Vous êtes sur la page 1sur 254

Nouvelle approche manipulative

Membre supérieur
Des mêmes auteurs :

Manipulations vasculaires viscérales, J.-P. Barral, A. Croibier, ISBN : 978-2-8101-0095-8


Manipulations des nerfs périphériques, J.-P. Barral, A. Croibier, ISBN : 2-84299-599-6
Manipulations des nerfs crâniens, J.-P. Barral, A. Croibier, ISBN : 2-84299-771-9
Diagnostic ostéopathique général, A. Croibier, ISBN : 2-84299-655-0
Manipulations de la prostate, J.-P. Barral, ISBN : 2-84299-654-2
Manipulations viscérales 1, J.-P. Barral, P. Mercier, ISBN : 2-84299-620-8
Manipulations viscérales 2, J.-P. Barral, ISBN : 2-84299-621-6
Le thorax : manipulations viscérales, J.-P. Barral, ISBN : 2-84299-690-9

Dans la collection :
L’anneau pelvien, T. Liévois, ISBN : 2-84299-738-7
Ostéopathie. Principes et applications ostéoarticulaires,
O. Auquier, ISBN : 978-2-84299-806-6
Ostéopathie pédiatrique, N. Sergueef, ISBN : 978-2-84299-971-9
Anatomie fonctionnelle appliquée à l’ostéopathie crânienne,
N. Sergueef, ISBN : 978-2-8101-0096-5
Traitement ostéopathique des lombalgies et lombosciatiques par hernie discale,
F. Ricard, ISBN : 978-2-84299-839-4.
Traité de médecine ostéopathique du crâne et de l’articulation temporomandibulaire,
F. Ricard, ISBN : 978-2-8101-0123-8.
Médecine ostéopathique et traitement des algies du rachis dorsal,
F. Ricard, ISBN : 978-2-8101-0097-2.
Nouvelle approche
manipulative
Membre supérieur
Ce logo a pour objet d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit,
DANGER tout particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du « photo-
copillage ». Cette pratique qui s’est généralisée, notamment dans les établissements d’enseigne-
ment, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour
les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui
menacée.
Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel, sont
LE passibles de poursuites. Les demandes d’autorisation de photocopier doivent être adressées à
PHOTOCOPILLAGE l’éditeur ou au Centre français d’exploitation du droit de copie : 20, rue des Grands-Augustins,
TUE LE LIVRE 75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70.

Jean-Pierre Barral
Ostéopathe DO, diplômé de l’European School of Osteopathy (Maidstone, Royaume-Uni) et de la faculté de méde-
cine Paris-Nord (département ostéopathie et médecine manuelle).

Alain Croibier
Ostéopathe DO, membre du Registre des ostéopathes de France ; membre de l’Académie d’ostéopathie de France,
titulaire d’un Master de Sciences de l’Homme et de la Société.

Responsable éditorial : Marie-José Rouquette


Éditeurs : Stéphanie Honoré (Diomède), Peggy Lemaire
Chef de projet : Anna Davoli
Conception graphique et maquette de couverture : Véronique Lentaigne
Illustrations de couverture : © Éléonore Lamoglia, © Totem Studio (Pierre-François Couderc)
Photographies intérieures : toutes les photographies ont été réalisées par © Totem Studio (Pierre-François Couderc),
www.totemstudio.com
Dessins intérieurs : tous les dessins ont été réalisés par © Éléonore Lamoglia, http://eleonorelamoglia.word-
press.com/
Dessin 2.3 : © Netter ; dessin : 2.7 : © Encyclopédie médico-chirurgicale

© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés pour la traduction française
62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
www.elsevier-masson.fr
ISBN : 978-2-8101-0479-6
Elsevier Masson SAS, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex
Introduction

Dans tous nos ouvrages, nous nous sommes propre à l’articulation, cette dernière va souffrir,
efforcés de faire partager notre pratique. Il n’est s’irriter, se congestionner et perdre de sa mobilité.
pas toujours simple de soulager un patient, échecs Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à être plus
et succès font partie du lot quotidien d’un symptomatique. Le simple fait de traiter le foie
thérapeute. est indispensable mais généralement pas suffi-
L’expérience permet de faire le tri de ce qui fonc- sant. Il faut en plus s’occuper impérativement
tionne mal ou bien. La théorie est simple et nous de l’épaule, d’autant plus si le déséquilibre est
pouvons parier, sans grand risque, de pouvoir sou- ancien.
lager tous nos patients par l’écriture ! Tous les tissus du corps méritent notre attention
À notre connaissance, c’est la première fois qu’un et c’est le bon côté de notre métier que d’appren-
ouvrage essaie de donner une vision globale à pro- dre à respecter tous les constituants d’un orga-
pos d’un traitement articulaire. Nous abordons nisme, quelle que soit leur localisation.
tous les éléments périarticulaires : la capsule, le L’affirmation la plus « anti-conceptuelle » pour un
cartilage, le labrum, la synoviale, les bourses séreu- ostéopathe est de déclarer qu’il s’est « spécialisé »
ses, les ligaments, les muscles, le système vascu- dans une partie ou dans une fonction du corps.
laire, le système nerveux, les fascias, la peau.
« Je ne fais que du crânien » ou « que du viscéral »
En plus du traitement périarticulaire tissulaire, ou « que des ajustements » ou « que de l’émotion-
nous ajoutons les connexions viscérales, celles que nel » sont des phrases pourtant souvent enten-
l’on établit par l’expérience clinique et non par la dues ! Est-ce que l’organisme d’un patient se
théorie livresque. spécialise dans sa douleur à une région du corps ?
Enfin, nous essayons de donner les relations psy- A-t-il décidé arbitrairement de dire « Voilà, tout ce
cho-émotionnelles et comportementales qui qui m’est arrivé dans ma vie, c’est uniquement
influencent le jeu articulaire. dans le crâne, le pancréas ou sur la première
Ce qui fait la grandeur de l’ostéopathie, c’est la côte ? ».
recherche permanente de la cause d’une douleur Dans cet ouvrage consacré au membre supérieur,
et de ne pas se limiter uniquement aux symptô- nous nous sommes limités arbitrairement à ses
mes… avec une petite nuance. différentes composantes articulaires, tout en gar-
Une articulation peut souffrir à la suite d’une dant au fond de nous la notion de globalité du
chute directe, de mauvaises positions acquises, corps.
d’un usage excessif, mais aussi par voie réflexe, le Ce qui nous motive le plus est de permettre à un
plus souvent viscérale. patient d’être soulagé de ses douleurs. Appliquez
Les périarthrites scapulo-humérales droites sont les manœuvres décrites dans ce livre et vous verrez
souvent la conséquence d’une dysfonction hépati- que les résultats suivront. N’est-ce pas là l’essen-
que. Mais même si la cause n’est pas, au départ, tiel : aider un patient à se sentir mieux ?

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Chapitre 1
Nouvelle approche articulaire
Cet ouvrage est novateur. Il présente une concep- indolores, peuvent être réalisées sans danger et très
tion nouvelle de possibilités d’actions sur une arti- efficacement chez l’enfant ou la personne âgée.
culation et une approche différente de traitement Notre approche s’intéresse aux cas hyperalgiques et
articulaire manuel. complexes ou aux articulations à considérer comme
Traditionnellement, les manipulations ostéopathi- plus « fragiles » ou plus « susceptibles ». Elle vise à
ques se répartissent suivant deux grands axes : les diminuer ou supprimer la douleur et à restituer un
manipulations structurelles et les manipulations fonctionnement articulaire satisfaisant, sans perdre
fonctionnelles. de vue la vision globale chère à notre pratique.
Quelles que soient les modalités utilisées, ces mani-
pulations visent avant tout à éliminer une pertur-
bation de la mobilité articulaire, appelée selon
Modèles articulaires
les praticiens ou les écoles : fixation, dysfonction,
dérangement articulaire mineur… Elles s’attachent En ostéopathie et en médecine manuelle, le modèle
à rendre à l’articulation une meilleure mobilité, osseux prédomine depuis de nombreuses années,
généralement pour diminuer les douleurs locales ou tant pour le diagnostic que pour le traitement arti-
pour permettre un rééquilibrage global du corps. culaire. Les ostéopathes, en matière d’articulation,
sont le plus souvent « ostéo-centrés ». Leur vision
En effet, la manipulation articulaire est aussi un moyen d’une articulation est quasi « radiographique ».
d’action inscrit dans une perspective thérapeutique
globale. Elle dépasse la seule action locale articulaire. Généralement, l’articulation est envisagée comme
la rencontre de deux extrémités osseuses, recou-
Lorsqu’il s’agit de pathologies articulaires plus sévè- vertes de cartilage, plus ou moins congruentes,
res, et non plus de simples dysfonctions, le traitement mais où les autres constituants articulaires sont
manuel s’avère plus difficile à mettre en œuvre. généralement peu présents.
C’est ce qui se passe en cas d’arthrose invalidante, Sur cette représentation de base, souvent induite par
d’arthrite ou d’inflammation articulaire. un certain réductionnisme biomécanique, s’ajou-
Parfois c’est la forme des surfaces articulaires ou la tent généralement des axes et des plans de mobilité
configuration de l’articulation qui ont pu être tota- qui conditionnent la réalisation des manipulations.
lement modifiées. C’est ce qui apparaît, par exem- Les techniques articulaires se retrouvent ainsi
ple, après de sévères fractures ou dans les séquelles focalisées sur des relations de « formes » ostéo-car-
de grosses interventions chirurgicales de l’appareil tilagineuses, pour la réalisation des tests et pour
locomoteur. Chez tous ces patients, les manipula- celles des corrections.
tions habituelles sont difficiles à réaliser et peuvent
même se révéler inadaptées. Notre approche peut
alors se substituer aux manipulations conventionnel- Notre perspective
les, comme les thrusts, ou s’y ajouter, selon le cas.
Cette nouvelle approche manipulative trouve éga- Nous considérons qu’une articulation est com-
lement des utilisations intéressantes en pédiatrie, posée de nombreux sous-systèmes dont les inter­
comme en gériatrie. Les techniques, précises et actions créent un ensemble complexe.
Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
4 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Leviers

Animation Cohésion

Fig. 1-2. Système de leviers.

Les leviers articulaires permettent aussi la trans-


Maintenance Glissement mission des contraintes d’un segment osseux à
l’autre (fig. 1-2).
Le cartilage articulaire qui recouvre les extrémi-
Stabilisation Information tés osseuses est remarquablement élastique mais il
n’en est pas moins doté d’une extraordinaire résis-
Fig. 1-1. Les sept sous-systèmes articulaires.
tance. Sa structure histologique particulière lui
permet d’assurer cette transmission des contrain-
Cette conception nous permet d’aborder le fonc- tes, sans souffrir, quand tout fonctionne bien.
tionnement articulaire avec une vision plus « inté-
grative ». Une bonne fonction articulaire nécessite
non seulement que chaque sous-système soit intè- Deuxième niveau : le glissement
gre, mais qu’il coopère aussi avec les autres. Les constituants sont la cavité articulaire et ses limites :
Il est possible de distinguer sept sous-systèmes • les cartilages ;
de base qui concourent à la fonction articulaire. • le liquide synovial ;
Certains éléments anatomiques peuvent apparte- • la membrane synoviale ;
nir à un ou plusieurs systèmes. Dans un premier • la capsule ;
temps, il est plus simple de se focaliser sur ces fonc- • les fibrocartilages ;
tions que sur les structures anatomiques (fig. 1-1). • les pressions intra-articulaires.
Il s’agit des surfaces qui assurent l’interface de glis-
sement, assistées dans cette fonction par les éléments
Sous-systèmes de lubrification. On peut y ajouter tous les éléments
périarticulaires de glissement que constituent les
Premier niveau : les leviers bourses séreuses et les plans de glissement tissulaire.
Les constituants sont : Tous les fibrocartilages intra-articulaires (labrum
• les os ; ou ménisques), outre leur fonction de stabilisation,
• le cartilage. participent au glissement et à la lubrification.
Les os représentent mécaniquement des leviers rigi- La viscosité du liquide synovial est de première
des et articulés entre eux. Ils sont porteurs de formes importance pour le système de glissement, les for-
articulaires, matérialisées par l’os sous-chondral, véri- ces de frottement sont dépendantes de ses qualités
table armature et réel soutien du cartilage articulaire. physiques (fig. 1-3).
Ces formes en présence ont des relations réciproques
plus ou moins congruentes. En général, la biomécani- Capsule articulaire
que traditionnelle se fonde majoritairement sur cette Liquide synovial
relation pour déduire un rapport stabilité/mobilité
qui témoigne des possibilités de l’articulation.
Une des qualités essentielle de ce sous-système est
sa résistance. Les os sont les éléments « stables »
du système articulaire, sans sous-estimer l’élasti- Cartilage
cité dont ils sont dotés. Fig. 1-3. Système de glissement.
Chapitre 1. Nouvelle approche articulaire 5

Troisième niveau : la stabilisation Cinquième niveau : la cohésion


Les constituants sont : Les constituants sont :
• les ligaments ; • les fascias ;
• les muscles stabilisateurs (ligaments actifs) ; • les membranes ;
• les ménisques et autres fibrocartilages… • le liquide synovial ;
Les ligaments articulaires sont généralement des • les pressions intra-articulaires.
épaississements de la capsule articulaire. Ils assu- Les fascias sont des éléments qui réalisent la com-
rent l’union et la stabilité des leviers et des surfaces partimentation des muscles, soit pour les indivi-
articulaires du premier niveau. Les ligaments assu- dualiser, soit pour les grouper.
rent un guidage du mouvement et leurs consti- Ils contribuent également à relier les articulations
tuants collagéniques sont de grands générateurs entre elles, pour les rendre interdépendantes et les
de forces passives. solidariser dans des chaînes articulées. Les fascias
À l’inverse, les muscles périarticulaires considérés sont des générateurs de forces passives et de pres-
comme des ligaments actifs sont des générateurs sions sur l’articulation.
de forces actives par leur contractilité (fig. 1-4). La capsule est une unité hermétiquement close.
Certaines structures fibrocartilagineuses, en amé- L’ensemble capsule et liquide synovial constitue
liorant la congruence des surfaces articulaires, par- un système hydraulique précontraint. La tension
ticipent également à la fonction de stabilisation. capsulaire est proportionnelle à la pression intra-
articulaire, cette relation créant une augmentation
Quatrième niveau : l’animation de la résistance de l’articulation. Toute modifica-
tion de pression du liquide occasionne une modi-
Les constituants sont : les musculaires mono- et fication de tension capsulaire et inversement. Ce
polyarticulaires. couple tension-pression est un facteur de cohésion
Les muscles sont les moteurs du système articulé, de l’articulation (fig. 1-6).
ils en assurent la mobilité. Ils sont de grands géné- Le système de cohésion assure également l’ab-
rateurs de forces actives. Leur vocation est plus sorption et l’amortissement de certaines contrain-
dynamique que les muscles du système de main- tes locomotrices.
tien (fig. 1-5).

Capsule articulaire Sixième niveau : l’information


Les constituants sont :
• le système nerveux ;
• les terminaisons capsulaires, ligamentaires et
tendino-musculaires.
Ligament
Muscle Les nerfs assurent la commande des muscles, dans
Fig. 1-4. Système de stabilisation. une perspective de mouvement. Ils sont le lien
entre l’intention et la réalisation de la motricité.

Muscles Enveloppe fasciale

Tendon
Fig. 1-5. Système animateur. Fig. 1-6. Système de cohésion.
6 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Outre cet aspect de commande, ils véhiculent Interactions dans le système


également des influx proprioceptifs et nocicep-
tifs. Ils ont leur importance dans la préparation, Envisagée selon cette perspective, la bonne santé
l’élaboration, le dosage et la coordination du d’une articulation devient indissociable, non seu-
mouvement. lement du bon fonctionnement de chacun de ces
Les ligaments et la capsule sont également des sous-systèmes mais aussi de leurs parfaites inter­
jauges de contrainte indispensables au fonction- actions (fig. 1-9).
nement articulaire (fig. 1-7). L’articulation est un « organe » dédié au mouve-
ment. Sa fonction nécessite l’intégrité et la com-
Septième niveau : la maintenance munication de chacun de ses constituants. Chacun
des sous-systèmes qui la constituent doit être intè-
Les constituants sont : gre et doit coopérer et communiquer avec tous
• les éléments vasculaires ; les autres.
• les lymphatiques articulaires ; Un dysfonctionnement circulatoire ou du système
• le liquide synovial. de maintenance peut avoir des conséquences sur
Les vaisseaux assurent la maintenance, la nutrition la sécrétion de la membrane synoviale. La modi-
et la réparation des différents systèmes articulaires. fication des caractéristiques du liquide synovial
Le liquide synovial est à la fois l’assiette et la pou- se répercute sur la qualité du sous-système de
belle du cartilage. Il résulte de l’ultrafiltration du glissement.
plasma au niveau de la membrane synoviale. Ce sous-système de glissement est aussi lié aux
La régulation locale de la pression et du débit muscles et à leur commande. Ainsi, un problème
vasculaire est très importante pour cette fonction. touchant le système neural peut se répercuter
Elle permet de lutter contre l’usure qui guette sur le système musculaire et affecter le tonus des
tout fonctionnement mécanique, même avec fai- muscles périarticulaires. Toute modification des
ble friction. Ce système est également impliqué pressions intra-articulaires se répercute sur la tro-
dans tous les phénomènes d’inflammation articu- phicité des cartilages, ce qui modifie leurs capaci-
laire ou périarticulaire (fig. 1-8). tés de glissement.
On voit que la souffrance d’un sous-système
peut avoir de multiples causes qui trouvent leur
origine au sein de ces nombreuses interactions.

Leviers

Nerfs Animation Cohésion


Fig. 1-7. Système d’information.

Maintenance Glissement

Vaisseaux Stabilisation Information


Fig. 1-8. Système de maintenance. Fig. 1-9. Interactions des sous-systèmes articulaires.
Chapitre 1. Nouvelle approche articulaire 7

Interactions en dehors Afin d’éviter toute menace ou toute contrainte


du système importante sur le système nerveux, les schèmes
moteurs et les postures de l’individu respectent
cet impératif.
Le système articulaire, considéré dans sa globa-
lité, interagit constamment avec d’autres parties Certains secteurs de mouvement articulaire peu-
et d’autres dimensions de l’individu. Il est assujetti vent ainsi se retrouver automatiquement limités
au fonctionnement d’autres systèmes du corps ou même exclus pour ne pas être contraignants vis-
comme les systèmes viscéral, vasculaire, nerveux à-vis du système nerveux. C’est particulièrement
et psycho-émotionnel. vrai pour la colonne vertébrale. Les articulations
périphériques, elles aussi, ont un fonctionnement
qui respecte l’intégrité des nerfs.
Système viscéral
Tous les organes sont concernés par les mouve- Système psycho-émotionnel
ments généraux du corps. Ils s’adaptent en se
déformant et en se mobilisant. Certaines souf- D’un point de vue somatique, les émotions affec-
frances viscérales engendrent des douleurs pro- tent l’ensemble de l’organisme. Le système circu-
jetées au niveau articulaire. Ces interactions sont latoire en est une cible privilégiée : rougissement
généralement désignées comme les interrelations facial, emballement du rythme cardiaque en sont
viscéro-pariétales. les manifestations les plus courantes.
Ces projections viscérales obéissent à une logique Pour la mécanique articulaire, les émotions ciblent
qu’il est parfois difficile de comprendre. Donnons principalement la respiration et la posture.
par exemple des douleurs d’épaule provoquées par À court terme, elles peuvent créer des réactions
la pose d’un stérilet. respiratoires, relativement instantanées, par modifi-
cation de la ventilation et du jeu diaphragmatique.
Ces réactions ont un impact sur les nombreuses
Système vasculaire articulations du thorax et sur le tronc tout entier.
À plus long terme, elles entraînent des réactions
Une perturbation de la circulation artério-vei-
posturales, affectant la manière de se tenir, la pos-
neuse va affecter tous les tissus mous périarticu-
ture, le maintien, la forme et l’aspect de l’individu.
laires. Dégénérescence, fibrose et perturbations
barométriques en sont les conséquences. Le fonctionnement des articulations se retrouve
assujetti au profil psycho-émotionnel de l’indi-
vidu. Le jeu articulaire est dépendant de l’harmo-
Système nerveux nie somatopsychique de l’individu.
En fonction de la posture, une articulation ne
Nous avons vu que c’est l’un des principaux présente pas nécessairement les mêmes réponses
acteurs du système d’information et que l’organi- aux sollicitations et aux traumatismes d’une per-
sation motrice en dépend totalement. La moindre sonne à l’autre. La vulnérabilité des structures est
perturabtion de la conduction nerveuse ne peut très relative. Elle varie en fonction de la précon-
rester isolée. Elle va créer des dysfonctions locales trainte subie par l’articulation. On peut dire qu’en
mais aussi à distance de l’articulation. fonction de notre attitude, les articulations, lors
Toute contrainte ou toute pression engendrée par d’un traumatisme, vont réagir de manière diffé-
le mouvement articulaire doit épargner au maxi- rente. Les lésions dépendront du degré de protec-
mum les différentes composantes neurales et res- tion ou d’exposition des différentes structures de
pecter le tissu nerveux dans la mesure du possible. l’articulation.
Chapitre 2
Anatomie fonctionnelle
des s
­ tructures de mouvement

Les 206 os du squelette et les articulations qui les mésenchyme se transforme soit en tissus fibreux,
unissent forment la charpente de soutien qui donne soit en tissus cartilagineux, tissus qui sont à leur
à la fois forme et mobilité au corps humain. L’os, tour secondairement envahis progressivement par
grâce à sa résistance, joue un rôle statique de sup- du tissu osseux. L’interzone mésenchymateuse
port et d’orientation spatiale des ensembles articulai- temporaire se transforme et donne un des trois
res. L’articulation elle-même est le véritable organe types structuraux d’articulation : fibreuse, cartila-
du mouvement, grâce auquel nous pouvons nous gineuse ou synoviale (fig. 2-1).
mouvoir librement lorsque tout fonctionne bien. La forme des surfaces articulaires préexiste chez le
fœtus mais à un stade à peine ébauché. Les expé-
Système biomécanique riences de Fick (1904) ont montré que c’est le
mouvement qui façonne définitivement cette forme,
à la base du mouvement en rapport avec l’action des muscles.

Définitions Classification des articulations


Les articulations représentent les divers modes
La classification structurelle, dérivant de l’orga-
d’union des os entre eux. La définition anatomi-
nogenèse, distingue les articulations fibreuses, car-
que est très vaste puisqu’une articulation représente
tilagineuses et synoviales.
toute jonction de deux ou plusieurs pièces osseuses.
• Une articulation est dite simple lorsqu’elle unit La classification fonctionnelle permet de distin-
deux os entre eux, par exemple l’articulation guer :
gléno-humérale. • les synarthroses (articulations dites « fixées ») ;
• Elle est dite composée (on parle aussi de com- • les amphiarthroses (articulations à faible mobilité) ;
plexe articulaire) lorsqu’elle réunit plus de deux • les diarthroses (articulations à mobilité normale).
os, par exemple l’articulation talocrurale.
Synarthroses
Dans le langage courant, une jointure est un dis-
positif qui solidarise deux éléments. En anatomie, Classiquement, elles ne permettent aucun mouve-
une articulation est décrite comme « la connexion ment. Les os s’engrènent par des fines dentelures
existant entre les composants rigides, osseux ou ou sont unis par une mince lame de tissu fibreux
cartilagineux du squelette ». cartilagineux ou d’os.
Selon la nature du tissu de jonction, ce groupe se
subdivise en :
Organogenèse
• synostoses : jonction par du tissu osseux ;
Toutes les articulations dérivent du mésenchyme. • synchondroses : jonction par du tissu cartilagineux ;
La première ébauche articulaire des membres • syndesmoses ou synfibrose : jonction par du tissu
apparaît vers la 5e semaine de développement. Le conjonctif fibreux.
Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


10 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Mésenchyme

Ossification Ossification
membraneuse enchondrale

Cartilage

Articulations « cartilagineuses » Articulations synoviales

Articulation fibreuse

Noyau d’ossification

Fig. 2-1. Organogenèse articulaire.

Ces articulations sont pour la plupart le siège plupart des articulations des membres. Elles per-
d’une gamme de mouvements de faible à très fai- mettent des mouvements amples et variés.
ble amplitude. Selon le cas, ce sont des glissements, Ce groupe des diarthroses est encore appelé « arti-
des déformations ou des micro-mouvements. culations vraies ». Il est sans conteste le plus impor-
tant par sa diversité, son nombre et son importance
Amphiarthroses ou symphyses
dans la physiologie de l’appareil locomoteur.
Classiquement, elles ne permettent que des mou- L’articulation diarthrodiale est une structure
vements limités, par « balancement ». Les deux spécialisée composée de plusieurs matériaux
os sont unis par une masse de tissu fibrocartilagi- conjonctifs (muscles, tendons, ligaments, capsule,
neux. Au centre de cette masse, on peut trouver membrane synoviale, cartilage et os), dont la fonc-
soit un noyau gélatineux, comme le nucleus pul- tion principale est de permettre et de favoriser le
posus des disques intervertébraux, soit une petite mouvement. Les os sont séparés par une cavité ou
cavité pouvant contenir un peu de liquide, comme fente articulaire. Ils sont réunis l’un à l’autre par
au niveau de la symphyse pubienne. des moyens d’union périphériques.
Ces articulations sont généralement proches de La diarthrose type comporte de manière constante :
l’axe médian du corps et fonctionnent avec des • des extrémités osseuses ;
contraintes de compression significatives, comme • du cartilage articulaire ;
au niveau des articulations intervertébrales. • une membrane synoviale ;
• du liquide synovial ;
Diarthroses
• un appareil de contention avec capsule articu-
Les diarthroses représentent la forme la plus abou- laire, ligaments et certains éléments musculaires
tie de l’organe du mouvement. Elles constituent la (fig. 2-2).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 11

mouvements. L’existence de bourses séreuses en


ces points critiques du système locomoteur mon-
tre que la notion d’articulation n’est pas unique-
Périoste
ment à rattacher à la notion de cartilage articulaire
mais bel et bien à la notion de séreuses.
Capsule
articulaire Sphère viscérale
Ligament
Capsule Elle n’échappe pas à cette analyse des glissements et
fibreuse de leurs implications « articulaires ». La plupart des
Membrane Cavité
viscères thoraciques et abdominaux sont contenus
synoviale articulaire dans des enveloppes séreuses (péritoine, péricarde,
plèvres). Elles contiennent un liquide comparable
Liquide Cartilage au liquide synovial, dont l’une des fonctions est de
synovial
Épiphyse favoriser les mouvements interviscéraux. Ainsi, lors
d’une flexion du tronc, c’est par des mouvements
de glissement que les organes s’adaptent aux chan-
gements géométriques des cavités abdominale et
thoracique. Qu’une possibilité de glissement man-
Corticale que et c’est toute la mobilité rachidienne qui est
compromise. Il existe une nécessaire complémen-
tarité entre la biomécanique des éléments durs et
Fig. 2-2. Diarthrose type. mous qui composent notre corps.
Par analogie histologique, toute séreuse est en
elle-même synonyme de glissement et sous-tend
les notions de « mouvement » et « d’articulation »,
Syssarcoses prises dans leur acception la plus large. La notion
Les structures vectrices de mouvement dans le d’articulation viscérale qui souligne parfaitement
corps humain ne se limitent pas aux seules articu- cette homologie a par ailleurs été développée dans
lations squelettiques précitées. Tout dispositif de les livres de Manipulations viscérales (Barral &
glissement peut être compris comme une véritable Mercier, 1984).
articulation. En effet, lorsque les éléments rigides
bougent, les éléments mous doivent eux aussi se
mobiliser et s’adapter à la nouvelle configuration Structure des diarthroses
créée par le mouvement.
À titre d’exemple, nous pouvons citer deux com- Os épiphysaire
posantes nécessitant ces glissements : ce sont le
système musculaire et la sphère viscérale. L’extrémité articulaire de l’os correspond à la par-
tie coiffée par le cartilage articulaire, qui la moule
Système musculaire intimement et lui est solidement arrimée. L’os
épiphysaire est constitué par du tissu osseux spon-
Il n’est pas dissociable des tendons qui lui sont gieux, bien moins dense et moins résistant que
annexés, mais ces tendons ne peuvent coulisser et l’os compact. Cependant, il se modifie pour for-
donc se mobiliser dans leur environnement que par mer, juste au-dessous du cartilage articulaire, une
l’existence de gaines synoviales. Elles forment une couche particulièrement dense et solide : la plaque
véritable « articulation » au sein des tissus mous. osseuse sous-chondrale. Elle correspond à la zone
Le système musculaire doit souvent être isolé des d’arrimage du cartilage, encore appelée ­jonction
reliefs osseux sur lesquels il coulisse au cours des ostéo-chondrale.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


12 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

L’os épiphysaire fournit à l’articulation ses axes très particulières, agencées autour :
de soutien et une partie de ses bras de levier. La • d’une matrice extracellulaire (95 %) compara-
nature des mouvements possibles dépend de la ble à un véritable gel, renforcé par une armature
forme et des modalités d’emboîtement des extré- élastique de fibres de collagène de type II ;
mités articulaires en présence. Cet emboîtement • de chondrocytes, cellules hautement spéciali-
n’est pas toujours parfait ou suffisamment stable. sées qui assurent le maintien de l’intégrité du
Parfois, pour le compléter, un fibrocartilage s’in- cartilage.
terpose entre les extrémités osseuses (ménisque,
bourrelet, labrum, etc.). Il joue le rôle, à la fois, Matrice extracellulaire du cartilage
d’élément améliorant l’emboîtement des extrémi- Couple eau-protéoglycanes
tés articulaires, d’amortisseur et de répartiteur de La matrice extracellulaire du cartilage articulaire
pression. est constituée d’environ 75 à 80 % d’eau. Cette
La très riche vascularisation de l’os épiphysaire et dernière est retenue sous la forme d’un gel macro-
sa faible densité lui donnent des possibilités d’évo- moléculaire très stable, grâce à la présence d’un
lution et de remaniement très rapides. Il peut ainsi type de macromolécules polymérisées et très
être le siège de phénomènes de déminéralisation hydrophiles : les protéoglycanes (ou protéoglycans).
ou de condensation. Toute altération de la structure de ces macromolé-
Il constitue également une voie d’échange entre cules, qu’elle soit d’origine enzymatique ou autre,
le cartilage articulaire et l’os. Elle devient impor- a des conséquences sur le degré d’hydratation du
tante en cas d’arthrose ou d’inflammation de l’ar- cartilage (fig. 2-3).
ticulation. La plaque osseuse sous-chondrale se
Fibres de collagène
modifie dans le processus arthrosique ou même
lors d’infection articulaire. Elle limite, dans un La cohésion mécanique de ce gel, ainsi constitué, est
premier temps, l’extension du phénomène septi- assurée par un réseau tridimensionnel de fibres de
que articulaire à l’os spongieux sous-jacent. collagène qui l’emprisonne et en évite la dispersion.
Des modifications dans l’orientation des fibres
permettent de distinguer grossièrement trois cou-
Cartilage articulaire ches différentes au sein du cartilage articulaire :
• dans la couche la plus superficielle, la direction
Le cartilage articulaire est un constituant central
des fibres de collagène est sensiblement parallèle
de l’articulation qui appartient simultanément
à la surface du cartilage articulaire ;
au sous-système de leviers et au sous-système de
• dans la zone centrale, il n’existe pas d’orienta-
glissement.
tion préférentielle ;
Il joue un rôle essentiel dans la mécanique arti- • dans la zone la plus profonde, les fibres sont
culaire en amortissant les pressions considérables perpendiculaires à la surface de l’épiphyse et
auxquelles les épiphyses sont soumises, et en per- viennent s’ancrer dans la couche calcifiée du
mettant un glissement harmonieux d’une épiphyse cartilage et dans l’os épiphysaire.
sur l’épiphyse opposée.
De manière très simpliste, on peut représenter
L’épaisseur du cartilage articulaire n’est pas la même cette architecture cartilagineuse au moyen du
d’une articulation à l’autre, ni même d’un point à schéma déjà ancien de Beninghoff. Bien que ce
l’autre au sein d’une même articulation, en particu- dernier ne corresponde pas exactement à la réalité,
lier au niveau des zones d’appui. À la hanche et au il permet de comprendre les phénomènes interve-
genou, son épaisseur est en moyenne de 2 à 4 mm. nant lors de l’amortissement des pressions par le
cartilage (fig. 2-4).
Composition et structure
Lorsque le cartilage est soumis à une force de pres-
Les propriétés du cartilage articulaire lui sont sion, les « arches collagéniques » se dépriment et
conférées par une composition et une structure ont tendance à s’étaler. La déformation est limitée

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 13

Matrice du cartilage articulaire


en haute résolution
Surface glissante

Zone superficielle
(fibres parallèles à la surface)
Zone médiane (fibres arciformes)

Zone profonde
(fibres perpendiculaires
à la surface)

Ligne de calcification
Zone calcifiée

Os sous-chondral

Os spongieux

Les fibrilles de collagène forment un cadre


structurel pour le cartilage articulaire et
fournissent un support pour les agrégats
Cartilage articulaire de chondrocytes et de protéoglycanes
et os sous-chondral
en basse résolution

Fig. 2-3. Structure du cartilage articulaire (D’après Netter’s Concise orthopaedic anatomy, 2nd edition, Jon C. Thompson.
Avec l’autorisation de l’éditeur).

Zone tangentielle
Zone transitionnelle
Matrice extracellulaire

Zone radiale

Matrice cartilagineuse
minéralisée Zone de
minéralisation

Vaisseaux sanguins
Os sous-chondral

Fig. 2-4. Structure collagénique selon Beninghoff.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


14 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

par la compressibilité très limitée du gel de pro- • La partie superficielle du matelas est la partie
téoglycanes. Dès que la pression cesse, le cartilage qui est au contact du liquide synovial. Elle subit
reprend sa forme initiale. les chocs comme un bouclier et transmet les for-
Cette différence d’orientation a aussi des consé- ces d’appui.
quences sur la nature des lésions cartilagineuses • La partie profonde du matelas et celle qui
dans les phénomènes d’ostéochondrose ou dans repose sur l’os. Elle est très riche en calcium
les dégénérescences arthrosiques. Par exemple, on et par conséquent plus dure que le reste du
observe d’abord une fissuration tangentielle à la cartilage.
surface du cartilage, puis l’installation de fissures • Entre ces deux parties, superficielle et profonde,
plus profondes qui s’enfoncent perpendiculaire- se trouvent les ressorts qui baignent dans la
ment à cette surface. gelée très riche en eau : la matrice du cartilage.
• Les protéoglycanes, qui s’agencent en agré-
Chondrocytes gats, sont de véritables petits ressorts biologi-
Ce sont des cellules très spécialisées, peu nom- ques. Lorsqu’ils sont couplés à l’eau, ils font
breuses, et très dispersées dans la matrice du car- fonctionner le cartilage comme une éponge
tilage. Leur rôle est essentiel car les chondrocytes sous l’effet de la mise en charge et lors du
ont non seulement fabriqué tous les matériaux mouvement.
qui composent le cartilage, mais ils en assurent Ainsi, le cartilage articulaire :
l’entretien. • est un amortisseur biologique inégalé qui
Ils occupent seulement de 0,4 à 2 % du volume absorbe les chocs ;
total du cartilage. Leur nombre, qui diminue un • reçoit, répartit et transmet à l’os sous-chondral,
peu avec l’âge, se situe autour de 1 000 cellules par les pressions très importantes lors de la mise en
mm3 de tissu. charge et du mouvement. Par exemple, à cha-
que pas, c’est plus de quatre fois le poids du
Les chondrocytes assurent l’équilibration des
corps qui écrase alternativement le cartilage de
activités de construction (synthèse, anabolisme)
la tête fémorale.
et des activités de dégradation (digestion, élimi-
• maintient à un niveau peu élevé et accepta-
nation des déchets) de la matrice extracellulaire
ble les forces de contraintes qui s’exercent sur
du cartilage articulaire. Cet équilibre est sous le
l’articulation ;
commandement de facteurs de croissance et de
• assure lors du mouvement un glissement des
substances appelées cytokines, véritables messagers
surfaces articulaires les unes sur les autres avec
chimiques entre les cellules.
un très faible frottement. Ce frottement est si
Les chondrocytes sont connectés à l’édifice de faible qu’il est imperceptible, sauf quand l’arti-
collagène et de protéoglycanes par de petites culation devient arthrosique. Il est aidé en cela
protéines spéciales (petits protéoglycanes, chon- par la membrane synoviale et le liquide synovial
dronectine, ancrine, décorine, biglycane, fibro- qu’elle fabrique ;
moduline) qui forment de tout petits filaments
leur permettant de recevoir des informations sur Au total, le cartilage articulaire normal doit :
toute modification des pressions et des forces reçues • être compressible et élastique, comme un mate-
par le cartilage. las à ressorts amortissant les forces, les contrain-
tes et les chocs dus à la mise en charge et au
Architecture et fonctions mouvement ;
• fournir aux extrémités osseuses articulaires qu’il
Grâce à cette composition très spéciale, le car- coiffe, une surface de glissement avec un mini-
tilage assure des fonctions vitales au maintien de mum de frottement ;
la bonne santé des articulations. • maintenir ses deux propriétés biomécaniques
L’architecture du cartilage peut être comparée à fondamentales en conservant l’intégrité de sa
celle d’un matelas à ressort très sophistiqué. structure.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 15

Vascularisation et innervation Enfin, ces structures participent au système de


glissement par leur action de fragmentation, de
Le cartilage articulaire est totalement avasculaire,
brassage et de répartition du liquide synovial.
il se nourrit exclusivement grâce aux échanges
avec le liquide synovial. C’est seulement lors de
Structures fibrocartilagineuses
certaines pathologies que se créent des échanges
avec l’os sous-chondral. Labrum ou bourrelet articulaire
Le cartilage articulaire est aussi entièrement C’est un anneau marginal, triangulaire la coupe.
dépourvu d’innervation, son altération est donc Il présente une face libre et deux faces adhérentes,
totalement indolore. Tant qu’un processus patho- l’une, à la capsule articulaire, l’autre, à une surface
logique intéresse le seul cartilage articulaire, il articulaire.
passe inaperçu puisqu’il est insensible.
Ménisque
Aspect radiologique C’est un anneau marginal, avec deux faces libres et
une face adhérente à la capsule articulaire. Il peut
Le cartilage articulaire est radiotransparent. Son
aussi être connecté à l’un des os en présence par
épaisseur est matérialisée sur une image radiogra-
de délicats systèmes ligamentaires.
phique par l’interligne articulaire, c’est-à-dire l’es-
pace existant entre les deux épiphyses. Disque
Un pincement de l’interligne articulaire signe donc C’est une cloison intra-articulaire, adhérant à la cap-
l’existence d’une atteinte cartilagineuse. Une lésion sule par son bord périphérique. Il subdivise la cavité
isolée du cartilage n’a pas de traduction sur une articulaire en deux étages ou deux compartiments.
radiographie sans préparation, elle peut dans cer-
Ces fibrocartilages sont constitués de trois parties :
tains cas être visualisée grâce à une arthrographie.
• une partie centrale, essentiellement cartilagi-
neuse, qui forme les trois quarts de la structure.
Fibrocartilages Comme le cartilage articulaire, elle se nourrit
par imbibition ;
Histologie
• une partie périphérique, essentiellement fibreuse ;
Le tissu fibrocartilagineux se distingue du cartilage • une partie adhérente, vascularisée par conti-
hyalin par une substance fondamentale intercellu- guïté. C’est la zone régénératrice.
laire peu abondante et nettement fibreuse.
En plus des composants habituels, c’est-à-dire Membrane synoviale
du collagène de type II et des protéoglycanes, la
matrice extracellulaire possède de très nombreuses La membrane synoviale est une membrane fine
fibres de collagène de type I, souvent orientées en qui s’attache au pourtour de l’articulation pour
faisceau. former une cavité close, la cavité articulaire,
contenant le liquide synovial.
Fonctions
Le liquide synovial est une matrice liquide indisso-
Du fait de son histologie, le fibrocartilage est très ciable sur le plan métabolique et mécanique de la
résistant aux pressions. Ceci explique sa présence matrice tissulaire du cartilage. La membrane syno-
fréquente dans les articulations travaillant avec des viale possède de nombreuses cellules spécialisées,
contraintes de compression, comme au niveau de multiples vaisseaux sanguins, des lymphatiques
intervertébral ou de la symphyse pubienne. et des nerfs.
On le trouve également sous la forme de structu- Ses fonctions principales sont :
res chargées d’améliorer la congruence articulaire • la fabrication du liquide synovial ;
pour mieux adapter les surfaces articulaires en pré- • la sécrétion des nutriments nécessaires au
sence (ménisques, labrum). cartilage ;

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


16 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

• la filtration du fluide synovial, pour le débarras- Histologie


ser de ses déchets ;
La membrane synoviale est constituée par un
• le glissement de la capsule sur les surfaces car-
réseau très lâche de fibres collagènes et de fibres
tilagineuses de l’articulation et parfois aussi
élastiques. Au sein de ces fibres, on trouve une
gaine de glissement pour les tendons.
assise cellulaire simple de cellules synoviales ou
synoviocytes ayant des fonctions macrophagiques et
Description
sécrétoires. Il ne s’agit pas d’un endothélium car il
La membrane synoviale est un tissu conjonctif de n’y a pas de membrane basale. D’autre part, l’eau,
type particulier, qui tapisse entièrement la face les sels minéraux et les petites molécules peuvent
interne de la cavité articulaire, y compris les éven- filtrer vers la cavité articulaire, rejoignant les pro-
tuels ligaments intra-articulaires. Seul le cartilage duits de sécrétion des synoviocytes pour former le
articulaire n’est pas recouvert par cet élément. liquide synovial.
Au niveau de l’insertion capsulaire, elle se replie et La membrane synoviale est en outre parcourue
vient s’attacher sur l’os épiphysaire, exactement à par un réseau extrêmement dense de capillaires
la jonction os-cartilage articulaire. Elle forme ainsi artériels et veineux. Ces vaisseaux présentent des
un cul-de-sac, plus ou moins volumineux, parfois pores, ouverts du côté de la cavité articulaire.
distendu dans certains processus pathologiques Cette richesse vasculaire permet à la membrane
(fig. 2-5). synoviale d’être le site d’échanges permanents

Cellule A
Couche superficielle
Cellule B

Cellule C

Vaisseaux sanguins

Tissu conjonctif lâche

dialysat Membrane fibreuse


de plasma
Capillaires sanguins
acide
hyaluronique
Vaisseaux lymphatiques

Liquide synovial

Cartilage

Os sous-chondral

Fig. 2-5. Membrane synoviale.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 17

entre le plasma sanguin et le liquide synovial, tout Ce dialysat résulte d’une ultrafiltration au travers
en lui conférant de grandes capacités réactionnel- de la membrane synoviale. Il contient à l’état nor-
les en cas de phénomène inflammatoire. mal moins de 300 éléments cellulaires par mm3,
La cicatrisation de la membrane synoviale s’effec- surtout mononucléaires, quelques polynucléaires
tue facilement et rapidement après arthrotomie, et des cellules synoviales.
par exemple. Sa surface est recouverte de villosités La membrane synoviale laisse passer l’eau, ainsi
microscopiques qui, lors de processus pathologi- que les molécules de petite taille. On trouve dans
ques, peuvent s’hypertrophier et donner naissance la synovie normale des électrolytes, du glucose, de
à des bourgeons charnus volumineux, suscepti- l’acide urique, de la bilirubine, de l’albumine et
bles d’envahir et de cloisonner la cavité articulaire des immunoglobulines en proportion comparable
(fongosités). à celles du plasma.
Il existe trois types de synoviocytes : Dans les conditions physiologiques, les molécu-
• des cellules de type A, dont l’activité est essen- les de poids moléculaire élevé, comme le fibrino-
tiellement phagocytaire (résorption d’éléments gène, ne pénètrent pas dans le liquide synovial. En
éventuels en suspension dans le liquide syno- conséquence, un liquide synovial physiologique
vial : débris cartilagineux, complexes protéi- ne coagule jamais.
ques, petits cristaux, déchets métaboliques Lors de phénomènes inflammatoires, la perméa-
résultant du fonctionnement des éléments intra- bilité sélective de la membrane synoviale peut se
­articulaires, etc.) ; trouver modifiée, permettant un passage intra-
• des cellules de type B, qui ont essentiellement un articulaire du fibrinogène. Dans ces conditions,
rôle de synthèse ; on peut assister à la formation de flocons intra-
• des cellules de type C, aux caractères intermédiai- articulaires de fibrine. Le liquide synovial est aussi
res entre les deux précédents types. susceptible de coaguler après prélèvement.
Le liquide synovial contient en plus une substance
absente du sang, la mucine. Cette dernière, compo-
Liquide synovial sée d’acide hyaluronique lié à une protéine, confère
Description au liquide synovial ses caractéristiques essentielles
de viscosité et de haut pouvoir lubrifiant.
Le liquide synovial est un liquide clair, transpa-
Enfin, il existe dans le liquide synovial de nom-
rent, visqueux, incoagulable et ressemblant à du
breux systèmes enzymatiques, sans action sur le
blanc d’œuf cru. Sa densité est proche de celle de
cartilage normal. Dans certains processus patho-
l’eau (1,010) et son pH est alcalin.
logiques, cette protection peut disparaître, ce qui
Il se dispose en film entre les surfaces articulaires. peut induire une dégradation enzymatique du
Il existe en faible quantité, pour l’articulation du cartilage, comme dans l’arthrose.
genou, le volume de liquide synovial est d’environ
1 mL. Caractéristiques
Lors d’une inflammation venant accélérer sa Le liquide synovial nourrit le cartilage par imbibi-
fabrication par la membrane synoviale, il s’ensuit tion. Il lui permet de conserver sa teneur en eau,
une hydarthrose, c’est-à-dire un épanchement de mais aussi d’éliminer ses déchets (fig. 2-6).
liquide qui gonfle la cavité articulaire.
Il le protège contre l’abrasion et réduit le coeffi-
cient de friction dans l’articulation.
Composition
La viscosité très élevée du liquide synovial lui
Le liquide synovial est élaboré par la membrane confère une certaine résistance. Cette résistance,
synoviale. Pour la plus grande partie, le liquide qui dépend de la concentration du liquide et de
synovial est un dialysat sélectif du plasma auquel il l’âge du sujet, lui permet de supporter de charges
manque les protéines de poids moléculaire élevé. très élevées.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


18 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Structures de maintien
SANG
Elles s’opposent à la dislocation de l’articulation
et regroupent :
• la membrane fibreuse de la capsule articulaire
qui constitue un moyen puissant ;
Membrane synoviale
Sécrétion du liquide synovial • les ligaments, lames fibreuses unissant les pièces
Régulation de la pression et de la température articulaire constitutives de l’articulation ;
• les tendons musculaires périarticulaires qui jouent
un rôle de contention très important, l’amyotro-
phie favorisant les instabilités articulaires.
Liquide synovial
Lubrification
Amortissement Capsule articulaire
Défense immunitaire
La capsule articulaire est une poche fibreuse, inex-
Décharge Charge tensible, plus ou moins épaisse. Dans ses zones les
plus sollicitées, elle est renforcée par des épaissis-
Nutrition Élimination
sements ligamentaires. Certains tendons et mus-
Cartilage cles proches contribuent également à la renforcer.
La capsule a ainsi un rôle mécanique.
La capsule articulaire et la membrane synoviale
Fig. 2-6. Les fonctions du liquide synovial. qui la tapissent sont particulièrement sensibles à
l’immobilisation qui occasionne une fibrose de ces
structures.

Le liquide synovial joue un rôle de lubrifiant arti- Ligaments


culaire. Cette propriété est liée à la présence de
l’acide hyaluronique, qui est synthétisé par les De nombreux ligaments peuvent être assimilés à
synoviocytes de type B. de simples renforcements de la capsule. Capsule et
La viscosité du liquide synovial est fonction des ligaments sont constitués principalement par des
pressions qu’il subit et change également avec la fibres de collagène. Il s’agit donc d’éléments résis-
vitesse du mouvement (thyxotropisme). tants mais peu élastiques.
• Lorsque l’articulation est sous faible pression, On distingue généralement :
le liquide synovial est fluide comme de l’eau. Si • les ligaments capsulaires qui sont des épaississe-
la vitesse du mouvement augmente, la viscosité ments de la membrane fibreuse de la capsule ;
diminue également. • les ligaments extracapsulaires, formations auto-
• Dès qu’il travaille en charge, l’augmentation de nomes et indépendantes de la capsule, qui sont
pression occasionne sa gélification et il devient situés en dehors de la cavité articulaire ;
beaucoup plus visqueux. • les ligaments intracapsulaires, entourés d’un
manchon synovial, situés à l’intérieur de la
cavité articulaire.
Fonctions
Les fibres de collagène qui constituent la capsule
En résumé, le rôle du liquide synovial est à la et les ligaments sont en continuité directe avec
fois : celles du tissu osseux dans lequel elles viennent
• métabolique : nutritif et émonctoriel pour le s’ancrer. Ceci explique la relation étroite existant
tissu cartilagineux ; entre la pathologie capsulo-ligamentaire et les
• mécanique : viscosité et élasticité, lubrifiant qui répercussions sur le tissu osseux à la hauteur des
gomme les ultimes aspérités des cartilages. points d’insertion.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 19

En cas de sollicitation mécanique importante, les muscles moteurs qui recouvrent ou qui croi-
capsule et ligament ne peuvent pas se déformer sent ce secteur de la capsule, et la peau recouvrant
beaucoup. Ils présentent des ruptures partielles ou l’insertion de ses muscles.
totales quand ils sont soumis à des forces dépas-
sant leur capacité de résistance.

Vascularisation
Système musculo-tendineux
La vascularisation des articulations est très riche. Muscle
Elle provient des cercles artériels et veineux
périarticulaires. Solidaires du squelette, les muscles squelettiques
représentent environ 43 % du poids du corps. On
Certaines artères pénètrent dans l’os un peu en
compte environ 600 muscles constants dans le
dehors de l’insertion capsulaire. D’autres artè-
corps humain, mais il existe de nombreux muscles
res appartiennent en propre aux ligaments et à
inconstants, dits aussi accessoires.
la capsule. Leur vascularisation est généralement
assez réduite, expliquant la nécessité d’un temps
de cicatrisation extrêmement long lors de rupture Structure et forme
traumatique. Il faut compter 4 à 5 semaines pour Le muscle se compose en général :
espérer une cicatrisation. • d’un corps, épais, rouge et contractile, appelé
aussi le ventre ;
Innervation • de deux extrémités, plus étroites, blanches et
La capsule articulaire et les ligaments sont très résistantes, les parties tendineuses.
richement innervés. Avec le périoste, il s’agit des Selon leur forme, on distingue :
structures les plus sensibles de l’organisme, ce qui • le muscle monogastrique, formé d’un seul
explique la douleur particulièrement exquise des ventre ;
entorses. • le muscle polygastrique, possédant plus de deux
Les ligaments et les tissus conjonctifs périarticu- ventres ;
laires sont traditionnellement pensés en termes de • le muscle long, prédominant au niveau des
structures mécaniques. Leur fonction est envisagée membres, sa longueur est nettement supérieure
comme celle d’éléments de limitation et de gui- à son épaisseur et à sa largeur ;
dage du mouvement. Pourtant, leurs nombreux • le muscle plat, prédominant en longueur et en
capteurs articulaires leur confèrent également un largeur ;
rôle sensoriel. Par leurs fibres proprioceptives, ils • le muscle court, réduit sur toutes ses dimen­
contribuent à renseigner le système nerveux cen- sions ;
tral sur la position de l’articulation et du segment • le muscle annulaire ; circulaire, il cerne souvent
osseux concerné. un orifice, il est un sphincter ;
Ils reçoivent deux types de nerfs : des filets sensitifs • les muscles carré, pyramidal, deltoïde, qui sont
véhiculés par les nerfs articulaires et des filets vaso- semblables à la figure géométrique de même
moteurs formant des plexus nerveux périartériels. nom.
Les nerfs articulaires participent à la régulation
réflexe des mouvements et des postures. La per- Nomenclature
turbation de la fonction proprioceptive des arti- Le nom des muscles souligne une caractéristique
culations peut entraîner des troubles graves de la morphologique ou fonctionnelle. Ainsi, cette ter-
statique et des mouvements. minologie relève :
La loi de Hilton stipule aussi que les nerfs croisant • soit de la forme (ex. : le muscle trapèze) ;
une articulation abandonnent des filets nerveux à • soit du nombre de chefs (ex. : le muscle
la capsule qui leur est voisine. Ils innervent aussi biceps) ;

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


20 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

• soit du nombre de ventres (ex. : le muscle Annexes du muscle


digastrique) ; Fascia, aponévrose et septum
• soit de la localisation (ex. : le muscle interos-
seux, intercostal) ; Le terme de fascia musculaire désigne une for-
• soit de l’action (ex. : le muscle élévateur de la mation conjonctive de contention, qui entoure
scapula) ; les muscles. Il est situé soit sous la peau, pour le
• soit de ses attaches (ex. : le muscle coraco- fascia superficiel, soit au contact des muscles, pour
brachial). le fascia profond.
Précision : les anciens anatomistes font le distin-
Insertions guo entre les aponévroses et les fascias. Pour eux :
• le fascia entoure un muscle ou un organe sans
Les muscles se fixent par leur extrémité sur des lui servir d’insertion, pour lui donner son unité
surfaces très diverses : os, cartilage, derme (mus- fonctionnelle. Il permet aux structures qu’il
cles peauciers), muqueuses (langue), fascias, entoure de glisser dans leur environnement. Les
arcade fibreuse… muscles de l’épicondyle médial et leurs fascias
Cette attache peut se faire : de recouvrement en sont de bons exemples ;
• soit directement par des fibres charnues ; • l’aponévrose sert d’insertion aux fibres muscu-
• soit par une lame fibreuse étroite, le tendon ; laires ou à l’organe recouvert, ce sont des atta-
• soit par une lame fibreuse large, l’aponévrose. ches beaucoup plus solides qui les unissent. Les
On distingue à un muscle deux attaches ou inser- muscles supra-épineux et infra-épineux en sont
tions, l’origine et la terminaison : l’illustration.
• l’origine correspond à l’attache proximale, ou Le septum intermusculaire est une cloison conjonc-
à celle qui est proche de l’axe vertébral. Elle tive séparant des groupes musculaires.
représente généralement l’insertion la moins La membrane interosseuse est une variété de sep-
mobile. Elle est unique ou multiple, dans ce tum, tendue entre des os.
dernier cas, elle peut donner plusieurs chefs au
muscle ; Bourse synoviale
• la terminaison est distale ou située loin de la C’est un sac membraneux rempli de synovie. Il
colonne vertébrale. Elle correspond générale- favorise le glissement d’un muscle contre un os ou
ment à l’insertion la plus mobile. un autre muscle.

Fonction
Tendon
Le muscle est un générateur de forces actives.
C’est un organe contractile, se caractérisant Le tendon est l’autre élément important de l’unité
par : musculo-tendineuse. C’est une structure passive,
• une tension de repos : le tonus ou manière interposée entre deux éléments de nature très diffé-
d’être ; rente : l’un plutôt rigide, la surface osseuse; l’autre
• une capacité à se contracter en force, ou manière élastique et contractile, les fibres musculaires.
de faire. Dérivés du tissu mésenchymateux, les tendons
Les muscles en rapport avec le système musculo­ sont de différentes formes et possèdent des
squelettique de la vie de relations sont des muscles annexes variées.
striés, dits volontaires.
Forme
Là où le déplacement des leviers osseux néces-
site une force importante, les muscles sont Le tendon constitue le mode d’origine et le mode
exposés à la fatigue. Mis à part leur activité toni- de terminaisons du muscle, sauf dans les quelques
que, ils fonctionnent généralement de façon cas où le muscle s’insère directement par des fibres
discontinue. charnues sur l’os.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 21

Certains sont très courts (1 à 2 cm), d’autres tendon. Leur aspect ondulé expliquerait leurs
très longs comme le muscle plantaire (30 cm). propriétés viscoélastiques.
Certains sont très graciles, d’autres au contraire • Les fibres élastiques s’enroulent autour des fibres
sont très puissants. de collagène. Elles sont rares, 2 à 4 % du tendon.
Leur aspect extérieur peut être aplati, arrondi, Une substance fondamentale englobe tous les
­ovalaire ou rubanées. Des études récentes tendent éléments précédents. Sa composition varie selon
à valoriser le rôle du tissu graisseux péritendineux. l’âge et pourrait avoir un rôle dans la pathologie
Nombreux sont les tendons qui reposent sur un tendineuse.
lit de graisse, richement innervé et vascularisé, qui
comble leur angle d’insertion (fig. 2-7).
Fonction
Structure Le tendon représente le lien entre l’os et le mus-
cle. Il a un rôle dans la transmission des forces, ses
Le tendon est composé de trois éléments :
insertions déterminant le bras de levier de la force
• Les ténoblastes ou ténocytes sont des cellules
musculaire par rapport au centre articulaire.
conjonctives spécialisées, de nature fibroblas-
tique. Leurs prolongements cytoplasmiques Le tendon ne subit pratiquement que des
enserrent des fibres de collagène et des fibres contraintes en traction. Sa résistance à la traction
élastiques. est essentiellement sous la dépendance de l’orien-
• Les fibres de collagène, de type I, sont groupées tation, du diamètre et de la composition des fibres
en faisceaux parallèles au grand axe du tendon. de collagène.
Cette disposition est due à la traction exercée Il existe un rapport constant entre la force
sur le tendon. Elles constituent 70 à 75 % du induite par le muscle et la résistance du tendon

1 2 3 4 5 6 7 8
Fig. 2-7. Composition structurale hiérarchique du tendon, de la molécule à l’unité tendineuse. 1 : faisceau fibreux quater-
naire recouvert par l’épitendon et engainé dans le paratendon ; 2 : faisceau fibreux tertiaire (tendons fins) ; 3 : faisceau fibreux
secondaire (fascicule) recouvert par l’endotendon ; 4 : faisceau fibreux primaire (subfascicule) recouvert par l’endotendon ;
5 : fibre de collagène ; 6 : fibrille de collagène ; 7 : microfibrille de collagène ; 8 : triple hélice de collagène formée par trois
molécules de tropocollagène (d’après l’Encycl Med Chir, Appareil locomoteur 14-007-A-10, figure 9 « Schéma de composi-
tion structurelle hiérarchique du tendon, de la molécule à l’unité tendineuse », avec l’autorisation de l’éditeur).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


22 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

correspondant. Normalement, les contraintes Gaine tendineuse


subies par un tendon ne dépassent pas le quart Les gaines des tendons comprennent la gaine
de la force nécessaire pour le rompre. fibreuse et la gaine synoviale.
La mobilisation tendineuse est capable de modi-
fier la disposition des fibres de collagène et, par Gaine fibreuse
cela, de faire varier les propriétés mécaniques du C’est une lame fibreuse, arciforme, entourant un
tendon. Le tendon est un élément viscoélastique, tendon. Elle constitue avec l’os un canal ostéofi-
capable d’emmagasiner de l’énergie pour la resti- breux dans lequel glisse le tendon entouré de sa
tuer secondairement et de s’adapter au cours de gaine synoviale.
l’exercice physique.
La modélisation tendineuse ne peut se faire isolé- Gaine synoviale
ment ; elle doit être incluse dans un concept mus- C’est un manchon conjonctif entourant certains
culo-tendineux. Les tendinopathies doivent être tendons. Elle est constituée :
appréhendées de façon biologique mais également • de deux feuillets, l’un tendineux et l’autre
mécanique, tant les contraintes intratendineuses pariétal ;
ont une grande influence sur ce tissu conjonctif • d’une cavité virtuelle remplie de liquide
spécialisé. synovial ;
• deux culs-de-sac au niveau de la réflexion des
Annexes tendineuses deux feuillets.
Un tendon possède un certain nombre d’annexes Les gaines tendineuses contiennent aussi de la
comprises dans le terme général d’appareil de glis- graisse au voisinage des corpuscules de Paccini,
sement, très important sur le plan mécanique. sensibles aux vibrations (fig. 2-8).

