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ÉQUILIBRE HYDRO-

ÉLECTROLYTIQUE
Plan
Introduction
I. la physiologie de l’équilibre hydro-électrolytique
1.Le Contenu en eau du corps
2.La Composition des compartiments liquidiens
3.Les Mouvements d’eau entre compartiments et les facteurs qui les
régissent
II. Régulation de l’équilibre hydro-électrolytique.
1. Expliquer le mécanisme de la soif.
2. Expliquer le rôle du rein dans l’équilibre hydro-électrolytique.
III. Exploration des compartiments hydriques et de l’osmolarité
IV. Les principaux désordres hydro-électrolytiques
– Extracellulaire : déshydratation et hyperhydratation
– Intracellulaire : déshydratation et hyperhydratation
V. Conclusion
INTRODUCTION
L’eau représente le constituant le plus abondant de notre organisme, elle définit l’état
d’hydratation.
Sa répartition entre les compartiments cellulaire et extracellulaire, son métabolisme
ainsi que son étude ne peuvent être dissociés de ceux des électrolytes, en particulier
le sodium, le potassium et le chlore.
Le terme « équilibre hydro-électrolytique » est ainsi justifié par le fait qu’un trouble
de l’hydratation correspond à un trouble du bilan de l’eau et/ou des électrolytes.
I. PHYSIOLOGIE DE L’EQUILIBRE HYDRO-
ELECTROLYTIQUE
1.Contenu en eau du corps
•≈ 60% (2/3) du poids du corps chez l’homme

•Varie selon l’âge


Nourrisson 75% ++
Vieillard < 60%
•Varie selon les organes, les tissus
graisse 10%
os 22%
Muscle 76%
b) Régulation eau

Le corps humain ne peut pas stocker l’eau


Élimination permanente
Urine +++
Transpiration
Respiration
Apport d’eau (boisson ou aliments) = obligatoire
Importance de la sensation de soif
1L /aliments et 1.5L/ boissons
3 jours sans boire
40 jours sans manger
Variations de la balance hydrominérale

Les sorties d’eau par l’organisme: Les entrées d’eau par l’organisme:
- La respiration - La prise de boisson:
2,5 litres / jour - La transpiration un comportement motivé
- L’activité des reins Sous le contrôle de la soif
- Excrétion fécale - L’eau métabolique

Balance négative = entrées<sorties

Si le volume sanguin diminue en dessous d’une certaine valeur, on parle


d’hypovolumie

Si la concentration des substances dissoutes augmente trop, on parle


d’hyperosmolarité sanguine ou hypertonicité

Ces 2 types de signaux déclenchent la prise de boisson par des mécanismes


différents.
I. BILAN DE L’EAU ET DES SUBSTANCES MINÉRALES
. BILAN DE L’EAU ET DES SUBSTANCES MINÉRALES
2.Les compartiments liquidiens

A. Les différents compartiments :


• Le compartiment extracellulaire
(1/3 PC -12L)
– Le compartiment vasculaire
– Le compartiment interstitiel
• Le compartiment intracellulaire
(2/3 PC -24 L)
L’ensemble des cellules de l’organisme
B.Composition des compartiments en électrolytes :
•L’état des liquides est régi par des règles fondamentales :
•Ils possèdent une neutralité électrique ;
•Ils sont isotoniques ;
•Ils ont des compositions ioniques très différentes.

En clinique :
- accès à la composition du secteur extracellulaire ionogramme sanguin ++
- il n’y a pas de moyen biologique simple permettant d’évaluer la composition du
milieu intracellulaire
3.Les échanges d’eau et d’ions entre les secteurs
3.A. Le secteur extracellulaire et le secteur intracellulaire ont des
compositions en ions très différente
- Le secteur EC est un milieu riche en Na+ et pauvre en K+
- Le secteur IC est un milieu riche en K+ et pauvre en Na+

Donc : La membrane qui sépare


le compartiment extracellulaire et
le compartiment intracellulaire :
« la membrane cellulaire » est
*imperméable aux ions.

