Formation Kinesither Rev 2006;(51):13-9

Geste pratique
Nages de salon : les bienfaits de la natation sans eau
R O L A N D S U LTA N A (1), A R N A U D C H O P L I N (2), G I L B E RT H E U R L E Y (3)

Les nages de salon permettent de reproduire sur terre les effets MOTS CLÉS

de la natation (apesanteur, antalgie, etc.). Leur champ

Activité professionnelle
d’application est vaste : prévention et traitement de fond des Assouplissement
lombalgies, dorsalgies et cervicalgies, échauffement des sportifs Échauffement
et des travailleurs, remise en forme des sujets sains… Lombalgie
Elles nécessitent un matériel très sommaire (un lit ou un tapis) Massage
et peuvent donc être pratiquées facilement chez soi, en cabinet Natation
de kinésithérapie ou dans une salle de gymnastique collective. Sport
Retrouver les séquences vidéos
de ce cas sur le blog de la revue :

«L ’ été je ne souffre plus de lombalgies car je nage

deux fois par jour, mes douleurs reviennent à
l’automne, lorsque j’arrête cette activité ».
http://revuekine.hautefort.com/
videos_de_la_revue

Les kinésithérapeutes exerçant sur la côte d’azur ont
souvent entendu cette phrase de la part de leurs pa-
tients rachialgiques (lombalgiques, dorsalgiques et
même parfois cervicalgiques).
On sait par ailleurs que le Président J.-F. Kennedy
avait l’habitude de nager pour calmer ses algies ver-
tébrales.
– Pourquoi la natation a-t-elle cette action ?
– Est-il possible d’effectuer, hors de l’eau, des exercices
qui auraient les mêmes propriétés que la natation ?
– Peut-on apprendre ces exercices à un patient qui ne
possède pas de piscine ?
– Quel est l’échauffement idéal du sportif et du tra-
vailleur pour prévenir les algies vertébrales, les élonga-
tions, les claquages, etc. ?
C’est à partir de ces constatations et de ces interroga-
tions que sont nées les « nages de salon » encore ap-
pelées « nages sans eau » ou « natation à sec ».
Elles se pratiquent sans eau, sur un simple tapis ou sur
un lit.
Elles possèdent les mêmes vertus que la natation.
Elles sont le fruit d’un important travail de recherche
concernant la natation, la biomécanique, les différentes

Tableau I. Comparaison entre la natation et les nages de salon.

NATATION EN PISCINE NAGES DE SALON

La poussée d’Archimède supprime la pesanteur, ce qui joue un rôle
favorable dans le traitement des pathologies aggravées par la pesanteur :
– arthroses,
– douleurs rachidiennes (sciatiques, lombalgies, dorsalgies, cervicalgies),
– déformations orthopédiques (cyphoses, lordoses, scolioses,
projection du cou en avant…).
Mouvements rythmiques actifs de grande amplitude
des quatre membres et du tronc.
Travail musculaire sans contraintes importantes de compression
grâce à plusieurs facteurs :
– travail contre la résistance de l’eau pour les mouvements sous-marins ;
– travail contre la pesanteur pour les mouvements aériens du crawl
et du dos crawlé ;
– travail contre la visco-élasticité des tissus articulaires et péri-articulaires.
Mouvements itératifs, générant une grande quantité d’informations
proprioceptives qui inhibent la transmission des informations douloureuses
(théorie du « gate-control ») [10].
Absence de pesanteur liée à la position couchée :
décubitus, latérocubitus ou procubitus.
Mouvements rythmiques actifs de grande amplitude
des quatre membres et du tronc.
Travail musculaire sans contraintes importantes de compression
grâce à plusieurs facteurs :
– stretching en fin de mouvement [9] ;
– travail contre la pesanteur, lors des changements de position
des membres et du tronc ;
– travail contre la visco - élasticité des tissus articulaires et péri-articulaires.
Mouvements itératifs, générant une grande quantité d’informations
proprioceptives qui inhibent la transmission des informations douloureuses
(théorie du « gate-control »).

Correspondance : Roland Sultana

(1) Kinésithérapeute-Chef. (2) Rééducateur-Chef. (3) Médecin-Chef,
Institut de Rééducation Fonctionnelle Pomponiana, BP 41, 83407 Article reçu le 13/05/05
Hyères. Accepté le 25/10/05

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Geste pratique Kinesither Rev 2006;(51):13-9

Tableau I. Comparaison entre la natation et les nages de salon (suite).