Nerf
Vaisseaux

Mésotendon
Gaine
synoviale
Feuillet viscéral

Feuillet pariétal

Cul-de-sac
péritendineux

Cul-de-sac
périphérique

Tendon

Fig. 2-8. Gaine tendineuse.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 23

Graisse péritendineuse Vascularisation et nutrition


La graisse péritendineuse n’est pas un signe de Les tendons ont une vascularisation pauvre et
dégénérescence, elle contribue à augmenter la indépendante.
surface d’insertion, à faciliter la mobilité, à absor-
ber les tensions ostéomusculaires. Elle jouerait un
rôle mécano-sensoriel avec le tendon. Innervation
Les lésions du tissu adipeux sont réputées être très Les tendons ne se résument pas à de simples
algogènes. Une partie des douleurs des tendinites courroies de transmission. Leur riche innerva-
trouve sans doute son origine dans la lésion du tion sensitive joue un rôle indispensable dans la
tissu graisseux péritendineux. régulation de la contraction musculaire, notam-
ment grâce aux mécanorécepteurs de type III
Vinculum et mésotendon de Golgi. Ces récepteurs situés à la jonction
Ce sont des formations conjonctives qui peuvent myo-tendineuse sont étudiés plus en détail plus
être indépendantes ou en continuité l’une avec loin.
l’autre (fig. 2-9).
• Le vinculum est une formation unissant le ten-
don à l’os sous-jacent. On distingue les vincu-
lums long et court. Sous-systèmes
• Le mésotendon unit le tendon à la gaine syno- de l’unité articulaire
viale. Il contient des vaisseaux et des nerfs desti-
nés au tendon. Amortissement des
contraintes articulaires
Trochlée musculaire
C’est un anneau fibreux ou fibro-cartilagineux L’amortissement et la transmission des contrain-
servant de poulie de réflexion à un tendon. tes articulaires entre l’os épiphysaire et le cartilage
reposent sur les propriétés très particulières du
Rétinaculum des tendons tissu cartilagineux.
Ce sont de larges lames fibreuses de maintien des Constitution du système de ressort
tendons. Ceux-ci, entourés de leur gaine syno-
viale, glissent sous un rétinaculum, tendu entre Nous l’avons déjà évoqué, le cartilage peut être
deux os. comparé à un matelas à ressorts sophistiqué. Les

Vinculum court

Vinculum court
Vinculums longs
Tendon du muscle
fléchisseur profond
des doigts
Tendon du muscle
fléchisseur superficiel
des doigts

Fig. 2-9. Vinculums courts et longs destinés au tendon.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


24 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

ressorts sont agencés de telle manière qu’ils pro-


curent au cartilage sa résistance, son élasticité et
sa compressibilité. C’est-à-dire que lorsqu’on le
comprime, il se déforme, s’amincit sans casser. Il
peut perdre ainsi jusqu’à 50 % de sa hauteur. Il
reprend ensuite sa forme initiale quand on relâ-
che la pression.
C’est grâce à une armature ou trame centrale
élastique que c’est possible. En forme de treillis Résistance du réseau collagénique
à la distension
avec de grosses mailles ou de trous de 300 nm, Pression osmotique du gel
elle est construite avec des fibres de collagène. protéoglycanes-eau

Dans les mailles de cette véritable charpente sou- Fig. 2-10. Cartilage au repos.
ple du cartilage, sont enfichés des millions de
resorts microscopiques : les protéoglycanes. Ils
Pression
sont cha­rgés d’électricité négative qui leur sert Eau Eau
d’une part à maintenir leur forme et d’autre part
à retnir l’eau.
Ils gonflent alors comme une éponge qui se gorge
d’eau. La stabilité de l’édifice est renforcée par des
protéines spéciales, le biglycane et la décorine ainsi
que par le collagène IX, qui agissent comme des
poutres de soutènement.

Dynamique Fig. 2-11. Cartilage en charge.

À l’état de repos, il existe un état d’équilibre au


sein du cartilage entre la pression osmotique du Eau

gel protéoglycanes-eau et la distension du réseau


de fibres collagènes (fig. 2-10).
Lors de la mise en charge, on observe une sortie
d’eau hors du cartilage, qui détermine une aug-
mentation de la pression osmotique dans le car-
tilage (fig. 2-11).
Dès que le cartilage n’est plus en charge, le
retour à l’état initial s’accompagne d’une entrée
d’eau dans le tissu cartilagineux. Il existe donc,
Fig. 2-12. Décharge du cartilage.
au cours du fonctionnement articulaire, des
mouvements liquidiens très fréquents, qui
jouent un rôle important dans les phénomènes male, qui varie en fonction de l’âge du sujet. Si des
d’amortissement. perturbations modifient la congruence articulaire,
Ils sont également essentiels pour la physiologie des zones d’hyperpression peuvent apparaître.
du tissu cartilagineux en conditionnant les échan- À ce niveau, le cartilage peut être soumis à des
ges avec le liquide synovial, phénomène indispen- pressions qui excèdent ses capacités de résistance.
sable à la survie du cartilage (fig. 2-12). Un phénomène de dégradation cartilagineuse
Dans des conditions normales, le cartilage articu- s’amorce alors. C’est ce que l’on observe, par
laire résiste sans dommage à une pression maxi- exemple, lors de dysplasie de la hanche.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 25

Glissements articulaires men macroscopique n’explique qu’en partie ce


phénomène.
Pour glisser les uns sur les autres, les tissus arti- À l’examen microscopique, la surface cartilagi-
culaires, les tendons et leur gaine synoviale neuse est irrégulière et présente de nombreuses
nécessitent d’être lubrifiés. À l’état normal, les dépressions. Elles emprisonnent un film de liquide
articulations fonctionnent sans résistance. Les synovial sous pression qui joue le rôle de lubrifiant
muscles se bornent à vaincre les bras de levier lors de la mobilisation épiphysaire (voir fig. 1-5).
que représentent les « poids » des segments de
membres. Les déplacements des extrémités arti- D’autre part, la surface du cartilage est recouverte
culaires les unes sur les autres se font presque par une couche de protéoglycanes qui constitue une
sans frottement. sorte de matelas amortisseur sur lequel chacune des
surfaces articulaires se déplace comme sur un rou-
La membrane synoviale et le cartilage articulaire lement à billes. C’est la lubrification « de bordure »
sont les deux éléments d’un couple de glissement (« boundary lubrification ») (voir fig. 1-6).
unis par le liquide synovial. De ces trois parties
de l’articulation, le cartilage articulaire a le rôle le
Types de lubrification
plus important pour éviter les agressions perma-
nentes liées aux gestes de la vie quotidienne, du Différentes formes de lubrification sont utilisées
travail, des activités sportives ou des loisirs. par l’organisme, selon que l’articulation est en
charge ou non.
Propriétés lubrifiantes
du liquide synovial En charge
Lorsque l’articulation est en charge, le liquide
Le liquide synovial est un lubrifiant exceptionnel
s’interpose entre les deux zones de cartilage com-
grâce à la présence de trois substances :
primées, comme une très fine couche de gelée qui
• l’acide hyaluronique ;
en empêche le contact. En outre, au pourtour
• la lubricine ;
de cette zone de charge, une protéine spéciale,
• les phospholipides (graisses).
la lubricine, et des graisses riches en phosphore
Les expériences effectuées sur des articulations (phospholipides) s’interposent, améliorant la
artificielles ont pourtant montré que le liquide lubrification et donc le glissement.
synovial humain était un très mauvais lubrifiant.
Ainsi, au niveau de la zone de charge, le film syno-
Cependant, à l’intérieur de l’articulation vivante,
vial est concentré en acide hyaluronique qui se
c’est le meilleur fluide de lubrification que l’on
colle au cartilage. Il joue alors le rôle d’un petit
connaisse.
coussin qui sépare les deux cartilages des extré-
Cette caractéristique lui provient de sa capacité mités articulaires. Au cœur de cette région, la
de changer de viscosité. Comme nous l’avons déjà lubricine et les phospholipides jouent un rôle
vu, selon la vitesse du mouvement et la charge considérable de lubrification (fig. 2-13).
appliquée à l’articulation, le liquide synovial peut
passer de l’état de liquide fluide à celui d’une véri- En décharge
table gelée. En l’absence de charge, la lubrification serait plu-
Notons aussi que la température extérieure fait tôt celle du type bordure du modèle précédent.
varier la viscosité du liquide synovial. Sa viscosité C’est la lubricine du liquide synovial qui joue un
augmente au froid. rôle important en s’interposant entre les surfaces
en contact (fig. 2-14).
Coefficient de friction
Brassage du liquide synovial
Le coefficient de friction d’un cartilage articulaire
sur le cartilage opposé est extrêmement faible. Les structures fibrocartilagineuses participent éga-
L’aspect parfaitement lisse du cartilage à l’exa- lement au système de glissement. Elles assurent à

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


26 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Point de dratation du cartilage, la polymérisation des pro-


Surface lubrification
cartilagineuse téoglycanes, l’intégrité des fibres de collagène, les
par contact
qualités mécaniques du liquide synovial, etc., pour
que les propriétés mécaniques du cartilage soient
altérées.
0,5 µm
Les répercussions se font sentir rapidement sur :
• l’os épiphysaire, soumis alors à des sollicitations
normalement prises en charge par le cartilage
articulaire ;
Liquide synovial Couche de • le cartilage articulaire lui-même, en ­devenant
sous pression lubrification absorbée moins résistant, il est lésé par les efforts méca­
Fig. 2-13. Modèle de lubrification en charge.
niques.
C’est ainsi que s’amorce l’un des nombreux cer-
cles vicieux de la pathologie articulaire.
Surface Liquide synovial
cartilagineuse
Cohésion et interdépendance
articulaire
1-100 µm
Notion de « chaîne musculaire »
Le concept de « chaîne musculaire » est sans doute
à attribuer à Françoise Mézières, kinésithérapeute
Fig. 2-14. Modèle de lubrification en décharge.
française, dont les premiers travaux sur le sujet
remontent aux années 1940.
À sa suite, plus ou moins directement, de nom-
breux auteurs de méthodes thérapeutiques en ont
la fois le brassage, la répartition et la fragmenta- développé les concepts de base.
tion du liquide synovial dans l’articulation.
Tous insistent sur la nécessité de considérer la sta-
tique et le mouvement selon un angle d’approche
Ouverture physiopathologique
global. Selon cette approche, l’image mythique
La lubrification articulaire, phénomène biologi- d’un muscle individualisé, connectant deux élé-
que normal, correspond à un modèle mécanique ments osseux, est révolue. Il n’existe pas de mou-
tribologique inégalé. vement naturel sollicitant isolément un muscle ou
Dans certains processus pathologiques, on observe un autre.
soit une perturbation de la synthèse d’acide hya- Les muscles sont interdépendants comme les
luronique, soit sa dégradation par une enzyme maillons d’une chaîne. Une action effectuée par
(hyaluronidase) d’origine macrophagique ou une partie de la chaîne a des répercussions immé-
bactérienne. Cela entraîne une fluidification du diates sur tout l’ensemble. Lorsqu’un maillon
liquide synovial qui détermine l’augmentation de la chaîne varie, la fonction et l’efficacité de la
du coefficient de friction. Ce phénomène est chaîne toute entière varient.
extrêmement préjudiciable au cartilage. Par effet Selon Kamina, une chaîne musculaire est « l’en-
mécanique, il peut initier ou aggraver des lésions semble des muscles associés en vue d’un mou-
cartilagineuses. vement commun ». Il cite comme exemple les
Les propriétés physiologiques du cartilage muscles extenseurs des membres inférieurs dans
dépendent de multiples facteurs. Il suffit qu’un le saut. On voit au travers de cette définition que
mécanisme quelconque perturbe le degré d’hy- seule la finalité du mouvement est envisagée.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 27

Piret et Beziers (1971) envisagent cette globalité postural et, bien souvent, générer des douleurs
sous l’angle de la coordination motrice. Ils intro- articulaires. De nombreuses approches thérapeu-
duisent la notion « d’unités de coordination ». tiques se proposent d’allonger ces chaînes en les
D’autres auteurs, comme Myers, considèrent étirant dans leur globalité.
même comme un muscle unique, tous les muscles Pour notre confrère L. Busquet, ce qu’il nomme
appartenant à une chaîne. les chaînes physiologiques représente ces circuits
Certaines écoles se sont focalisées davantage sur anatomiques qui gèrent la statique, la dynamique
les éléments fasciaux et membraneux unissant les et les compensations articulaires. Ces chaînes phy-
segments squelettiques. Tout comme il existe des siologiques se déclinent suivant deux polarités :
muscles polyarticulaires, il existe des fascias ou • l’une dynamique, qui envisage les actions mus­
des aponévroses qui « pontent » plusieurs articu- culaires ;
lations. Certaines continuités fasciales vont bien • l’autre statique, qui considère les continuités
au-delà de ce que considèrent les descriptions ana- conjonctives.
tomiques classiques. Ces particularités créent des
interdépendances articulaires, facteurs de cohé- Lien viscéro-pariétal
sion articulaire au sein d’un ensemble articulé.
Les organes font partie des structures « nobles »
Les chaînes fasciales ne recoupent pas exactement
du corps humain. Dès qu’un organe souffre, il
les chaînes musculaires et de nombreuses querelles
active ses systèmes nociceptifs, qui se manifestent
d’écoles trouvent là leur explication.
le plus souvent par une douleur.
Chaîne myo-fascio-articulaire Le cerveau recherche des solutions, parmi dif-
férentes stratégies possibles, pour désactiver ou
Au vu des éléments précédents, on voit que la diminuer cette douleur.
notion de chaîne musculaire se conçoit générale-
ment comme un ensemble d’éléments faisant sys- À défaut de diminuer la douleur, l’une des stra-
tème, en solidarisant un ensemble articulé soit par : tégies possibles consiste déjà à ne pas augmenter
• un lien fonctionnel, concernant des actions la douleur. C’est ainsi que se constituent les posi-
musculaires intégrées et unifiées ; tions antalgiques et les réflexes de défense.
• un lien anatomique, considérant la continuité d’at- En cas d’irritation chronique d’un organe, certai-
taches fasciales, d’enveloppes et de membranes. nes chaînes musculaires vont être activées, tandis
En biomécanique, ce que l’on nomme une chaîne que d’autres sont inhibées, afin de « protéger »
articulée est un système mécanique constitué de au mieux l’organe ou la zone en souffrance. Un
plusieurs articulations successives et de segments état d’irritation viscérale peut induire des postures
corporels qui les relient. particulières.
Finalement, dans tout mouvement corporel spon- Par exemple, une femme avec une cystalgie va volon-
tané, ce sont des chaînes musculaires qui mobilisent tiers se positionner en rotation interne de hanche
et équilibrent des chaînes articulées. Les chaînes pour diminuer les tensions ligamentaires et dimi-
musculaires améliorent aussi la cohésion dans la nuer aussi les contraintes sur la vessie. Finalement,
chaîne articulaire et augmentent l’inter­dépen­dance les chaînes musculaires sont déséquilibrées et c’est
des articulations voisines. C’est ainsi qu’émerge la l’ensemble des membres inférieurs qui se présente
notion de chaîne myo-fascio-articulaire. avec les pointes de pied tournées en dedans.
La bonne fonction des chaînes articulées du corps Lors de crises biliaires, le patient s’incline latérale-
humain dépend de l’équilibration dynamique des ment à droite pour raccourcir tous les tissus mous
chaines myo-fasciales. Une chaîne myo-fasciale périhépatiques.
mal équilibrée (hypertonique, rétractée… selon Ces exemples permettent de comprendre à quel point
les terminologies) peut créer des dysfonctionne- l’état viscéral, en conditionnant l’équilibre des chaî-
ments articulaires à distance, influencer le système nes musculaires, entraîne une posture particulière.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


28 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Lien psycho-émotionnel aucune information directement du cartilage arti-


culaire qui est dépourvu de terminaisons nerveu-
Nos tensions émotionnelles et psychiques s’expri-
ses et de récepteurs. Il est vraisemblable que, s’il
ment aussi au travers du système musculaire en
en contenait, des alarmes douloureuses ne man-
affectant notre posture, notre gestuelle et même
queraient pas de « sonner » dans chaque mouve-
notre respiration. Selon notre personnalité, notre
ment au cours duquel le cartilage est écrasé par
humeur, nos difficultés, nous ne nous tenons pas
intermittence.
toujours de la même façon.
Les différents groupes de muscles qui entourent
Une des caractéristiques des êtres vivants est leur
une articulation ont généralement des actions
aptitude à réagir. L’une des propriétés de base du
antagonistes, provoquant des mouvements de sens
protoplasme cellulaire est sa contractilité associée
opposé. L’harmonie et l’équilibre dynamique de
à son excitabilité. Lorsque nous nous préparons à
ces groupes musculaires sont sous la commande du
agir ou à réagir, certains de nos muscles se contrac-
système nerveux. De multiples récepteurs fournis-
tent, en nous procurant des sensations de tension
sent des renseignements au système nerveux cen-
dans notre corps.
tral pour que cet équilibre dynamique soit assuré.
Outre leur contribution à la fonction de mouve-
ment et d’action, les muscles soutiennent notre Proprioception
posture, mais également nos attitudes personnel-
La proprioception constitue une sorte de 6e sens
les et sociales. Ils transmettent ainsi des informa-
dont nous sommes très peu conscients. On peut
tions sur nos intentions, notre identité et sur les
la définir comme étant le sens de l’équilibre, de la
limites de notre « moi ».
position et du mouvement dans l’espace.
Notre activité psycho-émotionnelle influence
Elle s’organise autour de récepteurs spécialisés, en
grandement la forme de notre corps. Notre ten-
collaboration avec les organes de l’équilibre dans
dance psychologique constitutionnelle est même
l’oreille interne. On la désigne parfois comme les
fortement corrélée à notre posture de base, encore
« yeux du corps ».
appelée habitus.
Elle nous permet de réaliser la plupart des mou-
Pour Keleman, « la vie détermine les formes ». Dans
vements et de maintenir notre posture de manière
son livre sur l’anatomie émotionnelle, il décrit la
totalement automatique, sans avoir besoin d’y
forme individuelle comme résultant d’une interac-
penser.
tion dynamique entre l’histoire émotionnelle per-
sonnelle et la forme génétiquement programmée. La proprioception nous permet de connaître la
La forme résulte, selon lui, d’un processus continu position de notre corps dans l’espace et la posi-
au cours duquel les émotions, les pensées et les tion de nos membres par rapport à notre corps.
expériences sont personnalisées. Nous sommes également capables d’apprécier
la résistance contre laquelle nous effectuons un
On peut dire que les chaînes myo-fascio-arti-
mouvement.
culaires constituent une sorte de « mémoire du
corps ». Elles incorporent, au sens étymologi- La proprioception correspond à trois qualités : la
que du terme, notre vécu, nos émotions et nos sensibilité à la position, la sensibilité au mouve-
sentiments. ment et la sensibilité à la force. L’ensemble de ces
sensibilités est parfois regroupé sous le terme de
système somato-sensoriel.
Informations articulaires • La sensibilité à la position renseigne sur les
angles formés par chacune des articulations, et
Le système nerveux commande le système muscu- ainsi de la position des membres entre eux et par
laire. Il reçoit également des informations de tou- rapport au corps. Sa précision est faible et elle
tes les parties de l’articulation : capsule, tendons, présente peu ou pas d’adaptation. Elle est essen-
ligaments et membrane synoviale. Il ne reçoit tielle pour le contrôle réflexe de la posture.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 29

• La sensibilité au mouvement correspond à une Les nombreux capteurs que ces structures contien-
sensation de vitesse, de direction et d’ampli- nent sont appelés collectivement des « mécano­
tude des gestes. Les seuils de sensibilité pour récepteurs ».
ces trois paramètres sont plus faibles dans les Ils renseignent le cerveau en temps réel, en lui trans-
articulations proximales (épaule) que dans les mettant des informations concernant la pression,
articulations distales (main). Elle joue un grand les contraintes, l’orientation articulaire, le rythme
rôle pour la protection de l’articulation contre du mouvement, son amplitude, sa vitesse…
les traumatismes, pour prévenir les mouvements
Lorsque ces trois sources de mécanorécepteurs
extrêmes ou pour les corriger.
déchargent correctement et sont capables d’en-
• La sensibilité à la force se superpose à la sen-
voyer des informations exactes et précises, les dif-
sibilité à la pression (étirement de la peau et
férentes chaînes myo-fascio-articulaires du corps
pression exercée par un objet à porter). Il est
travaillent en bonne synergie.
donc difficile de distinguer l’information en
provenance des propriocepteurs de celle pro-
venant des mécanorécepteurs cutanés. Elle Récepteurs articulaires
permet de réguler un mouvement ou de l’an- Ces mécanorécepteurs se trouvent dans les arti-
ticiper. Elle prend en compte la charge pour culations et autour de celles-ci. Ils sont très sem-
adapter la contraction musculaire, en fonction blables aux mécanorécepteurs cutanés, même si
de la position du membre et du mouvement à ces derniers présentent une plus grande variété
effectuer. (tableau 2-1).
La plupart des récepteurs articulaires sont situés
Mécanorécepteurs dans la couche subsynoviale de la capsule et près
Quatre principales structures corporelles sont des insertions ligamentaires.
sources d’informations pour le système somato- Il en existe quatre types principaux : les récepteurs
­sensoriel : globulaires ou de Ruffini, les corpuscules cylindri-
• la peau ; ques ou de Paccini, les corpuscules fusiformes ou de
• le fascia ; Golgi et les terminaisons nerveuses libres.
• le couple muscle-tendon ; • Les récepteurs de Ruffini sont localisés dans
• les articulations. la partie fibreuse de la capsule, les ligaments

Tableau 2-1 Classification des mécanorécepteurs articulaires (adapté de Freeman et Wyke et de Hogervorst et Brand).
Type Morphologie Localisation Fonction Éponymes
I Corpuscules cylindriques Couche fibreuse de la capsule Mécanorécepteur Ruffini
(capsule épaisse) Ligaments périarticulaires Adaptation lente Golgi
Tendons Seuil bas Mazzoni
Couches fasciales superficielles Étirement Meissner
II Corpuscules cylindriques Partie profonde de la capsule Mécanorécepteur Paccini
(capsule épaisse) Ligaments et paquets adipeux Adaptation rapide Vater-Paccini
Jonction fibro-adipeuse Seuil bas Krause
Pédicule vasculaire Compression
III Corpuscules fusiformes Ligaments Mécanorécepteur Organes tendineux
(capsule fine) Tendons Adaptation rapide de Golgi (OTG)
Tissus conjonctifs denses Seuil très élevé Corpuscule
Étirement de Golgi-Mazzoni
IV Terminaisons neurveuses Tous les tissus périarticulaires, à l’exception Nociception
libres du cartilage : capsule, périoste, ligaments, Pas d’adaptation
Plexus non encapsulés tendons, vaisseaux sanguins

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


30 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

a­ rticulaires et certains tendons. Ils fonctionnent Cette capacité est une clé pour le développement
comme des récepteurs à la tension. des habilités motrices.
• Les corpuscules de Paccini se trouvent dans les Le schéma corporel induit par ces informations
tissus qui entourent l’articulation et s’adap- inclut la perception des mouvements et la percep-
tent rapidement avec le début du mouvement. tion de l’environnement. On peut ajouter que la
Les récepteurs de Paccini sont activés par la connaissance de nos possibilités de mouvement
compression. est liée à la qualité des informations sensorielles
• Les récepteurs de Golgi, qui ne doivent pas être sur notre propre expérience du mouvement.
confondus avec les récepteurs appelés « organes
Les stimulations des mécanorécepteurs articulai-
tendineux de Golgi », se trouvent dans les liga-
res n’ont pas ou peu d’effet réflexe direct sur les
ments qui entourent les articulations. Ils ne sont
motoneurones alpha des muscles striés.
pas aussi abondants que les précédents mais
fonctionnent de façon similaire. Les récepteurs ligamentaires influencent le tonus
• Les terminaisons nerveuses libres, ce sont les plus musculaire par des réflexes qui impliquent les neu-
nombreuses et les plus sensibles à la pression rones gamma et le fuseau neuromusculaire.
et au tact. Elles sont fortement stimulées au
début du mouvement pour s’adapter ensuite et Organes tendineux de Golgi
transmettre un signal homogène jusqu’à sa fin. Les organes tendineux de Golgi sont des struc-
Les terminaisons nerveuses libres fonctionnent tures spécialisées, situés à la jonction du corps
comme des nocicepteurs. musculaire avec son tendon, là où les fibres de
NB : Si les mécanorécepteurs sont activés par les collagène tendineux s’attachent aux fibres muscu-
mouvements normaux, les nocicepteurs ne sont laires (fig. 2-15).
activés que par les blessures tissulaires et par les Un neurone afférent, de type Ib, pénètre dans la
médiateurs chimiques de l’inflammation. capsule de l’organe et déploie de nombreuses ter-
D’autres auteurs (revus par Lephart et al., 1998) minaisons libres qui se fixent entre des fibres de
divisent les propriocepteurs en deux classes : collagène.
• l’une d’adaptation rapide ; Les organes tendineux de Golgi sont disposés en
• l’autre d’adaptation lente. parallèle, et non en série, avec les fibres muscu-
Quand une articulation se stimule de façon conti- laires extrafusales. Ce sont des récepteurs de la
nue par la pression ou le mouvement, les mécano- tension tendineuse. Ils sont activés par les for-
récepteurs rapides diminuent leur signal au système ces qui étirent le tendon. Les organes tendineux
nerveux central, alors que les récepteurs lents main- de Golgi sont insensibles à l’étirement passif du
tiennent le système nerveux central « en alerte ». muscle.
Le mouvement articulaire semble se trouver aidé Leur stimulation occasionne une inhibition des
initialement par les récepteurs rapides, les récep- motoneurones alpha. Ils forcent ainsi le muscle
teurs lents auraient plutôt un rôle d’information contracté à se relâcher.
du système nerveux central sur la position et les
perceptions de l’articulation.
Maintenance et réparation
Effets des mécanorécepteurs articulaire
Tous les mécanorécepteurs collaborent pour
Vaisseaux articulaires
aider le corps à s’orienter dans l’espace et à iden-
tifier le mouvement de ses différents segments. L’articulation doit se nourrir et éliminer des
Les propriocepteurs permettent d’effectuer une déchets de nature chimique qui sont produits
reconnaissance kinesthésique, c’est-à-dire la per- par son fonctionnement lors des activités de la vie
ception du mouvement à partir de la position et quotidienne. La vascularisation des articulations
l’amplitude du mouvement d’une articulation. est très riche. Elle provient de cercles vasculaires

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 31

Fibres musculaires

Neurone afférent
Capsule

Neurone
sensoriel

Fibre de
collagène
Tendon

Fig. 2-15. Organe tendineux de Golgi.

ana­stomotiques périarticulaires, généralement métaboliques. Ces échanges entre les chondro-


alimentés par les gros vaisseaux de l’axe du cytes et le milieu extérieur se font par osmose, à
membre. partir du liquide synovial. Ils ont lieu grâce à des
Tous les éléments articulaires sont vascularisés, à échanges liquidiens permanents entre la synovie
l’exception du cartilage. On dit qu’il est avascu- et le gel macromoléculaire de protéoglycanes. Le
laire. Il est aujourd’hui admis qu’une substance bon déroulement de ces échanges est très étroite-
en son sein empêche les vaisseaux sanguins de se ment lié au degré d’hydratation du cartilage, qui
développer. peut être modifié dans les conditions pathologi-
ques, en cas de dégradation des protéoglycanes
notamment.
Métabolisme cartilagineux
L’absence de tout apport vasculaire implique une
Bien que le cartilage soit dépourvu de vascularisa- dépendance extrêmement étroite du cartilage
tion, les chondrocytes ont cependant une activité articulaire vis-à-vis du liquide synovial. Toute
métabolique puisqu’elles sont à l’origine de la syn- modification de composition de ce dernier peut
thèse et du renouvellement des protéoglycanes et déterminer un phénomène de souffrance du car-
des fibres de collagène. Les chondrocytes assurent tilage, qui peut aller jusqu’à la mort cellulaire et la
l’homéostasie du tissu cartilagineux. dégradation cartilagineuse.
Il faut que les chondrocytes reçoivent les éléments Le liquide synovial permet aussi l’accès des chon-
nutritifs et les substances nécessaires à leur fonc- drocytes aux complexes immuns impliqués dans
tionnement, et qu’ils puissent rejeter leurs déchets les phénomènes de défense du tissu cartilagineux.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


32 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Nutrition du cartilage Vascularisation sous-chondrale


Le cartilage est comprimé par intermittence lors Les échanges avec le liquide synovial constituent
du mouvement. Il fonctionne comme une éponge la principale voie de communication pour le car-
qui gonfle, retient l’eau, et se vide ensuite. Nous tilage normal. Toutefois, l’existence d’un réseau
avons vu que son rôle d’amortisseur repose sur ce de capillaires sous-chondraux, dirigés perpendicu-
véritable système de « pompage » orchestré par le lairement vers les couches profondes du cartilage,
mouvement. à travers la plaque osseuse sous-chondrale, laisse
Le premier mécanisme de nutrition repose sur ce penser que les couches profondes du cartilage
phénomène de pompage par lequel le cartilage sont irriguées à partir de cette voie. Il ne s’agit en
« communique » avec le liquide synovial dans réalité que d’un vestige de la vascularisation méta-
lequel il baigne. physaire correspondant à la zone d’ossification du
• Lors de la compression, la diminution de hauteur cartilage de conjugaison.
du cartilage lui fait expulser ses déchets et trans- Le cartilage calcifié, couche profonde du cartilage,
mettre ses messagers, des substances chimiques collant à l’os sous-chondral, constitue en réalité
de très petite taille. une barrière efficace à la jonction ostéochondrale,
• Lors de la décompression, le soulagement du ne laissant pratiquement presque rien passer à
cartilage qui reprend sa forme agit comme une l’état normal chez l’adulte. Cependant, en cas
pompe aspirante. Le cartilage récupère ainsi les de pathologie, une voie d’échange peut s’y déve-
nutriments qui lui sont destinés. lopper, phénomène qui se passe notamment dans
Deux autres mécanismes assurent la pénétration l’arthrose.
des nutriments et des messagers dans la matrice du
cartilage jusqu’aux chondrocytes : Cicatrisation et réparation
• la diffusion passive, véritable phénomène d’os- des lésions cartilagineuses
mose pour les nutriments et messagers dont la
taille ne dépasse pas celle de l’hémoglobine ; Le cartilage articulaire étant dépourvu d’innerva-
• le transport actif par les chondrocytes pour les tion, les blessures isolées du cartilage ne sont pas
substances qui ont déjà pu gagner le cartilage et douloureuses par elles-mêmes.
que les chondrocytes « capturent », moyennant Le cartilage se répare beaucoup plus difficilement
une dépense d’énergie. que les autres tissus de l’organisme lorsqu’il est
Le liquide synovial se trouve être le site principal blessé. Par le passé, on disait même que c’était
des échanges qui permettent aux chondrocytes de un tissu incapable de toute réparation ou cicatri-
recevoir les nutriments et les messagers chimiques, sation en cas de fissure ou de déchirure. On sait
de survivre, d’assurer l’entretien du cartilage et maintenant que sa réparation est possible. Le tissu
d’éliminer leurs déchets. Cette situation lui a valu obtenu ressemble au cartilage, mais il est de moins
parfois d’être désigné, comme nous l’avons déjà bonne qualité.
dit, comme « à la fois l’assiette et la poubelle du Ces difficultés de cicatrisation cartilagineuse sont
cartilage ». liées à plusieurs phénomènes :
C’est la membrane synoviale, véritable filtre qui • absence de vaisseaux sanguins dans le cartilage ;
fait le reste, éliminant les déchets, les toxines et • faible densité de chondrocytes dans le tissu (de
les débris de filaments microscopiques (protéo- 1 à 10 % du volume tissulaire total) ;
glycanes, acide hyaluronique etc.) ou parfois • perte de la quasi-totalité du potentiel de multi-
même des petits fragments détachés du cartilage, plication des chondrocytes ;
comme ce peut être le cas dans l’arthrose. C’est • faible capacité des chondrocytes à synthétiser du
aussi par ce chemin que certaines substances, collagène et des protéoglycanes.
nées dans le cartilage, peuvent passer dans le sang L’activité des chondrocytes est insuffisante pour
et les urines. combler une perte de substance cartilagineuse,

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 2. Anatomie fonctionnelle des structures de mouvement 33

même si celle-ci est limitée. Il en résulte que la Lorsque la lésion intéresse la totalité de l’épaisseur
plupart des altérations cartilagineuses survenant du cartilage et ménage une brèche dans la plaque
chez l’adulte sont définitives. osseuse sous-chondrale, le tissu conjonctif cicatri-
Il est en revanche prouvé qu’une lésion cartilagi- ciel provient de l’os spongieux sous-jacent.
neuse isolée n’évolue pas vers un phénomène de
dégénérescence plus grave, sauf si elle est soumise Cartilage sénescent
à des traumatismes répétés. Au cours du vieillissement, il existe :
La seule possibilité de comblement d’une perte de • une diminution de synthèse des protéines non
substance cartilagineuse est un bourgeonnement collagéniques et des protéoglycanes, par ailleurs
en provenance d’un tissu conjonctif voisin. Il est de moins bonne qualité ;
suivi d’une transformation secondaire du tissu • une diminution du contenu hydrique ;
conjonctif cicatriciel en fibrocartilage sous l’effet • une diminution des chondrocytes et de leur
des forces de frottement et de pression. fonctionnement.
Lorsque l’atteinte cartilagineuse est située aux Ces modifications se traduisent par des fissurations
marges de l’articulation, le bourgeonnement peut macroscopiques du cartilage, différentes de celles
provenir du périoste ou de la membrane synoviale. du cartilage arthrosique.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 3
Réactions et pathologies
­articulaires courantes

Arthrose sement sur la vie du patient dépend du type et du


nombre d’articulations atteintes.
Nous allons voir très succinctement quelques
notions fondamentales sur l’arthrose. Douleurs de l’arthrose
Comme nous l’avons déjà dit, le cartilage étant
Définition dépourvu d’innervation, son atteinte isolée reste
indolore.
La plupart des définitions des dictionnaires ont
Selon Perrot (2009), l’élément majeur de la dou-
pour inconvénient d’entretenir un lien systémati-
leur arthrosique est probablement une douleur
que entre arthrose et vieillissement. Cette notion,
d’origine osseuse. Elle serait liée à l’association :
contestée par de nombreux auteurs, doit être
• d’une hyperpression osseuse et périostée ren-
reconsidérée.
contrée dans l’os sous-chondral arthrosique ;
Le Petit Robert, par exemple, définit l’arthrose • d’un œdème de la moelle osseuse (Taljanovic,
comme « l’altération chronique des diverses arti- 2008).
culations, sorte de vieillissement, souvent préma-
Cette hypothèse semble confirmée par le fait
turé, du cartilage articulaire ».
qu’une ostéotomie, entraînant une modification
Nous préférons la définition de Laoussadi (1997), des pressions osseuses, peut faire disparaître les
pour qui « l’arthrose est une maladie chronique du douleurs mécaniques de l’arthrose du genou ou
cartilage articulaire, de cause inconnue, dont les de la hanche, alors même que les altérations arti-
conséquences après une longue période de latence, culaires persistent.
sont des modifications profondes de l’articulation
Nous avons vu aussi qu’il existe dans l’articulation,
atteinte, qui peuvent aboutir progressivement à sa
et en particulier dans les tendons, des récepteurs
destruction ».
nociceptifs spécifiquement activés par la pression
L’arthrose serait avant tout une maladie du car- qui peuvent être mis en jeu dans les douleurs
tilage articulaire. L’altération cartilagineuse pro- arthrosiques.
voquerait des phénomènes biologiques modifiant
l’ensemble des structures articulaires : l’os, la
synoviale et la capsule. Étiologie et facteurs favorisants
Lentement se constituent les lésions d’arthrose • Les macro- et microtraumatismes sont géné-
et l’aspect de l’articulation change. Elle devient rateurs d’arthrose qui peut se manifester des
douloureuse. Le cartilage s’amincit et perd ses années plus tard.
qualités d’amortisseur. L’os devient plus rigide et • Le vieillissement, dans 70 % des cas, l’arthrose
un moins bon support du cartilage. La fonction se manifeste chez les personnes dépassant l’âge
articulaire est peu à peu compromise. Le retentis- de 60 ans.
Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


36 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

• L’hérédité, certaines familles sont sujettes à Arthrose du poignet


l’arthrose (hanche, doigts, genou) comme dans
Elle est aussi souvent secondaires à des :
les dysplasies de hanche.
• fractures ;
• L’obésité favorise l’arthrose, par les forces de com-
• séquelles d’arthrites inflammatoires ou infec­
pression et les désordres métaboliques qu’elle
tieuses.
implique, surtout aux membres inférieurs.
• Les problèmes métaboliques, notamment dans Arthrose du pouce
les dysfonctions rénales et dans certaines mala-
dies systémiques. Signalons également la parti- C’est la classique rhizarthrose, assez fréquente.
cipation de la goutte et des chondrocalcinoses. Elle peut être expliquée par :
• La ménopause, on ne sait pas trop si cela est • la ménopause ;
dû à une augmentation ou à une diminution • des facteurs génétiques ;
des œstrogènes ou de la progestérone. C’est • l’ostéoporose ;
surtout dans tous les cas où le déséquilibre des • les suites de macro- ou de microtraumatismes.
deux est en cause. La douleur est située à la base du pouce, elle
• Le sexe, jusqu’à la cinquantaine les hommes sont empêche de serrer avec le pouce. On assiste pro-
plus affectés par l’arthrose, tandis qu’après 50 ans, gressivement à :
ce sont les femmes qui sont davantage atteintes. • une extension de la trapézo-métacarpienne ;
• Les maladies inflammatoires, il s’agit de toutes • une diminution de l’abduction et de l’opposi-
les suites d’arthrite septique, inflammatoire ou tion du pouce ;
micro-cristalline ou encore de certaines mala- • une amyotrophie des muscles thénariens ;
dies congénitales. • une déformation de la base du pouce.

Arthrose des doigts longs


Localisations arthrosiques Ce sont souvent des arthroses déformantes héré-
du membre supérieur ditaires, touchant plutôt les femmes.
On trouve aussi des arthroses secondaires à
Arthrose de l’épaule
des microtraumatismes (couturières, guitaris-
Du fait que l’épaule ne travaille pas en compres- tes, charpentiers, etc.). Elle donne des ­nodosités
sion, on voit moins d’omarthrose primaire que de caractéristiques : les nodosités d’Héberden
coxarthrose ou de gonarthrose. Le facteur géné- pour les interphalangiennes distales et les nodo­
tique est important, de même que l’ostéoporose. sités de Bouchard pour les interphalangiennes
Ce sont plutôt des suites de traumatismes qui pro- proximales.
voquent une arthrose de l’épaule comme :
• une rupture des muscles de la coiffe des rota­
teurs ; Composante inflammatoire
• une fracture de la tête humérale ou de l’omo­
plate ; Réaction inflammatoire
• une luxation avec incidence capsulo-synoviale ;
• une chute banale avec ses conséquences au long Définition
cours.
La réaction inflammatoire est une réponse de
l’organisme à une agression tissulaire. Elle vise
Arthrose du coude à cicatriser un tissu blessé, tout en empêchant la
Elle est rare et survient surtout après des trau- progression de l’inflammation.
matismes comme les fractures et les luxations, ou Le processus inflammatoire est l’ensemble des
encore après des microtraumatismes chez les tra- phénomènes réactionnels (vasculaire, cellulaire
vailleurs de force et les sportifs. et humoral) déclenchés dans un organisme vivant
Chapitre 3. Réactions et pathologies ­a rticulaires courantes 37

par l’agression d’un agent pathogène. Il ne peut se lules mononucléées) et humoraux. Elle se déroule
dérouler que dans un tissu vascularisé. en deux phases successives étroitement liées :
• phase vasculo-sanguine (exsudative) :
Causes – congestion ;
– œdème ;
Les causes de l’inflammation peuvent être :
– diapédèse ;
• des agressions exogènes :
– phagocytose (microphagocytose par les poly­
– physique ;
nucléaires) ;
– chimique ;
• phase cellulaire (lymphocytes, plasmocytes, macro-
– biochimique ;
phages) :
– infectieuse ;
– différenciation (adaptation des cellules) ;
– traumatique ;
– chimiotactisme (mobilisation) ;
• ou des agressions endogènes :
– prolifération.
– trophique ;
– dégénérative ; Selon la prédominance de certains facteurs, on
– secondaire à une nécrose tissulaire (infarctus distingue plusieurs types d’inflammation :
du myocarde) ; • prédominance des lymphocytes et macropha-
– métabolique ; ges, les cytokines jouent un grand rôle : réponse
– immunologique ; immunitaire de type cellulaire ;
– tumorale. • prédominance des lymphocytes et plasmocy-
tes : réponse immunitaire de type humoral. Le
Signes cliniques foie synthétise alors les protéines de la réac-
tion inflammatoire (PRI), utilisées en pratique
La réaction inflammatoire se traduit localement comme marqueur biologique de la réaction
par : inflammatoire.
• douleur ;
• rougeur ; On peut distinguer aussi :
• chaleur ; • l’inflammation aiguë dans laquelle prédominent
• œdème. les phénomènes vasculaires ;
• l’inflammation chronique dans laquelle prédo-
Elle peut s’accompagner de signes généraux : mine la réaction cellulaire.
fièvre, altération de l’état général, amaigrisse­
ment. Résolution
En pratique, le syndrome inflammatoire témoigne
Les résultats de l’inflammation dépendent de nom-
d’une pathologie organique mais n’est spécifique
breux facteurs et vont de la guérison totale avec
d’aucune cause. C’est un marqueur évolutif de
retour à l’état normal initial (restitutio ad inte-
nombreuses maladies.
grum), à l’auto-entretien du processus qui devient
Mécanisme chronique. Entre ces deux cas, l’inflammation peut
causer la destruction totale du tissu ou le dévelop-
Le processus inflammatoire est une séquence pement d’une lésion dite « bourgeon charnu ».
d’événements :
1. phase initiale : élimination et/ou capture de
l’élément pathogène, entraînant des lésions cel- Inflammation articulaire
lulaires (nécrose, apoptose) ;
2. phase secondaire : réaction inflammatoire pro- Notion d’arthrite
prement dite. Le terme d’arthrite recouvre des états irritatifs
La réaction inflammatoire se déroule dans le tissu ou inflammatoires d’une ou de plusieurs articula-
conjonctif. Elle met en jeu des phénomènes cellu- tions. L’inflammation articulaire la plus fréquente
laires (cellules endothéliales, polynucléaires et cel- est l’arthrite rhumatoïde.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


38 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

L’inflammation d’une articulation se remar- rhumatoïde, le traitement ne peut que soulager les
que à des douleurs dans l’articulation, un gon- douleurs.
flement, un excès de chaleur et une limitation de
la mobilité. Arthrite rhumatoïde
Un épanchement est aussi souvent présent, ce L’inflammation articulaire la plus fréquente est
qui signifie que du liquide s’accumule dans l’arthrite rhumatoïde. Plusieurs articulations sont
l’articulation. enflammées ; elles peuvent se déformer avec le
Typiquement, en cas d’inflammation articulaire, temps et finalement devenir rigides.
la douleur apparaît au repos et s’améliore avec le Une caractéristique classique de l’arthrite rhu-
mouvement. En cas de forte inflammation, des matoïde est l’apparition symétrique des inflam-
douleurs nocturnes peuvent apparaître, occasion- mations articulaires, donc l’atteinte bilatérale
nant le réveil du patient. simultanée des articulations métacarpo-phalan-
Une inflammation articulaire peut survenir brus- giennes des doigts et interphalangiennes des
quement (état aigu) ou se développer lentement orteils.
(état chronique) et perdurer pendant une longue L’arthrite rhumatoïde n’est pas une pure mala-
période. die des articulations mais une maladie générale,
Une inflammation articulaire ne peut que rare- d’origine immunitaire. Elle peut agir sur toutes les
ment être guérie, par exemple lorsque l’arthrite zones du corps et atteindre aussi certains organes
est d’origine infectieuse. Lorsqu’il s’agit d’arthrite ou la conjonctive de l’œil.
Chapitre 4
Principes techniques généraux

Technique : la cible ou l’action ? culer une information dans l’organisme. Les vec-
teurs d’information sont au nombre de quatre
Durant ces 30 dernières années, les évolutions de et nos mains peuvent les utiliser sélectivement.
l’ostéopathie ont permis progressivement de réa- Fondamentalement, les techniques dont nous
liser une sorte d’unification de la pratique autour nous servons pour faire réagir l’organisme du
de trois champs que sont : l’appareil musculo- patient sont de nature mécanique, neurale, vascu-
squelettique, la sphère viscérale et l’unité cranio- laire ou émotionnelle.
sacrée. Pour le traitement de l’appareil musculo-squeletti-
Tacitement, l’idée d’une tripartition technique que, les techniques mécaniques sont généralement
s’est plus ou moins installée dans les esprits, en réfé- les plus utilisées dans de très nombreuses méthodes
rence à chacun de ces trois champs. L’ostéopathe thérapeutiques manuelles. Notre approche articu-
« fait » du viscéral, « fait » du crânien ou « fait » du laire les utilise et les revendique, mais elle intègre
musculo-squelettique. également les techniques neurales et vasculaires,
tout en tenant compte du profil psychologique et
Cette vision nous paraît de plus en plus déformée postural de la personne qui vient nous consulter.
et doit être révisée car elle confond la cible visée Nous pensons que c’est l’utilisation adaptée de ces
avec l’action réalisée. Elle a aussi pour inconvé- différents moyens actions qui permet d’être effi-
nient majeur de séparer ces trois secteurs, alors cace et que c’est leur habile combinaison qui nous
qu’ils se complètent et interagissent. Elle peut permet de soulager durablement les patients.
même donner à penser que ces secteurs sont plus
ou moins indépendants les uns des autres, voire,
pire, qu’ils s’opposent. D’ailleurs, en flagrant
délit de contradiction avec le concept ostéo­ Écoute et induction :
pathique, certains ostéopathes n’hésitent pas à un peu de terminologie
proclamer qu’ils se sont « spécialisés » dans tel ou
tel secteur ! Écoute
Nous pensons que l’essence d’une technique ostéo-
pathique n’est pas liée à son secteur d’utilisation C’est un diagnostic tissulaire manuel, le théra-
mais à quelque chose de plus primordial : l’action peute laisse diriger sa main là où elle est entraînée
qu’elle effectue sur le corps. par une tension tissulaire anormale.
En effet, la nature fondamentale d’une technique L’écoute est passive et ne constitue en aucun cas
ostéopathique relève d’une action spécifique, exer- un traitement.
cée par nos mains et pouvant occasionner des réac- Le thérapeute ne pense pas, il ressent. Notre
tions différentes dans le corps du patient. médecine est manuelle, c’est seulement une fois
Les moyens d’actions dont nous disposons peu- qu’on a senti le mouvement qu’on essaie de quali-
vent se concevoir comme des procédés distincts, fier notre perception.
sollicitant des vecteurs différents pour faire cir- « Sentez d’abord, pensez après ! »

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
40 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Induction Par exemple, pour l’épaule, nous plaçons le patient


en latérocubitus du côté opposé à l’épaule concer-
C’est un mouvement actif où l’on amplifie le mou- née, la main reposant sur l’avant-bras en appui sur
vement ressenti lors de l’écoute. À la différence de la table.
l’écoute, l’induction est un traitement. Dans cette position, les tissus mous périarticulai-
Selon les cas, on parle de compression-induc- res sont relâchés et libèrent la pression intra-arti-
tion, traction-induction, soulèvement-induction, culaire et les contraintes cartilagineuses.
écartement-induction.
L’induction peut s’appliquer sur tous les tissus,
aussi bien les tendons, les muscles, les capsules,
Mouvements contrôlés
les cartilages, les os, les artères, les nerfs, etc. Elle Dans la position de confort, pendant les tests et le
semble provoquer une connexion nerveuse cen- traitement, nous demandons au patient de mobi-
trale plus précise que celle obtenue dans les tech- liser lui-même son épaule, dans la mesure de ses
niques directes. possibilités.
L’induction est indispensable dans les cas très Il réalise des petits mouvements d’antépulsion,
douloureux. la main toujours en appui sur l’avant-bras. Ceci
Lors de fixations très marquées, il nous arrive lui permet d’éviter toute amplitude douloureuse
d’employer des techniques directes mais on finit et pour nous d’exercer des pressions et des étire-
presque toujours après par une induction. ments précis sur les parties douloureuses.

Tests
Tests articulaires
Dans la position de confort, on demande au
Ces tests sont réalisés avec les mêmes mou- patient d’exécuter quelques petits mouvements
vements qu’on utilise pour libérer les diffé- précis pour mettre en tension le système capsulo-
rentes tensions des tissus mous articulaires et ligamentaire et les muscles périarticulaires.
périarticulaires. Les tests consistent à augmenter légèrement et
Nous avons un objectif clair, c’est d’assurer au précisément ces tensions pour mettre en évidence
patient une position de confort et une mobili- les différentes structures à manipuler.
sation de l’épaule qu’il peut contrôler à tout Le traitement reproduit souvent les mouvements
moment. utilisés pour les tests, en les accentuant progressi-
Commencez une séance en provoquant une dou- vement et sans douleur.
leur va immédiatement court-circuiter toutes les Pour de nombreuses structures, les tests et le
informations neurales conduites par les mécano- traitement font usage des mêmes mobilisations.
récepteurs. Ceci va à l’encontre de l’effet central C’est pour cette raison que, pour ne pas alourdir
en rétroaction qui constitue le fondement de nos le texte, nous n’avons décrit que les mouvements
traitements. nécessités pour le traitement.
Nous allons voir les principes de la position de Pour simplifier, le traitement est un test plus pro-
confort du mouvement contrôlé et des tests noncé dans un axe précis.
articulaires.

Position de confort Traitement manuel


Nos manœuvres s’adressent à des patients qui Le traitement manuel s’adresse à tous les consti-
souffrent, il est particulièrement malvenu d’aug- tuants périarticulaires, en partant généralement de
menter ces douleurs. la superficie à la profondeur. Il inclut en plus les
Chapitre 4. Principes techniques généraux 41

relations viscérales connectées à l’articulation et L’épiderme, avasculaire, réagit peu au traitement


les correspondances psycho-émotionnelles. manuel. C’est grâce aux nombreuses fibres ner-
De la superficie à la profondeur, nous trouvons : veuses, aux conduits vasculaires et lymphatiques
• la peau ; et à la graisse contenue dans l’hypoderme que la
• la graisse ; manipulation de la jonction derme-hypoderme et
• les fascias et aponévroses ; efficace (fig. 4-1).
• les muscles ou ligaments actifs ; La graisse contenue dans la peau joue un rôle
• les ligaments passifs ; important sur l’activité hormonale. Certaines
• la capsule et la synoviale ; fibres nerveuses la relieraient à l’hypophyse et
• le labrum ; l’hypothalamus.
• le cartilage ; On sait que les femmes anorexiques ou que les
• l’os ; sportives de haut niveau n’ont plus de règles.
• le système nerveux ; L’absence de graisse sous-cutanée en serait l’une
• le système vasculaire. des explications.

Technique cutanée
Peau
Saisissez, de l’index et du pouce des deux mains, un
Loi de Hilton pli de peau. Faites-le rouler entre vos doigts pour
Elle énonce le principe que les nerfs sensitifs cuta- apprendre à reconnaître les différentes couches.
nés rejoignent en profondeur les nerfs des orga- L’épiderme est très mince, quasiment impossible
nes situés dans leur territoire. L’expérience nous à maintenir avec les doigts. La jonction épiderme-
a montré qu’il en est de même pour le système derme est peu épaisse. C’est la jonction derme et
articulaire. Les nerfs cutanés communiquent avec hypoderme qui est la plus épaisse et la plus facile
les nerfs plus profondément situés de l’articulation à dissocier.
qui se situe en dessous. Il est plus aisé, au départ, de s’entraîner sur la peau
Cette communication se fait dans les deux sens. de l’abdomen. La peau est décollable facilement,
Un problème articulaire donne une hyperesthésie extensible, et la jonction derme hypoderme plus
cutanée en regard de l’articulation. Par rétroac- marquée. Une fois cette jonction perçue et dis-
tion, une douleur cutanée à la palpation (le patient sociée, soulevez-la et faites-la jouer en induction.
ne la sent que si on la provoque) entraîne une acti- Ce n’est pas le palper-rouler classique, cher à nos
vation des nocicepteurs articulaires. amis kinésithérapeutes, mais plutôt un soulève-
Les dermalgies réflexes viscérales ont fait la répu- ment induction.
tation du Dr Jarricot, dont nous saluons ici l’ex- Remarque : Au départ de la manœuvre, le pli de
trême compétence. C’est en traitant des milliers peau est souvent induré, épaissi et sensible. C’est
de patients que nous avons localisé les zones cuta- d’ailleurs à cette condition que la technique cuta-
nées où le traitement donnait le meilleur résultat, née a un effet sur l’articulation. Au fur et à mesure
ce qui n’est pas le cas de toutes les zones cutanées de la manœuvre de soulèvement induction, la
en regard de l’articulation. peau devient moins sensible et, fait étonnant, de
Pour être efficace, notre action doit porter sur une plus en plus mince.
zone bien précise de la peau. Cet amincissement est très rapide, pour qu’il ait
lieu si rapidement, nous pensons qu’il est dû au
Jonction derme-hypoderme système lymphatique.
La peau est constituée de trois couches, l’épi-
Techniques particulières
derme, le derme et l’hypoderme. C’est la jonction
derme-hypoderme qui permet d’avoir un effet Chez certaines personnes, le pli de peau est pres-
bénéfique sur l’articulation. que impossible à soulever, comme, par exemple,
42 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Poil

Épiderme

Couche cornée
Couche granuleuse
Corps muqueux
de Malpighi
Derme Couche basale
Glande sébacée
Nerf
Muscle arrecteur
du poil
Follicule pileux

Hypoderme Glande sudoripare

Vaisseaux

Fig. 4-1. Coupe du derme et de l’hypoderme.

sur le moignon de l’épaule. Dans ce cas, de vos • Pour la main :


deux pouces comprimez la peau et faites-la jouer – à la région thénarienne et hypothénarienne
sans la soulever. L’effet est plus long à obtenir plus particulièrement leur pli de jonction.
mais cela fonctionne bien aussi.

Principales localisations Graisse articulaire


C’est surtout sur des zones bien précises que les
Elle est différente de la graisse cutanée. Elle per-
techniques cutanées sont employées. Ce n’est pas
met d’harmoniser et de ralentir les mouvements
parce que vous êtes en regard de l’articulation que
dans certaines zones à risques.
cela marchera automatiquement. Par exemple, à
la face ventrale du coude, les zones cutanées sont Pour le membre supérieur, c’est au niveau de la
tout à fait neutres. Voici les principales zones cuta- face dorsale du coude qu’elle est indispensable.
nées actives pour le membre supérieur. On la trouve surtout dans la fosse olécrânienne,
• Pour l’épaule : sans elle l’olécrâne serait en danger dans les mou-
– les faces latérales et postérieures du moignon vements d’extension.
de l’épaule, à leur partie craniale ; Après certains traumatismes, lors d’activités trop
– la région supraspinale scapulaire ; pénibles et parfois avec l’âge, la graisse devient
• Pour le coude : moins élastique ou même carrément fibreuse. Elle
– l’épicondyle latéral ; perd son effet amortisseur et le patient agressera
– l’épicondyle médial. son coude, même lors de mouvements anodins.
Chapitre 4. Principes techniques généraux 43

Fascias et aponévroses Les techniques globales d’étirement sont agréa-


bles, elles permettent un certain confort. Chez le
À l’heure actuelle, on emploie ces deux termes patient qui souffre, elles trouvent vite leurs limites.
sans les différencier et pourtant, comme nous Seules les manœuvres ligamentaires très spécifiques
l’avons déjà expliqué, les anciens anatomistes les apportent une amélioration rapide et durable.
distinguaient. Une fois encore, c’est en connaissant l’anatomie
Rappelons qu’au niveau musculaire, le fascia qu’on peut manipuler les ligaments selon des axes
entoure le muscle pour lui permettre d’avoir son très précis.
unité fonctionnelle. Différents muscles peuvent Les ligaments renforcent souvent la capsule, on
être entourés d’un autre fascia pour assurer unité peut dire qu’ils sont au cœur de l’articulation.
fonctionnelle globale de l’ensemble musculaire.
L’aponévrose n’est pas uniquement un plan de
glissement musculaire, elle sert aussi d’insertion Capsule et synoviale
au muscle.
On ne peut pas différencier les deux, la synoviale
Dans ce livre, nous nous sommes limités à cer- n’est que la partie interne de la capsule. Lorsque
taines aponévroses et à quelques fascias dont la l’on fait des manœuvres capsulo-synoviales, on
libération permet un relâchement articulaire plus vise essentiellement quatre actions, on agit sur :
complet. • Son rôle informationnel qui est primordial. Les
Pour le membre supérieur, ce sont surtout les apo- éléments nerveux capsulaires donnent des infor-
névroses des muscles supra-épineux, infra-épineux mations sur la pression intra-articulaire, sur les
et subclavier que nous étudions. contraintes extracapsulaires, sur le degré de glis-
Quant aux fascias, c’est surtout le fascia clavi-pec- sement et de viscosité du liquide synovial.
toral et sa relation avec le muscle petit pectoral qui • L’activité sécrétoire, en permettant la produc-
permettent un bon relâchement articulaire. tion d’un liquide synovial de qualité, aussi bien
dans sa fluidité que sa viscosité. Dans certains
Stabilisateurs actifs cas, on peut parler de sécheresse articulaire. Les
techniques ont pour but de reprogrammer la
Ce sont tous les muscles qui gravitent autour de production de liquide synovial.
l’articulation ou qui, plus indirectement, jouent • La résorption du liquide synovial et des débris
un rôle. intra-articulaires. Parfois, il y a pléthore de
Ces muscles bénéficient de mécanorécepteurs de liquide synovial. Les synovites du genou sont
propriocepteurs dont la fonction informationnelle bien connues. Les techniques capsulo-synovia-
est indispensable à un jeu articulaire de qualité. les vont permettre une meilleure résorption de
ce liquide est un meilleur passage veino-lym-
Le traitement vise à libérer les contraintes péri-
phatique. De plus, la synoviale est capable de
durales pour reconnecter les éléments nerveux au
phagocyter les débris intra-articulaires comme
niveau central, afin de bénéficier des informations
les microcalcifications.
rétroactives.
• Le rôle nutritionnel du cartilage, c’est surtout
Certains muscles sont très directement liés aux grâce à la synoviale et aussi au système veineux
capsules articulaires, ils en sont les tenseurs. que le cartilage se nourrit et se renouvelle.

