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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 26-500-C-10

26-500-C-10

Kinésithérapie respiratoire :
démarche diagnostique, techniques
d’évaluation, techniques kinésithérapiques
M Antonello
D Delplanque
B Selleron
Résumé. – La kinésithérapie respiratoire, rarement curative d’une déficience ou d’une dysfonction, trouve
plus volontiers sa place dans la prévention ou le traitement des complications d’une atteinte respiratoire
aiguë ou chronique. Palliative, elle participe aussi à l’éducation des patients vers la gestion d’une maladie
respiratoire chronique.
Ses principaux champs d’action sont :
– le traitement d’un encombrement aigu ou la gestion de l’encombrement chronique dans le cas d’une
maladie hypersécrétante ;
– le traitement d’une obstruction et de ses conséquences sur la mécanique ventilatoire externe, mais aussi
l’apprentissage de la maîtrise du souffle dans la gestion d’une maladie obstructive chronique ;
– le traitement d’un dysfonctionnement aigu de la mécanique ventilatoire externe ;
– le traitement de l’insuffisance respiratoire aiguë ou chronique ;
– la réhabilitation à l’effort, la réduction de la dyspnée et l’amélioration de la qualité de vie.
Partant d’un diagnostic médical et d’une prescription de rééducation, la démarche diagnostique permet
d’établir une représentation d’une situation clinique et de son évolutivité probable. Elle permet aussi
d’évaluer les ressources de la kinésithérapie à en modifier le pronostic. Elle aboutit à poser un diagnostic
kinésithérapique dont découlent projet thérapeutique, objectifs de soins et choix technologiques.
La présentation des techniques et des critères d’évaluation, d’ordre méthodologique, indique la contribution
que chaque examen peut apporter à la compréhension du problème médical du patient ainsi qu’à la
construction d’un bilan ciblé. Par ailleurs, sont précisés les critères qui servent l’évaluation de l’efficience de la
kinésithérapie.
Les techniques sont abordées par l’étude de leurs fondements biomécaniques, ce qui permet d’en indiquer la
pertinence par rapport à un objectif donné de kinésithérapie mais, aussi, de les adapter à chaque situation
clinique et d’en comprendre les limites.
© 2003 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : kinésithérapie respiratoire, réhabilitation respiratoire, éducation thérapeutique.

Introduction Elle trouve sa place dans : – la réhabilitation à l’effort, la réduction de


la dyspnée et l’amélioration de la qualité de
En fonction du patient et du contexte – le traitement d’un encombrement aigu
vie.
clinique, la kinésithérapie respiratoire peut (infection bronchique) ou la gestion de
être : l’encombrement chronique dans le cas d’une
m a l a d i e h y p e r s é c r é t a n t e ( b ro n c h i t e
– curative pour traiter une déficience chronique, bronchopneumopathie chronique Démarche diagnostique
(rarement) ou, plus souvent, corriger une
dysfonction ;
obstructive ou BPCO, bronchectasie, et élaboration du projet
mucoviscidose) ;
– préventive pour éviter la décompensation de kinésithérapie
– le traitement d’une obstruction et de ses
d’une maladie chronique ou tenter d’en
conséquences sur la mécanique ventilatoire
limiter voire retarder l’aggravation ; L’élaboration du projet thérapeutique de
externe mais aussi l’apprentissage de la
– palliative pour compenser ou gérer un kinésithérapie est le processus par lequel on
maîtrise du souffle dans la gestion d’une
handicap. détermine un but réaliste à la rééducation.
maladie obstructive chronique (asthme,
Ce projet se décline en un programme
BPCO…) ;
d’objectifs réalisables par la mise en œuvre
– le traitement d’un dysfonctionnement aigu de moyens adaptés.
Marc Antonello : Cadre supérieur, kinésithérapeute.
de la mécanique ventilatoire externe
Licence des sciences de l’éducation, hôpital Antoine-Béclère, 157, rue Partant d’un diagnostic médical et d’une
de la Porte-de Trivaux, 92141 Clamart cedex, France. (pleurésie, suites de chirurgie abdominale ou
Dominique Delplanque : Kinésithérapeute. prescription de rééducation, ce projet est
thoracique…) ;
Certifié en kinésithérapie respiratoire, 78500 Sartrouville, France. l’aboutissement d’une démarche
Bertrand Selleron : Cadre kinésithérapeute.
Maîtrise des sciences de l’éducation, Centre médical des pins,
– le traitement de l’insuffisance respiratoire diagnostique. Celle-ci a pour but d’établir
41600 Lamotte Beuvron, France. aiguë ou chronique ; une représentation de la situation clinique et

Toute référence à cet article doit porter la mention : Antonello M, Delplanque D et Selleron B. Kinésithérapie respiratoire : démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques. Encycl Méd Chir (Editions
Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation, 26-500-C-10, 2003, 24 p.
Kinésithérapie respiratoire :
26-500-C-10 Kinésithérapie
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
son évolutivité probable. Elle permet aussi la place possible de la kinésithérapie, ses – l’ébauche d’un système d’évaluation de
d’évaluer les ressources de la kinésithérapie critères et ses indicateurs de qualité, pour l’efficience de la prise en charge.
à en modifier le pronostic. anticiper sur la récupération fonctionnelle
Ce projet est négocié avec le patient car sa du malade et réajuster la stratégie ¶ Bilan orienté
finalité est avant tout de favoriser la t h é r a p e u t i q u e . » ( J Wi l s . R e n c o n t r e s
kinésithérapiques de l’AP-HP, 1998). À partir de cette hypothèse, le bilan est
réalisation du projet de vie de ce même
orienté vers la recherche des critères les plus
patient. Une fois posé, ce diagnostic n’est pas figé
pertinents, ciblés pour :
car, comme le souligne E Viel : « Le
diagnostic kinésithérapique doit être – confirmer le tableau clinique ;
DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE
considéré comme constamment révisable,
– valider l’hypothèse de diagnostic.
Activité de problématisation, elle met en par contraste avec le diagnostic médical,
relation des informations de nature posé une fois pour toutes et invariable Une recherche exhaustive et aveugle fait
théorique (issues du savoir) et de nature puisque nominal. » (E Viel. Le diagnostic perdre beaucoup de temps sans être plus
pratique (issues de l’expérience et de la kinésithérapique, Paris : Masson, 1998, 36). efficace.
situation concrète) qui constituent une Il convient donc de relier les principaux
Il s’inclut dans une démarche plus large qui
problématique clinique. C’est un objectifs, qu’on sait réalisables en
replace la kinésithérapie dans un projet
raisonnement ouvert qui permet d’intégrer kinésithérapie respiratoire, aux critères qui
global et pluriprofessionnel de soins : « Le
des informations venant d’autres champs en étayent la définition. La recherche du
diagnostic est une démarche inductive,
que ceux de la rééducation respiratoire dysfonctionnement et le choix d’évaluer
déductive et prédictive, qui fait
proprement dite. Elle associe un certains critères plus significatifs que
constamment l’aller et retour entre le
questionnement, des hypothèses et une prise d’autres viennent de la connaissance
malade, les théories et les pratiques
de position car poser un diagnostic préalable des atteintes physiopathologiques
kinésithérapique en est la finalité. médicales et kinésithérapiques pour mieux
inscrire la rééducation dans le projet de d’une maladie. Certains critères sont
Comme tout acte de pensée, elle est soin. » (J Wils, id). systématiquement retenus car potentiel-
singulière, propre au sujet qui l’élabore, du lement présents dans le tableau clinique.
fait de sa formation, de son expérience et de
sa capacité à réguler ses propres ÉTAPES DE LA DÉMARCHE ¶ Réalisation du bilan
raisonnements. DIAGNOSTIQUE
Le modèle hypothéticodéductif proposé Recueillir des variables quantitatives ou
dans cet article, rejoint, par bien des aspects, ¶ « Représentation-ébauche » qualitatives requiert de connaître non
le raisonnement clinique médical [9, 10]. du patient seulement l’anatomie et la physiologie
(normes de fonctionnement) mais aussi
Le diagnostic médical, la prescription et le l’indication, la validité et la fiabilité des tests
DIAGNOSTIC KINÉSITHÉRAPIQUE contexte (situation d’urgence ou chronicité, utilisés ainsi que leurs conditions de
stade d’évolution) permettent, d’emblée, réalisation.
L’Association française de normalisation d’établir une « représentation-ébauche » du
(AFNOR) énonce qu’un diagnostic est Une variable est une donnée brute qui n’a
patient à partir des connaissances
l’analyse des points forts et des points certainement pas la même valeur, le même
concernant l’anatomopathologie, la
faibles. L’Association française de recherche sens pour tous les patients ou tous les
physiopathologie, l’expression clinique,
et d’évaluation en kinésithérapie (AFREK) contextes cliniques. Chaque résultat est donc
l’évolution des maladies ainsi que leur
propose une définition plus spécifique pour interprété et apprécié (processus
traitement habituel (médical, kinésithéra-
la rééducation, par l’utilisation des concepts d’évaluation).
pique ou autre) enrichies de l’expérience
de la classification internationale du En pratique, recueil d’une variable et
clinique.
handicap (CIH). Le diagnostic kinésithéra- évaluation du résultat sont réalisés
pique devient, alors, l’identification des Cette « représentation-ébauche » comprend :
simultanément.
déficiences, incapacités et désavantages d’un – les déficiences et handicap présagés ;
malade. Cependant, cette dernière définition
n’envisage plus les points forts, c’est-à-dire – le tableau clinique vraisemblable ; ¶ Mise en lien et évaluation
les éléments sur lesquels le patient et le des résultats du bilan :
– l’évolution prévisible ;
kinésithérapeute pourront s’appuyer pour le diagnostic kinésithérapique
mettre en œuvre une rééducation. La – le traitement médical probable.
La mise en lien des données issues du bilan
classification internationale du fonction-
et l’évaluation globale de l’ensemble des
nement, du handicap et de la santé (CIF), ¶ Hypothèse diagnostique
résultats du bilan sont un temps de réflexion
parue récemment, modifie ce point de vue
Par le même processus d’activation et de qui doit permettre de :
car elle intègre des points positifs (intégrité,
activité, participation) ainsi que les facteurs confrontation de ressources cognitives
– préciser les dysfonctionnements par la
environnementaux facilitateurs ou créant des (données scientifiques, raisonnement) et
mise en lien des données issues de l’examen
obstacles. d’expérience clinique (mémoire), une
clinique et des examens complémentaires ;
hypothèse de diagnostic kinésithérapique
Pour nous, le diagnostic kinésithérapique peut être élaborée. – apprécier les répercussions de ceux-ci sur
consiste en la reconnaissance de le projet de vie du patient ;
dysfonctionnements susceptibles de justifier Cette hypothèse permet d’envisager la place
d’objectifs réalistes de kinésithérapie dans le et l’efficience de la kinésithérapie dans la – préciser le but global à atteindre (en terme
cadre d’un projet thérapeutique. stratégie thérapeutique globale, avec : de résultats) ainsi que les objectifs
Cette conception rejoint celle de J Wils : « Le intermédiaires ou particuliers à réaliser.
– l e s o b j e c t i f s p o t e n t i e l s d u p ro j e t
diagnostic kinésithérapique essaye d’évaluer thérapeutique ; Il s’agit d’apprécier la potentialité de
les chances ou les probabilités de réussite diminuer ou de pallier le ou les
– la posologie éventuelle ;
du soin qu’il propose en même temps qu’il dysfonctionnements par une prise en charge
le propose… Il vise à évaluer et déterminer – les choix technologiques probables ; kinésithérapique, ceci dans le but de

2
Kinésithérapie respiratoire :
Kinésithérapie 26-500-C-10
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
permettre au patient de réaliser son projet
de vie. Prescription + Diagnostic médical + Contexte clinique 1 Conception et mise en
œuvre d’un projet thérapeuti-
Ce véritable pronostic kinésithérapique que de kinésithérapie. Le mot
permet de juger de la pertinence, de la régulation est à définir comme
cohérence, de la hiérarchisation d’objectifs mise à distance, recherche de
« Représentation-ébauche » du patient sens en rapport avec le(s) pro-
de rééducation tant en fonction de leur jet(s) (pas seulement en rap-
faisabilité qu’en fonction de la disponibilité port à des normes préétablies)
de moyens thérapeutiques adaptés. Ce puis réajustement des prati-
pronostic est issu de la confrontation du Hypothèse diagnostique ques et du (des) projet(s).
problème médical du patient (donc, entre
autres, de la problématique kinésithéra-
pique) avec l’état des connaissances sur les
Bilan orienté
possibilités thérapeutiques en général et sur
l’efficience de la kinésithérapie dans le
traitement de la maladie ou de ses
conséquences en particulier. Recueil de variables + évaluation

PROJET THÉRAPEUTIQUE
Les objectifs retenus vont déterminer le Évaluation du bilan
projet de soins. Ce projet doit permettre
d’argumenter les choix techniques, de
prévoir l’évaluation du processus de
Diagnostic kinésithérapique : but et objectif(s), posologie
rééducation et d’en planifier la mise en
œuvre (posologie des séances de
kinésithérapie).
Il est donc nécessaire de disposer de Choix technologiques par objectif selon le but
connaissances sérieuses sur les techniques de
rééducation dans leur variété, leur mode
d’action, leur posologie, leurs résultats. Ce
Traitement kinésithérapique
projet de soins doit s’intégrer dans celui,
plus global, de toute l’équipe soignante. Il
est donc nécessaire de disposer de
connaissances sur le travail et le rôle de Résultats
chaque membre de l’équipe de soins et
d’organiser un travail d’équipe vers la
continuité des soins. Enfin, ce projet doit être
élaboré avec le patient et nécessite d’acquérir Boucles de réévaluation, de régulation. Boucles d’action
une capacité de formateur, en termes de
pédagogie et d’éducation.
Boucles de réflexion

SYSTÈME D’ÉVALUATION
Au total, la stratégie thérapeutique mise en Techniques d’évaluation
Élaboré simultanément lors de ces étapes, il place doit être justifiée (argumentation), de
permet de juger de l’adaptation des qualité (validation des techniques, en kinésithérapie
techniques, de l’atteinte des objectifs voire consensus), efficace et rentable (évaluation respiratoire
de la validité du projet et des hypothèses des soins) et au meilleur coût.
posées à chaque étape. Les boucles de
régulation incluses dans le système doivent
permettre d’intégrer les modifications Par la mise en œuvre d’une démarche
instantanées induites à court, moyen et diagnostique dans l’élaboration du La présentation des techniques
long termes par l’exercice de la projet thérapeutique de kinésithérapie, le d’évaluation ou de kinésithérapie n’a
kinésithérapie (informations complémen- kinésithérapeute peut justifier, prouver, aucun caractère de classification ou d’ordre
taires éventuelles imprévisibles par le partager et collaborer à la fois avec les chronologique, mais est plutôt une
raisonnement clinique). autres membres de l’équipe de soins et le description d’ordre méthodologique. Nous
patient. tenterons de déterminer la contribution que
Il faut donc acquérir des connaissances sur
Les textes réglementaires récents chaque examen peut apporter à la
la méthodologie d’évaluation pour savoir
imposent la formalisation par écrit du compréhension du problème médical du
d é t e r m i n e r l e s c r i t è re s d ’ effi c a c i t é ,
diagnostic kinésithérapique, du projet de patient ainsi qu’à la construction d’un bilan
d’efficience, de rentabilité à court, moyen et
soins et de l’évaluation de la réalisation ciblé.
long termes. L’efficacité est définie par l’écart
entre le résultat obtenu et le résultat attendu. dudit projet. La plupart des critères d’évaluation ou
Le rendement est défini par le rapport entre Ces éléments deviennent donc outils de indicateurs décrits dans ces chapitres n’a
l’énergie dépensée et le travail produit. décision et de communication, qui valent, pas fait l’objet d’études cliniques pour en
L’efficience est définie par le rapport entre le pour le médecin et le patient, véritable valider la pertinence. Leur choix résulte
rendement attendu et le rendement obtenu. contrat explicite, du début à la fin du d’hypothèses issues de l’expérience et de
La rentabilité s’exprime par le bénéfice traitement kinésithérapique (fig 1). l’observation confrontées à des
obtenu. raisonnements physiopathologiques.

