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Manipulations

vasculaires viscérales
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Manipulations
vasculaires viscérales
“The artery is the father of the rivers of life, health and ease.”
A.T. STILL
(Autobiography)

Jean-Pierre Barral
Alain Croibier
Jean-Pierre Barral
Ostéopathe DO, diplômé de l’European School of Osteopathy (Maidstone, Royaume-Uni) et de la faculté de
médecine Paris-Nord (département ostéopathie et médecine manuelle).

Alain Croibier
Ostéopathe DO, membre du Registre des ostéopathes de France ; diplômé de l’école d’ostéopathie A. T. Still
Academy (Lyon, France) ; directeur du département mécanique humaine de l’Académie d’ostéopathie
de France.

Manipulation vasculaires viscérales


Responsable éditoriale : Marie-José Rouquette
Éditeurs : Peggy Lemaire, Laure Besson
Chef de projet : Mafalda Colaco
Conception graphique : Véronique Lentaigne
Illustrations intérieures et illustration de couverture : Éléonore Lamoglia
Photographies intérieures et illustration de couverture : totemstudio.com

© 2009, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés pour la traduction française
62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex
www.elsevier-masson.fr

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cation sans l’autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie (20, rue des
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permission of the publisher.

Photocomposition : SPI Publisher Services, Pondichéry, Inde ISBN : 978 2-8101-0095-8


Imprimé en Italie par Printer Trento, 38100 Trento ISSN : 1768-1995
Dépôt légal : septembre 2009
Introduction
Le corps humain est d’une complexité Le système viscéral a particulièrement
incroyable. Il est impossible d’imaginer besoin d’une bonne circulation ; c’est
ces myriades de cellules qui concourent tout naturellement que, petit à petit,
toutes à notre survie et à notre bonne nous avons cherché à en améliorer la
santé. Chacune doit jouer sa note dans fonction. Nous nous sommes efforcés de
ce grand concert qu’est notre vie. mettre au point des manœuvres simples
Le concept ostéopathique est un et efficaces sur le réseau vasculaire viscé-
concept de globalité, où toute pièce de ral. Environ 100 000 km d’artères et de
l’édifice de l’être vivant est capitale. 250 000 km de veines parcourent notre
Entendre dire qu’un ostéopathe s’est spé- corps, ce n’est pas rien ! Pour un individu
cialisé dans une partie du corps est un de 70 kg, cela fait environ 1500 km d’ar-
non-sens. Ce n’est pas à nous de choi- tères par kilogramme.
sir en fonction de notre éducation, de Nous avons voulu, dans ce livre, établir
notre culture et de notre vie ce qui est un repérage précis des principaux pouls
important pour le patient. C’est tout l’or- viscéraux. Ils vont permettre de faire un
ganisme, en mémorisant d’innombra- « état des lieux » et d’apprécier les change-
bles informations, qui doit guider notre ments après le traitement.
main. Nous avons étudié selon le type d’artè-
Savoir « écouter » un corps est essentiel ; res les techniques les plus efficaces pour
la main doit programmer une réponse augmenter l’irrigation d’un organe. Nous
thérapeutique en fonction des messages avons multiplié les expérimentations à
qu’elle a reçus. l’aide de l’effet Doppler. Même si, pour
A.T. Still affirmait haut et fort que la certaines artères profondément situées,
règle de l’artère est fondamentale et qu’un nous n’avons pas toujours pu prouver
organisme, pour bien fonctionner, devait une augmentation de débit, les améliora-
avoir une circulation optimale. Peu de tions cliniques ont apporté la preuve de
thérapeutes manuels se sont intéressés l’efficacité de ce type de manipulation.
directement à la fonction circulatoire. Nous avons observé une différence
Nous savons cependant que notre excel- momentanée de circulation dans certai-
lent ami et confrère Paul Chauffour s’in- nes artères, sans toujours en connaître
téresse lui aussi au système vasculaire. l’effet au long cours. En revanche, une
Dans ce livre, nous exposons le fruit de chose est certaine : le patient ressent
nos recherches et de notre expérience. l’amélioration et c’est là l’essentiel.
XVIII Manipulations vasculaires viscérales

Notre métier est aussi empirique et nos connaissances et affiner leurs appli-
subjectif ; pourquoi en souffrir ou en cations manuelles.
rougir ? Notre main possède ce privilège Connaître l’anatomie et la fonction
inouï de soulager et d’améliorer les gran- du système vasculaire permet de mieux
des fonctions du corps humain. Cela est soigner les patients. Ce livre vous sera
vrai à condition de travailler sans relâche vite indispensable pour répondre à ce
pour augmenter et élargir le plus possible but.
Chapitre 1

Organisation
générale de l’appareil
cardiovasculaire
Présentation du système cardiovasculaire

Cœur

Vaisseaux

Sang

© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.


Manipulations vasculaires viscérales
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 5

Chapitre 1

Organisation
générale de l’appareil
cardiovasculaire
Présentation du système dans les distributions régionales : cer-
veau, puis rein, territoire splanchnique
cardiovasculaire
(système digestif) et membres.

Dans les organismes complexes, l’appa- Appareil circulatoire


reil cardiovasculaire assure la circulation
du sang pour véhiculer, sur de longues L’appareil circulatoire correspond à l’en-
distances, oxygène et nutriments vers les semble formé par le système cardiovascu-
cellules, et en évacuer les déchets. laire et le système lymphatique.
Le système cardiovasculaire possède Le système cardiovasculaire se com-
de nombreux rôles comme : pose du cœur et des vaisseaux : artères,
– la distribution aux cellules des nutri- capillaires et veines.
ments (acides aminés, acides gras, vita- Le cœur est un muscle creux fonction-
mines) et de l’oxygène ; nant comme une pompe, propulsant le
sang dans les artères pour le véhiculer
– l’élimination des déchets produits par
dans tous les tissus de l’organisme.
les cellules (dioxyde de carbone, lactates) ;
– le transport : oxygène, CO2 et hormones ; Réseau vasculaire
– la régulation de la température corpo- Tant d’un point de vue anatomique
relle, du pH sanguin, du volume d’eau, que fonctionnel, le circuit vasculaire est
des sels minéraux, etc. divisé en deux parties (figure 1.1) :
Le système cardiovasculaire participe – la circulation dite systémique, ou grande
à l’homéostasie en aidant au maintien circulation, apporte oxygène et nutriments
de certaines valeurs physiologiques à un aux tissus. La circulation systémique ali-
niveau constant ou relativement stable. mente ainsi, en parallèle, les différents
La principale mission du système car- organes, par les branches de division de
diovasculaire est la fourniture d’oxygène l’aorte issue du ventricule gauche. Les vei-
et de nutriments aux différents tissus de nes caves collectent le sang issu de ces orga-
l’organisme, en respectant une hiérarchie nes pour le ramener vers l’atrium droit ;

© 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.


Manipulations vasculaires viscérales
6 Généralités

Cerveau – la circulation pulmonaire, ou petite cir-


culation, assure la navette entre le cœur,
générateur de débit, et le poumon, four-
nisseur d’oxygène. Ce court réseau vascu-
laire part du ventricule droit par l’artère
pulmonaire et revient à l’atrium gauche
par les veines pulmonaires.
Cœur
Poumons
Le cœur se comporte comme deux pom-
pes fonctionnant en parallèle : le « cœur
gauche », assurant la circulation systémi-
que, et le « cœur droit », assurant la circu-
lation pulmonaire.
Le débit sanguin des deux circulations
est identique. Cependant, les résistances
Cœur des artérioles pulmonaires étant 5 ou
6 fois plus faibles que celles des artério-
les systémiques, la pression n’est pas la
même dans les deux réseaux.
Cœur droit et cœur gauche comportent :
– un atrium (anciennement appelé « oreil-
lette ») qui collecte le sang ;
– un ventricule, qui l’expulse respective-
ment vers :
• l’artère pulmonaire, en direction des
poumons, à partir du ventricule droit ;
• vers l’aorte, en direction des autres
organes, à partir du ventricule gauche.
La fonction principale du cœur est de
maintenir le débit sanguin.

Secteurs vasculaires résistifs


et capacitifs
Autres organes
D’un point de vue hémodynamique,
petite et grande circulations sont consi-
dérées comme deux circulations dispo-
sées en série.
Membres inférieurs Ces secteurs sont cependant différents
tant au niveau de :
Fig. 1.1. Petite et grande circulations. – la pression qui règne dans chacune
d’elles ;
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 7

– la compliance de leurs tubulures ; – celui des vaisseaux précapillaires à


– leur résistance à l’écoulement sanguin. sphincters et des métartérioles qui règlent
La pression mécanique qui règne dans le débit à l’entrée dans les capillaires et
les vaisseaux dépend de la pompe car- peuvent ainsi commander la surface à
diaque, de la pression de remplissage des irriguer.
vaisseaux et de la déformabilité ou com-
pliance de la paroi vasculaire. Système à basse pression
Un vaisseau est d’autant plus com-
pliant qu’il est capable de stocker du Le secteur capacitif dit à basse pression
sang, c’est-à-dire qu’une forte variation présente une faible résistance et une
de volume induit une faible augmenta- compliance élevée. Il est composé par le
tion de pression. système veineux, le cœur droit, la circu-
lation pulmonaire, l’atrium gauche et le
ventricule gauche en diastole.
Système à haute pression Il retient 75 à 80 % du volume sanguin.
Le secteur résistif dit à haute pression Le reste du volume sanguin se trouve dans
présente une forte résistance et une faible les capillaires périphériques qui font aussi
compliance (capacité de distension d’un partie du système à basse pression.
vaisseau). Il comprend l’ensemble des La pression dans ce système est relati-
artères de la grande circulation. Il va du vement basse, en moyenne 15 mmHg ou
ventricule gauche en systole jusqu’aux 2 kPa. Ce système à basse pression sert
artérioles. de réservoir de sang grâce à sa grande
Il ne contient que 10 à 15 % du volume capacité et à sa grande extensibilité. C’est
sanguin. principalement par son intermédiaire
Dans ce système, la ramification pro- que l’organisme régule la volémie.
gressive diminue le calibre des vais- Les capillaires sont les principaux vais-
seaux mais augmente la surface totale de seaux d’échange.
section. Les veines assurent le transport du
La pression y est 6 à 7 fois celle exis- sang vers le cœur.
tant dans l’artère pulmonaire, de l’ordre La répartition des volumes sanguins
de 100 mmHg. est indiquée à la figure 1.2.
On distingue plusieurs sous-comparti-
ments : Distribution sanguine
– celui des vaisseaux réservoirs, compor- Si la principale mission du système cardio-
tant l’aorte et ses grosses branches. Leur vasculaire est la fourniture d’oxygène et de
paroi est élastique et ils transforment, nutriments aux différents tissus de l’orga-
sans modification notable de la pression nisme, il doit aussi respecter une certaine
moyenne, le débit cardiaque pulsatile en hiérarchie circulatoire dans les distribu-
un débit constant. Ce sont les principaux tions régionales : cerveau, puis rein, terri-
vaisseaux de distribution sanguine ; toire splanchnique digestif et membres.
– celui des artérioles, qui réalisent une Le débit sanguin tissulaire ou irriga-
résistance régionale. Ce sont les vais- tion des tissus est très précisément ajusté
seaux régulateurs du débit sanguin ; au fonctionnement adéquat de chaque
8 Généralités

Poumons Capillaires
9% 5% Artérioles
7%
Grosses
artères
8%
Veines
Cœur
64 %
7%

Fig. 1.2. Répartition des volumes sanguins (d’après Silbernagl et Despopoulos).

tissu et de chaque organe, ni plus, ni Tableau 1.1


moins. Les tissus les plus actifs possèdent Débit sanguin au repos
en général le plus grand débit sanguin.
Organes % Total
La sélection d’un territoire aux dépens
des autres se fait par vasoconstriction Digestif 25
(réduction du calibre des vaisseaux), dans
Reins 20
les territoires négligés.
L’hyperhémie désigne l’augmentation Cerveau 13
de débit sanguin d’un tissu. L’ischémie Peau 9
désigne, au contraire, l’interruption de
débit circulatoire au sein d’un tissu. Cœur 4
Le terme d’hyperhémie active corres-
Au repos, le système digestif et les
pond à une augmentation du débit san-
reins attirent environ 50 % du sang dis-
guin liée à une augmentation d’activité
tribué, alors que le cœur seulement 3 à
du tissu ou de l’organe. Par exemple, c’est
4 % (tableau 1.1 et figure 1.3).
ce qui se passe dans les muscles squeletti-
ques lors d’un effort physique. À l’effort
À l’effort, le débit cardiaque augmente
Au repos pour atteindre 17 à 25 litres par minute.
Au repos, le débit sanguin total est d’en- La répartition aux différents tissus se
viron 5 à 6 litres par minute. Le sang modifie, à l’exception du cerveau, dont
arrive dans les tissus avec la même pres- la perfusion demeure remarquablement
sion artérielle moyenne et sensiblement constante (tableau 1.2 et figure 1.3).
la même force motrice.
Types de circulation
Le débit dans chaque organe dépend
uniquement de l’importance de la vascu- Selon la destinée du courant sanguin
larisation et de la résistance des artérioles dans l’organe, on peut distinguer plu-
locales. sieurs types de circulation :
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 9

Tableau 1.2 – circulation nourricière : artères cérébra-


Débit sanguin à l’effort les, artères musculaires, artères coronaires,
artères bronchiques, artère hépatique ;
Organes % Total
– circulation fonctionnelle : artères pul-
Cœur 4 monaires, veine porte ;
Cerveau 14 – circulation mixte : artères rénales, artè-
res mésentériques, artères cutanées.
Reins 20
Compte tenu de ces données, le débit
Muscles squelettiques 22 sanguin de l’organe ne reflète pas forcé-
Peau 8 ment les besoins propres de l’organe, mais
peut témoigner simplement du travail
Autres organes 12
effectué par celui-ci pour les besoins de

750

750

12 500
Cerveau 750

Cœur 250

Muscles
squelettiques 1200

Peau 500

Reins 1100

Abdomen 1400 1900

Autres 600
600

Débit sanguin total 600


au repos : 5 800 ml/min 400

Débit sanguin total pendant


l’exercice intense : 17 500 ml/min

Adapté d’après Marieb

Fig. 1.3. Débits sanguins au repos et à l’effort.


10 Généralités

l’organisme. C’est pourquoi on utilise par- l’atrium, et une chambre inférieure, le


fois la notion de coefficient d’extraction ventricule (figure 1.4).
d’oxygène qui renseigne davantage sur Au total, le cœur renferme 4 cavités.
les besoins intrinsèques de l’organe que
la seule notion de débit sanguin.  Atriums
D’un point de vue fonctionnel, les
atriums constituent les points d’arrivée
Cœur du sang en provenance de la circulation.
Formé déjà la 3e semaine chez l’embryon, le Comme ils n’ont pas à se contracter
cœur va rythmer toute notre vie : 100 000 fortement pour faire passer le sang dans
battements par jour, 2 milliards de fois les ventricules juste en dessous d’eux,
dans une vie – on a du mal à imaginer une les atriums sont de petite taille et leurs
machine capable d’assurer le même travail. parois sont relativement minces. Ils ne
Il a son rythme propre, indépendant contribuent que modestement au rem-
de notre volonté, modifiable en fonction plissage des ventricules et à l’action de
d’événements qui se produisent à l’in- pompage du cœur.
térieur ou à l’extérieur du corps. Il peut Trois veines entrent dans l’atrium droit :
s’emballer à la suite d’une émotion, d’un – la veine cave supérieure ;
effort ou d’une température trop élevée. – la veine cave inférieure ;
Son poids est variable selon la taille et – le sinus coronaire.
le sexe. Il pèse environ 275 g. Quatre veines pulmonaires, deux droi-
tes et deux gauches, entrent dans l’atrium
Rappels anatomiques gauche.
Forme et orientation  Ventricules
Extérieurement, le cœur est comparable Les ventricules constituent presque toute
à un cône arrondi, couché latéralement. la masse du cœur. D’un point de vue
– La pointe (l’apex du cœur) est en direc- fonctionnel, ils constituent le point de
tion ventrale, caudale et gauche. départ de la circulation du sang, les pom-
– La base (la base du cœur) est en direc- pes proprement dites. De ce fait, leurs
tion dorsale, céphalique et droite. parois sont épaisses.
– Le grand axe du cœur est oblique en Le ventricule droit éjecte le sang dans
bas en avant et à gauche. Cette obliquité le tronc pulmonaire qui l’achemine dans
varie avec la forme du thorax ; le cœur les poumons où s’effectuent les échanges
est d’autant plus vertical que le thorax gazeux.
est plus étroit. Le ventricule gauche propulse le sang
dans l’aorte dont les ramifications suc-
Cavités cessives alimentent tous les organes.
Le cœur est un muscle creux divisé
en deux parties, droite et gauche, par  Valves
le septum cardiaque. Chaque côté est Le flux du sang à l’intérieur du cœur est
divisé par une valve atrioventriculaire en rendu unidirectionnel par la présence de
une chambre supérieure, l’oreillette ou valves qui séparent les cavités.
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 11

Arc aortique

Artère pulmonaire
Veine cave supérieure

Veines
pulmonaires

Atrium gauche
Atrium droit

Valve aortique
Valvule pulmonaire
Valvule mitrale

Septum
Valvule tricuspide interventriculaire

Ventricule gauche

Ventricule droit

Myocarde
Veine cave inférieure

Fig. 1.4. Cavités cardiaques.

Valves atrioventriculaires Elles empêchent le sang de refluer


Chaque valve atrioventriculaire est for- dans les atriums lorsque les ventricules
mée par un repli de l’endocarde, renforcé se contractent.
par du tissu fibreux.
La valve atrioventriculaire droite com- Valves artérielles
porte 3 valvules ou cuspides (valve tricus- Les valves de l’aorte et du tronc pulmo-
pide), alors que la valve atrioventriculaire naire sont situées à la base de l’aorte et du
gauche n’en a que deux (valve bicuspide tronc pulmonaire. Chacune de ces valves,
ou mitrale). dite aussi sigmoïde, comporte 3 valvules
12 Généralités

semi-lunaires en forme de pochette ou – des fibres communes qui enveloppent


de croissant. et réunissent les deux sacs formés par les
Elles s’ouvrent lorsque le ventricule fibres propres.
se contracte et lui permettent d’éjecter « Le cœur ventriculaire est composé de
le sang dans le tronc artériel. Elles se deux sacs musculeux renfermés dans un
ferment et empêchent le sang de refluer troisième sac musculeux » (Winslow, cité
dans les ventricules lorsque ces derniers par Bouchet et Cuilleret).
se relâchent et se remplissent. Les fibres ventriculaires fixent uni-
quement à la périphérie des anneaux
Structure du cœur auriculoventriculaires.
Le cœur est formé par un muscle épais,
Système cardionecteur
le myocarde, tapissé en dedans par une
membrane lisse, l’endocarde. Le cœur possède un système intrinsèque
Cet ensemble est contenu dans le péri- par lequel le muscle cardiaque est automa-
carde, composé lui-même de deux unités : tiquement stimulé à se contracter. Cette
le péricarde séreux et le péricarde fibreux. propriété est appelée autorythmicité.
Ce système de commande autonome
 Myocarde du cœur est appelé tissu nodal ou sys-
Le myocarde est constitué par : tème cardionecteur (figure 1.6). Il com-
prend trois parties :
– des fibres musculaires striées insérées
sur une charpente fibreuse ; – le nœud sinusal ou de Keith et Flack, qui
est situé dans la paroi de l’atrium droite,
– des fibres différenciées formant le tissu
au bord externe de l’orifice de la veine
nodal ou système cardionecteur.
cave supérieure. C’est le centre rythmo-
Squelette fibreux gène du cœur ;
La charpente fibreuse ou squelette fibreux – le nœud atrioventriculaire ou d’Aschoff-
du cœur est constituée par quatre anneaux Tawara, qui est une petite masse de tissu
fibreux circonscrivant les orifices auricu- nodal située dans le septum interauricu-
loventriculaires et artériels. laire, près des valves atrioventriculaires. Il a
Les deux anneaux auriculoventricu- une fonction de pace-maker secondaire ;
laires et l’anneau aortique sont situés – le faisceau atrioventriculaire ou de His,
dans un même plan. qui est une masse de fibres musculaires
L’anneau pulmonaire est situé en avant spécialisées provenant du nœud auricu-
et dans un plan supérieur aux précédents. loventriculaire et située sur la face droite
Fibres musculaires de la cloison interventriculaire. Il se
divise en deux faisceaux droit et gauche.
Le cœur est composé de fibres ventricu-
Les fibres du faisceau de His forment,
laires et auriculaires (figure 1.5).
sous l’endocarde, le réseau de Purkinje.
Les fibres ventriculaires comprennent :
– des fibres propres à chaque ventricule
 Endocarde
qui décrivent des anses obliques fixées
aux anneaux fibreux par leurs deux L’endocarde tapisse toutes les cavités car-
extrémités ; diaques et se continue avec l’endothélium
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 13

Anneaux fibreux
de l’ostium de l’aorte

Fibres musculaires
du ventricule gauche
(couche moyenne)

Anneaux fibreux Trajets des fibres


de l’ostium du tronc musculaires de la
pulmonaire couche superficielle
du myocarde

Fibres musculaires
du ventricule droit
(couche moyenne)

Fig. 1.5. Structure tendinomusculaire du cœur.

des vaisseaux. C’est une membrane fine, vaisseaux de la base du cœur. Étendu sur
lisse et luisante qui permet au flux san- une hauteur de 12 à 14 cm et une largeur
guin de s’écouler facilement à l’intérieur de 13 à 14 cm, il est composé de deux
du cœur. Un repli de l’endocarde forme parties :
les valvules des orifices sur un squelette – le péricarde séreux : organe de glisse-
fibreux né de l’anneau périorificiel. ment qui autorise les mouvements, les
glissements et les déformations du cœur
 Péricarde par rapport aux organes voisins ;
Le péricarde est un sac fibroséreux – le péricarde fibreux, entourant le péri-
entourant le cœur et l’origine des gros carde séreux : organe de fixité et de
14 Généralités

Atrium gauche

Faisceau
Nœud sinusal
auriculoventriculaire
(faisceau de His)
Voie internodale

Atrium droit
Myofibre de
conduction cardiaque
Nœud
auriculoventriculaire
Septum
interventriculaire

Branches du faisceau
auriculoventriculaire

Myofibres de
conduction cardiaque

Fig. 1.6. Système cardionecteur.

protection permettant l’amarrage du coronaires, la graisse de structure de la


cœur dans le thorax. superficie du cœur et se prolonge en haut
Notons que les organes mobiles ou sur les pédicules vasculaires du cœur, for-
dotés de mouvements sont entourés de mant la gaine des pédicules vasculaires.
tissus conjonctifs qui permettent d’atté- Le feuillet pariétal recouvre le feuillet
nuer les forces mécaniques en jeu et d’har- viscéral et tapisse la face profonde du
moniser ces connexions avec les autres péricarde fibreux.
organes. Les poumons en sont un bon La cavité péricardique est comprise
exemple ; ils déploient des forces mécani- entre ces deux feuillets du péricarde
ques considérables dans le thorax. séreux. C’est un espace de glissement
lubrifié par quelques centimètres cubes
Péricarde séreux de liquide péricardique. On lui distingue :
Le péricarde séreux est formé de deux – la grande cavité péricardique située tout
feuillets qui circonscrivent une cavité autour du cœur avec quelques expansions
virtuelle, la cavité péricardique. au niveau des pédicules vasculaires ;
Le feuillet viscéral, encore appelé épi- – le sinus transverse du péricarde ou
carde, recouvre le myocarde, les vaisseaux sinus de Theile qui est un diverticule de
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 15

la grande cavité compris entre les deux – caudalement : au centre tendineux du


pédicules veineux et artériel. diaphragme par les ligaments phrénopé-
ricardiques ;
Péricarde fibreux – ventralement : au sternum par les liga-
Le péricarde fibreux est une membrane ments sternopéricardiques ;
épaisse et résistante qui double le feuillet – dorsalement : à la colonne vertébrale
pariétal du péricarde séreux et lui est inti- par les ligaments vertébropéricardiques.
mement uni. Sa face externe est renfor- Quelques tractus fibreux plus modes-
cée par une couche de fibres collagènes tes relient le péricarde à la bifurcation
solides et entrecroisées. Ainsi, son élasti- trachéale, à l’œsophage thoracique, et
cité est réduite et, de ce fait, le péricarde latéralement aux veines pulmonaires et
empêche une dilatation exagérée du cœur. aux bronches.
Il est réuni aux parois et aux organes Des vestiges de la membrane pleuropé-
voisins par des ligaments principaux ricardique unissent aussi plèvre médias-
(figure 1.7) : tine et péricarde fibreux.

Œsophage

Trachée

Ligament
vertébropleural
Aorte

Ligaments Ligament
vertébropéricardiques sternopéricardique
supérieur

Bronche droite

Ligament
sternopéricardique
Veine cave inférieur
inférieure
Ligament
Ligament phrénopéricardique
phrénopéricardique antérieur
droit
Diaphragme

Fig. 1.7. Péricarde et connexions ligamentaires.


16 Généralités

Encadré 1.1

Ligaments péricardiques C’est généralement à partir de ce que les ana-


tomistes appellent fort justement une « pré-
De nombreux médecins et chirurgiens sont paration » que sont établis les schémas et
parfois surpris de nous entendre utiliser le les descriptions qui permettent d’apprendre
terme de « ligament » pour les structures l’anatomie.
d’amarrage du péricarde. De même pour observer les ligaments viscé-
L’anatomie est pourtant très claire à ce raux, il faut respecter le conjonctif et éliminer
sujet : nous n’inventons rien et de nombreux tout le reste. Ceci nécessite une préparation
auteurs comme Testut, Cruveilher, Paturet et particulière, inhabituelle, qui élimine les tissus
d’autres anatomistes contemporains comme dits « nobles », pour ne conserver que les tissus
Kamina ont parfaitement décrit la réalité de conjonctifs réputés inintéressants et générale-
ces structures et les directions ligamentaires ment premiers éliminés des dissections. C’est
qui peuvent être individualisées au sein du seulement dans ces conditions que l’on peut
conjonctif intrathoracique. Curieusement la observer ces ligaments.
description de ces ligaments fait défaut dans Notons aussi au passage que ces dispositifs
la plupart des ouvrages anatomiques anglo- ligamentaires ne répondent pas aux mêmes
saxons. contraintes mécaniques que les ligaments arti-
Il est vrai que très souvent les chirurgiens ne culaires. Par conséquent, leur développement
retrouvent pas, ou en tout cas ne cherchent et leur solidité n’ont rien à voir avec les liga-
pas, ces ligaments au cours des interventions ments croisés du genou ou les ligaments laté-
qu’ils réalisent. Toutes les dissections que raux du coude !
nous avons effectuées sur des corps frais et Ce sont des structures ténues, qui jouent leur
non formolés montraient bien la réalité de rôle de suspension et de stabilisation viscé-
l’organisation ligamentaire péricardique. rale dans un contexte mécanique précis et
Nous aimerions attirer l’attention du lecteur un régime de pressions particulier. La méca-
sur le fait que l’anatomie descriptive est une nique viscérale est une mécanique subtile et
science d’observation qui procède d’un cer- singulière comportant de nombreux effets
tain parti pris. En effet, pour qui a réalisé de physiques liés à la cavité elle-même et aux
la dissection, la mise en évidence de certaines conditions de cohabitation des organes.
structures nécessite leur « nettoyage » pour les En résumé, il faut effectuer une recherche orien-
débarrasser d’éléments « parasites » qui gênent tée pour mettre ces ligaments en évidence et
leur bonne observation. si certains anatomistes ne les retrouvent pas,
Par exemple, pour mettre en évidence l’arbre c’est parce qu’ils ne les recherchent pas.
artériel, il faut le débarrasser de tous les élé- Cette réflexion vaut également pour les liga-
ments qui l’entourent : fascias, nerfs, veines, ments utérins, les ligaments prostatiques et
muscles et aponévroses etc. d’une manière générale pour tous les liga-
Pour les muscles il faut les nettoyer de leur ments viscéraux dont l’existence est parfois
enveloppe aponévrotique… contestée ou remise en cause.
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 17

Vaisseaux cardiaques – du froid ;


Le cœur possède de nombreuses conne- – de l’anxiété ;
xions vasculaires. On les distingue ana- – de l’exercice physique.
tomiquement en vasa publica et en vasa
privata. Innervation extrinsèque
 Vasa publica Si le cœur est un organe autonome doté
d’un système rythmique intrinsèque,
Ce sont les grands vaisseaux de la base l’activité de ce dernier peut être modulée
du cœur, comme l’aorte et l’artère pul- par des influences extérieures, principa-
monaire qui partent des ventricules gau- lement nerveuse et hormonale.
che et droit. Le cœur possède ainsi une innervation
On trouve également les veines caves extrinsèque parasympathique et ortho-
et les veines pulmonaires respectivement sympathique, nécessaire à l’adaptation
connectées à l’atrium droit et gauche. de la fonction cardiaque (figure 1.9).
 Vasa privata Système sympathique
Ce sont les artères coronaires (figure 1.8A Les fibres orthosympathiques cardiaques
et B) qui sont les artères nourricières du proviennent du système sympathique
cœur. cervical.
Les artères coronaires droite et gauche Elles gagnent l’organe par trois paires
sont les premières branches collatérales de nerfs cardiaques, supérieurs, moyens
de l’aorte. Elles apportent des nutriments et inférieurs (droits et gauches).
et de l’oxygène au myocarde. Ces nerfs sont issus de la chaîne latéro-
Les veines coronaires éliminent les vertébrale et naissent respectivement des
déchets et se collectent au niveau du sinus ganglions cervicaux supérieur, moyen et
coronaire qui s’abouche dans l’atrium inférieur, appelé aussi ganglion stellaire.
droit. Notons que le ganglion moyen n’existe
Les artères coronaires sont fonction- pas toujours et se trouve dans ce cas
nelles uniquement pendant la diastole, fusionné à l’inférieur.
surtout au niveau du ventricule gauche. Il s’agit de fibres postganglionnaires,
Elles ont de petites anastomoses entre le relais ayant eu lieu dans les ganglions
elles qui ne suffisent pas totalement, en paravertébraux. Le corps cellulaire des
cas d’obstruction, à constituer une circu- neurones préganglionnaires est situé
lation collatérale capable d’assurer des dans la corne latérale de la moelle cervi-
suppléances vasculaires. codorsale, entre C4 et T4.
Elles sont considérées comme des Après passage dans les plexus cardia-
terminales fonctionnelles. Lors d’une ques, les fibres orthosympathiques se dis-
obstruction, le territoire myocardique tribuent à la totalité du tissu nodal et du
correspondant n’est plus assez irrigué et myocarde.
conduit à l’infarctus du myocarde.
Outres les causes d’obstruction comme Système parasympathique
l’athérome ou l’artériosclérose, les coro- Le capital parasympathique cardiaque
naires peuvent aussi se spasmer à cause : provient des nerfs vagues (X) droit et
18 Généralités

Veine cave supérieure Veines pulmonaires

Artère coronaire
gauche
Valve aortique Valvule pulmonaire

Rameau circonflexe

Artère coronaire Rameau marginal


droite gauche

Rameau
Sinus coronaire
interventriculaire
antérieur

Rameau
Rameau marginal
interventriculaire
droit
postérieur

A. Vue antérieure.

Sinus coronaire

Valve Valve
atrioventriculaire atrioventriculaire
droite gauche

Artère coronaire Artère coronaire


droite gauche

Valve aortique
Valve pulmonaire

B. Vue supérieure après résection des atriums.

Fig. 1.8. A et B. Vaisseaux coronaires.


Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 19

Ganglion stellaire

Nerf récurrent
du nerf vague

Nerf vague

Sympathique
Parasympathique

Fig. 1.9. Innervation autonome du cœur.


20 Généralités

gauche, là encore par 3 rameaux pairs nés Deux sortes de fibres, centrifuges (vis-
au-dessus du nerf récurrent, du récurrent céromotrices) et centripètes (viscérosen-
lui-même et au-dessous du récurrent. sibles) peuvent être isolées. Toutes sont
Il s’agit de fibres préganglionnaires, destinées à régulariser le rythme et à modi-
essentiellement issues du noyau dorsal fier le tonus cardiovasculaire en fonction
du nerf vague. des circonstances physiologiques.
Après leur passage dans les plexus car-
diaques, elles effectuent leur relais dans  Modalités d’action
la paroi de l’atrium et au contact des
nœuds sinusal et atrioventriculaire. Différentes caractéristiques de la fonc-
Cette innervation est formée de neu- tion cardiaque peuvent être modulées
rones postganglionnaires très courts qui par le système nerveux végétatif :
n’envahissent pas le ventricule (Buser, – la fréquence des contractions (effet
1994). À ce titre, elle diffère notablement chronotrope) ;
de celle assurée par l’orthosympathique. – la vitesse de conduction de l’excitation
(effet dromotrope) ;
Plexus cardiaques – la force de contraction musculaire (effet
Les deux systèmes de fibres sympathi- inotrope) ;
ques et parasympathiques s’associent – le niveau du tonus musculaire (effet
pour constituer deux plexus cardiaques. tonotrope) ;
– Le plexus artériel est formé de la par- – le niveau d’excitabilité musculaire (effet
tie supérieure du sympathique et des bathmotrope) ;
nerfs vagues. Les fibres descendent en – la vitesse de relaxation musculaire après
avant et en arrière du pédicule artériel contraction (effet lusitrope).
et constituent le ganglion de Wrisberg,
situé sous l’arc aortique et devant l’artère  Actions du système sympathique
pulmonaire droite. Ce plexus donne des
plexus coronaires périartériels, donnant Les fibres sympathiques innervent tou-
eux-mêmes ensuite des plexus sous- tes les régions du cœur : nœud sinusal,
péricardiques et sous-endocardiques. nœud atrioventriculaire, myocarde atrial,
myocarde ventriculaire (particulièrement
– Le plexus veineux naît au-dessous du
gauche) et artères coronaires.
précédent. Il descend en arrière de l’ar-
Les fibres sympathiques postganglion-
tère pulmonaire et aborde la partie atriale
naires cardiaques interviennent par leur
du cœur. Il forme à la face postérieure de
neuromédiateur, la noradrénaline ou nor-
l’atrium droit le centre ganglionné de
épinéphrine. La noradrénaline réagit avec
Perman.
des récepteurs de type β-adrénergiques
qui, au niveau cardiaque, sont à environ
Actions 80 % de type β1 et pour les 20 % restants
Bien qu’il y ait interpénétration des fibres de type β2.
ortho- et parasympathiques dans les plexus Les catécholamines circulantes, nor-
cardiaques, il est possible de systématiser adrénaline et adrénaline sécrétées par la
leur rôle. glande médullosurrénale, ont les mêmes
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 21

effets cardiaques que l’innervation ortho- L’action parasympathique produit des


sympathique. effets opposés à celle du système ortho-
L’action orthosympathique augmente le sympathique ; toutefois, ses mécanismes
débit cardiaque par : d’action sont plus limités.
– augmentation de la fréquence cardia- La baisse du débit cardiaque est obtenue
que (tachycardie, du grec tachus, rapide) par :
par action sur le nœud sinusal (effet – diminution de la fréquence cardiaque par
chronotrope positif) ; action sur le nœud sinusal (effet chrono-
– accélération de la vitesse de conduction trope négatif ; bradycardie, du grec bradus,
vers le nœud atrioventriculaire (effet dro- lent) ;
motrope positif) ; – ralentissement de la vitesse de conduc-
– augmentation de la puissance de la tion vers le nœud atrioventriculaire (effet
contraction ventriculaire (effet inotrope dromotrope négatif) ;
positif) ; – diminution indirecte de la force de
– augmentation du tonus cardiaque et contraction (effet inotrope négatif).
vasculaire (effet tonotrope positif) ; N.B. : Les fibres viscérosensibles du nerf
– accélération de la vitesse de relaxa- vague transmettent surtout des informa-
tion du muscle cardiaque (effet lusitrope tions sur la pression et l’étirement parié-
positif) ; tal. C’est important car cela explique en
– augmentation de l’excitabilité myocar- partie que l’on obtienne le plus souvent
dique (effet bathmotrope positif). une diminution de la fréquence cardia-
Le système nerveux sympathique est que par les techniques manuelles appli-
mis en jeu dans de nombreuses circons- quées sur le cœur ou les gros vaisseaux.
tances de la vie courante comme l’or-
thostatisme, l’exercice physique, le stress  Tonus vagosympathique
ou l’hémorragie. Sur un cœur isolé, en dehors de toute
influence nerveuse ou hormonale, la fré-
 Actions du système quence cardiaque intrinsèque est d’envi-
parasympathique ron 100 battements par minute (bpm).
Les fibres parasympathiques innervent le Elle correspond approximativement au
nœud sinusal, le nœud atrioventriculaire rythme spontané du nœud sinusal.
et le myocarde des atriums. On peut dire In vivo, la fréquence cardiaque de repos
qu’il n’existe pratiquement pas d’inner- chez l’homme est en moyenne d’environ
vation parasympathique des ventricules. 70 bpm en raison de l’activité tonique
Le neuromédiateur des fibres postgan- continue et prépondérante du système
glionnaires cardiaques du capital para- parasympathique. On parle de frein vagal.
sympathique est l’acétylcholine (Ach). Il existe une variation de ce tonus vago-
Les récepteurs cardiaques à l’Ach sont de sympathique au cours du nycthémère :
type muscarinique. Au niveau du nœud – l’influence vagale sur le rythme sinu-
sinusal, les récepteurs muscariniques sont sal augmente en période postprandiale
7 fois plus nombreux que les récepteurs vespérale (repas du soir) et pendant le
du système sympathique. sommeil ;
22 Généralités

– l’influence de l’orthosympathique est globalement le même. Toutefois, en fonc-


plus forte pendant la journée (Coumel, tion du segment vasculaire considéré,
1993, 1994). selon la demande et la fonction, la paroi
Il existe également une variation de présente des différences caractéristiques.
cette balance orthosympathique – para- La paroi vasculaire (figure 1.10) pré-
sympathique liée à la respiration. sente 3 tuniques :
– Lors de l’inspiration : l’influence vagale – la tunique interne ou intima ;
diminue et le tonus orthosympathique – la tunique moyenne ou média ;
augmente. La fréquence cardiaque aug- – la tunique externe ou adventice.
mente ainsi naturellement au cours de la
phase inspiratoire.  Tunique interne
– Lors de l’expiration : le tonus ortho- La tunique interne se compose d’une
sympathique diminue tandis que le couche de cellules endothéliales qui
tonus parasympathique vagal augmente. reposent sur une membrane basale et
La fréquence cardiaque diminue pendant une faible épaisseur de tissu conjonctif.
le temps expiratoire. Dans les artères, on trouve une mem-
Ce phénomène, totalement normal, brane élastique fenestrée. La tunique
prend le nom d’arythmie sinusale respiratoire. interne sert aux échanges de gaz, de liqui-
Elle n’a rien de pathologique et constitue des et d’oxygène.
au contraire un élément du bon fonction- Elle est directement soumise à la pres-
nement du système nerveux végétatif. sion du courant sanguin. L’endothélium
produit des substances vasodilatatrices.
Vaisseaux  Tunique moyenne
Les vaisseaux se divisent en trois gran- La tunique moyenne est formée de cellu-
des catégories : les artères, les capillaires les musculaires lisses et de réseaux élasti-
et les veines. Mis bout à bout, les artères ques. Elle doit résister à la dilatation de
d’un humain adulte mesureraient envi- la paroi soumise aux différences de pres-
ron 100 000 km. sion sanguine.
Les artères qui transportent le sang Elle peut modifier la lumière vascu-
provenant du cœur « se ramifient » ou laire en fonction de l’état de tension de
« se divisent » en vaisseaux de plus en ses cellules musculaires lisses.
plus petits. Plus on s’éloigne du cœur, moins il y a
Les veines qui convoient le sang vers de fibres élastiques et plus on trouve des
le cœur fusionnent ou convergent pour cellules musculaires lisses.
former des troncs de plus en plus gros.
 Tunique externe
Histologie La tunique externe, ou adventice, se com-
pose essentiellement de fibres conjonc-
Parois vasculaires tives. Les cellules et les réseaux fibreux
Le plan structural global de la paroi des de cette couche sont ordonnancés dans
vaisseaux sanguins et lymphatiques est l’axe du vaisseau.
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 23

Adventice

Média

Membrane
élastique

Valve

Endothélium

Fig. 1.10. Les parois vasculaires.

Elle permet l’adaptation du vaisseau Fibre musculaire lisse artérielle


à son environnement, et peut résister La fibre musculaire lisse vasculaire, ou
aux influences extérieures, notamment à myocyte vasculaire, est composée de
l’élongation du vaisseau. fibres fusiformes courtes (au maximum
Dans les gros vaisseaux, on rencontre 0,4 mm). Ses caractéristiques principales
dans cette tunique des vasa privata nom- sont les suivantes :
més vasa vasorum qui servent à l’irriga- – pas de plaques motrices ;
tion des couches les plus externes de la
– pas de sarcomères ;
paroi du vaisseau.
Les fibres nerveuses végétatives, ou – pas de stries transversales ;
nervi vasorum, innervant la musculature – contraction 100 fois plus lente que celle
des vaisseaux pénètrent dans la paroi par du muscle squelettique ;
la tunique externe. – très fort taux de raccourcissement ;
24 Généralités

– organisation de type multi-unitaire. tocytes) et certaines cellules sanguines


La contraction du myocyte vasculaire (basophiles).
répond à deux types de mécanismes :
– le couplage chimiomécanique qui fait Artères
intervenir des récepteurs membranaires où
se fixent différentes substances pour pro- Réseau artériel
voquer une contraction sans faire varier la
Selon leur taille et leur fonction, les artè-
polarité de la membrane cellulaire ;
res se divisent en trois groupes : les artè-
– le couplage électromécanique qui met res élastiques, les artères musculaires et
en jeu la synapse neuromusculaire et les artérioles.
provoque une dépolarisation de la mem-
brane.  Artères élastiques
La relaxation du myocyte vascu- Les artères élastiques sont les grosses
laire peut elle aussi impliquer un cou- artères, à paroi épaisse, situées près du
plage chimiomécanique ou un couplage cœur. Étant donné leur gros calibre, elles
électromécanique. servent de « conduite » à faible résistance
De très nombreux facteurs nerveux et pour le sang qui va du cœur aux artères
humoraux sont ainsi susceptibles d’in- de taille moyenne. C’est pourquoi on les
tervenir dans le taux de contraction du appelle aussi artères conductrices.
myocyte vasculaire : Ces artères élastiques contiennent plus
– le système sympathique, l’adrénaline, la d’élastine que tous les autres vaisseaux.
noradrénaline, la vasopressine, l’angioten-
sine, etc. ont un effet vasoconstricteur ;  Artères musculaires
– le système parasympathique, le peptide Les artères musculaires apportent le sang
atrial natriurétique, l’adrénoméduline, aux divers organes. On les appelle égale-
etc. ont un effet relaxant. ment artères distributrices. Leur diamètre
interne va de 1 cm (taille du petit doigt) à
Endothélium 0,3 mm (taille d’une mine de crayon).
Leur tunique moyenne est la plus
Les vaisseaux sont tapissés par un endo-
épaisse de tous les vaisseaux. Elle contient
thélium fait de cellules aplaties, très lisses
beaucoup de muscles lisses et moins de
pour diminuer au maximum le frotte-
tissu élastique que les artères élastiques.
ment du sang.
Ces artères musculaires ont un rôle plus
L’endothélium n’est pas qu’une bar-
actif dans la vasoconstriction, mais elles
rière entre le sang et le reste des vais-
sont aussi moins extensibles.
seaux. Il produit des facteurs vasoactifs :
– le monoxyde d’azote ;  Artérioles
– l’endothéline ; Les artérioles sont les plus petites artè-
– des stimulants de l’angiogenèse (forma- res : leur calibre se situe entre 0,3 mm
tion de néovaisseaux) ; et 10 microns. Les plus grosses artério-
– l’histamine, qui est un médiateur local les sont dotées de trois tuniques, mais
synthétisé par les tissus conjonctifs (mas- les plus petites, qui se jettent dans les
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 25

lits capillaires, ne sont constituées que tissus de l’organisme d’être toujours irri-
d’une seule couche de cellules musculai- guées (figure 1.11). Les différents types
res lisses, enroulées en spirale autour de anastomotiques que l’on trouve au niveau
l’endothélium. Dans tous les types d’ar- des artères sont décrits ci-après.
térioles, l’adventice est très réduite.
L’écoulement du sang dans les lits  Inosculation
capillaires est déterminé par les variations Ce sont deux vaisseaux de même calibre
du diamètre des artérioles. Ces variations qui s’infléchissent l’un vers l’autre pour
font suite à des stimulus nerveux et à des s’anastomoser, ce qui est le cas pour les
influences chimiques locales sur le mus- artères gastriques droite et gauche.
cle lisse de leur paroi. Lorsque les arté-
rioles se contractent (vasoconstriction),  Transversales
le sang contourne les tissus qu’elles des- Quand deux artères sont parallèles, elles
servent. Lorsqu’elles se dilatent (vaso- peuvent échanger des transversales qui
dilatation), le débit sanguin augmente leur sont perpendiculaires.
de façon marquée dans les capillaires
locaux.  Convergence
Deux artères sont obliques l’une par rap-
Anastomoses port à l’autre et se réunissent en un seul
Les anastomoses sont nombreuses et tronc ; c’est le cas, par exemple, des artè-
variées pour permettre aux innombrables res vertébrales et du tronc basilaire.

Anastomose
Anastomose
longitudinale
par inosculation

Anastomose Anastomose
transversale par convergence

Fig. 1.11. Les types d’anastomoses artérielles.


26 Généralités

 Plexus – la prolifération d’artérioles pour nour-


rir les cellules tumorales.
Le terme de plexus signifie entrelace-
ment, tresse. Les plexus sont rares pour Les cellules des tumeurs malignes
les gros troncs, mais fréquents quand on sécrètent des protéines, les facteurs d’an-
se rapproche des capillaires. giogenèse tumorale (FAT). Elles stimulent
la croissance des vaisseaux sanguins au
Vascularisation et innervation service des cellules tumorales.

 Vasa vasorum Capillaires


Les vasa vasorum se retrouvent surtout Les capillaires sont des vaisseaux qui
dans les grosses artères et les grosses ont une paroi très mince sans élément
veines. contractile. Ils se divisent et s’arborisent
sans voir leur calibre diminuer. Ils ne
 Nervi vasorum contiennent que 5 % du volume sanguin
Les fibres nerveuses végétatives inner- total.
vent la musculature du vaisseau en péné- Le rayon capillaire est 3 000 fois plus
trant par la tunique externe. petit que celui de l’aorte, 100 fois plus fin
Les nerfs vasomoteurs viennent sur- qu’un cheveu. On en trouve entre 10 et
tout du système sympathique. 40 milliards, leur surface d’échange étant
Le diamètre des vaisseaux est contrôlé de l’ordre de 600 m2.
par les fibres nerveuses qui se rendent Les capillaires sont beaucoup plus
aux fibres musculaires lisses. nombreux dans les organes qui ont un
Les fibres des plexus amyéliniques sont rôle métabolique important. Ce sont les
motrices et sensitives. Certaines fibres sen- poumons qui en ont le plus pour remplir
sitives myélinisées vont dans l’adventice. leur rôle d’hématose. Il s’agit de l’artéria-
lisation : transformation du sang veineux
Angiogenèse en sang artériel dans les poumons. Dans
les organes comme le foie, la rate et la
L’angiogenèse correspond à la forma- thyroïde, les capillaires sont larges.
tion de nouveaux vaisseaux. Pendant
le développement embryonnaire, elle N.B. : Dans nos techniques de visco-
occupe une place primordiale ; après la élasticité, nous avons certainement une
naissance, elle continue son action dans grande action sur les capillaires.
différents secteurs : Lit capillaire
– la cicatrisation des plaies ;
Les capillaires ont tendance à se regrou-
– la régénération du revêtement utérin
per en réseaux appelés lits capillaires
après les menstruations ;
(figure 1.12). On compte généralement
– la constitution du corps jaune après de 10 à 100 capillaires vrais dans un
l’ovulation ; lit capillaire, selon l’organe ou le tissu
– le développement des vaisseaux autour irrigué.
des coronaires obstrués ; Dans la plupart des régions de l’orga-
– la formation d’artérioles dans le tissu nisme, les lits capillaires sont composés
adipeux lors des prises de poids ; de deux types de vaisseaux :
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 27

Dérivation vasculaire

Innervation
sympathique

Canal de
passage
Métartériole
Sphincters
précapillaires Veinule
postcapillaire

Artériole
terminale Péricyte

Capillaires vrais
A
Sphincters ouverts

Dérivation vasculaire

Innervation
sympathique

Canal de
passage
Métartériole
Sphincters
précapillaires Veinule
postcapillaire

Artériole
terminale Péricyte

B
Capillaires vrais

Sphincters fermés

Fig. 1.12. Lit capillaire.


28 Généralités

– une dérivation vasculaire, constituée Parois


d’une métartériole et d’un canal de pas-
La paroi des veines est plus mince que
sage, reliant directement l’artériole et la
celle des artères, tout en ayant les trois
veinule située de part et d’autre du lit ;
mêmes couches tissulaires, qui possèdent
– des capillaires vrais où s’effectuent moins de tissu musculaire et élastique
les échanges entre le sang et le liquide dans leur média.
interstitiel. Les veines s’aplatissent quand elles
sont vides. Très extensibles transversale-
Microcirculation
ment, leur diamètre peut être multiplié
La circulation du sang d’une artériole à par 5 contre 2 pour les artères.
une veinule, qui se fait par l’entremise
d’un lit capillaire, est appelée microcir- Nombre
culation. Le flux sanguin ralentit dans les Les veines sont à peu près 2 fois plus
capillaires pour permettre les échanges de nombreuses que les artères, ce qui
nutriments et le métabolisme entre le sang fait un réseau veineux approchant les
et les tissus. Les globules rouges sont obli- 200 000 km.
gés de passer un par un, en se déformant. On compte deux veines pour une
Grâce à la modification de leur lumière, artère, sauf dans les régions où les vais-
les artérioles règlent la pression sanguine seaux ont un gros calibre : genou, aisselle,
et la perfusion du territoire concerné. défilé thoracique. Elles ont de nombreu-
Un manchon de muscle lisse appelé ses anastomoses.
sphincter précapillaire entoure la racine Les grosses veines sont rectilignes.
de chaque capillaire vrai qui se détache
de la métartériole. Son rôle, semblable Capacité
à celui d’une valvule, consiste à régir
Du fait de la convergence veineuse en
l’écoulement du sang dans le capillaire.
troncs de plus en plus volumineux, la
Si les sphincters précapillaires sont
surface totale de section du comparti-
dilatés, le sang s’écoule dans les capillai-
ment veineux diminue lorsque l’on se
res vrais et contribue aux échanges avec
rapproche du cœur.
les cellules du tissu.
Comme pour un arbre, le volume total
Si les sphincters précapillaires sont
des branches périphériques est supérieur
contractés, le sang s’écoule dans la métar-
au tronc terminal.
tériole et le canal de passage ; il contourne
ainsi les capillaires vrais et les cellules.
Selon les besoins de l’organisme ou Valvules
d’un organe donné, le sang peut soit Certaines veines possèdent des valvules,
inonder le lit capillaire, soit le contour- empêchant le reflux du sang et assurant
ner complètement. son écoulement vers le cœur.
Ce sont des replis de l’intima, renfor-
Veines cés par du tissu conjonctif. Ces replis sont
semi-lunaires, avec une concavité dirigée
Les veines sont les vaisseaux sanguins vers le cœur. Elles fonctionnent comme
qui ramènent au cœur le sang sous basse des soupapes, marchent par paire, et sont
pression. doubles et opposées.
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 29

Les valvules sont abondantes dans Réseau vasculaire


les veines des membres, en particulier
celles des membres inférieurs où le sang Les principales données concernant les
doit parcourir une distance considérable dimensions du système vasculaire sont
contre la pesanteur quand l’individu est résumées sur la figure 1.13.
debout. Le jeu valvulaire est assisté par
la contraction des muscles squelettiques
entourant les veines.
Sang
Les valvules sont absentes dans les Le sang est la partie rapidement mobi-
veines de petit calibre ainsi que dans les lisée des liquides extracellulaires. Grâce
veines de gros calibre du thorax et de aux échanges incessants entre le sang et
l’abdomen. le liquide interstitiel, les cellules des dif-
férents tissus sont mises en rapport avec
Sinus veineux le milieu extérieur pour y prendre leurs
Un sinus veineux est une veine compor- substrats métaboliques, y puiser l’oxy-
tant une mince paroi d’endothélium, gène et y rejeter leurs déchets, comme le
dépourvue de muscle lisse qui pourrait CO2 et les ions H+.
faire varier son diamètre. Le tissu conjonc-
tif dense qui l’entoure lui procure le sou-
tien que lui donnent habituellement les
Rôles du sang
tuniques moyenne et externe. Le sang est un fluide complexe, en perpé-
Par exemple, les sinus veineux crâ- tuel renouvellement ; il est le support de
niens, renforcés par la dure-mère, ache- nombreuses fonctions indispensables à la
minent le sang veineux de l’encéphale vie. Circulant en permanence dans le réseau
jusqu’aux orifices de la base du crâne. vasculaire sous l’impulsion des mouvements
Le sinus coronaire du cœur est aussi de cardiaques, il possède plusieurs rôles : trans-
cette nature. port ; régulation ; défense ; hémostase.
Propriétés Transport
Les veines sont appelées vaisseaux capa- Sur le plan métabolique, le sang a un rôle
citifs. Grâce à leur grande lumière et à de transporteur. Il assure le transport :
leur possibilité de se dilater, elles ont la
– de l’oxygène des poumons vers les tis-
capacité de contenir une grande propor-
sus, et du gaz carbonique des tissus vers
tion du sang corporel. Les veines renfer-
les poumons ;
ment à tout moment environ les deux
tiers du sang corporel et elles constituent – des substances absorbées au niveau de
un réservoir de sang. l’intestin vers le foie et les autres tissus ;
Grâce à cela, le système vasculaire – des déchets des métabolismes tissulaires
peut absorber jusqu’à un certain point vers les émonctoires (poumons, reins).
les modifications du volume sanguin. Il participe aussi à de nombreux méca-
En cas d’hémorragie, les veines peu- nismes de communication intercellulaire
vent se contracter, ce qui permet d’évi- ou d’interaction systémique par son rôle
ter une chute brutale de la pression de vecteur endocrinien ou de transpor-
sanguine. teur de neuromédiateurs.
30 Généralités

es
s
lle

us
ie
s

s
e
re

e
in

s
in

ve
ar

ve
ve
ar

ca
s
es

es
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le

es
s

s
se

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ch

ch
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rio

s
ul

e
te

s
an

an
in

in

ap
ro

ro
r
Ao

Ve

Ve
Br

Ar

Br
G

G
C
Nombre 1 Croissant 0,16.109 5.10
9
0,5.10
9
Décroissant 2

cm 3,2
2,6 1,6
0,8 0,15-0,7
0,3-0,06 0,002 0,0009 0,0025

Diamètre des différents vaisseaux

2 3500
cm
2700

500

5,3 20 20 100 30 18

Surface de section de l’ensemble des vaisseaux de chaque catégorie

cm3 1550

900
550
300 250
250 250
180 125
Volume global de la grande circulation (sans le cœur) 4,41

Volume de sang dans chaque catégorie de vaisseaux

Fig. 1.13. Réseau vasculaire.


Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 31

Régulation On admet généralement que cette


quantité est de l’ordre de 75 ml/kg pour
Le sang est un élément qui intervient
l’homme et de 65 ml/kg pour la femme.
dans de nombreuses régulations.
– Il participe aux échanges d’eau et de
sels minéraux entre les différents sec- Composition
teurs de l’organisme, concourant ainsi Le sang se compose d’éléments figurés, les
à l’équilibre du milieu intérieur, tant cellules sanguines, en suspension dans un
sur le plan du pH que de l’équilibre liquide coagulable, le plasma sanguin.
hydroélectrolithique. Si on laisse le sang coaguler et qu’on le
– Il participe au maintien de l’homéo- centrifuge, on obtient le sérum sanguin
thermie indispensable à la vie, par distri- qui correspond au plasma sanguin sans
bution de la chaleur des organes profonds protéine de coagulation.
vers les tissus superficiels.
Plasma
Défense Le plasma constitue la phase aqueuse
Le sang prend part à la défense de l’or- du sang. C’est la partie liquide du sang
ganisme grâce à ses cellules phagocy- quand celui-ci est rendu incoagulable. Il
taires et aux anticorps contenus dans le contient environ 70 à 80 g de protéines
plasma, qui interviennent dans les réac- par litre.
tions immunitaires. Lorsque le sang coagule, le caillot est dû
à l’action de l’une d’entre elles, la fibrine,
Hémostase qui emprisonne les globules et le sérum.
L’hémostase correspond à l’ensemble des
phénomènes biologiques qui font cesser Cellules sanguines
spontanément l’hémorragie. Au niveau
 Hématies ou érythrocytes
du sang, elle est assurée en premier lieu
par les plaquettes, puis les phénomènes En microscopie, les hématies ou érythro-
de coagulation prennent le relais pour cytes apparaissent sous la forme de dis-
aboutir à la formation d’un caillot par ques biconcaves. La surface couverte par
transformation du fibrinogène circulant tous les érythrocytes peut être évaluée à
en fibrine. 3 000 m2. Le diamètre d’une cellule est
de 7,2 microns, légèrement plus grand
Volémie dans le sang veineux que dans le sang
artériel.
Selon Laborit, la masse totale du sang repré- Chez l’adulte normal, leur nombre est
sente en moyenne 7 à 9 % du poids cor- aux alentours de 5 millions par millimè-
porel, soit le 13e de ce poids pour l’homme tre cube. Les hématies sont élastiques et
et les animaux de taille moyenne. se déforment, au cours de la traversée
Pour l’homme, cette quantité est en capillaire, leur calibre étant parfois infé-
moyenne de 5 à 6 litres, mais elle varie rieur à leur diamètre.
avec les conditions physiologiques et Ils sont pour un tiers composés d’eau.
physiopathologiques. Leur partie solide est à 90 % constituée
32 Généralités

d’hémoglobine. L’hémoglobine est le microbiens en particulier, pour les digé-


pigment respiratoire du sang qui par- rer, est utile. C’est la phagocytose.
ticipe au transport de l’oxygène et de Certains granulocytes ont une durée
l’anhydride carbonique, à la régulation de vie de quelques heures seulement.
de l’équilibre acidobasique, et qui donne
naissance à la bilirubine. Le sang lui doit  Plaquettes ou thrombocytes
sa couleur rouge. Les plaquettes sont de petits éléments
La durée de vie des érythrocytes est fusiformes incolores, de 2 à 3 microns de
comprise entre 100 et 120 jours. Ces der- diamètre. Leur nombre est de 2 à 300 000
niers sont ensuite détruits dans la rate. par millimètre cube de sang et leur longé-
vité est de 8 à 10 jours. Ils interviennent
 Globules blancs ou leucocytes surtout dans la coagulation sanguine et
sont riches en sérotonine.
Les globules blancs se retrouvent dans
le sang et dans la lymphe, le liquide Hématocrite
céphalorachidien, les ganglions lympha-
tiques, le tissu conjonctif et les épanche- Les éléments figurés représentent envi-
ments inflammatoires, car ils sont mobiles ron 45 % de la masse du sang, ce rapport
et migrateurs. constituant l’hématocrite. Il varie suivant
Leurs dimensions moyennes varient la quantité de plasma ou d’hématies en
entre 9 et 18 microns. À l’état phy- circulation.
siologique, leur nombre est d’environ
8 000 par millimètre cube. Il augmente Propriétés physiques
en période digestive et surtout à l’état Le sang est un liquide visqueux, de cou-
pathologique.
leur rouge écarlate dans les artères (sang
On les répartit en deux grands grou-
oxygéné), de couleur plus sombre dans
pes suivant la forme de leur noyau : les
les veines (moins oxygéné).
mononucléaires et les polynucléaires –
Son odeur est fade, un peu écœurante,
en proportion, un tiers pour les premiers,
et sa saveur est salée.
deux tiers pour les seconds.
Sa densité se situe autour de 1 060. Son
Les globules blancs ont des propriétés
pH relativement fixe se situe aux alen-
spéciales. L’amiboïsme est la propriété de
tours de 7,35.
pousser des pseudopodes permettant des
mouvements de reptation cellulaire. Ces Viscosité
mouvements sont commandés par des
chimiotactismes. Cette propriété est sur- Le sang peut être considéré comme une
tout développée chez les polynucléaires suspension concentrée d’hématies. On
neutrophiles. Le mouvement permet la peut expérimentalement distinguer la
diapédèse, les leucocytes se glissant entre viscosité du plasma et celle du sang lui-
les interstices cellulaires pour migrer même. Le coefficient de viscosité caracté-
dans tous les tissus, en particulier ceux rise la cohésion du liquide. Il dépend de
qui sont le siège d’une inflammation. Ils la nature de ses molécules plus ou moins
peuvent ainsi se rendre au point où leurs liées entre elles et varie avec de nom-
propriétés d’englober les corps étrangers, breux facteurs.
Organisation générale de l’appareil cardiovasculaire 33

À l’état normal et à 37 °C, la viscosité san- Un sujet anémié verra son volume
guine globale relative à l’eau (celle-ci étant cellulaire sanguin diminué et, par là
prise pour unité) est égale à 5 environ. même, la viscosité de son sang dimi-
En fait, in vivo, le sang circule plus nuera aussi.
aisément que sa viscosité et sa composi- À l’inverse, un patient dont le nom-
tion complexe ne le laissent prévoir. bre de cellules augmente anormalement
dans le sang verra sa viscosité sanguine
Notes cliniques dépasser largement la normale.
Ces pathologies ont ainsi des répercus-
Une forte augmentation des érythrocytes sions hémodynamiques (voir le paragraphe
s’appelle une polyglobulie ; une diminu- « Nombre de Reynolds » au chapitre 2).
tion s’appelle une anémie.
Chapitre 2

Physiologie
circulatoire
Fonction circulatoire – Généralités

Physiologie cardiaque

Hémodynamique

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Manipulations vasculaires viscérales
Physiologie circulatoire 37

Chapitre 2

Physiologie
circulatoire
Si certaines lois de la dynamique des dire indépendamment de la réabsorption
fluides peuvent s’appliquer au système rénale) – à volume constant.
cardiovasculaire, ce dernier présente des Ce circuit hydraulique (figure 2.1) se
caractéristiques qui en font un système compose :
hydraulique inhabituellement compli- – d’un réseau de distribution :
qué. Il s’agit d’une plomberie biologique
• les artères, se terminant par des résis-
très complexe. L’écoulement du sang
tances variables : les artérioles ;
dans les vaisseaux est beaucoup plus
difficile à étudier et à modéliser que la
Tubulures
circulation d’eau dans des tuyaux de
chauffage central ! Ce système comporte
un bien plus grand nombre de variables
que celles qui gouvernent la fonction
de la plupart des systèmes de pompes,
tuyaux et fluides que l’on trouve dans Pompe
double
l’univers industriel.
Système
de
régulation
Fonction circulatoire
– Généralités
Modélisation
On peut simplifier la compréhension des
moyens mis en œuvre pour assurer la
fonction circulatoire de la sorte. Il existe :
– une pompe à fonctionnement alterna-
tif : le cœur ;
– un circuit hydraulique : le système vas-
Fluide
culaire qu’on peut considérer – du moins
à court et même à moyen terme (c’est-à- Fig. 2.1. Schéma de principe hydraulique.

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Manipulations vasculaires viscérales
38 Généralités

• les capillaires, un circuit de très petits – augmentation durant la vidange car-


vaisseaux au niveau desquels s’effectuent diaque (systole ventriculaire) ;
les échanges. – diminution pendant le remplissage car-
– d’un circuit de retour vers le cœur : les diaque (diastole ventriculaire).
veines.
 Pression systolique
En première approximation, si on peut
considérer le système cardiovasculaire La pression systolique correspond à la
comme un système hydraulique fermé, à pression artérielle au cours de la période
volume constant, et non comme un sys- de contraction cardiaque. Elle dépend
tème ouvert et linéaire, il faut toutefois essentiellement de trois paramètres selon
souligner que : la loi de Hagen-Poiseuille :
– le système cardiovasculaire présente – le débit cardiaque ;
par endroits des tubulures poreuses – l’élasticité des grosses artères ;
(capillaires) ; – la viscosité du sang.
– le système cardiovasculaire est com-
posé d’éléments tubulaires élastiques et  Pression diastolique
non pas de structures rigides ; La pression diastolique correspond à la
– le volume de son contenu est soumis à pression artérielle au cours de la phase de
des ajustements liés à l’absorption digestive relâchement cardiaque. Elle dépend de la
et aux éliminations rénale et digestive. vitesse d’écoulement du sang, donc de la
Ces caractéristiques compliquent sin- résistance périphérique totale.
gulièrement la modélisation de base Elle témoigne de la résistance opposée
par les vaisseaux à l’écoulement du sang.
Elle est une bonne indication du degré
Pressions d’élasticité des parois artérielles.
Pression sanguine  Pression moyenne
La pression sanguine est la force exercée Les valeurs de la pression oscillent entre
par le sang sur les parois des artères par une valeur maximale (PS) et une valeur
unité de surface. Elle dépend du volume minimale (PD). La pression artérielle
de sang dans les vaisseaux et de la com- moyenne (Pmoy) est obtenue par intégra-
pliance de leurs parois (distensibilité). tion de la courbe de pression au cours
d’un cycle cardiaque.
Pression artérielle En pratique, pour les artères péri-
La pression artérielle résulte de la pres- phériques, on prend le tiers de la diffé-
sion exercée par le sang dans les grosses rence entre la pression maximale et la
artères. Elle correspond au produit de la pression minimale, ajouté à la pression
résistance circulatoire périphérique totale minimale.
par le débit cardiaque. On peut l’énoncer par la formule :
Cette pression varie au cours de la
révolution cardiaque : Pmoy = PD + 1/3(PS – PD)
Physiologie circulatoire 39

Par exemple, pour une personne ayant – le débit aux organes qui dépend du
une pression artérielle de 140/80, la pres- degré de vasoconstriction des artères irri-
sion moyenne vaut : guant l’organe considéré. La digestion
est ainsi un facteur de modification de la
80 + 1/3 (140 – 80) = 100 mmHg pression artérielle.

 Valeurs Note clinique


Les valeurs normales de la pression arté-
rielle mesurée chez l’homme au niveau Lors de l’hypertension artérielle,
du bras sont chez un adulte de 40 ans : le cœur doit fournir un travail plus
140 mmHg pour la maximale et 80 mmHg important et donc consommer plus
pour la minimale. d’énergie pour fournir un même débit.
Selon l’Organisation mondiale de la L’hypertension artérielle représente
santé (OMS), on considère la pression ainsi une forme de gaspillage d’éner-
comme pathologique (hypertension arté- gie pour le cœur et pour l’organisme.
rielle [HTA]) si les valeurs deviennent
supérieures à 160 mmHg pour la pression
systolique et/ou supérieures à 95 mmHg Tension artérielle
pour la pression diastolique.
En France, dans le langage courant lors-
La pression artérielle varie avec :
que l’on parle de « tension artérielle », c’est
– le sexe : l’homme présente des chiffres généralement pour désigner la valeur de la
artériels supérieurs à ceux de la femme pression artérielle.
jusqu’à 40 ans, puis inférieurs après Normalement, le terme de pression
50 ans (D’Alché, 2008) ; concerne le fluide, tandis que le terme de
– l’âge : en moyenne, les valeurs de la tension s’applique aux forces qui s’exer-
pression s’élèvent avec l’âge ; cent dans la paroi d’un tube déformable.
– les circonstances de mesure ; Les vaisseaux sanguins sont des tubes
– le débit cardiaque : une hausse de débit élastiques et, par conséquent, déforma-
tend à faire augmenter la pression. Par bles. La loi de Laplace exprime la relation
exemple, lors du travail musculaire, la qui existe entre la tension T qui s’exerce
pression artérielle augmente. En revan- en un point de la paroi d’un tel tube et
che, elle diminue pendant le sommeil de la pression régnant à l’intérieur du tube
10 à 30 mmHg pour la pression systoli- (figure 2.2).
que et de 5 à 10 mmHg pour la pression Cette relation entre tension et pres-
diastolique (D’Alché, 2008) ; sion permet de comprendre le comporte-
– le volume sanguin : une augmentation ment des vaisseaux vis-à-vis de la pression
de volume sanguin entraîne une aug- sanguine.
mentation de la pression artérielle. On
admet qu’une injection de 250 ml d’eau Pouls artériel
entraîne une augmentation de pression Le pouls artériel est l’onde de pression
de 10 mmHg dans l’heure qui suit ; artérielle rythmique perçue à la palpation
40 Généralités

cutifs à une variation de pression définit


la compliance (ou capacitance ou distensi-
bilité volumique).
T
Le rapport inverse définit l’élastance.
En physiologie cardiovasculaire, le
Pe
terme de compliance peut se compren-
dre comme l’inverse de la rigidité. Il
exprime la facilité de distension d’un
Pi
vaisseau ou du cœur sous l’effet de la
pression.
Le terme d’élastance représente la
facilité de retour à son volume ini-
tial du vaisseau ou du cœur après sa
distension.
Les veines ont une plus grande com-
pliance que les artères et les artérioles.
Pe : Pression externe Inversement, les artères et artérioles ont
Pi : Pression interne une plus grande élastance que les veines.
T : Tension de la paroi élastique
Ces différences sont dues à la structure
Fig. 2.2. Relation pression/tension de leur paroi et à leur section : circulaire
d’un tube élastique. pour les artères et elliptique pour les
veines. La grande compliance du réseau
veineux leur permet de jouer le rôle de
d’une artère. Sa fréquence normale est de
réservoir sanguin.
60 à 80 par minute.
Elle est provoquée par l’augmentation
soudaine de pression du sang, éjecté par Physiologie cardiaque
le ventricule gauche, dans l’aorte et les
grosses artères. Elle se propage le long de Nous l’avons déjà dit, le cœur, grâce à ses
la paroi dans tout l’arbre artériel. valvules, permet un écoulement unidi-
C’est donc un phénomène lié à la pro- rectionnel des atriums vers les ventricu-
pagation d’une onde de dilatation arté- les, des ventricules vers l’aorte ou l’artère
rielle sous l’effet de la pression, et non un pulmonaire.
phénomène fluidique pulsatile lié à un Chaque ventricule pompe en une
écoulement sanguin rythmique passant minute 5 litres, c’est-à-dire l’équivalent
sous les doigts. Précisons d’ailleurs que du volume sanguin, soit 2,5 millions de
la vitesse de propagation de l’onde du litres par an au repos !
pouls dans la paroi artérielle est de l’or-
dre de 5 à 15 m/s, largement supérieure à Masse cardiaque
la vitesse du sang !
En physiologie, on considère, chez les
Compliance et élastance mammifères dont le poids est compris
entre celui de la souris et du cheval, que
Pour un organe cavitaire déformable, le la masse cardiaque représente environ
rapport de la variation des volumes consé- 0,6 % du poids vif.
Physiologie circulatoire 41

Un cheval de 500 kg possède ainsi une L’ensemble constitue un cycle cardiaque


masse cardiaque de 3 000 g, tandis qu’un (figure 2.3).
chat de 2,5 kg a un cœur de 15 g ! Lorsque la fréquence cardiaque change,
Notons qu’une baleine bleue possède la diastole est raccourcie ou allongée,
un cœur de 450 kg ! tandis que la durée de la systole se main-
tient relativement égale, du moins dans
une gamme de fréquence assez large.
Fréquence cardiaque Pour une fréquence de 75 bpm, la
Le fonctionnement de la pompe cardia- durée de la systole est de 0,27 s, celle de
que est discontinu : le régime est pulsa- la diastole de 0,53 s, ce qui donne un
tile. La fréquence ou rythme cardiaque rapport systole/diastole égal à environ
est d’environ 70 battements par minute 1/2.
(bpm) chez l’homme adulte au repos La durée de repos du cœur est donc
(fréquence cardiaque de repos). approximativement deux fois supérieure
Chez les mammifères, la fréquence car- à celle de son activité.
diaque (Fc) est d’autant plus rapide que le
cœur est petit. Par exemple, la fréquence Terminologie
cardiaque de la souris est en moyenne de
La littérature cardiovasculaire peut être
500 bpm, mais celle de l’éléphant n’est
déroutante en raison de l’utilisation de
que de 25 bpm environ. Chez les mam-
certains préfixes. On y trouve par exem-
mifères, la relation entre la fréquence car-
ple certaines notions comme celles de
diaque de repos et l’espérance de vie est
volume « télédiastolique » ou encore de
indubitable. Plus le cœur bat lentement,
souffle « protosystolique ».
plus la longévité augmente.
En fait, bien qu’étant des événements
Chez l’homme, plusieurs études ont
brefs du cycle cardiaque, la diastole et
observé une association entre une fré-
la systole ont néanmoins une certaine
quence cardiaque de repos élevée et une
durée. On peut parfois avoir besoin de
augmentation de la mortalité chez les sujets
préciser un temps ou un moment par-
présentant un risque cardiovasculaire. Une
ticulier dans cette durée ou parfois au
fréquence cardiaque de repos basse semble
contraire vouloir se référer à la globalité
associée à une meilleure longévité.
de l’événement. Le tableau 2.1 résume le
Par rapport à cette fréquence de réfé-
sens de ces différents préfixes.
rence, on parle de bradycardie lors-
que celle-ci diminue ou de tachycardie
lorsqu’elle augmente.
Révolution cardiaque
Cependant, de nombreux facteurs Le cœur peut être assimilé à un muscle
peuvent faire varier la fréquence cardia- creux propulsant le sang par une alter-
que comme l’âge, le sexe, l’entraînement nance de contractions et de relaxations.
musculaire ou le stress. Cette séquence affecte le volume des dif-
férentes cavités, particulièrement celui des
Cycle cardiaque ventricules. Il est possible d’observer sur une
coupe effectuée en contraction (systole)
La contraction du cœur ou systole est que les parois sont épaisses et le volume
suivie d’une période de repos ou diastole. cavitaire réduit, tandis qu’en relaxation les
42 Généralités

0,1 s

Systole
Auriculaire

Diastole
Ventriculaire
Diastole
Générale
Systole
0,4 s
Ventriculaire

Diastole 0,3 s
Auriculaire

Fig. 2.3. Cycle cardiaque.