NATATION EN PISCINE NAGES DE SALON

Auto-assouplissements pour les mouvements de grande amplitude.
Préparation aux efforts sportifs, augmentation de la circulation
sanguine [11].
Massages associés aux mouvements grâce aux forces de friction
entre la peau qui possède une certaine rugosité, et l’eau qui possède
une certaine viscosité.
Auto-assouplissements pour les mouvements de grande amplitude.
Préparation aux efforts sportifs, ludiques et professionnels,
échauffement, augmentation de la circulation sanguine.
Massages associés aux mouvements grâce aux variations de pression entre :
– le sol,
– et les points d’appui du sujet.

approches de rééducation vertébrale, les techniques Premier exemple de nage de salon :

d’échauffement et l’action du milieu aquatique sur
l’organisme (tableau I).
Elles permettent de simuler l’action de la natation en adap-
tant les techniques les plus employées en kinésithérapie.
De même que la natation, elles nécessitent un appren-
tissage spécifique avant de pouvoir être exécutées de
manière coordonnée, harmonieuse, fluide et efficace.
le « dos crawlé de salon » (figure 1)
L’exercice consiste à passer de la position d’étirement
du coté gauche (figure 1b) à la position d’étirement du
coté droit (figure 1e, symétrique de la figure 1b) et
inversement, en effectuant à chaque fois un étirement
(stretching) du côté allongé.

a b

c d

Figure 1. a) Position de départ. b) Allongement du côté

gauche (stretching), et raccourcissement à droite. Ordre : avec
le poing et le talon gauche (pied en flexion dorsale), poussez
sur deux murs opposés imaginaires. c) Retour en position
de départ. d) Déplacement du bassin vers la droite.
e e) Position symétrique de la position 1b.

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Nages de salon : les bienfaits de la natation sans eau Kinesither Rev 2006;(51):13-9

Figure 2. a) Raccourcissement du côté

droit. b) Allongement du côté droit.
Étirement (stretching) du côté allongé :
« poussez avec le poing et le talon sur
deux murs imaginaires ». Le pied (en
flexion dorsale) et le poing touchent le
sol pendant l’étirement pour accentuer
a b l’inclinaison latérale du rachis.

Entre quinze et cinquante alternances pour chaque Chez le débutant, la respiration est naturelle, pour faci-
« nage », avec une moyenne de quatre « nages » par liter l’apprentissage des différentes « nages ».
séance.
On débute au rythme d’un nageur qui nagerait lente-
ment, puis on pourra accélérer. Deuxième exemple de nage de salon :
Les exercices des débutants sont mal coordonnés, la « nage indienne » (figure 2)
comme chez un sujet qui apprend à nager. Avec la pra-
Exercice consistant à passer de la position présentée
tique, les mouvements se coordonnent et deviennent
figure 2a à celle de la figure 2b et inversement.
plus fluides. Chaque « nage » nécessite un apprentis-
On alternera une quinzaine d’exercices sur le côté droit
sage spécifique. Cet apprentissage est beaucoup plus
et autant sur le côté gauche.
facile que la natation dans une piscine.
L’amplitude des mouvements peut être plus ou moins
grande en fonction de la souplesse de l’exécutant. Troisième exemple de nage de salon :
La vitesse des mouvements et l’intensité du stretching la « nage avec poussée du coude
doivent également s’adapter à la forme physique et du talon » (figure 3)
de chaque intervenant : un jeune sportif ne « nage »
pas de la même manière qu’un sédentaire âgé et Exercice consistant à passer de la position présentée
obèse. figure 3a à celle de la figure 3c et inversement, en

a b

Figure 3. a) Étirement du côté gauche : « poussez sur le

coude et le talon contre deux murs imaginaires opposés ».
b) Position intermédiaire avec déplacement du bassin vers la
c droite. c) Étirement du côté droit symétrique de la figure 3a.

