L'apport original de la kinésithérapie
analytique dans le traitement de la
lombalgie commune
RÉSUMÉ I SUMMARY
Le traitement de la lombalgie commune repose sur l'optimisa-
tion de la qualité des appuis facettaires à obtenir par mobilisa-
tions douces des articulaires postérieures dorso-lombaires.
L'optimisation de la qualité des appuis des 6 articulations
porteuses est loin d'être négligeable, et doit faire partie du
traitement.
La réducation doit rechercher la modification du comportement
du patient vis-à-vis de son rachis lombaire.
MOTS CLÉS I KEYWORDS
 Appui facettaire  École du dos  Kinésithérapie analytique
 Lombalgie commune
L
a lombalgie commune est un nom géné-
rique qui rassemble un certain nombre de
plaintes qui concernent le bas du dos.
Dans cet exposé, nous allons aborder dans un pre-
mier temps comment interpréter ces douleurs en
fonction de leur siège. Dans un deuxième temps,
nous verrons les causes de ces douleurs, et enfin
les traitements qu'apporte la kinésithérapie analy-
tique de R. Sohier et les quatre types de conseils
à donner au patient en vue de bien respecter le
mode d'emploi de sa colonne.
LE SIÈGE DE LA DOULEUR
LOMBAIRE
La première question que l'on peut se poser à son
sujet est suivante : qu'est-ce qui fait mal dans une
lombalgie ; où se situe le siège de la douleur ?
Si l'on se réfère à l'imposante littérature qui étudie
la question, on peut en retirer en synthèse que la
douleur peut concerner :
– la peau et les zones superficielles de la région
lombaire basse et fessière haute : c'est la lombal-
gie de Maigne [1], douleur projetée d'un niveau
thoracique sur la région lombaire ;
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The treatment of low back pain is based on optimising the facet
joints via gentle posterior mobilisations. Marcel
Optimising the quality of the support of six weightbearing joints BOISDEQUIN
is not negligible and must be part of the physiotherapy treatment.
Licencié en
The rehabilitation must also focus on modifying the patients pos-
kinésithérapie UCL
tural habits with regards to his lumbar spine.
Enseignant
titularisé de l'Institut
international de
kinésithérapie
analytique R. Sohier
 Facet joint support  Low back school  Analytic physiotherapy LIEU D'EXERCICE SVP
 Low back pain
Texte issu des
44e Journées de l'INK
12-13 octobre 2012
– la musculature lombaire : douleurs consécutives
L'auteur déclare ne
à une surcharge d'activité souvent occasionnelle pas avoir un intérêt
et qui sollicite intensément la fonction lombaire. avec un organisme
privé industriel ou
C'est une douleur de courbature qui survient commercial en
chez une personne qui s'est baissée cent fois relation avec le sujet
pour cueillir des champignons ou ramasser des présenté
coquillages. Cette douleur disparaît le plus sou-
vent spontanément dans les 72 heures ;
– le système facettaire : douleurs capsulaires par
coincement ou par état congestif ;
– le système circulatoire : douleurs congestives de
rythme nocturne qui réveillent le patient ;
– le système discal, où il faut distinguer quatre
aspects :
– - le conflit disco-discal : c'est le contact du noyau
du disque sur la face interne du dernier anneau
concentrique qui est le seul innervé. Il s'agit, la
première fois, d'un épisode aigu, avec attitude
antalgique en délordose qui requiert plusieurs
séances de mobilisations, et qui se caractérise
par une absence de douleurs projetées, mais
aussi par ses récidives ;
– - l'étalement circonférentiel du disque qui peut
donner des douleurs à bascule d'intensité
variable, mais surtout chroniques ;
– - la protrusion discale, avec ou sans conflit radi-
culaire ;
– - la hernie discale, avec ou sans conflit radiculaire ;
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 – le système nerveux : douleurs neuropathiques
issues d'un conflit de mauvais voisinage entre
le disque et la racine, soit par étalement circon-
férentiel qui envahit le foramen, soit par protru-
sion, soit enfin par hernie ;
– le ligament commun postérieur, lui aussi, peut
être douloureux.