Tableau 2.1
Sens des préfixes concernant le système cardiovasculaire

Diastole Systole

Début Milieu Fin Début Milieu Fin


Protodiastolique Mésodiastolique Télédiastolique Protosystolique Mésosystolique Télésystolique

Totalité Totalité
Holodiastolique Holosystolique

parois sont amincies et le volume cavitaire Le cœur « bat » ainsi environ 70 fois
est important (figure 2.4). par minute (chez l’adulte). Le cycle car-
Le cycle cardiaque est une séquence diaque se décompose en quatre phases
répétitive de systole (contraction) et de (figure 2.5) :
diastole (relaxation) du myocarde. Dans – le remplissage ventriculaire, durant lequel
cette séquence s’inscrit le jeu des valves la valve atrioventriculaire est ouverte. Le
cardiaques qui s’ouvrent et se ferment sang afflue de l’atrium vers le ventricule,
aux moments clé pour orienter correcte- tandis que la valve aortique (pour le
ment le flux sanguin. ventricule gauche) ou pulmonaire (pour
Physiologie circulatoire 43

ventricule, fermant la valve atrioventri-


culaire, tandis que les valves sigmoïdes
restent fermées ;
– l’éjection systolique, qui débute lorsque
la pression dans le ventricule dépasse la
pression dans l’aorte ou l’artère pulmo-
naire, et au cours de laquelle le sang est
expulsé hors du ventricule. Les valves
sigmoïdes sont alors ouvertes ;
– la relaxation isovolumétrique, qui débute
lorsque, la contraction du ventricule
ayant cessé, la pression dans le ventri-
cule devient inférieure à la pression dans
l’aorte ou l’artère pulmonaire, de sorte
que les valves sigmoïdes se ferment,
tandis que la valve atrioventriculaire est
Diastole
encore fermée.

Débit cardiaque
Le débit cardiaque (Q̇c) correspond au
volume de sang expulsé par chaque ven-
tricule par unité de temps. Il correspond
au produit du volume d’éjection systoli-
que (Vs) par la fréquence cardiaque (Fc) :
Q̇c = Vs. Fc
Avec une fréquence cardiaque de 70 bpm
et un volume d’éjection systolique de
Systole 80 ml, cela représente 5,6 litres de sang.
Un homme de 70 kg possédant environ
Fig. 2.4. Coupe des ventricules 6 litres de sang, toute la masse sanguine
en diastole et en systole. est pompée dans un temps voisin d’une
minute.

le ventricule droit) est fermée. Durant Égalité de débit


cette phase, le sang s’écoule d’abord Le cœur droit et le cœur gauche peuvent
passivement de l’atrium vers le ventri- être assimilé à deux pompes disposées
cule, puis activement lors de la systole en série. Cela implique nécessairement
auriculaire ; que les deux ventricules aient le même
– la contraction isovolumétrique, durant débit. Supposons que le débit du ventri-
laquelle la contraction du myocarde ven- cule droit soit de 5,1 litres par minute et
triculaire augmente la pression dans le celui du ventricule gauche de seulement
44 Généralités

Atrium
Atrium gauche
droit
Ventricule
gauche

Ventricule
droit

1. Remplissage ventriculaire 2. Contraction isovolumétrique

3. Éjection systolique 4. Relaxation isovolumétrique

Fig. 2.5. Révolution cardiaque.

5 litres par minute. Au bout de 10 minutes, Les deux pompes ayant la même fré-
1 litre de sang se sera accumulé dans les quence, la régulation du débit ne peut
poumons, ce qui entraînerait un œdème se faire que par une modification du
pulmonaire. volume d’éjection d’un des deux ventri-
Physiologie circulatoire 45

cules, dépendant de la force de contrac- – la contractilité du myocarde, essen-


tion du ventricule lui-même. tiellement réglée par le système nerveux
végétatif ;
Loi de Frank-Starling – la postcharge qui représente l’ensemble
Chaque ventricule doit ainsi pou- des facteurs qui s’opposent au travail du
voir s’adapter à l’augmentation du cœur :
volume sanguin qui dépend de la • résistance pariétale du ventricule ;
quantité de sang arrivé dans l’atrium • impédance de l’aorte (résistance aorti-
(retour veineux) en expulsant davan- que, inertie de la colonne sanguine, ondes
tage de sang. La loi de Frank-Starling de réflexion, compliance de l’aorte) ;
répond à l’énoncé suivant : « la force • résistances vasculaires périphériques,
de contraction des ventricules est lesquelles sont également sous la dépen-
d’autant plus grande que les cellules dance du système nerveux végétatif.
myocardiques sont plus étirées avant
L’activité du cœur est tributaire de l’acti-
leur contraction ».
vité vasculaire et vice versa.
La longueur des cellules myocardi-
ques est fonction du volume télédiasto-
lique qui est donc le facteur passif qui  Précharge
détermine la force de contraction du
La précharge correspond au degré d’éti-
cœur. Cette capacité du cœur étiré de
rement du myocarde ventriculaire juste
se contracter davantage est en fait une
avant sa contraction. Elle désigne la
caractéristique de n’importe quel mus-
charge sanguine accumulée et imposée
cle strié.
au ventricule gauche. Elle correspond
La loi de Frank-Starling constitue une
au degré de remplissage du ventricule
adaptation intrinsèque du débit ven-
représenté par le volume télédiastoli-
triculaire. Le débit des deux ventricules
que.
doit être identique sous peine de graves
Quand la précharge augmente, il se
désordres. La loi de Frank-Starling est très
produit un étirement des fibres musculai-
importante puisqu’elle permet d’égaliser
res cardiaques, ce qui se traduit par une
ces débits si nécessaire.
augmentation automatique de la force de
contraction développée par le ventricule
Volume d’éjection systolique (loi de Frank-Starling).
Le volume d’éjection systolique (Vs) est Le principal facteur de l’étirement
le volume de sang éjecté hors du ventri- du muscle cardiaque est le retour vei-
cule gauche à chaque systole. neux, c’est-à-dire la quantité de sang qui
Il dépend de trois facteurs : retourne au cœur par les veines et qui dis-
tend les ventricules. Tout ce qui accroît le
– la précharge qui correspond au volume
volume ou la vitesse du retour veineux
de sang présent dans le ventricule gau-
augmente :
che juste avant l’éjection (volume
dépendant de la pression du retour vei- – le volume télédiastolique ;
neux au cœur, dite pression veineuse – la force de contraction ventriculaire ;
centrale [PVC]) ; – le volume systolique.
46 Généralités

C’est ce qui se passe lors de l’exercice La stimulation des nerfs orthosympathi-


physique. ques cardiaques, agissant par l’intermédiaire
de la noradrénaline, a les effets suivants :
 Postcharge – augmentation de la fréquence cardia-
que (effet chronotrope positif) ;
La postcharge est la contre-pression exer-
– renforcement de la contractilité (effet
cée par le sang artériel. C’est le frein à
inotrope positif) ;
l’éjection, c’est-à-dire toutes les forces
contre lesquelles le ventricule doit lutter – augmentation du tonus cardiaque et
pour éjecter le sang. vasculaire (effet tonotrope positif) ;
Elle correspond à la charge déplacée – augmentation de la vitesse de relaxa-
par le myocarde du ventricule gauche. tion du muscle cardiaque (effet lusitrope
Elle dépend directement des résistances positif) ;
aortiques et s’exprime par l’importance – augmentation de la vitesse de conduc-
du volume télésystolique. tion de dépolarisation (effet dromotrope
En simplifiant, elle correspond à la positif) ;
résistance aortique. Si on augmente la – augmentation de l’excitabilité myocar-
postcharge, par exemple par clampage de dique (effet bathmotrope positif).
l’aorte, le volume d’éjection systolique Le débit cardiaque devient donc plus
baisse et, par conséquent, le volume rési- important. Les catécholamines circulantes,
duel (volume télésystolique) augmente. noradrénaline et adrénaline (dénommés
Chez les personnes en bonne santé, la norépinéphrine et épinéphrine par les
postcharge n’influe pas beaucoup sur le auteurs anglo-saxons), synthétisées par la
volume systolique, car elle est relativement glande médullosurrénale, ont les mêmes
constante. Toutefois, dans les cas d’hy- effets que le système sympathique.
pertension artérielle, la postcharge peut À l’inverse, la stimulation parasympa-
réduire la capacité des ventricules d’éjecter thique vagale, agissant par l’intermédiaire
du sang (diminution du volume d’éjection de l’acétylcholine, occasionne :
systolique), et une plus grande quantité de
– diminution de la fréquence cardiaque
sang demeure dans le cœur après la systole
(effet chronotrope négatif) ;
(augmentation du volume télésystolique).
Pour résumer : – diminution de la contractilité (effet
inotrope négatif) ;
– la précharge désigne toutes les forces qui
concourent au remplissage ventriculaire ; – diminution du tonus cardiaque et vas-
culaire (effet tonotrope négatif) ;
– la postcharge correspond à toutes les
forces que doit vaincre le ventricule pour – diminution de la vitesse de relaxation du
expulser la masse sanguine. muscle cardiaque (effet lusitrope négatif) ;
– diminution de la vitesse de conduc-
tion de dépolarisation (effet dromotrope
Adaptation du débit négatif) ;
Le débit cardiaque peut aussi être modi- – diminution de l’excitabilité myocardi-
fié par des facteurs extérieurs au cœur, que (effet bathmotrope négatif).
comme le système nerveux végétatif. Cela diminue le débit cardiaque.
Physiologie circulatoire 47

Fonction endocrine Hémodynamique générale


Petit à petit, on se rend compte que de Vitesse du flux sanguin
nombreux tissus ont une production et
une fonction endocrine. Le cœur possède La vitesse sanguine ou vitesse de perfu-
sa propre fonction endocrine. sion correspond à la distance de dépla-
Les atriums, et surtout le droit, sont cement des cellules sanguines par unité
sensibles à l’étirement. Ils contiennent des de temps. Elle s’exprime généralement
cellules myocardiques endocrines produi- en cm/s.
sant une hormone appelée peptide atrial Attention : la vitesse du sang n’est
natriurétique (PAN), ou cardiodilatine. pas celle de la propagation de l’onde du
Le PAN contrôle le degré de contrac- pouls !
tion des parois vasculaires et les échanges
de sodium et d’eau dans les reins. Débit
La dilatation des atriums est l’un des Le débit d’un fluide à travers une cana-
stimuli de cette sécrétion hormonale (voir lisation est défini comme le volume de
chapitre 3). fluide qui traverse cette dernière durant
l’unité de temps.
Hémodynamique ·
On le note avec le signe Q et il s’exprime
3
en m par seconde.
Il est utile de revoir quelques définitions
ayant trait à la circulation du sang.
En tant que liquide, le sang est soumis à  Définitions
certaines lois physiques et biophysiques : Le débit sanguin est le volume de sang cir-
– hydrostatique, en raison des différen- culant dans un tissu de l’organisme, au
ces de hauteur entre la tête, le cœur et les cours d’une période donnée.
membres inférieurs ; Le débit sanguin total est le volume de
– hydrodynamique, en raison de l’écoule- sang circulant chaque minute dans les
ment impulsé par le cœur. vaisseaux sanguins de la circulation pul-
Cependant, le sang est un liquide très monaire ; c’est donc le débit cardiaque.
particulier du fait de : Les débits sanguins s’expriment géné-
ralement en l/min ou en ml/s.
– son hétérogénéité, où interviennent
des macromolécules (protéines) dotées
de propriétés spécifiques et des cellules  Relation débit–vitesse
déformables (globules rouges et blancs), Soit v la vitesse d’un fluide parcourant
qui confère des propriétés différentes au une tubulure de section s, on démontre
sang entier et au plasma isolé ; après calcul que le débit du fluide est égal
– son contenant vasculaire dont les parois au produit de sa vitesse par la section
possèdent une tension, une élasticité et (figure 2.6).
une inertie propre.
Le sang présente finalement des pro-  Principe de continuité
priétés de circulation très particulières Lorsqu’un fluide incompressible circule
par rapport à l’ensemble des liquides. en régime stationnaire dans un conduit,
48 Généralités

 Effets de la section
Effets sur la vitesse
V S De ce qui précède, il ressort que si le débit
reste constant, lorsque la section varie, la
vitesse du liquide change en proportion :
– si la section augmente, la vitesse dimi-
Q = S.V
nue ;
– si la section diminue, la vitesse augmente.
Fig. 2.6. Relation débit–vitesse. Ce principe s’étend aux conditions
dans lesquelles les tubes de courant
liquidiens se subdivisent en une somme
le produit section x vitesse, c’est-à-dire de petits tubes, eux-mêmes indéforma-
le débit, reste constant tout au long du bles, ou bien, à l’inverse, lorsque plusieurs
conduit (figure 2.7). tubes convergent en un seul (figure 2.8).

Principe de continuité du débit :


lorsqu’un fluide incompressible circule
en régime stationnaire dans un conduit,
le produit section x vitesse, S1 S2 S3
qui correspond au débit, reste
V1 V2 V3
constant tout au long du conduit.
S1.V1 = S2.V2 = S3.V3 = constante = débit

Fig. 2.7. Principe de continuité du débit d’un fluide en régime stationnaire.

S1 = 1 cm2 S2 = 10 cm2 S3 = 2 cm2

Q Q’
10 ml/s 10 ml/s

V1 = 10 cm/s V2 = 1 cm/s V3 = 5 cm/s

Fig. 2.8. Effets de la section de la tubulure sur la vitesse.


Physiologie circulatoire 49

Ainsi, la vitesse du flux sanguin est Effets sur la pression


inversement proportionnelle à l’aire de la Lorsque la section se modifie, la pression
section transversale du vaisseau sanguin, latérale du liquide sur les parois du tube
ou plus exactement du secteur vasculaire se modifie également.
considéré : Si l’on considère un écoulement hori-
– dans l’aorte, l’aire de la section trans- zontal à section constante et à vitesse
versale n’est que de 3 à 5 cm2, et la constante, la pression latérale est constante
vitesse moyenne du flux sanguin est de (figure 2.10A).
40 cm/s ; Si l’on considère un écoulement hori-
– dans les capillaires, l’aire de la section zontal dans un tube à section variable, si
transversale totale est de 4 000 à 6 000 la section diminue, la vitesse augmente
cm2 et la vitesse du flux sanguin est infé- et la pression chute au passage de la zone
rieure à 0,1 cm/s (figure 2.9). de striction (figure 2.10B).

Temps de circulation
La notion de temps de circulation est à
rapprocher de celle de débit cardiaque.
Nous avons vu qu’au repos la totalité
du sang était pompée en environ une
minute ; cela correspond au temps théo-
rique nécessaire à une goutte de sang
pour effectuer le circuit allant du ventri-
cm2 3500 cule gauche à l’atrium gauche.
2700
500
5,3 20 20 100 30 18
Écoulement sanguin
 Gradients circulatoires
Le terme de gradient exprime le taux avec
Surface de section de l’ensemble des vaisseaux
de chaque catégorie
lequel une quantité physique augmente
ou diminue en fonction d’une variable
Fig. 2.9. Sections du lit vasculaire. donnée, comme la distance.

S
S constante, V constante, P constante V P
Pression Pression
latérale latérale

V V

A B

Fig. 2.10. Effets de la section de la tubulure sur la pression.


50 Généralités

Il n’y a pas de vie sans gradient. Dans les métiers de l’eau, il est d’usage
– Un système mort présente des proprié- d’exprimer la charge en mètres de colonne
tés homogènes, sans gradient, ni flux. Il d’eau (mCE). On parle alors de charge
est dans un état d’équilibre vrai, stable et hydraulique.
non excité. Lorsque l’on considère la globalité
– Un système vivant nécessite des pro- d’un fluide dans un tuyau, l’énergie
priétés « hétérogènes ». La vie exige des hydraulique qui correspond à l’énergie
déséquilibres incessants et des flux perma- mécanique totale est aussi appelée charge
nents de matière ou d’énergie. Le prix de ou charge totale. L’énergie consommée
la vie est l’apport continuel d’énergie, pour par les frottements constitue la perte de
maintenir des gradients et générer ces flux charge.
passifs qui lui sont indispensables. Elle Un liquide s’écoule toujours du point où
nécessite une dépense continue d’énergie la charge est la plus élevée vers le point où la
pour se maintenir dans un système excité charge est la plus faible.
et instable, malgré un apparent équilibre. Pour comprendre la circulation du sang,
il est préférable de considérer les différences
Une parfaite illustration de ces notions
de charges dans le système cardiovasculaire
est donnée par la circulation du sang. Le
plutôt que les différences de pressions.
cœur est une pompe génératrice d’éner-
Le sang s’écoule toujours en direction
gie active, qui assure la permanence de
d’un lieu où la charge est plus faible.
propriétés non uniformes dans le sys-
Les gradients de charge qui s’instaurent
tème vasculaire.
tout au long du circuit circulatoire sont
Par ce moyen, le flux actif du sang
le véritable « moteur » de la progression
peut assurer les échanges passifs néces-
globale de la masse sanguine.
saires à la vie de chaque tissu et de cha-
que cellule. Ce n’est qu’à la mort que  Viscosité sanguine
tous ces flux cessent et que les gradients
disparaissent. Deux solides en mouvement présentent
des forces de frottement lorsqu’ils sont
 Notion de charge vasculaire au contact et qu’ils se déplacent à des
En un point donné d’une conduite hydrau- vitesses différentes. Dans un liquide vis-
lique, l’énergie d’un fluide incompressi- queux, deux lames de courants adjacents
ble se compose de : présentent également des frottements
(figure 2.11).
– son énergie potentielle, liée aux effets
Ces forces s’opposent au déplacement
de la pesanteur sur le liquide ;
en tendant à ralentir la lame la plus rapide
– son énergie de pression, liée au volume et à accélérer la lame la plus lente.
et à la pression du liquide sur les parois ;
– son énergie cinétique, liée à la vitesse
du fluide : V1
V2
V3
Ehydraulique = Epotentielle + Epression + Ecinétique

Cette énergie ramenée à l’unité de


volume est aussi appelée la charge. Fig. 2.11. Viscosité sanguine.
Physiologie circulatoire 51

In vivo, le sang se comporte presque conduit sur la pression et la vitesse d’écou-


comme du plasma. Selon les conditions, lement. C’est ce qui se passe au niveau de
il peut : sténoses artérielles (figure 2.12).
– soit augmenter sa viscosité par agréga- De part et d’autre d’une sténose, il y
tion des hématies ; a conservation du débit sanguin, mais la
– soit diminuer sa viscosité par la défor- vitesse du flux doit se modifier : au pas-
mation et le changement d’orientation sage du rétrécissement, le flux sanguin
des hématies. On parle de comportement s’accélère (2.12A).
rhéofluidifiant. La charge est globalement conservée,
l’énergie totale ne se modifie pas et, par
De ce fait, le sang est parfois assimilé à
conséquent, si la vitesse augmente, l’éner-
un liquide parfait.
gie cinétique augmente dans les mêmes
 Pertes de charge proportions. Il en résulte un changement
de la pression au passage du rétrécisse-
Du fait de sa viscosité, le sang n’a pas ment. Il existe de ce fait (2.12B) :
les mêmes caractéristiques qu’un liquide – une surpression en amont de la sténose,
idéal, au sens où la physique l’entend. ce qui peut entraîner une dilatation ou
De ce fait, il y a une perte de l’énergie une fatigue de la paroi vasculaire ;
hydraulique utilisable lors de l’écoule-
– une dépression en aval de la sténose,
ment. Ce phénomène, appelé perte de
qui occasionne une baisse de la pression
charge, est lié à la dissipation d’énergie en
de remplissage des vaisseaux en aval
chaleur du fait de la viscosité du liquide.
(fonction du carré du pourcentage de
Ces pertes de charge sont le résultat des
sténose).
frottements contre les parois vasculaires
et des frottements internes au sein même Nature de l’écoulement
du tissu sanguin.
 Profil de vitesse
 Effet Venturi Les molécules d’un fluide qui s’écoulent
Au vu de ce qui précède, on peut envi- à des vitesses identiques définissent un
sager les conséquences de la striction du « filet liquidien ». Chaque filet peut être

P v P P P

A B

Fig. 2.12. Venturi et sténose.


52 Généralités

Représentation des vitesses à un instant donné,


à un endroit donné et selon un axe donné.

Fig. 2.13. Profil de vitesse d’un fluide.

représenté par un vecteur, proportionnel à possède une vitesse différente de celle


sa vitesse d’écoulement. L’arrangement de des couches adjacentes.
ces différents vecteurs définit ce que l’on La vitesse du fluide est maximale au
nomme un profil de vitesse (figure 2.13). centre du liquide et décroît jusqu’à la
paroi. Une couche infiniment mince au
 Régimes d’écoulement contact de la paroi ne se déplace pas. Il
Selon son profil de vitesse, un liquide vis- en résulte un profil parabolique des vites-
queux peut présenter différents régimes ses (figure 2.16).
d’écoulement (figure 2.14). Dans ce type d’écoulement, toute l’éner-
gie consommée est utilisée à la lutte contre
Régime laminaire la viscosité du liquide. Il existe une relation
Si la vitesse moyenne du fluide visqueux linéaire entre la pression et le débit.
est faible, l’écoulement est dit laminaire
(figure 2.15). Le fluide reste cohérent et Régime turbulent
s’écoule selon des couches concentriques Si la vitesse moyenne du fluide vis-
de liquide. Chaque couche de liquide queux est élevée, l’écoulement devient

Écoulement laminaire

Écoulement intermédiaire
V1
V2
V3
V4

Écoulement turbulent
Fig. 2.15. Écoulement laminaire
Fig. 2.14. Régimes d’écoulement. d’un liquide visqueux.
Physiologie circulatoire 53

Profil parabolique des vitesses lié à la viscosité.


La vitesse est maximale au centre du vaisseau et
une couche infiniment mince au contact de la paroi
a une vitesse nulle.

Fig. 2.16. Profil de vitesse en régime d’écoulement laminaire.

turbulent. La viscosité n’est plus un fac- liquide. Dans cette zone, on trouve ce que
teur de cohérence, et les molécules du l’on appelle un écoulement intermédiaire.
fluide tourbillonnent et s’écoulent sans Chez l’homme, l’écoulement du sang
distribution systématisée des vitesses. dans les vaisseaux est laminaire, sauf au
Dans ce type d’écoulement, les tour- niveau d’une ramification d’une grosse
billons consomment une grande partie artère où des turbulences apparaissent. Il
de l’énergie. Il n’y a plus de proportion- est turbulent dans le cœur et dans l’arc
nalité entre la pression et le débit. C’est aortique pendant une assez grande partie
un régime d’écoulement peu efficace. de l’éjection systolique.
Dans l’aorte, au repos, le nombre de
 Nombre de Reynolds Reynolds est d’environ 1 650 et l’écoule-
La frontière entre les écoulements lami- ment est laminaire. Cependant, dans cer-
naire et turbulent dépend de quatre fac- taines circonstances physiologiques ou
teurs : pathologiques, les valeurs de calcul peu-
vent changer. C’est le cas par exemple :
– le diamètre du vaisseau ;
– à l’effort : le débit, et par conséquent la
– la vitesse du sang ;
vitesse du flux sanguin, augmente ;
– la viscosité du sang ;
– lors d’une anémie : l’hémoglobine est
– la densité du sang. diminuée, la viscosité est diminuée. Par
Le nombre de Reynolds, nombre sans ailleurs, comme le contenu sanguin en
dimension, exprime les relations entre oxygène diminue, cela entraîne une aug-
ces paramètres. mentation compensatrice de débit ;
L’écoulement sanguin perd son carac- – lors d’une sténose : le diamètre dimi-
tère laminaire pour devenir turbulent nue, la vitesse augmente au passage du
lorsque le nombre de Reynolds dépasse rétrécissement pour un débit constant.
une valeur critique. De manière empiri-
Dans tous ces cas, le nombre de
que, on sait que :
Reynolds augmente, le régime de l’écou-
– si le nombre de Reynolds est inférieur à lement sanguin devient turbulent, ce qui
2 400, l’écoulement est toujours laminaire ; se traduit cliniquement par l’apparition
– si le nombre de Reynolds est supérieur à de vibrations et de sons auscultables
10 000, l’écoulement est toujours turbulent. appelés souffles vasculaires.
Entre les deux, il existe une zone d’in- Ces souffles sont normaux à l’effort,
certitude, liée à une vitesse critique pour le mais pathologiques en cas de sténose
54 Généralités

ou d’anémie. Si le nombre de Reynolds par l’activité cardiaque. Elles se compor-


reste supérieur à sa valeur critique pen- tent comme de véritables réservoirs de
dant toute la durée du cycle cardiaque, pression et correspondent anatomique-
ces souffles sont permanents. Si le nom- ment aux artères de conduction.
bre de Reynolds ne devient supérieur à sa
valeur critique qu’à certains moments du  Effet Windkessel
cycle cardiaque, ces souffles sont inter- Grâce à leurs fibres élastiques, l’aorte et
mittents ou transitoires. les gros vaisseaux transforment le flux
sanguin pulsé par à-coup en un flux
Hémodynamique artérielle continu. Ces artères élastiques jouent un
rôle d’amortisseur et de réservoir, avec le
En fonction de leur topographie, les artè- même effet qu’une bouteille à air placée
res présentent des différences sensibles sur une conduite rigide alimentée par un
de constitution de leurs parois. régime pulsatile. Cet effet est appelé effet
Leurs propriétés hémodynamiques dif- Windkessel, de l’allemand Kessel : bou-
fèrent selon leur localisation et leur consti- teille et Wind : air (figure 2.17).
tution. Pendant la phase d’éjection, la pression
artérielle augmente, la paroi des artères
Artères élastiques élastiques se distend et emmagasine de
La média des artères élastiques est riche l’énergie potentielle (figure 2.18).
en fibres élastiques. Ce sont les artères Pendant la diastole, après la fermeture
principales, de gros diamètre et proches des valves aortiques, la paroi artérielle se
du cœur comme : l’artère pulmonaire ; rétracte et restitue cette énergie qui génère
l’aorte et ses branches principales, tels le un flux. Ainsi, même quand le cœur se
tronc brachiocéphalique, l’artère subcla- relâche, le flux sanguin peut continuer à
vière ; l’artère rénale. progresser.
C’est leur tunique moyenne, très riche La compliance de l’aorte permet de
en fibres élastiques, qui leur confère cette la sorte d’économiser le travail du cœur.
élasticité (compliance). Grâce à cet effet d’amortissement de la
Ces artères ont une fonction d’amortis- pulsatilité, le débit sanguin se trouve
sement des à-coups sanguins engendrés régularisé.

Air

Piston
Eau

Windkessel - Bouteille à air


Fig. 2.17. Effet Windkessel.
Physiologie circulatoire 55

Valve aortique ouverte Valve aortique fermée

Fig. 2.18. Régulation du débit dans les artères élastiques.

Une diminution de la compliance de Cette vitesse est proportionnelle à l’ép-


l’aorte entraîne une augmentation de la aisseur et à la rigidité de la paroi artérielle.
pression systolique. Cela explique l’hyper- Elle augmente lorsque la paroi artérielle
tension qui se développe avec l’âge. devient plus épaisse (comme c’est le cas
au niveau des membres inférieurs) ou
 Onde de pression anormalement rigide (comme c’est le cas
Lors de chaque contraction ventricu- chez les patients souffrant d’hyperten-
laire, la totalité du volume d’éjection sion artérielle, d’artériosclérose, d’athé-
systolique (environ 80 ml de sang) ne rome ou de diabète).
peut s’écouler en totalité à travers l’ar- La manifestation tangible la plus uni-
bre vasculaire pendant la seule durée de versellement connue de cette onde de
cette phase. Nous venons de voir qu’une pression artérielle n’est autre que le
large part est temporairement stoc- pouls que l’on peut palper sur les artères
kée grâce à la distensibilité de la paroi périphériques.
aortique.
Ce mécanisme se reproduit de proche Artères musculaires
en proche, constituant l’onde artérielle qui La média artérielle est d’autant plus riche
se propage le long de la paroi sur toute la en fibres musculaires lisses et pauvre en
longueur de l’arbre artériel, à une vitesse fibres élastiques que l’on s’éloigne du
de plusieurs mètres par seconde. cœur. Les artères de moyen et de petit
56 Généralités

diamètres sont considérées comme des est ainsi le principal déterminant de la


artères musculaires. Ce sont par exemple résistance à l’écoulement. Par exemple,
les artères coronaires, l’artère splénique si le rayon du tube double, le débit est
ou les artères mésentériques. multiplié par 16 ! En hémodynamique,
Ces artères sont capables de dilatation la vasomotricité joue donc un rôle très
ou de constriction. Elles ont une fonction important dans l’irrigation des différents
de distribution de la masse sanguine. territoires périphériques.
De plus, ce sont des vaisseaux résis- L’on peut dire, d’une autre façon que,
tifs. La résistance à l’écoulement sanguin lorsque le diamètre d’un vaisseau dimi-
dépend essentiellement du calibre de ces nue de moitié, sa résistance à l’écoule-
vaisseaux. ment devient 16 fois plus grande. C’est
pour cette raison que les plaques d’athé-
 Résistance vasculaire périphérique rome sont nuisibles non seulement par
La résistance vasculaire est la force qui leurs conséquences locales, mais aussi
s’oppose à l’écoulement du sang dans les par leurs effets sur la santé générale de la
vaisseaux. Elle résulte de la friction du personne. Elles sont un facteur d’hyper-
sang contre la paroi des vaisseaux. tension artérielle.
Si la résistance à l’écoulement est très
faible dans les artères élastiques, le sang  Artérioles et résistances circulatoires
frottant très peu contre les parois, elle est Les artérioles constituent le site principal
en revanche plutôt élevée dans les artères de réglage de la résistance circulatoire
de type musculaire, dont le diamètre est (figure 2.19).
plus petit que dans les précédentes. La vasoconstriction artériolaire provoque
Plus la résistance vasculaire est élevée, une augmentation de la résistance circu-
plus le débit sanguin est faible dans le latoire périphérique totale. Face à un débit
vaisseau considéré. cardiaque inchangé, cela provoque une
augmentation de la pression artérielle.
 Loi de Hagen-Poiseuille
Selon la loi de Hagen-Poiseuille, la résis- Microcirculation
tance vasculaire est proportionnelle à :
– la viscosité du sang ; Organisation
– la longueur du segment vasculaire con- Les artérioles débouchent sur le réseau
sidéré. des vaisseaux capillaires, de très petit
Elle est inversement proportionnelle diamètre (5 à 8 μm), et dont la paroi est
au rayon de la lumière du vaisseau. formée d’une couche unique de cellules
Plus la résistance est élevée, plus le endothéliales. La densité des vaisseaux
débit sanguin est faible. Le débit sanguin capillaires est très variable selon l’activité
peut ainsi être considéré comme le quo- métabolique moyenne des tissus.
tient de la pression par la résistance.
Cette relation constitue la loi de Hagen- Échanges
Poiseuille. Le débit augmente comme la Les échanges circulatoires à travers la paroi
puissance quatrième du rayon ! Le rayon des vaisseaux capillaires s’effectuent par
Physiologie circulatoire 57

Capillaires
27 %
Veines
7%

Artères
19 % Petites artères
et artérioles
47 %

Fig. 2.19. Répartition des résistances périphériques (D’après Silbernagl et Despopoulos).

différents mécanismes. Les pores – orifices Hémodynamique veineuse


en nombre et dimensions variables selon
les organes – permettent le passage de Capacitance et élastance veineuse
molécules non liposolubles, avec un débit
limité par leur taille, le nombre de pores Bien que plus élastique que la paroi arté-
disponibles, et le débit sanguin. Les molé- rielle, la paroi veineuse est relativement
cules liposolubles peuvent diffuser à tra- peu distensible. Elle comporte en effet
vers même la paroi capillaire (celle-ci étant un fort contingent de fibres collagènes.
principalement constituée de lipides). Les Les variations très importantes du
mouvements de l’eau à travers la paroi du volume veineux que l’on peut observer
capillaire sont déterminés par la pression sont principalement dues à des varia-
hydrostatique d’une part, la pression onco- tions de la forme de section des veines, la
tique des protéines sanguines d’autre part. distensibilité de la paroi n’étant sollicitée
Le graphique de Starling (figure 2.20) mon- que pour des pressions élevées.
tre que, dans la partie initiale du capillaire, D’un point de vue fonctionnel, il
la pression hydrostatique l’emporte sur la convient de distinguer deux grandes caté-
pression oncotique, l’effet résultant étant gories de veines :
une filtration, donc une sortie d’eau vers – les veinules, vaisseaux résistifs postcapil-
le milieu interstitiel. En revanche, dans la laires, dans lesquels la composante mus-
deuxième partie du capillaire, la pression culaire de la média influence la pression
oncotique des protéines sanguines (en par- et le débit sanguin ;
ticulier l’albumine) l’emporte, rappelant – les veines systémiques, vaisseaux
l’eau vers la lumière vasculaire. capacitifs collecteurs, riches en fibres
58 Généralités

Vaisseaux fit à elle seule à expliquer le retour du


lymphatique sang au cœur.
Toutefois, on peut envisager trois caté-
Artériole Veinule gories de forces (vis) qui participent au
retour veineux, selon qu’elles s’exer-
cent en arrière (a tergo), sur les côtés (a
~ 10 % latere) ou en avant (a fronte) de la masse
sanguine.
~ 90 % – Vis a tergo. Elle correspond à la force
résiduelle de propulsion du ventricule
Réabsorption
gauche.
Filtration
– Vis a latere. Il s’agit de :
• l’écrasement de la semelle veineuse plan-
taire ;
• la pompe veinomusculaire des mollets ;
Milieu interstitiel
• l’action des muscles de la média des
Sphincter Sphincter parois veineuses, renforcée par la pré-
précapillaire postcapillaire sence des valvules ;
• la pompe abdomino-diaphragmatique
et les gradients de pression de la colonne
viscérale.
Pression sanguine
– Vis a fronte. Elle correspond à l’aspira-
Pression

tion thoracique, lors de l’inspiration.


Pression
Notons également que la gravité joue
osmotique un rôle favorable pour les veines situées
colloïdale au-dessus du cœur, et défavorable pour
celles situées au-dessous.
Extrémité Extrémité
artérielle veineuse Pressions abdomino-thoraciques
Longueur du capillaire
Les gradients de pressions du tronc (figure
Fig. 2.20. Graphique de Starling.
2.21) sont des facteurs primordiaux pour
le retour veineux sous-diaphragmatique.
Si les veines des membres inférieurs sont
élastiques, avec une capacitance élevée
dotées de valvules, dès que l’on franchit
leur conférant une fonction de réservoir
le ligament inguinal, les veines iliaques
sanguin.
et la veine cave inférieure ne sont plus
équipées de tels dispositifs.
Retour veineux Dans le tronc, la régularité de la pro-
La circulation veineuse ramène le sang gression sanguine vers l’atrium droit
vers le cœur. La différence de charge qui repose sur les différences de charge vei-
existe entre l’aorte et les veines caves suf- neuse dans lesquelles ces gradients de
Physiologie circulatoire 59

−10 cmH2O

5 cmH2O
Cœur

0 cmH2O
Foie

Diaphragme

+5 cmH2O

+10 cmH2O

+15 cmH2O

+20 cmH2O

+25 cmH2O

Fig. 2.21. Gradients de pression du tronc.


60 Généralités

pression thoracoabdominaux intervien- ments de ce jeu de pression au niveau


nent majoritairement. thoracoabdominal.
Du fait de la gravité, en position assise
ou debout, la pression intra-abdomi- Pression veineuse centrale
nale n’est pas homogène, et un gradient La valeur de la pression veineuse centrale
craniocaudal de pression s’installe. Les (PVC) au plus près de l’atrium droit est
pressions les plus fortes sont situées au de l’ordre de 7 à 10 mmHg, valeur que
niveau pelvien, tandis que les plus faibles l’on peut comparer à celle de la pression
sont situés au niveau sous-diaphragma- artérielle moyenne qui est 10 fois plus
tique. Au niveau thoracique, la pression élevée, de l’ordre de 96 mmHg.
est même infra-atmosphérique (pression Nous l’avons déjà envisagé avec la
dite négative). notion de précharge : la PVC préside au
Le sang se déplaçant du lieu où la remplissage du cœur. Plus elle augmente,
charge est la plus forte vers le lieu où la plus la précharge augmente. Le cœur doit
charge est la plus faible, ces gradients alors se contracter plus fortement pour
de pression, s’ils sont réguliers, harmo- augmenter le volume d’éjection systoli-
nieux et équilibrés, sont une composante que (loi de Frank-Starling). Elle représente
nécessaire au retour veineux. ainsi un facteur intrinsèque de modifica-
Pour que ces gradients soient bien éta- tion du débit cardiaque, sans nécessité
gés et bien réguliers, il faut une mécani- d’intervention neurovégétative.
que viscérale équilibrée et libre. En cas En cas d’augmentation transitoire de
de fixation, de ptose, de dysfonction ou la volémie, comme au cours d’une perfu-
d’irritation, il peut se créer des zones où sion un peu rapide, la PVC peut aussi être
le sang va être ralenti dans les vaisseaux à l’origine d’un réflexe particulier, appelé
collecteurs. Cela occasionne une stase vei- réflexe de Bainbridge. La stimulation des
neuse dans les territoires situés en amont récepteurs veino-atriaux provoque
du ralentissement, c’est-à-dire dans le alors une augmentation de la fréquence
petit bassin et les membres inférieurs. cardiaque, par mise en jeu du système
De nombreux troubles veineux orthosympathique. La signification phy-
comme la pesanteur pelvienne ou siologique de ce réflexe n’est pas évidente
la lourdeur des membres inférieurs et l’on admet généralement qu’il com-
sont ainsi la conséquence de dérègle- plète le mécanisme de Frank-Starling.
Chapitre 3

Homéostasie
du système
cardiovasculaire
Facteurs d’adaptation du système cardiovasculaire

Exemples d’adaptations circulatoires locales

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Manipulations vasculaires viscérales
Homéostasie du système cardiovasculaire 63

Chapitre 3

Homéostasie
du système
cardiovasculaire
La régulation de la fonction circulatoire auxquelles il est soumis grâce à ces deux
veille à procurer assez de sang à toutes les facteurs d’adaptation : la fréquence car-
parties du corps, que l’individu soit au diaque et le volume d’éjection systolique.
repos ou au travail et quelles que soient Les adaptations de la fréquence cardia-
les conditions ambiantes. que sont dites chronotropes et celles du
Il faut : volume d’éjection systolique sont dites
– assurer une perfusion minimale à cha- inotropes (liées à la force ou à l’énergie de
que organe ; contraction musculaire).
– garantir la régulation de la fonction – Les résistances périphériques, qui ont
cardiaque et de la pression artérielle ; un rôle majeur dans les adaptations de
– assurer la répartition du débit sanguin système cardiovasculaire, dépendent
au profit des organes en activité et aux essentiellement de la vasomotricité qui
dépens des organes au repos. régule le rayon vasculaire.
Silbernagl et Despopoulos soulignent Le contrôle de la perfusion des organes se
qu’une perfusion maximale et simulta- fait par une modification du diamètre des
née de tous les organes dépasserait les vaisseaux. Le tonus de la musculature lisse
capacités du cœur. des vaisseaux dépend de facteurs locaux,
Pour maintenir l’homéostasie circula- de signaux nerveux et hormonaux.
toire indispensable au bon fonctionnement La régulation de la fonction circula-
des organes, le système cardiovasculaire toire fait intervenir ces trois niveaux de
doit s’adapter aux variations permanentes contrôle. Nous allons envisager successive-
des différents paramètres hémodynami- ment : les mécanismes de contrôle vascu-
ques. Ces adaptations dépendent du débit laire local ; le système nerveux autonome
cardiaque et des résistances vasculaires. (ou végétatif) ; le système endocrinien.
– Le débit cardiaque varie en permanence Chaque système possède un délai et
et instantanément selon les contraintes une durée d’intervention différents.

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Manipulations vasculaires viscérales
64 Généralités

Facteurs d’adaptation action protège le réseau capillaire des


variations de pression qui pourraient lui
du système cardiovasculaire
être néfastes en altérant l’équilibre des
échanges.
Régulation circulatoire locale L’autorégulation vasculaire a deux
Au sein même des tissus, la vasomotricité fonctions :
dépend en premier lieu de phénomènes – assurer une perfusion constante quelle
locaux, permettant d’ajuster le débit que soit la pression artérielle lorsque la
sanguin aux besoins tissulaires, dans les demande de l’organe perfusé est constante.
limites imposées par le contrôle systémi- Par exemple dans les reins, la résistance
que nerveux et hormonal. artériolaire des néphrons s’adapte auto-
Les artérioles constituent le site princi- matiquement à la pression sanguine
pal de réglage de la résistance circulatoire. régnante. Lors d’une augmentation de la
De nombreux paramètres jouent un pression artérielle systémique, il se pro-
rôle dans la réponse artériolaire locale : duit une vasoconstriction rénale pour
– les modifications métaboliques ; maintenir constant le flux sanguin rénal ;
– la libération de messagers chimiques – ajuster la perfusion à l’activité de l’or-
locaux ; gane, c’est-à-dire ajuster la perfusion à la
– la température ; demande et aux besoins de l’organe. Par
exemple, dans le cas du muscle cardiaque
– la réponse myogène à l’étirement.
ou du muscle squelettique, la perfusion
Autorégulation vasculaire peut atteindre plusieurs fois la valeur de
la perfusion de repos.
Si le système vasculaire était passif, il
existerait une relation linéaire du débit Mécanismes de l’autorégulation
par rapport à la pression : une augmen-
 Effets myogènes
tation du gradient de pression provoque-
rait une augmentation proportionnelle Un élargissement des vaisseaux sous
de débit à travers un organe. l’effet de l’augmentation de la pression
En fait, de très nombreux organes, sanguine provoque une contraction de
parmi lesquels le cerveau et le rein, sont la musculature vasculaire. Il s’agit de la
équipés de vaisseaux réagissant par une réponse myogène à l’étirement : le muscle
vasoconstrictrion à l’augmentation de la lisse artériolaire répond à l’étirement pas-
pression artérielle. Par conséquent, cette sif en augmentant son activité myogène.
vasoconstriction s’oppose à l’augmen- L’étirement passif dépend du volume
tation de débit que provoquerait l’aug- de sang arrivant dans les artérioles. La
mentation de pression dans un système diminution de l’étirement cause la dimi-
vasculaire totalement passif. nution du tonus myogène.
Ainsi, dans une large gamme de pres-
sions, le débit dans de tels organes reste
 Température
stable. Cette autorégulation est principale- Sur la plupart des tissus, l’augmentation
ment le fait des artérioles, en raison de de température provoque une vasocons-
l’importance de leur vasomotricité. Son triction. En revanche, au niveau de la
Homéostasie du système cardiovasculaire 65

peau, l’augmentation de température de leur lieu de production. De très nom-


produit une vasorelaxation, en réponse breuses substances sont rangées dans
à un contrôle central spécifique et en ce groupe. Les principales sont décrites
raison de particularités vasculaires. En ci-après.
effet, La circulation cutanée est riche en – L’histamine produit soit une vaso-
récepteurs α2 dont l’affinité pour la nor- constriction et une augmentation de la
adrénaline augmente avec la baisse de perméabilité de la paroi vasculaire, soit
température. une vasodilatation. Dans les mécanis-
L’acheminement vers la peau et l’éva- mes inflammatoires, l’histamine produit
cuation de calories vers le milieu extérieur ainsi une vasorelaxation artériolaire, une
se trouvent facilités par la vasodilatation vasoconstriction veinulaire et une aug-
cutanée qui se produit lorsque l’individu mentation de la perméabilité capillaire.
doit lutter contre la chaleur. Les symptômes de l’allergie, comme dans
À l’inverse, la vasoconstriction cuta- le rhume des foins, illustrent bien l’effet
née qui se produit lors de l’exposition au congestif qui en résulte.
froid réduit les échanges thermiques avec – La bradykinine est produite par les
l’environnement et limite la déperdition glandes salivaires et sudorales.
calorique.
– Le 5HTP est produit par les plaquettes
 Carence en oxygène sanguines, le système nerveux central
et certaines cellules de la paroi du tube
Généralement, l’hypoxie locale provo- digestif.
que une vasodilatation, ce qui veut dire – Les prostaglandines sont produites
que la perfusion varie en fonction de la par les macrophages, les fibroblastes, les
consommation d’oxygène du tissu. leucocytes et par l’endothélium vascu-
laire. Les prostaglandines ont des effets
 Métabolites très divers sur les vaisseaux. Les prosta-
La plupart des produits dont le taux glandines F (PGF) ont un effet de vaso-
local augmente en fonction de l’acti- constriction ; les prostaglandines E (PGE)
vité métabolique tissulaire ont un effet et la prostacycline sont vasorelaxantes et
vasorelaxant. interviennent particulièrement dans les
D’une façon générale, le gaz carboni- phénomènes inflammatoires.
que (CO2), le monoxyde d’azote (NO), – Les leucotriènes sont libérés par les
les ions acides (H+), l’adénosine diphos- leucocytes dans la réponse inflammatoire.
phate (ADP), l’adénosine monophosphate Ils provoquent une vasoconstriction et
(AMP) ainsi que toutes les substances à une augmentation de la perméabilité de
effet osmotique, comme le potassium (K+), la paroi capillaire.
accroissent la perfusion, effet qui participe – Le facteur d’activation plaquettaire (pla-
au réglage de l’évacuation de ces produits. telet activating factor [PAF]) est produit par
les macrophages dans la réponse inflam-
 Autacoïdes matoire. Il provoque une vasorelaxation
Les autacoïdes sont des « hormones loca- avec augmentation de la perméabilité
les » qui agissent à proximité immédiate capillaire.
66 Généralités

 Endothélium vasculaire – par le mécanisme d’hyperémie méta-


bolique ou fonctionnelle, l’ajustement
L’endothélium qui tapisse le versant
du diamètre des artérioles est responsa-
luminal de la paroi vasculaire joue un
ble de l’adaptation du débit sanguin des
rôle important dans le contrôle de la
tissus à leur activité. Chaque tissu adapte
vasomotricité.
son débit sanguin à ses propres besoins
L’endothélium joue plusieurs rôles
métaboliques ;
essentiels.
– par le mécanisme de vasorelaxation flux-
– Il constitue une barrière mécanique,
dépendante, qui implique le monoxyde
garantissant une étanchéité relative des
d’azote (NO) et les prostaglandines, il existe
vaisseaux et permettant la régulation de
un ajustement du diamètre des artères de
la perméabilité, notamment au niveau
distribution au débit sanguin qu’elles ache-
capillaire.
minent. Chaque vaisseau adapte son diamètre
– C’est une véritable interface entre le à son débit.
sang et la paroi vasculaire. Il assure la
Les facteurs locaux sont indiqués au
transmission et la traduction de messages
tableau 3.1.
chimiques.
– Il intervient dans le contrôle du diamè-
tre vasculaire. Système nerveux
– Par ses caractéristiques de surface et ses
sécrétions, il joue un rôle antiagrégant La régulation nerveuse est assumée par le
plaquettaire. système nerveux autonome ou végétatif,
sur la base d’interactions et de réflexes
Les différentes fonctions de l’endothé-
impliquant des détecteurs, un dispositif
lium ne sont assurées que lorsque son
central d’intégration et des effecteurs.
intégrité structurale est préservée. Par
Le système nerveux autonome joue le
conséquent, tous les facteurs altérant la
rôle d’un contrôleur à court terme de la
morphologie ou la physiologie des cellu-
pression artérielle systémique.
les endothéliales (nicotine, cholestérol,
surcharge mécanique lors de l’hyperten-
sion artérielle, etc.) modifient la perméa-
Récepteurs
bilité de l’endothélium et diminuent ses La pression artérielle est sous la sur-
capacités antithrombogènes ainsi que la veillance constante de barorécepteurs
sécrétion des facteurs vasorelaxants. artériels. Ils organisent des réponses à
C’est ainsi que des altérations endo- court terme, en quelques secondes.
théliales sont impliquées dans de nom- Ils vont contribuer à modifier le débit
breux processus pathologiques et sont au cardiaque et la résistance systémique
cœur même de la physiopathologie de totale induite par l’action du système
l’athérothrombose. nerveux autonome sur le cœur et le mus-
cle lisse des artérioles.
Résultats Pour les ajustements à long terme, cela
Les multiples intervenants dans la régu- passe par l’ajustement du volume sanguin
lation de la circulation locale concourent sous l’influence de la soif et du volume
finalement à deux résultats : des urines.
Homéostasie du système cardiovasculaire 67

Tableau 3.1
Facteurs locaux

Vasodilatateurs locaux Vasoconstricteurs locaux

Produits par les tissus qui ont un apport Produits en réaction à une élévation
sanguin insuffisant de la pression artérielle systémique

Action vasorelaxante sur les muscles lisses Action vasoconstrictive sur les sphincters
des sphincters précapillaires précapillaires. À haute concentration,
action artériolaire et réduction
du flux sanguin pour le tissu

Hypoxie Endothéline
≠ CO2 (dioxyde de carbone) Prostaglandiness
≠ K+ (potassium) Thromboxanes
ADP, AMP Leucotriènes
Histamine
Acidité (acide lactique)
Oxyde nitrique (NO)
Chaleur

 Récepteurs artériels nerfs se projettent au niveau du noyau


du tractus solitaire du tronc cérébral.
Il s’agit des barorécepteurs et des chémo-
Les barorécepteurs sont sensibles aux
récepteurs.
variations d’étirement de la paroi vascu-
Barorécepteurs laire et, par là même, aux variations de
Les barorécepteurs sont des détecteurs la pression artérielle. Certains récepteurs
sensibles à la pression artérielle. Ils sont répondent à l’augmentation, d’autres à la
constitués de terminaisons nerveuses non diminution de l’étirement des récepteurs
encapsulées, situées dans l’adventice de de la paroi artérielle.
certaines grosses artères, essentiellement
le sinus carotidien et l’arc aortique. Chémorécepteurs
Les barorécepteurs carotidiens ont la Les chémorécepteurs, ou récepteurs chi-
position topographique optimale pour miques, se situent dans des corpuscules
surveiller la pression des artères irriguant localisés d’une part au niveau du glomus
le cerveau, tandis que les barorécepteurs carotidien, d’autre part au niveau de l’arc
aortiques permettent de veiller sur les aortique.
principales artères irriguant le reste de Les fibres issues du glomus carotidien
l’organisme. cheminent le long de la IXe paire crâ-
Le nerf sinocarotidien, issu des baro- nienne. Les fibres issues du corpuscule
récepteurs du sinus carotidien, rejoint aortique cheminent le long de la Xe paire
la IXe paire crânienne. Les fibres issues crânienne. Les unes et les autres rejoi-
des barorécepteurs de l’arche aortique gnent le tronc cérébral.
constituent le nerf aortique, rejoignant Les chémorécepteurs sont sensibles à
la Xe paire de nerfs crâniens. Ces deux l’hypoxie, à l’hypercapnie et à l’acidose.
68 Généralités

En réponse à ces stimuli, les chémorécep- Dispositif central


teurs provoquent une augmentation de
C’est au niveau du bulbe et du pont
l’activité sympathique avec vasoconstric-
qu’aboutissent les voies des différents
trion artériolaire périphérique et veino-
récepteurs.
constriction splanchnique.
Si les chémorécepteurs interviennent
en permanence dans la régulation de la
 Centre cardiovasculaire bulbaire
ventilation pulmonaire, leur rôle dans Situé au niveau du bulbe, le centre car-
la régulation cardiovasculaire concerne diovasculaire reçoit continuellement de
essentiellement les conditions extrêmes, nombreuses informations.
comme l’asphyxie ou l’hémorragie sévère. Les barorécepteurs donnent en perma-
Ils contribuent alors au soutien de la pres- nence des informations sur la pression
sion artérielle, notamment en cas d’une artérielle. Dans le centre cardiovasculaire
hypotension grave, lorsque les limites se trouve une zone pressogène qui contrôle
d’action du baroréflexe sont dépassées. les réponses à apporter aux différentes
variations. Celle-ci envoie des impulsions
 Autres récepteurs au système sympathique, au cœur et aux
Outre les récepteurs aortiques et caroti- vaisseaux pour créer un tonus vasculaire
diens, d’autres types de récepteurs contri- de repos (la vasoconstriction de repos).
buent aux régulations cardiovasculaires. Outre les informations en provenance
Les barorécepteurs veineux, situés des différents récepteurs, le centre reçoit
dans la paroi de l’atrium droit, détectent aussi des stimuli des centres cérébraux
les variations de la pression veineuse supérieurs : cortex, hypothalamus, sys-
centrale. On observe aussi des récepteurs tème limbique. Par exemple, le système
à l’étirement au niveau de la paroi des limbique peut engendrer des modifica-
vaisseaux pulmonaires. tions cardiovasculaires avant une épreuve
Ces différents récepteurs envoient aux physique ou lors d’une émotion particu-
centres du tronc cérébral des messages lière (examen). Il va stimuler le centre
qui ont pour effet d’adapter le système cardiovasculaire et faire augmenter la fré-
nerveux végétatif à la pression veineuse quence cardiaque. Autre exemple : pen-
de retour et aux variations de la pression dant une activité physique, la température
intrathoracique dues à la respiration. interne augmente. L’hypothalamus, qui
Les récepteurs veino-atriaux seraient règle notre thermostat interne, transmet
aussi en cause dans la réponse hormo- des influx au centre cardiovasculaire ; les
nale par le peptide atrial natriurétique. vaisseaux de la peau vont se dilater pour
Au niveau des muscles striés squeletti- évacuer de la chaleur.
ques, on a décrit l’existence de récepteurs
musculaires ou « ergo-récepteurs », sen-
 Réponses
sibles aux perturbations métaboliques Le centre ajuste les activités des systè-
et aux actions mécaniques. Ils peuvent mes sympathique et parasympathique
jouer un rôle d’information du système destinés au cœur et aux vaisseaux. Des
nerveux central en ce qui concerne l’état groupes de neurones disséminés dans le
d’activité des muscles. centre cardiovasculaire contrôlent :
Homéostasie du système cardiovasculaire 69

– la fréquence cardiaque ; – action sur la puissance de la pompe, soit


– la contractilité ventriculaire ; directement sur la vitesse de contraction
– le diamètre des vaisseaux sanguins. des fibres musculaires, soit sur la tension
et la relaxation de ces fibres ;
La pression artérielle doit être mainte-
nue à un niveau satisfaisant pour que les – action sur les résistances vasculai-
besoins métaboliques de chaque organe res périphériques : vasoconstriction ou
puissent être assurés. Par exemple, pour vasodilatation.
faire baisser la pression artérielle systé-
mique, le centre cardiovasculaire émet  Système sympathique
moins d’influx sympathiques par les Un premier contingent de fibres sympa-
nerfs vasomoteurs des myocites lisses de thiques émerge de la moelle entre C7 et
la paroi des vaisseaux périphériques. T6, rejoint les ganglions sympathiques
La diminution du débit cardiaque et (ganglion cervical supérieur, moyen est
de la résistance périphérique fait baisser inférieur), puis se distribue à la paroi des
la pression artérielle systémique. gros vaisseaux et au cœur, innervant la
En dépit d’un réglage de base, en cas totalité du myocarde.
d’activité physique, la pression artérielle Un autre contingent sympathique,
augmente, comme si les barorécepteurs issu de la moelle entre T1 et L3, se des-
augmentaient leurs seuils de sensibilité. tine aux artères, aux artérioles et aux vei-
Si la pression artérielle ne monte pas à nes splanchniques.
l’effort, c’est le signe d’un problème ven- La stimulation du système sympathi-
triculaire gauche. que entraîne une augmentation de l’acti-
vité cardiaque :
Voies effectrices – augmentation de la fréquence ;
Les deux branches efférentes du système – augmentation de la contractilité ;
nerveux autonome ont des effets anta- – augmentation de l’excitabilité myocar-
gonistes. Ces voies ont également des dique ;
temps d’action très différents :
– augmentation de la vitesse de conduc-
– la voie sympathique, cardioaccéléra- tion.
trice, est efficace en une dizaine de batte-
Les fibres postganglionnaires orthosym-
ments cardiaques ;
pathiques qui innervent la plupart des
– le délai d’action de la voie parasympa- artérioles de l’organisme libèrent de la
thique, transmis par le nerf vague, est très noradrénaline vasoconstrictive.
court, de l’ordre du battement cardiaque : Cependant, au niveau notamment
on parle de « coup de frein vagal ». des artérioles des muscles squelettiques,
L’action des voies effectrices est de trois il existe non seulement des fibres ortho-
types : sympathiques noradrénergiques, mais
– action sur la fréquence cardiaque, soit également des fibres orthosympathiques
par modification du rythme du pace- cholinergiques vasodilatatrices. Ce sys-
maker, soit par modification de la vitesse tème sympathique vasodilatateur inter-
de transmission de l’influx électrique vient dans l’adaptation des muscles à
dans la paroi du cœur ; l’exercice (D’Alché, 2008).
70 Généralités

 Système parasympathique normal, la fréquence cardiaque est voi-


sine de 70 pulsations par minute. Le tonus
Les fibres du nerf vague rejoignent le cœur
parasympathique cardiomodérateur l’em-
où elles innervent l’atrium et le tissu
porte nettement sur le tonus sympathique.
nodal, tandis que le reste du myocarde ne
reçoit pas d’innervation parasympathi- Médiateurs
que. Les corps cellulaires des fibres pré-
ganglionnaires se trouvent dans le tronc Les médiateurs et récepteurs du système végé-
cérébral, tandis que les corps des deuxiè- tatif cardiovasculaire complètent et modu-
mes neurones, postganglionnaires, sont lent la réponse au niveau des vaisseaux.
situés dans le plexus sous-aortique. Les neurones postganglionnaires du
Dans leur très grande majorité, les système sympathique qui innervent le
vaisseaux sont donc dépourvus d’inner- cœur et les vaisseaux libèrent un média-
vation parasympathique. Il existe cepen- teur, la noradrénaline.
dant quelques exceptions : La noradrénaline stimule les récep-
teurs α sur les cellules musculaires lisses
– un contingent parasympathique sacré
vasculaires et β1 sur les cellules cardia-
est destiné aux artères des organes géni-
ques. Notons toutefois que certains vais-
taux érectiles ;
seaux sont équipés de récepteurs de type
– plusieurs contingents parasympathiques β2 dont la stimulation produit des effets
crâniens se distribuent aux artères des glan- opposés aux premiers (figure 3.2).
des salivaires, du pancréas, de la muqueuse
– Les récepteurs α1 sont les plus cou-
digestive ainsi qu’aux artères coronaires.
rants sur la membrane de la cellule mus-
Le système parasympathique a une culaire lisse vasculaire ; ils ont un effet
action inhibitrice sur l’ensemble des fonc- vasoconstricteur.
tions cardiaques, car sa stimulation provo-
– Les récepteurs α2 sont principalement
que à la fois une diminution de la fréquence
situés sur la paroi des cellules muscu-
cardiaque (action sur le nœud sinusal et
laires lisses vasculaires des vaisseaux
ralentissement de la conduction), une
cutanés. Ils créent un phénomène de
diminution de l’excitabilité du tissu nodal,
neuromodulation.
et une diminution de la contractilité.
Si la stimulation est intense, le ralen- – Les récepteurs β1 ont, sur le cœur, pour
tissement peut être majeur et conduire rôle principal d’augmenter la fréquence
à l’arrêt cardiaque, arrêt spontanément (effet chronotrope positif) et la contracti-
résolutif par « échappement nodal » : le lité myocardique (effet inotrope positif).
tissu nodal échappe à l’action freinatrice – Les récepteurs β2 sont situés au niveau
vagale après quelques secondes (figure des artérioles des muscles striés squeletti-
3.1). C’est ainsi que les syncopes d’origine ques, du foie et des coronaires. Ils ont un
émotive ou douloureuse sont générale- effet vasorelaxant (figure 3.2).
ment brèves et rapidement résolutives. Des fibres sympathiques assurent éga-
La section du système parasympathi- lement l’innervation de la glande médul-
que à destination cardiaque induit une losurrénale, sans faire relais dans les
accélération de la fréquence des bat- ganglions sympathiques. Le deuxième
tements cardiaques, ce qui démontre neurone est alors représenté par les cellu-
l’existence d’une action freinatrice per- les médullosurrénaliennes elles-mêmes.
manente du parasympathique. À l’état Ces dernières sécrètent de l’adrénaline,
Homéostasie du système cardiovasculaire 71

Effets sur
Fréquence
Tissu nodal :
cardiaque
chronotrope -
dromotrope -
Système Neuromédiateur : Cœur
parasympathique acétylcholine
Glandes
salivaires

Vasodilatation Pancréas

Vaisseaux Tissus
« spéciaux » érectiles

Fig. 3.1. Effets cardiovasculaires du système parasympatique.

qu’elles déversent dans le sang (voir plus récemment mis en évidence et


ci-après). encore imparfaitement connus.
Les actions coordonnées des diffé-
rentes composantes neurovégétatives Hormones médullosurrénales
s’intègrent dans ce que l’on nomme
le baroréflexe. Ce dernier organise des  Production
réajustements très rapides de la pression La partie centrale de la glande surrénale,
artérielle systémique en cas de variation ou médullosurrénale, comporte des cellu-
de celle-ci (figure 3.3). les endocrines qui libèrent dans le sang
de l’adrénaline. La médullosurrénale
Système hormonal constitue en quelque sorte un ganglion
Si le système nerveux intervient dans la sympathique hypertrophié et déporté,
régulation rapide et permanente de la libérant son médiateur non pas au niveau
fonction cardiovasculaire, le système hor- d’une synapse, mais dans le courant san-
monal assure quant à lui la régulation lente guin, ce qui en fait un organe endocrine.
mais aussi à plus long terme de ce système.
Quatre systèmes principaux concourent  Effets
principalement à cette régulation :
L’adrénaline et la noradrénaline sont des
– les catécholamines de la médullosurré-
catécholamines produites par la médul-
nale (adrénaline et noradrénaline) ;
losurrénale. Elles sont véhiculées par le
– la vasopressine ou hormone antidiuré- sang jusqu’à leurs récepteurs.
tique ; Leurs effets sont à la fois métaboliques
– le système rénine-angiotensine-aldos- et cardiovasculaires (figure 3.4).
térone ; – Les effets métaboliques des caté-
– le peptide atrial natriurétique. cholamines sont principalement une
D’autres hormones ont aussi des effets augmentation de la glycogénolyse hépati-
cardiovasculaires directs ou indirects, que et une augmentation de la lipolyse.
72 Généralités

Neuromédiateur : Sécrétion adrénaline


Effets hormonaux
acétylcholine & noradréline

Médullosurrénale

Neurofibres
préganglionnaires

Effets sur
Tissu nodal :
Système
chronotrope +
orthosympathique
dromotrope + Fréquence
cardiaque
Force de
Neurofibres Effets sur Fibres contraction
postganglionnaires musculaires :
Cœur
inotrope +
Récepteurs β1
bathmotrope +

Neuromédiateur :
noradrédaline
Vaisseaux « spéciaux » :
Récepteurs β2
(Coronaires, Vasorelaxation
Hépatiques,
Musculaires)

Vaisseaux Vaisseaux
systémiques : Vasoconstriction
Récepteurs α1

Fig. 3.2. Effets cardiovasculaires du système nerveux orthosympathique.

– Les effets cardiovasculaires des catécho- du myocarde, du muscle strié squeletti-


lamines concernent : que et du foie, les catécholamines provo-
• le cœur : leur fixation sur les récepteurs quent au contraire une vasorelaxation.
β1 induit une augmentation de la fré- À l’inverse de la noradrénaline, l’adré-
quence cardiaque (effet chronotrope par naline a une plus grande affinité pour
action sur le tissu nodal) et de la contrac- les récepteurs β que pour les récepteurs
tilité (effet inotrope par action sur des α. Cela explique que les effets directs et
cellules musculaires cardiaques) ; indirects du système nerveux sympathi-
• les vaisseaux : leur fixation sur les récep- que soient différents.
teurs α1 provoque une vasoconstriction. L’effet direct du système nerveux
Sur certains vaisseaux, équipés de récep- sympathique, par la noradrénaline libé-
teurs β2, situés en particulier au niveau rée au niveau de ses terminaisons, est
Homéostasie du système cardiovasculaire 73

Bifurcation carotidienne
Barorécepteurs
Chémorécepteurs

Artère subclavière
Barorécepteurs Arc aortique
Baroréflexe Barorécepteurs
Chémorécepteurs

NC IX Atrium droit
Veine cave
Artères pulmonaires
NC X Barorécepteurs
Volorécepteurs

Centre orthosympathique Centre parasympathique


cardioaccélérateur vasopresseur cardiomodérateur
Stimulus : baisse de la Stimulus : augmentation de la
pression artérielle pression artérielle

Inhibition
Fibres postganglionnaires
Neuromédiateur :
Noradrénaline
Fibres préganglionnaires acétylcholine
Acétylcholine

Vaisseaux
Médullosurrénale Cœur Cœur
Récepteurs β1

Vaisseaux systémiques Effets sur


Récepteurs α1 tissu nodal :
chronotrope -
dromotrope -

Effets sur Effets sur


tissu nodal : fibres musculaires :
chronotrope + inotrope +
dromotrope + bathmotrope +

Sécrétion adrénaline Fréquence cardiaque Vasoconstriction Baisse du tonus Fréquence


& noradrénaline Force de contraction sympathique cardiaque
Vasorelaxation

Fig. 3.3. Le baroréflexe.


74 Généralités

dominé par la vasoconstriction périphé- – sur le rein, l’effet de l’ADH est antidiu-
rique déterminant une augmentation rétique et provoque une réabsorption
de la résistance périphérique totale et, d’eau ;
par conséquent, une augmentation de la – sur l’appareil cardiovasculaire, l’ADH
pression artérielle. a pour effet, à plus forte dose, une vaso-
L’effet indirect du système sympathi- constriction périphérique, notamment
que, par l’intermédiaire de la médullo- cutanée, se manifestant par une pâleur,
surrénale et de l’adrénaline circulante, tandis qu’au niveau des artères coronai-
se manifeste par une augmentation de res et des artères cérébrales, elle entraîne
la fréquence et de la contractilité car- une vasorelaxation (figure 3.5).
diaques, donc par un accroissement du Cette action, qui justifie son appellation
débit cardiaque, tandis que l’on observe de vasopressine, n’apparaît qu’à des concen-
au niveau des muscles striés squeletti- trations fortes, non physiologiques.
ques une vasorelaxation.
 Mise en jeu
 Mise en jeu
La production d’ADH est mise en jeu par
L’intervention de la médullosurrénale dans l’augmentation d’osmolarité sanguine,
la régulation cardiovasculaire est mise en détectée par les osmorécepteurs centraux,
jeu dans des circonstances comme l’exer- connectés à l’hypothalamus.
cice physique, l’hypotension artérielle, mais Elle intervient dans la régulation de la
aussi la réaction de peur ou l’émotion forte. volémie et de l’osmolarité sanguine.
Les catécholamines mettent alors l’or-
ganisme dans des conditions favorables Système rénine-angiotensine-
aux réactions nécessaires (réponse à aldostérone
l’agression, défense, fuite) par la mobili-
sation énergétique (glycogénolyse hépa-  Production
tique et lipolyse), par l’augmentation du La rénine est produite par l’appareil jux-
débit cardiaque, et par la vasorelaxation, taglomérulaire du rein en réponse à une
favorisant l’activité des muscles striés chute de la pression sanguine locale
squelettiques. ou systémique. Elle permet la transfor-
mation de l’angiotensinogène, globu-
Vasopressine line plasmatique produite par le foie en
 Production angiotensine 1.
L’angiotensine 1 est ensuite transfor-
L’ADH (anti-diuretic hormone), ou vaso- mée en angiotensine 2 sous l’effet d’une
pressine, est une hormone produite au enzyme de conversion produite par l’en-
niveau de l’hypothalamus puis véhiculée dothélium vasculaire.
par transport axonal jusqu’à l’hypophyse La totalité du débit cardiaque passant par
postérieure, à partir de laquelle elle est la circulation pulmonaire, cette transfor-
libérée dans le sang. mation a pour site principal le poumon.
 Effets  Effets
L’ADH circulante agit sur le rein et sur L’angiotensine 2 possède plusieurs effets
l’appareil cardiovasculaire : (figure 3.6).
Homéostasie du système cardiovasculaire 75

Système Effets généraux :


orthosympathique lipolyse
glycogénolyse

β2 : vasorelaxation
Hépatique
Musculaire striée squelettique
Médullosurrénale Coronaire

β2 : cœur
Inotrope +
Chronotrope +

Adrénaline
α : vasoconstriction
Systémique
Noradrénaline

Fig. 3.4. Effets cardiovasculaires des cathéolamines surrénaliennes.

Rein :
Osmorécepteurs
Augmentation réabsorption
Système nerveux central
tubulaire de l'eau

Vasorelaxation
Hypothalamus Artères cérébrales
Artères coronaires

Vasopressine Vasoconstriction
Posthypophyse
(ADH) Périphérique
cutanée

Fig. 3.5. Effets cardiovasculaires de la vasopressine.

– Au niveau de la corticosurrénale, elle – Sur le cœur, elle renforce la contracti-


stimule la libération d’aldostérone, cette lité (effet inotrope positif).
dernière favorisant la rétention d’eau et – Sur le système nerveux périphéri-
de sodium par le rein. que, elle favorise le largage de la nora-
– Sur les vaisseaux, elle produit une vaso- drénaline par un phénomène dit de
constriction systémique. neuromodulation.
76 Généralités

Diminution pression
artérielle Endothélium vasculaire

appareil Enzyme de
juxta-glomérulaire Rénine
conversion

Circulation pulmonaire

Angiotensinogène Angiotensine 1 Angiotensine 2


Foie
Inactif Inactive Active

Corticosurrénale :
Sécrétion Aldostérone

Vaisseaux : Cœur : S.N.C : Tonus Rein : Réabsorption


Vasoconstriction Inotrope + orthosympathique tubulaire eau et sodium

Fig. 3.6. Actions et production du système rénine-angiotensine.

