Vous êtes sur la page 1sur 9

G Model

ARTICLE IN PRESS
Revue du rhumatisme xxx (xxxx) xxx–xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect
www.sciencedirect.com

Recommandations et méta-analyses

Recommandations et arbre décisionnel sur la prise en charge


de la lombalgie avec ou sans radiculalgie夽
Florian Bailly a,∗ , Anne Priscille Trouvin b,c , Sandrine Bercier d , Sabrina Dadoun e ,
Jean-Philippe Deneuville f , Rogatien Faguer g , Jean-Baptiste Fassier h , Michèle Koleck i ,
Louis Lassalle j , Thomas Le Vraux k , Brigitte Liesse l , Karine Petitprez m ,
Aline Ramond-Roquin n , Jean-François Renard o , Alexandra Roren p , Sylvie Rozenberg q ,
Catherine Sebire r , Gilles Vuides s , François Rannou c,t , Audrey Petit g
a
Hôpital Pitié Salpêtrière, Assistance Publique–Hôpitaux de Paris, centre d’évaluation et de traitement de la douleur, 47-83, boulevard de l’hôpital, 75013
Paris, France
b
Hôpital Cochin, Assistance Publique–Hôpitaux de Paris, centre d’évaluation et de traitement de la douleur, 27, rue du Faubourg Saint-Jacques, 75014 Paris,
France
c
Université de Paris, Paris, France
d
Médecin généraliste, 28, avenue Victor-Hugo, 77120 Coulommiers, France
e
Clinique Geoffroy-Saint-Hilaire, 59, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris, France
f
62, rue de Charonne, 75011 Paris, France
g
Hôpital universitaire d’Angers, 4, rue Larrey, 49100 Angers, France
h
Hospices civils de Lyon, médecine et santé au travail et pathologies professionnelles, 3, quai des Célestins, 69002 Lyon, France
i
Faculté de Psychologie, université de Bordeaux, 3, place de la Victoire, 33000 Bordeaux, France
j
Hôpital Cochin, Assistance Publique–Hôpitaux de Paris, service de radiologie, 27, rue du Faubourg Saint-Jacques, 75014 Paris, France
k
12 Route Des Vignieres, 74000 Annecy, France
l
AFLAR association Française de lutte anti rhumatismale, 75013 Paris, France
m
Haute Autorité de Santé, 5, avenue du Stade de France, 93210 Saint-Denis, France
n
Département de médecine générale, UFR Santé, Université d’Angers, 40 Rue de Rennes, 49100 Angers, France
o
Jean-François Renard, 13, rue de Montreuil, 94300 Vincennes, France
p
Alexandra Roren, Hôpital Cochin, Assistance Publique–Hôpitaux de Paris, service de médecin physique et réadaptation, 27, rue du Faubourg Saint-Jacques,
75014 Paris, France
q
Sylvie Rozenberg, Pitié Salpêtrière Hospital, Assistance Publique–Hôpitaux de Paris, service de rhumatologie, 47-83, boulevard de l’hôpital, 75013 Paris,
France
r
Catherine Sebire, association francophone pour vaincre les douleurs, Carrières-sur-Seine, France
s
Hyeres hospital Marie-Josee-Treffot, service des urgences, avenue Marechal-Juin, 83400 Hyeres, France
t
Hôpital Cochin, Assistance Publique–Hôpitaux de Paris, service de médecine physique et réadaptation, 27, rue du Faubourg Saint-Jacques, 75014 Paris,
France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Objectif. – Développer et valider des recommandations françaises à destination des professionnels de
Accepté le 11 mai 2021 santé prenant en charge les patients présentant une lombalgie commune avec ou sans radiculalgie.
Disponible sur Internet le xxx Méthodes. – Afin de synthétiser la littérature existante, un rapport d’élaboration a été créé à partir
d’une revue systématique des méta-analyses publiées sur la lombalgie entre 2015 et 2018 ainsi que des
Mots clés : recommandations internationales publiées entre 2013 et 2018, pour synthétiser l’état des connaissances
Lombalgie scientifiques. Un groupe d’experts multidisciplinaire comprenant 17 professionnels de santé impliqués
Recommandations
dans la prise en charge de la lombalgie et 2 représentants des patients a été constitué. Ce groupe a élaboré
Parcours de soins
des recommandations préliminaires ainsi qu’un parcours de soins. Après consultation de 25 institutions
académiques, une version définitive des recommandations et de l’arbre décisionnel a été validée. Pour
chaque recommandation, un accord entre experts a été évalué par la méthode RAND/UCLA.

DOI de l’article original : https://doi.org/10.1016/j.jbspin.2021.105227.


夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence française de cet article mais la référence anglaise de Joint Bone Spine avec le DOI ci-dessus.
∗ Auteur correspondant. Centre d’évaluation et de traitement de la souleur, service de rhumatologie, hôpital Pitié Salpêtrière, Paris, France.
Adresse e-mail : Florian.bailly@aphp.fr (F. Bailly).

https://doi.org/10.1016/j.rhum.2021.10.565
1169-8330/© 2021 Société Française de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

REVRHU-5394; No. of Pages 9

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Research Centre for Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février
18, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
G Model
ARTICLE IN PRESS
F. Bailly et al. Revue du rhumatisme xxx (xxxx) xxx–xxx

Résultats. – Le groupe d’experts a rédigé 32 recommandations préliminaires, dont un parcours de soins,


qui a été modifié après consultation des institutions académiques. Le consensus du groupe d’experts mul-
tidisciplinaire a été évalué pour chaque recommandation finale : 32 recommandations ont été évaluées
comme appropriées ; aucune n’a été évaluée comme incertaine ou inappropriée. Une approbation forte a
été obtenue pour 27 recommandations et faible pour 5.
Conclusion. – Ces nouvelles recommandations introduisent plusieurs concepts dans la prise en charge de
la lombalgie, notamment la nécessité d’identifier précocement les lombalgies à risque de chronicité afin
de permettre une prise en charge accélérée et si nécessaire pluridisciplinaire.
© 2021 Société Française de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