15
Geste pratique
passant par la position intermédiaire présentée fi-
gure 3b.
Effectuez à chaque fois un étirement (stretching) du côté
allongé en position 3a et 3c : « poussez avec le coude et
le talon ».
En position intermédiaire 3b, le sujet soulève légère-
ment le bassin et le déplace vers le côté droit, avant de
passer en position 3c (et inversement lors du retour en
position 3a).
Ce déplacement du bassin permet de solliciter les
muscles lombaires, d’augmenter l’inclinaison latérale
du rachis, de varier les points de pression entre le
sol et le rachis (les pressions alternatives peuvent
être considérées comme des auto-massages du
rachis).
Quatrième exemple de nage de salon :
« l’étirement des ischio-jambiers
et du droit fémoral » (figure 4)
Exercice consistant à passer de la position présentée sur
la figure 4a à celle de la figure 4b et inversement.
On alternera une quinzaine d’exercices sur le côté droit
et autant sur le côté gauche.
Dans cet exercice, l’étirement des ischio-jambiers (qui,
selon Kapandji [1], est également la position d’étire-
ment du nerf sciatique) doit être progressif et modéré.
Il faut être prudent avec les étirements des ischio-
jambiers dans les sciatalgies et savoir les éviter si ces
douleurs sont exacerbées.
a b
Figure 4. a) Position numéro 1 avec étirement des ischio-jambiers. b) Position
numéro 2 avec étirement du droit fémoral. c) Même position que 4b, vue sous
c un autre angle.
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Kinesither Rev 2006;(51):13-9
L’étirement du droit fémoral ne doit pas s’accompagner
d’hyperlordose lombaire. C’est pour cette raison que le
membre inférieur controlatéral est placé en flexion au
cours de cette nage (figure 4b et c).
Les bases théoriques
Les principaux effets de la natation sont mis en jeu lors de
la pratique des « nages de salon » pour les raisons suivantes :
Apesanteur
Pour reproduire l’effet de la poussée d’Archimède sur
le rachis du patient immergé (apesanteur), on utilise
les positions couchées sur le dos (décubitus), sur le côté
droit et gauche (décubitus latéral) ou plus rarement sur
le ventre (procubitus). On peut aussi utiliser les semis-
suspensions (à l’espalier, une branche d’arbre, etc.).
Conséquences : absence de compression de la colonne
vertébrale et des membres inférieurs par le poids et
l’inertie de la tête et du tronc [2] ; facilitation d’une
bonne attitude en auto-grandissement du rachis au
cours des exercices.
Mouvements rythmiques actifs de grande
amplitude des quatre membres et du tronc
Pour reproduire l’effet du travail actif global modéré en-
gendré par la natation [3] :
– au niveau des membres, on utilise des mouvements
rythmiques de grande amplitude permettant de passer
de la flexion à l’extension, de l’abduction à l’adduc-
tion, et de la rotation latérale à la rotation médiale.
Nages de salon : les bienfaits de la natation sans eau
– Au niveau du rachis, on utilise une alternance de
l’inclinaison latérale droite et gauche comme dans la
technique de Kabat [4] appelée « accordéon latéral »
ou dans la « pince ouvrante unipodale » de Sohier [5].
On utilise également les rotations vertébrales sans
pesanteur, comme dans le crawl.
Assouplissements
On passe d’une position donnée de la colonne verté-
brale et des membres à une position inverse, en évitant
les mouvements dangereux comme l’hyperlordose ou
l’hypercyphose lombaire.
Par exemple, on passe de l’allongement du côté droit
(côté droit de la colonne vertébrale, membres supérieur
et inférieur droits) à l’allongement du côté gauche, ou
encore de la flexion à l’extension des membres.
Cela permet un étirement et un assouplissement des
articulations, des muscles mono et polyarticulaires, des
chaînes musculaires et des fascias.
Travail musculaire global faisant intervenir
tous les muscles du corps
Pour un travail musculaire doux des membres supérieurs
et inférieurs sans risque de détérioration des articula-
tions, on additionne plusieurs résistances : quelques se-
condes de stretching en fin de mouvement, le travail
contre pesanteur, le travail contre la visco-élasticité des
tissus articulaires et péri-articulaires (les forces de frotte-
ments internes qui freinent les mouvements), l’élasticité
et la tonicité des muscles antagonistes.
La vitesse doit être adaptée aux possibilités de chaque
sujet (les patients vont parfois trop vite et les sportifs
trop doucement). Cependant il faut savoir ajuster quo-
tidiennement le rythme des mouvements en fonction
de la forme générale.
Ce travail actif des 4 membres et du tronc sans
contrainte de compression minimise le risque de « faux
mouvements ».
Massages associés aux mouvements
Les variations de pression entre le sol et les points
d’appui du sujet permettent un massage dorsal, lom-
baire et fessier au cours des mouvements. Seuls les
exercices effectués dans la position couchée sur le dos
bénéficient de cet effet. Cette position est donc parti-
culièrement indiquée en cas de douleurs vertébrales.
La respiration
En début de progression, la respiration est libre pour per-
mettre un apprentissage rapide des « nages de salon ».
Lorsque l’exercice est bien maîtrisé, on associe respira-
tion et mouvements.
Parmi les différents types de respiration, on retient (en
particulier chez le lombalgique et chez les personnes
devant transporter des charges lourdes) la respiration
abdominale inversée [6].
Kinesither Rev 2006;(51):13-9
Cette technique utilise une respiration dite « para-
doxale ». Elle permet d’augmenter la pression intra-
abdominale et intra-thoracique au cours des efforts. De
ce fait, une partie des contraintes en compression subie
par le rachis est absorbée par la « poutre composite »
que constituent le thorax et l’abdomen sous pression.
Elle consiste à effectuer les efforts en apnée inspiratoire
avec le ventre rentré (contraction de la sangle abdomi-
nale et du périnée).
Autre intérêt de cette alternance de pressions et de dé-
pressions abdomino-thoraciques : un véritable massage
interne des organes intra-abdominaux et de la partie
antérieure du rachis.
Dans les nages de salon très lentes, cette apnée est uti-
lisée à la phase de stretching, elle est suivie d’une expi-
ration et d’un relâchement musculaire relatif au cours
des autres phases de la nage.
Dans les nages de salon plus rapides, la respiration doit
s’adapter à la vitesse d’exécution des exercices.
Exemple de respiration en cas de « nage de salon »
rapide, chez un sujet sportif :
– inspiration sur un demi-cycle de nage, avec apnée
inspiratoire et contraction des abdominaux ;