– Sur le système nerveux central, elle ren- Dans des conditions normales, c’est le
force la commande sympathique. taux de rénine qui détermine l’activité du
système rénine-angiotensine-aldostérone.
 Mise en jeu Ce mécanisme peut être déréglé lors d’une
affection hépatique chronique, si la syn-
La production de rénine est mise en
thèse d’angiotensinogène est perturbée.
jeu par toute diminution de la pression
artérielle, qu’il s’agisse d’une chute de la Peptide atrial natriurétique
pression artérielle systémique ou d’une
diminution locale de la pression arté-  Production
rielle intrarénale.
Le peptide atrial natriurétique (PAN) est
Cette libération peut aussi être déclen-
produit par des cellules musculaires spé-
chée par l’activité du système sympa-
cialisées de la paroi atriale.
thique rénal, ou encore par l’adrénaline
circulante, par exemple dans le cadre du  Effets
baroréflexe.
La diminution de la charge en sodium Le PAN circulant à pour effets (figure 3.7) :
du tubule rénal augmente aussi la pro- – sur le rein : une augmentation de l’ex-
duction de rénine. crétion rénale de sodium ;
Homéostasie du système cardiovasculaire 77

– sur les vaisseaux : une vasorelaxation modifications concernant principale-


relativement modeste. ment la fréquence cardiaque. Les récep-
teurs cardiopulmonaires interviennent
 Mise en jeu surtout dans l’ajustement du tonus vaso-
La sécrétion du PAN est mise en jeu par moteur périphérique.
l’augmentation de la distension atriale Si le système nerveux et les systè-
moyenne, c’est-à-dire par l’augmenta- mes hormonaux assurent l’équilibre
tion de la pression veineuse centrale. global de l’appareil cardiovasculaire et
l’arbitrage des régulations, les varia-
tions circulatoires locales ou régionales
Complémentarité des systèmes répondent en premier lieu à des méca-
nismes locaux.
Au total, système nerveux et systèmes Toutefois, lorsque les modifications
hormonaux contribuent au maintien de circulatoires locales altèrent les paramè-
l’équilibre cardiovasculaire systémique. tres circulatoires généraux, l’arbitrage
Ils interviennent dès lors que la pression systémique est nécessaire. Par exemple,
artérielle, la pression veineuse centrale, lors de l’exercice physique, la vasorelaxa-
l’osmolarité sanguine ou le pH du sang tion au sein des muscles striés est essen-
sont altérés. tiellement le fait de mécanismes locaux,
– Le système hormonal intervient sur- liés aux modifications métaboliques de
tout à moyen et à long termes, en l’effort. La régulation systémique n’inter-
réponse aux récepteurs osmotiques cen- vient, par des mécanismes réflexes, que
traux et cardiopulmonaires. Il agit prin- si la masse musculaire totale impliquée
cipalement sur le volume sanguin total dans l’effort est telle que la vasorelaxa-
(volémie). tion musculaire entraîne une diminution
– Le système nerveux intervient surtout de la résistance circulatoire périphérique
à court terme et à tout moment, par le totale, et par là, une diminution de la
baroréflexe, sur la fréquence cardiaque. pression artérielle, déclenchant ainsi un
Les barorécepteurs sont à l’origine de baroréflexe.

Augmentation
Augmentation Pression veineuse
Volémie centrale
Rein :
Augmentation de
l'élimination de l'eau
Peptide atrial
Récepteurs atriaux natriurétique
(PAN)

Vaisseaux :
Vasorelaxation

Fig. 3.7. Effets cardiovasculaires du peptide atrial natriurétique.


78 Généralités

Exemples d’adaptations débit cardiaque. Celui de la substance


grise est plus important, de l’ordre de
circulatoires locales
100 ml/min pour 100 g de tissu.
L’activité cérébrale, intellectuelle par
Circulation cérébrale exemple, n’entraîne pas de modification
D’un point de vue anatomique, la cir- notable du débit cérébral total, mais pro-
culation cérébrale est fournie par quatre voque une modification de sa répartition.
pédicules : Par exemple, l’observation visuelle d’une
– les artères carotides internes droite et scène ou d’une image s’accompagne d’une
gauche ; augmentation du débit dans les aires cor-
– les artères vertébrales droite et gauche. ticales occipitales. L’écoute d’une musique
L’existence de trois niveaux d’anasto- ou d’un récit provoque une augmentation
moses entre ces pédicules assure la per- de débit dans les aires temporales.
manence de l’apport circulatoire pour Toutes ces variations de distribution
toutes les régions cérébrales, en toutes corticale du débit sanguin reposent prin-
circonstances et toutes conditions postu- cipalement sur le mécanisme de vaso-
rales. Ces trois niveaux sont : relaxation métabolique.
Le débit sanguin cérébral local s’adapte,
– le polygone de Willis ;
par hyperémie métabolique, aux besoins tis-
– les anastomoses extra- et intracrânien- sulaires locaux.
nes : notamment entre les branches de Le cerveau possède une forte densité
l’artère carotide externe et celles de l’ar- capillaire. Les artérioles cérébrales étant
tère carotide interne, via l’artère ophtal- courtes, la résistance circulatoire se situe
mique ou l’artère maxillaire interne ; plus au niveau des artères que des artério-
– les anastomoses entre les territoires les. De même, l’innervation sympathique
corticaux limitrophes, qui relient entre prédomine au niveau des artères extra-
eux les rameaux des artères cérébrales cérébrales et concerne beaucoup moins
antérieure, moyenne et postérieure. En les artérioles.
revanche, les branches artérielles vascu- Le cerveau est ainsi en mesure de
larisant le parenchyme cérébral sont de contrôler la constance de son apport san-
type terminal. guin, indépendamment des consignes
Le cerveau ne possédant pas de réserve vasomotrices systémiques auxquelles il
énergétique significative, l’impératif prin- échappe. Il peut alors déroger aux consi-
cipal de la circulation cérébrale est repré- gnes données par le contrôle vasomoteur
senté par la nécessité d’un débit constant. systémique, ce dernier étant, au contraire,
L’arrêt de la circulation cérébrale provo- asservi aux besoins du système nerveux
que une perte de conscience quasi ins- central.
tantanée. En raison de l’intolérance du La circulation cérébrale est donc dotée
cerveau à l’hypoxie, l’apport d’oxygène d’une autorégulation très efficace, lui
doit être constant. permettant de maintenir un débit stable
Le débit sanguin cérébral moyen est de lorsque la pression artérielle systémique
l’ordre de 55 ml/min pour 100 g de tissu moyenne varie entre 60 et 180 mmHg :
cérébral, ce qui représente 12 à 15 % du les artères cérébrales réagissent par une
Homéostasie du système cardiovasculaire 79

constriction à une augmentation de pres- une très forte densité capillaire et un fort
sion artérielle systémique, et inversement, taux d’extraction de l’oxygène du sang.
par une relaxation à une chute de cette La circulation coronaire doit assurer
pression. l’approvisionnement en oxygène et subs-
Lorsque la pression s’effondre au-des- trats énergétiques d’un organe en activité
sous de 60 mmHg ou s’élève au-dessus de permanente. Cet approvisionnement doit
180 mmHg, le débit cérébral varie. impérativement augmenter lorsque le
L’autorégulation circulatoire cérébrale travail fourni par le cœur augmente,
se manifeste aussi en réponse aux modi- donc lorsque le débit cardiaque et/ou la
fications chimiques, notamment de la pression artérielle augmentent.
pression partielle en dioxyde de carbone. Le débit coronaire subit de très gran-
Ainsi, l’hyperventilation volontaire s’ac- des variations, selon le travail cardiaque :
compagne d’une alcalose hypocapnique de 70 à 80 ml/min pour 100 g de tissu au
et provoque rapidement une vasocons- repos, jusqu’à 300 ou 400 ml/min pour
triction cérébrale. L’apnée, au contraire, 100 g de tissu à l’effort.
s’accompagne d’une acidose hypercapni- Le débit coronaire décroît durant la
que et provoque une vasorelaxation. systole car, durant cette phase, la contrac-
La circulation cérébrale est aussi tion comprime les vaisseaux du muscle
remarquable par l’étanchéité de son revê- cardiaque et s’oppose à l’écoulement
tement endothélial : la barrière hémato- sanguin. La majorité du débit coronaire
encéphalique est étanche (absence de est assurée pendant la diastole, période
pores sur la surface endothéliale). pendant laquelle s’écoulent 80 % du
Enfin, le cerveau se trouvant, chez débit coronaire total. Ainsi, cette perfu-
l’adulte, dans une boîte non distensible, sion est très précaire lorsque la fréquence
l’augmentation de la pression intracrâ- cardiaque augmente, en particulier chez
nienne peut altérer la perfusion cérébrale le sujet présentant une pathologie arté-
(par exemple en cas d’œdème cérébral). rielle coronaire.
Lorsque la pression intracrânienne s’ap- Anatomiquement, les artères coro-
proche de la pression artérielle systo- naires sont de type terminal, ce qui, sur
lique, elle s’oppose au débit sanguin et le plan fonctionnel, signifie qu’il n’y a
entraîne une ischémie, elle-même res- pas d’anastomoses permettant une sup-
ponsable d’une acidose susceptible d’ac- pléance en cas d’obstruction.
croître encore l’œdème en provoquant la La vasorelaxation métabolique est le
fuite d’eau vers le secteur interstitiel. facteur prédominant de régulation du
débit sanguin coronaire, qui doit mainte-
Circulation coronaire nir un débit basal important. L’adrénaline
a un effet vasorelaxant sur la circulation
La circulation coronaire est remarquable coronaire par son action sur les récep-
par sa situation anatomique, l’origine des teurs β2.
artères coronaires se trouvant immédiate- Le muscle cardiaque bénéficie aussi
ment après les valvules aortiques. C’est une d’une grande flexibilité, puisqu’il peut
circulation très courte, se drainant dans utiliser des sources énergétiques diver-
l’atrium droit par le sinus coronaire, avec sifiées : non seulement le glucose, mais
80 Généralités

aussi les acides gras et les corps cétoni- nue en réponse à cette augmentation de
ques, ainsi que les lactates. Il dispose par débit portal. À jeun, au contraire, le débit
ailleurs de réserve en oxygène sous forme sanguin portal est faible et il se produit
de myoglobine. une relaxation artériolaire hépatique qui
augmente le débit.
Circulation splanchnique Le débit hépatique de base, qui repré-
sente 20 % du débit cardiaque, est ainsi
La circulation splanchnique présente très supérieur aux besoins métaboliques
elle aussi des particularités anatomiques. propres du foie. Cela se justifie par la
Les trois axes artériels principaux (artère place importante que tient cet organe,
cœliaque, artère mésentérique supé- notamment par son rôle d’émonctoire,
rieure, artère mésentérique inférieure) lié à ses fonctions exocrines, et par ses
constituent par leurs branches un large nombreuses fonctions endocrines.
réseau d’anastomoses. Ce dernier permet La circulation splanchnique participe
une suppléance très efficace en cas d’obs- largement aux actions de régulation de la
truction de l’un ou l’autre tronc. pression artérielle. Ainsi, le soutien de la
De plus, la veine splénique et les veines pression artérielle peut exiger une vaso-
mésentériques convergent pour former la constriction splanchnique intense pro-
veine porte qui rejoint le foie. Le sang tra- longée. C’est ce qui se passe par exemple
verse donc successivement deux réseaux lors d’un effort sportif important.
capillaires, le réseau mésentérique ou
– Sur le versant artériel, cette vasocons-
splénique, puis le réseau hépatique. C’est
triction permet de compenser en partie la
ce qui caractérise un système porte, véri-
chute de résistance périphérique consé-
table montage vasculaire en série.
cutive à la vasorelaxation musculaire.
Le débit sanguin total du foie et de
l’ordre de 1 à 1,5 litre par minute, réalisé – Sur le versant veineux, la veinoconstric-
par un double apport sanguin : tion permet de soutenir la pression vei-
neuse centrale, la circulation splanchnique
– artériel par l’artère hépatique (un tiers jouant ainsi un rôle capacitif essentiel.
environ), oxygéné ; Après un repas, on observe une vasore-
– veineux par la veine porte (deux tiers laxation mésentérique qui augmente le
environ), désaturé. flux veineux portal, accompagnée d’une
Il existe une adaptation fonctionnelle vasoconstriction artérielle hépatique,
par un mécanisme de balance artériopor- conséquence des mécanismes de balance
tale (hepatic arterial buffer response), selon évoqués ci-dessus.
lequel le débit de l’artère hépatique aug-
mente lorsque le débit de la veine porte Circulation pulmonaire
diminue et inversement.
L’ingestion d’aliments, mais non celle La circulation pulmonaire assure les
d’eau, provoque une hyperémie mésenté- échanges gazeux entre les alvéoles pul-
rique, avec augmentation du retour vei- monaires et les capillaires. Elle constitue
neux mésentérique et, par conséquent, le passage obligé et unique entre le cœur
une augmentation du débit de la veine droit et le cœur gauche et reçoit ainsi
porte. Le débit de l’artère hépatique dimi- 100 % du débit cardiaque.
Homéostasie du système cardiovasculaire 81

Le sang quitte le cœur par les artères du volume sanguin total et semble peu
pulmonaires qui sont les seules artè- sujet à variation. En section transversale
res du corps humain transportant du les artères pulmonaires apparaissent ova-
sang désoxygéné. Il passe ensuite dans les et ne deviennent circulaires que lors
les réseaux des capillaires pulmonaires, du passage de l’ondée sanguine. La défor-
où il y a des échanges de gaz avec l’air mation élastique de leur paroi explique,
contenu dans les alvéoles pulmonaires là encore, l’amortissement de l’écoule-
puis retourne au cœur gauche par les ment par saccades du sang venant du
quatre veines pulmonaires. cœur (voir Effet Windkessel), ce qui per-
La circulation pulmonaire a une faible met une perfusion continue des capillai-
résistance à l’écoulement qui lui permet res pulmonaires.
d’assurer un haut débit circulatoire. La En raison de la grande distensibilité
pression sanguine y est peu élevée et la des vaisseaux pulmonaires, les effets de
paroi des artères assez mince. La pression la gravité se font sentir sur la circulation
dans le ventricule droit et le tronc pulmo- pulmonaire. Chez le sujet debout, du
naire est 6 à 8 fois plus basse que dans le fait des différences de pression hydro-
ventricule gauche et l’aorte. Bien que les statique, les vaisseaux situés à la base des
pressions soient différentes, soulignons poumons sont largement ouverts, tandis
encore une fois que les deux ventricules que les vaisseaux situés à l’apex peuvent
éjectent la même quantité de sang. être collabés. La perfusion est répartie de
Lorsque le débit cardiaque s’accroît, les façon plus homogène chez le sujet en
résistances dans les vaisseaux pulmonai- position couchée.
res chutent. La très grande distensibilité À l’inverse des autres territoires circula-
des vaisseaux pulmonaires permet une toires, la circulation pulmonaire répond
augmentation importante de débit sans par une vasoconstriction à l’hypoxie, à
augmentation marquée de la pression, l’histamine et à la bradykinine.
protégeant ainsi la barrière alvéolocapil- Rappelons enfin le grand rôle que joue
laire qui est très fragile. la circulation pulmonaire dans les régu-
Le volume sanguin de la circulation lations circulatoires systémiques par la
pulmonaire représente environ 10 à 12 % production de l’enzyme de conversion.
Chapitre 4

Facteurs de risque
cardiovasculaire
Âge et sexe

Tabac

Diabète

Hypertension artérielle

Hérédité

Lipides sanguins

Surcharge pondérale et obésité

Sédentarité

Stress

Alcool

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Manipulations vasculaires viscérales
Facteurs de risque cardiovasculaire 85

Chapitre 4

Facteurs de risque
cardiovasculaire
Tout le monde ne présente pas le même – l’obésité ou la surcharge pondérale ;
risque de développer une maladie cardio- – la sédentarité ;
vasculaire. Si les lésions d’athérosclérose – le stress ;
peuvent se constituer très tôt, parfois dès
– l’alcool.
l’adolescence, elles se forment d’autant
plus vite qu’il y a davantage de facteurs
aggravants associés. Ces facteurs, appelés
facteurs de risque cardiovasculaire, sont Âge et sexe
aujourd’hui bien connus.
Les facteurs de risque sont des com- Au fil des ans, les artères perdent de
portements, des situations ou des anté- leur élasticité et deviennent plus rigi-
cédents dont la présence entraîne une des. Les plaques d’athérome qui se for-
modification de la fréquence de la maladie. ment dans leurs parois constituent des
Un facteur de risque peut se définir lésions de l’endothélium et sont autant
comme un état physiologique (âge par de points de départ possibles de maladies
exemple), pathologique (hypertension cardiovasculaires.
artérielle) ou encore une habitude de vie Ainsi, la probabilité de survenue d’un
(tabagisme), qui se trouvent associés à accident cardiaque ou vasculaire céré-
une incidence accrue de la maladie. bral augmente nettement à partir de
Les facteurs de risque de la maladie 50 ans chez l’homme et de 60 ans chez
cardiovasculaire sont : la femme.
– l’âge et le sexe : supérieur à 50 ans chez Le niveau de risque chez la femme rejoint
l’homme, supérieur à 60 ans chez la très progressivement celui de l’homme,
femme ; plusieurs années après la ménopause.
La différence dans le risque de sur-
– le tabagisme : actuel ou arrêté depuis
venue de la maladie coronarienne chez
moins de 3 ans ;
l’homme et la femme est très probable-
– le diabète : traité ou non ; ment expliquée par leur situation hor-
– l’hypertension artérielle : traitée ou non ; monale différente :
– l’hérédité ; – avant la ménopause, les femmes sont
– l’excès de mauvais cholestérol ou l’in- moins exposées que les hommes au ris-
suffisance de bon cholestérol ou les deux ; que cardiovasculaire ;

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Manipulations vasculaires viscérales
86 Généralités

– à la ménopause, alors que les sécrétions Diabète


d’estrogènes diminuent, la fréquence des
accidents cardiovasculaires augmente Les conséquences du diabète sur la santé
très nettement chez les femmes et rat- sont très nombreuses. L’excès de glucose
trape celle des hommes du même âge ; dans le sang pendant plusieurs années a
– plusieurs années après la ménopause, un effet toxique à la fois sur les artères et
les femmes ont même un risque cardio- sur le système nerveux.
vasculaire plus élevé que les hommes. Sur les petites artères, il affecte princi-
palement les yeux et les reins.
Tabac – Sur les yeux, il crée une rétinopathie,
qui se manifeste par des troubles visuels
Le tabac est directement ou indirecte- et peut rendre définitivement aveugle.
ment responsable de la mort de très nom- Le diabète constitue la première cause de
breuses personnes. Outre les nombreuses cécité chez l’adulte.
pathologies pulmonaires que le tabac – Sur les reins, l’artériopathie fait évoluer
provoque, il est clairement établi que le le patient vers l’insuffisance rénale chro-
tabagisme est un facteur de risque cardio- nique, ce qui nécessite à terme la dialyse,
vasculaire très important. voire la transplantation rénale.
Le tabagisme est particulièrement asso- Sur les grosses artères, le diabète favorise
cié aux complications aiguës de la maladie la formation de plaques d’athérome, aug-
coronarienne et à ses complications, comme mentant le risque de maladies cardiovas-
l’infarctus du myocarde et la mort subite. culaires de manière très importante. Les
La consommation de 10 cigarettes par trois cibles de prédilection sont au niveau :
jour multiplie par deux le risque de faire
– du cœur : il affecte les artères coronai-
une crise cardiaque par rapport à un
res, favorisant l’infarctus ou l’angine de
non-fumeur ; 20 cigarettes par jour mul-
poitrine ;
tiplient par trois ce même risque.
Le tabagisme passif présente aussi une – du cerveau : il touche les artères caroti-
menace pour la santé. Il a été démontré des, et se trouve à l’origine de nombreux
qu’un homme non fumeur marié à une accidents vasculaires cérébraux ;
femme fumeuse avait un risque de faire – des membres inférieurs : il favorise le
un infarctus augmenté de 25 %. développement de l’artériopathie oblité-
Le sevrage tabagique entraîne un béné- rante des membres inférieurs.
fice important et précoce : 2 à 3 ans après Sur les nerfs peut s’organiser une neuro-
le sevrage, le risque coronarien ne diffère pathie diabétique, responsable de douleurs
plus significativement de celui des non- dans les jambes, difficile à soulager. Sa fré-
fumeurs. quence augmente avec l’ancienneté du dia-
En cas d’infarctus, le risque de récidive bète et avec l’âge de la personne touchée.
ou de décès diminue de façon impor- Cette neuropathie, associée aux attein-
tante dès la première année de sevrage tes des petits vaisseaux, peut entraîner
pour rejoindre en quelques années le ris- des plaies du pied pouvant conduire à
que des non-fumeurs. l’amputation.
Facteurs de risque cardiovasculaire 87

Hypertension artérielle sable d’infarctus cérébraux de petite taille


par occlusion des artérioles perforantes.
Le lien entre niveau tensionnel et risque L’athérosclérose est à l’origine d’environ
cardiovasculaire est bien établi. L’hyper- un tiers des lésions cérébrales chez l’hyper-
tension est une maladie particulièrement tendu. Elle entraîne des infarctus cérébraux
fréquente dans les pays industrialisés. de grande taille, uniques ou multiples. Un
Le plus souvent, elle n’a pas d’origine processus hémorragique n’est observé que
identifiée : on parle alors d’hypertension dans 20 % des cas.
essentielle. Au niveau cardiaque, l’HTA :
Dans certains cas néanmoins, elle est – favorise la formation de plaques athé-
due à des causes identifiables (alcool, romateuses au niveau des gros troncs
prise de médicaments comme les corticoï- coronariens, responsable d’une véritable
des ou les contraceptifs oraux, consom- insuffisance coronarienne « organique » ;
mation de drogues comme la cocaïne ou – contribue, en collaboration avec divers
l’ecstasy, certaines maladies notamment facteurs neurohormonaux, à l’apparition
rénales, etc.) : on parle alors d’hyperten- d’une hypertrophie ventriculaire gauche.
sion secondaire (HAS, 2005). Cette dernière s’associe à des anomalies
La plupart du temps, l’hypertension structurelles et fonctionnelles des petites
artérielle (HTA) est silencieuse : elle ne artères et des artérioles coronaires, augmen-
provoque ni symptôme, ni signe visible, tant encore l’insuffisance coronarienne.
d’où son nom de « silent killer ». Seule une
mesure de la pression artérielle, effectuée
régulièrement, peut la détecter.
Les grandes études épidémiologiques
Hérédité
ont montré que la relation pression arté- L’hérédité cardiovasculaire est un facteur
rielle/risque cérébral était beaucoup plus de risque majeur. Sont considérés comme
marquée que la relation pression arté- significatifs les accidents survenus chez
rielle/risque coronarien. les membres directs de la famille (père,
Le processus d’artériosclérose, spécifi- mère, frère ou sœur). Il suffit qu’un seul
quement lié à l’HTA et au vieillissement, d’entre eux soit atteint de maladie cardio-
doit être distingué du processus d’athéros- vasculaire pour que le risque d’en déve-
clérose, pour lequel l’HTA n’intervient que lopper une soit augmenté.
comme facteur de risque. L’artériosclérose Cependant, seuls les accidents cardio-
se traduit par une atteinte pathologique vasculaires survenus précocement sont à
de la média, au niveau des gros et des prendre en compte :
petits vaisseaux, tandis que l’athérosclé-
– infarctus du myocarde ou mort subite :
rose affecte essentiellement l’intima des
gros troncs artériels, notamment dans les • avant 55 ans chez le père ou un frère ;
zones artérielles à flux turbulent. • avant 65 ans chez la mère ou une
Au niveau cérébral, le processus d’artério- sœur.
sclérose est impliqué dans au moins 50 % – accident vasculaire cérébral chez un
des cas d’accident vasculaire. Il est respon- membre de la famille avant 45 ans.
88 Généralités

Lipides sanguins taux est trop faible, leur protection n’est


pas assez efficace. Une concentration de
Le lien entre hypercholestérolémie et HDL inférieure à 0,35 g/l (recomman-
maladie par athérosclérose est particuliè- dations françaises) ou 0,4 g/l (recom-
rement bien établi, essentiellement pour mandations américaines) peut ainsi être
les pathologies coronariennes. considérée comme un facteur de risque
Le cholestérol est un constituant lipi- supplémentaire.
dique présent dans des tissus et des liqui-
des de l’organisme. Il est nécessaire à la
formation des hormones sexuelles, des
Surcharge pondérale
corticoïdes et de la bile. Une partie du et obésité
cholestérol provient directement de l’ali-
La surcharge pondérale est appréciée de
mentation, mais l’essentiel est fabriqué
façon globale par l’indice de masse cor-
par le foie.
porelle (IMC ; poids/taille2) :
Afin d’atteindre les différents tissus de
l’organisme par la circulation sanguine, – IMC 20–25 kg/m2 : poids normal ;
le cholestérol se fixe à des transporteurs – IMC 25–30 kg/m2 : surcharge pondérale ;
plasmatiques. Ces transporteurs, appelées – IMC ≥ 30 kg/m2 : obésité ;
lipoprotéines, sont classés en fonction de – IMC ≥ 40 kg/m2 : obésité morbide.
leur densité. La surcharge pondérale et, bien sûr,
– Les lipoprotéines de basse densité (low l’obésité sont associées à un risque coro-
density lipoprotein [LDL]) véhiculent le narien nettement accru. Ce risque est
cholestérol du foie vers toutes les cellules en partie dépendant de l’impact de la
de l’organisme qui en ont besoin pour surcharge pondérale sur les autres fac-
fonctionner et reconstruire leurs mem- teurs de risque. Souvenons-nous qu’un
branes cellulaires. Lorsque ce cholestérol kilogramme de graisse en trop aug-
est en excès, il a tendance à se déposer mente de 650 km la longueur du réseau
progressivement sur les parois des artè- vasculaire !
res, formant des dépôts lipidiques à Ainsi, plus de 75 % des hypertensions
l’origine des plaques d’athérome respon- artérielles sont en partie dues à la sur-
sables des maladies cardiovasculaires. Un charge pondérale.
taux anormalement élevé de cholestérol Aujourd’hui, l’obésité et la surcharge
à basse densité signifie que ce risque de pondérale gagnent de plus en plus de ter-
dépôt est augmenté, ce qui lui vaut par- rain. On peut dire que presque la moitié
fois le nom de « mauvais cholestérol ». des habitants des pays riches se trouve
– Les lipoprotéines de haute densité (high actuellement en surpoids.
density lipoprotein [HDL]) jouent le rôle Au-delà de la corpulence totale, la répar-
d’épurateurs, car elles récupèrent le cho- tition de l’adiposité a un impact impor-
lestérol en excès dans les organes et le tant sur le risque cardiovasculaire. L’excès
transportent vers le foie pour qu’il l’éli- d’adiposité abdominale augmente de façon
mine. Elles ont donc une action protec- significative le risque cardiovasculaire.
trice de la paroi artérielle. Lorsque leur On peut l’apprécier par le ratio tour de
Facteurs de risque cardiovasculaire 89

taille/tour de hanche ou, plus simple- jours, ce qui correspond à une demi-heure
ment, par le tour de taille seulement. de marche rapide.
Un ratio > 0,95 chez l’homme et > 0,80
chez la femme constitue un indicateur de
risque cardiovasculaire important. Stress
L’excès d’adiposité abdominale est for-
tement associé à un certain nombre de Il a fallu de nombreuses années pour que
perturbations faisant partie de ce qui est la communauté scientifique admette que
désigné en médecine comme le syndrome le stress est un facteur de risque cardiovas-
polymétabolique. Il associe à des degrés culaire à part entière. Le stress est une inte-
divers : raction entre l’individu et les contraintes
de son environnement. Le risque cardio-
– insulinorésistance, tendance à l’hyper-
vasculaire est plus lié à la réponse de l’indi-
glycémie ou au diabète de type II ;
vidu qu’aux contraintes elles-mêmes.
– hyperlipidémie associant typiquement Le stress peut être subdivisé en deux
élévation des triglycérides et baisse du catégories :
cholestérol HDL ;
– les facteurs émotionnels, l’anxiété, la
– tendance à l’hypertension artérielle. dépression, les troubles affectifs ou l’in-
capacité de pouvoir exprimer sa colère ;
– le stress chronique, lié au faible statut
Sédentarité
socioéconomique, à la charge de travail,
L’exercice physique régulier s’accompa- ou au faible soutien social.
gne d’une diminution de la fréquence Un stress psychosocial se développe
cardiaque et de la pression artérielle, lorsqu’il y a un déséquilibre entre la charge
contribuant ainsi à diminuer les besoins à porter (toutes les exigences émanant de
myocardiques en oxygène. En outre, l’ef- l’environnement et de nous-mêmes, les
fort physique aide à perdre du poids, à soucis quotidiens, les événements éprou-
diminuer les triglycérides, à augmenter le vants) et notre capacité de faire face à ces
cholestérol HDL, à réduire l’agrégabilité difficultés.
plaquettaire et la réponse adrénergique Ce déséquilibre entraîne des signaux
au stress, et à stimuler la fibrinolyse. de stress au niveau de nos sentiments,
Pour la grande majorité des citadins, de nos pensées, de notre comportement
la dépense énergétique se limite aux seu- et de notre corps, qui aggravent et entre-
les activités de loisirs. Une méta-analyse tiennent ce stress.
(Berlin, Colditz, 1990) a montré, à par- Le stress accroît l’activité du système
tir de plusieurs études de cohorte, que la sympathique et occasionne une augmen-
sédentarité multipliait par 1,9 le risque tation du niveau de catécholamines san-
de décès d’origine coronarienne. guines, comme la noradrénaline. Cette
En tant que thérapeutes, il est impor- teneur élevée de catécholamines contri-
tant de recommander aux patients de pra- bue à accroître les taux de cholestérol et
tiquer au minimum 30 minutes d’exercice de sucre sanguins, à faire monter la ten-
physique d’intensité modérée tous les sion artérielle et à réduire la souplesse des
90 Généralités

fluctuations du rythme cardiaque (Black Alcool


et Garbutt, 2002).
Les manifestations constituant les signes Chez la personne hypertendue, on prend
d’alarme les plus courants du stress sont également en compte la consommation
une difficulté à s’endormir et/ou un réveil excessive d’alcool : plus de 3 verres de
matinal précoce, une fatigue persistante, vin par jour chez l’homme et de 2 verres
des tensions musculaires dans la mâchoire, par jour chez la femme (HAS, 2005).
la nuque et les épaules, une moindre capa- N’oublions pas l’effet cumulatif : il est
cité de récupération, une diminution de facile de calculer que 3 verres de vin par
la concentration et de la mémoire immé- jour représentent environ 120 bouteilles
diate, ainsi que l’agoraphobie. de vin par an !
Chapitre 5

Maladies courantes
du système
cardiovasculaire
Athérome

Artériosclérose

Anévrisme artériel

Angiome

Insuffisance ou maladie coronarienne

Thrombose veineuse profonde

Hypertension artérielle

Maladie de Raynaud

Maladie de Horton

Insuffisance cardiaque

Vieillissement et système cardiovasculaire

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Manipulations vasculaires viscérales
Maladies courantes du système cardiovasculaire 93

Chapitre 5

Maladies courantes
du système
cardiovasculaire
Athérome Étiologie
L’athérosclérose est considérée comme
Anatomie pathologique étant une maladie de personnes âgées,
car c’est habituellement dans ce groupe
Des plaques athéromateuses peuvent se
d’âge que les signes cliniques apparais-
développer dans l’intima des artères de
sent. Cependant, les plaques débutent
gros et moyen calibres. Il s’agit d’une
dès l’enfance dans les pays développés.
accumulation de cholestérol et d’autres
Si l’origine des plaques athéromateuses
composés lipidiques, d’une hypertro-
est incertaine, il semble que des facteurs
phie du muscle lisse vasculaire et de
prédisposants exercent leurs effets sur
monocytes remplis de graisse. Cette
une longue période. Ils comprennent :
plaque est recouverte d’un chapeau de
fibrose. – des antécédents familiaux ;
Ces plaques grossissent et s’étendent – l’exposition plus importante du sexe
le long de la paroi artérielle, formant masculin par rapport au sexe féminin
une saillie dans la lumière des vaisseaux. jusqu’à la ménopause ;
Parfois, toute l’épaisseur de la paroi et de – le vieillissement ;
très longs segments du vaisseau peuvent – l’hypertension artérielle ;
être atteints. Certaines plaques peuvent – le diabète ;
se rompre, mettant en contact le sang et
– le tabagisme ;
les matériaux situés sous l’intima. Cela
peut entraîner une thrombose et un vaso- – le stress excessif ;
spasme altérant le flux sanguin. Les artères – l’alimentation riche en hydrates de car-
les plus souvent atteintes sont celles du bone raffinés, en cholestérol et en acides
cœur, du cerveau, des reins, de l’intestin gras saturés ;
grêle et des membres inférieurs. – l’obésité ;

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Manipulations vasculaires viscérales
94 Généralités

– la sédentarité ; – une artère cérébrale, elle entraîne une


– la consommation excessive d’alcool. ischémie cérébrale conduisant à un infarc-
La plupart du temps, c’est la combi- tus cérébral.
naison de différents paramètres qui est
la cause de la formation des plaques Complications de l’athérome
d’athérome.
Thrombose et infarctus
Effets de l’athérome Si le revêtement fibreux d’une plaque se
rompt, les plaquettes sanguines peuvent
L’obstruction artérielle par plaques athé- être activées et un caillot sanguin se for-
romateuses peut être partielle ou totale. mer. Celui-ci bouche plus ou moins l’ar-
Celles-ci peuvent réduire ou supprimer tère et peut déterminer une ischémie et
complètement l’apport sanguin. Leurs un infarctus. Des fragments de ce caillot
effets dépendent du siège et du calibre de peuvent se détacher, être emportés par le
l’artère concernée ainsi que de l’impor- courant sanguin et créer une embolie dans
tance de la circulation collatérale. des artères plus petites, en aval du caillot.
Une sténose artérielle incomplète pro-
voque une ischémie des tissus en aval Hémorragie
de la sténose. Les tissus peuvent recevoir Si des sels de calcium se déposent dans
encore assez de sang pour que leurs besoins les plaques, la paroi artérielle devient fra-
minimaux soient satisfaits, mais pas assez gile, rigide et répond mal aux élévations
pour faire face à une activité métabolique de la pression artérielle. Elle peut se rom-
accrue. Par exemple, quand l’activité mus- pre et créer une hémorragie.
culaire s’accroît, une douleur ischémique
peut apparaître, semblable à une crampe Formation d’un anévrisme
musculaire. Le muscle cardiaque et les Les perturbations du flux sanguin occa-
muscles squelettiques des membres infé- sionnées par une plaque d’athérome
rieurs sont les plus couramment affectés peuvent favoriser l’apparition d’une dila-
par ce phénomène. La douleur ischémi- tation locale et un anévrisme peut ainsi
que du cœur est appelée angine de poitrine, se développer.
ou angor ; celle des membres inférieurs est
appelée claudication intermittente. Symptomatologie
En cas d’occlusion complète d’une
artère, les tissus tributaires de celle-ci dégé- L’expression clinique de l’athérosclérose
nèrent rapidement et meurent par isché- est fonction de la localisation des lésions
mie responsable d’infarctus. L’étendue des athéromateuses. Cependant, certains
lésions tissulaires dépend du calibre de territoires sont touchés de manière pré-
l’artère occluse, de l’étendue et du type des férentielle et sont souvent associés chez
tissus concernés ainsi que de l’importance un même patient. Le plus fréquemment,
de la circulation collatérale. Si l’occlusion l’athérome atteint :
touche : – les artères coronaires ;
– une artère coronaire, il se produit un – les bifurcations carotidiennes ;
infarctus du myocarde ; – les artères iliaques et fémorales.
Maladies courantes du système cardiovasculaire 95

La prise des pouls procure des renseigne- Artère de gros et moyens calibres
ments importants. L’abolition des pouls
du membre inférieur peut parfois être La média est infiltrée par des tissus fibreux
constatée en cas de sténose importante. et du calcium. De ce fait, les vaisseaux
L’aorte peut aussi être précocement concernés perdent de leur élasticité. Leur
touchée, mais du fait du calibre important lumière se dilate et devient tortueuse.
de cette artère, la sténose est asymptoma- La perte d’élasticité accroît la pression
tique. Cependant, l’atteinte athéroma- artérielle systolique puisque l’artère ne
teuse aortique peut occasionner soit des peut plus se dilater lors de la systole. Il
migrations d’emboles vers des territoires en résulte un élargissement de la pres-
plus distaux, soit la survenue d’un ané- sion différentielle du fait de l’augmenta-
vrisme de l’aorte abdominale. tion de la différence entre les pressions
Il n’y a habituellement aucun symp- systolique diastolique.
tôme jusqu’à ce qu’une ou plusieurs artères
soient obstruées par la plaque d’athérome Petites artères et artérioles
et que l’écoulement de sang soit sévère-
L’épaississement de la média rétrécit la
ment réduit pour provoquer une isché-
lumière des artères qui deviennent tor-
mie dans le territoire vascularisé.
tueuses. Ces artères, nous l’avons expli-
L’ensemble du processus athéromateux
qué, sont les déterminants principaux
évolue ainsi à bas bruit et reste longtemps
de la résistance périphérique. Le rétré-
asymptomatique.
cissement de leur lumière augmente la
Par exemple, l’oblitération très pro-
résistance périphérique et, de ce fait, la
gressive à 75 % d’une artère coronaire
pression artérielle augmente également.
peut être asymptomatique ou donner un
Une ischémie des tissus tributaires des
angor stable. Le premier symptôme peut
artères atteintes peut survenir. Aux mem-
alors être un infarctus du myocarde, si
bres inférieurs, l’ischémie prédispose à la
un caillot obstrue brutalement la lumière
gangrène, particulièrement sévère chez
résiduelle de l’artère au niveau de la
les diabétiques.
plaque.
L’artériosclérose sénile est une affection
Les symptômes typiques de l’athéro-
des personnes âgées dans laquelle la perte
sclérose sont la douleur thoracique, quand
progressive de l’élasticité des artères et la
une artère coronaire est impliquée, ou les
réduction de la lumière artérielle entraî-
douleurs de jambe quand une artère du
nent une ischémie cérébrale et une perte
membre inférieur est touchée.
des fonctions mentales.
Il existe souvent une hypertension arté-
rielle dans la maladie athéromateuse.
Anévrisme artériel
Artériosclérose Anatomie pathologique
Il s’agit d’une dégénérescence progressive L’anévrisme est une dilatation artérielle
de la paroi artérielle liée à l’âge et accom- anormale. En général, elle reste localisée
pagnée d’hypertension. et sa taille est très variable. L’anévrisme
96 Généralités

est la conséquence de l’amincissement et Dépôts de


de l’affaiblissement d’un segment de la caillots de sang
paroi d’une artère ou d’une veine, faisant
plus ou moins saillie vers l’extérieur et
formant une sorte de sac ballonné.

Étiologie
Les étiologies d’un anévrisme ne sont pas
claires, mais certains facteurs prédispo-
sants sont parmi les causes les plus fré- Anévrisme fusiforme
quentes d’anévrisme :
– l’athérosclérose ;
– les traumatismes ;
– l’athérome ;
– l’hypertension artérielle ;
– les anomalies congénitales des vaisseaux
sanguins ;
– une formation défectueuse du collagène
de la paroi artérielle ;
– la syphilis.

Formes
Anévrisme sacculaire
Il existe plusieurs formes d’anévrisme
(figure 5.1) dont les plus fréquentes sont :
– les distensions fusiformes, qui touchent
principalement l’aorte et parfois les artè-
res iliaques. Ces artères présentent habi-
tuellement des lésions athéromateuses ;
– les anévrismes sacculaires, qui font
saillie sur un côté de l’artère. Ils peuvent Anévrisme disséquant
être occasionnés par du collagène défec-
Fig. 5.1. Anévrismes artériels.
tueux, des lésions athéromateuses ou être
congénitaux ;
– les anévrismes disséquants, qui attei- – les microanévrismes, qui touchent prin-
gnent principalement l’arc aortique. cipalement les petites artères et artérioles
Ils sont dus à une infiltration de sang du cerveau. Ils sont liés à l’hypertension
entre l’intima et la média. Ils débutent artérielle. Des accidents ischémiques tran-
au siège d’une lésion de l’endothélium sitoires sont souvent dus à la thrombose
et s’étendent peu à peu tout le long de d’un tel anévrisme ou à une hémorragie
l’artère ; par rupture de celui-ci.
Maladies courantes du système cardiovasculaire 97

Évolution et traitement Symptomatologie


Non traité, l’anévrisme grossit. Il convient Généralement, les anévrismes ne provo-
de le surveiller et de vérifier périodique- quent pas de douleur. Parfois, même de
ment sa taille ainsi que l’épaisseur de gros anévrismes ne causent aucun symp-
la paroi artérielle. En cas de besoin, on tôme et sont détectés par hasard lors d’un
recourt à la chirurgie pour en faire l’exé- examen d’imagerie.
rèse et remplacer la paroi artérielle par Un anévrisme cérébral, thoracique
une greffe généralement au Dacron®. ou abdominal sera plus probablement
symptomatique s’il a grossi suffisam-
Complications ment pour exercer une pression sur
les éléments de voisinage ou pour sti-
Hémorragie muler des terminaisons nerveuses
La paroi du vaisseau sanguin au siège de nociceptives.
l’anévrisme peut devenir si mince qu’elle Malheureusement, les symptômes
peut éclater. La rupture d’un anévrisme sont différés par rapport au problème ini-
entraîne une hémorragie importante, tial ; le plus souvent, ils ne révèlent que
souvent accompagnée d’un état de choc, l’accroissement récent de l’anévrisme. Il
de fortes douleurs, d’un accident vascu- faut être alors très prudent, car les ané-
laire cérébral, de la mort du sujet ou d’une vrismes qui grossissent rapidement sont
invalidité variable selon le calibre et le ceux qui sont les plus susceptibles de se
siège de l’artère concernée. rompre.
Néanmoins, selon la topographie de
Compression l’anévrisme, on peut être particulière-
Même si l’anévrisme ne rompt pas, la ment vigilant en présence de facteurs de
tuméfaction anévrismale peut comprimer risque cardiovasculaire et des signes et
les tissus adjacents et ainsi provoquer des symptômes suivants.
lésions : – Les anévrismes cérébraux, quand ils
– en interrompant la circulation san- commencent à se dilater, provoquent
guine en comprimant d’autres vaisseaux occasionnellement quelques-uns de ces
sanguins ; symptômes :
– en exerçant une compression sur les • céphalées (dont l’aggravation peut évo-
organes, les nerfs ou les os voisins. quer un saignement mineur) ;
• diplopie ;
Thrombose et embolie • perte de vision ou de champ visuel ;
Un caillot sanguin peut aussi se former • tremblements ou mouvement incon-
dans la cavité anévrismale. Un frag- trôlable d’un œil ou d’une paupière ;
ment, appelé embole, peut s’en déta- • strabisme ;
cher et suivre le courant sanguin pour • douleur faciale.
venir se bloquer dans une artère distale
de plus petit calibre. Ce phénomène, – Dans les anévrismes thoraciques, les
appelé embolie, détermine une isché- symptômes sont rares, mais peuvent
mie et un infarctus. comprendre :
98 Généralités

• une douleur thoracique, une douleur Angiome


au niveau de la charnière cervicothoraci-
que, ou les deux ; Les angiomes sont des tumeurs bénignes
• une respiration sifflante ; des vaisseaux sanguins (hémangiomes)
• des crachats teintés de sang ; ou lymphatiques (lymphangiomes). Ces
derniers sont rares, si bien que le terme
• un enrouement ou une voix bitonale ;
d’angiomes est pris habituellement dans
• une dysphagie (difficulté de déglutition) ; le sens d’hémangiome.
• un syndrome de Claude Bernard-Horner, Les angiomes consistent en une crois-
comprenant ptosis (abaissement de la pau- sance excessive de vaisseaux sanguins,
pière), myosis, énophtalmie et absence de disposés de façon non caractéristique et
sudation d’une hémiface. séparés par des fibres de collagène. Il ne
– Les anévrismes abdominaux produi- s’agit pas de vraies tumeurs, mais ils y
sent généralement des symptômes qui se ressemblent suffisamment pour les clas-
traduisent par : ser comme telles.
• une pulsation dans l’abdomen ;
• une douleur dans la partie supérieure Insuffisance ou maladie
de l’abdomen ; coronarienne
• une douleur au niveau de la charnière
dorsolombaire, de la colonne lombaire, Dans l’insuffisance coronarienne, le mus-
ou les deux. cle cardiaque ne reçoit pas suffisamment
d’oxygène à cause d’un blocage de l’apport
En cas de rupture, les symptômes varient
sanguin. Selon la gravité de ce blocage, les
suivant la localisation.
symptômes vont de la douleur légère à la
– La rupture d’un anévrisme abdomi- poitrine jusqu’à la crise cardiaque com-
nal cause une douleur et une sensibilité plète. Les causes sous-jacentes de l’insuf-
intenses dans la région de l’estomac ou fisance coronarienne sont nombreuses et
le bas du dos. variées. Les deux principales sont l’athé-
– La rupture d’un anévrisme thoracique rosclérose et le spasme coronarien.
provoque une douleur atroce dans la par- Attention : une sténose des troncs arté-
tie supérieure du thorax, qui se propage riels coronariens ne donne pas de signes
au dos et parfois au tronc. cliniques avant un stade avancé.
– En cas de rupture d’anévrisme thoraci-
que ou abdominal, la perte de sang et la Thrombose veineuse
défaillance d’organes vitaux tels que les
reins peuvent avoir des conséquences
profonde
fatales.
Physiopathologie
– La rupture d’un anévrisme cérébral
provoque un accident vasculaire cérébral La thrombose veineuse consiste en la pré-
hémorragique, accompagné de symp- sence d’un thrombus dans une veine. Elle
tômes en rapport avec l’importance de se produit souvent dans les veines pro-
l’hématome et sa localisation. fondes des membres inférieurs. Les deux
Maladies courantes du système cardiovasculaire 99

complications les plus graves de cette – crampe persistante au mollet ;


affection sont l’embolie pulmonaire, dans – fourmillements ;
laquelle le thrombus se détache et atteint – distension veineuse : veines superficiel-
la circulation artérielle pulmonaire ; et les les dilatées ; en cas de thrombose superfi-
séquelles de phlébite, qui comprennent cielle, la veine atteinte forme un cordon
un œdème, des douleurs et des change- rouge, dur et sensible, juste sous la peau ;
ments cutanés causés par la destruction
– légère fièvre ;
des valvules veineuses.
Le diagnostic est posé par une écho- – chaleur.
graphie et cette affection doit être consi- Les symptômes sont nombreux, mais
dérée comme une véritable urgence aucun n’est vraiment spécifique de la
médicale. thrombose veineuse. En effet, une lym-
phangite, une infection de la peau ou
de la jambe, un problème rénal peuvent
Symptomatologie provoquer les mêmes signes. La perte de
flaccidité du mollet et la douleur à la dorsi-
Dans la moitié des cas environ, la throm-
flexion de la cheville sont des signes clas-
bose veineuse ne provoque aucun symp-
siques de diagnostic. Malheureusement,
tôme, surtout au début, car le caillot
ils font souvent défaut.
en formation est petit et très localisé.
C’est pourquoi, en cas de symptômes
Souvent, les symptômes n’apparaissent
ou simplement de doute, il est important
que lorsque le caillot obstrue totalement
d’envoyer le patient consulter immédia-
la veine.
tement son médecin qui confirmera son
Les symptômes qui peuvent surve-
diagnostic par des examens, notamment
nir lors d’une thrombose veineuse sont
une échographie-Doppler.
divers :
Il est à noter que certains facteurs sem-
– œdème local et distal : œdème plus ou blent favoriser l’apparition de thrombose
moins prononcé d’une seule jambe, au veineuse : prise d’estrogènes, tabagisme
niveau de la cheville, du mollet ou de la ou obésité.
cuisse, parfois accompagné d’une dou-
leur à la flexion du pied ;
– douleur : douleur spontanée au mollet Hypertension artérielle
ou à la cuisse, ou pouvant être provoquée
Parmi les maladies affectant le cœur et
par la marche ;
les vaisseaux sanguins, l’hypertension
– sensibilité : la jambe peut sembler sen- artérielle (HTA) est la plus courante.
sible, engourdie, avec une sensation de
– L’hypertension primitive ou essentielle
chaleur localisée sur la peau ;
est une HTA constante qui ne peut être
– cyanose : modification de la couleur de attribuée à aucune cause organique ; 90 à
la peau avec nuance bleutée. 95 % des cas d’hypertension entrent dans
D’autres signes peuvent alerter : cette catégorie.
– érythème : jambe très rouge, ou au – L’hypertension secondaire couvre les
contraire sans couleur ; 5 à 10 % des cas qui restent. Dans ce cas,
100 Généralités

la cause est identifiable ; il peut s’agir par se rompre soit au niveau de microané-
exemple de : vrismes, soit au niveau de troncs plus
• maladie rénale, dont l’hypertension est gros, et provoquer ainsi une hémorragie
une complication classique du fait de la cérébrale.
sécrétion augmentée de rénine par les – Les reins sont également la cible de
cellules rénales lésées ; l’hypertension. Les lésions se situent au
• maladie endocrinienne touchant : niveau des artérioles qui les irriguent.
 le cortex surrénal, avec sécrétion exces- La pression sanguine constante exercée
sive d’aldostérone et de cortisol stimulant sur les parois des artérioles rénales pro-
la rétention rénale de sodium et d’eau, voque un épaississement de celles-ci et,
et augmentant la volémie et la pression par conséquent, un rétrécissement de la
artérielle ; lumière. Le flux sanguin rénal est donc
progressivement réduit et, en réaction,
 la médullosurrénale, avec sécrétion le rein peut sécréter de la rénine, ce qui
excessive d’adrénaline et de noradrénaline aggrave encore l’hypertension artérielle
élevant la pression artérielle, comme dans et complique le problème. La réduction
le phéochromocytome. de l’apport sanguin aux cellules rénales
– rétrécissement de l’aorte : une hyper- peut entraîner la mort de ces cellules, avec
tension se développe dans les artères nées perte progressive de la fonction rénale et
en amont de la sténose. évolution vers l’insuffisance rénale.

Conséquences Évolution et traitement


L’hypertension, si elle n’est pas stabilisée, Jusqu’à présent, il n’existe aucun remède
constitue un problème important à cause contre l’hypertension essentielle. On
des dommages qu’elle peut entraîner au remédie à certaines formes d’hyperten-
cœur, à l’encéphale et aux reins. sion secondaire en éliminant leurs causes
– Dans la plupart des cas, le cœur est tou- sous-jacentes si elles sont diagnostiquées
ché par l’hypertension. En effet, lorsque la précocement.
pression est élevée, le cœur dépense plus Dans certains cas d’hypertension essen-
d’énergie pour effectuer son travail de pro- tielle, on peut abaisser la pression san-
pulsion et vaincre la surcharge créée par la guine de manière spectaculaire en prenant
pression sanguine élevée. Cette surcharge certaines mesures, comme :
de travail entraîne un épaississement du – diminuer la consommation de sodium
muscle cardiaque et une hypertrophie du (sel de table) ;
ventricule gauche. Le cœur nécessite éga- – augmenter l’apport de calcium et de
lement un volume accru d’oxygène. S’il potassium ;
ne peut pas répondre à ces besoins, une
– boire moins d’alcool ;
angine de poitrine, une insuffisance car-
diaque gauche ou même un infarctus du – réduire son poids ;
myocarde peuvent se produire. – cesser de fumer ;
– Au niveau cérébral, une hypertension – augmenter l’activité physique ;
prolongée peut provoquer un accident – gérer le stress et les perturbations émo-
vasculaire. Les artères cérébrales peuvent tionnelles ;
Maladies courantes du système cardiovasculaire 101

– consulter un ostéopathe, un acupunc- caractérisé par des crises bilatérales d’is-


teur, etc. chémie, habituellement dans les doigts
Un traitement médicamenteux peut et les orteils. La peau devient pâle, brû-
s’imposer. Plusieurs médicaments sont lante et douloureuse. Elle est déclenchée
disponibles, et ils ont différents mécanis- par le froid ou par l’émotion.
mes d’action. On distingue deux formes de la mala-
– Les diurétiques favorisent l’élimination die en fonction de la cause.
urinaire d’eau, ce qui réduit le volume – La forme primaire ou maladie de Raynaud est
sanguin et, par conséquent, diminue la la forme la plus fréquente : elle représente
pression sanguine. 90 % des cas. Les symptômes sont légers ;
– Les inhibiteurs de l’enzyme de conver- ils créent une sensation désagréable, mais
sion de l’angiotensine bloquent la forma- ne causent pas de dommages aux vaisseaux
tion de l’angiotensine 2, ce qui favorise ou aux tissus. La maladie survient généra-
la vasodilatation et réduit la sécrétion lement entre 15 et 25 ans, et peut parfois
d’aldostérone. disparaître spontanément après quelques
années. Les symptômes diminuent parfois
– Les agents β-bloquants inhibent la sécré-
durant la grossesse. Les femmes sont plus
tion de la rénine, diminuent la fréquence
touchées que les hommes.
cardiaque et la force des contractions du
cœur. – La forme secondaire, encore appelée
syndrome de Raynaud ou phénomène de
– Les vasodilatateurs (α1-bloquants) per-
Raynaud, est beaucoup plus rare et géné-
mettent le relâchement des muscles lisses
ralement plus grave. Elle est causée par :
des parois artérielles, ce qui entraîne une
vasodilatation et une baisse de la pres- • des maladies qui atteignent les vais-
sion sanguine en abaissant la résistance seaux sanguins, certaines maladies auto-
vasculaire systémique. immunes comme la sclérodermie, le
lupus ou la polyarthrite rhumatoïde ;
– Les inhibiteurs calciques ralentissent l’en-
trée de calcium dans les fibres musculaires • certains événements ou activités qui
lisses des vaisseaux sanguins, et consti- occasionnent des dommages aux vaisseaux :
tuent aussi une catégorie importante des engelures par alternance de chaud et de
vasodilatateurs. Ils réduisent également le froid, manipulation de glace ou de produits
travail du cœur en ralentissant l’entrée du réfrigérants, manipulation d’outils qui
calcium dans les fibres myocardiques. vibrent, impacts à répétition aux mains ;
– Les antihypertenseurs centraux exer- • certains toxiques, comme le chlorure
cent leur action principalement par une de vinyle ;
stimulation des récepteurs α2-adrénergi- • certains médicaments et traitements au
ques qui diminue la pression artérielle. long cours, notamment les β-bloquants,
Ils sont surtout prescrits en cas d’hyper- l’ergotamine et certaines chimiothérapies.
tension artérielle difficile à contrôler. Cette forme de la maladie apparaît habi-
tuellement autour de la quarantaine. Dans
Maladie de Raynaud les cas graves, la diminution permanente
de la circulation peut entraîner la défor-
Il s’agit d’un trouble chronique circu- mation des doigts ou des orteils, de dou-
latoire affectant surtout les femmes et loureux ulcères ou même la gangrène.
102 Généralités

Maladie de Horton par corticoïdes est généralement effectué


rapidement pour prévenir une cécité qui,
La maladie de Horton est une artérite sans cela, serait définitive.
inflammatoire qui survient surtout après
50 ans, avec un pic de fréquence vers
70 à 80 ans. C’est une inflammation qui Insuffisance cardiaque
atteint la paroi des artères, particulière-
ment les artères temporales, d’où son Le cœur est dit défaillant ou insuffisant
autre nom d’artérite temporale, même quand le débit cardiaque est incapable
si d’autres artères sont très souvent de satisfaire en toutes circonstances aux
touchées. besoins corporels. Dans les cas légers, le
Les symptômes principaux de cette débit cardiaque est suffisant au repos,
affection comprennent : mais il devient insuffisant quand son
– des céphalées importantes, au niveau des augmentation est nécessaire, par exem-
tempes, du front et de la nuque ; il existe ple lors de l’exercice.
souvent une hypersensibilité du scalp ; L’insuffisance cardiaque peut prédomi-
ner d’un côté du cœur, mais comme les
– des douleurs et difficultés à masti-
deux côtés du cœur font partie d’un même
quer (claudication des mâchoires, fai-
circuit, lorsqu’une moitié de la pompe
blesse musculaire douloureuse lors de la
commence à défaillir, cela entraîne sou-
mastication) ;
vent une surcharge de l’autre moitié et
– il existe aussi une atteinte de l’état géné- finalement sa défaillance. Les principales
ral avec fébricule, perte de poids, fatigue, manifestations cliniques dépendent du
arthralgies diverses, etc., évoquant un côté du cœur le plus atteint.
syndrome grippal. Dans nos consultations, nous ne som-
L’une des deux artères temporales ou mes confrontés généralement qu’aux
les deux sont souvent visibles, enflées, défaillances cardiaques chroniques.
douloureuses et parfois dures. Leur pouls Celles-ci se développent progressivement
est généralement aboli. et peuvent présenter initialement peu de
La maladie de Horton pouvant tou- symptômes en raison de la mise en jeu de
cher toutes les artères, les manifestations certains mécanismes compensateurs.
dépendent des territoires atteints, et le dia-
gnostic est parfois très difficile : atteintes
respiratoires (toux sèche), neurologiques, Défaillance cardiaque
psychiatriques (dépression), rhumatologi- chronique droite
ques (pseudopolyarthrite rhizomyélique
avec douleurs des épaules et du bassin), Le ventricule droit devient défaillant
etc. quand la pression dans sa cavité, sous l’ef-
Un patient sur trois présente des trou- fet de la contraction de son myocarde, est
bles visuels : diplopie, flou visuel, ptosis, inférieure à celle nécessaire pour propul-
etc. D’ailleurs, le principal risque lié à ser efficacement le sang dans le poumon.
cette maladie est la perte de la vision par Lorsque le ventricule ne se vide plus
atteinte de l’artère centrale de la rétine. complètement, l’atrium droit et les vei-
De ce fait, on la considère comme une nes caves contiennent un excès de sang
urgence médicale. Un traitement massif qu’ils ne peuvent évacuer (congestion). Ce
Maladies courantes du système cardiovasculaire 103

phénomène se répercute de façon rétro- – une perte d’extensibilité de l’aorte ;


grade dans tout le système veineux. Les – une réduction du volume des cellules
organes affectés en premier sont le foie, la musculaires cardiaques ;
rate et les reins. Un œdème des membres – une perte progressive de la force mus-
inférieurs et une ascite peuvent apparaître. culaire du cœur ;
Ce problème peut être dû à l’augmen-
– une réduction du débit cardiaque et de
tation de la résistance vasculaire dans les
la fréquence cardiaque maximale ;
poumons, à la faiblesse du myocarde, à la
sténose et/ou à l’insuffisance des valves – une élévation de la pression artérielle
tricuspide ou pulmonaire. systolique.
Avec la diminution de la taille due
Défaillance cardiaque chronique à l’ostéoporose et la perte d’élasticité
des tissus du corps, les artères de l’ab-
gauche
domen s’incurvent et deviennent plus
La défaillance cardiaque gauche survient flexueuses.
quand la pression développée dans le La cholestérolémie tend aussi à aug-
ventricule gauche par la contraction du menter avec l’âge, tout comme le taux
myocarde est insuffisante pour éjecter le de lipoprotéine à faible densité (LDL).
sang qu’il reçoit. La défaillance de ven- À l’inverse, le taux de lipoprotéine à
tricule gauche entraîne la dilatation de haute densité (HDL) a tendance à baisser.
l’atrium gauche et une augmentation L’insuffisance coronarienne augmente
rétrograde de la pression dans la circula- avec l’âge et constitue une grande cause
tion pulmonaire. Il en résulte une aug- de cardiopathie et de décès.
mentation de la pression dans les cavités L’insuffisance cardiaque, qui se traduit
cardiaques droites, et finalement une par une série de symptômes associés à un
insuffisance cardiaque globale. travail de propulsion cardiaque inadé-
La congestion dans les poumons quat, peut aussi se manifester.
entraîne un œdème pulmonaire et de la Les modifications des vaisseaux san-
dyspnée, souvent plus sévère la nuit. guins cérébraux, notamment l’athéros-
Ce problème peut être dû à une hyper- clérose, réduisent l’irrigation du cerveau
tension artérielle, à une insuffisance mitrale et entraînent le dysfonctionnement ou la
et/ou aortique, à une sténose aortique ou à mort de cellules cérébrales. Par rapport à
une faiblesse myocardique, généralement un sujet âgé de 30 ans, un sujet de 80 ans
conséquence d’une maladie coronarienne. possède un débit sanguin cérébral infé-
rieur de 20 % et un débit sanguin rénal
Vieillissement et système inférieur de 50 %.
Avec l’âge, les artères deviennent plus
cardiovasculaire flexueuses, car elles résistent moins en se
Le vieillissement physique pourrait s’as- dilatant à la poussée sanguine. Elles ont
similer à une diminution de l’élasticité tendance à s’allonger, la distance entre le
des différentes composantes du corps. Le point d’origine de l’artère et son point de
système cardiovasculaire n’échappe pas à terminaison restant le même. On le voit
la règle et, parmi les nombreux change- bien au niveau de l’artère temporale chez
ments occasionnés, on trouve : les personnes âgées.
Chapitre 6

Sémiologie
cardiovasculaire
simplifiée
Interrogatoire

Inspection

Palpation

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Manipulations vasculaires viscérales
Sémiologie cardiovasculaire simplifiée 107

Chapitre 6

Sémiologie
cardiovasculaire
simplifiée
Ce livre n’est pas un traité de médecine : il préciation des facteurs de risque, l’inter-
n’est ni dans nos attributions ni dans nos rogatoire et l’examen clinique.
compétences de donner tous les éléments – L’évaluation des facteurs de risque per-
nécessaires à un diagnostic médical com- met dans un premier temps de se faire
plet. Nous ne le dirons jamais assez : en une idée assez précise de la qualité du
tant que thérapeutes manuels, nous nous terrain vasculaire d’un patient et, par
devons de former au mieux notre main là même, du niveau de vigilance qu’il
et ce n’est pas rien. Cela demande un convient d’avoir pour l’aborder.
apprentissage long, complexe et sans fin. – L’interrogatoire, centré sur certains
En revanche, de nombreux patients nous symptômes cardinaux du système car-
consultent directement en évoquant des diovasculaire, nous oriente ensuite plus
symptômes qu’ils attribuent sans nuance finement sur l’existence possible ou non
à des causes mécaniques, alors qu’ils d’une pathologie sous-jacente.
peuvent être de tout autre origine. Nous
– Enfin, l’examen clinique orienté per-
avons vu des patients nous consulter pour
met de débusquer des signes objectifs
des douleurs thoraciques, en oubliant de
qui peuvent être révélateurs d’une mala-
nous préciser qu’ils avaient déjà eu plu-
die établie, parfois évocateurs de son
sieurs infarctus du myocarde.
stade d’évolution plus ou moins à bas
De ce fait, il est nécessaire d’apprécier
bruit, et nécessitant une prise en charge
le terrain du patient. L’exposé des patho-
spécialisée.
logies courantes montre que les symp-
tômes cardiovasculaires ne sont guère
spécifiques, sont souvent absents ou res-
tent longtemps discrets, et qu’il faut par- Interrogatoire
fois avoir un peu de « nez » pour déjouer
les pièges en clinique quotidienne. En – Faire préciser aux patients s’ils ont eu :
toute rigueur, ce sens clinique s’appuie • un infarctus ;
sur des éléments objectifs comme l’ap- • une insuffisance coronarienne ;

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Manipulations vasculaires viscérales
108 Généralités

• un pneumothorax ; • après un repas (la réplétion gastrique


• une intervention cardiopulmonaire. postprandiale est une cause favorisante
de la crise d’angine de poitrine) ;
– Demander s’ils sont atteints : • lors d’une exposition au froid ou au vent ;
• d’une malformation cardiaque ; • en se couchant ;
• d’une malformation artérielle ; • lors du sommeil, obligeant le patient à
• d’anomalies valvulaires ; se lever ou à rester assis ;
• d’une béance hiatale. • accompagnée d’essoufflement ;
– Demander s’ils sont porteurs : • en décubitus.
• d’une valve artificielle ; – Interroger sur le siège de la douleur :
• d’une prothèse endovasculaire (stent) ; • rétrosternale ;
• d’un pace-maker (stimulateur cardiaque). • rétrocostale ;
• en barre constrictive ;
– Demander s’ils ont eu ce type de
maladie : • irradiant au niveau cervical, mandibu-
laire, brachial, auriculaire.
• rhumatisme articulaire aigu (risque d’at-
teinte valvulaire) ; – Interroger sur l’intensité de la dou-
• diabète, maladie systémique (affection leur :
atteignant un tissu, le système conjonctif, • sensation de gêne, d’engourdissement,
lymphoïde ou réticulo-endothélial, etc.) ; de brûlures ;
• fragilité vasculaire congénitale ou acquise ; • constriction ;
• angines récurrentes. • douleurs insupportables interdisant
toute activité ;
– Questionner les patients sur leur
mode de vie : • accompagnée de malaise, nausées, pal-
pitations, battements cardiaques péni-
• sédentarité ;
bles, désordonnés.
• habitudes alimentaires (excès de sucre,
de graisses, d’alcool) ; – Interroger sur la durée de la douleur :
• habitudes toxiques (tabac, dépendan- • stoppant à l’arrêt de l’activité, cédant
ces, etc.) ; rapidement au repos ;
• tension psychoémotionnelle accrue. • s’accompagnant d’éructation pendant
la phase de diminution ou d’arrêt de la
– Demander aux patients : douleur.
• s’ils ont connaissance de la valeur habi-
– Interroger sur les signes suivants, qui
tuelle de leur pression artérielle ;
peuvent être évocateurs d’hypertension
• s’ils ont un traitement antihypertenseur. artérielle :
– Interroger sur les facteurs d’appari- • éblouissement, scintillements ;
tion de la douleur : • troubles visuels ;
• spontanément, sans cause apparente ; • bourdonnement d’oreilles ;
• lors d’une activité, d’un effort ; • impression de tête lourde ;
Sémiologie cardiovasculaire simplifiée 109

• céphalée occipitale matinale ; • de douleurs accompagnées de dyspha-


• douleurs cervicales ; gie et de dysphonie (tumeur médiastinale
• tensions, voire douleur mandibulaire ou anévrisme de l’aorte thoracique).
sans raison mécanique ; Rappelons les caractéristiques de la dou-
• palpitations à l’effort ; leur mécanique.
• vertige non positionnel. – Elle est déclenchée par l’activité et l’ef-
fort, mais ne cède pas en quelques minu-
– Surtout, ne pas hésiter à confier le tes ; elle reste toujours présente.
patient à son médecin en cas :
– Elle est augmentée par les mouvements
• de précordialgies à l’occasion d’une et l’activité.
marche ou d’un effort (pouvant signifier
– Elle est très diminuée par le repos et
une insuffisance transitoire de l’apport
certaines positions.
sanguin d’oxygène dans le myocarde) ;
De plus, la douleur mécanique ne donne
• de douleurs thoraciques s’arrêtant
pas ou exceptionnellement :
rapidement à la cessation d’activité ;
– de toux ;
• de sensation d’écrasement, de serre-
ment ou de griffes dans la poitrine obli- – de dysphagie ;
geant le patient à stopper toute activité ; – de fièvre ;
• d’impression d’angoisse profonde : il – de crises d’angoisse ;
est très rare qu’un patient exprime cette – de lypothymie (état de malaise, de
peur sans raison profonde ; il affirme sou- transpiration abondante, de nausées, de
vent avoir la sensation qu’il va mourir ; respiration courte et de faiblesse) ;
• de maux de tête subits, violents et aléa- – d’hypertension ou d’hypotension.
toires (risque d’anévrisme ou de tumeurs Enfin, elle ne provoque pas d’angoisse
cérébrales) ; profonde.
• de blocpnée : sensation de blocage res-
piratoire, de manque d’air lors d’un effort
et s’arrêtant rapidement au repos ; Inspection
• de douleur dans la face médiale du bras
gauche, pouvant atteindre l’auriculaire ; L’inspection est un temps de l’examen
qui est capital. Les ostéopathes, même
• de phase de syncope (de type malaise
s’ils sont des « tactiles », ne doivent pas
vagal) ;
oublier de regarder leurs patients.
• de dyspnée d’effort (essoufflement Nous ne prétendons pas réduire l’inspec-
disproportionné par rapport à l’activité) ; tion à ces seules lignes, mais notre propos
• de dyspnée de décubitus : signes d’in- est de condenser les éléments à rechercher
suffisance cardiaque, le myocarde ne dans le cadre qui nous préoccupe.
pouvant assurer au repos, une circulation Un examen attentif de certaines par-
pulmonaire suffisante ; ties du corps permet de détecter nombre
• de palpitations avec irrégularités du de petits indices pouvant être mis en
rythme cardiaque, traduisant une hypo- relation avec des pathologies du système
systolie (faiblesse de la systole) ; cardiovasculaire.
110 Généralités

Visage voire de l’abdomen. Conséquence d’une


augmentation du flux sanguin cutané,
Teint du visage il résulte d’une vasodilatation d’origine
– Une pâleur diffuse du visage peut corres- neurogène ou de substances circulantes
pondre à : vasoactives. Les causes de flushes sont
très nombreuses : outre la susceptibilité à
• une anémie. L’examen des muqueuses
l’alcool et à certains additifs alimentaires,
et, simplement des conjonctives déco-
il faut retenir certains médicaments, les
lorées renforcent cette hypothèse. Les
maladies systémiques ainsi que certains
causes d’anémie sont multiples. Chez la
cancers.
femme, des règles abondantes et de lon-
gue durée en sont une cause bénigne et • une cyanose de la face, pouvant signi-
fréquente ; elles sont parfois simplement fier une insuffisance ventriculaire droite
dues à un dispositif intra-utérin ; ou un rétrécissement mitral.
• une carence, en fer par exemple ;
Paupières
• une cause toxique. Elle peut être liée à
une exposition accidentelle profession- Les paupières doivent être regardées atten-
nelle, ou à un traitement à visée esthé- tivement, en faisant fermer les yeux du
tique à base de produits contenant des patient. Un certain nombre de maladies
dérivés phénoliques. Certains médica- systémiques peuvent être diagnostiquées
ments peuvent aussi être en cause. à la simple inspection des paupières :
– Une hyperpigmentation du visage peut – le xanthélasma est un dépôt ocre ou
correspondre à une cause : chamois situé à l’angle interne de l’œil
ou sur la paupière près de l’aile du nez. Sa
• métabolique, comme dans l’hémochro-
constatation doit faire suspecter immé-
matose où il existe une augmentation de
diatement une élévation du cholestérol.
la teneur cutanée en fer ;
Il faut doser le cholestérol et rechercher
• endocrinienne, la plus classique étant une cholestase hépatique chronique ;
la maladie d’Addison, mais on peut l’ob-
– l’œdème des paupières est notamment pré-
server aussi au cours du syndrome de
sent dans les syndromes néphrotiques.
Cushing, de l’acromégalie, du phéochro-
mocytome et de l’hyperthyroïdie.
Pupilles
– Les visages rouges peuvent être dus à :
L’anomalie la plus fréquente à l’examen
• une érythrose faciale diffuse : de l’iris est la présence d’un arc cornéen,
 si elle est permanente, elle peut être asso-
de couleur porcelaine, en périphérie de
ciée à une cyanose des lèvres, en cas de poly- l’iris (gérontoxon). Il peut être limité à
globulie ou de désaturation en oxygène ; une partie de la circonférence de l’iris ou
 si elle survient par accès, on parle alors être tout à fait circulaire. Il traduit géné-
de bouffées vasomotrices, ou flushes, qui ralement une hypercholestérolémie, mais
peuvent être secs ou humides, s’ils s’ac- peut aussi être observé chez des patients
compagnent de sueurs. C’est un érythème athéromateux sans hyperlipidémie. Il
transitoire de la face pouvant s’étendre convient de se méfier lorsque ce signe est
au cou et à la partie supérieure du thorax, associé à une hypertension.
Sémiologie cardiovasculaire simplifiée 111

Le gérontoxon doit faire rechercher


des dépôts lipidiques dans d’autres terri-
toires (xanthélasma des paupières, xan-
thomes tendineux).