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Kinésithérapie respiratoire :
26-500-C-10 Kinésithérapie
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
EXAMEN CLINIQUE RESPIRATOIRE comme un essoufflement au repos et/ou à
l ’ e ff o r t , s o i t e n c o re p a r d e s b r u i t s
¶ Entretien et recherche respiratoires à type de sifflement. Ces
d’informations médicales derniers prennent une dimension plus
angoissante la nuit ;
L’efficacité du traitement dépend souvent de
la qualité de la communication donc de la – une fatigue générale et des douleurs ;
relation et de la confiance qui s’instaurent – un encombrement bronchique qui
dès le premier contact avec le patient. s’exprime par une toux grasse plus ou moins
Adapter son discours, vérifier que le patient productive, qui perturbe sa vie relationnelle
a bien compris et reformuler si besoin sont et sociale ou qui l’empêche de dormir la
les éléments clés d’une communication nuit. Cette toux peut aussi se manifester au
efficace. cours d’efforts de la vie quotidienne que le
I l e x i s t e t r è s s o u v e n t u n e c a re n c e patient évitera.
d’information (non donnée ou mal Pourtant, ces symptômes sont souvent sous-
comprise) qui peut créer une distorsion entre
2 Échelle visuelle analogique d’évaluation de la
évalués par le patient qui, inconsciemment, dyspnée.
les attentes du patient et ce qui est limite ses activités pour minimiser la gêne.
réellement faisable. Or, pour qu’un projet L’entretien ne suffit donc pas à en révéler
thérapeutique réaliste, négocié et partagé stimulus et la dyspnée comme réponse à ce
l’importance réelle. stimulus. Une place importante doit donc
soit établi, le patient doit disposer de
l’ensemble des informations. être donnée à la compréhension mutuelle
Évaluation de la dyspnée patient-thérapeute de la sensation désignée
Le projet thérapeutique proposé au patient
La dyspnée est une sensation de gêne par le professionnel sous le terme de
peut alors tenir compte de ses désirs, de ses
respiratoire perçue et exprimée par le patient dyspnée. Dans une logique d’évaluation,
motivations, et la mise en œuvre en sera
qui correspond à « la perception pénible cette dernière est considérée en tant que
évaluée d’après des critères communs et
d’un désaccord entre la demande variable, c’est-à-dire sujette à fluctuation.
réalistes. Les meilleurs résultats ne sont en
général obtenus que si le patient devient ventilatoire et les possibilités mécaniques du L’échelle visuelle analogique (EVA) permet
partenaire, et qu’il se sent en partie coauteur système thoracopulmonaire » [24]. La théorie de mesurer l’intensité de la dyspnée qui
de ce projet de l’inadaptation tension-longueur postule devient une variable quantitative, c’est-à-
que la dyspnée survient lorsqu’il existe une dire qu’elle peut prendre une infinité de
Entretien inadéquation entre l’effort nécessité par la valeurs (entre 0 et 10) (fig 2). C’est donc une
respiration et la profondeur de l’inspiration. échelle ordinale, c’est-à-dire qu’elle attribue
Quelques questions simples vont guider la Il y a alors confluence entre deux types un indice numérique à des stades
recherche d’informations. d’informations : besoins ventilatoires élevés d’apparition de la dyspnée. Cependant, il
pour subvenir à des besoins énergétiques n’y a pas d’unité sous-jacente correspondant
• Qui est le patient et quel est le problème augmentés et sollicitation intense des à une réalité. Un trait placé à 2 cm ne
médical ? muscles respiratoires. désigne pas nécessairement une intensité
L’état civil, la recherche des activités Dans un contexte de pathologie respiratoire, double de celle d’un trait placé à 1 cm [12].
professionnelles et personnelles permettent l’hyperventilation permanente peut être Pour mesurer des variations dans le temps,
d’approcher le contexte social. compensatrice d’une insuffisance respiratoire la reproductibilité est bonne sur 1 mois si le
chronique sans que le sujet ressente de patient a pu identifier un point d’ancrage au
La recherche de l’indication du traitement
dyspnée. Toutefois, l’état de tension des cours d’un épreuve d’initiation [ 2 8 , 2 9 ] .
prescrit et de l’évolution récente de la
muscles respiratoires d’un patient BPCO Cependant, l’EVA entraîne une distorsion
pathologie, des antécédents médicaux et
distendu ou restrictif sévère est déjà très par rapport aux échelles de ratio, qui
chirurgicaux qui peuvent avoir un lien avec
i m p o r t a n t a u re p o s . D è s l o r s , u n e conduit à une sous-estimation de
cette indication, viennent préciser le
augmentation des besoins ventilatoires qui l’augmentation de la sensation. Pourtant,
problème médical.
paraîtrait anodine pour un sujet non malade, l’EVA semble plus sensible que l’échelle de
Par ailleurs, l’entretien permet d’apprécier Borg, avec une résolution deux fois plus
déclenche ou majore la dyspnée.
la connaissance qu’a le patient de sa élevée [34].
pathologie et du traitement médical prescrit. L’augmentation progressive de la dyspnée
L’observance de ce traitement peut aussi être conduit souvent le patient à une L’échelle de Borg (fig 3) est une échelle
évaluée à ce moment. autolimitation inconsciente et insidieuse des intervallaire qui introduit une distance
activités. C’est donc lorsqu’elle devient arithmétique entre les modalités de la
dyspnée. Elle associe une échelle verbale,
• De quoi se plaint le patient, handicap qu’elle est exprimée par le patient
et justifie parfois la consultation. d’intensité croissante, à une échelle
qu’est-ce qui le gêne ?
numérique. Elle contribue à rétablir l’aspect
La dyspnée n’en est pas moins un indicateur
La verbalisation des symptômes et de leur exponentiel de la dyspnée, la sensation
pertinent et incontournable du retentis-
retentissement sur la qualité de vie permet progressant plus vite que l’intensité de
sement de la pathologie respiratoire sur la
souvent de déterminer les attentes donc les l’effort qui la provoque. Elle est donc plus
qualité de vie du patient. L’impossibilité de
critères sur lesquels le patient va évaluer la favorable à des études comparatives.
standardiser cette sensation, d’en établir des
qualité du traitement. C’est d’autant plus Les échelles de corrélation dyspnée/effort
normes, conduit à en interpréter le sens pour
vrai dans le cadre des maladies respiratoires permettent de désigner le stade d’apparition
un individu dans une situation singulière,
chroniques (notamment BPCO et asthme) de la dyspnée d’effort par niveau croissant
plutôt qu’à en mesurer une improbable
car la diminution de la qualité de vie et la d’intensité [30] (tableau I).
valeur absolue.
perte de productivité augmentent à mesure
que la maladie progresse. L’évaluation de la dyspnée étudie donc
Questionnaires de qualité de vie
quantitativement et qualitativement la
Les symptômes les plus fréquemment
relation entre un stimulus (le contexte Lorsque l’évaluation de la qualité de vie
exprimés sont :
ventilatoire) et la réponse sensorielle qu’il nécessite d’être plus documentée dans le
– une gêne respiratoire que le patient décrit provoque (sensation perçue). Cette approche c a d re d ’ u n p ro j e t d e r é h a b i l i t a t i o n
soit comme une difficulté à respirer peut présenter un intérêt en rééducation si respiratoire, des questionnaires spécifiques
complètement associée à une angoisse, soit l’on envisage l’activité physique comme sont disponibles.

4
Kinésithérapie respiratoire :
Kinésithérapie 26-500-C-10
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
capacité d’un individu à tirer satisfaction de pour nommer (qualifier) les différents types
son mode de vie dans un environnement d’altérations de la qualité de vie(tableau III).
donné. Le concept de qualité de vie a évolué Grobois a proposé un questionnaire où les
depuis 1970 pour progressivement réponses sont cotées sur des échelles
s’approcher de l’idée de santé perceptuelle, visuelles analogiques, ce qui a pour
c’est-à-dire de la perception qu’a le sujet de avantage de simplifier la procédure. Les
son état physique, mental et social mais dimensions cotées sont le sommeil, l’anxiété,
aussi du retentissement des éventuelles l’essoufflement, les possibilités physiques et
thérapeutiques nécessaires au maintien de la sensation de bien-être. Cette démarche
cet état. Cette vision large et complexe de la simple à mettre en œuvre demande des
qualité de vie correspond en psychosocio- évaluations complémentaires (fig 4).
logie à la théorie de la motivation de
Maslow.
Les questions auxquelles répondent
L’évaluation de la qualité de vie doit donc entretien et recherche d’informations
mesurer des sensations vécues, ressenties médicales :
par le patient. À cet effet, des questionnaires – Qui est le patient ?
ont été élaborés afin de guider le travail des – Quel est le problème médical ?
professionnels de santé : – De quoi se plaint le patient, qu’est-ce
qui le gêne ?
– génériques et applicables à toute une
– Que sait-il de sa maladie, du
population, indépendamment du contexte
traitement ?
de la pathologie, ils mesurent des domaines
– Qu’attend-il du traitement ?
généraux de la santé : inconfort physique,
capacités fonctionnelles, bien-être psychique La diminution de la dyspnée et
et interactions sociales (tableau II) ; l’amélioration de la qualité de la vie sont
souvent d’excellents critères d’efficacité
– spécifiques des pathologies respiratoires, de la prise en charge d’une maladie
3 Échelle de Borg [26]. ils intègrent des questions propres à
respiratoire, notamment chronique. Par
l ’ é v a l u a t i o n d u re t e n t i s s e m e n t d e s
ailleurs, les variations de la dyspnée au
symptômes comme la dyspnée ou
Tableau I. – Échelle de Sadoul. cours d’une séance sont un bon critère
l’encombrement sur la qualité de vie.
d’adaptation des choix technologiques.
Stade Dyspnée/intensité effort Pour les BPCO, quelques instruments
Dyspnée pour des efforts importants ou
spécifiques ont été validés : le Chronic
1
au-delà du 2e étage Respiratory Questionnaire (CRQ), le Saint- ¶ Signes cliniques d’hypoxémie,
George’s Respiratory Questionnaire (SGRQ) d’hypercapnie
2 Dyspnée à la marche en pente légère
seul traduit en français et évalué, les Based L’hématose est la fonction première du
3 Dyspnée à la marche normale en terrain plat Line and Transitional Dyspnea Indexes (BDI système convectif cardiorespiratoire, qui
et TDI), le Questionnaire européen de associe ventilation et circulation. Les signes
4 Dyspnée à la marche lente
l’insuffisant respiratoire chronique (IRC), cliniques des troubles de l’hématose
5 Dyspnée au moindre effort l’Oxygen Cost Diagram (OCD). Pour (hypoxémie et hypercapnie) sont nombreux,
l’asthme, ont été élaborés l’Asthma Quality communs aux deux anomalies ou en relation
of Life Questionnaire (AQLQ), le directe avec l’une des deux. Ils n’ont de sens
L’introduction de la notion de qualité de vie Standardised Asthma Quality of Life que liés entre eux et rapportés au contexte
dans le domaine de la santé répond à la Questionnaire (AQLQ(S)), le Mini Asthma clinique. Ils orientent souvent la prescription
définition donnée par l’Organisation Quality of Life Questionnaire (MiniAQLQ). médicale de mesure des gaz du sang, seul
mondiale de la santé (OMS) : il s’agit d’un Ce sont souvent, à l’instar du Saint-George’s critère réellement objectif de l’hématose.
état de bien-être physique, mental et social. Respiratory Questionnaire, des échelles de En kinésithérapie, ces derniers donnent peu
La qualité de vie vise alors à décrire la type nominal car elles proposent des items de renseignements, si ce n’est dans

Tableau II. – Instruments génériques de qualité de vie. D’après Alvéole. La réhabilitation respiratoire, guide pratique. Imothep/Maloine, Paris,
2000, p 37.

Instruments Domaines et dimensions examinés Longueur Administration Validité, reproductibilité et sensibilité

Physique :
ambulation, mobilité, soins personnels
Social :
SIP Bien-être général, interactions sociales, état d’éveil, émo- 136 items (30 min) Seule Bien démontrée
tions, capacités de communication.
Sommeil et repos, alimentation.
Entretien de l’habitation et divertissement.

Mobilité :
Mesure des modes de déplacement.
QWB Physique et social : 50 items (12 min) Aidée Sensibilité mal démontrée
Mesure des limites de l’activité.
Symptômes

Activité physique, limitations dues à l’état physique, dou-


leurs physiques.
SF-36 Vie et relation avec les autres, santé psychique, limitations 36 items Seule Sensibilité mal démontrée.
dues à l’état psychique.
Vitalité, santé perçue.

5
Kinésithérapie respiratoire :
26-500-C-10 Kinésithérapie
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
Tableau III. – Instruments spécifiques de qualité de vie utilisés chez le patient atteint de bronchopneumonie chronique obstructive (BPCO).
D’après Alvéole. La réhabilitation respiratoire, guide pratique. Imothep/Maloine, Paris, 2000, p 39.

Instruments Domaines et dimensions examinés Longueur Administration Validité, reproductibilité et sensibilité

CRQ Dyspnée, fatigue, anxiété, émotion 20 items (20 min) Aidée 3 dimensions bien démontrées

Symptômes :
Toux, expectorations, sifflements, dyspnée.
3 dimensions bien démontrées
SGRQ Activités : 76 items (15 min) Aidée/seul
traduit en français et évalué
Travail domestique, loisirs, aspects physiques.
Impacts au niveau social et émotionnel.

Altérations fonctionnelle.
3 indices avec
BDI Importance des tâches provoquant de la dyspnée. Aidée 3 dimensions bien démontrées
4 grades (< 5 min)
Importance des efforts entraînant la dyspnée.

Santé.
Activités quotidiennes.
IRC 28 items Aidée Discriminatif dans l’IRC
Fonctions cognitives.
Invalidité.

OCD Simple ligne verticale marquée d’activités progressivement plus 1 item (< à 5 min) Seule Reproductibilité et validité partielles.
exigeantes en termes de dyspnée Pas aussi sensible que le SGRQ

L’agitation, l’irritabilité et les troubles du


La qualité de votre sommeil est : 4 Échelles visuelles analogi-
jugement critique sont évocateurs
ques de Grobois. D’après Al-
véole. La réhabilitation respira- d’hypoxémie dans le contexte d’une
pathologie respiratoire.
Très bonne Très mauvaise toire, guide pratique. Imothep/
Maloine, Paris, 2000, p 39. La tachycardie apparaît, lors d’une hypoxie,
pour accélérer le transport d’oxygène et
Où situez-vous l’importance de votre état d’anxiété ? compenser la diminution de la saturation en
oxygène de l’hémoglobine.
L’hippocratisme digital signe, à moyen
Très importante Nulle terme, une hypoxémie chronique.

Signes d’hypercapnie
Où situez-vous l’importance de votre essoufflement ?
L’hypercapnie est l’augmentation de la
PaCO2 (pression partielle en gaz carbonique
Pas essoufflé Très essoufflé dans le sang artériel).
L e s s u e u r s p ro f u s e s , s e c o n d a i re s à
l’hypersécrétion de catécholamines
Où situez-vous vos possibilités physiques ? endogènes responsables d’une vasodilatation
capillaire cutanée, prédominent
habituellement au visage.
Très mauvaises Très bonnes
Le flapping tremor correspond à une
incoordination neuromotrice. Les yeux
fermés, le patient est incapable de maintenir
Où situez-vous votre sensation de bien-être ? ses membres supérieurs tendus, doigts
écartés, qui oscillent de bas en haut
(battement).
Très bonne Très mauvaise
La somnolence et l’obnubilation progressive
peuvent aboutir au coma.

l’évaluation initiale de l’insuffisance Signes d’hypoxémie Une augmentation de la pression artérielle


respiratoire en phase stable d’une maladie peut être liée à une hypercapnie.
respiratoire chronique, ou lors d’une La cyanose apparaît lorsque le taux
insuffisance respiratoire aiguë. d’hémoglobine réduite devient supérieur à
5 g/100 mL de sang. C’est donc un signe En kinésithérapie, les signes cliniques
En revanche, les fluctuations de la PaO2 d’hypoxémie ou d’hypercapnie orientent
(pression partielle en oxygène dans le sang tardif. Elle n’est pas corrélée à la SpO2 car
vers l’analyse des gaz du sang pour
artériel) sont plus volontiers évaluées par les une polyglobulie la majore tandis qu’une évaluer la gravité d’une insuffisance
variations de la SPO 2 (saturation par anémie la minore. respiratoire, en phase stable d’une
oxymétrie de pouls) que par l’apparition Il est important de distinguer : maladie respiratoire chronique ou lors
d’une cyanose, essentiellement considérée d’une insuffisance respiratoire aiguë. Ils
comme un signe d’alerte ou de gravité. – la cyanose centrale qui traduit une guident aussi vers la surveillance d’une
hypoxémie d’origine respiratoire, visible au aggravation de l’insuffisance respiratoire
En phase d’insuffisance respiratoire aiguë,
niveau des lèvres, des oreilles et des ongles ; lors d’exercices respiratoires susceptibles
l’apparition de signes cliniques
d’augmenter la charge de travail
d’hypercapnie est extrêmement utile pour – la cyanose périphérique ou localisée, en
ventilatoire (augmentation de la
évaluerl’adéquation de la charge de travail rapport avec une baisse du débit circulatoire consommation d’oxygène et de la
imposée au patient lors de la kinésithérapie, local ou satellite d’un état de choc production de gaz carbonique).
à ses capacités d’adaptation. (marbrures).

