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Revue du rhumatisme 82 (2015) 18–24

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Mise au point

Tendinopathie d’origine médicamenteuse : de la physiologie


à l’application clinique夽
Thomas Kirchgesner a,∗ , Ahmed Larbi a , Patrick Omoumi a , Jacques Malghem a ,
Nadia Zamali a , Julien Manelfe b , Frédéric Lecouvet a , Bruno Vande Berg a ,
Sahlya Djebbar c , Benjamin Dallaudière a,d
a
Service de radiologie, département d’imagerie musculo-squelettique, cliniques universitaires Saint-Luc, avenue Hippocrate 10, 1200 Bruxelles, Belgique
b
Service de radiologie, hôpital Bichât–Claude-Bernard, 46, rue Henri-Huchard, 75877 Paris, France
c
Service de radiologie ostéo-articulaire, hôpital Roger-Salengro, avenue du Pr-Emile-Laine, 59037 Lille, France
d
Université Paris Diderot, 5, rue Thomas-Mann, 75205 Paris, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : La toxicité tendineuse d’origine médicamenteuse est un phénomène rare souvent sous-estimé. À ce jour,
Accepté le 14 mars 2014 quatre classes thérapeutiques ont été principalement mises en cause. Les quinolones et la corticothé-
Disponible sur Internet le 20 juin 2014 rapie au long cours sont les plus connues, auxquelles il faut ajouter les statines et les inhibiteurs de
l’aromatase. Les mécanismes physiopathologiques précis à l’origine de cette toxicité restent à établir.
Mots clés : Des facteurs de risque ont été identifiés de manière formelle tels qu’un âge supérieur à 60 ans et une
Tendon tendinopathie pré-existante ainsi qu’un effet de potentialisation lors de l’association de ces différentes
Tendinopathie
classes thérapeutiques. Le délai moyen d’apparition des symptômes est variable, allant de quelques jours
Iatrogène
Quinolone
pour les quinolones, à plusieurs mois pour les statines voire plusieurs années pour la corticothérapie
Statine au long cours. L’atteinte est préférentiellement localisée aux tendons des membres inférieurs et parti-
Corticoïde culièrement au corps du tendon calcanéen. Au cours de cette mise au point seront abordées dans une
première partie l’anatomie du tendon, la physiopathologie et la séméiologie radiologique des tendinopa-
thies. Puis dans une seconde partie seront développées successivement les principales caractéristiques
des médicaments ayant une toxicité tendineuse.
© 2014 Société Française de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

1. Introduction 2. Anatomie et physiologie du tendon

La toxicité tendineuse d’origine médicamenteuse est un phé- 2.1. Histologie


nomène sous-estimé. À ce jour, quatre classes thérapeutiques
ont principalement été mises en cause. Les quinolones et la cor- Macroscopiquement, le tendon sain est constitué d’une
ticothérapie au long cours sont les plus connues, auxquelles il structure fibrillaire généralement arrondie, blanche, élastique
faut ajouter les statines et les inhibiteurs de l’aromatase. Nous légèrement brillante depuis la jonction myo-tendineuse jusqu’à
avons voulu rendre compte de la toxicité tendineuse très souvent son enthèse (Fig. 1a). Dans les tendons, les fibroblastes sont
méconnue et pourtant possiblement précoce et sévère de ces médi- appelés ténoblastes, le ténocyte étant un ténoblaste moins actif sur
caments prescrits de manière fréquente dans la pratique médicale le plan métabolique. Ténoblastes et ténocytes représentent 90 %
quotidienne. des cellules dans le tendon et produisent des fibres de collagène
(type 1) et d’élastine, ainsi que de nombreux composants de la
matrice extra-cellulaire (cytokines, enzymes, glycosaminogly-
canes). Les fibres de collagène sont le principal composant des
tendons et constituent 70 à 80 % de leur poids sec (Fig. 1b). Les
10 % de cellules restantes sont composées de chondrocytes au
DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.jbspin.2014.03.022. niveau des enthèses et de quelques cellules synoviales au niveau
夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence française de cet article, mais la réfé-
de la gaine synoviale tendineuse si celle-ci est présente [1,2].
rence anglaise de Joint Bone Spine avec le DOI ci-dessus.
∗ Auteur correspondant. La matrice extra-cellulaire entre les fibres de collagène et les
Adresse e-mail : Thomas.Kirchgesner@gmail.com (T. Kirchgesner). ténocytes se compose de glycosaminoglycanes, glycoprotéines et

http://dx.doi.org/10.1016/j.rhum.2014.03.004
1169-8330/© 2014 Société Française de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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collagène ; ils sont plus nombreux aux insertions tendineuses et


permettent la détection des changements de pression et de tension
du tendon (proprioception). Les fibres nerveuses non myélinisées
sont à l’origine de la nociception [7].

