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2- REDUIRE LES RESISTANCES A L’AVANCEMENT

L’eau oppose une résistance au déplacement du nageur. Cette résistance à l’avancement encore appelée trainée totale
ou résistance hydrodynamique est la résultante de l’action de plusieurs freins :

Les résistances de friction


Aux faibles vitesses, l'écoulement de l’eau autour du corps est laminaire(*17), c'est-à-dire sans turbulences(*17).
L’eau possède une vitesse locale, égale à celle du corps à la surface de celui-ci, et décroissant régulièrement en
fonction de son éloignement du corps. La région de mouvement relatif entre les couches de fluide est appelée la
couche limite. Les "couches" de fluide y glissent les unes sur les autres, avec un frottement interne ; c'est le
phénomène de viscosité(*1). L'effet résultant sur le corps de ces forces de frottement internes le freine et donne la
traînée dite de friction. Elle dépend entre autre de la régularité, de la rugosité et de la quantité de la surface
mouillée(*34).
Conséquences pratiques :
On peut les diminuer efficacement en se rasant (gain 0.6%) (Cazorla 1984) ou en portant une combinaison(*40) (ex : LZR racer
SPEEDO)

Les résistances de forme (ou de pression)


Pour des vitesses plus élevées, la « discontinuité » du corps (= formes non profilées) ou son inclinaison par rapport à la
trajectoire provoquent un décollement de la couche limite, entraînant la formation de tourbillons. Ceux-ci génèrent
un différentiel de pression entre l’avant et l’arrière du nageur qui s’oppose à son avancement (effet de succion).
L’importance de ces résistances dépend de la forme générale du corps(*18) ainsi que de ses orientations
particulières (mouvements verticaux ou latéraux excessifs)(*19).
Conséquences pratiques :
La forme en « goutte d’eau horizontale » provoque une résistance de forme minimale.
 A l’avant, les turbulences (zone de haute pression) sont réduites ; le bord d’attaque arrondi provoque une perturbation minime de la couche limite.
 A l’arrière, les courants tourbillonnaires de queue (zone de basse pression = effet de succion) sont réduits par la forme effilée.
 Les nageurs ayant de larges épaules, un petit bassin et une grande taille possèdent un avantage vis-à-vis des
résistances de forme.
Afin de se rapprocher de cette forme et de cette position idéale, le « terrien » va devoir modifier son équilibre et sa
respiration

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S’HORIZONTALISER
pour faire coïncider axe du corps et axe de déplacement
TERRIEN
 Corps en POSITION VERTICALE (sur ses pieds), soumis à l’action de la pesanteur(*2)
Comment cette position est elle obtenue ?
 le réflexe myotatique, par lequel un muscle étiré passivement se raccourcit, intervient probablement dans l’entretien de
la contraction des muscles anti-gravitaires que sont les muscles extenseurs des membres.
Son expression est modulée par l’activité de centres nerveux qui s’échelonnent de la moelle au cortex cérébral et où
s’articule des réflexes d’origines cutanée, cervicale, vestibulaire et visuelle qui assurent, d’une part, le maintien de
postures et, d’autre part, le redressement du corps par rapport à l’axe de gravité.
 Réflexes d’origine plantaire
 récepteurs cutanés plantaires
 propriocepteurs (fuseaux neuro-musculaires) des muscles extenseurs
 Réflexes d’origine cervicale
 récepteurs neurotendineux de Golgi
 récepteurs articulaires placés dans la colonne cervicale et les muscles qui la mobilisent
Réflexes d’origine vestibulaire
 Rôle de replacement de la tête en position verticale par rapport à l’axe de gravité
 Rôle de coordination des mouvements des yeux à ceux de la tête, pour assurer une fixation du regard.
 Réflexes d’origine visuelle (prépondérant)
 la stabilisation automatique de l’horizontalité du regard par rapport aux lignes horizontales et verticales.
 Le corps est en équilibre lorsque le poids se projette à l’intérieur du polygone de sustentation(*11).
 Lorsque les réflexes de posture sont insuffisants à assurer l’équilibre du sujet, la rééquilibration est obtenue principalement par
les bras. Celui qui se trouve du côté le plus bas est :
 ramené vers le corps si l’on pousse faiblement le sujet
 étendu rapidement pour amortir la chute si la poussée est forte (Réflexe « PARA-CHUTE »)
 Ceci est complété par une extension réflexe de la nuque (Réflexe de MAGNUS)