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Kinésithérapie respiratoire :
Kinésithérapie 26-500-C-10
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
Signe commun – mais aussi d’évaluer le comportement condensation pulmonaire qui se signalent
La dyspnée signe la difficulté à maintenir un dynamique des voies aériennes, la répartition par une matité.
régime ventilatoire suffisant aux besoins. de la ventilation lors des exercices pour adapter
Indirectement, elle peut donc être évocatrice les modalités de ces derniers. Contractures musculaires
d’hypercapnie et d’hypoxémie. • Bruits respiratoires normaux Plus ou moins douloureuses, situées sur les
muscles respiratoires proprement dits ou
¶ Examen clinique de la ventilation Ils sont de faible intensité. Le murmure
vésiculaire, perçu à la périphérie du sur les muscles spinaux, elles peuvent
Examen morphostatique poumon, correspond au remplissage gêner la ventilation. Lorsque la toux est
C ’ e s t l a re c h e rc h e d e d é f o r m a t i o n s alvéolaire lors de l’inspiration. Le bruit fréquente, il n’est pas rare de noter des
thoracorachidiennes : respiratoire trachéobronchique d’intensité douleurs d’insertion des muscles
plus forte, est audible dans les zones de expirateurs.
– causes d’un éventuel dysfonctionnement
(trouble ventilatoire restrictif par diminution projection des grosses voies aériennes aux Évaluation du dysfonctionnement
de la compliance thoracique) ; temps inspiratoire et expiratoire, mais le musculaire périphérique
– conséquences d’un éventuel trouble bruit inspiratoire est plus fort.
Les maladies respiratoires conduisent
obstructif (signes de distension : cou court, • Bruits pathologiques parfois, directement ou indirectement, à une
élévation et enroulement des épaules, thorax La diminution ou la disparition du murmure atteinte musculaire périphérique. Le terme
en tonneau avec cyphose dorsale et vésiculaire peuvent indiquer une classique d’amyotrophie doit nous amener à
antéprojection du sternum). hypoventilation localisée. Toutefois, le analyser avec méthode les différentes
Examen morphodynamique murmure vésiculaire peut être masqué par caractéristiques de la trophicité musculaire.
l’interposition d’air (pneumothorax) ou de La diminution de la masse musculaire peut
C’est la recherche des signes traduisant un
liquide (pleurésie). être appréciée globalement et facilement en
dysfonctionnement dynamique de la
ventilation au repos et à l’effort. Les râles sont des bruits surajoutés qui rééducation par impédancemétrie. Au
correspondent à la vibration de l’air niveau du quadriceps, l’évaluation de la
La mesure de la fréquence respiratoire, par
circulant dans un conduit aérien section du muscle par mesure du périmètre
simple observation, sans contact, sur
pathologique (encombré ou inflammatoire) : est peu fiable, ce qui n’exclut cependant pas
1 minute, n’a de sens que rapportée à
l’évaluation même subjective des volumes – les râles crépitants ou crépitants fins (fine l’évaluation qualitative de la morphologie de
mobilisés. Reconnaître polypnée, bradypnée, crackle) : discontinus et fins, ils se perçoivent la cuisse et de sa palpation.
tachypnée, noter des pauses servent à surtout à la fin de l’inspiration et sont Cependant deux méthodes instrumentales
évaluer l’efficacité de la ventilation-minute. comparés aux pas qui crissent sur la neige. sont réalisables en pratique courante par le
D’autres symptômes servent à évaluer : D’origine très distale ou alvéolaire, ils kinésithérapeute et présentent un intérêt
signent la présence d’un exsudat ou d’un fondamental. L’électromyographie de
– la trophicité, la tonicité et l’intensité de œdème pulmonaire ; surface est une méthode rigoureuse et non
l’activité des muscles respiratoires ; invasive d’analyse de la contractilité
– les râles sous-crépitants (bulleux) ou gros
– les conditions mécaniques qui leur sont crépitants (coarse crackle) : discontinus et musculaire particulièrement intéressante
imposées et qui peuvent modifier leur gros, ils s’entendent à l’inspiration et sont pour détecter une modification histologique
efficacité. comparés à des bulles qui éclatent à la du muscle (telle qu’une myopathie
Par exemple, la mise en jeu des inspirateurs surface de l’eau. Ils sont augmentés par la cortisonique). La mesure de la force du
accessoires au repos ou leur activité toux et signent un encombrement quadriceps par capteur de force électronique
excessive à l’effort (tirage) évoquent une bronchioloalvéolaire ; est une méthode précise, peu coûteuse, qui
inefficacité relative du diaphragme. Celle-ci – les râles ronflants ou ronchus (ronchus) : permet dans des conditions standardisées,
peut aussi être à l’origine de troubles du continus et graves, ils s’entendent autant à de mesurer avec précision la fonction
s ync hro nisme et de l’amp litu de du l’inspiration qu’à l’expiration et sont musculaire.
déplacement des compartiments abdominal comparés à un graillonnement. La toux les
et thoracique (mobilité en bloc du thorax, modifie ou les fait disparaître. Ils signent un Le diagnostic médical et le contexte
ventilation paradoxale ou alternante, signe encombrement bronchique ; clinique orientent l’examen clinique de la
de Hoover). – les râles sibilants ou sibilants (wheeze) : ventilation vers l’évaluation de
L’obstruction bronchique peut entraîner une continus et aigus, ils s’entendent autant à dysfonctionnements ciblés,
respiration à lèvres pincées, un allongement l’inspiration qu’à l’expiration et sont comparés potentiellement présents. En fait, il s’agit,
du temps expiratoire et une diminution du à un sifflement. Ils sont diffus et signalent la dans un contexte pathologique donné,
temps inspiratoire, une expiration active. diminution du calibre bronchique. d’évaluer l’efficacité de la ventilation. La
L’asymétrie des mouvements d’un Les souffles correspondent à la propagation à confrontation des résultats de cet
hémithorax par rapport à l’autre est souvent la surface du thorax du bruit laryngotrachéal examen à ceux de la radiologie et des
liée à une diminution locale de la normal auquel la qualité des tissus épreuves fonctionnelles respiratoires
compliance thoracopulmonaire, mais peut interposés (structure densifiée ou condensée) (EFR) permet d’apprécier l’origine des
aussi être liée à une inefficacité des muscles modifications locales de ventilation
donne un timbre particulier :
inspiratoires. (conditions mécaniques défavorables à
– souffle tubaire dans les condensations l’efficacité du diaphragme, diminution de
Évaluer la force des inspiratoires nécessite pneumoniques ; compliance thoracique, diminution de
des mesures de pression inspiratoire. – souffle pleurétique, doux, lointain, voilé, force des muscles inspiratoires…), leur
Auscultation expiratoire dans les pleurésies. réversibilité éventuelle ainsi que les
L’auscultation thoracique du malade permet Les frottements sont audibles sur les deux marges de manœuvre en kinésithérapie.
temps de la respiration. Semblables au bruit Ils sont donc critères de définition
d’évaluer le fonctionnement de l’appareil
d’un papier de soie que l’on froisse ou d’un d’objectif de rééducation, critères de
thoracopulmonaire par l’écoute des bruits
vieux cuir que l’on déplisse, ils traduisent choix technologiques et d’adaptation des
respiratoires. En kinésithérapie, elle permet :
une inflammation pleurale. techniques.
– non seulement d’évaluer un état L’amélioration des dysfonctionnements
instantané pour poser un objectif de Percussion thoracique peut être un critère d’efficacité du
kinésithérapie ou attester de l’efficacité d’un Elle est surtout utile en kinésithérapie pour traitement.
traitement ; délimiter une atteinte pleurale ou une

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Kinésithérapie respiratoire :
26-500-C-10 Kinésithérapie
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
¶ Bilan de la toux, visqueuses et très élastiques. La nature des – obstruction bronchique qui ne permet
de l’expectoration et des capacités sécrétions expectorées permet d’orienter les pas de créer des débits expiratoires
de drainage bronchique autonome choix technologiques du désencombre- suffisants pour mobiliser les sécrétions ;
ment. – restriction des volumes mobilisables ;
Toux
Capacités de drainage autonome – fatigue des muscles respiratoires et
La toux est un symptôme commun à de altération des échanges gazeux.
nombreuses pathologies qui sert le C’est, en fait, la permanence de la gêne et Enfin, et ce n’est pas la part la moins
diagnostic médical mais oriente aussi le des signes cliniques d’hypersécrétion (toux importante de cette évaluation, le plus
bilan kinésithérapique. grasse, râles bronchiques à l’auscultation) souvent réalisée par l’ensemble de l’équipe
L’évaluation de ses facteurs déclenchants qui permet d’imputer à l’absence d’un soignante, il faut :
(modification de la posture par exemple), de drainage bronchique autonome efficace, la
ses conséquences à court terme (sur la stagnation des sécrétions produites, dans le – tenter d’apprécier la motivation et la
dyspnée, le bronchospasme ou l’obs- cadre d’une pathologie chronique [17]. volonté du patient, soit à participer
truction…) peuvent aussi guider des choix activement au traitement d’un épisode aigu,
L’efficacité et la rentabilité d’un drainage
thérapeutiques, notamment lors des séances soit à acquérir une relative autonomie dans
bronchique autonome spontané ou conscient
de désencombrement. la gestion d’une maladie chronique ;
après apprentissage peuvent s’apprécier sur
La toux sèche et quinteuse signe l’irritation les critères suivants : – apprécier les capacités de compréhension
qui apparaît au début des inflammations des et d’apprentissage du patient et de son
voies aériennes, mais aussi après les – fréquence et gestion de l’expectoration entourage ;
affections virales ayant lésé l’épithélium des (expectoration au gré de la toux ou séances
organisées de drainage dans la journée) ; – tester les connaissances du patient et de
voies aériennes. Elle peut aussi résulter son entourage concernant la maladie et son
d’une irritation située hors des voies – nombre et durée des séances traitement. C’est dans ce cadre-là que l’on
aériennes : médiastin, diaphragme, plèvre. quotidiennes ; recherche des facteurs favorisants liés au
La toux spasmodique qui peut être violente, – quantité de sécrétions expectorées en une mode de vie (tabagisme) ;
de jour et/ou de nuit, apparaît lors de séance ; – apprécier le contexte social.
phénomènes allergiques ou d’irritabilité de
l’arbre aérien. – pertinence et qualité des techniques
La toux augmente volontiers la dyspnée des employées, soit spontanément, soit apprises Le bilan d’une toux productive et de
patients présentant un syndrome obstructif, lors d’une éducation plus ancienne ; l’expectoration, rapporté aux capacités
soit par déclenchement ou majoration d’un de drainage bronchique autonome va
– vécu de chaque séance de drainage (effort
bronchospasme, soit par collapsus des voies servir à évaluer les causes d’un
fourni, dyspnée, temps de récupération) ;
aériennes. encombrement, à poser l’objectif de prise
– qualité de vie qu’entraînent ces séances en charge et à guider les choix
La toux productive est caractérisée par de drainage bronchique autonome ; technologiques. L’amélioration de
l’expectoration de sécrétions bronchiques, l’encombrement ou sa meilleure gestion
consécutive à un effort de toux. Celle-ci est – incidences de l’encombrement sur la autonome par le patient sont des critères
alors qualifiée de grasse, traduisant ainsi une maladie chronique (nombre d’épisodes de qualité de la prise en charge.
hypersécrétion bronchique et/ou un infectieux et gravité de chaque épisode,
encombrement. Les changements de consommation médicamenteuse, fréquence
position, l’augmentation de la ventilation des prescriptions de kinésithérapie de ¶ Évaluation du contrôle du souffle
lors d’un effort peuvent déclencher une toux désencombrement, nombre d’hospita- Sur le même plan, peut être menée, dans le
productive. Elle peut être niée ou minorée lisations). cadre d’un syndrome obstructif, une
par certains patients qui déglutissent L’appréciation de ces critères doit tenir évaluation concernant la maîtrise du souffle.
inconsciemment les crachats ou réduisent compte de leur évolution dans le temps Il s’agit alors d’évaluer l’obstruction, sa
leur activité à des régimes ventilatoires qui (drainage bronchique autonome de plus en répercussion sur la qualité de vie du patient,
ne la déclencheront pas. plus difficile lié à une altération de la qualité et les gains potentiels d’une éducation.
L’horaire préférentiel de la toux peut de vie).
dépendre de la pathologie : le fumeur De même, réalisé en phase stable, ce bilan
présente une toux matinale chronique au RADIOGRAPHIE
peut permettre de prévoir la capacité ou
lever, tandis qu’un patient porteur d’une l’incapacité de drainage bronchique La connaissance de l’anatomopathologie et
bronchectasie toussera plus volontiers dans autonome du patient en période aiguë des conditions techniques de réalisation sont
le milieu de matinée après activité. Ceci (possibilités physiques, appropriation des des préalables indispensables pour
permet, éventuellement, d’adapter l’horaire techniques…) pour apprécier les réserves l’identification et la compréhension des
des séances de désencombrement. disponibles. images radiographiques.
Il faut vérifier que la radiographie a été
Expectoration En fait, toute la difficulté réside dans la
pratiquée :
recherche des causes de l’inefficacité du
L’examen macroscopique de l’expectoration drainage bronchique autonome : – de face (projection symétrique des
permet d’en apprécier le volume, la couleur, extrémités internes des clavicules de part et
l’odeur afin d’en évaluer la purulence, la – elle peut résulter simplement de l’absence
d’autre des lignes paravertébrales ;
présence éventuelle d’une hémoptisie. d’un apprentissage des techniques de
kinésithérapie respiratoire les plus efficaces – en inspiration correcte (position basse des
C’est aussi l’occasion d’en apprécier les coupoles diaphragmatiques) ;
et, souvent, de la mauvaise gestion des
qualités rhéologiques (viscosité, élasticité,
traitements médicamenteux (bronchodila- – de façon suffisamment contrastée pour en
filance, adhésivité…).Toutes les variables
tateur, anti-inflammatoire…) ; permettre une analyse détaillée.
sont interdépendantes et une variation
même minime de l’un des paramètres peut – elle peut aussi être la conséquence de La lecture du cliché permet dans un premier
entraîner une diminution de l’efficacité de facteurs mécaniques et/ou physiopatholo- temps de mettre en évidence d’éventuelles
l’expectoration. Ainsi des sécrétions trop giques qui, temporairement, empêchent le modifications morphologiques du thorax
fluides et peu élastiques ne sont pas mieux patient de réaliser efficacement son (distension-restriction), puis de visualiser
mobilisées que des sécrétions trop drainage : certaines images pathologiques.