*perméable à l’eau
3.B.Dans le secteur extracellulaire, le compartiment vasculaire et
le compartiment interstitiel ont la même composition

Donc : La membrane qui sépare le


compartiment vasculaire et
le compartiment interstitiel :
« la paroi capillaire » est
* perméable aux ions et aux solutés.
*Elle est perméable à l’eau
Imperméable aux protéines
Mouvement hydrique
Milieu extracellulaire (1/3) Milieu intracellulaire (2/3)
Plasma (8%) Milieu interstitiel (25%)

Protéines Prot
P. oncotique
70g/L 0-2g/L

P. art P. interstitielle
P. hydrostatique
70mmHg 0-10mmHg

Osmolalité Osmolalité
P osmotique
extracellulaire intracellulaire
II. REGULATION DE L’EQUILIBRE HYDROMINERAL :

1.Régulation des entrées :


La régulation des entrées de l’eau est assurée par l'intermédiaire
d'osmorécepteurs centraux de l'hypothalamus, qui déclenchent une
sensation de soif quand :
L’osmolalité plasmatique efficace dépasse 300mosm/Kg H2O
 le volume hydrique ou la pression sanguine artérielle diminue au moins de
10 à 15%
Naissance de la sensation de soif
La sensation de soif peut donc avoir 2 origines:

1.1- Baisse du volume extracellulaire suite à une perte du volume générale des
liquides de l’organisme: Soif volumétrique
Signal: diminution de la pression artérielle

1.2- Baisse du volume intracellulaire suite à une augmentation de la


concentration en soluté des liquides extra-cellulaires: Soif Osmotique
Signal: augmentation de la pression osmotique du plasma

Il n’y a pas d’adaptation à la soif. Seule l’ingestion d’eau permet de desaltérer.


Déficit en eau Déficit en eau
intracellulaire extracellulaire

Production
Salivaire réduite

Bouche sèche

Mécanorécepteurs
Récepteurs
Osmorécepteurs (parois vasculaires,
de la muqueuse
Hypothalamus Sinus carotidiens
buccale
et aortiques)

Soif osmotique Soif volumétrique


SOIF
2. Régulation des sorties : Les sorties d’eau sont soit:
A.Extra-rénales :(cutanées, respiratoires et digestives)
normalement faibles, sauf en ces de sudation importante,
d’hyperventilation ou de diarrhée hydro électrolytique.

B.Rénales : seul 1% d’eau filtrée passe dans l’urine définitive.


La régulation des sorties rénale d’eau est assurée par un ensemble de facteurs
endocriniens :
a. Hormone antidiurétique « ADH » :
•Synthétisée dans le corps cellulaire des noyaux supra optiques et para ventriculaires
de l’hypothalamus,
•Stockée au niveau de la posthypophyse et libérée quand :
la volémie ou la pression sanguine artérielle diminue au moins de 15%
 l’osmolalité augmente d’au moins 1 % (= 3mosm/kg)

•Agit sur des récepteurs spécifiques dans les canaux collecteurs en augmentant sa
perméabilité à l’eau entrainant une diminution de la diurèse sans variation du débit
de filtration glomérulaire.
:» b. Système Rénine Angiotensine Aldostérone « SRAA
•Effets de l’angiotensinogène :
c.L’aldostérone :
hormone sécrétée par la zone glomérulée de la corticosurrénale sous l’effet d’une
diminution du volume plasmatique induite par une restriction sodée.
Entraîne :
 une augmentation de la réabsorption du Na au niveau du TCP et TC par
stimulation de la pompe Na-K ATPase.
 une augmentation de la sécrétion du K+ et H+ ;

.
d le peptide atrial natriurétique « PAN »:
•sécrété par les myocytes auriculaires sous l’effet dune ↑ du volume plasmatique
induite par un apport important du sodium.
• Il ↑ le débit de filtration glomérulaire et l’excrétion rénale du Na+
e.Autres facteurs :
•Les hormones thyroïdiennes: augmentent l’élimination d’eau cutanée
et urinaire par :
Augmentation du DFG
Diminution de la réabsorption tubulaire du Na+
•Les catécholamines; augmentent la PA, donc la filtration glomérulaire
et la diurèse.
•Les stéroïdes:
les œstrogènes produisent une rétention hydro sodée
cortisol exerce une faible rétention sodée,
III. EXPLORATION DE L’EQUILIBRE HYDRO-ELECTROLYTIQUE :
A.EVALUATION DES VARIATIONS DU CAPITAL HYDRIQUE
1.Surveillance du poids
•geste simple et essentiel
•nourrisson : la courbe de poids constitue un élément majeur de surveillance
d'une perturbation hydrique.

1.Aspect de la peau et des muqueuses

Déshydratation extracellulaire
•Pli cutané,
•Hypotonie des globes oculaires,
•Pouls faible et rapide

Déshydratation cellulaire
•Sécheresse de la langue et des muqueuses,
•soif,
signes neurologiques
2.Méthode des bilans
•Le bilan aqueux = [Entrées d’eau - Sorties d’eau] (ml /24 heures)
•Inconvénients :
• milieu hospitalier spécialisé.
• sujette à de nombreuses erreurs.
3.Exploration des compartiments hydriques
Consiste à évaluer la dimension des secteurs hydriques par la détermination du volume
de diffusion d'une substance injectée par voie intraveineuse