NAGEUR
 Corps HORIZONTAL :
Pour répondre à la logique interne de l’activité, le terrien doit confondre l’axe du corps avec l’axe de déplacement (de manière
permanente pour les nages alternées – lors des appuis propulsifs pour les nages simultanées) et ce afin de diminuer les résistances à l’avancement =
construction d’un « équilibre horizontal dynamique structuré ». Cependant lorsque l’on demande à un terrien de s’allonger sur
l’eau, il s’ensuit :
 une modification des sensations reçues :
 perturbation d’ordre émotionnelle
 sensations de déséquilibre au niveau de l’oreille interne
 sensations d’étirement des muscles extenseurs de la nuque
 perturbation des repères visuels
 suppression des informations plantaires au profit de la perception des
pressions par les membres supérieurs
 Cet ensemble de sensations, perçu comme une « chute », provoque de manière réflexe :
 l’extension de la nuque
 une parade des bras (extension + appuis vers le bas)
 et éventuellement, un replacement de la jambe sous le tronc
 De plus, à cause de son hétérogénéité, le corps humain subit généralement un
couple de redressement(*10) dû au décalage entre les points d’application
des forces de pesanteur et de la poussée d’Archimède (oscillation de tangage)
 L’acquisition et le maintien d’une position horizontale suppose donc :
 l’inhibition des différents réflexes de redressement afin notamment de « libérer » la nuque
 le réajustement des centres perceptifs ; passage d’une prépondérance extéroceptive (auditive et surtout visuelle) à une
prépondérance proprioceptive
 la suppression des appuis plantaires et en général une action rééquilibratrice des membres inférieurs (battements)
 l’immersion de la tête et donc la maitrise de l’apnée
 une tonicité axiale (transmission des forces à vocation propulsive)
 une répartition des masses denses ; par exemple, en étendant les bras au delà de la tête.
 Elle est en outre facilitée par les déplacements du nageur ; en effet, en augmentant sa
vitesse de nage celui-ci va s’horizontaliser grâce à l’accroissement de la force de portance =
effet « ski nautique ».
 Le stress cependant peut provoquer un retour au réflexe dit « para-chute » (Ex : le
Plongeon)

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ADAPTER SA RESPIRATION
pour rester allongé et pour limiter la déformation du corps
TERRIEN
 AUTOMATISME VENTILATOIRE basé sur :
 Une inspiration "active" assurée principalement par :
 Diaphragme (75%)
 Intercostaux externes
 Une expiration "passive" provoquée par :
 Relâchement des muscles inspiratoires
 Elasticité pulmonaire
 L’utilisation des voies nasales.
 Une fréquence ventilatoire involontaire (2s/insp – 2s/exp  15 cycles/min), coordonnée à la motricité et assurée :
 par les centres respiratoires bulbaires ; siège d’une activité rythmique spontanée irrégulière
 une régulation nerveuse réflexe (stimulation des mécanorécepteurs et des récepteurs musculaires et articulaires)
 une régulation nerveuse intercentrale ( le cortex et l’hypothalamus peuvent modifier l’activité des centres respiratoires)
une régulation humorale (pH, pCO2, pO2, Catécholamines)