Blanc de l’œil
L’examen peut montrer une modifica-
tion de la coloration :
– un œil jaune doit faire doser la biliru-
bine. Cette dernière peut être augmentée
lors d’une hémolyse, d’une cholestase ou
d’une maladie de Gilbert ;
– un œil rouge peut correspondre à une
hémorragie conjonctivale, le plus souvent
sans gravité, mais devant faire rechercher
une hypertension artérielle. Signe de
Lichtstein
Lèvres
La cyanose des lèvres doit faire pratiquer
une gazométrie artérielle pour vérifier une
éventuelle hypoxie et le taux d’hémoglo- Fig. 6.1. Incisure oblique du lobule
bine. Elle s’observe en cas de polyglobu- de l’oreille (signe de Lichtstein
lie, de cardiopathie ou de bronchopathie ou signe de Franck).
chronique.
Les télangiectasies sont de petites
dilatations vasculaires, très rouges, qu’il
faut rechercher aussi sur la langue. Si le Encore appelé signe de Lichtstein ou
patient est une femme se plaignant d’un signe de Franck, il s’agit d’un pli oblique,
phénomène de Raynaud, il faut penser à souvent bilatéral, observé sur le lobule de
une sclérodermie. l’oreille, qui traduirait un vieillissement
précoce du tissu conjonctif cutané et
Gencives coronaire.
Les hémorragies gingivales peuvent révé- Observé fréquemment chez des pati-
ler un trouble de l’hémostase. Elles sont ents de plus de 50 ans atteints de maladie
aussi fréquentes lorsque le patient prend coronarienne significative, ce signe serait
un traitement anticoagulant. plus ou moins fiable selon les études.
Toutefois, une étude réalisée par une
Oreilles équipe de Sao Polo sur 1 500 personnes
L’existence d’une incisure oblique du montre qu’il existerait une relation entre
lobule de l’oreille (figure 6.1) doit faire cette anomalie et l’existence d’une coro-
rechercher des facteurs de risque vasculai- naropathie (Tranchesi et al., 1992).
res et interroger le patient, à la recherche En pratique, devant une douleur tho-
de signes d’insuffisance coronarienne. racique un peu atypique, le présence de
112 Généralités

ce signe est un argument en faveur d’une Rappelons qu’elle s’observe aussi au


précordialgie de nature angineuse. cours de la polyarthrite rhumatoïde, de
la grossesse et de la maladie de Basedow.
Main
Autres signes
Télangiectasies
Ce sont des dilatations des vaisseaux der- Recherchez aussi :
miques superficiels disparaissant à la vitro- – un œdème des membres inférieurs ;
pression. Elles se rencontrent au cours de la – une distension et une réplétion des
sclérodermie et de nombreuses affections, troncs veineux (gêne à la circulation de
comme l’hypertension artérielle pulmo- retour) ;
naire ou le myxome de l’atrium (tumeur – une turgescence jugulaire et des vei-
cardiaque primitive bénigne). nes du cou, des membres supérieurs et
du thorax (pouvant être attribuée à une
Hippocratisme digital compression tumorale médiastinale ou à
Cette pathologie associe une hypertro- un anévrisme) ;
phie de la pulpe de la dernière phalange, – une dilatation des veines abdominales
avec infiltration ferme et élastique des (compression de la veine cave inférieure
parties molles, à une double déformation ou insuffisance ventriculaire droite).
des ongles, avec bombement longitudinal
et transversal, visibles de face et de profil.
Il est parfois idiopathique (congéni- Palpation
tal), mais lorsqu’il est acquis, il révèle le
plus souvent une affection thoracique : Examen artériel
– pathologie bronchopulmonaire chro-
nique ; En principe, une artère est toujours sou-
ple, régulière à la palpation. On recher-
– tumeur ;
che éventuellement :
– cardiopathie congénitale.
– une sclérose et une induration des artè-
Érythrose palmaire res dites en « tuyau de pipe » ;
– le signe de Musset ; ce sont des petits
Si l’érythrose palmaire est classiquement
mouvements de la tête synchrones avec
liée à une insuffisance hépatocellulaire,
les pulsations ventriculaires (insuffisance
elle intéresse aussi directement le sys-
aortique ou plus rarement anévrisme) ;
tème cardiovasculaire. On peut l’obser-
ver en cas : – le signe de Cardarelli ; ce sont des bat-
tements latéraux systoliques visibles à la
– de polyglobulie ;
trachée et au larynx quand la tête est ren-
– de thrombocytémie ; versée en arrière (anévrisme de la crosse
– d’endocardite infectieuse, à la périphé- de l’aorte) ;
rie de la paume (signe de Janeway) ; – une dilatation anormale d’une grosse
– d’insuffisance tricuspidienne ; artère (recherche d’anévrisme, dont nous
– de vascularite. avons déjà parlé).
Sémiologie cardiovasculaire simplifiée 113

Analyse des pouls l’entrée d’air dans les voies respiratoires


par un obstacle mécanique, une tumeur,
Prenez le pouls radial. Certains chercheurs une péricardite, un anévrisme, etc.).
considèrent qu’un pouls de repos supérieur – Un pouls respiratoire provient de pul-
à 80 bpm peut déjà être considéré comme sations de la veine jugulaire ressenties à
un facteur de risque cardiovasculaire. la palpation après un effort physique.
Nous le répétons, il ne s’agit pas ici de
– Un pouls veineux est dû aux pulsations
former un thérapeute manuel à la dis-
perçues sur les gros troncs veineux, sur-
cipline cardiologique : sachons rester à
tout sur la veine jugulaire.
notre place. Que cela ne nous empêche
surtout pas d’élargir nos connaissances et – Un pouls veineux physiologique corres-
notre culture médicale générale. pond à un affaissement normal de la veine
Voici quelques expressions caractéri- jugulaire pendant la systole ventriculaire.
sant le pouls.
– Un pouls alternant est caractérisé par Pression artérielle
une succession de battements forts et fai-
bles (lésion du myocarde). Mesure classique
– Un pouls capillaire est une alter- C’est un examen qui fait partie intégrante
nance de coloration blanche et rouge de la consultation ostéopathique. Nous
au niveau sous-cutané due à une insuf- ne décrirons pas ici la classique techni-
fisance aortique. C’est une distension que de mesure de la pression artérielle
rythmée des capillaires et des veines (voir si besoin Croibier, 2005).
sous-cutanées. En dehors des valeurs elles-mêmes et
– Un pouls « fil de fer » est très dur et de fai- du rapport de la pression systolique par
ble amplitude (hypertension artérielle). rapport à la pression diastolique, nous
– Un pouls filiforme est à peine percepti- sommes aussi très attachés à comparer la
ble, faible et dépressible, trouvé lorsque pression systolique des deux bras. En cas
la pression diastolique est faible (égale- de différence, on parle d’anisotension.
ment en cas d’hypotension). La plupart du temps, c’est du côté où la
pression systolique est la plus faible que
– Un pouls hépatique correspond à une
se situe la zone de « fixation ».
expansion systolique du foie signifiant
Elle peut être vasculaire, ostéoarticu-
une insuffisance tricuspidienne.
laire, fasciale, viscérale, etc.
– Un pouls instable est caractéristique Il est important de refaire une mesure de
d’une hypotension artérielle ; cela est tension artérielle en cours de séance : l’ef-
plus évident lors des changements de fet « blouse blanche » se vérifie souvent !
position.
– Un pouls jugulaire est dû à une dilata- Index systolique
tion des veines jugulaires provoquée par L’index systolique est le rapport de la pres-
des variations de la pression atriale droite. sion systolique à la cheville à la pression
– Un pouls paradoxal de Kussmaul est une systolique humérale. Ce rapport est nor-
diminution ou une disparition du pouls malement égal à 0,9. Toute valeur infé-
pendant l’inspiration profonde (gêne à rieure témoigne d’un déficit de perfusion,
114 Généralités

d’autant plus important que la lésion arté- – la cause peut être au niveau :
rielle est mal compensée. Par exemple, si • des os (par exemple malobliquité clavi-
une personne a une pression systolique culaire) ;
de 140 au membre supérieur et de 110 au • des ligaments ostéoarticulaires ou vis-
membre inférieur, le rapport est de 0,78, céraux (plèvre, ligaments coracoclavicu-
ce qui n’est pas normal. laires par exemple) ;
Un index systolique anormal est clas-
• des plexus nerveux (plexus cœliaque
siquement le signe :
ou cardiaque) ;
– d’une artériopathie ;
• des nerfs (nerf phrénique).
– d’une oblitération artérielle ;
Notons que la veine qui est située en
– d’un problème lombosacré. avant de l’artère est la première à être com-
Pour notre part, nous l’avons trouvé primée, ce qui provoque des doigts bou-
aussi, à plusieurs reprises, lors de sténose dinés, de coloration bleutée, et mettant
canalaire lombaire (canal lombaire étroit). très longtemps à redevenir normaux.
L’artériopathie oblitérante des mem- Le plexus brachial est aussi concerné
bres inférieurs est une maladie grave, très dans les problèmes de défilé thoracique.
souvent sous-estimée si l’on s’en tient à Le patient ressent ses doigts anesthésiés,
l’interrogatoire du patient. L’index sys- « comme morts » et passe son temps à
tolique, mesure simple, qui demande un secouer sa main et ses doigts.
appareillage peu coûteux, devrait être éva- La plupart du temps, la compression
lué plus systématiquement en présence du défilé thoracique a lieu pendant la
de facteurs de risque cardiovasculaires, de nuit, lors d’une position de contrainte.
manière à pouvoir orienter plus précoce- Selon l’heure à laquelle cette compres-
ment ces patients vers un spécialiste. sion survient, la sensation de « doigts
morts » met plus ou moins longtemps à
Test d’Adson-Wright disparaître.
Très prisé en médecine manuelle, le test
d’Adson-Wright consiste à prendre le Équilibre vagosympathique
pouls radial tout en effectuant une abduc-
tion et une rotation externe du membre La bonne santé repose entre autres sur
supérieur homolatéral. un bon équilibre neurovégétatif, fondé
Il est dit « positif », quand on assiste à sur la « bonne entente » de deux systè-
une diminution de force ou une abolition mes souvent considérés comme opposés,
du pouls radial. En principe, il signifie mais en réalité complémentaires.
une compression de l’artère subclavière Un des facteurs de mauvaise santé peut
dans le défilé thoracique homolatéral. se traduire par un déséquilibre vagosym-
Cependant, certains points sont à pré- pathique dont sont résumées ci-après les
ciser : principales caractéristiques.
– le problème peut se situer loin du Les manipulations vasculaires permet-
défilé thoracique, mais toujours du côté tent à l’organisme de retrouver une cer-
homolatéral ; taine harmonie entre ces deux systèmes.
Sémiologie cardiovasculaire simplifiée 115

Sympathicotonie Vagotonie
– Comportement – Comportement
• Nervosité • Tristesse
• Hyperémotivité • Dépression
• Instabilité • Découragement
• Irritabilité • Mélancolie
• Anxiété – Symptômes vasomoteurs
• Pessimisme • Pâleur
• Agressivité • Sueurs abondantes
• Hyperactivité • Cyanose des extrémités
• Insomnie • Frilosité
– Neurologie (générale) • Circulation périphérique déficiente
• Hyperréflexie – Système digestif
• Trémulations • Hypersécrétion
• Maigreur • Hypersialorrhée
– Système oculaire • Hyperchlorhydrie
• Mydriase • Pyrosis
• Légère exophtalmie • Vomissements faciles
– Système circulatoire • Mal de mer, mal des transports
• Tachycardie • Coliques
• Précordialgies • Spasmes intestinaux
• Palpitations • Hyposthénie
• Tension artérielle systolique – Système oculaire
un peu élevée • Myosis
– Système digestif – Système circulatoire
• Dyspepsie • Bradycardie
• Inhibition sécrétoire • Extrasystoles
(salive, suc gastrique)
• Hypotension
• Excitabilité solaire
• Lypothymie (malaise, hypersudation,
(douleurs émotives)
nausées, respiration superficielle, hypo-
• Météorisme tonie, troubles visuels)
• Constipation fréquente
– Système respiratoire
• Douleurs postprandiales
• Bradypnée
• Oppression ou constriction thoracique
• Bronchospasmes
116 Généralités

L’encadré 6.1 rappelle les précautions


à prendre avant toute manipulation
vasculaire.

Encadré 6.1

Précautions avant toute manipulation vasculaire


1. Prendre la tension artérielle
2. Rechercher les anisotensions ; elles peuvent être le fait de sténose des gros vaisseaux, d’athéros-
clérose innée ou acquise ou signifier un problème :
• viscéral homolatéral
• du défilé thoracique
• cervical
• du plexus cervicobrachial
3. Faire le test d’Adson-Wright. Il est positif en cas de problèmes :
• du défilé thoracique
• du système pleurocervical
• du système ligamentaire acromio- et sternoclaviculaire
• des ligaments coracoclaviculaires (concoïde et trapézoïde)
• du syndrome de Pancoast-Tobias (tumeur pulmonaire)
4. Analyser le pouls radial, à la recherche d’une :
• arythmie
• dysrythmie
• tachycardie
• bradycardie
5. Vérifier l’état des membres inférieurs à la recherche d’un œdème (signe du godet). Éventuellement,
prendre la tension des membres inférieurs pour vérifiez l’index systolique
6. Prendre les principaux pouls de l’abdomen, surtout ceux de :
• l’aorte abdominale
• l’artère splénique
• l’artère hépatique commune
• l’artère mésentérique supérieure
Ces pouls serviront de témoins et de repères de manipulation.
Chapitre 7

Principes des
manipulations
vasculaires viscérales
Le viscéral : quelle évolution !

Le concept de globalité vasculaire viscérale

Principales techniques à visée vasculaire

Artères et veines : un indissociable système

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Manipulations vasculaires viscérales
Principes des manipulations vasculaires viscérales 121

Chapitre 7

Principes des
manipulations
vasculaires viscérales
Le viscéral : quelle évolution ! alimentaires, alcooliques et addictives,
les organes pleins peuvent se fibroser.
– De la mobilité avant tout. Au début du Les techniques de viscoélasticité leur
viscéral, les techniques s’appliquaient sur- permettent de retrouver en grande par-
tout à rendre aux organes leur mobilité et tie cette propriété en agissant efficace-
leur motilité. Fondées sur les grands axes ment sur la bonne fonction et l’énergie
de mobilité, elles consistaient à manipu- de l’organe.
ler tous les moyens d’attache des viscè- – Une circulation fluide. Le système circula-
res : plèvres, péritoine, fascias, omentum, toire d’un organe – artères, veines et réseau
pour harmoniser leurs mouvements et lymphatique – doit permettre un échange
leurs pressions. Ces techniques sont tou- liquidien optimal. Les manipulations
jours valables ; elles constituent un point vasculaires viscérales, même si l’on s’est
de départ incontournable pour la bonne focalisé sur les artères, agissent sur tout le
santé d’un organe. système circulatoire. N’oublions pas non
– Des tubulures et des sphincters fonction- plus les hormones qui se servent de la cir-
nels. Les organes à excrétions ont besoin culation pour stimuler l’organe cible.
d’une tuyauterie et de sphincters en – Un système nerveux équilibré. La bonne
bon ordre de marche. Si nous prenons santé dépend en grande partie de l’équi-
l’exemple du foie, il est important que libre entre les systèmes sympathique et
les voies biliaires intra- et extrahépati- parasympathique. Ceux-ci sont chargés
ques soient libres de toute contrainte. de provoquer un ajustement permanent,
Canal cystique, canaux hépatiques, en fonction de facteurs locaux, régionaux
canal cholédoque et sphincter d’Oddi et centraux. C’est l’éternelle recherche
doivent pouvoir jouer leur rôle d’équilibre entre le « plus » est le « moins ».
pleinement. Les manipulations vasculaires viscérales
– Une viscoélasticité libre. À la suite de pro- permettent d’accéder à cet équilibre neu-
blèmes traumatiques, digestifs, chirurgi- rovégétatif. En effet, les nombreux filets
caux, d’intoxications médicamenteuses, et plexus nerveux accompagnent l’arbre

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Manipulations vasculaires viscérales
122 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

artériel. En manipulant les artères, les aux organes et viscères qui lui sont reliés
doigts sont au contact du système ner- vasculairement. Ainsi, lorsque nous vou-
veux et provoquent une autorégulation lons agir sur le foie, nos manipulations
centrale. peuvent aussi impliquer le duodénum, le
– Un champ électromagnétique harmonieux. pancréas, l’estomac et la rate. De même,
Les nombreuses expériences que nous pour améliorer la circulation des ovaires,
avons réalisées à l’aide de détecteurs ther- il est bon de faire des techniques vascu-
miques à distance ont montré très claire- laires sur l’utérus et les reins. C’est pour
ment un effet des manipulations sur les cette raison que la connaissance de l’ana-
infrarouges émis en regard d’un organe. tomie vasculaire est aussi importante.
Les infrarouges font partie du champ
électromagnétique. Un changement ther- Notion de suppléance
mique s’accompagne presque toujours et d’interdépendance
d’une réaction sur les autres longueurs vasculaire
d’onde, comme les ultrasons, les ondes
courtes, les ondes radio, les ondes électri- Un organe, pour assurer pleinement sa
ques, etc. Les manipulations vasculaires fonction, a besoin d’une circulation san-
viscérales permettent cette régulation du guine sans faille. En cas de défaillance, il
champ électromagnétique. va essayer de puiser son « manque circu-
– Une décharge émotionnelle. Le cerveau latoire » dans d’autres organes.
essaie par tous les moyens de se débarras- Si l’on prend l’exemple de l’abdomen,
ser de l’action des incalculables charges on se rend compte que le foie, le pan-
émotionnelles qu’il reçoit. La plupart du créas, le duodénum, l’estomac et la rate
temps, il le fait sur un organe. Il existe tirent la plus grande partie de leur circu-
alors un cercle vicieux qui fait que l’organe lation du tronc cœliaque. Leur origine
peut entretenir un malaise émotionnel d’un tronc commun ne leur suffit pas ; ils
constant. Par exemple, lorsque le foie fonc- échangent aussi entre eux de nombreu-
tionne mal, on se sent vidé et déprimé. ses anastomoses.
Aider le foie renforce les forces de réaction
d’une personne et lui permet de mieux Quelques exemples
s’adapter aux difficultés de sa vie. Nous donnons ci-après quelques exem-
Ainsi va l’ostéopathie, qui correspond ples d’interdépendances vasculaires, pour
à une perpétuelle recherche pour que la certains organes de l’abdomen.
main puisse venir au secours d’une per- – Estomac
sonne qui souffre.
• Artère gastrique gauche venant directe-
ment du tronc cœliaque
Le concept de globalité • Artère gastrique droite venant de l’hé-
patique propre
vasculaire viscérale
• Artère gastro-omentale gauche, bran-
Pour donner toutes les chances à un che de l’artère splénique
organe de recouvrer son rôle, il faut • Artère gastroduodénale donnant la gas-
étendre les manipulations vasculaires tro-omentale droite
Principes des manipulations vasculaires viscérales 123

Tout cela constitue le cercle vasculaire de l’hyperémie faisant suite à l’oligémie


l’estomac. était l’explication.
– Pancréas Mais la motricité de l’artère est totale-
ment dépendante de son système ner-
• Artère pancréaticoduodénale supéroan-
veux intrinsèque ou extrinsèque.
térieure venant de l’artère gastroduodé-
nale Systèmes nerveux
• Artère pancréaticoduodénale supéropos- et hormonochimique
térieure venant de l’artère gastroduodénale
Au début de l’attaque migraineuse, on
• Artère pancréaticoduodénale inférieure assiste à une activation neuronale dans
 artère mésentérique supérieure le tronc cérébral et l’hypothalamus. C’est
• Artère splénique une dépolarisation massive et transitoire
• Suppléance gastrique droite  artère des neurones (communication de Gilles
omentale gauche – artère splénique Géraud, Centre hospitalo-universitaire
de Toulouse-Rangueil).
– Grêle
L’hypoperfusion pourrait être la
• Artère colique droite (artère mésentéri- conséquence de la dépression neuro-
que supérieure)  artère jéjunale-cæcale nale et due à l’activation des neurones
• Suppléance artère mésentérique inférieure vasoconstricteurs.
• Première artère jéjunale avec l’artère
pancréaticoduodénale Système trigéminocervical
– Duodénum Nous avons déjà abordé ce problème dans
notre livre Manipulations des nerfs crâniens
• Artère pancréaticoduodénale supéro-
(Barral et Croibier, 2006, p. 151).
antérieure (gastroduodénale)
Les vaisseaux du cortex, de la pie-mère
• Artère pancréaticoduodénale supéro- et de la dure-mère reçoivent leurs fibres
postérieure (gastroduodénale) sensitives du ganglion trigéminal, d’autres
• Artère pancréaticoduodénale inférieure nerfs crâniens, de la moelle allongée et de
(mésentérique supérieure) la région cervicale haute. Leur stimula-
• Artère pancréaticoduodénale  première tion provoque une élévation de la séro-
artère jéjunale tonine dans le sang qui est un puissant
Ces quelques exemples parmi tant vasoconstricteur.
d’autres soulignent bien le rôle prépon- La migraine montre bien la complexité
dérant du duodénum dans le système des rapports vasculonerveux, où tout est
vasculaire abdominal. intriqué ; l’exemple de la physiopathologie
des douleurs mammaires l’illustre bien.
Les artères et la douleur
Physiopathologie des douleurs
Migraines mammaires
On a longtemps cru que les migraines Les vaisseaux du tissu conjonctif mam-
étaient uniquement dues à un problème maire sont très sensibles aux estrogènes.
vasculaire. On incriminait la vasodilata- Ils entraînent une augmentation de la
tion qui succédait à la vasoconstriction ; vascularisation et une vasodilatation. Il en
124 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

résulte un œdème interstitiel par augmen- dans ces cas, les techniques de glissé-in-
tation locale de la perméabilité capillaire. duction. Elles consistent à balayer super-
L’œdème du tissu conjonctif peut entraî- ficiellement et délicatement la surface de
ner une distension des fibres conjonctives l’artère en induction.
et comprimer les filets nerveux sensi- Ces manœuvres s’adressent plutôt
tifs à l’origine de la douleur mammaire aux petits filets nerveux qui recouvrent
(Seippel et Bäckström, 1998). Bertrand l’artère. Il est important d’insister sur les
Tournant, gynécologue à l’hôpital Saint- zones rugueuses de moindre glissement ;
Louis de Paris, a bien analysé ces réactions ce sont elles qui donnent la meilleure
complexes. réponse à nos techniques.
La vasodilatation est liée à l’apport Cette rugosité peut être due à un défaut
estrogénique endogène, exogène et local. d’élasticité, à des microcalcifications de
Les vaisseaux du tissu conjonctif mam- la paroi artérielle ou à des indurations
maire ont des récepteurs aux estrogènes neurales.
sensibles à toute variation estrogénique.
Leur stimulation va créer un œdème par Étirements-induction
augmentation de la perméabilité capillaire
qui va distendre les fibres conjonctives. Les étirements-induction s’adressent aux
Cette distension provoque une irritation grosses artères à prédominance élasti-
et une compression des filets nerveux sen- que. C’est par l’étirement qu’on stimule
sitifs déclenchant des douleurs. les mécanorécepteurs de la tunique
D’ailleurs, les techniques de massages moyenne des artères. Cette tunique est
doux locaux permettent de réduire l’œdème sensible aux étirements axiaux, latéraux
interstitiel et de soulager la douleur. Ils pro- et antéropostérieurs.
duisent une courte analgésie par l’activa-
tion de l’un des mécanismes du contrôle Compressions-décompressions-
périphérique de la douleur, le gate control induction
(fermeture du passage des influx nociceptifs
vers le cerveau au niveau de la moelle). Sur certaines zones précises où l’on ne
Les artères sont sensibles au taux d’es- peut pas suivre l’artère sur un long trajet
trogène circulant, aux stimuli des méca- avec les doigts, on compresse et décom-
norécepteurs péri- et intra-artériels, aux presse lentement la portion artérielle
catécholamines, à l’histamine, la sérotonine, choisie avec un pouce ou la pulpe d’un
au système nerveux vagal, sympathique et doigt. On exécute ces techniques pour le
à des facteurs centraux (hypothalamus, sys- tronc cœliaque et la bifurcation aortique
tème limbique, etc.). par exemple.

Étirements combinés
Principales techniques
à visée vasculaire Les longues artères facilement palpables
comme la brachiale peuvent bénéficier
Glissé-induction d’un étirement local accompagné d’un
mouvement du membre concerné.
Certaines régions sont très sensibles et En flexion d’un membre, une artère
parfois très irritables. Nous utilisons, est raccourcie ; en extension elle s’al-
Principes des manipulations vasculaires viscérales 125

longe, surtout si en plus on ajoute un et une compression artérioveineuse et


peu d’abduction. lymphatique.
Le principe consiste à prendre un point
fixe sur l’artère et à le maintenir tout en Principes des techniques d’irrigation
mobilisant le membre.
On peut effectuer les techniques d’irrigation
soit par soulèvement maintenu, soit par
Techniques en « accordéon » étirement maintenu, selon la disposition
de l’organe et de son pédicule vasculaire.
Certains organes comme le pancréas Certaines artères sont situées sous un
ou l’utérus ont un système artériel organe et, en cas de congestion, d’inflam-
très flexueux. Pour avoir un effet sur mation, de fibrose ou d’adhérence, elles
ces artères sinueuses, on essaie dans peuvent être comprimées, voire détour-
un premier temps de les raccourcir et nées de leur trajet initial.
ensuite de les laisser revenir à leur lon- Le soulèvement-irrigation consiste à
gueur initiale. maintenir l’organe une vingtaine de
Ces techniques en « accordéon » ont secondes en direction céphalique pour
un effet mixte sur le système vasculaire que la circulation ait le temps de s’amé-
et sur la viscoélasticité de l’organe visé. liorer. Le cerveau reçoit alors des stimula-
tions mécaniques des nervi vasorum qui
Techniques d’irrigation viscérale lui ont fait longtemps défaut.
D’autres organes, comme l’estomac,
Pour avoir un fonctionnement optimal, ont une disposition anatomique et vascu-
un organe a besoin d’une irrigation par- laire qui répond mieux à des techniques
faite. De nombreux facteurs viennent d’étirement.
empêcher une circulation vasculaire per- Rappelons que nos résultats sont en
formante. Les principaux sont les sui- grande partie dus à l’effet rétroactif central.
vants :
– sédentarité ;  Axe artérioveineux
– position assise prolongée ; L’arbre artérioveineux étant souvent
– excès pondéral ; comprimé, le fait de soulever l’organe
– mauvais régime alimentaire ; dans la direction des gros troncs artério-
veineux augmente temporairement sa
– artériopathies pariétales et obstructives ;
circulation locale.
– fixations vertébrales ; Les mécanorécepteurs artérioveineux
– fixations costales ; activés fortement vont stimuler les cen-
– adhérences post-traumatiques ou chiru- tres circulatoires locorégionaux, le bulbe
rgicales ; rachidien et le thalamus.
– scoliose ;
– ostéoporose.  Maintien du soulèvement
Il convient de ne pas oublier que la ou de l’étirement
diminution de la hauteur du rachis liée à Une fois l’organe mobilisé dans l’axe des
l’âge « tasse » les organes les uns contre les gros troncs artérioveineux, on le maintient
autres, entraînant une moindre mobilité une vingtaine de secondes. On obtient
126 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

alors une meilleure irrigation immédiate On peut ensuite réaliser des manœu-
et les mécanorécepteurs peuvent agir vres perpendiculaires à ces grands axes.
dans le temps avec plus d’efficacité. Par exemple, le pancréas a des artères
Le cervelet et le cerveau reçoivent des qui suivent sa direction longitudinale
informations de bonne irrigation qu’ils de droite à gauche, du sphincter d’Oddi
n’ont plus reçues depuis longtemps. Par à la rate, qu’on manipule en technique
effet feed-back, ils vont réorganiser le dite « en accordéon ». Il a cependant de
système circulatoire local. nombreuses petites artères qui sont per-
pendiculaires à ce grand axe. Nous mani-
 Déplissage artérioveineux pulons son système vasculaire selon son
Avec le temps et tous les paramètres de grand axe longitudinal et aussi perpendi-
mauvaise irrigation, les artères et les vei- culairement à cet axe.
nes deviennent tortueuses. Le soulève-
ment vasculaire viscéral va les déplisser.  Raccourcissement vasculaire préalable
Tout étirement d’une tubulure augmente
Il s’agit d’étirer l’appareil vasculaire des
considérablement sa fonction ; c’est par
organes. Les expériences faites avec un
stimulation directe des fibres musculai-
Doppler ont montré qu’un raccourcisse-
res artérielles que cette réaction a lieu.
ment préalable pouvait améliorer immé-
 Expérimentation diatement le flux artériel.
Il est possible d’émettre plusieurs hypo-
L’un de nos amis, chirurgien, nous a thèses à ce sujet :
permis, lors d’une opération abdomino- – les mécanorécepteurs artériels sidérés
pelvienne de vérifier l’effet du soulève- réagissent immédiatement à toute stimu-
ment vasculaire viscéral sur un utérus. lation ;
Ce dernier était congestif et violacé.
– le raccourcissement a aussi un effet vei-
Nous avons pu constater qu’en le soule-
nolymphatique immédiat qui, par voie
vant dans l’axe artérioveineux, il prenait
réflexe, donne une stimulation centrale.
immédiatement une couleur plus rose, la
circulation veineuse se rétablissant. Cela Notons que le raccourcissement préala-
n’avait lieu que lorsque l’on soulevait ble améliore instantanément le flux arté-
l’utérus dans son axe. Tout mouvement riel alors que, pendant quelques secondes,
de rétro- ou de latéroversion augmentait le soulèvement vasculaire peut le ralentir.
la coloration violacée de l’organe.
 Principaux organes concernés
Méthodologie des techniques par les techniques d’irrigation
d’irrigation
Ces organes sont :
 Respect de la direction – les poumons ;
des axes vasculaires – le foie ;
On effectue le soulèvement d’abord dans la – l’estomac ;
direction des grands axes artérioveineux ; – l’intestin ;
c’est un point préalable indispensable. – le duodénum ;
Principes des manipulations vasculaires viscérales 127

– le pancréas ; Les veines se rapprochent du cœur ;


– la thyroïde ; c’est pour cette raison qu’avant d’essayer
– l’utérus ; d’allonger une artère, nous la raccourcis-
sons un peu au préalable pour jouer sur
– les ovaires.
le système artérioveineux entier.
Si nous parlons principalement des artè-
Artères et veines : res, c’est à cause de leurs battements qui
un indissociable système nous permettent d’être plus précis d’un
point de vue palpatoire, et nous avons pu
Lorsque nous parlons de manipulation objectiver notre action sur elles à l’aide
vasculaire, nous intégrons aussi le sys- d’un Doppler.
tème veineux. Chaque artère est entou- Il s’agit de se rappeler qu’à chaque fois
rée d’une ou de deux veines qui suivent que l’on exécute une manœuvre « sur une
fidèlement son tracé ; il n’est donc pas artère », on s’adresse en fait à l’ensemble
utile de décrire pour chaque veine le d’un pédicule vasculaire et on a un effet
tracé anatomique. sur les veines qu’il contient.
Chapitre 8

Du contenant au
contenu thoracique
Le contenant

Recherche des parties rigides

Le contenu

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Manipulations vasculaires viscérales
Du contenant au contenu thoracique 133

Chapitre 8

Du contenant au
contenu thoracique
Le contenant la colonne vertébrale. Cela n’est plus vrai
en cas de traumatisme sévère.
Avant d’aborder la partie cardiovascu-
laire du thorax, il est indispensable de Évaluation sagittale
libérer le plus possible les tensions ostéo-
chondro-ligamento-fasciales du thorax. En décubitus
Une cage thoracique libre permet de
mieux affiner les techniques vasculo- Le patient est allongé, les mains reposant
viscérales intrathoraciques et de mieux sur l’abdomen, les coudes sur la table
répartir les pressions qui s’y exercent. pour relâcher les tensions myofasciales
N’oublions pas non plus les articu- des épaules.
lations intervertébrales et costoverté-
brales qui peuvent affecter les organes  Premier test
intrathoraciques. Comprimez d’abord le sternum, les pau-
mes placées l’une sur l’autre, au-dessus de
Recherche des parties l’angle sternal en direction postérieure et
légèrement caudale (figure 8.1).
rigides
Déplacez vos paumes vers la gauche
Le sternum est un os plat qui possède puis vers la droite pour apprécier l’élasti-
une excellente mémoire intraosseuse des cité chondrosternale et chondrocostale.
traumatismes ou des malpositions pré- ou Effectuez-la même manœuvre en des-
postnatales. Il fait penser au sacrum dont sous de l’angle sternal. C’est un test qui
l’os et le périoste ont la même faculté. met en évidence les fixations antérieures
Le sternum nous sert à la fois de test et chondrosternales qui se traduisent par
de moyen de libération. une résistance particulière de la cage tho-
Les côtes, avec leurs parties osseuses et racique en compression.
cartilagineuses, sont victimes de nombreux
traumatismes physiques qui affectent la
 Deuxième test
vie. Lorsqu’on est victime d’une chute ou Glissez une paume à plat en direction
d’un traumatisme en voiture, ce sont plus des épineuses dorsales et, de vos doigts,
les côtes qui sont touchées en premier que poussez les articulations costovertébrales,

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Manipulations vasculaires viscérales
134 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Évaluation latérale
On a trop souvent tendance à oublier les
parties latérales des côtes qui sont de très
importants récepteurs mécaniques trau-
matiques. On peut trouver des côtes qui
sont libres de toutes contraintes anté-
rieures et postérieures alors qu’elles sont
fixées latéralement, fixations qui ont des
effets nocifs sur les organes avoisinants
et la plèvre pariétale.
On peut les réaliser en latérocubitus
ou dans le test dit du double appui.

Évaluation en double
compression
Cette évaluation est indispensable à effec-
tuer. Elle permet de trouver des zones de
rigidité qui peuvent échapper aux tests
préalablement décrits (figure 8.2).
Quand vous l’effectuez, essayez de
penser en trois dimensions. Le thorax a la
forme d’un gros container qui en englobe
Fig. 8.1. Évaluation sagittale du thorax. d’autres plus petits. Hormis le sternum,
aucune de ses parties n’est plate.
costotransversaires et l’angle postérieur
des côtes vers l’avant, tout en exerçant
Position
un mouvement de rotation externe du Le patient est en décubitus, les deux
membre supérieur de votre main libre. mains sur l’abdomen. Vous êtes situé
C’est un excellent test qui vous per- latéralement par rapport au patient.
met avec précision de faire le tri entre les
fixations ostéoarticulaires postérieures et Test
celles des tissus mous avoisinants. Placez une paume contre la partie laté-
rale du thorax et exercez une poussée en
En procubitus
direction du sternum, d’abord à sa partie
Le patient est à plat ventre, le front sur céphalique, ensuite moyenne et à la fin
les mains. Des deux paumes, on applique caudale. Positionnez votre coude contre
une pression sur les articulations costo- votre propre thorax pour que la pous-
vertébrales, costotransversaires et l’an- sée soit puissante mais indolore et sans
gle postérieur des côtes qui correspond qu’elle vous demande d’efforts. Dans
à la partie postérieure des côtes, la plus notre métier, plus on appuie fort, plus
proéminente. on sent ses propres doigts, au risque de
Du contenant au contenu thoracique 135

Fig. 8.2. Évaluation en double compression du thorax.

ne pas sentir la bonne fixation. Toutes directement plusieurs fois la partie rigide
les techniques qui nous fatiguent sont à mise en évidence par les tests pour stimu-
bannir : la route est longue et, de plus, ler les mécanorécepteurs locorégionaux
cette fatigue va nous faire ressentir plus et pour réaliser ensuite une induction
notre propre corps que celui du patient. (exagération du mouvement dans le
De l’autre paume, vous exercez une sens de l’écoute), sans relâcher le double
poussée antéropostérieure au niveau du appui. Il y a deux temps à respecter.
sternum ou de la partie antérieure des
côtes. Vous devez sentir les deux pous- Premier temps
sées se rejoindre et mettre en évidence Comprimez latéralement le thorax d’une
une zone indurée. paume et, de l’autre, exercez une poussée
Ce test en double appui va vous sur- sagittale sur le sternum ou la face anté-
prendre : vous trouverez de nouvelles rieure des côtes.
zones de rigidité qui n’apparaissaient pas
lors des premiers tests. Deuxième temps
Testez bien les différents plans antéro- Les deux poussées doivent se rejoindre
postérieurs en faisant rejoindre vos dif- sur la zone fixée. Exercez plusieurs mou-
férents plans de poussée plus ou moins vements pour stimuler les mécanorécep-
profondément. teurs et réalisez une induction des deux
mains.
Traitement en double Réalisez ensuite une deuxième pous-
compression sée antéropostérieure du sternum ou
des côtes. Les deux poussées doivent
C’est le même principe qu’on utilise, se rejoindre à l’endroit le plus rigide
en différant les positions. Comprimez du thorax que vous allez manipuler en
136 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

induction. Il faut parfois dépasser un peu Le contenu


la limite de l’induction.
À la fin, vous devez avoir littéralement C’est seulement quand le thorax ne
l’impression que le thorax s’amollit et ne présente plus de zones rigides qu’il faut
présente plus de zones de résistance ponc- s’adresser au contenu du thorax, péri-
tuelles ; vous sentez comme une balle carde, médiastin, cœur et poumons.
dure qui se dégonfle progressivement. Nous allons étudier plus particulière-
Cette technique non seulement donne ment le cœur et le système vasculaire du
de bons résultats, mais en plus permet de poumon.
ressentir le traitement en trois dimensions.
Chapitre 9

Cœur
Rappels anatomiques

Évaluation clinique des précordialgies

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Cœur 139

Chapitre 9

Cœur
Le cœur est souvent décrit comme ayant légèrement en dedans de la verticale
la forme d’un poing reposant sur le passant par le milieu de la clavicule
diaphragme. Son poids est d’environ 275 g gauche
pour 10 cm de hauteur, 11 cm de largeur Dans les techniques que nous emplo-
et 25 cm de circonférence. yons, c’est surtout la partie ventrale que
Il est incliné à gauche par rapport au nous contactons par l’intermédiaire du
grand axe du corps, sa pointe est orien- thorax et des côtes.
tée caudalement et à gauche, alors que
sa base (sa partie céphalique) regarde en Excitabilité des fibres cardiaques
haut en arrière et à droite.
Le cœur est d’un grand intérêt pour Le muscle cardiaque a une conductibilité
nous, parce qu’il est au départ et à l’arri- neuromusculaire qui lui assure la trans-
vée de toute la tuyauterie vasculaire. mission de l’influx nerveux de fibre à
fibre ; si bien que le cœur peut fonction-
ner en toute indépendance, grâce à son
Rappels anatomiques système nerveux autonome.
L’excitation venue du nœud de Keith
Configuration extérieure et Flack se propage au nœud de Tawara
par la paroi des atriums. De là, elle se
La face ventrale du cœur est constituée par transmet aux ventricules par les deux
la paroi antérieure du ventricule droit et une branches du faisceau de His.
petite partie du ventricule gauche. Entre L’excitation ne peut provoquer une
les deux ventricules, on trouve le sillon nouvelle stimulation que lorsque le mus-
interventriculaire antérieur que parcourt le cle cardiaque se trouve en relâchement
rameau interventriculaire antérieur, bran- diastolique ; on comprend que c’est pour
che de l’artère coronaire gauche. lui éviter toute forme de contracture
– Le bord droit est constitué par l’atrium spasmodique.
droit et la veine cave supérieure. Entre
l’atrium et le ventricule droit, on trouve Système nerveux central
l’artère coronaire droite. La limite du Le système nerveux central modifie assez
bord droit est à environ un doigt du bord peu le système neurovégétatif. Il fait
droit du sternum. varier la fréquence cardiaque (échappant
– Le bord gauche est formé par la limite à l’influence de la volonté), sans avoir
gauche de l’atrium et du ventricule d’effet sur l’interdépendance auriculo-
gauches. La limite du bord gauche est ventriculaire sinusale autonome.

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Manipulations vasculaires viscérales
140 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Système parasympathique vagal Nerfs dépresseurs cervico-


Le système parasympathique vagal ralen- thoracique du vagus
tit la fréquence et diminue la puissance Situés dans l’endocarde et la crosse de
des contractions. Notons que nous pou- l’aorte, la stimulation de ces nerfs dépres-
vons obtenir le même résultat en : seurs de Cyon actionne aussi une bradycar-
– comprimant les globes oculaires (réflexe die réactionnelle et une baisse de tension.
oculocardiaque) ; En règle générale, une compression de la
– augmentant la pression intracrânienne partie céphalique du cœur stimule le para-
(compression bitemporale et, à un degré sympathique vagal – nous y reviendrons.
moindre, fronto-occipitale).
Gros vaisseaux du cœur
Système sympathique
À la partie ventrale du cœur, nous pou-
Le système sympathique accélère le vons voir :
rythme cardiaque et augmente la puis-
– le tronc pulmonaire : il naît du ventri-
sance des contractions. C’est pour cette
cule droit en dedans de l’aorte ;
raison que les émotions et les produits
sympathicomimétiques augmentent – l’aorte : elle naît du ventricule gauche
la fréquence cardiaque (café, alcool, et s’enroule autour du tronc pulmonaire.
tabac). Elle plonge ensuite en direction caudale
Notons que la compression forte trans- en arrière du cœur ;
versale de la dernière phalange de l’auri- – l’arc aortique : il se situe au niveau de
culaire gauche a tendance à stimuler le l’angle sternal. De cet arc aortique débou-
cœur. Cette particularité est intéressante chent les artères destinées au cou, à la tête
à connaître lorsqu’une personne est vic- et au bras, dont nous reparlerons ;
time d’un malaise vagal. – la pointe du cœur, située entre les 4e et
5e côtes gauches, proche de la ligne ver-
Actions vagosympathiques ticale médioclaviculaire gauche. C’est à
Ces systèmes ont une forte action sur la ce niveau que les battements cardiaques
vasomotricité et la pression vasculaire. sont le plus perceptibles (figure 9.1).
Le système sympathique est vasocons-
tricteur et hypertenseur. Repères simplifiés
Le système parasympathique est vaso-
dilatateur et hypotenseur. Nous avons simplifié comme suit les
rapports thoraciques antérieurs du cœur
Sinus carotidien (figure 9.2). Il existe bien sûr des varia-
Le sinus carotidien est tensiorégulateur. tions dues aux différences de constitu-
Lors d’une élévation de la pression san- tion des personnes.
guine intracarotidienne, il fait déclencher – Base : une ligne horizontale passant par
une bradycardie avec baisse tensionnelle l’angle sternal (2e articulation chondro-
consécutive. Nous décrivons une tech- sternale).
nique propre au sinus carotidien dans le – Pointe : une ligne horizontale passant
chapitre 23. par la 4e côte droite et la 5e côte gauche.
Cœur 141

Artère carotide commune droite


Artère carotide commune gauche
Artère subclavière droite Artère subclavière gauche

Arc aortique

Veine cave supérieure


Aorte ascendante Artère pulmonaire gauche
Péricarde
Veine pulmonaire
gauche supérieure

Atrium droit Atrium gauche

Grande veine cardiaque

Artère coronaire Artère interventriculaire


droite antérieure, branche de
l'artère coronaire
gauche

Ventricule droit

Ventricule gauche

Apex du cœur

Fig. 9.1. Cœur et gros vaisseaux.

– Côté droit : une ligne verticale passant


Squelette fibreux du cœur
légèrement en dehors du bord droit du
sternum. Si on effectue une section transversale
– Côté gauche : une ligne verticale pas- de la base du cœur (c’est-à-dire sa partie
sant légèrement en dedans de la ligne haute), on se rend compte que toutes
verticale médioclaviculaire gauche. les valves se regroupent à peu près sur la
142 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Arc aortique
Valve pulmonaire

Valve aortique
Vraies côtes
(1re à 7e) Valve mitrale

Valve tricuspide
Diaphragme

Fausses côtes
(8e à 10e)

Fig. 9.2. Repères simplifiés du cœur.

même zone. C’est la zone valvulaire ; à ce N.B. : La valve pulmonaire n’est pas fixée
niveau, le tissu conjonctif s’organise en au squelette fibreux du cœur, elle est moins
s’épaississant pour former le squelette du dure à la palpation-compression. On arrive
cœur (figure 9.3). malgré tout à sentir sa zone de résistance.
Les parties les plus dures à la com- Quand on comprime différentes par-
pression sont formées par les valves ties du cœur, on sent très nettement
et le tissu conjonctif qui les unit, à certaines zones plus dures, plus denses
savoir les valves aortique, tricuspide et et plus résistantes. Ces dernières sont
mitrale. situées vers la partie céphalique du cœur,
Anatomiquement, cette partie est c’est-à-dire à sa base.
désignée sous le nom de corps central On peut concevoir le scepticisme de
fibreux du cœur. certains sur le fait de pouvoir différencier à
Les valves tricuspide et mitrale renfer- la compression manuelle certaines parties
ment un demi-anneau fibreux servant du cœur. Il existe pourtant un protocole
d’insertion aux valvules . d’approche qui permet cette subtilité.
Cœur 143

Valve pulmonaire

Anneau fibreux de l’ostium


du tronc pulmonaire
Anneau fibreux de
Valve aortique l’ostium de l’aorte

Trigone fibreux
gauche

Anneau fibreux
de l’ostium
atrioventriculaire
droit
Valve
atrioventriculaire
Valve
gauche
atrioventriculaire
droite

Anneau fibreux de l’ostium Trigone fibreux droit


atrioventriculaire gauche

Fig. 9.3. Squelette fibreux du cœur.

Évaluation clinique qu’il avait ressenti la douleur intercostale


des précordialgies et que c’était purement d’origine mécani-
que – alors que c’était un problème car-
Douleurs précordiales diaque que l’effort avait mis en éveil.
À l’inverse, nous avons eu aussi des
Qui n’a pas ressenti un jour ou l’autre patients hospitalisés en service de car-
des douleurs dans la région du cœur sans diologie pour de simples fixations costo-
pour autant avoir un problème cardia- vertébrales.
que ? Cependant, la prudence reste de Quelques questions à poser en cas
mise : même si nos patients sont bien de suspicion de douleurs précordia-
suivis sur le plan médical, il nous faut les sont énumérées ci-après. Quand le
toujours rester sur nos gardes. patient répond majoritairement oui à
Nous avons eu plus d’une dizaine de ces questions, un examen médical est
cas de coronaropathie où le siège de la impératif.
douleur faisait penser à une douleur inter- À la fin de cette série de questions, nous
costale mécanique banale ; le patient nous donnons les caractéristiques essentielles
certifiant que c’était bien après un effort des douleurs d’origine mécanique.
144 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Circonstances d’apparition – Persiste-t-il après la douleur une sensa-


tion d’endolorissement ?
Les symptômes sont-ils apparus :
– spontanément et de manière aléatoire ? Dyspnées
– lors d’un effort, d’une activité physique ?
Le patient a-t-il l’impression :
– après le repas ?
– qu’une activité jusqu’alors banale
– lors d’une exposition au froid ? devient difficile et s’accompagne d’es-
– en se couchant ? soufflements ?
– pendant le sommeil ? – que la nuit, sans raison, il ressent une
oppression l’obligeant à s’asseoir, ou à res-
Siège de la douleur ter assis dans le lit avec des coussins dans
le dos, à se lever penché en avant ou à se
La douleur se situe-t-elle :
mettre à cheval sur une chaise, le front
– au niveau intercostal ? appuyé sur le dossier.
– en arrière du sternum ? – qu’il ressent son cœur battre plus fort
– d’un seul côté ? dans sa poitrine au point de l’incom-
Irradie-t-elle dans : moder ?
– la face médiale du bras ? – qu’il ressent son œsophage comme s’il
– le petit doigt gauche ? avait avalé un noyau de pêche ?
– le cou ?
– la mâchoire ? Discussion
En général, la douleur d’origine mécani-
Intensité de la douleur que, vertébrale ou intercostale :
– Est-ce plutôt une gêne qu’une douleur ? – survient après un effort ou un trauma-
– S’agit-il d’un engourdissement, d’une tisme ;
oppression, d’un serrement, d’une brûlure ? – est soulagée dans certaines positions ;
– Est-ce supportable ou intolérable ? – s’intensifie en toussant, en éternuant, en
– S’accompagne-t-elle d’angoisse ? D’im- s’appuyant sur les côtes ou le sternum ;
pression de mort imminente ? – est mise en évidence dans les tests de
– Provoque-t-elle une vagotonie, des mobilité en cas de fixation costale, ster-
tendances syncopales, des dyspnées, nocostale, chondrocostale ou costoverté-
des palpitations, des troubles du rythme brale dans le territoire concerné ;
cardiaque ? – est le plus souvent unilatérale ;
– ne donne pas la sensation d’être en
Durée de la douleur danger et ne provoque pas d’angoisse.
– Les symptômes cessent-ils juste après – Il convient de faire attention aux dou-
l’arrêt de l’activité ? leurs qui sont :
– La sédation de la crise donne-t-elle – aléatoires ;
des éructations en chaîne soulageant le – anarchiques ;
patient ? – déclenchées par le froid ;
Cœur 145

– présentes la nuit, indépendamment de Les nerfs vagues fournissent une grande


tout mouvement ; partie de l’innervation du cœur. Le cerveau
– accompagnées d’oppression ; ne fait pas toujours la différence de ce qui
– déclenchées par l’activité ou l’effort ; est digestif et de ce qui est cardiaque.
– postprandiales ; Œsophage
– anxiogènes ;
Le nerf vague procure à la fois la sensi-
– indépendantes de fixations ostéoarti- bilité et la motricité de la musculature
culaires. œsophagienne. Ce ne sont pas les seu-
les fibres nerveuses qui innervent cette
Précordialgies d’origine région, mais leur rôle est considérable.
non cardiaque Du fait de la position anatomique jux-
tacardiaque de l’œsophage, un spasme
Comme nous l’avons déjà évoqué, de ou une irritation œsophagienne affole le
nombreux symptômes peuvent faire pen- patient qui pense tout de suite à un pro-
ser à un patient qu’il a un problème car- blème cardiaque.
diaque. Le diagnostic différentiel n’est pas Enfin, les hernies hiatales et les reflux
toujours évident, surtout en présence de gastro-œsophagiens peuvent aussi pro-
symptômes qui viennent de l’œsophage voquer des précordialgies.
ou de l’estomac et qui peuvent emprun-
ter le même parcours nerveux. Névralgies costovertébrales
Les précordialgies d’origine non car- Le cas typique est celui d’un patient qui
diaque les plus fréquentes sont décrites a fait une chute sur le dos, sur le côté ou
ci-après. sur le membre supérieur. Quelques mois
après, il ressent une petite gêne thora-
Estomac cique gauche accompagnée d’impres-
Les douleurs précordiales sont souvent sions de petits coups de poignard dans
dues à une dilatation gastrique de type la poitrine.
aérocolique. Dans ce cas, à la percussion, Ces différents symptômes l’amènent à
on perçoit très nettement, dans la région penser qu’il a un problème cardiaque. Les
sous-costale gauche, le tympanisme gas- fixations costovertébrales peuvent don-
trique. Souvent, le patient éructe pour ner une gêne respiratoire et une impres-
soulager sa gêne au point d’en avoir un sion de thorax en carcan.
tic : plus il éructe, plus il a besoin d’éruc- Petit à petit et insidieusement, le
ter. Notons tout de même qu’un pro- patient se sent en danger et le moindre
blème cardiaque peut déclencher aussi petit symptôme supplémentaire lui pro-
des éructations. cure une sensation de risque cardiaque
Nous pensons qu’en plus de la gêne imminent.
mécanique locale directe, la tension gas- Il est impératif d’envoyer ce patient
trique stimule anormalement les nerfs consulter son généraliste ou un cardio-
vagues. Cela provoque une hyperchlorhy- logue, car son cerveau est en totale vigi-
drie et un spasme de la musculature gas- lance sur la région cardiaque. Il attend
trique créant une sorte d’« appel d’air ». littéralement les moindres manifestations
146 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

physiques thoraciques pour les transformer – les fixations vertébrales et costales ;


en message de danger. – etc.
Nous aimons donner l’exemple suivant
à nos patients. Vous habitez un apparte- Facteurs psychoémotionnels
ment où les voisins du dessus sont très
bruyants, cela perturbe votre tranquil- Le cœur réagit très vite et volontiers au
lité et vous stresse. Un jour, vous n’en- stress. Il se met à palpiter, donnant l’im-
tendez plus de bruits. « Tiens comment pression qu’il s’emballe dans la poitrine.
se fait-il qu’ils ne fassent point de bruit Il peut aussi créer une sensation d’étau
aujourd’hui ? » Votre cerveau s’est mis thoracique. Nous avons vu de nom-
à l’affût de ces bruits et il les attend, au breux patients parfaitement convaincus
point de parfois les amplifier ! Il se passe d’avoir un problème cardiaque, alors que
la même chose pour toutes les informa- tous les examens objectifs n’avaient rien
tions nociceptives récurrentes : le cerveau décelé ; en fait, il s’agissait de réactions
les guette pour souvent les exagérer. émotionnelles.
N.B. : Méfions-nous des douleurs sans
cause apparente, le patient ne pou- Approche manuelle
vant leur attribuer une relation de
cause à effet ; surtout, si les fixations Précautions
ostéo-chondro-articulaires sont absentes.
Il faut aussi être prudent devant une L’ostéoporose demande des précautions
douleur de mâchoire sans signe évident en raison de la pression ostéocartilagi-
de dysfonction temporomandibulaire et neuse effectuée.
de malocclusion. Gardons aussi la même
prudence devant une impression de gêne Indications
thoracique, même située à droite, sans Les indications d’une approche manuelle
traumatisme préalable. Enfin, il faut tou- du cœur sont les suivantes :
jours tenir compte de l’angoisse du patient.
– traumatisme thoracique important.
Rappelons que ce sont les organes intra-
Autres causes
thoraciques qui donnent, par leur résis-
De nombreux organes peuvent amener tance viscoélastique, la solidité du thorax
un patient à croire qu’il a une cardiopa- et non le cadre osseux ;
thie. La liste suivante, forcément incom- – suites d’opérations cardiopulmonaires ;
plète, est fondée sur ce que nous avons
– hypersensibilité thoracique d’origine
observé cliniquement :
anxieuse. Nous avons travaillé dans un
– les bronches, notamment lors d’un service de pneumologie et de chirurgie
bronchospasme ; cardiaque ; il était étonnant de voir com-
– la vésicule biliaire, peut-être en relation bien les patients avaient peur qu’on leur
avec le nerf phrénique ; touche le thorax alors que c’était bien là
– la rate, par les névralgies intercostales qu’il fallait intervenir ;
gauches qu’elle provoque ; – sensation subjective de cardiopathie où
– les calculs rénaux ; tous les examens objectifs sont négatifs ;
Cœur 147

– cardiophobie ; l’angle sternal et l’articulation sternoxi-


– hypertension artérielle ; phoïdienne (évitez d’appuyer sur l’ap-
– tachycardie ; pendice xiphoïde).
Comprimez sagittalement le cadre ster-
– dysrythmie.
nocostal pour passer la première barrière
Contre-indications ostéocartilagineuse. Pensez en 3 dimen-
sions : comme nous l’avons déjà dit, le
Les suites de chirurgie cardiaque où un thorax est un volume dur qui contient
matériel a été posé (stent, valve artifi- d’autres volumes plus souples.
cielle, pace-maker) représentent une Quand vous percevez les battements
contre-indication. cardiaques, vous êtes sur une seconde
Par ailleurs, il convient de se méfier barrière constituée du cœur et de son sys-
d’un patient qui n’aurait jamais consulté tème d’attaches.
son médecin et qui présenterait : Sans jamais relâcher la compression,
– des vertiges non positionnels ; dépassez légèrement cette seconde bar-
– l’impression d’avoir des jambes sans rière pour ressentir certaines parties du
force ou qui se dérobent ; cœur plus indurées.
– des maux de tête violents et aléatoires ; N.B. : Cette approche ne doit jamais être
– des pouls fémoraux très faibles. douloureuse ou anxiogène. Réalisez-la
Ces différents signes et symptômes doucement et très progressivement, avec
peuvent être évocateurs d’un anévrisme l’impression que chaque fois que vous
aortique. ouvrez une barrière, vous entrez dans un
Enfin, il importe de faire attention aux autre espace.
signes de compression médiastinale : Lors de la compression, on sent d’abord
l’élasticité de certaines parties. On peut
– douleur rétrosternale ;
aussi apprécier leur viscoélasticité en relâ-
– toux ; chant très progressivement la compres-
– dysphonie (par compression du nerf sion pour évaluer le retour progressif de
récurrent) ; ces structures à leur forme initiale.
– dysphagie.
Zones dures naturelles du cœur
Compression-palpation du cœur
Ces zones correspondent au squelette
Pour sentir les différences de consistance fibreux du cœur.
du cœur, il faut respecter une méthodo- En effectuant une section transversale
logie d’approche. de la base du cœur (partie céphalique), on
se rend compte que toutes les valves sont
Protocole regroupées autour de la même zone ; c’est
Le patient est en décubitus, mains croi- la zone valvulaire. Elle est située entre le
sées sur l’abdomen. Vous vous placez 2e espace intercostal gauche et la 4e articu-
latéralement. lation chondrosternale droite (figure 9.4).
Appliquez une paume sur l’autre sur le Dans cette zone valvulaire, le tissu
sternum, dans un espace compris entre conjonctif s’organise autour des orifices
148 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Première côte

Muscle scalène antérieur Œsophage


Clavicule
Muscle subclavier
Nerf vague
Artère et veine gauche (X)
subclavières gauches

Tronc sympathique
Artère thoracique gauche
Artère pulmonaire
gauche Arc aortique

Bronche principale
gauche

Veines
pulmonaires
gauches

Diaphragme

Parties dures
du cœur
Barrière du cœur
et de son système
d’attache

Barrière
ostéocartilagineuse

Fig. 9.4. Coupe sagittale du thorax pour évaluer la profondeur de la palpation.

cardiaques. On y trouve les valves aorti- l’orifice de l’artère pulmonaire et la valve


que, tricuspide et mitrale. tricuspide.
Anatomiquement, cette partie est Les valves tricuspide et mitrale sont
désignée sous le nom de corps central entourées d’anneaux fibreux incomplets
fibreux du cœur (trigonum fibrosum). qui servent d’insertion aux piliers de ces
Jouxtant cette zone valvulaire, on trouve valves.
Cœur 149

La valve pulmonaire n’est pas fixée au Manipulations


squelette fibreux du cœur.
Outre son rôle mécanique de support Technique du squelette fibreux
musculaire, précisons que ce squelette
fibreux joue le rôle d’un remarquable  Position
isolant électrique, freinant et guidant le C’est la même position que celle précé-
passage des influx entre les atriums et les demment décrite pour le test.
ventricules (Dauzat et al., 2002).
 Technique directe
Ce que la paume ressent La technique directe s’applique sur les
On peut distinguer manuellement les par- points durs trouvés en viscoélasticité
ties constituant le squelette fibreux du cœur, (figure 9.5). Comprimez la zone dure
mais aussi les abouchements du tronc pul- trouvée lors du test, relâchez légèrement
monaire et de la veine cave supérieure. l’appui et exercez une induction tout en
Avec l’habitude, on distingue, à la com- laissant revenir progressivement par vis-
pression palmaire, ce qui est naturelle- coélasticité les zones indurées.
ment dur. En revanche, une sensation de Répétez cette manœuvre plusieurs fois
dureté inégale, peu homogène et créant jusqu’à ce que vous sentiez une libération
une sensation de gêne ou d’essoufflement nette, d’abord dans le retour en viscoélas-
n’est pas normale. C’est à ce niveau que ticité et ensuite en sentant en écoute que
nous devons appliquer nos techniques. la main n’est plus attirée par cette zone.
Quand la paume est bien au contact
du cœur, il convient de ne pas oublier
 Technique en double appui
d’effectuer une écoute locale pour déter- N’hesitez pas à appliquer la technique
miner avec précision les points durs à en double appui (figure 9.6) que nous
relâcher. avons utilisée à la fois pour le squelette

Fig. 9.5. Manipulation du squelette fibreux du cœur.


150 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 9.6. Manipulation du squelette fibreux du cœur en double appui.

thoracique et les éléments intratho- dit en schématisant et en simplifiant,


raciques : elle permet de libérer avec l’arc aortique, l’endocarde et la partie
beaucoup de précision des zones profon- céphalique du cœur sont plus sous la
dément situées. dépendance du système parasympathi-
Les battements du cœur permettent que vagal.
d’apprécier l’efficacité de nos techniques. Le test mécanique demande une lon-
Lorsqu’on a libéré toutes les tensions gue pratique, difficilement appréciable ;
mécaniques du cœur, les battements sont c’est la différence perçue au pouls radial
plus francs, généreux et harmonieux. qui permet de vérifier l’effet de la manipu-
Enfin, il est important de toujours lation. En cas de succès de la technique,
chercher à différencier la viscoélasticité on ressent une diminution progressive et
cardiaque des autres éléments qui entou- une régularisation du rythme cardiaque.
rent le cœur. Nous l’avons vérifié de nombreuses fois à
l’aide d’un oxymètre.
Technique de l’arc aortique Comme nous l’avons déjà dit, nous
avons eu plusieurs patients qui ont été
 Test hospitalisés à la suite de douleurs pré-
C’est surtout en raison des différentes cordiales où la suspicion d’infarctus
fibres nerveuses qui entourent le départ ou d’insuffisance coronarienne était
de l’aorte qu’il faut manipuler l’arc aor- forte et où tous les examens s’étaient
tique (figure 9.7). Comme nous l’avons révélés négatifs. En fait, il s’agissait de
Cœur 151

Œsophage
T2
Trachée

T3
Arc aortique

T4

Sternum T5

T6
Valve aortique

T7
Cœur dans
le péricarde
T8

T9

T10
Diaphragme

T11

T12

Fig. 9.7. Arc aortique.


152 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

fixations chondrocostales, conjonctivo-


péricardiques, ou peut-être de spasmes
coronariens.
Pour ce type de pathologie fonc-
tionnelle, nous obtenons d’excellents
résultats.

 Position
Le patient est en décubitus, mains sur
l’abdomen. Vous vous placez latéralement.

 Technique
Posez les deux paumes l’une sur
l’autre sur l’angle sternal (figure 9.8).
Comprimez doucement et progressive-
ment le sternum pour passer la barrière
osseuse, jusqu’à ressentir les battements
cardiaques.
Toujours en compression, dirigez vos
paumes en direction céphalique, légère-
ment vers la gauche. En dessous et à gau-
che de l’articulation sternoclaviculaire
gauche, changez de direction en bascu-
lant caudalement pour suivre la courbure
de l’aorte. Notre but est de stimuler les Fig. 9.8. Manipulation de l’arc aortique.
mécanorécepteurs qui, en permanence,
déchargent des informations centrales.
Celles-ci permettent d’assurer à l’orga- Là aussi, sachez apprécier la qualité
nisme une circulation vasculaire opti- des battements cardiaques pour affiner la
male. Terminez par une induction. direction des manipulations.
Chapitre 10

Thymus
Peut-on sentir le thymus ?

Rappels anatomiques

Physiologie simplifiée

Manipulations

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Manipulations vasculaires viscérales
Thymus 155

Chapitre 10

Thymus
Peut-on sentir le thymus ? Rappels anatomiques
Caché et protégé par le sternum, le thy- Le thymus est situé en avant de la veine
mus est impossible à palper. Il se trouve brachiocéphalique et de la veine cave
plaqué contre la partie céphalique du supérieure (figure 10.1). De chaque
cœur, au départ des gros vaisseaux, dans côté, il est entouré par des replis de la
le médiastin supérieur. plèvre.

Thymus

Poumons

Cœur dans le
sac péricardique

Diaphragme

Fig. 10.1. Situation du thymus.

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Manipulations vasculaires viscérales
156 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Au niveau de l’angle sternal (2e arti- petits îlots, noyés dans du tissu conjonc-
culation costosternale), il forme le trian- tif. Le Pr Arnaud affirmait que son invo-
gle thymique dont la pointe est dirigée lution le transformait en ligament du
caudalement. cœur, renforçant ainsi le péricarde. En
conséquence, on ne peut même pas éva-
Évolution luer son poids chez l’adulte. Du fait des
nombreuses possibilités d’involution, le
Chez le nouveau-né, il pèse une dizaine thymus présente de multiples variétés
de grammes. À la puberté, il va être morphologiques (figure 10.3).
au maximum de son développement,
pesant alors une quarantaine de grammes Vascularisation
(figure 10.2).
On lui décrit deux lobes qui rejoignent C’est l’artère thoracique interne, branche
la plupart du temps la partie caudale de de l’artère subclavière, qui lui fournit sa
la thyroïde. Caudalement, il peut attein- principale irrigation (figure 10.4).
dre le 4e espace intercostal chez l’adulte. Plus accessoirement, le thymus peut
Lors de nos dissections avec le recevoir des petits rameaux issus des artères
Pr Arnaud, nous avons pu observer que le thyroïdiennes inférieures et des artérioles
thymus chez l’adulte ne présentait que de péricardiques.

Thymus chez le Thymus chez Thymus chez


nouveau-né l’enfant de 2 ans l’adulte

Fig. 10.2. Évolution du thymus.


Thymus 157

Thymus thoracique Thymus Thymus cervico-thoracique


(51,6 %) cervico-thoracique à prédominance cervicale
(31,6 %) (16,6 %)

Fig. 10.3. Variétés morphologiques du thymus.

Innervation l’immunité cellulaire. Détectant les anti-


gènes, auxquels ils ont été sensibilisés, ils
Comme pour tous les organes du tho- les détruisent par cytotoxicité (lympho-
rax, les nerfs thymiques sont issus du cytes T cytotoxiques) ou en libérant des
nerf vague et du tronc sympathique. Ils médiateurs pour déclencher le travail des
échangent quelques fibres avec les nerfs macrophages.
phréniques et le plexus cardiaque. Ils jouent aussi un rôle pour la sécré-
tion des anticorps humoraux.
Structure Les lymphocytes T représentent 60 à
75 % des lymphocytes sanguins. Ils sont
Le thymus est formé de cellules épithé-
capables de faire la différence entre les
liales réticulées, incluses dans de nom-
cellules propres à l’organisme et celles
breuses fibres conjonctives. Il est entouré
qui lui sont étrangères.
d’une capsule qui le protège
Les lymphocytes T immunocompé-
tents passent dans la circulation à travers
Physiologie simplifiée l’endothélium capillaire.
Le thymus possède principalement une
fonction immunitaire. Jusqu’à la puberté, Manipulations
c’est lui qui fournit le plus de lymphocytes T,
dont la durée de vie est de 5 à 6 mois. Il est important d’être très clair dans ce
Ces cellules thymo-dépendantes sont que nous allons écrire : il n’existe pas de
des petits lymphocytes qui, grâce au manipulations spécifiques du thymus
thymus, ont acquis une immunocompé- dans la mesure où on ne peut pas le dif-
tence spécifique. Ce sont des agents de férencier manuellement.
158 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère thoracique
interne gauche
Artère thoracique
interne droite

Thymus

Sac péricardique

Fig. 10.4. Vascularisation du thymus.

Technique rétrosternale Comme le thymus est placé entre le


sternum est le cœur, nous pensons que
Même dans les cas de thymome que nous les manipulations effectuées sur la partie
avons vus, les tests d’écoute n’étaient ni céphalique du cœur peuvent peut-être
évidents, ni concluants. le stimuler. Effectuez des techniques en
Thymus 159

compression-relâchement sur le ster- Lors d’infections ORL et bronchopul-


num et en viscoélasticité rétrosternales. monaires récurrentes, nous pratiquons
Reportez-vous au chapitre précédent quelques techniques de compression-
et aux points concernant le squelette décompression autour de l’angle sternal.
fibreux du cœur et l’arc aortique. Souvent, nous apprenons aussi aux
mères à exécuter ces techniques une fois
Manipulations vasculaires par jour une vingtaine de fois sur leur
bébé. Elles nous disent fréquemment que
Lorsque nous manipulons les différentes ces manœuvres ont eu un effet positif,
artères de la région – artères subclavières, mais qu’en est-il exactement ?
artères thyroïdiennes inférieures, artère En comprimant le sternum, nous contac-
thoracique interne –, nous pensons avoir tons aussi les poumons, les bronches, le
un effet sur la circulation du thymus. cœur et la circulation pulmonaire.
Chapitre 11

Artères subclavières
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Artères subclavières 163

Chapitre 11

Artères subclavières
On ne soulignera jamais assez l’impor- Dimensions
tance des artères subclavières, qui sont
situées à un carrefour stratégique du L’artère subclavière a un calibre moyen
corps humain. Le défilé thoracique est de 9 à 12 mm. Cependant, à gauche,
l’un des points faibles de notre corps. elle est un peu moins volumineuse et,
Il était certainement mieux protégé et à droite, elle est légèrement rétrécie à sa
plus fonctionnel quand l’homme mar- partie moyenne par l’isthme de Stahel.
chait avec quatre points d’appui au Sa longueur est de 9 cm à gauche, 6 cm
sol. à droite.

