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3- CREER DES APPUIS EFFICACES

Pour son déplacement, le nageur utilise 2 types d’appuis :


Des appuis solides, à la manière du « terrien », lors des phases de départ et de virage
Des appuis liquides lors des phases nagées proprement dites.

APPUYER SUR L’EAU OU SUR LE BORD


pour glisser ou pour plonger

TERRIEN
Actions alternées des membres inférieurs à partir d'informations plantaires
Les forces mises en jeu répondent la plupart du temps à la loi du "tout ou rien"; les unités motrices étant recrutées "d'un
coup" afin de vaincre la force d'inertie(*36)
Utilisation d'appuis solides dans un milieu aérien offrant peu de résistances à l'avancement.
Déplacements régis par la loi d'Action-Réaction de Newton qui dit que "pour toute action, il y a une réaction de même
intensité mais de sens opposé"

NAGEUR
Action des membres supérieurs (bras, avant-bras et main), siège des insertions fixes (tandis que le tronc est le siège des insertions mobiles
si l’appui est bon, la main devrait sortir de l’eau là où elle est entrée (*28), le reste du
en vue de tracter le corps vers l’avant)
corps effectuant une translation 2 x la longueur des bras. Autrement dit, ce n'est donc pas le bras qui recule mais tout le
corps qui rampe vers l'avant
La résistance augmentant au carré de la vitesse, elle nécessite une mise en jeu progressive jusqu'à être maximale des
unités motrices ; d'où cette notion d'accélération progressive que le nageur débutant à du mal à percevoir.
Phases de départ et de virage : idem « terrien » pour ce qui est de la propulsion
Phases nagées : création et maintien d'appuis dans un milieu fuyant où les résistances augmentent au carré de la vitesse
(R = 1/2CxDSV2). Pour nager vite, il faut produire des forces de propulsion orientées dans le sens du déplacement, avec le maxim
d’intensité et sur la plus grande durée possible.
Plusieurs théories(*29) ont été proposées pour expliquer la propulsion du nageur : selon Toussaint et coll (2005), les surfaces
propulsives se comporteraient comme des foils(*15), combinant force de portance et force de traînée pour faire avancer le
nageur ; la part relative de ces 2 forces dépendant de l’inclinaison des appuis
1- La Résistance ou Traînée Propulsive ; basée sur la loi d’Action/Réaction (Counsilman 1968, Catteau 1997)
Quand les surfaces propulsives sont orientées perpendiculairement à l’axe de déplacement (direction des forces propulsives parallèle
au déplacement - cf. dessin 1), la portance disparaît et la propulsion résulte de la force de traînée. Il faut également intégrer la
spécificité de l’élément liquide à savoir que les molécules d’eau sont fuyantes et que tout mouvement réalisé
perpendiculairement au sens de déplacement doit être effectué en accélération progressive. De fait, cette accélération va
permettre de s’appuyer sur une même masse d’eau durant l’appui.
Principe : transmission d’une quantité de mouvement d’un segment propulseur à une quantité de fluide ce qui génère une
force de réaction sur l’élément propulseur de sens inverse au courant de fluide déplacé. Le membre supérieur devient le
siège des insertions fixes, le tronc celui des insertions mobiles et ce en vue de tracter le corps vers l’avant
Les appuis : ils sont décrits en termes de prise d’appui, traction, et poussée.

Dessin 1

Contradiction :
lorsqu’on prend l’eau comme point fixe, il apparaît que les mains se déplacent surtout verticalement et latéralement
(trajectoire hélicoïdale).

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2- la Portance hydrodynamique ; basée sur le principe de Bernoulli(*12) (Schleihauf 1974, Colwin 1984)
La translation des bras à travers l’eau -avec des mains et des avant-bras inclinés par rapport à l’axe de déplacement- génère
une force de portance qui en se combinant avec la force de traînée provoque le déplacement du nageur.

Dessin 2

Principe : pour arriver en même temps au bord de fuite(*15) des segments propulsifs, l'écoulement de l'eau à partir du bord
d’attaque(*15), est plus rapide sur le dessus du système portant(*15) (main + avant-bras). Ceci créer une différence de pression
et produit une force ascensionnelle – Portance(*16) – dont l'intensité dépend de la forme du segment mais surtout de son
inclinaison par rapport au trajet moteur. C’est de la combinaison de cette force de « succion » avec une force de poussée (la
traînée propulsive) - toujours perpendiculaire à elle (cf. schéma ci-dessous) - que découlerait la propulsion du nageur.