1. Introduction 2.1. Constitution d’un panel d’experts

La lombalgie est un problème de santé publique par l’invalidité Un groupe d’experts libéraux et hospitaliers sur la lombalgie
fréquente qu’elle peut occasionner et par les coûts associés à la lom- a été constitué à partir des propositions des sociétés savantes de
balgie. Elle est la première cause d’années vécues avec un handicap chaque spécialité. Ce groupe d’experts était composé d’une cheffe
dans les pays développés et en développement [1]. La plupart des de projet et méthodologiste (K.P.), d’un chargé de projet (F.B.), d’un
lombalgies sont aiguës et spontanément résolutives. Cependant, documentaliste et d’un panel représentatif d’experts : 4 médecins
pour certains patients, la lombalgie se chronicise et impacte lour- généralistes, 2 rhumatologues, 2 kinésithérapeutes, 2 médecins du
dement la qualité de vie. Elle entraîne également des coûts élevés, travail, un médecin de médecine physique et de réadaptation, un
liés aux soins de santé mais également aux coûts indirects liés aux urgentiste, un chirurgien du rachis, un radiologue, un psychologue,
journées de travail perdues ou à la productivité réduite [2]. et un médecin de la douleur. Deux représentants de patients ont
La prise en charge de la lombalgie reste hétérogène dans le été inclus dans le groupe d’experts. Pour tous les participants de ce
monde. Bien que l’imagerie ait un rôle limité, les prescriptions groupe, l’existence de conflits d’intérêts a été évaluée. Les experts
d’imagerie rachidienne sont élevées : 39 % des patients souffrant de ayant un conflit d’intérêt susceptible d’interférer avec l’élaboration
lombalgie aiguë ont une prescription d’imagerie par leur médecin des recommandations ont été exclus.
traitant en Norvège [3], 50 % en France [4,5], 54 % aux États-Unis
[6] et 56 % en Italie [7]. Bien que l’exercice soit reconnu comme 2.2. Recherche documentaire
le meilleur traitement de la lombalgie chronique, de nombreux
patients ne bénéficient que de traitements passifs, comme des La population cible des recommandations était les adultes souf-
massages [8]. De même, le traitement proposé par de nombreux frant de lombalgie commune, avec ou sans radiculalgie, avec ou sans
médecins reste essentiellement médicamenteux [9]. « anomalie » radiologique (comme une hernie discale, un canal lom-
Par conséquent, il est nécessaire de modifier la prise en charge baire étroit, une arthrose de l’articulation postérieure), à l’exception
des patients, notamment lors de la phase aiguë, afin de réduire la de la scoliose (qui n’était pas considérée comme une lombalgie
transition vers la chronicité. L’élaboration et la mise en œuvre de non spécifique). Les lombalgies secondaires, les lombalgies chez
recommandations nationales sont un des éléments permettant de les femmes enceintes et les enfants étaient en dehors du cadre de
guider les professionnels de santé vers des soins efficients et scien- la recommandation. La recherche bibliographie a inclus l’ensemble
tifiquement reconnus, afin de diminuer le fardeau de la lombalgie des traitements médicamenteux ou non médicamenteux. La prise
[10]. en charge chirurgicale et le maintien dans l’emploi ont été exclus
Plusieurs recommandations internationales ont été précédem- en raison de recommandations récentes dans ce domaine [19,20].
ment publiées aux États-Unis, au Danemark, en Angleterre et en Afin d’inclure l’ensemble des données scientifiques récentes,
Belgique [11–14]. Les recommandations les plus récentes n’avaient une recherche systématique de l’ensemble des recommandations
qu’une actualisation de la bibliographie que jusque mars 2016 [13]. publiées entre janvier 2013 et décembre 2018 en français ou
Par ailleurs, en France, les dernières recommandations datent de anglais, ainsi qu’une revue systématique de l’ensemble des revues
2000 et doivent être actualisées [15]. En réponse à une demande systématiques (avec ou sans méta-analyse) entre janvier 2016 et
de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, la Haute Autorité de décembre 2018 a été réalisé dans les bases de données MED-
Santé (HAS) a coordonné une mise à jour des recommandations LINE, Cochrane Library et dans les ressources des recommandations
françaises sur la lombalgie avec ou sans radiculopathie associée. nationales d’autres pays (agences nationales de santé).
L’objectif était de développer des recommandations incluant
un parcours de soins pour la prise en charge de la lombalgie. La 2.3. Rapport d’élaboration et recommandations finales
cible de ces recommandations était les professionnels de santé de
première ligne (c’est-à-dire les médecins généralistes et les kiné- À partir de la revue systématique réalisée par une documenta-
sithérapeutes), mais aussi les médecins spécialistes et les autres liste, le chef de projet a sélectionné les articles dans le champ de
professionnels de santé impliqués dans la gestion de la lombalgie. la recommandation et a synthétisé l’ensemble des données dans le
rapport d’élaboration. Pour chaque partie du rapport d’élaboration,
2. Méthodes une synthèse résumant l’état des connaissances scientifiques a été
rédigée. En cas de limite méthodologique des articles rapportés,
L’élaboration de ces recommandations a été réalisée selon les une seconde évaluation a été réalisée par la chef de projet et ces
recommandations de constitution des recommandations : gestion limites ont été notées dans le rapport d’élaboration.
des conflits d’intérêts, évaluation critique de la littérature, évalua- À partir du rapport d’élaboration, le groupe d’experts a élaboré
tion multidisciplinaire, participation des parties prenantes et des des recommandations préliminaires par consensus, et a gradé le
patients [16]. Une note de cadrage préalable à la création de la niveau de preuve de chaque recommandation (Tableau 1). La syn-
recommandation a été réalisée. Un guide détaillant la méthodolo- thèse de la littérature et les recommandations préliminaires ont été
gie est disponible sur le site de la haute autorité de santé (HAS) [17] réalisées en tenant compte de la littérature internationale (sans
ainsi qu’une version résumée dans le rapport d’élaboration [18]. spécificité locale). La synthèse finale destinée aux praticiens de

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Research Centre for Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février
18, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
G Model
ARTICLE IN PRESS
F. Bailly et al. Revue du rhumatisme xxx (xxxx) xxx–xxx

Tableau 1
Grade des recommandations.

Niveau de preuve Grade

Fondée sur des études de fort niveau de preuve (niveau de preuve 1) : essais comparatifs randomisés de forte Grade A (preuve scientifique établie)
puissance et sans biais majeur ou méta-analyse d’essais comparatifs randomisés, analyse de décision basée sur des
études bien menées.
Fondée sur une présomption scientifique fournie par des études de niveau intermédiaire de preuve (niveau de preuve Grade B (présomption scientifique)
2), comme des essais comparatifs randomisés de faible puissance, des études comparatives non randomisées bien
menées, des études de cohorte.
Fondée sur des études de moindre niveau de preuve, comme des études cas-témoins (niveau de preuve 3), des études Grade C (faible niveau de preuve)
rétrospectives, des séries de cas, des études comparatives comportant des biais importants (niveau de preuve 4).
En l’absence d’études, les recommandations sont fondées sur un accord entre experts du groupe de travail, après Accord d’experts
consultation du groupe de lecture. L’absence de gradation ne signifie pas que les recommandations ne sont pas
pertinentes et utiles. Elle doit, en revanche, inciter à engager des études complémentaires.

santé a été conçue en fonction des spécificités françaises. Un par-


cours de soins a été développé pour détailler la chronologie de
prise en charge recommandée. L’ensemble de ces documents a été
soumis à 25 institutions académiques et parties prenantes pour la
phase de consultation. À partir de leur avis, le groupe d’experts a
rédigé la version finale des recommandations.
Pour chaque recommandation, l’accord entre les experts du
groupe de travail a été évalué en utilisant la méthode RAND/UCLA
[21]. Chaque expert a évalué chacune des lignes directrices sur une
échelle de 1 à 9 (1, désaccord total et 9, accord total).
Chaque recommandation a été considérée comme :

• “appropriée” avec un score médian ≥ 7 et un accord entre les


membres du groupe de travail ;
• “inappropriée” avec un score médian ≤ 3,5 et un accord entre les
membres du groupe de travail ;
• “incertaine” avec un score médian de 4 à 6,5 (indécision) ou
absence de consensus entre les membres du groupe de travail.