Stabilisateurs passifs
Cartilage et technique
Quand une articulation est soumise à un trauma- de lissage articulaire
tisme, ce sont d’abord les ligaments actifs qui réa-
gissent. Une fois la barrière musculaire dépassée, Une articulation qui souffre voit son cartilage per-
les ligaments passifs entrent en jeu. dre ses propriétés de glissement. Cette rugosité
44 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

cartilagineuse est source d’irritation, d’inflamma- l’épaule. Il semble que ce soit à nos techniques
tion et de dégradation des surfaces articulaires en qui ont un effet important sur la pression négative
présence. intra-articulaire.
Nous avons mis au point des techniques de lissage Le lissage articulaire se fait en fin de traitement,
articulaire. quand on a bien relâché l’ensemble des tissus
Nous verrons plus loin que, même si le cartilage mous périarticulaires.
est avasculaire, il est en plus de la synoviale dépen-
dant d’une bonne circulation veineuse. Grâce aux
manipulations vasculaires, on peut contribuer à L’os
rendre au cartilage ses propriétés. L’os est un récepteur mécanique des forces colli-
Très souvent dans les douleurs chroniques articu- sionnelles. Quand ces dernières sont trop violen-
laires, le labrum et le cartilage perdent leurs pro- tes, il se rompt.
priétés mécaniques, c’est-à-dire assurer la loi du Nous avons vu que, lors d’un traumatisme, il
moindre frottement, lors d’un mouvement. existe plusieurs barrières de résistance, les mus-
Le labrum et le cartilage présentent alors quel- cles, les ligaments, la capsule et le cartilage. L’os
ques stries, quelques irrégularités et deviennent est la dernière barrière. Quand il ne se casse pas,
rugueux. il plie. Son élasticité lui confère aussi un rôle
En mécanique, tout frottement produit de la cha- propriocepteur.
leur, sur le plan articulaire cela se traduit par une Ce sont presque toujours les os longs qui mémori-
inflammation capsulosynoviale. sent les traumatismes. Les os courts, quant à eux,
Rappelons que le labrum et le cartilage sont avas- retransmettent le traumatisme par effet retour.
culaires, c’est la synoviale qui à la fois les nourrit Pour le membre supérieur, ce sont essentiellement
et les débarrasse des différents débris ou impuretés l’humérus, l’ulna et le radius qui sont les récepta-
intra-articulaires. cles des forces collisionnelles.
La technique de lissage articulaire consiste à met- On parle alors de fixations intraosseuses. On
tre deux parties cartilagineuses en légère compres- leur applique des techniques de compression-
sion et à les faire glisser l’une contre l’autre. induction ou de latéroflexion induction. Il suffit
Prenons un exemple, normalement le frotte- d’évaluer l’élasticité d’un os après une fracture
ment de deux cartilages doit être comparable au consolider pour se convaincre de son manque de
frottement « d’une savonnette sur du marbre souplesse.
mouillé », c’est-à-dire à un degré de friction
négligeable.
Supposez que vous trouvez une zone cartilagi-
Système nerveux
neuse légèrement rugueuse, comprimez les deux Soigner une articulation, comme nous l’avons vu,
faces cartilagineuses et actionnez-les passivement c’est surtout reprogrammer son système informa-
l’une contre l’autre ou alors demandez au patient tionnel par les muscles, les ligaments, la capsule, le
de mobiliser l’articulation pendant que vous met- cartilage et l’os.
tez les surfaces articulaires en compression.
Mais ce système informationnel provient des nerfs
Après une dizaine de mouvements, la zone périphériques. Ils vont nous permettre, grâce à
rugueuse devient plus souple. Nous pensons leur mise en jeu, d’avoir un effet direct au niveau
aussi que cette technique réduit les petits corps central. Les nerfs à la vitesse de 350 km/h condui-
étrangers pour qu’ils soient mieux éliminés par la sent les informations au niveau de l’encéphale. Ce
synoviale. dernier va les analyser, les intégrer, les trier et par
Certaines radios mettent en évidence parfois après retour va essayer d’apporter la meilleure réponse
traitement la disparition de microcalcifications de pour l’articulation.
Chapitre 4. Principes techniques généraux 45

Système vasculaire indirectement la peau, la capsule et la plupart des


tissus mous périarticulaires.
Artères Si nous prenons l’exemple de l’épaule gauche, sa
Tous les tissus mous et l’os (sauf théoriquement capsule est innervée par des branches issues des
le cartilage) ont besoin d’une circulation artérielle plexus cervical et cervicobrachial, en majorité des
de qualité pour se maintenir et se reconstruire. neurofibres de C5 et C6.
C’est grâce aux techniques vasculaires que l’on D’autres branches de C5 et C6 rejoignent aussi
accélère les processus de reconstruction. l’œsophage, le cœur, l’estomac. On constate que
Les articulations sont irriguées par de petites les dysfonctions ou les atteintes structurelles de ces
artères difficiles à individualiser. L’expérience organes irradient dans l’épaule par l’inter­médiaire
montre qu’il est primordial d’étirer les troncs du système nerveux.
artériels les plus importants pour obtenir un effet Quand un patient a une douleur articulaire sans
circulatoire articulaire. aucune explication logique, on pense toujours à
Les gros troncs artériels et les troncs de moyenne des problèmes plus généraux comme une affec-
importance possèdent de nombreux récepteurs tion viscérale, par exemple.
mécaniques dans leurs tuniques. Les techniques
d’étirement artériel ont pour but aussi de réin- Voie métabolique
former au niveau central les récepteurs d’informa-
tions vasculaires. Lorsque nos organes fonctionnent moins bien,
Lorsqu’une artère présente une circulation défi- comme les reins par exemple, l’élimination des
ciente, les parois artérielles sont peu mises en ten- déchets des protéines est insuffisante. Pour ne
sion et ne stimule plus assez les mécanorécepteurs. prendre qu’un paramètre de mauvaise élimina-
Nos techniques permettent de les réactiver. tion, si l’organisme ne peut se débarrasser de
l’acide urique, il va le concentrer au niveau mus-
culaire ou capsulaire, et les articulations vont « se
Veines gripper ». Cet exemple est valable essentiellement
Quand on parle de manipulations vasculaires, on pour les coudes, les genoux ou et les tendons
inclut automatiquement les artères et les veines, d’Achille, car c’est là où les effets sont les plus
c’est un point important. Nous le redisons, le marqués.
cartilage est avasculaire, mais il peut se régénérer En revanche, la personne va être raide en géné-
grâce au liquide synovial, et il dépend aussi du sys- ral, avec des douleurs erratiques, éparses et anar-
tème veineux de l’os. chiques. Le meilleur traitement ostéopathique
Nous pensons, mais il paraît bien difficile d’en ne peut pas compenser un régime alimentaire
apporter la preuve, que les manipulations vascu- désastreux.
laires par le biais des veines ont un effet bénéfique En plus des régimes alimentaires, nous avons la
sur la qualité cartilagineuse. chance, dans notre métier, de connaître les mani-
pulations viscérales. Elles sont à utiliser impéra-
tivement pour libérer et stimuler un organe. De
Organes nombreux organes (peut-être tous) sont dépen-
dants de la bonne marche des régulateurs hor-
Nous en parlons souvent, les organes ont un effet monaux de l’organisme, comme l’hypophyse et
sur le système articulaire par différentes voies. l’hypothalamus.
Nous l’évoquons souvent, le foie est pour nous
Voie réflexe l’organe typique, sensible aux variations hormo-
C’est la voie neurale, un organe possède de nom- nales. Si nous nous cantonnons à la ménopause,
breux filets sensitifs qui rejoignent directement ou c’est au cours de cette période de la vie que
46 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

nous voyons, chez les femmes, les périarthrites nes sous forme de cholestérol. En cas de mauvaise
scapulo-humérales et les syndromes du canal élimination de ces hormones, nous revenons au
carpien. problème métabolique avec ses incidences arti-
C’est le foie qui doit assurer les éliminations des culaires. Le foie est débordé et la moindre varia-
hormones produites par l’organisme. En prenant tion de régime alimentaire a un effet métabolique
un raccourci, il le fait en transformant les hormo- délétère.
Chapitre 5
Anatomie fonctionnelle de l’épaule

Complexe articulaire de l’épaule Élément osseux

Organisation générale Trois pièces osseuses sont en présence : la clavi-


cule, l’omoplate ou scapula et l’humérus.
Le complexe de l’épaule, articulation proximale • La clavicule est le seul élément de raccordement
du membre supérieur, est inscrit dans le cadre de rigide du membre supérieur au tronc, par l’in-
la ceinture scapulaire, élément de jonction entre termédiaire de deux articulations sterno-clavi-
le squelette appendiculaire et le squelette axial. culaire et acromio-claviculaire.
L’organisation générale de l’épaule comporte • L’omoplate, intercalée entre l’humérus et la cla­-
trois éléments : l’un osseux, le second articulaire vicule, est en position d’instabilité et permet
et le troisième musculaire (fig. 5-1). une très grande amplitude de mouvements.

1re côte
Articulation
scapulo-thoracique

Articulation
acromio-claviculaire

Acromion

Articulation Articulation
subacromiale sterno-claviculaire

Articulation Manubrium sternal


gléno-humérale

Humérus Côtes

Fig. 5-1. Complexe de l’épaule.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
50 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

• Contrairement à d’autres localisations de l’ap- Pour Bonnel, ces 18 muscles agissent sous la
pareil locomoteur, les structures osseuses de forme de 25 couples de rotation qui assurent le
l’épaule n’ont aucune fonction de stabilité. mouvement et la stabilité dans les trois plans de
l’espace.
Élément articulaire
Au plan articulaire, on trouve : Pièces osseuses
• trois éléments articulaires véritables : sterno-
costo-claviculaire, acromio-claviculaire et scapulo- Clavicule
humérale ; • Os long, en forme d’un S italique, aplati de haut
• deux espaces de glissement majeurs : scapulo- en bas.
thoracique et subacromial, auxquels s’ajoutent • Forme le seul raccordement osseux entre le
d’autres systèmes de glissement plus petits ; squelette axial et le squelette appendi­culaire.
• une sixième articulation « cachée » : le complexe
coraco-claviculaire (fig. 5-2). Insertions musculaires
La répartition fonctionnelle entre les différentes • Sterno-cléido-mastoïdien.
articulations est à considérer dans son ensemble et • Deltoïde.
non pas à titre individuel : lors d’un mouvement • Trapèze.
global, toutes les articulations se mettent en mou- • Subclavier.
vement de façon progressive et simultanée. • Grand pectoral.

Élément musculaire Insertions ligamentaires


Sur les 54 muscles du membre supérieur, le com- • Ligament conoïde.
plexe articulaire de l’épaule en nécessite 18 pour • Ligament trapézoïde.
son seul fonctionnement.
Scapula (fig. 5-3)
Sixième articulation : • Os aplati triangulaire.
le complexe coraco-claviculaire • Étendue du premier espace intercostal jusqu’à
la huitième côte.
• Orientation oblique.
• La cavité glénoïde regarde en haut, latérale-
ment, en avant.

Insertions musculaires
• Face antérieure :
– subscapulaire ;
– dentelé antérieur (bord médial).
• Face postérieure :
– supra-épineux ;
– infra-épineux ;
– petit rond ;
– grand rond ;
– épine ;
– trapèze ;
– deltoïde.
• Bord latéral :
– triceps brachial ;
Fig. 5-2. La sixième articulation. – bord médial ;
Chapitre 5. Anatomie fonctionnelle de l’épaule 51

Processus
caracoïde
Incisure
scapulaire Bord supérieur

Acromion
Angle supérieur

Tubercule
supra-glénoïdal
Angle latéral

Cavité glénoïdale Fosse


subscapulaire
Tubercule
infra-glénoïdal
Col de la scapula
Bord médial

Bord latéral

a Angle inférieur

Épine de
la scapula
Bord
supérieur
Incisure Processus coracoïde
scapulaire

Acromion
Angle supérieur

Angle acromial
Fosse
supra-épineuse
Cavité glénoïdale

Tubercule
infra-glénoïdale

Fosse infra-épineuse
Bord médial

Bord latéral

b
Angle inférieur

Fig. 5-3. L’omoplate.


52 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

– élévateur de la scapula ; deltoïde jusqu’à 60° d’abduction, expliquant ainsi


– grand rhomboïde ; la nécessité d’une bourse synoviale.
– petit rhomboïde. Col chirurgical
• Angles inférieurs :
– grand dorsal (inconstant) ; • En continuité avec la diaphyse humérale.
– angle antérolatéral ; • 4 à 6 cm de long.
– chef long du biceps brachial. • Zone fracturaire fréquente chez le sujet âgé.
• Coracoïde :
– chef court du biceps brachial ;
– coraco-brachial ; Articulations et plans
– petit pectoral. de glissement de l’épaule
Insertions ligamentaires Articulation
• Coracoïde : sterno-costo-claviculaire
– ligament trapézoïde ;
C’est le seul point d’ancrage ostéoarticulaire amar­-
– ligament conoïde ;
rant tout le membre supérieur au thorax. Elle
– ligament acromio-coracoïdien ;
apparaît robuste, stable et autonome (Castaing).
– ligament coraco-huméral.
L’appareil musculaire environnant ne semble jouer
qu’un rôle accessoire dans sa stabilité.
Partie proximale de l’humérus (fig. 5-4)
L’extrémité supérieure de l’humérus peut se Surfaces
décom­poser en quatre parties. Elles constituent une articulation en selle ou à
emboîtement réciproque.
La tête • La surface costo-sternale est orientée en haut et
• Un tiers de sphère orientée en haut, en arrière latéralement. Elle réalise ainsi une cale sur laquelle
et médialement. s’appuie la clavicule. Par cette orientation, l’en-
• Diamètre vertical plus grand que le diamètre semble est verrouillé dans le sens d’un pare-
antéro-postérieur. chocs protégeant les éléments vasculonerveux.
L’articulation est cependant instable vers l’avant.
Col anatomique • La surface articulaire de l’extrémité médiale de
• Insertions capsulaires. la clavicule est concave en bas, en avant. Elle est
• Insertions des épaississements gléno-humé­raux. constituée de deux facettes, une première assez
large, antéro-postérieure et verticale, et une
Zone tuberculaire plus petite, inférieure et horizontale, répondant
Deux tubercules formant un sillon pour le biceps, à la surface costale.
permettant aussi l’insertion des tendons de la L’ensemble de l’extrémité médiale de la clavicule
coiffe : est massive : elle déborde de tous côtés la poignée
• tubercule médial ou mineur : sternale, ce qui la rend particulièrement instable.
– muscle subscapulaire ;
– faisceau médial du ligament coraco-huméral ;
• tubercule latéral ou majeur : Fibrocartilage
– tendons de la coiffe des rotateurs, d’avant en Le fibrocartilage est plus épais à la périphérie
arrière : supra-épineux, infra-épineux, petit qu’en son centre. Il est également plus épais à sa
rond. partie supérieure qu’à sa partie inférieure.
Le débord du tubercule majeur par rapport à Sa forme peut être plus ou moins complète : amin-
l’acromion provoque une réflexion du muscle cissement progressif du centre vers la périphérie,
Chapitre 5. Anatomie fonctionnelle de l’épaule 53

Clavicule
Tubercule
supra-glénoïdal Incisure scapulaire

Acromion

Processus coracoïde

Tête humérale
Tubercule majeur
Tubercule mineur

Cavité glénoïde

Sillon intertuberculaire

Tubercule infra-glénoïdal

Humérus

a
Épine de la
Clavicule scapula

Incisure scapulaire

Acromion

Processus coracoïde

Tête humérale
Tubercule majeur

Col anatomique

Humérus

b
Fig. 5-4. Partie proximale de l’humérus.
54 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Ligament Ligament interclaviculaire


sterno-claviculaire
Clavicule antérieur Disque articulaire

Première côte

Cartilage costal
Ligament costo-
claviculaire
Ligament sterno-costal radial
Articulation sterno-costale
Manubrium sternal
Fig. 5-5. Articulation sterno-costo-claviculaire.

aspect de croissant plus ou moins fermé, dévelop- tout le poids du membre supérieur. Un certain
pement important dans les trois dimensions… nombre de ligaments sont là pour stabiliser cet
Sa forme anatomique peut parfois être différente ensemble.
d’un côté à l’autre chez un même sujet. La capsule est relativement fine dans sa partie
La présence d’un fibrocartilage intra-articulaire : supérieure et antérieure.
• augmente la congruence des surfaces articulai- À la différence de l’articulation acromio-clavi-
res et, par la même occasion, favoriserait la sta- culaire, la fixation ligamentaire est puissante. Il
bilité aux dépens de la mobilité ; s’agit principalement de renforcements et d’épais-
• répartit les contraintes transmises au ster- sissements capsulaires antérieurs et postérieurs,
num par le membre supérieur, pour de nom- doublés par les insertions du muscle sterno-
breux auteurs, ce ménisque joue un rôle cléido-mastoïdien en avant et sterno-hyoïdien en
d’amortisseur. arrière :
Des altérations du fibrocartilage, dues au vieillis- • ligament sterno-claviculaire antérieur : assez
sement, commencent dès 30 ans et s’accentuent mince, il limite les déplacements de la clavicule
progressivement durant les décennies suivantes. vers l’avant ; sa relative fragilité explique la plus
grande fréquence des luxations antérieures ;
Des perforations dégénératives surviennent
avant 50 ans et deviennent très fréquentes après • ligament sterno-claviculaire postérieur : plus
70 ans. Le ménisque jouerait donc un rôle pro- résistant que l’antérieur, il limite les déplace-
tecteur majeur. On se demande si, en fait, les ments de la clavicule vers l’arrière ;
variations anatomiques décrites ne sont pas des • ligament interclaviculaire : limite le déplace-
variations avec l’âge au sein des mêmes ménis- ment supérieur de la clavicule et maintient la
ques (fig. 5-5). suspension de la clavicule ; son développement
est variable ;
Moyens d’union • le ligament costo-claviculaire extrinsèque encore
appelé ligament rhomboïdal est un puissant liga-
L’articulation sterno-claviculaire supporte « à bout ment prenant appui sur la première côte, à sa
de clavicule », tel un mât, les contraintes et partie antérieure. Il réalise la contention la plus
Chapitre 5. Anatomie fonctionnelle de l’épaule 55

efficace. Il joue le rôle d’un axe vis-à-vis de la Au cours de l’abduction, les proportions sont res-
clavicule (fléau de balance). pectivement de 65 % pour la scapulo-humérale,
En forme de cône pointé vers le bas, on lui distingue 13 % pour l’acromio-claviculaire et 22 % pour la
des fibres antérieures qui sont dirigées vers le haut et sterno-costo-claviculaire.
le dehors, et des fibres postérieures dirigées vers le Si les mouvements sont restreints au niveau même
haut et le dedans. Le ligament donne ainsi l’impres- de l’articulation, l’amplitude de la mobilité est
sion d’être une structure torsadée. Certaines fibres amplifiée à l’extrémité latérale de la clavicule. La
s’insèrent également sur le ménisque intra-articu- forme de la clavicule exerce un effet vilebrequin :
laire et sont situées dans un plan un peu plus pos- la rotation postérieure par exemple de l’articula-
térieur par rapport au sternum. Il limite l’élévation tion sterno-claviculaire entraîne une élévation de
et les mouvements antéro-postérieurs extrêmes mais l’acromion.
n’a aucun effet sur la rotation axiale qui est freinée
pour sa part par les ligaments coraco-claviculaires.
Articulation acromio-claviculaire
Mouvements
L’articulation acromio-claviculaire se situe à l’ex-
Cette articulation permet des mouvements de trémité de l’arc-boutant claviculaire de suspension
rotation axiale combinée à des déplacements fron- du membre supérieur par rapport au tronc. Sa sta-
taux et horizontaux. Le moindre déplacement du bilité met en jeu un système capsulo-ligamentaire
membre supérieur la met en jeu. propre et un appareillage ligamentaire extrinsèque
La sterno-costo-claviculaire autorise trois mouve- coraco-claviculaire.
ments :
Surfaces articulaires
• un débattement vertical : élévation/abaissement
de 40 à 60° ; Cette articulation oppose deux facettes ellipti-
• un débattement horizontal protraction/rétrac- ques : l’une claviculaire à l’autre acromiale dont la
tion ou antépulsion/rétropulsion de 20 à 35° ; surface est habituellement aplatie :
• des mouvements de rotation axiale de 30° (cir- • la facette articulaire claviculaire est taillée en
cumduction), obtenus par combinaison des biseau aux dépens de la face inférieure de l’ex-
deux mouvements précédents. trémité externe de la clavicule ; de forme ellip-
Le ligament costo-claviculaire verrouille les 3° de tique, son grand axe est horizontal d’arrière en
liberté de l’articulation. avant et de dehors en dedans ;
• la facette acromiale est portée par la partie interne
Il existe une synergie mécanique entre l’articu-
du bord supérieur de l’acromion. Même forme
lation scapulo-humérale à l’élévation du bras et
et même orientation que la facette claviculaire.
l’articulation sterno-claviculaire où l’extrémité
interne de la clavicule s’abaisse. Le ménisque La surface articulaire de la clavicule s’appuie sur
a donc un rôle prédominant dans l’absorption celle de l’acromion. Les deux surfaces articulaires
des contraintes et des déplacements pour limiter sont revêtues d’une couche de fibrocartilage plus
l’usure de cette articulation. épaisse sur la facette acromiale est souvent irrégu-
lière, voire rugueuse (fig. 5-6).
Lors de l’élévation du membre supérieur, du fait
de l’attache coracoïdienne, il apparaît un accrois-
Fibrocartilage
sement de la transmission des forces dans l’axe de
la clavicule, ce qui en augmente d’autant plus sa La présence d’un ménisque intrarticulaire fibro-
coaptation et donc sa stabilité. ­cartilagineux ou fibreux peut améliorer la
D’après des études par radio-cinéma, lors de l’élé- ­con­gruence entre les deux surfaces articulaires.
vation antérieure du bras : 50 % de la mobilité Il s’agit de la même structure prismatique trian-
sont dus à la scapulo humérale, 40 % à l’acromio- gulaire plus ou moins développée, le plus souvent
claviculaire et 10 % à la sterno-costo-claviculaire. dans sa partie supérieure.
56 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Ligament
Ligament
acromio-claviculaire Ligament
trapézoïde
coraco-
Ligament claviculaire
Acromion conoïde
Ligament
coraco- Clavicule
Voûte
acromial
humérale
Processus
coracoïde
Ligament transverse
Tête humérale scapulaire supérieur

Tubercule majeur

Cavité glénoïde
Tubercule mineur

Sillon intertuberculaire

Humérus

a
Ligament
coraco-claviculaire

Ligament acromio-
Clavicule claviculaire

Acromion
Ligament scapulaire
transverse supérieur

Tubercule majeur
Incisure scapulaire

Capsule articulaire

Épine de la
scapula
Récessus axillaire
Fosse infraépineuse

Humérus

b
Fig. 5-6. Articulation acromio-claviculaire.
Chapitre 5. Anatomie fonctionnelle de l’épaule 57

Moyens d’union intrinsèques vertical, sa face antérieure légèrement concave et


sa face postérieure légèrement convexe.
Les surfaces articulaires sont maintenues en
contact par une capsule articulaire et par le liga- Ligament trapézoïde
ment acromio-claviculaire.
Il s’insère en avant du ligament conoïde sur la moi-
• La capsule articulaire constitue un manchon
tié et le tiers postérieur de l’apophyse coracoïde.
fibreux plus épais à sa face supérieure. Elle s’in-
sère au pourtour des deux surfaces articulaires. Il se termine sur le segment antérieur de la tubéro-
• Le ligament acromio-claviculaire occupe la face sité coracoïdienne à la face inférieure de l’extrémité
supérieure de l’articulation. Épais et résistant, il externe de la clavicule. C’est une lame fibreuse
est constitué de faisceaux parallèles tendus de la quadrilatère, oblique de haut en bas et de dehors
face supérieure de l’acromion à la face externe en dedans. Au total, il est plus oblique, plus long,
de la clavicule. Il renforce encore la partie plus large et plus résistant que le ligament conoïde.
supérieure de la capsule. Il est lui-même ren- Son épaisseur est de l’ordre de 4 à 5 mm.
forcé par les fibres d’insertion des muscles tra-
Troisième plan ligamentaire
pèze deltoïde qui sont presque jointives sur le
périoste supérieur de la clavicule, et un peu plus Les ligaments coraco-claviculaires médial et laté-
éloignées les unes des autres sur l’acromion. ral réunissent la portion horizontale de l’apo-
physe coracoïde à la face inférieure du tiers moyen
de la clavicule. Ce plan apparaît en réalité comme
Synoviale un épaississement de l’aponévrose clavi-pectorale
La synoviale tapisse la face profonde de la capsule et contribuerait peu aux structures de stabilisation
et se réfléchit au pourtour des surfaces articulaires. coraco claviculaire.
Elle est souvent plus développée sur la partie infé-
rieure et moins distincte dans la partie supérieure. Rapports
Dans les cas exceptionnels de cloisonnement avec
L’articulation cléido-scapulaire est en rapport prin­
ou sans communication par un fibrocartilage com-
ci­palement avec :
plet, la synoviale est double.
• les muscles trapèze et deltoïde qui recouvrent sa
face supérieure ;
Appareillage ligamentaire extrinsèque • les rameaux de la branche sus-acromiale du plexus
cervical superficiel ;
L’attache ligamentaire majeure de la clavicule à
• une bourse séreuse sus-acromiale inconstam-
l’omoplate est représentée majoritairement par les
ment décrite ;
ligaments coraco-claviculaires :
• le muscle supra-épineux.
• ligament coraco-claviculaire postérieur ou
­con­oïde ;
• ligament coraco-claviculaire antérieur ou trapé­ Vascularisation
zoïde ; La vascularisation artérielle de l’articulation
• ligaments coraco-claviculaires médial et latéral. cléido-scapulaire provient pour sa partie supé-
rieure et antérieure de l’artère cervicale transverse
Ligament conoïde superficielle, branche de l’artère subclavière. La
Il s’insère sur la partie interne de la base de la cora- partie inférieure et postérieure est vascularisée par
coïde. Certaines de ces fibres peuvent se mêler à la branche acromiale de l’artère acromio-thoraci-
celles du ligament coracoïdien. Il est presque ver- que, branche de l’artère axillaire. Cette branche
tical, triangulaire à ce sommet inférieur et se ter- est anastomosée en arrière avec la branche acro-
mine sur une empreinte rugueuse faisant saillie à miale de l’artère scapulaire supérieure.
la face inférieure du quart externe de la clavicule Il faut noter qu’il existe une faible vascularisation
(tubercule conoïde). Son bord latéral est libre et directe d’origine osseuse de l’extrémité externe de
58 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

la clavicule. La vascularisation par le périoste, les Labrum


insertions capsulo-ligamentaire et musculaire est • Rôle d’amortisseur.
importante. • Forme une jonction semi-rigide entre la mobilité
de la tête humérale et la rigidité de la glène.
Innervation • Adhère à la capsule et aux ligaments.
L’innervation de l’articulation cléido-scapulaire • Reçoit des expansions des muscles longs biceps
pro­vient de la branche acromiale du plexus cer- et long triceps.
vical superficiel (filets provenant des racines C3 • Les muscles longs biceps et long triceps pla-
et C4), d’un rameau du nerf suprascapulaire en quent aussi le labrum sur la tête humérale.
arrière et d’un rameau du nerf grand pectoral en
Voûte coraco-acromiale
avant.
• Triple la surface articulaire.
• 18 cm2 au lieu de 6 cm2.
Articulation gléno-humérale (fig. 5-7)
Moyens d’union
Surfaces Capsule
Surface humérale • Lâche, mais renforcée par les ligaments gléno-
• Volumineuse, 5 à 6 cm de diamètre. huméraux et coraco-huméraux (les plus solides).
• Sa superficie dépasse celle de la glène. • Forme le récessus axillaire quand le bras est
• La tête est découverte, plus large en avant, donc pendant.
plus de luxations antérieures. • Se fixe sur la face latérale du labrum et la partie
• Luxation la plus fréquemment observée. en regard du col huméral.

Ligament Ligament
acromio-claviculaire coraco-claviculaire

Acromion

Clavicule
Ligament
coraco-
acromial

Ligament transverse
Bourse
scapulaire supérieur
subcoracoïdienne
Ligament huméral
transverse Bourse subtendineuse
du muscle subscapulaire
Gaine synoviale
intertuberculaire
Sillon intertuberculaire Récessus axillaire
Tendon du muscle
biceps brachial,
chef long

Fig. 5-7. Articulation gléno-humérale.


Chapitre 5. Anatomie fonctionnelle de l’épaule 59

• Fusionne avec le triceps à sa partie caudale. Articulation scapulo-thoracique


• À sa partie craniale, elle dépasse les limites du
labrum et s’insère sur la base du processus cora­ Elle est constituée de deux espaces de glissement :
coïde. • l’espace scapulo-serratique, localisé entre le fascia
• Au niveau huméral, elle s’attache sur le col ana- du muscle subscapulaire et la partie superficielle
tomique et le col chirurgical. du muscle dentelé antérieur ;
• Lorsque le bras est pendant, la tête humérale est • l’espace serrato-thoracique, situé entre la face
au contact à moitié avec la glène et à moitié avec profonde du muscle dentelé antérieur et la
la capsule. superficie du gril thoracique.
• Latéralement, rapports étroits avec les mus- L’ensemble constitue l’espace scapulo-serrato-
cles : thoracique.
– subscapulaire ; Le glissement de la scapula sur le gril costal permet
– supra-épineux ; le positionnement adéquat de la glène par rapport
– infra-épineux ; à l’humérus, en synchronisme avec les mouvements
– petit rond. de l’articulation gléno-humérale proprement dite.
• Muscles échangeant des fibres avec la capsule : Le déplacement de la scapula, dans le sens antéro-
– supra-épineux ; postérieur, est sous le contrôle de plusieurs mus-
– triceps ; cles : muscle élévateur de l’omoplate, trapèze,
– infra-épineux ; rhomboïdes, grand dorsal et dentelé antérieur.
– petit rond ;
La paralysie du muscle dentelé antérieur par
– subscapulaire.
atteinte du nerf long thoracique (nerf de Charles
Aux points de rencontre, elle fusionne avec ces Bell) peut se voir chez certains sportifs comme les
muscles qui la renforcent. tennismen. Le décollement du bord spinal de la
scapula est alors à l’origine d’une diminution de
Ligaments la force en élévation antérieure, par perte de point
• Ligament coraco-huméral : fixe postérieur.
– suspend la tête humérale ;
– faisceau antérieur : freine l’extension ;
– faisceau postérieur : freine la flexion ; Espace sous-acromial (fig. 5-8)
– unit le muscle supra-épineux en arrière et le Cet espace est limité :
muscle subscapulaire en avant. • latéralement, par la face profonde du del­toïde ;
• Ligament coraco-acromial : • médialement, par l’articulation acromio-clavi­
– reliquat osseux du chimpanzé ; culaire ;
– forme la voûte coraco-acromiale ; • en haut et en avant, par la face inférieure de
– dispositions en pont, en regard du tendon du l’acromion et du ligament coraco-acromial ;
long biceps ; • en bas, par la face superficielle du tendon du
– par la bourse synoviale interposée, il donne muscle supra-épineux.
un contact souple au glissement du tendon
En effet, l’espace sous-acromial est occupé dans sa
bicipital.
totalité, par un tissu synovial, véritable bourse de
glissement, qui s’interpose entre la surface osseuse
Synoviale inférieure de l’acromion et le tendon du supra-
• Isole par une gaine le tendon du long biceps. épineux.

Fonction
Innervation La bourse sous-acromiale est un système de lubri-
• Nerf suprascapulaire, nerf axillaire. fication important interposé entre le toit acromial
60 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Ligament coraco-acromial
Acromion

Bourse subtendineuse
Bourse subacromiale
du muscle subscapulaire

Processus coracoïde
Bourse subdeltoïdienne
Tubercule majeur

Ligament huméral
transverse
Gaine du tendon
intertuberculaire
Muscle infra-épineux

Muscle petit rond

Muscle biceps
brachial, chef court

Humérus
Muscle biceps
brachial, chef long

Fig. 5-8. Espace sous-acromial.

et la coiffe des rotateurs. Elle s’étend sous le del- de la coiffe des rotateurs. Il en résulte une fuite du
toïde, autour la grosse tubérosité. liquide synovial et des symptômes cliniques variés
Elle change de forme, jouant comme un cous- se développent.
sin ou comme un matelas à eau, pour autoriser Une immobilisation prolongée de l’épaule, coude
un passage harmonieux de la grosse tubéro- au corps, après un traumatisme ou une inter-
sité sous l’acromion pendant les mouvements vention chirurgicale est néfaste. La bourse sous-
d’élévation. acromiale de glissement ne joue plus son rôle de
Cette structure est affectée par les changements coussinet mobile d’interposition et son épaississe-
de pression intra-articulaire gléno-humérale ment, associé à la formation d’adhérences, peut-
(fig. 5-9). être à l’origine d’un enraidissement sous-acromial
progressif.
C’est également au niveau de l’espace sous-acro-
Pathologie
mial antérieur, qu’il existe un risque de conflit
Cette structure peut être endommagée ou mécanique potentiel entre le tendon du supra-épi-
détruite s’il existe une perforation ou une rupture neux et la voûte acromio-coracoïdienne, dès que
Chapitre 5. Anatomie fonctionnelle de l’épaule 61

Processus contact et sont susceptibles de glisser l’une sur


coracoïde Ligament coraco-acromial l’autre.
Selon Cruveilhier, la surface coracoïdienne est
Acromion
presque toujours recouverte d’un cartilage et
d’une synoviale. Les ligaments (conoïde et trapé-
zoïde) situés dans l’espace de glissement coraco-
claviculaire constituent l’autre surface articulaire.
Certains auteurs décrivent parfois les structu-
res synoviales présentes à ce niveau comme une
Bourse bourse séreuse.
sous-
acromiale Cette articulation fonctionne de concert avec l’ar-
ticulation acromio-claviculaire.
Tubercule majeur

Fonctions du complexe
articulaire de l’épaule
Fig. 5-9. Bourse sous-acromiale (hydraulique). Programme fonctionnel
Le poids du membre supérieur étant d’environ
le membre supérieur est porté entre 90° et 120° 4 kilos, le programme fonctionnel de l’épaule est
d’élévation antérieure. un compromis mécanique entre mobilité et sta-
bilité :
C’est aussi dans la bourse sous-acromiale que dif-
• la mobilité doit être totale pour permettre
fusent les débris de calcium lors de l’ouverture
l’orientation de la préhension dans toutes les
spontanée d’une calcification d’un tendon de la
directions ;
coiffe des rotateurs, provoquant un tableau de
• la stabilité est nécessaire lors de la prise d’objet,
bursite aiguë calcifiante hyperalgique. La bourse
la surcharge distale nécessitant des structures de
sous-acromiale crée un espace de glissement au
stabilisation proximales très développées.
même titre que la bourse sous-coracoïdienne, située
près de l’origine du ligament coraco-huméral. Au total, l’orientation fonctionnelle de l’épaule se
fait vers la préhension et le grimper. Les impératifs
sont la mobilité et la solidité fonctionnelle.
Autres bourses synoviales
Il existe aussi une bourse :
• subscapulaire (on la dit aussi très importante) ; Système instable
• subcoracoïdienne ;
Du fait de l’évolution vers la bipédie, nos mem-
• des muscles grand pectoral, grand dorsal et
bres antérieurs étant déchargés de leur fonction
grand rond.
locomotrice, le complexe de l’épaule est une
articulation suspendue ou appendue au thorax.
La notion de complexe thoraco-scapulo-brachial
Sixième articulation met en relief cette liaison mécanique des mou-
On l’appelle aussi articulation cachée ou méca- vements du bras avec ceux de la scapula et du
nisme coraco-claviculaire. Déjà décrite par tronc.
Cruveilhier (1837), cette articulation est réa- Dans ce contexte, l’épaule est un système mécani-
lisée par la contiguïté de deux surfaces qui, en que non contraint : c’est ce que l’on appelle une
situation rapprochée, forment même parfois un chaîne ostéo-articulaire instable.
62 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Cette instabilité est d’abord osseuse. La disposition Les véritables éléments de raccordement de
spatiale des trois segments osseux de la ceinture l’épaule sont d’ordre musculaire. Ils assu-
scapulaire montre une orientation divergente qui rent une double fonction à la fois statique et
favorise une certaine instabilité rotatoire dans les dynamique.
trois plans de l’espace. Ces trois éléments osseux, La fonction de l’épaule est à considérer au sein
constituant l’armature de l’épaule, sont en position de cet ensemble fonctionnel. Il ne faut en aucun
d’instabilité maximum au cours des mouvements. cas considérer individuellement un seul de ces élé-
L’instabilité est ensuite articulaire. Les rapports ments, mais leur complémentarité. En effet lors
des surfaces articulaires entre elles et avec le sque- d’un mouvement, tous se mettent en jeu de façon
lette axial sont éminemment discordants. En effet, progressive et simultanée.
pour augmenter la mobilité, ces surfaces articulai- Comme le rappelle F. Bonnel : « La difficulté
res sont peu rétentives, ce qui diminue la stabilité de compréhension du complexe de l’épaule est
articulaire. d’autant plus importante que l’on veut analyser
chaque segment articulaire en dehors du contexte
biomécanique global ».
Système musculaire global
Contrairement aux autres éléments de l’appareil Chaîne ligamentaire (fig. 5-10)
locomoteur, la stabilité de l’épaule ne relève pas
de ses structures osseuses. La simple observation Même si leur rôle de stabilisation reste un peu
de la clavicule et de l’omoplate montre cet aspect en retrait derrière celui des mucles, les liga-
délicat, fragile et potentiellement instable. Les ments du complexe articulaire de l’épaule sont
surfaces de raccordement au niveau des différentes importants. Considérés dans leur globalité, ils
articulations sont aussi très discordantes. s’inscrivent dans une chaîne où ils se répartissent

Ancrage latéral

Pivot médial

Verrou antéro-latéral

Fig. 5-10. Chaîne ligamentaire de l’épaule.


Chapitre 5. Anatomie fonctionnelle de l’épaule 63

fonctionnellement en trois groupes, désignés Stabilité gléno-humérale


comme étant :
• le pivot médial : Si l’on considère la seule articulation gléno-humé-
– ligament costo-claviculaire (très important rale, sa stabilité est à la fois passive et active.
pour l’articulation sterno-costo-claviculaire)
doublé du muscle subclavier ; Stabilité passive
• l’ancrage latéral : • Le labrum, en augmentant la surface articulaire.
– ligament conoïde ; • Le vide intra-articulaire, facteur de cohésion
– ligament trapézoïde ; articulaire et aussi de maintien.
– ligament coraco-claviculaire médial ; • La voûte coraco-acromiale, constituant un néo-
• le verrou antérolatéral : acétabulum.
– ligament coraco-huméral ; • Le ligament coraco-huméral, véritable suspen-
– ligament gléno-huméral. seur de la tête humérale.
• La capsule articulaire, seulement dans les mouve-
ments extrêmes, mais son rôle est négligeable.
Épaule musculaire
Stabilité active
Des conceptions biomécaniques récentes mon-
trent que l’épaule fonctionne comme un muscle. L’articulation gléno-humérale étant une arti-
Chaque mouvement de l’épaule doit être envisagé culation peu emboîtée et peu tenue, ce sont
comme résultant de la mise en jeu d’actions mus- ses éléments actifs qui lui confèrent sa stabilité
culaires, sous la forme de couples de rotation. réelle.
La conception analytique des actions musculaires
Muscles de la coiffe des rotateurs (fig. 5-11)
analytiques a fait place à un concept global de sta-
bilisation rotatoire dynamique, tridimensionnelle : L’essentiel de la stabilité de l’articulation gléno-
• sur le plan anatomique, pris isolément, les muscles humérale est assuré par les muscles de la coiffe des
semblent insérés entre deux éléments osseux ; rotateurs. Ce sont les fameux TISS en anglais :
• sur le plan fonctionnel, il faut les considérer inscrits teres minor ou petit rond, infra-épineux, supra-
dans un continuum entre leur insertion humérale épineux, subscapulaire :
et leur insertion rachidienne. C’est précisément • subscapulaire en avant ;
cette organisation qui permet d’assurer la stabilité • supra-épineux en haut ;
de l’ensemble du complexe de l’épaule. • infra-épineux et petit rond (teres minor) en
arrière.
L’épaule doit s’évaluer au travers de cette compré-
hension biomécanique. S’il peut exister des dys- Ces muscles jouent un grand rôle de maintien
fonctions articulaires, le plus souvent secondaires articulaire en plaquant la tête humérale contre la
à un choc ou un traumatisme, il faut toujours se glène scapulaire.
souvenir qu’un déséquilibre dans les tissus mous Ils s’insèrent à la partie proximale de l’humérus.
de l’épaule peut déstabiliser tout l’ensemble du Ils forment une lame fibreuse difficilement sépara-
complexe articulaire. ble de la capsule articulaire sous-jacente que l’on
Analysée par Bonnel, la problématique mécani- appelle la coiffe des rotateurs.
que de l’épaule semble très liée à sa composante Au-dessus de la coiffe des rotateurs, mais séparée d’elle
musculaire : « En dehors des causes ligamentaires par la bourse sous-acromiale, se situe l’arche consti-
il est vraisemblable que beaucoup d’instabilité de tuée par l’acromion et le ligament coraco-acromial :
l’épaule trouvent leur explication dans une désyn- • ils mettent en préparation les surfaces articulai-
chronisation musculaire ». Partant de la main et res lors des mouvements ;
du ressenti de notre palpation, nous en arrivons à • ils assurent une bonne répartition du liquide
des conclusions identiques. synovial ;
64 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Acromion
Ligament coraco-acromial

Tendon du muscle biceps


Muscle supra-épineux brachial, chef long

Bourse subacromiale
Pocessus coracoïde

Bourse subtendineuse
du muscle subscapulaire

Muscle infra-épineux

Cavité glénoïde
Muscle subscapulaire
Labrum glénoïdal

Capsule articulaire Récessus axillaire

Muscle petit rond

Muscle subscapulaire

Muscle infra-épineux

Bord latéral de la scapula

Fig. 5-11. Muscles de la coiffe des rotateurs.

• ils préparent la contraction des grands muscles semble très réducteur de ne s’intéresser qu’aux
péri- et para-articulaires. muscles de la coiffe des rotateurs.
Prenons le seul exemple du biceps et du tri-
Autres muscles ceps qui ont un rôle important sur l’élasticité
Comme nous aurons l’occasion de le redire, du labrum et du tendon du long biceps qui,
l’épaule est entourée de 18 muscles, tous solidai- grâce à son trajet intracapsulaire, plaque la tête
res et tous importants pour l’articulation. Il nous humérale.
Chapitre 6
Éléments de diagnostic

Généralités décrire succinctement les principales causes possi-


bles des pathologies de l’épaule.
Précautions
Quand un patient présente une épaule doulou- Traumatiques
reuse, il apprécie très peu qu’on lui manipule
Chutes
l’épaule dans les amplitudes douloureuses. C’est
pour cette raison qu’avec nos techniques c’est L’épaule est une articulation essentiellement pro-
presque toujours le patient qui effectue les mou- tégée par ses 18 muscles. Elle résiste très mal aux
vements pour être sûr de ne pas être iatrogène et chocs directs et aux chutes sur la main.
de respecter sa douleur. À tout moment, il peut Ce sont les nombreuses chutes sur l’épaule qui
contrôler ces mouvements et les arrêter s’il en provoquent des micro-ruptures capsulo-musculo-
éprouve la nécessité. ligamentaires ou des ruptures franches.
Nos doigts posés sur les insertions musculaires L’impotence fonctionnelle est soit immédiate, soit
ou capsulaires étirent avec précision les fibres s’installe dans le temps.
périarticulaires. L’épaule est aussi très sensible aux traumatis-
mes en étirement et en suspension. D’autant
plus après 50 ans, car elle se fragilise au niveau
Réflexion
de nombreux tendons de ses muscles sta­
La douleur d’une épaule est souvent le symptôme bilisateurs.
d’une autre dysfonction. Avant toute manipula-
tion de l’épaule, grâce à l’interrogatoire, nos tech- Subluxations
niques d’écoute et à la palpation, nous évaluons Nous avons eu une vingtaine de cas où le patient
les nombreux paramètres qui ont pu conduire est venu consulter spontanément le matin tôt, car
cette épaule à souffrir. il ne peut plus bouger l’épaule. L’épaule n’est pas
Nous vous donnons parfois des tests d’inhibition luxée dans le sens strict du terme, mais l’impo-
qui permettent de vérifier l’éventuelle implication tence fonctionnelle est réelle.
d’un organe ou d’un problème ostéoarticulaire sur Ce sont des malpositions scapulo-humérales noc-
l’épaule. Voici les principaux points à connaître au turnes, au moment où les muscles sont totalement
préalable lors des douleurs de l’épaule. relâchés pendant le sommeil. La tête humérale
tend à se luxer, mais elle est retenue à grand peine
par les ligaments passifs.
Douleurs d’épaule Cette subluxation provoque une douleur vive,
insupportable, d’autant plus qu’elle surprend la
De nombreux patients nous consultent pour des personne dans son sommeil. Ce sont des épaules
douleurs d’épaule, d’étiologie diverse, nous allons que l’on manipule avec de grandes précautions,

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
66 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

en légère décompression, à l’aide de tout petits • des diarrhées chroniques ;


mouvements. En quelques jours, l’épaule retrouve • une insuffisance pancréatique et hépatique.
sa mobilité sans séquelles. Dans l’ostéomalacie, on trouve des fissures de
Looser-Milkman s’étendant dans l’humérus et la
Suites de luxation et de fracture
scapula.
Elles s’accompagnent souvent de fibrose capsulo-
ligamento-musculaire. Nos techniques sont très Ostéonécrose aseptique
efficaces sur ce type de problème. de la tête humérale
Elle peut survenir après un traumatisme ou une
Fractures
corticothérapie intense et longue.
Quand elles surviennent après un traumatisme Elle peut aussi être primitive chez les alcooliques,
direct important, elles ne sont pas trop difficiles les diabétiques, les hypertriglycéridémiques et
à diagnostiquer. hyperuricémiques.
Les cas les plus délicats à soupçonner surviennent
après un léger traumatisme chez un patient ostéo- Algodystrophie de l’épaule
porotique ou porteur des métastases ou encore On la trouve après :
parfois indemne de toute pathologie. Le patient • un traumatisme de l’épaule (entorse, luxation,
convaincu de l’origine seulement traumatique de fracture) ;
ses douleurs va déployer des trésors de conviction • une chirurgie de l’épaule, du sein, du poumon
pour que vos doigts ne s’occupent que de l’épaule. et du cœur ;
Une grande impotence fonctionnelle est toujours • une affection neurologique (accident vasculaire
suspecte et doit nous obliger à demander des cérébral, Parkinson, sclérose en plaques) ;
radiographies. • une maladie métabolique (diabète, hyper­
thyroïdie) ;
• des cardiopathies ;
Conseil : Examen de la sensibilité
• des problèmes respiratoires ;
du moignon de l’épaule
• certaines prises médicamenteuses au long cours
Après tout traumatisme de l’épaule, il est important de (antidépresseurs par exemple).
tester la sensibilité du moignon de l’épaule pour vous
C’est souvent dans le cadre d’un syndrome
permettre de mettre en évidence une atteinte neurale.
Le nerf axillaire, par l’intermédiaire de sa branche le nerf « épaule-main », les algodystrophies ne touchent
cutané latéral supérieur, donne la sensibilité de la peau que très rarement les coudes.
de la région craniale et latérale de l’épaule. L’algodystrophie dure très longtemps, elle dépasse
L’hypoesthésie ou l’anesthésie du territoire cutané de ce largement une année.
nerf prouve qu’il y a eu une compression neurale. Il est
Le risque principal est l’évolution vers une capsu-
important de confier alors le patient à un neurologue
pour effectuer un bilan plus complet.
lite rétractile et une épaule gelée.

Épaule gelée
Rhumatologiques C’est une capsulite rétractile qui interdit tout
mouvement. Elle apparaît après :
Ostéomalacie
• un syndrome algoneurodystrophique (syn-
Rappelons que c’est un défaut de minéralisation drome épaule-main) ;
de la matrice osseuse, par insuffisance de fixation • un traumatisme sévère ou minime ;
phosphocalcique. L’hypophosphocalcie peut être • une chirurgie mammaire ou intrathoracique
due à : (cœur, poumon) ;
• une carence en vitamine D ; • un diabète ;
• des grossesses répétées ; • un accident vasculaire cérébral ;
Chapitre 6. Éléments de diagnostic 67

• une cardiopathie (infarctus) ; Projetées


• une maladie neurologique (Parkinson, sclérose
en plaques). En dehors de tout traumatisme et facteurs dégé-
C’est une pathologie très longue (autour de deux nératifs, l’épaule peut être le reflet d’une dysfonc-
années), nous en voyons moins souvent qu’au tion ou atteinte structurelle d’un organe.
début de notre carrière.
Foie
Dans les formes trop rebelles, le patient se
voit proposer une mobilisation sous anesthé- De nombreuses périarthrites scapulo-humérales
sie générale avec risque de rupture capsulo­ droites sont en relation avec des pathologies biliai-
li­gamentaire. res. Elles peuvent être expliquées par plusieurs
facteurs.
Épaule aiguë hyperalgique
Tensions musculofasciales
C’est une douleur qui survient brutalement avec Une tension des tissus mous autour du foie peut
des poussées paroxystiques difficilement suppor­ créer un déséquilibre fascial se propageant sur le
tables. diaphragme, la plèvre, le muscle sous-clavier et sur
Signes cliniques tout le défilé thoracique.
L’épaule est chaude. Il existe souvent une bursite Irritations neurales
douloureuse à la face antéro-latérale de l’épaule. La capsule de Glisson, les ligaments coronaires et
La douleur est intense. L’impotence fonctionnelle triangulaires sont innervés par le nerf phrénique
est complète. issu du plexus cervical antérieur (C4-C5).
Cause Une irritation du plexus cervical antérieur peut
C’est une bursite aiguë à micro-cristaux d’hy- s’irradier sur le plexus postérieur et provoquer des
droxyapatite (phosphates de calcium) faisant douleurs d’épaule.
suite à une poussée inflammatoire. On trouve
Déséquilibres hormonaux
des calcifications tendineuses qui ont tendance
à migrer dans la bourse séreuse sou-acromio- Nous sommes interpellés par le grand nombre de
deltoïdienne. périarthrites scapulo-humérales chez la femme en
période de périménopause.
Évolution
Ménopause
On assiste à une régression des symptômes en
quelques jours. Les mobilisations ou manipula- Par les déséquilibres hormonaux qu’elle provo-
tions sont à proscrire. que, notamment sur la progestérone, elle a un
effet sur l’élasticité myofasciale. Perte de sou-
Arthrose plesse, rétraction, fibrose sont le lot de cette
perte d’élasticité.
Rappelons que le cartilage est avasculaire, il est
D’ailleurs, l’épaule n’est pas la seule cible de ce
nourri essentiellement par la synoviale.
déséquilibre hormonal, canal carpien, kystes syno-
L’arthrose s’explique en partie par les traumatis- viaux, faux-Dupuytren en sont aussi les témoins.
mes qui ont irrité la capsule et la synoviale et agit
sur la pression négative intra-articulaire. Problèmes métaboliques
Il existe bien sûr de nombreuses autres causes Tout ce qui peut rendre difficile le métabolisme
comme l’âge, l’ostéoporose, des carences en miné- hépatique peut avoir un effet sur le foie, citons
raux et oligo-éléments, les facteurs génétiques, pêle-mêle :
etc. Notons qu’il n’existe pas d’arthrose scapulo- • une nourriture inappropriée ;
thoracique. • un excès de boissons alcooliques et sucrées ;
68 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

• une prise excessive de médicaments, entre autres Il faut bien distinguer deux catégories de douleurs
les anxiolytiques, les antidépresseurs, les hypo- articulaires nocturnes, elles sont ou provoquées
cholestérolémiants et les hypo­tenseurs ; ou spontanées.
• des suites d’infections hépatiques (hépatites A,
B et C) ; Douleurs provoquées
• des affections génétiques ; C’est en se tournant dans le lit que le patient
• un environnement pollué, à la dioxine par exem- réveille ses douleurs. Ce sont le plus souvent,
ple, sans parler de la pollution classique due aux même si c’est douloureux, des causes bana-
véhicules à moteur. les comme des suites de traumatisme ou des
Remarque : Il est intéressant de noter qu’en méde- périarthrites.
cine la relation foie-épaule droite est connue sous
Douleurs spontanées
le nom de phénomène d’Eiselsbergsche, douleur
provoquée par les dermatomes C3-C5. Elles surviennent même quand le patient est tout
à fait immobile. Elles sont paroxystiques et peu
Cœur supportables.
Quand un patient, surtout un homme, présente Il faut toujours rester vigilant pour ce type de
un risque cardiovasculaire avec hypertension, douleur et ne pas hésiter à confier cette personne
hypercholestérolomie, éthylotabagisme, angoisse à son généraliste pour subir des examens com­
et surpoids et qu’en plus il a mal à l’épaule gauche, plémentaires.
ou aux deux épaules… soyez prudents. Au moin-
dre doute, confiez-le à son médecin traitant.
Toxi-infectieuses
D’autres localisations douloureuses peuvent être
en relation avec le système cardiovasculaire, au Suites de grippe et de vaccinations
niveau de l’articulation temporomandibulaire et le Nous avons vu des scapulalgies avec parfois une
long du territoire sensitif du nerf ulnaire, c’est la amyotrophie des muscles postérieurs de l’épaule
douleur classique irradiant le long du petit doigt. et des paresthésies chez des patients touchés par
Sein la grippe. Il semblerait que ce soit plus par une
atteinte virale des nerfs de l’épaule que par un pro-
Certaines patientes nous ont consulté pour des blème musculaire.
douleurs d’épaule qui se sont avérées, ensuite,
Les cas liés aux vaccinations sont difficiles à confir-
annonciatrices d’une tumeur au sein.
mer et leur cause assez mystérieuse, atteinte neu-
Poumon rale directe ou indirecte liée aux adjuvants des
vaccins ?
Nous avons eu une dizaine de cas où la douleur
d’épaule était consécutive à une tumeur de l’apex
pulmonaire donnant le syndrome de Pancoast-Tobias. Circulatoires
C’est une névralgie cervicobrachiale affectant tout
En raison de problèmes ischémiques partiels,
le membre supérieur. Elle est parfois plus atypique
une épaule peut devenir problématique par com-
en n’irradiant que dans l’épaule, surtout au début
pression vasculaire mécanique directe, comme
de la maladie. Quand la tumeur est à ses débuts, le
dans le syndrome du défilé thoracique. Ceci peut
diagnostic est difficile.
affecter à distance le système vasculaire thoraco-
acromial et les vaisseaux circonflexes antérieur et
Tumorales postérieur.
N’oublions pas que la veine subclavière, située
Métastases osseuses
devant l’artère, est la première à être comprimée.
On les évoque plutôt chez le sujet âgé se manifes- Cependant, sa compression affecte plus la main
tant par des douleurs nocturnes. que l’épaule.
Chapitre 6. Éléments de diagnostic 69

Neurologiques On assiste à une amyotrophie de l’épaule avec


impossibilité de la mouvoir en abduction.
Colonne cervicale
La capsule articulaire et la plupart des muscles de Psycho-émotionnelles
l’épaule sont innervés par les 5e et 6e racines pos-
térieures cervicales. En principe, ces projections psycho-émotionnelles
Une entorse cervicale, une fixation ostéo-articu- se répercutent sur l’organe faible.
laire cervicale, une cervicarthrose peuvent, par Supposons qu’un patient ait une sensibilité hépa-
le biais des nerfs périphériques, entraîner une tique due à une hépatite de type A, il apprend
capsulo-synovite. brusquement qu’il va être licencié. Ceci peut réac-
tiver sa sensibilité hépatique et créer une irritation
Plexus brachial scapulaire.
Il peut être comprimé dans le défilé thoracique par Nous pensons qu’il faut le plus souvent une faiblesse
une : préalable pour qu’un organe ou une articulation
• fermeture de l’angle costo-claviculaire, réagisse à un problème psycho-émotionnel. Mais
• exostose claviculaire, qui détient la vérité ? Notre cerveau est si complexe !
• rétraction des ligaments pleurocervicaux.
Il entraîne dans ces cas une névralgie cervicobra- Médicamenteuses
chiale irradiant rarement au niveau cervical mais
donnant des douleurs du membre supérieur. Nous avons surtout vu des épaules devenir dou-
loureuses après des traitements à visée hypocho-
Neuropathies lestérolémiante. Dans ces cas, la meilleure main
trouve vite ses limites, seul l’arrêt ou le change-
Certaines maladies systémiques peuvent donner
ment de traitement est efficace.
des neuropathies des nerfs périphériques, le dia-
bète est bien connu, par exemple, pour son effet Nous avons eu aussi quelques rares cas où c’était
délétère sur le système nerveux. des hypotenseurs qui provoquaient les douleurs
d’épaule. N’hésitez plus, dans les cas de douleurs chro-
Syndrome du nerf suprascapulaire niques de l’épaule, à demander à vos patients s’ils pren-
nent un traitement médicamenteux au long cours.
Le nerf suprascapulaire est comprimé dans l’inci-
sure suprascapulaire. C’est une branche du plexus
brachial. Hormonales
Dans cette éventualité, la douleur est activée par
Nous avons évoqué les causes hormonales en par-
l’adduction du bras et la pression du nerf supra­
lant des douleurs projetées. Elles touchent pres-
scapulaire dans son incisure.
que uniquement les femmes.
Dans les cas sévères, on assiste à une amyotrophie
Le membre supérieur, et surtout l’épaule, souf-
des muscles supra- et infrascapulaires.
fre souvent autour de la ménopause. Le déséqui-
libre entre œstrogènes et progestérone affecte
Syndrome de Parsonage et Turner
­particulièrement l’élasticité des tissus mous péri­
C’est une radiculo-névrite inflammatoire de cause articulaires et la microcirculation locale (artérielle,
inconnue. Elle arrive parfois après une infection, veineuse et lymphatique). Il s’ensuit des rétrac-
une vaccination et un traumatisme. La douleur est tions capsulo-ligamentaires et des micros lésions
brutale, très aiguë et profonde. musculo-tendineuses (la fameuse « coiffe »). Un
Elle peut irradier dans le bras. Elle s’accompagne jour, subitement, l’épaule devient douloureuse
souvent de fièvre, notons qu’en ostéopathie la fiè- lors d’un mouvement anodin. Mouvement, qui,
vre est presque toujours une contre-indication de pour la patiente est la cause de ses problèmes,
manipulation. alors qu’il n’en est que la conséquence.
70 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Tests classiques de l’épaule Tests des conflits ligamentaires


Discussion sur ces tests
Nous allons décrire maintenant les différents tests
utilisés en médecine pour caractériser une douleur À vrai dire, nous nous en servons peu. Lorsqu’un
de l’épaule. patient a une douleur importante de l’épaule, il
Il faut les connaître plus par « culture médicale n’apprécie pas beaucoup qu’on lui demande de faire
générale » que par utilité thérapeutique manuelle. activement des tests qui vont provoquer et réveiller
Il est important pour nous de parler le même lan- sa douleur. Il sait qu’il a mal, de plus ces tests ne sont
gage que la médecine. pas aussi spécifiques que certains le prétendent.
La technologie médicale a évolué de façon fan- De même, la mobilisation passive de l’épaule
tastique, que ce soit par l’échographie ou l’arth- déclenche très vite une douleur aiguë. En exagé-
roscanner. Ces progrès sont indéniables pour rant un peu, on pourrait dire que ce sont des tests
diagnostiquer une tumeur mais, dans les cas fonc- pour une épaule normale.
tionnels, ces examens ne peuvent remplacer une Pour déterminer avec précision les problèmes
main exercée. d’une épaule, nous nous servons des tests d’écoute
Nous sommes toujours étonnés de voir des et de micro-mobilisations. On doit cependant les
patients chez qui l’arthroscanner a révélé une rup- connaître pour savoir à quelle structure musculo-
ture totale de la coiffe, toujours capables de mou- ligamentaire ils correspondent et être capable de
voir leur épaule. comprendre un diagnostic médical.
De même, nous obtenons de bons résultats fonc- Ligament coraco-acromial
tionnels sur des épaules où le diagnostic fondé sur
la radiographie laissait peu d’espoir au patient de Manœuvre de Yocum (fig. 6-1)
recouvrer une mobilité normale. Parfois, c’est le Le patient met la main de l’épaule douloureuse
contraire, le patient souffre intensément et tous sur l’autre épaule (quand c’est possible). On lui
les examens sont négatifs. demande de lever le coude sans lever l’épaule.

Fig. 6-1. Manœuvre de Yocum.


Chapitre 6. Éléments de diagnostic 71

En cas de conflit entre le tubercule majeur et Tests des conflits


le ligament coraco-acromial, le patient ressent tendino-musculaires
immédiatement une douleur vive.
La douleur peut apparaître aussi en cas d’arthrose Le supra-épineux
et d’ostéophytose acromi-claviculaire chez le tra- Manœuvre de Jobe (fig. 6-4)
vailleur de force et le sportif.
On demande au patient de faire, contre résistance,
une abduction de 90° environ et une flexion de
Jonction acromio-humérale 30° de l’épaule. Le coude est en extension et le
Manœuvre de Neer (fig. 6-2) pouce orienté vers le sol.
On demande au patient de lever son bras ventrale- Si le mouvement est difficile et la résistance dimi-
ment en rotation médiale, la scapula immobilisée. nuée, on peut penser à une rupture du muscle
Ce test permet de mettre en évidence un conflit supra-épineux.
entre le tubercule majeur et le bord antéro-caudal
de l’acromion. Le biceps
Palm-up test de Speed (fig. 6-5)
Jonction du ligament On demande au patient de faire contre résistance
coraco-acromial et l’humérus une antepulsion de l’épaule à 90°, coude tendu,
Manœuvre de Hawkins (fig. 6-3) paume vers le haut.
Le patient lève son bras en avant à 90°, le coude Une douleur, une diminution de la force ou un man-
fléchi à 90°. D’une main, le thérapeute effectue que d’amplitude traduisent une lésion du biceps.
une rotation interne de l’épaule, tout en contrô-
Le subscapulaire
lant la scapula de l’autre main.
Lift-off test de Gerber (fig. 6-6)
La douleur est symptomatique d’un conflit
entre le tubercule majeur et le ligament coraco- On demande au patient de se mettre la main dans
acromial. le dos. On essaie de lui décoller la main de son

Fig. 6-2. Manœuvre de Neer.


72 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 6-3. Manœuvre de Hawkins.

Fig. 6-4. Manœuvre de Jobe.

dos. En cas d’impossibilité, on peut penser à une Le test est positif si le patient ne peut effectuer,
lésion du muscle subscapulaire. contre résistance, une rotation latérale.

L’infra-épineux et le petit rond Signe du clairon (fig. 6-8)


Test de Patte (fig. 6-7) Le patient a le membre supérieur en abduction-
C’est un test des muscles infra-épineux et petit rotation latérale. Il doit pouvoir lever plus son
rond. On demande au patient de mettre le coude coude que sa main si les infra-épineux et petit
de l’épaule douloureuse contre le corps. rond sont intègres.
Chapitre 6. Éléments de diagnostic 73

Fig. 6-5. Palm-up test de Speed.

Fig. 6-6. Lift-off test de Gerber.


74 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 6-7. Test de Patte.

Fig. 6-8. Signe du clairon.