NAGEUR
 Acquisition d’un nouvel AUTOMATISME VENTILATOIRE qui se caractérise par :
 L’utilisation d’apnées (surtout inspiratoires) en fonction des besoins :
 de flottaison ; moins un nageur va vite, moins il flotte (Portance) et plus il a intérêt à conserver un volume pulmonaire
important (Flottabilité). Pour cela, il doit au cours de chaque cycle respiratoire, augmenter la durée de la phase de
blocage inspiratoire ; à faible vitesse, l'augmentation du temps d'apnée est directement reliée à une augmentation de
la distance par cycle. A vitesse élevée au contraire, la durée du blocage inspiratoire est beaucoup plus réduite, voire
inexistante. En effet, pour un nageur qui sprinte, la fréquence de bras peut atteindre 60 cycles/min (soit 1 cycle/1s)
De plus, la position surélevée qui en résulte permet diminuer les résistances frontales ( surface maître couple)
 de propulsion ; le blocage inspiratoire permet une fixation de la cage thoracique qui sert ainsi de point d’appui fixe
pour les muscles moteurs du train supérieur(*27). Il permet également d’allonger les déplacements sub-aquatiques,
ce qui améliore notablement la vitesse de nage ou permet l’exploration sous-marine(*30).
 Une inspiration "passive et brève" (0.2s) ; d’autant plus brève que la vitesse est importante et que le nageur est
performant (au contraire du débutant).
 Une expiration :
"active" (effort expiratoire pour vaincre la pression de l’eau)
 "complète" (chercher à augmenter l’amplitude ventilatoire plutôt que la fréquence)
 "rythmée" (alternance de temps morts=apnées, de temps faibles=expirations douces, et de temps forts= expirations explosives)
 D’où la nécessité de réguler les débits inspiratoires et expiratoires en jouant sur la taille des orifices (bouche et narines) et sur
l’intensité de la contraction des muscles respiratoires.
Données chiffrées/100m Crawl nagé en 1min13s (Cormery EPS N°284)
 nombre total d’inspirations  25
 temps inspiratoire total  5s
 temps expiratoire total  68s
 L’utilisation de la bouche ou du nez selon les besoins :
 Inspiration : utilisation de la bouche exclusivement pour l’inspiration (avec orientation de celle-ci en crawl = grimace)
 Expiration : prédilection des voies nasales pour l’expiration en position dorsale ainsi que pour l’expiration douce (avec
resserrement des narines pour prolonger l’expiration ; exemple en Dos, en coulée dorsale ou pour le virage culbute) ; Voies bucco-nasales
pour l’expiration explosive (nettoyage de l’espace inspiratoire + effet rebond = conditions d’une inspiration « passive et brève »)
Description d’un cycle respiratoire :
1- Inspiration buccale implosive (0,2s)
2- Blocage inspiratoire ; avec où sans fuites nasales et d’autant plus long que la nage est lente du fait la
diminution de la fréquence gestuelle
3- Expiration exponentielle : nasale crescendo puis buccale pour l’expiration explosive finale (0,2s)
 Une fréquence ventilatoire conditionnée par :
 La technique de nage
Ex en Brasse : 1 inspiration par cycle
Ex en Dos : 1 inspiration par mouvement à vitesse faible et pour 2 mouvements de bras à vitesse élevée
Ex en Papillon : 1 inspiration pour 2 cycles en général)
 La distance de nage ; il s’agit pour le nageur de gérer la contradiction entre l’augmentation des apports en O 2 et
l’accroissement des résistances (distance  fréquence).
Ex de gestion courante :
50m, départ, arrivée : apnée
100m (valeurs moyennes) : 1 insp/cycle en Dos, 1 insp/2 cycles en Papillon et en Crawl
200m : 1 insp/mvt en Dos, 1 insp/cycle en Papillon et en Crawl

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 Les moments de la course (départ, virages, arrivée ...)
Ex 100m NL M.Mettela :
1er 25m  apnée sur 6 mvt puis resp 4tps
2ème 25m  resp 4tps
3ème 25m  resp 2tps
4ème 25m  resp 4tps puis apnée 10 derniers mètres
Remarque : sur des distances plus longues en Crawl, certains nageurs placent quelques insp à chaque mvt de bras avant et/ou après le virage
culbute afin de compenser l’asphyxie liée au virage
 La synchronisation(*24) des cycles ventilatoires avec les mouvements de bras
 L’expiration rythme le mouvement propulsif (coordination entre l’accélération expiratoire et
l’accélération des bras)
 Placement de l’inspiration en fin d’action motrice des bras ; en effet le corps est
alors en position haute et les bras peuvent agir sur une cage thoracique fixée.
 Le placement de la respiration dans l’équilibre de la nage
Exemple en Crawl : le placement de l’inspiration se fait sous le niveau de l’eau, au creux de la vague
d’étrave, grâce à un roulis des épaules et à une « grimace » de la bouche.
Exemple en Papillon : inspiration frontale ou costale, menton dans l’eau.

Lorsque le nageur est totalement immergé, l’ensemble des résistances [friction + forme] s’exprime selon la formule :

R = k S V2
, dans laquelle :
-k (½ Cx D) est un coefficient conditionné
par la viscosité de l’eau, la forme du corps, la
rugosité de la peau et la densité de l’eau
-S, la surface du maître-couple ; définie
comme la projection du corps du nageur sur
un plan vertical perpendiculaire à l’axe de
déplacement (cf. schéma).
-V, la vitesse de nage.

Sous l’eau, la traînée totale augmente donc en fonction du carré de la vitesse. Ceci explique pourquoi :
* le nageur qui se déplace régulièrement dépense moins d’énergie à performance égale.
* la position hydrodynamique doit être activement recherchée lors des phases de course où les vitesses
sont les plus élevées (plongeon, virages, arrivées …)

Les résistances de vague


Le déplacement du nageur à la surface de l’eau provoque un système de vagues qui voyage à la même vitesse que lui.
Ces vagues qui sont des zones de hautes pressions (freins ≈ kSV3), constituent une perte d’énergie cinétique en
énergie potentielle. Les résistances de vagues augmentent avec la vitesse de nage et sont inversement proportionnelles
à la longueur de la ligne de flottaison(*33) du nageur. Ainsi, à vitesse et technique identique, un nageur plus grand
aura une résistance de vague moindre. Théoriquement, la vitesse limite (vitesse de coque ; Miller 1975) est atteinte lorsque la
longueur d’onde de la vague  taille du nageur ; soit pour des valeurs du nombre de Froude(*30) ≈ 0,42. Pour un
nageur de 1.90m elle correspond à un temps de 58s. au 100m nage libre mais en pratique, les meilleurs nageurs
mondiaux "descendent" régulièrement sous les 48s!