Trajet
Rappels anatomiques
L’artère subclavière se porte latéralement
et un peu en avant, décrivant une courbe
Origine
concave vers le bas. Elle passe au-dessus
Les deux artères subclavières (figure 11.1) de la 1re côte, dans le défilé des scalènes.
ont une origine différente : Dans son segment cervical, l’artère pré-
– l’artère subclavière gauche naît directe- sente trois portions par rapport aux mus-
ment de l’arc aortique, en aval de l’artère cles scalènes : les portions préscalénique,
carotide primitive gauche, en situation interscalénique et postscalénique.
dorsolatérale par rapport à cette dernière.
De ce fait, à gauche, l’artère est de topo- Rapports principaux
graphie thoracocervicale et contracte des
rapports intrathoraciques ; Segment préscalénique
– l’artère subclavière droite naît de L’artère repose sur le versant antérieur du
la bifurcation du tronc artériel bra- dôme pleural où elle est entourée d’un
chiocéphalique, au niveau de l’articula- plexus nerveux formé par des filets ner-
tion sternoclaviculaire droite, à hauteur veux du ganglion cervical inférieur et de
de T1. Ainsi, à droite, l’artère est de topo- l’anse subclavière.
graphie exclusivement cervicale. Elle répond à l’extrémité interne de
Malgré ces différences, les manœuvres la clavicule et à l’articulation sterno-
utilisées se font de la même manière à costo-claviculaire. Elle contracte des rap-
droite et à gauche. ports étroits avec le nerf phrénique et le

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Manipulations vasculaires viscérales
164 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère vertébrale gauche

Artère vertébrale droite

Tronc thyrocervical Artère carotide


commune gauche
Artère carotide
Artère
commune droite
subclavière
gauche

Artère
subclavière
Artère
droite
thoracique
interne

Fig. 11.1. Artère subclavière.

nerf vague. À droite, le rameau récurrent Segment interscalénique


du nerf vague contourne l’artère subcla-
vière. Elle répond également au confluent L’artère traverse la partie inférieure du
de la veine subclavière de la veine jugu- défilé des scalènes, entre les muscles
laire interne. À gauche, elle présente des scalène antérieur et scalène moyen. Les
rapports bien plus étendus avec la plèvre troncs primaires du plexus brachial se
et le poumon que du côté droit. placent en arrière et au-dessus de l’artère.
Artères subclavières 165

La veine subclavière est en avant du mus- dents dits du « coup du lapin » nous le
cle scalène antérieur. montrent quotidiennement. Les artères
subclavières participent plus ou moins
Segment postscalénique directement à la vascularisation de ces
L’artère est plus superficielle, orientée en éléments :
bas et en dehors, dans la région supra- – la moelle épinière ;
claviculaire. Elle repose sur le versant – la moelle allongée ;
antérolatéral de la 1re côte. Elle est recou-
– le pont ;
verte par le platysma, et les aponévroses
cervicales superficielle et moyenne. Elle – le cervelet ;
répond en avant à la veine subclavière et – la partie postérieure du cerveau ;
au muscle subclavier qui la séparent de – l’oreille interne ;
la clavicule. – la dure-mère crânienne postérieure ;
– le sein.
Collatérales
L’artère donne toutes ses branches col- Approche manuelle
latérales dans son segment préscaléni-
que (sauf l’artère scapulaire postérieure, De nombreux facteurs mécaniques peu-
naissant dans la partie interscalénique). vent affecter le défilé thoracique :
Il s’agit des : – malposition fœtale ;
– artère vertébrale ; – dystocies ;
– tronc thyrocervical (ancien tronc thyro- – traumatismes de la ceinture scapulaire
bicervico-scapulaire) ; et du membre supérieur ;
– tronc costocervical (ancien tronc – traumatismes cervicaux ;
cervico-intercostal) ; – chirurgie cardiopulmonaire ;
– artère thoracique interne (ancienne – fractures de côtes, etc.
artère mammaire interne) ; Sur le plan émotionnel, une attitude
– artère scapulaire postérieure. chronique de repli sur soi peut compri-
mer petit à petit les défilés thoraciques
Terminaison par spasmes musculaires.
La cage thoracique est le symbole de
L’artère subclavière se termine au niveau l’occupation de son espace personnel et
de la fente costoclaviculaire, où elle de son ouverture au monde.
change de nom pour devenir l’artère
axillaire. Contre-indication
Territoires irrigués L’anévrisme de l’artère subclavière est
peu fréquent ; il est le plus souvent situé à
Les territoires irrigués soulignent le droite. On ressent une grosseur pulsatile,
rôle éminent de ces artères ; les très allongée dans le sens vertical qui dépasse
nombreux patients victimes d’acci- la partie médiale de la clavicule ou du
166 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

sternum. En règle générale, il faut tou- Vous pouvez aussi demander au patient
jours se méfier des grosseurs pulsatiles. de placer ses deux mains sur la partie
antérolatérale des épaules afin d’ouvrir
Indications les défilés thoraciques. Cette position
vous permet de comparer simultanément
Les indications de manipulation de l’ar-
les pouls des deux artères subclavières.
tère subclavière sont très nombreuses du
fait du large territoire irrigué par ces artè-
res. Les principales sont les suivantes : Manipulations
– vertiges et instabilité ; Première modalité
– acouphènes ;
– hypoacousie ;  Position
– paresthésies des membres supérieurs ; Le patient est en décubitus, les deux
– syndrome du canal carpien ; mains derrière la colonne dorsale, pour
– capsulites et tendinites récidivantes du mieux ouvrir le défilé thoracique. Au
membre supérieur. cas où le patient aurait des difficultés à
tenir cette position, placez un coussin au
Palpation niveau dorsal, tout en laissant les mem-
bres supérieurs en rotation interne.
Repérage de l’artère brachiale Vous êtes assis du côté de l’artère sub-
Nous nous servons de l’artère brachiale clavière concernée.
pour créer une traction distale sur l’artère
subclavière (figure 11.2).  Manœuvre
Contactez-la de votre pouce entre le Le pouce de l’artère subclavière crée une
biceps et le triceps ; à environ mi-hau- traction latérale, distale et très légère-
teur du bras, le pouls est fort et facile à ment caudale ; il ne glisse pas sur l’artère
sentir. (figure 11.4). Il sert aussi de témoin pour
Souvent, en la comprimant, on sent trouver la traction brachiale idéale ; c’est
une variation du pouls subclavier. celle qui fait augmenter l’intensité de ses
battements.
Repérage de l’artère subclavière
Les doigts sur l’artère brachiale l’attire
Placez l’autre pouce sur l’artère sub- distalement et un peu latéralement pour
clavière, juste en dehors de l’attache créer une tension longitudinale qui doit
claviculaire du muscle sternocléidomas- se répercuter jusqu’à l’artère subclavière.
toïdien (figure 11.3). C’est une grosse Pour bien coordonner l’action de vos
artère de presque 1 cm de diamètre aux doigts, fermez les yeux et imaginez un
pulsations généreuses, facile à percevoir. long tuyau que vous essayez d’étirer de
Si vous avez quelques difficultés à la pal- vos deux pouces.
per, amenez d’une main l’épaule homo- Répétez cette manœuvre une dizaine
latérale en direction médiale et placez de fois et, au fur et à mesure, vous aurez
le pouce de l’autre main en arrière de la l’impression d’avoir une continuité d’ac-
clavicule, à 2 travers de doigts de l’articu- tion entre vos pouces, sensation très
lation sternoclaviculaire. agréable à ressentir.
Artères subclavières 167

Artère axillaire

Branche deltoïdienne de l’artère thoracoacromiale

Muscle deltoïde
Processus coracoïde
Artère
thoraco-
acromiale
Muscle grand pectoral (coupé)
Branche
Humérus pectorale

Muscle biceps brachial


Nerf cutané
médial du bras
Artère brachiale
profonde
Nerf médian
Artère brachiale

Nerf cutané médial de


Branche musculaire l’avant-bras
Nerf ulnaire

Chef long du triceps brachial

Artère collatérale ulnaire supérieure


Artère
récurrente
radiale Chef médial du triceps brachial

Artère collatérale ulnaire inférieure

Épicondyle médial de l’humérus

Muscle rond pronateur

Aponévrose bicipitale

Artère radiale
Muscle fléchisseur ulnaire du carpe

Fig. 11.2. Repérage de l’artère brachiale.


168 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Deuxième modalité
 Balayage de l’artère subclavière
Comme toutes les grosses artères, l’artère
subclavière est entourée de fibres nerveu-
ses qui renseignent l’hypothalamus et le
cervelet sur la pression artérielle et la fré-
quence du pouls.
Dans la technique décrite ci-après,
nous distinguons deux temps :
– le premier pour relâcher les attaches
pleurocervicales ;
– le deuxième pour effectuer le balayage
de l’artère subclavière (figure 11.5).

Attaches pleurocervicales
Le patient est en latérocubitus du côté
opposé à l’artère subclavière concer-
née.
Placé derrière lui, afin de pénétrer
profondément sans douleur dans le
défilé thoracique, respectez deux temps
Fig. 11.3. Repérage de l’artère subclavière. d’approche.

Fig. 11.4. Manipulation combinée des artères subclavière


et brachiale.
Artères subclavières 169

d’amener doucement lui-même l’épaule


vers sa joue.
Les doigts rétroclaviculaires vont en
direction du dôme pleural. Pour affiner
le contact pleural des doigts cervicaux,
demandez au patient d’inspirer plu-
sieurs fois pour bien sentir les tensions
pleurocervicales.
Laissez partir les doigts en écoute vers les
fixations et réalisez une dizaine d’inductions.
Attention : vos doigts doivent toujours être
à plat pour ne pas agresser les multiples
petits filets nerveux de cette région.
Il existe de nombreuses microfixa-
tions pleurocervicales en raison des
mouvements respiratoires et de tous les
traumatismes affectant la colonne cervi-
cale, le thorax et les membres supérieurs.
Souvent, le patient n’est pas conscient de
ces atteintes ; il incrimine la sacro-sainte
arthrose cervicale.
Cette technique a l’avantage de relâ-
cher les contraintes mécaniques autour
des artères subclavières.
Fig. 11.5. Balayage de l’artère subclavière. Balayage
Une fois terminée, la manœuvre pleuro-
cervicale pour bien libérer l’artère sub-
clavière de ses contraintes mécaniques,
Premier temps déplacez légèrement vos doigts le long de
Les doigts d’une main se placent juste en l’artère là où vous sentez ses pulsations.
arrière de la clavicule, près de l’attache Ensuite, faites affleurer vos doigts
claviculaire du muscle sternocléidomas- le long de l’artère à la recherche de
toïdien. Poussez d’abord l’épaule en avant petites fibres neurales indurées. Les sen-
sans essayer de la diriger céphaliquement. tir demande un long apprentissage ; en
Vous placez les doigts de l’autre main revanche, même sans les individualiser,
vers la partie antérieure des apophyses on peut obtenir un résultat sur la qualité
(ou processus) transverses cervicales de et la fréquence du pouls.
C5, C6 et C7. Troisième modalité
Deuxième temps
 Position
Repoussez seulement alors l’épaule du
patient vers son oreille. Si vous sen- Le patient est en décubitus, les épaules
tez que le patient résiste, demandez-lui et les bras en chandelier reposant sur la
170 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

table ; c’est-à-dire bras à 90° par rapport


au thorax, avant-bras à 90° par rapport
au bras (figure 11.6).
Vous êtes assis à la tête du patient.
 Technique
Il est déjà possible, dans un premier
temps, de comparer les pouls respectifs
des deux artères brachiales.
Positionnez vos doigts sur les deux
artères brachiales que vous allez étirer
distalement. Avec cette technique, nous
sentons bien les différences de résistance
qu’offrent les deux artères.
La manœuvre est terminée quand la
résistance de traction des deux artères
s’équilibre.
N.B. : Cette technique implique aussi le
nerf médian. N’oubliez pas qu’un nerf ne
supporte pas les compressions.

Fig. 11.6. Manipulation de l’artère


subclavière – 3e modalité (induction
aortobrachiale).
Chapitre 12

Vaisseaux
pulmonaires
Rappels anatomiques

Précautions

Contre-indications

Indications

Manipulation vasculaire pulmonaire

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux pulmonaires 173

Chapitre 12

Vaisseaux
pulmonaires
Rappels anatomiques Il est à égale distance de la base et du
sommet pulmonaire, mais décalé dans le
On divise le système vasculaire pulmo- plan sagittal où il est plus en arrière.
naire en vasa publica, appartenant à la À droite, le hile pulmonaire est plus
petite circulation, et en vasa privata, issus large mais moins haut qu’à gauche. Le
de la grande circulation. hile se projette en arrière et en haut sur
le bord céphalique de la 4e côte, et en bas
Vasa publica sur le bord céphalique de la 6e côte.

Le tronc pulmonaire se scinde en deux Remarques


artères pulmonaires apportant le sang
désaturé vers les alvéoles pulmonaires. On peut noter trois caractéristiques sur
Celles-ci sont situées en avant des bron- une vue de face des troncs vasculaires
ches principales. pulmonaires :
– ils sont situés en avant de la trachée et
Vasa privata des bronches ;
– ils sont recouverts en grande partie par
Pour le poumon gauche, le parenchyme
le cœur ;
pulmonaire est irrigué par les rameaux
bronchiques de l’aorte thoracique. – ils ont une direction nettement trans-
Pour le poumon droit, ce sont les 3e versale.
et 4e artères intercostales postérieures Pour ces raisons :
qui fournissent les artères bronchiques. – on prend deux points d’appui qui évi-
C’est pour cette raison que notre appui tent la région cardiaque ;
est beaucoup plus profond pour le pou- – on étire latéralement le hile pulmo-
mon droit. naire.

Hile pulmonaire
Précautions
Situé sur la face médiale du poumon, le
hile pulmonaire est étroit et ne mesure L’ostéoporose doit rendre prudent, en
que 4 à 5 cm de haut sur 4 cm de large. raison du contact ostéocartilagineux.

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Manipulations vasculaires viscérales
174 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

En cas de fragilité vasculaire, notam- – pace-makers : ils sont le plus souvent


ment veineuse, il convient de surveiller situés sous la clavicule droite, là où doit
la coloration faciale des patients durant s’exercer l’action de la paume. Il vaut
la manœuvre. En aucun cas le patient ne mieux s’abstenir, de peur de faire bouger
doit se sentir mal à l’aise. le matériel de stimulation.
Par ailleurs, les quelques éléments Parmi toutes les douleurs thoraci-
suivants doivent rendre très circonspect ques, il convient d’insister sur le pneu-
avant d’effectuer toute manipulation mothorax spontané qui peut survenir
vasculaire pulmonaire – il ne faut jamais lors d’un effort ou sans raison. Nous en
hésiter à diriger un patient chez son avons vu chez des sportifs pratiquant
médecin au moindre doute : la planche à voile et l’alpinisme, avec
– fièvre ; comme seule douleur une cervicalgie
– amaigrissement ; ou une gêne scapulaire. Les symptô-
– emphysème sous-cutané ; mes les plus fréquents sont un point de
côté brutal, douloureux, accompagné
– présence de ganglions rétroclaviculai-
parfois de dyspnée suffocante, de toux
res et axillaires ;
sèche et quinteuse et d’une anxiété
– apparition d’une toux ; inhabituelle.
– modification d’une toux préexistante ;
– dysphonie ;
– dysphagie ; Indications
– dyspnée sans cause précise ;
Les indications des manipulations sont
– dyspnée après un effort important ; les suivantes :
– point de côté brutal sans cause méca- – pathologies pleuropulmonaires ;
nique ;
– bronchite chronique, asthme, dyspnée ;
– pâleur inhabituelle ;
– points de côté fréquents ;
– tachycardie de repos ;
– allergies (à associer aux manipulations
– douleur costale à l’inspiration profonde du foie et du pancréas).
(sans traumatisme préalable) ;
– vésicules cutanées intercostales ;
– expectoration d’apparition récente ; Manipulation vasculaire
– névralgie cervicobrachiale sans cause pulmonaire
mécanique.
La présence de la cage thoracique empê-
che de ressentir les pulsations du sys-
Contre-indications tème vasculaire pulmonaire. Ne pouvant
apprécier ces pouls, c’est plus en fonction
Les principales contre-indications des de l’axe des grands troncs vasculaires que
manipulations sont les suivantes : l’on applique les manipulations.
– pneumothorax accidentel ou spontané ; Alors que tous les grands axes vasculai-
– matériel cardiaque ; res du cœur sont plutôt verticaux, ceux du
Vaisseaux pulmonaires 175

poumon, en dehors de la portion initiale Conseils


de l’artère pulmonaire, sont transversaux.
Nos techniques vont se réaliser Avant de manipuler l’arbre vasculaire
transversalement pour les gros troncs pulmonaire :
élastiques et sagittalement pour les – effectuez le test d’Adson-Wright ;
innombrables petites artérioles, très sen- – vérifiez les attaches pleurocervicales ;
sibles aux manœuvres de viscoélasticité
(figure 12.1). – testez bien les artères subclavières.

Plexus brachial
Veine jugulaire
Tronc brachiocéphalique interne gauche

Veine brachiocéphalique
droite Artère subclavière
gauche
Trachée
Lobe supérieur du
poumon droit Arc aortique

Artère pulmonaire Artère


droite pulmonaire
gauche
Veine pulmonaire
supérieure droite Veine
Veine cave pulmonaire
supérieure gauche

Veine Tronc
pulmonaire pulmonaire
inférieure
droite
Lobe médial

Lobe
inférieur

Diaphragme
Estomac

Fig. 12.1. Vascularisation pulmonaire.


176 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Position poumons, placez votre paume droite à


l’aplomb de la ligne verticale médiocla-
Le patient est en décubitus, mains croi- viculaire droite.
sées sur le ventre (figure 12.2). Vous êtes – Pour le côté gauche, la limite gauche
debout, derrière le patient, les paumes du cœur est légèrement en dedans de la
appliquées sur son thorax, comme nous ligne verticale médioclaviculaire gauche ;
allons le décrire. positionnez votre paume en dehors de
– Pour le côté droit : la limite droite cette ligne.
du cœur se situe à environ un doigt
du bord droit du sternum. La bron- Techniques
che principale droite a une direction
oblique selon une ligne allant de la Artères pulmonaires
2e côte droite à la 4e. Pour permettre à
vos appuis d’être plus focalisés sur les Comme nous l’avons déjà indiqué, la
plupart des techniques thoraciques ne
concernent que le cadre dur du thorax et
les muscles qui s’y rattachent. Pour attein-
dre les parties profondes, comme pour le
cœur, il faut franchir différentes barrières.
– Au début de la compression palmaire
sagittale, sentez d’abord la forte résis-
tance du cadre dur du thorax. Continuez
doucement et progressivement sans
jamais relâcher la pression pour dépasser
cette barrière. Vous êtes alors en présence
d’une deuxième impression de résis-
tance, bien moins marquée. C’est celle
que l’on peut ressentir en appuyant sur
un oreiller assez mou ; vous êtes mainte-
nant en contact avec le poumon.
– Toujours sans relâcher la compression,
écartez les deux paumes latéralement en
maintenant l’appui une quinzaine de
secondes. Toujours en maintenant la com-
pression sagittale, laissez revenir les tissus
médialement et recommencez à exercer
une poussée latérale, et ainsi de suite.
C’est comme si vous vouliez écarter
le poumon de son hile. Il est important
d’avoir mentalement l’image des pou-
Fig. 12.2. Manipulation des artères mons et de leur hile pour exercer les
pulmonaires. poussées dans la bonne direction.
Vaisseaux pulmonaires 177

Artérioles pulmonaires
Travaillez la viscoélasticité pulmonaire,
en direction cette fois-ci sagittale. Soyez
très attentif au retour progressif et lent
qui doit se faire en induction. C’est vrai-
ment à ce niveau qu’avec la main on a la
sensation d’une éponge qu’on presse et
qu’on relâche plusieurs fois.
Vous pouvez aussi placer une main
postérieure en regard de la main anté-
rieure pour effectuer une double compres-
sion-induction. Assurez-vous que la main
postérieure ait, elle aussi, bien franchi la
barrière ostéocartilagineuse du thorax.

Manipulation en latérocubitus
Fig. 12.3. Manipulation en latérocubitus.
Prenez deux points d’appuis, l’un anté-
rieur, comme dans la manœuvre précé-
dente, et l’autre sur la partie postérieure Vous devez avoir l’impression de sou-
du thorax en regard de la main antérieure lever l’hémithorax latéralement pendant
(figure 12.3). cette manœuvre.
Les deux mains vont étirer conjointe-
ment le thorax et les poumons latérale-
ment et céphaliquement.
Chapitre 13

Vaisseaux du sein
Douleurs du sein et rôle des estrogènes

Cancer du sein

Rappels anatomiques

Manipulations

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux du sein 181

Chapitre 13

Vaisseaux du sein
Douleurs du sein et rôle central, peut-être par le biais du système
vasculaire et graisseux. Rappelons que
des estrogènes
les tissus graisseux ont un rôle hormonal
Souvent, les femmes se plaignent de dou- central certain et encore peu exploré. Les
leurs des seins (mastodynies) rythmées femmes trop maigres, pour la plupart,
par le cycle menstruel, ou parfois de sont en aménorrhée en grande partie à
manière plus anarchique. Il s’agit pres- cause du manque de tisssu graisseux.
que toujours d’un déséquilibre hormonal
avec excès d’estrogènes, et notamment Cancer du sein
d’estradiol. Ce dernier est l’estrogène le
plus puissant ; il est véhiculé dans le sang Actuellement, d’après les statistiques,
en se liant à une globuline spécifique. plus d’une femme sur dix aura un cancer
Les estrogènes stimulent le développe- du sein, soigné selon le cas par chirur-
ment mammaire pendant la puberté et gie, radiothérapie et/ou chimiothérapie.
assurent l’implantation et la proliféra- En plus de ces lésions cancéreuses, les
tion graisseuse sous-cutanée. seins subissent de nombreuses agressions
Ils provoquent une rétention d’eau et mécaniques dues à la position verticale,
de sel au niveau rénal, et favorisent les aux grandes variations de production
œdèmes cutanés. d’hormones comme à la ménopause et
Ils contribuent de plus à augmenter lors de l’allaitement.
l’activité des ostéoblastes. C’est pour Le traitement chirurgical et radiothé-
cette raison qu’après la ménopause les rapique du cancer du sein va laisser des
femmes ont souvent de l’ostéoporose. traces au niveau de tous les tissus mous
Par ailleurs, les estrogènes diminuent qui le composent et qui l’entourent :
la concentration des LDL et augmen- la peau, les tissus adipeux, les éléments
tent celle des HDL, rendant plus rare glandulaires, les nerfs, le système vascu-
l’athérosclérose chez les femmes avant la laire, les poumons, la plèvre, le cœur, le
ménopause. médiastin et les éléments squelettiques.
Enfin, ils amincissent et assouplissent Même si la radiothérapie a fait d’énor-
la peau. mes progrès, tous les tissus mous ont
Les techniques que nous employons tendance à se fibroser et le squelette à
pour le sein n’agissent pas sur les cau- se décalcifier. Favoriser une bonne circu-
ses, mais sur les conséquences des dérè- lation des fluides au niveau du sein va
glements hormonaux. En revanche, il aider les tissus à se reconstruire et à se
nous semble parfois qu’elles ont un effet défibroser.

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Manipulations vasculaires viscérales
182 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Faut-il employer les techniques vas- muscles oblique exerne et droit de l’ab-
culaires sur un sein en phase active de domen. Le sein a un prolongement axil-
cancer ? C’est une question souvent laire fascial, appelé processus latéral, qui
posée. Notre action pourrait favoriser est au contact des 5e et 6e digitations du
la croissance de néoformations. Mais muscle dentelé antérieur.
selon les concepts chers à l’ostéopathie, – Plan profond. Il est constitué des mus-
la stimulation des défenses de l’orga- cles subclavier et petit pectoral, engainés
nisme passe par une bonne fonction dans l’aponévrose clavipectorale.
circulatoire.
La chose dont nous sommes sûrs c’est
Contenu
qu’en fin de traitement il faut aider le
système circulatoire du sein. D’une Le sein est constitué de lobes glandulai-
manière générale, il est toujours mieux res et de tissus adipeux entourés de fibres
pour les différentes composantes de conjonctives (figure 13.2).
l’organisme de bénéficier d’une bonne C’est le tissu adipeux qui constitue
circulation. la forme et la taille du sein. Autour de
l’aréole, on trouve une quinzaine de
glandes aréolaires contenant des glan-
Rappels anatomiques
des sudoripares et sébacées. Chaque
lobe glandulaire possède un canal excré-
Contenant teur donnant des conduits lactifères se
Les seins, situés entre les 3e et 7e côtes, sont rejoignant vers l’aréole.
maintenus par des fibres de collagène ; Avec l’âge, les lobes glandulaires sont
les ligaments de Cooper (ou ligaments remplacés par du tissu graisseux et les liga-
suspenseurs mammaires) (figure 13.1). ments de Cooper perdent de leur résistance.
Les ligaments se trouvent entre le
derme et le tissu conjonctif du sein. Innervation
Ils peuvent s’étendre jusque dans la
fosse axillaire, au-dessus du muscle Nerfs intercostaux
pectoral. Les rameaux innervant le sein sont essen-
Les ligaments suspenseurs du sein sont tiellement issus des 3e à 6e nerfs intercos-
constitués par de nombreux septums, réu- taux (figure 13.3).
nissant les fascias pré- et postmammaires. Leurs branches cutanées latérales
Les septums sont plus denses dans les innervent la partie latérale du sein.
parties céphalopostérieures du sein. Leurs branches cutanées antérieures
Le sein est mobile grâce à sa partie pos- traversent le muscle grand pectoral pour
térieure, remplie de tissus celluloadipeux, rejoindre la partie médiale du sein.
qui le font glisser sur les plans musculo-
fasciaux. Il en existe un superficiel et un Nerfs du système nerveux végétatif
profond. Ces nerfs proviennent des plexus des
– Plan superficiel. Les deux tiers de la artères thoraciques interne et latérale.
glande mammaire reposent sur le muscle Le plexus de l’artère thoracique interne
grand pectoral et le tiers restant sur les vient du plexus subclavier, formé de
Vaisseaux du sein 183

Muscle deltoïde

Muscle biceps
brachial

Muscle
coracobrachial

Muscle triceps
brachial
Muscle grand rond
Muscle grand pectoral
Muscle subscapulaire

Processus axillaire du sein Ligaments de Cooper


(septums interlobulaires)
Muscle dentelé antérieur

Lobule mammaire

Muscle grand dorsal

Fig. 13.1. Le contenant du sein.

neurofibres venant du ganglion stellaire Vascularisation


(cervicothoracique).
Nous insistons encore sur le fait que les
Innervation tégumentaire manipulations vasculaires impliquent for-
L’aréole et le mamelon ont un plexus cément les manipulations veineuses. Le
nerveux très dense, comportant des cor- système veineux est particulièrement riche
puscules génitaux et des récepteurs sen- et fourni au niveau du sein (figure 13.4).
sibles à la pression forte. Ce sont les
Artères du sein
corpuscules lamelleux, appelés aupara-
vant corpuscules de Golgi et de Vater- On trouve essentiellement des bran-
Paccini. ches de l’artère subclavière et de son
184 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Ligaments
suspenseurs
du sein
Muscle subclavier

Fascia clavipectoral
Fascia endothoracique Fascia pectoral

Fascia thoracique
Plèvre pariétale superficiel

Muscle petit pectoral Fascia prémammaire

Fascia rétromammaire

Lobule mammaire
Muscle grand pectoral Ligaments
suspenseurs du sein
(ligaments de Cooper)

Papille

Aréole

Sinus lactifère
Graisse prémammaire

Fig. 13.2. Le contenu du sein.

prolongement, l’artère axillaire. L’aréole allongée et la moelle épinière, le sein


est le centre vasculaire du sein. et le bras.

 Artère subclavière (voir chapitre 11)  Artère thoracique interne


C’est une artère d’une très haute Origine
importance : elle irrigue directement L’artère thoracique interne naît de la
et indirectement le cervelet, la moelle face antérieure de l’artère subclavière, en
Vaisseaux du sein 185

Nerf cutané médial du bras

Rameaux
Nerf intercostobrachial cutanés
antérieurs
Rameaux cutanés des nerfs
latéraux des nerfs intercostaux
intercostaux

Fig. 13.3. Innervation du sein.

regard de l’artère thyroïdienne inférieure Collatérales


à un doigt latéralement de l’articulation
L’artère thoracique interne a :
sternoclaviculaire.
– des rameaux artériels antérieurs perfo-
Trajet rant les muscles intercostaux et grand
Derrière l’extrémité médiale de la clavi- pectoral au niveau des 3e, 4e et 5e espa-
cule, l’artère thoracique interne passe ces intercostaux antérieurs. Ils arrivent
en arrière des cartilages costaux, près du ensuite dans la glande mammaire en
bord médial du sternum. prenant le nom d’artères mammaires
médiales ;
Rapport intéressant – des rameaux artériels postérieurs allant
À son origine, l’artère thoracique interne dans le thymus et le péricarde ;
est croisée par le nerf phrénique qui se – des rameaux artériels latéraux formant
dirige ensuite médialement par rapport les artères antérieures, au nombre de
à elle. deux pour chaque espace intercostal.
186 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère subclavière droite

Artère axillaire
Veine jugulaire
externe gauche

Veine afférente
mammaire

Troncs
brachiocéphaliques

Artère thoracique latérale

Branches mammaires
latérales
Cercle veineux
aréolaire
Branches mammaires
médiales
Artère thoracique interne Veine thoracique
interne
Artère thoracodorsale

Fig. 13.4. Vascularisation du sein.

Terminales ceaux xiphoïdiens du diaphragme que la


branche abdominale sort du thorax. Cet
En arrière de la 6e côte, l’artère thoraci-
espace fait communiquer le tissu cellu-
que interne se divise en branches :
laire thoracique et le tissu cellulaire sous-
– thoraciques : donnant des artères inter- péritonéal.
costales antérieures pour les six derniers
espaces intercostaux ;
– diaphragmatiques ;  Artère axillaire
– abdominales ; notons que l’artère tho- Origine
racique interne s’anastomose avec l’ar- L’origine de l’artère axillaire se situe en
tère épigastrique, branche de l’artère dessous de la clavicule, où elle continue
iliaque externe. C’est à travers les fais- l’artère subclavière.
Vaisseaux du sein 187

Trajet muscles grand dorsal et grand rond. Elle


L’artère axillaire se dirige caudalement et est située en dehors du muscle coracobra-
latéralement. chial. Le nerf médian est satellite de l’ar-
tère axillaire. Il descend au-devant d’elle
Terminaison et un peu latéralement. Il est situé entre
La terminaison de l’artère axillaire se l’artère et le muscle coracobrachiaux.
trouve au niveau de l’insertion du mus-
Collatérales
cle grand dorsal, où elle se continue par
Artère thoracoacromiale
l’artère brachiale.
L’artère thoracoacromiale est située
Rapports importants immédiatement au-dessus du muscle
Le muscle petit pectoral est le repère le petit pectoral. Elle donne l’artère thora-
plus important de l’artère axillaire. Nous cique supérieure.
allons décrire brièvement ses rapports Artère thoracique supérieure
au-dessus, en arrière et au-dessous du On trouve l’artère thoracique supérieure
muscle petit pectoral. entre les muscles grand pectoral et petit
– Au-dessus du muscle petit pectoral. L’artère pectoral. Elle s’anastomose avec l’artère
axillaire est plaquée contre la paroi anté- thoracique interne et la 1re artère inter-
rieure du creux de l’aisselle. Cette paroi costale. On peut sentir son pouls à un
est constituée par le muscle grand pecto- ou deux travers de doigt en dessous de la
ral et l’aponévrose clavi-coraco-axillaire. clavicule, sur la ligne médioclaviculaire.
Le muscle petit pectoral, oblique en bas Elle aborde le sein au niveau du 3e espace
et médialement, croise l’artère à angle intercostal.
droit. L’artère axillaire passe entre la cla-
Artère thoracique latérale
vicule et la 1re côte en dehors du plexus
brachial. Notons que la veine est souvent L’artère thoracique latérale s’insinue
3 fois plus large que l’artère. L’artère axil- entre les muscle grand pectoral et den-
laire repose ensuite sur le muscle grand telé antérieur jusqu’au 5e espace inter-
dentelé, recouverte par les muscles grand costal. Elle s’anastomose avec les artères
pectoral et subclavier. C’est là qu’elle intercostales et donne des branches à la
fournit l’artère thoracique supérieure, glande mammaire. Elle est projetée sur le
branche de l’artère thoracoacromiale. thorax sur une ligne verticale passant à
un pouce en dehors de l’apophyse .
– En arrière du muscle petit pectoral. L’artère
axillaire quitte le plan costal ; elle est engai- Remarques
née dans l’aponévrose du muscle petit pec- Toutes ces branches s’anastomosent entre
toral. C’est là que l’on trouve la fourche elles dans la couche celluloadipeuse du
du nerf médian, formée par les faisceaux sein et forment un filet artérioveineux.
médial et latéral du plexus brachial. Ce riche réseau périmammaire donne
– Au-dessous du muscle petit pectoral. des rameaux cutanés très fins et des
C’est la portion la plus longue et la plus rameaux glandulaires plus importants.
accessible de l’artère axillaire. Toujours De nombreuses ramifications se divi-
recouverte par le muscle grand pectoral, sent dans les cloisons interlobulaires
l’artère axillaire repose sur le tendon des pour atteindre les acinus (figure 13.5).
188 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Plexus artériel prémammaire

Plexus artériel cutané

Artère intercostale

Réseau aréolaire

Branche mammaire
profonde

Plexus mammaire

Fig. 13.5. Anastomoses des artères du sein.

Réseau veineux profond azygos draine les veines des vertèbres, du


bassin, de l’épaule et de la partie proxi-
Les drainages veineux médial et posté-
male du fémur.
rieur du sein peuvent constituer des voies
métastatiques.
Manipulations
 Drainage médial
C’est autour du muscle petit pectoral et de
Le drainage médial aboutit aux veines son tendon d’insertion que nous devons
thoraciques internes qui drainent aussi la concentrer nos manœuvres pour le sein.
plèvre pariétale et peuvent ainsi constituer Il faut libérer avec douceur tous les élé-
une voie métastatique vers le poumon. ments qui sont au-dessus ou au-dessous et
 Drainage postérieur juste en arrière du tendon de ce muscle.

Les veines intercostales rejoignent la Préalable


veine azygos à droite et azygos accessoire
à gauche. C’est la voie métastatique vers Avant toute manipulation vasculaire
le poumon, les os et les ovaires. La veine du sein, il convient de s’assurer d’avoir
Vaisseaux du sein 189

libéré toutes les contraintes mécaniques Apprenez à votre patiente à se masser


des différents éléments qui l’entourent, les espaces intercostaux de médial à laté-
à savoir : ral. Une dizaine de manœuvres sur chaque
– les articulations chondrosternales, espace intercostal chaque jour suffisent.
chondrocostales, costovertébrales, sterno-
claviculaire, acromioclaviculaire et Artère axillaire
scapulohumérale ; Notre action va surtout consister à relâ-
– le muscle subclavier et son aponévrose ; cher les fibres musculofasciales qui
– les ligaments coracoclaviculaires, en insis- accompagnent l’artère.
tant bien sur les conoïde et trapézoïde ; L’artère axillaire naît en dessous du
– les attaches pleurocervicales ; muscle subclavier ; c’est le premier élé-
– l’aponévrose cervicale moyenne ; ment à relâcher.
– le péricarde et la plèvre. Manipulation du muscle subclavier
Ce muscle est placé entre la clavicule et
Artère thoracique interne la 1re côte. C’est en mobilisant et en éti-
rant ces deux éléments osseux qu’on va
Évaluation du pouls libérer le muscle subclavier et son pro-
C’est un pouls parfois difficile à sentir en longement sur les ligaments conoïde et
fonction de la forme du thorax. Sur un tho- trapézoïde (figure 13.6).
rax large, c’est au niveau des 3e, 4e et 5e espa-
ces intercostaux antérieurs, à un doigt du  Position
bord latéral sternal, qu’on peut le sentir. En latérocubitus, le patient repose sur le
Plus latéralement, on peut sentir aussi côté opposé à traiter, une main derrière
ses branches mammaires internes qui la tête, l’autre reposant sur la table, la
sont plus superficielles. paume regardant son visage.

Manipulation  Technique
Placez deux doigts d’une main sur la par-
 Position tie céphalique de la clavicule pour les diri-
En décubitus, les mains sont soit sur l’ab- ger ensuite en arrière et caudalement.
domen, soit derrière le dos pour agrandir Mettez ensuite le pouce sous la clavi-
les espaces intercostaux. cule pour l’amener en arrière et cépha-
liquement. Les doigts et le pouce se
 Technique rejoignent dans l’espace costoclaviculaire
En partant du bord latéral du sternum, que vous essayez d’agrandir.
positionnez tour à tour la pulpe de votre Pour ne pas faire mal à votre patiente,
doigt en regard du bord caudal de la côte poussez d’abord l’épaule en avant et seu-
céphalique et du bord céphalique de la lement ensuite en direction céphalique.
côte caudale. Essayez de sentir le pouls
Manipulation du muscle petit
et effectuez une manœuvre de glissé-
induction le long des bords céphali- pectoral (partie postérieure)
ques et caudaux des côtes, en direction Toujours en latérocubitus, placez un
médiale. pouce dans le creux axillaire, sous le
190 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 13.6. Manipulation de l’artère axillaire (muscle subclavier).

muscle grand pectoral jusqu’à sentir le Artère thoracique latérale


tendon du muscle petit pectoral sur l’apo-
physe coracoïde (figure 13.7). Faites jouer On ressent l’artère thoracique latérale sur
ce tendon en essayant de le repousser vers la partie latérale du thorax, en dessous
l’avant. Les doigts de l’autre main sont du muscle grand dorsal. Laissez votre
situés en arrière de la clavicule pour l’an- doigt bien à plat plaqué sur l’artère pour
térioriser en même temps que vous relâ- l’entraîner, sans faire glisser le doigt, en
chez le tendon du muscle petit pectoral. direction caudale.
N’oubliez pas que le plexus brachial
est situé latéralement par rapport à l’ar- Artère brachiale (voir chapitre 11)
tère et qu’il importe de ne pas le compri-
mer. Employez surtout des techniques de Par son intermédiaire, on obtient un effet
glissé-induction sur l’artère axillaire. important sur l’artère axillaire.

Artère thoracique supérieure Manœuvre en viscoélasticité


du sein
Repérez le pouls de l’artère thoracique
supérieure qui est environ à un doigt en Le sein est rempli de petites artérioles,
dessous du milieu de la clavicule. Laissez de veinules et de conduits lymphatiques.
la pulpe du doigt sur le pouls ressenti et C’est un organe qui a souvent des pro-
entraînez votre doigt en direction caudale. blèmes circulatoires. Une ecchymose ou
Vaisseaux du sein 191

Fig. 13.7. Manipulation de la partie postérieure du muscle


du petit pectoral.

un hématome du sein mettent très long- l’interposition de leurs mains, auquel cas
temps à se résorber. nous la réalisons directement sur le sein.
Les nombreuses expériences que nous
avons faites avec des capteurs d’infrarou- Position
ges ont montré que le sein est un organe La patiente est en décubitus, les deux mains
à la température plus basse que les autres. autour du sein concerné. Par l’intermé-
Les deux régions les plus froides de l’or- diaire de leurs mains, comprimez plusieurs
ganisme sont les seins et les fesses – où fois le sein sur lui-même pour réveiller ses
les hématomes et les ecchymoses ont mécanorécepteurs. Effectuez ensuite des
aussi beaucoup de mal à disparaître. manœuvres d’induction jusqu’à ce que
Le sein est une véritable éponge qui l’écoute s’arrête. Il est aussi possible au
répond très bien aux techniques de visco- départ faire des techniques de compres-
élasticité (figure 13.8). sion-décompression en faisant bien décol-
ler le sein de ses attaches thoraciques.
Précaution Apprenez ensuite aux patientes à effec-
Afin de lever toute ambiguïté pour ces tuer ces techniques une fois par jour une
techniques, nous demandons à nos vingtaine de fois pendant un mois et à
patientes, au début du traitement, d’en- recommencer si besoin en est.
tourer le sein de leurs mains. C’est par leur
intermédiaire, en posant nos mains sur Manœuvre en traction-induction
les leurs, que nous exécutons les manœu- du sein
vres de viscoélasticité. Très souvent, ce
sont elles ensuite qui nous demandent si Il est utile de manœuvrer le sein dans
la technique n’est pas plus efficace sans l’espace de glissement sous-jacent à la
192 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 13.8. Manipulation en viscoélasticité Fig. 13.9. Manipulation en traction-


du sein. induction du sein (première modalité).

glande mammaire. Dans cet espace, on créer un point fixe entre vos deux mains
trouve de nombreux vaisseaux courts qui et réaliser une prise globale et efficace.
jouent un grand rôle dans la circulation Exercez une légère compression en
de retour du sein. direction du centre du sein pour contac-
Cette manœuvre peut être réalisée de ter délicatement la glande mammaire
deux manières. et maintenez cet appui pendant tout
le temps de la manœuvre. Effectuez
Première modalité ensuite une légère traction comme si
Prenez un contact avec la pulpe de qua- vous vouliez « décoller » légèrement
tre doigts de chaque main à la périphé- et progressivement le sein du thorax.
rie du sein (figure 13.9). Ensuite, placez Soyez attentifs aux petits mouvements
vos deux pouces l’un contre l’autre, à spontanés de la glande mammaire lors
l’aplomb et à distance du mamelon, pour de cette mobilisation et réalisez une
Vaisseaux du sein 193

induction en amplifiant lentement ces Il est également possible d’apprendre à


mouvements. nos patientes à réaliser elles-même cette
Généralement, lorsque l’écoute s’arrête, technique en circonscrivant le sein des
la glande mammaire change de consis- deux mains et en l’amenant doucement
tance. En principe, elle devient plus molle vers l’avant (figure 13.10).
et plus fluide entre vos contacts digitaux.
Cette technique est très efficace sur le
drainage veineux et les lymphatiques du Deuxième modalité
sein ; elle permet une réduction notable Cette deuxième modalité s’adresse plus
et rapide des douleurs congestives après particulièrement aux prolongements
radiothérapie ou après chirurgie. Elle aide musculofasciaux axillaires du sein.
également à la résorption des produits Placez les deux pouces sur la partie
de contraste et des colorants qui sont latéro-axillaire du sein (figure 13.11).
injectés dans le sein lors du diagnostic Dans un premier temps, écartez les
préopératoire à la recherche du ganglion deux pouces, et dans un second temps,
sentinelle. Ces produits sont souvent à repoussez la glande mammaire en avant
l’origine d’une inflammation durable, et médialement.
particulièrement marquée lorsque le Cette technique peut s’effectuer aussi
drainage du sein est faible ou déficient. en latérocubitus.

Fig. 13.10. Automanipulation du sein.


194 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 13.11. Manipulation en traction-induction du sein


(deuxième modalité).

Fig. 13.12. Manipulation du pédicule intercostal.

Manipulation du pédicule côte céphalique. Dirigez votre pous-


intercostal sée d’abord un peu médialement pour
mieux contacter le pédicule et effectuez
La patiente est en décubitus, vous êtes un glissé-induction en direction d’abord
situé derrière elle. Placez la pulpe de postérieure, et ensuite antérieure (figure
l’index contre le bord caudal de la 13.12).
Chapitre 14

Artère carotide
commune
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Artère carotide commune 199

Chapitre 14

Artère carotide
commune
Rappels anatomiques Rapports
Les artères carotides primitives sont
Naissance
recouvertes par les muscles :
Les artères carotides communes (figure 14.1) – omohyoïdien ;
naissent : – sternohyoïdien ;
– à droite, du tronc brachiocéphalique ; – sternothyroïdien ;
– à gauche, directement de l’aorte, ce qui – sternocléidomastoïdien ;
la rend plus longue. – platysma (peaucier du cou).

Trajet
Trigone carotidien
L’artère carotide commune suit un tra-
jet de part et d’autre de l’axe trachéo- Au niveau du trigone carotidien, l’artère
œsophagien, et en dedans du muscle carotide commune n’est recouverte que
sternocléidomastoïdien. par la peau, le platysma et le fascia cervi-
cal superficiel (figure 14.2).
Le trigone est composé par les muscles :
Terminaison – sternocléidomastoïdien ;
L’artère carotide commune se termine au – omohyoïdien ;
niveau de la bifurcation des artères caro- – digastrique (ventre postérieur).
tides interne et externe, entre l’os hyoïde
et le cartilage thyroïde, c’est-à-dire entre
C3 et C4. À noter que : Particularité
– 67 % des bifurcations se font au niveau Une gaine fibreuse commune enveloppe
de la partie céphalique du cartilage thy- l’artère carotide commune, la veine jugu-
roïde, au niveau de C4 ; laire interne et le nerf vague. De ce fait, il
– 20 % s’effectuent au niveau de l’os est difficile de ne pas impliquer le sys-
hyoïde, au niveau de C3. tème nerveux dans les manipulations

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Manipulations vasculaires viscérales
200 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Veine jugulaire interne


Muscle
sternocléidomastoïdien
Os hyoïde

Cartilage thyroïde Artère carotide commune

Glande thyroïde Trachée

Fig. 14.1. Artère carotide commune.

de l’artère carotide, surtout en sachant Approche manuelle


que les fibres nerveuses du système
sympathique avoisinant le nerf vague Palpation
se trouvent au voisinage très direct de
l’artère. Le patient est en décubitus, coudes sur
la table, mains sur l’abdomen. Il tourne
Terminales la tête très légèrement du côté de l’artère
carotide commune palpée. La palpation
Il est à noter que les artères carotides se fait avec la pulpe de 2 ou 3 doigts. Le
communes n’ont pas de collatérales mais muscle sternocléidomastoïdien croise en
uniquement deux terminales, les artères X l’artère carotide commune. La palpa-
carotides interne et externe. tion se fait différemment selon que l’on
Artère carotide commune 201

Glande parotide

Muscle digastrique

Muscle stylohyoïdien

Veine jugulaire interne

Glande submandibulaire
Muscle sternocléidomastoïdien
Artère carotide commune
Muscle trapèze

Plexus brachial

Muscle sternohyoïdien

Bulbe inférieur de
la veine jugulaire

Fig. 14.2. Trigone carotidien.

est situé sur la partie caudale, médiane de la trachée, en dedans du chef sternal
ou céphalique par rapport à ce croise- du sternocléidomastoïdien. Du fait de
ment (figure 14.3). l’obliquité de ce muscle, l’artère carotide
commune se rapproche de plus en plus
Partie caudale de son bord antérieur.
On palpe l’artère carotide commune Faites glisser progressivement les
entre les deux chefs caudaux du muscle doigts de caudal à céphalique, pour être
sternocléimastoïdien, juste audessus de la sûr de la vérifier entièrement.
clavicule, donc en dedans de son chef clavi-
culaire, que l’on repousse latéralement.
Partie médiane
La palpation se fait avec la pulpe de La partie médiane est palpée à 2 ou 3 tra-
2 ou 3 doigts immédiatement en dehors vers de doigt du bord latéral de la trachée,
202 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 14.3. Palpation de l’artère carotide commune.

en dehors du chef sternal du muscle l’artère carotide commune en carotides


sternocléidomastoïdien. N’hésitez pas à interne et externe.
mobiliser ce muscle pour mieux perce-
voir le pouls carotidien. Ce qu’on recherche
Dans le trigone carotidien, l’artère On réalise un écartement-glissement avec
carotide commune n’est recouverte que la pulpe des doigts, pour apprécier ;
par la peau, le platysma et le fascia cervi- – la consistance de l’artère ;
cal superficiel. Elle répond : – d’éventuelles variations de calibre ;
– en dedans, à la trachée, l’œsophage, le – la présence d’un pouls net et franc sur
larynx et la thyroïde ; toute la longueur de l’artère ;
– en dehors, à la veine jugulaire interne – d’éventuelles impressions de rugosi té,
et au nerf vague. lors de l’écartement-glissement digital.
Partie céphalique N.B. : Comparez toujours les deux artè-
L’artère carotide commune se dégage du res carotides ; c’est là où le pouls est le
muscle sternocléidomastoïdien à 2 cm en moins perceptible et où l’artère donne
dessous du bord céphalique du cartilage une impression de rugosité qu’il faut la
thyroïde. manipuler. N’oubliez pas de bien explo-
On recherche le pouls carotidien en rer la zone située au niveau où le muscle
dessous de l’os hyoïde. sternocléidomastoïdien croise l’artère.
Rappelons que c’est au niveau de C’est souvent là que l’on trouve des
C3 ou de C4 que se situe la division de zones de rugosité. À noter aussi que le
Artère carotide commune 203

tubercule antérieur de C6, particulière- – chez l’adolescent, on trouve souvent de


ment développé, peut provoquer une multiples ganglions au niveau du cou et
gêne, voire une compression, de l’artère de la région cervicale. Le plus souvent,
carotide commune. ils sont significatifs d’un état de fatigue
générale ; pensez cependant à une mono-
nucléose en cas d’angine et d’adéno-
Précautions pathie importantes, les ganglions sont
indolores, fermes et lisses.
Il convient d’être prudent en cas :
– d’hypertension artérielle importante ;
– de plaques d’athérome ; Contre-indications
– de cholestérolémie élevée ;
Les éléments suivants représentent des
– de vertiges et d’instabilité inexpliqués. contre-indications à la manipulation de
Il faut aussi faire attention aux fem- l’artère carotide commune :
mes tabagiques, sous contraceptifs hor- – hypertension artérielle supérieure à
monaux et au taux de cholestérol élevé. 150/90 mmHg ;
Par ailleurs, les adénopathies sont très
– drop-attack (chute brutale par insuffi-
fréquentes au niveau du cou. Souvent
sance vertébrobasilaire) ;
banals, les ganglions témoignent d’une
réponse immunitaire à des agressions – fragilité vasculaire (diabète, connec-
plus ou moins sévères. Voici quelques tivites et autres maladies systémiques.
notions simples à retenir : Il va de soi qu’au moindre doute le
patient doit être confié à son médecin.
– des petits ganglions rétrocervicaux, rizi-
Souvent, nos collègues nous interrogent
formes et facilement mobilisables sont
sur le risque de faire migrer une pla-
souvent l’expression d’une réponse à une
que d’athérome. Pour ceux qui ont vu
allergie respiratoire ou alimentaire ;
en dissection une plaque d’athérome,
– des petits ganglions rétro- ou latéro- ils savent qu’elle est généralement très
cervicaux, de la taille d’une noisette, dure et pas détachable, en tous les cas
souvent plus marqués d’un côté sont la pas avec nos techniques ;
conséquence d’un facteur inflammatoire
– anévrisme de l’artère carotide com-
ou infectieux ;
mune. On sent une grosseur pulsatile,
– c’est le plus souvent du côté où ils sont soulevant un peu le muscle sternocléido-
le plus développés que se situe un pro- mastoïdien, de consistance assez molle
blème d’origine gingivodentaire ou ORL. et réductible. Cette grosseur est longitu-
Ayez toujours le réflexe de demander à dinale et bien mobilisable dans le sens
ces patients de quand date leur dernière transversal. Elle augmente par la com-
visite chez le dentiste, surtout quand ils pression distale de l’artère, et diminue par
souffrent d’une cervicalgie d’origine non la compression proximale. L’anévrisme
traumatique ; de l’artère carotide primitive peut être
– des ganglions sous-mentaux et maxil- accompagné d’une voix bitonale (com-
laires sont le fait d’infections de la face et pression récurentielle), d’une toux d’irri-
du système masticateur ; tation et d’une cervicalgie.
204 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Indications – suites de traumatisme craniofaciaux ;


– suites de chirurgie.
Du fait du large territoire irrigué par l’ar-
tère carotide commune, il existe de nom-
breuses indications aux manipulations Manipulations
carotidiennes :
– céphalées ; Position pour les trois techniques
– vertiges ; Le sujet est en décubitus, mains sur l’abdo-
– instabilité ; men, coudes sur la table, la tête légèrement
– hypertension artérielle ; tournée du côté opposé à la manipula-
– tachycardie ; tion, comme pour la palpation. Vous vous
– arythmie cardiaque ; placez latéralement, du côté à traiter.
– précordialgie ;
– reflux gastro-œsophagien ; Technique en étirement bidigital
– plexalgie solaire ; On effectue des manœuvres soit d’étire-
– vagotonie ; ment, soit de glissé-induction.
– sympathicotonie ; D’un pouce, prenez un léger point
fixe sur l’artère carotide, dans le triangle
– dysfonctions thyroïdiennes ;
séparant les deux chefs d’insertion cau-
– dysfonctions oculaires ; dale du muscle sternocléidomastoïdien
– hémiplégie ; (figure 14.4). De l’autre pouce, prenez un
– atteintes déficitaires cérébrales ; autre point fixe léger à la partie médiane

Fig. 14.4. Manipulation de l’artère carotide commune


(étirement bidigital).
Artère carotide commune 205

Fig. 14.5. Manipulation de l’artère carotide commune


(étirement pluridigital).

de l’artère carotide et enfin à sa portion sur la rotation cervicale pour augmenter


céphalique. l’étirement.
Effectuez plusieurs tractions, là où
vous avez senti, lors de la première pal- Technique en glissé-induction
pation, un pouls moins marqué. Étirez Faites glisser vos pulpes légèrement le
ensuite l’artère carotide en induction. long de l’artère carotide commune. Vous
N.B. : Il est toujours bon d’effectuer cette devez sentir le glissement se faire sur
manœuvre sur les deux artères carotides un plan parfaitement lisse ; c’est sur les
communes, dans le but d’obtenir une sti- zones qui paraissent faire frotter un peu
mulation centrale. les doigts qu’il faut exécuter un glissé-
induction.
Technique en étirement pluridigital Les doigts sont posés sur l’artère
comme précédemment et vont amplifier
Placez 2 ou 3 doigts, la pulpe bien à plat,
le mouvement ressenti en écoute.
sur les parties situées au-dessus et en des-
Les objectifs de la manipulation sont :
sous du croisement du muscle sterno-
cléidomastoïdien (figure 14.5). Réalisez – d’équilibrer le tonus vasculaire des deux
un écartement-glissement de vos doigts. carotides communes ;
Comme nous l’avons déjà vu pour le – de relâcher les zones de dureté empê-
système nerveux, les artères doivent être chant un flux artériel harmonieux et
étirées pour restaurer leur élasticité, sans équilibré ;
toutefois les comprimer. – de jouer sur les fibres nerveuses du nerf
On peut aussi réaliser cette manœu- glossopharyngien pour bénéficier d’un
vre avec une main et, de l’autre, jouer effet central.
Chapitre 15

Artère carotide
externe
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Artère carotide externe 209

Chapitre 15

Artère carotide
externe
L’artère carotide externe constitue vrai- Terminaison
ment l’artère du cou. Cette artère et ses
branches (étudiées dans les chapitres La terminaison de l’artère carotide externe
suivants) permettent d’améliorer la fonc- se trouve au col du condyle mandi-
tion de la thyroïde, de la parotide, de la bulaire.
trachée, de la face et de tout le système
masticateur, une fois les autres fixations Collatérales
tissulaires résolues.
L’artère carotide externe a 6 collatérales :
– trois antérieures : thyroïdienne supé-
Rappels anatomiques rieure ; linguale ; faciale ;
– deux postérieures : occipitale ; auricu-
Origine
laire postérieure ;
L’origine de l’artère carotide externe – une médiale : pharyngienne.
(figure 15.1) se situe à la division de Seules les artères linguale et pharyn-
l’artère carotide commune en caroti- gienne ne feront pas l’objet de notre des-
des interne et externe au niveau de l’os cription : elles sont difficiles d’accès et
hyoïde ou de la partie céphalique du car- répondent mal à nos manipulations.
tilage thyroïde, au niveau de C3 (gonion)
et, comme nous l’avons déjà écrit, le plus
souvent au niveau de C4. Approche manuelle
L’artère carotide externe est située en
avant et un peu en dedans de l’artère Palpation
carotide interne.
À son origine, l’artère carotide externe n’est
Trajet recouverte que par la peau, le platysma et
l’aponévrose cervicale superficielle.
Le trajet de l’artère carotide externe est Plus céphaliquement, elle est recou-
d’abord oblique, puis elle adopte un tra- verte par les muscles digastrique et
jet vertical après le gonion. stylohyoïdien ainsi que par le nerf

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Manipulations vasculaires viscérales
210 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère temporale
superficielle

Artère vertébrale

Artère carotide interne


Artère carotide
externe

Tronc thyrocervical Artère laryngée supérieure

Artère Artère carotide commune


subclavière
Glande thyroïde

Fig. 15.1. Artère carotide externe.


Artère carotide externe 211

hypoglosse. Elle est latérale par rapport – traumatismes cervicaux avec signes
au pharynx et en avant de l’artère caro- fonctionnels associés, à savoir : vertiges,
tide interne. instabilité, acouphènes et céphalées.

Précautions Manipulations
Soyez prudents et n’hésitez pas à diriger Position commune aux trois
vos patients chez leur médecin en cas : techniques
– de vertiges récurrents sans antécédents
Le patient est en décubitus, les coudes
de traumatisme ;
sur la table et les mains reposant sur l’ab-
– d’instabilité ; domen. Sa tête est légèrement tournée
– de démarche ébrieuse. du côté opposé à l’artère carotide externe
manipulée. Vous vous tenez du côté à
Contre-indications traiter.

Les contre-indications des manipulations Technique en étirement bidigital


de l’artère carotide externe sont les sui- Placez un pouce juste en dehors du bord
vantes : céphalique du cartilage tyroïde, qui sert
– drop-attack (chute sans perte de connais- de point fixe (figure 15.2).
sance, en principe due à une insuffisance L’autre pouce, placé sous le muscle
vertébrobasilaire) ; digastrique dans la région du gonion, va
– maux de tête subits, localisés, aléatoires étirer l’artère carotide externe en direc-
pouvant faire penser à un anévrisme ; tion céphalique et légèrement médiale.
– zones où l’artère carotide externe est Finissez comme d’habitude par une
peu perceptible ; induction.
– fragilité vasculaire (maladies systémiques) ; Technique en glissé-induction
– plaques d’athérome.
Le point d’appui initial est le même,
Il importe de se méfier particulière- au niveau du cartilage thyroïde. L’autre
ment en cas de vertiges ou d’instabilité pouce ou l’index va effectuer une tech-
chez une femme tabagique prenant la nique de glissé-induction en partant du
pilule, au taux de cholestérol élevé. Ce point fixe.
sont des facteurs de fragilité vasculaire au Il est important de sentir de toutes peti-
niveau carotidien ou vertébrobasilaire. tes sections où vous avez l’impression que
le doigt a un peu plus de mal à glisser.
Indications Cette technique a un effet sur les parois
de l’artère carotide externe mais aussi sur
Les indications sont les suivantes :
les fibres nerveuses de l’hypoglosse.
– céphalées ;
– paralysie faciale ; Technique en écartement-
– dysfonction thyroïdienne ; glissement digital
– troubles affectant la face, le système Cette technique se réalise avec la pulpe
alvéolodentaire et le carrefour pharyngo- de 2 ou 3 doigts des deux mains comme
laryngé ; pour la palpation (figure 15.3).
212 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 15.2. Manipulation de l’artère carotide externe


(étirement bidigital).

Fig. 15.3. Manipulation de l’artère carotide externe


(écartement-glissement digital).
Artère carotide externe 213

Les doigts vont focaliser leur action là (sympathique cervical, hypoglosse et


où le glissement est difficile à effectuer. glossopharyngien).
Rappelons que c’est surtout la com- En fin de traitement, vous devez sentir
posante de glissement qui est impor- un pouls artériel régulier sans zones de
tante alors que la compression doit être moindre perception.
minime.
La manœuvre est terminée quand N.B. : N’oubliez pas la partie de l’artère
les doigts peuvent glisser aisément sans carotide externe qui se trouve là où le
impression de rugosité sur l’artère. muscle sternocléidomastoïdien croise
En plus de jouer sur l’élasticité l’artère. C’est souvent à ce niveau que
propre de l’artère, les doigts agissent l’on trouve des fixations de certaines
sur le système nerveux périartériel fibres du nerf hypoglosse.
Chapitre 16

Artère faciale
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Artère faciale 217

Chapitre 16

Artère faciale
Rappels anatomiques Fonction
L’artère faciale irrigue l’amygdale pala-
Origine
tine, le voile du palais, les muscles pté-
L’artère faciale naît entre l’os hyoïde et rygoïdien, mylohyoïdien, digastrique, la
la base de la mandibule, en avant de l’ar- glande sous-maxillaire et toute la face.
tère carotide externe dont elle est issue
(figure 16.1). Anastomose
Trajet L’artère faciale s’anastomose à sa portion
terminale, par l’intermédiaire de l’artère
L’artère faciale se dirige en avant et en angulaire, avec l’artère ophtalmique,
haut vers la glande sous-maxillaire. On branche de l’artère carotide interne.
la retrouve vers la commissure des lèvres,
entre l’aile du nez et la joue.
Approche manuelle
Terminaison
Repérage des pouls
La terminaison de l’artère faciale se situe
à l’angle médial de l’œil par l’artère Nous donnons les pouls les plus faciles à
angulaire. repérer (figures 16.2, 16.3 et 16.4), ceux
qui nous sont utiles pour apprécier l’effi-
Collatérales cacité de nos techniques.
L’artère faciale a 8 collatérales : – Sur la mandibule, le pouls est situé sur
le bord caudal de la mandibule à mi-
– à la partie cervicale les artères :
distance entre le gonion et le tubercule
• palatine inférieure ; mental.
• ptérygoïdienne ; – Sur l’os nasal, c’est l’artère angulaire que
• sous-mentale ; l’on palpe à la jonction de l’os nasal et du
• sous-maxillaire. maxillaire. On peut facilement la confon-
– à la partie faciale les artères : dre avec l’artère supratrochléaire, branche
de l’artère carotide interne. Testez l’ar-
• massétérique inférieure ;
tère angulaire avec la pulpe d’un doigt.
• coronaire supérieure ; Faites-la glisser de caudal à céphalique
• coronaire inférieure ; pour essayer d’individualiser les deux
• artère de l’aile du nez. pouls.

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Manipulations vasculaires viscérales
218 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère
supraorbitaire
Artère
supratrochléaire

Artère
angulaire
Artère nasale
Artère
dorsale
occipitale
Artère nasale
latérale Artère maxillaire
Artère faciale

Branches
labiales
Artère carotide interne

Rameau
Artère carotide commune
submental

Artère carotide externe

Fig. 16.1. Artère faciale.

Fig. 16.2. Repérage du pouls de l’artère faciale au niveau mandibulaire.


Artère faciale 219

Artère
supratrochléaire
Artère
supraorbitaire

Artère temporale
superficielle

Artère nasale
dorsale

Artère angulaire

Artère faciale

Origine carotide interne


Origine carotide externe

Fig. 16.3. Artère angulaire.


220 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig.16.4. Repérage du pouls de l’artère angulaire.

Remarques – infections chroniques rhinopharyngées ;


– traumatismes craniofaciaux ;
L’artère faciale nous sert avant tout de
– lésions cérébrales ;
témoin pour évaluer les manipulations
faites sur les artères carotides commune et – suites de chirurgie faciale ;
externe. Nos techniques directes ou indi- – port d’un appareil dentaire.
rectes sur les filets nerveux qui l’entourent
n’ont pas montré une grande efficacité. Anastomose angulaire–
C’est certainement au niveau mandi-
bulaire que l’on perçoit mieux les diffé-
supratrochléaire
rences de battement artériel. Nous appliquons des manœuvres de com-
pression-décompression de type visco-
Indications élastique pour avoir un double effet
sur l’artère carotide externe par l’artère
Les indications des manipulations de angulaire et sur l’artère carotide interne
l’artère faciale sont les suivantes : par l’artère supratrochléaire, que nous
– paralysie faciale ; étudierons plus loin.
Chapitre 17

Artère occipitale
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Artère occipitale 223

Chapitre 17

Artère occipitale
Rappels anatomiques – une artère méningée pour la dure-mère
mastoïdienne et le diploé. L’artère pénè-
Origine tre, la plupart du temps accompagnée
d’une veine émissaire, dans le foramen
L’artère occipitale naît en avant du pro- mastoïdien.
cessus mastoïde et en arrière de l’artère
carotide. Elle naît à peu près au même
niveau que l’artère faciale (figure 17.1). Terminales
Trajet L’artère occipitale a pour terminales :
– une branche latérale anastomosée avec
L’artère occipitale longe le bord caudal du l’auriculaire postérieure ;
ventre postérieur du muscle digastrique – une branche médiale se dirigeant au
au niveau de la face latérale du processus sommet du crâne pour s’anastomoser
mastoïde. avec l’occipitale opposée et ensuite la
Elle se dirige ensuite vers la protu- temporale superficielle.
bérance occipitale externe et devient
ascendante.
Elle perfore le muscle trapèze et le fas- Approche manuelle
cia nuchal entre les insertions des mus-
cles sternocléidomastoïdien et trapèze. Palpation
Collatérales La palpation s’effectue à mi-distance de
la protubérance occipitale externe et de
L’artère occipitale a comme collatérales : l’écaille de l’occiput. L’artère occipitale
– des rameaux musculaires pour les mus- peut être palpée à travers le fascia nuchal
cles sternocléidomastoïdien, digastrique, et le muscle trapèze, contre la ligne
splénius et muscle semi-épineux de la nuchale supérieure.
tête ;
– l’artère stylomastoïdienne, qui accom- Indications
pagne le nerf facial dans le foramen stylo-
mastoïdien pour se diriger dans la caisse Les indications des manipulations sont
du tympan et aux cavités mastoïdiennes les suivantes :
ainsi qu’aux canaux semi-circulaires ; – suites d’otite ;

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Manipulations vasculaires viscérales
224 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Aponévrose
épicrânienne

Ventre occipital
du muscle
occipitofrontal
Artère occipitale

Troisième nerf Muscle


occipital semi-épineux
Artère auriculaire
postérieure

Nerf petit occipital


Nerf grand auriculaire

Muscle splénius
Muscle
sternocléidomastoïdien

Muscle trapèze

Fig. 17.1. Artère occipitale.

– acouphènes ; Manipulations
– paralysie faciale ;
– dysfonction de l’ouïe ; Position
– traumatismes crâniens (surtout postéri- Il est possible de choisir le décubitus ou
eurs) ; le procubitus.
– suites de « coup du lapin » ; Technique
– cervicalgie ;
Vous devez sentir d’un ou deux doigts
– troubles cérébelleux. le battement artériel occipital à mi-
Artère occipitale 225

distance entre la protubérance occipitale


externe et le bord latéral de l’occiput
(figure 17.2).
Alternez compression et décompres-
sion pour créer un phénomène de suc-
cion en viscoélasticité.
Prenez ensuite un appui sur l’émer-
gence musculaire de l’artère occipitale
dans le trapèze et un autre appui un peu
plus médial ou latéral selon la direction
de l’écoute et réalisez une induction.
Dans un premier temps, relâchez la
partie fasciale qui entoure l’artère en
même temps que le petit ring fascial qui
entoure la veine émissaire.

Remarques
Lorsqu’on réalise cette technique, on
obtient aussi un effet sur le nerf grand
occipital. Par ailleurs, grâce à la veine
émissaire qui rejoint l’intérieur du
crâne, notre manipulation pourrait se
propager à la dure-mère occipitale et
mastoïdienne.
Fig. 17.2. Manipulation de l’artère
occipitale.
Chapitre 18

Artère auriculaire
postérieure
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Artère auriculaire postérieure 229

Chapitre 18

Artère auriculaire
postérieure
L’artère auriculaire postérieure n’est pas que nous avons vu avec l’artère occipi-
la plus importante des branches de l’ar- tale (voir chapitre 17).
tère carotide externe, mais ses anastomo-
ses permettent d’améliorer les résultats Terminales
sur les artères occipitale et temporale
superficielle. C’est la branche postérieure Au niveau du sillon auriculomastoï-
la plus haute de l’artère carotide externe. dien, l’artère auriculaire postérieure
fournit :
– une branche auriculaire pour les faces
médiale et latérale du pavillon ;
Rappels anatomiques
– une branche mastoïdienne qui s’anas-
tomose avec les artères occipitale et tem-
Origine
porale superficielle.
L’artère auriculaire postérieure (figure
18.1A et B) naît du côté dorsal de l’ar- Anastomoses
tère carotide externe, juste au-dessus de
l’artère occipitale ; elles ont même parfois La branche postérieure de l’artère auri-
un tronc commun. culaire postérieure s’anastomose avec
les artères occipitale et temporale supe-
Trajet rficielle.

L’artère auriculaire postérieure pénètre


dans la glande parotide, pour se diriger Approche manuelle
ensuite dans le sillon auriculomastoïdien
(union du pavillon de l’oreille avec le Palpation
processus mastoïde).
La pulsation de l’artère auriculaire posté-
Collatérales rieure se sent surtout au-dessous du pore
auditif externe, contre le processus mas-
L’artère auriculaire postérieure donne des toïde. Placez la pulpe d’un doigt entre
branches pour la parotide et la peau qui gonion et processus mastoïde ou dans
la recouvre, dont la stylomastoïdienne l’angle auriculomastoïdien.

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Manipulations vasculaires viscérales
230 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère pariétale Artère frontale


Artère supraorbitaire

Artère nasale

Artère occipitale

Artère auriculaire
postérieure
Artère faciale

Artère carotide interne


Artère carotide externe

A Artère carotide commune

Fig. 18.1. A. Artère auriculaire postérieure.

Rameaux perforants

Muscle auriculaire
postérieur

Rameaux
contournants

Branche de l’artère
auriculaire postérieure

Apophyse mastoïde
Artère auriculaire postérieure
B

Fig. 18.1. B. Vue en arrière du pavillon.


Artère auriculaire postérieure 231

Indications
Les indications sont à peu près les mêmes
que pour l’artère occipitale, à savoir :
– séquelles d’otite ;
– acouphènes ;
– paralysie faciale ;
– troubles de l’audition ;
– suites de traumatismes crâniens posté-
rieurs ;
– suites de « coup du lapin ».

Manipulations
Essentiellement en viscoélasticité et en
étirement-induction, la technique de
manipulation de l’artère auriculaire pos-
térieure (figure 18.2) sert aussi souvent
de test pour apprécier les changements
après les manipulations des artères occi-
pitale et temporale superficielle.

Position
Le patient est en latérocubitus du côté Fig. 18.2. Manipulation de l’artère
opposé à l’artère concernée. auriculaire postérieure.

Technique
Travaillez en induction, d’un doigt sur le
pouls de l’artère auriculaire postérieure
ou de deux doigts, si son trajet le permet,
pour l’étirer.
Chapitre 19

Artère maxillaire
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Artère maxillaire 235

Chapitre 19

Artère maxillaire
Rappels anatomiques la principale source de vascularisation de
la dure-mère ;
L’artère maxillaire (figure 19.1) ne peut • des rameaux orbitaires s’anastomosant
pas être palpée à son origine, car elle se avec la lacrymale, branche de l’ophtalmi-
situe en dedans de la mandibule. Elle est que issue de l’artère carotide interne.
surtout intéressante pour sa branche ter- – des descendantes : l’alvéolaire inférieure,
minale infraorbitaire qui accompagne le qui fournit des rameaux alvéolodentaires,
nerf maxillaire et, à un degré moindre, donne aussi le rameau mental passant par
pour sa branche mentale qui accompa- le foramen mental. Ce dernier peut servir
gne le nerf mandibulaire. de témoin dans l’évaluation des manipu-
lations maxillaire et mandibulaire. Il per-
Origine met d’apprécier aussi les conséquences du
port d’un appareil dentaire. Quand le port
L’origine de l’artère maxillaire se situe
de l’appareil dentaire est trop contrai-
juste au-dessus de l’artère auriculaire
gnant, le pouls mental du côté de la ten-
postérieure. Elle est cachée par l’arcade
sion mécanique trop forte est diminué.
zygomatique.

Trajet Approche manuelle


L’artère maxillaire s’engage entre les deux
Palpation
chefs du muscle ptérygoïdien latéral pour
pénétrer dans la fosse ptérygopalatine. On teste essentiellement les artères infra-
orbitaire et submentale.
Collatérales
Position
Parmi les plus importantes collatérales Le patient est en décubitus, les mains
de l’artère maxillaire, citons : croisées sur la poitrine. Vous vous placez
– des ascendantes : à sa tête pour pouvoir comparer les artè-
• la tympanique antérieure pour la res droite et gauche.
muqueuse de l’oreille moyenne ;
• la méningée moyenne pénétrant dans
Artère infraorbitaire
le crâne par le foramen épineux. Elle Le foramen infraorbitaire nous est
donne des rameaux pour la dure-mère bien connu : c’est là que nous manipu-
entourant le ganglion trigéminal. C’est lons essentiellement le nerf maxillaire,

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Manipulations vasculaires viscérales
236 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère temporale
superficielle

Artère
supraorbitaire

Artère
supratrochléaire

Artère transverse Artère


de la face temporale
moyenne
Artère
angulaire Artère
Artère occipitale
infraorbitaire Artère maxillaire

Artère faciale

Artère carotide interne

Artère carotide externe

Artère carotide commune

Fig. 19.1. Artère maxillaire.

2e branche du trijumeau. Il n’est d’ailleurs l’aplomb de la 2e prémolaire. Le foramen


pas possible de séparer les manipulations mental est approximativement dans le
du nerf maxillaire de l’artère maxillaire. prolongement de la ligne verticale pas-
L’artère est sentie dans le foramen infraor- sant par les foramens infraorbitaire et
bitaire, sous le rebord orbitaire du maxil- supraorbitaire.
laire à environ 2 à 3 travers de doigts de
la verticale passant par le nez et séparant
la face en deux. Ce foramen est proche Indications
de la suture zygomatico-maxillaire. Les indications des manipulations sont
Surtout, n’oubliez pas de comparer les les suivantes :
pouls des deux côtés ; c’est du côté où le
– suites de traumatismes craniofaciaux
pouls est le plus faible que se situe géné-
(sans oublier son rôle dans la vascularisa-
ralement le problème.
tion dure-mérienne) ;
Artère mentale – appareillage dentaire ;
Le pouls de l’artère mentale se prend sur – suites de chirurgie maxillofaciale ;
la mandibule dans le foramen mental, à – céphalées ;
Artère maxillaire 237

– migraines ;
– troubles du système masticateur.