Chapitre 6. Éléments de diagnostic 75

Tests de laxité et d’instabilité Déterminez si la zone est relativement large ou


étroite :
Les épaules laxes sont redoutables à soigner. La • une zone large signifie plutôt une lésion capsu-
stabilité d’une épaule ne repose pas sur un emboî- laire ou de la partie charnue d’un muscle ;
tement des surfaces articulaires mais sur un sys- • une zone étroite est plutôt en faveur d’une
tème musculoligamentaire résistant et tonique. lésion ligamentaire ou tendineuse.
C’est seulement à la fin de l’écoute plus spécifique
Le test
que vous nommez la lésion.
Le patient est assis devant vous, bras pendant. Rappelez-vous notre principe de base « sentez
D’une main, vous attirez le bras distalement d’abord, pensez ensuite ».
en direction caudale dans l’axe du membre
supérieur. Interprétation
Un bâillement articulaire trop prononcé est le Nous avons éduqué notre main pour qu’elle soit
signe d’une laxité ligamentaire. attirée par les lésions tissulaires et non pas unique-
On peut aussi saisir la tête humérale d’une main ment par la douleur. C’est à elle de dire précisé-
et la mobiliser dorsalement, tout en l’étirant cau- ment où diriger notre action et non au patient.
dalement. En principe, sur une épaule normale, le Notre approche est, dans un premier temps, beau-
mouvement doit être minime. coup plus manuelle qu’intellectuelle.
N.B. : Faites attention de toujours mobiliser Afin de vous aider à interpréter vos sensations,
l’épaule vers l’arrière et non vers l’avant pour évi- lorsque vous trouvez un secteur en déséquilibre
ter de créer une subluxation. mécanique, vous pouvez visualiser la tête humérale
L’épaule laxe est soit constitutionnelle, soit comme une sphère posée contre une soucoupe,
acquise. C’est la comparaison entre les deux épau- dont vous étudiez le centrage. Normalement,
les qui vous donne l’origine de la laxité. celui-ci est majoritairement soumis à des actions
musculaires complémentaires.
Dans le sens cranio-caudal :
Diagnostic ostéopathique • le deltoïde, la courte portion du biceps, la lon-
gue portion du triceps et le coraco-brachial
Écoute manuelle de l’épaule créent une ascension de la tête humérale ;
Technique • l’infra-épineux, le supra-épineux, le subsca-
pulaire, le petit rond et la longue portion du
Elle se pratique après l’écoute globale qui se fait biceps sont abaisseurs de la tête humérale.
en position debout et qui permet de déterminer au
Dans le sens antéro-postérieur :
préalable le côté d’un éventuel problème général.
• le subscapulaire repousse la tête humérale vers
Elle se pratique le patient assis devant vous. Placez l’arrière ;
une main englobant toute l’épaule douloureuse. • l’infra-épineux, le supra-épineux et le petit rond
L’écoute constitue un temps diagnostique et non la repoussent vers l’avant (fig. 6-9).
un traitement, la main est passive.
En cas de perception d’un décentrage de la tête
Laissez la main partir en écoute, elle vous dira si le humérale, il devient alors possible de s’orienter
problème est ventral, dorsal, médial ou latéral. plus précisément sur certains muscles.
C’est important au départ de ne pas chercher une
trop grande précision.
Test viscéro-articulaire de l’épaule
Une fois la direction générale du problème trou-
vée, soyez plus précis en plaçant un ou deux Comme nous l’avons vu, l’épaule en dehors de tout
doigts de la main plus spécifiquement sur la zone macro- ou microtraumatismes est souvent le reflet
détectée. d’une dysfonction ou d’une atteinte viscérale.
76 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Muscles deltoïde,
biceps brachial court,
coraco-brachial,
triceps brachial long. Muscle
subscapulaire

Muscles supra-épineux, Muscles supra-épineux,


infra-épineux, infra-épineux, Coiffe postéro-
Coiffe des
subscapulaire, petit rond. supérieure des
rotateurs
petit rond. rotateurs

Vue antérieure Vue craniale


Fig. 6-9. Équilibre musculaire du centrage de la tête humérale.

Cela se traduit par un manque de rotation N.B. : Pour ne pas augmenter la douleur, selon la
médiale ou latérale. Un problème des organes position du bras, on peut mettre un coussin sous le
supradiaphragmatiques limite en général la rota- coude et le bras pour la rotation latérale et laisser
tion latérale, alors qu’un problème viscéral infra- le coude sur la table pour la rotation médiale, la
diaphragmatique affecte plus volontiers la rotation main pendant légèrement en dehors de la table.
médiale.
Notons aussi, comme il est bien connu, que les Compression-inhibition
articulations du thorax et de la colonne vertébrale en position assise
contribuent aux pathologies de l’épaule.
Ils ont l’avantage de relâcher la tension mécani-
que d’un organe due à la pesanteur. Cette der-
Compression-inhibition en décubitus
nière augmente plus en position assise. Ils peuvent
Installé derrière le patient, vous saisissez le poi- cependant se réaliser aussi en décubitus.
gnet du côté de l’épaule douloureuse. Effectuez
d’une main de légers mouvements de rotation Partie supradiaphragmatique
latérale ou médiale, et de l’autre exécutez des Pour mettre en évidence la participation d’un
compressions-inhibitions des organes supra- ou organe supradiaphragmatique sur les douleurs de
infradiaphragmatiques. l’épaule, on comprime le thorax en allant dans le
Pour la rotation latérale, le membre supérieur sens de l’écoute.
repose sur la table, pour la rotation médiale, il est Maintenez la compression une quinzaine de
en dehors de la table. secondes. Le test est dit positif quand l’amplitude
Chapitre 6. Éléments de diagnostic 77

articulaire augmente. Nous nous limitons à don- Zone hiatale


ner les localisations topographiques générales où Posez un pouce de la paume de la main sur la ligne
les compressions-inhibitions ont le plus d’effet. xipho-ombilicale droite et la paume de la main sur
Les organes supradiaphragmatiques en cause sont : l’estomac.
le système pleuro-pulmonaire, le cœur, la bronche Effectuez une poussée-inhibition en direction
principale droite et les seins. caudale.
Système pleuro-pulmonaire
Pancréas et duodénum
À deux travers de doigts latéralement par rap-
Pour le pancréas, réalisez une poussée-inhibition
port à l’articulation sterno-claviculaire, c’est à ce
contre la deuxième partie du duodénum en direc-
niveau qu’il existe la plus forte concentration de
tion de la 10e côte gauche.
fibres pleuro-cervicales.
Pour le duodénum, choisissez la zone du sphinc-
La compression-inhibition est peu profonde et se
ter d’Oddi, située cranialement à trois travers de
réalise surtout en glissement caudal.
doigt au-dessus de l’ombilic sur la ligne ombilico-
Cœur claviculaire droite.
Dans le quadrilatère délimité par :
Autres organes
• une ligne verticale située à un travers de doigt
médialement partant du milieu de la clavicule L’intestin grêle, le côlon et les organes pel-
gauche jusqu’à la 5e côte gauche ; viens sont moins concernés dans les douleurs de
• une ligne verticale allant latéralement à un tra- l’épaule. Nous laissons au lecteur le soin, pour ne
vers de doigt du bord sternal droit jusqu’à pas alourdir ces descriptions, de réaliser lui-même
l’espace entre les 4e et 5e côtes droites ; des compressions-inhibitions là où l’écoute a
• une ligne craniale se dirigeant transversalement dirigé ses doigts.
de la 2e côte gauche au 3e espace intercostal On peut énormément affiner et préciser ces com-
droit ; pressions-inhibitions, c’est surtout le concept qui
• une ligne caudale s’étirant de la 4e chondroster- prime, utilisez votre sensibilité manuelle et votre
nale droite à la 5e côte gauche. culture médicale pour trouver d’autres zones à
inhiber.
Bronche principale droite
Remarque : Certaines parties du système génital
Rappelons qu’elle est le témoin de maladies le plus
comme le col de l’utérus peuvent donner des dou-
souvent génétiques comme l’asthme, l’eczéma, le
leurs d’épaules. Certaines patientes le ressentent
psoriasis, les allergies, les maladies auto-immunes.
lors de la mise en place d’un stérilet.
L’appui se fait sur une ligne rejoignant la 2e arti-
culation chondro-costale droite au 3e espace inter-
costal droit, selon un angle de 45°. Tests artériels
Seins Test d’Adson-Wright
Il faut effectuer une traction-inhibition en direc-
tion craniale et ventrale que l’on demande à la Quand on soigne une épaule, il faut systémati-
patiente d’effectuer où qu’on réalise soi-même. quement vérifier une éventuelle compression de
l’artère subclavière et de sa veine située devant
Partie infradiaphragmatique elle.
Foie Placé derrière le patient, vous évaluez son pouls
Dans la zone comprise autour de la ligne ombi- radial en plaçant le membre supérieur en chan-
lico-médio-claviculaire droite, elle inclut aussi delier. L’avant-bras à 90° sur le bras, le bras en
la vésicule biliaire. On effectue un soulèvement abduction à 90°. En fin de position, vous entraî-
induction du foie. nez la tête en rotation controlatérale.
78 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Une diminution marquée ou une abolition souvent, il existe une anisotension (différence de
du pouls indique une compression de l’artère tension entre les deux bras).
­sous-clavière et de sa veine. Il faut ensuite analy-
ser les nombreux paramètres qui peuvent com-
primer l’artère sous-clavière. Pouls artériels
Pour ceux qui ont lu notre livre Manipulations
Prise de tension vasculaires viscérales, on peut prendre le pouls
Là aussi de manière systématique, comparez la hépatique, splénique et mésentérique supérieur
tension systolique des deux bras. En principe, c’est pendant la mobilisation du bras.
du côté de la tension la plus faible que se situe le Une diminution ou une abolition du pouls indi-
problème, il arrive plus rarement que ce soit du que quel organe ou quelle région est à manipuler
côté de la tension la plus forte. En tous les cas, très en priorité.
Chapitre 7
Traitement manuel
des stabilisateurs actifs
de l’épaule

De nombreux muscles peuvent être considérés Origine


comme ligaments actifs de l’épaule. Ils ont par-
Il trouve son origine sur :
fois autant d’importance que les très renommés
• la scapula, la fosse supra-épineuse ;
« muscles de la coiffe », c’est-à-dire : les petit rond,
• le fascia supra-épineux.
subscapulaire, supra- et infra-épineux.
Pour nous, tous les muscles périarticulaires de Direction
l’épaule sont dignes d’intérêt et l’on ne doit pas se
limiter aux muscles de la coiffe. Elle est horizontale et latérale. Le tendon passe
sous l’acromion et grâce à une bourse séreuse, il
Leur manipulation précise permet d’obtenir : glisse sur la capsule à laquelle il adhère.
• une sédation de la douleur ;
• une récupération de la mobilité ; Terminaison
• un effet sur la pression intra-articulaire ;
• une meilleure répartition du liquide synovial ; Elle se situe sur l’humérus, sur le tubercule majeur
• une meilleure cohésion ostéo-articulaire ; à sa facette supérieure.
• une meilleure coordination musculaire ; Pour mieux palper l’insertion humérale du supra-
• une ré-information proprioceptive centrale ; épineux, on demande au patient, dans la mesure
• une rétroaction neurale. du possible, de mettre le dos de sa main sur la fesse
Remarque : Dans notre routine, nous préférons homolatérale, ce qui tend son attache humérale.
commencer par manipuler les ligaments actifs, Le simple fait de commencer le mouvement est
c’est-à-dire tous les muscles gravitant autour de souvent suffisant pour mettre en tension le muscle
l’épaule, et seulement après libérer les contraintes et son tendon.
capsulosynoviales.
Il va de soi que, comme dans toutes les recom- Rôle
mandations générales, il existe des exceptions. Il coapte la tête humérale dans la glène. C’est un
Elles sont à apprécier en fonction des douleurs et tenseur articulaire qui recentre la tête humérale.
de l’état général du patient. Dans certains mouvements et certaines positions,
on peut dire qu’il oriente la tête humérale.
Le supra-épineux Il a longtemps était considéré comme le « starter »
de la gléno-humérale. À l’heure actuelle, cette
Rappels notion est contestée, mais son rôle de centrage
de la tête humérale lui confère ce rôle de « star-
Voir la figure 7-1. ter positionnel ». Il peut aussi jouer le rôle de
Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


80 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Épine de la
scapula Processus coracoïde

Acromion
Angle supérieur

Muscle supra-
épineux Tubercule
majeur

Muscle
infra-épineux
Bord
médial

Muscle petit rond

Corps de
l’humérus
Angle inférieur

a Bord latéral
Muscle supra-épineux
Acromion

Processus coracoïde

Tubercule majeur

Muscle infra-épineux
Muscle subscapulaire

Muscle petit rond

Bord latéral
Corps de l’humérus

Angle inférieur

b
Fig. 7-1. Muscle supra-épineux.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 81

ménisque articulaire. Il renforce la bourse syno- Les chutes sur l’épaule, le coude et la main créent
viale sous-acromiale. C’est un tenseur capsulaire souvent des lésions du muscle supra-épineux.
qui contrebalance l’action du subscapulaire.

Innervation Techniques
Il est innervé par le nerf suprascapulaire issue de En latérocubitus
C4 et C5 ; c’est une branche du plexus brachial.
Vous vous placez de trois quarts ou derrière le
Vascularisation patient. Celui-ci est en latérocubitus du côté
opposé à l’épaule douloureuse, la main de l’épaule
Il est vascularisé par l’artère suprascapulaire, bran-
concernée posée en pronation sur l’avant-bras qui
che de la thyro-cervicale.
repose sur la table.
Palpation
Aponévrose du supra-épineux
Elle est facile à sa partie scapulaire, il suffit de Rappelons que le supra-épineux s’insère sur son
repérer l’épine scapulaire et de se mettre au-des- aponévrose qui n’a pas qu’un rôle de recouvre-
sus, à ce niveau le corps musculaire est long. Mais ment, comme les fascias.
au fur et à mesure qu’on s’approche de l’articu-
Placez un pouce dans la fosse supra-épineuse, à
lation acromio-claviculaire, le muscle s’amincit et
la recherche de zones de moindre glissement,
devient tendineux pour se perdre sous l’acromion
entre le muscle supra-épineux et son apo­
et devenir plus difficile à sentir.
névrose.
On peut mieux le palper à nouveau quand il res-
Cherchez à restaurer une bonne mobilité aponé-
sort de la gouttière subacromiale pour se diriger
vrotico-musculaire. En général, les zones de fixa-
sur le tubercule majeur. Toujours dans la mesure
tion crissent sous les doigts.
du possible, on demande au patient de se mettre
la main dans le dos. C’est le plus souvent là où le muscle se rétrécit
latéralement qu’on trouve les fixations (fig. 7-2).
Rapports utiles
Gouttière supra-spino-acromiale
Le supra-épineux est recouvert par le trapèze, et Placez un pouce ou un doigt selon la morphologie
dans sa partie latérale par l’articulation acromio- du patient dans la gouttière subacromiale entre
claviculaire et son ligament. l’acromion, la clavicule et la partie postérieure de
Notons qu’il existe une gouttière importante à l’apophyse coracoïde.
explorer constituée par : De votre thorax, poussez gentiment l’épaule en
• l’épine de l’omoplate ; avant et en direction craniale, tout en enfon-
• l’acromion ; çant légèrement et progressivement votre pouce
• la clavicule ; dans la gouttière. Dans les cas hyperalgiques,
• l’apophyse coracoïde. demandez au patient d’exécuter lui-même le
C’est à ce niveau qu’on peut trouver des fixations mouvement.
qui échappent le plus souvent aux investigations Faites glisser latéralement votre pouce dans cette
iconographiques et palpatoires classiques. C’est la gouttière à la recherche de petites surfaces indu-
gouttière supra-spino-acromiale. rées et fibreuses pour les relâcher d’abord directe-
ment et ensuite en induction.
Clinique
Demandez ensuite au patient de mobiliser son bras
Le port des charges lourdes sur l’épaule peut dans un premier temps en abduction et ensuite
affecter le supra-épineux et provoquer une tendi- en antépulsion, toujours dans des amplitudes non
nite et une compression du nerf suprascapulaire. douloureuses (fig. 7-3).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


82 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 7-2. Technique de l’aponévrose du muscle supra-épineux.

Fig. 7-3. Technique de la gouttière supra-spino-acromiale. Fig. 7-4. Technique de l’insertion sur le tubercule majeur.

Insertion sur le tubercule majeur Bourse séreuse subacromiale


Pour mieux la sentir, demandez au préalable au On essaie de créer une séparation entre l’acro-
patient (toujours dans la mesure du possible) de mion et la tête humérale qu’on maintient quel-
diriger un court instant le dos de sa main en direc- ques secondes.
tion lombosacrée. Placez un pouce dans la fosse Le patient est dans la même position, de l’index
supra-épineuse et l’autre entre l’acromion et le et du médius d’une main vous fixez l’acromion.
tubercule majeur. Dites au patient de mobiliser Demandez au patient de réaliser une antépulsion
lui-même sans douleur l’épaule, en abduction et et de la maintenir. De l’autre main, vous augmen-
antépulsion, sa main reposant toujours sur l’avant- tez l’étirement acromio-huméral (fig. 7-5).
bras posé sur la table.
Pendant ce mouvement, faites jouer le tendon
En décubitus
d’insertion sur le tubercule majeur et le corps
musculaire dans la fosse épineuse. Le patient dose Bourse séreuse subacromiale
chaque mouvement qu’il fait pour rester dans les Placé de trois quarts ou derrière le patient, posi-
amplitudes non-douloureuses. tionnez le pouce ou le doigt d’une main dans la
On peut aussi, pendant le mouvement, maintenir gouttière subacromiale, pendant que l’autre main
l’épine de l’omoplate quand le patient effectue fait mouvoir le membre supérieur en adduction-
une antépulsion de l’épaule pour étirer le tendon. rotation latérale.
À la fin, réalisez un étirement direct des deux pou- Essayez d’infiltrer le plus profondément possible
ces et finissez par une induction (fig. 7-4). et avec délicatesse votre pouce ou votre doigt dans

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 83

Fig. 7-6. Technique sur la bourse subacromiale en décubitus.

Fig. 7-5. Technique sur la bourse subacromile en latéro­


cubitus.

la gouttière subacromiale. C’est souvent dans ce


passage que l’on trouve des zones de rugosité, de
frottement et de micro-adhérences (fig. 7-6).

La peau
Les techniques cutanées fonctionnent surtout
au niveau de la fosse supra-épineuse et sur le
bord cranial de la scapula. La peau de la par-
tie médiale du bord cranial de la scapula cor-
respond au système hépatobiliaire. Ce sont les
branches postérieures sensitives dorsales et le
nerf supra-épineux qui permettent d’obtenir
un effet sur le muscle supra-épineux et le foie
(fig. 7-7).

L’infra-épineux
Fig. 7-7. Technique cutanée sur le supra-épineux.
Moins célèbre que le supra-épineux dans la
description de la pathologie de l’épaule, il leurs de l’épaule. Notons qu’il partage le même
joue comme tous les muscles gravitant autour système vasculonerveux que le supra-épineux
de la scapulo-humérale un rôle dans les dou- (fig. 7-8).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


84 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Épine de la
scapula Processus coracoïde

Acromion
Angle supérieur

Muscle supra-
épineux Tubercule
majeur

Muscle
infra-épineux
Bord
médial

Muscle petit rond

Corps de
l’humérus
Angle inférieur

a Bord latéral
Muscle supra-épineux
Acromion

Processus coracoïde

Tubercule majeur

Muscle infra-épineux
Muscle subscapulaire

Muscle petit rond

Bord latéral
Corps de l’humérus

Angle inférieur

b
Fig. 7-8. Muscle infra-épineux.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 85

Rappels important, l’absence de glissement peut provo-


quer des contractures musculaires et des désin-
Origine formations proprioceptives. Elles sont transmises
Il trouve son origine sur : petit à petit sur le tendon et la zone d’insertion
• la fosse infra-épineuse ; humérale (fig. 7-9).
• l’aponévrose infra-épineuse. Tendon de l’infra-épineux
Direction Le patient est couché sur le côté sain. Situé der-
rière lui, vous positionnez un pouce dans la fosse
Horizontale et médiale, il se confond avec la cap- infra-épineuse pour fixer le corps musculaire ou
sule. Il parcourt la gouttière infra-spino-acromiale. l’étirer en direction médiale (fig. 10).
Placez un doigt sur la facette moyenne du tuber-
Terminaison
cule majeur pour étirer le tendon d’insertion et le
Il se termine sur le tubercule majeur à sa facette tubercule majeur en direction latérale. Demandez
moyenne.
Pour mieux palper l’insertion de l’infra-épineux
sur le tubercule majeur, on demande au patient
quand c’est possible de mettre son bras en adduc-
tion-rotation latérale.

Innervation
Le plexus brachial (racines C4–C5), donnant le
nerf suprascapulaire ; c’est le même nerf que pour
le supra-épineux.

Vascularisation
Passe l’artère suprascapulaire, branche de la thyro­
cervicale.

Rôle
Le muscle infra-épineux :
• applique la tête humérale ;
Fig. 7-9. Technique de l’aponévrose de l’infra-épineux.
• renforce la capsule gléno-humérale ;
• c’est un rotateur latéral.

Techniques
En latérocubitus
Aponévrose de l’infra-épineux
Le patient repose sur le côté opposé à traiter. La
main de l’épaule douloureuse repose en pronation
sur l’avant-bras placé sur la table.
Placez vos deux pouces sous l’épine de l’omoplate
et cherchez bien les zones de moindre glisse-
ment en faisant jouer l’aponévrose sur le muscle. Fig 7-10. Technique du tendon de l’infra-épineux (latéro­
Rappelons que le jeu musculo-aponévrotique est cubitus).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


86 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 7-12. Technique de la gouttière infra-spino-acromiale.

et l’acromion. Cette technique ressemble à celle


que nous avons utilisée pour le supra-épineux,
mais notre doigt parcourt la portion sub-spinale
et subacromiale de la scapula.
Le patient repose sur le côté opposé à l’épaule à
traiter dans la position classique des manipulations
de l’épaule.
Fig. 7-11. Technique du tendon de l’infra-épineux (décu­bitus). Placé derrière le patient, posez une main sur la
partie antéromédiale de la tête humérale pour la
au patient d’effectuer un mouvement de l’épaule ramener contre la scapula en direction médiale.
selon deux directions : Nous cherchons à raccourcir la zone d’insertion
• 1/latéralement, dans l’axe du tendon d’inser­ musculotendineuse pour mieux l’explorer.
tion ; Positionnez un pouce ou un doigt sous l’épine de
• 2/cranialement, en abduction. la scapula pour l’amener progressivement vers la
cavité glénoïdale, faites jouer les tissus de médial à
En décubitus latéral et de cranial à caudal.
Placez vous soit de trois quarts, soit à la tête du Vous serez surpris par le nombre de micro-fixa-
patient. Un pouce est posé sur le corps de l’infra- tions que l’on découvre (fig. 7-12).
­épineux et l’autre sur son tendon d’insertion
humérale. Grande incisure scapulaire
Demandez au patient, l’avant-bras fléchi, de réa- On l’appelle aussi l’échancrure spinoglénoïdale.
liser des mouvements de rotation médiale et laté- Elle fait suite au tunnel acromiospinal où le tendon
rale que vous accompagnez ou que vous freinez de l’infra-épineux vient se glisser pour atteindre
pour augmenter la tension tendineuse. la facette supérieure du grand tubercule huméral.
C’est un lieu de passage et d’insertion musculaire
Cette technique d’étirement tendineux peut se
pour l’infrascapulaire et aussi pour le nerf et l’ar-
faire aussi en mettant les deux pouces sur le ten-
tère suprascapulaires.
don (fig. 7-11).
Vous êtes installé derrière le patient qui repose
Gouttière infra-spino-acromiale sur le côté opposé à l’épaule concernée. Il place sa
Après avoir manipulé le corps du muscle infra- main sur la table ou sur son avant-bras.
­épineux, nous allons manœuvrer la partie du D’une main, vous allez légèrement ramener l’arti-
muscle qui se rétrécit sous l’épine de l’omoplate culation de l’épaule en arrière et cranialement.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 87

Innervation
Il est innervé par les C5–C6, nerf axillaire.

Vascularisation
L’artère circonflexe scapulaire passe dans l’espace
axillaire médial.

Rôle
Le muscle petit rond :
• applique la tête humérale contre la glène ;
• est un rotateur latéral (cette action est peu
Fig. 7-13. Technique de la grande incisure scapulaire. puissante).

Rapports remarquables
Vous enfoncez le pouce ou un doigt de l’autre
main délicatement sous l’épine de l’omoplate, Il recouvre la longue portion du triceps. Il est
jusqu’à la grande incisure scapulaire. recouvert par le deltoïde.
Effectuez quelques étirements d’abord en direc-
tement caudale puis médiale. Exécutez quelques Technique
rotations du pouce ou d’un doigt dans la gout-
tière, une fois les mécanorécepteurs bien stimulés, En latérocubitus
faites une induction (fig. 7-13). Selon la position classique, le patient repose sur la
Remarque : C’est une technique qui concerne à table sur le côté opposé à traiter, la main en pro-
la fois le muscle infra-épineux, l’artère suprasca- nation, appuyée sur l’avant bras posé sur la table
pulaire et particulièrement le nerf suprascapulaire (fig. 7-15).
qu’on manipule aussi dans l’incisure scapulaire On place un pouce sur la partie caudale du tuber-
située plus cranialement. cule majeur et avec les doigts de l’autre main, on
agit selon trois modalités :
• pendant que le patient effectue une abduction
du bras on retient le bord axillaire de la scapula ;
Le petit rond • on étire le bord axillaire de la scapula médiale-
ment, tout en accentuant l’abduction de l’hu-
Rappels mérus. Il faut bien focaliser le mouvement de
Voir la figure 7-14. votre pouce sur le tubercule majeur ;
• on fait jouer aussi cranialement et caudalement
Origine la jonction musculotendineuse tout près de
l’humérus. Essayez aussi de séparer les fibres
Il trouve son origine sur le bord latéral de la sca- craniales du petit rond des fibres caudales de
pula, au-dessus du grand rond. l’infra-épineux.
Direction Remarque : En réalité, on manipule ensemble le petit
rond et l’infra-épineux : c’est cependant important
Elle est latérale et craniale. de différencier leurs fibres musculaires pour ne pas
manquer quelques micro-fixations. C’est grâce à
Terminaison cette précision que nous obtenons de bons résultats.
Il se termine sur l’humérus, facette inférieure du À la fin, on réalise une manœuvre en écartement-
tubercule majeur, par un tendon solide. induction des muscles infra-épineux et petit rond.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


88 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Épine de la
scapula Processus coracoïde

Acromion
Angle supérieur

Muscle supra-
épineux Tubercule
majeur

Muscle
infra-épineux
Bord
médial

Muscle petit rond

Corps de
l’humérus
Angle inférieur

a Bord latéral
Muscle supra-épineux
Acromion

Processus coracoïde

Tubercule majeur

Muscle infra-épineux
Muscle subscapulaire

Muscle petit rond

Bord latéral
Corps de l’humérus

Angle inférieur

b
Fig. 7-14. Muscle petit rond.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 89

Fig. 7-16. Technique du petit rond en écartement-induction.

Direction
Elle est caudale et latérale.

Terminaison
Il se termine sur :
• l’angle supérieur de la scapula ;
• la partie adjacente du bord médial de la scapula ;
• il est recouvert par le trapèze et le sterno-cléido-
mastoïdien.
Fig. 7-15. Technique du petit rond en latérocubitus.
Innervation
Manœuvre en écartement-induction Il est innervé par les C4-C5, nerf dorsal de la scapula.
Dans la même position, on place un pouce contre
Vascularisation
le bord caudal de l’infra-épineux et l’autre contre
le bord cranial du petit rond. Quand le patient Elle est complexe, on peut retenir le tronc thyro-
effectue son abduction du bras, on sépare les deux cervical et l’artère cervicale superficielle.
muscles en induction (fig. 7-16).
Rôle
Il attire cranialement et médialement l’angle supé-
Élévateur de la scapula rieur de la scapula, ce qui repousse l’angle inférieur
de la scapula latéralement et fait basculer la scapula.
Rappels Il incline faiblement le cou quand la scapula est fixe.
Voir la figure 7-17.
Clinique
Origine
Son attache sur l’angle supérieur de la scapula
Il trouve son origine sur les vertèbres cervicales, est très souvent douloureuse dans les affections
les processus transverses de C1 à C4 sur leurs vésiculaires et hépatiques. C’est une relation bien
tubercules postérieurs. connue de notre monde ostéopathique.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


90 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Processus transverse de C1-C4

Muscle élévateur de la scapula

Angle supérieur
Clavicule

Acromion
Épine de
la scapula

Bord médial

Scapula,
face postérieure

Angle inférieur

Fig. 7-17. Muscle élévateur de la scapula.

Il existe un nerf perforant traversant l’insertion de cervicales, l’occiput du patient reposant sur votre
l’élévateur de la scapula sur l’angle supérieur, il est paume.
souvent très sensible. Le pouce de l’autre main se positionne sur l’angle
Ses attaches sur les processus transverses des quatre supérieur de la scapula qu’il repousse caudalement
premières cervicales mettent en relation la colonne et latéralement avec délicatesse, pensez au nerf
cervicale et la scapula. Leur irritation peut provo- perforant.
quer des cervicalgies postérieures superficielles En fin de mouvement, demandez au patient de
accompagnées d’un point douloureux scapulaire. faire glisser sa main caudalement sur la table, le
En dehors de toute notion traumatique, suspectez long du fémur pour augmenter l’effet d’étire­ment.
une atteinte hépatobiliaire. On peut aussi imprimer au cou un léger mouvement
Les relations viscérales classiques sont la vésicule de flexion latérale-rotation controlatérale pour
biliaire pour le côté droit et le pancréas pour le augmenter la tension des attaches musculaires.
côté gauche. Remarque : Nous décrirons des manipulations
plus précises de ses attaches cervicales dans un
ouvrage à paraître sur la colonne vertébrale.
Technique
En latérocubitus
En décubitus
Dans la position classique, le patient repose sur
Installé à la tête du patient, placez la pulpe des le côté opposé à traiter. Posez vos deux pouces,
doigts proximaux sur les processus transverses des côte à côte, sur l’angle supérieur de la scapula.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 91

Demandez au patient d’antéfléchir l’épaule et de doucement une technique cutanée en induction


la diriger caudalement (fig. 7-18). (fig. 7-19).

En procubitus
Effectuez un étirement-induction cutané en regard Les rhomboïdes
de l’insertion sur l’angle supérieur. Il a pour effet
de diminuer la sensibilité du nerf perforant. Rappels
Attention en cas de problème hépatique, la peau
est très sensible à ce niveau. Il est bon d’effectuer Voir la figure 7-20.

Origine
Ils trouvent leur origine :
• pour le petit rhomboïde, les épineuses de C6 et
C7 ;
• pour le grand rhomboïde, les épineuses de D1 à
D5.

Direction
Elle est oblique latérale et caudale.

Terminaison
Ils se terminent sur la scapula, à son bord médial.

Innervation
Ils sont innervés par C4-C5, le nerf dorsal de la
scapula.

Vascularisation

Fig. 7-18. Technique de l’élévateur de la scapula en latéro­ Ils sont vascularisés par l’artère thoracodorsale,
cubitus. branche de la subscapulaire issue de l’axillaire.

Fig. 7-19. Technique de l’élévateur de la scapula en procubitus.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


92 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

C1 (atlas)
C2 (axis)

Muscle petit rhomboïde


Processus épineux Angle supérieur
de C7, vertèbre
Clavicule
proéminente
Acromion
Processus épineux
Épine de
de T1-T4
la scapula

Bord médial
Muscle grand
rhomboïde Scapula,
face postérieure

Angle inférieur

Fig. 7-20. Muscles rhomboïdes.

Rôle associant avec les autres techniques de l’épaule


que leur manipulation est efficace. Leur relâche-
Ces deux muscles peuvent être confondus, ils
ment apporte un confort général, ce ne sont pas
appliquent la scapula contre la cage thoracique. Ils
des muscles spécifiquement associés à une fixation
attirent médialement la scapula. Ils sont les anta-
ostéoarticulaire précise.
gonistes du dentelé antérieur.

Particularité
Technique
L’insertion scapulaire du petit rhomboïde est
très proche de l’élévateur de la scapula, il est par- En latérocubitus
fois difficile de ne pas les impliquer lors de leurs Selon les mêmes modalités de la position de rou-
manipulations. tine, le patient repose sur le côté opposé au bras
concerné.
Relations viscérales
Placez vos pouces sur le bord médial de la sca­
Ce sont : pula, en faisant varier leur appui de cranial à caudal.
• le foie pour le petit rhomboïde ; Demandez au patient de fléchir et d’antépulser
• les organes intrathoraciques pour les deux l’épaule, accompagnez ce mouvement de vos deux
rhomboïdes. pouces. Cherchez bien les points de micro-adhé-
Remarque : La manipulation de ces muscles s’ins- rences ou d’indurations pour les libérer en induc-
crit dans un contexte plus global, c’est en les tion (fig. 7-21).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 93

Fig. 7-21. Technique du rhomboïde en latérocubitus. Fig. 7-22. Technique du rhomboïde en procubitus.

En décubitus Le grand rond


Placez les doigts d’une main sur le bord médial
de la scapula et de l’autre vous amenez le mem- Rappels
bre supérieur homolatéral en abduction, rotation
latérale. Voir la figure 7-23.
En cas d’épaule douloureuse, vous demandez au Origine
patient de réaliser progressivement lui-même le
mouvement. Il trouve son origine sur :
• la scapula, à son angle inférieur et à sa partie
adjacente ;
En procubitus • le bord médial de la scapula.
Le patient repose sur la table, les membres supé-
Direction
rieurs pendant en dehors de la table.
De vos pouces ou de vos doigts, vous entraînez Elle est oblique latérale et craniale.
la scapula latéralement. Demandez au patient à la
fin du mouvement d’étirer son bras, comme s’il Terminaison
voulait toucher le sol de ses doigts. Il se termine sur l’humérus :
À ce niveau cherchez aussi les petits filets ner- • dans le sillon intertuberculaire à sa lèvre interne,
veux dans le derme et l’hypoderme. Leur mani- proche de la crête du tubercule mineur ;
pulation permet d’avoir un effet hépatobiliaire • en arrière de l’attache du grand dorsal, leurs
(fig. 7-22). fibres d’insertion se rejoignent.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


94 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Muscle
grand rond

Acromion

Processus coracoïde
Clavicule
Tubercule mineur

Tubercule majeur Scapula,


face costale
Sillon
intertuberculaire
Crête du
tubercule mineur
Crête du
tubercule majeur

Muscle
grand rond
Angle
Muscle inférieur
grand dorsal

Fig. 7-23. Muscle grand rond.

Innervation Technique
Il est innervé par le nerf thoraco-dorsal, issu du En latérocubitus
nerf subscapulaire (C6–C7).
C’est la position classique où la main de l’épaule
Vascularisation concernée repose sur l’avant-bras posé sur la table.
Il est vascularisé par l’artère subscapulaire, bran- Abordez le bras dans sa partie médio-proximale
che de l’artère axillaire. pour placer les deux doigts d’une main au niveau
du tubercule mineur, juste en dessous du subsca-
Rôle pulaire pour maintenir l’humérus.
Il sert à : Positionnez les deux doigts de l’autre main sur le
• la rétroversion médiale du bras, accompagnée bord latéral de la scapula, près de l’angle inférieur.
d’une petite rotation médiale ; Repoussez le bord et l’angle inférieurs de la
• l’adduction. scapula médialement, en amenant l’humérus
en légères rotations médiales et latérales (fig.
Particularités
7-24).
C’est le jumeau du grand dorsal, il est vraiment Remarque : Le grand rond passe en dessous et
difficile de différencier leurs insertions proximales en avant du chef long du triceps et forme avec
sur l’humérus. ce dernier les espaces axillaires médial et latéral et
Cette gémellité en fait un muscle « viscéral » en les triangles omo- et huméro-tricipitaux que nous
relation avec les organes sub-diaphragmatiques, étudions plus loin. Nous verrons d’autres techni-
en particulier les reins et l’intestin. ques pour étirer les espaces huméro-tricipitaux.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 95

Fig. 7-24. Technique du grand rond en latérocubitus.

En décubitus
Le patient repose le bras en légère abduction et
rotation latérale.
Placez les doigts d’une main sur l’angle inférieur
de la scapula et sa partie adjacente. Les doigts de
l’autre main contactent la partie médiale du bras
vers le tubercule mineur.
Entraînez l’insertion humérale du grand rond en
rotation latérale, tout en repoussant simultané-
ment l’angle inférieur de la scapula médialement
(fig. 7-25).
NB : Comme pour toutes les techniques de
l’épaule en fonction de la gêne ou de la douleur
ressentie, le patient mobilise lui-même son bras.
Vous accompagnez le mouvement jusqu’à la zone
douloureuse, sans la dépasser. Fig. 7-25. Technique du grand rond en décubitus.

Le grand dorsal
Origine
Rappels Il trouve son origine sur :
• l’épineuse des six dernières dorsales ;
Voir la figure 7-26. • les ligaments surépineux correspondants ;
C’est le plus grand muscle de l’homme, ce qui • l’épineuse des cinq vertèbres lombaires ;
explique ses nombreuses insertions osseuses. C’est • l’angle inférieur de la scapula ;
le muscle qui relie le membre supérieur et le tho- • la face latérale des trois ou quatre dernières
rax au bassin. Il est impliqué dans de nombreux côtes ;
problèmes mécaniques et viscéraux. • le fascia thoraco-lombaire ;

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


96 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

• le tiers postérieur de la crête iliaque ; Bourse séreuse


• la crête sacrée.
Il existe une bourse séreuse juste avant la réunion
du grand dorsal et du grand rond.
Direction
Elle est oblique craniale et latérale. Innervation
Il est innervé par le nerf thoracodorsal, issu du
Terminaison subscapulaire (C6-C8).
Il se termine sur l’humérus. Notons qu’il est remarquable qu’un muscle ayant
Les fibres musculaires se tordent sur elles-mêmes une attache lombosacrée soit innervé par des raci-
pour s’attacher sur la crête du tubercule mineur et nes cervicales.
le sulcus intertuberculaire.
Vascularisation
Il échange des fibres avec le grand rond, il n’est
pas possible d’individualiser à la palpation l’inser- Il est vascularisé par l’artère thoracodorsale, issue de
tion de ces deux muscles. l’artère subscapulaire, elle-même issue de l’axillaire.

Scapula
Bord latéral

Muscle grand
rond
Muscle grand dorsal,
Humérus partie scapulaire

Processus épineux de T7

Muscle grand dorsal,


partie vertébrale

Muscle grand dorsal,


Fascia thoraco-lombal partie iliaque

Crête iliaque

Os iliaque

Sacrum

a
Fig. 7-26. Muscle grand dorsal.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 97

On se rend compte que, lorsque nous manipulons Rôle


le défilé thoracique et son contenu, nous agissons
Il abaisse le bras érigé en adduction. Quand les
sur une multitude d’éléments vasculonerveux à
deux grands dorsaux se contractent, ils attirent les
peine soupçonnable dont font partie l’artère du
épaules en direction dorsale et caudale.
grand dorsal et le nerf thoraco-dorsal.
Ils agissent lors de la toux et l’expiration forcée. Il est
Particularités le lien musculaire du bassin avec le thorax et l’épaule.

Le grand dorsal se développe embryologique- Connexion viscérale


ment de façon commune avec le grand rond.
Il est en partie responsable des douleurs d’épaule
Comme nous l’avons dit, c’est le plus grand mus-
en relation avec la sphère uro-génitale.
cle humain. Il forme le plan musculaire de la paroi
postérieure de la fosse axillaire. Il donne cette Triangle de Jean-Louis Petit
forme triangulaire, visible de dos, chez les bons Il nous sert de repère topographique dans les
nageurs. manipulations du grand dorsal, il est formé par :
• l’oblique externe, latéralement ;
• le grand dorsal, médialement ;
• la crête iliaque, caudalement.

Technique
En latérocubitus
1re modalité
Vous êtes installé derrière le patient dans la position
classique où il repose du côté opposé à traiter.
La main en pronation est placée sur l’avant-bras
posé sur la table.
Mettez les deux doigts d’une main près de la gout-
tière intertuberculaire et du tubercule mineur, à la
partie médiale du bras.
Du pouce ou des deux doigts de l’autre main,
positionnés tour à tour sur les différentes épineu-
Muscle ses thoracolombaires, vous créez une tension du
grand
dorsal côté opposé au grand dorsal traité, c’est-à-dire
que vos doigts créent une poussée vers la table.
Demandez au patient d’amener son bras en
abduction-antépulsion. De vos deux mains, vous
augmentez progressivement l’étirement obtenu.
Pour certaines personnes, on peut, en plus, leur
demander d’étirer distalement le membre infé-
rieur du côté du grand dorsal traité pour créer un
double étirement (fig. 7-27).

2e modalité
b Nous aimons associer l’étirement du grand dorsal
Fig. 7-26. Suite. à la manipulation du rein.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


98 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 7-27. Technique du grand dorsal en latérocubitus Fig. 7-28. Technique du grand dorsal en latérocubitus
(1re modalité). (2e modalité).

Dans la même position, coude au corps, vous tension dirigée vers les processus transverses des
plaquez la paume d’une main contre les 3e et 4e 2e et 3e lombaires. Nous savons que le grand dor-
lombaires, le pouce dans le triangle de Jean- sal s’attache sur les épineuses et non sur les trans-
Louis Petit. verses, mais en fait l’appui s’effectue à la fois sur
Le patient effectue une abduction du bras que les épineuses et sur les transverses.
vous accompagnez, tout en mobilisant de votre Attirez le bras en direction craniale et en légère
pouce le rein ventralement et médialement. abduction, tout en demandant au patient de faire
Cette technique est très efficace notamment dans glisser son pied sur la jambe opposée.
les suites de traumatismes importants où le rein, Pendant que le mouvement se déroule, effec-
organe d’une grande densité, est un récepteur tuez une compression-inhibition dans un premier
mécanique des forces collisionnelles (fig. 7-28). temps, contre les apophyses épineuses et trans-
verses et, dans un deuxième temps, contre la face
En décubitus postérieure du rein (fig. 7-29).
Vous êtes installé du côté du grand dorsal à mobi- Remarque : Cette technique joue par son effet
liser. Demandez au patient d’amener le membre d’étirement du grand dorsal au niveau du bras,
inférieur en flexion et en abduction, jusqu’à poser mais aussi par l’effet réflexogène généré par l’ap-
sa plante du pied contre la face médiale du genou pui lombaire.
opposé. Chez les patients souples et quand la douleur le
Placez un ou plusieurs doigts entre la scapula et permet, on leur demande aussi de mettre une
l’humérus, près du tubercule mineur. main derrière la tête.
De deux doigts de l’autre main, infiltrés dans Il est alors facile de mobiliser le bras en direction
le triangle de Jean-Louis Petit, vous créez une craniale et légère abduction. La position de la

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 99

Fig. 7-29. Technique du grand dorsal en décubitus.

main se fait toujours près du tubercule mineur. La Innervation


technique consiste à conjuguer l’effet d’étirement
Il est innervé par C6-C7, nerf musculocutané.
du bras et de la jambe.
Vascularisation
Il est vascularisé par l’artère circonflexe anté­rieure.
Le coraco-brachial
Rôle
Rappels Le coraco-brachial :
Voir la figure 7-30. • plaque et maintient la tête humérale
• antéverse le bras.

Origine Particularité
Il trouve son origine sur le processus coracoïde. Il échange des fibres avec le petit pectoral, ce qui
Son tendon conjoint avec le chef court du biceps en fait un élément important pour libérer l’artère
est plus médial et postérieur. axillaire de ses contraintes mécaniques dans le tun-
nel sous-pectoral.
Direction
Elle est essentiellement caudale. Technique
En décubitus
Terminaison
1/Vous êtes installé derrière le patient ou de trois
Il se termine sur l’humérus, à sa face médiale dans quarts, celui-ci repose son bras, en légère abduc-
le prolongement de la crête. tion, rotation latérale.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


100 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Sternum

Muscle grand pectoral,


partie claviculaire
Clavicule

Acromion

Processus coracoïde
Tubercule mineur

Tubercule majeur

Sillon
intertuberculaire

Crête du
tubercule majeur

Muscle coraco-
brachial

Humérus

Fig. 7-30. Muscle coraco-brachial.

Placez un pouce sur le processus coracoïde, au et de l’autre main, on saisit le bras pour étirer
sommet du sillon delto-pectoral, et l’autre pouce la tête humérale en l’éloignant du processus
ou les doigts sur la partie médiale de l’humérus, coracoïde.
en arrière du pectoral. Ajoutez à la fin du mouvement d’étirement distal
Pendant que le patient augmente l’abduction, la un peu de rotation latérale (fig. 7-32).
rotation humérale et l’extension du coude, vous NB : Notre but n’est pas d’étirer simplement des
amplifiez l’étirement obtenu en écartant vos deux fibres ligamentaires, mais d’avoir un effet sur les
pouces (fig. 7-31). mécanorécepteurs. L’écoute est indispensable
2/Installé à côté du patient, de l’éminence thé- pour réaliser une induction de qualité dans cette
nar d’une main on fixe le processus coracoïde technique.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 101

Fig. 7-31. Technique du coraco-brachial en décubitus (1re modalité).

Le biceps brachial
Rappels
Voir la figure 7-33.

Origine
Le biceps a un chef long et un chef court :
• le chef long : la scapula, sur le tubercule
supraglénoïdal ;
• le chef court : la scapula, sur le processus cora-
coïde, à sa partie ventrale. Son insertion est laté-
rale au petit pectoral et au coraco-brachial.

Direction
Elle est caudale et verticale. Les deux chefs se
rejoignent vers la terminaison du deltoïde.

Terminaison

Fig. 7-32. Technique du coraco-brachial en décubitus Il se termine sur la tubérosité radiale par un très
(2e modalité). fort tendon.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


102 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Tubercule Vascularisation
mineur
Tubercule Il est vascularisé par l’artère humérale circonflexe
majeur antérieure, branche de l’axillaire.

Rôle
Notons que le biceps brachial ne fait pas partie de
Sillon la coiffe, mais qu’il est fortement impliqué dans
inter- les lésions capsulaires antérieures.
tuberculaire
Il applique la tête humérale dans la glène, caudale-
ment, médialement et postérieurement.
Il stabilise le labrum, nous nous servons de cette
caractéristique dans les manipulations du labrum.
Il joue un rôle de coaptation de l’articulaire.

Action
Muscle biceps
brachial, chef court Par son chef long, c’est un abducteur et rotateur
Muscle médial. Le chef court est adducteur.
biceps brachial, Les deux chefs réunis antéversent l’épaule.
chef long
Il est fléchisseur et supinateur de l’avant-bras.
Lors de la flexion du coude, l’avant-bras se met
en supination.

Particularités
Le chef long :
• traverse l’articulation gléno-humérale en pas-
sant dans le sillon intertuberculaire dans sa pro-
pose synoviale ;
• utilise la tête humérale comme poulie de
réflexion ;
• son tendon est intracapsulaire, mais avec une
gaine synoviale qui lui est propre ;
• le tendon s’infléchit selon un angle de 110° ;
• passe sous la voûte acromiale où il est souvent
surmené, c’est le syndrome de « l’essuie-glace » ;
• est un muscle bi-articulaire.

Fig. 7-33. Muscle biceps brachial. Palpation

Le lacertus fibrosus qui est une expansion fibreuse Pour mieux sentir l’insertion du chef long du
aplatie de l’aponévrose du biceps brachial. Il s’insère biceps, on demande au patient de mettre son
sur le fascia antébrachial en direction de l’ulna. membre supérieur en supination-rotation latérale.

Innervation Ligament transverse de l’humérus


Il est innervé par C5-C7, le nerf musculocutané Il forme le tunnel moitié osseux, moitié fibreux où
et le nerf radial pour quelques fibres latérales du passe le tendon du long biceps. On l’appelle aussi
muscle. le ligament de Gordon-Brodie (fig. 7-34).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 103

Ligament Ligament
acromio-claviculaire coraco-claviculaire

Acromion
Ligament
coraco-
Voûte
acromial Clavicule
humérale
Processus
coracoïde

Ligament transverse
Ligament coraco- scapulaire supérieur
huméral

Capsule articulaire,
ligaments gléno-
huméraux
Gaine synoviale
intertuberculaire Récessus axillaire

Sillon intertuberculaire

Humérus

Fig. 7-34. Tunnel bicipital.

Localisation Rôle
Il se situe dans le sillon intertuberculaire. Il maintient et oriente le tendon dans la gouttière.
Composition du tunnel bicipital
Ce canal ostéofibreux est formé par : Technique
• ventralement, le ligament gléno-huméral ;
• dorsalement, le ligament coraco-huméral. Manipulation du chef long
Il passe en pont sur le tendon bicipital, en s’insé- En latérocubitus
rant sur les tubercules majeur et mineur. Vous êtes installé derrière le patient qui repose sur
le côté opposé au membre supérieur à traiter, la
main positionnée sur la partie latérale de la cuisse.
●● À noter
À l’aide d’un pouce, vous remontez le long
Il échange surtout des fibres avec :
• le subscapulaire, médialement ; de la face médiale du bras jusqu’à rencontrer
• le supra-épineux, cranialement. le tubercule supraglénoïdien de la scapula,
La tension réciproque de ces deux muscles sur en repoussant latéralement le bord médial du
le ligament transverse maintient une certaine deltoïde.
« béance tunnellaire », nécessaire au coulissement Placez l’autre main sur la jonction des chefs long
du tendon. et court à environ la moitié de l’humérus.
Important : ces deux muscles par leur effet de ten-
seurs réciproques permettent une relative béance Fixez l’insertion supraglénoïdienne de la scapula
du canal ostéofibreux. Cette béance intracanalaire et demandez au patient de faire glisser distalement
est indispensable au coulissement du tendon du sa main, comme s’il voulait agrandir son membre
biceps. supérieur.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


104 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Accompagnez, en direction caudale, le mouve- faites jouer distalement l’insertion humérale du


ment du glissement distal du bras par votre prise biceps brachial (fig. 7-36).
située à la réunion des deux chefs du biceps. Remarque : Du fait de l’insertion coracoïdienne
On peut en fin de mouvement, augmenter la ten- commune du court biceps et du coraco-brachial,
sion musculaire par une petite rotation latérale on ne peut dissocier leur manipulation. (Reportez-
(fig. 7-35). vous au paragraphe sur le coraco-brachial.)
On peut augmenter l’étirement en jouant sur
Manipulation du chef court
l’insertion radiale du biceps brachial, mais cette
De votre pouce, vous remontez le long du sillon manœuvre ne nous a pas convaincus. L’effet se
delto-pectoral pour fixer le processus coracoïde. focalise plus sur le corps du biceps que sur ses
Selon la même technique que précédemment, insertions proximales.

Fig. 7-35. Technique du chef long du biceps brachial.

Fig. 7-36. Technique du chef court du biceps brachial.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 105

Fig. 7-37. Technique du biceps brachial en corde de guitare (1re modalité).

Manipulation « en corde Pour la partie craniale, qui est la plus importante


de guitare » du tendon à manipuler, on pratique cette technique sous le
En décubitus deltoïde et à travers ce muscle.
On peut aussi fixer le tendon et demander au
Le patient pose la main du côté du tendon
patient de faire des rotations du bras.
concerné sur l’abdomen pour le relâcher.
Placez deux ou trois pulpes de doigts sur la partie Manipulation du ligament transverse
médiale de la gouttière. Dans cette manœuvre, les
Réalisez des petits ponçages précis sur les bords
mobilisations du tendon doivent se faire progres-
médial et latéral du sillon intertuberculaire et sur
sivement et doucement.
les crêtes du tunnel ostéofibreux.
1re modalité Cherchez les parties indurées et sensibles, on peut
Quand le patient effectue une rotation latérale, demander aussi au patient de mobiliser son bras
de vos doigts vous attirez latéralement le tendon en rotation médiale et latérale.
bicipital. Inversement, lors du retour en rotation La technique en « corde de guitare » ou celle du
médiale, vous accompagnez le tendon en direc- ligament transverse peut se pratiquer en décubitus
tion médiale (fig. 7-37). ou latérocubitus.
NB : On peut effectuer deux sortes de glissement
2e modalité du tendon :
Elle consiste à contrarier les mouvements ten- • soit longitudinalement, en s’aidant d’une exten-
dineux précédents. Le patient mobilise son bras sion du bras et de l’avant-bras ;
alternativement en rotation médiale et laté- • soit transversalement, avec une rotation de
rale. Lors de la rotation latérale, on maintient l’humérus.
le tendon médialement et inversement pour la Pour être plus complet dans la manipulation du
rotation médiale. Quand la tension est assez ligament transverse de l’humérus, on manipule
importante, laissez revenir comme une corde de aussi les muscles supra-épineux et subscapulaire.
guitare.
Si vous avez du mal à sentir le tendon, demandez
au patient de contracter le biceps avec la main en
Le triceps
supination.
Rappels
Effectuez ce traitement « en corde de guitare » sur
plusieurs centimètres, tout le long de la gouttière. Voir la figure 7-38.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


106 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Chef latéral

Chef long

Muscle triceps
brachial,
chef médial
Muscle triceps
Chef médial
brachial,
chef long
Muscle triceps
brachial, Muscle
chef latéral triceps brachial
Muscle
anconé

Épicondyle médial b

Olécrâne
Muscle anconé

Ulna

Radius

a
Fig. 7-38. Muscle triceps brachial.

Origine • le chef médial s’insère sur :


– l’humérus, sous le sillon du nerf radial ;
Elle se fait par trois chefs d’insertion : – ce chef médial n’est visible que dans sa partie
• le long chef s’insère sur : distale, cranialement il est recouvert par les
– le tubercule infraglénoïdien de la scapula ; chefs long et latéral ;
– le bord latéral de la scapula, près du tubercule ; • le chef latéral s’insère sur :
– il passe devant le petit rond et derrière le – l’humérus, au-dessus du nerf radial et en des-
grand rond ; sous du tubercule majeur.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 107

Remarque : Il existe souvent une connexion fas- • l’espace axillaire médial, où passe l’artère cir-
ciale entre le chef long et le grand dorsal au niveau conflexe scapulaire ;
scapulaire. • le triangle humérotricipital, où passe le nerf
radial et l’artère profond du bras.
Direction
Bourse olécrânienne
Elle est distale, la réunion des trois chefs a lieu à
Elle se trouve sur le tendon terminal du triceps à
environ une main au-dessus de l’articulation du
son attache olécrânienne et peut être affectée lors
coude.
de mouvements répétitifs.

Terminaison
Technique
Le tendon terminal du triceps vient s’attacher
sur : Le chef long
• l’olécrâne ulnaire ; En latérocubitus
• la paroi postérieure de la capsule ; 1re modalité
• le fascia antébrachial recouvrant en partie
Installez-vous derrière le patient qui est en posi-
l’anconé.
tion classique, couché sur le côté opposé à traiter,
la main reposant en pronation sur la table.
Innervation
D’un pouce, vous remontez le long du bord laté-
Il est innervé par C6-C8, nerf radial. ral de la scapula jusqu’au tubercule infraglénoï-
dien pour fixer l’insertion craniale.
Vascularisation De l’autre main, vous amenez le bras en flexion.
Il est vascularisé par l’artère circonflexe posté- Étirez la partie musculaire avec le pouce posé à
rieure du bras, née de l’axillaire. la réunion des trois chefs du triceps, située à un
travers de main au-dessus du coude.
Rôle On peut aussi faire un contre-appui sur l’olécrâne
à la place du bras, pour avoir un effet capsulosy-
Le triceps fait : novial sur le coude.
• extension du coude pour le tendon terminal ; En cas de douleur, demandez au patient d’anté-
• rétroversion et adduction du bras pour le chef pulser l’épaule et de fléchir progressivement son
long ; coude.
• tension capsulaire avec l’anconé.
Nous verrons la bourse synoviale de l’olécrâne
avec le coude (fig. 7-39).
Particularités
Le chef long est en rapport direct avec le labrum, 2 e modalité
caractéristique dont nous nous servons pour mani- Les deux pouces sont posés sur le tubercule infra-
puler ce dernier. glénoïdien et la glène. Thorax contre le patient,
Certaines de ses fibres fusionnent avec la capsule on pousse en bloc l’épaule et le thorax, ventrale-
du coude et plus rarement avec celles de l’épaule. ment et cranialement. C’est votre corps entier qui
À retenir particulièrement : Les manipulations du imprime un appui lent et progressif sur le tuber-
triceps ont un effet sur le labrum et la capsule arti- cule infraglénoïdien.
culaire du coude. Prenez la précaution de ne pas pousser la tête
Il forme avec le petit rond, le grand rond et humérale seule en avant, pour ne pas la mettre en
­l’humérus : position de subluxation.
• l’espace axillaire latéral, où passe le nerf axillaire L’appui se fait sur la scapula par l’intermédiaire du
et l’artère circonflexe humérale postérieure ; tubercule infraglénoïdien (fig. 7-40).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


108 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

NB : C’est une technique qui met en jeu l’élasti- Placez un pouce sur le tubercule infraglénoïdal et
cité du labrum. l’autre main à plat à la partie dorsale du bras de
manière à avoir les doigts sur la réunion des trois
En décubitus chefs du triceps.
Le patient repose le membre supérieur à traiter le Demandez au patient de fléchir le coude, le doigt
long du corps. infraglénoïdal servant de point fixe, l’autre main
accentue la tension musculaire par un étirement
caudal (fig. 7-41).
Remarque : On peut placer la main humérale
autour de l’avant-bras pour étirer l’insertion du
triceps sur le fascia antébrachial. Cette manœuvre,
qui concerne plus le coude et l’avant-bras, est étu-
diée dans les manipulations du coude.

Le petit pectoral
Rappels
Voir la figure 7-42.

Origine
Il trouve son origine sur le processus coracoïde,
dans la moitié ventrale de son bord médial, média-
Fig. 7-39. Technique du chef long du triceps brachial en
lement par rapport aux coraco-brachial et biceps
latérocubitus (1re modalité). brachial.

Fig. 7-40. Technique du chef long du triceps brachial en latérocubitus (2e modalité).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 109

Fig. 7-41. Technique du chef long du triceps brachial en décubitus.

Clavicule

Acromion

Processus
coracoïde

Muscle petit
pectoral
Troisième
Humérus et cinquième
côtes

Fig. 7-42. Muscle petit pectoral.

Direction Vascularisation
Elle est caudale et légèrement médiale. Il est vacsularisé par les branches pectorales de
l’artère thoraco-acromiale.
Terminaison
Il se termine sur les 3e, 4e et 5e côtes. Rôle
Le petit pectoral :
Innervation
• abaisse la scapula et par ce biais l’épaule ;
Il est innervé par C6–C8, nerfs pectoraux. • rotateur médial ;

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


110 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

• inspirateur annexe ; repose en pronation sur l’avant-bras posé sur la


• protecteur du système vasculonerveux sub­clavier. table.
Des doigts d’une main vous fixez les 3e, 4e et
Particularités
5e côtes, à leur partie antérieure. Du pouce ou
C’est le seul muscle de l’épaule qui ne s’attache d’un doigt de l’autre main, vous entraînez le pro-
pas sur le membre supérieur. cessus coracoïde latéralement et céphaliquement,
Il échange des fibres avec le ligament coraco-brachial. pendant que le patient réalise une abduction suivie
Il recouvre le plexus brachial et le paquet vasculaire d’une antépulsion (fig. 7-43).
destiné au bras et au thorax. Il est rétracté et souvent Manœuvre en glissement médial
fibreux dans les cyphoses, les épaules enroulées.
Placez délicatement votre pouce contre le bord laté-
Rapports importants ral du petit pectoral et, dans de très rares cas, chez
des personnes laxes, entre le muscle et les côtes.
Il protège en les couvrant :
• le plexus brachial ; Le but de la manœuvre est de faire glisser le petit
• le paquet vasculaire axillaire. pectoral sur le thorax en le repoussant médiale-
ment et non de le décoller. Attention cette région
Fait intéressant est très sensible, progressez gentiment et lente-
ment, ayez l’impression d’un glissement onctueux
C’est en plaquant d’un pouce les muscles grand et du bord latéral du petit pectoral.
petit pectoral contre la poitrine du patient qu’on
ressent très nettement le pouls de l’artère axillaire. Le petit pectoral, quand il devient fibreux, com-
C’est d’autant plus facile que le bras est tendu en presse le plexus brachial, la veine et l’artère
abduction. En revanche, le pouls est beaucoup plus axillaire. Il provoque alors des névralgies cervico-
difficile à percevoir quand ces muscles sont relâchés. brachiales et des ischémies transitoires du mem-
bre supérieur (fig. 7-44).
Cette technique se fait plus volontiers en latéro­
Technique cubitus, attention le pouce reste passif, il transmet la
poussée progressive que votre tronc et votre mem-
En latérocubitus
bre supérieur lui transmettent. On doit avoir l’im-
Vous êtes installé derrière le patient, selon la pression que le bord latéral du petit pectoral effectue
position habituelle où la main du côté à traiter un mouvement combiné avec les côtes du patient.

Fig. 7-43. Technique du petit pectoral en latérocubitus.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 111

Fig. 7-44. Technique du petit pectoral en glissement médial.

Relation émotionnelle Le grand pectoral


Les muscles pectoraux sont vraiment les muscles
de notre défense vis-à-vis des autres et des agres- Rappels
sions externes qu’elles soient physiques ou émo-
tionnelles. Ce sont des muscles très tendus chez Voir la figure 7-45.
les timides et les introvertis. Il nous paraît moins important que le petit pecto-
Ils ferment la cage thoracique comme s’ils vou- ral, mais leurs connections neurales et leur proxi-
laient empêcher quelqu’un d’entrer, ou le patient mité en font un élément à ne pas négliger pour
de sortir de lui-même. Ils sont aussi, à l’inverse, relâcher le petit pectoral.
les muscles qui accueillent quelqu’un contre soi, C’est un muscle qui fait la jonction entre les ten-
lorsque la personne fait taire ses défenses. sions thoraco-abdominales et le bras.

Relation viscérale Origine


Le muscle petit pectoral est en relation avec les Elle se fait en trois parties :
poumons, les seins et, du côté gauche, avec le • 1/claviculaire, à la moitié médiale de la clavi-
cœur. Il est à travailler systématiquement après les cule, à son bord ventral ;
opérations intra-et extrathoraciques. • 2/sternocostale, sur : le sternum ; les 2e, 3e, 4e,
5e et 6e côtes et leurs cartilages ;
Fascia clavi-pectoral • 3/abdominale, sur le muscle droit de l’ab-
Les techniques directes sur le fascia axillaire sont domen à sa partie craniale et à son feuillet
difficiles à réaliser, mal supportée et enfin, peu ventral.
bénéfiques.
C’est surtout par l’intermédiaire des muscles petit Direction
pectoral et subclavier qu’on peut le relâcher. Selon ses différentes portions, la direction est :
Ce sont les mêmes techniques que nous avons • oblique craniale ;
réalisées pour les muscles, elles libèrent à la fois • transversale médiale ;
les tensions musculaires et les tensions fasciales. • oblique caudale.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


112 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Sternum

Muscle grand pectoral,


partie claviculaire
Clavicule

Acromion

Processus coracoïde
Tubercule mineur

Tubercule majeur

Sillon
intertuberculaire

Crête du
tubercule majeur

Muscle grand pectoral,


partie sterno-costale
Muscle coraco-
brachial

Muscle grand pectoral,


partie abdominale

Humérus

Fig. 7-45. Muscle grand pectoral.

