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A.B.

Diallo, UFR SANTE DE THIES QUESTION D’INTERNAT : Biochimie

COMPARTIMENTS HYDRIQUES DE L’ORGANISME ET LEUR REGULATION :


I. Introduction :
A. Définition :
- L’eau est un élément fondamental de l’organisme représentant en moyenne 70% du
poids corporel
- Elle se présente sous 2 formes :
• Eau libre, ou circulante
• Eau liée, d’imbibition des colloïdes
B. Intérêt :
- La régulation de la répartition de l’eau met en jeu plusieurs facteurs
- Sa connaissance permet de reconnaitre et de comprendre les troubles de
l’hydratation, fréquents en pathologie
- Le bilan de l’eau est normalement équilibré. Sa détermination journalière est un
élément de base en réanimation
II. Répartition de l’eau :
A. Eau totale :
1. Méthode de mesure :
- Comme pour tous les compartiments hydriques, on détermine l’espace de diffusion
d’un indicateur après injection d’une quantité connue de cet indicateur
- Volume de dilution = quotient de la quantité injectée par la concentration
- La mesure de l’eau totale est obtenue en utilisant l’eau marquée (eau lourde ou
tritiée) ou une substance très diffusible (urée, antipyrine)
- Cette mesure ne concerne que l’eau échangeable ou libre et représente environ 65%
du poids corporel
2. Variations physiologiques :
- En fonction de l’âge : le nourrisson est plus hydraté que l’adulte
 Chez le nourrisson, les mouvements hydriques sont très
importants par rapport aux réserves  fréquence des
déshydratations
- En fonction du sexe : la femme a une hydratation moindre (44 à 65% du poids
corporel)
- En fonction de l’adiposité : l’eau totale peut atteindre 90% du poids corporel chez un
sujet maigre
 Les variations de l’eau totale sont suivies sur la courbe de poids
B. Eau extracellulaire :
1. Méthode de mesure :
- Par étude de l’espace de diffusion de substances qui ne pénètrent pas dans la
cellule : inuline marquée, mannitol, thiosulfate de sodium
- = 30% de l’eau totale
2. Composition du secteur extracellulaire :
a. Secteur plasmatique :
- Mesure :

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• Grâce à des substances qui ne traversent pas la membrane capillaire et la paroi
de l’hématie : bleu Evans, albumine marquée, macromolécule
• Ou indirectement : par des hématies marquées au chrome, au moyen de
l’hématocrite
- Valeur : 7% de l’eau totale
- Composition : les électrolytes sont répartis en anions et cations à la concentration de
155 mEq/l chacun :
• Cations :
 Sodium : électrolyte principal : 143 mEq/L
 Potassium : 4 mEq/L
 Calcium : 5 mEq/L
 Magnésium : 2 mEq/L
• Anions :
 Chlore : 103 mEq/L
 Bicarbonates : 27 mEq/L
 Phosphates : 2 mEq/L
 Sulfates : 1 mEq/L
 Acides organiques : 6 mEq/L
 Protéines : 16 mEq/L
• Substances dissoutes :
 Urée et glucose
 N’interviennent pas dans la pression osmotique efficace
b. Secteur interstitiel :
- Comprend :
• Eau intercellulaire
• Lymphe
• Humeur aqueuse
• Liquide céphalo-rachidien
- Mesure : par différence entre le volume extracellulaire et le volume plasmatique
- Valeur : 23% de l’eau totale
- Composition :
• Voisine de celle d’un ultrafiltrat plasmatique
• Le liquide interstitiel est dépourvu de protéines
• En raison de l’équilibre de Gibbs Donan, il est plus riche en chlore et en
bicarbonates
 L’hydratation extracellulaire est appréciée sur le chiffre de la
pression artérielle, l’hématocrite et la protidémie
C. Eau intracellulaire :
1. Méthode de mesure :
- Par différence entre l’eau totale et l’eau extracellulaire
- = 70% de l’eau totale
2. Composition :
- Cations :

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• Potassium : 115 mEq/L
• Sodium : 20 mEq/L
• Magnésium : 35 mEq/L
• Calcium : 5 mEq/L
- Anions :
• Phosphates : 80 mEq/L
• Protéines : 40 mEq/L
• Acides organiques et sulfates
 L’hydratation intracellulaire est indirectement reflétée par le
chiffre de la natrémie
III. Echanges d’eau entre les différents secteurs :
A. Entre secteurs intra et extracellulaires :
1. Ils se font à travers la membrane cellulaire et obéissent aux lois de l’osmose :
- La pression osmotique tend à faire passer l’eau de la solution la moins concentrée
vers la solution la plus concentrée. Sa valeur est proportionnelle à la concentration
de la solution
- La membrane cellulaire est perméable à l’eau et aux électrolytes, mais il existe un
processus actif de rejet du sodium qui établit une asymétrie de composition ionique
entre les 2 secteurs
- La concentration extracellulaire en sodium est élevée, responsable en grande partie
de l’osmolarité plasmatique
- La membrane étant perméable à l’urée et au glucose, ces substances n’interviennent
pas dans le gradient osmotique, sauf en pathologie (coma hyperosmolaire)
2. Effets de l’hyper et de l’hypo-osmolarité :
- Hyper-osmolarité extracellulaire  fuite d’eau de la cellule avec déshydratation
intracellulaire
- Hypo-osmolarité extracellulaire  phénomène inverse
3. Isotonie entre secteurs intra et extracellulaires :
Dépend :
- Des lipides : augmentent la teneur en eau de certains tissus
- Des protéines : pouvoir d’hydrophilie cellulaire
- Du métabolisme cellulaire : conditionne les propriétés de la membrane au niveau de
la pompe à sodium
B. Entre secteurs plasmatique et interstitiel :
1. Ils se font à travers la membrane capillaire et obéissent à la loi de Starling :
- La membrane capillaire est perméable à l’eau et aux électrolytes et imperméable aux
protéines
- Loi de Starling : les mouvements de l’eau sont fonction de la pression hydrostatique
du capillaire, de la pression oncotique des protéines et de la pression interstitielle :
• Pression hydrostatique :
 Varie selon le degré d’ouverture du sphincter pré capillaire
 Est élevée dans le segment artériel, supérieure à la pression oncotique,
entrainant un passage d’eau dans le milieu interstitiel