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démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques

6 Atélectasie de la base pulmonaire droite. Les signes spécifiques de l’atélectasie sont des signes directs : opacité
5 Surélévation d’une coupole diaphragmatique, consé-
homogène, systématisée, rétractile, unilatérale sans bronchogramme aérien ; des signes indirects (liés au phénomène
quences de séquelles pleurales.
rétractile) : attraction du médiastin et de la trachée du côté de l’atélectasie, ascension homolatérale de la coupole dia-
Les images pathologiques se forment de phragmatique, pincement costal et éventuellement réaction pleurale (épanchement liquidien).
trois façons :
– par l’augmentation de densité ou
d’épaisseur d’une structure qui détermine
une opacité anormale ;
– par la diminution de densité ou
d’épaisseur qui détermine une hyperclarté ;
– par l’association des deux mécanismes.
¶ Radiographie, moyen
d’évaluation en kinésithérapie
respiratoire
Lors de dysfonctionnement de la mécanique
ventilatoire externe
Les insuffisances diaphragmatiques sont
objectivées sur des clichés de face par une
surélévation de la coupole concernée, avec
une fermeture de l’angle costodiaphragma-
tique. Des clichés de face peuvent également
être réalisés en inspiration complète puis en
expiration totale, afin de mesurer la course
diaphragmatique qui peut chez le sujet sain 7 Pneumopathie aiguë virale. Opacité de la base droite, à bords flous, confluente, n’effaçant pas le diaphragme, donc
atteindre 10 cm. La surélévation d’une de siège postérieur. Il s’agit d’un syndrome alvéolaire postérobasal. Sept signes radiologiques permettent de reconnaî-
coupole diaphragmatique peut s’observer tre une atteinte alvéolaire : les opacités de densité hydrique à bords flous (alvéoles aérés et alvéoles remplis de liquide) ;
dans différents cas de figure. Les suites la confluence, qui correspond à la diffusion de liquide d’une zone à une autre par les pores de Kohn et les canaux de Lam-
d’une chirurgie abdominale haute sont bert. Cela explique que le processus puisse envahir de proche en proche un segment et même un lobe. La scissure inter-
fréquemment marquées par des dysfonction- lobaire est néanmoins une barrière infranchissable ; la systématisation dont le mécanisme découle du phénomène pré-
nements diaphragmatiques à type de parésie cédent ; le bronchogramme aérien et/ou l’alvéologramme aérien visible car les bronches et certaines alvéoles pleines d’air
sont entourées d’alvéoles remplies de liquide (signe de la silhouette) ; l’aspect en ailes de papillon (typique de l’OAP) ;
liés à des afférences viscérales inhibitrices les nodules alvéolaires ; l’évolution relativement rapide et précoce.
réflexes. Les séquelles de pleurésie sont
souvent des symphyses entre les feuillets
pleuraux qui peuvent, selon leur localisation, – une augmentation du nombre d’arcs Lors d’encombrement bronchique
limiter la course diaphragmatique. Dans ce costaux visibles, leur horizontalisation La radiologie standard ou la tomodensito-
cas, la surélévation de la coupole est associée ainsi que l’antéprojection du sternum ; métrie donnent peu de renseignements sur
à un épaississement des plèvres et des l’encombrement. Seules peuvent s’observer
opacités rétractiles pleurales (fig 5). – l’aplatissement des coupoles des zones d’hypoventilation alvéolaire, voire
La réalisation d’un gril costal permet de diaphragmatiques et l’ouverture des sinus des zones d’atélectasie dans les cas les plus
visualiser l’ensemble des arcs costaux. Ce costodiaphragmatiques ; graves. Elles permettent, aussi, de localiser
cliché met donc en évidence les côtes des zones de bronchectasies.
– une hyperclarté du parenchyme
fracturées, leur nombre, la localisation du Dans l’insuffisance respiratoire aiguë (IRA)
ou des traits de fracture, et s’il s’agit d’un pulmonaire et l’apparition d’un espace
clair rétrosternal ; Une radiographique thoracique est
hémivolet ou d’un volet costal complet.
généralement suffisante pour diagnostiquer
Lors d’obstruction bronchique – l’image d’un « cœur suspendu » ; (fig 6, 7) :
La radiologie standard peut confirmer : – éventuellement des zones – une atélectasie ;
– la distension par : d’hypoventilation. – une pneumonie ;

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Kinésithérapie respiratoire :
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démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
– un épanchement liquidien ;
– un traumatisme thoracique ;
– un pneumothorax.

Dans l’insuffisance respiratoire chronique (IRC)


La visualisation du cliché thoracique permet
d’apprécier une anomalie morphostatique. Il
peut s’agir :
– d’une distension, avec horizontalisation
des côtes, élargissement des espaces
intercostaux et aplatissement des coupoles
diaphragmatiques. Il s’agit là d’apprécier la
mobilité du diaphragme et de la cage
thoracique, afin d’évaluer la possibilité de
pratiquer une ventilation dirigée (fig 8) ;
– d’une restriction par lésions séquellaires au
niveau pleural (pachypleurite, bride),
pulmonaire (exérèse), thoracorachidienne
(déformations).

La radiographie vient confirmer 8 Radiographie de face (A) et de profil (B) d’un patient porteur d’une bronchopneumonie chronique obstructive
l’évaluation de la ventilation repérée à (BPCO). Tous les signes de distension sont présents : thorax en tonneau avec cyphose dorsale et antéprojection du ster-
num, horizontalisation des côtes et élargissement des espaces intercostaux, aplatissement des coupoles diaphragmati-
l’examen clinique. La confrontation des
ques et ouverture des sinus costodiaphragmatiques, hyperclarté du parenchyme pulmonaire, apparition d’un espace
résultats de cet examen à ceux des EFR clair rétrosternal, image de cœur suspendu.
permet d’apprécier l’origine des
modifications locales de ventilation
GAZ DU SANG. oxygène de l’hémoglobine du sang artériel.
(conditions mécaniques défavorables à OXYMÉTRIE DE POULS
l’efficacité du diaphragme, diminution de C’est une méthode non invasive de
compliance thoracique, diminution de L’étude des gaz du sang (GDS) permet surveillance continue.
force des muscles inspiratoires…), leur d’apprécier la qualité des échanges La mesure de la saturation en O 2 par
réversibilité éventuelle ainsi que les pulmonaires, le travail ventilatoire et donc oxymétrie transcutanée (SpO 2 ) permet
marges de manœuvre en kinésithérapie. l’équilibre entre la respiration et le d’extrapoler une valeur de pression partielle
Ils sont donc critères de définition métabolisme par : artérielle en oxygène (PaO2) par la relation
d’objectif de rééducation, critères de qui unit ces deux valeurs suivant la courbe
– l’appréciation de l’oxygénation (PaO 2,
choix technologiques et d’adaptation des
saturation) ; de dissociation de l’hémoglobine : 92 % de
techniques.
saturation est un seuil d’alarme de
L’amélioration des anomalies – la ventilation alvéolaire (PaCO2) ;
saturation basse chez le patient ne
structurelles ou des dysfonctionnements – l’équilibre acidobasique (pH, PaCO2 et présentant pas de pathologie pulmonaire
peut être un critère d’efficacité du HCO3) (tableau IV). chronique (au-dessus, d’importantes
traitement. L’oxymétrie de pouls permet la mesure par modifications de la PaO2 s’accompagnent
voie transcutanée de la saturation en d’une faible variation de saturation, mais,

Tableau IV. – Variations de l’équilibre acidobasique. L’équilibre acidobasique et la ventilation alvéolaire s’apprécient sur le pH, le taux de bicar-
bonates et la PaCO2. Ces trois paramètres sont reliés par la relation de Henderson -Hasselbalch : Ph = pK + log HCO3/PaCO2 où Pk = 6,1. Ainsi,
toute modification du pH, acidose ou alcalose, peut être d’origine métabolique (HCO3) ou respiratoire (PaCO2) et entraîne une compensation
inverse afin de ramener le pH vers une valeur normale.
Équilibre
Causes Compensation Évolution du pH Terminologies Étiologies (exemples)
acidobasique

PaCO2 # Oui = HCO3- # Retour du pH vers 7,40 Acidose respiratoire qui a été compensée Hypercapnie chronique de l’hypoventilant
Acidose chronique (IRC)
respiratoire Non = HCO3- inchangé Le pH reste acide Acidose respiratoire non compensée Hypercapnie aiguë de l’IRA

pH & Acidose Oui PaCO2 ↓ Retour du pH vers 7,40 Acidose métabolique qui a été compensée Fuite des bases ou excès d’acides
HCO3- & - phénomène récent (non compensé)
Acidose - phénomène ancien (compensé)
métabolique Non = PaCO2 inchangé Acidose métabolique non compensée
Exemple : diarrhée profuse décompensation
d’un diabète

Oui = HCO3- ↓ Retour du pH vers 7,40 Alcalose respiratoire qui a été compensée Hyperventilation centrale ou induite
PaCO2 & - récente (non compensée)
Alcalose
respiratoire Non = HCO3- inchangé Le pH reste alcalin Alcalose respiratoire non compensée - ancienne (compensée)
pH # Alcalose Excès de bases ou fuite des acides

Oui = PaCO2 ↑ Retour du pH vers 7,40 Alcalose métabolique qui a été compensée - Phénomène récent (non compensé)
HCO3- #
Alcalose Non = PaCO2 Le pH reste alcalin Alcalose métabolique non compensée - Phénomène ancien (compensé)
métabolique inchangée Exemple : vomissement important

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Kinésithérapie respiratoire :
Kinésithérapie 26-500-C-10
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
en deçà, de faibles variations de la saturation revanche, ils peuvent guider, comme les – pH = 7,40
signent d’importantes variations de la PaO2). signes cliniques d’hypoxémie et
– PaCO2 > 6 kPa ou 45 mmHg ;
Chez le malade insuffisant respiratoire d’hypercapnie, l’adaptation de la charge de
chronique, ce sont ses valeurs de base, en travail et de l’oxygénothérapie lors des – HCO3- > 22-24 mmol/L.
état stable, qui deviennent les références. séances de kinésithérapie respiratoire. Ces valeurs deviennent les valeurs de
Dans ce monitorage, la présence de dioxyde références auxquelles toutes thérapeutiques,
de carbone n’est pas évaluée. Une saturation Lors d’encombrement bronchique kinésithérapie respiratoire incluse, doivent
correcte peut donc masquer une hypercapnie L’examen des GDS ou l’oxymétrie de pouls se référer. L’adaptation de la charge de
importante, surtout lorsque le patient renseignent peu sur l’encombrement travail et de l’oxygénothérapie lors des
b é n é fi c i e d ’ u n e o x y g é n o t h é r a p i e . quoiqu’il semblerait exister une corrélation séances de kinésithérapie respiratoire sont
L’oxymétrie de pouls est donc un très entre la viscosité des sécrétions et la qualité des préalables indispensables afin d’éviter
mauvais reflet de la ventilation alvéolaire. des échanges gazeux. Cependant, là aussi, toute décompensation (augmentation non
L’oxymétrie de pouls nécessite un signal ils peuvent guider, comme les signes évaluée et/ou non contrôlée de la charge de
optique pulsatile reflétant une perfusion cliniques d’hypoxémie et d’hypercapnie, travail ventilatoire imposée). Particuliè-
tissulaire correcte. Si tel n’est pas le cas, lors l’adaptation de la charge de travail et de rement chez ce type de patient, l’oxymétrie
d’état de choc, de vasoconstriction ou l’oxygénothérapie lors des séances de de pouls reflète mal la ventilation alvéolaire,
d’hypovolémie par exemple, la mesure de la kinésithérapie respiratoire. et son utilisation doit toujours être associée
SpO 2 est impossible. De même, une à la recherche des signes cliniques
compression vasculaire externe, par un Dans l’insuffisance respiratoire aiguë d’hypercapnie.
brassard par exemple, crée une nette
Les valeurs ci-dessous sont considérées
diminution de la perfusion et fausse donc
comme des signes de gravité, et la EXPLORATION FONCTIONNELLE
les mesures. L’agitation du patient, les RESPIRATOIRE. DÉBIT DE POINTE
kinésithérapie respiratoire ne peut intervenir
clonies musculaires et en règle générale (fig 9, 10)
que secondairement à la mise en place d’un
toutes vibrations externes induisent une
support de la respiration (ventilation
mesure erronée. ¶ Exploration fonctionnelle,
mécanique invasive éventuelle ou VMNI) :
L’oxymétrie de pouls n’exige aucune débit de pointe : moyens d’évaluation
procédure de calibration, et donne une – PaO2 : inférieure à 6,66 kPa (50 mmHg) ; en kinésithérapie respiratoire
valeur proche de la SaO2 (compte tenu des – saturation : inférieure à 92 % ;
limites d’interprétation citées ci-dessus) dans Lors de dysfonctionnement de la mécanique
un temps de réponse rapide. – PaCO2 : supérieure à 8 kPa (60 mmHg) ;
ventilatoire externe
Il est certainement plus intéressant de – acidose non compensée : pH inférieur à
7,30. Le dysfonctionnement de la mécanique
s’attacher à l’évolution de la valeur de SpO2
ventilatoire externe se traduit par une
plutôt qu’à une valeur ponctuelle. Ainsi, une
Dans l’insuffisance respiratoire chronique restriction fonctionnelle des volumes
baisse progressive et maintenue de la SpO2
mobilisables. Ce dysfonctionnement est donc
pendant une séance de kinésithérapie Les gaz du sang reflètent l’incapacité à l’origine d’un syndrome restrictif objectivé
respiratoire signe une charge de travail permanente de l’appareil respiratoire à aux EFR par la diminution de la capacité
imposée trop importante. Celle-ci doit être a s s u re r u n e h é m a t o s e s a t i s f a i s a n t e vitale (CV) et de la capacité pulmonaire
diminuée soit au niveau de l’effort demandé, (hypoxémie chronique associée ou non à une totale (CPT). La baisse isolée de la CV ne
soit en réduisant la posologie des séances. À hypercapnie selon les pathologies). permet pas de conclure en faveur d’un
l’inverse, une désaturation ponctuelle avec
Les valeurs ci-dessous, définissent l’IRC : déficit restrictif. En effet, dans le cas d’une
récupération immédiate n’est pas, a priori,
atteinte des bronches ou du parenchyme
une indication de réajustement du protocole – hypoxémie de base avec PaO2 < 8 kPa ou pulmonaire, la CV peut se voir entamée par
de soins. 60 mmHg ; une augmentation du volume de fermeture
Enfin, il peut être intéressant de noter – éventuellement, acidose respiratoire des petites voies aériennes. Dans ce cas, la
c o m m e c r i t è r e d ’ e ffi c a c i t é d e l a compensée avec : CPT reste stable, avec une augmentation du
kinésithérapie responsable, une amélioration
de la saturation après la séance.

¶ Gaz du sang, oxymétrie de pouls


(moyens d’évaluation en
kinésithérapie respiratoire) VRI

CV
Lors de dysfonctionnement de la mécanique
ventilatoire externe VT
CPT VRI
CV
Les GDS sont à mettre en relation avec les VRE
EFR. Leur perturbation est proportionnelle à VRI
CPT
la sévérité de l’atteinte de la mécanique VT
CV

ventilatoire externe. Le dysfonctionnement CPT


VT
de cette dernière peut être à l’origine d’une VRE
hypoventilation alvéolaire qui peut être CRF VR
VRE
CRF
sévère (perturbation du rapport CRF
VR VR
ventilation/perfusion) et surtout qui *
A * *
B C
nécessite une surveillance accrue (oxymétrie
de pouls systématique) et des moyens 9 Modification comparée des volumes pulmonaires dans les troubles ventilatoires obstructifs et les troubles venti-
latoires restrictifs. CPT : capacité pulmonaire totale ; CV : capacité vitale ; CRF : capacité résiduelle fonctionnelle ;
kinésithérapiques adaptés. VRI : volume de réserve inspiratoire ; Vt : volume courant ; VRE : volume de réserve expiratoire ; VR : volume rési-
duel.
Lors d’obstruction bronchique A. Syndrome obstructif.
L’examen des GDS ou l’oxymétrie de pouls B. Valeurs normales.
C. Syndrome restrictif.
renseignent peu sur l’obstruction. En

11
Kinésithérapie respiratoire :
26-500-C-10 Kinésithérapie
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
débits expiratoires, et ainsi faciliter le
Débit Ex 10 Courbes débit/volume
désencombrement bronchique lorsque
[L/s] comparées : normale (A),
10 trouble ventilatoire obstructif l’obstruction s’avère partiellement réversible
sévère (B), trouble ventilatoire aux EFR. De même, cela oriente vers le choix
8 de techniques autorisant des débits
restrictif (C).
A expiratoires permettant la mobilisation des
6
sécrétions bronchiques.
4
Dans l’insuffisance respiratoire chronique
C
2 Suivant les cas, elle met en évidence un
B Vol [L] trouble ventilatoire obstructif, restrictif ou
1 2 3 4 5 6
mixte. La cotation de ces troubles peut
orienter le choix du traitement médical mais
2
aussi des techniques de kinésithérapie (cf
4
supra).