Terminaison Vascularisation
Il se termine sur l’humérus, sur la crête du tuber- Il est vascularisé par l’artère thoraco-acromiale,
cule majeur. branche de l’axillaire.
Notons que les faisceaux s’entrecroisent. La partie
abdominale s’insère cranialement, alors que la por-
tion plus craniale s’insère caudalement. Ceci crée Rôle
une poche où l’on peut mettre facilement le pouce. C’est un adducteur et un rotateur médial.
Selon ses différentes portions, il peut être :
Innervation
• un abaisseur et un antépulseur de l’épaule, par
Il est innervé par C5-T1, par les nerfs pectoraux. ses fibres sternocostales et abdominales ;

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 113

• un antéverseur, par ses fibres claviculaires et En ce qui concerne les épaules douloureuses et rai-
sternocostales ; des, c’est l’attache humérale et l’entrecroisement
• un inspirateur accessoire, surtout après des des fibres musculaires qu’il faut contacter lors de
efforts importants ; sa manipulation.
• il maintient indirectement le sein par sa tonicité.
En décubitus
Relation émotionnelle
Le patient repose sur la table, l’avant-bras légère-
Comme le petit pectoral, c’est à la fois un muscle ment fléchi, la main reposant sur l’abdomen.
de la protection par rapport aux autres et un mus-
cle du rapprochement de deux êtres. Les doigts d’une main sont posés sur l’attache
humérale, en dessous de la crête du tubercule
C’est lui qui permet, entre autres, de serrer majeur. Ils vont « fouiller » l’insertion humérale et
quelqu’un contre soi et de l’étreindre. l’entrecroisement des fibres musculaires.
C’est le muscle qui protège l’autre, c’est aussi le Simultanément de l’autre main, vous effectuez
muscle de la timidité, avec la position caractéristi- des petites rotations-abductions de l’épaule en
que en cyphose, épaules rentrées. Mais c’est aussi tenant le poignet du membre supérieur concerné
le muscle de l’hyperprésence, la personne qui veut (fig. 7-46).
étreindre le monde, le thorax bien en avant, c’est
le muscle du défi.
En latérocubitus
Il est en relation avec le « territoire », celui qu’on
occupe ou celui qu’on devrait occuper. C’est la position classique où la main du patient
repose sur l’avant-bras du patient posé sur la
table.
Technique
Placez les doigts d’une main sur l’attache
Malgré sa grande taille, le grand pectoral affecte humérale pour en relâcher les fibres. Le bras
peu l’épaule, sauf après chirurgie du sein, du tho- et l’avant-bras du patient reposent sur votre
rax, des organes intrathoraciques et aussi dans les autre bras. De votre pouce, effectuez des éti-
suites de traumatismes thoraciques. rements sur l’entrecroisement des fibres mus­
Les étirements globaux apportent plus un confort culaires.
et une relaxation générale qu’un effet intra-articu- Demandez ensuite au patient d’antépulser et de
laire gléno-huméral. rétropulser alternativement l’épaule.

Fig. 7-46. Technique du grand pectoral en décubitus.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


114 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Innervation
Il est innervé par C5-C7, le nerf thoracique long,
branche du plexus brachial.

Vascularisation
Il est vascularisé par l’artère thoracodorsale, bran-
che de la subscapulaire, issue de l’axillaire.

Rôle
• Conjointement avec les rhomboïdes, il plaque
la scapula sur le thorax. C’est l’antagoniste des
rhomboïdes.
• Il antéverse le bras et abaisse l’épaule.
• C’est un abducteur.
• C’est un respirateur annexe.
Fig. 7-47. Technique du grand pectoral en latérocubitus. • Il est bien connu pour être le muscle des « pom-
pes » chères aux sportifs.

Comme d’habitude, vous finissez les manipula- Rapports utiles


tions en étirement-induction (fig. 7-47).
Céphaliquement, il est recouvert par :
• les muscles grand et petit pectoral ;
• le subclavier ;
Le dentelé antérieur • le subscapulaire.
Caudalement, il est recouvert par le grand dorsal.
Rappels
Particularité
Voir la figure 7-48.
Une paralysie du dentelé antérieur donne une
« sapula alata » ou aile d’ange homolatérale, c’est-
Origine
à-dire une omoplate qui est décollée. Le patient
Il trouve son origine sur : ne peut plus élever son bras au-dessus de 90°.
• les neuf premières côtes, à leurs parties latérales ;
• les fascias intercostaux correspondants ;
• deux digitations naissent de la 2e côte. Technique
En procubitus
Direction
1re modalité
Les deux directions sont transversales médiales :
Le patient repose la tête légèrement tournée du
• craniale, pour les quatre premières côtes ;
côté opposé au dentelé antérieur à traiter, les bras
• caudale, pour les dernières côtes.
pendant de chaque côté de la table.
D’une main, vous agrippez le bord latéral de la
Terminaison scapula pour l’attirer médialement.
Il se termine sur la scapula, le long du bord médial De la paume de l’autre main, vous effectuez un
de la scapula, de son angle inférieur à son angle contre-appui sur les côtes en changeant de direc-
supérieur. tion selon les tensions à relâcher (fig. 7-49).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 115

Processus coracoïde

Première côte

Acromion

Cavité
glénoïdale Muscle dentelé
antérieur
Bord médial

Scapula

Angle inférieur

Neuvième
côte

Fig. 7-48. Muscle dentelé antérieur.

Fig. 7-49. Technique du dentelé antérieur en procubitus (1re modalité).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


116 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 7-50. Technique du dentelé antérieur en procubitus Fig. 7-51. Technique du dentelé antérieur en décubitus.
(2e modalité).

2e modalité la face adjacente des côtes pour les repousser en


Vous êtes placé du côté opposé à l’épaule concer- direction sternale.
née. Les doigts d’une main saisissent le bord laté- Effectuez plusieurs compressions passives et ensuite
ral de la scapula pour l’entraîner médialement. réalisez de vos deux mains une induction (fig. 7-52).
Pour augmenter l’effet d’étirement, demandez au C’est une technique puissante mais absolument
patient de pousser le bras en direction distale et pas douloureuse.
latérale pendant la manœuvre, comme s’il voulait
toucher par terre, accentuez ce mouvement de
votre main (fig. 7-50).
Le subscapulaire
En décubitus Rappels
Vous êtes du côté du membre supérieur à traiter. Voir la figure 7-53.
Le patient repose sur le dos, les mains sur le ven-
tre. D’une paume vous repoussez médialement Origine
le bord latéral de la scapula. Posez l’autre main Il trouve son origine sur :
sur les parties antérieures des côtes pour les fixer • la scapula ;
ou les mobiliser médialement en partant de la • la fosse subscapulaire, à sa partie ventrale et sur
2e jusqu’à la 8e (fig. 7-51). le bord spinal de la scapula.

En latérocubitus Direction

Le patient repose sur le côté opposé à traiter. Elle est latérale et craniale.
Placez la paume et le pouce d’une main sur le
Terminaison
bord latéral de la scapula pour le refouler média-
lement, en direction de la colonne dorsale. Il se termine sur :
Positionnez l’autre pouce et l’autre paume sur • l’humérus, sur le tubercule mineur ;

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 117

Fig. 7-52. Technique du dentelé antérieur en latérocubitus.

Incisure scapulaire

Processus coracoïde

Muscle supra-épineux

Acromion Bord supérieur

Angle supérieur
Tubercule
mineur

Tubercule
majeur

Bord médial

Muscle
subscapulaire
Humérus

Angle inférieur

Fig 7-53. Muscle subscapulaire.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


118 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

• la partie voisine de la crête du tubercule mineur ; Remarque : Le muscle subscapulaire partage des
• il échange des fibres avec la capsule et se confond fibres nerveuses avec les muscles grand rond et
avec le ligament gléno-huméral moyen. grand dorsal.

Bourses synoviales
Technique
Entre le subscapulaire et la capsule articulaire, se
trouve la bourse du subscapulaire. Elle commu- En latérocubitus
nique avec la bourse subcoracoïdienne, située Vous vous placez derrière le patient. Le patient
entre le processus coracoïde et le sub­scapulaire. repose sur le côté opposé à traiter, selon la posi-
tion classique, la main en pronation posée sur
Innervation l’avant-bras qui est sur la table. La technique se
Il est innervé par C5-C8, nerf subscapulaire. fait en deux modalités.
1re modalité
Vascularisation
Un pouce placé contre le bord axillaire fixe la
Il est vascularisé par l’artère subscapulaire et sa scapula. Demandez au patient d’antépulser son
branche, la thoracodorsale. épaule en légère flexion humérale pour étirer les
fibres du subscapulaire. Selon la gêne ou la dou-
Rôle leur, vous pouvez amplifier le mouvement.
Le subscapulaire : D’une main, prenez un appui sur le tubercule
• est renforçateur et tenseur capsulaire ; mineur du bras et entraînez en antépulsion le
• plaque la tête humérale contre la glène ; bras pendant que le patient participe au mouve-
• est rotateur médial, rétroverseur et adducteur ment et de l’autre vous immobilisez la scapula
de l’humérus ; (fig. 7-54).
• est l’un des muscles de la coiffe ;
• est tenseur médial du ligament transverse de 2e modalité
l’humérus. Le patient va augmenter l’abduction du bras, et
NB : C’est le seul rotateur médial des muscles de simultanément de vos doigts vous ramenez média-
la coiffe. C’est lui qui doit contrebalancer l’action lement le bord axillaire de la scapula.
des trois muscles rotateurs latéraux.
Les ligaments gléno-huméraux moyen et supé-
rieur sont séparés par un interstice permettant
au tendon du subscapulaire d’échanger des fibres
avec la capsule.
Le ligament gléno-huméral inférieur s’infiltre
entre les insertions du subscapulaire et du petit
rond pour se diriger ensuite sur le col chirurgical.

Relation viscérale
C’est un muscle « viscéral » en relation avec le
cœur, les poumons et les seins.

Rapports remarquables
Il a rapport avec :
• le plexus brachial ; Fig. 7-54. Technique du subscapulaire en latérocubitus
• l’artère et la veine axillaire. (1re modalité).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 119

Fig. 7-55. Technique cutanée du subscapulaire.

Technique cutanée Innervation


Prenez un pli de peau contre le bord latéral du Il est innervé par C1-C3, par l’anse cervicale pro­
subscapulaire. Attention, c’est souvent sensible, fonde.
soyez très doux et très lent au départ.
La peau est en relation avec les seins, les pou- Vascularisation
mons et, du côté gauche, le cœur. L’action Il est vascularisé par une branche du tronc thyro­
se fait par les nerfs intercosto-brachiaux cervical.
(fig. 7-55).
Rôle
L’omo-hyoïdien :
L’omo-hyoïdien • est un régulateur des pressions veineuses du cou
et notamment de la veine jugulaire interne ;
Rappels • transmet les pressions négatives du thorax, à l’inspi-
ration, dans le circuit veineux du cou et de la tête ;
Voir la figure 7-56. • est un tenseur aponévrotique du cou et notam-
ment par la lame prétrachéale ;
Insertions • permet la « béance » des veines du cou. Son
C’est un muscle digastrique constitué de deux action veinodilatatrice de la jugulaire interne
ventres reliés par un tendon : permet le retour du sang veineux de la tête et du
• l’os hyoïde donne insertion à son ventre supé- cou vers la veine cave supérieure.
rieur, au tiers latéral de son bord caudal ;
• la scapula donne insertion à son ventre infé- Particularité
rieur, sur son bord cranial, proche de l’incisure Testut en fait un muscle vestigial nous rappelant
scapulaire à son bord médial. que nous fûmes probablement des oiseaux avant
de devenir des bipèdes.
Direction Il fait la connexion entre les viscères du cou et
Elle est latérale et caudale. l’épaule, notamment la thyroïde.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


120 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Os hyoïde

Muscle omo-hyoïdien

Tendon intermédiaire

Clavicule
Acromion

Scapula Sternum

Fig. 7-56. Muscle omo-hyoïdien.

Il est aussi le témoin des problèmes vasculaires du Technique


cou, des infections rhino-laryngées, des problèmes
dentaires et crâniens. En décubitus
Assis à la tête du patient, placez un pouce contre la
Palpation partie médiale de l’incisure scapulaire et l’autre, à
Le corps de l’omo-hyoïdien peut se sentir en plat, contre le bord latéral de l’os hyoïde.
dehors du chef claviculaire du sterno-cléido-mas- Le pouce contre la partie médiale de l’incisure est
toïdien à son tiers caudal, entre ce dernier et le situé en dedans du nerf suprascapulaire et du liga-
trapèze. ment transverse scapulaire qui font l’objet d’une
Pour mieux le sentir, on demande au patient technique spécifique.
d’ouvrir et de fermer la bouche à plusieurs repri- Demandez au patient d’ouvrir et de fermer la bou-
ses ou de bailler. che ou de bailler plusieurs fois pour bien ressentir
On ressent l’insertion scapulaire de l’omo-hyoï- la tension sur ses insertions hyoïdiennes.
dien, juste en dedans de l’incisure scapulaire. Nous ne pensons pas que la manipulation de l’omo-
Rappelons que le ligament transverse supérieur de hyoïdien ait un grand effet sur une douleur ou une
la scapula protège le nerf suprascapulaire. raideur de l’épaule. Elle a plus d’effets sur le système
veineux du cou et l’aponévrose cervicale moyenne.
●● Attention En revanche, l’omo-hyoïdien est le témoin privilé-
Souvent, les débutants confondent l’omo-hyoïdien gié d’une dysfonction du cou ou de la face entraî-
avec le plexus brachial et inversement. nant un problème scapulaire (fig. 7-57).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 121

Le subclavier
Rappels
Voir la figure 7-58.

Origine
Il trouve son origine sur la 1re côte et sa jonc-
tion ostéochondrale qui peut parfois faire
défaut.

Direction
Elle est latérale et légèrement craniale.

Terminaison
Fig. 7-57. Technique de l’omo-hyoïdien en décubitus. Il se termine sur la clavicule, à sa face caudale où
l’on trouve le sillon du subclavier.

Lors de l’écoute, en mettant l’omo-hyoïdien


Innervation
en tension, on sent si les doigts sont attirés cra-
nialement et médialement ou caudalement et Il est innervé par C5-C6, nerf du subclavier.
latéralement. Notons qu’il existe une anastomose avec le nerf
En cas d’écoute craniale, pensez à palper les gan- phrénique.
glions lymphatiques du cou, du triangle omo-
cléido-cervical et de la région sous-occipitale. Vascularisation
Reportez-vous à notre chapitre concernant les Il est vacularisé par la thoraco-acromiale, branche
ganglions pour établir un diagnostic d’exclu­sion. de l’axillaire.

1re côte
Clavicule Muscle
subclavier

Acromion

Processus coracoïde

Humérus

Fig. 7-58. Muscle subclavier.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


122 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Rôle sur la table en supination, le patient regarde la


paume de sa main.
Le subclavier :
• ferme l’angle costo-claviculaire ; Placé derrière le patient, vous glissez une main
• joue un rôle d’inspirateur accessoire ; entre le bras et le thorax de l’épaule affectée.
• renforce l’articulation sterno-claviculaire ; Mettez deux doigts en arrière de la clavicule, le
• renforce l’action des ligaments conoïde et pouce à sa partie ventrale.
trapézoïde ; De l’autre main, ou de votre thorax, vous pous-
• favorise la stabilité proximale du complexe arti- sez l’épaule d’abord ventralement et ensuite
culaire de l’épaule ; seulement en direction craniale. Si le patient
• joue un rôle de tenseur actif de la plèvre ; résiste, demandez-lui simplement d’amener
• a un rôle indirect dans les lésions scapulo-humé- l’épaule vers sa joue, ce qui, naturellement,
rales par son action sur la clavicule et les liga- permet d’aller en profondeur dans le défilé
ments coraco-claviculaires. thoracique.
Les doigts rétroclaviculaires vont essayer de
Particularités rejoindre le pouce situé entre la 1re côte et la clavi-
Le subclavier échange des fibres avec les ligaments : cule. Suivez bien sous la clavicule toutes les fibres
• conoïde ; du subclavier, on peut même dissocier les fibres
• trapézoïde ; musculaires de l’aponévrose qui entoure le muscle
• costo-claviculaire. (fig. 7-59).
Ses tensions peuvent contraindre les éléments vas- Cherchez bien les zones rugueuses et fibreuses
culonerveux du défilé thoracique. que vous travaillez en étirement-induction.
Avec l’habitude, on peut sentir les petits filets
Relation viscérale nerveux du nerf subclavier qu’on travaille en
L’anastomose du nerf subclavier et du nerf phré- induction.
nique rend ce muscle spasmé, tendu ou fibreux
dans les affections des organes du thorax (cœur et
poumon) ou des organes juxta-diaphragmatiques,
comme le foie.
Dans le service de pneumologie où nous avons tra-
vaillé, nous avons constaté que les atteintes chroniques
pleuropulmonaires fibrosaient le muscle subclavier,
au point d’en faire un ligament scléreux. Cette ten-
sion ligamentaire permanente peut contraindre les
éléments vasculonerveux du défilé thoracique.
Rappelons que la capsule de Glisson qui entoure le
foie est innervée par le nerf phrénique, de même
que les ligaments triangulaires du foie.
Ceci explique qu’il existe une relation neurale
entre le foie et le muscle subclavier.

Technique
En latérocubitus
C’est la position classique, à la seule différence de
demander au patient d’avoir la main qui repose Fig. 7-59. Technique du subclavier en latérocubitus.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 123

Le deltoïde Cependant, deux zones sont à manipuler :


• 1/l’attache humérale sous le tubercule majeur ;
Rappels c’est à ce niveau que se trouve la bourse sous-del-
toïdienne, importante bourse de l’épaule ;
• 2/la zone où l’on trouve une branche perfo-
Voir la figure 7-60. rante du nerf axillaire.
Remarques : Comme les muscles trapèze et sterno-
Point-clé
cléido-mastoïdien, le deltoïde a peu de fixations
spécifiques. Son traitement relève plus du bien- Nous ne décrirons pas toutes les insertions de ce
être que des manipulations précises justifiées par muscle, seule l’attache humérale qui nous inté-
des douleurs. resse va être développée.

Muscle trapèze
Muscle petit pectoral
Muscle subclavier

Muscle deltoïde,
partie claviculaire

Muscle sterno-
Muscle deltoïde, cléidomastoïdien
partie acromiale
Muscle grand
pectoral, partie
claviculaire

Muscle sub- Manubrium


scapulaire sternal

Muscle grand Muscle grand


pectoral pectoral, partie
sterno-costale
Muscle coraco-
brachial Corps du sternum

Muscle
grand rond
Muscle dentelé
Muscle biceps antérieur
brachial, chef long

Muscle biceps
brachial, chef court
Muscle
grand dorsal

Muscle brachial

Épicondyle latéral

a Épicondyle médial

Fig. 7-60. Insertions du muscle deltoïde.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


124 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Muscle deltoïde
Muscle trapèze
Muscle élévateur
de la scapula Muscle deltoïde,
partie acromiale
Muscle supra-épineux
Muscle deltoïde,
Muscle petit rhomboïde partie épineuse

Muscle petit rond

Muscle grand
rhomboïde

Muscle infra-épineux

Muscle triceps brachial,


Muscle grand dorsal, chef médial
partie scapulaire
Muscle triceps brachial,
Muscle grand rond chef latéral

Muscle triceps brachial,


chef long

Muscle court extenseur


radial du carpe

Chef commun
Chef commun des fléchisseurs
des extenseurs

Muscle anconé
Muscle fléchisseur ulnaire du carpe
Muscle supinateur

Muscle fléchisseur profond des doigts

b
Fig. 7-60. Suite.

Attache humérale Technique


Elle se fait sur le tubercule deltoïdien, à la partie En latérocubitus
craniale de l’humérus.
Selon la position classique, vous êtes placé
Innervation derrière le patient qui repose du côté opposé
Il est innervé par : à traiter, la main de l’épaule douloureuse
• C4-C6, le nerf axillaire ; repose, selon sa mobilité, sur la table ou sur
• C4-C5, les rameaux pectoraux. la hanche.
Le nerf accessoire donne une branche perforante Mettez vos deux pouces sur la partie latérale du
dont nous allons parler plus loin, son origine est tubercule deltoïdien et deux ou trois doigts sur sa
bulbaire et médullaire. partie médiale.

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 7. Traitement manuel des stabilisateurs actifs de l’épaule 125

Fig. 7-61. Technique du deltoïde en latérocubitus.

Étirez plusieurs fois latéralement et médialement


l’insertion du deltoïde. Essayez de faire glisser Fig. 7-62. Technique cutanée du deltoïde.
cette insertion comme si vous vouliez la faire jouer
sur l’humérus.
Nous l’avons déjà souligné, il est très difficile,
Pour la bourse séreuse, on maintient plusieurs voire impossible, de soulever le pli de peau à ce
secondes ce « décollement ». C’est plus ou moins niveau. On agit avec les deux pouces, en faisant
facile selon la morphologie du patient. jouer des différentes couches cutanées l’une sur
Prenez soin d’étirer lentement, progressivement l’autre.
et sans douleur cette insertion (fig. 7-61). C’est par l’intermédiaire du nerf cutané latéral
supérieur (branche du nerf axillaire) que l’on
Technique cutanée obtient cet effet.
On obtient d’excellents résultats dans les douleurs Insistez surtout sur la partie latérale craniale du
chroniques de l’épaule en libérant la jonction moignon de l’épaule et la région en regard des
derme-hypoderme du moignon de l’épaule. orifices axillaires (fig. 7-62).

Barral et Croibier, 978-2-8101-0479-6


Chapitre 8
Traitement manuel des
stabilisateurs passifs de l’épaule

Ligament coraco-huméral involué et se sont transformés progressivement en


ligaments.
Rappels
Origine Technique
Il trouve son origine sur la scapula, à la base du Cette technique ligamentaire a en même temps
processus coracoïde, juste en dessous du ligament une action sur la capsule articulaire qu’on ne peut
coraco-acromial, par une lame fibreuse, large, pas dissocier.
épaisse et résistante qui renforce la capsule.
En position assise
Direction
Vous vous placez derrière le patient qui a son
Elle est transversale latérale et légèrement caudale coude contre le thorax.
et distale.
Pendant qu’il effectue des petites rotations laté-
Terminaison rales, vous positionnez deux pouces, l’un contre
le processus coracoïde, l’autre contre la tête
Il se termine sur l’humérus, sur les tubercules humérale. La technique consiste à augmenter
majeur et mineur. l’écartement des fibres transversales du ligament
coraco-huméral (fig. 8-1).
Rôle
Constituant de la partie postérieure du tunnel En latérocubitus
bicipital, il permet au tendon du biceps de glisser, 1re modalité
c’est un tenseur tunnelaire.
Selon la position habituelle, vous vous mettez der-
Renforçateur et tenseur de la capsule gléno-humé- rière le patient qui repose sur le côté opposé de
rale, certaines de ses fibres joignent la partie cra- l’épaule concernée, la main en pronation placée
niale de la capsule. C’est surtout ses fibres sur l’avant-bras qui est sur la table.
transversales qui sont importantes à manipuler.
Posez un pouce en dedans du processus coracoïde,
au sommet du sillon delto-pectoral. L’autre pouce
Particularité
se cale contre la tête humérale entre les tubercules
Ce ligament serait le reliquat du muscle petit majeur et mineur.
pectoral. Étirez distalement et latéralement la tête humérale,
On remarque encore qu’en fonction de l’évolu- pendant que le patient participe au mouvement
tion de l’espèce et surtout en raison de la vertica- par des petits mouvements d’abduction-adduction
lisation de l’Homme, de nombreux muscles ont du bras (fig. 8-2).
Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
128 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 8-1. Technique du ligament coraco-huméral en posi- Fig. 8-2. Technique du ligament coraco-huméral en latéro-
tion assise. cubitus (1re modalité).

2e modalité fusionne avec le tendon d’insertion du chef long


Toujours en latérocubitus, le patient repose la du triceps brachial qu’elle rejoint à sa partie
main de l’épaule concernée sur la hanche. caudale.
Demandez-lui d’étirer distalement le bras en fai- À sa partie craniale, elle s’insère jusqu’au niveau
sant glisser sa main sur la cuisse. Simultanément, de la base du processus coracoïde.
vous étirez la tête humérale, d’abord latéralement
et ensuite distalement. Terminaison
Remarque : La prise sur le tubercule majeur est Elle se termine sur l’humérus, sur les tubercules
plus aisée que sur le tubercule mineur. majeur et mineur, jusqu’au col chirurgical.
Selon l’intensité de la douleur de l’épaule, on peut À sa partie caudale, elle forme, le bras pendant, le
demander au patient de laisser reposer son avant- recessus axillaire. À sa partie craniale, elle est ren-
bras sur votre bras. foncée par le ligament coraco-huméral, surtout
quand le bras est pendant.
Elle envoie une expansion qui engaine la partie
Capsule intracapsulaire du tendon du long biceps, en
constituant la gaine synoviale du long biceps.
Comme nous l’avons dit, on ne peut pas séparer Elle transforme le sillon osseux intertuberculaire
les manipulations de la capsule de celles des liga- en canal ostéofibreux.
ments gléno-huméraux. Nous verrons donc des
techniques capsulaires communes avec celles des Caractéristiques
ligaments gléno-huméraux.
La capsule est lâche et en aucun cas ne serait suffi-
sante à maintenir les surfaces articulaires en place.
Rappels Elle présente une relation intime avec les tendons
des muscles qui s’insèrent sur les tubercules majeur
Origine
et mineur, à savoir les muscles :
Elle trouve son origine sur la scapula, face latérale • subscapulaire ;
du labrum et la partie avoisinante du col. Elle • supra-épineux ;
Chapitre 8. Traitement manuel des stabilisateurs passifs de l’épaule 129

• infra-épineux ; Particularités
• petit rond ;
Le ligament gléno-huméral supérieur constitue la
• triceps ;
partie antérieure de la coulisse bicipitale, formée
• biceps.
par le ligament transverse de l’humérus. Il est relié
La capsule fusionne avec les tendons de ces mus- au ligament coraco-huméral par quelques fibres.
cles, si bien que toute manipulation de la capsule
se fait en associant les tendons de ces muscles.
Remarques : les fibres de la capsule et des liga-
Gléno-huméral moyen
ments gléno-huméraux sont relâchés en abduction- Origine
­rotation médiale et tendus en abduction-rotation
latérale ; la capsule vient s’insérer jusqu’à la base Il trouve son origine sur la scapula, sur le labrum.
du processus coracoïde, il est bon d’atteindre ces
fibres coracoïdiennes pour obtenir un bon relâ- Direction
chement capsulaire. Elle est oblique caudale et latérale.

Techniques Terminaison
Elles sont décrites dans le chapitre suivant avec Il se termine sur l’humérus, sur le tubercule
celles des ligaments gléno-huméraux. majeur, juste en dessous du tendon d’insertion du
subscapulaire avec lequel il se confond.
Remarque : Les ligaments gléno-huméraux supérieur
Ligaments gléno-huméraux et moyen sont séparés par un interstice ­permettant au
tendon du muscle subscapulaire d’échanger des fibres
Ce sont différentes bandes fibreuses qui renfor- avec la capsule et son attache sur l’humérus.
cent la capsule, à la palpation on ne peut les isoler.
Comparés à d’autres ligaments entourant l’épaule,
ils sont assez faibles. Gléno-huméral inférieur
On les divise en trois portions : supérieure, C’est le plus long, le plus solide et le plus large des
moyenne et inférieure. ligaments gléno-huméraux.

Origine
Gléno-huméral supérieur
Il trouve son origine sur la scapula, sur le labrum
Il est situé en avant et en dessous du ligament et la partie correspondante du col de la scapula.
coraco-huméral.
Direction
Origine Elle est oblique caudale et latérale.
Il trouve son origine sur la scapula, sur le labrum
glénoïdien et la partie osseuse avoisinante. Terminaison
Il se termine sur l’humérus, à la partie antérieure
Direction
et caudale du col chirurgical, entre l’insertion des
Elle est transversale latérale. Il passe en pont sur le muscles subscapulaire et petit rond.
sillon inter-tuberculaire.

Terminaison Technique
Il se termine sur l’humérus, dans une encoche située Les techniques des ligaments gléno-huméraux
entre la tête humérale et le tubercule majeur. sont les mêmes que celles de la capsule.
130 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

En latérocubitus
Le patient est dans la position classique, reposant
sur le côté opposé à l’épaule concernée. Mais la
main, cette fois-ci, repose sur la cuisse homolaté-
rale et plus particulièrement sur le grand tro­
chanter.
Debout derrière le patient, vous placez les deux
pouces sur la partie craniale de la tête humérale,
l’un sur le labrum, l’autre sur le tubercule majeur.
Demandez au patient d’étirer distalement son
membre supérieur, en faisant glisser sa main le
long de la cuisse.
Vous accompagnez le mouvement de vos deux
pouces. Comme vous pouvez vous en rendre
compte, c’est sensiblement la même technique
que pour le ligament coraco-huméral. La seule
différence consiste à étirer d’abord la tête humé-
rale en direction latérale.
On peut aussi fixer le labrum avec un ou deux
Fig. 8-3. Technique des ligaments gléno-huméraux et de la
doigts, et du pouce de l’autre main accompagner capsule en latérocubitus.
le mouvement d’étirement distal, en associant
quelques rotations médiales et latérales du bras
(fig. 8-3).
de la partie antéro-médiale de l’articulation sca-
En décubitus pulo-humérale. Mettez les pouces à la partie
postéro-latérale de l’articulation (fig. 8-4).
Le coude du patient repose sur la table, la main
sur l’abdomen. Notons que cette technique se En position assise
pratique à travers les muscles deltoïde et grand
pectoral. Dans cette position, la tête humérale se sépare de
sa glène et tend la capsule et les ligaments gléno-
1/Placez un pouce dans le sillon delto-pectoral,
huméraux.
en direction de l’articulation scapulo-humérale
et du biceps. Les doigts de l’autre main exercent Rappelons que la pression intra-articulaire devient
un contre appui plus latéral et dorsal, en incluant encore plus négative lors d’un étirement distal
la partie craniale du triceps. Maintenez la cap- pour permettre une meilleure circulation des
sule et les ligaments gléno-huméraux et deman- liquides intra-articulaires.
dez au patient d’effectuer des petites rotations Placé derrière le patient, prenez d’une main la tête
médiales et latérales. Au fur et à mesure des humérale et de l’autre maintenez la tête et le cou
mouvements, vous augmentez ces rotations, ce en légère rotation controlatérale.
qui augmente la tension capsulo-ligamentaire. 1/Amenez plusieurs fois l’épaule en direction
Rappelons qu’en cas de douleur, le patient a caudale, latérale et dorsale. Normalement, une
toute latitude pour contrôler, voire arrêter le épaule douloureuse n’a pas de bâillement anté-
mouvement. rieur et notre but est de le rétablir progressive-
2/On peut inverser la position des doigts. Posez ment et sans douleur. On procède à cette technique
deux ou trois doigts de chaque main en regard en fin de traitement.
Chapitre 8. Traitement manuel des stabilisateurs passifs de l’épaule 131

Fig. 8-4. Technique des ligaments gléno-huméraux et de la Fig. 8-5. Technique des ligaments gléno-huméraux et de la
capsule en décubitus. capsule en position assise.

2/Le patient, coude au corps, peut accompa- Remarque : Lorsqu’on ressent le retour du bâille-
gner le mouvement en effectuant lui-même ment antérieur de l’articulation scapulo-humérale,
une rotation latérale pendant la manipulation on peut pronostiquer que l’épaule va récupérer
(fig. 8-5). entièrement.
Chapitre 9
Traitement de l’appareil
de glissement

Synoviale de l’épaule • la partie caudale du ligament coraco-acromial ;


• la partie caudale du deltoïde.
Elle revêt la surface interne de la capsule à ses deux Bourse subcoracoïdienne
extrémités caudale et craniale, elle se recourbe
Elle est située entre la face caudale du processus
ensuite sur elle-même. Elle présente des expan-
coracoïde et la capsule. C’est le prolongement de
sions à travers les orifices de la capsule qui forment
la synoviale avec le muscle subscapulaire.
des bourses séreuses situées entre les tendons des
muscles périarticulaires et la capsule de l’épaule. Bourse coraco-brachiale
On la trouve sur le côté médial du muscle coraco-
Rappels brachial, entre le tendon du muscle subscapulaire
et le plexus brachial.
Prolongements de la synoviale
Bourse séreuse subscapulaire Bourse du grand rond
Elle est située entre les muscles triceps et grand rond.
Elle se situe entre les ligaments gléno-huméral supé-
rieur et moyen, c’est dans cet intervalle qu’on trouve Bourse du grand dorsal
le prolongement synovial, le plus important.
Elle est placée entre les muscles :
Bourse bicipitale • grand rond et grand dorsal ;
• grand dorsal, coraco-brachial et court biceps ;
Elle forme au tendon du biceps une gaine cylin-
• long biceps et les ligaments coracoclaviculaires.
drique qui va jusqu’à l’insertion humérale des
muscles grands pectoral et dorsal.
Le tunnel bicipital est formé par le ligament gléno- Technique
huméral supérieur, ventralement, et le ligament
coraco-huméral, dorsalement ; à noter que l’ex- Nous avons déjà vu la manœuvre de la bourse sub-
pansion synoviale se prolonge jusqu’au sillon deltoïdienne dans le chapitre consacré au deltoïde,
intertuberculaire. nous allons étudier quelques techniques à visée
synoviale.
Autres bourses séreuses
Bourse subacromiale
Voir la figure 9-1. En latérocubitus
Bourse subdeltoïdienne ou subacromiale Vous êtes placé derrière le patient, reposant selon
Importante par sa taille, elle est située entre : la position classique sur le côté opposé à traiter.
• la partie craniale de la capsule articulaire ; La main de l’épaule à traiter est mise en pronation
• la face caudale de l’acromion ; sur l’avant-bras posé sur la table.
Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
134 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Muscle biceps brachial,


chef court

Muscle coraco-brachial Processus coracoïde


Clavicule Muscle petit pectoral
Ligament coraco-acromial

Extrémité
sternale

Muscle subscapulaire Bourse


subdeltoïdienne
Artère supra-scapulaire
Muscle deltoïde
Nerf supra-scapulaire (sectionné)
Muscle omo-hyoïdien
Bourse
Ligament transverse
subacromiale
supérieur de la scapula
Acromion

Scapula, bord médial Ligament acromio-


claviculaire
Épine de la scapula

Muscle
supra-épineux
Fig. 9-1. Bourse séreuse sous-acromiale.

Faites glisser un pouce le long de la tête humérale s’effectuent pendant les techniques propres aux
jusqu’à rencontrer l’acromion. Repoussez l’acro- muscles biceps et coraco-brachial. La seule diffé-
mion en direction craniale et, de l’autre main, rence consiste à maintenir une quinzaine de secon-
l’humérus en direction caudale. Imprimez de des les étirements. On vise moins à informer les
votre thorax une pression générale sur l’épaule. mécanorécepteurs qu’à décharger au maximum
Vous maintenez l’étirement quelques secondes à les contraintes sur les bourse séreuses.
plusieurs reprises et vous finissez par une induc- Il nous semble que ces techniques permettent une
tion (fig. 9-2). meilleure et plus importante production de liquide
synovial. Sans un liquide synovial de qualité, le
Bourse subcoracoïdienne cartilage, le labrum, la capsule et les tendons s’ir-
En latérocubitus ritent. Une atteinte des bourses séreuses est sûre-
ment aussi l’un des paramètres qui entraînent des
C’est la même position que précédemment. Vous
fissurations et des micro-ruptures des tendons des
faites glisser un pouce en direction du processus
muscles périarticulaires.
coracoïde. Vous créez une poussée, tour à tour
médiale et latérale, que vous maintenez, à la fois,
avec le pouce et le thorax.
Labrum
Il faut procéder très progressivement pour ne pas
déclencher de douleur.
Rappels
Remarque : Pour les bourses bicipitale, coraco-
brachiale et du grand rond, leurs manipulations Voir la figure 9-3.
Chapitre 9. Traitement de l’appareil de glissement 135

• une face médiale, regardant la glène à laquelle


elle adhère parfois selon le secteur concerné ;
• une face périphérique qui s’insère sur la capsule.
Il augmente considérablement la surface articu-
laire gléno-humérale, en approfondissant la glène
de l’omoplate.

Vascularisation
La vascularisation microscopique du labrum est
développée sur un mode centripète à partir d’un
réseau artériel constitué de l’artère suprascapu-
laire, du rameau postérieur de la branche scapu-
laire de l’artère scapulaire inférieure et de la
branche circonflexe postérieure de l’artère scapu-
laire inférieure.
Fig. 9-2. Technique de la bourse subacromiale. Ce réseau est dense en périphérie du labrum. Il se
développe aux dépens des secteurs supérieurs et
de la partie centrale du labrum, près de son bord
libre. La périphérie du secteur inférieur est la
Caractéristiques
région la mieux vascularisée.
C’est un anneau fibrocartilagineux, s’insérant à la
périphérie de la glène scapulaire. Innervation
Sa forme est triangulaire à la coupe. On lui décrit Le labrum comporte de nombreuses terminaisons
donc trois bords et trois faces : nerveuses libres à sa périphérie. En revanche il ne
• une face latérale, articulaire, libre ; présente pas de corpuscule de Pacini, ni d’organe

Acromion

Tendon du muscle Processus caracoïde


brachial

Labrum
Tubercule majeur
Cavité glénoïde
Tubercule mineur

Sillon intertuberculaire
Récessus axillaire
Humérus

Muscle biceps
brachial, chef long
Muscle triceps
Muscle biceps brachial,
brachial, chef court chef long

Fig. 9-3. Labrum glénoïdal.


136 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

de Ruffini, contrairement aux éléments de voisi- compressions, serait surtout sensible dans le
nage qui en sont largement pourvus : capsule arti- ­secteur postéro-inférieur.
culaire, ligaments gléno-huméraux, tendons. La
proprioception ne semble ainsi pas liée au labrum. Propriétés biomécaniques segmentaires
En revanche, en cas de problème, les terminaisons • Le secteur antéro-caudal du labrum est primor-
nociceptives sont nombreuses et peuvent être dial dans la stabilité antérieure de l’épaule avec
sources de douleurs. l’aide du ligament gléno-huméral inférieur.
• Le secteur caudal du labrum participe à la stabi-
Rôles biomécaniques lité inférieure de l’épaule, par effet de butée
(prévention de la luxation erecta).
Le labrum est l’un des éléments importants de la • Le secteur postéro-caudal participe à la stabilité
stabilité et de la mobilité de l’épaule. Il contribue postérieure de l’épaule, lorsque l’humérus est
à assurer la répartition des tensions périarticulaires en rotation interne et antépulsion. Là aussi, il
et il permet une meilleure circulation du liquide existe une synergie favorable avec le ligament
synovial. gléno-huméral inférieur.
En raison de sa forme, de sa situation, de sa consis-
tance et de son environnement synovial, plusieurs Connexions
effets biomécaniques peuvent rendre compte des
1/De nombreux muscles ont un effet mécanique
fonctions du labrum.
direct ou indirect sur le labrum comme :
Effet ventouse • le biceps, dont la partie craniale du chef long est
en continuité avec le labrum ;
C’est l’hypopression barométrique liée à l’étan-
• le supra-épineux ;
chéité labrum/tête humérale qui permet ce
• le subscapulaire ;
mécanisme. Le principe est celui du piston sous
• le triceps, dont l’insertion craniale du chef long
vide.
est aussi en continuité avec le labrum, comme le
La dépression dans l’articulation gléno-humé- biceps.
rale peut atteindre -32 mmHg. La traction dans
2/La capsule et les ligaments coraco-huméral et
l’axe du membre augmente encore la dépression
gléno-huméral inférieur jouent un rôle important
intra-articulaire. L’effet ventouse rend bien
sur le labrum pour le nourrir et maintenir son
compte de la résistance articulaire aux forces de
élasticité.
traction.
Parmi tous les éléments cités, c’est en manipulant
Effet capillarité les insertions craniales du biceps et du triceps que
L’adhésion de deux surfaces congruentes est nous obtenons le plus d’effet.
permise grâce au liquide synovial qui forme un
film humide, tensioactif et de viscosité élevée.
Cette cohésion est proportionnelle à la superfi-
Technique
cie des surfaces en contact. Le labrum permet En latérocubitus
ainsi une majoration de ce mécanisme. L’effet
1re modalité
capillarité autorise la résistance aux forces de
cisaillement. Selon la position classique, mettez-vous derrière le
patient reposant du côté opposé à l’épaule traitée.
Effet ménisque La main de l’épaule douloureuse est positionnée
Par l’augmentation de la profondeur de la cavité sur le grand trochanter homolatéral.
glénoïde et l’accroissement de sa surface, le Placez un pouce en direction du tubercule supra-
labrum permet une diminution des pressions glénoïdal, près du processus coracoïde, et l’autre
appliquées aux surfaces articulaires. Cet effet sur le tubercule infraglénoidal, à la partie la plus
ménisque, qui améliore la résistance aux forces de craniale du bord latéral de la scapula.
Chapitre 9. Traitement de l’appareil de glissement 137

Fig. 9-4. Technique du labrum en latérocubitus (1re modalité). Fig. 9-5. Technique du labrum en latérocubitus (2e modalité).

Pour vous assurer que vos pouces soient bien En position assise
situés, demandez au patient de faire des légères
Vous vous placez assis, de trois quarts derrière le
contractions du biceps et du triceps (fig. 9-4).
patient. Selon le même protocole, vous placez vos
Maintenez les pouces en place et demandez au deux pouces sur les insertions céphaliques du
patient de faire glisser son membre supérieur dis- biceps et du triceps.
talement. Ce glissement distal va mettre en ten-
Quand le patient abaisse son bras, vous augmen-
sion le labrum.
tez l’étirement, en dirigeant l’action de vos pouces
De vos pouces, vous pouvez travailler la continuité en direction craniale (fig. 9-6).
du labrum avec les tendons du biceps et du triceps
en induction.
Cartilage
2e modalité
Placé derrière le patient, votre coude est fléchi Technique
contre votre thorax. Posez les deux pouces bien à
Lissage articulaire
plat contre le rebord dorsolatéral du labrum, en
partant du tubercule infraglénoïdal. Poussez pro- En latérocubitus
gressivement et sans douleur vos pouces à l’aide Le labrum et le cartilage de l’épaule voient parfois
de votre thorax en direction médiale et légère- leurs surfaces devenir irrégulières et rugueuses,
ment caudale, tout en essayant de les écarter, sans à la suite de traumatismes ou de pathologie
les faire glisser. Laissez revenir et répétez la man­ arthrosique.
œuvre plusieurs fois. La technique du lissage consiste à comprimer la
C’est une technique très efficace, mais à tout tête humérale contre le labrum et le cartilage et à
moment assurez-vous de son indolence. C’est une la mobiliser pour lisser les surfaces articulaires. Le
manœuvre qui a un effet sur l’élasticité du labrum patient est sur le côté opposé à traiter, le bras le
(fig. 9-5). long du corps.
138 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 9-6. Technique du labrum en position assise.

Fig. 9-8. Technique de lissage articulaire en procubitus.

caudale, pour lisser les petites irrégularités arti­


culaires.
Vous pouvez demander aussi au patient de réaliser
lui-même le glissement distal pour qu’il contrôle
le mouvement. Il est rare que cette manœuvre soit
douloureuse.
En fin de glissement distal, laissez revenir l’épaule
tout en maintenant la compression (fig. 9-7).
Répétez la manœuvre une dizaine de fois, nous
vous recommandons particulièrement cette tech-
nique très efficace.
Fig. 9-7. Technique de lissage articulaire en latérocubitus. En procubitus
Le patient repose à plat ventre, le bras de l’épaule
Placez vos deux pouces contre la partie latérale concernée pendant en dehors de la table.
de la tête humérale, les doigts contre la face Demandez-lui de faire des petits mouvements de
médiale. Plaquez votre thorax sur vos pouces et balancier. D’une main, vous maintenez la scapula,
vos doigts pour effectuer une compression de pendant que de l’autre vous rapprochez douce-
la tête humérale contre la glène. Effectuez ment et progressivement la tête humérale de la
des petits glissements en direction craniale et glène pour effectuer un lissage articulaire (fig. 9-8).
Chapitre 10
Traitement des éléments osseux

L’os
Comme nous l’avions annoncé dans les générali-
tés, ce sont surtout les os long qui sont des récep-
teurs des forces collisionnelles. L’humérus est un
bon exemple et nous allons le mettre en compres-
sion-induction et en décompression-induction.
Toutefois, au niveau de l’épaule, l’omoplate est
aussi fréquemment exposée aux traumatismes.
De ce fait, il est intéressant d’en vérifier la défor-
mabilité, surtout au niveau de l’arc acromio-
coracoïdien.

Techniques
Sur l’humérus
En décubitus
Le patient est en décubitus, coude fléchi, en appui
sur la table.
Fig. 10-1. Technique intra-osseuse sur l’humérus.
Placez une paume sur la tête humérale, plus exacte-
ment entre le col anatomique et la tête. Placez
l’autre paume sous le coude, sous la trochlée humé- Joignez vos doigts au-dessus du moignon l’épaule
rale. Comprimez en écoute des deux paumes, l’hu- de manière à créer un fulcrum.
mérus pour sentir une éventuelle zone indurée. Comprimez plusieurs fois doucement et progres-
Répétez cette manœuvre plusieurs fois en compres- sivement le talon de vos mains l’un vers l’autre et
sion, décompression, induction (fig. 10-1). relâchez lentement. Ne créez pas de douleur avec
votre appui coracoïdien.
Sur l’omoplate
Soyez attentif à la déformation que vous induisez
En position assise dans le tissu osseux. Avec un peu d’habitude, on
Placez-vous latéralement, du côté à traiter. Posez arrive à sentir très précisément les zones de fixation.
le talon de votre main postérieure sur l’épine de Focalisez votre compression sur ces zones indurées
l’omoplate et le bord postérieur de l’acromion. et travaillez-les en induction, toujours en alternant
Placez l’éminence hypothénar de votre main anté- compression et décompression lente. Essayez de
rieure très exactement sur l’apophyse coracoïde. rendre au tissu osseux une bonne malléabilité.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
140 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 10-2. Technique intra-osseuse de l’omoplate en position assise.

Fig. 10-3. Technique intra-osseuse de l’omoplate en décubitus.

La technique est terminée lorsque vous sentez que l’épine et sur l’acromion. Superposez vos index (ou
vous pouvez obtenir une déformation homogène même vos majeurs, si la taille de l’épaule ou de vos
de l’omoplate entre vos deux mains (fig. 10-2). mains le nécessite) exactement sur la coracoïde.
Comprimez et décomprimez comme précédem-
En décubitus ment entre pouces et index les segments osseux de
On peut effectuer exactement la même technique l’omoplate que vous pontez. Procéder lentement
en décubitus. Superposez vos pouces en arrière, sur et doucement et ne créez pas de zone d’hyper-
Chapitre 10. Traitement des éléments osseux 141

pression sur la coracoïde afin de ne pas éveiller de La technique en décubitus est moins puissante
douleur. Travaillez les zones fixées en induction, qu’en position assise, mais elle permet une plus
toujours en alternant les phases de compression et grande précision et souvent un meilleur ressenti
de décompression (fig. 10-3). pour les débutants.
Chapitre 11
Manipulations neurales de l’épaule

Espaces axillaires postérieurs Contenu


Il comprend :
Il existe de nombreux points-clés dans le corps • le nerf axillaire ;
humain, correspondant souvent à des entrecroise- • les artères axillaire et circonflexe humérale pos-
ments de fibres aponévrotico-musculaires délimi- térieure avec leurs veines.
tant des espaces. Le nerf axillaire envoie une branche aux muscles
Dans ces espaces cheminent des nerfs, des artères, petit rond et deltoïde. Il donne aussi le nerf cutané
des veines et des conduits lymphatiques qui en supérieur du moignon de l’épaule. Nous avons
font des zones stratégiques à manipuler. déjà souligné son importance dans les luxations de
Au niveau de l’épaule, quatre espaces postérieurs l’épaule. Une perte de sensibilité du moignon de
sont importants à investiguer et à manipuler, il l’épaule est le signe d’une atteinte neurologique de
s’agit : l’épaule qui nécessite des examens approfondis.
• de l’espace axillaire latéral ; Pour avoir un effet plus complet sur le nerf axil-
• de l’espace axillaire médial ; laire, des techniques cutanées sont importantes à
• du triangle omotricipital ; réaliser sur les parties craniales et latérales du
• du triangle humérotricipital. bras.
Dans les livres d’anatomie récents, seuls les deux
premiers espaces sont décrits. Par exemple, ils Syndrome de l’espace axillaire latéral
incluent le triangle humérotricipital dans l’espace Après certains traumatismes de l’épaule, il existe
axillaire médial. une fibrose des bords musculaires de l’espace axil-
Dans notre souci de précision pour apporter un laire latéral provoquant une compression du nerf
soulagement aux patients, il nous paraît important axillaire et de ses branches. On trouve aussi ce syn-
de les individualiser, pour mieux manipuler les élé- drome chez les personnes qui font de la muscula-
ments vasculonerveux qu’ils renferment et ne pas tion et des travaux de force.
en oublier un (figs. 11-1 et 11-2). Cette compression entraîne une hypotrophie du
petit rond avec des conséquences sur les autres
muscles de la coiffe des rotateurs.
Espace axillaire latéral C’est surtout la rotation latérale qui est gênée.

Rappels
Technique
Limites
En décubitus
• Craniale : le petit rond.
• Caudale : le grand rond. Le patient repose sur la table, l’avant-bras sur l’ab-
• Latérale : l’humérus. domen. Vous vous placez de trois quarts, derrière
• Médiale : le triceps (le chef long). l’épaule du patient.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
144 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

C3

Muscle scalène moyen


C5
Nerf dorsal de la scapula
Tronc supérieur Nerf phrénique

Tronc moyen Muscle scalène


antérieur
Nerf suprascapulaire
C8
Tronc inférieur
T1
Faisceau postérieur Carotide commune
Faisceau latéral Artère subclavière

Nerf subscapulaire Tronc brachio-


céphalique
Faisceau médial
Nerf subclavier
Nerf axillaire
Nerf thoracique long
Artère axillaire
Nerf intercosto-
Artère circonflexe brachial
humérale postérieure
Nerf radial Nerf pectoral médial
Nerf musculo-
cutané
Nerf médian

Nerf cutané médial Nerf pectoral latéral


de l’avant-bras
Nerf ulnaire Nerf cutané médial du bras
Nerf
thoraco-dorsal
Fig. 11-1. Plexus brachial et nerfs de l’épaule.

Positionnez un ou deux doigts d’une main dans écartez les fibres musculaires du grand rond et
l’espace axillaire latéral, à la recherche d’une petite du petit rond. Cet écartement permet de soula-
zone indurée. Pour simplifier l’accès à l’espace ger les contraintes musculofasciales exercées
axillaire latéral, cherchez d’abord l’insertion du sur le système vasculonerveux dans cet espace
chef long du triceps sur le tubercule infraglénoï- (fig. 11-3).
dal. Vous ne pouvez pas vous tromper, votre doigt De l’autre main, vous mobilisez le membre supé-
ne peut pas aller plus haut. Dirigez ensuite votre rieur du patient en légères rotations latérales. Elles
doigt un peu en direction caudale et là, vous vous permettent d’agrandir l’espace latéral et de mieux
situez dans l’espace axillaire latéral. le pénétrer.
Normalement, le contenu de l’espace axillaire Travaillez bien les zones indurées en induction.
latéral est à peine sensible mais il est particulière-
Nous vous recommandons cette technique qui
ment douloureux dans les affections de l’épaule.
agit très bénéfiquement sur le nerf axillaire. Elle
Soit vous travaillez directement sur le nerf par permet d’avoir un effet sur la capsule, la synoviale
une compression-induction légère. Soit vous et les muscles petit rond et deltoïde.
Chapitre 11. Manipulations neurales de l’épaule 145

Artère et nerf supra-scapulaires Ligament transverse


supérieur de la scapula

Artère et nerf dorsaux


de la scapula Ligament transverse
inférieur de la scapula

Muscle petit rond

Espace axillaire latéral :


artère circonflexe humérale
postérieure, nerf axillaire
Bord médial
Fente huméro-tricipitale :
artère profonde du
Muscle grand rond bras, nerf radial

Muscle triceps brachial


Espace axillaire médial :
artère circonflexe de la scapula
Fig. 11-2. Espaces axillaires postérieurs.

Fig. 11-3. Technique de l’espace axillaire latéral en Fig. 11-4. Technique de l’espace axillaire latéral en
décubitus. latérocubitus.
146 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

En latérocubitus Technique neurale cutanée

Dans la position classique, le patient repose sur le En latérocubitus, le sujet repose du côté opposé
côté opposé à l’épaule à traiter, vous êtes placé au nerf superficiel à traiter.
derrière lui, sa main est posée en pronation sur Nous allons vous donner par ordre d’importance
l’avant-bras placé sur la table. les zones où ces manœuvres sont les plus efficaces.
Mettez un pouce dans l’espace axillaire latéral et 1. L’émergence du nerf cutané supérieur latéral du
l’autre main sur le bras du patient. bras. C’est une branche du nerf axillaire émergeant
dans le sillon delto-tricipital. Elle est située entre le
Le pouce manipule en induction le contenant et le
chef long et le chef court du triceps. Pour l’attein-
contenu de l’espace axillaire latéral, pendant que
dre, passez bien sous la partie caudale du deltoïde
l’autre main entraîne le bras en flexion légère et en
2. L’émergence du nerf cutané postérieur du bras.
antépulsion.
C’est une branche du nerf radial, à la différence de
Il est important de séparer le tendon tricipital du la technique employée pour l’angle triceps-grand
petit rond afin d’ouvrir l’espace (fig. 11-4). rond, les doigts restent sous-cutanés. Ils ne

Fig. 11-5. Émergences des nerfs cutanés scapulaires postérieurs.


Chapitre 11. Manipulations neurales de l’épaule 147

s’enfoncent pas profondément entre les muscles deur, on trouve le nerf du muscle grand rond,
grand dorsal, grand rond et triceps. branche du nerf subscapulaire.
3. L’émergence des rameaux cutanés de la branche
dorsale des nerfs spinaux. Elle émerge à la jonction
musculo-tendineuse du muscle trapèze (fig. 11-5). Technique
Elle se fait en décubitus ou en latérocubitus. On
Espace axillaire médial emploie le même protocole que pour l’espace axil-
laire latéral, mais en plaçant son doigt médiale-
Rappels ment par rapport au triceps, selon la même
séquence vue précédemment. Une fois senti le
Voir la figure 11-6. tubercule infraglénoïdal, vous dirigez votre doigt
légèrement en direction caudale puis médiale.
Limites
L’espace axillaire médial se situe médialement par
Il est en forme de triangle à sommet médial : rapport au triceps.
• sa base est constituée par le triceps brachial (chef La première manœuvre est d’écarter les fibres
long) ; des muscles petit rond, grand rond et triceps
• son sommet par les muscles petit et grand ronds. pour donner de l’espace au contenu vasculo­
nerveux.
Contenu
La deuxième manœuvre est d’effectuer une com-
Il comprend l’artère circonflexe scapulaire, anas- pression-induction légère sur le nerf du grand
tomosée avec l’artère suprascapulaire. En profon- rond.

Clavicule
Acromion
Artère et nerf
suprascapulaires
Muscle supra-épineux
Capsule articulaire de
Épine de la scapula l’articulation de l’épaule

Nerf axillaire
Muscle infra-épineux
Artère circonflexe
Bord médial humérale postérieure

Artère circonflexe
Nerf radial
de la scapula
Artère profonde du bras

Muscle grand rond Muscle triceps brachial,


chef latéral

Muscle triceps brachial,


chef long

Fig. 11-6. Contenu des espaces postérieurs de l’épaule.


148 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Angle triceps-grand rond Contenu


Il comprend :
Rappels • le nerf radial ;
• l’artère profonde du bras.
Limites
Il est limité :
• médialement, par le muscle grand rond ; Technique
• latéralement, par le chef long du triceps brachial.
Procédez comme pour l’espace axillaire latéral, à la
Il n’a pas de base fixe, qui varie selon l’abduction différence près que vous dirigez votre doigt plus dis-
du bras. C’est pour cette raison qu’on parle « d’an- talement, jusqu’à dépasser l’obstacle du grand rond.
gle » et non de « triangle » triceps-grand rond.
En général, ces manœuvres sont efficaces quand on
trouve un point douloureux. Il correspond la plupart
Contenu
du temps à une fibre nerveuse sensible. Pensez tou-
Il comprend : jours à écarter les fibres musculofasci­ales constituant
• le nerf du muscle grand rond ; les quadrilatères et les triangles axillaires dorsaux.
• le nerf du triceps brachial. En raison de spasmes ou de fibrose musculaire, elles
Ces deux nerfs sont issus du nerf subscapulaire. peuvent contraindre les éléments vasculonerveux de
l’épaule et créer des douleurs articulaires récurrentes.
NB : dans les épicondylites latérales, on cherche une
Technique éventuelle induration ou fixation du nerf radial dans
D’un doigt, vous remontez le plus possible dans le triangle humérotricipital et aussi dans l’arcade de
l’espace compris entre les muscles grand rond et Fröhse, formée par les deux chefs du muscle supina-
triceps. Recherchez une fibre neurale particulière- teur, technique étudiée plus loin avec le coude.
ment sensible du nerf subscapulaire.
Le doigt exécute une compression-induction en
restant plaqué cranialement contre le nerf.
Incisure scapulaire
Rappels
Triangle huméro-tricipital Elle est située à mi-distance entre l’extrémité laté-
rale de l’acromion et l’angle supérieur de la sca-
Classiquement, il est inclus dans l’espace axillaire pula. Elle laisse passer le nerf suprascapulaire,
latéral, nous préférons l’individualiser pour être l’artère et la veine de même nom.
sûr de ne pas oublier de manipuler son contenu Elle est formée par le ligament transverse supé-
neurovasculaire. rieur de la scapula. Il peut arriver que l’incisure
scapulaire soit remplacée par un foramen scapu-
Rappels laire, mais c’est rare. Dans ce cas, on ne peut pas
sentir le nerf suprascapulaire.
Limites
Il est limité : Technique
• latéralement, le chef court du triceps brachial et
l’humérus ; Le patient est en décubitus, vous êtes assis de trois
• médialement, le chef long du triceps brachial ; quarts ou derrière l’épaule concernée. La main
• son sommet est constitué par la réunion des bien à plat, placez un pouce sur l’incisure. Dans
deux chefs de triceps brachial ; un premier temps, vous relâchez le ligament trans-
• sa base est formée par le grand rond. verse supérieur de la scapula.
Chapitre 11. Manipulations neurales de l’épaule 149

Fig. 11-7. Technique de l’incisure scapulaire.

Dans un deuxième temps, vous effectuez des peti- la colonne cervicale et l’articulation acromio-
tes inductions douces sur le nerf suprascapulaire. claviculaire.
C’est une excellente technique pour avoir un effet
myorelaxant sur les muscles supra et infra-épineux
(fig. 11-7). Technique
En décubitus
Nerf perforant de l’accessoire
Le patient repose sur la table avec la main de
l’épaule concernée sur l’abdomen.
Rappels
D’une main, vous maintenez l’occiput, et du
Il est sous-cutané à environ 1 à 2 travers de doigt pouce de l’autre main vous contactez le nerf per-
du bord antérieur du trapèze, à mi-chemin entre forant, le restant de la main englobant l’épaule.

Fig. 11-8. Technique du nerf perforant de l’accessoire.


150 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Effectuez des petits étirements sur le nerf perforant Remarque : Quand le nerf perforant est trop sen-
qui est presque toujours sensible, attention les nerfs sible, on le travaille de part et d’autres afin de relâ-
supportent mal la compression. Simultanément, vous cher le fascia et les fibres musculaires qui
étirez distalement l’épaule, ce qui met en tension le l’entourent et ensuite seulement on agit directe-
trapèze et le petit anneau facial qui entoure le nerf. ment sur son émergence.
La manœuvre est terminée quand la douleur dis-
paraît (fig. 11-8).
Chapitre 12
Manipulations
vasculaires de l’épaule

Artère subclavière Répétez cette manœuvre plusieurs fois jusqu’à ce


que vous sentiez que l’espace cléido-scapulaire
Voir la figure 12-1. s’agrandisse plus facilement (fig. 12-2).

