’est pas forcément le clone muté qui est à l’ori- oncogenesis and to justify the
phénomènes de convergence évolutive (2 muta- gine de l’hémopathie, comme cela a pu être bien search for personalized thera-
tions différentes du même gène dans 2 clones diffé- documenté dans les acutisations de syndromes pies. These observations also
rents) qui viennent confirmer que ces mutations ont myéloprolifératifs mutés JAK2, dans lesquels cette question the clinical impact of
un impact sur le phénotype des cellules. Et pour mutation n’est pas nécessairement présente dans non-cancerous clonal expan-
aller encore plus loin, l’étude comparative de ce les cellules de la leucémie aiguë [15]. Autrement sions, and raise technical
phénomène parmi différentes espèces animales dit, ce que l’on détecte avec l’hématopoïèse clonale issues for the analysis of cancer
montre que l’accumulation des mutations soma- n’est pas forcément un stade précancéreux, mais genomes.
tiques dans les tissus normaux est inversement plutôt un état permissif à l’expansion clonale, ce
proportionnelle à l’espérance de vie de l’espèce, qui change assez radicalement les stratégies théra- Keywords
pour arriver à une charge mutationnelle à peu près peutiques à envisager. Enfin, les patients ayant une Somatic mutations
comparable à l’âge du décès, chez 16 espèces de CHIP présenteraient un risque accru de maladies
Clonal hematopoiesis
mammifères étudiées. Cela suggère que l’accumula- cardiovasculaires [16], de bronchopneumopathie
tion des mutations somatiques contribue activement chronique obstructive [17] ou d’ostéoporose [18]. Oncogenesis
au phénomène de vieillissement, et est soumise à Ainsi, la mesure de l’évolution clonale des tissus
des contraintes évolutives qui s’appliquent à toutes sains pourrait être considérée comme un reflet du
les espèces [12]. vieillissement, associé à son cortège de dysfonctions
d’organes, plutôt que comme la détection d’états
précancéreux.
Impact clinique de l’évolution Il existe tout de même des situations cliniques dans
somatique des tissus sains lesquelles ces expansions clonales non cancéreuses
sont à l’origine de manifestations pathologiques.
L’évolution clonale liée à l’accumulation de muta- C’est le cas de l’hémoglobinurie paroxystique
tions oncogéniques serait donc un phénomène nocturne, qui correspond à l’expansion de cellules
normal lié au vieillissement et non une spécificité souches hémato­poïétiques ayant acquis une muta-
des cancers. Au-delà de l’impact théorique de cette tion de PIGA, qui confère aux globules rouges une
observation, quelles en sont les conséquences pour sensibilité accrue à la lyse par le complément. Plus
la pratique clinique ? récemment, la mise en évidence de mutations
Tout d’abord, ces données modifient considérable- acquises du gène UBA1 à l’origine du syndrome
ment la délimitation entre le normal et le patho- VEXAS (Vacuoles, E1-ubiquitin ligase, X linked,
logique. Si l’accu­mulation de mutations somatiques Auto-inflammatory, Somatic) a représenté un nouvel
était pathognomonique des processus cancéreux, exemple de pathologie clonale non cancéreuse,
alors nous aurions pu envisager des approches de ouvrant des perspectives thérapeutiques inédites
dépistage moléculaire, visant à identifier les stades chez ces patients [19, 20]. En dehors de l’hémato­­
précoces de l’oncogenèse par séquençage à haut logie, l­’association de mutations somatiques avec