Une approbation forte était considérée si la note était de 7 à 9,


et une forte désapprobation de 1 à 3. Une approbation faible était
considérée si la note était de 5 à 9, et une faible désapprobation de
1 à 5. Le groupe de travail étant composé de plus de 16 membres,
une valeur extrême pouvait être exclue de la note globale, selon la
méthode RAND/UCLA.
Une validation externe a été effectuée par un comité indépen-
dant de la HAS.
Fig. 1. Flow chart de la recherche systématique de la littérature.

3. Résultats
13 dernières–Tableaux 2 et 3). Après évaluation par la méthode
La revue systématique de la littérature a identifié 572 références RAND/UCLA, l’ensemble des recommandations a été évalué « appro-
de recommandations internationales ou de revues systéma- prié ». Un consensus fort a été obtenu pour 27 d’entre elles, et
tiques. Sept recommandations internationales ont été incluses faible pour 5 d’entre elles (définitions de la lombalgie, éducation
[11–14,22–24]. Neuf recommandations internationales ont été aux neurosciences de la douleur, techniques manuelles, ceintures
exclues du rapport en raison de liens d’intérêts [25,26], d’absence lombaires, myorelaxants).
de méthodologie décrite [27], de population cible en dehors de
la recommandation, ou lorsqu’elles étaient réalisées sans support 4. Discussion
bibliographique actualisé[28–33]. Après suppression des duplica-
tas, sélection des recommandations ou revues systématiques dans De nouvelles recommandations ainsi qu’un arbre décisionnel
le champ de recherche, 101 références ont été incluses (Fig. 1). Trois ont été rédigés et validés dans la prise en charge des patients lom-
réunions présentielles ont permis de créer le rapport d’élaboration, balgiques. De nombreux principes de prise en charge sont issus
la version préliminaire de 32 recommandations incluant l’arbre des précédentes recommandations, mais plusieurs recommanda-
décisionnel. Après la phase de consultation des parties prenantes, tions sont innovantes, dans l’objectif d’améliorer la prise en charge
la version finale des recommandations a été réalisée par le groupe réalisée.
d’experts, puis validée par le comité de la HAS (Tableau 2 et Fig. 2a Tout d’abord, de nouvelles définitions de terminologie ont été
et 2b) Trois recommandations ont été incluses dans le rapport proposées : « poussée aiguë de lombalgie », lombalgie récidivante,
d’élaboration mais pas dans la synthèse en raison des spécificités lombalgie à risque de chronicité ou lombalgie chronique. L’objectif
françaises (Tableau 3). Les drapeaux rouges, jaunes, bleu et noirs était de ne plus considérer la lombalgie comme un épisode isolé
sont reportés dans le Tableau 4. Le niveau de preuve a été pré- mais dans le cadre d’une pathologie à part entière. De nombreux
cisé pour chaque recommandation (grade A pour 3 d’entre elles, patients ont des trajectoires de douleurs complexes, alternant des
grade B pour 12, grade C pour 3 et accord d’experts pour les phases de rémission ou de rechute, avec ou sans douleur de fond

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Research Centre for Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février
18, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
G Model
ARTICLE IN PRESS
F. Bailly et al. Revue du rhumatisme xxx (xxxx) xxx–xxx

Tableau 2
Recommandations finales avec le grade de chaque recommandation et le consensus entre experts.