LES CAUSES DES DOULEURS
LOMBAIRES 
Le point commun de tous ces aspects douloureux
est qu'ils ont une cause mécanogène. En effet,
dans ses nombreux travaux sur la colonne verté-
brale, R. Sohier [2-9] a bien démontré l'existence
de désaxations du système facettaire consécutives
à divers facteurs mécaniques : entre autres la gra-
vité, un faux mouvement, ou encore la réalisation
de gestes répétitifs.
Des causes mécaniques plus sournoises peuvent
également exister : nous n'oublions pas les causes
viscérales sans doute, mais elles relèvent de la
médecine interne ou de la gynécologie.
Ces désaxations facettaires peuvent induire une
diminution de l'efficacité, voire même l'arrêt des
mécanismes de décompression du rachis, ce qui,
secondairement, donne naissance à la pathologie
discale dans ses quatre stades : le conflit disco-dis-
cal, la protrusion, la hernie, ou encore l'étalement
circonférentiel du disque.
DIAGNOSTIC 
Le diagnostic de la lombalgie relève de l'art médi-
cal dans ses aspects génériques. Par la suite, il
appartient au kinésithérapeute de découvrir les
causes mécaniques de la lombalgie par une étude
attentive de l'état des structures, grâce aux exa-
mens paracliniques que nous considérons comme
incontournables si l'on veut appliquer un traite-
ment adapté à chaque cas.
Nous utiliserons ensuite nos examens cliniques de
barrières motrices au niveau du rachis lombaire, du
bassin, et des membres inférieurs en vue d'objec-
tiver le siège des différentes raideurs articulaires.
La palpation des contractures paravertébrales
nous renseignera évidemment avec toute la pré-
cision et la fiabilité souhaitées sur les différents
niveaux des étages vertébraux à mobiliser.
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PRINCIPES DU TRAITEMENT
DE LA LOMBALGIE PAR
LA KINÉSITHÉRAPIE
ANALYTIQUE 
Le principe de base est d'optimiser la qualité des
appuis facettaires par un geste de mobilisation
passive et douce des articulaires postérieures, et
ensuite d'éduquer le patient au respect incon-
ditionnel de la lordose lombaire dans toutes les
positions qu'il prend, et dans toutes ses activités.
Pour cela :
– les gestes proposés sont les 5 temps de Sohier ;
– et pour l'éducation du patient, les 4 temps de
Boisdequin [10, 11].
Les gestes de mobilisations (les 5 temps de Sohier)
permettent de calmer les douleurs, de recouvrer la
mobilité articulaire du segment lombaire, et ainsi
de restaurer la fonction lombaire soit progressive-
ment, soit parfois de manière très spectaculaire,
spécialement dans les épisodes aigus.
Nous rappelons ici avec insistance que tout épi-
sode aigu vertébral, donc lombaire, nécessite un
traitement immédiat, c'est-à-dire le jour même où
il survient : c'est une véritable urgence kinésithéra-
peutique, le principe étant de ne pas laisser dormir
le patient dans un état d'épisode aigu.
Il faut agir avant que les réponses inflammatoires
et congestives n'aient le temps de s'installer. C'est
donc la réharmonisation mécanique des appuis
facettaires, le plus souvent désaxés en convergence,
qui est à la base du traitement de la lombalgie.
LA PREUVE DE
L'EFFICACITÉ 
La preuve de l'efficacité des gestes de mobilisa-
tions analytiques de Sohier a été établie lors d'un
traitement réalisé sous contrôle radiologique
avant et après la mobilisation du rachis lombaire.
Le radiologue a mesuré, avec toute la compétence
et la minutie qui est la sienne, que la remontée
facettaire était de 3 mm, et que la réexpansion
discale était d'autant ! Ceci confirme donc la réa-
lité du potentiel thérapeutique de nos gestes, et
explique, entre autres, la disparition de hernies
discales, telles que nous les avons obtenues, et
objectivées par IRM de contrôle (fig. 1). Kinésithér Scient 2013;542:34-38
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 L'apport original de la kinésithérapie analytique dans le traitement
de la lombalgie commune
Résonance magnétique nucléaire :
quand les hernies discales disparaissent...