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  31


MISE AU POINT
Un génome, des génomes

des maladies non malignes a pu être rapportée entre constitutionnel ou du génome du tissu aux dépens
autres dans les malformations artério­veineuses duquel la tumeur s’est développée, qui a lui aussi
cérébrales, l’endométriose ou la fibrillation auri- accumulé des mutations somatiques ? C’est ainsi
Références culaire [21]. que l’étude de l’évolution clonale de l’œsophage
bibliographiques
En se projetant dans un avenir proche, on peut normal a mis en évidence des mutations récurrentes
1. Busque L et al. Nonrandom imaginer que l’évaluation de l’évolution clonale des de NOTCH1 à une fréquence plus élevée que ce qui
X-inactivation patterns in tissus sains constituera un élément important dans était connu dans les cancers de l’œsophage [4]. Des
normal females: lyonization
ratios vary with age. Blood
la prise en charge thérapeutique. Il a été démontré résultats expérimentaux démontrent même chez la
1996;88(1):59-65. que la chimiothérapie [22] ou le lénalidomide [23] souris que les expansions clonales mutées NOTCH1
2. Ljungström V et al. Loss exercent une pression de sélection favorisant l’ex- permettent d’empêcher l’apparition de clones tumo-
of Y and clonal hemato-
poiesis in blood—two sides pansion de cellules souches hématopoïétiques ayant raux, par des mécanismes de compétition [26]. De
of the same coin? Leukemia une mutation de TP53, qui pourraient être à l’ori- probable driver de l’oncogenèse, cette mutation
2022;36(3):889-91.
gine d’hémopathies secondaires. En conséquence, pourrait être désormais considérée comme un événe-
3. Martincorena I et al. Tumor
evolution. High burden and la recherche d’une CHIP TP53 pourrait être prise en ment suppresseur de tumeur acquis. Cela remet en
pervasive positive selec- compte dans l’évaluation du rapport bénéfice/risque question le choix du génome constitutionnel comme
tion of somatic mutations in
normal human skin. Science
de certaines stratégies thérapeutiques, notamment référence pour l’analyse du génome tumoral, qui
2015;348(6237):880-6. en situation adjuvante ou dans les traitements d’en- pourrait amener à des choix thérapeutiques erronés
4. Martincorena I et al. tretien. (en l’espèce, l’inhibition de la voie NOTCH, qui aurait
Somatic mutant clones
colonize the human eso- des conséquences délétères pour le patient).
phagus with age. Science Enfin, notre organisme n’est pas uniquement
2018;362(6417):911-7.
5. Lee-Six H et al. The land­
Quel(s) génome(s) analyser ? constitué de cellules humaines. Là encore, le séquen-
scape of somatic muta- çage à haut débit permet désormais d’apprécier la
tion in normal colorectal Les analyses moléculaires occupent désormais une composition du microbiote bactérien et viral, qui
epithelial cells . Nature
2019;574(7779):532-7.
place majeure dans la prise en charge des hémo­ peut avoir une influence importante sur la réponse
6. Yoshida K et al. Tobacco pathies malignes, que ce soit pour l’établissement aux immunothérapies par exemple [27].
smoking and somatic muta- du diagnos­tic positif, la détermination du pronostic,
tions in human bronchial
epithelium. Nature
la décision thérapeutique ou le suivi de la réponse
2020;578(7794):266-72. thérapeutique. Ces analyses caractérisent le génome Conclusion
7. Ng SW et al. Convergent tumoral, concept qui, en soi, peut être considéré
somatic mutations in meta-
bolism genes in chronic comme une fiction car les tumeurs sont caractérisées 20 ans après le séquençage du génome humain, le
liver disease. Nature par une diversité clonale évoluant dans le temps et concept même de génome est devenu une notion
2021;598(7881):473-8. dans l’espace, dont le niveau de complexité a un complexe et dynamique. En dehors de quelques
8. Lawson AR et al. Extensive
heterogeneity in somatic impact clinique potentiel [24]. De plus, le cancer exceptions, la vision déterministe et réductionniste
mutation and selection in est un tissu complexe composé de cellules tumo- du cancer, qui voudrait que cette maladie soit la seule
the human bladder. Science
2020;370(6512):75-82.
rales et d’une société d’autres cellules constituant le conséquence de mutations oncogéniques, a échoué
9. Grossmann S et al. Deve- microenvironnement. Ces dernières sont également à transformer la prise en charge thérapeutique par
lopment, maturation, and soumises à une évolution clonale et à une sélection des approches personnalisées. Il nous appartient
maintenance of human pros-
tate inferred from somatic positive, qui pourrait contribuer à ­l’oncogenèse et désormais de prendre en compte la complexité du
mutations. Cell Stem Cell apporter des informations utiles à la prise en charge tissu tumoral et les relations entre les cellules tumo-
2021;28(7):1262-74. clinique [25]. rales et leur microenvironnement, en intégrant les
Les anomalies acquises lors du processus d’onco­ dynamiques d’évolution temporelle, pour proposer
genèse sont caractérisées par rapport au génome de nouvelles théories du cancer et de nouveaux trai-
constitutionnel de l’individu, considéré comme la tements. L’immunothérapie peut être considérée
référence par rapport à laquelle on cherche des diffé- comme un premier exemple encourageant de ces
rences. Or, ce dernier apparaît lui aussi comme une approches. Dans cette démarche, les outils de la
fiction, au vu de l’étendue des phénomènes d’évolu- biologie évolutive et de l’écologie seront probable-
tion clonale des tissus sains. La question qui se pose ment indispensables pour donner du sens à l’étude
P. Sujobert déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts en relation alors est celle du génome de référence auquel il faut des génomes tumoraux et normaux d’un individu
avec cet article. comparer le génome tumoral : s’agit-il du génome malade. ■

32  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


MISE AU POINT
Un génome, des génomes

Références bibliographiques (suite p. 32)


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endometrial epithelium. Nature 2020;580(7805):640-6. chronic obstructive pulmonary disease. Blood 2022;139(3): ment of TP53-mutated therapy-related myeloid neoplasms.
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42  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


MISE AU POINT

Nut ritio n
es Diab ètes et
es Hor mon
Mét abo lism

Exploration de nos gènes


Périodique de formation

par panel NGS, séquençage


TE
RACONTÉ À JULIET
ADN, WES & co
Béné (Nantes)
Pr Marie-Christine
DOSSIER
ome
 Exploration du gén
thies
dans les hémopa
malignes 
(Paris)

d’exome ou de génome entier :


Pr Thierry Leblanc
Coordonné par le

des génomes
l Un génome,
(Lyon)
Pr Pierre Sujobert NGS, séquençage
nos gènes par panel et limites
l Exploration de : méthodologie
génome entier
d’exome ou de
Dr Pierre Hirsch (Paris) somatiques
rmatique des variants
l Analyse bio-info du séquençage d’exomes
tumoraux à partir
complets e Antoniewski (Paris)
ou de génomes Naouar, Christoph
Bellenge r, Naïra
Drs Léa
s et juridiques
enjeux éthique somatiques
l Quels sont les
génétique des variants thies malignes ?