Technique de l’artère
infraorbitaire
C’est surtout l’artère infraorbitaire qui
répond bien aux manipulations (figure
19.2). Elle se manipule en viscoélasti-
cité-induction. Dans un premier temps,
comprimez-la ; puis, lors de la phase de
décompression, effectuez une induction.
Cette technique, répétons-le, concerne
aussi le nerf infraorbitaire.
En fin de manipulation, comparez à
nouveau les pouls des deux artères infra-
orbitaires droite et gauche, pour appré-
cier l’efficacité de votre manœuvre.

Fig. 19.2. Manipulation de l’artère


infraorbitaire.
Chapitre 20

Artère temporale
superficielle
Rappels anatomiques

Manipulations

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Manipulations vasculaires viscérales
Artère temporale superficielle 241

Chapitre 20

Artère temporale
superficielle
Rappels anatomiques avec l’artère palpébrale supérieure, bran-
che de l’ophtalmique, elle-même issue de
Origine l’artère carotide interne.

L’artère temporale superficielle (figure Terminales


20.1) est l’artère terminale de l’artère
carotide externe. Elle naît au niveau du Les terminales de l’artère temporale super-
col du condyle mandibulaire et donne de ficielle sont des branches frontales et des
nombreux rameaux. branches pariétales.

Trajet Particularités
L’artère temporale superficielle chemine Il existe une anastomose de l’artère tem-
entre le tubercule zygomatique et le pore porale superficielle avec l’artère supra-
externe pour se diriger ensuite dans la orbitaire. La première est une branche
région temporale. Jusqu’à l’arcade zygoma- de l’artère carotide externe, alors que la
tique, elle est recouverte par la parotide. seconde est une branche de l’artère caro-
tide interne. C’est encore une preuve de
Collatérales l’intrication des artères entre elles.
Par ailleurs, le rameau orbitaire s’anas-
Les principales collatérales de l’artère tomose avec une branche de l’artère caro-
temporale superficielle sont : tide interne.
– l’artère transversale pour la joue ;
– des rameaux articulaires antérieurs pour
l’articulation temporomandibulaire ; Manipulations
– un rameau pour le muscle temporal ; Parmi toutes les branches de l’artère
– des rameaux pour la face externe du temporale superficielle, nous avons
pavillon de l’oreille ; sélectionné quatre artères qui répon-
– un rameau orbitaire pour le muscle dent le mieux à nos techniques : l’ar-
orbitaire des paupières qui s’anastomose tère transverse de la face ; l’artère

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Manipulations vasculaires viscérales
242 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Rameau pariétal

Artère temporale
superficielle Rameau
latéral

Rameau
Rameau frontal médial

Artère temporale
moyenne

Artère transverse
Artère
de la face
occipitale

Artère maxillaire
Artère faciale

Branches
labiales Artère vertébrale

Artère carotide interne


Artère carotide externe
Rameau
submental Artère carotide commune
Artère linguale
Artère thyroïde supérieure

Fig. 20.1. Artère temporale superficielle.

zygomatico-orbitaire ; le rameau frontal ; que, dans l’incisure mandibulaire (entre


le rameau pariétal. les processus coronoïde et condylaire).

Technique
Position
C’est une induction réalisée là où l’on
Pour toutes ces artères, le patient est en perçoit le mieux le pouls (figure 20.2).
décubitus, les mains sur la poitrine, la
tête légèrement tournée du côté opposé Artère zygomatico-orbitaire
à la manipulation.
Cette artère est surtout ressentie juste
Artère transverse de la face au-dessus du milieu du processus zygoma-
tique, vers la suture sphénosquameuse.
L’artère transverse de la face est perçue C’est l’un des pouls les plus perceptibles
juste au-dessous du processus zygomati- de l’artère temporale.
Artère temporale superficielle 243

Fig. 20.2. Manipulation de l’artère transverse de la face.

Cette artère est importante à manipu-


ler en cas de migraine à prédominance
temporale ; d’ailleurs, le patient se frotte
instinctivement cette région.

Technique
On réalise un petit étirement-induction
sur l’artère (figure 20.3).

Rameau frontal
Le rameau frontal se trouve à environ
4 travers de doigts au-dessus du rebord
supérieur de l’orbite.

Technique
On réalise de petits étirements-induction.

Rameau pariétal
Le rameau pariétal est accompagné d’une
veine émissaire pénétrant dans le diploé.
On le manipule surtout pour avoir un
effet sur la dure-mère pariétale dans les Fig. 20.3. Manipulation de l’artère
suites de traumatisme. zygomatico-orbitaire.
244 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 20.4. Manipulation des rameaux pariétaux.

Technique du pouls le plus faible et le plus ténu


que se situe le problème ; plus rarement,
On exécute des microétirements-induc-
quand il est très tendu et bondissant.
tion à l’aide de deux ou plusieurs doigts
Les fixations suturales crâniennes
(figure 20.4).
affectent souvent le pouls de l’artère
Remarques avoisinante.
Enfin, c’est surtout au niveau de la
Toutes ces artères ont leurs symétriques, fosse temporale qu’il faut apprendre au
ce qui permet de comparer les pouls des patient à faire des petits palper-rouler sur
deux côtés. C’est le plus souvent du côté les zones cutanées indurées et sensibles.
Chapitre 21

L’artère carotide
interne et ses
branches
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
L’artère carotide interne et ses branches 247

Chapitre 21

L’artère carotide
interne et ses
branches
L’artère carotide interne est une artère Elle croise à angle aigu l’artère carotide
très difficile à sentir à son origine et externe qui a aussi une direction céphali-
impossible à palper dans son trajet intra- que mais en plus latérale.
crânien. Heureusement, certaines de ses Elle arrive dans le crâne par le canal
branches terminales rejoignent la face carotidien et le foramen lacéré antérieur.
où il est assez aisé de les sentir. Elles vont
surtout nous servir de témoins pour Terminales
trouver le côté de moindre irrigation
Les principales terminales de l’artère
cérébrale et apprécier l’efficacité de nos
carotide interne sont :
manœuvres.
– l’ophtalmique ;
– la cérébrale antérieure ;
Rappels anatomiques
– l’artère cérébrale moyenne (sylvienne) ;
Origine – la communicante postérieure ;
– la choroïdienne ;
L’origine de l’artère carotide interne – le polygone de Willis.
(figure 21.1) se trouve à la bifurcation
des artères carotides externe et interne Remarque
entre l’os hyoïde et la partie supérieure
du cartilage thyroïde, soit au niveau de C’est surtout grâce à l’artère ophtalmique et
C3 ou C4. à ses branches que nous pourrons à la fois
Elle se situe un peu en dehors et en tester et traiter l’artère carotide interne.
arrière de l’artère carotide externe.
Rapports utiles
Trajet
Au cou, l’artère carotide interne a les
L’artère carotide interne a une direction mêmes rapports que l’artère carotide
céphalique et médiale, en direction du externe, en étant cependant plus latérale
pharynx. et postérieure. Juste à son origine, elle n’est

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Manipulations vasculaires viscérales
248 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère carotide interne

Artère vertébrale

Artère carotide externe

Fig. 21.1. Artère carotide interne.

recouverte que par la peau, le platysma et Approche manuelle


l’aponévrose cervicale superficielle.
Les nerfs glossopharyngien, vague Précautions
et hypoglosse, à la sortie du crâne, sont
disposés en arrière de l’artère carotide Il faut être prudent en cas :
interne. Ils la contournent pour se placer – d’hypertension ;
ensuite en dehors d’elle. – de plaques d’athérome.
L’artère carotide interne et ses branches 249

Contre-indications – les suites de paralysie ;


– les vertiges ;
Les contre-indications des manipulations
– les instabilités.
sont :
– les maux de tête très violents et aléatoires ;
Palpation des pouls
– la fragilité vasculaire générale ;
– les suites d’hémorragie cérébrale. Palpation à la bifurcation
carotidienne
Indications Il nous paraît bien difficile de toujours
différencier les pouls des artères carotides
Constituent des indications aux manipu-
interne et externe (figure 21.2).
lations les affections cérébrales en géné-
ral comme : Palpation au foramen
– la maladie de Parkinson ; supraorbitaire
– la sclérose en plaques ; L’artère supraorbitaire sort du crâne par
– les accidents vasculaires cérébraux ; le foramen ou l’incisure supraorbitaire,
– les déficits moteurs ; situé dans les bords supraorbitaires de l’os

Nerf glossopharyngien

Artère carotide interne

Artère carotide externe

Glomus carotidien

Nerf du sinus carotidien

Sinus carotidien
Glomus carotidien

Artère carotide commune

Fig. 21.2. Bifurcation carotidienne.


250 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère
supraorbitaire

Artère
supratrochléaire
Nerf supraorbitaire
Nerf supratrochléaire
Septum orbitaire
Artère ophtalmique
Glande lacrymale

Tarse supérieur
Veine angulaire
Ligament palpébral
Ligament palpébral
médial
latéral
Artère angulaire
Tarse inférieur
Sac lacrymal

Artère infraorbitaire

Veine faciale
Artère faciale

Fig. 21.3. Artères supraorbitaire et supratrochléaire.

frontal (figure 21.3). Le foramen est situé du doigt de caudal à céphalique, vous
à environ 3 travers de doigt en dehors sentirez assez aisément le pouls de la
de la glabelle. Pour sentir le pouls, par- supratrochléaire.
tez de la partie caudale du rebord orbi- Cette artère est anastomosée avec l’an-
taire et soulevez les parties molles et les gulaire, issue de la faciale, elle-même
sourcils. tirant son origine de l’artère carotide
Effectuez une petite compression externe. Il est possible de confondre les
contre le foramen et relâchez un peu deux pouls ; assurez-vous que vous êtes
votre pression ; vous sentirez alors le bien au-dessus de la trochlée.
pouls. Comparez les deux côtés.
Palpation au niveau de l’artère Manipulation de l’artère
supratrochléaire ophtalmique
L’artère supratrochléaire perfore le sep-
tum orbitaire avec le nerf infratrochléaire Rappels anatomiques
(figure 21.3). L’artère ophtalmique naît au niveau de
Placez la pulpe de l’index au-dessus l’apophyse (ou processus) clinoïde anté-
de la trochlée ; en dirigeant la pulpe rieure pour s’engager dans la fissure orbi-
L’artère carotide interne et ses branches 251

taire. Pour permettre une grande mobilité


de l’œil, elle est très flexueuse.
D’abord située latéralement par rap-
port au nerf optique, elle le croise ensuite
en passant sur lui.
Elle longe le bord caudal du muscle
oblique supérieur jusqu’à la trochlée.
Elle fournit, sur une distance très
courte, 11 branches collatérales, dont les
artères supraorbitaire et supratrochléaire.
Comme il n’est pas possible de la palper
directement, c’est par l’intermédiaire du
globe oculaire que nous la manipulons.

Manipulation
 Position
Le sujet est en décubitus dorsal, les yeux
fermés.

 Technique
Placez la pulpe de l’index sur le globe ocu-
laire (figure 21.4). Superposez-lui l’autre
index ; c’est lui qui va effectuer le mouve-
ment. Poussez délicatement le globe ocu- Fig. 21.4. Manipulation de l’artère
laire vers l’arrière et médialement, en le ophtalmique.
laissant revenir ensuite en viscoélasticité.
C’est la même technique que celle du
nerf optique. Elle a un effet de plissage et
Cette technique peut être combinée
déplissage de l’artère.
avec une induction de l’artère supraorbi-
Au préalable, vous prenez le pouls
taire, décrite ci-après.
supraorbitaire ou supratrochléaire. Vous
appliquez d’abord cette technique là où
le pouls est le plus faible et vous le véri-
Manipulation de l’artère
fiez à la fin de la manœuvre. De toute supraorbitaire
façon, il est toujours bon de manipuler
les deux côtés ; c’est une règle générale Rappels anatomiques
applicable à tous les organes pairs. L’artère supraorbitaire est beaucoup plus
L’artère ophtalmique suit le trajet du centrale que l’artère ophtalmique dont
muscle oblique supérieur. Pour l’étirer, elle est issue ; c’est un paramètre inté-
entraînez le globe oculaire latéralement ressant pour choisir la direction de la
et caudalement. Normalement, le pouls manipulation.
est plus marqué en étirant le muscle obli- L’artère supraorbitaire donne des peti-
que supérieur. tes branches dans les parties molles de
252 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

l’arcade sourcilière et dans le diploé du


frontal.

Manipulation
Nous utilisons une technique à double
composante, l’une où la direction de la
manœuvre se destine plutôt au nerf opti-
que et l’autre à l’artère supraorbitaire
(figure 21.5).

 Premier temps
De la pulpe du doigt, vous comprimez
l’artère supraorbitaire. Relâchez très
légèrement votre appui et exécutez une
décompression-induction.

 Deuxième temps
De l’index de l’autre main, comprimez le
globe oculaire en direction postérieure et
médiale, comme pour la manipulation
du nerf optique, et vous le laissez revenir
graduellement. Fig. 21.5. Manipulation de l’artère
Petit à petit, vous allez sentir le pouls supraorbitaire.
de l’artère supraorbitaire s’intensifier ;
cette perception demande de l’expé-
rience du fait de la faible intensité du
pouls. soient d’origine traumatique, infec-
tieuse ou dégénérative. Les suites d’acci-
 Remarques dent vasculaire cérébral sont une bonne
L’artère supraorbitaire est intéressante indication.
à manipuler car c’est une branche indi-
recte de l’artère carotide interne. De plus, Contre-indications
par son anastomose avec l’artère carotide Il n’existe pas de contre-indication for-
externe par l’intermédiaire de l’angulaire, melle. Nos techniques sont si douces et
nous pouvons obtenir un double effet et respectueuses des tissus qu’il est difficile
sur l’artère carotide externe et sur l’artère de croire qu’elles puissent être iatrogè-
carotide interne. nes. Pensez que, pendant la toux, l’éter-
nuement ou les efforts pour aller aux
Indications toilettes, les pressions intracrâniennes
La manipulation de l’artère supraorbitaire sont bien plus conséquentes et absolu-
est employée pour tous les problèmes cir- ment pas comparables avec les pressions
culatoires concernant l’encéphale, qu’ils digitales que nous exerçons.
L’artère carotide interne et ses branches 253

Manipulation de l’artère Exercice


supratrochléaire En cas de différence dans la qualité des
Effectuez des manœuvres en compression- pouls supratrochléaire et supraorbitaire,
décompression-induction (figure 21.6). il est intéressant de traiter un éventuel
L’artère supratrochléaire est intéres- problème crânien. Ce problème peut être
sante à manipuler en raison de son anas- d’origine osseuse, suturale, méningée ou
tomose avec des artères issues de l’artère encéphalique ; en principe, il est situé du
carotide externe. côté du pouls le plus faible.
Ses petites branches sont entourées de C’est l’écoute crânienne locale qui per-
nombreuses fibres nerveuses minuscules met de déceler la fixation. Un traitement
du sympathique cervical qui permettent efficace équilibre le plus souvent les dif-
d’avoir un effet réflexogène important. férents pouls.
Cet effet peut jouer sur la vasomotri- Un appareil dentaire trop serré donne
cité artérielle et sur le système musculaire fréquemment un pouls supra- ou infratro-
qui entoure ces artères. chléaire affaibli du côté trop contraint.

Fig. 21.6. Manipulation de l’artère supratrochléaire.


Chapitre 22

Vaisseaux
de la thyroïde
Précision

Rappels anatomophysiologiques

Examen clinique de la thyroïde

Manipulations vasculaires thyroïdiennes

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux de la thyroïde 257

Chapitre 22

Vaisseaux
de la thyroïde
Précision Sa partie médiane, l’isthme, est mince et
étroit. Ses deux parties latérales sont volu-
Ce chapitre consacré à la thyroïde est assez mineuses, piriformes, à grosse extrémité
long. En effet à notre connaissance trop inférieure – les lobes droit et gauche.
peu d’ouvrages de médecine manuelle Souvent plus volumineuse chez la
sont consacrés à cet organe. C‘est pour femme que chez l’homme, au niveau des
cette raison que nous avons développé les lobes, elle mesure :
paragraphes portant sur sa physiologie et – 6 à 8 cm de largeur ;
sa pathologie. – 6 cm de hauteur ;
– 3 cm d’épaisseur.
Rappels anatomo- Son poids est d’environ 30 g.
physiologiques Sa couleur est brun rougeâtre. Sa consis-
tance est plutôt molle, le parenchyme étant
Situé au niveau du tiers inférieur de la légèrement grenu. Sa surface, lors d’une
face antérieure du cou, le corps thyroïde palpation légère, apparaît irrégulière.
est constitué de la glande thyroïde et des
glandes parathyroïdes.
Thyroïde
Glande thyroïde  Lobes
La glande thyroïde est une glande endo- Les lobes thyroïdiens ont une forme de
crine impaire, médiane et symétrique, poire ou de pyramide triangulaire et sont
appliquée sur la partie antérieure du larynx en grande partie recouverts par les mus-
et de la trachée. cles sternothyroïdien, sternohyoïdien et
omohyoïdien. À l’état normal, la thyroïde
Forme et dimensions est difficilement palpable.
Dans le plan frontal, la thyroïde a globa- Par leur face médiale, les lobes sont
lement la forme d’un H ou d’un papillon appliqués contre les faces latérales des
(figure 22.1). Considérée dans le plan cinq ou six premiers cartilages trachéaux,
transversal, elle a la forme d’un fer à cheval la face latérale du cartilage cricoïde et la
concave en arrière, enserrant la trachée. partie inférieure du cartilage thyroïde.

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Manipulations vasculaires viscérales
258 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Épiglotte

Os hyoïde

Membrane
thyrohyoïdienne

Cartilage thyroïde

Lobe pyramidal
(pyramide de Lalouette)

Glande parathyroïde
supérieure

Isthme thyroïdien

Glande parathyroïde
inférieure

Trachée

A Vue antérieure B Vue postérieure

Fig. 22.1. A.Thyroïde de face et de profil. B. Thyroïde : vue postérieure.

Par leur face postérieure, ils répondent lobe pyramidal. Celui-ci est parfois uni
à la gaine carotidienne et à son contenu à l’os hyoïde par un tractus fibromus-
vasculonerveux ainsi qu’aux glandes culaire, le muscle élévateur de la glande
parathyroïdes. thyroïde.

 Isthme Fixité
L’isthme thyroïdien est une lame aplatie Le parenchyme de la thyroïde est entouré
mesurant environ 10 mm de largeur, 15 mm d’une capsule fibreuse, dépendante de la
de hauteur et 5 mm d’épaisseur. Il répond gaine viscérale du cou. Celle-ci est main-
aux 2e, 3e et 4e cartilages trachéaux. tenue par des ligaments à la trachée et à
De manière inconstante, son bord la gaine vasculaire par les ligaments thy-
supérieur donne naissance à un pro- rotrachéaux, un médian et deux latéraux,
longement vertical de la glande appelé dits aussi ligaments de Grüber.
Vaisseaux de la thyroïde 259

Cette loge thyroïdienne, en forme de par l’exercice, le stress, la malnutrition,


U ouvert en arrière, est constituée par la l’hypoglycémie et le sommeil.
gaine thyroïdienne, formée : Le taux de sécrétion de la TSH dépend
– en arrière par la gaine viscérale média- des taux plasmatiques de T3 et de T4, qui
lement et la gaine carotidienne latérale- affectent la sensibilité de l’hypophyse
ment ; antérieure à la TRH. Un taux élevé de T3
– en avant par le feuillet profond de la et de T4 abaisse la sécrétion de la TSH ;
lame prétrachéale du fascia cervical un taux bas l’élève.
engainant les muscles sous-hyoïdiens. Les T3 et T4 sont nécessaires à la crois-
sance et au développement normaux,
La lame prétrachéale possède son inser-
en particulier du squelette et du système
tion céphalique sur le bord inférieur de l’os
nerveux. La plupart des autres organes et
hyoïde et se dédouble en deux feuillets :
systèmes sont également influencés par les
– une lame superficielle engainant les hormones thyroïdiennes. Les effets physio-
muscles sternohyoïdien et omohyoïdien ; logiques de T3 et T4 sur le cœur, les muscles
– une lame profonde engainant les mus- squelettiques, la peau, les systèmes digestif
cles thyrohyoïdiens et sternothyroïdien. et de reproduction sont plus nets quand la
glande thyroïde est hyper- ou hypoactive.
Physiologie Ces modifications sont énumérées dans le
La glande thyroïde sécrète deux hormo- tableau 22.1 relatif à ces dysfonctions.
nes qui stimulent le métabolisme cellu-
 Calcitonine
laire et une hormone intervenant dans le
métabolisme phosphocalcique. Cette hormone est sécrétée par les cellules
parafolliculaires de la thyroïde. Elle agit
 Thyroxine et triiodothyronine sur l’os et le rein pour abaisser le taux de
calcium sanguin quand celui-ci est élevé.
L’iode est essentiel pour la formation des
Elle réduit la résorption osseuse par les
hormones thyroïdiennes que sont la thy-
ostéoclastes et elle inhibe la réabsorption
roxine (T4) et la triiodothyronine (T3).
du calcium par les tubules rénaux. Ses
Les abréviations T3 et T4 sont d’ailleurs
effets sont opposés à ceux de l’hormone
attribuées en fonction du nombre d’ato-
parathyroïdienne sécrétée par les glandes
mes d’iode que possède chacune d’entre
elles. Ces hormones sont d’abord syn- parathyroïdes. La libération de la calcito-
nine est stimulée par l’augmentation du
thétisées sous la forme d’un précurseur
taux de calcium sanguin.
appelé thyroglobuline.
Cette hormone est importante pendant
La libération des hormones dans le
l’enfance, quand les os présentent d’impor-
sang est contrôlée par la TSH (thyroid sti-
tantes modifications de taille et de forme.
mulating hormone), hormone stimulant
la thyroïde, sécrétée par l’hypophyse
antérieure. Glandes parathyroïdes
La sécrétion de la TSH est elle-même
stimulée par la TRH (thyroid releasing hor- Description
mone), hormone sécrétée par l’hypotha- Les glandes parathyroïdes sont de petites
lamus. La sécrétion de TRH est stimulée glandes endocrines situées à la face posté-
260 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Tableau 22.1
Symptomatologie des dysfonctions thyroïdiennes

Hyperthyroïdie Hypothyroïdie

Symptômes

Sympathicotonie Fatigue, léthargie


Nervosité Apathie, somnolence
Irritabilité, émotivité Troubles de mémoire, baisse de l’audition
Neuropathie périphérique, syndrome du canal carpien
Sudation exagérée, soif
Hypothermie, frilosité
Intolérance au chaud
Intolérance au froid
Palpitation
Selles fréquentes, diarrhées Constipation
Faiblesse musculaire, fatigue Crampes musculaires, myotonie
Tremblements Arthralgie, paresthésie
Oligoménorrhée, aménorrhée
Prise de poids modérée sans appétit accru
Amaigrissement malgré appétit accru

Signes

Tachycardie Bradycardie
Augmentation de la pression systolique Diminution de la pression systolique
et diminution de la diastolique et augmentation de la diastolique
Leucopénie, thrombopénie Anémie
Peau chaude, lisse et moite Peau sèche, rugueuse et froide
Œdème ne prenant pas le godet
Tremblement, faiblesse musculaire
Cheveux ternes, ongles fragiles, perte des cheveux
proximale
et des poils
Dans la maladie de Basedow : signes oculaires
(fixité du regard, asynergie oculopalpébrale, Gonflement du visage, des mains et des jambes,
exophtalmie) bouffissure périorbitaire

rieure des lobes thyroïdiens. Ce sont des Physiologie


glandes paires, réparties en deux grou-
pes : les glandes parathyroïdes supérieu- Les glandes parathyroïdes sécrètent l’hor-
res et inférieures. mone parathyroïdienne ou parathormone
Chaque glande mesure au maximum et jouent un rôle très important dans le
8 mm de long, 4 mm de large et 2 mm métabolisme du calcium. La sécrétion est
d’épaisseur, et pèse environ 40 mg. régulée par le taux du calcium sanguin ou
Les glandes parathyroïdes supérieures calcémie. Quand celle-ci chute, lasécrétion
sont situées contre l’apex des lobes thy- de parathormone s’accroît, et inversement.
roïdiens, près de la branche externe du La principale fonction de la parathor-
nerf laryngé supérieur. mone et d’accroître le taux du calcium
Les glandes parathyroïdes inférieures sanguin quand il est bas. Ainsi, elle :
sont situées contre la base des lobes thy- – augmente la quantité de calcium absorbé
roïdiens ; chacune est près d’une artère dans l’intestin grêle ;
thyroïdienne inférieure et d’un nerf récur- – augmente la quantité de calcium réab-
rent laryngé. sorbée dans le tubule rénal ;
Vaisseaux de la thyroïde 261

– stimule les ostéoclastes pour libérer légère extension cervicale et pendant la


le calcium de l’os, si les deux premiers déglutition.
mécanismes sont insuffisants. On peut percevoir la présence de la thy-
La parathormone et la calcitonine agis- roïde même en l’absence de pathologie.
sent de façon complémentaire pour régu- Chez les sujets longilignes au cou gracile,
ler la calcémie. Rappelons que la calcémie la région isthmique peut être visible. On
doit être maintenue aussi constante que peut l’observer de profil, à jour frisant,
possible, car le calcium est un ion indis- sous forme d’un discret bombement cer-
pensable à : vical antérieur, mobile lors des mouve-
– la contraction musculaire ; ments de déglutition (figure 22.2).
Ordinairement, on peut observer une
– la coagulation sanguine ;
légère dépression à la partie basse du cou,
– la transmission de l’influx nerveux. entre les deux muscles sterno cléido mas-
toïdiens. Sa disparition, spontanée ou
lors de mouvements de rotation de tête,
Examen clinique est un très bon indice d’augmentation du
de la thyroïde volume de la glande.
Faites attention à toute saillie inha-
Actuellement, la thyroïde bénéficie des
bituelle de tissu thyroïdien sur la ligne
derniers raffinements des explorations
médiane ou derrière le muscle sterno-
métaboliques, hormonales, immunitaires,
cléidomastoïdien. Toute masse qui se
échographiques ou isotopiques. Pourtant,
mobilise au cours de la déglutition est
l’interrogatoire et l’examen clinique pro-
vraisemblablement située pour la glande
curent encore des informations essen-
thyroïde ou lui est adhérente.
tielles pour le diagnostic des pathologies
Si vous observez une hypertrophie,
thyroïdiennes.
notez si elle est diffuse, comme dans
L’examen clinique de la thyroïde
un goitre, ou localisée, comme pour un
devrait presque être systématique,
nodule ou un kyste thyroïdien.
comme la prise de pression artérielle.
La clinique permet d’appréhender l’état Palpation
morphologique et fonctionnel de la thy-
roïde. N’oublions pas que les atteintes La situation superficielle de la glande thy-
thyroïdiennes peuvent engendrer nom- roïde laisse supposer une palpation aisée.
bre de cervicalgies trompeuses ! Cependant, en l’absence de pathologie,
la perception de la glande est gênée par
l’épaisseur des muscles infrahyoïdiens et
Abord morphologique
sternocléidomastoïdiens qui recouvrent
de la thyroïde ses lobes.
Idéalement, la palpation s’effectue sur un
Inspection patient assis et adossé contre le thérapeute
L’inspection peut déjà fournir de pré- debout derrière lui. La tête du patient est
cieux indices. Elle s’effectue soit lors au départ soit en position standard, soit
du « coup d’œil général » de l’inspec- avec la jonction cervicothoracique en
tion, soit plus spécifiquement, avec une légère flexion pour diminuer la tension des
262 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Région sushyoïdienne

Région carotidienne
Région infrahyoïdienne

Région susclaviculaire

Fig. 22.2. Cou de face.

muscles antérieurs du cou. Avec l’habitude, Puis faites déglutir le patient et sentez
il est tout à fait possible de pratiquer cette l’isthme élastique s’élever sous vos doigts
palpation en décubitus. (figure 22.3).
Il est parfois commode de donner un Progressez ensuite latéralement pour
verre d’eau au patient, s’il en a besoin palper les lobes droit et gauche de la thy-
pour effectuer des déglutitions répétées. roïde qui sont plus faciles à sentir. Palpez
Localisez tout d’abord l’anneau du car- de manière symétrique, en utilisant
tilage cricoïde et, de la pulpe des index simultanément le bout des doigts de cha-
et des médius, recherchez, en direction que main. La palpation peut être facili-
caudale, l’isthme thyroïdien qui se situe tée si vous demandez au sujet de déglutir
environ 1 cm plus bas. pour mobiliser la thyroïde en direction
Pour palper l’isthme, partez de la four- céphalique, et en rendre ainsi plus acces-
chette sternale, glissez les doigts vers sible la partie inférieure.
le haut en appuyant très légèrement, Pour accéder plus précisément à la par-
avec de courts mouvements de va-et- tie médiale de chaque lobe, maintenez
vient. Vous sentirez vos doigts heurter la trachée d’une main et palpez le bord
l’isthme dont vous apprécirez l’épaisseur. interne du lobe de l’autre main.
Vaisseaux de la thyroïde 263

Épiglotte

Os hyoïde

Ligament thyrohyoïdien
médian
Membrane thyrohyoïdienne

Cartilage thyroïde

Lobe pyramidal
(pyramide de Lalouette)

Thyroïde

Trachée

Fig. 22.3. Larynx et thyroïde de profil.

Pour palper la partie principale et laté- On peut alors demander au patient


rale de chaque lobe, de la main libre, fai- d’incliner le cou vers le côté à exami-
tes glisser la trachée du côté à examiner. ner de droite à gauche. Si vous ne sentez
Et de l’autre, encerclez le muscle sterno- rien, faites doucement des mouvements
cléidomastoïdien en plaçant les doigts verticaux d’aller et retour avec les
devant et le pouce derrière. Faites à nou- doigts placés au-dessous du niveau du
veau déglutir le patient pour palper la cartilage thyroïde, et cela pendant la
totalité du lobe. Cette technique est par- déglutition.
ticulièrement utile en cas d’hypertrophie Parfois, la palpation d’un lobe thyroï-
de la glande. dien nécessite l’extension et la rotation
Cette exploration est parfois difficile, de la tête du côté à examiner. Ceci per-
particulièrement lorsque le cou est court met de relâcher et d’écarter le muscle
et épais ou chez les personnes obèses. sternocléidomastoïdien.
264 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

La palpation permet de contrôler la avant du larynx : c’est la pyramide de


forme, le volume, la structure, la mobilité Lalouette ou lobe pyramidal.
et la sensibilité du parenchyme, et de Cette morphologie classique est inva-
vérifier la présence de ganglions dans la riable : isthme court et épais, lobes latéraux
zone de drainage de la thyroïde. fusionnés en V, absence de l’isthme, dédou-
blement de la pyramide de Lalouette, etc.
 Forme En général, la glande est à peu près
Les lobes latéraux se plaquent sur symétrique. Le lobe droit est fréquemment
les faces latérales de la trachée et du un peu plus gros que le gauche, sans
larynx et sont situés plus en arrière signification pathologique.
que l’isthme. Ce dernier croise la face
antérieure de la trachée (figure 22.4).  Volume
Il est utile de bien visualiser sur une Rappelons qu’en moyenne, chez l’adulte,
coupe transversale, la forme de fer à le poids de la thyroïde n’est que d’envi-
cheval à concavité postérieure du corps ron 30 g. Le volume de la glande est assez
thyroïde. variable. Généralement, le corps thyroïde
Parfois, au bord supérieur de l’isthme, est plus développé chez la femme que
on trouve un prolongement vertical chez l’homme et les lobes latéraux sont
ascendant, étroit et effilé qui monte en un peu plus saillants.

Veine jugulaire antérieure

Muscle sternothyroïdien

Muscle Muscle sternohyoïdien


sterno cléido mastoïdien
Thyroïde
Muscle omohyoïdien Veine jugulaire
Veine jugulaire interne
externe
Artère carotide
Nerf laryngé commune
inférieur
Nerf vague
Nœuds
lymphatiques Artère
thyroïdienne
inférieure
Artère et veine
vertébrales

Fig. 22.4. Coupe passant par la thyroïde transversale.


Vaisseaux de la thyroïde 265

Physiologiquement, on considère que  Mobilité


la surface de chacun des lobes ne doit pas
La glande doit pouvoir se mobiliser libre-
excéder celle de la dernière phalange du
ment, spontanément lors de la dégluti-
pouce du sujet examiné.
tion, et de manière provoquée lors de la
Le goitre désigne toute augmentation
palpation.
de volume du corps thyroïde. Lorsqu’il
n’existe aucun signe clinique et biologi-  Sensibilité
que d’hyper- ou d’hypofonctionnement,
on parle de goitre euthyroïdien. Normalement, la palpation de la glande
Toute augmentation de volume n’est n’engendre aucune douleur ou sensibilité
pas toujours pathologique : la glande particulière. La douleur traduit l’hyper-
s’hypertrophie souvent de façon tran- pression intracapsulaire. Elle s’observe sur-
sitoire au moment de la puberté, et tout dans les thyroïdites et certains cancers
elle augmente de volume pendant la à forme aiguë.
menstruation et pendant la grossesse.
 Ganglions lymphatiques
 Structure Une attention toute particulière doit être
De consistance ferme mais friable, on prêtée à la détection d’adénopathies de
doit percevoir un parenchyme souple siège jugulocarotidien, spinal, sus-cla-
et élastique, gênant la palpation des viculaire ou sus-isthmique (ganglion de
premiers anneaux trachéaux. La surface Delphien).
de la glande étant légèrement lobulée, Appréciez la taille, la consistance, la
à la palpation superficielle. Chez les mobilité et l’état des ganglions relais.
personnes minces, du fait de la consti- Méfiez-vous devant des ganglions hyper-
tution lobulée de la thyroïde, elle peut trophiés, agglomérés, sensibles, fixes ou
paraître grenue. Cependant, le paren- chauds.
chyme doit toujours être homogène et
 Anomalies de volume
présenter la même texture. Toute aug-
mentation de densité localisée doit faire et de consistance
suspecter l’existence d’un nodule, dont Il est parfois possible d’évoquer la vacuité
on essayera de préciser le volume et le de la loge thyroïdienne (athyréose, thyroï-
contour. La recherche de ces densités dite atrophiante) : on ne trouve pas la thy-
se fait assez naturellement en direction roïde et les anneaux trachéaux se dessinent
antéropostérieure. Il ne faut pas négliger parfaitement sous les doigts des cartilages
la palpation dans le plan horizontal en laryngés jusqu’au manubrium sternal.
ramenant les lobes latéraux en direction On reconnaît facilement les hyper-
médiale. Parfois, certaines densités ou trophies thyroïdiennes, diffuses ou
nodosités sont plus facilement perçues nodulaires. Il faut en effet essayer de dif-
en changeant la direction palpatoire. férencier l’augmentation de volume (goi-
Pour rendre plus accessibles les parties tre) de l’existence de nodules uniques ou
caudales des lobes, on peut aussi ajouter multiples.
une légère extension de la colonne cer- En cas d’hypertrophie, percutez la par-
vicale qui attire la glande en direction tie haute du thorax ; toute matité doit
céphalique. faire suspecter des prolongements endo-
266 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Hypertrophie diffuse Goitre multinodulaire Nodule isolé


de la thyroïde de la thyroïde

Fig. 22.5. Les types d’anomalies de volume et de consistance de la thyroïde (d’après Bates).

thoraciques. La gêne à la déglutition est plus un trouble métabolique qu’une


d’une grande banalité en cas d’hypertro- lésion maligne. Toutefois, une exposi-
phie de la glande. tion à des radiations dans l’enfance, des
Selon B. Bates, il est possible de dis- antécédents familiaux de cancer ou une
tinguer cliniquement trois grands types augmentation rapide de volume de l’un
d’anomalies (figure 22.5). des nodules doit faire soupçonner une
– Hypertrophie diffuse de la thyroïde. Une lésion maligne.
hypertrophie diffuse de la glande ou goi- – Nodule isolé de la thyroïde. Un nodule
tre, englobe l’isthme et les lobes latéraux, isolé à l’examen peut être un kyste, une
mais sans nodule palpable. On la trouve tumeur bénigne, un nodule au sein d’un
dans la maladie de Basedow, la thyroïdite goitre multinodulaire atypique ou une
de Hashimoto et le goitre endémique lié lésion maligne. Là encore, les notions
à une carence en iode (actuellement rare d’irradiation antérieure, d’augmentation
en France). Le goitre sporadique désigne rapide ou récente de volume, de fixation
une hypertrophie de la thyroïde sans aux tissus voisins, de dureté du nodule,
cause apparente. d’irrégularité de contours, d’augmenta-
– Goitre multinodulaire. Ce terme s’ap- tion de volume des ganglions cervicaux
plique à une thyroïde hypertrophiée et de survenue dans le sexe masculin
contenant deux nodules identifiables ou augmentent la probabilité d’une lésion
plus. Des nodules multiples évoquent maligne.
Vaisseaux de la thyroïde 267

Abord fonctionnel de la thyroïde Manipulations vasculaires


Comme pour chaque pathologie endo- thyroïdiennes
crinienne, le diagnostic de dysthyroïdie
repose beaucoup sur l’inspection et l’obser- Anatomie vasculonerveuse
vation du patient. Le premier coup d’œil
est souvent déterminant : faciès un peu Comme toute glande endocrine, la thy-
bouffi, aspect translucide des paupières, roïde est un organe très richement vascula-
érythrocyanose des pommettes, raréfac- risé, tant sur le plan artériel que veineux.
tion de la pilosité, éclat du regard, tumé- Artères
faction cervicale sont autant d’éléments
qui peuvent faire suspecter une atteinte La vascularisation artérielle repose sur
thyroïdienne. deux pédicules principaux :
Avec un minimum d’attention et un – l’artère thyroïdienne supérieure, issue
bon sens de l’observation, il est possible de l’artère carotide ;
d’évoquer une dysthyroïdie en analysant – l’artère thyroïdienne inférieure, bran-
certains paramètres cliniques, parmi les che de l’artère subclavière.
principaux : Ces deux pédicules réalisent de nom-
– le poids et la régulation de l’appétit ; breuses anastomoses et leurs manipula-
– le comportement hydrique ; tions sont complémentaires.
– l’état cardiaque et vasculaire ; Il existe aussi un pédicule accessoire,
l’artère thyroïdienne moyenne, branche
– le transit digestif ;
collatérale de l’arc aortique qui monte
– le comportement neuropsychique ; devant la trachée pour atteindre le bord
– la trophicité de la peau et des phanères, inférieur de l’isthme.
des muscles, des os, etc.
Aucun symptôme n’est spécifique des
 Artère thyroïdienne supérieure
dysfonctions thyroïdiennes ; c’est l’en- Origine
semble des signes cliniques qui est carac- C’est la première branche collatérale de l’ar-
téristique (tableau 22.1). tère carotide externe. Elle naît juste après
la bifurcation carotidienne (figure 22.6).

Précautions et contre-indications Trajet


D’abord parallèle à la grande corne de l’os
Il ne faut pas hésiter à adresser le patient hyoïde, l’artère thyroïdienne supérieure
à son médecin ou à un spécialiste cha- descend ensuite verticalement le long de
que fois que la thyroïde présente à la l’axe viscéral jusqu’au bord céphalique
fois des modifications morphologiques du lobe thyroïdien correspondant.
et des perturbations fonctionnelles.
Par exemple, en présence de nodosi- Rapports
tés perceptibles à la palpation et des L’artère thyroïdienne supérieure s’engage
différents symptômes résumés dans le en dessous des muscles omohyoïdien,
tableau 22.1. sternohyoïdien et thyrohyoïdien.
268 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère pharyngée ascendante

Artère carotide externe


Artère carotide interne
Artère suprahyoïdienne
Artère thyroïdienne supérieure
Artère laryngée supérieure

Artère carotide commune


Artère cricothyroïdienne

Artère subclavière

Trachée

Fig. 22.6. Artère thyroïdienne supérieure.

Collatérales Fonction
Les principales collatérales de l’artère L’artère thyroïdienne supérieure vas-
thyroïdienne supérieure sont les artères cularise les deux tiers supérieurs de la
laryngées pour les muscles et la muqueuse glande.
du larynx.
Vaisseaux de la thyroïde 269

Terminales bord latéral de l’œsophage et de la trachée)


L’artère thyroïdienne supérieure se divise en passant en avant du nerf récurrent du
en trois branches pour chacune des trois vague à gauche et en arrière à droite.
faces des lobes : Rapports
– une branche latérale pour la face anté- C’est au niveau de C5 que l’artère thy-
rolatérale ; roïdienne inférieure atteint le corps thy-
– une branche médiale rejoignant le bord roïde par sa face postérieure. Elle forme
supérieur de l’isthme (anastomose avec une courbe à concavité antérieure dans
son homologue controlatérale) ; laquelle se trouvent :
– une branche postérieure descendant – la veine jugulaire interne ;
sur la face postérieure (anastomose avec
– l’artère carotide commune ;
la branche postérieure de l’artère thyroï-
dienne inférieure). – le nerf vague ;
– le grand sympathique.
Particularité Soulignons le fait qu’au niveau de C5,
L’artère thyroïdienne supérieure suit le nerf là où la thyroïdienne inférieure croise l’ar-
laryngé supérieur, branche du nerf vague tère carotide commune par l’arrière, elle
(voir Barral et Croibier, 2006). Il va de soi croise aussi l’artère vertébrale par l’avant.
que toute manipulation sur l’artère laryn- La manipulation de l’artère thyroïdienne
gée a un effet sur le nerf laryngé supérieur. inférieure à son origine implique aussi celle
de l’artère vertébrale homolatérale.
 Artère thyroïdienne inférieure
Collatérales
Origine
On trouve des branches pour :
L’artère thyroïdienne inférieure (figure
22.7) naît du tronc thyrocervical, issu de – l’œsophage ;
l’artère subclavière sur le dôme pleural, – la trachée ;
en avant et un peu latéralement par rap- – le larynx.
port à la vertébrale. Par l’artère cervicale ascendante, l’ar-
Trajet tère thyroïdienne inférieure fournit des
branches pour les muscles spinaux, les
L’artère thyroïdienne inférieure a trois corps vertébraux et la moelle épinière
segments : grâce à des anastomoses avec les artères
– vertical, en dehors de l’artère vertébrale ; spinales.
– coudé au-dessus de l’apophyse trans-
verse de C6, avec une direction transver- Terminales
sale pour passer entre l’artère vertébrale L’artère thyroïdienne inférieure aborde
en arrière et le paquet jugulocarotidien le corps thyroïde au niveau de la jonc-
en avant (croisement avec le sympathi- tion des deux tiers supérieurs et du tiers
que cervical) ; inférieur et se divise en trois branches
– coudé à nouveau pour prendre une terminales :
direction oblique ascendante céphalique, – une branche postérieure, anasto-
antérieure et médiale (croisement avec le mosée avec la branche postérieure de
270 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère carotide
externe

Artère thyroïdienne Artère carotide


supérieure interne

Nerf vague
Artère carotide
commune

Artère thyroïdienne
inférieure

Nerf laryngé
inférieur
Nerf laryngé
inférieur récurrent droit

Nerf laryngé
inférieur récurrent gauche

Fig. 22.7. Artère thyroïdiennes supérieure et inférieure.

l’artère thyroïdienne supérieure, le N.B. : L’artère thyroïdienne inférieure est


long du bord postéromédial du lobe sujette à de nombreuses variations à sa nais-
thyroïdien ; sance et dans son trajet. Pour rester simple,
– une branche profonde, anastomosée nous garderons en mémoire qu’elle atteint
avec son homologue controlatérale ; le corps thyroïde au niveau de C5.
– une branche inférieure, anastomo-
sée avec son homologue controlatérale Fonction
le long du bord inférieur de l’isthme. L’artère thyroïdienne inférieure vascularise
(figure 22.8) le tiers inférieur de la glande.
Vaisseaux de la thyroïde 271

Artère thyroïdienne
supérieure

Rameau médial
Rameau latéral

Glande
parathyroïde supérieure

Arcade
supra-isthmique

Rameau profond

Artère
thyroïdienne Glande
inférieure parathyroïde inférieure

Arcade Artère thyroïdea ima


infra-isthmique

Fig. 22.8. Anastomoses intrathyroïdiennes.

Veines tie inférieure de la veine jugulaire interne


ou dans la veine brachiocéphalique.
Sur le plan veineux, la thyroïde présente
trois voies de drainage.
Nerfs
– Veine thyroïdienne supérieure. Elle se
dégage du pôle supérieur du lobe et L’innervation de la thyroïde est réalisée
accompagne l’artère thyroïdienne supé- par :
rieure. Elle se jette dans la veine jugulaire – des filets nerveux d’origine parasym-
interne, par l’intermédiaire du tronc pathique provenant des nerfs laryngés
thyro-linguo-facial. supérieurs et laryngés inférieurs ;
– Veines thyroïdiennes moyennes. Branches – des filets nerveux d’origine orthosym-
très courtes, horizontales, elles naissent pathique provenant des ganglions cer-
de face postérieure des lobes et se jet- vicaux supérieur et moyen ainsi que des
tent directement dans la veine jugulaire nerfs cardiaques.
interne. Les parathyroïdes reçoivent également
– Veines thyroïdiennes inférieures. Elles nais- des fibres provenant du ganglion cervical
sent au pôle inférieur et au bord inférieur inférieur.
de l’isthme. Elles descendent obliquement Cette innervation rejoint principale-
en bas et en dehors, et se drainent dans par- ment la thyroïde par l’intermédiaire de
272 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

plexus périartériels, mais aussi par des artère en direction latérale et légèrement
filets nerveux indépendants des pédi- caudale ; ainsi, vous ne confondrez plus les
cules vasculaires (Chevrel et Fontaine, deux pouls.
1994).
Manipulations
Approche manuelle  Manipulation de l’artère
Palpation des pouls laryngée supérieure
Remontez le plus haut possible le long Position
de l’artère carotide commune jusqu’au Le patient est en décubitus, les mains
bord supérieur du cartilage thyroïde. croisées sur la poitrine, la tête légèrement
Au départ, votre doigt doit toujours tournée du côté opposé à l’artère concer-
rester entre l’os hyoïde et le cartilage née (figure 22.9).
thyroïde. On peut sentir deux pouls dif- Techniques
férents, celui de l’artère laryngée supé-
rieure et celui de l’artère thyroïdienne Une fois l’artère perçue, comprimez-la
supérieure. et relâchez-la plusieurs fois. Effectuez

 Artère laryngée supérieure


On perçoit le battement de l’artère laryn-
gée supérieure entre l’os hyoïde et le car-
tilage thyroïde à un ou deux travers de
doigt médialement par rapport à la face
latérale du cartilage thyroïde.
Cette artère perfore la membrane thy-
rohyoïdienne avec le nerf laryngé supé-
rieur, branche du nerf vague.
 Artère thyroïdienne supérieure
On est à peu près sûr de trouver l’ar-
tère thyroïdienne supérieure entre l’os
hyoïde et le cartilage thyroïde. Elle est
médiale par rapport à l’artère carotide
externe.
Par rapport à l’artère laryngée supé-
rieure, glissez votre doigt, bien à plat, en
direction caudale et progressivement laté-
rale. Descendez le long du bord médial du
cartilage thyroïde à un travers de doigt.
Au début, il est difficile de ressentir l’ar-
tère thyroïdienne supérieure tant le pouls
de l’artère carotide commune est fort. Fig. 22.9. Manipulation de l’artère
Éloignez votre doigt de cette dernière laryngée supérieure.
Vaisseaux de la thyroïde 273

Fig. 22.10. Manipulation de la traversée de la membrane thyrohyoïdienne.

un contact léger pour la travailler en  Manipulation de l’artère


induction. thyroïdienne supérieure
À un ou deux travers de doigt du bord En étirement
latéral du cartilage thyroïde, entre ce
On prend d’un doigt un point fixe à la
dernier et l’os hyoïde, l’artère laryngée
naissance de l’artère thyroïdienne supé-
supérieure traverse la membrane thyro-
rieure, et d’un autre doigt à plat, placé
hyoïdienne (figure 22.10).
juste en dessous du premier, on étire cette
Cette traversée est souvent entourée
artère en direction caudale et médiale sur
d’un petit ring fascial qu’il faut relâcher
la face antérieure du cartilage thyroïde.
pour deux raisons :
N.B. : Il ne faut pas oublier dans le traite-
– pour libérer les contraintes fasciales
ment les artères thyroïdienne inférieure
périneurovasculaires ;
et supérieure controlatérales.
– pour obtenir un effet sur le nerf laryngé
En viscoélasticité-induction
supérieur. C’est, avec le pore auditif
externe, un point clé de la manipulation Cette technique est appliquée là où l’ar-
du nerf vague. tère laryngée supérieure traverse la mem-
brane thyrohyoïdienne.
Ensuite, étirez l’artère laryngée supé- Prenez la précaution de ne pas trop
rieure médialement en induction là où appuyer en raison de la présence du nerf
elle naît de l’artère thyroïdienne supé- laryngé supérieur.
rieure. Il est important aussi de faire des
petits palper-rouler cutanés en regard de En éventail pluridigital
l’artère, aussi bien dans le sens vertical Selon la largeur du cou, cette technique
que transversal. est à recommander car elle permet de
274 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 22.11. Manipulation de l’artère thyroïdienne supérieure.

mettre en jeu les nombreuses petites Manœuvre


branches de cette artère. Pendant toute Repérez d’abord le pouls de l’artère carotide
la manœuvre, essayez de laisser un doigt commune en dedans de la branche ster-
sur l’artère thyroïdienne supérieure ; les nale du muscle sternocléidomastoïdien.
variations de son pouls vous permettent Dirigez ensuite vos doigts latéralement et
de déterminer la meilleure orientation en arrière de l’artère carotide commune
possible (figure 22.11). pour sentir un deuxième pouls bien moins
marqué, c’est celui de l’artère thyroïdienne
 Manipulation de l’artère inférieure. Repérez le pouls de l’artère sub-
thyroïdienne inférieure clavière, en dehors de l’articulation ster-
L’artère thyroïdienne inférieure étant noclaviculaire pour bien faire la différence
située en arrière de l’artère carotide avec celui de l’artère thyroïdienne infé-
commune et juste au-dessus de la sub- rieure, de calibre nettement plus petit.
clavière, il est très difficile, voire impos- Le pouce de l’artère subclavière va
sible, d’individualiser son pouls à son soit la fixer, soit la repousser légèrement
origine. Il faut la prendre sur son trajet caudalement. Pendant ce temps-là,
et la plaquer contre la face médiale du l’autre pouce placé en direction de l’artère
muscle scalène antérieur pour pouvoir la thyroïdienne inférieure va l’étirer média-
percevoir. lement et un peu céphaliquement.
N’hésitez pas en même temps à mobi-
Position en décubitus liser médialement le lobe thyroïdien
Le patient est en décubitus, les coudes sur correspondant.
la table, les mains dans le dos pour ouvrir Finissez par une technique d’induction
le défilé thoracique (figure 22.12). et, selon le même protocole que pour
Vaisseaux de la thyroïde 275

Fig. 22.12. Repérage de l’artère thyroïdienne inférieure.

l’artère thyroïdienne supérieure, prolon- petite artère. Balayez de votre index ou de


gez votre action le plus caudalement pos- votre médius le court trajet de cette artère
sible pour agir sur les anastomoses entre pour mettre en évidence un défaut d’élas-
ces deux artères. ticité ou d’une induration.

Position en latérocubitus Manœuvre


Le patient est en latérocubitus, reposant Selon les mêmes principes, réalisez une
sur le côté opposé à manipuler. Vous vous induction sur l’artère thyroïdienne infé-
placez derrière lui. Passez la main cau- rieure en imprimant un mouvement de
dale sous son avant-bras, de manière à supination au doigt qui est au contact de
soutenir son membre supérieur par l’in- l’artère (figure 22.13).
termédiaire de votre avant-bras. Mettez
le pouce sous la clavicule et l’index ou le  La technique en « pianotement »
médius juste au-dessus de l’articulation Le patient est en décubitus, mains sur
sternoclaviculaire. l’abdomen. Cette technique consiste à
La main céphalique va pousser l’épaule, « pianoter » sur les lobes thyroïdiens à la
d’abord en avant, ce qui va permettre au recherche de petites parties indurées. Ces
doigt de pénétrer contre le dôme pleural. dernières sont différentes des kystes dont
Ensuite, la main céphalique repousse nous avons parlés.
légèrement l’épaule en direction cépha- Ces zones indurées sont moins compres-
lique. Cette position va faire que l’index sibles, leur élasticité et leur viscoélasticité
ou le médius peut pénétrer très facilement sont limitées. En travaillant ces paramè-
contre la face médiale du muscle scalène tres vous sentirez ces zones se relâcher
antérieur à la recherche du pouls d’une progressivement.
276 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 22.13. Manipulation de l’artère thyroïdienne inférieure en latérocubitus.

Chercher bien les zones situées derrière – dysfonctions thyroïdiennes ;


les sternocléidomastoïdiens, c’est sou- – dysfonctions trachéolaryngées ;
vent à ce niveau qu’on trouve les zones – problème de l’artère vertébrale, du fait
indurées. de la contiguïté des deux artères et des
On peut aussi d’une main manœuvrer anastomoses de la branche cervicale avec
médialement un lobe latéral pour aug- les artères spinales.
menter son épaisseur. On peut sentir et
travailler avec plus d’aisance les varia-
tions d’élasticité et de viscoélasticité.  Résultats
Il est très difficile d’objectiver nos résultats.
 Indications Cependant, sur le plan clinique, nous avons
Les indications de ces manipulations constaté des améliorations notoires dans
sont les suivantes : certaines dysfonctions thyroïdiennes.
Chapitre 23

Techniques
neurovasculaires
Nerf glossopharyngien

Nerf hypoglosse

Nerf vague

Nerf récurrent laryngé

Chaîne sympathique

Sinus et glomus carotidiens

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Manipulations vasculaires viscérales
Techniques neurovasculaires 279

Chapitre 23

Techniques
neurovasculaires
L’une des caractéristiques du cou est Nerf hypoglosse
d’être le lieu de passage de nombreuses
fibres nerveuses issues du crâne et de la Nous avons étudié le nerf hypoglosse
colonne cervicale. Ces filets nerveux ont avec l’artère carotide externe (voir chapi-
pour rôle d’assurer la régulation du sys- tre 15) (figure 23.2). Ce sont ses multiples
tème cardiovasculaire, des viscères du petits filets qui parcourent cette dernière
cou, comme la thyroïde, et de ceux du artère que nous devons rechercher avec
thorax comme le cœur et les poumons les doigts. On ressent une impression de
(figure 23.1). petits filets indurés qui glissent difficile-
Nous allons voir de manière simplifiée ment sur la paroi de l’artère.
et didactique quelques manipulations Le nerf hypoglosse contracte des anas-
efficaces du système neurovasculaire du tomoses avec :
cou, en nous attachant plus particulière- – le ganglion cervical supérieur ;
ment aux nerfs glossopharyngien, hypo- – le nerf vague ;
glosse, vague et à la chaîne sympathique
– le nerf phrénique ;
cervicale.
– le plexus cardiaque ;
– les deux premiers nerfs cervicaux.
Nerf glossopharyngien
Le nerf glossopharyngien nous intéresse Nerf vague
surtout pour son innervation du sinus et
du glomus carotidien, que nous verrons Il existe de nombreuses zones où l’on
à la fin de ce chapitre. peut manipuler le nerf vague au niveau
Ce nerf contracte des anastomoses du cou. On peut l’atteindre par exemple
avec : par le nerf laryngé supérieur, le nerf récur-
rent laryngé et la branche auriculaire au
– le nerf vague ;
niveau du pore auditif externe.
– le nerf facial ; Nous avons vu la technique de l’ar-
– le sympathique cervical ; il forme avec tère laryngée supérieure (voir chapi-
le ganglion cervical supérieur, le plexus tre 22), laquelle, accompagnée du nerf
intercarotidien. laryngé supérieur, perfore la membrane
La technique a été vue au chapitre 21. hyothyroïdienne.

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Manipulations vasculaires viscérales
280 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Nerf
glossopharyngien Nerf hypoglosse (XII)
(IX)
Nerf vague (X)
Plexus pharyngien
Premier nerf cervical
(IX et X)
Second nerf cervical

Sinus carotidien (IX) Troisième nerf cervical


Os hyoïde Quatrième nerf cervical

Anse cervicale (XII)


Nerf laryngé supérieur
Artère carotide
commune
Tronc sympatique
Nerf récurrent laryngé (X)

Fig. 23.1. Rapports neurovasculaires.


Techniques neurovasculaires 281

Nerf récurrent laryngé Glomus carotidien


Le mot latin glomus signifie « peloton »
Ce nerf parcourt la face médiale de l’artère
ou « boule ». Situé à la bifurcation caro-
carotide commune, dans sa moitié infé-
tidienne, ce chémorécepteur peut ana-
rieure. C’est par des manœuvres de glis-
lyser le taux d’O2, de CO2 et le pH du
sement-induction contre la face médiale
sang.
de l’artère que nous le manipulons.
Fait important, il reçoit des fibres ner-
veuses des nerfs vague, glossopharyngien
et sympathiques cervicaux.
Chaîne sympathique Sur le plan manipulatif, il est difficile
La chaîne sympathique est située postéro- de séparer sinus et glomus carotidiens, et
latéralement par rapport à l’artère carotide c’est ensemble que nous les envisagerons.
commune. Il est très difficile de différencier
sa manipulation de celle du nerf vague.
Finalement, on peut parler de manipu- Manipulations du sinus
lation vagosympathique. L’essentiel est et du glomus carotidiens
de trouver précisément la microzone neu-
rale fixée et non de décider nous-même Nous utilisons des pressions-inductions
la finalité de la technique. L’organisme très légères, au niveau de la bifurcation
s’autorégule d’autant mieux que la mani- carotidienne, sur le pouls artériel, perçu
pulation est subtile et non douloureuse. en arrière du tubercule de la grande corne
de l’os hyoïde (figure 23.4).
Prenez soin au préalable de prendre le
Sinus et glomus carotidiens pouls radial ou d’utiliser un appareil de
prise de pouls à l’index.
Après quelques manipulations, le
Rappels
pouls diminue en rapidité et intensité, en
Le sinus et le glomus carotidiens sont raison de la stimulation des nerfs vague
deux éléments particulièrement impor- et hypoglosse.
tants qui font que les manipulations Ces manipulations provoquent une
carotidiennes ont un effet central immé- bradycardie réactionnelle. Nous aimons
diat et conséquent. utiliser le palper-rouler cutané en regard
de la zone du sinus carotidien ; c’est une
Sinus carotidien technique efficace et sans risque de créer
une vagotonie (figure 23.5).
Petit ganglion riche en mécanorécep-
teurs, le sinus carotidien (figure 23.3) est N.B. : Soyez très doux. Cette région du
situé entre l’os hyoïde et le bord supérieur cou a une très forte sensibilité : ce n’est
du cartilage thyroïde. Il permet d’analy- pas la force de la manœuvre qui compte
ser les pressions intracarotidiennes. mais sa précision.
282 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Nerf hypoglosse (XII)

Second nerf cervical


Os hyoïde Troisième nerf cervical

Anse cervicale (XII)

Artère carotide
commune
Tronc sympatique

Fig. 23.2. Sinus carotidien.


Techniques neurovasculaires 283

Nerf glossopharyngien

Artère carotide interne

Artère carotide externe

Nerf du sinus carotidien

Sinus carotidien
Glomus carotidien

Artère carotide commune

Fig. 23.3. Manipulations des sinus et glomus carotidiens.

Fig. 23.4. Manipulation des sinus et glomus carotidiens.


284 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 23.5. Palper-rouler des sinus et glomus carotidiens.

Indications – poussée d’angoisse ;


– précordialgie ;
Les indications des manipulations des
sinus et glomus carotidiens sont les sui- – reflux gastro-œsophagien ;
vantes : – plexalgie solaire ;
– hypertension artérielle ; – vagotonie ;
– tachycardie ; – sympathicotonie ;
– arythmie ; – problèmes gingivodentaires.
Chapitre 24

Grands repères
abdominaux
Repères viscéraux utiles

Principaux pouls de l’abdomen

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Manipulations vasculaires viscérales
Grands repères abdominaux 289

Chapitre 24

Grands repères
abdominaux
Repères viscéraux utiles Sphincter d’Oddi
(ampoule pancréatico-biliaire)
Avant de localiser les principaux pouls
de l’abdomen, nous allons voir quelques Le sphincter d’Oddi est situé sur la ligne
repères topographiques indispensables ombilico-médioclaviculaire droite, à 3 tra-
à l’approche manuelle de l’abdomen vers de doigt au-dessus de l’ombilic. Ce
(figure 24.1). point plus variable est le symétrique de
la jonction duodénojéjunale.
Jonction œso-cardio- Rappelons que le sphincter d’Oddi est
tubérositaire postéromédial ; lorsqu’on le manipule,
on agit sur l’ampoule pancréatico-biliaire
En regard de T11, sous l’appendice et la papille duodénale majeure.
xiphoïde, c’est une région que l’on
approche manuellement uniquement en Pylore
position assise.
Le plus souvent, le pylore est situé à
droite de la ligne xipho-ombilicale, à un
Vésicule biliaire travers de main au-dessus de l’ombilic.
La vésicule biliaire se situe sur la ligne Dès que la personne est stressée ou que
ombilico-médioclaviculaire droite, à l’en- le pylore fonctionne, celui-ci se déplace
contre du 9e cartilage costal droit. vers la droite. Malgré sa mobilité, on le
La vésicule biliaire ne peut se palper ressent bien.
que sous les côtes et surtout en position
assise. Jonction entérocæcale
La jonction entérocæcale se situe au tiers
Jonction duodénojéjunale latéral de la ligne ombilic–épine iliaque
antérosupérieure droite.
La jonction duodénojéjunale se trouve
sur la ligne ombilico-médioclaviculaire Point de McBurney
gauche, à 3 travers de doigt au-dessus de
l’ombilic. C’est un repère fiable utilisé Ce point est à 2 travers de doigt en des-
par les radiologues. sous de la jonction entérocæcale.

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Manipulations vasculaires viscérales
290 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

LOMCD Ligne ombilicomédioclaviculaire


gauche (LOMCG)

2
5

3 4

6 2/3

EIAS 1/3

7 8 2/3

1/3
1. Jonction œsocardiotubérositaire
2. Vésicule biliaire
3. Sphincter jéjunal
4. Jonction duodénojéjunale
5. Pylore
6. Jonction entérocæcale
7. Ovaires
8. Ovaires

Fig. 24.1. Repères viscéraux utiles.

Notons qu’il reçoit une innervation Principaux pouls


sensitive du 12e nerf intercostal droit
de l’abdomen
(anastomosé à la 1re racine lombaire).
Aorte abdominale
Ovaires
L’artère abdominale se trouve entre
Les ovaires sont situés au tiers médial de l’appendice xiphoïde et l’ombilic, légè-
la ligne épine iliaque antérosupérieure– rement à gauche de la ligne xipho-ombi-
symphyse pubienne. licale (figure 24.2).
Leur situation est variable en fonction Les pulsations sont plus faciles à ressen-
de l’âge et de l’activité hormonale. tir en évitant le pancréas, soit au-dessous
Grands repères abdominaux 291

Veine cave
Tronc cœliaque
inférieure
(bord supérieur de L1)
Aorte
Artère mésentérique
supérieure
Plan (bord inférieur de L1)
transpylorique
Artère rénale (L2)
Ombilic
Artère mésentérique
inférieure (L3)

Plan
supérieur des
crêtes iliaques Bifurcation de
l’aorte (L4)
Confluence des veines
iliaques communes (L5)

Symphyse pubienne

Fig. 24.2. Palpation de l’aorte abdominale.


292 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

de son bord céphalique, soit au-dessus de avez le risque de vous tromper avec
son bord caudal. Ne dirigez pas vos doigts l’aorte abdominale ; la confusion est fré-
dans une direction purement antéropos- quente (figure 24.3).
térieure ; abordez plutôt latéralement Ce pouls est le témoin des effets vas-
l’artère autrement vous sentirez plus la culaires que l’on peut obtenir sur le foie,
mésentérique supérieure. Procédez pro- l’estomac, la rate et le pancréas.
gressivement et délicatement.
C’est uniquement en plaçant les doigts
Artère gastrique gauche
de part et d’autre de l’aorte que l’on peut
ressentir un anévrisme de l’aorte abdo- L’artère gastrique gauche est en regard de
minale. Méfiez-vous si vous avez l’im- T12, un peu plus haut que le tronc cœlia-
pression que la largeur de l’aorte atteint que et surtout plus à gauche.
4 à 5 cm : sa taille normale n’est que On confond souvent son pouls avec
d’environ 3 cm. celui de l’artère splénique ; c’est un pouls
Souvent, en raison de facteurs émotion- difficile à sentir.
nels, le pouls abdominal est très puissant
et marqué ; cela inquiète le patient alors
Artère hépatique commune
que c’est une réaction somatique banale.
L’un des premiers signes de l’anévrisme L’artère hépatique commune est à droite
aortique consiste souvent en une lombal- de la ligne xipho-ombilicale, proche du
gie ou une dorsalgie basse. Au moindre pylore, en dessous du repère vésiculaire.
doute, confiez le patient à son médecin. Avec l’habitude, c’est un pouls assez aisé
Comparez au préalable la tension des à percevoir (figure 24.4).
membres inférieurs et des membres supé-
rieurs. L’index systolique se situe autour
de 0,9 (voir chapitre 6). Vérifiez que les Artère splénique
pouls fémoraux soient bien perceptibles. L’artère splénique est située en dessous
Certains anévrismes sont situés plus et à gauche du tronc cœliaque. Essayez
céphaliquement au niveau des artères de trouver le bord supérieur du pancréas
rénales ; ils sont très difficiles à sentir en faisant glisser vos doigts en dessous de
manuellement. l’appendice xiphoïde. Le bord supérieur
du pancréas peut être confondu avec
celui du côlon transverse.
Tronc cœliaque
Ce pouls est assez facile à sentir ; on le
Le tronc cœliaque est située en regard de palpe à gauche au-delà de l’aorte abdo-
la partie caudale du corps de T12, à gau- minale.
che du pylore dans le creux xiphoïdien et
à droite du muscle de Treitz (ou muscle Artère mésentérique supérieure
suspenseur du duodénum).
Cherchez d’abord le pouls aortique et L’artère mésentérique supérieure est en
déplacez très légèrement les doigts vers regard de L1 à un ou deux travers de
la droite, près de la petite courbure de doigt plus bas que le tronc cœliaque,
l’estomac. Plus vous appuyez, plus vous légèrement à droite de la jonction duo-
Grands repères abdominaux 293

LOMCD Ligne ombilicomédioclaviculaire


gauche (LOMCG)

1 3
2
4

6
7 11 1. Tronc cœliaque
Ligne bi-iliaque 2. Artère hépatique
8 3. Artère gastrique gauche
9 4. Artère splénique
10 5. Artère mésentérique supérieure
6. Artère mésentérique inférieure
7. Artère colique droite
8. Artère iliaque commune
9. Artère iliaque externe
10. Artère iliaque interne
11. Artère colique gauche

Fig. 24.3. Pouls abdominaux.

dénojéjunale, proche de la ligne ombi- junale, a pour fonction de protéger, en


lico-médioclaviculaire gauche. l’entourant, l’artère mésentérique supé-
En dessous du bord caudal du pan- rieure et le tronc cœliaque.
créas, notons que l’artère mésentérique
supérieure est plus superficielle que l’ar- Artère mésentérique inférieure
tère mésentérique inférieure.
Ce pouls est le témoin circulatoire de L’artère mésentérique inférieure est à
la partie droite du côlon. Le muscle de 2 ou 3 travers de doigt au-dessus et légè-
Treitz, en plus de ses fonctions supposées rement à gauche de l’ombilic, en regard
d’orientation de la jonction duodénojé- de L3, parfois de L4.
294 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 24.4. Pouls de l’artère hépatique et de l’artère splénique.

Souvent difficile à prendre, c’est le cation aortique se situe entre L4 et L5, où


pouls témoin de la partie gauche du elle se divise en artères iliaques commu-
côlon et de l’intestin grêle. nes droite et gauche.

Artère colique droite Artère iliaque externe


L’artère colique droite se trouve en dedans L’artère iliaque externe se sépare de l’il-
du point de McBurney. iaque commune à la hauteur de l’arti-
culation sacro-iliaque pour suivre le bord
Artère colique gauche latéral du sacrum.

L’artère colique gauche est à 3 travers de Artère iliaque interne


doigt au-dessous de l’ombilic, plus bas et
plus à gauche du pouls de l’artère mésen- L’artère iliaque interne se sépare de l’il-
térique inférieure. iaque externe au niveau de l’articulation
sacro-iliaque pour longer le bord latéral
Astuce. Lorsqu’un pouls est difficile à des trous sacrés antérieurs (figure 24.5).
percevoir, on peut utiliser une technique
pour le rendre plus évident. Comprimez En résumé
légèrement l’aorte abdominale dans sa
partie caudale, ce qui a pour effet d’aug- Les pouls les plus perceptibles sont ceux
menter momentanément le flux sanguin de :
dans les branches artérielles sus-jacentes. – l’aorte ;
– l’artère hépatique ;
Artère iliaque commune – l’artère splénique ;
L’artère iliaque commune est située en – l’artère mésentérique supérieure ;
dessous de l’ombilic ; en principe, la bifur- – les artères iliaques.
Grands repères abdominaux 295

Artère carotide
commune droite

Tronc brachiocéphalique

Artère subclavière
Arc aortique
droite

Artère intercostale
postérieure

Aorte thoracique

Diaphragme

Artère phrénique Artère gastrique


inférieure droite gauche
Tronc cœliaque
Artère phrénique
Artère hépatique inférieure gauche
commune Artère splénique
Artère rénale droite Artère
Aorte abdominale mésentérique
supérieure
Artère testiculaire
ou ovarique droite Artère
mésentérique
Artère lombaire inférieure
droite

Artère iliaque Artère sacrale


commune droite médiane

Fig. 24.5. Branches de l’aorte.


296 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Manipulation de l’aorte
abdominale
Placez vos doigts comme pour la recher-
che d’un anévrisme. Entourez l’aorte
entre les deux pouces et les doigts de la
main pour bien sentir ses bords droit et
gauche (figure 24.6).
C’est en dessous du bord caudal
du pancréas qu’on la perçoit mieux.
D’abord, posez les doigts à gauche de la
ligne xipho-ombilicale. Quand vous res-
sentez le pouls aortique, les deux pouces
placés à droite de la ligne xipho-ombi-
licale se dirigent contre le bord droit de
l’aorte.
Effectuez quelques mouvements d’élon-
gation axiale et quelques étirements laté-
raux pour stimuler les mécanorécepteurs
aortiques. Finissez par une induction.
Pensez toujours en 3 dimensions : l’aorte
est un tuyau qui peut présenter une fixa-
tion sur n’importe quelle partie de son
contour.
Fig. 24.6. Manipulation de l’aorte
abdominale.
Chapitre 25

Vaisseaux du foie
Rappels anatomiques

Soulèvement-irrigation du foie

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux du foie 299

Chapitre 25

Vaisseaux du foie
Les quelques artères décrites dans ce cha- – en bas, le bord supérieur du pancréas ;
pitre vont nous servir de témoins avant – à gauche, l’estomac.
d’effectuer les manœuvres de soulève-
ment du foie : le tronc cœliaque et l’ar- Remarque
tère hépatique. Le tronc cœliaque est un excellent témoin
De plus, les techniques de glissement- pour apprécier les effets des manipula-
induction sur ces artères améliorent leur tions vasculaires non seulement du foie,
débit sanguin. mais aussi de l’estomac, du duodénum,
de la rate et du pancréas.
Rappels anatomiques Entouré des maillons du plexus solaire,
le tronc cœliaque est de ce fait très sensi-
Tronc cœliaque ble aux manœuvres de glissé-induction.