3. Physiopathologie des tendinopathies

3.1. Histologie

Le terme de « tendinite » est inapproprié pour caractériser la


pathologie tendineuse du fait de l’absence de cellule inflamma-
toire à l’intérieur du tendon ; le terme « tendinopathie » apparaît
donc plus adapté. Macroscopiquement, la portion pathologique
du tendon perd son apparence blanche physiologique au profit
d’un aspect épaissi, irrégulier et brunâtre. L’étude histologique
Fig. 1. Anatomie et histologie du tendon : a : schéma du tendon et de ses diffé- montre une absence complète de cellule inflammatoire notamment
rents composants ; b : aspect macroscopique d’un tendon calcanéen de rat (Mus. : macrophagique ou polynucléaire neutrophile, une désorganisa-
muscles ; JMT : jonction myo-tendineuse ; Tend. : tendon calcanéen ; Ent. : enthèse
tion des fibres de collagène, l’apoptose des ténocytes, l’apparition
sur le calcanéus) ; c : enthèse calcanéenne normale de rat grossie 50× avec coloration
Hémalin éosine (tête de flèche blanche : fibres de collagène ; tête de flèche noire : de nombreux néovaisseaux (Fig. 1d) et une augmentation des
ténocytes ; cercle noire : moelle rouge hématopoïétique du calcanéus) ; d : enthèse glycosaminoglycanes inter-fibrillaires [8,9]. Ces remaniement tis-
calcanéenne pathologique de rat grossie 50× avec coloration Hémalin éosine (tête sulaires aboutissent à une dégénérescence tendineuse chronique
flèche blanche : fibres de collagène ; têtes de flèches noires : néovaisseaux intra- de type mucoïde et/ou lipoïde plus ou moins associée à une
tendineux).
métaplasie fibro-cartilagineuse accompagnée de dépôts calciques
d’hydroxyapatite (notamment dans le cas de tendinopathie des ten-
protéoglycanes très hydrophiles qui participent à l’élasticité dons de la coiffe des rotateurs) [10]. La tendinopathie est donc
tendineuse [2]. une rupture de l’équilibre entre la synthèse et la dégénérescence
Ces fibres de collagène sont arrangées en fibrilles (fibrilles pri- tendineuse.
maires), elles-mêmes arrangées en fascicules (fibrilles secondaires) Dans les études précliniques concernant l’histoire naturelle de
puis en fibrilles tertiaires pour constituer le tendon lui-même la tendinopathie, l’administration locale de cytokines et de prosta-
(Fig. 1b). Les fibres de collagène sont principalement orientées glandines (PG) inflammatoires induit une tendinopathie chimique.
longitudinalement même si quelques-unes peuvent être dispo- L’application répétée d’une force mécanique induit et augmente
sées transversalement, généralement aux extrémités tendineuses la production de PGE2, interleukines (IL6, Il-1B), cyclo-oxygenase-
(Fig. 1c) [1,2]. 2 (COX-2) et métalloprotéases 1 et 3 [11,12]. Ces enzymes sont à
L’épitendon qui entoure les structures fibrillaires tertiaires de l’origine d’une dégradation de la matrice extra-cellulaire et repré-
collagène, contient l’ensemble des structures vasculaires, lympha- sentent les médiateurs de la tendinopathie. Ils sont associés à la
tiques et nerveuses du tendon et se prolonge au sein du tendon production de facteurs de croissance vasculaire à l’origine de la
par un endotendon. Superficiellement, le paratendon constitué de formation de néovaisseaux intra-tendineux [11]. L’apparition de
fibres collagènes de type de 1 et 3 recouvre l’épitendon. Lorsqu’elle ces néovaisseaux dans des zones avasculaires est pathogène par
est présente, il est en étroit contact avec la gaine synoviale, consti- les substances qu’ils transportent à la phase précoce, principale-
tuée d’un feuillet pariétal et d’un feuillet viscéral à l’origine d’une ment du péroxyde d’hydrogène (H2 O2 ) et des ions superoxydes
fine pellicule de liquide synovial entre les deux feuillets [3]. (O2 − ). Cependant, ils sont également responsables de l’apport de
Platelet-Derived Growth Factor (PDGF) à l’origine du clou et de la
2.2. Vascularisation dégranulation plaquettaires, qui favorisent la différenciation des
cellules tendineuses ténocytaires en ténoblastes et donc la prolifé-
La vascularisation tendineuse est physiologiquement très pré- ration de fibres de collagène [13].
caire avec de nombreuses zones hypo- et avasculaires. Les
vaisseaux sont localisés autour du tendon et proviennent princi-
palement de trois sources : la jonction myo-tendineuse, la jonction 3.2. Biomécanique
ostéo-tendineuse (enthèse) et le paratendon ou la membrane syno-
viale. Depuis la jonction myo-tendineuse, l’irrigation vasculaire ne Le tendon permet la transmission des forces du muscle à l’os et
dépasse pas un tiers en hauteur du tendon, quant au niveau de la l’absorption des forces externes afin de limiter les dommages mus-