– expiration sur le demi-cycle suivant.
Lorsque le sujet est essoufflé, il respire librement sur
quelques cycles, avant de reprendre la respiration abdo-
minale inversée associée à la nage de salon.
Possibilité de quantifier les performances
pour augmenter l’endurance
Cent mouvements de nage de salon sont approximati-
vement équivalents (en nombre de mouvements et en
coût énergétique) à 200 mètres de natation.
Exemple de progression chez un lombalgique : effec-
tuer 3 séances courtes par jour, le matin avant de par-
tir au travail, le midi et vers 17 heures. On augmente
progressivement le nombre de mouvements pour
arriver à effectuer chez un sujet jeune : 4 séries diffé-
rentes de 25 mouvements alternatifs (total 100 mou-
vements à chaque séance en une dizaine de minutes
environ).
Échauffement et amélioration de la circulation
sanguine
Au bout de quelques dizaines de mouvements, le par-
ticipant ressent un effet d’échauffement qui se mani-
feste en hiver par le besoin de quitter le pull-over et
d’ouvrir les fenêtres. Cet effet est important non seu-
lement pour les sportifs avant la compétition, mais
aussi pour les sujets souffrant de douleurs vertébrales
avant les « petits » efforts de la vie courante et du tra-
vail.
L’amélioration de la circulation sanguine au cours des
exercices est donc systématiquement recherchée par
plusieurs techniques :
17
Geste pratique
– La fermeture et l’ouverture rythmique des mains,
avec appui des doigts dans la paume de la main à
chaque flexion, permettent d’accélérer la circulation
veineuse des membres supérieurs. L’effet de cette action
se vérifie au cours des prélèvements sanguins effectués
pour un « don du sang ». La paume de la main joue un
rôle de pompe sur laquelle les doigts appuient.
– L’alternance de la flexion dorsale de la cheville avec le
genou en extension et de la flexion plantaire avec le genou
en flexion joue le même rôle au niveau des membres in-
férieurs. La circulation de retour est activée par la com-
pression et la décompression veineuse réalisée à chaque
mouvement par le fascia postérieur de la jambe [7]. Le
Doppler veineux montre l’augmentation de la circulation
veineuse au cours de ces mouvements alternatifs.
– L’amélioration de la circulation sanguine est aussi le
résultat des contractions et décontractions alternatives
des muscles mis en jeu au cours des exercices. Cet effet
est appelé : troisième cœur de Starling [8].
– Le pouls du sujet augmente modérément au bout de
quelques exercices et dépasse rarement 100 pulsa-
tions/minute chez un sujet sain.
L’amélioration de la circulation sanguine permet une
meilleure nutrition des tissus et par conséquent, une
amélioration du fonctionnement des articulations et
des muscles, une accélération de la cicatrisation en cas
de lésion. Elle prépare aux efforts sportifs, profession-
nels et de la vie courante : technique de mise en train
avant l’effort.
On retient qu’il est aussi important pour un lombal-
gique, un dorsalgique ou un cervicalgique de s’échauf-
fer avant son travail et ses loisirs, que pour un sportif
de haut niveau avant sa compétition.
Synthèse des indications des nages
de salon
Les « nages de salon » sont souvent utilisées en rhuma-
tologie par les patients présentant des algies vertébrales
chroniques (lombalgies, sciatalgies, dorsalgies, etc.).
Elles constituent un excellent exercice pour les patients
de traumatologie au stade de la consolidation et de la
reprise progressive de l’effort. Elles conviennent parti-
culièrement aux patients présentant des lésions trau-
matiques de plusieurs membres. Elles favorisent le gain
d’amplitude et de force.
Elles sont aussi utilisées en neurologie pour le travail actif
global des quatre membres et du tronc (exemple chez un
syndrome de Guillain Barré en voie de récupération).
Elles conviennent également en gériatrie.
Elles sont utilisées comme échauffement sans danger
par des sujets sains et sportifs.
Elles sont systématiquement enseignées aux salariés
dans le cadre de « l’école du dos » de l’Institut Pompo-
18
Kinesither Rev 2006;(51):13-9
niana [15] et sont conseillées à titre d’échauffement bi-
quotidien pour prévenir les accidents du travail dus
aux problèmes lombaires, qui sont la première cause
d’arrêt de travail en centre de rééducation. Les sta-
giaires de l’école du dos proviennent de tous les ser-
vices du centre de rééducation : service infirmier, aide-
soignante, entretien, ménage, transport, convoyeurs,
secrétariat, etc.
Les patients atteints de cervicalgies peuvent également
bénéficier des « nages de salon » présentées dans cet
article. Cependant il existe des « nages de salon » plus
adaptées aux cervicalgies, qui se font sous auto-
élongations alternatives douces et auto-massages cervi-
caux. Ces techniques n’ont pas été développées dans cet
article et feront l’objet d’une autre publication.
Il n’y a pas de véritable contre-indication aux « nages
de salon », mais les adaptations sont fréquentes.
Le rééducateur doit se garder d’appliquer les « nages
de salon » sans surveiller les réactions de chaque sujet.
Il doit au contraire tenir le plus grand compte de ses ré-
actions, de manière à modifier les exercices, les ajuster
à chaque cas particulier et envisager une progression
personnalisée.
Exemple : si le patient signale une douleur survenant
lors du déplacement du bassin (figure 1d). Deux adap-
tations peuvent remédier à ce problème. Premièrement,
il évitera de cambrer la région lombaire lors de cette
phase. Deuxièmement, il faut que le temps d’apnée
inspiratoire avec le ventre rentré couvre cette phase de
la nage de salon. Si ces adaptations ne suffisent pas, on
peut tout simplement supprimer cette phase (le sujet
ne déplacera pas le bassin au cours de sa « nage »).
Autre exemple : une douleur de l’épaule lors de l’éléva-
tion. L’apprentissage du « recentrage actif de la tête hu-
mérale » [16] permet souvent de résoudre ce problème.
Autres adaptations : dans un premier temps, diminuer
la vitesse d’exécution, l’amplitude et le nombre de
mouvements des membres, et dans un deuxième
temps, organiser un planning de remise en forme sur
plusieurs semaines.
Toute la compétence du rééducateur réside dans ces
adaptations et dans sa capacité à organiser une pro-
gression personnalisée.
Conclusion
De nombreuses personnes se lancent dans les activités
sportives, professionnelles ou simplement usuelles
(faire son lit le matin, faire le ménage, etc.) sans aucun
échauffement ni préparation.
Nages de salon : les bienfaits de la natation sans eau Kinesither Rev 2006;(51):13-9