méthodologie et limites
de l’exploration
le cadre des hémopa (Créteil)
et germinaux dans fier
Dr Sandrine de Montgol
Alice Hallopeau,
tionnel lors
variant constitu s:
l Découverte d’un génétique de cellules maligne
d’une exploration
du biologiste
le point de vue
Dr Yoann Vial (Paris) ion
l lors d’une explorat
variant germina ences pour
l Découverte d’un malignes : les conséqu
génétique de cellules néticien
le clinicien et l’oncogé r, Marie-Astrid Dalin,
Le Bris, Patrice Chevallie
Prs et Drs Yannick ristine Béné (Nantes)
Peterlin, Marie-Ch
Bertrand Isidor, Pierre
ût 2022

re
… tout le sommai
Vol. XVII - n° 4 - juillet-ao

DPC
S! page 198
EZ-VOU

Exploring our genes by NGS panel, whole exome sequencing,


a r k . f r | ABONN
www.edim
SAS
Société éditrice : EDIMARK nale ICMJE
- ISSN : 1954-4820
CPPAP : 0124 T 88680 dans la base internatio
Bimestriel Revue indexée
46 €
Prix du numéro :

whole genome sequencing: methods and pitfalls


P. Hirsch*

L
es progrès techniques accomplis depuis les et environ 20 000 gènes [2]. Les séquences
années 1950 ont permis le développement codantes représentent seulement 1 % du génome.
des études génétiques aux niveaux germinal Les séquences non codantes comprennent des
et somatique (au sein d’un tissu ou d’une tumeur éléments régulateurs de l’expression des gènes
particulière). Des techniques de plus en plus précises et de nombreux éléments répétés. L’organisation
et rapides à exécuter ont permis la compréhension structurelle de l’ADN (enroulement de l’ADN,
de l’organisation du génome, des mécanismes de compaction des histones…) est dynamique et a un
régulation des gènes et de l’implication des ano- impact majeur sur le niveau d’expression des gènes
malies génétiques dans la tumorogenèse. (épigénétique). Par conséquent, une anomalie de
Si les premières anomalies ont été identifiées par séquence de l’ADN n’a pas forcément d’impact
des méthodes ciblées, les connaissances ont explosé si le gène n’est pas transcrit dans la cellule d’in-
depuis les années 2000 grâce à l’aboutissement du térêt. De même, il convient donc de ne pas seule-
projet Génome humain [1] avec l’obtention d’une ment tenir compte des variations des séquences
séquence de référence à laquelle peuvent être codantes, mais aussi des variations des séquences
comparés les résultats des patients, et avec l’aug- régulatrices et des modifications épigénétiques
mentation des capacités de séquençage (diminution lorsque l’on suspecte une anomalie génétique. Ici,
du temps et des coûts) avec le séquençage massif en nous évoquerons exclusivement les variations de
parallèle (next-generation sequencing, NGS). séquence.
Nous reverrons ici la base de l’organisation du
génome humain et les principales anomalies qui
peuvent y être détectées et conduire à des patho- Principales anomalies génétiques
logies tumorales, puis nous passerons en revue les pouvant entraîner une pathogénicité
stratégies de NGS et nous discuterons de leur intérêt
et de leurs limites. Les principales anomalies génétiques pathogènes
peuvent se produire au niveau chromosomique ou
génique (grandes délétions, translocations…) ou au
Génome et anomalies niveau de la séquence (anomalies concernant une

© Correspondances en Onco -­ génétiques ou quelques bases). Au niveau chromosomique et


Hématologie 2022;17(4):204-8 génique, on peut observer des anomalies de nombre
Organisation du génome : brefs rappels (délétion partielle ou complète de chromosome,
* Service d’hématologie biologique, amplification de gènes…) qui entraînent des ano-
hôpital Saint-Antoine ; Sorbonne
université, Paris. Le génome humain comprend environ 3,2 milliards malies quantitatives d’ARNm et de protéines, ou des
de paires de bases réparties sur 46 chromosomes anomalies de structure (translocation ­conduisant à

34  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


Résumé
Le développement des techniques de séquençage massif en parallèle (next-generation sequencing, NGS) et
l’établissement d’une séquence de référence du génome humain permettent désormais l’analyse génétique
Mots-clés
complète des tumeurs (et en particulier des tumeurs hématologiques) en quelques jours ou en quelques NGS
semaines. Les panels ciblés NGS sont les plus utilisés au quotidien, mais l’accès au séquençage d’exome
(whole exome sequencing, WES) et du génome entier (whole genome sequencing, WGS) est de moins en Exome
moins difficile. Nous verrons ici les principales informations fournies par les différentes techniques, ainsi Séquençage
que les limites des stratégies d’utilisation du séquençage NGS, et enfin les perspectives d’évolution. de génome entier