Origine
Artère hépatique
Le tronc cœliaque (figure 25.1) a pour
origine la partie caudale du corps de Origine
T12, au-dessous de l’origine aortique du
diaphragme, et à 2 travers de doigt en L’artère hépatique a pour origine le tronc
dessous de l’appendice xiphoïde. cœliaque, au bord caudal de T12, à droite
de la ligne xypho-ombilicale.
Trajet
Trajet
Le tronc cœliaque se dirige en arrière et
légèrement à droite. Après une courbe L’artère hépatique a une direction hori-
d’un doigt, un doigt et demi, il se divise zontale et antérieure. Elle se dirige à droite
en trois branches : l’hépatique, la spléni- vers le pylore. Elle a une direction cépha-
que, la gastrique gauche. On parle d’une lique jusqu’au sillon transverse du foie,
division en trépied (ad modum tridentis). entre les deux feuillets du petit omen-
Le plus souvent, l’artère gastrique gauche tum, à gauche du canal cholédoque.
est un peu plus céphalique.
Branches
Rapports Les branches de l’artère hépatique sont
Le tronc cœliaque a les rapports suivants : les suivantes :
– en haut et à droite, le lobule de Spiegel – l’artère pylorique ;
du foie ; – l’artère gastro-omentale droite ;

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Manipulations vasculaires viscérales
300 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Estomac
Foie relevé Artère
Artère hépatique splénique
propre
Rate
Veine cave
inférieure

Vésicule biliaire

Artère cystique

Veine porte
Tronc cœliaque
Artère hépatique
commune
Artère gastrique
droite
Artère
gastroduodénale
Artère
pancréaticoduodénale
supéroantérieure
Duodénum

Artère gastroépiploïque Artère


droite Pancréas gastroépiploïque
gauche

Fig. 25.1. Tronc cœliaque.

– les artères pancréaticoduodénales ; Soulèvement-irrigation


– des branches gastriques et omentales ; du foie
– l’artère cystique ;
– l’artère hépatique propre. Préalables
– Libérer les attaches du foie. Avant d’abor-
Remarque der les techniques vasculaires du foie, assu-
Il existe une interrelation artérielle entre rez-vous que tout le système ligamentaire
le foie, l’estomac, le pancréas et la rate. du foie est libre. Vérifiez bien ses attaches,
Il n’est pas possible de sélectionner juste les ligaments triangulaire et coronaire, qui
une artère pour traiter un organe ; nous ont une grande partie de leur innervation
le verrons plus loin. fournie par le nerf phrénique.
Vaisseaux du foie 301

– Prendre les pouls hépatique et spléni-


que. Ils serviront de témoins d’efficacité.
Les nombreuses anastomoses font que
ces deux artères sont concernées lors des
manipulations du foie.
– Direction de la manipulation. L’artère
hépatique suit le ligament hépatoduo-
dénal. Elle va en direction céphalique,
postérieure et droite. Cela donne l’axe de
manipulation du foie.

Manipulations
Le soulèvement-irrigation du foie peut se
faire en position assise, latérocubitus ou
décubitus.

Position assise
Le patient est assis, jambes pendantes, les
deux mains reposant sur les cuisses ; vous
vous tenez derrière lui (figure 25.2).
Placez les doigts de la main droite légè-
rement à gauche de l’angle hépatique du
côlon. Évitez le muscle grand droit de Fig. 25.2. Soulèvement-irrigation du foie
l’abdomen en partant de son bord latéral (en position assise).
à environ un travers de main en dessous
du bord caudal des côtes.
Cette manœuvre a aussi un effet sur
N.B. : Faites d’abord pénétrer progres-
les artères diaphragmatiques, gastriques
sivement les doigts d’avant en arrière et
et pancréaticoduodénales.
ensuite seulement vers le haut.
Positionnez, selon le même protocole, Latérocubitus gauche
les doigts de la main gauche sous la par- Au lieu de soulever en entier le foie, il
tie gauche du foie, à droite du ligament s’agit de focaliser le soulèvement en
triangulaire gauche. Mettez-les un peu direction du hile (figure 25.3).
à droite de la ligne sous-mamelonaire Poussez d’abord le gril costal droit
gauche. en direction de l’ombilic pour favoriser
Soulevez progressivement le foie en la pénétration de vos doigts. Placez les
haut, en arrière et à droite pour être dans doigts légèrement en dehors de l’axe
l’axe de l’artère hépatique. En fin de vésiculaire pour les diriger d’abord
mouvement, maintenez le foie une ving- en direction postérieure et ensuite
taine de secondes. céphalique.
302 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 25.3. Soulèvement-irrigation du foie (en latérocubitus


gauche).

Maintenez la traction une trentaine le plus possible en contact avec l’artère,


de secondes. Cette manœuvre est en l’étirant vers la droite ; ensuite seu-
aussi efficace qu’en position assise ; lement, dirigez votre doigt en direction
elle s’adresse un peu plus aux artères céphalique.
hépatiques. Avec l’habitude, on peut même sentir
des variations du pouls hépatique lors de
Décubitus la manipulation.
On peut réaliser cette technique avec
Agissez toujours selon le même principe : deux doigts de part et d’autre de l’artère
repoussez d’abord le gril costal droit vers hépatique selon le même protocole décrit
l’ombilic. Ramenez ensuite la partie laté- au préalable.
rale droite du foie en direction latérale
droite et céphalique. Au préalable, mettez N.B. : Pensez bien, une fois les manœu-
un doigt bien à plat dans l’axe de l’artère vres terminées, à vérifier les pouls cœlia-
hépatique commune (figure 25.4). Restez que et hépatique.
Vaisseaux du foie 303

Indications
Nous avons effectué ces techniques sur
des patients atteints d’hépatite B ou C.
Sans que les tests biologiques aient telle-
ment changé, ils se sont sentis soulagés
et certains ont retrouvé l’appétit et l’en-
vie d’être plus actifs intellectuellement et
physiquement.
Les indications les plus fréquentes
sont les suivantes :
– stéatose ;
– séquelles d’intoxication alcoolique ou
alimentaire ;
– séquelles d’hépatite ;
– allergies ;
– asthme ;
– eczéma ;
– psoriasis ;
– suites de maladies infectieuses ;
– psychasthénie ;
– troubles digestifs.

Fig. 25.4. Soulèvement-irrigation du foie


(en décubitus).
Chapitre 26

Vaisseaux
de l’estomac
Rappels anatomiques

Manipulations

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux de l’estomac 307

Chapitre 26

Vaisseaux
de l’estomac
Rappels anatomiques Artère gastrique droite
Le cercle vasculaire de l’estomac est consti- Origine
tué des artères gastro-omentales et gastri-
L’artère gastrique droite est issue de l’ar-
ques gauche et droite. La gastro-omentale
tère hépatique propre, recouverte par le
gauche, branche de la splénique, passe
foie.
à travers le ligament gastrosplénique et
ensuite le ligament gastrocolique. Elle Trajet
s’anastomose avec la gastro-omentale
L’artère gastrique droite chemine dans le
droite qui naît de l’artère gastroduodé-
petit omentum et croise en avant l’artère
nale. L’artère gastrique gauche s’anasto-
gastroduodénale.
mose avec l’artère gastrique droite issue
de l’artère hépatique commune. Terminaison
L’artère gastrique droite s’anastomose
Artère gastrique gauche avec l’artère gastrique gauche.
Origine Artère gastro-omentale gauche
Difficile à sentir, l’artère gastrique gauche
(figure 26.1) se détache du tronc cœlia- Origine
que en haut et à gauche, au-dessus de L’artère gastro-omentale gauche naît de
l’artère splénique, avec laquelle on peut l’artère splénique. Elle est aussi connue
la confondre. sous le nom d’artère gastro-épiploïque
gauche (figure 26.1).
Trajet
L’artère gastrique gauche parcourt la petite Trajet
courbure de l’estomac, le long de la ligne L’artère gastro-omentale gauche suit
xypho-ombilicale à sa partie céphalique. la grande courbure de l’estomac. Sa
direction est très variable en fonction
Terminaison de la réplétion et de la forme de l’esto-
L’artère gastrique gauche s’anastomose avec mac ; c’est pour cette raison qu’elle est
l’artère gastrique droite près du pylore. sinueuse.

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Manipulations vasculaires viscérales
308 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère gastrique gauche

Artère
hépatique
commune
Artère
gastroduodénale

Artère gastrique
droite Artère
gastro-omentale
Artère gauche
pancréaticoduodénale
supéropostérieure Artère
splénique
Artère gastro-
omentale droite
Artère
pancréatique
Artère pancréaticoduodénale dorsale
inférieure
Grand omentum
Artère mésentérique
supérieure

Artères omentales

Arc artériel omental

Fig. 26.1. Artères gastrique gauche et gastro-omentale.

Terminaison Trajet
L’artère gastro-omentale gauche s’anasto- L’artère gastro-omentale droite passe sous
mose avec l’artère gastro-omentale droite. le pylore pour rejoindre l’artère gastro-
duodénale, le long de la grande courbure
Artère gastro-omentale droite de l’estomac.

Origine Remarque
L’artère gastro-omentale droite vient de En étudiant la distribution de ces artères,
l’artère gastroduodénale issue de l’artère on mesure combien la vascularisation
hépatique commune (figure 26.1). artérielle de l’estomac est en relation avec
Vaisseaux de l’estomac 309

celles du foie et du pancréas. Cela nous l’axe de la partie initiale de l’artère gas-
conforte dans l’idée que les manipula- trique gauche.
tions des organes de l’abdomen doivent La petite courbure de l’estomac est
s’exécuter dans un concept d’ensemble. assez profonde. Pour l’atteindre, pous-
sez d’abord le corps de l’estomac vers
la ligne xipho-ombilicale en direction
Manipulations de la petite courbure que vous ramenez
vers la gauche. Pendant cette manœuvre,
Préalables placez un doigt bien à plat sur l’artère
splénique dont le pouls est assez facile à
– Prenez le pouls cœliaque en regard de
sentir. Vous pourrez alors apprécier des
la partie caudale du corps de T12 et diri-
variations de ce pouls en fonction de la
gez votre doigt en haut et à gauche.
direction de vos manipulations.
– Essayez de différencier les pouls des Dans un deuxième temps, vous attirez
artères gastrique gauche et splénique en la petite courbure en direction caudale.
dirigeant un ou deux doigts à gauche du Maintenez la position une vingtaine
tronc cœliaque, perpendiculairement à de secondes.
l’aorte. C’est souvent le pouls splénique
que l’on ressent sur le bord céphalique Manipulation en latérocubitus droit
du pancréas. Le pouls gastrique gauche
Vos doigts se dirigent profondément
est situé plus haut vers la partie caudale
vers la partie céphalique de la petite
de la jonction œso-gastrique. Jusqu’à
courbure. Étirez-la vers vous, c’est-à-dire
un certain point, la confusion des deux
vers la gauche, et maintenez-la dans
pouls n’est pas un handicap puisque l’on
cette position une vingtaine de secondes
veut sentir une différence de pulsations.
(figure 26.3).
Du fait de l’interrelation vasculaire de ces
organes, leurs manipulations apportent Manipulation en position assise
un changement sur tous les pouls situés
au même étage. Situé derrière le patient, vous allez dans
un premier temps placer vos doigts à un
– Prenez aussi le pouls de l’artère hépa-
travers de main en dessous de l’appen-
tique commune à droite du tronc cœlia-
dice xiphoïde (figure 26.4).
que, perpendiculairement à l’aorte.
Dirigez d’abord vos doigts vers l’ar-
rière, légèrement à gauche de la ligne
Artère gastrique gauche xipho-ombilicale.
Ensuite, au maximum de pénétration,
Manipulation en décubitus qui doit se faire sans gêne et sans dou-
Le patient repose sur la table, les bras le leur, vous attirez les doigts en direction
long du corps, un coussin mou sous la caudale pour entraîner la petite courbure
jonction dorsolombaire ; vous êtes placé de l’estomac.
à sa droite (figure 26.2). Maintenez la traction caudale en induc-
Vous allez dans un premier temps tion une vingtaine de secondes.
ramener de vos pouces la petite courbure Cette manipulation a un effet sur le
de l’estomac en direction gauche, dans tronc cœliaque et ses trois branches.
310 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 26.2. Manipulation de l’artère gastrique gauche


en décubitus.

Fig. 26.3. Manipulation de l’artère gastrique gauche


en latérocubitus droit.
Vaisseaux de l’estomac 311

domen, aller en direction postérieure


à environ 4 à 5 cm de profondeur
(figure 26.5).
Selon une portion de cercle dont l’axe
se trouverait vers la région pylorique,
effectuez une manœuvre en éventail dans
le sens horaire. Les paumes sont près du
pylore, les doigts au niveau de la grande
courbure de l’estomac.
Vous maintenez en induction les diffé-
rents segments que vous avez étirés une
vingtaine de secondes.

Manipulation en décubitus
Placé à droite du patient, les mains bien
à plat sur l’estomac, vous allez effectuer
une manœuvre en éventail, accompa-
gnée d’une rotation horaire (figure 26.6).
Mettez la pulpe d’un doigt bien à plat sur
l’artère splénique ; les variations de son
pouls vous permettront d’affiner les axes
de vos manœuvres. C’est bien sûr dans le
sens où le pouls augmente le plus qu’il
faut aller.
Fig. 26.4. Manipulation de l’artère gastrique On peut combiner cette manœuvre
gauche en position assise. avec celle de l’artère gastrique gauche
(figure 26.7).
Artère gastrique droite
À l’origine de l’artère gastrique droite, Autres organes et éléments
on emploie la même technique utilisée concernés
pour l’artère hépatique propre, en sou-
Les autres organes concernés sont :
levant le foie en direction céphalique et
droite. – le duodénum, par l’artère gastrodu-
odénale ;
Artères gastro-omentales – la rate, par l’artère gastro-omentale
gauche ;
Manipulation en latérocubitus – le foie, par l’artère gastro-omentale
gauche droite ;
Situé derrière le patient, vous allez, – le pancréas, par l’artère gastroduodénale ;
de vos doigts placés sur le bord latéral – l’œsophage et la région hiatale, par l’ar-
gauche du muscle grand droit de l’ab- tère gastrique gauche.
312 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 26.5. Manipulation de l’artère gastro-omentale


en latérocubitus gauche.

Fig. 26.6. Manipulation de l’artère gastro-omentale


en décubitus.
Vaisseaux de l’estomac 313

Fig. 26.7. Manipulation combinée des artères gastrique gauche


et gastro-omentale en décubitus.

Les autres éléments concernés sont : Système nerveux


– dans la région para-œsophagienne, les
nerfs vagues droit et gauche et le plexus Les artères gastriques et gastro-omentales
cœliaque ; sont entourées d’un très riche plexus ner-
veux, le plexus cœliaque (figure 26.8),
– les veines gastriques ;
issu principalement du nerf vague
– la veine porte. antérieur. Il échange des fibres avec le
plexus solaire ou cœliaque et le plexus
Indications splanchnique.
Toutes les manipulations vasculaires
Les indications des manipulations sont de l’estomac impliquent son système
les suivantes : nerveux.
– dysfonctions gastriques (notamment Volumineux plexus nerveux de l’ab-
dans les digestions lentes) ; domen, le plexus cœliaque appartient
– sensation de pesanteur gastrique ; au système neurovégétatif. Il est situé
autour du tronc cœliaque et de l’origine
– ptose gastrique ;
de l’artère mésentérique supérieure près
– hyperchlorhydrie ; de la jonction duodénojéjunale, en avant
– séquelles d’ulcère ; de l’aorte. Il est formé des ganglions
– reflux gastro-œsophagien ; cœliaques, mésentériques supérieurs et
– dysfonctions hépatopancréatiques. aorticorénaux.
314 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Branche hépatique du Tronc vagal antérieur


tronc vagal antérieur

Artère et plexus
gastriques gauches

Petit omentum

Plexus hépatique

Ganglions et plexus
cœliaques
Branche gastrique
Artère et plexus antérieure du tronc
gastriques droits vagal antérieur

Artère et plexus
spléniques

Artère et plexus Artère


mésentériques gastro-omentale
supérieurs

Fig. 26.8. Plexus cœliaque.

Il échange des fibres avec les nerfs de particulièrement se méfier d’un patient
vague, grand et petit splanchniques ainsi souffrant de l’estomac avec une tension
que tous les nerfs issus de l’abdomen. systolique basse. Il faut lui faire préciser
la couleur de ses selles : des selles noires
Contre-indications peuvent être le signe d’une hémorragie
gastrique ou intestinale haute.
Un ulcère actif représente une contre-
indication aux manipulations. Il convient
Chapitre 27

Vaisseaux
pancréatico-
duodénaux
Rappels anatomiques

Manipulations

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux pancréaticoduodénaux 317

Chapitre 27

Vaisseaux
pancréatico-
duodénaux
Il est difficile de séparer le duodénum et que supérieure qui vient s’anastomo-
le pancréas tant leur système artériel est ser avec l’artère pancréaticoduodénale
intriqué. Nous pensons que, sur le plan antérosupérieure.
médical le duodénum mériterait plus
d’attention ; en effet, dans l’embryoge- Remarques sur le duodénum
nèse, c’est lui qui est à l’origine du foie et
du pancréas. En médecine, il est souvent L’irrigation artérielle du duodénum est
peu cité, occulté par les douleurs dites la même que celle de la tête du pancréas.
« gastriques ». Sa partie céphalique, intrapéritonéale,
est très dépendante de la mobilité du
foie.
Rappels anatomiques Le 2e duodénum est rétropéritonéal,
il est presque toujours concerné dans les
Nous allons voir les artères commu-
fixations rénales droites. On peut parler
nes au duodénum et au pancréas ; elles
d’un « flirt » duodénorénal.
sont issues de l’artère gastroduodénale
C’est à partir de l’angle duodéno-
(figure 27.1).
jéjunal que l’intestin grêle devient intra-
péritonéal.
Artères pancréaticoduodénales
L’artère hépatique commune donne l’ar- Remarques sur le pancréas
tère gastroduodénale d’où naissent :
Il est parfois difficile d’imaginer que
– l’artère pancréaticoduodénale antéro- cette glande de 15 cm de long, ne pesant
supérieure ; qu’une centaine de grammes, puisse pro-
– l’artère pancréaticoduodénale postéro- duire 2 litres de sécrétion journalière.
supérieure. Dans nos cours, nous avons l’habitude
L’artère pancréaticoduodénale inférieure de partager le pancréas en trois parties :
est une branche de l’artère mésentéri- la tête et le corps et la queue.

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Manipulations vasculaires viscérales
318 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Veine cave Œsophage


inférieure Artère et
Artère veine
hépatique gastriques
propre gauches

Glande Pancréas
surrénale Artère
droite splénique
Veine porte Tronc
Duodénum cœliaque
Artère et veine
Artère et veine
rénales
mésentériques
gauches
supérieures

Aorte Artère et veine


abdominale mésentériques
inférieures
Artère et Nerf
veine génitofémoral
iliaques
droites

Fig. 27.1. Duodénum et pancréas.

Même si c’est contestable sur le plan Manipulations


physiologique, la tête correspondrait
plutôt à la fonction exocrine et le corps Artères pancréaticoduodénales
et la queue à la fonction endocrine. C’est
par notre expérience clinique, les tech- Comme nous l’avons vu, les artères pan-
niques d’écoute et le diagnostic thermi- créaticoduodénales sont issues de l’artère
que manuel que cette classification s’est gastroduodénale et se dirigent verticale-
imposée à nous. ment en dedans de la deuxième partie du
Plus le problème pancréatique est duodénum. Remarquons qu’elles don-
important, plus la main en écoute se nent de très nombreuses petites branches
dirige vers la queue du pancréas. perpendiculaires à leur grand axe.
Vaisseaux pancréaticoduodénaux 319

Position pouce de l’autre main, vous maintenez


le 2e duodénum en dessous de la zone
Le patient est assis, jambes pendantes,
oddienne.
les mains sur les cuisses ; vous vous situez
Une main va soulever le foie pendant
derrière lui.
que l’autre maintient voire repousse le
Technique duodénum vers le bas. Il est souvent plus
facile de repousser la jonction du 2e duo-
Il s’agit de procéder au soulèvement
dénum et du 3e duodénum que la zone
hépatoduodénal (figure 27.2).
oddienne.
Placez les doigts de la main droite en
Maintenez cette position en éti-
dedans de la projection du fond vésicu-
rement-induction une vingtaine de
laire (ligne ombilico-médioclaviculaire
secondes.
droite). Vous les dirigez d’abord en arrière
et ensuite en direction céphalique. Du
Branches perpendiculaires
des artères pancréatico-
duodénales
Position
Le patient est en décubitus, les mains le
long du corps, un petit coussin sous la
région dorsolombaire. Vous vous situez à
sa gauche. Posez d’abord la pulpe d’un
doigt bien à plat sur l’artère hépatique ;
les variations de ses pulsations pendant
les manœuvres vont vous permettre d’af-
finer les axes.

Technique
Les artères pancréaticoduodénales ont
un grand axe vertical : les branches qui
leur sont perpendiculaires ont une direc-
tion transversale.
La technique consiste à repousser, de
part et d’autre de la ligne xipho-ombili-
cale, le 2e duodénum vers le bas (figure
27.3). Partez de sa partie céphalique
jusqu’à sa partie caudale et effectuez
une poussée-induction que vous main-
tenez une vingtaine de secondes.
Cette technique implique les artères
Fig. 27.2. Manipulation des artères pancréaticospléniques que nous allons
pancréaticoduodénales. voir au chapitre suivant.
320 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 27.3. Manipulation des branches transversales


pancréatiques.

Artères pancréaticoduodénales – une légère traction perpendiculaire


en contre-rotation au grand axe du 2e duodénum, un peu
comme si vous vouliez doucement « sépa-
Position rer » le 2e duodénum du pancréas ;
Le sujet est en décubitus. Vous vous pla- – un couple de rotation dans le plan
cez à sa gauche. frontal, dans le sens horaire et antiho-
L’index, le médius et l’annulaire de votre raire : pendant que le 2e duodénum est
main céphalique sont posés sur la partie amené dans le sens horaire, le pancréas
médiane de l’abdomen, et s’enfoncent est amené dans le sens antihoraire et
progressivement à la recherche du pouls réciproquement.
de l’aorte abdominale. Le pouce de votre Sur ces deux paramètres de mouvement
main caudale localise le 2e duodénum et se que vous imposez aux tissus, ajoutez un
place contre la face médiale de ce dernier. travail en induction sur tous les petits
Lorsque vous percevez le pouls de mouvements qui apparaissent sponta-
l’aorte, relâchez légèrement votre appui nément. Vous pouvez sentir un relâche-
et faites basculer vos doigts à droite de ment et souvent un réchauffement des
l’axe aortique, de sorte que vos pulpes tissus sous vos doigts.
s’enfoncent un peu plus profondément Cette manœuvre a un effet sur les
pour rentrer en contact avec la tête du artères pancréaticoduodénales infé-
pancréas. roantérieure et inféropostérieure, leurs
anastomoses ainsi que sur les courtes
Technique branches perpendiculaires issues de ces
Vos deux mains vont travailler en instau- deux artères et destinées à la partie ver-
rant simultanément (figure 27.4) : ticale du duodénum (figure 27.5).
Vaisseaux pancréaticoduodénaux 321

Fig. 27.4. Manipulation des artères pancréaticoduodénale en contre-rotation.

Veine porte
Artère hépatique commune
Veine pancréaticoduodénale
supéropostérieure

Artère splénique
Artère
gastroduodénale Artère
pancréatique dorsale

Artère
pancréaticoduodénale
Tronc Arcade
supéropostérieure
gastrocolique artérielle
Artère
de Henlé postérieure
pancréaticoduodénale
inféropostérieure

Artère
pancréaticoduodénale
Arcade
inféroantérieure
Veine artérielle
Artère
pancréaticoduodénale antérieure
pancréaticoduodénale
inféropostérieure supéroantérieure

Veine colique
supérieure droite

Fig. 27.5. Anastomoses intrapancréatiques.


Chapitre 28

Vaisseaux
pancréatico-
spléniques
Rappels anatomiques

Manipulations

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux pancréaticospléniques 325

Chapitre 28

Vaisseaux
pancréatico-
spléniques
Rappels anatomiques La rate s’articule par contiguïté et
mésos interposés avec :
Pancréas – l’estomac ;
– le pancréas ;
Nous avons vu que le pancréas a une vas-
– le rein gauche ;
cularisation provenant essentiellement
des branches de l’artère gastroduodé- – l’angle splénique du côlon ;
nale, par l’intermédiaire des artères pan- – l’extrémité gauche du foie.
créaticoduodénales supéropostérieure et Nous avons souvent souligné l’impor-
supéroantérieure et de l’artère splénique tance du côté gauche dans les suites de
(figure 28.1). traumatismes. C’est une zone où il faut
Ces deux artères s’anastomosent avec minutieusement vérifier d’éventuelles
l’artère pancréaticoduodénale inférieure, fixations viscérales et pariétales, aux
branche de l’artère mésentérique supé- conséquences redoutables et aux symp-
rieure ; cette dernière est transversale. On tômes parfois déroutants. Nous avons
reconnaît là encore l’organisation vascu- eu plusieurs exemples de carence mar-
laire de l’organisme permettant de sup- tiale post-traumatique où la rate était en
pléer à tout manque d’irrigation. cause.

Rate Artère splénique


Rétropéritonéale, la rate est un organe C’est la plus grosse branche du tronc
très mobile d’une dizaine de centimètres cœliaque. Elle longe le bord supérieur du
et pesant environ 200 g (figure 28.1). pancréas en s’infiltrant peu après son ori-
Contrairement aux lymphonœuds, la gine sous l’estomac (figure 28.2).
rate est reliée directement à la circula- Rappelons qu’elle fournit l’artère gas-
tion sanguine, ce qui la rend propice aux tro-omentale gauche à l’estomac. À sa
manipulations vasculaires viscérales. terminaison, elle donne de nombreuses

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Manipulations vasculaires viscérales
326 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Estomac récliné
crânialement

Rate
Artère gastrique gauche

Artères phréniques
inférieures gauche et droite
Tronc cœliaque
Artère hépatique
commune
Artère hépatique
propre

Artère pancréatique
dorsale
Artère
pancréaticoduodénale Artère
supéropostérieure gastro-omentale
gauche
Artère grande
Artère pancréatique
pancréaticoduodénale
supéroantérieure Artère pancréatique
Artère inférieure
pancréaticoduodénale Artère splénique
inféroantérieure
Artère mésentérique
Duodénum supérieure

Artère
pancréaticoduodénale
inférieure

Fig. 28.1. Pancréas et rate.

petites branches sinueuses à la rate, pour Banches perpendiculaires à


s’adapter à sa grande mobilité. l’artère splénique

Artère pancréatique inférieure Ces branches relient les artères splé-


nique et pancréatique inférieure
Cette artère est aussi appelée artère trans- essentiellement par la grande artère
verse du pancréas. Elle relie l’artère splé- pancréatique et l’artère pancréatique
nique aux pancréaticoduodénales. dorsale.
Vaisseaux pancréaticospléniques 327

Estomac

Foie relevé

Petites
artères
gastriques

Aorte
abdominale
Artère cystique
Veine cave
inférieure Artère
gastrique
Tronc cœliaque postérieure
Artère hépatique
commune
Artère
Artère
splénique
gastroduodénale
Veine porte Artère grande
pancréatique
Artère pancréatico-
duodénale Artère
supéropostérieure pancréatique
inférieure
Artère pancréatico-
Artère
duodénale
pancréatique
supéroantérieure
dorsale
Artère pancréaticoduodénale inférieure
Artère mésentérique supérieure
Veine mésentérique supérieure

Fig. 28.2. Artère splénique.

Remarques Attention : Ne comprimez pas le pan-


créas ! C’est une glande fragile qui ne se
De ces dispositions artérielles, on peut reconstruit pas comme le foie. Il faut à
retenir deux choses : tout prix éviter de le comprimer en direc-
– qu’il est important d’étirer transversa- tion postérieure contre la colonne verté-
lement ces artères ; brale. C’est peut-être le seul organe où le
– qu’il faut aussi effectuer des étire- risque de créer directement une irritation
ments perpendiculaires à ces artères ou une inflammation soit réel. Soyez
transversales. prudent aussi chez un patient diabétique
328 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

qui peut avoir une fragilité vasculaire bles. Cela peut s’expliquer en partie par
pancréatique. leur vascularisation commune.

Position
Particularité mécanique Le patient est en décubitus, la jambe
de la rate droite fléchie, les mains sur le thorax.
Placé à droite du patient, posez la
La rate est un organe d’une très grande
paume de la main droite contre la face
mobilité et, dans les techniques que
latérale du 2e duodénum, en regard du
nous allons décrire, il faut la main-
sphincter d’Oddi. Le duodénum va servir
tenir pour éviter qu’elle échappe aux
de protection au pancréas.
manipulations.
Technique
Manipulations De votre main gauche, vous englobez
la face postérolatérale des 8e, 9e et 10e
Technique transversale en côtes gauches. Appliquez le pouce sous le
accordéon rebord costal pour éviter à la rate de s’es-
quiver lors de la manipulation. Si, selon
Cette technique va s’adresser à la fois au la taille de votre main ou la surface cor-
pancréas et à la rate (figure 28.3). Il est porelle du patient, ce n’est pas possible,
intéressant de constater qu’en médecine refermez de votre main gauche la jonc-
orientale ces deux organes sont insépara- tion costoabdominale.

Fig. 28.3. Technique transversale en accordéon du pancréas.


Vaisseaux pancréaticospléniques 329

Progressivement, rapprochez les deux le fait de penser en 3 dimensions permet


mains pour raccourcir le pancréas dans d’affiner les manipulations. Imaginez la
son grand axe et laissez-le revenir en forme du pancréas parcouru de ses artè-
viscoélasticité. res qui, dans un premier temps, se rac-
Selon la morphologie du patient, il est courcissent et ensuite se rallongent.
possible de réaliser la même technique en Laissez un temps entre la compres-
laissant la pulpe d’un doigt sur l’artère splé- sion-décompression pour que les tissus
nique. Les variations du pouls permettent pancréatiques et les artères emmagasi-
de contrôler l’efficacité de la manœuvre. nent une force élastique qu’ils restitue-
ront. De même, les mécanorécepteurs
Technique en traction latérale pourront stimuler plus longuement leurs
droite récepteurs centraux.
Finalement, la meilleure image que
Pour étirer les artères transversales du pan- vous devez avoir est celle d’une éponge
créas et aussi l’artère splénique, on accro- plus longue que large que vous raccour-
che le 2e duodénum à sa partie médiale, cissez et laissez revenir progressivement à
les doigts bien à plat. On entraîne le duo- sa forme initiale.
dénum vers la droite, tout en faisant un Par ailleurs, le pancréas passe en pont
léger contre-appui sur la partie gauche du sur la colonne lombaire et il présente une
pancréas (figure 28.4). concavité postérieure. Dans vos manipu-
lations, respectez cette concavité en le
Pensez en 3 dimensions comprimant au départ transversalement
Il est important de « penser » en 3 dimen- et ensuite toujours transversalement,
sions. Rien n’est plat dans l’organisme et mais en direction postérieure.

Fig. 28.4. Technique en traction latérale droite du pancréas.


330 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Technique à prédominance cette manœuvre. L’expérience montre


pancréatique qu’un problème de l’un de ces éléments a
toujours une incidence sur les autres.
C’est surtout en direction du 2e duodénum
Cette fois-ci, le pouce duodénal va ser-
que la main va exercer son appui. C’est
vir de contre-appui, et c’est la main costale
comme si l’on voulait rapprocher le 2e duo-
gauche qui attire les côtes et les organes
dénum de la rate. L’autre main sert essentiel-
avoisinants vers le pouce duodénal.
lement de contre-appui. C’est une question
Avec l’habitude, on sent bien la diffé-
d’entraînement et de finesse d’appui. Il faut
rence de compression, surtout au niveau
amener le duodénum vers le pancréas par
de la tête et de la queue du pancréas.
l’intermédiaire du pouce droit.
Chez un sujet sain, en décubitus, on ne
N.B. : Cette technique a aussi un effet peut pas différencier la rate des structu-
sur les canaux excréteurs du pancréas qui res qui l’avoisinent. C’est en empilant les
ont la même direction transversale. différents tissus dans sa direction qu’on
empêche sa fuite sous les doigts et que
Technique à prédominance l’on peut la manipuler.
splénique
Technique en latérocubitus
Cette manœuvre ne concerne pas seule-
ment la rate, mais aussi les organes qui
gauche
lui sont reliés anatomiquement et physio- Placé derrière le patient, pour la rate,
logiquement. En effet, le rein gauche, la vous amenez les 8e, 9e et 10e côtes gau-
queue du pancréas, les attaches de l’angle ches en direction du pouce duodénal, et
splénique du côlon ou le ligament triangu- pour le pancréas, vous amenez ce dernier
laire gauche du foie sont impliqués dans et le duodénum vers la rate (figure 28.5).

Fig. 28.5. Manipulation des artères pancréatiques


en latérocubitus gauche.
Vaisseaux pancréaticospléniques 331

Le protocole est le même qu’en décu- dorsolombaire. Placé soit derrière lui, soit
bitus. Le latérocubitus permet de mieux sur un côté, vous allez étirer le bord supé-
apprécier les différentes couches viscé- rieur du pancréas en direction caudale.
rales dans le plan sagittal. N’oubliez pas
que, devant le pancréas, se trouvent le Technique
grand omentum, l’estomac et l’intestin
Pour la partie gauche, vous placez un
grêle.
pouce contre la partie la plus latérale du
côlon transverse.
Technique céphalocaudale Pour la partie droite, vous placez l’autre
pouce à la partie la plus céphalique acces-
Cette technique permet d’obtenir un sible du 2e duodénum.
effet plus ciblé sur les artères perpendicu- Dirigez délicatement vos pouces en
laires au grand axe longitudinal des artè- arrière à la recherche de la partie céphali-
res spléniques et pancréatique inférieure que du pancréas.
(figure 28.6). On s’adresse aux artères : De vos deux pouces, vous étirez cauda-
– pancréaticoduodénale antérosupérieure ; lement et doucement le bord céphalique
– pancréaticoduodénale postérosupérieure ; du pancréas. Laissez une vingtaine de
– pancréatique dorsale ; secondes l’étirement caudal agir.
– grande pancréatique. Cette technique concerne aussi le
mésocôlon transverse, très fortement lié
au pancréas. La différence consiste en
Position un appui droit duodénal alors que, pour
Le patient est en décubitus, les mains le le mésocôlon transverse, celui-ci est pro-
long du corps, un coussin sous la région che de l’angle hépatique du côlon.

Fig. 28.6. Manipulation céphalocaudale des artères


pancréatiques.
332 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

N.B. : Rappelons encore que les techni- manœuvre en accordéon doit avoir un
ques du pancréas ne doivent pas com- effet sur les artères rénales.
primer en arrière. Notre action doit
toujours s’exercer transversalement ou Indications
longitudinalement.
Les indications de ces manipulations
sont les suivantes :
Autres organes concernés – problèmes digestifs ;
– allergies ;
Les autres organes concernés par ces
manipulations sont : – asthme ;
– l’estomac ; – psoriasis ;
– le duodénum ; – lipothymies ;
– les reins ; les artères rénales sont per- – fatigue postprandiale ;
pendiculaires à l’aorte abdominale et très – déficience immunitaire ;
proches de l’axe de l’artère splénique. La – hypersudation.
Chapitre 29

Vaisseaux
de l’intestin
Rappels anatomophysiologiques

Manipulations

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux de l’intestin 335

Chapitre 29

Vaisseaux
de l’intestin
Rappels anatomo- Réflexes endogènes de l’intestin
physiologiques Les réflexes péristaltiques sont déclen-
chés par des tensorégulateurs et des ché-
Généralités sur l’intestin morécepteurs du tractus. Il y a plus de
cellules pace-makers dans le transverse,
Irrigation ce qui le rend particulièrement intéres-
Au repos, l’intestin représente 27 % de sant à manipuler (figure 29.1 A et B).
l’irrigation totale de l’organisme. C’est
un pourcentage très important quand Contrôle hormonal
on sait que le cœur ne représente que 3 à Plus la physiologie de l’intestin est
4 % de cette irrigation. connue, plus elle apparaît complexe.
En plus du contrôle local du système
Innervation intrinsèque neurovégétatif, certaines hormones per-
de l’intestin mettent une régulation adaptée au tra-
L’innervation de l’intestin est sous le vail du tractus.
contrôle de réflexes locaux du système Citons, par exemple, le VIP (vasoactive
nerveux végétatif. Environ 100 millions intestinal peptide), qui relâche les mus-
de fibres nerveuses renseignent en per- cles lisses et augmente la circulation.
manence l’encéphale sur les conditions L’acétylcholine, elle, accroît considéra-
de fonctionnement de l’intestin. blement la circulation sanguine après
C’est le nerf vague qui, de l’œsophage l’ingestion alimentaire.
jusqu’à la moitié du côlon transverse,
Rôle de défense immunitaire
assure l’innervation de ce tractus. À partir
de la moitié gauche du côlon transverse, Les plaques de Peyer assurent non seule-
c’est le parasympathique sacré – nous ment la défense immunitaire locale de
reparlerons de cette partie du côlon où l’intestin, mais aussi celle de l’organisme.
l’innervation change ; il s’agit de la zone Elles sécrètent des immunoglobulines A.
de Cannon-Böhm. Chez les nouveau-nés, la muqueuse du
Le système vasculaire est, lui, sous la tube digestif est surtout protégée par les
dominance du système sympathique. immunoglobulines du lait maternel.

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Manipulations vasculaires viscérales
336 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Ganglions
et plexus
cœliaques

Ganglions
aorticorénaux

Ganglion mésentérique
supérieur

Plexus intermésentérique

Plexus colique moyen

Artère et plexus
mésentériques supérieurs
Branches
mésentériques

Fig. 29.1. Système nerveux entérique.


Vaisseaux de l’intestin 337

Plexus sous-séreux

Plexus myentérique

Couche musculaire
longitudinale
Musculeuse
Couche musculaire
circulaire

Sous muqueuse

Épithélium
Séreuse
Tissu conjonctif

Épithélium
Lamina propria Muqueuse
Muscularis mucosæ

Plexus sous-muqueux entérique

Fig. 29.1. Système nerveux entérique (suite).

Anatomie vasculaire – est plus basse que le tronc cœliaque de


la hauteur d’une vertèbre environ ;
La vascularisation du grêle et du côlon – est sous le bord caudal du pancréas que
se fait à partir des artères mésentériques l’on peut facilement localiser ;
supérieure et inférieure. Le changement
– est située plus haute et plus à droite que
s’effectue après l’angle duodénojénunal.
l’artère mésentérique inférieure ;
Avant toute chose, nous allons décrire
ces deux artères. – est aussi plus superficielle que l’artère
mésentérique inférieure, donc plus facile
Artère mésentérique à palper.
supérieure  Collatérales
L’artère mésentérique supérieure (figure
L’artère mésentérique supérieure a pour
29.2) se blottit contre la face médiale de
collatérales les artères :
l’angle duodénojéjunal au niveau de L1.
Cet angle se projette sur la ligne ombi- – colique moyenne ;
lico-médioclaviculaire gauche, à 3 travers – colique droite ;
de doigt au-dessus de l’ombilic. – iléocolique ;
– jejuno-iléale.
 Origine et trajet
L’artère mésentérique supérieure :  Terminaison
– naît de l’aorte abdominale en regard L’artère mésentérique supérieure se ter-
de L1 ; mine par d’innombrables artérioles qui
338 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Foie relevé

Artère
gastrique
gauche
Artère hépatique Artère
propre splénique
Veine porte Aorte
abdominale
Artère
gastroduodénale Artère
rénale gauche

Artère colique Artère


droite mésentérique
supérieure

Artères du
jéjunum
Artère iléocolique
Artères de
l’iléon
Artère cæcale
postérieure
Artère cæcale
antérieure

Fig. 29.2. Artère mésentérique supérieure.

irriguent le grêle et le côlon. Ces arté- de ces organes et que la manipulation


rioles sont souvent perpendiculaires aux vasculaire du pancréas implique celle de
différentes parties de l’intestin grêle et du l’intestin grêle.
côlon qu’elles irriguent.
 Pince de l’aortomésentérique
 Remarques Dans certains cas, l’artère mésentérique
Les artères mésentériques supérieure et supérieure peut pincer la veine rénale gau-
inférieure sont anastomosées par l’inter- che contre l’aorte abdominale et donner
médiaire des artères colique moyenne et des lombalgies et lombosciatalgies plus
colique gauche (figure 29.3). fréquentes à gauche (figure 29.4). Le rein
La 1re artère jéjunale, issue de l’artère gauche peut aussi être affecté par la pince
mésentérique supérieure, s’anastomose de l’artère mésentérique supérieure. En
avec l’artère pancréaticoduodénale. Cela plus des douleurs locales, peuvent appa-
confirme l’interdépendance vasculaire raître des problèmes lymphoveineux du
Vaisseaux de l’intestin 339

Grand omental
Côlon transverse Artère
mésentérique
supérieure
Artère colique
droite Duodénum

Côlon descendant

Veine cave Aorte abdominale


inférieure
Artère iliaque Artère mésentérique
commune droite inférieure
Artère colique
Artère iléocolique gauche

Artère cæcale Artère sigmoïde


postérieure Bifurcation
Artère cæcale de l’aorte
antérieure Artère rectale
supérieure
Côlon sigmoïde

Fig. 29.3. Anastomoses des artères mésentériques supérieure et inférieure.

système urogénital. Quand la compression Elle est recouverte par le péritoine et


est sévère, la sanction est chirurgicale. repose successivement sur :
– l’aorte ;
Artère mésentérique inférieure
– le muscle psoas ;
 Origine – l’artère iliaque primitive.
L’artère mésentérique inférieure naît de la
face gauche de l’aorte abdominale, souvent  Collatérales
juste au-dessus et à gauche de l’ombilic. L’artère mésentérique inférieure a pour
Par rapport à l’artère mésentérique collatérale l’artère colique gauche qui, par
supérieure, elle est plus basse, profonde, sa branche ascendante, s’anastomose avec
petite, à gauche. l’artère colique moyenne, branche de l’ar-
C’est en regard de L3 et L4 qu’on la tère mésentérique supérieure. Elle fournit :
trouve. – les artères sigmoïdiennes ;
 Trajet – les artères rectosigmoïdiennes.
L’artère mésentérique inférieure effectue
une grande courbe à convexité gauche.  Terminaison
Elle se dirige ensuite caudalement et à L’artère mésentérique inférieure se ter-
droite pour finir à la face antérieure du mine par de nombreuses artérioles qui
sacrum, au niveau de la 3e vertèbre sacrée. irriguent le côlon et le rectum.
340 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Œsophage

Veine cave
inférieure

Veine rénale

Artère
Aorte
mésentérique
supérieure
Artère
mésentérique
inférieure

Fig. 29.4. Pince aortomésentérique.

Manipulations Ils sont fixés par le mésentère qui mesure


une vingtaine de centimètres au niveau
Généralités de sa racine pariétale et 4 mètres de long
au niveau de son attache intestinale.
Irrigation artérielle jéjuno-iléale C’est à partir de l’angle duodénojé-
À l’inverse de la partie caudale du duodé- junal que le grêle devient intrapérito-
num, le jéjunum et l’iléon sont tous les néal. Le jéjunum fait les 2/5es du grêle, et
deux intrapéritonéaux. l’iléon, les 3/5es.
Vaisseaux de l’intestin 341

On se rend compte en étudiant l’ana- Artère mésentérique supérieure


tomie du muscle de Treitz qu’en plus
de son rôle d’orientateur et de suspen- Position
seur de la jonction duodénojéjunale, il
Le patient est en décubitus, les bras le long
sert à protéger la jonction gastro-œso-
du corps, un coussin assez mou placé sous
phagienne, le tronc cœliaque et l’artère
la jonction dorsolombaire. Vous vous pla-
mésentérique supérieure.
cez à droite du patient.

Prise de pouls préalable


Distinction technique
Cherchez d’abord l’angle duodénojéjunal
La disposition anatomique des artères à 3 travers de doigt au-dessus de l’ombi-
mésentériques nous fait séparer en deux lic, sur la ligne ombilico-médioclavicu-
parties les manipulations du grêle et du laire gauche.
côlon : Faites glisser un doigt le long du bord
– l’une concerne l’artère mésentérique médial de la jonction duodénojéjunale
supérieure, située dans un plan plus jusqu’à ressentir le pouls de l’artère
superficiel. Elle met surtout en jeu les mésentérique supérieure. Ce pouls ser-
artères jéjuno-iléales et le quadrant droit vira de référence (figure 29.5).
du côlon ;
– l’autre concerne le territoire irrigué par Manipulations
l’artère mésentérique inférieure, située
dans un plan plus profond. Elle inclut  Manipulation bidigitale
le quadrant gauche du côlon jusqu’au À droite de votre patient, vous placez un
rectosigmoïde. pouce là où vous avez senti la pulsation

Fig. 29.5. Prise du pouls mésentérique supérieur.


342 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 29.6. Manipulation bidigitale de l’artère mésentérique supérieure.

de l’artère mésentérique supérieure ; il va Artères colique droite


vous servir de référence et de point fixe et iléocolique
(figure 29.6).
L’autre pouce va se situer au niveau de Pour étirer les artères colique droite et iléo-
la jonction iléocæcale, sur le tiers latéral colique, nous avons besoin de manipuler
de la ligne ombilic–épine iliaque antéro- le côlon ascendant, le cæcum et l’angle
supérieure droite. hépatique du côlon latéralement vers la
Dirigez le pouce iléocæcal en direction droite. On peut effectuer ces techniques
caudale et latérale, en dessinant virtuel- en décubitus ou en latérocubitus gauche.
lement une ligne convexe entre les deux
pouces. Manipulation en décubitus
Vous maintenez cet étirement une Le patient repose sur le dos, les bras le
vingtaine de secondes, et appréciez la dif- long du corps, un coussin mou sous la
férence de pulsations de l’artère mésenté- région dorsolombaire (figure 29.8).
rique supérieure après la manipulation. Placé à droite de votre patient, vous
allez de vos doigts étirer le côlon vers
 Manipulation en éventail la droite en allant successivement du
Le pouce gauche sert toujours de point cæcum vers l’angle hépatique du côlon.
fixe, alors que les doigts de la main droite Réalisez plusieurs fois des manœuvres
vont se déplier en éventail en suivant la d’écartement-induction, en les mainte-
direction de l’artère mésentérique supé- nant une vingtaine de secondes. On peut
rieure (figure 29.7). aussi employer la technique en éventail.
Vaisseaux de l’intestin 343

Fig. 29.7. Manipulation en éventail de l’artère mésentérique supérieure.

Fig. 29.8. Manipulation des artères coliques droites en décubitus.

Manipulation en latérocubitus gauche en partant du cæcum jusqu’à l’angle


hépatique du côlon (figure 29.9). Ensuite,
Placé à droite du patient, vous allez suc- de vos doigts, vous réalisez une techni-
cessivement soulever le côlon vers vous que d’écartement-induction.
344 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 29.9. Manipulation des artères colique droite et iléocolique en latérocubitus gauche.

Artères du côlon transverse  Position


Le côlon transverse est intrapéritonéal. Le patient est en décubitus, les bras le
Sa situation varie grandement en fonc- long du corps, un coussin mou sous la
tion de la digestion. Haut placé quand il jonction dorsolombaire. Vous vous pla-
est plein, il peut se trouver en dessous de cez soit à sa tête, soit latéralement (figure
l’ombilic quand il est vide. 29.10).
Rappelons que, de la grande courbure
 Technique
de l’estomac naît le grand omentum,
dont fait partie le ligament gastrocoli- Placez un pouce sur la partie supéromé-
que. Celui-ci relie le côlon transverse à diale de l’angle droit du côlon et l’autre
l’estomac. sur la partie médiale de l’angle gauche du
La situation variable du côlon transverse côlon.
nous amène à concentrer nos manipula- Dans un premier temps, poussez cau-
tions vasculaires près de ses angles hépa- dalement le côlon transverse en essayant
tique et splénique. À ces niveaux, nous d’écarter au maximum les deux pouces.
sommes sûrs de ne pas nous tromper. Maintenez cet étirement une vingtaine
de secondes.
Artère marginale du côlon Dans un deuxième temps, tout en
transverse écartant les deux pouces, vous ramenez le
côlon transverse en direction céphalique.
C’est cette artère qui réunit l’artère
moyenne du côlon, branche de l’artère
mésentérique supérieure, et la branche Zone de Cannon-Böhm
ascendante de l’artère colique gauche, bran- C’est une zone qui nous intéresse for-
che de l’artère mésentérique inférieure. tement à double titre : elle est située à
Vaisseaux de l’intestin 345

À noter que :
– la moitié droite du côlon est innervée
par le nerf vague et irriguée par l’artère
mésentérique supérieure ;
– la moitié gauche du côlon est innervée
par le parasympathique sacré et irriguée
par l’artère mésentérique inférieure.
Cette zone est importante à manipu-
ler ; elle est stratégique pour les mani-
pulations neurales et vasculaires de
l’intestin.
À cet endroit, on trouve souvent une
portion plus dure du côlon transverse
qui apparaît plus dense, et une sensibilité
augmentée de la peau et des tissus sous-
cutanés en regard de cette partie.
Effectuez une compression-induction,
bien localisée sur la zone détectée jusqu’à
ce que vous obteniez à la fois la dispari-
tion de la sensibilité cutanée et le relâ-
chement de la paroi du côlon transverse.

Artères jéjuno-iléales
Fig. 29.10. Manipulation de l’artère L’artère mésentérique supérieure sert
marginale du côlon transverse. d’axe entre les jonctions duodénojéju-
nale et iléocæcale selon une ligne obli-
que dirigée en bas et à droite.
mi-distance de la moitié gauche du côlon
transverse, et c’est à ce niveau que l’in- Manipulation en décubitus
nervation et la vascularisation du côlon
changent (figure 29.11). Le patient a les bras le long du corps,
La partie droite du côlon jusqu’à la un coussin mou sous la jonction dorso-
zone de Cannon-Böhm est innervée par lombaire ; vous êtes à droite du patient
le nerf vague, alors que la gauche est (figure 29.12).
innervée par des fibres nerveuses issues Dans un premier temps, de vos doigts,
du parasympathique sacré (S2, S3). vous ramenez les anses de l’intestin grêle
C’est dans cette région que l’artère de la gauche vers la droite afin d’enfon-
colique gauche, collatérale de la mésen- cer plus profondément vos pouces, pro-
térique inférieure, irrigue la partie gau- gressivement et sans douleur.
che du côlon transverse, et par d’autres Dans un deuxième temps, de vos
branches le côlon descendant et le recto- doigts, vous étirez en direction gauche
sigmoïde. l’intestin grêle.
346 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Foie
Angle splénique
du côlon

Zone de
Cannon-Böhm
Artère mésentérique
supérieure

Artère
Nerf vague
mésentérique
inférieure

Nerf
parasympatique
sacré

Fig. 29.11. Zone de Cannon-Böhm.

En partant de l’origine de l’artère Manipulation en latérocubitus


mésentérique supérieure, vous allez étirer
les anses du grêle en changeant progres- Le patient est couché sur le côté gauche ;
sivement vos appuis jusqu’à la jonction de vos doigts, vous ramenez les anses du
entérocæcale. Il est important de respec- grêle vers la droite, mais en les étirant en
ter la composante d’étirement. fin de mouvement vers l’avant, comme
Vaisseaux de l’intestin 347

Fig. 29.12. Manipulation des artères jéjuno-iléales en décubitus.

pour les décoller de l’arrière vers l’avant Répétez plusieurs fois la manœu-
(figure 29.13). vre pour être bien sûr de ne pas avoir
Étirez généreusement et sans douleur oublié une partie du grêle. Nous rever-
les anses du grêle vers l’avant ; mainte- rons les indications, mais c’est la tech-
nez-les en soulèvement-induction une nique reine indispensable après chaque
vingtaine de secondes. laparotomie.

Fig. 29.13. Manipulation des artères jéjuno-iléales en latérocubitus.


348 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 29.14. Prise du pouls mésentérique inférieur.

N.B. : N’oubliez pas de vérifier le pouls légèrement à gauche de la ligne médiane.


de l’artère mésentérique supérieure après Les doigts caudaux se situent sur la jonc-
le traitement. Normalement, le pouls tion rectosigmoïdienne.
doit être bien frappé et généreux. Le pouce sous la jonction duodénojé-
junale sert de point fixe pendant que les
Artère mésentérique inférieure autres doigts vont étirer la jonction recto-
sigmoïdienne vers le bas.
Prise du pouls préalable Vous effectuez soit une poussée-induc-
tion, soit une manœuvre en éventail main-
Le pouls de l’artère mésentérique infé- tenue pendant une vingtaine de secondes.
rieure, du fait de sa profondeur, est diffi-
cile à prendre. Manipulation en latérocubitus
On peut le sentir à 2 ou 3 travers de Le patient est couché sur le côté droit ;
doigt en dessous et à gauche de l’origine vous êtes placé derrière lui (figure 29.16).
de l’artère mésentérique supérieure ou Vous allez mobiliser successivement vos
de la jonction duodénojéjunale (figure doigts le long du côlon descendant et du
29.14). sigmoïde et amenez vers vous le côlon en
Manipulation en décubitus soulèvement-induction.
N’oubliez pas la jonction rectosigmoï-
Le sujet est en décubitus, les bras le long dienne ou l’étirement se fait presque en
du corps, un coussin assez mou sous la direction caudale pure.
région lombaire. Placez vous à droite de
votre patient (figure 29.15). Vaisseaux sigmoïdiens
Le pouce gauche est sur l’origine de l’ar-
tère mésentérique inférieure et les doigts La région sigmoïdienne peut être affec-
de l’autre main au-dessus du pubis, très tée par de nombreuses stases veineuses,
Vaisseaux de l’intestin 349

Fig. 29.15. Manipulation de l’artère mésentérique inférieure en décubitus.

Fig. 29.16. Manipulation de l’artère mésentérique inférieure en latérocubitus.

souvent en relation avec des problèmes Chez la femme, les congestions vei-
hépatocoliques et génitaux. neuses pelviennes peuvent indirecte-
Quand le foie est surmené, les pous- ment avoir des conséquences sur les
sées hémorroïdaires sont fréquentes. malpositions utérines et les troubles
En dehors des troubles locaux qu’elles fonctionnels qui s’y rattachent. Le sys-
entraînent, les hémorroïdes ont un effet tème urogénital est maintenu par des
indéniable sur la sphère urogénitale. ligaments et des fascias, mais aussi par
350 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 29.17. Manipulation en éventail des artères sigmoïdiennes.

de riches plexus veineux (plexus de moutarde, les piments, les sauces fortes,
Santorini). Une congestion lympho- l’aspirine, les anti-inflammatoires, les
veineuse rectale contribue à déstabiliser graisses cuites, les anxiolytiques et les
la statique urogénitale. antidépresseurs.
Chez l’homme, c’est surtout la pros-
tate qui est la cible des troubles veineux
– plus rarement, le système érectile. Indications
Les indications de ces manipulations
Technique en éventail des artères
sont les suivantes :
sigmoïdiennes
– suites chirurgicales abdominopelviennes ;
Le patient est en décubitus, vous êtes situé
– colopathies fonctionnelles ;
à sa droite (figure 29.17). Placez les pul-
pes de vos doigts en dedans du sigmoïde. – constipation ;
Dans un premier temps, vous écartez vos – contractures musculaires chroniques ;
doigts pour créer un étirement axial, et – maladie de Crohn ;
dans un deuxième temps, vous repoussez – fibromyalgie, spasmophilie ;
l’anse sigmoïdienne en direction de l’aile – dysfonction pancréatique ;
iliaque.
– crampes musculaires ;
Conseils – constipation du postpartum ;
Pour ces problèmes veineux, deman- – ptose vésicale ;
dez à vos patients d’éviter le poivre, la – congestion lymphoveineuse pelvienne.
Chapitre 30

Vaisseaux rénaux
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux rénaux 355

Chapitre 30

Vaisseaux rénaux
Rappels anatomiques Méthode
Votre main céphalique contacte la masse
Artères rénales paravertébrale en regard de la zone
rénale, au voisinage de la 12e côte. Elle
La direction des artères rénales est globa-
maintient une poussée postéroantérieure
lement perpendiculaire à l’aorte (figure
pendant toute la durée de la recherche
30.1). Du fait de leur situation rétropéri-
(figure 30.2). De votre main caudale,
tonéale, ce sont peut-être ces artères qui
placez 3 ou 4 doigts juxtaposés au niveau
nous ont posé le plus de problème pour
du bord externe du muscle grand droit,
les mobiliser.
légèrement au-dessus de l’ombilic.
L’artère rénale droite naît de l’aorte
Progressez doucement vers l’arrière en
abdominale au niveau de L1 ; l’artère
direction de la face antérieure de la paroi
rénale gauche, plus courte que la droite,
lombaire, d’abord en respectant une
naît légèrement plus haut. Notons que
direction strictement sagittale, puis en
c’est sensiblement au même niveau que
suivant un plan légèrement oblique en
l’artère mésentérique supérieure.
dedans (à mi-chemin entre le plan fron-
tal et sagittal) jusqu’au contact de la face
Veines rénales antérolatérale du muscle psoas.
La veine rénale droite est très courte alors Faites ensuite glisser les doigts lon-
que la gauche est très longue et incurvée. gitudinalement contre le psoas, à la
La veine rénale gauche reçoit les vei- recherche d’une pulsation artérielle per-
nes suprarénale, ovarienne ou testicu- pendiculaire au grand axe du muscle. En
laire gauches. principe, vous sentez cette pulsation sous
Le système vasculaire rénal est innervé la pulpe d’un seul doigt.
par le plexus rénal, très proche du plexus Restez suffisamment à distance de
cœliaque. l’aorte abdominale. Vous devez sentir
un pouls franc, presque perpendicu-
laire à l’axe aortique. Nettement orien-
Approche manuelle tée en arrière et latéralement, contre
le psoas, l’artère est de calibre consé-
Pouls des artères rénales quent, franchement plus grosse que les
branches du tronc cœliaque à destinée
Position
pancréaticoduodénale, ou que l’artère
Le sujet est en décubitus ; vous êtes placé colique moyenne accompagnant le côlon
du côté de l’artère rénale recherchée. transverse.

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Manipulations vasculaires viscérales
356 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Veine phrénique
inférieure droite
Veines hépatiques

Œsophage
Veine cave
inférieure
Diaphragme

Artère gastrique
gauche
Tronc cœliaque Artère phrénique
inférieure
Rein droit
Artère rénale
Artère gauche
mésentérique Veine rénale
supérieure gauche
Rein gauche
Aorte abdominale
Duodénum
Artère et veine Artère
ovariennes mésentérique
inférieure
Uretère
Artère iliaque Artère sacrale
commune médiane
Artère et veines
Artère et veines iliaques internes
iliaques externes

Fig. 30.1. Artères rénales.

La palpation de l’artère rénale illustre Différences droite–gauche


bien le phénomène que l’on peut appe-
ler principe du pouls masquant. Dans une Toutes proportions gardées, la pulsa-
région donnée, la main est toujours un tion de l’artère rénale droite semble un
peu « éblouie » par les pulsations de l’ar- peu plus facile à percevoir que celle de
tère la plus grosse : généralement, on sent l’artère rénale gauche. À droite, l’artère
nettement le pouls de l’artère qui possède rénale est située derrière le 2e duodénum,
le plus gros calibre, même si celle-ci est tandis qu’à gauche elle est au-dessus et
dans un plan sous-jacent à d’autres artè- un peu latéralement à l’angle duodéno-
res plus grêles. jéjunal, ce qui la rend particulièrement
Vaisseaux rénaux 357

Fig. 30.2. Palpation de l’artère rénale.

difficile à sentir chez les sujets un peu autant de facteurs défavorables à cette
enveloppés. approche.
En cas de ptose sévère, surtout du côté
droit, vous pouvez parfois trouver l’artère Manipulations des artères rénales
au voisinage de l’ombilic. Dans ce cas, elle
devient nettement plus facile à trouver. On doit essayer d’écarter transversa-
lement les reins pour avoir un effet
Limite palpatoire d’étirement sur les artères rénales. Leur
manipulation met en jeu de nombreuses
La palpation de l’artère rénale nous a autres artères comme les artères mésenté-
demandé beaucoup de temps, de persé- riques, splénique, pancréatique, etc.
vérance et de patience pour des résultats
palpatoires inconstants. Dans certains Manipulation en position assise
cas, aujourd’hui encore, il ne nous est
pas possible de lever le doute. Le patient est assis, les mains reposant
Il existe cependant certaines circons- sur les cuisses ; vous vous placez derrière
tances qui autorisent une meilleure lui.
approche de l’artère rénale et qui permet-
tent d’étalonner la main. Ce sont :  Artère rénale droite
– la maigreur ; L’artère rénale droite étant solidaire du
– l’hypotonie des abdominaux (postpar- foie, c’est par son intermédiaire qu’on va
tum, vieillissement) ; l’étirer.
– le diastasis des muscles grands droits. Placez vos doigts à 3 travers de doigt en
À l’inverse, l’embonpoint, l’adipo- dessous du rebord costal droit (figure 30.3).
sité abdominale, l’obésité ou l’hyper- Dirigez-les d’abord en direction posté-
tonie des muscles abdominaux sont rieure et ensuite seulement céphalique.
358 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Puis, entraînez le foie en direction


latérale, tout en maintenant la traction
céphalique.
Avec cette technique, on a aussi un
effet sur les artères hépatiques et duo-
dénales ainsi que sur les innombrables
petits filets nerveux qui constituent les
plexus cœliaque et rénal.

 Artère rénale gauche


Placez vos doigts en dessous de la
jonction duodénojéjunale. Dirigez-
les d’abord profondément en arrière et
ensuite seulement exercez une traction
céphalique.
À la fin de la traction céphalique, étirez
l’ensemble gastro-omental, entérique et
pancréatique latéralement. Comme pour
le rein droit, ce n’est pas une technique
spécifique. Maintenez une vingtaine de
secondes l’ensemble vasculo-viscéro-
fascial.
Il est difficile de prouver l’effet obtenu
sur les artères rénales, ces dernières
n’étant pas palpables directement. Avant
Fig. 30.3. Manipulation globale de l’artère
d’effectuer ces manœuvres, prenez la
rénale droite.

Fig. 30.4. Manipulation de l’artère rénale.


Vaisseaux rénaux 359

tension artérielle des patients aux deux La manipulation de l’artère rénale


bras. Il est fréquent de remédier à une s’effectue à deux mains. Tirez avec vos
anisotension et d’abaisser une tension doigts selon un plan oblique en direction
élevée. postérieure et latérale, en visant vos pou-
ces. Tractez doucement le hile du rein
latéralement et en arrière, en l’éloignant
Manipulation en décubitus progressivement de l’aorte, pour réaliser
Le patient est allongé sur le dos ; vous êtes un étirement-écoute dans le respect de
situé du côté de l’artère rénale à manipu- l’axe de l’artère rénale.
ler (figure 30.4). Réalisez quelques mouvements pour
Placez l’index et le médius de chaque vérifier que vous mobilisez bien le rein,
main de part et d’autre de la zone où vous puis effectuez la manœuvre. Lorsque
avez palpé le pouls de l’artère rénale. l’élasticité de l’artère rénale vous semble
Placez les pouces de vos deux mains sur satisfaisante, vous pouvez maintenir l’étire-
la partie postérolatérale des côtes et de la ment pendant 20 à 30 secondes afin d’ef-
paroi lombaire. fectuer une irrigation de l’organe.
Chapitre 31

Vaisseaux iliaques
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux iliaques 363

Chapitre 31

Vaisseaux iliaques
Rappels anatomiques Artère iliaque interne
C’est en général au niveau du disque inter- Anciennement appelée artère hypogastri-
vertébral L4–L5 que l’aorte se divise en que, l’artère iliaque interne (figure 31.2)
trois branches : l’artère sacrée moyenne se sépare de l’artère iliaque commune en
et les deux iliaques communes. regard de l’articulation sacro-iliaque, à la
hauteur du foramen ischiatique majeur.
Artère sacrée médiane
Trajet
L’artère sacrée médiane est postérieure,
et passe sur le promontoire sacré. L’artère iliaque interne se dirige d’avant
Difficile à palper, elle n’offre pas un en arrière. Elle est située en arrière du
grand intérêt pour nous. péritoine, et ne mesure que 3 à 4 cm.

Artère iliaque commune Collatérales pelviennes


Au niveau de la grande échancrure scia-
Trajet tique, l’artère iliaque interne fournit une
Du disque L4–L5, l’artère iliaque com- dizaine de branches dont nous avons
mune se dirige jusqu’à l’articulation sacro- sélectionné les plus importantes. Elles se
iliaque où elle change de direction. Elle a répartissent en deux groupes :
une longueur de 5 à 6 cm (figure 31.1). – branches pariétales pour les parois du
petit bassin ;
Rapports notables
– branches viscérales pour les organes
L’uretère croise l’artère iliaque commune pelviens.
en X. Cette dernière est recouverte par le
péritoine et chemine sur le bord médial  Branches pariétales
du psoas.
Les branches pariétales qui, par leur
Les deux artères iliaques communes
fonction, nous intéressent plus particu-
s’écartent l’une de l’autre selon un angle de
lièrement sont :
65° environ chez l’homme et de 75° chez
les femmes qui ont un bassin plus large. – l’artère iliolombaire, qui souvent émet
un rameau spinal en pénétrant dans le
Terminales dernier trou de conjugaison ;
Ce sont les artères iliaques interne et – l’artère sacrée latérale, qui donne quel-
externe. ques rameaux pour la queue de cheval et

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Manipulations vasculaires viscérales
364 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Aorte
Veine cave
inférieure

Veine rénale Artère rénale

Uretère

Artère iliaque
commune Artère sacrale
médiane
Artère iliaque Artère iliaque
externe interne
Veine iliaque
externe

Vessie

Fig. 31.1. Artères iliaques communes.

des petites branches qui pénètrent dans comitans du nerf ischiatique la vasculari-
le canal vertébral ; sation du nerf sciatique.
– l’artère obturatrice, qui sort du bassin
par le canal obturateur. Notons surtout N.B. : Les ostéopathes connaissent bien
son rameau acétabulaire qui rejoint la les incidences mécaniques fasciales du
tête fémorale en suivant le ligament de petit bassin sur les articulations coxofé-
la tête fémorale ; morales. Cependant, elles ne doivent pas
– l’artère glutéale inférieure, qui s’en- occulter les connexions vasculaires qui
gage sous le muscle piriforme et les mus- fournissent notamment les artères nour-
cles avoisinants. Elle fournit par l’artère ricières de la tête fémorale.
Vaisseaux iliaques 365

Aorte
Veine cave
inférieure

Veine rénale Artère rénale


droite gauche

Uretère

Artère iliaque
commune
Artère Artère sacrale
iliolombaire médiane
Artère glutéale Artère iliaque
supérieure interne
Artère rectale
moyenne
Artère utérine
Veine iliaque
externe

Vessie
Artères vésicales
supérieures

Figure 31.2. Artère iliaque interne.

 Branches viscérales Approche manuelle


Ce sont : Artère iliaque commune
– l’artère utérine ;
Palpation
– l’artère pudendale interne ;
– l’artère vésicale inférieure ;  Première modalité
– l’artère vaginale ; Vous partez de l’aorte abdominale en
– l’artère rectale moyenne. dessous de l’ombilic (figure 31.3). Quand
366 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

vous ne sentez plus son pouls, vous diri-


gez vos doigts latéralement selon un
angle de 65 à 75°. Le pouls que vous res-
sentez à nouveau est celui des artères ilia-
ques communes.

 Deuxième modalité
Vous partez à mi-distance de la ligne pubo-
ombilicale (figure 31.4). De vos pouces
superposés, vous vous dirigez céphali-
quement. Vous allez sentir le pouls aorti-
que et, de là, vous orientez latéralement
vos pouces pour sentir les artères iliaques
communes.

Manipulation
 Position
Le patient est en décubitus, un coussin
assez mou sous les lombaires, les mains
reposant sur le thorax. Vous vous placez
latéralement vers son bassin (figure 31.5).
 Technique
Fig. 31.3. Palpation des artères iliaques Repérez le pouls de l’aorte abdominale,
communes (première modalité). en la palpant au-dessous de l’ombilic.

Fig. 31.4. Palpation des artères iliaques communes (deuxième modalité).


Vaisseaux iliaques 367

Fig. 31.5. Manipulation de l’artère iliaque commune.

Amenez vos doigts en direction caudale – troubles vasculaires des membres infé-
jusqu’à ce que le pouls disparaisse ; vous rieurs ;
êtes alors au niveau de la division de – coxarthrose ;
l’aorte en artères iliaques communes. – lombosacralgie.
Placez un pouce sous l’ombilic au
niveau de la bifurcation aortique et le  Précaution
pouce de l’autre main au niveau de l’ar- Vérifiez la présence des pouls fémoraux ;
tère iliaque commune. leur absence peut signer un anévrisme
Entraînez le pouce distal en direc- aortique. Une différence de puissance
tion caudale et latérale pour réaliser peut être le signe d’un obstacle sur le
un étirement comme pour toutes les parcours artériel (adhérences, tumeurs,
grosses artères aux fibres élastiques calcification) ou de troubles neurovégé-
prédominantes. tatifs se répercutant le plus souvent sur
N.B. : Même en prenant initialement les membres inférieurs.
le pouls de l’artère iliaque commune, il
est difficile de sentir la différence après Artère iliaque interne
manipulation, sauf en cas de grosse diffé-
rence initiale entre les deux artères. Palpation
Le pouls de l’artère iliaque interne n’est
 Indications
pas très facile à ressentir, surtout chez les
Les indications des manipulations sont sujets « enveloppés » ; sa partie céphali-
les suivantes : que est davantage perceptible.
– dysfonctions urogénitales ; À 3 travers de doigts en dessous de la
– congestion pelvienne ; bifurcation de l’aorte et de l’artère iliaque
368 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 31.6. Manipulation de l’artère iliaque interne en décubitus.

commune, dirigez vos doigts en direc- ser les doigts le long de l’artère iliaque
tion médiale et caudale. L’artère, à sa interne à la recherche de tissus fibreux
partie céphalique, est contre le promon- ou d’adhérences.
toire sacré, ce qui la rend relativement On exécute plutôt une technique péri-
superficielle. vasculaire pour relâcher les tissus mous
autour de l’artère et de ses veines.
Manipulations  Manipulation en latérocubitus
 Manipulation en décubitus Cette position permet une pénétration
Le patient a un coussin sous les lombaires, digitale plus aisée. On la réalise tour
les deux mains reposant sur le thorax ; vous à tour des deux côtés, en dirigeant les
êtes placé contre son bassin (figure 31.6). doigts caudalement et médialement en
La technique consiste, en partant de partant à mi-distance de la ligne ombilic–
l’artère iliaque commune, à faire glis- épine iliaque antérosupérieure.
Chapitre 32

Vaisseaux utérins
Rappels anatomiques

Manipulations de l’artère utérine

Précautions et contre-indications

Indications

Affections veineuses courantes

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux utérins 371

Chapitre 32

Vaisseaux utérins
Rappels anatomiques Manipulations de l’artère
utérine
Artère utérine
Trajet Manipulations en latérocubitus
L’artère utérine (figure 32.1) se porte Position
en direction caudale et antérieure pour La patiente est en latérocubitus tour à
atteindre l’utérus un peu au-dessus du tour droit et gauche, les jambes légère-
col. Elle forme ensuite une concavité ment fléchies ; vous vous placez derrière
céphalique pour longer le bord latéral de la patiente (figure 32.2).
l’utérus où l’une de ses branches s’anas-
tomose avec l’artère ovarienne. Elle est Technique
très sinueuse pour s’adapter aux nom- Faites glisser vos doigts des deux mains,
breux mouvements de l’utérus. en glissant contre le fascia iliaca, en direc-
Retenons les points suivants. tion de la symphyse pubienne. Tâchez
– Elle croise en arrière l’uretère peu après d’abord de les maintenir le plus profon-
sa naissance. dément et postérieurement possible, et
– Dans son parcours caudal, elle repose seulement ensuite vous les dirigez en
sur l’aponévrose de l’obturateur interne. direction pubienne.
– Juste avant de rejoindre la région isth- Quand vous sentez la masse vésico-
mique, elle répond à la base du ligament utérine, attirez-la d’abord en direction
large. céphalique et ensuite médiale. Les artères
utérines ont un grand axe longitudinal
Collatérales céphalocaudal, mais possèdent aussi de
très nombreuses artérioles perpendiculai-
Parmi les nombreuses artérioles qui
res à cet axe. Pour les étirer, faites glisser
sont issues de l’artère utérine, citons des
bilatéralement l’utérus.
rameaux pour : l’uretère, le vagin, l’ovaire
et la trompe.
Manipulations en décubitus
Terminales
À la partie céphalique de l’utérus, l’artère Position
utérine s’anastomose avec l’artère ova- La patiente a un coussin assez mou sous
rienne issue de l’aorte abdominale. la colonne lombaire, les deux mains

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Manipulations vasculaires viscérales
372 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère et veine
ovariennes
Uretère

Artère iliaque Veine iliaque


commune commune

Artère iliaque
interne
Veine iliaque
interne

Artère
utérine
Veine
utérine

Ovaire

Trompe Utérus (récliné)


de Fallope

Fig. 32.1. Artère utérine.

reposant sur la poitrine, les jambes flé- Vous entourez de vos deux mains le
chies (figure 32.3). Vous êtes placé latéra- bloc vésico-utérin ; attirez-le en direction
lement ; positionnez les mains contre les céphalique plusieurs fois. Maintenez la
parties médiales des os iliaques. traction une vingtaine de secondes et
suivez l’induction.
Technique Certaines patientes ressentent immé-
Selon le même principe qu’en latérocu- diatement l’effet bénéfique de cette mani-
bitus, vous cherchez d’abord à aller en pulation : « c’est comme si on m’avait
direction postérieure, puis médiale et enlevé un poids dans le ventre », nous
enfin caudale. disent-elles.
Vaisseaux utérins 373

Fig. 32.2. Manipulation de l’artère utérine par voie externe en latérocubitus.