Titre Recommandation Consensus

1. Définition de la lombalgie La lombalgie est définie par une douleur située entre la charnière thoraco-lombaire et le pli Approprié ; consensus faible
fessier inférieur (AE). Elle peut être associée à une radiculalgie correspondant à une douleur
d’un ou des deux membres inférieurs au niveau d’un ou plusieurs dermatomes (AE). La
lombalgie commune désigne une douleur lombaire qui ne comporte pas de signes d’alerte (cf.
« drapeaux rouges »). Le terme lombalgie « commune » est préféré à celui de lombalgie « non
spécifique » en pratique courante (AE). La lombalgie chronique est définie par une lombalgie
de plus de 3 mois.
2. Proposition de terminologie Il est proposé (AE) d’utiliser les termes de : Approprié, consensus fort
–« poussée aiguë de lombalgie » plutôt que lombalgie aiguë afin d’englober les douleurs aiguës
avec ou sans douleur de fond préexistante, nécessitant une intensification temporaire des
traitements ou entraînant une diminution temporaire des capacités fonctionnelles ;
–« lombalgie à risque de chronicité » pour les patients ayant une durée d’évolution de la
lombalgie inférieure à 3 mois et présentant un risque élevé d’absence de résolution de la
lombalgie (présence de drapeaux jaunes) ;
–« lombalgie récidivante » en cas de récidive de lombalgie dans les 12 mois. Elle doit être
considérée comme une lombalgie à risque de chronicité.
3. Évaluation clinique de la La recherche des signes d’alerte (cf. « drapeaux rouges ») orientant vers une pathologie Approprié, consensus fort
lombalgie sous-jacente nécessitant une prise en charge spécifique et/ou urgente doit être réalisée pour
toute douleur lombaire récente, ou aggravation des symptômes ou apparition de nouveaux
symptômes (AE). La recherche de ces signes d’alerte doit rester à l’esprit du praticien à tous les
stades de la lombalgie, notamment en cas de poussée aiguë de lombalgie survenant dans le
cadre d’une douleur chronique, ou en cas de modification des symptômes cliniques (AE). La
spécificité des signes d’alerte (cf. « drapeaux rouges ») pris isolément est limitée ; c’est leur
combinaison qui doit attirer l’attention et faire suspecter une pathologie sous-jacente à la
douleur lombaire justifiant une prise en charge spécifique. Il est recommandé de réévaluer le
patient 2 à 4 semaines après une poussée aiguë de lombalgie (AE).
4. Évaluation du risque de La recherche précoce des facteurs de risque psychosociaux (cf. « drapeaux jaunes ») est Approprié, consensus fort
chronicité recommandée afin d’évaluer le risque de persistance de la douleur et/ou de l’incapacité, et
d’établir une prise en charge adaptée au risque (grade B). Certains éléments (peurs et
croyances, contextes psychologique et social) doivent être identifiés précocement. En
complément de cette évaluation, un questionnaire composite comme le STarT Back screening
tool (qui propose une prise en charge stratifiée sur le risque), et la version courte du
questionnaire Örebro (qui est prédictif de l’absentéisme) peuvent être utilisés pour évaluer le
risque de chronicité (grade B). D’autres questionnaires plus spécifiques tels que le FABQ
(évaluant le niveau de peurs, appréhensions et évitements liés à la lombalgie) ou l’HAD
(évaluant le niveau d’anxiété et de dépression) peuvent aussi être utilisés (AE).
5. Pertinence de l’imagerie En l’absence de drapeau rouge, il n’y a pas d’indication à réaliser une imagerie rachidienne Approprié, consensus fort
dans le cas d’une poussée aiguë de lombalgie (grade C). Il est recommandé d’expliquer au
patient pourquoi une imagerie n’est pas nécessaire (AE). En l’absence de drapeau rouge, iI est
recommandé de réaliser une imagerie rachidienne en cas de lombalgie chronique (au-delà de
3 mois) (AE) : la réalisation d’une IRM est recommandée (ou un scanner en cas de
contre-indication à l’IRM) (AE). Si un geste invasif (infiltration épidurale voire chirurgie
rachidienne) est envisagé, une imagerie rachidienne (IRM ou scanner si contre-indication) est
conseillée (sauf chez les patients hyperalgiques afin de ne pas retarder leur prise en charge)
(AE). En l’absence de drapeau rouge, il n’y a pas d’indication à réaliser des radiographies
isolées en dehors de la recherche d’une instabilité ou d’un trouble statique rachidiens (AE). Il
n’y a pas d’indication à renouveler l’imagerie en l’absence de modification des symptômes
(AE). Il est important d’expliquer au patient l’absence de corrélation systématique entre les
symptômes et les signes radiologiques. Il est recommandé d’expliquer et de dédramatiser les
termes médicaux et techniques des comptes rendus d’imagerie (AE).
6. Prise en charge globale de la La prise en charge doit être centrée sur le patient : elle prend en compte le vécu du patient et Approprié, consensus fort
lombalgie le retentissement de sa douleur (dimensions physique, psychologique, et
socioprofessionnelle) (AE). Cette prise en charge globale est habituellement nommée
« bio-psycho-sociale » et s’appuie sur une décision médicale partagée. Il est recommandé
d’expliquer au patient les termes du diagnostic et de délivrer une information rassurante
quant au pronostic de la lombalgie commune (généralement favorable en quelques semaines)
(AE). En cas de lombalgie chronique ou à risque de chronicité, il est utile d’envisager une prise
en charge pluridisciplinaire (AE) pouvant impliquer : kinésithérapeute, rhumatologue,
spécialiste de médecine physique et de réadaptation, médecin du travail, puis si indiqué
spécialiste de la douleur, ou chirurgien du rachis. Le type de professionnels impliqués dépend
à la fois de l’expérience du clinicien prenant en charge initialement le patient, de la situation
individuelle, des préférences du patient, et des ressources du système de soins disponibles
localement (AE). Il est important de veiller à la cohérence des propositions thérapeutiques
entre les différents professionnels impliqués dans la prise en charge, en raison du caractère
délétère des discours discordants (AE).
7. Maintien en emploi et Les facteurs de risque d’incapacité prolongée au travail ou d’obstacle au retour au travail (cf. Approprié, consensus fort
prévention de la désinsertion « drapeaux bleus et noirs ») doivent être recherchés en cas d’arrêts de travail répétés ou
professionnelle prolongés au-delà de 4 semaines (AE). Dans ce cas, l’expertise du médecin du travail doit être
sollicitée, notamment pour connaître les contraintes et les possibilités d’adaptation du poste
de travail (AE).

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Research Centre for Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février
18, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
G Model
ARTICLE IN PRESS
F. Bailly et al. Revue du rhumatisme xxx (xxxx) xxx–xxx

Tableau 2 (Continued)

Titre Recommandation Consensus

8–14. Prise en charge 8. Avant d’envisager une prise en charge non médicamenteuse, le diagnostic médical de lombalgie 8. Approprié,
non-médicamenteuse commune doit avoir été posé (AE). consensus fort
L’exercice physique est le traitement principal permettant une évolution favorable de la lombalgie
commune (grade B). 9. Approprié,
consensus fort
Prise en charge de première intention :
8. Autogestion et reprise des activités quotidiennes (y compris la reprise précoce de l’activité 10. Approprié,
professionnelle si possible) : indiquées (grade B) consensus fort

9. Activités physiques adaptées et activités sportives (Activité progressive et fractionnée selon la 11. Approprié,
préférence du patient) : indiquées (grade B). consensus faible

10. Kinésithérapie chez les patients présentant une lombalgie à risque de chronicité ou chronique : 12. Approprié,
indiquée (grade B). La réalisation d’exercices thérapeutiques adaptés à la situation clinique, enseignée consensus fort
par un kinésithérapeute, puis poursuivie à domicile, est recommandée (grade B). 13. Approprié,
Le kinésithérapeute participe à l’éducation du patient (réassurance, lutte contre les peurs et croyances, consensus fort
sensibilisation aux bienfaits de l’activité physique) dans le cadre d’une prise en charge
bio-psycho-sociale (AE). 14. Approprié,
La réalisation de la kinésithérapie doit faire appel à la participation active du patient (grade B). consensus fort
Les thérapies passives ne doivent pas être utilisées isolément car elles n’ont aucune efficacité sur
l’évolution de la lombalgie (AE).

Prise en charge de deuxième intention :


11. Éducation à la neurophysiologie de la douleur chez les patients présentant une lombalgie à risque
de chronicité ou chronique : indiquée (AE).

12. Techniques manuelles (manipulations, mobilisations), uniquement dans le cadre d’une


combinaison multimodale de traitements incluant un programme d’exercices supervisés : possibles
(grade B).

13. Interventions psychologiques de type thérapies cognitivo-comportementales, uniquement dans le


cadre d’une combinaison multimodale de traitements incluant un programme d’exercices supervisés ;
par un professionnel ou une équipe formés aux TCC de la douleur : possibles (grade B).