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• Pression oncotique :
 Dépend essentiellement de l’albumine
 S’oppose à la pression hydrostatique et sa valeur augmente le long du
capillaire en raison de la fuite hydrique
 Dans le segment veineux, elle devient supérieure à la pression hydrostatique
avec un passage d’eau dans le capillaire
- Pression interstitielle : mal connue
 Elévation pression hydrostatique ou chute pression oncotique 
œdèmes
2. Ils sont également fonction du temps de passage capillaire :
Celui-ci est sous la dépendance des sphincters pré capillaires, siège de la vasomotricité
C. Circulation interne :
1. Dans le tube digestif :
Les sécrétions digestives représentent environ 12 l d’eau qui sont réabsorbés
2. Dans le rein :
La filtration glomérulaire porte sur près de 190 l dont 99% sont réabsorbés dans le tubule
IV. Bilan de l’eau :
A. Apports :
- Exogènes :
• Eau de boisson : 1,5 l/24h
• Eau des aliments : environ 500 ml
- Endogènes : eau formée au cours des réactions métaboliques : 350 ml/j
- Valeur : 2 à 2,5 l
B. Pertes :
- Pertes urinaires : plus importantes (1 à 1,5 l/j), permettent d’équilibrer le bilan
hydrique
- Elimination digestive : faible dans les conditions normales, importante en cas de
diarrhée
- Elimination pulmonaire : due à la saturation en vapeur d’eau de l’air expiré
- Elimination cutanée :
• Perspiration : permanente et obligatoire
• Transpiration : intermittente, devient notable en atmosphère chaude et humide
V. Régulation des mouvements de l’eau :
A. Régulation des apports par la soif et la satiété :
Permet d’adapter l’apport liquidien aux pertes en eau
- La sensation de soif est due à la perception de la sécheresse buccale
- Mise en jeu :
• Les centres sont hypothalamiques : dipsorécepteurs, sensibles à l’osmolarité
• Déshydratation cellulaire  soif avec ingestion d’eau

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• Surcharge hydrique suspend la sensation de soif
B. Régulation des pertes par le rein :
- Déshydratation  volume urinaire faible avec émission d’urines concentrées
- Hyperhydratation  volume important d’urine diluée
1. Rôle du tubule et de l’aldostérone :
a. Tubule proximal :
Réabsorption obligatoire et active d’eau et de sodium portant sur les 4/5 du filtrat
glomérulaire
b. Anse de Henlé :
- La branche descendante est perméable à l’eau et au sodium alors que la branche
ascendante, imperméable à l’eau, est le siège d’une réabsorption active de sodium
sous l’influence de l’aldostérone
- Cela entraine une hypotonie des urines à l’entrée du tubule distal et une hypertonie
de la médullaire rénale
c. Tubule distal :
- Segment de dilution : l’hypotonie de l’urine est majorée par la réabsorption de
sodium sans eau
- Reste du tubule : réabsorption facultative de sodium et d’eau sous la dépendance de
l’aldostérone, avec échange entre le sodium et le potassium ou l’ion H+
- En permettant la réabsorption du sodium, l’aldostérone joue un rôle majeur dans le
maintien de la volémie. Sa mise en jeu dépend du système rénine-angiotensine,
sensible aux variations volémiques
2. Rôle de l’ADH :
- Elle est à l’origine du mécanisme de concentration et de dilution de l’urine
- Mode d’action : agit surtout sur le tube collecteur en entrainant une réabsorption
d’eau pure
- Régulation : dépend de 2 facteurs principaux :
• Pression osmotique, par l’intermédiaire des osmorécepteurs hypothalamiques :
augmentation pression osmotique  sécrétion d’ADH
• Volume circulant, par l’intermédiaire des volorécepteurs de l’oreillette gauche :
distension de l’oreillette gauche  libération du facteur atrial natriurétique 
diminution de la sécrétion d’ADH qui diminue la concentration de l’urine
C. Intervention des processus régulateurs :
- En cas de diminution des apports en eau, il existe une déshydratation extra cellulaire
avec hyper osmolarité :
• Hyper osmolarité entraine :
 Déshydratation intracellulaire avec sensation de soif
 Stimulation de la sécrétion d’ADH avec réabsorption rénale d’eau pure
• Hypovolémie  mise en jeu de la sécrétion d’aldostérone
- En cas d’hyperhydratation, les phénomènes sont inversés
VI. Conclusion :

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