une perte génique ou à un transcrit de fusion patho- Techniques de NGS Summary


gène…). et détection des anomalies The development of parallel
Au niveau de la séquence, on peut observer des
substi­tutions, des insertions ou des délétions au génétiques high throughput sequencing
(next-generation sequencing,
niveau d’une ou plusieurs bases. Ces anomalies NGS) and the availability of a
pourront mener à des modifications de la séquence Principales techniques reference sequence of human
d’acides aminés, engendrant des défauts ou des genome now allow for a
gains fonctionnels dans les protéines, ou parfois En dehors des analyses de génome complet (whole complete genetic analysis of
être silencieuses (pas de changement de séquence genome sequencing, WGS) qui ne nécessitent pas, tumors (especially hematolo-
d’acides aminés). par définition, de sélection de séquences cibles, les gical malignancies) in a few
Les variants observés peuvent être tronquants, stratégies NGS (y compris l’exome) (whole exome days or weeks. Targeted NGS
panels are the most used, but
c’est-à-dire conduire à la perte d’une partie de la sequencing, WES) requièrent une étape de sélection
access to whole exome (WES)
protéine. Il peut s’agir de l’apparition d’un codon- et d’enrichissement des zones d’intérêt. or whole genome (WGS)
stop prématuré, d’un décalage du cadre de lecture Une première stratégie repose sur les amplicons : sequencing is becoming easier.
par insertion ou délétion d’une ou plusieurs bases des réactions de PCR (polymerase chain reaction) Here we will examine the type
entraînant une modification profonde de la séquence utilisant des amorces ciblées sur les gènes d’intérêt of information provided by
protéique, ou de variants générant des anomalies de sont pratiquées, et les produits de PCR sont ensuite various techniques and the
l’épissage, c’est-à-dire à une séquence anormale de séquencés. Cette stratégie est rapide et surtout major limits of NGS usage
l’ARNm, par défaut d’élimination des introns pendant adaptée pour analyser un nombre limité de cibles strategies, together with the
sa maturation. Dans la majorité des cas, mais non d’intérêt déjà connues dans la littérature. main evolution perspectives.
systématiquement, les anomalies tronquantes sont Une seconde stratégie consiste à capturer des zones
pathogènes. spécifiques du génome : des sondes sont dessinées Keywords
On peut également constater l’apparition de pour permettre d’isoler la séquence des gènes cibles NGS
variants faux-sens : la protéine finale ne change selon le principe de complémentarité de bases. On
Exome
pas de longueur, mais un acide aminé est remplacé purifie ensuite l’ADN lié à ces sondes et on l’amplifie
par un autre. Selon l’acide aminé atteint et selon le avant de le séquencer. Les sondes peuvent couvrir Whole genome sequencing
nouvel acide aminé introduit, il peut se produire au toutes les séquences codantes de l’ADN (exome)
niveau protéique des pertes ou des gains de fonc- ou bien des zones particulières définies par l’utili-
tions. Certains variants (la majorité) peuvent ne sateur (panel ciblé). Cette stratégie devient la plus
pas avoir de conséquences fonctionnelles (simple couramment utilisée en routine.
polymorphisme). L’interprétation de ces anomalies
est beaucoup plus difficile et se fait principalement
en fonction des données de la littérature ou de bases Ce qu’on peut voir en NGS (sur ADN)…
de données informatiques (variant pathogène connu,
polymorphisme décrit), de prévisions bio­informa- Les techniques de NGS ne peuvent détecter que
tiques (évaluation des conséquences probables sur les anomalies dans les cibles bien couvertes par le
la protéine, sur l’épissage…) et éventuellement de panel utilisé (exons pour WES, cibles définies pour
tests fonctionnels pour vérifier directement si les les panels). On pourra identifier des mutations
fonctions de la protéine sont conservées. Il est à ponctuelles, des insertions et des délétions (de
noter que certains variants silencieux (ne changeant taille réduite), dans les séquences codantes, mais
théoriquement pas la séquence protéique) peuvent aussi dans les introns, les séquences régulatrices et
parfois être pathogènes en jouant sur la stabilité de les sites d’épissages s’ils sont bien couverts. Il est
l’ARNm ou en introduisant un défaut d’épissage. important de comprendre que l’identification des
Enfin, des anomalies peuvent se produire sur des anomalies se fait toujours par comparaison de la
séquences régulatrices de l’expression des gènes et séquence obtenue à un génome humain de réfé-
ainsi être pathogènes en entraînant des défauts ou rence, et que la plupart des variants identifiés sont de
des pertes d’expression. simples polymorphismes, c’est-à-dire des ­variations

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  35


MISE AU POINT Exploration de nos gènes par panel NGS, séquençage d’exome
ou de génome entier : méthodologie et limites