« Mini » « Maxi »
 Vitesse de nage :  hauteur et  longueur d’onde
 à la vitesse limite, la longueur d’onde de la vague  taille nageur

Comment cette vitesse peut-elle être dépassée?


- En partant au "planning" ; mais les nageurs ne pouvant déployer la quantité d’énergie nécessaire pour sortir
du creux de la vague dans lequel ils sont bloqués, restent en phase de déjaugeage.
- En s’immergeant complètement(*30) ; le nageur expert peut ainsi prolonger ses coulées mais dans la
limite de ce que lui autorise le règlement et de l’asphyxie qu’elles provoquent. Cela s’avère d’autant plus
intéressant que la nage est lente (Brasse + Dos : coulées toujours longues > 10m).
- En augmentant la régularité et la longueur de la ligne de flottaison grâce au roulis(*19) du corps en Crawl et
en Dos.

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- En créant une vague supplémentaire à l'avant du corps qui interfère avec la
vague d'étrave pour donner naissance à une vague résultante réduite = Effet
Bulbe(*31); qui se traduit dans chaque technique de nage par le
prolongement des phases de glisse (bras en avant tendu(s) sous la surface de l'eau).
- Les battements des jambes pourraient également diminuer la hauteur de la
vague postérieure, réduisant ainsi le différentiel de pression entre l’avant et
l’arrière du corps du nageur (Toussaint 2005).
En Brasse, le nageur expert pourrait également en jouant sur l’orientation des forces propulsives et les
déséquilibres segmentaires, récupérer une partie de l’énergie (en partie potentielle et en partie cinétique) de la vague qu’il
a crée = « Surfer sa propre vague »(*32)
De plus, les autres nageurs peuvent venir interférer positivement(*41) ou négativement avec votre propre
système de vague, d’où l’importance des systèmes brise vagues (bords et lignes d'eau). Enfin, lorsque la
profondeur est faible, le mouvement circulaire des particules d'eau est modifié et devient ellipsoïdale ; la
vitesse de propagation de la vague est alors réduite. Ce phénomène décroît avec la profondeur et devient nul
lorsque la profondeur est égale à la longueur d'onde du système de vague c'est-à-dire la longueur de flottaison
(soit environ 2m = profondeur minimum souhaitable pour qu’un bassin soit « rapide »)(*40).

Quelle est la part respective des différentes résistances dans la traînée totale ?
1- en fonction de la vitesse d’un nageur expert ;
 Les résistances de friction conservent une part stable (≈ 5%)
quelle que soit la vitesse de nage.
 Lorsque la vitesse s’accroit, la part des résistances de forme
diminue tandis que celle des résistances de vagues devient très
importantes pour un nombre de Froudes(*30) voisin de 0,3. Si
l'on fait le calcul pour un objet de 1.80m, cela donne à peu près
1min20 au 100m.
2- en fonction du niveau du nageur ;
 Le « débutant » ; ayant tendance à adopter dans l’eau une position proche de la verticale, son problème essentiel
réside dans la diminution de la surface du maître couple. La recherche d’horizontalité est donc son objectif
prioritaire.
 Le « débrouillé » ; sa vitesse de nage étant supérieure et son horizontalité meilleure, la réduction des freins est
plutôt liée à la diminution des résistances de formes (Ex : relevé de la tête lors de la coulée ventrale).
 Le « confirmé » ; il cherche davantage à diminuer les résistances de vagues. Pour cela, il prolonge ses coulées
au maximum de ce que lui autorise le règlement (15m). Il s'efforce également d'optimiser le rapport entre
résistance et propulsion où encore de mieux gérer son allure de nage
L'aptitude à glisser dépend donc du niveau de pratique qui est lui-même lié au niveau technique du nageur.

Le rôle des jambes


Les jambes jouent un rôle déterminant dans l’équilibre hydrodynamique du nageur
Exemple en crawl :
 Diminution du tangage en remontant les pieds
 Compensation du roulis provoqué par l’enfoncement du bras propulsif et le dégagement du bras en retour
aérien
 Diminution la hauteur de la vague postérieure
 Suppression des lacets dus aux mouvements alternés des bras (en dos, où les trajets moteurs sont très éloignés de l’axe de
déplacement, l’action des jambes contribue encore plus à réduire ces oscillations de lacet)

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