Prise en charge de troisième intention :


14. Programme de réadaptation pluridisciplinaire physique, psychologique, sociale et professionnelle,
chez les patients présentant une lombalgie ou une douleur radiculaire persistante, en présence de
facteurs de risque psychosociaux faisant obstacle à leur rétablissement, ou en cas d’échec d’une prise
en charge active recommandée (À moduler en fonction de la situation médicale, psychosociale et
professionnelle du patient) : possible (grade B).
15-20. Prise en charge 15. Aucun médicament antalgique n’a prouvé d’efficacité à moyen terme sur l’évolution d’une poussée 15. Approprié,
médicamenteuse aiguë de lombalgie. Néanmoins la prise en charge antalgique graduée, débutant par des antalgiques de consensus fort
palier I, peut être mise en place pour la gestion des accès douloureux (AE).
Il est recommandé de rappeler le bon usage des antalgiques et leur utilité à visée symptomatique et 16. Approprié,
non curative (AE). consensus fort
Le choix du traitement doit prendre en compte les antécédents médicaux, les expériences antérieures 17. Approprié,
de prise antalgique, les préférences du patient et le risque de mésusage. consensus fort

Prise en charge de première intention : 18. Approprié,


16. Paracétamol : Peut être utile à visée symptomatique pour traiter la douleur (AE). consensus fort
17. AINS : Peuvent être proposés après évaluation de la balance bénéfice/risque en fonction des
antécédents, pour la plus courte durée possible, à la dose efficace la plus faible (grade A). 19. Approprié,
consensus fort
Prise en charge de seconde intention :
18. Opioïdes : Le risque de mésusage doit être pris en compte. Les opioïdes faibles peuvent être 20. Approprié,
proposés avec ou sans association au paracétamol, à faible dose, en cas d’échec ou de contre-indication consensus fort
aux AINS, pour la plus courte durée possible. Les opioïdes forts sont réservées aux lombalgies
réfractaires aux prises en charge bien conduites (y compris programme de réadaptation
pluridisciplinaire) pour la plus courte durée possible (grade B). Il est recommandé d’informer le
patient du risque d’effets secondaires des opioïdes. Le maintien d’un traitement par opioïdes faibles ou
forts doit être très régulièrement réévalué en fonction des bénéfices qui auront été préalablement
établis avec le patient (AE). Il existe des outils pour détecter un risque de mésusage avant la première
prescription (Opioid Risk-Tool) et avant un renouvellement (échelle POMI). En cas de risque de
mésusage, une surveillance étroite du patient est conseillée (AE). En cas de mésusage avéré, une prise
en charge conjointe avec un centre de la douleur ou d’addictologie est recommandée (AE).

Antidépresseurs (tricycliques ou IRSNa) : Non indiqués en cas de poussée aiguë de lombalgie avec ou
sans radiculalgie (grade A). Peuvent être envisagés soit en cas de radiculalgie chronique à composante
neuropathique, soit en cas de troubles anxio-dépressifs associés, en tenant compte de la balance
bénéfice/risque (grade B)

20. Gabapentinoides : Non indiqués en cas de poussée aiguë de lombalgie avec ou sans radiculalgie
(Grade A). Peuvent être envisagés en cas de radiculalgie chronique à composante neuropathique, en
tenant compte de la balance bénéfice/risque (grade B)

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Research Centre for Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février
18, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
G Model
ARTICLE IN PRESS
F. Bailly et al. Revue du rhumatisme xxx (xxxx) xxx–xxx

Tableau 2 (Continued)

Titre Recommandation Consensus

21–29 Prises en charge 21. Les ultrasons et les tractions lombaires ne sont pas recommandés (grade B). 21. Approprié, consensus fort
envisageables sous 22. Les semelles orthopédiques ne sont pas indiquées (grade B). 22. Approprié, consensus fort
conditions/non 23. L’acupuncture, l’acupression et le dry needling (puncture sèche) n’ont pas démontré Approprié, consensus fort
recommandées d’efficacité sur l’évolution de la lombalgie. 24.
24. En l’absence d’étude de bonne qualité, il n’est pas possible de statuer sur l’efficacité de la Approprié, consensus fort
sophrologie, de la relaxation, de la « méditation pleine conscience » ou de l’hypnose. Elles 25. Approprié, consensus fort
peuvent cependant être envisagées dans le cadre d’une combinaison multimodale associée à 26. Approprié, consensus fort
une prise en charge active du patient (AE). 27. Approprié, consensus fort
25. Il est possible d’envisager le port d’une ceinture lombaire ou d’un corset sur une courte 28. Approprié, consensus fort
durée pour aider à la reprise d’activités (AE) bien qu’ils n’aient pas démontré d’efficacité sur 29. Approprié, consensus fort
l’évolution de la lombalgie.
26. En cas de douleurs avec une composante neuropathique, après échec des autres
alternatives thérapeutiques (y compris une prise en charge multidisciplinaire), une
stimulation médullaire peut se discuter en centre d’évaluation et traitement de la douleur (AE).
27. En l’absence d’étude, il n’est pas possible de statuer sur l’intérêt du traitement par
Néfopam (AE), ni par corticoïdes (AE).

28. Les myorelaxants ont une balance bénéfice/risque défavorable dans la lombalgie commune
(AE).
29. Il n’y a pas d’indication à un traitement par antibiotiques (grade B), ni par vitamine D
(grade B), ni par patch de lidocaïne (AE), ni par anti-TNF alpha (AE).

30. Infiltrations rachidiennes Il n’y a généralement pas d’indication à réaliser des infiltrations épidurales dans les lombalgies 30. Approprié, consensus fort
sans radiculalgie (grade C).
Une infiltration épidurale peut être envisagée pour une douleur radiculaire persistante et
sévère malgré un traitement médical bien conduit (grade C), si possible après réalisation d’une
imagerie en coupes, et dans le cadre d’une décision partagée avec le patient compte tenu des
risques et de l’efficacité limitée des infiltrations.
En cas d’antécédent chirurgical, la voie d’abord doit se situer à distance de l’étage opéré ou par
la voie du hiatus sacro-coccygien (AE).
En l’état actuel des produits disponibles en France, la voie foraminale est contre-indiquée (AE).
Il n’est pas possible de formuler de recommandation claire sur l’usage des infiltrations
facettaires intra-articulaires.
31. Prévention secondaire Il est recommandé aux personnes ayant présenté une lombalgie de pratiquer régulièrement 31. Approprié, consensus fort
une activité physique et/ou des exercices d’auto rééducation afin de diminuer le risque de
récidive (grade B). Le choix de l’activité physique doit prendre en compte la préférence du
patient (AE).

32. Arbre décisionnel Cf arbre décisionnel disponible sur le site de la haute autorité de santé [18] 32. Approprié, consensus fort

AE : accord d’experts ; FABQ : fear avoidance and beliefs questionnaire ; HAD : hospital anxiety and depression questionnaire. AINS : anti-inflammatoires non stéroidiens ;
IRSNa : inhibiteurs de recapture de la sérotonine et de la noradrénaline.

Tableau 3
Recommandations basées sur la littérature et le consensus d’experts mais non inclus dans la synthèse clinique.