Dessin 3

Représentation des forces de Traînée (T) et de Portance (P) créées lors de la trajectoire
aquatique de la main du nageur
La somme de ces forces donne la force résultante (R) dont la projection sur l’axe
longitudinal de déplacement donne la composante efficiente (CE)

Conséquences : pour un maximum d'efficacité, la force propulsive doit être dirigée vers l'avant. Le nageur devra donc
ajuster continuellement le positionnement de sa main. Dans le cas où l'angle d'attaque est trop grand (3), le nageur utilise sa
main comme une rame (cf.1- Traînée propulsive) et non comme une pale d'hélice. Avec trop peu d’angulation (1), les forces de
portance et de traînée sont faibles et la main glisse. L’efficacité maximale est obtenue quand les surfaces propulsives sont
inclinées d’environ 30 à 50° par rapport à leur axe de déplacement (2).

Dessin 4

(1) (2) (3)

Avec la théorie de l’aile ou de l’hélice, on a vu des entraîneurs valoriser les déplacements segmentaires obliques comme le
4ème temps propulsif du Dos crawlé (cf. Maglischo), l’action intérieure de la Brasse, et les actions finales du cycle en Crawl et
en Papillon.
Les appuis : Maglischo (1982) les décrits en termes de « balayages » (intérieur, extérieur, vers le haut, vers le bas, vers l’arrière) ; Chollet
(1990) parle de « godille » pour désigner le changement d’orientation des mains utilisé en natation synchronisée.

R le cam 15
Contradictions :
La force de portance selon le principe de Bernoulli ne peut s’établir qu’à partir d’un écoulement stationnaire non
turbulent du fluide. Or l’état « quasi-stationnaire » (hypothèse de base des travaux de Schleihauf) n’est jamais atteint en natation
sportive car les variations de vitesses des appuis augmentent le temps nécessaire au développement du vortex lié (« Effet
Wagner » (*15).

Discussion :
D’après Rushall et coll (1994), l’amélioration des chronos en
natation s’explique notamment par la recherche de trajectoires
de bras plus rectiligne en crawl comme en papillon.
Evolution des trajectoires des mains en papillon
(vue de dessous)
1967 : C. HICKOX utilise des trajectoires
« godillées »
1993 : P. MORALES appuie en « ligne droite »

Cette observation confirmerait que les membres supérieurs sont plus à même de créer des forces de trainée que des
forces de portance.
3- Le courant axial ; basée sur le principe de Bernoulli(*12) (Toussaint 2005)
Selon Toussaint (2005), le déplacement des bras (et des jambes) se fait plus en rotation qu’en translation.
Principe : la rotation rapide du bras à travers l’eau lors du balayage externe (3ème) en Crawl, par exemple, crée un gradient de
vitesse le long du bras (Vitesse + au niveau main/ Vitesse – au niveau épaule) ce qui en application du principe de Bernoulli, se traduit
par un gradient de dépression le long de la face avant du bras. Il en résulte un écoulement axial en direction de la main et
donc un renforcement de la poussée de la main par effet de succion.

Cette observation expliquerait pourquoi certains sprinters adoptent une position proche du bras tendu en crawl.
4- Théorie des vortex
Principe : les vortex sont des tourbillons dus aux différences de pression lorsque qu’une partie du corps se déplace dans
l’eau. La force d’impulsion de ces masses d’eau tourbillonnantes pourrait être utilisée comme appuis pour la propulsion.

Exemple en ondulation sous marine


Ici les vortex tournent dans le sens horaire au dessus de la trajectoire du nageur et dans le sens anti-horaire en dessous

R le cam 16
Les paramètres de l’efficacité propulsive
Pour le nageur, l’augmentation des forces propulsives dépend donc :
de paramètres spatiaux
La quantité de surfaces propulsives ; plus elle est importante, meilleure est la propulsion. A tous niveaux, la main est
utilisée comme surface propulsive. Cependant, le positionnement segmentaire des experts leur permet d’utiliser leurs
avant-bras comme surface propulsive = coordination disto-proximale (guidée par la main position haute et avancée du coude). Par
opposition, chez le nageur « fatigué » (cf.TLN Avril/mai 2005) ou débutant, on observe une « fuite du coude » (coordination
proximo-distale) préjudiciable à la propulsion. D’autre part, la quantité de surface propulsive se réduit à l’approche de la fin
de la phase de poussée.
Le profil des surfaces propulsives ; la forme du segment propulsif est une composante de la résistance (R = kSV2), et
donc de la traînée propulsive.