Artère axillaire
Rappels
Toute la vascularisation de l’épaule est issue de Elle naît sous le grand rond. Elle passe sous le
l’artère subclavière. Nous avons décrit les techni- petit pectoral.
ques la concernant dans le livre Manipulations C’est surtout en arrière du petit pectoral qu’elle
vasculaires viscérales. risque d’être contrainte. Reportez-vous au chapi-
Le but de ces techniques est de libérer d’abord le tre consacré au petit pectoral où nous décrivons la
défilé thoracique (surtout l’angle cléido-scapu- manipulation appropriée.
laire) et ensuite d’étirer l’artère subclavière en
direction distale. Artère thoraco-acromiale
Nous allons voir l’une de ces techniques.
Rappels
Espace cléido-scapulaire Elle prend naissance juste au-dessus du petit pecto-
ral, voici les différentes branches qu’elle fournit :
En latérocubitus • claviculaire ;
• acromiale ;
Le patient repose selon la position classique sur le
• deltoïdienne ;
côté opposé à traiter. La main de l’épaule concer-
• pectorales ;
née est sur la table, la paume tournée vers le
• thoracique latérale (mais rarement).
patient.
Elle se situe entre le muscle subscapulaire et le
Placé derrière le patient, vous mettez les doigts
petit pectoral.
d’une main sur la partie antérieure du bord cranial
de la scapula. Les doigts de l’autre main sont posés
en arrière de la clavicule. Technique
De votre thorax, vous poussez l’épaule, dans un
En latérocubitus
premier temps, ventralement et dans un deuxième
temps, cranialement. Simultanément vos doigts Toujours selon la même position classique, vous
vont agrandir l’espace cléido-scapulaire en sépa- êtes placé derrière le patient qui est couché sur le
rant ses bords. côté opposé à l’épaule traitée. La main de l’épaule

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
152 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Artère vertébrale
Muscles scalènes antérieur et moyen

Artère supra-scapulaire
Tronc costo-cervical
Artère subclavière
Tronc thyro-cervical
Artère carotide
Rameau acromial
commune
Artère thoraco- Rameau deltoïdien Tronc brachio-
acromiale céphalique
Rameau pectoral
Artère circonflexe humérale postérieure Artère thoracique
supérieur
Artère subscapulaire
Muscle petit
Artère circonflexe humérale antérieure
pectoral
Artère axillaire Artère thoracique
dorsale
Artère profonde du bras
Artère thoracique
Muscle grand dorsal latérale
Muscle triceps brachial, chef long
Artère brachiale
Artère collatérale radiale

Artère récurrente médiane


Artère collatérale
Artère récurrente radiale ulnaire supérieure

Fig. 12-1. Artères du membre supérieur.

Fig. 12-2. Technique de l’espace cléido-scapulaire en latérocubitus.

douloureuse se place en pronation sur la table ou De l’autre main, vous poussez l’épaule ventralement
sur l’avant-bras du patient. et médialement pendant que vous faites jouer latéra-
Positionnez un pouce à la partie céphalique lement les fibres du petit pectoral de votre pouce.
du sillon delto-pectoral, en dedans du proces- L’idéal est d’arriver contre le bord latéral du petit
sus coracoïde, sur le bord médial du petit pectoral pour le faire glisser médialement (fig.
pectoral. 12-3).
Chapitre 12. Manipulations vasculaires de l’épaule 153

Maintenez la position plusieurs secondes pour


rétablir une bonne circulation.

Artère circonflexe humérale


postérieure
Nous avons vu dans le chapitre consacré aux ori-
fices axillaires que l’artère circonflexe humérale
postérieure traverse l’espace axillaire latéral (fig.
12-4).
Cette artère est une branche de l’artère axil-
laire, elle naît entre le petit pectoral et le grand
rond.
C’est la même technique que pour le nerf axillaire,
Fig. 12-3. Technique de l’artère acromiale. à la différence près qu’on essaie surtout d’élargir

Tronc thyro-cervical

Artère vertébrale Artère supra-scapulaire


Artère subclavière
Artère carotide Ligament transverse
commune supérieur de la scapula
Tronc brachio-
céphalique Nerf supra-
Muscle élévateur scapulaire dans
de la scapula l’incisure scapulaire
Artère transverse
du cou
Col de
Muscle supra- la scapula
épineux
Artère axillaire

Artère circonflexe
Artère dorsale de la scapula
de la scapula,
rameau profond
de l’artère transverse Artère
du cou subscapulaire

Fosse infra-
épineuse

Artère
thoraco-dorsale

Fig. 12-4. Vascularisation de la région scapulaire postérieure.


154 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

cet espace pour dégager l’artère et mieux sentir Artère subscapulaire


son pouls.
On étire les muscles formant cet espace, à savoir : Elle prend naissance en dessous du petit pectoral,
• le petit rond ; elle repose sur le muscle subscapulaire.
• le grand rond ;
• le triceps (chefs long et latéral).
Technique
Remarque : Les techniques sur l’artère circon-
flexe antérieure de l’humérus ne nous ont pas On emploie celle du petit pectoral, associée à un
convaincus. glissement caudo-médial sur l’artère axillaire.
Chapitre 13
L’épaule émotionnelle

Sur le plan émotionnel, l’épaule va souvent de pair 2/Le patient qui se tient avec les épaules bien
avec le thorax. Il est difficile de séparer ces deux droites (un peu trop) et en arrière exprime :
éléments. • la dominance ;
L’épaule émotionnelle correspond à des « états • la confiance en soi ;
d’âme », accompagnés d’attitudes et de postures. • l’orgueil ;
La posture n’étant, d’une certaine manière, que • le besoin d’action ;
l’exagération de l’attitude. • la générosité ;
• l’enthousiasme ;
Nous vous dressons une liste des projections émo-
• le paraître ;
tionnelles. Elle est fondée sur l’observation de mil-
• l’énergie ;
liers de patients. Forcément incomplète et sujette à
• une bonne défense de soi ;
exception, elle est, cependant, le reflet des patients
• la réactivité ;
qui nous consultent avec des problèmes d’épaule.
• l’extraversion ;
1/Le patient qui se tient avec les épaules enrou- • une occupation parfois un peu trop forte de son
lées en avant exprime à des degrés plus ou moins territoire.
importants :
Ce patient a plus tendance, lors d’activités ou de
• l’introversion ;
chute, à affecter les éléments antérieurs de l’épaule
• le mal-être ;
comme la capsule, le biceps le coraco-brachial et
• le sentiment d’infériorité ;
les ligaments acromio-coracoïdiens.
• la sous-estimation de lui-même ;
• la tristesse ; Nous avons séparé sur le plan émotionnel l’épaule,
• la déception ; le coude le poignet et la main. Il va de soi qu’une
• la résignation ; attitude fait jouer tout le membre supérieur. Par
• le manque de réactivité ; exemple, le dominant a les épaules basses, en
• le pessimisme ; arrière mais aussi les coudes en extension, les
• une autodéfense excessive ; mains ouvertes et tout le membre supérieur en
• la paranoïa ; rotation latérale.
• la soumission ; Quant au dominé, il a les épaules enroulées, hau-
• la crainte ; tes, les poings à demi fermés et le membre supé-
• la non-occupation de son territoire. rieur plutôt en rotation médiale.
Ces attitudes vont « fragiliser » certains secteurs de Quelles actions avoir ? Nous ne voulons pas parler
son épaule en sollicitant plus volontiers les tissus ici de libération émotionnelle. C’est un sujet trop
mous postérieurs. Ce sont des patients qui présen- vaste et sensible et qui n’est pas dans le programme
tent un risque de luxation lors d’une chute, des de ce livre. Nous pouvons cependant déjà aider les
étirements de supra-épineux, triceps, petit rond et patients en leur donnant des conseils sur leur
grand rond. posture.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
156 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Comme nous l’avons dit, une posture est une exa- dans une partie du corps et votre schéma corporel
gération de l’attitude. Elle entraîne des tensions est faussé. Lors d’un mauvais mouvement ou
musculaires et ligamentaires « masquées » mais d’une chute, le corps se défendra sans doute moins
bien réelles sur le plan articulaire. bien dans certains territoires.
Si vous vous tenez constamment avec les épaules Apprendre la bonne attitude à patient lui permet
en dedans et le membre supérieur en rotation non seulement de mieux retrouver ses fonctions
interne, vos muscles rotateurs internes sont en articulaires, de le faire au plus vite, mais aussi de le
tension, votre système circulatoire n’est activé que protéger pour l’avenir.
Chapitre 14
Anatomie fonctionnelle du coude

Organisation articulaire Cette particularité explique l’interdépendance des


mouvements des trois interlignes articulaires et les
Le coude est l’articulation intermédiaire du répercussions mécaniques en cas de pathologie
membre supérieur dont il permet le réglage en (fig. 14-1).
longueur.
Pièces osseuses
Élément osseux Humérus
Nous avons les deux épicondyles situés au-dessus
Trois pièces osseuses sont en présence : l’humé-
du capitulum et de la trochlée. L’épicondyle
rus, le radius et l’ulna, anciennement nommé
médial est le plus important et le plus proéminent.
cubitus.
Au-dessus de la trochlée et du capitulum, se trou-
• L’extrémité distale de l’humérus a une forme
vent trois fosses :
d’étrier frontal, triangulaire à base caudale,
• la fosse radiale : située à la face ventrale de l’hu-
déjeté en avant. Son centre est déhiscent, limité
mérus, juste au-dessus du capitulum, c’est la
par trois côtés dont l’inférieur est porteur d’une
plus petite des trois fosses ;
surface articulaire.
• la fosse coronoïdienne : localisée juste au-dessus
• L’ulna porte l’incisure trochléaire qui regarde
de la trochlée ;
en avant et en haut. Répondant à la trochlée
• la fosse olécrânienne : à la partie dorsale du
humérale, elle offre un arc cartilagineux de
coude, juste au-dessus de la trochlée.
180°.
• Le radius est solidaire de l’ulna pour la flexion- Radius
extension du coude, mais indépendant pour la
prono-supination. Le nom « radius » veut dire en forme de rayon.
• Contrairement à celles de l’épaule, les structures Il comporte une tête, un col et une tubérosité :
osseuses du coude offrent une bonne fonction • la tête radiale : elle s’articule avec le capitulum
de stabilité (fig. 14-1). huméral. Son bord médial est plus large, il s’ar-
ticule avec l’incisure radiale de l’ulna ;
• la tubérosité radiale : le biceps brachial s’y atta-
Élément articulaire che par un solide tendon.
Ulna
Au plan articulaire, on trouve une seule cavité arti-
culaire pour trois articulations qui sont : Il est composé de l’olécrâne, du processus coro-
• l’huméro-ulnaire, articulation maîtresse du noïde, des incisures trochléaire et radiale et de la
coude ; tubérosité de l’ulna :
• l’huméro-radiale ; • l’olécrâne : situé à la face dorsale de l’ulna, il
• la radio-ulnaire supérieure, en relation avec la contribue à la formation de l’incisure trochléaire
radio-ulnaire inférieure. de l’humérus ;

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
160 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

• le processus coronoïde : sa face supérolatérale Capsule articulaire


est articulaire et forme, avec l’olécrâne, l’inci-
sure trochléaire. Mince et lâche, elle est innervée par les quatre nerfs
Sa face latérale comprend l’incisure radiale articu- qui cheminent à ce niveau, à savoir les nerfs :
lée avec la tête radiale. Au sommet de sa face anté- • radial ;
rieure, s’insère le muscle brachial. • musculo-cutané ;

Humérus

Crête supra-
condylienne médiale Bord latéral
Fosse
Crête supra- coronoïdienne
condylienne latérale Crête supra-
Trochlée condylienne latérale
Fosse radiale humérale Fosse olécrânienne
Épicondyle latéral Épicondyle Épicondyle latéral
médial
Capitulum huméral
Sillon capitulo- Sillon du Tête radiale,
trochléaire nerf ulnaire circonférence
Tête radiale Processus articulaire
Col du radius coronoïde
Tubérosité radiale Olécrâne

Radius Tubérosité ulnaire Radius

Ulna
a b

Humérus

Articulation huméro-radiale

Tête radiale
Crête supra-
condylienne latérale Radius

Épicondyle latéral

Capitulum huméral

Articulation
huméro-ulnaire

Olécrâne
Articulation radio- Ulna
c ulnaire proximale

Fig. 14-1. Rapports osseux du coude.


Chapitre 14. Anatomie fonctionnelle du coude 161

Humérus

Tête radiale

Processus coronoïde

Tubérosité radiale
Crête supra-
Radius condylienne médiale

Capitulum huméral

Épicondyle latéral

Olécrâne

d
Ulna Trochlée humérale

Fig. 14-1. Suite.

• médian ; mécaniques exercées sur l’olécrâne lors de l’exten­


• ulnaire. sion.
Elle est lâche sagitalement, avec des culs-de-sac
antérieur et postérieur, mais tendue sur les côtés.
Au niveau du col radial, elle présente un récessus
Stabilisateurs actifs
périphérique pour permettre la rotation de la tête Nous allons voir certains muscles qui jouent un
radiale (récessus sacciforme). rôle important dans le maintien et la propriocep-
Elle est mise en tension grâce aux muscles bra- tion du coude.
chial, rond pronateur et triceps. Ils sont plus importants latéralement, certains ont
un lien capsulaire direct, d’autres rejoignent les
ligaments ou le fascia antébrachial.
Synoviale
Elle est séparée de la membrane fibreuse de la cap- Muscles « ligamentaires »
sule par des coussinets graisseux localisés dans les On trouve essentiellement :
fossettes coronoïde, olécrânienne et radiale. • l’extenseur des doigts ;
Ces coussinets amortissent et répartissent les • le court extenseur radial du carpe ;
contacts dans les mouvements du coude, surtout • l’anconé ;
lors de l’hyperextension. • le supinateur.
Sans ces coussinets, le moindre appui sur le coude
serait problématique et les risques de fracture de Muscles « capsulaires »
l’olécrâne seraient très élevés. Le brachial et le triceps du bras ont un rôle de
tenseur capsulaire primordial.
Graisse Ces muscles sont des tenseurs capsulaires, ils main-
tiennent en tension la capsule dans tous les mou-
On la trouve surtout à la partie dorsale, au niveau vements, la partie antérieure pour le biceps et la
olécrânien. Elle permet d’amortir les pressions partie postérieure pour le triceps.
162 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Comme la capsule est mince et lâche, elle pourrait les épicondyles qui provoquent des douleurs que
lors de certains mouvements éventuellement être les articulations elles-mêmes. La stabilité de ces
pincée entre les pièces articulaires du coude. dernières est globalement satisfaisante.

Tenseurs du fascia antébrachial


Ce fascia joue un rôle plus important pour L’huméro-ulnaire
l’avant-bras et la main que pour le coude. Il joue
Du fait de la congruence parfaite des becs olécrâ-
un rôle musculaire et circulatoire grâce à son rôle
nien et coronoïdien et de la forme de l’articula-
de répartiteur de pression homogène qu’il fait
tion, l’huméro-ulnaire est une articulation stable
régner dans l’avant-bras.
qui pose peu de problèmes.
Parmi les muscles tenseurs du fascia antébrachial,
D’ailleurs, on remarque que peu de muscles vien-
on peut citer :
nent renforcer le ligament collatéral ulnaire.
• le biceps brachial ;
• le triceps brachial ;
• l’extenseur des doigts.
L’huméro-radiale
Nous allons étudier plus loin les muscles à mani-
puler pour obtenir un effet capsulaire et ligamen- Elle est moins stable et surtout adaptée à la mobi-
taire sur le coude. lité. Ce sont les muscles anconé, supinateur, court
extenseur radial du carpe et extenseur des doigts
qui renforcent le ligament collatéral radial.
Stabilité articulaire La stabilité active est surtout due aux muscles
anconé et supinateur qui génèrent une coapta-
D’une manière générale, sauf en cas de gros trau- tion plus fonctionnelle huméro-radiale et radio-
matismes, ce sont plus les attaches musculaires sur ulnaire.
Chapitre 15
Éléments de diagnostic

Douleurs du coude • Une compression du nerf ulnaire au coude pro-


voquant :
Généralités – une douleur du coude au bord médial de la
main ;
Peu de patients nous consultent spécifiquement – des paresthésies des 4e et 5e doigts ;
pour un problème de coude sauf pour une épicon- – une amyotrophie des muscles interosseux
dylite ou une épitrochléite. Ces douleurs trouvent quand la compression est sévère.
leur origine après une utilisation exagérée de l’ar- • Une compression du plexus brachial dans le
ticulation, en raison d’une névralgie cervico-bra- syndrome du défilé thoracique confirmé par le
chiale préalable, d’une utilisation médicamenteuse test d’Adson-Wright et une possible anisoten­
au long cours, d’un problème métabolique ou sion.
d’une neuropathie. • Une algodystrophie, exceptionnelle au niveau
Cette sensibilisation du système nerveux rend du coude.
plus facilement irritable le système capsulo-mus-
culaire du coude, la moindre activité devient vite Métastatiques
problématique. Ce sont essentiellement des tumeurs osseuses,
Le coude, situé entre l’épaule et le poignet, doit plus présentes chez les personnes âgées, où la
souvent être traité aussi pour soulager ces deux ­douleur est le plus souvent nocturne.
articulations. C’est souvent par méconnaissance Plus rarement, ce sont des tumeurs régnant dans
que le coude est délaissé par les thérapeutes. les organes intra- ou extrathoraciques qui envoient
des métastases dans le coude.
Étiologie des douleurs du coude
Compressives
Les douleurs du coude ne sont pas toujours d’ori- Hygroma du coude
gine mécanique, nous allons voir qu’elles peuvent
être le signe d’autres pathologies que vous risquez C’est une bursite, le plus souvent consécutive à un
de rencontrer. traumatisme ou des micro-traumatismes répétés.
Plus rarement due à une sepsie (infection par des
Voici les principales causes de douleurs du coude.
bactéries).
Neurologiques Notons aussi la goutte qui peut créer une poche
• Des névralgies cervicobrachiales, dues à des d’acide urique. Nous avons vu plusieurs patients
problèmes mécaniques, traumatiques ou arth- avec un taux d’acide urique normal dont les dou-
rosiques, ou parfois tumorales, elles provien- leurs du coude étaient dues à l’action compressive
nent théoriquement : de cette poche. C’est uniquement à la ponction
– de C6 pour les douleurs ventrales ; que ce diagnostic a été confirmé.
– de C7 pour les douleurs dorsales ; Notons que la goutte est en forte augmentation.
– de C8 pour les douleurs médiales. Faites attention en présence d’une douleur

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
164 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

olécrânienne avec bursite sans traumatisme préa- nous en avons vu qui duraient plusieurs années.
lable, c’est peut-être dû à la goutte. Elles apparaissent souvent après une hyperactivité
C’est d’ailleurs le même phénomène pour les dou- du membre supérieur et le plus souvent après des
leurs du tendon d’Achille. mouvements forcés et mal adaptés.
Pensez à inspecter l’hélix de l’oreille et les doigts Mais on se rend compte qu’elles se déclarent
du patient, à la recherche de tophus. souvent en relation avec une fixation cervicale
préalable.
Conseils Les débutants pratiquant le golf confondant force
et coordination musculaire connaissent bien ces
Surtout donnez lui des conseils hygiéno-diététiques à tendinites, sans parler des joueurs de tennis, des
savoir : peintres, « bodybuilders » et tous ceux qui ont un
• suppression de l’alcool et des purines ; abats, gibiers,
métier où les membres supérieurs sont soumis à
fruits de mer, poisson gras, charcuterie, oseille, asperge
des stress physiques considérables.
et épinards ;
• le chocolat et les laitages le soir sont aussi fortement
déconseillés.
Demandez au patient de boire souvent de petites quan- Douleurs
tités d’eau, tout au long de la journée.
Elles se situent sur l’attache des extenseurs ou des
fléchisseurs. Elles créent une inflammation des
Inflammatoires fibres musculaires et de leurs insertions sur le
périoste correspondant, allant parfois jusqu’à une
• Rhumatismale, l’atteinte du coude est rarement véritable boursouflure périostée, visible radiologi-
inaugurale, elle accompagne un autre rhuma- quement :
tisme inflammatoire connu. • chez le tennisman, la douleur siège plus sur les
• Septique, les symptômes sont si évidents qu’il extenseurs, et elle est plus intense quand il serre
est difficile de se tromper : le poing ;
– douleurs aiguës, nocturnes et insomniantes ; • chez le golfeur, la douleur siège plus volontiers
– impotence fonctionnelle avec fièvre. sur les fléchisseurs.

Arthrosiques locales
Fréquemment, l’arthrose du coude est secondaire
Différentes épicondylites
à des fractures ou des luxations. On la trouve aussi Notons d’abord que les deux épicondyles ne sont
chez les travailleurs de force subissant des micro- pas inclus dans la capsule articulaire.
traumatismes.
Épicondylite latérale
Épicondylites Elle affecte les muscles épicondyliens latéraux, à
savoir :
Généralités • le court extenseur radial du carpe ;
• le long extenseur radial du carpe ;
Sur le plan de la terminologie, on confond sou- • le brachio-radial (moins fréquemment atteint) ;
vent les épicondylalgies qui concernent les douleurs • le supinateur ;
tendino-musculaires et les épicondylites qui provo- • l’extenseur des doigts ;
quent une inflammation du cartilage. Pour ne pas • l’extenseur du V ;
alourdir le texte, nous garderons le terme • l’extenseur ulnaire du carpe ;
d’épicondylite. • l’anconé.
Ce sont les lésions du coude les plus fréquentes Elle se manifeste par des douleurs latérales du
que nous voyons. Certaines sont redoutables, coude au serrage de la main, au port d’une charge
Chapitre 15. Éléments de diagnostic 165

ou lors d’une activité sportive comme le tennis (le soulevant une charge au cours d’un geste
fameux tennis elbow). brusque.
On peut provoquer cette douleur par : La douleur est ventrale, réveillée par la pression
• une pression sur l’épicondyle ; sur le tendon du biceps et son expansion aponé­
• une extension et une supination contrariée du vrotique (lacertus fibrosus) et à la flexion contra-
poignet ; riée du bras.
• ou tout simplement en demandant au patient de
vous serrer la main. Tendinite tricipitale
On se rend compte que pas moins de 8 muscles Elle se traduit par une douleur dorsale sur l’inser-
s’attachent sur l’épicondyle latéral. Ils échangent tion du triceps sur l’olécrâne. Elle est plus rare que
tous quelques fibres musculaires avec le ligament la tendinite du biceps, et met souvent en cause la
collatéral radial et le ligament annulaire du bourse tricipitale et la graisse située dans la fosse
radius. olécrânienne qui a tendance à se figer ou à se
Ceci explique en grande partie la difficulté d’obte- fibroser.
nir des résultats rapides sur les épicondylites laté- La douleur est réveillée par la pression du ten-
rales. Leur irritation affecte la partie très profonde don du triceps et à l’extension contrariée du
de l’articulation huméro-radiale, elle irradie sur le bras.
plan ligamentaire et indirectement sur le plan
capsulaire.
Conseils
Épicondylite médiale Pour toutes les épicondylites et tendinites, donnez quel-
Elle concerne les muscles : ques conseils hygiéno-diététiques à vos patients.
• rond pronateur ; Reportez-vous au préalable à ce que nous avons écrit
• fléchisseur superficiel des doigts ; pour les douleurs du coude liées à la goutte.
Vérifiez aussi toujours l’épicondyle opposé à l’épicondyle
• fléchisseur radial du carpe ;
irrité. On est parfois surpris de trouver une inflammation
• long palmaire ; symétrique, asymptomatique. Le cerveau n’intègre pas
• fléchisseur ulnaire du carpe. deux douleurs à la fois. Il privilégie toujours la plus forte,
À la différence des attaches des muscles sur mais la moins symptomatique contribue à la chronicité
l’épicondyle latéral, les muscles épicondyliens de l’autre.
médiaux n’échangent pas de fibres avec le liga-
ment collatéral médial. De ce fait, l’épicondy-
lite médiale est relativement plus facile à Lésions traumatiques du coude
soigner.
Elles ont surtout lieu en compression à la suite
Ce sont des douleurs à la face médiale du coude
d’une chute sur la main et plus rarement sur le
qu’on trouve chez les bricoleurs, les artisans et les
coude.
joueurs de golf.
Les forces traumatiques se concentrent, d’abord,
On peut provoquer la douleur en comprimant
sur la membrane interosseuse radio-ulnaire, puis à
l’épicondyle médial et lors de la flexion-pronation
l’ulna et, enfin, à l’humérus.
contrariée du poignet.
Quand le choc lésionnel dépasse le coude, ce sont
l’épaule, la clavicule, la 1re côte ou la colonne cer-
Autres tendinopathies vicale qui en sont les victimes.
Il existe souvent des fixations cervicale et de la
Tendinite bicipitale
1re côte, associées à celle du coude. Les lésions,
On la trouve plus volontiers chez les « bodybuil- lors d’un mouvement du coude, se font fréquem-
ders » et ceux qui vont forcer brutalement en ment en flexion-pronation du coude.
166 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Modifications de l’amplitude • soit le coude est hyperlaxe, auquel cas on cher-


articulaire che plus un effet proprioceptif avec des résultats
mitigés.
Elles sont de deux sortes :
• soit le coude devient raide, auquel cas nos
Conseils
techniques sont efficaces. Dans les raideurs sou-
vent consécutives à l’immobilisation du coude, Méfiez-vous chez les hémophiles qui ont une faiblesse
on peut voir des épaississements capsulaires et vasculaire particulière du coude, avec risque d’héma-
liposynoviaux, des micro-cicatrices, des accole- tome intra-articulaire ou intramusculaire. Toute mobili-
sation du coude est à proscrire ou alors seulement dans
ments aponévrotiques ou tendineux et des
de petites amplitudes en induction.
ostéomes ;
Chapitre 16
Manipulations des stabilisateurs
actifs du coude

Ce sont tous les muscles qui ont un effet direct ou Action


indirect sur l’articulation du coude. • Flexion du coude.
• Tenseur capsulaire.
• Rétroverseur de l’épaule (très légèrement).
Le brachial
Particularités
Rappels Comme nous l’avons déjà dit, c’est un tenseur
Voir la figure 16-1. capsulaire. C’est le muscle des charges lourdes,
quand il ne peut résister à une charge lourde, le
Origine biceps le supplée avec des risques de rupture de
son corps musculaire. C’est un muscle mono-
Il trouve son origine sur l’humérus, à la moitié articulaire.
caudale de sa face ventrale.

Direction
Technique
Elle est caudale.
En décubitus
Terminaison Le patient repose le membre supérieur sur la table,
Il se termine sur : le bras légèrement fléchi, la paume en avant.
• l’ulna, sur sa tubérosité ; Le brachial est dorsal par rapport au biceps et se
• la capsule du coude, on peut dire que c’est un termine sur l’ulna. Enfoncez légèrement un pouce
muscle capsulaire. sur le bord médial du lacertus fibrosus, contre le
bord latéral du rond pronateur, en direction de la
Innervation tubérosité ulnaire.
Il est innervé par : L’autre pouce agit de même à la partie caudale du
• le nerf musculo-cutané (C5-C6) ; lacertus fibrosus.
• le nerf radial (C5-C6) pour une petite partie Les pouces essaient de se rejoindre près de la tubé-
latérale. rosité ulnaire, à deux travers de doigts du pli du
coude (fig. 16-2).
Vascularisation
On peut aussi faire alternativement jouer le ten-
Il est vascularisé par l’artère brachiale et la récur- don d’insertion avec un pouce d’abord en direc-
rente radiale. tion médiale et ensuite latérale.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
168 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Corps de
l’humérus

Fig. 16-2. Technique du brachial en décubitus.

Muscle brachial

Le biceps brachial
Rappels
Voir la figure 16-3.

Épicondyle médial Origine


Il trouve son origine sur la scapula, par deux chefs,
Épicondyle latéral
long et court :
• à son tubercule supraglénoïdal, pour le chef
long ;
Tubérosité ulnaire
• au processus coracoïde, pour le chef court.
Tubérosité radiale

Direction
Elle est caudale, les deux chefs se réunissent très
Fig. 16-1. Muscle brachial. près de la terminaison du muscle deltoïde.

Terminaison
On mobilise le tendon d’insertion ulnaire média- Il se termine par :
lement et latéralement, en essayant de le soulever • la tubérosité du radius ;
ventralement en latéroflexion. • une expansion de tissu conjonctif rejoignant le
Cette manipulation a pour but principal de libérer fascia antébrachial à sa partie médiale (le lacer-
la capsule et la synoviale. tus fibrosus).
Chapitre 16. Manipulations des stabilisateurs actifs du coude 169

Vascularisation
Il est vascularisé par l’artère brachiale.
Actions au niveau du coude
C’est un fléchisseur et un supinateur quand le
coude est fléchi. C’est aussi un tenseur du fascia
antébrachial.

Particularités
Ce muscle bi-articulaire, comme nous l’avons vu,
est important pour le labrum et la capsule de
l’épaule.
En soulevant des charges lourdes, il peut se
­rompre au niveau du corps charnu. Le patient
consulte pour une « boule » à la face ventrale du
Muscle biceps bras.
brachial, chef court La sanction est le plus souvent chirurgicale. Mais
Muscle nous avons vu des patients qui ont préféré ne rien
biceps brachial, faire et, petit à petit, le biceps a retrouvé un peu de
chef long
sa fonctionnalité.

Technique
Muscle biceps
brachial On peut la réaliser en décubitus ou en latérocubi-
tus, le patient couché sur le côté du coude à
Muscle brachial manipuler.
C’est surtout son expansion aponévrotique, le
lacertus fibrosus qui nous intéresse par son rôle sur
le fascia antébrachial et son voisinage avec le nerf
Lacertus fibrosus médian et l’artère brachiale.
(expansion fibreuse du
Cette lame fibreuse peut s’irriter lors de mouve-
tendon du biceps)
ments forcés ou répétés. Cette aponévrite est dif-
Tubérosité ulnaire et
tendon d’insertion du
ficilement supportable. Elle peut provoquer une
muscle brachial irritation du nerf médian se propageant au niveau
Tubérosité radiale et du poignet et de la main.
tendon d’insertion du
muscle biceps brachial En décubitus
Fig. 16-3. Biceps brachial. 1re modalité
Le patient repose le membre supérieur sur la
table, le bras légèrement fléchi, la paume en
avant.
Innervation
Vos deux pouces glissent sur le rond prona-
Il est innervé par le nerf musculo-cutané (C5-C6). teur, puis se dirigent, d’abord distalement et
Le réflexe bicipital permet de tester la racine spi- ensuite médialement, sur les bords du lacertus
nale de C6. fibrosus.
170 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Essayez de trouver des adhérences et des zones


de rugosité pour les travailler en induction. Il
est aussi intéressant de faire jouer cette expan-
sion ventralement pour avoir deux effets sur :
• le nerf médian ;
• le rond pronateur.
Remarque : Pour compléter cette manipulation
du biceps, reportez-vous aux manipulations du
biceps sur l’épaule.

2e modalité
Le patient repose sur la table, le coude légère-
ment fléchi. Demandez au patient de faire quel-
ques mouvements de flexion-supination de
l’avant-bras, pour bien différencier les insertions
radiale et aponévrotique du biceps (fig. 16-4).
Essayez de faire un soulèvement-induction des
deux pouces du lacertus fibrosus. Réalisez, ensuite,
un écartement-induction du tendon bicipital
radial et du lacertus fibrosus.
Fig. 16-5. Technique du lacertus fibrosus en latérocubitus.

En latérocubitus
Remarque : Cette technique a un effet sur le
Le patient repose du côté du coude à manipuler, rond pronateur et indirectement sur le nerf
vous vous installez face à lui. Des deux pouces et médian et l’artère brachiale situés juste en
vous effectuez un écartement-induction des atta- arrière. Elle sert aussi à relâcher la pression intra-
ches distales du biceps. canalaire de la loge des fléchisseurs du coude.
Un pouce entraîne le tendon de la tubérosité
radiale latéralement, pendant que l’autre attire le
lacertus fibrosus médialement (fig. 16-5). Le rond pronateur
Rappels
Voir la figure 16-6.

Origine
Il trouve son origine sur :
• l’épicondyle médial ;
• le septum intermusculaire médial ;
• le processus coronoïde de l’ulna.

Trajet
Il est latéral et distal.

Terminaison
Il se termine par une tubérosité pronatrice du
Fig. 16-4. Technique du lacertus fibrosus en décubitus. radius.
Chapitre 16. Manipulations des stabilisateurs actifs du coude 171

Épicondyle
médial, chef
commun des
fléchisseurs
Tubérosité
radiale
Muscle long
Muscle rond palmaire
pronateur

Muscle Muscle
fléchisseur radial fléchisseur
du carpe ulnaire du carpe

Fig. 16-7. Technique du rond pronateur.

Fig. 16-6. Muscle rond pronateur.


Fixez l’ulna à sa partie craniale avec la main
médiale, contactez les attaches du muscle dur le
radius et demandez au patient d’effectuer une
Vascularisation supination. Cette manœuvre a pour effet d’étirer
Il est vascularisé par l’artère brachiale et l’artère le rond pronateur (fig. 16-7).
ulnaire.

Innervation Le triceps brachial


Il est innervé par le nerf médian (C6–C7). Rappels
Action
Voir la figure 16-8.
Il est responsable de la pronation de l’avant-bras.
Origine

Technique Il est constitué de trois chefs : long, médial et


latéral.
Le patient est en décubitus, le bras légèrement • La scapula, au niveau du tubercule infra glénoï-
fléchi et en supination. dal, pour le long chef.
172 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Chef latéral

Chef long
Muscle triceps
brachial,
chef médial
Muscle triceps
brachial, Chef médial
chef long
Muscle triceps
brachial,
chef latéral Muscle
triceps brachial
Muscle
anconé

Épicondyle médial b
Olécrâne
Muscle anconé

Ulna

Radius

a
Fig. 16-8. Triceps brachial.

• L’humérus : Terminaison
– à sa face dorsale, sous le sillon du nerf radial et
Il se termine par :
le septum intermusculaire, pour le chef médial ;
• l’ulna, les trois tendons se rejoignent sur l’olé­
– à sa face latérale, au-dessus du sillon du nerf
crâne ;
radial, pour le chef latéral.
• le fascia antébrachial.

Direction Innervation
Elle est caudale. Il est innervé par le nerf radial (C6-D8).
Chapitre 16. Manipulations des stabilisateurs actifs du coude 173

Vascularisation nous intéresse par ses relations avec la capsule et le


fascia antébrachial.
Il est vascularisé par l’artère profonde du bras et la
collatérale radiale. De part et d’autre du tendon tricipital sur l’olé-
crâne, on va rechercher des zones de micro-
adhérences qu’on relâche en induction.
Particularités N’hésitez pas à passer progressivement sous le
Le long chef du triceps brachial en fait un muscle tendon tricipital pour atteindre la graisse sous-
bi-articulaire. Les autres chefs sont mono-articu- jacente (fig. 16-9).
laires. Le long chef peut échanger des fibres avec Latéralement, se trouve l’anconé, des fibres du
le grand dorsal. tendon du triceps le rejoignent. Il faut bien explo-
rer cette jonction pour libérer d’éventuelles fixa-
tions entre les deux muscles.
Actions
• Extension du coude.
• Tenseur capsulaire.
• Tenseur du fascia antébrachial. L’anconé
• Rétroverseur de l’épaule.
• Adducteur du bras. Rappels
Voir la figure 16-10.

Technique Origine
On peut la réaliser en procubitus ou latérocubitus, Il trouve son origine sur l’humérus, à sa face dor-
le patient reposant sur le côté opposé au coude à sale :
traiter. • l’épicondyle latéral ;
Des deux pouces, vous faites jouer latéralement • le ligament collatéral radial.
le tendon d’insertion du triceps sur l’olécrâne et,
en fin de manœuvre, vous essayez de passer entre Direction
le tendon et son attache olécrânienne.
Elle est oblique, caudale et médiale.
En dedans du tendon, dans la fosse olécrânienne,
se trouve de la graisse articulaire. Elle a pour fonc-
tion d’amortir les chocs de l’olécrâne dans la fosse Terminaison
olécrânienne humérale, lors de l’extension du Il se termine par l’ulna, au tiers proximal dorsal du
coude. bord latéral.
Cette graisse articulaire a aussi un rôle propriocep-
teur et mécanorécepteur. Elle peut se figer et
Innervation
devenir progressivement fibreuse et créer une irri-
tation articulaire. Il est innervé par le nerf radial (C7-C8).
Mobilisez en induction cette graisse par des mou-
vements lents et progressifs, en passant sous le Vascularisation
tendon tricipital.
Il est vascularisé par l’artère récurrente radiale.

En procubitus Action
Le patient repose, le membre supérieur sur la • Extension du coude.
table, la main posée sur sa face palmaire. Le triceps • Tenseur capsulaire avec le triceps.
174 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Épicondyle
latéral
Olécrâne
Muscle anconé

Ulna

Radius

Fig. 16-10. Muscle anconé.

Fig. 16-9. Technique du triceps en procubitus.

Particularité
C’est un tenseur capsulaire dorsal comme le tri-
ceps, il s’attache sur le chef médial du triceps
brachial.

Technique
En procubitus
Le patient est dans la même position que pour le
triceps brachial. Posez un pouce sur l’épicondyle
latéral à sa face dorsale, et l’autre sur le bord latéral Fig. 16-11. Technique de l’anconé en procubitus.
de l’ulna pour servir de point fixe. Effectuez un
étirement en induction sur l’insertion au niveau
de l’épicondyle latéral et faites jouer progressive- Effectuez la même manœuvre en pensant bien à
ment l’avant bras en flexion. faire glisser en induction les insertions de l’anconé
sur l’épicondyle latéral (fig. 16-12).
L’intérêt de cette manipulation est d’avoir un effet
sur le ligament collatéral radial, très utile dans le
traitement des épicondylites latérales (fig. 16-11).
Le supinateur
En latérocubitus
Rappels
Le patient repose sur le côté opposé au coude à
traiter, la main en pronation. Voir la figure 16-13.
Chapitre 16. Manipulations des stabilisateurs actifs du coude 175

Terminaison
Il se termine sur le radius, entre la tubérosité
radiale et l’insertion du rond pronateur.

Innervation
Il est innervé par le nerf radial, par son rameau
profond C5-C6.

Vascularisation
Il est vascularisé par une branche de l’artère
radiale.

Particularité : l’arcade de Fröhse


Comme nous l’avons déjà signalé pour les épicondy-
lites, le rameau profond du nerf radial traverse le
supinateur.
Les faisceaux du muscle supinateur issus de la partie la
plus dorsale du ligament collatéral radial sont superfi-
ciels. Ils façonnent un arc tendineux concave distale-
ment, appelé l’arcade de Fröhse.
Le rameau profond du nerf radial passe en arrière de
cette arcade, il est intéressant de relâcher l’arcade pour
libérer l’environnement myo-fascial du nerf.

Technique
En latérocubitus
Le patient repose sur le côté opposé au membre
supérieur à traiter, l’avant-bras, le long du corps,
appuyant sur son rebord médial ou sur sa face
antérieure.
Fig. 16-12. Technique de l’anconé en latérocubitus.
Le supinateur est profondément situé en dedans
des extenseurs du carpe et des doigts, en dehors
de l’anconé et cranialement par rapport au long
Origine abducteur du pouce.
Il trouve son origine sur : Juste en dessous de la partie dorsale de l’épi-
• l’ulna : la crête du muscle supinateur, à sa partie condyle latéral, on écarte latéralement de nos
dorsale ; doigts les muscles extenseurs du carpe, pour
• l’humérus : l’épicondyle latéral ; ressentir l’espace entre le radius et l’ulna (fig.
• le ligament collatéral radial ; 16-14).
• le ligament annulaire du radius. On fixe l’ulna et on mobilise le radius en prona-
tion pour étirer les insertions du supinateur.
Direction D’un pouce, on explore la partie latérale dorsale
Elle est oblique latérale, le supinateur tourne autour de l’ulna et de l’autre la partie dorsale, légèrement
de la face dorsolatérale du tiers cranial du radius. médiale du radius.
176 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Humérus

Épicondyle latéral

Ligament
collatéral radial

Muscle supinateur
profond
Muscle supinateur
superficiel
Ulna

Radius

Fig. 16-13. Muscle supinateur.

Fig. 16-14. Technique du supinateur en latérocubitus.

On travaille les zones de rugosité en induction. Le • le ligament annulaire du radius, à sa partie dorsale ;
but de cette technique est d’avoir un effet sur : • le rameau profond du nerf radial qui traverse le
• le ligament collatéral radial ; muscle.
Chapitre 16. Manipulations des stabilisateurs actifs du coude 177

L’extenseur des doigts Technique


En latérocubitus
Rappels
Le patient est dans la même position que pour
Voir la figure 16-15. le muscle supinateur, reposant sur le côté opposé
Origine au membre supérieur à traiter, l’avant-bras
appuyant sur son bord médial ou sur sa face
Il trouve son origine sur : ventrale.
• l’humérus, sur l’épicondyle latéral ; On se met sur l’épicondyle latéral, à sa partie dor-
• le ligament collatéral radial ; sale. On demande au patient de faire une exten-
• le ligament annulaire du radius ; sion des doigts pour mieux repérer les fibres
• le fascia antébrachial. d’insertion sur l’épicondyle latéral. On travaille
Direction ces insertions en induction. On dirige ensuite
ses doigts un peu plus latéralement vers le liga-
Elle est verticale distale, le tendon de l’extenseur ment annulaire radial, à la recherche de micro-
des doigts passe dans une gouttière à la face dor- adhérences.
sale du radius. Pour augmenter la tension des fibres d’insertion,
Terminaison on demande au patient de faire simultanément
une flexion de la main (fig. 16-16).
Il se termine sur la base de toutes les phalanges L’intérêt de la technique est de pouvoir agir sur :
proximales sauf celle du pouce. • le ligament collatéral radial ;
Innervation • le ligament annulaire du radius ;
• le fascia antébrachial.
Il est innervé par le nerf radial, par son rameau
profond (C6-C8).
Les extenseurs radiaux
Vascularisation du carpe
Il est vascularisé par une branche de l’artère
radiale. Le court extenseur radial
du carpe
Action
L’extension des doigts, c’est le plus puissant des Voir la figure 16-17.
extenseurs.
Origine
Particularité Il trouve son origine sur :
• l’humérus, sur l’épicondyle latéral ;
Ce muscle nous intéresse par ses insertions
• le ligament collatéral radial ;
sur :
• le ligament annulaire du corps.
• le ligament collatéral radial ;
• le ligament annulaire du radius ; Direction
• le fascia antébrachial.
Elle est distale ; les extenseurs radiaux du carpe
Remarque : Les muscles extenseurs des doigts,
passent dans un sillon à la face dorsale de la sty-
extenseur du 5e doigt, extenseur ulnaire du carpe,
loïde radiale.
partagent le même tendon d’insertion sur l’épi-
condyle latéral de l’humérus. Quand on manipule
Terminaison
l’insertion humérale de l’extenseur des doigts, on
inclut les autres muscles. Il se termine sur la base du 3e métacarpe.
178 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Humérus

Épicondyle médial Épicondyle


latéral
Olécrâne

Ulna
Muscle extenseur
des doigts
Muscle extenseur
ulnaire du carpe

Muscle extenseur
du petit doigt Radius

Processus
styloïde du radius

Connexions
intertendineuses

Tendons du muscle
extenseur des doigts

Fig. 16-15. Muscle extenseur des doigts.

Fig. 16-16. Technique de l’extenseur des doigts en latérocubitus.


Chapitre 16. Manipulations des stabilisateurs actifs du coude 179

Crête supra-condylienne latérale

Épicondyle latéral
Humérus

Olécrâne
Muscle brachio-radial

Ulna
Muscle long extenseur
radial du carpe

Muscle court extenseur


radial du carpe

Processus styloïde du radius

Base du troisième Base du second métacarpien


métacarpien

a
Fig. 16-17. Muscles extenseurs du carpe.

Innervation • Flexion faible du coude.


• Participation à la fermeture du poing.
Il est innervé par le nerf radial, par son rameau
profond (C7). Particularité

Vascularisation Il s’insère sur le ligament collatéral radial et le liga-


ment annulaire du radius.
Il est vascularisé par les artères radiale et brachiale.
Le long extenseur radial du carpe
Actions
Origine
• Extension de la main.
• Latéroflexion légère de la main, quand elle est Il trouve son origine sur :
en inclinaison ulnaire. • l’humérus à la crête supracondylienne ;
180 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Humérus

Muscle brachio-radial

Épicondyle médial Épicondyle latéral

Olécrâne

Muscle long extenseur


radial du carpe

Ulna

Muscle court extenseur


radial du carpe

Membrane interosseuse
antébrachiale

Radius

Muscle brachio-radial,
tendon d’insertion

Processus styloïde du radius

Base du troisième Base du deuxième


métacarpien métacarpien

Corps du métacarpien

Tête du métacarpien

b
Fig. 16-17. Suite.

• l’épicondyle latéral ; Terminaison


• le ligament collatéral radial, son insertion est
Il se termine sur la base du 2e métacarpe.
moins étalée que celle du court extenseur ;
• le septum intermusculaire. Innervation
Direction Il est innervé par le nerf radial par son réseau pro-
Elle est distale, en compagnie du court extenseur fond (C6-C7).
radial du carpe.
Vascularisation
Les tendons des extenseurs radiaux du carpe passent
dans un sillon à la face dorsale de la styloïde radiale. Il est vascularisé par les artères radiale et brachiale.
Chapitre 16. Manipulations des stabilisateurs actifs du coude 181

Actions Des deux pouces, on mobilise en traction les inser-


• Flexion du coude. tions humérales de leurs attaches sur l’épicondyle
• Extension du poignet. latéral. On fait jouer ces insertions médiale­
• Latéroflexion radiale du poignet. ment et latéralement en maintenant la traction.
• Pronation faible le bras fléchi. On essaie de décoller ces muscles en induction,
• Supination faible, bras en extension. en les attirant au préalable latéralement (fig.
• Participation à la fermeture du poing. 16-18).
Grâce à cette technique, on a un effet sur :
Particularité • le ligament collatéral radial ;
Son attache humérale le rend indirectement • le ligament annulaire du radius ;
­solidaire du ligament collatéral radial. • le périoste huméral.
Remarque sur les extenseurs radiaux du carpe :
Autrefois, on appelait « épicondylite » l’inflamma-
tion des attaches sur l’épicondyle latéral des exten- Les tendons de la gouttière
seurs radiaux du carpe. À l’heure actuelle, on la radiale
dénomme « épicondylite latérale » pour la différen-
cier de l’épicondylite médiale (ex-épitrochléite).
La fermeture prononcée et maintenue du poing
Rappels
déclenche la douleur. Cette épicondylite est appelée À la face dorsale du radius, sur le processus sty-
aussi « tennis elbow » et peut provoquer une vérita- loïde, on trouve de latéral à médial quatre gout­
ble périostite au niveau des insertions de ces tières où passent les tendons des muscles que nous
muscles. allons citer par gouttière :
• dans la première gouttière :
Technique – le long abducteur du pouce ;
– le court extenseur du pouce ;
En latérocubitus • dans la seconde gouttière :
– le long extenseur radial du carpe ;
Les extenseurs radiaux sont très importants à – le court extenseur radial du carpe ;
relâcher du fait de leur implication dans les épi- • dans la troisième gouttière :
condylites latérales. – le long extenseur du pouce ;
Le patient repose sur le côté opposé au bras à trai- • dans la quatrième gouttière :
ter, l’avant-bras reposant sur la partie latérale de la – l’extenseur des doigts ;
cuisse. – l’extenseur de l’index.

Fig. 16-18. Technique des muscles long et court extenseur radial du carpe.
182 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Tendon extenseur
Tendon du long extenseur long du pouce
radial du carpe Scaphoïde Rétinaculum
Trapèze

Tendon extenseur
court du pouce
Artère radiale

Premier Tendon du long


métacarpien abducteur du pouce

Fig. 16-19. Tendons de la gouttière radiale.

On peut facilement repérer à la face dorsale du important. Quand on manipule les muscles exten-
radius une proéminence osseuse, le tubercule dor- seurs radiaux du carpe, on agit sur le supinateur.
sal (fig. 16-19). Cet effet s’effectue surtout quand on fait glisser les
extenseurs pour accentuer leur effet sur le ligament
collatéral radial.
Technique
En procubitus
Les muscles de l’épicondyle
C’est une technique de dégrippage tendineux pour médial
les limitations de la flexion du coude et du
poignet.
Ce sont les muscles qui provoquent des épicondy-
Le patient repose le bras en dehors de la table. De lites de la face antérieure du coude, autrefois appe-
vos deux pouces, vous explorez méthodiquement lées épitrochléites. On trouve de médial à latéral
les différentes gouttières. les muscles :
Faites jouer transversalement les tendons comme • rond pronateur ;
des cordes de guitare. Vous pouvez demander au • fléchisseur superficiel des doigts ;
patient d’accomplir des mouvements dorsaux de • fléchisseur radial du carpe ;
la main et du poignet, pour mieux sentir les • long palmaire ;
tendons. • fléchisseur ulnaire du carpe (fig. 16-21).
Faites glisser ces muscles sur leurs attaches osseu-
ses et fasciales en réalisant une traction-induction Le rond pronateur
de vos deux pouces.
En permanence, les deux pouces doivent rester en Origine
contact osseux. Il trouve son origine sur :
Essayez ensuite de sentir les fibres de ces muscles • l’humérus sur l’épicondyle médial ;
qui rejoignent le ligament collatéral radial et la • le septum intermusculaire médial ;
capsule (fig. 16-20). • l’ulna, sur son processus coronoïde.
Remarque : Le muscle supinateur, par les fibres
Direction
qu’il échange avec les ligaments collatéral, radial et
annulaire du radius, a aussi un rôle articulaire Elle est distale et latérale.
Chapitre 16. Manipulations des stabilisateurs actifs du coude 183

Direction
Elle est distale et latérale.

Terminaison
Il se termine sur les phalanges.

Innervation
Il est innervé par le nerf médian, C7-T1.

Vascularisation
Il est vascularisé par l’artère ulnaire.

Action
• Flexion du poignet et des phalanges.
• Légère flexion du coude.

Particularité
Le nerf médian chemine entre les chefs ulnaire
Fig. 16-20. Technique des tendons de la gouttière radiale. et radial du muscle fléchisseur superficiel des
doigts, formant un arc tendineux. Ce muscle est
important à relâcher pour libérer le nerf
Terminaison médian.
Il se termine sur le radius, sur la tubérosité
pronatrice. Le fléchisseur radial du carpe
Innervation Origine
Il est innervé par le nerf médian, C6–C7. Il trouve son origine sur :
• l’humérus sur l’épicondyle médial ;
Vascularisation • le fascia superficiel de l’avant-bras.
Il est vascularisé par l’artère ulnaire.
Direction
Action
Elle est distale, très légèrement latérale.
Il joue un rôle dans la pronation de l’avant-
bras.
Terminaison

Le fléchisseur superficiel Il se termine par le deuxième métacarpien, à sa


face palmaire.
des doigts
Origine Innervation

Il trouve son origine sur : Il est innervé par le nerf médian, C6–C7.
• l’humérus, sur l’épicondyle médial ;
Vascularisation
• l’ulna, sur le processus coronoïde ;
• le radius, sur son corps. Il est vascularisé par l’artère ulnaire.
184 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Épicondyle médial,
chef commun des
fléchisseurs

Tubérosité radiale

Muscle long palmaire


Muscle rond pronateur

Muscle fléchisseur Muscle fléchisseur


radial du carpe ulnaire du carpe

Muscle fléchisseur
superficiel des doigts
Muscle fléchisseur
superficiel des doigts

Base du second
métacarpien
Pisiforme

Crochet de l’hamatum

Base du cinquième métacarpien


Aponévrose palmaire

a
Fig. 16-21. Muscles de l’épicondyle médial.

Action Direction
• Flexion de la radio-carpienne. Elle est distale.
• Légère action de flexion du coude et de
pronation. Terminaison

Particularité Il se termine par l’aponévrose palmaire.

Il passe dans le canal carpien dans un sillon Innervation


du trapèze. C’est un véritable tunnel ostéo­
Il est innervé par le nerf médian, C7-T1.
fibreux.
Vascularisation
Le long palmaire Il est vascularisé par l’artère ulnaire.

Origine Action
Il trouve son origine sur l’humérus, sur l’épicon- • Flexion de la main.
dyle médial. • Tension de l’aponévrose palmaire.
Chapitre 16. Manipulations des stabilisateurs actifs du coude 185

Humérus,
épicondyle médial
Processus coronoïde

Tubérosité radiale
Tubérosité ulnaire
Membrane interosseuse
antébrachiale
Radius

Muscle fléchisseur
Muscle long profond des doigts
fléchisseur du pouce

Muscle carré pronateur


Tubercule du trapèze
Trapèze
Pisiforme

Crochet de l’hamatum

Base de la phalange
distale du premier doigt

Phalange distale
b du quatrième doigt

Fig. 16-21. Suite.

Particularité Terminaison
Ce muscle joue un rôle important sur la pression Il se termine sur :
qui règne à l’intérieur du canal carpien. • le pisiforme ;
• l’hamatum, sur le ligament piso-hamatum ;
• le 5e métacarpien, sur le ligament piso-méta­
Le fléchisseur ulnaire du carpe carpien.
Origine Innervation
Il trouve son origine sur : Il est innervé par le nerf ulnaire.
• l’humérus, sur l’épicondyle médial ;
• l’ulna, sur l’olécrâne et le bord proximal Vascularisation
postérieur ; Il est vascularisé par l’artère ulnaire.
• le fascia antébrachial.
Action
Direction
• Flexion palmaire du poignet.
Elle est distale. • Adducteur ulnaire de la main.
186 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Techniques
Technique des attaches humérales
des fléchisseurs
Cette technique est à utiliser pour les épicondyli-
tes médiales.

En latérocubitus
Le patient repose sur le côté du coude à traiter.
1/Des deux pouces, vous mobilisez en traction
médio-latéralement l’insertion épicondylienne
des muscles fléchisseurs. Le mouvement est
progressif et doux, à tout moment vous devez
sentir la partie osseuse sous vos pouces et main-
tenez la traction sur les attaches musculaires
(fig. 16-22).
2/Des pouces et d’un ou deux doigts, vous Fig. 16-22. Technique des muscles des attaches huméra-
­soulevez de leur attache épicondylienne les les des fléchisseurs en latérocubitus.
insertions des fléchisseurs. Effectuez un soulève-
ment-induction en ayant toujours l’impression
que le mouvement se concentre sur les attaches
osseuses.

Technique de la loge antérieure


de l’avant-bras
Elle est très efficace pour traiter les épicondylites
médiales et le canal carpien.

En décubitus
Le patient repose sur le dos, d’une main vous
tenez la partie postérieure du coude et vous placez
le pouce de l’autre main à la jonction musculoten-
dineuse de l’avant-bras.
De votre pouce, imprimez des appuis progres-
sifs assez profonds sur la loge des fléchisseurs du
coude et de la main, jusqu’à ce que les doigts
fléchissent.
C’est à ce niveau que vous allez exécuter des trac-
tions-inductions distales, jusqu’à ressentir un relâ- Fig. 16-23. Technique de la loge antérieure de l’avant-bras
en décubitus.
chement. C’est comme si la pression myofasciale
diminuait à l’intérieur de toute la loge de l’avant-
bras (fig. 16-23). • fléchisseur superficiel des doigts ;
Cette technique concerne surtout les muscles : • fléchisseur profond des doigts ; notons que ce
• rond pronateur ; muscle ne s’attache pas sur l’épicondyle médial
• fléchisseur radial du carpe ; huméral, mais sur la face palmaire de l’ulna et la
• long palmaire ; membrane interosseuse ;
Chapitre 16. Manipulations des stabilisateurs actifs du coude 187

• long fléchisseur du pouce ; ce muscle, quant à Cette manœuvre agit non seulement sur le groupe
lui, s’insère sur la face antérieure du radius et de musculaire mais aussi sur le nerf médian et les
la membrane interosseuse ; artères radiale et ulnaire.
• à un moindre degré les muscles brachio-radial et
fléchisseur ulnaire du carpe. NB : N’oubliez surtout pas cette technique
pour le syndrome du canal carpien, elle est très
Il faut considérer cette loge comme un tunnel et la
efficace.
finalité de cette technique est de relâcher la pres-
sion intratunnellaire.
Chapitre 17
Manipulations des stabilisateurs
passifs du coude

Ligaments passifs Particularités


De nombreux muscles partagent des fibres avec le
Les ligaments du coude sont puissants, on ligament collatéral radial comme :
trouve : • l’extenseur des doigts ;
• le ligament collatéral radial ; • le court extenseur radial du carpe ;
• le ligament annulaire radial ; • l’anconé ;
• le ligament collatéral ulnaire. • le supinateur.
C’est surtout lors d’une chute directe sur la main Cela signifie qu’une manipulation du ligament
qu’ils doivent résister à une contrainte puis­ collatéral radial implique aussi celle de ces mus­
sante. cles.
Nous l’avons vu dans la description des ligaments
Technique
actifs. C’est à la partie latérale du coude qu’on
trouve de très nombreux muscles échangeant leurs En décubitus
fibres avec les ligaments collatéraux radial et annu­ Le patient repose le coude en légère flexion, la
laire. C’est une zone très sensibilisée lors des mou­ main sur le ventre. D’un pouce, vous partez
vements répétitifs. de l’épicondyle radial pour vous diriger vers
le ligament annulaire radial, afin d’apprécier les
fibres longitudinales à direction distale (fig.
Ligament collatéral radial 17-2).
Maintenant, des deux pouces, faites des petits éti­
Voir la figure 17-1.
rements transversaux, comme si vous vouliez sépa­
rer les fibres ligamentaires. On peut demander au
Origine patient de réaliser des mouvements de pronation
Il trouve son origine sur l’humérus, à son épicon­ et de supination pendant la manœuvre pour aug­
dyle latéral. menter l’effet d’étirement.
On effectue cette technique dans les suites de
Direction traumatismes sur le membre supérieur et pour les
épicondylites latérales.
Elle est distale.
Ligament annulaire radial
Terminaison
Rappels
Il se termine sur le ligament annulaire du radius et
par son intermédiaire sur l’ulna. Voir la figure 17-3.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
190 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Humérus

Épicondyle latéral Épicondyle


médial

Capsule articulaire

Ligament
collatéral radial Ligament
collatéral ulnaire

Ligament
annulaire radial

Tubérosité radiale
Tubérosité ulnaire
Radius

Ulna

Humérus

Ligament radial annulaire

Récessus sacciforme
Crête supra-
condylienne latérale Radius

Épicondyle latéral

Articulation
huméro-ulnaire

Olécrâne
Ligament Col du Ulna
b collatéral radial radius

Fig. 17-1. Ligament collatéral radial.

La face latérale de la capsule articulaire est renfor­ Il s’insère de part et d’autre de l’ulna en crava­
cée latéralement par le robuste ligament annulaire tant la tête radiale. Il est rétréci à son pourtour
radial. distal pour empêcher une subluxation de la tête
Sa face médiale est recouverte de tissu cartilagi­ radiale.
neux, pour permettre les mouvements de prosupi­ Associé à la capsule, il permet à la tête radiale de
nation du radius. faire des rotations dans l’incisure radiale de l’ulna
Chapitre 17. Manipulations des stabilisateurs passifs du coude 191

et de pivoter, en regard du capitulum, pendant la


prosupination de l’avant-bras.

Technique
Du pouce et de l’index d’une main, vous entou­
rez la tête radiale et de l’autre main vous effec­
tuez des mouvements de prosupination pour
mettre en tension les ligaments afin de mieux les
étirer.
La manœuvre est terminée quand vous sentez une
bonne liberté de mouvement et que la douleur a
disparu (fig. 17-4).

Lissage chondro-limamentaire
En comprimant dorsalement et ventralement
Fig. 17-2. Technique du ligament collatéral radial en la tête radiale contre le ligament annulaire radial
décubitus. et en faisant des mouvements de prosupina­
tion, actifs ou passifs, on réalise une technique
de lissage chondral. Celle-ci a un effet sur

Ligament
collatéral radial
Ligament
collatéral ulnaire

Ligament
annulaire radial

Fig. 17-3. Ligament annulaire radial.


192 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

l­’incisure radiale qui reçoit la tête radiale et sur la


­partie du ligament annulaire recouvert de carti­
lage.

Ligament collatéral ulnaire


Origine
Il trouve son origine sur l’humérus, à son épicon­
dyle médial (fig. 17-5).

Direction et terminaison
On lui distingue trois directions pour rejoindre
l’ulna :
• 1/ventrale, vers le processus coronoïde ;
• 2/dorsale, vers l’olécrâne à son bord médial ;
• 3/transversale, entre le processus coronoïde et
le bord médial de l’olécrâne.

Technique
En latérocubitus
Fig. 17-4. Technique du ligament annulaire radial.
Vous êtes installé devant le patient qui repose du côté
du coude à traiter, le bras légèrement fléchi. Placez
un pouce sur l’épicondyle médial, légèrement en

Humérus

Crête supra-
condylienne latérale
Fosse oléocrânienne

Épicondyle Épicondyle
médial latéral

Ligament
collatéral ulnaire Ligament
collatéral radial
Sillon du nerf ulnaire

Olécrâne

Radius
Ulna

a
Fig 17-5. Ligament collatéral ulnaire.
Chapitre 17. Manipulations des stabilisateurs passifs du coude 193

Humérus
Ligament radial annulaire

Processus coronoïde

Tubérosité radiale
Crête supra-
Radius
condylienne médiale
Ligament collatéral
ulnaire, partie antérieure

Épicondyle latéral
Ligament collatéral
ulnaire, partie
postérieure
Ligament collatéral
ulnaire, partie
b Ulna Olécrâne transverse

Fig 17-5. Suite.

Remarque : Autant le ligament collatéral radial est


renforcé par de nombreux muscles, autant le liga­
ment collatéral médial paraît plus isolé. À notre
avis, c’est qu’il est plus puissant et moins sollicité
lors des traumatismes sur la main et l’avant-bras. Il
devient cependant sensible, lors d’activités sur­
chargeant l’articulation.