6
ÉVALUATION DE LA TOLÉRANCE
À L’EFFORT
8
Débit In La tolérance à l’effort est une notion
10 [L/s] complexe qui prend un sens particulier en
réhabilitation respiratoire. Nous savons en
effet que la maladie respiratoire primaire
volume résiduel (VR) proportionnelle à la La réversibilité de l’obstruction est un induit une incapacité fonctionnelle d’effort,
baisse de la CV. Le VRI, qui représente 40 % élément essentiel qui peut guider liée essentiellement à la sédentarité qui est
de la CV chez le sujet sain, est pratiquement l’instauration d’un programme éducatif de un comportement d’évitement de la
toujours diminué dans le syndrome restrictif. maîtrise du souffle. dyspnée [38]. Cette incapacité fonctionnelle
Le VRE (25 % de la CV) peut être diminué La stabilité du DEP est un élément clé de d’effort se traduit par une régression de la
en cas d’atteinte des muscles expiratoires l’adaptation du traitement médical, de la voie métabolique aérobie, qui peut être mise
(postopératoire immédiat d’une chirurgie surveillance et de l’éducation, car ses en évidence par une baisse de la VO2max au
abdominale, paraplégie haute). Le Vt se variations sont corrélées à celles de la cours d’une épreuve d’effort. Lors de cet
trouve lui aussi diminué. La fréquence dyspnée. examen classiquement réalisé sur
respiratoire augmente pour maintenir une cycloergomètre, la ventilation subit deux
ventilation/minute à peu près constante. Lors d’encombrement bronchique augmentations notables appelées seuils
Cependant, ce profil ventilatoire majore la ventilatoires [1] (fig 11).
ventilation de l’espace mort et peut conduire L’encombrement peut majorer un syndrome La première constitue le seuil d’adaptation
à une hypoxie et une hypercapnie. obstructif existant, mais ne peut pas le créer ventilatoire ou SV1, d’un intérêt pratique
seul. fondamental puisqu’il correspond au niveau
Lors d’obstruction bronchique – Sur une courbe débit/volume, un d’efficacité du réentraînement à l’exercice. La
encombrement minime peut se signaler par puissance à SV1 se situe à environ 50-60 %
Sur la courbe débit/volume, les débits
une diminution des débits expiratoires de la puissance maximale aérobie (niveau
maximaux sont diminués et, dans le cas
maximaux (DEM 25/75) au niveau des de V̇ O 2 m a x ). Cette puissance à SV1
d’une obstruction sévère, l’enveloppe des
petites voies aériennes. augmentant au cours de l’entraînement, il
débits au repos peut être plus grande que
est préférable d’identifier la fréquence
celle des débits lors d’une expiration forcée. – Les EFR renseignent aussi sur le
cardiaque (FC) à SV1 qui devient une FC
La spirométrie montre : comportement dynamique des bronches à
cible.
l’expiration et peuvent, d’emblée, guider les
– une diminution de tous les débits (débit choix technologiques (intensité du débit La deuxième constitue le seuil d’inadap-
expiratoire de pointe [DEP], volume expiratoire possible, interactions tation ventilatoire ou SV2, théoriquement
expiratoire maximal-seconde [VEMS], débit/volume pour la durée de l’expiration atteinte au niveau de la V̇O2max.
DEM25-75) et du rapport VEMS/CV ; et le choix du volume préexpiratoire) lors L’évaluation de la tolérance à l’effort sert
– éventuellement, des signes de distension du désencombrement. trois finalités fondamentales :
comme : Un patient présentant un syndrome – identifier un niveau de handicap (à partir
obstructif mineur mais qui conserve un de l’incapacité fonctionnelle d’effort) ;
– une augmentation du volume résiduel VEMS et un DEP dans les limites de la
associée à une augmentation du rapport – identifier le niveau de réentraînement
normale, peut exécuter de façon efficace, en
VR/CPT malgré une éventuelle adapté à un individu (SV1) ;
règle générale, les techniques de
augmentation de CPT ; désencombrement bronchique basées sur – mesurer les effets du réentraînement à
– une augmentation de la CRF ; l’augmentation du flux expiratoire. l’exercice.
– une diminution du Vt et une À l’inverse, lorsque la courbe débit-volume On peut calculer les valeurs théorique de
augmentation de la fréquence respiratoire du patient met en évidence un effondrement V̇O2max à partir des algorithmes suivants [39] :
pour maintenir la ventilation-minute ; des débits expiratoires proximaux et distaux,
– p o u r l e s h o m m e s : V̇ O 2 m a x = P
il peut être difficile d’obtenir un flux
– un déplacement du Vt dans le VRI avec (50,72-0,372A) ;
expiratoire efficace pour mobiliser les
une diminution corollaire de celui-ci (donc sécrétions bronchiques (certains patients – pour les femmes : V̇O2max = (42,8 + P)
diminution du rapport VRI/CPT) ; présentent des débits inférieurs, lors d’une (22,78-0,17A)
– une augmentation du travail expiration forcée, à ceux obtenus lors d’une Où : P est le poids en kg, A est l’âge en
respiratoire pour une ventilation-minute expiration lente ou spontanée). années, V̇O2max est exprimée en mL/min.
donnée, donc une diminution des La prise de bronchodilatateurs avant une La puissance maximale aérobie PMA
capacités d’adaptation à l’effort. séance peut, dans certains cas, améliorer les = V̇O2max / 10,3

12
Kinésithérapie respiratoire :
Kinésithérapie 26-500-C-10
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
– une phase courte de repos qui permet de
mesurer l’activité cardiaque et ventilatoire
de base ;
– une phase d’échauffement de 3 minutes à
20 % de la PMA théorique ;
– une phase d’incrémentation d’au plus
10 minutes amenant progressivement à la
PMA ;
– une phase de récupération active
permettant un arrêt progressif.

Utilisation des résultats


Pour le kinésithérapeute, plusieurs
informations doivent être exploitées dans le
cadre d’un réentraînement à l’exercice :
– la cause de l’arrêt de l’effort (dyspnée,
fatigue des membres inférieurs ou limitation
cardiovasculaire) ;
– la fréquence cardiaque à SV1 qui devient
la FC cible du réentraînement à l’exercice ;
– la puissance à SV1 afin de préparer le
cycloergomètre lors de la première séance ;
11 Évolution de la ventilation au cours d’une épreuve d’effort cardiorespiratoire. – la fréquence cardiaque maximale atteinte
sans trouble électrique ou clinique.

12 Appareillage lors d’une ¶ Test de marche de 6 minutes


épreuve d’effort cardio-
respiratoire. Depuis les années 1970, le test de Cooper [14]
a été utilisé en particulier dans le domaine
sportif pour apprécier indirectement cette
V̇ O 2 m a x , c’est-à-dire sans utiliser un
dispositif technique lourd. Pour cela, Cooper
s’est appuyé sur la corrélation statistique
entre la distance parcourue en courant 12
minutes et la V̇O2max. En 1976, Mc Gavin [31]
a adapté cette procédure à l’évaluation de la
capacité d’endurance des bronchiteux
chroniques par l’utilisation d’un test de
marche de 12 minutes, puis Butland a
prolongé l’étude sur la comparaison des
tests de 12, 6 et 2 minutes de marche [6]. Ce
travail a permis de valider la fiabilité
nécessaire et suffisante du test de marche de
6 minutes.
La corrélation entre la distance parcourue
au TDM6 et la V̇O2max fait de ce test un
e x c e l l e n t c r i t è re d ’ é v a l u a t i o n d ’ u n
programme de réentraînement à l’exercice
chez le malade respiratoire, plus
¶ Épreuve d’effort L’épreuve triangulaire sur cycloergomètre particulièrement chez les plus âgés pour
est le protocole le plus courant (fig 12). lesquels une épreuve d’effort avec mesure
cardiorespiratoire
des paramètres ventilatoires est difficilement
Trois appareils sont utilisés conjointement :
L’épreuve d’effort cardiorespiratoire (EECR) envisageable [43].
est un examen médical permettant d’évaluer – un cycloergomètre à courants de Foucault
les capacités d’effort maximales d’un patient. permettant d’établir avec précision la Réalisation pratique du test
Elle a avant tout un usage diagnostique pour résistance opposée et donc la puissance Le test doit être préférentiellement réalisé en
le médecin afin de distinguer les limitations développée par le patient ; intérieur pour garantir l’absence d’influence
à l’effort d’origine cardiaque, respiratoire ou – un appareil d’électrocardiogramme qui des phénomènes atmosphériques ainsi que
périphérique. Elle constitue un préalable enregistre l’activité électrique du cœur et ses la régularité d’un terrain plat. Le paramètre
indispensable au réentraînement à l’exercice, modifications au cours de l’effort ; principal étant la distance parcourue, un
en révélant en particulier des troubles du – un analyseur des gaz ventilés qui, par dispositif de mesure fiable doit être mis en
rythme ou de la conduction. Elle ne l’intermédiaire d’un masque facial, permet place.
constitue cependant pas une garantie de recueillir l’air expiré et d’analyser Le patient est invité à marcher 6 minutes sur
absolue d’absence de risque cardiaque. l’évolution de la V̇E, de la V̇O2 et de la le circuit en parcourant la plus grande
Par rapport à la réhabilitation respiratoire, V̇CO2. distance possible. Il est préférable de réaliser
elle permet d’individualiser le réentraî- ce test au moins deux fois de suite, afin que
nement à l’exercice par la détermination du Protocole le patient puisse adapter son effort de
seuil d’adaptation ventilatoire SV1. L’EECR se décompose en quatre phases : manière optimale.

13
Kinésithérapie respiratoire :
26-500-C-10 Kinésithérapie
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
D’autres paramètres sont mesurés, qui
constituent des indicateurs complémentaires Tableau V. – Synthèse des différents outils et indicateurs d’évaluation diagnostique par
dysfonctionnement.
des effets du réentraînement : fréquence
cardiaque, intensité de la dyspnée, fatigue Dysfonctionnement (en gras, les plus importants)
des membres inférieurs et SpO2.
- Toux grasse
Comparaison avec la valeur théorique - Bruits à l’auscultation (crépitants, ronchi)
Encombrement - AFE test
La distance mesurée peut être comparée aux - Répercussions sur la qualité de vie
valeurs normales établies par les algorithmes - Radiographies thoraciques (atélectasie, hypoventilation)
ci-dessous [19]. La distance théorique Dthéo
(en mètres) peut être calculée à partir de la - Hypoventilation
taille T (en cm), de l’âge A (en années) et du aux EFR (FR/Vt, CV, CPT)
à l’examen clinique
poids P (en kg) : Altération de la mécanique ventilatoire
à l’examen radiologique
– pour les femmes : - Dyspnée (Borg, EVA)
Dthéo = 2,11T - 5,87A - 2,29P + 667 - Asymétrie de la ventilation
limite inférieure de la norme : Dthéo - 139 m - Gaz du sang
– pour les hommes : - Signes cliniques d’hypoxémie et/ou d’hypercapnie
Dthéo = 7,57T - 5,02A - 1,76P - 309 Insuffisance respiratoire - Oxymétrie de pouls
limite inférieure de la norme : Dthéo - 153 - Signes clinique d’IRA
- Dyspnée (Borg ou EVA)
On peut ensuite calculer le rapport distance - EFR
mesurée TDM6/distance théorique TDM6,
traduit en pourcentage de la norme. - Dyspnée à l’effort (Sadoul, Borg, EVA)
- TDM 6 minutes
Désadaptation à l’effort - Qualité de vie (St Georges ou Grosbois...)
Détermination de la puissance à SV1
et de la PMA - Épreuve d’effort
- Étude morphodynamique des muscles respiratoires
On peut déterminer les valeurs théoriques
- Bilan éducatif suivant nécessité
de PMA (PMA correspondant à la VO2max) Déficit d’éducation
(obstruction, encombrement)
et donc estimer la puissance théorique à
SV1(50-60 % de PMA). Puisqu’il y a AFE : augmentation du flux expiratoire ; CV : capacité vitale ; CPT : capacité pulmonaire totale ; EVA : échelle visuelle analogique ; IRA : insuffisance
corrélation entre distance parcourue au respiratoire aiguë ; EFR : épreuves fonctionnelles respiratoires ; FR : fréquence respiratoire.

TDM6 et V̇O2max [51], on peut estimer la


puissance à SV1 : sous-entend l’acception usuelle du terme complications d’une maladie existante) ou
Puissance estimée à SV1 = puiss théo à SV1 éducation. Il s’agit plutôt « de permettre au dans la prévention tertiaire (contrôler des
× (dist. mes. TDM6/dist. théo. TDM6) patient d’acquérir des compétences complications et éviter le handicap).
thérapeutiques afin de les appliquer à lui- L’éducation à la santé dans le cadre d’une
Détermination de la FC au seuil même ». La formation est donc un processus prévention primaire s’adresse, elle, au plus
actif du patient sur lui-même qui aboutit à large public pour éviter la survenue de
La moyenne des trois fréquences cardiaques un changement, à une transformation. maladies, à type d’information uniquement.
présentant le plus petit coefficient de La notion de temps est donc un élément
variation constitue la FCplateau. On peut Pour conclure, cela permet au patient de ne
doublement important : pas vivre contre sa maladie et d’avoir
alors prédire la FCseuil à partir de la
FCplateau (bpm), de la distance parcourue – d’une part, pour permettre quelque chose en moins, mais d’avoir
(mètres) et de l’âge (années) par l’apprentissage ; quelque chose en plus et de vivre avec.
l’équation [5] : – d’autre part, pour permettre l’acceptation
FCseuil = (0,75 × FCplateau) – (0,03 × D) – d’une maladie chronique (travail de deuil). ¶ Démarche pédagogique
(0,32 × âge) + 64,4 Une maladie chronique représente une
de l’éducation thérapeutique
Le tableau V donne une synthèse des rupture définitive par rapport à son mode du patient
différents critères d’évaluation diagnostique de vie antérieur, et la nécessité de se traiter
en fonction du type de dysfonctionnement. de manière continuelle pour éviter ou Diagnostic éducatif
retarder la dégradation de l’état de santé. Le diagnostic éducatif doit permettre
Devenir responsable de son propre d’identifier les besoins qui fondent le projet
Techniques traitement peut permettre au patient de de formation. Il s’agit :
reprendre un certain contrôle, de retrouver
de rééducation plus d’autonomie en étant moins dépendant – d’évaluer la répercussion de la maladie
respiratoire des soignants et favoriser l’acceptation de chronique sur la qualité de vie du patient, et
cet état chronique. De la même façon, les les gains potentiels d’une éducation ;
patients qui acceptent le mieux leur maladie – d’apprécier la motivation du patient et sa
ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE sont ceux qui se traitent le mieux.
DES PATIENTS [20, 27]
volonté d’acquérir une relative autonomie
En fait, la motivation du patient à rentrer dans la gestion de la maladie ;
dans ce processus de formation dépend de
¶ Généralités sa capacité à se projeter dans l’avenir et – de tester ses connaissances et celles de son
entrevoir la rentabilité de l’éducation entourage concernant la maladie et le
Ce terme d’éducation thérapeutique est
thérapeutique (c’est-à-dire que les bénéfices traitement (notamment pour apprécier les
directement issu de la traduction littérale des
obtenus seront supérieurs aux contraintes « fausses connaissances » qui créent parfois
termes anglo-saxons. La notion de formation
psychologiques, sociales, financières liées à des obstacles importants) ;
thérapeutique serait plus adaptée à la
sensibilité française car il ne s’agit pas la maladie et à son traitement). – d’apprécier les capacités d’apprentissage
d’induire l’acquisition et le développement Ce type d’éducation s’intègre dans la du patient et de son entourage ainsi que le
de normes culturelles et morales comme le prévention secondaire (éviter les contexte social.