Par ordre d’arrivée au fond


(objets ayant la même surface de maître couple)

4ème 3ème 2ème 1er


L’orientation des surfaces propulsives ; il s’agit d’orienter une grande quantité de surface des bras et des mains vers
l’arrière, puis les accélérer.
La longueur des trajets moteurs ; en prenant le corps pour point fixe, la main doit chercher à décrire le plus long trajet
possible compatible avec la fréquence de bras utilisée. Ceci est obtenu lorsque les bras sont tendus devant au départ et
derrière à l'arrivée (main/cuisse). Si l'on prend l'eau comme repère, l’habileté du nageur consiste à arrêter ses surfaces
propulsives afin d’exercer une pression maximale compatible avec un déplacement minimal de la masse d’eau. Ainsi,
alors qu’en 1984 la main sort en arrière de son point d’entrée, elle ressort en avant en 1994, ce qui prouve l’amélioration
de la propulsion (et notamment, l’augmentation de la charge des muscles de la ceinture scapulaire) selon Rouard (2000)
La profondeur des appuis ; plus elle est importante (dans la limite des possibilités du sujet), meilleure est la propulsion.
du bras de levier de la vitesse angulaire
de la pression hydrostatique (20% plus forte à 60cm de profondeur selon Clarys et Jiskoot)
+ variabilité/distance : profondeur appuis au 100m > 1500m (Rouard 2000)
+ variabilité/temps : profondeur appuis entre 1984 et 1994 (Rouard 2000)
La coordination spatiale ; le nageur doit organiser spatialement le rapport entre les différentes composantes motrices
afin réaliser et de conserver un équilibre optimal ; on parle de coordinations « intra-train » et « inter-train ».
La forme spatiale des retours ; moins il y a de résistances sur le retour, plus l'efficacité sera grande. C'est ce qui
explique la supériorité des nages où les retours sont aériens.
Paramètres temporels de la propulsion (cf.TLN fév/mars 2005)
La vitesse des surfaces propulsives ; c'est une composante de la résistance ( R = kSV2), et donc de la traînée propulsive.
Plus elle est importante, meilleure est la propulsion. Avec la fatigue, la durée relative des phases propulsives (traction et
poussée) augmente, suggérant une diminution de la vitesse de la main (avec traction>poussée)

Le rythme des appuis ; il se caractérise par des accélérations progressives et successives du fait du caractère fuyant du
milieu et de la forme sinusoïdale des mouvements. Ces accélérations (au nombre de 3 ; 1/balayage) sont déterminées par la
puissance et la longueur du bras de levier du propulseur. Sur un organisme « frais », le pic de force apparaît lors de la
phase de traction, puis il « glisse » vers la phase de poussée avec la fatigue.
Pics de vitesse de la main Papillon/Crawl Brasse/Dos
(JO Barcelone) 3m/s 2m/s
La continuité des actions motrices ; elle s'obtient par de bonnes liaisons "bras-jambes" (inter-train) ou "bras G-bras D"
(intra-train); ce qui permet d'entretenir une vitesse constante et de diminuer le coût énergétique de la nage. Il est en effet,
plus facile de conserver une vitesse plutôt que de la créer (*36) (cf.TLN juil 2009 F Duclos) Les fluctuations de la vitesse ont
été mises en relation avec l’économie de nage qui elle même dépend :
du type de nage (Crawl>Dos>Papillon>Brasse)
du niveau d’expertise dont dépend la qualité des coordinations (Ringard, Sidney et coll).
La forme temporelle des retours ; elle doit être lente pour les retours aquatiques (Brasse sous marine) et rapides pour les
retours aériens afin :
- de supprimer les temps morts en fin de poussée
- en Brasse, de devancer la poussée des jambes pour ne pas contrarier leur action + permettre un temps de recherche
d’appui
- en Crawl, de coordonner en superposition (distances courtes)
- de réengager dans un déséquilibre avant (Cr, Pap, Br) et arrière (Dos)

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