par rapport au génome de référence, fréquemment au tabac, etc.). Ces stratégies sont d’autant plus
retrouvées dans la population générale, et non informatives que la séquence couverte est plus large.
pathogènes. Il faut noter que ces analyses sont très peu utiles en
La sensibilité de détection des anomalies dépend hématologie pour l’instant.
de la profondeur locale, c’est-à-dire du nombre de
fois où cette zone est analysée chez le patient, et
des programmes informatiques (algorithmes) de … et ce qu’on ne peut pas voir
détection utilisés. En effet, si une zone d’intérêt est
séquencée 30 fois (30×), la sensibilité maximale Les stratégies sur ADN ne permettent d’identifier
théorique est de 1/30 donc environ 3 %. En raison que les anomalies liées directement à la séquence
des nombreux artefacts techniques inévitables (PCR des bases nucléotidiques. Les anomalies épigéné-
et erreurs de séquençage), les algorithmes de détec- tiques (méthylation, modification des histones, état
tion ne vont en fait identifier un variant que s’il est de la chromatine) ne peuvent pas être identifiées
présent plusieurs fois (plusieurs reads). En moyenne, avec ces techniques de base. Les anomalies d’ex-
une profondeur de 100× permet la détection de pression génique ne sont pas évaluées non plus.
variants à une fréquence de 7 à 8 % et une profon- Des techniques de quantification sur ARN (PCR
deur de 500×, à une fréquence d’environ 1 à 2 %. ciblées, RNAseq) sont indispensables pour obtenir
Les algorithmes récents permettent également la ces informations.
détection de la variation du nombre de copies sur les
cibles du panel, c’est-à-dire l’identification de délétions
ou d’amplifications de certaines zones. Le principe est Avantages et limites
de comparer la profondeur de chaque zone d’intérêt des différentes stratégies
avec la profondeur moyenne atteinte chez le patient.
Si la profondeur est très diminuée sur la zone d’un gène, Séquençage de génome entier
on peut conclure à une perte locale et, à l’inverse, si
elle très augmentée, à un gain. Si plusieurs gènes d’un Le principal avantage du WGS est qu’il couvre toute
même chromosome sont atteints, on peut évoquer des la séquence du patient. Les analyses de remanie-
anomalies du nombre de chromosomes (délétion ou ment de structure et de variation du nombre de
trisomie, etc.), sans que cela ne remplace une véritable copies seront donc les plus complètes possible.
analyse cytogénétique. Les analyses des signatures mutationnelles seront
Des anomalies de structure chromosomique sur les également très rentables. Deux principaux problèmes
zones cibles peuvent aussi être identifiées. En effet, si sont liés à cette technique. Du fait des coûts très
sur un même read, on retrouve d’un côté la séquence élevés de séquençage (très grand nombre de bases),
d’un gène A et de l’autre celle d’un gène B, alors les profondeurs moyennes sont souvent faibles, de
que ces gènes ne sont pas contigus, cela révèle la l’ordre de 20-30×. De ce fait, seules les variations
présence d’un réarrangement impliquant les gènes A présentant une fréquence élevée seront détectables.
et B. L’identification de ces réarrangements néces- Cela ne pose pas de souci pour la plupart des analyses
site qu’au moins 1 des 2 gènes (et le plus souvent germinales où les fréquences attendues sont à 50 %
les 2) soient compris dans le panel utilisé, et que pour les mutations hétéro­zygotes et à 100 % pour
la localisation génomique du point de cassure soit les mutations homozygotes. En revanche, dans le
couverte. Ces conditions ne sont remplies quasiment cadre d’analyses somatiques de tumeurs, certaines
qu’en WGS. mutations ont une fréquence beaucoup plus faible
Enfin, des analyses de signatures mutationnelles (souvent moins de 10 %) et ne peuvent en aucun
peuvent être pratiquées [3]. L’idée sous-tendant cas être détectées. Les temps pour analyser exten-
ces analyses est que certaines anomalies génétiques sivement les résultats sont par ailleurs très longs :
perturbant la réparation de l’ADN, ou certaines expo- en effet, plus la zone analysée est grande et plus on
sitions à des toxiques, vont toujours entraîner le trouvera des variants par rapport aux séquences de
même type de mutations au niveau de l’ADN (par référence. Pour affirmer le caractère somatique des
exemple, transversion de C en T ou instabilité des variants, on pratique une analyse différentielle par
séquences répétées). L’identification de ces ano- rapport au génome germinal du même patient (ce qui
malies permet donc d’évoquer une cause favori- impose donc la réalisation de 2 génomes complets
sante (notamment des MSI (microsatellite instability) pour une seule tumeur). Le caractère pathogène des
dans les tumeurs solides MSI, une ­e xposition variants retrouvés dans la tumeur devra toujours être

36  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023


MISE AU POINT

discuté au cas par cas, car de nombreuses mutations analyse germinale est nécessaire en parallèle des
passagères sont identifiées. Il faut noter que les ano- analyses tumorales pour ne se consacrer qu’aux
malies des zones introniques (99 % de la séquence) anomalies spécifiques de la tumeur. L’identification
sont d’interprétation difficile. Enfin, l’identification d’événements limités à la tumeur n’affirme cependant
des événements génétiques se produisant dans des pas leur pathogénicité et un certain nombre d’événe-
zones régulatrices est toujours difficile, et leur patho- ments passagers est nécessairement identifié.
génicité est délicate à affirmer. L’analyse de la variation du nombre de copies est
À l’heure actuelle, en France, dans le domaine de possible, tout en étant limitée aux zones exoniques.
­l’hématologie maligne, le séquençage du génome Les remaniements de structure pourront être iden-
entier reste réservé à la recherche, même si une tifiés s’ils se produisent dans les zones couvertes.
stratégie a déjà été proposée de ne pratiquer qu’une
analyse WGS au diagnostic des leucémies aiguës En pratique quotidienne en hématologie maligne, les
myéloblastiques [4]. Les avantages et les incon- exomes sont moins rentables que les panels ciblés,
vénients du WGS par rapport aux autres stratégies et ne doivent être proposés que si ces panels ne
d’analyse sont résumés dans le tableau. sont pas informatifs, ou dans le cadre de projets
de recherche.

Séquençage d’exome
Séquençage ciblé (panels)
Les analyses d’exome sont plus faciles à interpréter
que les analyses de génome entier, mais restent très Le séquençage ciblé (panels de gènes) adapté à la
complexes. Les profondeurs moyennes sont plus pathologie tumorale du patient est l’examen le plus
élevées (de l’ordre de 100 à 200× selon les besoins) fréquemment utilisé. En effet, les panels ont été
toujours en raison des coûts de séquençage. Des dessinés à partir d’études génomiques plus larges
analyses WES de grande profondeur (> 500 ×) sont (WES ou WGS) et ne comprennent que les cibles
techniquement possibles mais multiplient d’autant les récurrentes déjà identifiées et que l’on sait mieux
coûts et ne sont pas d’usage courant. Il sera plus facile interpréter. Les panels comprennent généralement
qu’avec le WGS d’identifier des variants de fréquence entre 50 et 100 gènes et les coûts de séquençage
compatible avec des mutations somatiques, avec un sont bien moindres, ce qui permet de faire des
seuil de détection de l’ordre de 10 %. Les mutations analyses avec une profondeur de 500 à 1 000 ×.
de fréquence plus faible (nombreuses dans le tissu Les variants de faible fréquence peuvent donc être
tumoral) ne pourront donc pas être identifiées. Les détectés. Il n’est pas nécessaire de pratiquer systé-
probabilités de trouver des anomalies germinales non matiquement en parallèle une analyse constitu-
décrites dans la littérature ou les bases de données tionnelle, mais il est possible que quelques variants
restent très élevées et, comme pour le WGS, une non décrits soient identifiés. En cas de doute sur la
Tableau. Principales analyses possibles et inconvénients des différentes stratégies NGS sur tissu tumoral.