Texte de la recommandation Niveau de preuve Raison de non-inclusion dans la synthèse


scientifique clinique

Une dénervation par radiofréquence (cf. définition) peut être envisagée Grade B Non inclus car la dénervation par
uniquement en présence d’une lombalgie résistante aux traitements usuels (y radiofréquence est peu pratiquée en France
compris une prise en charge multidisciplinaire) chez des patients présentant deux
blocs diagnostics facettaires positifs.
En l’absence d’études de bonne qualité, il n’est pas possible de statuer sur Accord d’experts Non inclus car le traitement par ozone est peu
l’efficacité de l’ozone pratiqué en France
La TENS n’a pas d’efficacité sur l‘évolution de la lombalgie. La TENS ne doit pas être Accord d’experts Non inclus car la prescription de TENS est
proposée comme traitement unique de la lombalgie chronique. Elle peut être utile réservée aux centres de la douleur
comme adjuvant chez certains patients pour le contrôle de la douleur afin de
réduire le besoin de médicaments, en complément d’une prise en charge non
médicamenteuse.

TENS :électrostimulation transcutanée.

[34]. La lombalgie récidivante est fréquente : plus de 2/3 des sujets Ce concept avait déjà été proposé par les recommandations belges
ayant un épisode lombalgique ont une récidive dans les 12 mois [11,37], et l’intérêt d’une prise en charge précoce incluant de la
[35]. La prise en charge globale de la pathologie rachidienne per- kinésithérapie avec prise en charge active du patient a montré son
met également d’envisager la prévention secondaire. Le terme de intérêt pour limiter le passage à la chronicité [38].
« lombalgie commune », plutôt que « lombalgie non-spécifique » a L’ensemble des traitements médicamenteux a été rétrogradé
été retenu car ce terme est mal compris des patients et suggère que en seconde intention, après la prise en charge non médicamen-
la cause de la lombalgie n’a pas été identifiée [36]. teuse, puisque aucun médicament n’a prouvé son efficacité pour
Également, le concept de lombalgie subaiguë n’a pas été retenu diminuer la durée d’un épisode de lombalgie. Les traitements non-
car il était basé uniquement sur un concept temporel ne prenant médicamenteux qui incluent le patient en tant que participant actif
pas en compte l’aspect pronostique. Le concept de lombalgie à dans sa prise en charge ont été proposés. Comme fréquemment
risque de chronicité a été préféré car il permet de suggérer une recommandé par le passé, l’exercice physique associé à l’éducation
prise en charge multidisciplinaire précoce pour certains patients. du patient est la prise en charge recommandée pour l’ensemble

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Research Centre for Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février
18, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
G Model
ARTICLE IN PRESS
F. Bailly et al. Revue du rhumatisme xxx (xxxx) xxx–xxx

Fig. 2. Arbre décisionnel. a : partie 1 : poussée aiguë de lombalgie ; b : partie 2 : lombalgie à risque de chronicité ou chronique.

des patients ayant une lombalgie, ou en prévention secondaire son indépendance, l’absence de liens d’intérêts et le respect des
[39]. Aucun exercice physique n’est contre-indiqué dans la lom- règles de constitution d’une recommandation. La faiblesse de cette
balgie [39], et de multiples modalités peuvent être proposées aux recommandation pourrait être l’inclusion de l’ensemble des revues
patients [40]. L’activité physique n’est probablement pas princi- systématiques récentes mais pas l’ensemble de toute la littérature
palement liée à un changement de force musculaire mais plutôt sur la lombalgie. La littérature a été synthétisée à partir de 2016,
lié à de multiples autres mécanismes dont l’hypoalgésie à l’effort date à laquelle les recommandations disponibles internationales
[41], l’amélioration du moral, la lutte contre la kinésiophobie, et la avaient stoppé leurs actualisations.
réorganisation corticale [42]. Ces recommandations pourraient permettre d’améliorer la prise
La création et la validation de ces recommandations ont des en charge des patients lombalgiques, tout particulièrement en per-
forces et des faiblesses. La force principale est la méthodologie mettant une identification et une prise en charge précoce des
rigoureuse basée sur le consensus d’un large panel d’experts patients à risque de chronicité, en limitant les imageries du rachis
représentant l’ensemble des professionnels de santé prenant non indiquées, ainsi que les arrêts de travail prolongés. La dissémi-
en charge les patients lombalgiques, ainsi que par la phase nation de ces recommandations est importante pour leur mise en
d’évaluation externe par les sociétés savantes. La coordination de application[43]. Dans la lombalgie, il a été montré que des interven-
ces recommandations par une agence nationale permet d’assurer tions répétées et durables sont nécessaires pour pouvoir modifier

Tableau 4
Liste des drapeaux d’alerte.

Type de drapeau Liste des caractéristiques suggérant le drapeau. La spécificité des signes d’alerte pris isolément est limitée ; c’est leur
combinaison qui doit attirer l’attention et faire suspecter une pathologie sous-jacente à la douleur lombaire justifiant
une prise en charge spécifique.

Drapeaux « rouges » pointant vers une –Douleur de type non mécanique : douleur d’aggravation progressive, présente au repos et en particulier durant la nuit
pathologie sous jacente nécessitant –Symptôme neurologique étendu (déficit dans le contrôle des sphincters vésicaux ou anaux, atteinte motrice au
une prise en charge spécifique et/ou niveau des jambes, syndrome de la queue-de-cheval)
urgente –Paresthésie au niveau du pubis (ou périnée)
–Traumatisme important (tel qu’une chute de hauteur)
–Perte de poids inexpliquée
–Antécédent de cancer, présence d’un syndrome fébrile
–Usage de drogue intraveineuse, ou usage prolongé de corticoïdes (par exemple thérapie de l’asthme)
–Déformation structurale importante de la colonne
–Douleur thoracique (rachialgies dorsales)
–Âge d’apparition inférieur à 20 ans ou supérieur à 55 ans ;
–Fièvre
–Altération de l’état général

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Research Centre for Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février
18, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
G Model
ARTICLE IN PRESS
F. Bailly et al. Revue du rhumatisme xxx (xxxx) xxx–xxx

Tableau 4 (Continued)

Drapeaux « jaunes » : indicateurs –Problèmes émotionnels tels que la dépression, l’anxiété, le stress, une tendance à une humeur dépressive et le retrait
psychosociaux d’un risque accru de des activités sociales
passage à la chronicité et/ou –Attitudes et représentations inappropriées par rapport au mal de dos, comme l’idée que la douleur représenterait un
d’incapacité prolongée : danger ou qu’elle pourrait entraîner un handicap grave, un comportement passif avec attentes de solutions placées
dans des traitements plutôt que dans une implication personnelle active
–Comportements douloureux inappropriés, en particulier d’évitement ou de réduction de l’activité, liés à la peur
–Problèmes liés au travail (insatisfaction professionnelle ou environnement de travail jugé hostile) ou problèmes liés
à l’indemnisation (rente, pension d’invalidité)