jonction ostéo-tendineuse elle se limite à l’enthèse [4]. Ainsi de culaires. Ses propriétés élastiques permettent une bonne flexibilité
multiples zones hypovascularisées ont été mises en évidence au et un niveau optimal d’élasticité malgré des forces mécaniques
niveau du tendon calcanéen entre 2 et 6 cm par rapport à son inser- appliquées importantes. La consommation en oxygène du tendon
tion calcanéenne et correspondraient à des zones de faiblesse, plus et des ligaments est extrêmement faible (7,5 fois plus faible que
fréquemment sujettes aux ruptures [5,6]. Les zones de torsion, de les cellules musculaires), car ils travaillent généralement en anaé-
flexion et de compression participent également à la précarité de robie. Ce métabolisme principalement anaérobie est indispensable
cette vascularisation tendineuse. pour permettre la répétition des mouvements et le maintien d’une
tension tendineuse importante pendant de longues périodes [8]. La
2.3. Innervation tension maximale applicable au tendon est variable et dépend de
son épaisseur et de sa contenance en fibres de collagène (une sur-
L’innervation tendineuse est d’origine cutanée, musculaire et face de 1 cm2 est capable de supporter une charge de 500 à 1000 kg).
péri-tendineuse et suit le même trajet que les vaisseaux. Les Le risque maximal de rupture apparaît cependant pour des mou-
organes de Golgi (récepteurs nerveux) sont constitués par la ter- vements rapides, répétés en tension oblique lors de contractions
minaison des fibres myélinisées s’insinuant entre les fibrilles de musculaires extrinsèques [3].
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La pathologie tendineuse et péri-tendineuse peut être aiguë ou fréquences. En plus de sa capacité à analyser la structure fibrillaire
chronique, d’origine intrinsèque (microtraumatismes) ou extrin- du tendon, elle permet contrairement à l’IRM, une étude dynamique
sèque (choc externe). En pratique clinique comme en imagerie, elle du tendon [17]. Son coût et sa disponibilité par rapport à l’IRM en
est divisée en : tendinose, atteinte dégénérative chronique du ten- font un examen de choix. En tension, le tendon normal apparaît
don, qui peut être focale ou globale ; rupture partielle (fissure) ou sous la forme d’une structure fibrillaire hyperéchogène aux bords
totale, généralement sur un mode aigu, qui survient sur un ten- nets et parallèles. La perte du caractère parallèle des fibres entre
don sain ou dégénératif et peut siéger aux différents segments elles traduit une tendinopathie. Elle peut être focale, visible sous
du tendon (jonction myo-tendineuse, corps du tendon, enthèse) ; la forme d’une zone hypoéchogène intra-tendineuse, ou globale,
enthésopathie, atteinte spécifique de l’enthèse, à la jonction ostéo- visible sous la forme d’un épaississement fusiforme du tendon.
tendineuse ; péri-tendinopathie (en l’absence de gaine synoviale) L’échographie Doppler couleur ou puissance peut montrer de façon
et ténosynovite (en présence d’une gaine), associées ou non à une inconstante une hypervascularisation du tendon pathologique [18].
tendinopathie sous-jacente, qui correspondent à l’atteinte inflam- Les manœuvres dynamiques peuvent aider à la distinction parfois
matoire des structures péri-tendineuses. difficile entre ruptures complète et incomplète.
L’IRM permet l’analyse tridimensionnel du tendon, mais égale-
3.3. Réparation naturelle de la tendinopathie ment la visualisation de l’enthèse et d’une éventuelle atteinte de
l’os spongieux. Le recours à des champs magnétiques plus élevés
L’étude de la réparation tendineuse a été réalisée sur modèle de (3 Teslas) et l’utilisation d’antenne de surface spécifique améliorent
tendinose animale et sur modèle de rupture animale et humaine. la résolution spatiale. Le tendon normal en IRM est dépourvu de
L’étude de la tendinose humaine présente encore de nombreuses signal quelle que soit la séquence utilisée [17]. Cet aspect peut
zones d’ombre. toutefois être modifié par l’artefact de l’« angle magique » qui est
La réparation tendineuse présente 3 phases : maximal lorsque l’orientation du tendon diverge de l’ordre de
55◦ par rapport au champ magnétique et entraîne un hypersignal
artefactuel du tendon [19]. La tendinopathie focale se traduit par
• une phase initiale de quelques jours avec arrivée dans les pre-
un aspect focalement fusiforme du tendon dans le plan sagittal
mières 24 heures d’érythrocytes et de facteurs de croissance
et arrondi dans le plan axial avec des zones nodulaires intra-
vasculaire à l’origine d’une importante néoangiogenèse, elle-
tendineuses kystiques en hypersignal T2 ou tissulaires, dont le
même à l’origine d’une prolifération de ténocytes et donc de