Fascias
Fascia brachial
Le fascia brachial entoure le bras. À sa partie cen­
trale, on trouve le hiatus basilicus qui laisse passer
la veine basilique et le nerf cutané antébrachial,
situé à son bord latéral.
Le hiatus basilicus est un point-clé pour relâcher
le fascia brachial. Ce dernier est épais et résis­
tant. Par le septum intermusculaire, il sépare les
muscles fléchisseurs des muscles extenseurs.
Plus exactement, il existe deux septas intermus­
culaires, l’un est médial, l’autre latéral. C’est
Fig. 17-6. Technique du ligament collatéral ulnaire en grâce à eux que le fascia brachial est attaché à
latérocubitus. l’humérus et plus particulièrement sur les épi­
condyles. Il est donc intéressant à relâcher dans
avant et l’autre, tour à tour, vers le processus coro­ les épicondylites. Le fascia brachial continue le
noïde et l’olécrâne. Cherchez bien les zones de rugo­ fascia axillaire et il se poursuit lui-même par le
sité que vous travaillez en induction (fig. 17-6). fascia antébrachial.
194 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

pouce de distal à proximal, entre le biceps et le


triceps.
Environ à mi-distance du bras, votre pouce va res­
ter bloqué au niveau du hiatus. Le patient peut
ressentir une douleur, due au nerf cutané antébra­
chial (fig. 17-7).
De votre pouce, soulevez ventralement et crania­
lement le hiatus basilicus en suivant l’induction.
La finalité de cette technique est de relâcher le
fascia brachial et de décomprimer la veine basili­
que ainsi que le nerf cutané antébrachial.

Technique du septum intermusculaire latéral


Au cours de son trajet dans le bras, le nerf radial
perfore le septum intermusculaire latéral. Il
passe alors de la loge postérieure à la loge anté­
rieure du bras où il chemine dans la gouttière
bicipitale latérale. Le point de croisement du
Fig. 17-7. Technique du fascia brachial. nerf, accompagné de l’artère humérale pro­
fonde, avec le septum latéral est un autre point-
clé du fascia brachial. Il représente une zone
Techniques
très intéressante à vérifier et à manipuler en cas
Technique du hiatus basilicus de fixation.
C’est surtout au niveau du hiatus basilicus qu’on Le patient est en latérocubitus du côté opposé au
peut relâcher le fascia brachial. Le patient est en côté à traiter. Repérez la limite entre biceps et tri­
latérocubitus du côté à traiter. Faites glisser un ceps, sur la face latérale du bras. À l’union du tiers
moyen et du tiers inférieur du bras, à environ cinq

Fig. 17-8. a. et b. Technique du septum intermusculaire latéral.


Chapitre 17. Manipulations des stabilisateurs passifs du coude 195

travers de doigts au-dessus de l’épicondyle latéral,


vous pouvez localiser assez aisément le nerf entre
les deux muscles.
Placez vos pouces côte-à-côte, l’un sur le biceps,
l’autre sur le triceps. Par un petit mouvement de
rotation axiale, essayez de séparer les deux muscles
l’un de l’autre, en regard de la zone neurale, en
prenant soin de ne pas comprimer le nerf contre
l’os (fig. 17-8).
1/Suivant les tensions ressenties, faites quelques
manœuvres d’induction-séparation jusqu’à per­
ception d’une bonne élasticité tissu­laire.
2/Vous pouvez ensuite saisir le septum entre vos
pouces et vos index, placés de part et d’autre du
nerf, pour le « soulever » délicatement, comme si
vous vouliez le décoller de l’humérus. Faites, là
Fig. 17-9. Technique cutanée de l’épicondyle.

Nerf cutané médial


Fascia du muscle de l’avant-bras
biceps brachial Veine basilique
Veine céphalique
Nerf médian

Muscle biceps brachial Artère et veine brachiales


Muscle triceps brachial
Muscle brachial
Artère collatérale ulnaire
supérieure et nerf ulnaire

Muscle brachio-radial Artère collatérale


ulnaire inférieure
Épicondyle médial
Nerf cutané latéral
Muscle rond pronateur
de l’avant-bras
Muscle fléchisseur
Tendon du muscle radial du carpe
biceps brachial
Muscle long palmaire
Veine perforante
Muscle long extenseur
radial du carpe Aponévrose bicipitale
(expansion fibreuse
Artère radiale lacertus fibrosus)

Muscle fléchisseur
ulnaire du carpe
Veine céphalique

Veine médiale
de l’avant-bras

Fig. 17-10. Lacertus fibrosus.


196 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

encore, quelques manœuvres d’induction pendant que en induction du côté où le lacertus fibrosus
que vous maintenez votre traction sur le septum manque d’élasticité.
(fig. 17-9).
Technique du fascia antébrachial
En décubitus
Fascia antébrachial
Le patient repose, le coude sur la table.
Rappels Prenez le membre supérieur concerné, avec un
De nombreux muscles du bras ont une insertion appui large des deux mains sur l’avant-bras.
sur le fascia antébrachial. C’est le fascia de Soit vous posez les deux pouces sur la partie ven­
l’avant-bras, il joue un rôle important sur les trale de l’avant-bras, les paumes entourant les par­
muscles postérieurs de l’avant-bras. ties médiale et latérale et vos doigts la partie
À sa partie ventrale, il échange des fibres avec le dorsale, soit vous mettez une paume en avant et
lacertus fibrosus. Il cloisonne les différents groupes l’autre en arrière (fig. 17-11).
musculaires à la fois pour les isoler et aussi pour les Effectuez une traction-induction des deux
regrouper d’un point de vue fonctionnel. mains sur l’avant-bras, sans chercher à le com­
À la partie distale de l’avant-bras, c’est lui qui primer. C’est comme si vous vouliez « séparer »
constitue le rétinaculum des extenseurs. l’aponévrose antébrachiale des muscles qu’elle
entoure.
Ce fascia joue un rôle important sur :
• les tensions réciproques capsulaires huméro- C’est une technique subtile qu’on réalise en fin de
radio-ulnaires ; traitement.
• les tensions réciproques musculaires ;
• la pression régnant dans les diverses loges de
l’avant-bras ;
• le système circulatoire de l’avant-bras et de la
main ;
• le système proprioceptif ;
• le système nerveux, notamment le nerf médian.
L’organisme doit assurer l’harmonie capsulo-mus­
culo-ligamentaire, les fléchisseurs et les extenseurs
créent une tension réciproque permettant l’équili­
bre indispensable à une bonne coordination
neuromusculaire.

Technique du lacertus
Il est important de rechercher une éventuelle
tension des fascias des muscles fléchisseurs ou
extenseurs que nous avons vus au préalable.
Commencez par l’expansion aponévrotique du
biceps (lacertus fibrosus) qui vient se jeter sur
le fascia antébrachial du côté ulnaire (fig.
17-10).
Le patient est en décubitus. Étirez le lacertus
fibrosus avec le pouce transversalement plutôt
médialement et latéralement. Utilisez une techni­ Fig. 17-11. Technique du fascia antébrachial en décubitus.
Chapitre 17. Manipulations des stabilisateurs passifs du coude 197

Olécrâne

Axe de la prosupination Incisure


Ligament collatéral radial trochléaire
Processus
Fossette articulaire coronoïde
de la tête radiale

Ligament Ligament
annulaire radial collatéral ulnaire

Tubérosité radiale
Tubérosité ulnaire

Ligament oblique

Axe de la
prono-supination
Bord antérieur

Corps de l’ulna

Bord interosseux
Bord interosseux

Membrane
interosseuse
antébrachiale

Ligament radio-
ulnaire palmaire

Processus styloïde
de l’ulna
Processus
a styloïde du radius

Fig. 17-12. Membrane interosseuse et corde oblique.

Membrane interosseuse
Rappel anatomique l’ulna vers le radius, selon une direction oblique
C’est un élément qui assure la solidité entre le latérale et distale.
radius et l’ulna. À sa partie caudale, elle est telle­ Plus distalement, la membrane interosseuse est
ment résistante que c’est l’os qui se rompt avant la oblique dans le sens opposé, c’est-à-dire médiale­
membrane interosseuse. ment et distalement.
Au niveau cranial, son renforcement prend le nom Nous verrons sa manipulation avec le poignet
de ligament oblique ou de corde oblique, dirigée de (fig. 17-12).
198 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Olécrâne
Axe de la
prosupination

Ligament
collatéral radial
Ligament Articulation radio-
annulaire radial ulnaire proximale

Col du radius

Tubérosité radiale Tubérosité ulnaire

Bord interosseux

Bord interosseux
Face latérale

Membrane
interosseuse Bord postérieur
antébrachiale
Face postérieure
Articulation radio-ulnaire distale
Tubercule dorsal

Ligament radio-ulnaire dorsal

Tête ulnaire
b Processus styloïde de l’ulna Processus
styloïde du radius

Fig. 17-12. Suite.

Technique de la corde oblique


En décubitus
Effectuez des mouvements sagittaux alternés du
Le patient repose l’avant-bras en supination sur la radius et de l’ulna. Quand vous dirigez l’un ven­
table. Placez une paume sur le radius et l’autre sur tralement, vous postériorisez l’autre et ainsi de
l’ulna (fig. 17-13). suite.
Chapitre 17. Manipulations des stabilisateurs passifs du coude 199

Fig. 17-13. Technique de la corde oblique en décubitus.


Chapitre 18
Manipulation de l’appareil
de glissement

Lissage articulaire Technique

Cette technique a pour but de libérer d’éventuel- Le sujet repose en procubitus, le poignet du coude
les contraintes articulaires et de lisser les surfaces concerné placé au-dessus de vos genoux pour
cartilagineuses (fig. 18-1). l’étirer distalement. Sentez l’étirement articulaire
Olécrâne
Incisure trochléaire

Articulation radio- Zone dépourvue


ulnaire proximale de cartilage

Fossette articulaire Processus


coronoïde
Tête radiale

Tubérosité ulnaire

Tubérosité radiale

Olécrâne
Corps de l’ulna,
Articulation radio-
face antérieure
Bord antérieur ulnaire proximale
Incisure
trochléaire
Tête radiale,
Corps du radius, circonférence
face antérieure articulaire

Bord interosseux

Membrane interosseuse
antébrachiale

Tête ulnaire Dorsal

Incisure radiale
Processus styloïde Articulation radio- Fossette Processus
du radius ulnaire distale articulaire coronoïde
a b
Fig. 18-1. Surfaces de glissement du coude.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
202 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 18-2. Technique de lissage articulaire en procubitus.

se concentrer sur le coude et non sur l’épaule, la C’est en comprimant et décomprimant à tour de
main est en position intermédiaire. rôle les parties latérale ou médiale du coude
Des deux paumes de mains, saisissez les extrémités qu’on précise son action sur l’une des articula-
proximales du radius et de l’ulna. tions précitées. Faites aussi des petits mouve-
ments de rotation et de flexion latérale sur les
Effectuez et maintenez une traction distale de
trois articulations du coude. Maintenez toujours
l’ensemble du coude. La traction est réalisée à la
un minimum de traction distale, le mouvement
fois sur le coude lui-même et la main placée entre
doit être progressif.
vos jambes (fig. 18-2).
Cette technique a un effet de lissage articulaire et
La manœuvre concerne les articulations :
une action sur tout le système capsulo-ligamen-
• huméro-radiale ;
taire du coude.
• huméro-ulnaire ;
• radio-ulnaire proximale.
Chapitre 19
Manipulation intra-osseuse

L’os
Technique Les deux mains vont comprimer l’ulna en induc-
tion. Attention à ce que la paume au niveau du
Le patient est en décubitus, le coude fléchi repo- poignet proscrive toute action de flexion mais
sant sur la table, le poignet en flexion. transmette uniquement la compression axiale de
Placez une paume sous le radius et l’ulna au niveau distal à proximal.
du coude et l’autre sur la partie dorsale distale de C’est le plus souvent le radius qui mémorise les
ces mêmes os. forces collisionnelles (fig. 19-1).

Fig. 19-1. Technique osseuse radio-ulnaire.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Chapitre 20
Manipulations neurales

Traitement ostéopathique
de routine

Voici d’abord plusieurs recommandations généra-


les pour aborder ces tendinites et douleurs du
coude d’un point de vue neural.
1/Se tenir à distance du foyer douloureux
Moins on touche le foyer douloureux, mieux le
patient se porte. Cette zone hyperalgique a subi
des mouvements trop intenses ou mal adaptés,
autant la laisser se reposer.
2/Relâcher les fibres douloureuses de part et d’autre
du foyer lésionnel
Après avoir trouvé le foyer lésionnel, faites des
petits mouvements d’induction de part et d’autre
de la zone hyperalgique.
Fig. 20-1. Libération du plexus brachial.
3/Manipuler les nerfs radial, ulnaire et médian
En principe, pour les épicondylites latérales, on prend pas la manœuvre, demandez lui d’amener
relâche le nerf radial et pour les médiales, le nerf lui-même son épaule vers sa joue. Dans cette
médian. Il est cependant plus efficace de mani- position, le pouce ou l’index effectue des glisse-
puler les deux, n’oublions pas qu’ils s’anasto- ments-induction sur le plexus. Essayez de fixer
mosent à la face palmaire de la main. légèrement une partie du plexus pour l’étirer
4/Libérer le plexus brachial délicatement, en direction distale (fig. 20-1).
Il existe de nombreuses manœuvres que nous Remarque : Ne cherchez jamais à comprimer le
avons abordées dans nos différents ouvrages plexus mais plutôt à l’étirer avec douceur.
précédents. Nous allons en décrire une autre 5/Mettre un bandage compressif
qui permet aussi d’être très précis. Ne pas le mettez pas sur la zone sensible, pla-
Technique : Installez-vous derrière le patient cez-le un peu en direction distale. Placez le ban-
qui repose dans la position classique du côté dage compressif, là où la compression diminue
opposé au plexus brachial à relâcher. La main la douleur. Pour trouver la bonne zone de com-
du plexus concerné repose sur la table ou sur pression, demandez au patient de serrer fort la
son avant-bras. Placez le pouce ou l’index de la main ce qui déclenche la douleur. De votre
main proximale dans le triangle cléido-scapu- pouce, effectuez une compression distale sur
laire, contre la partie antérieure du plexus bra- l’avant-bras pendant que le patient vous serre la
chial. De l’autre main, vous amenez l’épaule main. Faites varier la position de votre pouce
d’abord en avant et ensuite seulement en direc- jusqu’à la partie précise où la pression stoppe ou
tion craniale. Si le patient résiste ou ne com- diminue fortement la douleur. En principe,

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
206 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

l’emplacement idéal se situe à quatre travers de on peut sentir et manipuler quatre nerfs de laté-
doigts en dessous du pli du coude. ral à médial :
6/Vérifier la colonne cervicale • le radial ;
C’est souvent entre C5 et C6 et plus rarement à • le cutané latéral de l’avant-bras ;
C7 qu’on trouve une fixation cervicale. Soit elle est • le médian ;
à l’origine de l’épicondylite, qui est alors plus une • l’ulnaire.
névralgie qu’une épicondylite, soit elle est secon- Nous nous servons de cette concentration neurale
daire à l’épicondylite, par irritation ascendante. rare dans nos manipulations. Notons qu’on trouve
aussi une concentration neurale de la même
importance au niveau de la face dorsale du pied.
Nerfs du pli du coude
Plan superficiel
On se rend compte que la face antérieure du
coude est une zone privilégiée sur le plan neural, Voir la figure 20-2.

Veine basilique
Muscle biceps brachial Nerf cutané
antébrachial médial

Veine céphalique

Épicondyle médial

Nerf cutané Veine médiane du coude


antébrachial latéral

Veine médiane
profonde du coude

Veine médiane Aponévrose bicipitale


de l’avant-bras (expansion fibreuse
lacertus fibrosus)

Veine médiane basilique

Veine céphalique Veine basilique

Fig. 20-2. Nerfs superficiels du coude.


Chapitre 20. Manipulations neurales 207

Nerf cutané antébrachial médial


C’est au niveau du hiatus basilicus qu’apparaissent
la veine basilique et le nerf cutané antébrachial
médial.
Le hiatus est situé médialement à 4 travers de
doigts au-dessus du pli du coude. Si vous avez du
mal à le visualiser, comprimez la veine juste au-
dessus du pli du coude pour mieux faire apparaître
le départ de la veine basilique.

Technique
Relâchez le petit « ring » fascial entourant la veine
basilique et le nerf cutané antébrachial médial.
Contactez le nerf pour effectuer une légère com-
pression induction (fig. 20-3).

Nerf musculo-cutané
On peut sentir son émergence au bord latéral du
tendon du biceps. Il pénètre ensuite dans le fascia

Fig. 20-4. Technique du nerf musculo-cutané.

profond pour devenir le nerf cutané antébrachial


latéral.

Technique
Elle concerne le nerf cutané antébrachial latéral
que l’on trouve sur la partie latérale de la gouttière
bicipitale latérale au niveau du pli du coude. Le
nerf étant sous-cutané, on le travaille au niveau de
la peau entre le derme et l’hypoderme (fig. 20-4).

Plan profond
Voir la figure 20-5.

Nerf médian
Il suit l’artère brachiale :
• au niveau céphalique, il est latéral par rapport à
l’artère ;
• au niveau caudal, il est médial par rapport à l’artère.
Il donne une branche au rond pronateur, juste
Fig. 20-3. Technique du nerf cutané antébrachial médial. avant d’entrer dans le coude.
208 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Nerf cutané médial


de l’avant-bras

Veine basilique
Veine céphalique
Artère brachiale
Muscle biceps brachial Muscle triceps brachial
Nerf médian
Muscle brachial Artère collatérale ulnaire
Sillon bicipital latéral supérieure et nerf ulnaire

Nerf musculo-cutané
Épicondyle médial
Muscle brachio-radial
Rameau profond
Nerf radial Muscle rond pronateur,
Rameau superficiel
chef ulnaire
Tendon du muscle
biceps brachial Nerf médian

Artère récurrente radiale


Muscle rond pronateur
Artère ulnaire
Muscle fléchisseur
radial du carpe
Artère radiale
Muscle supinateur Muscle long palmaire

Muscle rond pronateur Muscle fléchisseur


ulnaire du carpe

Fig. 20-5. Plan neural profond.

Technique Chez les personnes âgées, ce conduit peut se res-


On le libère en faisant une légère compression- serrer et comprimer le nerf, une hypertrophie
induction, juste au-dessus du lacertus fibrosus, musculaire peut provoquer les mêmes symp­
médialement par rapport au tendon du biceps. tômes.

Technique
Nerf ulnaire
Le patient est en latérocubitus, reposant sur le
À sa partie distale, il chemine devant le chef médial côté à manipuler, le coude légèrement en avant du
du triceps brachial. corps. De vos deux index, suivez le nerf ulnaire
Il passe en arrière de l’épicondyle médial de l’humé- dans son conduit ostéofibreux, à la recherche
rus pour pénétrer dans l’avant-bras. Il circule dans d’une éventuelle fixation. Faites d’abord jouer le
un conduit ostéofibreux fermé par une rétin­aculum. nerf délicatement et directement dans sa gouttière
Chapitre 20. Manipulations neurales 209

Fig. 20-6. Technique du nerf ulnaire.

Fig. 20-7. Technique du nerf radial.

pour le relâcher ensuite en légère compression- Technique


induction (fig. 20-6). On la réalise au niveau du sillon radial. Le patient
est en latérocubitus, du coté opposé au bras
Nerf radial concerné. À environ deux travers de main au-
dessous de l’interligne gléno-huméral latéral, on
Il entre dans le bras par l’espace axillaire latéral, en trouve le sillon radial. Rappelons que le nerf radial
accompagnant l’artère brachiale profonde. peut être lésé dans cette gouttière en cas de frac-
Il suit le sillon radial de l’humérus. Il passe entre le ture ou de luxation de l’épaule.
brachial et le brachio-radial qui s’insère au-dessus Faites une très légère compression-induction du
de l’épicondyle. nerf dans sa gouttière. Tout appui un peu trop
Il entre dans l’avant-bras en passant devant l’épi- fort peut entraîner une névralgie durable et
condyle latéral, sous le brachio-radial, et ensuite gênante.
entre les deux faisceaux du muscle supinateur. Reportez-vous au chapitre concernant le muscle
Il peut être abîmé lors d’entorse, de luxation ou supinateur pour libérer le nerf entre ses deux fais-
de fracture de la tête radiale. ceaux (fig. 20-7).
Chapitre 21
Manipulations vasculaires

Artère brachiale Elle passe devant l’articulation du coude où elle a


un contact avec le tendon du biceps brachial et le
C’est de loin la plus importante, elle continue l’ar- lacertus fibrosus.
tère axillaire.

Nerf cutané médial


Fascia du muscle de l’avant-bras
biceps brachial Veine basilique
Veine céphalique
Nerf médian

Muscle biceps brachial Artère et veine brachiales


Muscle triceps brachial
Muscle brachial
Artère collatérale ulnaire
supérieure et nerf ulnaire

Muscle brachio-radial Artère collatérale


ulnaire inférieure
Épicondyle médial
Nerf cutané latéral
Muscle rond pronateur
de l’avant-bras
Muscle fléchisseur
Tendon du muscle radial du carpe
biceps brachial
Muscle long palmaire
Veine perforante
Muscle long extenseur
radial du carpe Aponévrose bicipitale
(expansion fibreuse
Artère radiale lacertus fibrosus)

Muscle fléchisseur
ulnaire du carpe
Veine céphalique

Veine médiale
de l’avant-bras

Fig. 21-1. Artère brachiale.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
212 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

On peut la palper aisément, légèrement en des- avec le nerf radial dans l’espace axillaire latéral
sous du pli du coude, entre les insertions radiale et formé par :
aponévrotique du biceps (fig. 21-1). • l’humérus, le rebord caudal du grand rond ;
• le bord latéral du chef long du triceps brachial.
Technique Nous avons vu avec l’épaule les manipulations de
l’espace axillaire latéral. L’artère brachiale se
Le sujet est en décubitus, relâchez la jonction divise en dessous du coude en artères radiale et
entre le lacertus fibrosus et le rond pronateur pour ulnaire.
décomprimer l’artère (fig. 21-2).

Technique
Artère brachiale profonde
On la libère en écartant les muscles ronds prona-
C’est la plus grosse branche de l’artère bra- teur et supinateur dont nous avons déjà décrit les
chiale. Elle devient postérieure après être passée techniques (fig. 21-3).

Fig. 21-2. Technique de l’artère brachiale. Fig. 21-3. Technique de l’artère brachiale profonde.
Chapitre 22
Le coude émotionnel

Correspondances émotionnelles • l’attentisme ;


• la protection physique, par rapport à l’autre
Voici les principales réactions comportementales (surtout quand le patient se tient les coudes au
et émotionnelles que l’on peut trouver dans les corps) ;
problèmes du coude : • l’attente d’un problème éminent réel ou
• la peur de toucher l’autre ; supposé ;
• la peur d’être en contact avec l’autre ; • la peur de dépenser, souvent à cause d’une édu-
• le repli sur soi ; cation où la personne a reçu ce type de message
• la timidité ; « ne dépense pas pour rien, n’achète rien de
• la défense de soi-même ; superflu ». C’est classique chez les personnes
• l’appréhension ; qui plaquent leur coude contre leur sac ou
• la retenue ; contre leur portefeuille quand ils marchent,
• la difficulté du passage à l’acte ; alors qu’ils sont dans une zone sécurisée, sans
• la difficulté de faire le pas ; risque d’être dépouillés.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Chapitre 23
Anatomie fonctionnelle
du poignet et de la main

L’étude de la main est inséparable de celle du poi- Éléments osseux


gnet, et même de celle de l’avant-bras. À vrai dire,
à partir du coude il n’existe plus qu’une seule Sur le plan osseux, la forme globale du poignet
unité physiologique. Ainsi, cliniquement, le traite- constitue un tunnel ostéofibreux appelé canal
ment du poignet est inséparable de celui de carpien.
l’épaule et du coude. Le poignet est centré sur les huit os carpiens, dis-
Le poignet et la main sont très exposés aux trau- posés sur deux rangées :
matismes lors de chutes ou de coups, ou encore • la rangée supérieure ou proximale, encore appe-
aux plaies et aux cicatrices. lée première rangée, est constituée de dehors en
Du fait de son rôle postural important, le pied fait dedans par le scaphoïde, le lunatum, le triqué-
presque systématiquement l’objet d’investigations trum et le pisiforme ;
mécaniques au cours du diagnostic ostéopathique. • la rangée inférieure ou distale, encore appelée
En revanche, la main et le poignet, autour des- deuxième rangée, comprend de dehors en
quels gravitent pourtant de nombreuses chaînes dedans le trapèze, le trapézoïde, le capitatum et
musculaires, sont souvent les grands oubliés de l’hamatum.
nos techniques d’évaluation manuelle générale.
En cas de symptômes motivant la consultation, le
complexe articulaire poignet-main retrouve toute Élément articulaire
son importance. Le poignet et la main sont constitués d’une série
d’articulations complexes. La présence de très
nombreux éléments ligamentaires, tendineux et
Organisation articulaire aponévrotiques fait que, plus qu’ailleurs, l’équili-
générale bration tissulaire est très importante au niveau de
cette unité délicate (fig. 23-2).
Le poignet constitue la jonction entre l’avant-bras On retrouve les unités articulaires suivantes :
et la main. Il s’étend de l’extrémité inférieure des • radio-ulnaire (radio-cubitale) distale ;
deux os de l’avant-bras, en haut, à la 2e rangée du • radio-carpienne : articulation entre l’extrémité
carpe, en bas. inférieure du radius et la face supérieure du sca-
Le complexe du poignet et de la main ne compte phoïde et du lunatum ;
pas moins de 27 os, sans tenir compte des sésa- • ulno-ménisco-triquetrale ;
moïdes et des os surnuméraires, tous interdépen- • médio-carpienne ;
dants (fig. 23-1). • intercarpiennes ;

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
218 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Articulations IPD

Articulations IPP

Articulations MCP

Capitatum

Hamatum
Trapézoïde
Articulation médio-carpienne
Articulation carpo- Articulation radio-carpienne
métacarpienne du pouce
Triquétrum
Trapèze
Lunatum
Scaphoïde
Processus styloïde de l’ulna
Processus styloïde du radius
Articulation radio-ulnaire distale

Radius Ulna

Fig. 23-1. Organisation générale du poignet et de la main.

Tubercule Processus • carpo-métacarpiennes ;


dorsal styloïde • métacarpo-phalangiennes ;
Lister
Processus Circonférence
de l’ulna • interphalangiennes.
styloïde articulaire
du radius
Pièces osseuses
Carpe
Il se compose de huit os en deux rangées de qua-
tre os.

Rangée proximale
Tête De latéral à médial, elle est formée par :
ulnaire • le scaphoïde (en forme de bateau) ;
Dorsal Articulation • le lunatum (en forme de croissant de lune) ;
radio-ulnaire
distale
• le triquétrum (avec trois faces) ;
Face articulaire • le pisiforme (en forme de pois), situé sur le tri-
carpienne quétrum, c’est un sésamoïde du tendon fléchis-
Fig. 23-2. Squelette antébrachial du poignet. seur du carpe.
Chapitre 23. Anatomie fonctionnelle du poignet et de la main 219

Rangée distale Articulations


Elle est formée par :
• le trapèze (plus grand que le suivant) ; La première rangée du carpe s’articule avec l’ex-
• le trapézoïde (en forme approximative de trémité inférieure du radius au niveau de l’inter­
trapèze) ; ligne radio-carpien (fig. 23-3).
• le capitatum (il a une tête) ; La première et la deuxième rangée des os du
• l’hamatum (il a un crochet). carpe s’articulent au niveau la médio-carpienne
Le capitatum est le plus central du carpe, on peut (fig. 23-4).
dire que c’est le point-clé de la manipulation du La deuxième rangée du carpe s’articule avec les
carpe. extrémités supérieures des métacarpiens pour
constituer l’interligne carpo-métacarpien.
Les têtes métacarpiennes s’articulent avec la base
Rayons de la main des phalanges proximales au niveau des méta-
carpo-phalangiennes.
Le squelette osseux de la main et du carpe est Les têtes des phalanges s’articulent avec les
constitué par 27 os, dont 19 petits os longs. Ces bases des phalanges suivantes pour former les
derniers se répartissent en cinq rayons diver- articulations interphalangiennes proximales et
gents, chaque rayon constituant une chaîne distales.
polyarticulaire comprenant un métacarpien et
des phalanges.
La base de chaque métacarpien s’articule avec la Squelette fibreux de la main
rangée distale du carpe. et du poignet
Le rayon radial, le pouce ou premier rayon, le plus
court est composé de trois os, un métacarpien et Au squelette osseux s’ajoute un squelette
deux phalanges. fibreux complexe qu’il renforce tout en per-
Les autres rayons sont formés de quatre os, un mettant une grande adaptabilité. Il est consti-
métacarpien et trois phalanges. tué d’aponévroses, de formations ligamentaires,

Dorsal

Palmaire

Scaphoïde
Lunatum

Tubercule du scaphoïde Triquétrum

Pisiforme

Disque articulaire
Processus styloïde du radius
(disque ulno-carpien)

Tubercule dorsal (Lister)


Processus styloïde
de l’ulna
Face articulaire
carpienne du radius Capsule Ligament collatéral
articulaire ulnaire du carpe

Fig. 23-3. Interligne radio-carpien.


220 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Dorsal

Palmaire

Capitatum
Trapézoïde Hamatum
Rangée distale
Trapèze du carpe
Crochet de
Tubercule du trapèze
l’hamatum

Tubercule du scaphoïde Pisiforme

Scaphoïde Triquétrum Rangée proximale


du carpe
Lunatum

Fig. 23-4. Interligne médio-carpien.

Ligament métacarpien
transverse profond

Articulation
métacarpo-phalangienne Premier muscle
interosseux dorsal
Bandelettes sagittales
de l’extenseur commun
des doigts

Muscle court abducteur II


du cinquième doigt III
IV
V Tendons longs extenseurs

Jonction tendineuse

Fig. 23-5. Squelette fibreux de la main.

de gaines ­fibreuses qui se fixent sur le squelette ou métacarpo-phalangiennes et crée ainsi les
dans le derme (fig. 23-5). arches longitudinales et transversales de la
Ses fonctions sont multiples : main.
• Stabilité et formes : le squelette fibreux joue • Amarrage de la peau : dans les zones de prise, au
un rôle essentiel de soutien, d’union et de sta- niveau de la paume et des doigts, le rétinaculum
bilisation des segments osseux. Par exemple, cutis crée une insertion dermique.
le ligament transverse profond intermétacar- • Contention et cloisonnement : les structures
pien relie transversalement les articulations fibreuses maintiennent et organisent des sous-
Chapitre 23. Anatomie fonctionnelle du poignet et de la main 221

unités musculo-tendineuses. Elles protègent • Frein : pendant l’utilisation de la main, le sque-


aussi les éléments neurovasculaires. lette fibreux présente une portion stable et une
• Protection et rembourrage : maillé par un tissu portion mobile, comme il en existe au niveau du
fibreux, le tissu cellulo-graisseux sous-cutané squelette osseux. Ce sont des zones où conver-
assure le matelassage de la partie distale de la gent et s’équilibrent des forces s’exerçant dans
paume en regard des têtes métacarpiennes, de des directions différentes.
l’éminence thénar et des pulpes. Le squelette fibreux du poignet présente une
• Connexion et coordination : les différentes importance particulière car la stabilité et la mobi-
liaisons tendineuses, comme les ligaments obli- lité du poignet sont indispensables pour le bon
ques rétinaculaires, assurent l’union anatomi- fonctionnement de la main. Cette stabilité est
que et le pilotage des directions tendineuses. assurée par le haubanage réalisé par les tendons
Elles coordonnent les différents mouvements du poignet et par l’action d’une sangle passive
de la chaîne digitale. ­capsulo-ligamentaire.

Ligament Ligament
radio-carpien radio-carpien
palmaire dorsal
Lunatum
Scaphoïde
Triquétrum Scaphoïde
Pisiforme

Trapèze Hamatum Trapèze

Trapézoïde Capitatum Capitatum Trapézoïde

Fig. 23.6. Suspension fibreuse du carpe.

Main en extension
Articulation carpo-
métacarpienne

Capitatum Lunatum
Troisième
Radius métacarpien

Articulation
radio-carpienne
Articulation
intercarpienne

Main en flexion

Fig. 23.7. Mobilité en flexion extension du poignet.


222 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Les principaux ligaments s’insèrent sur le radius et Le radius tourne au niveau du coude et passe en
ont une direction générale oblique distale et avant de l’ulna, à sa partie distale.
médiale. • Au niveau du coude : la tête radiale tourne sur
On peut dire que le carpe est entièrement sus- le capitulum et, simultanément, la face ­articulaire
pendu au radius par les éléments du squelette péricapitale fait une rotation dans l’incisure
fibreux. La tête ulnaire, plus proximale que la sty- radiale de l’ulna.
loïde radiale, ne fait pas à proprement parler partie • Au niveau de la radio-ulnaire distale : l’incisure
du poignet. Elle ne joue qu’un rôle indirect dans ulnaire du radius pivote sur la tête de l’ulna.
la stabilité, essentiellement grâce aux ligaments
triangulaires et aux ligaments de l’articulation Mouvements du poignet
radio-ulnaire distale (fig. 23-6).
Au niveau du poignet, la mobilité en extension se
fait majoritairement au niveau de l’interligne
Mouvements médio-carpien.
La mobilité en flexion se fait principalement au
Prosupination niveau de l’interligne radio-carpien (fig. 23-7).
C’est une combinaison de mouvements entre Une faible composante de pronosupination se fait
les articulations radio-ulnaire proximale et au niveau du bord ulnaire du carpe, au niveau de
distale. l’articulation ulno-ménisco-triquetrale.
Chapitre 24
Éléments de diagnostic

Examen clinique de la main Circulation artériolaire distale


et du poignet Elle est appréciée par la vitesse de recoloration du
lit unguéal, préalablement exprimé par une
Au niveau de la main et du poignet, de très nom- pression.
breux éléments anatomiques ont une situation
très superficielle. Leur inspection et leur palpation Pouls
présentent un grand intérêt diagnostique. Le classique pouls radial est pris dans la gouttière
du pouls. L’artère radiale reste également palpable
après sa sortie de la tabatière anatomique, à la par-
Revêtement cutané tie proximale de la face dorsale de la première
Il faut apprécier l’épaisseur et la souplesse de la commissure.
peau. Généralement, plus la peau est épaisse moins Le pouls ulnaire peut être recherché à l’entrée du
la mobilité est bonne. canal de Guyon.
L’ampleur cutanée doit être évaluée. À la face dor- Les artères collatérales des doigts sont palpables à
sale de la main et des doigts, il est normalement la base du doigt, immédiatement en avant de la
possible de créer un pli de peau conséquent. ligne cutanée dorso-palmaire, chez les sujets à
Les cicatrices cutanées doivent être inventoriées téguments souples et à pouls bien frappé.
attentivement, car elles peuvent constituer un élé-
ment limitant la mobilité articulaire. Test d’Allen
La main est sans doute la zone du corps ou l’élas- C’est un test qui vise à évaluer la fonction des artè-
ticité cutanée conditionne le plus la mobilité mus- res de la main. Il permet d’apprécier grossièrement
culo-squelettique. Une cicatrice ou une adhérence lequel des deux troncs principaux (radial et ulnaire)
peut entraver de manière spectaculaire la fonction est prédominant dans les vascularisations artériel-
de la main. les de la main.
Il se pratique de la façon suivante :
• on demande au patient de mettre l’avant-bras
Circulation artério-veineuse verticalement, du côté à tester ;
• on comprime les artères radiale et ulnaire et on
En dehors même d’une pathologie vasculaire,
demande au patient de serrer plusieurs fois le
l’étude de la circulation de la main permet d’expli-
poing, puis de relâcher sa contraction et de lais-
quer certaines douleurs ou certaines dysfonctions
ser la main s’ouvrir, sans porter les doigts en
vasomotrices.
hyperextension ;
• la paume étant alors exsangue, on obtient un
Coloration
blanchiment net de la main, signe d’une vidange
On notera : pâleur, rougeur ou cyanose. du contenu sanguin, par le retour veineux ;

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
224 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

• on abaisse alors le bras tout en relâchant la com- carpiens lorsqu’il est moins marqué. Lorsqu’il
pression d’une seule des deux artères. Si la main est minime, il peut simplement faire perdre à la
et les doigts se recolorent rapidement, cela peau les ridules transversales qu’elle présente
signifie que l’artère relâchée est perméable et normalement.
fonctionnelle ;
• la manœuvre est alors recommencée depuis le
début pour l’autre artère. Muscles et tendons
Parfois, un territoire peut rester pâle et signer Synovites tendineuses
l’ob­litération ou la baisse de débit dans l’artère
consi­dérée ou dans l’une de ses branches ter­ Les atteintes téno-synoviales peuvent se manifes-
minales. ter à l’examen par une sensation de crépitations,
de ressauts ou de blocages perçus par le patient.
La prédominance de l’artère radiale est fréquente.
Plus souvent, il faut rechercher une tuméfac-
Un examen similaire peut être pratiqué à la base tion caractéristique sur le trajet du tendon
de chaque doigt pour apprécier la valeur des deux considéré.
artères collatérales palmaires (fig. 24-1).
Problèmes de course tendineuse
Circulation de retour
Ils concernent les rétractions tendino-musculaires
Elle est plus difficile à apprécier. La cyanose locali- et le doigt à ressaut.
sée est un signe de stase veineuse.
Toutefois, l’œdème est la manifestation la plus Épreuve de Bunnel
banale des troubles de la circulation de retour. Ce test est utile en cas de limitation des mouve-
C’est au dos de la main et des doigts qu’il est le ments des articulations interphalangiennes. Il per-
plus aisément observable. Évident lorsqu’il est met de faire la différence entre une fixation
massif, il efface juste les reliefs osseux des méta- d’origine capsulo-ligamentaire ou musculaire.

Fig. 24-1. Test d’Allen.


Chapitre 24. Éléments de diagnostic 225

Cette manœuvre vise à dépister une rétraction Ruptures tendineuses


éventuelle des muscles intrinsèques de la main
Il est réalisé une exploration des muscles longs flé-
(interosseux et lombricaux).
chisseurs des doigts. Les deux tests suivants explo-
L’épreuve de Bunnel consiste à maintenir la rent l’état des muscles fléchisseurs, pour déterminer
métacarpo-phalangienne en extension, ce qui l’intégrité de leur appareil tendineux ou leur
rend impossible la flexion des articulations fonctionnement.
interphalangiennes.
À l’inverse, la mise en flexion de la métacarpo- Tendon du muscle fléchisseur superficiel
phalangienne détend les muscles intrinsèques et la des doigts
flexion interphalangienne devient possible. Tenez les doigts du patient en extension, à l’ex-
ception du doigt à étudier, afin d’isoler le tendon
Doigt à ressaut du muscle fléchisseur superficiel. Stabilisez la pha-
Le doigt à ressaut est une cause fréquente de dou- lange proximale du doigt à examiner et demandez
leurs des doigts ou au niveau de la paume, lors des ensuite au patient de le fléchir au niveau de l’inter-
mouvements de flexion et d’extension des doigts. phalangienne proximale.
Cette gêne ou cette douleur est en règle générale S’il peut le faire, le tendon du muscle fléchisseur
plus importante le matin au réveil. superficiel est intact. S’il n’y arrive pas, le tendon
Dans sa forme typique, il est responsable d’un peut être sectionné ou absent.
phénomène de blocage intermittent du tendon
fléchisseur dans sa gaine (poulie). Il peut égale- Tendon du muscle fléchisseur profond
ment se traduire par des douleurs isolées, ou un des doigts
blocage complet du doigt en flexion ou en exten- Pour l’étudier, il faut isoler l’articulation inter­
sion. Il peut concerner un ou plusieurs doigts, phalangienne distale dont la mobilité en flexion
dont le pouce. est sous la seule dépendance de ce tendon.
Le diagnostic repose essentiellement sur la clini- Immobilisez l’articulation métacarpo-phalan-
que et les examens sont habituellement inutiles. gienne et l’interphalangienne proximale en exten-
Le plus souvent, il est dû à une inflammation de la sion, puis demandez au patient de fléchir le doigt
gaine synoviale qui entoure le tendon fléchisseur. au niveau de l’interphalangienne distale.
Cette inflammation peut créer un véritable nodule S’il est capable de le faire, le tendon est fonction-
à l’intérieur du tendon qui va progressivement nel. S’il n’y arrive pas, le tendon est sectionné ou
constituer un obstacle mécanique à la mobilisation le muscle est dénervé.
du doigt.
Ce nodule peut être perçu à la paume, générale-
ment en regard du pli de flexion palmaire
Tuméfactions et épanchements
distal. articulaires
On trouve souvent le doigt à ressaut chez les Les articulations de la main et du poignet sont très
patients dits arthrosiques, avec des atteintes au superficielles. La recherche d’une tuméfaction à
niveau cervical. l’inspection et celle de chaleur à la palpation est
Lorsque le phénomène est ancien et évolué, il peut indispensable pour le diagnostic des atteintes
aussi s’accompagner d’une raideur articulaire. inflammatoires.
Dans les formes anciennes, les tendons sont par-
fois abîmés et fragiles. Poignet
Il existe aussi une forme particulière de doigt à Les épanchements et les épaississements synoviaux
ressaut, congénitale, se révélant dans la petite s’extériorisent cliniquement sous la forme d’une
enfance. tuméfaction transversale, en bourrelet, d’abord
226 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

visible au bord latéral et à la face dorsale de Styloïdes


­l’articulation. Celle-ci peut être masquée par une
atteinte associée de la synoviale des extenseurs. Placez votre pouce sur l’apophyse styloïde radiale
Les tuméfactions d’origine carpienne ont égale- et votre index sur l’apophyse styloïde ulnaire. Ces
ment une extériorisation à la face dorsale du poi- deux repères sont fondamentaux. Normalement,
gnet et sont difficiles à différencier de l’atteinte ils ne sont pas situés au même niveau.
radio-carpienne. Anatomiquement, la styloïde radiale est un peu
Les atteintes radio-ulnaires inférieures se manifes- plus distale que la styloïde ulnaire.
tent par une saillie exagérée de la tête ulnaire sou- Ainsi, la ligne bi-styloïdienne est oblique en bas et
vent associée à une subluxation radio-ulnaire. en dehors. Après un traumatisme sur la main ou
sur l’avant-bras, toute perte de cette obliquité doit
Articulations carpo-métacarpiennes faire évoquer une fracture du radius (fig. 24-2).
Ces articulations sont très serrées et de très
faible capacité. Elles ne donnent guère lieu à Notion de chaînes carpiennes
des épanchements cliniquement manifestes.
En pratique, seule la tuméfaction de l’articula- Le carpe est organisé selon trois chaînes osseuses
tion trapézo-métacarpienne est cliniquement anatomiques et fonctionnelles. Ces chaînes per-
décelable. mettent aussi de mener une palpation précise et
bien systématisée. Nous allons ainsi localiser suc-
Articulations métacarpo-phalangiennes cessivement :
• la chaîne carpienne médiane qui est composée
La tuméfaction liée à ces articulations est à déve-
du radius, du lunatum et du capitatum ; elle se
loppement dorsal et latéral. Du fait de son déve-
prolonge par le 3e métacarpien ;
loppement latéral, elle tend à combler les vallées
• la chaîne carpienne latérale ou radiale, compo-
interphalangiennes voisines, atténuant ou faisant
sée du radius, du scaphoïde et du trapèze, qui se
disparaître la saillie normale des têtes métacarpien-
prolonge par la colonne du pouce ;
nes à la face dorsale de la main.

Articulations interphalangiennes
Processus
À ce niveau, tuméfactions et épanchements se styloïde radial
manifestent par une déformation caractéristique
en fuseau du doigt, en regard de l’articulation
intéressée. La déformation est également percep-
tible à la face dorsale sous la mince couverture de
l’appareil extenseur.

Palpation osseuse
L’approche du poignet et de la main n’est possible
qu’avec des repères osseux précis. Une bonne
méthode de palpation permet de déjouer les prin-
cipaux pièges. Nous allons en donner les repères
osseux majeurs et les moyens pour les retrouver
sur vos patients. Avant tout, il faut s’assurer de
Inspiré de Hopenfeld
l’intégrité osseuse du poignet et de la main dont
voici les repères de base. Fig. 24-2. Palpation des styloïdes.
Chapitre 24. Éléments de diagnostic 227

Ulna
Radius

Lunatum
Scaphoïde
Triquétrum
Trapèze Pisiforme

Trapézoïde Crochet de
l'hamatum
Capitatum

Chaîne carpienne médiale (ou ulnaire)


Chaîne carpienne latérale (ou radiale)
Chaîne carpienne médiane

Fig. 24-3. Les trois chaînes osseuses du carpe.

• la chaîne carpienne médiale ou ulnaire qui est Lorsque le poignet est en position neutre, sur la
formée par le triquétrum et l’os hamatum face dorsale du poignet vous pouvez palper une
(fig. 24-3). dépression appartenant au capitatum lui-même.

Chaîne carpienne médiane


Tubercule de Lister et axe carpien
médian Tubercule de Lister
Le tubercule du radius, encore appelé tubercule de Lunatum
Lister, est palpable sur la face dorsale de l’extré-
mité inférieure du radius. Il se présente comme Capitatum
une petite éminence osseuse ou un nodule de
forme longitudinale. Troisième métacarpien
Sur la ligne droite située entre ce tubercule et la
base du troisième métacarpien se trouve la chaîne
médiane du carpe, constituée du lunatum et du
capitatum, recouverte par le tendon du muscle
court extenseur radial du carpe. De part et d’autre,
se trouvent la chaîne médiale du carpe et la chaîne
latérale du carpe (fig. 24-4).

Capitatum (grand os)


Siégeant au niveau de la rangée inférieure, le capi-
tatum est le plus étendu des os du carpe. Il est
Inspiré de Hopenfeld
palpable entre la base du 3e métacarpien et le
tubercule de Lister. Fig. 24-4. L’axe carpien médian.
228 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Lorsque le poignet est en flexion, cette dépres- niveau de la face palmaire du poignet. Sur la face
sion migre en direction distale et la partie supé- dorsale, seule sa partie distale peut être palpée
rieure du capitatum émerge au-dessous du (fig. 24-6).
lunatum, provoquant une saillie à la place de la Le lunatum est l’os du carpe le plus souvent luxé
dépression (fig. 24-5). et le deuxième en fréquence de fracture.

Lunatum (semi-lunaire)
Coiffant le capitatum, avec lequel il s’articule, Chaîne carpienne radiale
le lunatum siège au niveau de la rangée supé- Fovea radialis (tabatière anatomique)
rieure du carpe. Il s’articule également avec le
radius. La fovea radialis est une petite dépression située
juste au-dessous et en arrière de l’apophyse sty-
On le palpe juste au-dessous du tubercule de
loïde du radius. Elle permet de bien repérer la
Lister. Faites jouer le poignet en flexion, puis en
chaîne carpienne latérale. Les tendons qui la limi-
extension, pour sentir les mouvements de l’articu-
tent devenant plus saillants lorsque le pouce est
lation entre lunatum et capitatum.
porté activement en extension, la forme de taba-
Du fait de l’obliquité de la surface inférieure du tière – décrite par les anciens anatomistes – est
radius et malgré sa profondeur dans les tissus, le alors plus marquée (fig. 24-7).
lunatum est accessible sur toute sa hauteur au
Scaphoïde
L’os scaphoïde se situe sur le bord latéral du carpe
Processus et forme le plancher de la fovea radialis. C’est l’os
styloïde le plus important de la première rangée.
du radius
Pour le palper plus aisément, placez le poignet
en inclinaison ulnaire pour le faire saillir dans la
Troisième
métacarpien
fovea radialis. Vous pouvez alors palper sa face
externe.
Sa face antérieure, avec la saillie du tubercule sca-
phoïdien, peut être palpée sur le poignet en exten-
sion, juste au-dessus de l’éminence thénar.
Capitatum
a Inspiré de Hopenfeld

Troisième
métacarpien
Processus
styloïde
du radius

Troisième Lunatum
métacarpien Capitatum

b Capitatum
Inspiré de Hopenfeld Inspiré de Hopenfeld

Fig. 24-5. Le capitatum. Fig. 24-6. Le lunatum.


Chapitre 24. Éléments de diagnostic 229

Scaphoïde Tendon de l’extenseur


long radial du carpe

Tendon de l’extenseur
court radial du carpe
Tendon de l’extenseur
long du pouce

Tendon de
l’abducteur
Tendon de l’extenseur
long du pouce
court du pouce Premier
métacarpien
Trapèze Processus styloïde
du radius

Fig. 24-7. La fovea radialis ou tabatière anatomique.

Sur le plan clinique vous conduit directement à la styloïde cubitale.


Attention, dans un contexte de traumatisme, méfiez- Sur sa face dorsale, il est possible de palper un
vous de toute douleur à la pression dans la fovea petit sillon longitudinal, peu profond, où chemine
radialis car, de tous les os du carpe, le scaphoïde est le tendon du muscle extenseur ulnaire du carpe.
celui qui est le plus souvent fracturé.
Il n’est pas rare dans les suites de fracture de trouver Os triquétrum (pyramidal)
une pseudarthrose ou un nécrose d’une partie de l’os.
Pour 30 % des scaphoïdes, leur partie distale est peu ou Appartenant à la rangée supérieure, il est situé
pas vascularisée, ce qui explique le risque de nécrose. juste au-dessous de l’apophyse styloïde de l’ulna.
L’inclinaison radiale de la main facilite la palpation
Trapèze de la face médiale de l’os triquétrum en le faisant
saillir par rapport à la styloïde ulnaire.
Il se situe à la partie latérale du carpe, dans la base
du pouce, entre la base du 1er métacarpien et le Le triquétrum est le 3e os du carpe le plus souvent
scaphoïde. fracturé.
Il se palpe plus aisément lorsque le patient fléchit Pisiforme
puis étend le pouce.
Articulé avec la face palmaire de l’os triquétrum,
le pisiforme est un os sésamoïde contenu dans le
Chaîne carpienne ulnaire tendon du muscle fléchisseur ulnaire du carpe. Il
est aisément palpable par sa face antérieure et son
Apophyse styloïde ulnaire bord médial, à la partie toute proximale de l’émi-
En position anatomique de référence, l’apophyse nence hypothénar.
styloïde ulnaire siège au bord postéro-médial du
poignet. Palpation de l’uncus de l’os hamatum
Au niveau de l’avant-bras, palpez la crête ulnaire, Le crochet ou apophyse unciforme de l’os hamatum
saillante et sous-cutanée. En direction distale, elle est plus distal et plus latéral que le pisiforme.
230 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Pour le situer facilement, posez l’articulation Le troisième métacarpien, axe de la main, consti-
interphalangienne de votre pouce sur le pisiforme. tue un bon repère des mouvements du poignet.
Orientez votre pouce en direction de la première Le tubercule saillant de sa base, aisément repéra-
commissure digitale, en laissant votre deuxième ble, marque le niveau des articulations carpo-
phalange du pouce au contact de l’éminence métacarpiennes.
hypothénar. La longueur relative des métacarpiens s’ap-
L’uncus de l’os hamatum est situé très précisé- précie après mise en flexion des métacarpo-
ment sous l’extrémité de votre pouce, dans la pro- phalangiennes, sur la ligne formée par les têtes
fondeur des tissus hypothénariens (fig. 24-8). métacarpiennes.
Cette apophyse est importante cliniquement pour
deux raisons : Sur le plan clinique
• elle constitue la limite latérale (radiale) du canal Normalement, la « formule métacarpienne » est la sui-
de Guyon, dans lequel le nerf ulnaire peut être vante : III > II > IV > V.
comprimé, la limite médiale étant constituée par Le recul d’une tête métacarpienne par rapport à cet
le pisiforme ; alignement marque le raccourcissement du métacar-
• elle peut être le siège de fracture, notamment pien correspondant, signe évocateur d’une fracture
après un choc direct sur la paume. métacarpienne dans un contexte de traumatisme.

Des défauts éventuels de rotation, après une frac-


Squelette métacarpien ture métacarpienne, sont décelés par la flexion
métacarpo-phalangienne. La « malrotation » méta-
Le squelette métacarpien est visible et directement carpienne se traduit alors par une déviation laté-
accessible à la palpation sur toute sa face dorsale. rale de la phalange proximale correspondante.

Pisiforme

Crochet de
l'hamatum

a Inspiré de Hopenfeld b Inspiré de Hopenfeld

Fig. 24-8. Palpation de l’uncus de l’os hamatum.


Chapitre 24. Éléments de diagnostic 231

L’angle de cette déviation correspond à l’impor- On peut se trouver en présence de :


tance de la « malrotation ». • ruptures de ligaments comme :
Les articulations métacarpo-phalangiennes sont – le scapholunaire ;
facilement accessibles par leur face dorsale et – le luno-triquétral ;
latérale. Elles sont plus difficiles à palper au – le fibrocartilage triangulaire ;
niveau palmaire. Leur projection s’effectue – le collatéral ulnaire ;
selon une ligne transversale partant du pli pal- • ou de fractures comme :
maire distal au bord ulnaire de la main, pour – une impaction ulnolunaire ;
gagner le pli palmaire proximal au bord radial – une fracture intra-articulaire du radius ;
de la main. – du scaphoïde et du lunatum dont nous allons
parler.

Squelette phalangien
Fracture du scaphoïde
Le squelette phalangien et les articulations inter-
phalangiennes sont aisément visibles et palpables C’est la fracture la plus fréquente du corps. La
sur toute leur longueur au niveau de la face dor- douleur est au niveau de la tabatière anatomique.
sale et des bords latéraux du doigt. Seule la partie Elle est aiguë à la compression antérieure du
proximale de la première phalange est enfouie scaphoïde.
dans les parties molles de la commissure Elle arrive souvent avec un traumatisme, le poi-
interdigitale. gnet en flexion dorsale et en latéroflexion radiale.
Globalement, les axes de flexion des articulations Attention : Les fractures du col consolident très
métacarpo-phalangiennes et interphalangiennes mal et il existe un risque de nécrose avasculaire.
proximales sont disposés de telle manière que leur
mise en flexion fait naturellement converger les
doigts vers le tubercule scaphoïdien. Nécrose avasculaire
Les déviations latérales ou antéro-postérieures des du scaphoïde
phalanges sont facilement révélées par l’examen
Elle est secondaire à des fractures de la partie
clinique.
proximale ou du col du scaphoïde. Elle s’accom-
Comme pour les métacarpiens, les défauts de rota- pagne d’ostéopénie et d’œdème.
tion axiale d’un segment sont mis en évidence par
Cliniquement, la douleur est constante au-dessus
la flexion de l’articulation située immédiatement
de la tabatière anatomique. Elle peut être, cepen-
en aval. Ils se traduisent alors par une déviation
dant, sourde mais créant une gêne constante.
latérale de la phalange suivante.

Maladie de Kienböck
Quelques pièges à éviter
C’est une nécrose avasculaire du lunatum.
Il faut toujours se méfier des douleurs résiduelles Cliniquement, on trouve une douleur dorsale à la
après une chute sur la main. N’hésitez pas à palpation et à la compression du lunatum.
demander à vos patients de passer des radiogra- Elle est souvent accompagnée par une raideur du
phies du poignet et de la main, une bonne palpa- poignet et de la main, d’un syndrome du canal
tion n’est pas suffisante. carpien et d’une préhension très limitée.
Chapitre 25
Manipulations du poignet

Quand un patient vient nous consulter pour une Notons que des fibres collagènes la renforcent
douleur chronique du poignet, c’est qu’il en souf- plus particulièrement à son extrémité distale.
fre depuis des mois et les résultats sont difficiles à C’est un fait important car la partie distale de la
obtenir. membrane interosseuse peut être considérée
La complexité du poignet et de la main est très comme un ligament radio-ulnaire.
grande, il faut beaucoup de patience et de persévé- Près de l’articulation radio-ulnaire distale, les fibres
rance pour devenir précis tant au niveau du dia- sont obliques caudalement et latéralement. Plus
gnostic manuel que du traitement. proximalement, les fibres intéressantes sont obli-
ques caudalement et médialement.
C’est important à savoir car la direction des mani-
La radio-ulnaire distale pulations n’est pas la même selon que l’on est à
l’étage proximal ou distal.
Rappels Toute manipulation radio-ulnaire distale implique
Cette trochoïde est formée par la partie distale de aussi celle de la membrane interosseuse. Elle est si
l’ulna (tête de l’ulna) et par l’incisure ulnaire du solide qu’elle résiste aux traumatismes alors que
radius. l’os va se rompre.
Notons qu’il existe un disque articulaire interposé
entre l’articulation radio-ulnaire distale et la radio- Fait remarquable
carpienne, dont nous allons parler ci-dessous.
Dans le poignet, le radius est le seul os en rapport avec
le carpe avec deux surfaces articulaires :
Disque articulaire • médiale, avec la tête ulnaire ;
Il s’interpose entre le radius et le processus sty- • distale, avec le scaphoïde et le lunatum.
loïde de l’ulna. On le trouve entre les articulations Si bien qu’au total le radius est articulé avec six forma-
radio-ulnaire distale et radio-carpienne. tions, en plus des deux autres, citons :
• l’humérus ;
Ce disque est plat et de forme triangulaire. Il s’at- • l’ulna, aux niveaux proximal et distal ;
tache : • le lunatum ;
• sur l’ulna entre le processus styloïde et la face • le disque interarticulaire.
articulaire de la tête ;
• sur le radius, entre l’incisure ulnaire et la face
articulaire carpienne. ● Attention
Les radios simples du poignet ne sont pas toujours
Membrane interosseuse faciles à interpréter, en raison des os surnumérai-
res qu’il comporte et de la séparation en deux par-
Cette lame fibreuse relie le bord latéral de l’ulna ties de certains os, comme le triquétrum et le
au bord médial du radius. pisiforme.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
234 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Techniques induction. Cette manœuvre a un effet sur la mem-


brane interosseuse et les ligaments radio-ulnaires
La finalité est d’avoir un effet sur le système cap- distaux.
sulo-discoligamentaire, le cartilage et la membrane Pour le disque, on met d’abord le poignet en
interosseuse. légère compression, avant d’effectuer les mouve-
Les manipulations se pratiquent soit en décubitus, ments radio-ulnaires en cisaillements antéroposté-
soit en position assise, cette dernière offre l’avantage rieurs. Ensuite, effectuez la même technique mais
de bien sentir tout le poids du membre supérieur. en traction-décompression.

La radio-ulnaire distale La membrane interosseuse


Pour une fois, nous allons décrire une technique Pour être plus spécifique sur la membrane inter­
classique, bien connue des ostéopathes. osseuse, mobilisez différemment le radius et l’ulna.
Vous êtes installé devant le patient, assis ou en Le sujet est en décubitus, main en pronation sur la
décubitus. De vos pouces et de vos index, vous table. Placez une paume sur la partie caudale dor-
saisissez les extrémités distales du radius et de sale du radius et l’autre symétriquement sur l’ulna.
l’ulna pour les mobiliser en traction, dans le sens Les doigts sont positionnés en regard sur la partie
antéropostérieur. Quand le radius effectue un ventrale du radius et de l’ulna (fig. 25-2).
mouvement ventral, on pousse l’ulna dorsalement
et inversement (fig. 25-1).
Cherchez la zone de moindre mobilité, effectuez
d’abord une technique directe et ensuite une

Fig. 25-1. Technique de l’articulation radio-ulnaire distale. Fig. 25-2. Technique de la membrane interosseuse.
Chapitre 25. Manipulations du poignet 235

Utilisez une partie du poids de votre corps pour rugosité intra-articulaire. C’est le plus souvent
mobiliser en douceur et progressivement le radius une séquelle de fracture du poignet.
et l’ulna en séparation-induction. Ajoutez un léger On peut aussi, après avoir comprimé transversale-
mouvement de glissement antéropostérieur, plus ment le radius et l’ulna, demandez au patient d’ef-
proximal, pour avoir un effet plus spécifique sur la fectuer des flexions-extensions du poignet.
membrane interosseuse.

Les compressions-décompressions
Articulations carpiennes
Dans le cas d’arthrose ou de suites de fracture du
poignet, on effectue des techniques de compres-
Quelques précisions
sion-décompression radio-ulnaire médiolatérale.
Selon la morphologie du patient, vous les réalisez Avant d’aborder leurs manipulations, rappelons
avec le pouce ou l’index d’une main ou avec les quelques données importantes :
deux éminences hypothénars (fig. 25-3). • les huit os du carpe forment une arche carpienne
Comprimez plusieurs fois l’articulation transversa- à concavité antérieure ;
lement et laissez-la revenir à sa position initiale. Le • la main fonctionnelle est la main palmaire, tous
mouvement est infime mais difficile. les mouvements importants du carpe ont une
direction ventrale ;
Lissage articulaire • les os du carpe constituent un canal ostéofibreux
dont nous allons reparler par la suite ;
Mobilisez sagittalement le radius et l’ulna en com- • les articulations médiocarpiennes permettent des
pression pour avoir un effet chondral. petits mouvements des os du carpe entre eux.
Cette technique est à effectuer quand, en mobili-
sation radio-ulnaire, on sent un frottement et une Repères topographiques
Le pli cutané proximal de la main est au niveau de
l’interligne radio-ulnaire ; le pli cutané distal est au
niveau de la 1re rangée du carpe.
Comme nous l’avons déjà vu, on peut palper le
scaphoïde et aussi le trapèze dans la fovea radialis
(tabatière anatomique des anciens).