Compartiment Répartition Marqueurs de En pratique


liquidien mesure

Eau totale 60 à 65 % du Poids eau tritiée la pesée


corporel

Secteur 20% du Pd corporel inuline, mannitol, TA, pli cutané


extracellulaire 24Na radioactif

Eau plasmatique 15% du Pd corporel bleu Evans, Hématocrite


rouge Congo Protidémie
4.OSMOLARITE ET OSMOLALITE :
Définitions :
•Osmolalité plasmatique: nombre d’osmoles de particules
osmotiquement actives par unité de poids de solvant (Osm /kg H2O)
– Substances neutres: 1 mmol → 1 mosm
– NaCl: 1 mmol → 2 mosm
–CaCl2: 1 mmol → 3 mosm
Natrémie est un bon reflet de l’osmolalité ++
•Osmolarité plasmatique : quantité d’osmoles par litre de plasma (eau
plasmatique + protides + lipides) (mOsm/L)
Osmolalité mesurée (par cryoscopie) :
•L’abaissement du point de congélation d’une solution est proportionnel
au nombre de moles dissoutes aussi bien les électrolytes que les
molécules non dissociées (glucose, urée...).
•Plasma normal -0°,54 ≤  c ≤ -0°,58 (300 mmol/kg)
Osmolalité estimée par le calcul :
Osmolalité plasmatique : en mosm/l
[Urée (g/l) x16]+ [glucose (g/l) x5.5] + [(Na++K+) x 2 (mEq/l)]
[Urée (mmol/l)]+ [glucose (mmol/l)] + [(Na++K+) x 2 (mEq/l)]
Osmolalité urinaire :
[Urée (g/l) x16]+ [(Na++K+) x 2 (mEq/l)]
1.Valeurs usuelles :
•Osmolarité plasmatique : 297 mosm/l.
•Osmolalité plasmatique : 300 mosm/ kg d’eau.
•Osmolarité plasmatique = Osmolalité plasmatique * 0.94

 Osmolarité et l’Osmolalité urinaire sont équivalentes : 800- 1200


mosm/L.
Le trou osmotique :
•Correspond à la différence entre l’Osmolalité mesurée et l’osmolalité calculée
•Correspond aux substances osmotiquement actives négligées dans le calcul
•Il est égal à 10 mosm/ kg d’eau
Le trou anionique :
Définition
Le trou anionique est la différence de concentration mesurée entre les cations
(sodium et potassium), et les anions, (chlorures et bicarbonates).
Trou anionique = [Na+ + K+] - [Cl– + HCO-3.]
Qu'indique le trou anionique?
•Reflète les anions du plasma qui ne sont pas mesurés, comme les protéines, les
acides organiques, les sulfates et les phosphates.
•peut aider à établir le diagnostic différentiel des acidoses métaboliques.
5.L’IONOGRAMME :
A.Ionogramme sanguin :
•Un examen d'urgence
•Apporte des renseignements rapides à la fois sur l'équilibre hydrominéral et
l'équilibre acido-basique.
Prélèvements :
•prélèvement à jeun (pour certains paramètres uniquement) sur sang veineux
ou artériel (si gazométrie « Bicarbonates »)
•dans un tube sec (sérum) ou avec anticoagulant (héparine de lithium pour
conservation du plasma).
•L'acheminement au laboratoire s'effectue rapidement afin d'éviter toute
hémolyse.
• L'échantillon sera centrifugé (pour obtention du plasma seul) ou non (sang
total).
Ionogramme sanguin : valeurs usuelles et méthodes de dosage:
ION V.U Méthode de dosage
Sodium 135 à 145 mEq/l
Photométrie de flamme
Ionogramme sanguin simple Electrode sélective
Potassium 3,5 à 5 mEq/l /Potentiométrie
ogrammes sanguin complet

Chlore 95 à 105 mEq/l Electrode séléctive

Bicarbonat
étendu

es 22 à 30 mEq/l Pvt artériel


B.Ionogramme urinaire: Interprétation couplée à
l’ionogramme sanguin.
1.Prélèvements : Urines de 24heures.
2.Ionogramme urinaire « valeurs usuelles »:
•Les Cations :
• Na+ : 50 – 220 mEq/24h.
• K+: 20- 130 mEq/24h.
• Les Anions :
• Cl- :0 – 250 mEq/24h.
1.la kaliurie doit être toujours interprétée en fonction de la kaliémie:
•Kaliémie basse / kaliurie basse : appropriée (pertes digestives)
/ Kaliurie élevée : origine tubulaire de la fuite (salidiurétiques,
Corticoïdes, hyperaldostéronisme)
•Kaliémie élevée /kaliurie élevée : source endogène de K+ (hypercatabolisme)
/kaliurie basse : insuf. Rénale ou surrénale, diurétiques d’épargne
K+