caractère actif peut être mis en évidence par l’injection de gadoli-
fibrilles de collagène ;
nium. La tendinopathie globale est responsable d’une modification
• une phase de prolifération de quelques semaines avec synthèse
morphologique du tendon qui perd le caractère parallèle de ses
accrue de fibrilles de collagène et de glycoasaminoglycanes.
bords et devient globalement fusiforme dans le plan sagittal et
La réparation tendineuse est concomitante de la prolifération
ovoïde dans le plan axial. La rupture complète se caractérise par
ténocytaire de l’épi- et de l’endotendon mais aussi de la gaine
une interruption complète du tendon occupée par une zone hétéro-
synoviale ;
gène correspondant à l’hématome. La rupture partielle peut être de
• une phase de remodelage après 6 semaines, avec diminution des
diagnostic plus délicat et se présenter sous différentes formes : un
proliférations de collagène et de glycosaminoglycanes. Elle est
épaississement en hypersignal T2, un amincissement et un allon-
divisée en phase de consolidation jusqu’à la dixième semaine,
gement du tendon dont le signal reste quasiment normal ou une
qui correspond à la phase fibreuse avec alignement des fibres de
interruption partielle des fibres dans le plan axial. Enfin la fissu-
collagène dans le sens du stress, puis vient la phase de maturation
ration tendineuse correspond à une dissection des fibres dans le
à partir de la dixième semaine avec diminution du métabolisme
plan longitudinal se traduisant par un hypersignal en pondération
des ténocytes et de la vascularisation. L’évolution naturelle de la
T2 [20].
tendinopathie se fait vers un tissu globalement de moins bonne
Le scanner n’est pas indiqué dans l’étude tendineuse et les indi-
qualité, à prédominance fibreuse. En cas de persistance de la
cations de ténoscanner (scanner après opacification de la gaine
cause de l’atteinte tendineuse ou de fissure importante, la zone
tendineuse au moyen de produit de contraste iodé) ont quasiment
de tendinose, de même que la fissure peuvent persister, voire se
disparu.
majorer [14].
5. Toxicité des quinolones
4. Séméiologie radiologique des tendinopathies
Les premiers cas de tendinopathie imputés aux quinolones ont
La radiographie conventionnelle peut montrer dans certains été rapportés au début des années 1980, près de 20 ans après leur
cas des signes indirects de lésion tendineuse, mais son rôle est mise sur le marché [21]. Il s’agit d’un effet de classe affectant
avant tout de ne pas méconnaître une lésion osseuse sous-jacente. l’ensemble de ces antibactériens de synthèse, quel que soit leur
L’atteinte chronique peut se traduire par un épaississement du ten- mode d’administration, et qui est indépendant de la dose admi-
don et un aspect flou de ses bords, visible grâce à la différence nistrée [22]. Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament
d’atténuation des rayons X entre le tendon et les tissus adjacents (ANSM), cette classe représentait respectivement 6,2 % et 12 % des
(graisse et/ou liquide articulaire) [15]. Les tendons entourés de antibiotiques prescrits en ville et à l’hôpital en 2011. Les molé-
tissus de même coefficient d’atténuation (muscles) ne seront pas cules les plus souvent mises en cause et leurs fréquences dans la
visibles en radiographie. En cas de rupture complète, on peut obser- survenue de tendinopathie varient selon les études, vraisemblable-
ver un déplacement des structures osseuses par rapport à leur ment liées à des habitudes de prescription différentes selon les pays
topographie normale : ascension de la tête humérale en cas de rup- [22]. Il s’agit d’un effet secondaire rare dont l’incidence est estimée
ture complète de la coiffe des rotateurs, ascension de la patella en entre 0,5 et 2 % chez les sujets traités par quinolones [23]. Les ten-
cas de rupture du ligament patellaire ou au contraire abaissement dinopathies induites sont généralement d’apparition aiguë (deux
en cas de rupture du tendon quadricipital [16]. Enfin, la radio- cas ont été décrits dans les heures qui ont suivi la première prise)
graphie standard permet de mettre en évidence les calcifications avec une prédilection pour le tendon calcanéen (89,8 % des cas) où
tendineuses en cas de tendinopathie calcifiante. l’atteinte est bilatérale dans 44,3 % des cas (Fig. 2) [24]. D’autres
L’échographie est devenue incontournable dans l’exploration localisations, plus rares, ont été rapportées : tendons de la coiffe
des tendons grâce au développement de sondes linéaires de hautes des rotateurs, court extenseur radial du carpe (« épicondylite »),
T. Kirchgesner et al. / Revue du rhumatisme 82 (2015) 18–24 21