14
Kinésithérapie respiratoire :
Kinésithérapie 26-500-C-10
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
Définition des objectifs de l’éducation suivant le principe E = m × v2. Or, c’est alvéolaire, la Pib réaugmente et redevient
thérapeutique et rédaction d’un contrat l’interaction gaz-liquide [4, 25] qui provoque supérieure à la Peb (si la Pel n’est pas nulle),
d’éducation le cisaillement des sécrétions bronchiques et reperméabilisant la bronche. Le
Le diagnostic éducatif permet d’élaborer permet leur décrochage, grâce au transfert rétablissement du débit rétablit les
avec le patient un projet individualisé et d’énergie entre les molécules d’air et le conditions initiales du collapsus bronchique.
réaliste dont il pourra apprécier lui-même mucus. Ce phénomène peut donc se reproduire
les bénéfices. Comme : plusieurs fois jusqu’au moment où la Pel
devient quasi nulle. Cette fermeture-
Les objectifs correspondent aux compétences – débit = volume/unité de temps ; ouverture répétée favoriserait pour certains
ou, tout au moins, aux capacités que le auteurs [49] un effet de vibration susceptible
patient doit avoir acquises au terme de – volume = surface × longueur ;
de mobiliser les sécrétions bronchiques.
l’apprentissage. Il peut s’agir, suivant la on peut écrire :
Au total, le flux expiratoire est maximal
taxonomie de Bloom, de capacités cognitives débit = surface × longueur/temps. pour une pression motrice (PA) optimale et
(connaissances, raisonnement, décision), La vitesse (longueur/temps) dépend alors un calibre bronchique minimal, tout en
sensorimotrices (habiletés gestuelles, de deux variables : elle est proportionnelle sachant que la réduction de ce calibre induit
techniques), psychoaffectives (attitudes et au débit et inversement proportionnelle au nécessairement une augmentation des
gestion de ses dépendances diamètre des voies aériennes. r é s i s t a n c e s b ro n c h i q u e s e t d i m i n u e
socioprofessionnelles).
Le débit, lors d’une expiration active, l’efficacité de l’augmentation de pression
Chaque objectif doit être formulé avec un motrice, en termes de débit.
dépend de la pression motrice (addition de
seul verbe d’action et un contenu sur lequel
la pression de rétraction élastique du L’efficacité de la modulation du flux
porte l’action (par exemple, adapter le
parenchyme pulmonaire [Pst] et de celle expiratoire repose donc sur un compromis :
traitement médical en fonction du débit
développée par les muscles expirateurs [Ppl] augmentation du débit expiratoire à la
expiratoire de pointe). Il doit être observable
pour comprimer le thorax). Pst et Ppl sont recherche du flux suffisant pour mobiliser
et mesurable pour vérifier que le patient est
maximales lorsque l’expiration débute dans les sécrétions, sans entraîner la fermeture
capable de le réaliser (l’acquisition de
le volume de réserve inspiratoire, car les précoce des voies aériennes par compression
connaissances peut faire l’objet de contrôles
muscles sont en course externe et le dynamique.
itératifs par questionnaire).
parenchyme pulmonaire a atteint son De ce fait, le désencombrement des voies
Élaboration des stratégies d’apprentissage élasticité maximale. aériennes distales impose une expiration
Le calibre des voies aériennes dépend prolongée à débit lent, alors que le
Les méthodes pédagogiques doivent être désencombrement des voies aériennes
beaucoup du volume pulmonaire car, au-
adaptées aux objectifs pédagogiques, aux proximales moins sensibles à la compression
delà de la CRF (point d’équilibre), la force
capacités et au rythme d’apprentissage du du fait de leur calibre et de leur structure
de rétraction du poumon exerce une traction
patient. Les objectifs respectent une plus rigide, permet l’emploi d’une expiration
sur la paroi des voies aériennes (effet
progression. L’acquisition de connaissances plus courte et plus dynamique.
d’ancrage) et tend à en augmenter la section.
théoriques doit être transférée dans la
Dans ce cas, les résistances à l’écoulement L’utilisation d’un frein expiratoire buccal ou
pratique, comme la pratique doit donner
gazeux diminuent et la conductance instrumental, créant une pression expiratoire
lieu à création de connaissances. L’erreur
augmente. positive, peut réduire la compression
doit être utilisée pour alimenter la réflexion
En revanche, l’augmentation de la pression dynamique.
et devenir facteur de progression.
intrathoracique a une incidence sur le calibre Une AFE efficiente, ce sont :
L’alternance de travail en groupe et de
séances individuelles peut servir des bronches par le biais d’un phénomène – des bruits respiratoires qui signent la
l’apprentissage. appelé compression dynamique. Cette progression des sécrétions ;
compression se déplaçant des voies
aériennes centrales aux voies aériennes – l’arrêt de l’AFE dès que les sécrétions ne
Évaluation de la réalisation des objectifs progressent plus (absences de râles) même
périphériques au cours de l’expiration
L’évaluation et plus encore l’autoévaluation active, le volume auquel débute l’expiration si le patient peut encore souffler pour éviter
est le fil conducteur de la progression permet d’en localiser la topographie. un travail respiratoire inutile au
individuelle. La réalisation de chaque désencombrement.
objectif doit être évaluée avec des outils Par ailleurs, le changement de nature du
appropriés qui dépendent notamment du flux, qui passe de laminaire en amont du ¶ Différentes techniques
type de capacité apprise. Cette évaluation point d’égale pression à turbulent en aval de modulation du flux expiratoire [2,
n’est pas définitive à la fin de la période (mis en évidence aussi dans les petites voies 13, 45]

d’éducation mais doit servir à vérifier la aériennes [4, 23, 35]), augmente les forces de
cisaillement et de mobilisation des sécrétions Augmentation du flux expiratoire (ou AFE,
permanence de l’apprentissage au cours du
bronchiques. sans traduction anglo-saxonne) (fig 13)
temps puisque la maladie est chronique.
L’efficacité maximale de l’augmentation du C’est une technique de désencombrement
flux expiratoire (AFE) se situe au niveau des bronchique dont la définition pourrait être :
TECHNIQUES DE MODULATION « expiration active ou passive à plus ou
gros troncs compte tenu d’un calibre relatif
DU FLUX EXPIRATOIRE
réduit. L’action périphérique existe grâce à moins haut volume pulmonaire dont la
Sont regroupées sous ce terme, toutes les la compression dynamique, mais son vitesse, la force et la longueur peuvent varier
techniques de désencombrement fondées sur e ffi c a c i t é e s t m o i n d r e d u f a i t d e s pour trouver le débit optimal nécessaire au
la variation du flux expiratoire. diminutions progressives de la vitesse du désencombrement bronchique » [50].
front gazeux (liée à l’augmentation Elle consiste donc en une expiration dosée à
¶ Notion de flux expiratoire progressive du calibre bronchique global, la recherche du débit expiratoire le plus
Le flux expiratoire exprime la vitesse de somme des petites voies aériennes) et de la favorable à la progression des sécrétions à
déplacement du « front gazeux » (surface de pression motrice (donc du débit). chaque niveau de l’arbre bronchique. La
la colonne d’air qui s’écoule dans les voies D’autre part, au cours d’une expiration variation du débit sur plusieurs AFE
aériennes lors de l’expiration). Il correspond forcée, lorsqu’une fermeture bronchique se successives suit donc la progression des
donc à la vitesse des molécules de gaz. produit dans certains territoires sécrétions.
Une vitesse moléculaire maximale permet p u l m o n a i re s , l a p re s s i o n e n a m o n t Schématiquement, deux manœuvres sont
d’obtenir une énergie cinétique maximale s’équilibre instantanément avec la pression décrites :

15
Kinésithérapie respiratoire :
26-500-C-10 Kinésithérapie
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
de ventilation diaphragmatique calme et
contrôlée et sont associées au drainage de
posture, elles prennent le nom de cycle de
ventilation active (ACBT : active cycle
breathing technique).
Plusieurs expirations forcées successives à
bas volume pulmonaire prennent, parfois, le
nom de « huff coughing » (littéralement toux
soufflée ou halètement).
Elle semble optimisée par l’adjonction d’une
posture facilitant le drainage bronchique [33,
46]
.

PRESSIONS MANUELLES
THORACIQUES
*
A *
B ET/OU ABDOMINALES
13 Exercice d’augmentation du flux expiratoire (AFE) guidée : inspiration (A), expiration (B). Les pressions thoraciques et/ou
abdominales consistent en une aide
14 Exercice d’expiration expiratoire externe par pression manuelle
lente totale glotte ouverte sur la cage thoracique d’un patient.
(ELTGOL).
Elles permettent :
– un guidage, lors de l’apprentissage d’une
ventilation localisée par exemple ;
– une majoration des volumes et/ou des
débits expiratoires, lors d’AFE ou d’efforts
de toux par exemple (aide ou suppléance
complète) ;
– le blocage de certaines zones du thorax
afin de favoriser la ventilation des zones
laissées libres, voire de permettre la
contention d’un hémithorax opéré ou
traumatisé.
La localisation et l’intensité des pressions
sont fonction de l’objectif. Elles seront
– une expiration lente et prolongée (AFE – décollement des sécrétions : expiration circonscrites à une zone déterminée s’il s’agit
lente) avec un débit expiratoire supérieur au dynamique mais non forcée à bas volume de guider une ventilation localisée, de
débit d’une expiration spontanée mais non pulmonaire (VRE) ; désencombrer un segment pulmonaire ou
forcée, pour le désencombrement des voies – collection des sécrétions : expiration bloquer un hémithorax. Le guidage d’une
aériennes périphériques. Elle est réalisée dynamique mais non forcée à petit et moyen ventilation localisée nécessite des
plutôt après une inspiration modérée ; volume (VRE et Vt) ; applications manuelles franches mais qui
– une expiration plus dynamique après une n’entravent pas le mouvement respiratoire.
– évacuation des sécrétions : expiration
inspiration ample (AFE rapide) pour le
dynamique mais non forcée à haut volume Elles seront plus larges pour, par exemple,
désencombrement des grosses bronches et
(VRI). pallier une expiration active déficiente
de la trachée. C’est, probablement, la
technique qui se rapproche le plus de la (patient fatigué ou sédaté en réanimation).
Expiration lente totale glotte ouverte
forced expiratory technic (FET), en termes de L’intensité des pressions destinées à majorer
en latérocubitus (ELTGOL) [37]
débit. les volumes et/ou les débits expiratoires,
L’AFE peut être totalement passive chez un L’ELTGOL est une technique d’expiration doit être modulée sur des thorax à mobilité
patient sédaté en réanimation. Dans ce cas, lente, glotte ouverte, du volume courant au réduite (emphysémateux) ou fragiles
des pressions thoraciques manuelles volume résiduel, dont la particularité est de (ostéoporose, corticoïdes). La présence de
réalisées par un ou deux kinésithérapeutes placer le patient en décubitus latéral sur le fractures costales ou de drains thoraciques
sont susceptibles de créer des débits côté à désencombrer. D’après l’auteur de
impose prudence et douceur lorsque la
expiratoires suffisants au désencombrement. cette technique, le fait de placer le poumon
pression dépasse la contention pour devenir
Le rythme et l’enchaînement des exercices à désencombrer en position déclive favorise
active. Les pressions thoraciques peuvent
ne doivent pas augmenter durablement la sa déflation ainsi que la compression des
voies aériennes, ce qui favoriserait son aussi entraîner, dans certains cas extrêmes
dyspnée ou altérer durablement les échanges d’instabilité bronchique, une augmentation
gazeux. désencombrement (fig 14).
trop importante de la pression intrathora-
Drainage autogène [11] Technique d’expiration forcée [40, 42] cique et favoriser une fermeture précoce des
voies aériennes. Dans ce cas, l’intensité sera
Le drainage autogène (AD : autogenic Cette technique (FET : forced expiratory
drainage) est une méthode qui repose sur les modulée en fonction des bruits respiratoires
t e c h n i q u e ) consiste en une ou deux
mêmes principes que l’AFE. au fur et à mesure de l’expiration.
expirations forcées, glotte ouverte, qui
Sa particularité est de codifier précisément débutent à volume pulmonaire moyen pour L’application des pressions cesse lorsque
l’enchaînement des exercices en trois atteindre les bas volumes. Lorsque les séries l’objectif est atteint ou suivant la tolérance
périodes de quatre à cinq exercices chacune : de FET sont entrecoupées par une période du patient.

16
Kinésithérapie respiratoire :
Kinésithérapie 26-500-C-10
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
VIBRATIONS THORACIQUES cette technique, et la diminution de la diminuent également. La progression du
S o n t re g ro u p é e s s o u s c e t e r m e l e s viscosité des sécrétions en jouant sur leurs mucus lors des secousses successives
applications d’ondes vibratoires sur la cage propriétés rhéologiques. dépend de la fréquence de la répétition. Plus
thoracique quelle que soit la source L’efficacité de cette technique est fortement la fréquence est élevée, plus le volume
émettrice, main du thérapeute ou appareil dépendante du contrôle exercé par le expectoré augmente.
vibrant. kinésithérapeute afin que le patient respecte La toux provoquée est obtenue par une
Les ondes vibratoires devraient être en permanence les principes fondamentaux pression exercée sur la trachée qui stimule
appliquées perpendiculairement à la paroi de la ventilation dirigée. les capteurs sensibles à l’étirement. Les
de la voie aérienne à désencombrer pour pressions observées sont un peu supérieures
modifier les caractéristiques rhéologiques à celles de la toux physiologique. Les débits
des sécrétions bronchiques ou, éventuel- TOUX DIRIGÉE sont peu élevés. Néanmoins, le
lement, entrer en résonance avec le La toux, expiration forcée explosive, est un comportement mécanique est variable d’un
battement ciliaire et améliorer le transport acte réflexe qui représente un des éléments sujet à l’autre.
mucociliaire. Il n’existe à ce jour aucun de défense mécanique de l’arbre
moyen mécanique permettant cette trachéobronchique. La toux peut néanmoins ASPIRATION NASOTRACHÉALE
application. Les appareils disponibles et, a être contrôlée par la volonté. La toux prend Cette technique consiste à évacuer par
fortiori la main du thérapeute, ne produisent naissance à partir de zones réflexes aspiration les sécrétions trachéobronchiques
que des vibrations tangentielles au thorax. tussigènes intrabronchiques, surtout au grâce à une sonde d’aspiration descendue
Leur fréquence doit être constante, autour niveau des éperons de division des bronches dans la trachée, en l’absence d’une sonde
de 13 Hz pour entrer en résonance avec le centrales. Les récepteurs les plus importants d’intubation ou d’une canule de
battement ciliaire, ou plus élevée pour en sont représentés par des récepteurs trachéotomie.
modifier les caractéristiques rhéologiques. d’irritation et des récepteurs d’étirement. L’aspiration nasotrachéale doit être une
Cela est impossible pour des vibrations L’étude mécanique de la toux spontanée technique d’exception qui ne peut être
manuelles. permet de mettre en évidence l’enchaî- pratiquée que lorsque le patient est dans
La propagation d’ondes vibratoires est nement des phénomènes suivants : l’incapacité de drainer son encombrement
inversement proportionnelle à la densité du bronchique, même aidé d’une kinésithérapie
– une inspiration rapide à 70 % de la
corps sur lequel elles s’appliquent. La adaptée. Ainsi, on peut déterminer
capacité vitale environ, puis,
densité pulmonaire est maximale en fin essentiellement deux grandes indications du
simultanément :
d’expiration, donc celles-ci doivent maintien de la liberté et de la perméabilité
s’appliquer sur le temps expiratoire, voire – une fermeture de la glotte, d’une durée de des voies aériennes :
en fin d’expiration. 0,2 seconde environ ;
– comme « soin palliatif » pour éviter
De plus, ces vibrations seraient d’autant plus – une contraction isométrique des muscles l’étouffement progressif lorsque existe une
efficaces par une transmission en profondeur expirateurs qui entraîne une augmentation incapacité à évacuer les sécrétions ;
(bronches distales) si elles s’adressaient à des pressions abdominale, thoracique et – comme technique alternative lorsque la
une structure solide et homogène. Or, le alvéolaire ; kinésithérapie est plus délétère qu’efficace
complexe thoracopulmonaire est constitué
– une bronchoconstriction ; par la fatigue respiratoire qu’elle peut
d’éléments solides, d’éléments aqueux et
entraîner, notamment chez les insuffisants
surtout d’éléments gazeux absorbant ou – enfin, l’ouverture explosive de la glotte
respiratoires chroniques ou les personnes
t r a n s m e t t a n t t r è s d i ff é re m m e n t l e s avec expulsion d’un volume d’air de l’ordre
âgées.
vibrations. de 45 % de la CVF, avec un débit de l’ordre
de 6 à 12 L/seconde et une vitesse de Bien que cette technique ne soit pas inscrite
120 m/seconde (le tiers de la vitesse du son). a u d é c re t d ’ a c t e s d e 1 9 9 6 , e l l e e s t
FLUTTERt fréquemment pratiquée par les kinésithéra-
Cette vitesse est obtenue grâce une
Le Fluttertest un dispositif qui permet invagination de la membrane postérieure de peutes dans les services hospitaliers.
d’appliquer une pression positive oscillante la trachée réduisant le diamètre à 40 % de la Toutefois, les risques sont importants et
transmise de la bouche à l’arbre bronchique valeur initiale et à une compression nécessitent la présence effective d’un
lors de l’expiration. Ce dispositif est dynamique des bronches. médecin pouvant intervenir à tout moment.
composé : Ces risques sont :
La toux volontaire est une secousse unique
– d’une pièce buccale et du corps de qui se différencie de la toux spontanée par – l’hypoxie : de la cyanose à la bradycardie
l’appareil en matériau dur ; une inspiration préalable plus importante voire l’arrêt circulatoire, plus ou moins
( q u i a t t e i n t l a C P T ) . L e s p re s s i o n s brutal, par réflexe cardio-inhibiteur d’origine
– d’un entonnoir circulaire en matériau dur ; vagale chez les patients en hypoxie sévère.
intrathoraciques induites sont alors
– d’une bille de haute densité en métal supérieures à celles observées lors de la toux Ce risque doit être anticipé et prévenu par
inoxydable ; spontanée ; ceci par augmentation de la force la pratique d’aspirations courtes, de périodes
– d’un capuchon amovible avec des musculaire, de la pression de rétraction de repos et une stimulation vers une
perforations à sa partie supérieure. élastique du parenchyme pulmonaire, et du respiration efficace. Une oxygénothérapie
recul élastique de la cage thoracique. Cette nasale préalable ou simultanée est indiquée ;
Le Fluttert est lavable et stérilisable jusqu’à
une température de 120 °C mais ne doit pas augmentation de pression n’a d’effet que sur – l’inhalation par régurgitation gastrique. En
être mis en contact prolongé avec des le segment collabable de l’arbre bronchique, cas de vomissement, il faut positionner le
produits chlorés. car elle entraîne une augmentation de la patient en position latérale de sécurité (sans
vitesse linéaire du flux par l’écrasement des retirer la sonde d’aspiration) et aspirer au
Les effets physiologiques annoncés seraient :
bronches. Toutefois, l’écrasement peut plus vite les voies aériennes. La prévention
– une augmentation de la pression positive parfois entraîner l’interruption du débit dicte de pratiquer les aspirations à distance
endobronchique permettant de retarder le expiratoire. des repas, ou si l’alimentation se fait par
collapsus bronchique, une augmentation du La toux volontaire en cascade correspond à voie entérale, la sonde gastrique est reliée à
volume expiratoire et l’obtention d’un débit des secousses de toux répétées en une poche placée en déclive pour permettre
expiratoire plus important ; parcourant la capacité vitale. Les pressions la vidange de l’estomac ;
– la mobilisation des sécrétions bronchiques chutent entre les secousses sans revenir à – l’infection par des germes pathogènes
par les vibrations internes engendrées par zéro, et les valeurs de pics de débit transportés des voix aériennes supérieures