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© M. Boisdequin
© M. Boisdequin
 Figure 1
LES TRAITEMENTS
ASSOCIÉS
« Dans le cas d'une lombalgie commune, soignez les
hanches pendant 2 semaines, et la lombalgie s'en
va.» disait Raymond Sohier dans ses cours. Notre
expérience de 40 années de combat journalier
contre la douleur lombaire nous a parfaitement
convaincu de la vérité de ses propos.
LE TEMPS DE LA
RÉÉDUCATION DU
LOMBALGIQUE
En mécanique, les mêmes causes produisent les
mêmes effets, et lorsqu'on supprime les causes, on
supprime les effets. Il importe donc que le patient
supprime les causes de sa lombalgie en modifiant
son comportement vers le plus grand respect du
mode d'emploi de sa colonne vertébrale.
C'est notre école du dos qui se résume à un prin-
cipe fondamental : le respect inconditionnel de la
lordose lombaire.
Viennent ensuite les 4 temps de Boisdequin :
– bien coapté ;
– bien chaussé ;
– bien assis ;
– bien musclé.
n Bien coapté
La coaptation facettaire se relâche au cours de la
nuit à la suite de la diminution du tonus musculaire
de base liée au sommeil. Il importe donc de la réac-
tiver dès la mise debout, en vue d'assurer une prise
d'appui articulaire correcte au niveau du rachis lom-
baire. Pour réaliser cela, il faut et il suffit de marcher
sur la pointe des pieds, du lit à la salle de bain.
Dans la journée, le port d'une ceinture élastique
adaptée contribue également à la bonne coapta-
tion facettaire du rachis lombaire.
n Bien chaussé
Pas de mules, pas de pantoufles, pas de charen-
taises... ou de baskets ! Mais des talons bottiers
pour les dames : 3,5 – 4,5 cm et des chaussures de
ville pour les messieurs. On démontre en effet que
le fait de monter la hauteur des talons diminue le
bras de levier de la charge, et donc son moment
de résistance par rapport à l'axe transcoxo-fémo-
ral de référence. Cette situation diminue ainsi les
contraintes articulaires et musculaires.
En revanche, une étude de la statique sagittale réa-
lisée sur baryscope confirme que le fait de marcher
pieds nus induit une statique lombaire proche de la
marche sur talons aiguilles.
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 n Bien assis 
On n'est bien assis qu'en gravité antérieure... Pas
de fauteuil ! L'association fauteuil-télévision est
responsable de bien des lombalgie. Une étude
du Figaro Économie nous apprend que le fran-
çais moyen de plus de 15 ans passe 3 heures et 45
minutes par jour devant son téléviseur, le plus sou-
vent mal assis dans un mauvais fauteuil...
La position assise doit rester une position active où
le tronc reste penché en avant, et pas en arrière.
Il ne faut pas perdre de vue que la position assise
surcharge le troisième disque lombaire d'au moins
50 % du poids du corps.
Si le sujet est assis en gravité postérieure, il sup-
prime automatiquement l'activité musculaire de
décompression sur le rachis, puisque l'électro-
myographie confirme le silence musculaire dans
ces conditions. De plus, si les membres supérieurs
sont soutenus par des accoudoirs ou s'ils reposent
sur une table, la diminution de la charge sur le
rachis lombaire est conséquente. On peut évaluer
cette diminution à 30 % du poids du corps.
Par ailleurs, la position assise à califourchon sur
un siège est tout à fait indiquée, même pour les
jeunes, mais à condition de rester en lordose
lombaire ! Dans ce cas, la réponse musculaire des
intrinsèques du rachis survient puisque le sujet est
assis en gravité antérieure.
n Bien musclé 
L'exercice le plus fréquemment proposé à nos
patients est un mouvement de musculation du trans-
verse, avec une sortie de bain en ceinture autour de
la taille, en position debout. Ce mouvement réalise
simultanément la tonification du transverse de l'ab-
domen et des courts et longs lamellaires.