Fig. 2. Patiente de 52 ans traitée par ciprofloxacine depuis 3 jours et ayant présenté Fig. 3. Patient de 56 ans greffé rénal nécessitant une corticothérapie au long cours,
à 24 heures d’intervalle une rupture des deux tendons calcanéens : a, b : séquences ayant suivi un traitement par ciprofloxacine six mois auparavant avec douleur aiguë
sagittales en IRM pondérée T1 et T2FS de la cheville gauche montrant une solution de au versant médial du genou gauche : a : séquence sagittale en IRM pondérée en
continuité au niveau du corps du tendon calcanéen (étoile) avec signal liquidien en densité de proton (DP) mettant en évidence une désorganisation avec solution
franc hypersignal T2 (tête de flèche) ; c, d : séquences sagittales T1 et T2FS réalisées de continuité (étoile) à proximité de l’enthèse du tendon semi-membraneux ; b :
le lendemain et montrant une rupture complète du tendon calcanéen droit (étoile séquence axiale en IRM pondérée en densité de proton avec saturation de la graisse
et tête de flèche). (DPFS) montrant l’épaississement et la désorganisation du tendon au niveau de la
zone rupturaire (flèche).

fléchisseurs des doigts et du pouce et enfin tendon quadricipital


[24]. L’importance des contraintes lors de la mise en charge et de
l’activité physique expliquerait l’atteinte préférentielle des tendons majoré [24]. L’évolution est généralement favorable après l’arrêt du
des membres inférieurs et en particulier des tendons calcanéens. traitement dans un délai moyen de 60 jours, mais pouvant se pro-
Nous n’avons pas trouvé mention dans la littérature de rupture longer jusqu’à 20 mois avec la persistance de lésions séquellaires
calcanéenne iatrogène au niveau de l’enthèse, suggérant que la rup- dans 10 % des cas [24].
ture est systématiquement localisée au niveau du corps tendineux.
En effet, la majorité des ruptures de tendon calcanéen survient dans
une zone considérée comme la moins vascularisée du tendon, entre 6. Toxicité des statines
2 et 6 cm de son insertion sur le calcanéus [5]. Plus de 40 % des tendi-
noses liées aux quinolones se compliquent de rupture. Les ruptures Plus récemment, les statines, connues pour leurs effets
surviennent majoritairement durant les deux premières semaines secondaires musculaires potentiellement sévères (myopathie,
de traitement et peuvent se produire jusqu’à six mois après l’arrêt rhabdomyolyse), ont été mises en cause dans la survenue de ten-
de l’antibiothérapie [24]. dinopathie [28]. Les premiers cas ont été rapportés au début des
La physiopathologie exacte n’est pas établie et de nombreuses années 2000, plus de 10 ans après la mise sur le marché des pre-
hypothèses ont été émises, sans qu’aucune n’ait fait la preuve de mières molécules, et concernent également l’ensemble de cette
sa supériorité. Williams et al. ont étudié des tendons et paraten- classe thérapeutique très prescrite (quatre statines figuraient dans
dons calcanéens canins plongés dans des solutions contenant des la liste des 30 médicaments les plus prescrits en France en 2004)
concentrations variables de ciprofloxacine (Ciflox® ). Ils ont montré [29].
qu’après 72 heures d’incubation, il existait une diminution signi- Ces complications rares représenteraient 2,1 % des effets indési-
ficative de la prolifération cellulaire (66–68 %), de la synthèse de rables déclarés et ne seraient pas dose-dépendantes. Le délai moyen
collagène (36–48 %) et de glycosaminoglycanes (14–60 %) asso- d’apparition est de l’ordre de 8 à 10 mois après l’instauration du
ciée à une augmentation de l’activité protéolytique au sein de traitement. Il s’agit d’une tendinose dans près de deux tiers des cas
la matrice extra-cellulaire [22]. L’hypothèse la plus récente pour (65,6 %) et d’une rupture dans près d’un tiers des cas (34,4 %) avec
expliquer ce phénomène est la production et l’accumulation de une atteinte préférentielle du tendon calcanéen (52,1 % des cas), le
dérivés réactifs de l’oxygène, qui d’une part altéreraient le fonc- plus souvent unilatérale (58,7 % des cas) (Fig. 4). Les autres locali-
tionnement mitochondrial et induiraient l’apoptose, et d’autre part sations décrites concernent les tendons de la coiffe des rotateurs,
auraient un effet cytotoxique direct sur des composants de la les tendons biceps brachial, court extenseur radial du carpe, exten-
matrice extra-cellulaire, ceci pouvant expliquer l’installation par- seurs et fléchisseurs des doigts, moyen fessier et quadricipital [30].
fois rapide de la symptomatologie [25]. D’autres proposent comme L’analyse rétrospective de plus de 100 cas de rupture du tendon
hypothèse une augmentation de la synthèse de PGE2, interleukines, du biceps brachial distal a montré un risque de rupture spontanée
cyclo-oxygenase-2 et métalloprotéases, identique à celle que l’on près de deux fois supérieur chez les patients traités par statine par
retrouverait en cas d’hypersollicitation du tendon [11,12]. rapport aux sujets non traités [31].
Bien que les mécanismes physiopathologiques à l’origine de Le mécanisme physiopathologique à l’origine de cette toxicité
cette toxicité tendineuse ne soient pas clairement connus, des fac- n’est pas encore établi. L’étude de tendons calcanéens de rats traités
teurs de risques ont été formellement associés aux tendinopathies par statines a pu mettre en évidence une altération de la composi-
induites par les quinolones (Fig. 3) [26]. Ces facteurs de risque tion de la matrice extra-cellulaire et une majoration de l’activité
sont principalement un âge supérieur à 60 ans (risque de tendi- des métalloprotéases par rapport au groupe témoin [32]. Marie
nose calcanéenne de 8,3 chez les sujets de plus de 60 ans traités et al. ont émis l’hypothèse d’une action délétère sur la croissance et
par quinolones contre seulement 1,6 chez les sujets de moins de la différenciation des ténocytes, par analogie à la toxicité des sta-
60 ans), une tendinopathie pré-existante et l’association à un trai- tines sur les myocytes, possiblement liée à une modification du
tement par corticoïdes (le risque de tendinose calcanéenne par contenu lipidique intra-cellulaire et membranaire des ténocytes
rapport à la population générale est de 9,1 en cas d’association [33]. Comme pour les quinolones, un âge avancé, une tendinopa-
quinolones/corticoïdes contre un risque de 3,2 en cas de prise thie pré-existante et une activité physique intense favorisent les
isolée de quinolones) [24,26,27]. Du fait de l’élimination principale- tendinopathies induites par les statines. Il existe également une
ment rénale des quinolones, l’insuffisance rénale, la transplantation majoration du risque de lésion tendineuse lors de l’association à
rénale et l’hémodialyse semblent également associées à un risque une quinolone par rapport à la prise isolée de statine [30].
22 T. Kirchgesner et al. / Revue du rhumatisme 82 (2015) 18–24