Panel Exome Génome


Coût Faible Important Très important
Temps d’analyse Rapide Plus long Beaucoup plus long
Matériel nécessaire ADN tumoral seul ADN tumoral et ADN constitutionnel ADN tumoral et ADN constitutionnel
Recherche de variants Jusqu’à une fréquence de 1 % Fréquence : jusqu’à 10 % environ Fréquence : jusqu’à 20 % environ, profondeur
et interprétation Interprétation souvent plus facile : Interprétation plus difficile : variations moyenne très faible
variation des gènes souvent bien sur des gènes peu étudiés en pathologie Analyse très compliquée : variations
décrites sur des gènes peu étudiés en pathologie
et sur les séquences non codantes
Analyse de la variation Seulement sur les gènes couverts Seulement sur les exons Complète
du nombre de copies
Recherche d’anomalies Non, sauf design spécialisé Possible mais limité seulement Possible sur la plupart des variations
de structure si les points de cassure sont
en séquence codante
Analyse de signatures Très limitée Possible Possible et complète
mutationnelles

La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023  |  37


MISE AU POINT Exploration de nos gènes par panel NGS, séquençage d’exome
ou de génome entier : méthodologie et limites

pathogénicité ou sur l’origine somatique, et d’impact clonale. De nombreuses autres stratégies existent
potentiel sur la prise en charge du patient, des études pour répondre à des questions ciblées, principalement
complémentaires constitutionnelles ciblées sur ces dans le cadre de la recherche pour l’instant.
variants peuvent être proposées. La plupart des cas
ne nécessitent pas ce complément d’exploration.
Avec les panels, des analyses de variations de nombre Conclusion
de copies (copy number variation, CNV) sont possibles
Références
uniquement sur les zones couvertes. La détection de L’avancée des techniques et l’établissement
bibliographiques
remaniements structuraux est possible à condition de séquences de référence du génome humain
1. I n t e r n a t i o n a l h u m a n que les cibles soient présentes dans le panel, ce qui permettent une exploration rapide et complète de
genome sequencing consor- n’est généralement pas le cas. La principale limite à l’information génétique des patients. Les stratégies
tium. Finishing the euchro-
matic sequence of the l’utilisation des panels est en effet qu’on ne pourra de panels ciblés sont les moins coûteuses et les plus
human genome. Nature évidemment pas identifier de variants dans les gènes utiles en pratique clinique, mais elles ne permettent
2004;431(7011):931-45.
non inclus, ce qui limite l’information. d’obtenir qu’une information limitée par la sélection
2. Nurk S et al. The complete
sequence of a human genome. initiale des gènes analysés. Les stratégies plus larges
Science 2022;376(6588): comme le WES et le WGS permettent des recueils
44-53.
Autres techniques d’analyse d’informations plus complets en termes de nombre
3. Alexandrov LB et al. Signa-
tures of mutational processes de gènes analysés, mais moins précis, car seuls les
in human cancer. Nature D’autres analyses sont possibles en utilisant le NGS variants de fréquence élevée pourront être identi-
2013;500(7463):415-21.
dans des buts ciblés. Entre autres, le RNAseq permet fiés. Pour des analyses tumorales en WGS et WES,
4. Duncavage EJ et al. Genome
sequencing as an alternative à partir d’ARN, d’étudier le profil d’expression général l’analyse en parallèle de tissu sain constitutionnel est
to cytogenetic analysis in de tous les gènes. L’utilisation de codes à barres molé- indispensable. Quelle que soit la méthode utilisée, de
myeloid cancers. N Engl J Med
2021;384(10):924-35. culaires (unique molecular identifiers, UMI) permet nombreux variants seront identifiés, et l’analyse de
de corriger les erreurs de séquençage et d’atteindre pathogénicité dans le contexte clinique peut s’avérer
des seuils de détection de l’ordre de 0,1 %. Des longue et compliquée. De très nombreuses tech-
analyses spécialisées de l’ADN permettent d’étudier niques utilisant le NGS sont en cours de développe-
P. Hirsch déclare avoir des liens les profils de méthylation. Les études sur cellules ment ou développées dans le cadre de la recherche,
d’intérêts avec Sanofi, Daiichi
Sankyo Oncology, Astellas uniques permettent enfin de mieux comprendre et pourront probablement avoir une utilité clinique
et Pfizer. les ­mécanismes de tumorogenèse et d’évolution dans un futur proche. ■

Retrouvez sur www.edimark.fr


Explorat ion
du génome dans les
s de l’exploration génétique
hémopa thies maligne Quels sont les enjeux
éthiques et juridiques ies malignes ?
le cadre des hémopath