Drapeaux « bleus » : facteurs de –Charge physique élevée de travail


pronostic liés aux représentations –Forte demande au travail et faible contrôle sur le travail
perçues du travail et de –Manque de capacité à modifier son travail
l’environnement par le travailleur –Manque de soutien social
–Pression temporelle ressentie
–Absence de satisfaction au travail
–Stress au travail
–Faible espoir de reprise du travail
–Peur de la rechute

Drapeaux « noirs » : facteurs de –Politique de l’employeur empêchant la réintégration progressive ou le changement de poste
pronostic liés à la politique de –Insécurité financière
l’entreprise, au système de soins et –Critères du système de compensation
d’assurance –Incitatifs financiers
–Manque de contact avec le milieu de travail
–Durée de l’arrêt maladie

des aspects importants de sa prise en charge, comme la réduction d’experts qui a créé et validé ces recommandations. L’auteur prin-
des imageries rachidiennes ou des arrêts de travail prolongés, ainsi cipal affirme que ce manuscrit est un compte rendu honnête, précis
que l’identification des patients à risque de chronicité [44] Il est et transparent de l’étude rapportée ; qu’aucun aspect important de
prévu via une campagne nationale organisée par la caisse natio- l’étude n’a été omis ; et que toute divergence par rapport à l’étude
nale d’assurance maladie française, adressée à la fois à la population telle que planifiée (et, le cas échéant, enregistrée) a été expliquée.
générale et aux professionnels de santé.
Pour permettre de garder une version scientifiquement validée Références
de ces recommandations, une actualisation est prévue 5 ans après
la finalisation de celles-ci. [1] GBD 2017 Disease and Injury Incidence and Prevalence Collaboraors. Global,
regional, and national incidence, prevalence, and years lived with disability
Déclaration de liens d’intérêts for 354 diseases and injuries for 195 countries and territories, 1990-2017:
a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2017. Lancet
2018;392:1789–858.
L’ensemble des liens d’intérêts potentiels ont été examinés par [2] Katz JN. Lumbar disc disorders and low-back pain: socioeconomic factors and
la HAS pour tous les membres participant au groupe de travail sur consequences. JBJS 2006;88:21–4.
les recommandations. Le Dr Bailly déclare avoir des liens d’intérêts [3] Werner EL, Ihlebæk C. Primary care doctors’ management of low back pain
patients–ten years after. Tidsskr Nor Laegeforen 2012;132:2388–90.
(rémunérations ponctuelles) avec les laboratoires Lilly, Grünen-
[4] Assurance Maladie - Risques professionnels. Rapport inédit sur les lombalgies
thal, Boston) non en lien avec ces recommandations. Le Pr Rannou liées au travail: un enjeu de santé publique 2016. http://carsat-nordpicardie.
délcare des liens d’intérêt avec Pierre Fabre, Fidia, MSD, Pfizer, fr/images/stories/GRP/2016-11-15-Dossier-de-presse-AT-MP.pdf (accessed
Bone Therapeutics, Expanscience, Grünenthal, Thuasne, Genévrier, December 24, 2019).
[5] Caisse Nationale d’Assurance Maladie. Programme de sensibilisation sur la lom-
Fondation Arthritis, non en lien avec ces recommandations. Le Dr balgie. Dossier de presse; 2017 [https://www.ameli.fr/fileadmin/user upload/
Rozenberg déclare des liens d’intérêts avec Sanofi, non en lien avec documents/CP DP lombalgie.pdf. (accessed December 24, 2019)].
ces recommandations. Le Dr Anne Priscille Trouvin déclare des liens [6] Rosenberg A, Agiro A, Gottlieb M, et al. Early trends among seven recommenda-
tions from the choosing wisely campaign. JAMA Intern Med 2015;175:1913–20.
d’intérêts avec Menarini, Recordati, Pfizer, Astellas, non en lien avec [7] Rizzardo A, Miceli L, Bednarova R, et al. Low-back pain at the emergency depart-
ces recommandations. Les autres auteurs déclarent ne pas avoir de ment: still not being managed? Ther Clin Risk Manag 2016;12:183–7.
liens d’intérêts. [8] Carey TS, Freburger JK, Holmes GM, et al. A long way to go: practice patterns
and evidence in chronic low back pain care. Spine 2009;34:718–24.
[9] Michaleff ZA, Harrison C, Britt H, et al. Ten-year survey reveals differences in
Remerciements GP management of neck and back pain. Eur Spine J 2012;21:1283–9.
[10] McGuirk B, King W, Govind J, et al. Safety, efficacy, and cost effectiveness
Les auteurs tiennent à remercier la Haute Autorité de Santé of evidence-based guidelines for the management of acute low back pain in
française pour l’organisation et le financement de ces recomman- primary care. Spine 2001;26:2615.
[11] Centre fédéral d’expertise des soins de santé KCE, Wambeke P, Desomer
dations. Ces recommandations ont été entièrement financées par
A, Ailliet L, Berquin A, Demoulin C, et al. Guide de pratique clinique pour
la HAS afin d’assurer leur indépendance (le chef de projet (F. B.) a les douleurs lombaires et radiculaires. KCE Reports 287Bs. Good Clinical
reçu des honoraires pour sélectionner la littérature incluse dans Practice (GCP). 2017. https://kce.fgov.be/sites/default/files/atoms/files/KCE 2
les recommandations et pour rédiger le rapport de compilation 87B Douleurs lombaires et radiculaires Resume1.pdf (accessed September
11, 2019).
(montant total de 4560 euros pour un travail représentant 3 mois à [12] Qaseem A, Wilt TJ, McLean RM, et al. Clinical guidelines committee of the ame-
temps plein), tous les autres experts, y compris les 2 représentants rican college of physicians. noninvasive treatments for acute, subacute, and
des patients ont reçu des honoraires pour la compensation des chronic low back pain: a clinical practice guideline from the american college
of physicians. Ann Intern Med 2017;166:514–30.
3,5 jours de présence (montant moyen de 382 euros pour les [13] Stochkendahl MJ, Kjaer P, Hartvigsen J, et al. National clinical guidelines for
employés et 785 euros pour les praticiens privés), et pour les non-surgical treatment of patients with recent onset low back pain or lumbar
éventuels frais de transport). radiculopathy. Eur Spine J 2018;27:60–75.
[14] NICE. National Institute for Health and Care Excellence. Low back pain and
sciatica in over 16s: assessment and management. NICE guideline [NG59]. 2016.
Contribution des auteurs et déclaration de transparence. https://www.nice.org.uk/guidance/ng59 (accessed September 11, 2019).
[15] Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé. Diagnostic, prise
L’auteur correspondant atteste que tous les co-auteurs listés en charge et suivi des malades atteints de lombalgie chronique. Rev Rhum
ont validé cet article. Tous les co-auteurs ont participé au groupe 2002;69:338–43.