rupture tendineuse calcanéenne a montré un délai moyen de 4 ans


entre l’instauration du traitement et la rupture [37].
Les localisations rapportées sont situées aux membres infé-
rieurs : tendon calcanéen, ligament patellaire et tendon quadrici-
pital avec parfois une atteinte bilatérale (Fig. 5).
La physiopathologie à l’origine de cet effet secondaire n’est pas
clairement établie. La prise prolongée de corticoïdes aurait un effet
délétère sur le collagène en raison de propriétés anti-mitotiques et
de l’activation de collagénases [37,38]. L’hypothèse d’une inhibition
des mécanismes de réparation tissulaire associée à des microtrau-
matismes répétés est également avancée [39]. Comme nous l’avons
déjà évoqué, les corticoïdes, lorsqu’ils sont associés à un traitement
par quinolones, majorent fortement le risque de tendinopathie [26].

7.2. Toxicité des corticoïdes par administration locale


(infiltrations)

Complication redoutée par les rhumatologues et radiologues, le


risque de rupture tendineuse suite à une infiltration de corticoïdes
est connu depuis plus de 60 ans et largement admis [40,41]. Cepen-
dant ce risque est rare : une méta-analyse portant sur 991 actes
d’infiltration de corticoïdes dans le cadre de tendinopathie n’a mon-
tré qu’un seul cas de rupture tendineuse post-injection (0,1 %) [42].
Une étude sur modèle animal a montré une baisse de la résistance
Fig. 4. Patient de 53 ans traité par rosuvastatine depuis plus de 3 ans présentant des à l’étirement de plus de 60 % des fibres de collagène après incu-
douleurs chroniques de la région achilléenne droite depuis 3 mois d’aggravation
bation de 3 à 7 jours dans une solution contenant de l’acétate de
récente sans notion de traumatisme ni facteur mécanique favorisant : a : échogra-
phie dans le plan sagittal montrant un épaississement de 9 mm du tendon calcanéen méthylprednisolone (Dépo-Médrol® ) par rapport aux échantillons
(tend. calc. : tendon calcanéen) ; b : dans le plan transverse, mise en évidence d’une de témoin, mais le mécanisme physiopathologique à l’origine de cet
zone quasi anéchogène infra-centimétrique au versant profond (tête de flèche) ; c : affaiblissement n’est pas déterminé [43]. Il serait donc préférable
cette zone apparaît hypervascularisée en périphérie en mode Doppler couleur.
d’observer une période de repos de quelques semaines après une
infiltration de corticoïdes afin de ne pas hypersolliciter un tendon
7. Toxicité des corticoïdes déjà lésé et potentiellement fragilisé [44].
Les sites de rupture tendineuse décrits dans la littérature sont
7.1. Toxicité des corticoïdes par voie générale différents de ceux rapportés pour la corticothérapie par voie
générale, en rapport avec les sites d’infiltration de corticoïdes :
La corticothérapie au long cours est une cause classique de rup- extenseurs et fléchisseurs du pouce et des doigts notamment, ten-
ture tendineuse iatrogène, quel que soit le mode d’administration don calcanéen, ligament patellaire et tendon long fibulaire plus
[34]. On estime qu’entre 0,2 et 0,5 % de la population générale exceptionnellement.
française bénéficie d’une corticothérapie systémique prolongée Le risque est maximal en cas d’injection intra-tendineuse, mais
(plus de 3 mois) et bien que plus de 300 cas aient été décrits dans peut également survenir en cas d’injection péri-tendineuse sur
la littérature, la fréquence exacte de cette complication n’est pas un tendon lésé [45]. La répétition des infiltrations et le recours à
définie [35]. Cet effet secondaire concerne principalement des des formes retards majoreraient également le risque de rupture.
sujets atteints de pathologies inflammatoires chroniques telles Au contraire, la réalisation de l’infiltration sous contrôle radiolo-
que le lupus, le psoriasis ou la polyarthrite rhumatoïde, traitées par gique ou échographique diminuerait ce risque [46]. Concernant les
corticoïdes per os au long cours et survient dans un délai variable anesthésiques locaux parfois associés à l’infiltration de corticoïde,
allant de 4 mois à plusieurs années, même si de rares cas ont été l’étude sur modèle animal a montré que l’adjonction d’un anesthé-
décrits dans un délai plus court [36]. Les corticoïdes inhalés sont sique local tel que la ropivacaïne 0,5 % augmente la toxicité sur les
également mis en cause en cas de traitement prolongé : une étude ténocytes. La lidocaïne quant à elle possèderait une toxicité propre
rétrospective de 10 patients atteints d’une pathologie respiratoire dose-dépendante [47].
chronique traitée par corticoïdes inhalés et ayant présenté une
8. Toxicité des inhibiteurs de l’aromatase