On peut y ajouter une musculation des cinq fais-
ceaux inférieurs des grands dentelés en vue d'as-
surer au patient un meilleur maintien. Cet exercice
est effectué évidemment en position debout.
n La conduite du traitement 
En dehors des épisodes aigus où le traitement
peut être quotidien, le traitement de kinésithéra-
pie analytique de la lombalgie commune doit être
réalisé à la fréquence de 2 séances par semaine.
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La stratégie thérapeutique consiste à soigner
simultanément les trois paramètres du tableau cli-
nique symbolisé par ce tryptique :
– l'aspect mécanique ;
– l'aspect inflammatoire ;
– la douleur ;
soit trois entités pathologiques à traiter de manière
spécifique.
Un traitement de consolidation, puis un traitement
d'entretien doivent évidemment être envisagés en
vue de prévenir les récidives, mais aussi en vue d'en-
tretenir la vigilance comportementale du patient...
qui oublie bien vite ses bonnes résolutions !
RÉSULTATS 
Les 5 temps de mobilisations analytiques du rachis
lombaire selon les techniques de Sohier, associées
à la mobilisation des hanches et des autres articu-
lations porteuses, et associées au respect incon-
ditionnel de la lordose lombaire et au respect
rigoureux et permanent des 4 temps (bien coapté,
bien chaussé, bien assis et bien musclé), assurent,
dans au moins 80 % des cas ainsi traités une dimi-
nution significative des douleurs lombaires, et une
reprise de l'activité professionnelle antérieure.
CONCLUSION 
La kinésithérapie de mobilisations des facettes
articulaires, selon les principes de Sohier, dans le
sens de la recherche de l'optimisation de la qualité
des appuis au niveau des articulaires postérieures,
constitue un moyen thérapeutique de première
ligne dans le traitement de la lombalgie com-
mune, dès son apparition, même en phase aiguë.
La même recherche de l'optimisation des appuis au
niveau des 6 articulations porteuses constitue un
apport thérapeutique incontournable, et sa non-
réalisation peut conduire à l'échec du traitement !
Enfin, la bonne information des conseils de vie
induit la modification du comportement du
patient vers le plus grand respect du mode d'em-
ploi de son rachis, ce qui le conduit à la découverte
de l'indolence lombaire. ✖
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 L'apport original de la kinésithérapie analytique dans le traitement
de la lombalgie commune

BIBLIOGRAPHIE
[1] Maigne R. Mal de dos, mal du siècle. Paris : Éditions Robert Laffont, 1980.
[2] Sohier R. La kinésithérapie analytique de la solonne vertébrale - Tome
1. La Louvière : Éditions Kiné-Sciences, 1969.
[3] Sohier R. La kinésithérapie analytique de la colonne vertébrale - Tome
2. La Louvière : Éditions Kiné-Sciences, 1970.
[4] Sohier R. Aubade à un muscle : le psoas-iliaque. Kinésithér Scient 1979;
165:19-22.
[5] Sohier R. La kinésithérapie de la hanche. La Louvière : Éditions Kiné-
Sciences, 1974.
[6] Sohier R, Haye M. Deux marches pour la machine humaine. La Lou-
vière : Éditions Kiné-Sciences, 1989.
[7] Sohier R. La dynamique du vivant. La Louvière : Éditions Kiné-Sciences, 1995.
[8] Sohier R. et coll. La kinésithérapie analytique de la lombalgie. La Lou-
vière : Éditions Kiné-Sciences, 1999.
[9] Sohier R. De la biomécanique à la biologie mécanogène. Du Concept
Sohier à la kinésithérapie analytique. La Louvière : Éditions Kiné-
Sciences, 2010.
[10] Boisdequin M, Sohier R, Haye M. Les expérimentations qui confirment
l'efficacité de la réharmonisation biomécanique en référence à la préci-
sion et à la force du gestuel. Kinésithér Scient 2001;407:4-12.
[11] Boisdequin M. Essai de compréhension de la physiologie et de la patho-
logie mécanique de la capsule articulaire via le concept cybernétique.
Kiné actualité 2010;1186:19-22.

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