C’est une erreur dont souffrent non seulement les lom-
balgiques, dorsalgiques et cervicalgiques chroniques, mais
aussi de nombreux sportifs (claquages, élongations, etc.).
Les « nages de salon » permettent un échauffement et
un assouplissement rapides des quatre membres et du
tronc. Elles peuvent donc jouer un rôle important dans
la prévention et le traitement des faux mouvements.
Comme la natation, il s’agit d’un véritable « sport
complet » permettant d’entretenir la forme physique
des pratiquants assidus.
Pour être efficaces, ces techniques doivent être répétées
dans la journée (en particulier le matin, avant une jour-
née de travail et à la fin de la « pause de midi »).
Enfin, il faut signaler que les « nages de salon » sont des
outils polyvalents qui trouvent chaque jour de nouvelles
applications, aussi bien en rééducation (kinésithérapie
neurologique, traumatologique, orthopédique, rhumato-
logique, etc.) que dans les Activités Physiques et Sportives
(APS) : échauffement rapide et récupération des sportifs
de haut niveau, des danseurs, des personnes âgées…
RÉFÉRENCE
[1] Kapandji I. Physiologie articulaire. Tome 3, schémas
commentés de mécanique humaine. Tronc et rachis.
5e édition. Paris : Maloine, 1996.
[2] Batsialou I. Balneotherapy in the treatment of subjective
symptoms of lumbar syndrome. Med Pregl 2002;55:495-9.
[3] Dubois C, Robin J.-P. Natation. Paris : EPS, 1996.
[4] Viel E. La méthode de Kabat. Paris : Masson, 1972.
[5] Sohier R. La kinésithérapie analytique de la colonne
vertébrale. La Louvière : Kiné–Sciences, 1959.
[6] Association Nationale Française des Ergothérapeutes. Vivre
son dos au quotidien. Strasbourg : ANFE-est, 1995, p. 17.
[7] Dufour M. Anatomie de l’appareil locomoteur, tome 1,
membre inférieur. Paris : Masson, 1999, p. 419.
[8] Stoylen A., Wisloff U., Slordahl S. Left ventricular mechanics
during exercise : a Doppler and tissue Doppler study.
Eur J Echocardiogr 2003;4:286-91.
[9] Esnault M. Rachis et stretching, éducation du patient à
l’étirement. Paris : Masson, 2005.
[10] Kandel ER., Schwartz JH., Jessell TM. Theory of gate-control.
Principles of neural science; 3e éd. Paris: Elsevier 1991, p. 392.
[11] Ducardonnet A, Porte G, Boulanger P. Le Guide Sport Santé.
Poitiers : Édition N° 1, 1995.
[12] Gouilly P, Gross M, Muller J.-F. Revue bibliographique du
bilan-diagnostic kinésithérapique du lombalgique.
Kinésithérapie, les annales 2001;28:301–32.
[13] Sultana R. Kinébalnéothérapie – les meilleurs exercices pour
un lombalgique dans l’eau. Ann Kinésithér 1987;14:523-7.
[14] Koutchinsky F. Golf, conscience du geste par la méthode
Feldenkrais. Paris : Chiron, 1992.
[15] Choplin A. Capital dos à l’institut Pomponiana – Olbia.
Polycopié de l’école du dos, Hyères, version 2005.
[16] Rodineau J. Les bonnes et les mauvaises indications
de la rééducation de l’épaule. Quinzième Journée de Bichat,
23 mars 2002. Cet article explique clairement le « recentrage
actif de la tête humérale ». Il est disponible gratuitement
sur le site Internet : http://perso.wanadoo.fr/thierry.boyer13/
index.html