Le dossier coordonné par le


es et germinaux dans
des variants somatiqu
dossier
du patient, et plus
du respect de l’autonomie
incapa- Au nom informé ou d’être tenu
(majeurs, mineurs, en t de son droit d’être
et les patients concernés ainsi la notion précisémen s médicales
Nous interrogerons de certaines information Métab olisme s
cité de consentir…). peut-on dans l’ignorance Hormo nes Diabèt
ux éthiques
le moyen privilégié
: dans quelle mesure , le consentement reste es et Nutrit ion
Quels sont les enje loration génétique
d’autonomie du patient

Pr Thierry Leblanc
de la génétiques et repris
dans un contexte aigu proposé par le Code
civil dans son article 16-10
considérer qu’un patient, publique (CSP). Par exempl
e,
dans une presque totale le Code de la santé

et juridiques de l’exp es et germinaux


maladie et le plus souvent consentir ou dans
constitutionnelle doit
être pré-
la génétique, puisse tout test de génétique
méconnaissance de et décider en connais- et d’un consentement
écrit du
n génétique information
atiqu
cédé d’une
l’exploratio légaux s’il est mineur
som
non à ou non certains résultats
des varia nts sance de cause de connaître l’on considère cette auto- patient ou
de ses responsables
consentir. Juridiquem
ent, le test

hémopathies
s ? Si en incapacité de
imprévisible ou d’une prise en

dans le cadre des


génétiques
pouvons-nous la favoriser somatique, qui fait partie
nomie possible, comment et d’un accompagnement de génétique ou de recherche, ne nécessitait
globale de soins
par le biais d’une information autonomie semble irréa- charge oral [3] qui obligeait
qu’un consentement
malignes ?
cette
adaptés ? Si, au contraire, ités jusqu’à peu préalablement
le partage des responsabil ? néanmoins toujours le soignant à donner
of somatic liste, comment repenser
genetic exploration
analyses adaptée
Périodique de formation

els qui proposent ces nécessaires à une information

“Exploration du génome
and legal issues of des acteurs professionn des enjeux les ressources modalités de cette information étaient
What are the ethical in hematological malignancies? L’objectif de cet article
est donc de discuter
constitu- au patient.
Les
ire du CSP impo-
s l’exploration génétique la partie réglementa
and germline variant éthiques et légaux de
dans le cadre des hémopathie
s précisées dans
sant au médecin d’informer
le patient “des caracté-
de la
tionnelle et somatique els peuvent rencontrer. recherchée, des moyens
de Montgolfier** ristiques de la maladie
A. Hallopeau*, S. malignes que les professionn analyses ainsi que
de fiabilité des
détecter, du degré et de traitement” [4]
.
des possibilités de prévention découverte RACONTÉ À JULIETTE
used for many moment d’un test d’une fréquente
technologies have been Consentir à quoi au Néanmoins, le constat
à portée constitutio
nnelle ADN, WES & co

dans les hémopathies malignes“


Although sequencing malignancies d’informations incidentes
que présentes depuis
de part of hematological somatique ? a poussé les députés
à modifier Pr Marie-Christine
Béné (Nantes)
séquençage – bien years and are currently expansion raise e lors de ces analyses, pour,
Les technologies de ies malignes – systematization and techniques de séquençag n et de consentement
dans le soin des hémopathent, la question standard care, their n given to the patient,
his ment des modalités d’informatio
nombreuses années Le développe ou en les nels et, d’autre part,
ation et leur élargissem the question of the informatio choices au moment du diagnostic un d’une part, les tests constitution
posent, par leur systématis du consentement et de la réalité des in real life of patient du génome permet, prise en charge et   p. 228).
n, consent and the possibility to promote. The revision of cas de rechute, de
défi nir une
génétique du les tests
somatiques (tableau,
soient
de la place de l’informatio puisse poser. La et adaptés au profil s incidentes, qu’elles DOSSIER
Summary

wishes
souhaite que le patient that the legislator still a certain number of traitement efficaces une rechute En eff
et, ces information nel, peuvent
choix que le législateur
(juillet 2021) a entraîné
un certain
the bioethic law (july
2021) has led to
somatic patient. Il peut aussi
permettre de prévenir
Mais si issues d’un
test somatique ou constitution
et apporter des  Exploration du génom
révision des lois de bioéthiqueen incluant les analyses
somatiques in the legal framework
modifications by including incidental data that may be ou d’identifier une
prédisposition génétique. n- être de nature
constitutionnelle,
considérée ou e
nombre de modifications la question des données incidentes of – somatiques et constitutio la informations sur l’origine de la maladie dans les hémopathie
RÉSUMÉ

analyses and the question al analyses, les 2 types d’analyses maladies que le patient
aussi
dans le cadre légal, mais au détour de ces analyses somatiques
es discovered during both
somatic and constitution
in practice is nelles – sont légalement
encadrés différemment,
entre les 2. peuvent
informer sur d’autres
développer dans un
futur s
of patient choice. How des chevauchements

paru dans Correspondances en Onco-Hématologie


pouvant être découvert maintenir la notion emphasizing the notion pratique peut entraîner s’est empa- ou ses
apparentés pourraient
malignes 
Le législateur a voulu de la loi de bioéthique ou moins éloigné. La
Haute Autorité de santé (HAS)
et constitutionnelles. ce choix est-il
this choice possible in
complex situations? La dernière révision plus t que
Comment, en pratique, [2]. Ainsi, un test génétique
à e (ABM) préconisen Coordonné par le Pr
de choix pour le patient. finding. rée de cette question  et l’Agence de biomédecin et sans lien avec l’indi- Thierry Leblanc (Paris)
complexe ? – Consent – Incidental e peut avoir des consé- non recherchés
Keywords: Ethics – Sequencing
l Un génome, des
possible en situation visée initialement diagnostiqu notamment lorsqu’une les résultats communiqués “si la
per- génomes
ent – Données inci- quences non anticipées
a priori, initiale du test soient de l’information
Pr Pierre Sujobert (Lyon)
– Séquençage – Consentem moment cation
Mots-clés : Éthique ion familiale est découverte au testée l’a souhaité au moment l Exploration de nos
sonne [5] précise ainsi