Mobilité médiocarpienne
Nous avons simplifié les mouvements des os du
carpe. Retenons que, pendant les grands mouve-
ments de flexion-extension, il existe aussi des
petits mouvements intercarpiens subtils.

Lors de la flexion
Les rangées proximales et distales bougent l’une
par rapport à l’autre. Les deux rangées basculent
en avant, mais la 1re rangée se met en légère pro-
nation et la 2e en légère supination.

Lors de l’extension
Tout le carpe bascule dorsalement mais les os du
Fig. 25-3. Technique de compression-décompression. carpe vont se mobiliser entre eux.
236 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

La rangée proximale effectue un léger mouvement Colonne carpienne médiale


de supination pendant que la 2e rangée se met en D’un pouce, vous fixez le lunatum, le triquétrum
légère pronation. et le pisiforme et de l’autre vous mobilisez le pro-
cessus styloïde de l’ulna.
À retenir aussi
Dirigez-le ventralement, en ajoutant une décom-
La flexion du poignet s’accompagne d’une adduc-
pression ulno-carpienne.
tion, le plus souvent associée à une pronation.
À la partie la plus médiale, on agit sur le ligament
L’extension s’associe à une abduction, le plus sou-
collatéral ulnaire du carpe (fig. 25-5).
vent accompagnée d’une supination.
Colonne carpienne latérale
Un pouce fixe le scaphoïde, pendant que l’autre
Techniques mobilise sagittalement le radius en décom­
pression.
Manipulation radio-carpienne
À la partie la plus latérale, notre action se foca-
Cette manipulation est assez aisée. Le patient peut lise sur le ligament collatéral radial du carpe
être assis ou en décubitus. (fig. 25-6).
Placez vos pouces à cheval sur le pli cutané
proximal, il se situe en regard de la première ran- Manipulations médio-carpiennes
gée du carpe et l’articulation radio-ulnaire Elles sont plus difficiles à réaliser que celles de la
distale. radio-carpienne.
Faites jouer le radius et l’ulna sur la 1re rangée du Nous allons vous donner quelques conseils pour
carpe, tout en maintenant une décoaptation arti- les simplifier :
culaire par traction. C’est une bonne technique • avant tout, sachez que les mobilisations se font
de « dégrippage » de l’articulation et de mobilisa- selon une direction sagittale, palmaire puis
tion d’éventuels kystes synoviaux intra-articulai- dorsale ;
res (fig. 25-4). • l’épicentre de la manipulation est le capitatum.
On peut séparer en deux axes la manipulation
radio-carpienne, la colonne carpienne médiale et
la colonne carpienne latérale.

Fig. 25-5. Technique de l’articulation radio-carpienne (axe


Fig. 25-4. Technique de l’articulation radio-carpienne. médial).
Chapitre 25. Manipulations du poignet 237

La verticalisation de l’homme a rendu cet appareil


ligamentaire moins puissant et plus fragile. Les chu-
tes sur la main se terminent souvent par une fracture
ou par des problèmes ligamentaires du carpe avec
des instabilités difficiles à résoudre (fig. 25-7).

Axes ligamentaires
Ce serait noircir du papier sans grande raison
d’énumérer tous les ligaments, ce sont surtout
leurs directions qui priment.
Selon nos principes où les manipulations se font dans
l’axe ligamentaire, nous distinguons deux grands axes
ligamentaires, les axes transversal et longitudinal.
NB : Le point de référence constant est le capitatum,
c’est vers lui que convergent la majorité des
ligaments.

Axe transversal
Fig. 25-6. Technique de l’articulation radio-carpienne (axe On trouve :
latéral).
• à la face palmaire :
– les ligaments intercarpiens, dont font partie
les ligaments radiés ;
Le patient est en décubitus, la main en appui dor- – les ligaments intercarpiens osseux ;
sal sur la table. Mettez les deux pouces sur les par- • à la face dorsale :
ties ventrales, médiale et latérale, de l’articulation – les ligaments intercarpiens dorsaux.
médiocarpienne et les doigts sur les parties dorsa-
les correspondantes. Faites-les jouer dans le plan Axe longitudinal
sagittal. Quand vous mobilisez… ventralement la On trouve :
partie médiale, vous faites une manœuvre dorsale • à la face palmaire :
pour la partie latérale. C’est une technique en – les ligaments radio-carpiens et palmaires ;
cisaillement sagittal très efficace. – les ligaments ulno-carpiens palmaires ;
• à la face dorsale :
– le ligament radio-carpien dorsal, le plus
Ligaments du carpe imposant ;
– le petit ligament ulno-carpien qui rejoint les
Appareil ligamentaire ligaments intercarpiens dorsaux qui sont
transversaux.
Comme le pied où l’on peut différencier 114 liga-
ments, l’appareil ligamentaire de la main com-
porte une myriade de ligaments puisqu’on n’en Techniques
dénombre pas moins de 88, avec quelques varia-
tions selon les personnes. Ligaments du carpe
Dans la chaîne évolutive, on leur accorde une Selon la direction générale des fibres, on va sépa-
fonction de stabilité de la main, quand l’ancêtre de rer les manœuvres selon les axes transversal et
l’homme marchait à quatre pattes. longitudinal.
238 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Crochet de l’hamatum

Rétinaculum des muscles


Pisiforme
fléchisseurs (ligament
transverse du carpe )
Entrée du canal carpien

Tubercule du trapèze

Ulna Radius

Fig. 25-7. Ligaments du carpe.

Le patient est en décubitus, la main reposant sur


sa face palmaire ou dorsale selon la direction des
manipulations.

Axe transversal
Première modalité : les ligaments dorsaux
La main du patient repose sur sa face dorsale, véri-
fiez que le plan de travail ne soit pas dur, éventuel-
lement disposez un petit coussin sous la main.
Mettez les pouces au niveau de la face palmaire du
capitatum.
Posez les autres doigts sur les bords latéral et
médial du carpe à leur face dorsale, à savoir :
• médialement, le triquétrum et l’hamatum ;
• latéralement, le scaphoïde et le trapèze.
Bien entendu, les huit os du carpe sont mobilisés
pendant cette technique (fig. 25-8).
Le mouvement consiste d’abord à augmenter la
concavité palmaire du carpe. Ensuite laissez-le
reprendre sa position naturelle initiale, tout en
l’exagérant un peu. C’est comme si on voulait plier
la face palmaire sur une ligne médiane, passant par Fig 25-8. Technique des ligaments dorsaux du carpe.
Chapitre 25. Manipulations du poignet 239

le capitatum et le lunatum. Le mouvement doit Axe longitudinal


être lent et progressif, pour différencier au fur et à La main du patient repose alternativement sur ses
mesure les tensions musculo-ligamentaires et cap- faces palmaire et dorsale, pour étirer les ligaments
sulaires. L’induction permet d’augmenter la préci- dorsaux ou palmaires.
sion de la manœuvre.
Comme il y a peu d’éléments mous à la face dorsale
Seconde modalité : les ligaments palmaires de la main, un petit coussin plat est le bienvenu.
La main du patient repose sur sa face palmaire. Placez une éminence thénar juste distalement à
Vos deux éminences thénar sont placées sur les bords l’articulation radio-ulno carpienne. Elle sert à fixer
médial et latéral de la face dorsale du carpe. la première rangée du carpe à savoir les scaphoïde,
lunatum et triquétrum.
La réunion des deux éminences thénar se fait sur
la ligne médiane du carpe, sur le capitatum et le L’autre éminence thénar est posée, juste au-dessus
lunatum. des métacarpiens, sur la deuxième rangée du carpe,
pour contacter les trapèze, trapézoïde, capitatum
Placez vos doigts sous la face ventrale du carpe, ils
et hamatum (fig. 25-10).
se rejoignent aussi au niveau de la ligne médiane
du carpe (fig. 25-9). Tour à tour, selon la rangée des os que vous immo-
bilisez, soit vous étirez distalement la première
Les éminences thénar, conjointement aux doigts,
rangée des os du carpe, soit proximalement la
vont antérioriser les os de la main, en réduisant la
deuxième rangée.
concavité carpienne palmaire.
Vous maintenez quelques secondes l’étirement.
Effectuez plusieurs manœuvres et terminez par
Effectuez plusieurs manœuvres et finissez en
une compression-induction toujours progressive
induction.
et lente.
Remarque : Lors de ces manipulations, on agit
aussi sur les rétinaculums, les tendons des fléchis-
seurs et des extenseurs des doigts et sur l’ensemble
du canal carpien que nous allons voir.

Fig. 25-9. Technique des ligaments palmaires du carpe. Fig. 25-10. Technique des ligaments de l’axe longitudinal.
Chapitre 26
Canal carpien

Rappels anatomiques • le trapèze (tubercule) ;


• l’hamatum (crochet) ;
Le contenant • le triquétrum (pisiforme).
Il est facile de sentir ces différentes proéminences
Rétinaculum des fléchisseurs osseuses, surtout le bras pendant. Rappelons aussi
C’est le rétinaculum des fléchisseurs qui transforme que le fléchisseur ulnaire du carpe s’insère sur le
la face palmaire concave du carpe en canal carpien. pisiforme, ce qui en fait un lien mécanique impor-
tant entre l’avant-bras et le canal carpien (fig.
C’est une épaisse bande fibreuse qui s’attache sur :
26-1).
• le scaphoïde (tubercule) ;

Capitatum

Trapézoïde

Éminence Crochet de
Trapèze
carpienne l’hamatum
Rétinaculum des muscles
ulnaire fléchisseurs (ligament
Pisiforme
transverse du carpe)
Hamatum
Tubercule du
Triquétum Éminence
trapèze
carpienne
Lunatum Tubercule du radiale
scaphoïde
Processus styloïde
de l’ulna
Processus styloïde du radius
Tête ulnaire Scaphoïde
Ulna Radius

Fig. 26-1. Rétinaculum des fléchisseurs.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
242 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Aponévrose palmaire Le muscle long palmaire


Superficielle, elle recouvre le canal carpien. Elle Il va de l’épicondyle médial de l’humérus à l’apo-
est formée : névrose palmaire. Pour mettre en évidence son
• de faisceaux longitudinaux constitués par les tendon, demandez au patient de joindre le 5e doigt
gaines des tendons des fléchisseurs, du ligament et le pouce et de faire une flexion du poignet.
métacarpien transverse et les ligaments méta- C’est un fléchisseur palmaire et un tenseur de
carpo-phalangiens ; l’aponévrose palmaire.
• de faisceaux transverses plus profonds.
L’aponévrose palmaire, en rejoignant les liga-
Le muscle court palmaire
ments, les septums et les fascias plus profonds,
assure l’unité fonctionnelle de la main. Nous Dans l’éminence hypothénar, se trouve le muscle
allons voir que le court palmaire contribue à unir court palmaire. Il a pour fonction d’unir l’aponé-
le rétinaculum des fléchisseurs à l’aponévrose pal- vrose palmaire et le rétinaculum des fléchisseurs à
maire superficielle (fig. 26-2). la peau de la partie ulnaire de la main.

Ligament métacarpien
transverse profond
Ligaments obliques

Ligament métacarpien
transverse superficiel

Faisceaux transverses
Premier muscle
interosseux dorsal
Faisceaux longitudinaux
Muscle adducteur
Muscle abducteur du du pouce, chef transverse
cinquième doigt
Muscle adducteur
Muscle fléchisseur du du pouce, chef oblique
cinquième doigt
Muscle court fléchisseur
Muscle court du pouce, chef superficiel
palmaire
Muscle court abducteur
Aponévrose palmaire du pouce
Muscle opposant du pouce
Rétinaculum des
Muscle fléchisseur muscles fléchisseurs
ulnaire du carpe
Fascia antébrachial
Muscle long palmaire, tendon
de terminaison
Muscle fléchisseur Muscle fléchisseur
superficiel des doigts radial du carpe
Muscle long
fléchisseur du pouce

Fig. 26-2. Aponévrose palmaire.


Chapitre 26. Canal carpien 243

Position du Position du
Ligament muscle fléchisseur muscle fléchisseur
carpien palmaire radial du carpe Crochet de radial du carpe
l’hamatum
Loge de Guyon Rétinaculum Tubercule
des muscles du trapèze
Pisiforme fléchisseurs

Canal carpien
Canal carpien

Trapèze
Hamatum
Triquétrum Scaphoïde
Trapézoïde
Hamatum
a Capitatum b Capitatum
Fig. 26-3. Coupes du « tunnel » carpien.

C’est un muscle vestigial qui, avec la verticalisa- Les deux loges carpiennes
tion de l’homme, a perdu de son importance
Le rétinaculum des muscles fléchisseurs est séparé
fonctionnelle. Il est utile à manipuler pour relâ-
en deux loges par le muscle fléchisseur radial du
cher la pression intracanalaire carpienne.
carpe.
Tous ces muscles et ces fascias contribuent à « tun-
Cette particularité fait qu’on manipule globale-
neliser » le canal carpien et à harmoniser ainsi les
ment le canal carpien transversalement et aussi,
pressions intracanalaires (fig. 26-3).
d’une manière plus précise, les deux parties sépa-
rées par le muscle fléchisseur radial du carpe.
Le contenu
Précision
Tendons Le nerf ulnaire, l’artère ulnaire et le tendon du long pal-
Tous ces tendons cités sont entourés d’une syno- maire passent en avant du rétinaculum des fléchisseurs.
viale : Ils ne sont pas inclus dans le canal carpien.
• les tendons des fléchisseurs superficiels des Il faut bien différencier l’aponévrose palmaire ancrée à la
peau et le rétinaculum des fléchisseurs.
doigts ;
Toutefois, quand on manipule le canal carpien, on impli-
• le tendon du fléchisseur du pouce ;
que forcément l’aponévrose palmaire.
• le nerf médian, en avant des tendons.

Différentes gaines synoviales Syndrome du canal carpien


Du côté ulnaire : les tendons des muscles fléchis-
seurs sont contenus dans trois gaines synoviales C’est une compression du nerf médian par rétrac-
palmaires carpiennes. tion des fibres du rétinaculum, ce qui augmente la
Du côté radial : le muscle fléchisseur radial du pression intracanalaire carpienne.
carpe passe dans un sillon de l’os trapèze avec sa En dehors de facteurs mécaniques classiques, il
propre gaine synoviale (fig. 26-4). existe de nombreuses causes à cette pathologie.
244 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Muscle fléchisseur
profond des doigts

Ligaments annulaires

Muscle long
Ligaments obliques fléchisseur du pouce

Ligament métacarpien
transverse profond

Premier muscle
interosseux dorsal
Muscles lombricaux
Muscle fléchisseur Muscle adducteur
superficiel des doigts du pouce,
chef transverse
Muscle abducteur du Muscle adducteur
cinquième doigt du pouce, chef oblique
Muscle opposant du Muscle court fléchisseur
cinquième doigt du pouce, chef superficiel
Muscle fléchisseur du Muscle court abducteur
cinquième doigt du pouce
Muscle opposant du pouce
Gaine commune du tendon
des muscles fléchisseurs Rétinaculum des
muscles fléchisseurs
Muscle fléchisseur
ulnaire du carpe Muscle long abducteur
du pouce
Muscle carré pronateur
Muscle fléchisseur
Muscle fléchisseur radial du carpe
superficiel des doigts
Muscle long
fléchisseur du pouce

Fig. 26-4. Gaines synoviales dans le canal carpien.

Étiologie • au dernier trimestre de la grossesse par réten-


tion hydrique et stase veineuse périphérique,
Hormonale surtout nocturnes.
Dans 75 % des cas, le syndrome du canal carpien
affecte surtout les femmes. On le trouve surtout : Mécanique
• à la ménopause, nous pensons par déficit de On rencontre des ténosynovites dégénératives
progestérone ; dues à des microtraumatismes répétés chez le
Chapitre 26. Canal carpien 245

sportif, le travailleur de force, les couturières et les médian dans la main (sensation de piqûres
repasseuses, etc. d’aiguille, de gonflement ou engourdissement
Le syndrome du défilé thoracique, dont nous des doigts) ;
avons déjà parlé et dont nous allons revoir les • une diminution de la force de la main ;
symptômes, affecte les éléments vasculonerveux • une amyotrophie des petits muscles de la main ;
de tout le membre supérieur. • le signe de Tinel positif dans la région du
­rétinaculum des fléchisseurs (cf. paragraphe
Métabolique suivant) ;
• siège : les trois premiers doigts et la moitié laté-
Le contenu du canal carpien peut être touché dans
rale de la face palmaire du 4e doigt.
certaines dysfonctions métaboliques comme dans :
• les problèmes thyroïdiens ; Remarque : Dans tous les cas, le 5e doigt est
• le diabète ; épargné.
• l’acromégalie ;
• la goutte ;
• les collagénoses ; Mise en évidence clinique
• les maladies hépatiques.
Certaines manœuvres mettent en évidence les
Rhumatismale acroparesthésies du nerf médian.
Dans les maladies comme :
• la polyarthrite rhumatoïde ; Signe de Tinel
• le rhumatisme psoriasique. On percute le canal carpien à l’aide d’un marteau
réflexe. S’il est positif, la percussion du nerf pro-
Compressive
voque une décharge électrique dans le territoire
Par compression directe provoquée par : du nerf médian.
• les neurofibromes ;
• les lipomes ; Signe de Phalen
• les kystes synoviaux.
On maintient le poignet en hyperflexion, ce qui
Vasculaire doit reproduire le syndrome du canal carpien (fig.
26-5).
On rencontre des malformations artério-veineuses.

Chirurgicale Test de Garrot de Gilliatt


On les rencontre après les opérations thoracique On met le brassard d’un tensiomètre au niveau du
et mammaire, surtout après curage ganglionnaire bras, gonflé à une pression supérieure à la pression
axillaire. systolique. En moins d’une minute, le patient res-
sent ses symptômes.
Neurologique
Dans les maladies comme :
• les algoneurodystrophies ; Diagnostic différentiel
• les neurofibromes ;
Causes vasculaires
• d’autres maladies citées plus loin.
Maladie de Raynaud
Symptomatologie Ce sont des vasoconstrictions des artérioles de
On observe : cause inconnue, localisées aux extrémités des
• des douleurs et acroparesthésies unilatérales, membres et en particulier aux doigts.
le plus souvent dans le territoire du nerf Elles sont symétriques et déclenchées par le froid.
246 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 26-5. Signe de Phalen.

Syndrome de Raynaud quelques patients présentant cette pathologie avec


Ce sont des crises de pâleur, suivies de cyanose et comme seuls symptômes une névralgie cervico-
de rougeur des doigts. Elles sont secondaires à brachiale banale et épisodique.
différentes affections comme : NB : Il faut toujours se méfier d’une névralgie cer-
• des cryoglobulinémies (immunoglobuline anor- vicobrachiale à paroxysme nocturne, sans cause
male, créant une obstruction dans les vaisseaux) ; mécanique apparente.
• une thrombo-angéite oblitérante ;
• des collagénoses ; Polyneuropathies
• des neuralgies cervicobrachiales ; La polyradiculonévrite de Guillain-Barré est due à
• un syndrome du défilé thoracique ; une atteinte infectieuse, à un problème immuni-
• la compression de l’artère subclavière et de sa veine. taire ou à des suites de vaccination. Elle est inflam-
matoire et démyélinisante.
Causes neurologiques
Polynévrites
Névralgies cervico-brachiales
Elles relèvent de causes diverses (toxiques, infec-
Elles sont la plupart du temps d’origine arthrosi- tieuses et héréditaires). Les quelques cas que nous
que. Elles peuvent aussi être l’expression de patho- avons vus étaient consécutifs à une imprégnation
logies viscérales, le plus souvent thoraciques. Les alcoolique ou médicamenteuse.
adhérences, les fibroses et les rétractions compri-
ment le plexus brachial. Sclérose en plaques
Les troubles initiaux sont parfois déroutants.
Atteintes du plexus brachial L’une de nos patientes avait comme seul trouble
Par tumeur de l’apex pulmonaire, comme dans le initial un besoin fréquent de se gratter la face
syndrome de Pancoast-Tobias. Nous avons vu médiale de la cuisse !
Chapitre 26. Canal carpien 247

Syndromes canalaires constatent aucune amélioration, nous les référons


Le syndrome du défilé thoracique est appelé alors au chirurgien.
aussi syndrome du défilé des scalènes ou costo-
claviculaire. Les signes neurologiques concernent Principes de traitement
surtout le nerf médian mais aussi le nerf ulnaire. Le traitement du canal carpien nécessite un traite-
Ce syndrome a de nombreuses causes que nous ment global, à savoir :
avons largement évoquées dans nos précédents • relâcher les tensions cervicales ;
ouvrages comme : • libérer le défilé thoracique et surtout la pince
• une apophysomégalie, surtout de C6 et C7 ; costo-claviculaire ;
• une côte surnuméraire ; • relâcher le plexus brachial ;
• un angle costo-claviculaire trop fermé ; • libérer la pression intraneurale du nerf médian,
• une exostose claviculaire ; surtout au niveau du bras, entre les muscles
• une rétraction ou fibrose cervico-pleurale ; biceps et triceps, et à l’avant-bras, à la jonction
• une uncodiscarthrose ; musculo-tendineuse des fléchisseurs ;
• une fixation de la première côte ; • détendre les attaches du rétinaculum des
• une fixation des ligaments coraco-claviculaires. fléchisseurs ;
• libérer les muscles thénariens et hypothénariens ;
Mise en évidence
• mobiliser le foie qui est souvent congestionné
On le met en évidence grâce au test d’Adson-­ en période de ménopause et qui indirectement a
Wright avec le bras et l’avant-bras en forme de un effet musculoligamentaire important.
chandelier, la main en pronation, la tête en rota-
Par exemple, la maladie de Dupuytren est souvent
tion controlatérale.
associée à certaines maladies chroniques du foie
Il est dit positif quand le pouls radial est soit dimi- comme la cirrhose ou à une antibiothérapie trop
nué, soit aboli. lourde ou trop longue. Nous pensons que les
Prenez aussi la pression systolique des deux bras. conséquences des problèmes hépatiques affectent
En principe, elle est diminuée du côté du syn- de la même manière le canal carpien.
drome des défilés, dans de rares cas elle peut être
augmentée. Conseil
N’oublions pas non plus que la veine sous-clavière Donnez des exercices d’étirement du membre
située en avant de l’artère est la première à être supérieur et particulièrement de la main.
comprimée. La main est dans ce cas bleutée et Pour le membre supérieur, demandez au patient
enflée, surtout le matin au réveil ou après une acti- de se placer de côté devant un mur, les pieds à
vité prolongée, bras en l’air, tête en arrière. une trentaine de centimètres de ce dernier. Il
pose sa main contre le mur et la fait glisser, le
plus haut possible, en rapprochant progressive-
Manipulations ment son thorax du mur et sans que ses pieds ne
bougent.
Prise en charge
Nous voyons souvent des femmes qui ont subi un
traitement chirurgical du canal carpien, parfois Technique péricanalaire
sans grand succès, ou avec une amélioration éphé-
En décubitus
mère. Il est vrai que, lorsque l’opération a réussi,
elles ne nous consultent pas. Cherchez d’abord l’insertion du long palmaire sur
Quand elles viennent en première intention, nous l’aponévrose palmaire superficielle.
leur proposons de les traiter trois fois et de faire le À son bord ulnaire, vous sentirez des fibres perpen-
bilan après. Si, à la fin de ces trois séances, elles ne diculaires s’engager médialement vers l’hamatum.
248 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 26-6. Technique péricanalaire.

En réalité, ces fibres viennent s’attacher sur la par-


tie médiale du rétinaculum des fléchisseurs. Elles
assurent la jonction entre l’aponévrose superfi-
cielle et le rétinaculum.
Faites jouer la jonction des muscles long et court
palmaires, en étirant latéralement le long palmaire
et médialement le court palmaire (fig. 26-6).
Remarque : La finalité de la technique est de
contribuer à diminuer indirectement la pression
intracanalaire carpienne.

Manipulation du rétinaculum
Appliquez dans un premier temps les manœuvres
que nous avons décrites pour les os du carpe. Dans
un deuxième temps, nous employons des techni-
ques plus spécifiques.

Première modalité
Le patient repose en décubitus, le bras en légère
abduction sur la table. Placez vos pouces alternati-
vement sur : Fig. 26-7. Technique du rétinaculum des fléchisseurs
• le scaphoïde et le pisiforme ; (1re modalité).
• le trapèze et l’hamatum ;
• et les autres doigts à la face dorsale des os du carpe. Deuxième modalité
Effectuez des mouvements d’extension du poi- Le patient repose en décubitus, la paume de la
gnet, en poussant simultanément les os du carpe main regardant vers vous. Repérez d’abord les
en direction ventrale. quatre os où s’insère le rétinaculum des fléchis-
Accompagnez ces mouvements d’une séparation seurs, à savoir :
du scaphoïde et du pisiforme et du trapèze et de • le scaphoïde ;
l’hamatum (fig. 26-7). • le triquétrum ;
Chapitre 26. Canal carpien 249

• le trapèze ; Manipulation du contenu


• l’hamatum. du canal carpien
Placez l’index, l’annulaire ou le majeur des
deux mains sur les quatre points de ce quadrila- Partie neurale
tère osseux. Demandez ensuite au patient de Nerf médian
tourner sa main pour qu’elle repose sur sa face Dans la même position que précédemment,
palmaire. ­cherchez le nerf médian, en dedans du court flé-
Les doigts vont étirer les quatre os comme pour chisseur du pouce. On le sent très nettement
les éloigner les uns des autres, pendant que de vos comme un petit cordon induré, beaucoup plus
paumes vous comprimez la face dorsale de la sensible que les formations musculo-tendineuses
main. avoisinantes.
Cette compression va séparer les points d’inser- Avant tout, rappelez-vous qu’un nerf ne sup-
tion osseuse du canal carpien, étirement que vous porte pas la compression. Quand vous avez
amplifiez de vos doigts positionnés à la face trouvé le nerf médian (il est toujours sensible
palmaire. dans le syndrome du canal carpien), placez vos
C’est une technique puissante, efficace et non pouces de part et d’autre de la partie sensible
douloureuse, effectuez la toujours progressi- ou douloureuse. Pratiquez des petits étire-
vement, avec lenteur, et finissez en induction ments-induction pour libérer les fixations péri-
(fig. 26-8). neurales.
Nous verrons plus loin les manipulations des mus- C’est seulement après que vous effectuez des
cles des éminences thénar et hypothénar. petites compressions-inductions légères sur le
nerf lui-même.
Étirez à la fin les nerfs digitaux palmaires com-
muns, ils naissent dans le canal carpien et sont des
branches du nerf médian (fig. 26-9).

Fig. 26-8. Technique du rétinaculum des fléchisseurs Fig. 26-9. Manipulation du nerf médian.
(2e modalité).
250 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Nerf ulnaire sant glisser, distalement ou transversalement, en


Nous l’avons dit, il ne fait pas partie du canal car- hissant les doigts le proche possible des formations
pien mais son anastomose avec le nerf médian le osseuses avoisinantes.
rend digne d’intérêt. Sa manipulation a un effet
Nerf radial
indéniable sur le nerf médian.
Sa manipulation au niveau du carpe est assez
L’anastomose a lieu dans le canal carpien, en
décevante, il innerve seulement la peau de la face
direction du 3e métacarpe. Cherchez le nerf ulnaire
dorsale de la main. C’est dans le triangle huméro-
entre l’abducteur et le court fléchisseur du
tricipital et entre les deux chefs du muscle supina-
5e doigt.
teur que les manipulations du nerf radial sont les
Le nerf ulnaire se trouve à la partie latérale du pisi- plus efficaces.
forme en dedans et en arrière de l’artère ulnaire
La seule partie du nerf qui entre dans la main
(fig. 26-10).
est le rameau superficiel qu’on sent dans le fovea
Canal de Guyon radialis ou fossette radiale (ex. : tabatière
anatomique).
Il se situe entre le crochet de l’hamatum et les ten-
dons des fléchisseurs, il est recouvert par le liga- Effectuez à ce niveau des petits glissements-­
ment piso-hamatum. induction (fig. 26-13).
Il arrive que des kystes synoviaux migrent dans le
canal de Guyon et compriment le nerf (figs. 26-11 Partie musculo-tendineuse
et 26-12). Manipulation musculo-tendineuse
Dans un premier temps, relâchez le ligament joi- transversale
gnant le pisiforme à l’hamatum. Dans un deuxième
Le patient est en décubitus, la main reposant sur
temps, mobilisez ces kystes et le lit du nerf, le but
sa face dorsale. Il s’agit d’effectuer :
étant de relâcher la pression périneurale. Évitez de
• dans un 1er temps, une traction transversale du
comprimer sagittalement les kystes, c’est souvent
canal carpien en prenant deux appuis avec les
douloureux pour rien. On les mobilise en les fai-
pouces :
– le premier, du côté radial contre le tendon du
muscle fléchisseur du carpe (rappelons que ce
dernier passe dans un sillon parcourant le tra-
pèze) et le long fléchisseur du pouce ;
– le second, contre la partie radiale de la gaine
des fléchisseurs superficiel et profond ; les
deux pouces manipulent les gaines en les éti-
rant transversalement et en finissant avec une
induction (fig. 26-14) ;
• dans un 2e temps :
– on prend un premier appui, contre la partie
médiale des fléchisseurs, et un second, contre
l’opposant du 5e doigt ;
– on effectue une séparation-induction.

Étirements actifs du canal carpien


On demande au patient d’exécuter quelques étire-
ments actifs du canal carpien.
1/ Les doigts entrelacés, les membres supérieurs
Fig. 26-10. Manipulation du nerf ulnaire. tendus, les paumes en avant largement ouvertes,
Chapitre 26. Canal carpien 251

Muscle court palmaire Aponévrose palmaire

Crochet de l’hamatum Artère ulnaire,


rameau superficiel
Muscles hypo-thénariens

Artère et nerf ulnaires,


Nerf ulnaire, rameau superficiel rameaux profonds
Hiatus distal de la loge de Guyon Hiatus proximal
de la loge de Guyon
Pisiforme
Ligament palmaire
carpien
Muscle fléchisseur ulnaire du carpe Muscle long palmaire
Artère et nerf ulnaires Muscle fléchisseur
a superficiel des doigts

Muscle court palmaire

Crochet de l’hamatum Aponévrose palmaire

Muscles hypo-thénariens Artère et nerf ulnaires


Rétinaculum des
muscles fléchisseurs
Hiatus distal de la loge de Guyon
Hiatus proximal
Ligament piso-hamatien de la loge de Guyon
Ligament palmaire
Pisiforme carpien
Muscle long palmaire
Muscle fléchisseur ulnaire du carpe Muscle fléchisseur
superficiel des doigts
b
Fig. 26-11. Canal de Guyon.

le patient, tout en maintenant la position de Artères radiale et ulnaire


départ, effectue des flexions latérales du poignet.
C’est surtout l’artère ulnaire qui est importante à
2/Les mains posées bien à plat sur une table ou
manipuler, elle accompagne le nerf ulnaire.
sur un meuble, les membres supérieurs tendus, le
patient, avec le poids de son corps et en se pen- On sent son pouls dans l’éminence hypothénar
chant en avant, étire tous les éléments palmaires contre le court fléchisseur du 5e. Une fois le pouls
de la main. Il concentre ses mouvements sur les perçu, effectuez des petits étirements distaux de
parties rigides ou sensibles en faisant varier l’appui l’artère en évitant de trop la comprimer.
de sa main. On sent le pouls radial dans l’arcade palmaire pro-
3/Le bras du côté du canal carpien à traiter tota- fonde, là où l’artère repose sur les muscles
lement tendu, la main en extension. De l’autre interosseux.
main, vous amplifiez le mouvement de flexion Contactez l’artère contre le muscle adducteur
dorsale, en focalisant aussi le mouvement sur les du pouce et effectuez un étirement-induction
parties sensibles. (fig. 26-15).
252 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 26-12. Manipulation du canal de Guyon. Fig. 26-14. Manipulation transversale du canal carpien en
séparation-induction.

Nous rappelons aussi que toute manipulation de


l’artère implique celle des veines qui l’accompa-
gnent. Comme nous l’avons écrit pour le nerf
médian, il faut libérer aussi les racines cervicales et
le plexus brachial en amont.

Kystes synoviaux
En dehors de ceux qui occupent le canal de Guyon,
la région du poignet est le siège fréquent de kystes
synoviaux qui sont de diverses origines :
• hormonale ;
• lors de certaines maladies systémiques ;
• mécanique.

Kystes « hormonaux »
Ils apparaissent à la ménopause comme souvent
aussi les problèmes du canal carpien. Ils peuvent
correspondre à un déficit en progestérone, mais
nous sommes incapables d’en expliquer le proces-
Fig. 26-13. Manipulation du nerf radial.
sus. Chronologiquement, c’est un fait : c’est le
plus souvent pendant la ménopause qu’ils se mani-
Remarque : Pour les artères du canal carpien, pen- festent. C’est une constatation clinique fréquente,
sez à manipuler les artères sous-clavière et bra- comme le syndrome du canal carpien et les péri­
chiale avant de vous intéresser à l’artère ulnaire. arthrites scapulo-humérales.
Chapitre 26. Canal carpien 253

Arcade palmaire
superficielle

Nerf médian,
Muscle court palmaire rameau thénarien

Aponévrose palmaire Muscle court abducteur


sectionnée du pouce
Pisiforme Rétinaculum des
muscles fléchisseurs
Loge de Guyon
Artère radiale, rameau palmaire
Ligament carpien palmaire superficiel
Nerf ulnaire Nerf médian
Artère ulnaire
Muscle carré pronateur
Muscle fléchisseur
ulnaire du carpe Artère radiale
Muscle long palmaire

Artère digitale
palmaire

Arcade palmaire
superficielle
Nerf ulnaire, rameau Arcade palmaire
superficiel profonde
Nerf ulnaire, rameau Crochet de l’hamatum
profond
Pisiforme Artère radiale, rameau
superficiel
Artère et nerf ulnaires

Artère radiale

b
Fig. 26-15. Artères du canal carpien.

Kystes des maladies systémiques tumeurs ou de kystes, parmi celles-ci, citons la


Les kystes ne se trouvent pas uniquement au niveau maladie de « Recklinghausen ».
du poignet mais sur l’avant-bras et le reste du corps. Les phacomatoses ou neurofibromatoses sont des
affections héréditaires de type autosomique, carac-
Phacomatoses térisées, entre autres, par des tumeurs cutanées,
Elles représentent un ensemble de maladies qui des gliomes et des taches de la peau couleur « café
sont caractérisées par la présence de petites au lait ».
254 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Nous n’avons pas beaucoup d’effets sur ces kystes,


à l’inverse des kystes synoviaux, qui ne sont guère
mobilisables. Leur faible possibilité de mouve-
ment ne permet pas d’espérer un bon résultat. Le
patient est souvent désespéré de les voir progressi-
vement se développer et se multiplier.

Kystes « mécaniques »
On les trouve chez les travailleurs de force ou les
personnes qui font des travaux manuels répétitifs.
Opérés, les kystes ont tendance à récidiver et les
techniques qui cherchent à les écraser sont très irri-
tantes et parfois dangereuses. Nous avons vu des
infections intra-articulaires dues à ces techniques.

Manipulations en glissement
Elles consistent à faire migrer le kyste pour le
dégager des formations nerveuses ou vasculaires
qu’il comprime. C’est là que réside le problème,
peu importe qu’il y ait des kystes s’ils n’ont pas
d’effet compressif sur les nerfs médian et ulnaire Fig. 26-16. Manipulation d’un kyste synovial en glissement.
et les vaisseaux qui les entourent.
à l’aide de contractions musculaires, il mobilise la
Technique
radio-carpienne en flexion-extension. Il doit le
Le patient est assis, bras légèrement pendants. faire une vingtaine de fois, deux fois par jour, tant
De vos pouces, saisissez les extrémités distales du que c’est douloureux.
radius et de l’ulna et, de vos doigts, exercez une
Il peut aussi effectuer cette manœuvre en blo-
traction distale. La main du patient est successi-
quant sa main en se redressant pour créer une
vement placée en pronation puis en supination
décompression articulaire.
(fig. 26-16).
Simultanément, de vos pouces, vous effectuez une
poussée sagittale. Mobilisez l’articulation du poi- Manœuvres cutanées
gnet en traction et progressivement, déplacez vos
pouces en direction du ou des kystes synoviaux à Les manœuvres d’étirement-induction entre le
faire glisser. derme et l’hypoderme s’appliquent principale-
ment en regard des loges thénar et hypothénar.
Autocorrection Très souvent, on trouve une zone sensible à la
On apprend au patient à faire des tractions de l’ar- jonction entre les deux loges, correspondant au
ticulation radio-carpienne en étirant, en position nerf médian ou à son anastomose avec le nerf
debout, la main en direction distale. Simultanément, ulnaire.
Chapitre 27
Manipulations de la main

Les métacarpiens problèmes. Le premier en raison de la complexité


des mouvements qu’il assure et de la fréquence
Rappels des douleurs dues à la rhizarthrose. Les deux
autres en raison des nombreuses connexions arti-
Leurs bases s’articulent avec les os du carpe et culaires avec le carpe, les autres métacarpiens et les
leurs têtes avec les phalanges. Nous allons décrire phalanges. Cependant, avec l’habitude, on se rend
quelques particularités propres ces articulations. compte de la grande interdépendance des méta-
carpiens. La libération d’un métacarpien fixé
Le 1er métacarpien révèle souvent une autre fixation métacarpienne
passée inaperçue.
Sa surface articulaire a la forme d’une selle qui
s’articule avec le trapèze. Ceci permet à l’articula-
tion carpo-métacarpienne d’effectuer des mouve-
Les carpo-métacarpiennes
ments de :
• flexion-extension ; et inter-métacarpiennes
• abduction-adduction ; Les métacarpiens effectuent peu de mouvements
• rotation ; purs, selon des axes stricts, ce sont surtout des com-
• circumduction. binaisons de mouvements de glissement subtils.
Le 2e métacarpien Ces derniers obligent à les manipuler en induc-
tion. Il faut d’abord bien sentir la direction de
Il s’articule avec : l’écoute et l’amplifier ensuite.
• le trapèze et le trapézoïde ; Il est indispensable au préalable de mettre une
• le 3e métacarpien. composante de traction distale sur les métacarpiens
pour dégager leurs surfaces articulaires (fig. 27-1).
Le 3e métacarpien
Il s’articule : Manipulations en traction-glissement
• latéralement avec le 2e métacarpien ;
Ces manipulations peuvent s’effectuer en décubi-
• médialement avec le 4e métacarpien par deux
tus ou en position assise.
surfaces articulaires.
Du pouce et de l’index d’une main :
Sa plus grosse surface articulaire concerne le
• fixez la 2e rangée du carpe et, du pouce et de
capitatum.
l’index de l’autre main, vous mobilisez les méta-
carpiens en traction-glissement progressive
Les 4e et 5e métacarpiens
maintenue ;
Ils s’articulent surtout avec l’os hamatum. • fixez les métacarpiens et mobilisez la 2e rangée
Remarque : Dans nos consultations, ce sont sur- du carpe.
tout les trois premiers métacarpiens qui posent des Il est toujours utile de procéder à ces deux modalités.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
256 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Articulation IPD,
capsule articulaire

Phalange distale Ligaments palmaires

Articulation IPP,
capsule articulaire
Phalange
intermédiaire

Phalange proximale

Ligament métacarpien
transverse profond

Articulation MCP,
ligaments collatéraux

Ligaments
métacarpiens palmaires Métacarpien

Ligaments carpo-
métacarpiens palmaires
Crochet de l’hamatum
Ligaments Tubercule du trapèze
métacarpiens dorsaux
Pisiforme Ligament collatéral
radial du carpe
Tendon d’insertion du muscle
fléchisseur ulnaire du carpe Ligament radio-
carpien palmaire
Ligament ulno-carpien palmaire

Ulna Radius

Ligament radio-
ulnaire palmaire
Fig. 27-1. Squelette ostéo-ligamentaire de la main.

Les patients qui nous consultent pour des problè- Insistez bien sur les trois premiers métacarpiens,
mes de doigts ont toujours des fixations comple- ils ont des fixations à la fois plus fréquentes et plus
xes (fig. 27-2). complexes.
Ce sont surtout les chutes directes sur la main La manœuvre est finie quand la flexion-extension
qui entraînent des fixations difficiles à libérer des métacarpiens est entièrement libre et surtout
plus rarement quand on se cogne la main contre quand on peut les mobiliser facilement entre eux,
un objet. dans le plan sagittal, comme nous allons le voir.
Chapitre 27. Manipulations de la main 257

Fig. 27-2. Manipulation en traction glissement. Fig. 27-3. Technique de mobilisation des métacarpiens
dans le plan sagittal.

Mobilisations sagittales
• En traction axiale du 2e métacarpe, on a un effet
Elles sont très efficaces à la fois pour les fixations :
plus important sur le trapézoïde et le sca­
• des articulations carpo-métacarpiennes ;
phoïde.
• les muscles interosseux palmaires et dorsaux ;
• En traction axiale sur le 3e métacarpe, on a un
• les muscles lombricaux.
effet sur le capitatum et, par ce dernier, sur le
Le patient est en décubitus, la main posée sur sa lunatum et le scaphoïde.
face dorsale. Placez les deux pouces sur la face pal- • En traction axiale des 4e et 5e métacarpes, on a
maire des métacarpiens que vous voulez mobiliser. un effet sur l’hamatum et indirectement sur le
Les index sont sur la face dorsale correspondante triquétrum et le lunatum.
(fig. 27-3).
Réalisez des techniques en cisaillement-induc-
tions. Quand un métacarpe est amené ventrale- Les métacarpo-phalangiennes
ment, vous entraînez l’autre dorsalement et ainsi et interphalangiennes
de suite.
Ce sont surtout les ligaments collatéraux qui sont
À retenir :
le plus souvent victimes d’entorse.
• En fonction de l’axe de la manipulation, on
obtient des mobilisations plus spécifiques de Certaines entorses créent un œdème articulaire
certains os du carpe. impressionnant, donnant une impression de gon-
• En traction axiale du pouce et en solidarisant le flement avec coloration rouge.
trapèze, le 1er métacarpe transmet le mouve- Ces entorses sont très longues à récupérer,
ment au scaphoïde et au trapèze. l’œdème et la douleur peuvent rester plusieurs
258 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

mois, peut-être en raison des fibrocartilages de Articulations interphalangiennes


l’articulation, particulièrement réactifs.
Elles ont à peu près la même disposition ligamen-
taire que les métacarpophalangiennes. Il faut bien
Articulations métacarpo-phalangiennes fouiller leurs ligaments collatéraux à la recherche
de microruptures ou d’adhérence (fig. 27-5).
Leur capsule est assez lâche, mais heureusement
renforcée par des ligaments palmaires et des fibro-
Technique
cartilages. Ce sont surtout les ligaments collaté-
raux qu’il faut manipuler (fig. 27-4A et 4B). Le patient est soit en décubitus, soit assis.

Ligament phalango- Ligament phalango-


glénoïdal glénoïdal
Ligament oblique Ligament Tête du
Ligaments oblique Ligament métacarpien
collatéraux collatéral
Phalange Phalange
intermédiaire proximale Ligament
Ligaments collatéral
collatéraux accessoire

Phalange
distale Ligament annulaire

Tendon du muscle Tendon du muscle


a fléchisseur profond des doigts fléchisseur superficiel
des doigts

Articulation IPD Articulation IPP

Ligament oblique
Phalange Articulation carpo-
intermédiaire Phalange métacarpienne
Phalange
proximale
distale

Ligament annulaire

Tendon du muscle Tendon du muscle


b fléchisseur profond des doigts fléchisseur superficiel
des doigts
Fig. 27-4A et 4B. Articulations métacarpo-phalangiennes et interphalangiennes.
Chapitre 27. Manipulations de la main 259

Fig. 27-5. Flexion des articulations interphalangiennes.


Fig. 27-6. Manipulation des métacarpo-phalangiennes et
interphalangiennes.
Au préalable, maintenez en traction axiale le doigt,
en étirant la phalange distale, le doigt en légère
sale. Vos doigts doivent toujours rester en contact
flexion.
avec la partie osseuse. Ce sont des techniques qu’il
Imprimez aux articulations des petits mouvements faut exécuter rapidement après un traumatisme. Il
de glissement-induction plus soutenus transversa- existe un risque réel d’ankylose et de déformation
lement (fig. 27-6). visible de l’articulation en cas de traitement tardif
Cette manipulation donne parfois l’impression (fig. 27-7).
d’un véritable repositionnement de l’articulation Remarque : Par certains aspects visuels et palpatoi-
qui se fait en glissement latéral. res, ces arthropathies d’origine mécanique ­peuvent
Pour l’œdème, c’est surtout grâce aux manipula- faire penser à des arthropathies microcristallines.
tions vasculaires et neurales qu’on obtient un C’est comme si le liquide synovial s’épaississait et
résultat et aussi grâce à des petites compressions- se laissait envahir par des microcristaux, sans cause
induction sur le cartilage. Augmentez la flexion métabolique évidente.
articulaire, ce qui donne un jeu articulaire plus
important et permet d’obtenir un glissement plus Extenseurs du carpe
facile des surfaces articulaires.
Rappelons que leurs insertions distales se font
pour le court extenseur sur le 3e métacarpien et
Ligaments collatéraux
pour le long extenseur, le 2e métacarpien.
Posez un pouce sur la partie proximale de l’articu- C’est pour cette raison qu’en cas d’épicondylites
lation et l’autre sur sa partie distale. on ajoute aux manipulations du système nerveux
Faites glisser vos pouces sagittalement, en direc- et du coude, des mobilisations des 2e et 3e métacar-
tions opposées, pour bien relâcher les zones de piens. Elles permettent d’avoir un effet plus impor-
rugosité ligamentaire. tant sur les mécanorécepteurs de ces muscles.
Ensuite, faites jouer sagittalement les ligaments et On associe cette manœuvre à celle décrite pour
la capsule articulaire en direction ventrale et dor- l’épicondyle latéral.
260 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Tubérosité de la
phalange distale

Tendon du muscle Articulation IPD,


fléchisseur profond ligaments collatéraux
des doigts

Ligaments obliques

Phalange intermédiaire

Articulation IPP,
ligaments collatéraux
Ligament annulaire
(poulie) Tendon du muscle
fléchisseur superficiel des doigts

Ligaments obliques

Phalange proximale

Articulation MCP,
ligaments collatéraux
Ligament métacarpien
transverse profond

Tendon du muscle
fléchisseur superficiel des doigts
Métacarpien
Tendon du muscle
fléchisseur profond des doigts

Fig. 27-7. Ligaments collatéraux des doigts.

L’os et le cartilage Les doigts d’une main vont s’accrocher à la pre-


mière rangée des os du carpe, scaphoïde, lunatum
Nous associons toujours la manipulation intra- et triquétrum. La paume de la même main vient
osseuse des métacarpiens et des os du carpe. comprimer les métacarpiens à leur partie distale.
Le patient est en décubitus, son coude repose sur L’ensemble de la main exécute des compression-
la table, le poignet en flexion, le poing fermé. induction.
Chapitre 28
Manipulations du pouce

Clinique Origine
Il prend son origine sur :
Les rhizarthroses sont redoutables tant leur dou- • le 3e métacarpien, pour son chef transverse ;
leur est insupportable. Elles affectent surtout les • les capitatum, trapèze, trapézoïde et scaphoïde,
femmes. Il faut absolument éviter toute manipula- pour son chef oblique.
tion forte ou en compression, au risque d’augmen-
ter considérablement l’inflammation et la douleur. Direction
On effectue des manœuvres de micro-glissement- Elle est oblique latérale et distale.
induction très douces, en traction.
Terminaison
Pour décomprimer l’articulation, on relâche tous
Il se termine par l’articulation métacarpo-phalan-
les muscles du pouce, à savoir :
gienne du pouce, sur son sésamoïde ulnaire.
• le court abducteur du pouce ;
• le court fléchisseur du pouce ;
Action
• les long et court extenseurs du pouce.
Il participe au mouvement d’opposition du pouce
Si ensuite la douleur le permet, effectuez des petits
et d’adduction et flexion du pouce.
mouvements de lissage chondral, en réalisant une
légère compression articulaire. Faites comme si Innervation
vous vouliez faire frotter avec douceur les carti­
Il est innervé par le nerf ulnaire (C8-T1).
lages pour les lisser.
Vascularisation
Muscles thénariens (fig. 28-1) Il est vascularisé par l’artère ulnaire via l’arcade
palmaire superficielle.
Dans les rhizarthroses, il est indispensable de relâ-
cher les tensions de certains muscles du pouce. Technique
Ces derniers, lorsqu’ils sont tendus, mettent l’arti-
culation en compression. Pour tous les muscles du pouce, le patient est en
Il s’agit des muscles : décubitus et repose sur la table, la main en appui
• adducteur du pouce ; dorsal.
• court fléchisseur du pouce ; Du pouce et de l’index d’une main, fixez le capi-
• court abducteur du pouce ; tatum, les os trapèze et trapézoïde et le
• opposant du pouce. scaphoïde.
Placez l’autre pouce sur le sésamoïde ulnaire de
L’adducteur du pouce l’articulation métacarpo-phalangienne du pouce
et l’index sur le 1er métacarpe.
Rappels
Créer une traction distale-latérale et travaillez en
C’est le plus médial des muscles thénariens. induction (fig. 28-2).
Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur
© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
262 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Tendons de terminaison
du muscle fléchisseur
profond des doigts

Tendons de
terminaison du
muscle long
fléchisseur du pouce

Ligament métacarpien
transverse profond

Premier muscle
interosseux dorsal
Muscles lombricaux
Tendons de terminaison Muscle adducteur
du muscle fléchisseur du pouce,
superficiel des doigts chef transverse
Muscle abducteur du Muscle adducteur
cinquième doigt du pouce, chef oblique
Muscle opposant du Muscle court fléchisseur
cinquième doigt du pouce, chef superficiel
Muscle fléchisseur du Muscle court abducteur
cinquième doigt du pouce
Muscle opposant du pouce

Rétinaculum des
Muscle fléchisseur muscles fléchisseurs
ulnaire du carpe Muscle long abducteur
du pouce
Muscle carré pronateur
Muscle fléchisseur
Muscle fléchisseur radial du carpe
superficiel des doigts
Muscle long
fléchisseur du pouce

Fig. 28-1. Muscles thénariens.

Le court fléchisseur du pouce Direction


Elle est oblique et latérale.
Rappels
Terminaison
C’est le plus médial des muscles thénariens, c’est
lui qui nous sert de repère pour aborder le médian Il se termine sur le sésamoïde radial de l’articula-
dans la paume. tion métacarpo-phalangienne du pouce.
Action
Origine
Il participe à l’opposition du pouce, aux flexion,
Elle se fait par deux chefs, superficiel et profond : adduction et abduction de la métacarpo-phalan­
• le rétinaculum des fléchisseurs, pour le chef gienne.
superficiel ;
• les trapèze, trapézoïde et capitatum, pour le Innervation
chef profond. Il est innervé par :
Chapitre 28. Manipulations du pouce 263

Fig. 28-2. Technique de mobilisation du pouce en traction-


induction.

• le nerf médian, pour le chef superficiel ; Fig. 28-3. Technique du court fléchisseur du pouce.
• le nerf ulnaire, pour le chef profond.
Vascularisation Direction
Il est vascularisé par l’artère ulnaire via l’arcade Elle est oblique et latérale.
palmaire superficielle.
Terminaison
Technique Il se termine sur la phalange proximale du pouce,
Du pouce et de l’index d’une main, vous fixez le sur son os sésamoïde radial.
rétinaculum des fléchisseurs et les trapèze, trapé-
Action
zoïde et capitatum.
Il participe à l’abduction du pouce
De l’autre pouce et de l’index, vous fixez le sésa-
moïde radial et le 1er métacarpe (fig. 28-3). Innervation
Vous réalisez une traction distale et latérale, en Il est innervé par le nerf médian.
finissant par une induction.
Vascularisation
Le court abducteur du pouce Il est vascularisé par l’artère ulnaire via l’arcade
palmaire superficielle.
Rappels
Origine Technique
Il trouve son origine sur l’os scaphoïde, sur son Du pouce et de l’index d’une main, on fixe le
tubercule palpable à la face palmaire, et le rétina- scaphoïde et le rétinaculum des fléchisseurs
culum des fléchisseurs. (fig. 28-4).
264 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Fig. 28-5. Technique de l’opposant du pouce.

Action
Fig. 28-4. Technique du court abducteur du pouce. Il participe à l’opposition et l’adduction du pouce.
Innervation
Il est innervé par le nerf médian.
De l’autre pouce et de l’index, on mobilise la
phalange proximale soit directement, soit par Vascularisation
l’intermédiaire du sésamoïde radial en traction- Il est vascularisé par l’artère ulnaire par l’arcade
induction. palmaire superficielle.

Technique
L’opposant du pouce
De l’index et du pouce d’une main, on maintient
Rappels le trapèze. De l’index et du pouce de l’autre main
positionnés sur le 1er métacarpe, on crée une trac-
C’est le plus latéral des muscles thénariens. tion-induction (fig. 28-5).
Origine Remarque : Comme nous l’avons souligné dans
le paragraphe concernant le canal carpien, pour
Il trouve son origine sur :
libérer le rétinaculum des fléchisseurs on inclut la
• le trapèze, sur son tubercule ;
manipulation des muscles de l’éminence thénar.
• le rétinaculum des fléchisseurs.

Direction Routine
Elle est oblique légèrement latérale.
Quand on débute cette technique, il est indispen-
Terminaison sable de bien dissocier toutes les attaches muscu-
Il se termine par le 1er métacarpien à son bord radial. laires thénariennes. Il s’agit de les « imprimer »
Chapitre 28. Manipulations du pouce 265

dans nos doigts et dans notre tête. Ensuite, on Le court abducteur du 5e doigt
peut effectuer des manœuvres plus globales, sans
pour autant négliger les différentes composantes Rappels
de ces muscles. Origine
Le patient repose en latérocubitus. Il trouve son origine sur :
Dans un premier temps, il est en latérocubitus • le pisiforme ;
homolatéral, la main reposant sur son bord radial. • le ligament piso-hamatum ;
De vos deux pouces, placés sur l’adducteur du • le rétinaculum des fléchisseurs.
pouce, vous vous dirigez vers l’opposant. Les deux
pouces réalisent une induction-écartement, de Direction
médial à latéral, puis de latéral à médial.
Elle est oblique distale et médiale.
Dans un deuxième temps, le patient repose du
côté controlatéral, vos pouces placés sur l’oppo-
Terminaison
sant vont en direction de l’adducteur. Ils réalisent
aussi une induction-écartement, de latéral à médial Il se termine sur la phalange proximale du
et inversement. 5e doigt, à son bord latéral.

Innervation
La peau Il est innervé par le nerf ulnaire (C8-T1), par son
rameau profond.
Dans la rhizarthrose et d’une manière générale,
dès qu’il y a une inflammation articulaire, mobili- Vascularisation
sez la jonction derme-hypoderme, tout autour de
Il est vascularisé par l’artère ulnaire, par l’arcade
l’articulation.
palmaire superficielle.
Parfois, les résultats sont étonnants et surtout
immédiats, au point de récupérer quasi instanta-
Action
nément de 30 à 50 % du déficit d’amplitude
articulaire. Il participe à l’abduction du 5e doigt.

Technique
Muscles hypothénariens (fig. 28-6)
On met le pouce d’une main sur le pisiforme et le
Ils sont moins puissants que les muscles théna- rétinaculum des fléchisseurs. L’index et le pouce
riens. Cependant, leurs insertions sur le rétinacu- de l’autre main saisissent la phalange proximale du
lum des fléchisseurs premettent de le défibroser et 5e doigt pour la manipuler en traction et en adduc-
aussi d’équilibrer les tensions réciproques avec les tion (fig. 28-7).
muscles thénariens : Le pouce du pisiforme recherche une zone indu-
• C’est un peu comme une toile tendue entre ses rée qu’il va travailler en induction.
quatre tendeurs, si l’un des tendeurs faiblit ou
devient dominant, il déséquilibre l’ensemble de
la toile. Le court fléchisseur du 5e doigt
• On les manipule en décubitus, la main reposant
Rappels
sur sa face dorsale.
Origine
Les muscles hypothénariens sont au nombre de 3 :
• le court abducteur du Ve ; Il trouve son origine sur :
• le court fléchisseur du Ve ; • l’hamatum ;
• l’opposant du Ve. • le rétinaculum des fléchisseurs.
266 Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur

Nerfs digitaux
palmaires
Artères digitales
palmaires

Nerfs digitaux
palmaires du pouce
Artères digitales
palmaires communes
Arcade palmaire
superficielle
Artère radiale,
Muscle abducteur du rameau palmaire
cinquième doigt superficiel

Muscle fléchisseur du Muscle court abducteur


cinquième doigt du pouce

Nerf ulnaire, Rétinaculum des


rameau superficiel muscles fléchisseurs

Artère et nerf ulnaires, Artère radiale, rameau palmaire


rameau profond superficiel
Ligament carpien palmaire Nerf médian

Artère et nerf ulnaires


Artère radiale
Muscle fléchisseur
Muscles court et long
ulnaire du carpe
extenseurs radiaux du carpe

Fig. 28-6. Muscles hypothénariens.

Direction Vascularisation
Elle est distale et médiale. Il est vascularisé par l’artère ulnaire par l’arcade
palmaire superficielle.
Terminaison
Action
Il se termine par :
• la phalange proximale, à sa base ; Il participe à la flexion de la Ve articulation méta-
• son tendon rejoint l’insertion du muscle abduc- carpo-phalangienne.
teur du 5e doigt.
Technique
Innervation C’est la même que celle de l’abducteur du
Il est innervé par le nerf ulnaire (C8-T1) par un 5e doigt, on place le pouce plus distalement par
rameau profond. rapport au ligament piso-hamatum.
Chapitre 28. Manipulations du pouce 267

Vascularisation
Il est vascularisé par l’artère ulnaire par l’arcade
palmaire superficielle.

Action
Il participe à l’opposition du 5e doigt.

Technique
On met un pouce sur l’hamulus de l’hamatum,
débordant sur le rétinaculum des fléchisseurs.
L’autre pouce avec son index tracte le 5e méta-
carpe en adduction.

Routine
On agit, au départ, sur les muscles hypothénariens
en cherchant à les individualiser, pour être plus
spécifique. Très vite, on divise leur manipulation
en parties latérale et médiale. Comme nous l’avons
Fig. 28-7. Technique du court abducteur du 5e doigt. vu dans la routine des muscles thénariens, le
patient est en décubitus ou en latérocubitus.

L’opposant du 5e doigt Partie latérale


Rappels D’un pouce et d’un index, on va saisir les inser-
Origine tions musculaires sur le trapèze, le scaphoïde et la
Il trouve son origine sur : partie latérale du rétinaculum des fléchisseurs.
• l’hamatum, à son crochet (hamulus) ; De l’autre pouce et de l’autre index, on tracte le
• le rétinaculum des fléchisseurs. 1er métacarpe.
Les deux mains agissent ensuite en induction.
Direction
Elle est oblique distale et médiale. Partie médiale
Terminaison C’est une manœuvre symétrique à la précédente.
Il se termine par le 5e métacarpien, à son bord Un pouce et un index saisissent les attaches mus-
médial. culaires sur le pisiforme, l’hamulus et la partie
adjacente du rétinaculum des fléchisseurs.
Innervation De l’autre pouce et de l’autre index, on tracte le
Il est innervé par le nerf ulnaire (C8-T1), par un 5e métacarpe et la 5e phalange proximale.
rameau profond. Les deux mains agissent ensuite en induction.
Chapitre 29
La main émotionnelle

Le patient dont la main est tendue, en extension, risque de fracture du poignet qu’une autre qui
exprime : aurait la main souple et relâchée. Cette dernière ris­
• la défense physique ; que davantage une entorse du poignet ou un trau­
• la méfiance ; matisme plus important sur le coude ou l’épaule.
• le refus de la réalité ; Le poignet dont la main est relâchée en flexion,
• le dégoût ; exprime :
• l’interrogation ; • le détachement ;
• l’interdiction ; • la démonstration ;
• l’appréhension ; • la théâtralisation ;
• la conviction. • la relaxation (voire la fatigue) ;
Ce type de patient a tendance à avoir des épicon­ • le désir de rapprochement ;
dylites latérales et des kystes synoviaux. Les chutes • le désir de convaincre.
sur la main illustrent bien l’influence de la posture En principe, ces patients se sentent relativement
dans les traumatismes. Une personne qui a souvent bien dans cette attitude qui ne semble pas donner
la main tendue en extension présente un plus grand de problèmes mécaniques spécifiques.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Conclusion

Gustave Flaubert a dit « pour qu’une chose soit En revanche, libérer électivement une capsule, tra-
intéressante, il faut la regarder longtemps ». Nous vailler spécifiquement un ligament ou une inser-
pouvons accommoder cette pensée à notre prati- tion musculaire, agir sélectivement sur une artère
que ostéopathique « pour que le corps humain soit ou un nerf sont des actes qui exigent d’apprendre
passionnant, il faut l’étudier et le palper longtemps l’anatomie (encore et encore… !) et une longue
et sans cesse ». expérience palpatoire.
Il faut du temps avant de connaître une articula- La partition est longue et complexe, mais quel
tion. Tout le monde peut mesurer une amplitude bonheur de sentir sous ses doigts se dénouer tous
articulaire ou employer des techniques d’étire- ces éléments ! Et surtout, en prime, de redonner
ment global. au patient une bonne mobilité articulaire.

Nouvelle approche manipulative – Membre supérieur


© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Vous aimerez peut-être aussi