17
Kinésithérapie respiratoire :
26-500-C-10 Kinésithérapie
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
vers la trachée et les bronches (bronchopneu-
mopathies secondaires) par la sonde 15 Ventilation dirigée en po-
sition assise avec surveillance
d’aspiration qui force les protections par une oxymétrie de pouls.
glottique et laryngée. La prévention
nécessite la pratique d’aspirations
buccopharyngées préalables, l’utilisation de
gants à usage unique et d’une sonde stérile
à chaque aspiration ;
– le traumatisme, possible sur tout le trajet
de la sonde. Des troubles sévères de
l’hémostase contre-indiquent ce geste et la
prévention impose des manœuvres douces,
l’utilisation de sondes à bout mousse et
correctement lubrifiées, une aspiration mise
en service uniquement lorsque la sonde est
en place, une remontée de la sonde sans
mouvement de va-et-vient.

AÉROSOLTHÉRAPIE
Un aérosol est un ensemble de particules
liquides ou solides dispersées et transportées – un DAM compris entre 0,5 et 3 µm VENTILATION DIRIGÉE
en suspension par un gaz. privilégie surtout l’arbre trachéobronchique ; La ventilation dirigée (VD) est une technique
Selon le produit, l’aérosolthérapie a pour – en dessous de 0,5 µm, le dépôt est qui a pour objectif l’amélioration de
but : essentiellement alvéolaire. l’hématose chez les malades présentant une
– l’humidification ; Le débit et le mode ventilatoire influencent hypoventilation alvéolaire [21]. Elle est donc
la pénétration et la déposition, liées à la particulièrement indiquée chez les malades
– le dépôt de produit médicamenteux dans obstructif, mais peut aussi présenter un
le tractus respiratoire, car elle permet nature et à la vitesse du flux aérien dans les
voies aériennes : intérêt chez les restrictifs. Ses effets sur la
d’obtenir des concentrations efficaces tout en fonction diaphragmatique sont en revanche
évitant certaines complications systémiques – le diamètre important des gros troncs contestés [18].
d’un traitement par voie générale. bronchiques et un débit aérien rapide Afin de favoriser l’hématose, la ventilation
La taille des particules d’un aérosol est entraînent un écoulement turbulent et dirigée combine trois actions : le volume
définie par : favorisent le dépôt par impaction ; courant est augmenté et décalé dans le VRE,
– le diamètre aérodynamique moyen – un petit diamètre bronchique et un débit tandis que la fréquence respiratoire diminue.
(DAM) : diamètre moyen d’une sphère de lent entraînent un écoulement laminaire qui Ce mode ventilatoire permet une meilleure
densité 1 ayant la même vitesse qu’une va favoriser le dépôt par sédimentation et ventilation alvéolaire (fig 15).
particule moyenne de l’aérosol ; une pénétration plus distale ; Le critère d’évaluation de la ventilation
– le diamètre massique moyen (DMM) : – l’absence de débit aérien dans les dirigée est la mesure de la SaO 2 par
diamètre moyen d’une particule d’aérosol bronchioles terminales et les alvéoles oxymétrie de pouls, qui permet de rendre
calculé de façon qu’il y ait autant de favorise le dépôt par diffusion. compte de manière précise et en temps réel
particules d’un diamètre inférieur et autant de la modification de l’hématose.
La quantité de produit inhalé et par là même
d’un diamètre supérieur.
déposé, dépend du mode ventilatoire :
Le dépôt total est d’autant plus important
– un grand volume courant et une EXPANSION THORACIQUE
que les molécules ont un DAM élevé (les LOCALISÉE
particules trop petites ressortent aussi vite fréquence respiratoire lente favorisent une
qu’elles entrent). Un générateur d’aérosol est déposition plus importante et plus distale Les techniques d’expansion thoracique
d’autant plus performant qu’il assure une du produit ; localisée sont basées sur l’utilisation de
homogénéité de la taille des particules positions permettant une expansion
– une pause téléinspiratoire favorise le a l v é o l a i re p r i v i l é g i é e d ’ u n e r é g i o n
(maximum de particules ayant des diamètres dépôt par sédimentation et par diffusion ;
proches des DAM et DMM). pulmonaire. Il s’agit en fait d’augmenter la
Les mécanismes de déposition dépendent – la modification volontaire du mode compliance dans la zone à dilater, tout en
étroitement de la taille des particules : ventilatoire (ventilation dirigée ou localisée) diminuant la compliance des autres
pourrait favoriser la déposition dans une territoires pulmonaires par l’intermédiaire
– dépôt par impaction (ou inertie) : il zone pulmonaire déterminée. de contrainte au niveau thoracique.
concerne surtout les particules d’un DAM
Enfin, l’obstruction bronchique diminue le Le latérocubitus constitue une position de
supérieur à 2 µm ;
dépôt distal et favorise l’hétérogénéité de la choix dans la mesure où il associe :
– dépôt par sédimentation (ou par gravité) : déposition.
pour des particules d’un DAM compris – une expansion majeure du poumon
En résumé, l’efficacité d’une aérosolthérapie supralatéral ;
entre 0,5 et 3 µm ;
à visée bronchique est d’autant plus
– dépôt par diffusion : fixation au hasard de importante : – un abaissement favorisé de l’hémicoupole
particules d’un DAM inférieur à 0,5 µm, diaphragmatique supralatérale ;
sous l’influence du mouvement brownien – que les particules constituant l’aérosol
sont homogènes ; – une déflation du poumon infralatéral
(molécules qui s’entrechoquent en l’absence essentiellement par le contre-appui de la
de flux aérien). – que leur taille est comprise entre 1 et table.
La pénétration des particules dépend de leur 5 µm ;
Le procubitus et surtout la quadrupédie
taille : – que la respiration est lente, à faible débit, favorisent l’expansion des territoires
– un DAM supérieur à 2 µm favorise un à grand volume courant avec une pause postérieurs. Associés à une inflexion latérale
dépôt dans le nasopharynx ; téléinspiratoire. du rachis, ils permettent une expansion

18
Kinésithérapie respiratoire :
Kinésithérapie 26-500-C-10
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
à des valves unidirectionnelles. De même, il
16 Expansion localisée en
est possible d’ajouter des résistances sur la
inclinaison rachidienne.
plupart des circuits.
La mesure préalable de la CV du patient
permet de déterminer un volume à mobiliser
exprimé en pourcentage de la CV :
– pour améliorer les volumes pulmonaires,
cette valeur doit être proche de 80 % ;
– pour un simple entraînement destiné à
améliorer la fonction ventilatoire, la valeur
choisie est comprise entre 40 et 50 % de la
CV.
Les mesures itératives de la CV permettent
d’objectiver les progrès et surtout de
réajuster en permanence le niveau
volumétrique de travail.
Le niveau de volume auquel débute
localisée de la partie postérieure d’un SPIROMÉTRIE INCITATIVE l’exercice conditionne la distribution de la
poumon. Le décubitus dorsal permet à DIRIGÉE [3, 8, 41] ventilation (fig 17) :
l’inverse l’expansion préférentielle des zones La spirométrie incitative est basée sur le
antérieures. Les positions assise ou debout principe du « feedback » : le patient visualise – pour un volume mobilisé proche de 80 %
sont plus favorables à l’expansion des ses mouvements inspiratoires et/ou de la CV et une participation optimale du
sommets. expiratoires, ce qui peut l’inciter à soutenir diaphragme, il est indispensable d’obtenir
ses efforts. Ce système facilitateur peut donc une expiration préalable aussi complète que
L’inclinaison du rachis provoque une
optimiser la ventilation dirigée ou la possible ;
ventilation asymétrique favorisant
l’expansion du poumon dans la convexité ventilation localisée mais ne remplace pas le – pour un volume mobilisé compris entre
de la courbure rachidienne, et réduisant la contrôle du kinésithérapeute, notamment 40 et 50 % de la CV, la distribution de l’air
compliance du poumon du côté de la dans la précision de l’exercice. L’idéal est la inspiré varie avec le niveau de volume
concavité (fig 16). Cette inclinaison peut être combinaison des deux en « spirométrie préinspiratoire. De ce fait, il est préférable
favorisée par l’utilisation de coussins, d’une incitative dirigée ». de placer l’exercice autour de la CRF afin
table articulée ou d’un espalier, en accord La spirométrie incitative inspiratoire, à d’obtenir une ventilation alvéolaire
avec la physiologie costale, c’est-à-dire en l’instar de la ventilation dirigée et à l’inverse homogène.
provoquant une inclinaison au niveau de la ventilation en relaxation de pression
Le débit inspiratoire influence aussi la
dorsal. Le guidage et le contrôle manuels (technique passive procédant par
distribution de la ventilation : des débits
sont importants pour obtenir une insufflation), a pour but de favoriser
moyens (entre 0,5 et 1,5 L/seconde) assurent
localisation efficace et éviter la mobilisation l’expansion alvéolaire par augmentation du
gradient de pression transpulmonaire. une homogénéisation et permettent une
inutile de volumes trop importants. Ces ventilation basale efficace, tronc vertical.
exercices étant difficiles à maîtriser, les La spirométrie incitative expiratoire a pour
techniques d’expansion localisée peuvent, but d’augmenter le temps expiratoire et le Une apnée téléinspiratoire tenue pendant 3
toutefois, justifier, en début d’apprentissage, volume expiré, pour favoriser la ventilation à 4 secondes permet aussi l’homogénéisation
de tolérer une augmentation importante du alvéolaire et aider au drainage bronchique. de la ventilation pulmonaire et une
volume. Les variables mécaniques qui servent de diminution de l’asynchronisme alvéolaire.
support incitatif sont en général le débit Une résistance inspiratoire modérée
RÉÉDUCATION DIAPHRAGMATIQUE et/ou le volume (Voldynet, DHD Coacht, (5 cmH2O) peut améliorer la sensation du
Ohmeda SI 203t). mouvement respiratoire. Plus élevée
Elle accompagne en général les techniques
La plupart de ces appareils peuvent être (> 10 cmH2O), elle améliore la force et
d’expansion localisée dans la rééducation de
utilisés en inspiration ou en expiration grâce l’endurance des muscles respiratoires.
certains syndromes restrictifs. Il s’agit alors
d’améliorer l’abaissement du diaphragme 17 Spirométrie incitative
(position inspiratoire maximale) et sa course débitmétrique.
(entre les positions inspiratoire et expiratoire
maximales).
Les techniques utilisées combinent deux
composantes : position et travail inspiratoire.
La position du patient permet, par le poids
des viscères, de varier la résistance opposée
à l’abaissement du diaphragme : en
latérocubitus, la résistance est faible en
controlatéral, favorisant l’abaissement, et
élevée en homolatéral, favorisant la course.
Le travail inspiratoire recrute le diaphragme
et peut être complété par des apnées
inspiratoires et des reniflements.
La rééducation en force et en endurance du
diaphragme est indiquée dans la rééducation
de certains syndromes obstructifs, dans le
cadre global de l’entraînement des muscles
inspiratoires.