E N C A D R É 1 : Remarques

La pratique des nages de salon ne prétend pas remplacer :

– le repos physiologique (heures de sommeil et périodes de repos couché dans la journée indispensables aux rachialgiques chroniques) ;
– l’hygiène alimentaire et en particulier la lutte contre l’excès pondéral ;
– une bonne connaissance de l’ergonomie du rachis (les gestes à faire et ceux qu’il vaut mieux éviter) ;
– la maîtrise des techniques spécifiques à chaque activité sportive ou professionnelle.

E N C A D R É 2 : Remarques de R. Sultana

Remarque 1 :
La connaissance des techniques que j’ai pratiquées pendant des années m’a beaucoup aidé dans la mise au point des « nages de salon » :
– La rééducation vertébrale classique [12], les techniques de digitopuncture et d’automassage du rachis, la pince ouvrante uni-
podale de Sohier [5], la méthode quadrupédique de Klapp.
– La kinébalnéothérapie [13], et la natation (mon premier métier : Maître Nageur Sauveteur D.E.).
– Les techniques de rééducations neuromusculaires : Kabat [4], Bobath, F.L.C. (Fonctionnelle, Ludique et Sportive), Brunnstrom…
– Les gymnastiques chinoises (Tai-Chi, Chi Kong), et les arts martiaux.
– Le stretching, le Feldenkrais [14], le yoga…
– Et bien sur les « danses de salon » : valse, tango, rock and roll, samba, cha-cha-cha, paso doble…

Remarque 2 :
Il ne s’agit pas des mouvements habituels de la natation que l’on reproduit à sec.
Ce sont des mouvements inédits, spécifiques, et adaptés au travail « à sec » en position couchée sur le dos ou sur le côté.

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