(n° 4, juillet-août 2022)


prédisposit analyse gènes par panel NGS,
dentes. et confirmée par une ent”. La nouvelle loi  d’exome ou de génome séquençage
d’une analyse tumorale que cette et du consentem ajoute la nécessité d’informer de la entier : méthodolog
donc défini dans la loi ces modalités et
Dr Pierre Hirsch (Paris) ie et limites
constitutionnelle. Il est incidentes par
avec le patient. La question de révélation de données l Analyse bio-informat
explorerons les enjeux
éthiques éventualité soit discutée si une anomalie possibilitéde la révocabilité du consentement,
de la ique des variants somatiques
une En particulier, nous par ces des enjeux d’informatio
n à la parentèle,
être l’examen,
tumoraux à partir du
séquençage d’exomes
séquençage prennent des résultats obtenus ce des résultats
découverte, doit également de possibilité de refuser la connaissan
ou de génomes complets

L
es technologies de soulevés par la diversité les,
génétique grave était
la pratique médicale, bien connus et interprétab de décrets d’applicatio
n ainsi que des risques Drs Léa Bellenger, Naïra
place croissante dans technologies : variants s ou mentionnée. En l’absence des informations incidentes, Naouar, Christophe Antoniewski
de l’oncologie et des n inconnue, somatique en suspens. issus membres de leur famille l Quels sont les enjeux (Paris)
notamment dans le domaine est au cœur de la variants de significatio décou- des questions restent refus ferait courir aux éthiques et juridiques
y incluerons la possible la loi de bioéthique, s délivrer qu’un concernés en cas de
résultat génétique de l’exploration génétique
hémopathies malignes.
La génétique constitutionnels. Nous ou l’autre Comment savoir alors
quelles information s potentiellement d’éthique (CCNE)
des variants somatiques
des hémopathies pour
diagnos- fortuites issues de l’une face à des information Comité consultatif national
et germinaux dans
verte d’informations
le cadre
prise en charge clinique ou ue utilisé induit le en amont du test ? Comment, le possible “droit de ne positif. Le “la préfé- Alice Hallopeau, Dr Sandrine des hémopathies malignes ?
, prévenir une rechute de ces analyses. L’outil
technologiq
que les médecins doivent
respecter de Montgolfier (Créteil)
tiquer, ajuster des traitements greffe. Ces analyses, informations plus ou
moins com- génétiques précieuses,
respecter
els de santé a ajouté les découvertes l Découverte d’un
d’une
discuter de la pertinence dans un contexte soma- risque d’obtenir des tion ? Quels professionn patient de ne pas connaître variant constitution
accom- rence d’un
nel lors
médicale (interpréta pas savoir” du patient en restant cohérents
d’une exploration génétique
selon qu’elles sont
menées plexes à gérer par l’équipe par et à quel moment pour ou secondaires tout le point de vue du biologiste de cellules malignes :
sur les mêmes attendu). Nous proposons, doivent être impliqués sur le long incidentes el d’assistance” [6].
Ainsi,
nel, ne reposent pas difficile ou résultat non façon ponctuelle ou leur devoir professionn Dr Yoann Vial (Paris)
tique ou constitution en particulier depuis
la ent éthique, d’interroger pagner le patient (de la compré- avec un consentement
* Stagiaire, SESSTIM
enjeux éthiques et juridiques,bioéthique [1]. Cet article une approche de questionnem la temporalité de l’infor- et ses aidants, dans pertinent de proposer
terme), voire sa famille
l Découverte d’un
UMR 1252, Aix-Marseille de son résultat ? il paraîtrait variant germinal lors
la loi de les pratiques sur la question et celle du consentement les implications de
2022

révision de et génétique de cellules d’une exploration


université, et université dernière juridique hension du test malignes : les conséquence
éthiques et ce cadre mation délivrée aux
patients 227 le clinicien et l’oncogénéti s pour
Paris-Est Créteil. vise à relater ces enjeux réalisées
Vol. XVII - n° 4 - juillet-août

chez le patient au cours la maladie, les analyses Prs et Drs Yannick Le cien
** SESSTIM UMR
1252,
explorations génétiques selon les moments de Bris, Patrice Chevallier,
et des et dans le cadre de la
recherche. 2022 Bertrand Isidor, Pierre Marie-Astrid Dalin,
Aix-Marseille université, - Vol. XVII - n° 4 - juillet-août Peterlin, Marie-Christin
du processus de soins Correspondances en
Onco-Hématologie e Béné (Nantes)
université Paris-Est
Créteil.
2022
DPC
- Vol. XVII - n° 4 - juillet-août … tout le sommaire
Onco-Hématologie
Correspondances en Société éditrice : EDIMARK
CPPAP : 0124 T 88680 SAS
- ISSN : 1954-4820
Bimestriel
226 Prix du numéro : 46
€ www.edima
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38  |  La Lettre du Cancérologue • Vol. XXXII - n° 1 - janvier 2023

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