19
Kinésithérapie respiratoire :
26-500-C-10 Kinésithérapie
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques

18 Augmentation du flux expiratoire (AFE) sous ventilation mécanique non invasive (VMNI) en aide inspiratoire.

Le nombre d’essais demandés et la passive, due à l’élasticité thoracopulmonaire. respiratoire permet la diminution de l’auto-
fréquence des séances sont fonction du L’évolution technologique a permis de PEP (pression expiratoire positive) en
degré de fatigabilité du malade et de développer des variantes de ce mode permettant l’allongement du temps
l’efficience de la technique. ventilatoire. La ventilation assistée contrôlée expiratoire.
La position du patient peut faciliter une (VAC) désigne un mode ventilatoire Pour le kinésithérapeute, ce mode de
distribution préférentielle de la ventilation identique, au cours duquel le patient peut ventilation permet de débuter rapidement
et doit être précisée comme les autres déclencher des cycles supplémentaires dits une rééducation respiratoire, notamment
variables. « assistés » (déclenchés par le patient puis chez les patients intubés et ventilés
contrôlés par la machine). La ventilation (ventilation dirigée ou désencombrement
contrôlée intermittente (VCI), puis la bronchique) dans des conditions mécaniques
VENTILATION MÉCANIQUE ventilation assistée contrôlée intermittente plus favorables. En effet, plus que tout autre
NON INVASIVE (VACI) permettent l’introduction de cycles mode, l’aide inspiratoire se prête
La ventilation mécanique non invasive spontanés entre chaque phase mécanique parfaitement bien à la kinésithérapie
(VMNI) est définie par l’interface entre (association d’une ventilation contrôlée et respiratoire, du fait du synchronisme parfait
patient et respirateur car elle a pour d’une respiration spontanée). entre la demande du patient et le débit
particularité d’éviter intubation et délivré par le respirateur. Un débit
trachéotomie. Masque nasal ou facial, ¶ Aide inspiratoire d’insufflation initial (vitesse de montée en
industriel ou moulé sur le visage du malade L’aide inspiratoire (AI) ou « pressure support pression) élevé permet de diminuer le travail
sont les plus fréquents, mais l’embout buccal ventilation » procède par une augmentation respiratoire, notamment chez les malades
est parfois utilisé (fig 18). de la pression inspiratoire (pression positive) dont les résistances des voies aériennes sont
L’assistance ventilatoire permet d’améliorer dans les voies aériennes, favorisant importantes (travail respiratoire résistif en
la ventilation alvéolaire, d’augmenter la l’expansion thoracopulmonaire. Ce mode début d’inspiration).
fraction inspirée d’oxygène tout en ventilatoire qui utilise un générateur de La possibilité de disposer maintenant de
diminuant le travail des muscles débit à réglage de pression se différencie l’aide inspiratoire sur les ventilateurs
respiratoires. bien de la ventilation en relaxation de d’entrée de gamme ou de domicile devrait,
pression, par l’obtention d’un plateau de à terme, permettre de remplacer la
Dans ce but, la VMNI est, depuis fort
pression et des possibilités de cyclage ventilation en relaxation de pression dans
longtemps, utilisée par les kinésithérapeutes,
inexistantes en relaxation de pression. bon nombre d’indications en kinésithérapie
pour des patients dont les capacités
ventilatoires sont diminuées, soit dans le Ce mode est souvent considéré comme une respiratoire où l’objectif nécessite
cadre d’une pathologie chronique soit en aide pneumatique à la contraction l’augmentation active du volume courant.
période aiguë (période postopératoire de diaphragmatique.
¶ Ventilation en relaxation
chirurgie abdominale, par exemple). Les effets bénéfiques de cette technique sont
essentiellement dus à la synchronisation de de pression
Par ailleurs, la VMNI facilite le drainage
la ventilation mécanique et de la respiration L’utilisation d’un générateur de débit à
bronchique par l’augmentation du volume
spontanée du patient, facteur de confort et réglage de pression assure un mode de
courant et diminue les effets délétères
d’adaptation aisée et rapide. Ainsi, on ventilation mécanique permettant
éventuels d’une séance de kinésithérapie,
observe surtout une diminution de la l’insufflation d’un volume gazeux dans les
tant au niveau gazométrique que de la
fréquence respiratoire et une augmentation poumons jusqu’à une pression maximale
fatigue engendrée.
du volume courant, liées principalement à prédéterminée. Ce mode ventilatoire,
la diminution du travail total des muscles fréquemment dénommé par son appellation
¶ Ventilation contrôlée
respiratoires objectivées par l’électromyo- anglo-saxonne : « intermittent positive
L’insufflation d’un volume constant préréglé gramme (EMG) et la diminution de la pressure breathing » (IPPB), a comme
à une fréquence fixe permet à la ventilation consommation d’oxygène. L’aide terminologie française : respiration en
contrôlée (VC) d’assurer la totalité de la inspiratoire soulage donc les muscles pression positive intermittente ou ventilation
ventilation alvéolaire du patient, sans re s p i r a t o i re s e n a s s u r a n t u n e p a r t en relaxation de pression.
aucune participation (donc aucun travail importante du travail respiratoire. D’autre Ce mode ventilatoire, qui procède par une
ventilatoire) de sa part. L’expiration reste part, la diminution de la fréquence augmentation de la pression inspiratoire

20
Kinésithérapie respiratoire :
Kinésithérapie 26-500-C-10
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
Enfin, les caractéristiques technologiques des important entre les effets de l’entraînement
dispositifs utilisés conditionnent en partie le et les adaptations des muscles striés
type d’entraînement. Ainsi, l’hyperpnée entraînés. Cela pose donc à la fois l’intérêt
isocapnique et les dispositifs à réduction de d’un entraînement spécifique, mais aussi ses
calibre [47] ne permettent pas d’assurer d’une limites : l’entraînement sur bicyclette n’est
manière rigoureuse un travail à un niveau pas spécifique pour préparer à la marche.
donné et constant de pression inspiratoire. Il L’entraînement devrait donc offrir une
est donc préférable d’utiliser des dispositifs certaine diversité d’exercices issus des
à valve inspiratoire dont le seuil de activités fonctionnelles telles que celles
déclenchement est réglable mais constant envisagées dans une logique de rééducation
grâce à un poids ou un ressort. (marche, transferts, escaliers, port de
charge…).
RÉENTRAÎNEMENT À L’EXERCICE
¶ Alternance travail-repos
Le réentraînement à l’exercice est basé sur
les principes fondamentaux de l’entraî- et quantité de travail
nement physique. Ces principes permettent La progression s’entend sur la globalité d’un
d’organiser et de planifier l’entraînement, et p ro g r a m m e d ’ e n t r a î n e m e n t , m a i s à
en particulier de définir la progression au l’intérieur de celui-ci des phases de repos
cours d’un cycle court (1 semaine) et d’un doivent être aménagées pour éviter un
cycle long (un programme de réentraî- surmenage physique ou psychologique. La
nement de 6 à 8 semaines). physiologie de l’exercice sportif nous permet
d ’ e n v i s a g e r a i n s i p l u s i e u r s re p è re s
¶ Principe de surcharge directement transposables en rééducation :
19 Entraînement des muscles inspiratoires sous sur-
veillance d’une oxymétrie de pouls. P o u r ê t re effi c a c e , u n e x e rc i c e d o i t
– deux séances hebdomadaires ne font
s uffi s a m m e n t s o l l i c i t e r l e s r é s e r v e s
(pression positive) dans les voies aériennes, qu’entretenir l’état physique ;
énergétiques pour entraîner une fatigue
favorise l’expansion thoracopulmonaire, non momentanée. Des phénomènes de – l’amélioration des possibilités physiques
par augmentation active de la pression « surcompensation » vont conduire à commence à partir de trois séances ;
transpulmonaire (physiologique) mais de augmenter le potentiel initial si une autre
– au-delà de cinq séances hebdomadaires ou
façon passive en augmentant davantage la séance est réalisée à court terme après la
pression alvéolaire que la pression pleurale encore dans le cas d’entraînements
première. La surcompensation est d’autant
(non physiologique). L’importance de ces pluriquotidiens, on passe dans une logique
plus importante que la sollicitation est forte.
variations de pression dépend aussi de d’athlétisation présentant des risques de
La surcharge doit suivre deux conditions :
l’attitude du patient : insufflation passive ou fatigue excessive dans un contexte
ê t re p ro g re s s i v e e t p e r m a n e n t e . L a
participation inspiratoire active lors de pathologique ;
progression permet de ne surcharger que le
l’insufflation. mécanisme énergétique souhaité. Le nombre – il est plus avantageux de s’entraîner
L’expiration, passive, ramène l’ensemble et la durée des séances, leur intensité, quatre fois 1 heure que deux fois 2 heures ;
thorax-poumon à sa position de repos : la doivent éviter l’inadaptation organique se
– à l’intérieur d’un cycle court, des séances
capacité résiduelle fonctionnelle (CRF). La traduisant par une fatigue excessive voire
à haute intensité devraient être alternées
pression de fin d’expiration dans les voies l’épuisement. La surcharge est un facteur de
avec une récupération active en endurance ;
aériennes est théoriquement nulle. progrès indispensable. Il faut donc la
réajuster au fur et à mesure de l’amélioration – à l’intérieur d’un cycle long, un cycle court
des performances. spécifique de récupération devrait être mis
ENTRAÎNEMENT DES MUSCLES
INSPIRATOIRES (fig 19) en place tous les deux ou trois cycles courts
¶ Individualisation c l a s s i q u e s , a fi n d e p e r m e t t r e u n e
Comme tout entraînement musculaire, reconstitution des potentiels énergétiques et
de l’entraînement
l’entraînement des muscles inspiratoires éviter le surentraînement.
(EMI) présente des caractéristiques Pour être efficace, c’est-à-dire pour entraîner
fondamentales. une surcompensation, l’entraînement doit
être réalisé à un niveau suffisant d’effort. ¶ Types d’entraînement
Il existe ainsi un niveau d’efficacité en
dessous duquel l’entraînement ne produit Des méthodes classiques, standardisées, On distingue deux types d’entraînement : à
pas d’effets significatifs. Pour les muscles proposent d’entraîner les patients à une charge constante ou en fractionné (SWEET)
inspiratoires, un entraînement quotidien valeur-cible de leur fréquence cardiaque, réalisés sur cycloergomètre :
d’au moins 30 minutes à au moins 30 % de correspondant à une certaine valeur de leur
la PImax est nécessaire [16]. L’évaluation fréquence maximale théorique ou de leur – l’entraînement de fond classique à une
initiale doit donc permettre d’individualiser fréquence cardiaque de réserve. Cependant, puissance constante correspondant au seuil
un EMI et nécessite une mesure de la PImax. l’entraînement individualisé au niveau du ventilatoire SV1, c’est-à-dire au niveau
L’entraînement musculaire est spécifique en seuil d’adaptation ventilatoire a montré sa d’apparition de la dyspnée. C’est la
endurance ou en force. Il devrait être basé plus grande efficacité [44]. De plus, on connaît fréquence cardiaque qui sert de référence de
sur des exercices largement sous-maximaux la corrélation entre SV1 et le seuil de ce niveau. Le principe de surcharge
mais de longue durée pour l’entraînement dyspnée [32] qui permet une mise en œuvre conduisant à augmenter l’intensité de
en endurance ou, à l’inverse, courts mais simple de ce type d’individualisation. l’exercice, lorsque la FC diminue de manière
intenses pour l’entraînement en force. significative au cours des entraînements, ce
Cependant, les études menées jusqu’à ce ¶ Spécificité de l’entraînement qui est un indicateur fondamental de
jour ont décrit des entraînements non progrès (fig 20) ;
L’entraînement conduit à une sollicitation
spécifiques mais combinant les deux sélective des métabolismes, des muscles et – l’entraînement de type interval training
modalités. des articulations entrant en jeu dans appelé SWEET (square wave endurance
Les bénéfices de l’entraînement sont limités l’activité physique pratiquée. De nombreux exercice test), proposé par Gimenez [22], qui
dans le temps et nécessitent un entretien. travaux ont démontré en particulier le lien alterne des périodes de 4 minutes au seuil

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Kinésithérapie respiratoire :
26-500-C-10 Kinésithérapie
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
20 Exercice à charge constante en aérobiose.

21 Exercice de type SWEET (square wave endurance exer-


cise test).

ventilatoire et des pics de 1 minute à la d’amélioration de l’aptitude physique [15, 36]. doit rester en dessous de la fréquence
V̇O2max (fig 21). La fréquence cardiaque, la pression artérielle maximale atteinte lors de l’épreuve d’effort.
et la saturation en oxygène (SaO2) doivent Le tableau VI récapitule les critères
Pour les deux protocoles, les séances durent être surveillées au moins pendant les d’évaluation qui guident le choix des
45 minutes, trois à cinq fois par semaine. On premières séances. La SaO2 ne doit pas être techniques de kinésithérapie, en évaluent
sait qu’en dessous de 15 minutes inférieure à 92 %, ce qui peut nécessiter une l’efficience et permettent de mesurer le
d’entraînement-endurance, il n’y a pas adaptation de l’oxygénothérapie [7], et la FC résultat des traitements.

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Kinésithérapie respiratoire :
Kinésithérapie 26-500-C-10
démarche diagnostique, techniques d’évaluation, techniques kinésithérapiques
Tableau VI. – Synthèse des critères d’évaluation qui guident le choix des techniques de kinésithérapie, qui en évaluent l’efficience et qui permet-
tent de mesurer le résultat des traitements.
Critères d’efficacité et d’efficience Critères d’évaluation du résultat
Critères de choix technologique Techniques de mises en œuvre
des techniques du traitement
- Rhéologie des sécrétions - AFE - +/- posture préférentielle - Modification des bruits respiratoires - Immédiat :
Encombrement

- Obstruction (courbe débit-volume) - Aérosolthérapie (progression des sécrétions) - amélioration de l’auscultation (ronchi
- Restriction CV (EFR) - Bronchodilatateur - Expectoration et crépitants)
- Localisation de l’encombrement - PEP - Absence de fatigue - amélioration de la dyspnée
- Dyspnée (Borg, EVA) - Augmentation du volume inspiré par - Non-aggravation de la dyspnée, de - À long terme (si chronicité) :
- Gaz du sang ventilation mécanique invasive ou non l’obstruction ou d’éventuels désordres - drainage bronchique autonome efficace
- Capacité de drainage bronchique auto- - Aspiration des gaz du sang - qualité de vie améliorée
nome

- Localisation des zones d’hypoventilation - Ventilation localisée et ventilation - Augmentation du Vt et de la CV - Immédiat :


- Capacité d’augmentation spontanée du dirigée - Amélioration de la ventilation dans la - diminution de la dyspnée
volume courant et CVxix - Spirométrie incitative zone hypoventilée - amélioration des EFR
Ventilation

- Dyspnée (Borg, EVA) - Gaz du sang - Augmentation du volume inspiré par - Symétrie de la ventilation - amélioration des radiographies
- Causes de l’hypoventilation (physiopa- ventilation mécanique invasive ou non thoraciques
thologie) - PEP - amélioration des GDS
- Gymnastique thoracique - À long terme :
- Massage décontracturant - stabilité clinique et fonctionnelle
- adaptation de la VNI au long cours

- GDS - Oxygénothérapie - Amélioration des GDS - Immédiat :


- Oxymétrie de poulds - Augmentation du volume inspiré par - Diminution des signes cliniques - diminution de la dyspnée
Hématose

- EFR (causes physiopathologiques) : ventilation mécanique invasive ou non d’hypoxémie et/ou d’hypercapnie - normalisation des GDS ou retour à
- Capacités d’augmentation de la - PEP ou « pursed lips » - Augmentation de la ventilation alvéo- l’état de stabilité si IRC
ventilation - Ventilation dirigée laire (diminution de la fréquence et - absence de recours à l’intubation, si
- Obstruction augmentation du Vt) situation aiguë
- À long terme si IRC :
- stabilité clinique et fonctionnelle

- Seuil (FC ou dyspnée) - Réentraînement à l’effort (marche sur - Amélioration des GDS - Immédiat :
- Type d’exercice tapis roulant, cycloergomètre, travail - Diminution des signes cliniques - amélioration de la qualité de vie
Dyspnée

- Résistance inspiratoire des membres supérieurs, balnéo- d’hypoxémie et/ou d’hypercapnie - amélioration de la tolérance à l’effort
- Dyspnée (Borg, EVA) thérapie...) - Augmentation de la ventilation alvéo- (TDM 6 min, résultats de l’EECR)
- Oxymétrie - Renforcement des muscles respira- laire (diminution de la fréquence et - augmentation des possibilités physi-
toires (treshold...) augmentation du Vt) ques fonctionnelles
- Respiration rythmée à l’effort - À long terme :
- persistance des critères cités ci-dessus

- Suivant nécessité Contrat d’éducation thérapeutique : - Engagement du patient dans un pro- - Immédiat :
- drainage bronchique autonome cessus de formation : - auto-prise en charge et modifications
Éducation

- autoaspiration - questionnaire d’évaluation des du comportement


- éducation à la VNI - école du souffle connaissances - diminution de la consommation de
- questionnaire d’autoévaluation soins
- questionnaire d’observance du traite- - amélioration de la qualité de vie
ment - À long terme :
- persistance des critères cités ci-dessus

AFE : augmentation du flux expiratoire ; CV : capacité vitale ; CPT : capacité pulmonaire totale ; EVA : échelle visuelle analogique ; EFR : épreuves fonctionnelles respiratoires ; PEP : pression expiratoire positive ; IRA : insuffisance
respiratoire aiguë ; IRC : insuffisance respiratoire chronique ; GDS : gaz du sang ; EECR : épreuve d’effort cardiorespiratoire ; FC : fréquence cardiaque ; VNI : ventilation non invasive.

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