Les inhibiteurs de l’aromatase ont été mis en cause ces der-


nières années dans la survenue de synovite et plus particulièrement
de tendinites et ténosynovite des doigts [48]. Ces anti-cancéreux
prescrits dans le traitement des cancers gynécologiques hormono-
sensibles sont responsables de plaintes musculo-squelettiques,
principalement à type de myalgie, arthralgie et doigts à ressaut [49].
La fréquence de ces effets secondaires est variable selon les
études et peut concerner près de la moitié des femmes traitées,
Fig. 5. Patiente de 34 ans traitée par méthylprednisolone au long cours pour un motivant pour certaines d’entre elles l’arrêt du traitement (jusqu’à
lupus érythémateux disséminé et ayant présenté une rupture complète du liga- 20 % selon les auteurs) [50]. Près de 60 % de ces plaintes sont
ment patellaire à la montée des escaliers : a : radiographie de profil montrant une localisées aux mains et poignets, si bien que le suivi par écho-
ascension de la patella avec tuméfaction des parties molles de la face antérieure du graphie de 26 patientes traitées par inhibiteurs de l’aromatase a
genou (tête de flèche) ; b : échographie dans le plan sagittal montrant la solution
montré des modifications échographiques péri-articulaires dans
de continuité de la portion proximale du ligament patellaire (étoile) dont la portion
distale apparaît flottante (têtes de flèches) (Pat. : patella ; LP : ligament patellaire ; 93 % des cas, à type de ténosynovite de De Quervain (50 %), doigt
TTA : tubérosité tibiale antérieure). à ressaut (19 %) et ténosynovite des tendons extenseur des doigts,
T. Kirchgesner et al. / Revue du rhumatisme 82 (2015) 18–24 23

Tableau 1
Caractéristiques des principaux médicaments mis en cause dans la survenue de tendinopathie iatrogène : incidence, délai médian d’apparition des symptômes, facteurs de
risque, localisation et types d’atteintes.

Quinolones Statines Corticoïdes par voie Inhibiteurs de Isotrétinoïne


générale l’aromatase

Incidence 0,14–0,4 % 2,1 % NC NC Moins de 10 cas entre


1988 et 1995

Délai médian 9 jours 8–10 mois 4 mois–plusieurs 2 semaines–19 mois 2–6 semaines
années
Facteurs de Âge > 60 ans Âge avancé Association aux Chimiothérapie NC
risque Tendinopathie pré-existante Activités physiques quinolones préalable
Activités physiques intenses intenses Obésité
Insuffisance rénale Antécédents de Traitement hormonal
Transplantation rénale tendinopathies substitutif préalable
Hémodialyse Association aux quinolones
Association aux corticoïdes
Localisations Tendon calcanéen (89,8 % des Tendon calcanéen (52,1 à Tendon calcanéen Tendon des mains et Tendon calcanéen
rapportées cas) 55,8 % cas) Tendon patellaire poignets
Autres (10,2 % des cas) : coiffe Autres (44,2 à 47,9 % des Tendon quadricipital
des rotateurs, tendons court cas) : coiffe des rotateurs, (pourcentage NC)
extenseur radial du carpe, tendons biceps brachial,
fléchisseurs des doigts et du court extenseur radial du
pouce, quadricipital carpe, extenseurs et
fléchisseurs des doigts,
moyen fessier,
quadricipital
Type d’atteinte Tendinose Tendinose (65,6 %) Rupture (pas de Synovite et Tendinose (pas de
Rupture (40,8 %) Rupture (34,4 %) tendinose décrite) ténosynovite rupture décrite)