5.LA DENSITE URINAIRE


•Varie entre 1.001 et 1.035
•Mesurée à l’aide du densitomètre ou par des bandelettes urinaires (semi-quantitative)
IV. APPLICATIONS PATHOLOGIQUES.
Grands syndromes de perturbation de l’équilibre hydrominéral

1.Définitions:
•Les hyperhydratations : Rétention d'eau, augmentation du volume du secteur vasculaire
et/ou du secteur intracellulaire
•Déshydratations: Diminution du volume des secteurs extracellulaires et/ou
intracellulaires
•Les œdèmes : *augmentation cliniquement apparente du volume de liquide interstitiel
*infiltration de sérosité dans les tissus, en particulier dans les tissus sous-

cutanés et sous-muqueux

Principe général :
 Modification initiale est toujours extracellulaire (Volume /Osmolalité)
 Création d’un mouvement d’eau selon le gradient osmolalité
 Égalisation des osmolalités dans les compartiments
 Le contenu en osmoles du secteur intracellulaire reste constant
Milieu extra-cellulaire Milieu intra-cellulaire
eau
Osmolalité Osmolalité
hypernatrémie
hyperglycémie Déshydratation intracellulaire

Osmolalité eau Osmolalité


Na x2 + glucose
+

Hyperhydratation intracellulaire
Osmolalité
eau Osmolalité
hyponatrémie
(hypoglycémie)
2.GAINS ou PERTES d’eau et d’osmoles dans le secteur extra-cellulaire
A.Gains (ou pertes) ISO-OSMOTIQUES (iso-toniques)
Apport (ou pertes) sans le secteur extra cellulaire « EC » de liquide ayant la même
osmolalité que le plasma (300 mosmol/kg H2O).
 Pas de changement d’hydratation du secteur intracellulaire « IC ».
 ( ou ) du contenu en eau et en Na+ mais pas de variation de l’osmolalité.

Hyperhydratation Extra Cellulaire Déshydratation Extra Cellulaire


– Exemple : apport excessif de soluté • exemple : hémorragie importante,
iso-osmotique en perfusion Signes cliniques :
Signes cliniques : •Diminution de la Pression Artérielle
• Augmentation de la Pression Artérielle •Augmentation de la fréquence cardiaque
• Prise de poids, •Perte de poids, Pli cutané
• œdèmes interstitiels Signes biologiques :
Signes Biologiques : •Augmentation de l’hématocrite
• Diminution de l’hématocrite •Augmentation de la protidémie
• Diminution de la protidémie •Osmolalité et natrémie normales
• Osmolalité et natrémie normales
Conséquences des modifications iso osmotiques du LEC
Hyperhydratation extracellulaire
Déshydratation Extracellulaire (DEC)
1.Gains (ou pertes) HYPER-OSMOTIQUES (hypertoniques) ou
HYPO-OSMOTIQUES (hypotoniques)
Apport (ou pertes) dans le SEC de liq dont l’osmolalité est différente de celle du
plasma
 Variation (augmentation ou diminution) de l’osmolalité plasmatique.

 Mouvements d’eau du secteur intra vers le secteur extracellulaire ou l’inverse .

 Changement de l’hydratation du secteur IC


Apports hypotoniques au LEC
Diagnostic étiologique de L’Hyperhydratation Intracellulaire (HIC)
Apport hypertonique au LEC
Déshydratation Intracellulaire (DIC)
•En résumé :
Déshydratations extracellulaires
(Perte d'eau et de sels)
= Isotonique (eau = sels) : DHEC isolée
= Hypotonique (eau < sels) : DHEC + HHIC
= Hypertonique (eau > sels) : DHEC + DHIC
Hyperhydratations extracellulaires (rétention d'eau et de sels)
= Isotonique (eau = sels) : HHEC isolée
= Hypotonique (eau > sels) : HHEC + HHIC
= Hypertonique (eau < sels) : HHEC + DHIC

Hydratation extracellulaire dépend du bilan sodé:


•Bilan Na « + »: hyperhydratation extracellulaire (HEC)
•Bilan Na « -» : déshydratation extracellulaire (DEC)
Hydratation intracellulaire dépend de l’osmolalité extracellulaire:
•Hypo osmolalité extracellulaire = hyperhydratation intracellulaire (HIC)
•Hyper osmolalité extracellulaire= déshydratation intracellulaire (DIC)
•Les hypernatrémies
•Variations de la kaliémie
•Conclusion

L’équilibre hydro minéral est :


•Indispensable à la vie
•Dépend d’un bilan équilibré entre les apports et les pertes de l’organisme surtout
en ce qui concerne l’eau et le sodium

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