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Research Centre for Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février
18, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
G Model
ARTICLE IN PRESS
F. Bailly et al. Revue du rhumatisme xxx (xxxx) xxx–xxx

[16] Qaseem A. Guidelines international network: toward international standards [31] Poitras V, Khangura S, Ford C. Physiotherapy interventions for the management
for clinical practice guidelines. Ann Intern Med 2012;156:525. of neck and/or back pain: a review of clinical and cost-effectiveness. Ottawa
[17] Haute Autorité de Santé. Méthode d’élaboration des fiches mémo et des fiches (ON): Canadian agency for drugs and technologies in health. PMID 2017;1
pertinence 2016. https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/ [30183217].
pdf/2016-04/guide methodologique fiche memo fiche pertinence.pdf (acces- [32] Zhao H, Liu B, Liu Z, et al. Clinical practice guidelines of using acupuncture for
sed June 2, 2019). low back pain. World J Acupunct Moxibustion 2016;26:1–13.
[18] Haute Autorité de Santé. Prise en charge du patient présentant une lombalgie [33] Lisi AJ, Salsbury SA, Hawk C, et al. Chiropractic integrated care pathway for low
commune 2019. https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c 2961499/fr/prise- back pain in veterans: results of a delphi consensus process. J Manipulative
en-charge-du-patient-presentant-une-lombalgie-commune (accessed June Physiol Ther 2018;41:137–48.
11, 2019). [34] Kongsted A, Kent P, Axen I, et al. What have we learned from ten years of
[19] Haute Autorité de Santé. Lombalgie chronique de l’adulte et chirurgie. Haute trajectory research in low back pain? BMC Musculoskelet Disord 2016;17
Autorité de Santé n.d. https://www.has-sante.fr/jcms/c 2615316/fr/lombalgie- [s12891-016-1071–2].
chronique-de-l-adulte-et-chirurgie (accessed January 3, 2020). [35] da Silva T, Mills K, Brown BT, et al. Recurrence of low back pain is common: a
[20] Petit A, Mairiaux P, Desarmenien A, et al. French good practice guidelines for prospective inception cohort study. J Physiother 2019;65:159–65.
management of the risk of low back pain among workers exposed to manual [36] Lim YZ, Chou L, Au RT, et al. People with low back pain want clear,
material handling: Hierarchical strategy of risk assessment of work situations. consistent and personalised information on prognosis, treatment options and
Work 2016;53:845–50. self-management strategies: a systematic review. Journal of Physiotherapy
[21] Fitch K, Bernstein SJ, Aguilar MD, et al. The RAND/UCLA appropriateness method 2019;65:124–35.
user’s manual. CA: Rand Corp Santa Monica; 2001. [37] Centre fédéral d’expertise des soins de santé KCE. Lombalgie et douleur
[22] ICSI. Institute for Clinical Systems Improvement. Adult acute and subacute low radiculaire: éléments-clés d’un itinéraire de soin 2017. https://kce.fgov.be/
back pain. Sixteenth edition. 2018. https://www.icsi.org/guideline/low-back- sites/default/files/atoms/files/KCE 295B Lombalgie et douleur radiculaire
pain/(accessed September 11, 2019). Intineraire de soins Synthese 0.pdf (accessed October 12, 2019).
[23] Institute of Health Economics (Alerta, Canada). Toward Optimized Practice. [38] Arnold E, La Barrie J, DaSilva L, et al. The effect of timing of physical therapy for
Evidence-informed primary care management of low back pain. Clinical acute low back pain on health services utilization: a systematic review. Arch
practice guideline. 3rd edition - minor revision 2017. 2015. http://www. Phys Med Rehabil 2019;100:1324–38.
topalbertadoctors.org/cpgs/885801.(accessed September 11, 2019). [39] Foster NE, Anema JR, Cherkin D, et al. Prevention and treatment of
[24] Chenot J-F, Greitemann B, Kladny B, et al. Non-specific low back pAin. Dtsch low back pain: evidence, challenges, and promising directions. Lancet
Arztebl Int 2017;114:883–90. 2018;391:2368–83.
[25] Garcia JBS, Change Pain Latin America, AdvisoryPanel. Change Pain Latin [40] Ribaud A, Tavares I, Viollet E, et al. Which physical activities and sports can be
America–new initiative established to enhance management of patients with recommended to chronic low back pain patients after rehabilitation? Ann Phys
chronic pain in Latin America. Braz J Anesthesiol 2014;64:140–2. Rehabil Med 2013;56:576–94.
[26] Malik Mohamed Hussein A, Singh D, Mansor M, Izma Muhamed Kamil O, Yin [41] Bruehl S, Burns JW, Koltyn K, et al. Are endogenous opioid mechanisms invol-
Choy C, Suma Cardosa M, et al. The Malaysian Low Back Pain Management ved in the effects of aerobic exercise training on chronic low back pain? A
Guidelines n.d. https://www.masp.org.my/index.cfm?&menuid=23 (accessed randomized controlled trial. Pain 2020;161:2887–97.
April 6, 2020). [42] Nicolini C, Fahnestock M, Gibala MJ, et al. Understanding the neurophy-
[27] Wong JJ, Côté P, Sutton DA, et al. Clinical practice guidelines for the noninvasive siological and molecular mechanisms of exercise-induced neuroplasticity in
management of low back pain: a systematic review by the Ontario Protocol for cortical and descending motor pathways: where do we stand? Neuroscience
Traffic Injury Management (OPTIMa) Collaborators. Eur J Pain 2017;21:201–16. 2021;457:259–82.
[28] Tamburin S, Paolucci S, Magrinelli F, et al. The Italian consensus confe- [43] Ward V, House A, Hamer S. Developing a framework for transferring know-
rence on pain in neurorehabilitation: rationale and methodology. J Pain Res ledge into action: a thematic analysis of the literature. J Health Serv Res Policy
2016;9:311–8. 2009;14:156–64.
[29] Metzger RL. Evidence-based practice guidelines for the diagnosis and [44] Mesner SA, Foster NE, French SD. Implementation interventions to improve
treatment of lumbar spinal conditions. Nurse Pract 2016;41:30–7 the management of non-specific low back pain: a systematic review. BMC
[https://doi.org/10.1097/01.NPR. 0000508169.67852.bb.]. Musculoskeletal Disorders 2016;17:258.
[30] Reese C, Mittag O. Psychological interventions in the rehabilitation of patients
with chronic low back pain: evidence and recommendations from systematic
reviews and guidelines. Int J Rehabil Res 2013;36:6–12.

Téléchargé pour Anonymous User (n/a) à Research Centre for Scientific and Technical Information à partir de ClinicalKey.fr par Elsevier sur février
18, 2022. Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2022. Elsevier Inc. Tous droits réservés.

Vous aimerez peut-être aussi