NC : non connu.

fléchisseur des doigts ou extenseur radial du carpe (33 %) [48]. (Roaccutane® ). L’atteinte des enthèses se caractérise par la for-
La présence de récepteurs aux estrogènes au sein de la couche mation prématurée d’ostéophytes principalement au niveau du
intermédiaire des poulies et des rétinaculums pourrait expliquer rachis cervico-dorsal et plus rarement au niveau du squelette
ce phénomène [48]. Dans près de la moitié des cas, il s’agit de appendiculaire [57]. L’atteinte axiale peut exceptionnellement
l’aggravation d’une pathologie pré-existante. Les symptômes appa- s’accompagner d’une ossification des ligaments longitudinaux.
raissent ou s’aggravent dans un délai moyen de 8 semaines après Ces lésions, similaires à celles retrouvées dans l’hyperostose sque-
le début de l’hormonothérapie [51]. Une chimiothérapie préa- lettique diffuse idiopathique (DISH), surviennent à un âge plus
lable, notamment par taxane, majore le risque d’effets secondaires jeune et seraient le plus souvent asymptomatiques. Le mécanisme
musculo-squelettiques des inhibiteurs de l’aromatase ; l’obésité et physiopathologique n’est pas connu. L’hypothèse d’une majoration
un traitement hormonal substitutif préalable restant des facteurs de production d’interleukine 1 dans l’os, qui stimulerait les ostéo-
de risques discutés [52,53]. blastes, a été émise [57]. Quelques cas de tendinose calcanéenne
ont été décrits, sans lien avec les enthésopathies ossifiantes, et
9. Toxicité des stéroïdes anabolisants à notre connaissance aucun cas de rupture tendineuse n’a été
imputé à un traitement par isotrétinoïne [58]. Les symptômes
Employés pour développer la force et la masse musculaire, les
apparaîtraient 2 à 6 semaines après l’instauration du traitement et
stéroïdes anabolisants ont été mis en cause dans des cas de rupture
seraient volontiers bilatéraux et asymétriques.
tendineuse chez des athlètes notamment parmi les haltérophiles
et culturistes [54]. Les localisations rapportées dans la littérature
concernent des tendons fortement sollicités chez ces sportifs : ten- 10.2. Toxicité des traitements anti-rétroviraux
don quadricipital, calcanéen, bicipital et tricipital. Bien que des
études sur modèle animal ont mis en évidence une altération des Les traitements anti-rétroviraux hautement actifs (acronyme
propriétés biomécaniques du tendon par les anabolisants, il n’a HAART en anglais) sont responsables de nombreux effets secon-
pas été formellement démontré de modification structurelle du daires, notamment rhumatologiques. De nombreux cas de capsulite
collagène prédisposant à une rupture tendineuse chez l’homme rétractile ont été imputés au HAART et plus particulièrement aux
[55,56]. L’hypothèse d’un déséquilibre mécanique est également inhibiteurs de protéases (indinavir) [59]. Un cas de ténosynovite
avancée : l’inadéquation entre le muscle rapidement hypertrophié bilatérale des chevilles, prédominant au niveau du tendon tibial
et le tissu conjonctif tendineux inchangé entraînerait un risque postérieur, est rapporté dans la littérature six semaines après le
plus important de rupture, qui plus est en cas d’hypersollicitation début d’un HAART chez un patient fortement immunodéprimé [60].
dans une population d’athlètes [55]. Il ne s’agirait donc pas Le Tableau 1 récapitule les caractéristiques des principaux médi-
chez l’homme d’une réelle toxicité des anabolisants, mais plu- caments en cause dans la survenue de tendinopathie iatrogène.
tôt d’un facteur prédisposant aux ruptures tendineuses d’origine
mécanique.
11. Conclusion
10. Autres molécules potentiellement toxiques pour les
Quinolones, statines et corticoïdes font partie de l’arsenal
tendons
thérapeutique commun de tout clinicien, mais leur potentielle
10.1. Toxicité de l’isotrétinoïne toxicité tendineuse est souvent méconnue. Bien que rares, ces
tendinopathies iatrogènes ne se limitent pas aux seules quinolones
Plus occasionnellement, des enthésopathies et tendinopathies et doivent être envisagées notamment en cas d’association de
ont été décrites dans le cadre d’un traitement par isotrétinoïne traitements à risque chez un patient présentant des facteurs
24 T. Kirchgesner et al. / Revue du rhumatisme 82 (2015) 18–24

prédisposants. La suspicion de tendinopathie d’origine iatrogène [28] Hayem G. Statins and muscles: what price glory? Joint Bone Spine
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