Fig. 32.3. Manipulation de l’artère utérine par voie externe en décubitus.

Soulèvement-irrigation utérin L’artère utérine est très sinueuse et


flexueuse ; on réalise donc comme pour
Dans les deux approches précédentes, vous le pancréas, une technique en accor-
pouvez finir par une technique de soulè- déon. On effectue d’abord une compres-
vement de l’utérus que vous maintenez sion dans une direction céphalocaudale,
une vingtaine de secondes en réalisant qu’on relâche ensuite pour exécuter la
une induction. technique de soulèvement.
374 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Système veineux Les symptômes brièvement décrits


vésico-utérin ci-après doivent nous rendre prudents.

Il semble que l’utérus soit surtout le siège Algoménorrhées


de problèmes congestifs impliquant le
système lymphoveineux. Le système Chez la femme, lorsque les algoménor-
vésico-utéro-annexiel est entouré d’un rhées ne préexistaient pas, l’on peut sur-
riche plexus veineux. Pour la vessie, le tout penser à :
plexus veineux de Santorini joue un rôle – une infection génitale ;
important dans la continence. – de l’endométriose ;
De nombreuses femmes ont des varico- – une malposition cervico-utérine ;
sités pelviennes entraînant des problèmes
– une tumeur bénigne ou maligne.
du petit bassin et des membres inférieurs.
Pour avoir un effet sur le système vei- Chez la jeune fille, les douleurs pré-
neux, on va des deux mains étirer, comme menstruelles sont souvent imputables
nous l’avons vu, le bloc vésico-utérin vers à un spasme des fibres musculaires de
le haut, mais aussi le repousser vers le l’utérus, dû à une hyperstimulation hor-
bas, et ce plusieurs fois. Ce mouvement monale. Il ne faut pas non plus oublier
céphalocaudal est bénéfique pour la cir- les chutes sur le sacrum ou sur le coccyx.
culation artérioveineuse et lymphatique.
Nous conseillons aux patientes de se Aménorrhées secondaires
mettre les pieds au mur avec un gros Si une aménorrhée survient chez une
coussin sous les fesses, en leur deman- patiente qui a toujours été bien réglée, il
dant de ramener les tissus mous du bas- faut avant tout penser à une grossesse.
sin en direction céphalique en partant Dans ce cas, les techniques vasculaires
de la symphyse pubienne. La techni- sont une contre-indication. En période de
que est efficace lorsqu’elle est réalisée nidation, cette région a besoin de « tran-
2 à 3 minutes, une fois par jour. Cette quillité ». Imaginez que cette femme fasse
manœuvre implique aussi fortement l’in- une fausse couche dans les jours suivant
testin grêle qui joue un rôle considérable votre intervention : votre responsabi-
dans la mécanique viscérale pelvienne. lité pourrait être engagée. Même si, avec
notre longue expérience, ce n’est jamais
Précautions et contre- arrivé, il faut appliquer le principe de
indications précaution.
Les autres causes possibles d’aménor-
Les femmes ont l’habitude de consul- rhée secondaire sont les suivantes :
ter régulièrement leur médecin ou leur – ménopause ;
gynécologue. Elles viennent souvent – amaigrissement rapide ;
chez nous pour des douleurs pelviennes
– obésité ;
ou pour une infertilité. Malgré ces visi-
tes régulières, il faut rester vigilant et ne – troubles endocriniens ;
jamais hésiter à leur conseiller de consul- – tumeur ovarienne ;
ter à nouveau un médecin. – problèmes psychoémotionnels.
Vaisseaux utérins 375

Hémorragies Quand la douleur se situe dans tout


le petit bassin et qu’elle se prolonge au
Tant qu’elles ne sont pas clairement dia- début des règles, on peut penser à des
gnostiquées ni expliquées, les hémorra- troubles neurovégétatifs. Ces derniers
gies sont une contre-indication formelle sont difficiles à solutionner ; ces femmes
aux manœuvres. ont souvent aussi des maux de tête, une
Après l’étiologie gravidique, les quelques sensibilité hépatobiliaire, des allergies,
autres causes possibles sont les suivantes : des crises d’herpès et d’eczéma.
– fibrome ; L’endométriose donne plus fréquem-
– endométriose ; ment des douleurs pendant la période
– polypes utérins ; des règles ; on parle alors de douleurs
intermenstruelles. On retrouve aussi des
– cancer du col ;
ligaments utérosacrés très sensibles et
– insuffisance hormonale. fibrosés, fixant le sacrum. La plupart du
Les contre-indications sont donc sur- temps, c’est le ligament utérosacré gauche
tout les suivantes : qui est le plus sensible et le plus fibreux.
– grosseur pelvienne non diagnostiquée ;
– douleur aiguë à la palpation pelvienne ; Chez l’homme
– aménorrhée subite ; Rappelons aussi les symptômes courants de
– présence ganglionnaire inguinale avec la prostate :
œdème des membres inférieurs. – dysurie (lenteur de l’écoulement avec
diminution du volume du jet urinaire) ;
– retard à la miction ;
Indications – pollakiurie nocturne ;
– mictions impérieuses ;
Les indications des manipulations des – polyurie.
vaisseaux utérins sont les suivantes :
– syndrome prémenstruel ;
Les contre-indications des manipula-
– algoménorrhée ; tions sont les suivantes :
– varicosités pelviennes ; – écoulements urétraux ;
– déficit veineux des membres inférieurs ; – hématurie ;
– infertilité ; – hémospermie ;
– lombalgie ; – grosseur pelvienne à la palpation.
– sciatalgie (souvent plus marquée à
gauche) ;
– cruralgie. Affections veineuses
courantes
Syndrome prémenstruel
Les affections veineuses sont très fré-
On attribue de nombreuses causes au quentes et concernent plus les femmes.
syndrome prémenstruel ; il s’agit souvent Les grossesses, les accouchements et les
de troubles fonctionnels banals dû à des influences hormonales sur la circulation
modifications hormonales rapides. en sont les principales causes.
376 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Nous avons noté que, souvent, les • pouls rapide ;


varices des membres inférieurs sont • frissons ;
accompagnées de varicosités pelviennes • température ;
concomitantes. Les varicosités pelvien-
• fourmillements et crampes dans le
nes ne sont pas une contre-indication à
mollet ;
nos manipulations, bien au contraire.
Il faut cependant être très attentif chez • œdème des membres inférieurs ;
des patients qui ont eu des thromboses • douleur de type cruralgique ;
veineuses superficielles (périphlébites) • altération de l’état général.
et des thromboses veineuses profondes Le principal risque est celui d’un
(phlébites) dont sont données ci-après infarctus pulmonaire (embolie pulmo-
quelques caractéristiques. naire). Plusieurs patients sont venus nous
– Périphlébites : consulter pour des douleurs thoraciques
• veine chaude, douloureuse, saillante et soi-disant d’origine mécanique, alors
indurée ; qu’il s’agissait de formes frustes d’infarc-
• léger œdème périveineux ; tus pulmonaire. Ces patients présentaient
une douleur thoracique qui les angois-
• induration périveineuse ;
sait, une dyspnée de repos. Méfions-nous
• légère température. de ce type de douleurs, surtout dans les
– Phlébites. Les signes sont beaucoup plus suites d’intervention chirurgicale.
marqués :
Chapitre 33

Vaisseaux ovariens
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Vaisseaux ovariens 379

Chapitre 33

Vaisseaux ovariens
Rappels anatomiques Technique
Placez un pouce sur l’aorte abdominale,
Les ovaires sont surtout irrigués par :
légèrement au-dessus de l’ombilic, pour
– l’artère ovarienne issue de l’aorte abdo- vous servir de contre-appui.
minale ; L’autre pouce se positionne au niveau
– le rameau ovarien de l’artère utérine du croisement de l’uretère avec l’artère ilia-
(figure 33.1). que commune, au niveau du promontoire
Il est un fait important : la veine ova- sacré. C’est proche de la ligne joignant les
rienne gauche se jette directement dans deux épines iliaques antérosupérieures.
la veine rénale gauche, ce qui n’est pas le Dirigez doucement le pouce en profondeur ;
cas pour la veine ovarienne droite. Il est on sent nettement la consistance dure
indispensable, dans les manipulations de l’uretère. Étirez le pouce en direction
vasculaires de l’ovaire gauche, d’impli- caudale et médiale, et exécutez quelques
quer le rein gauche. manœuvres de glissé-induction transver-
Après l’aorte et l’artère rénale, l’artère sales. Pour le système veineux et lympha-
ovarienne suit la direction du psoas, obli- tique, étirez le pouce ensuite en direction
que latéralement et caudalement. Elle céphalique et légèrement latérale.
croise l’uretère une première fois très légè-
N.B. : C’est une manœuvre à destinée
rement au-dessus de la division de l’aorte
non seulement vasculaire mais aussi uré-
abdominale en artères iliaques communes
térale. C’est souvent à cet endroit que les
et ensuite devant le promontoire sacré.
calculs restent bloqués. Toute douleur
précise et aiguë doit vous obliger à modé-
rer la force de votre appui, voire à stopper
Approche manuelle la manipulation si la douleur persiste. À
noter aussi que cette technique implique
Manipulation de l’artère l’artère mésentérique inférieure.
ovarienne
Position Rameau ovarien de l’artère
utérine
La patiente est en décubitus, jambes allon-
gées, mains croisées sur la poitrine ; vous La technique de l’artère utérine est
vous placez latéralement (figure 33.2). indiquée au chapitre 32. Quand vous

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Manipulations vasculaires viscérales
380 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Veine cave
inférieure
Rein gauche
Rein droit
Artère rénale
Artère
mésentérique
Veine rénale
supérieure

Artère
Aorte abdominale mésentérique
inférieure

Uretère Artère et veine


ovariennes

Artère iliaque
commune

Artère et veine
iliaques internes
Artère et veines
iliaques externes

Ovaire

Trompe utérine
Utérus (récliné)

Fig. 33.1. Les vaisseaux ovariens.

Fig. 33.2. Manipulation de l’artère ovarienne.


Vaisseaux ovariens 381

étirez l’utérus et la vessie en direction les veines suprarénale, spermatique et


céphalique, en fin de mouvement, ovarienne gauches. C’est une donnée
vous allez en direction latérale et vous anatomique fondamentale pour toutes
revenez. C’est surtout une action de les techniques du système urogénital.
déplissage qui est recherchée. Le sys- Le rein gauche, sur le plan veineux,
tème vasculaire ovarien est très sinueux marche de pair avec le système génital,
pour permettre à l’ovaire sa mobilité alors que la veine spermatique ou ova-
exceptionnelle. rienne droite se jette dans la veine cave
inférieure.
Il est difficile d’envisager une manipu-
Veines rénale et ovarienne lation génitale sans s’intéresser au rein
gauches gauche et inversement.
La veine rénale gauche est plus longue
et incurvée que la droite. Elle reçoit
Chapitre 34

Artère pudendale
interne
Rappels anatomiques

Approche manuelle

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Manipulations vasculaires viscérales
Artère pudendale interne 385

Chapitre 34

Artère pudendale
interne
Rappels anatomiques a des conséquences délétères sur le sys-
tème vasculonerveux pudendal.
À l’origine, l’artère pudendale interne
(figure 34.1) est en avant du muscle piri- Collatérales
forme et du plexus sacré.
Elle sort du bassin par la partie caudale Beaucoup d’artérioles rejoignant le rec-
du foramen ischiatique majeur, sous le tum, la prostate et la vessie sont issues
piriforme. de l’artère pudendale interne ; on trouve
Elle contourne la face latérale de l’épine aussi :
sciatique et vient dans le périnée par la – l’artère rectale inférieure ;
foramen ischiatique mineur. – les artères périnéales superficielles et
Elle accompagne le muscle obturateur profondes.
interne, en étant plaquée entre lui et
son aponévrose, pour se fixer sur la face Terminales
médiale de l’ischion.
Les terminales de l’artère pudendale interne
Enfin, elle se dirige en avant vers les
sont :
organes génitaux.
Elle peut servir de repère pour aborder – l’artère du bulbe vestibulaire ou du
le nerf pudendal, quand ce dernier est bulbe pénien ;
grêle et difficilement palpable. – l’artère profonde du clitoris ou du pénis ;
– l’artère dorsale du clitoris ou du bulbe
Canal d’Alcock pénien.

Ceux qui soignent des patients pour des


névralgies du nerf pudendal connaissent Approche manuelle
bien le canal d’Alcock (ancien canal hon-
teux) (figure 34.2). Indications
Il est formé par l’aponévrose du mus-
cle obturateur interne. Il contient les
Névralgies du nerf pudendal
nerfs et les vaisseaux pudendaux. Toute Extrêmement douloureuses, les névralgies
fibrose ou adhérence de cette aponévrose du nerf pudendal sont insupportables.

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Manipulations vasculaires viscérales
386 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Artère iliaque
interne Artère
pudendale
Muscle piriforme interne
Ligament
inguinal Muscle
iliococcygien
Muscle obturateur Ligament
interne sacrospinal

Nerf pudendal
Muscle élévateur Artère rectale
de l’anus inférieure

Ligament sacrotubéral

D‘après Gray

Fig. 34.1. Artère pudendale interne.

Leur étiologie est peu connue. Comme – les accouchements à la ventouse et au


nous voyons de nombreux patients pour forceps, effectuées sans respecter les pha-
ce type de névralgie, nous avons pu déter- ses de contraction ;
miner quelques facteurs causaux : – les anesthésies péridurales ;
– les chutes sur le coccyx : les coccygody- – les suites de fractures du bassin et du
nies chroniques sont la plupart du temps membre inférieur ;
dues au nerf pudendal ; elles s’installent – les suites de chirurgie urogénitale.
longtemps après la chute ;
– les suites d’épisiotomie où certaines Au niveau vasculaire
branches du nerf ont été touchées ; L’artère pudendale accompagne le nerf
– les dystocies ; pudendal et, par son battement, peut ser-
Artère pudendale interne 387

Artère iliaque Artère iliaque


commune interne
Veine iliaque Artère
commune iliolombaire
Artère
sacrale latérale
Artère iliaque
externe Artère glutéale
supérieure
Veine iliaque
externe Muscle
piriforme
Artère obturatrice
Artère glutéale
inférieure

Muscle
Muscle obturateur iliococcygien
Ligament sacrotubéral
Symphyse pubienne

Artère pudendale interne

Canal pudendal

Fig. 34.2. Canal d’Alcock.

vir de repère pour localiser ce dernier. Sa De toute manière, lorsqu’il existe un


manipulation peut améliorer la vascula- problème urogénital, on ne peut se can-
risation génitale dans son ensemble. tonner à un point précis. Ce sont toute
la sphère urogénitale et les reins qui sont
Effets de la manipulation concernés, sans pour autant oublier les
– Chez la femme. L’artère pudendale donne fixations ostéoarticulaires lombo-sacro-
de nombreuses branches irriguant le clito- coccygiennes.
ris, les grandes lèvres, le rectum et le périnée
en général ; c’est donc toute la sphère géni- Manipulation de l’artère
tale qui va bénéficier de ce traitement.
pudendale interne
– Chez l’homme. Le périnée, le scrotum,
le rectum, le muscle bulbospongieux, la Cette artère a un grand intérêt par elle-
prostate, les corps spongieux et caver- même ; de plus, elle permet de repérer le
neux du pénis peuvent voir leur circula- nerf pudendal, facteur de névralgie into-
tion améliorée par cette technique. lérable au niveau du canal d’Alcock.
388 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Vestibule du vagin

Muscle
ischiocaverneux
Fascia périnéal Centre tendineux
superficiel du périnée

Artère périnéale Muscle transverse


superficiel du
Nerf périnéal périnée
Artère et veine
Fascia pudendales
obturateur internes

Canal pudendal Nerf pudendal


(canal d’Alcock) Nerf rectal
inférieur
Artère rectale
inférieure Muscle élévateur
de l’anus
Fascia inférieur
du diaphragme Muscle sphincter
pelvien externe de l’anus
Anus
Ligament anococcygien

Fig. 34.3. Repères pour la manipulation de l’artère pudendale interne.

Position Technique
Le patient est en décubitus, les mains Posez vos doigts contre la partie médiale
sur le thorax, la jambe du côté à traiter de la tubérosité ischiatique. Faites-les
fléchie et légèrement écartée. Face au glisser le long de la branche ischiatique
patient, vous vous placez latéralement en direction de la branche inférieure du
du côté de l’artère à traiter (figures 34.3 pubis, jusqu’à l’attache du muscle trans-
et 34.4). verse superficiel du périnée.
Artère pudendale interne 389

Vos doigts doivent rester au contact de


la branche inférieure du pubis. Vous sen-
tez l’artère pudendale quand vous avez
quitté la tubérosité ischiatique et que
vous vous dirigez vers le pubis. Vous êtes
environ à mi-distance entre la crête du
pubis et la tubérosité ischiatique.
L’artère pudendale est accompagnée de
sa veine et du nerf pudendal. Exécutez une
série de glissé-induction le long de l’artère.
Cette dernière, grâce à son système ner-
veux intrinsèque, va donner une stimu-
lation centrale. Cette technique implique
aussi le nerf pudendal.
Par ailleurs, le paquet vasculonerveux
pudendal est entouré du fascia du muscle
obturateur interne et toute fibrose de ce
fascia le comprime. Quand vous sentez
que les tissus mous sur la branche infé-
rieure du pubis sont irréguliers et fibro-
sés, libérez-les d’abord avant d’effectuer
des glissé-induction sur le système vas-
culaire et nerveux. N’employez que des
manœuvres douces : le nerf pudendal
Fig. 34.4. Manipulation de l’artère interne est très sensible et possède une
pudendale interne. mémoire nociceptive hors norme !
Chapitre 35

Canal inguinal
Rappels anatomiques

Manipulation inguinale

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Manipulations vasculaires viscérales
Canal inguinal 393

Chapitre 35

Canal inguinal
Rappels anatomiques fémorale qui va ensuite dans le hiatus
saphène.
Nous avons étudié le canal inguinal Dans le pli de l’aine, au-dessus de l’an-
(figure 35.1) pour les manipulations des neau inguinal superficiel apparaît le rameau
nerfs périphériques (Barral et Croibier, cutané antérieur du nerf iliohypogastrique.
2004). Il contient les nerfs iliohypogas- Caudalement et latéralement se trouve le
trique, ilio-inguinal et génitofémoral. nerf ilio-inguinal qui rejoint le ligament
Superficiellement, on trouve l’artère rond de l’utérus ou le cordon spermati-
pudendale externe, branche de l’artère que accompagné d’une petite artère.

Muscle oblique
Ligament externe
inguinal

Nerf
Artère épigastrique ilio-hypogastrique
superficielle

Artère circonflexe Anneau inguinal


iliaque superficielle profond
Anneau inguinal
Artère superficiel
pudendale
externe Cordon
superficielle spermatique

Artère fémorale

Nerf ilio-inguinal
Rameau
génital du nerf
génitofémoral

Fig. 35.1. Canal inguinal.

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Manipulations vasculaires viscérales
394 Pratique des manipulations vasculaires viscérales

Fig. 35.2. Manipulation inguinale.

N.B. : Autant il est facile chez l’homme va ramener le plan cutané et les mus-
de faire pénétrer un doigt dans le canal cles oblique externe, oblique interne et
inguinal, autant cela est presque impossi- transverse de l’abdomen contre le pouce
ble chez la femme. On réserve plutôt ces intracanalaire.
techniques à l’homme. Il semble qu’on Avec l’habitude, grâce à leurs pulsa-
agisse plus sur le système nerveux intra- tions, on peut différencier l’artère testi-
inguinal que sur le système vasculaire. culaire, issue directement de l’aorte, et
l’artère du ligament rond des nerfs qui
les accompagnent.
Manipulation inguinale La manœuvre consiste en glissé-induc-
tion et en petits étirements céphalocau-
Position daux exécutés avec le pouce.

Le patient est en décubitus, la jambe du Précautions et contre-indications


côté du canal inguinal à traiter allongée,
l’autre fléchie. Vous vous placez latérale- Les précautions et contre-indications sont
ment, face à lui (figure 35.2). les suivantes :
– urines colorées et troubles ;
Technique – pesanteur douloureuse pelvienne cou-
plée à des brûlures urinaires ;
Placez un pouce juste à côté de l’épine du
pubis et dirigez-le latéralement et cépha- – douleur pelvienne irradiant vers les fos-
liquement pour l’enfoncer dans le canal ses lombaires ;
inguinal. Pendant ce temps, la main libre – présence de ganglions inguinaux.
Conclusion
Nous insistons sur le fait que nous som- En tant qu’ostéopathe, être spécialisé
mes avant tout des thérapeutes, des hom- est un non-sens. Dans toutes les techni-
mes de terrain. ques d’écoute, c’est le corps qui exprime
Il peut exister des milliers de techniques ses tensions et, bien sûr, lui n’est pas
nouvelles à appliquer sur un organisme. du tout spécialisé ! Tous les tissus sont
Même s’il faut les maîtriser, il faut avant dignes d’intérêt ; à nous de savoir les
tout « avoir l’âme », c’est-à-dire le concept comprendre et les aider.
et la philosophie ostéopathiques. L’ostéopathie est une discipline de
La main donne des informations à la tête généralistes qui a pour fondement l’ana-
et cette dernière renvoie des informations tomie. Sa devise pourrait être : des mains
à la main. De la technique, nous passons au service de l’anatomie. Essayons de gar-
alors à l’art, c’est là toute la différence. der cet esprit.
Lexique
Adrénaline Hormone sécrétée par les Anisotension Différence de tension
surrénales, elle stimule le système sym- systolique entre les deux bras due à une
pathique, accélère le cœur, élève la pres- compression osseuse ou musculaire ; dans
sion artérielle, contracte les artères (sauf le défilé thoracique, à un problème cervi-
les coronaires et les artères musculaires). cal ou brachial ou viscéral.
Elle donne une mydriase et diminue la Appareil juxtaglomérulaire Amas
motricité digestive et bronchique. Elle de cellules différenciées de la paroi
augmente la glycémie. vasculaire rénale, situées au point de
Adventice Membrane externe d’un contact de l’artériole afférente et du tube
vaisseau formée de tissus conjonctifs et contourné distal du tubule rénal, dans sa
de cellules musculaires lisses. partie jouxtant le glomérule.
Anévrisme Cavité formée par la dilata- Athérome Dépôt lipidique qui se forme
tion des parois d’une artère contenant du sur la paroi interne des artères pouvant
sang. Le risque majeur est la fissuration créer une calcification ou une ulcération.
et la rupture. On parle d’anévrisme dissé- Athérosclérose C’est une sclérose arté-
quant quand celui-ci se développe dans rielle due à l’action du LDL cholestérol
l’épaisseur de la paroi artérielle en créant sur l’intima qui se propage ensuite vers
une déchirure de l’intima. la média. On assiste à une prolifération,
Angiogenèse Formation de nouveaux un épaississement et une calcification
vaisseaux. des fibres élastiques. On la trouve sur-
Angiotensine Ce polypeptide, après tout dans les grosses et moyennes artères
transformation, provoque une vasocons- (aorte, artères des membres, coronaires,
triction intense des artérioles périphéri- etc.).
ques (surtout au niveau splanchnique) et Bradycardie Ralentissement de la fré-
une hypertension artérielle. quence cardiaque.
Angor Vient du grec (« j’étrangle »). C’est Bradykinine Polypeptide formé dans
un syndrome qui associe des douleurs le plasma provoquant la contraction des
constrictives violentes dans la région muscles lisses, une augmentation de la
précordiale, pouvant irradier dans le bras perméabilité capillaire et une baisse de la
gauche et les mâchoires. Le patient se sent pression artérielle.
angoissé avec l’impression qu’il va mou- Canal d’Alcock Canal contenant les
rir. Ce syndrome est provoqué par une vaisseaux pudendaux (anciens honteux
activité physique, la marche, les efforts. internes) formé par l’aponévrose du
398 Manipulations vasculaires viscérales

muscle obturateur interne. Il est situé le Glomus carotidien Ganglion nerveux


long de la branche inférieure du pubis. Il de petite taille situé dans la bifurcation
est palpable par voie externe. carotidienne contenant des chémorécep-
Catécholamines Ensemble des amines teurs analysant le niveau d’O2 et de CO2
vasopressives sympathicomimétiques. du sang.
Ce sont l’adrénaline, la noradrénaline Glomus coccygien Amas de cellules
et leur précurseur, la dopamine, et des nerveuses ayant une fonction de glande
métabolites dérivés. Elles sont produi- endocrine, sécrétant de l’adrénaline. Il
tes par la médullosurrénale et d’autres est situé contre la face antérieure du coc-
éléments chromaffines trouvés dans les cyx, proche de son extrémité caudale sur
ganglions coccygiens et carotidiens, les l’anse nerveuse qui unit les deux cordons
nerfs sympathiques et les organes conte- intermédiaires de la chaîne sympathique
nant des catécholamines. pelvienne. Il est connu aussi sous le nom
Cercle artériel de Willis Anastomose de ganglion impair. Il devait jouer un
circulaire à la base du cerveau constituée rôle important à l’origine de l’homme.
par l’artère carotide interne, les artères Hagen-Poiseuille (loi de) La résis-
cérébrales antérieure et postérieure et les tance d’un tube dépend de la longueur
artères communicantes postérieure et de ce tube et de la viscosité du liquide qui
antérieure. le parcourt.
Circulation générale Circulation dite Histamine Substance que l’on trouve
« systémique » allant dans tout l’orga- dans presque tous les tissus sous forme
nisme sauf les poumons. inactive. Elle provoque : la sécrétion du
Dopamine Médiateur chimique dont suc gastrique, la contraction des fibres
la synthèse est faite dans certains grou- lisses et des artérielles, la dilatation des
pes de neurones. Elle est vasodilatatrice capillaires, et l’augmentation de la per-
pour les reins, l’intestin et les coronaires méabilité vasculaire. Elle joue un rôle de
et augmente la force de contraction du médiateur chimique dans les réactions
cœur sans modification de son rythme. d’hypersensibilité immédiate (allergie,
Écoute tissulaire manuelle Diagnostic asthme et choc anaphylactique).
manuel qui consiste à laisser se diriger pas- Hypotension orthostatique Baisse
sivement la paume de la main vers une passagère de la pression artérielle quand
zone fixée. C’est un diagnostic et non un une personne passe de la position cou-
traitement. chée à la position debout. La vagotonie
Embole Obstacle à l’intérieur d’un vais- peut en être la cause.
seau (caillot sanguin, graisse, bulle d’air, Hypotension de déclive Baisse passa-
amas de bactéries, etc.) provoquant une gère de la pression artérielle en passant de
embolie. la position verticale à la position allon-
Endothélium Très mince membrane gée. Parmi les nombreuses causes, une
qui constitue l’intima des vaisseaux et du hypocirculation cérébelleuse due à un
cœur. Elle sécrète différentes substances problème des artères vertébrobasilaires
vasoactives et des stimulants de l’angio- peut en être à l’origine. Il est intéressant
genèse par exemple. de noter que cette hypocirculation céré-
Lexique 399

belleuse n’a pas lieu lorsque le patient se rieure. Nous pensons qu’il exerce aussi un
couche à plat ventre. rôle d’orientation de la jonction duodé-
Indice de pression systolique C’est nojéjunale pour en favoriser le transit.
le rapport de la pression artérielle systoli- Mydriase Dilatation anormale de la
que entre les membres supérieurs et infé- pupille.
rieurs (humérale – pédieuse ou tibiale). Il Myosis Rétrécissement anormal de la
doit être de 0,90. Sa diminution signe une pupille.
artériopathie des membres inférieurs, une Nervi vasorum Ce sont les fibres nerveu-
oblitération artérielle ou un problème ses végétatives qui innervent les artères.
lombosacré (canal lombaire étroit, par
PAN (peptide atrial natriurétique)
exemple).
Appelée aussi cardiodilatine, cette hormone
Induction manuelle Traitement qui est produite par les fibres du myocarde. Elle
consiste à traiter les tissus dans la direc- permet de contrôler le degré de contraction
tion de l’écoute en augmentant active- des parois vasculaires et les échanges de
ment sa force et son amplitude. sodium et d’eau dans les reins.
Infarctus du myocarde Nécrose d’une Petite circulation C’est la circulation
partie du muscle cardiaque à la suite sanguine pulmonaire.
d’une thrombose coronarienne.
Pouls C’est la propagation de l’onde de
Inosculation Anastomose directe de choc sur les artères, générée par l’impact
deux vaisseaux de même calibre, ou rac- sur l’aorte ascendante du sang éjecté par
cordement de deux vaisseaux de même le ventricule gauche. C’est un phéno-
diamètre en chirurgie. mène vibratoire et non fluidique. L’onde
Intima Tunique interne d’une artère ou pulsatile est plus rapide que la vitesse du
d’une veine, elle permet un glissement sang.
sans frottement du sang et des échanges Rénine Enzyme produite par le rein qui,
de gaz, de liquides et d’oxygène. après diverses transformations, donne une
Kallicréine Enzyme polypeptidique pré- puissante vasoconstriction et, par consé-
sente surtout dans le plasma, les glandes quent, une hypertension.
salivaires et sudoripares, le plasma, l’urine Sérotonine Substance synthétisée dans le
et le pancréas sous forme inactive. Elle tissu cérébral et le tube digestif. Transportée
provoque une hypotension. par les plaquettes sanguines, elle est vaso-
Média Tunique moyenne des artères constrictrice et stimule le péristaltisme
composée de cellules musculaires lisses intestinal. Elle a aussi une action dans les
et de fibres élastiques réactions d’hypersensibilité réactionnelle
Muscle de Treitz (muscle suspen- immédiate. Formation vasculonerveuse
seur du duodénum) Muscle constitué chémosensible située dans la fosse jugu-
de fibres lisses allant de l’angle duodéno- laire (dépression dans le rocher, en arrière
jéjunal aux piliers du diaphragme et à son du canal carotidien parcouru par la veine
orifice aortique. Il neutralise les tiraille- jugulaire).
ments de l’angle duodénojéjunal sur les Sinus carotidiens Petites dilatations
vaisseaux et les nerfs qui l’entourent, des artères carotides, juste au-dessus de la
notamment l’artère mésentérique supé- bifurcation de l’artère carotide commune.
400 Manipulations vasculaires viscérales

Elles contiennent des barorécepteurs dont Test d’Adson-Wright Il consiste à


les fibres sensitives viennent des nerfs apprécier le pouls radial pendant un
glossopharyngien et vague. mouvement d’abduction et de rotation
Sous-clavière voleuse (syndrome de externe de l’épaule (bras et avant-bras en
la) Existe chez un patient dont l’artère position de chandelier). Il est dit positif
subclavière ou le tronc brachiocépha- quand le pouls radial diminue ou s’abo-
lique est comprimé par une sténose ou lit. Ce peut être dû à un cal osseux clavi-
une thrombose, souvent d’origine athé- culaire ou costal, une côte surnuméraire,
romateuse. Il peut s’agir aussi d’obstacles une apophysomégalie, une mauvaise
mécaniques comme un cal osseux, une insertion du muscle scalène antérieur, une
malobliquité claviculaire, une méga- fibrose des ligaments pleurocervicaux, ou
transverse. En avant de la compression, une atteinte de l’apex pulmonaire.
l’artère subclavière reçoit du sang à Thrill Terme anglais qui signifie frémis-
contre-courant provenant de l’artère ver- sement. C’est une vibration que l’on res-
tébrale opposée, du tronc basilaire et du sent sur l’artère due à un rétrécissement
cercle artériel de Willis. On assiste à une artériel ou bien à un obstacle intra- ou
diminution de l’irrigation cérébelleuse périartériel.
quand le patient reste les bras en l’air, la Thrombose coronarienne Formation
tête en arrière. C’est l’insuffisance ver- d’un thrombus dans une artère coronaire
tébrobasilaire pouvant même entraîner pouvant entraîner une ischémie et un
une chute. infarctus du myocarde.
Splanchnique Qui concerne les viscères. Thrombus Caillot de sang formé dans un
Stéatose hépatique Surcharge en tri- vaisseau ou dans le cœur. Il est constitué
glycérides du foie ; c’est le « foie gras ». de plaquettes et de leucocytes agglutinés.
Tachycardie Accélération de la fré- Tractus Ensemble de canaux et de vis-
quence cardiaque. cères appartenant à un même système
Tension artérielle maximale (ou anatomophysiologique.
systolique) Elle indique la valeur de la Triglycérides Variétés de lipides exis-
pression dans les artères pendant la systole tant dans les tissus adipeux et le sérum
(la normale est de 120 à 140 mmHg). sanguin. Ils sont synthétisés dans l’intes-
Tension artérielle minimale (ou tin grêle à partir des corps gras alimen-
diastolique) Pression qui existe dans taires digérés et dans le foie en partie du
les artères entre deux contractions car- glucose.
diaques. Elle dépend de la vitesse d’écou- Vasa nervorum Ce sont les artères
lement du sang, donc de la résistance nourricières des nerfs.
périphérique totale. Windkessel (effet) L’élasticité des artè-
Tension artérielle On devrait dire plu- res permet leur distensibilité sous l’effet de
tôt « pression artérielle ». C’est la force la pression du sang contre les parois. Elles
élastique exercée par les parois artérielles emmagasinent cette énergie de pression
sur leur contenu sanguin. C’est donc une pendant la systole et la restituent pendant
résistance de la paroi des vaisseaux à la la diastole. Cette propriété permet une cir-
pression sanguine. culation à flux continu du sang.
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Index
A Agrégabilité plaquettaire, 89
Abolition des pouls, 95 Aire de la section transversale, 49
Accident vasculaire, 100 Albumine, 57
cérébral, 86, 87, 97, 249, 252 Alcalose, 79
hémorragique, 98 Alcool, 85, 87, 100, 110, 140
Accouchement, 375, 386 Aldostérone, 75, 100, 101
Acétylcholine, 21, 46, 335 Algoménorrhée, 374, 375
Acide lactique, 67 Allaitement, 181
Acides gras, 80 Allergie, 65, 174, 303, 332
Acidose, 67 Alphabloquants, 101
hypercapnique, 79 Alvéoles pulmonaires, 173
Acouphènes, 166, 224, 231 Amaigrissement, 174
céphalées, 211 rapide, 374
Acromégalie, 110 Aménorrhée, 181, 260, 374, 375
Action Amiboïsme, 32
vasoconstrictive, 67 Amortisseur, 54
vasorelaxante, 67 Anastomose, 17, 25, 78, 80, 122,
Activité 253, 308
physique, 69, 100 angulaire supratrochléaire, 220
sympathique, 68 Anémie, 33, 53
Adaptation de la fonction cardiaque, 17 Anesthésie péridurale, 386
Additifs alimentaires, 110 Anévrisme, 94, 95, 109, 112, 147, 165,
Adénopathies, 203, 265 203, 211, 296
Adénosine abdominal, 97, 98
diphosphate, 65 aortique, 147, 292, 367
monophosphate, 65 cérébral, 97
ADH (anti-diuretic hormone), 74 de la crosse de l’aorte, 112
Adiposité abdominale, 88, 89, 357 disséquant, 96
ADP, AMP, 67 sacculaire, 96
Adrénaline, 24, 46, 70–72, 79, 100 Angine, 108, 203
circulante, 76 de poitrine, 86, 94
Adrénoméduline, 24 Angiogenèse, 24, 26
Adventice, 22, 25, 67 Angiome, 98
Âge, 85 Angiotensine, 24, 74
Agents β-bloquants, 101 Angiotensinogène,
Agoraphobie, 90 74, 76

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Manipulations vasculaires viscérales
404 Manipulations vasculaires viscérales

Angle cardiovasculaire, 74
droit du côlon, 344 circulatoire, 5
duodénojénunal, 317, 337, 356 dentaire, 235, 236, 253
gauche du côlon, 344 juxtaglomérulaire du rein, 74
hépatique du côlon, 301, 331, 342 Appendice
splénique du côlon, 330, 325 gastrique gauche, 292, 299
sternal, 159 hépatique, 299
Angoisse, 144, 146, 284 splénique, 299
profonde, 109 xiphoïde, 289, 290, 292, 299, 309
Angor, 94 Arbre artériel, 40
stable, 95 Arcade
Anhydride carbonique, 32 sourcilière, 252
Anisotension, 113, 116, 358 zygomatique, 235, 241
Anneau inguinal superficiel, 393 Arc
Anomalies aortique, 53, 67, 140, 159, 163
congénitales, 96 cornéen, 110
valvulaires, 108 Asthme, 303
Anse Aréole, 182, 183
sigmoïdienne, 350 Arrêt cardiaque, 70
subclavière, 163 Artère(s), 6, 22, 37, 43, 69, 114, 123, 156,
Antiagrégants plaquettaires, 66 159, 173, 182–185, 187, 236, 237, 251,
Anticorps, 31 253, 260, 267, 279, 313, 326, 332,
Antidépresseurs, 350 345, 355, 356, 371, 379, 386, 389
Antidiurétiques, 74 alvéolaire inférieure, 235
Antihypertenseurs centraux, 101 angulaire, 217, 220, 250
Anti-inflammatoires, 350 auriculaire postérieure, 209, 223, 229
Anxiété, 17, 174 axillaire, 165, 186
Anxiolytiques, 350 brachiale, 166
Aorte, 5, 10, 17, 40, 43, 46, 49, 54, 58, capillaire, 5
103, 199, 292, 309, 313, 337, 363, carotide, 78, 211, 250, 270
365, 371 commune, 197, 203, 220, 241,
abdominale, 95, 320, 355, 379 269, 272
rameau ovarien de, 379 externe, 200, 209, 247, 250
thoracique, 97, 109, 173 interne, 200, 217, 220, 241, 247
Apnée, 79 primitive, 163
Aponévrose cérébrales, 74, 78, 247
cervicale, 165, 209 choroïdienne, 247
superficielle, 209 cœliaque, 80
clavi-coraco-axillaire, 187 colique, 338, 339
clavipectorale, 182 droite, 294, 337, 342
de l’obturateur interne, 371 gauche, 294
du muscle obturateur interne, 385 moyenne, 337
muscle petit pectoral, 187 comitants du nerf ichiatrique, 364
Apophyse conductrices, 24
clinoïde antérieure, 250 coronaire, 17, 20, 56, 70, 74, 79, 94, 95
coracoïde, 187 droite,139, 342
Appareil, 5, 235 gauche, 139
Index 405

créaticoduodénales jéjunale, 338


supéropostérieure, 325 lacrymale, 235
gauche, 338, 339 laryngée, 279
moyenne, 338, 339 supérieure, 272
cystique, 300 linguale, 209
de conduction, 54 mammaires médiales, 185
de distribution, 66 marginale du côlon
diaphragmatiques, 301 transverse, 344
distributrices, 24 maxillaire, 235, 236
dorsale du clitoris, 385 interne, 78
du bulbe pénien, 385 méningée moyenne, 235
du bulbe vestibulaire, 385 mentale, 236
du côlon transverse, 344 mésentérique, 56, 355
du ligament rond, 394 inférieure, 80, 292, 293, 339, 341,
du pénis, 385 345, 348
du sein, 183 supérieure, 80, 292, 313, 317, 337, 339,
duodénales, 357 341, 342, 345
dysfonctions thyroïdiennes, 276 motricité, 123
élastiques, 24, 54 moyenne, 235
en tuyau de pipe, 112 musculaire, 24, 55, 56
épigastrique, 186 obturatrice, 364
faciale, 209, 220, 223, 250 occipitale, 209, 223, 229
fémorale, 95, 393 ophtalmique, 78, 217, 250
frontales, 241 ovarienne, 371, 379
gastriques, 301 palpébrale supérieure, 241
droite, 307 pancréaticoduodénale, 300, 301, 317,
gauche, 292, 307, 311 331, 338
gastroduodénale, 307, 311, 317, 325 antéro-supérieure, 317
gastro-épiploïque, 307 inférieure, 317
gastro-omentales, 307 postéro-supérieure, 317, 331
droite, 299, 311 pancréatique, 326
gauche, 311 dorsale, 33, 326, 331
glutéale inférieure, 364 grande, 326
hépatique, 80, 299, 317, 319, 357 inférieure, 326
commune, 292, 307 périnéale, 385
propre, 300 pharyngienne, 209
hypogastrique, 363 profonde du clitoris, 385
iléocolique, 337, 342 pudendale, 386, 389
iliaque, 95 externe, 393
commune, 294, 363, 365, 367, 379 interne, 365, 385
externe, 186, 294, 363 pulmonaire, 6, 17, 43,
interne, 294, 363, 367 54, 173
primitive, 339 pylorique, 299
iliolombaire, 363 rectale
infraorbitaire, 235, 237 inférieure, 385
intercostales moyenne, 365
postérieures, 173 rectosigmoïdiennes, 339
406 Manipulations vasculaires viscérales

rénale, 54, 292, 332, 355, 379 Artériopathie, 114, 125


droite, 356, 357 oblitérante des membres inférieurs, 86
gauche, 356, 357 Artériosclérose, 17, 55, 87
sacrée sénile, 95
latérale, 363 Artérite inflammatoire, 102
moyenne, 363 Arthralgies, 102
scapulaire, 165 Articulation
sigmoïdienne, 339 costovertébrale, 134
postérieure, 165 sacro-iliaque, 294, 363
spinales, 269, 276 sternoclaviculaire, 163
splénique, 56, 292, 307, 325 temporomandibulaire, 241
stylomastoïdienne, 223, 229 Arythmie, 284
subclavière, 54, 114, 156, 159, 165, 184, cardiaque, 204
267, 269, 274 sinusale respiratoire, 22
droite, 163 Aschoff-Tawara, 12
gauche, 163 Asphyxie, 68
submentale, 235 Aspirine, 350
superficielle, 241, 385 Asthme, 174, 303, 332
supéroantérieure, 325 Athérome, 17, 55, 56, 93, 96
supraorbitaire, 241, 251 Athérosclérose, 85, 87, 88, 93, 96, 103, 181
supratrochléaire, 217, 250, 251, 253 Athérothrombose, 66
temporale, 102, 241 Athyréose, 265
testiculaire, 394 Atrium, 6, 10, 43, 70
thoracique, 182, 184 coronaire, 79
interne, 159, 165 droit, 5, 58, 60, 68, 79, 102, 139
latérale, 187 gauche, 103, 139
supérieure, 187 Atteintes déficitaires cérébrales, 204
thoracoacromiale, 187 Autacoïdes, 65
thyroïdienne Autorégulation, 64, 78, 79
inférieure, 156, 159, 185, 260, 267, centrale, 122
269, 270, 274 circulatoire cérébrale, 79
moyenne, 267 vasculaire, 64
supérieure, 267, 269, 272 Autorythmicité, 12
transversale, 241 Axe
transverse de mobilité, 121
de la face, 241, 242 vésiculaire, 301
du pancréas, 326
tympanique antérieure, 235 B
utérine, 365, 371, 379 Barorécepteurs, 69
vaginale, 365 aortiques, 67
vertébrale, 78, 165, 269, 276 artériels, 66
vésicale inférieure, 365 carotidiens, 67
zygomatico-orbitaire, 242 veineux, 68
Artérioles, 7, 24, 28, 37, 56, Baroréflexe, 76, 77
64, 66, 69 Barrière hémato-encéphalique, 79
cérébrales, 78 Béance hiatale, 108
pulmonaires, 177 Bêtabloquants, 101
Index 407

Biceps, 166 Cannon-Böhm, 345


Bifurcation Capacitance, 57, 58
aortique, 367 Capacité(s), 7
carotidienne, 94, 267, 281 antithrombogènes, 66
trachéale, 15 Capillaires, 7, 22, 26, 38, 49
Bilirubine, 32, 111 Capsulites, 166
Blanc de l’œil, 111 Cardiodilatine, 47
Blocpnée, 109 Cardiopathie, 103, 111
Bord latéral du sacrum, 294 congénitale, 112
Bouffées vasomotrices, 110 Cardiovasculaire, 5
Bourdonnement d’oreilles, 108 appareil, 5
Bradycardie, 41, 140, 260, 281 rôles, 5
réactionnelle, 281 Carence, 110
Bradykinine, 65 martiale, 325
Branches, 235, 241, 300 Carotide
frontales, 241 externe, 200
gastriques et omentales, 300 interne, 200
infraorbitaires, 235 Cartilage(s)
mentales, 235 carotide externe, 247
pariétales, 241 cricoïde, 257, 262
Bronche, 15, 146, 176 laryngés, 265
Bronchite chronique, 174 thyroïde, 199, 202, 209, 211, 247, 257,
Bronchopathie chronique, 111 263, 272, 273, 281
Bronchospasme, 146 Catécholamines, 46, 71, 72, 74, 124
Brûlures urinaires, 394 sanguines, 89
Cause toxique, 110
C Cavité, 10, 223
Cæcum, 342 mastoïdienne, 223
Café, 140 péricardique, 14
Caillot, 31, 99 Cécité, 86, 102
sanguin, 94, 97 Cellules
Caisse du tympan, 223 endocrines, 47
Calcémie, 260 endothéliales, 22
Calcitonine, 259 musculaires cardiaques, 103
examen clinique, 261 musculaires lisses, 22
Calcium sanguin, 259, 260 myocardiques, 45, 47
Calculs rénaux, 146 sanguines, 31
Calories, 65 tumorales, 26
Canal Centre
d’Alcock, 385, 387 cardiovasculaire, 69
honteux, 385 bulbaire, 68
inguinal, 393, 394 ganglionné de Perman, 20
semi-circulaire, 223 tendineux du diaphragme, 15
vertébral, 364 Céphalées, 97, 102, 204, 211, 236
Cancer, 110, 181, 265 occipitales, 109
du col, 375 Cerveau, 64, 78, 125, 126, 145, 165
du sein, 181 Cervelet, 165
408 Manipulations vasculaires viscérales

Cervicalgie, 203, 224 Clitoris, 387


trompeuse, 261 CO2 (dioxyde de carbone), 67
Chaîne sympathique, 281 Coagulation, 31
cervicale, 279 sanguine, 32
Chaleur, 65, 67, 68, 99 Cocaïne, 87
Champ électromagnétique, 122 Coccygodynies chroniques, 386
Champ visuel, 97 Coccyx, 374, 386
Charge, 45, 50, 51 Cœur, 5, 40, 53, 58, 66, 68, 69,
de travail, 89 70, 75, 86, 100, 136, 139, 173,
émotionnelle, 122 279, 335
hydraulique, 50 apex, 10
sanguine, 45 base, 10
totale, 50 droit, 6, 43
vasculaire, 50 gauche, 6, 43
Chémorécepteurs, 67, 281, 335 grand axe, 10
Chimiotactismes, 32 Coefficient d’extraction, 10
Chimiothérapie, 101, 181 Colère, 89
Chirurgie, 97, 181 Collagène, 96
cardiopulmonaire, 165 Côlon, 293, 338, 339
maxillofaciale, 236 ascendant, 342
urogénitale, 386 descendant, 348
Chlorure, 101 transverse, 331, 335, 344
Cholédoque, 299 Colonne
Cholestase, 111 cervicale, 279
hépatique chronique, 110 régulation, 279
Cholestérol, 66, 85, 88, 89, 93, 103, vertébrale, 327
110, 203, 211 Colopathies fonctionnelles, 350
Cholestérolémie, 103 Commande sympathique, 76
Cicatrisation, 26 Communication intercellulaire, 29
Cigarettes, 86 Compliance, 7, 38, 40, 54
Circulation Comportement
cérébrale, 78 hydrique, 267
collatérale, 17, 94 neuropsychique, 267
coronaire, 79 rhéofluidifiant, 51
cutanée, 65 Compression, 97, 124, 147
du sang, 47, 50 induction, 345
fonctionnelle, 9 médiastinale, 147
mixte, 9 Concentration, 90
nourricière, 9 Conduction, 21, 70
pulmonaire, 6 Connectivites
splanchnique, 80 Conduits lactifères, 182
systémique, 5 Condyle mandibulaire, 209, 241
veineuse, 58 Congestion, 102, 103
Claudication pelvienne, 367
des mâchoires, 102 veineuse pelvienne, 349
intermittente, 94 Consommation excessive
Clavicule, 139, 186 d’alcool, 90, 94
Index 409

Constipation, 350 D
Constriction, 56 Dacron®, 97
Contraceptifs, 203 Débit
oraux, 87 cardiaque, 7, 21, 38, 39, 43, 46,
Contractilité, 46, 69 47, 49, 56, 60, 63, 66,
cardiaque, 74 69, 74, 103
du myocarde, 45 coronaire, 79
ventriculaire, 69 sanguin, 6, 47, 56, 57, 66, 79, 80, 299
Contraction isovolumétrique, 43 cérébral, 78, 103
Contrôle vasculaire local, 63 rénal, 103
Convergence veineuse, 28 tissulaire, 7
Cordon spermatique, 393 total, 47
Coronaropathie, 143 total du foie, 80
Corps Décès, 86, 103
central fibreux d’origine coronarienne, 89
du cœur, 142 Déchets, 29
cétoniques, 80 Défaillance cardiaque chronique, 103
spongieux et caverneux droite, 102
du pénis, 387 gauche, 103
thyroïde, 257, 269, 270 Défense, 31, 74
Corpuscule, 67, 183 immunitaire, 335
aortique, 67 Déficience immunitaire, 332
lamelleux, 183 Déficit
Cortex, 68 moteur, 249
Corticoïdes, 87, 88, 102 veineux des membres
Corticosurrénale, 75 inférieurs, 375
Cortisol, 100 Défilé, 274
Côtes, 134, 189 des scalènes, 163
Coup thoracique, 114, 116, 163, 274
de frein vagal, 69 De His, 12
du lapin, 224, 231 Démarche ébrieuse, 211
Couplage, 24 Dépolarisation, 46
chimiomécanique, 24 Dépression, 51, 89
électromécanique, 24 Déséquilibre
Coxarthrose, 367 hormonal, 181
Crachats, 98 vagosympathique, 114
Crampe, 99 Diabète, 55, 85, 86, 93, 108
musculaire, 94 de type II, 89
Creux xiphoïdien, 292 Diagnostic thermique manuel, 318
Croissance, 259 Dialyse, 86
Crosse de l’aorte, 140 Diamètre
Cruralgie, 375 des vaisseaux sanguins, 69
Cyanose, 99 vasculaire, 66
des lèvres, 111 Diaphragme, 299
Cycle Diastasis des muscles grands droits, 357
cardiaque, 41, 42 Diastole, 17, 38, 42, 54, 79
menstruel, 181 ventriculaire, 38
410 Manipulations vasculaires viscérales

Digestion, 39 pariétale, 243


Dilatation, 51, 56, 112 Dysfonctions
des veines abdominales, 112 de l’ouïe, 224
gastrique, 145 gastriques, 313
Dioxyde de carbone, 5, 79 hépatopancréatiques, 313
Diploé, 223 oculaires, 204
frontal, 252 temporomandibulaires, 146
Diplopie, 97, 102 thyroïdiennes, 204
Dissipation d’énergie, 51 urogénitales, 367
Distensibilité, 38, 57 Dysphagie, 98, 109, 147, 174
Distension, 40, 112 Dysphonie, 147, 174
atriale, 77 Dysphonie (tumeur), 109
des troncs veineux, 112 médiastinale, 109
fusiforme, 96 Dyspnée, 103, 144, 174
veineuse, 99 de repos, 376
Distribution, 56 effort, 109
sanguine, 7 en décubitus, 109
Diurétiques, 101 Dysthyroïdie, 267
Dôme pleural, 163 Dystocies, 165, 386
Double appui, 135 Dysurie, 375
Douleur(s), 98, 99, 107, 109, 143,
147, 265, 374 E
abdomen, 98 Eau, 31, 47, 57, 74, 100
cervicale, 109 Éblouissement, 108
charnière cervicothoracique, 98 Écartement-induction, 342
charnière dorsolombaire, 98 Ecchymose, 190
des seins, 181 Échanges, 65
durée, 144 circulatoires, 56
faciale, 97 thermiques, 65
« gastriques », 317 Écoulement, 49, 52, 53
intensité, 144 du sang, 7, 28, 37, 49, 53, 56
intercostale, 143 intermédiaire, 53
ischémique, 94 laminaire, 53
mammaire, 124 nature, 51
mécanique, 109, 144 turbulent, 53
pelvienne, 374, 394 Écoute, 318
précordiales, 143 crânienne, 253
prémenstruelles, 374 Ecstasy, 87
rétrosternale, 147 Émotion, 101
siège, 144 Équilibre cardiovasculaire
thoracique, 95, 98, 107, 109, 111 systémique, 77
Drogues, 87 Ergotamine, 101
Drop-attack, 203, 211 Estomac, 292, 331
Duodénum, 299, 311, 317, État général, 102
319, 340, 356 Examen clinique., 107
Dure-mère, 29, 223, 235 Exercice physique, 74, 77
crânienne, 165 Eczéma, 303
Index 411

Effet Énergie, 50, 51, 54


bathmotrope, 20, 21 cinétique, 50, 51
négatif, 46 hydraulique, 51
positif, 46 potentielle, 50, 54
chronotrope, 20, 70 pression, 50
positif, 21, 46 totale, 51
dromotrope, 20 Énophtalmie, 98
négatif, 21, 46 Enrouement, 98
positif, 21, 46 Épicarde, 14
inotrope, 20, 72 Épine sciatique, 385
négatif, 21, 46 Épinéphrine, 46
positif, 21, 70, 75 Épisiotomie, 386
lusitrope Équilibre, 31, 32
actions, 20 acidobasique, 32
négatif, 46 hydroélectrolithique, 31
positif, 21, 46 neurovégétatif, 121
myogènes, 64 vagosympathique, 114
tonotrope, 20, 21, 46 Ergo-récepteurs, 68
négatif, 46 Éructation, 108, 145
positif, 21, 46 Érythème, 99
vasorelaxant, 70 transitoire de la face, 110
Venturi, 51 Érythrocytes, 31
windkessel, 54 durée de vie, 32
Effort, 10, 53, 252 Érythrose faciale, 110
physique, 89 Essoufflement, 108
Égalité de débit, 43 Estomac, 145, 299, 308, 344
Éjection systolique, 43, 53 cercle vasculaire, 307
Élastance, 40, 57 grande courbure, 307
Élasticité, 47, 54, 85, 95, 103 petite courbure, 309
Élastine, 24 Estradiol, 181
Embole, 95, 97 Estrogènes, 86, 99,
Embolie, 94, 97 123, 181
pulmonaire, 99, 376 État
Émonctoire, 29, 80 de choc, 97
Émotion, 10, 68 général, 376
forte, 74 Éternuement, 252
Émotivité, 260 Étirement(s)
Emphysème sous-cutané, 174 bidigital, 204
Encéphale, 100, 252 combinés, 124
vague, 335 induction, 124, 231
Endocarde, 11, 140 Éventail pluridigital, 273
Endocardite infectieuse, 112 Examen artériel, 112
Endométriose, 374, 375 Excès
Endothéline, 24, 67 de cholestérol, 85
Endothélium, 12, 24, 29, pondéral, 125
85, 96 Excitabilité, 46
vasculaire, 65, 66 myocardique, 21, 69
412 Manipulations vasculaires viscérales

Exercice physique, 17, 21, 89, 259 sympathiques, 20, 69


Expectoration, 174 postganglionnaires, 20
Expiration, 22 végétatives, 23
ventriculaires, 12
F Fibrine, 31
Face, 209 Fibrinogène, 31
Facteurs Fibroblastes, 65
d’activation plaquettaire, 65 Fibrome, 375
d’angiogenèse tumorale, 26 Fibromyalgie, 350
de risque cardiovasculaire, 85, 86, 88, 89, Fièvre, 174
97, 113, 114 Filet liquidien, 51
émotionnels, 89 Filtration, 57
prédisposants, 93 Fissure orbitaire, 250
psychoémotionnels, 146 Flaccidité du mollet, 99
vasoactifs, 24 Flou visuel, 102
vasorelaxants, 66 Flushes, 110
Faiblesse myocardique, 103 Flux sanguin, 42, 49, 51, 54, 67
Faisceau rénal, 64, 100
atrioventriculaire, 12 Foie, 26, 72, 80, 88, 103, 113,
de His, 139 292, 299, 307, 309,
Fascia, 182, 202, 223 311, 317, 319
cervical, 202 Fonction
nuchal, 223 cardiovasculaire, 71
pré- et postmammaires, 182 circulatoire, 63
sternocléidomastoïdien, 223 endocrine, 47, 80
Fatigue, 102, 332 rénale, 100
générale, 203 Fond vésiculaire, 319
léthargie, 260 Foramen
persistante, 90 épineux, 235
postprandiale, 332 infraorbitaire, 235, 236
Fébricule, 102 ischiatique
musculaire lisse, 23 majeur, 385
Fibres mineur, 385
auriculaires, 12 lacéré antérieur, 247
collagènes, 15 mental, 235, 236
conjonctives, 22 ophtalmique, 247
élastiques, 22, 54, 57 supraorbitaire, 236, 249
musculaires, 23, 69 Forceps, 386
lisses, 55 Fosse
myocardiques, 101 axillaire, 182
nerveuses, 279 ptérygopalatine, 235
orthosympathiques, 17 temporale, 244
cholinergiques, 69 Fourchette sternale, 262
noradrénergiques, 69 Fourmillements, 99
postganglionnaires Fractures du bassin, 386
orthosympathiques, 69 Fragilité vasculaire, 203, 249, 328
préganglionnaires, 70 maladies systémiques, 211
Index 413

Frein vagal, 21 salivaires, 65, 70


Fréquence cardiaque, 21, 43, 46, sudorales, 65
60, 69, 70, 72, 74, 77, 79, Glissé-induction, 124, 205, 299, 394
89, 103, 139 Globes oculaires, 140, 251
chronotrope, 63 Globules
de repos, 41 blancs, 32
intrinsèque, 21 rouges, 28, 47
Frissons, 376 Glomus carotidiens, 67, 279, 281
Frottements, 50, 51 Glucose, 79, 86
Glycogénolyse, 74
G hépatique, 71
Gaine Goitre, 261, 265
carotidienne, 258, 259 euthyroïdien, 265
viscérale, 259 multinodulaire, 266
Ganglion(s), 203, 235 Gonion, 209
aorticorénaux, 313 Gradient(s)
axillaire, 174 circulatoires, 49
cervical, 17, 163, 266, 271 de charge, 50
inférieur, 163, 271 pression, 58, 60, 64
moyen, 271 Graisse, 88, 93
cœliaques, 313 Grand
de Delphien, 265 omentum, 331, 344
de Wrisberg, 20 sympathique, 269
inguinaux, 394 Grande(s)
lymphatiques, 32 cavité péricardique, 14
mésentériques circulation, 5, 173
supérieurs, 313 lèvres, 387
rétroclaviculaire, 174 Granulocytes, 32
stellaire, 17, 183 Gravité, 58
supérieur, 271, 279 Greffe, 97
sympathique, 69–71 Grêle, 338
trigéminal, 235 Grossesse, 101, 112, 265, 374, 375
Gangrène, 95, 101 Gros vaisseaux, 69
Gate control, 124 Gynécologue, 374
Gaz carbonique, 65
Gazométrie artérielle, 111 H
Gêne Habitudes
scapulaire, 174 alimentaires, 108
thoracique, 145 toxiques, 108
Gérontoxon, 110 HDL, 181
Glabelle, 250 Hémangiomes, 98
Glande(s) Hématies, 31, 32, 51
aréolaires, 182 Hématocrite, 32
mammaires, 182 Hématome, 191
médullosurrénales, 46, 70 Hématose, 26
parathyroïdes, 257, 259 Hématurie, 375
thyroïde, 257 Hémiplégie, 204
414 Manipulations vasculaires viscérales

Hémochromatose, 110 Hyperlipidémie, 89


Hémodynamique, 56 Hyperpigmentation, 110
artérielle, 54 Hypersensibilité du scalp, 102
générale, 47 Hypersudation, 332
veineuse, 57 Hypertension, 110, 248
Hémoglobine, 32, 53 artérielle, 39, 46, 55, 56, 66, 85, 87,
Hémolyse, 111 89, 93, 95, 96, 99, 100, 103,
Hémorragie(s), 21, 29, 31, 94, 111–113, 203, 204, 284
96, 97, 375 essentielle, 87, 99, 100
cérébrale, 100, 249 primitive, 99
conjonctivale, 111 secondaire, 87, 99, 100
gastrique, 314 Hyperthyroïdie, 110, 260
gingivales, 111 Hypertonie, 357
Hémorroïdes, 349 Hypertrophie
Hémospermie, 375 diffuse de la thyroïde, 266
Hémostase, 29, 31, 111 ventriculaire gauche, 87, 100
Hépatite, 303 Hyperventilation
Hérédité, 85, 87 hypocapnique, 79
Hiatus saphène, 393 volontaire, 79
Hiérarchie circulatoire, 7 Hypoacousie, 166
High density lipoprotein [HDL], 88 Hypoglycémie, 259
Hile, 173 Hypophyse postérieure, 74
du rein, 358 Hyposystolie, 109
pulmonaire, 173 Hypotension, 68, 113
Hippocratisme digital, 112 artérielle, 74, 113
Histamine, 24, 65, 67, 124 Hypothalamus, 68, 74, 168
Homéostasie, 5, 63 Hypothyroïdie, 260
circulatoire, 63 Hypotonie des abdominaux, 357
régulation, 63 Hypoxie, 65, 67
Homéothermie, 31
Hormone(s), 47, 88, 121 I
antidiurétiques, 71 Iléon, 340
médullosurrénales, 71 Immunité cellulaire, 157
parathyroïdienne, 259, 260 Immunoglobulines A, 335
sexuelles, 88 Impacts à répétition, 101
thyroïdiennes, 259 Impédance de l’aorte, 45
Hydrates de carbone, 93 Incisure
Hypercapnie, 67 oblique du lobule de l’oreille, 111
Hyperglycémie, 189 supraorbitaire, 249
Hypoxie, 67 Index systolique, 113, 292
Hyperchlorhydrie, 313 Indice de masse corporelle, 88
Hypercholestérolémie, 88, 110 Inspiration, 22
Hyperhémie, 8 Insuffisance rénale, 100
Hyperémie, 66, 123 Intestin grêle, 317
fonctionnelle, 66 Intima, 93
mésentérique, 80 Induction, 135, 231, 273, 296
métabolique, 66 angulaire, 252
Index 415

Infarctus Ischion, 385


cérébral, 87, 94 Isolant électrique, 149
du myocarde, 17, 86, 87, 94, 100, 107 Isthme
pulmonaire, 376 de Stahel, 163
Infection génitale, 374 thyroïdien, 258, 262
Infertilité, 374, 375
Inflammation, 32, 327 J
Inhibiteurs Jéjunom, 340
calciques, 101 Jonction
de l’enzyme de conversion, 101 duodénojéjunale, 289, 293, 313,
Innervation 341, 345, 348, 357
extrinsèque, 17 œso-gastrique, 309
sympathique, 78 œsophago-cardio-tubérositaire, 289
Inspection, 109, 261 entérocæcale, 289, 346
Instabilité, 166, 203, 211, 249 gastro-œsophagienne, 341
Insuffisance, 98 iléocæcale, 342, 345
aortique, 112 rectosigmoïdienne, 348
cardiaque, 103, 109
coronarienne, 87, 103, 107, 150 K
globale, 103 Keith et Flack, 12
gauche, 100 Kyste thyroïdien, 261
hépatocellulaire, 112
hormonale, 375 L
mitrale, 103 Lactates, 80
rénale chronique, 86 Lait maternel, 335
tricuspidienne, 112, 113 Lame prétrachéale, 259
ventriculaire droite, 110 Larynx, 202
vertébrobasilaire, 211 LDL, 181
Insulinorésistance, 89 Lésions athéromateuses, 96
Interaction systémique, 29 Leucocytes, 32, 65
Intercostaux, 182 Leucotriènes, 65, 67
Intervention Lèvres, 111
cardiopulmonaire, 108 Ligament(s)
chirurgicale, 376 conoïde et trapézoïde, 189
Intestin, 29, 335 coracoclaviculaires, 189
grêle, 93, 260, 294, 331, 338, 374 coronaire, 300
Intima, 22, 28 de Cooper, 182
Intoxication de la tête fémorale, 364
alcoolique, 303 grüber, 258
alimentaire, 303 gastrocolique, 307, 344
Invalidité, 97 gastrosplénique, 307
Ions acides, 65 hépatoduodénal, 301
Irrigation inguinal, 58
artérielle jéjuno-iléale, 340 large, 371
cérébrale, 247 phrénopéricardiques, 15
Ischémie, 79, 97, 101 sternopéricardiques, 15
cérébrale, 94, 95 suspenseurs mammaires, 182
416 Manipulations vasculaires viscérales

thyrotrachéaux, 258 M
triangulaire, 300, 330 Macrophages, 65
gauche, 301 Maigreur, 357
utérosacrés, 375 Main, 112
vertébropéricardiques, 15 Maladie(s)
Ligne, 368 Addison, 110
épine iliaque antérosupérieure-symphyse athéromateuse. 95
pubienne, 290, 342 auto-immunes, 101
ombilico-médioclaviculaire, 289, 341 cardiovasculaire, 85, 88
gauche, 293 coronarienne, 85, 86, 98, 103
pubo-ombilicale, 366 de Basedow, 112, 260, 266
xipho-ombilicale, 289, 290, 292, 296, 309 de Crohn, 350
Lipides sanguins, 88 de Gilbert, 111
Lipolyse, 71, 74 de Horton, 102
Lipoprotéines de Parkinson, 249
de basse densité, 88 de Raynaud, 101
de haute densité, 88 endocrinienne, 100
Lipothymies , 332 infectieuses, 303
Liquide, 29 rénale, 100
céphalorachidien, 32 systémique, 108, 110
interstitiel, 29 Malaises cardiaques, 108
parfait, 51 Malformation
visqueux, 50, 52 artérielle, 108
Lits capillaires, 25, 26 cardiaque, 108
Lobe, 262 Malnutrition, 259
pyramidal, 258, 264 Malocclusion, 146
thyroïdien, 257, 260, 263, 267, 274 Malposition(s)
Lobule de spiegel, 299 cervico-utérine, 374
Loi, 38, 39, 45 fœtale, 165
Frank-Starling, 45, 60 utérines, 349
Hagen-Poiseuille, 38, 56 Mamelon, 183
hydrodynamique, 47 Mandibule, 235
hydrostatique, 47 Manipulation(s)
Laplace, 39 bidigitale, 341
Lombalgie, 338, 375 carotidiennes, 281
Lombosacralgie, 367 de l’artère laryngée supérieure, 272
Lombosciatalgie, 338 de l’artère pudendale interne, 387
Longévité, 41 de l’artère thyroïdienne inférieure, 274
Lourdeur des membres inférieurs, 60 de l’artère thyroïdienne supérieure, 273
Low density lipoprotein [LDL], 88 des artères rénales, 357
Lumière du vaisseau, 56 en éventail, 342
Lupus, 101 vagosympathique, 281
Lymphangiomes, 98 vasculaires viscérales, 121
Lymphe, 32 de l’artère utérine, 371
Lymphocytes T, 157 principes, 121
Lymphonœuds, 325 Manœuvres
Lypothymie, 109 induction, 191
Index 417

Manubrium sternal, 265 Mictions impérieuses, 375


Masse Migraine, 237
cardiaque, 40 étirement, 243
sanguine, 31, 43, 50, 56 prédominance temporale, 243
Masticateur, 209 Milieu interstitiel, 57
Mastication, 102 Modifications
Mastocytes, 24 cardiovasculaires, 68
Mastodynies, 181 métaboliques, 64
Mauvais cholestérol, 88 Moelle
Maux de tête, 249 allongée, 165
Mécanique viscérale, 60 épinière, 165, 269
pelvienne, 374 Monocytes, 93
Mécanisme(s), 60 Mononucléaires, 32
Frank-Starling, 60 Monoxyde d’azote (NO), 24,
inflammatoires, 65 65, 66
locaux, 77 Mort, 97
vasorelaxation métabolique, 78 subite, 87
Mécanorécepteurs, 281, 296 Mortalité, 41
Média, 22, 28, 54, 55, 58, 95 Muqueuse du larynx, 268
Médiastin, 136 Muscle(s)
supérieur, 155 abdominaux, 357
Médicaments, 101, 110 bulbospongieux, 387
Médioclaviculaire gauche, 141 cardiaque, 64, 79, 98, 139
Médullosurrénale, 71, 74, 100 coracobrachial, 187
Membrane de Treitz, 293
basale, 22 dentelé antérieur, 182
élastique, 22 digastrique, 209, 223
fénestrée , 22 droit de l’abdomen, 182, 301, 311
hyoïdienne, 273 élévateur de la glande
hyothyroïdienne, 279 thyroïde, 258
pleuropéricardique, 15 grand dorsal, 187
thyrohyoïdienne, 272 grand pectoral, 182, 187
Membres inférieurs, 93 grand rond, 187
Mémoire hydrodynamique, 47
immédiate, 90 hydrostatique, 47
nociceptive, 389 lisse, 25
Ménopause, 86, 181, 374 des artérioles, 66
Menstruation, 265 vasculaire, 93
Mésocôlon transverse, 331 oblique externe, 394
Métabolisme droit de l’abdomen, 182
du calcium, 260 oblique supérieur, 251
cellulaire, 259 obturateur interne, 385, 394
phosphocalcique, 259 omohyoïdien, 199, 257, 259, 267
Métabolites, 65 oracobrachial, 187
Métartériole, 7, 28 orbitaire, 241
Microanévrismes, 96, 100 pectoral, 182
Microcirculation, 28, 56 petit pectoral, 187
418 Manipulations vasculaires viscérales

pinforme, 385 glossopharyngien, 205, 213,


piriforme, 364 279, 281
platysma, 199 grand occipital, 225
psoas, 339 hypoglosse, 211, 213, 279, 281
ptérygoïdien, 235 ilio-inguinal, 393
scalène, 274 iliohypogastrique, 393
antérieur, 274 inférieurs, 271
sous-hyoïdiens, 259 infraorbitaire, 237
squelettique, 64, 69 infratrochléaire, 250
sternocléidomastoïdien, 166, 199, intercostal droit, 182, 290
263, 274 laryngé supérieur, 269, 272,
sternocléidooccipitomastoïdiens, 261 271–273
sternohyoïdien, 199, 259, 267 mandibulaire, 235
sternothyroïdien, 199, 257, 259 maxillaire, 217, 235, 236
strié, 68, 72 médian, 170
squelettique, 74 optique, 251
stylohyoïdien, 209 orthosympathiques
subclavier, 165, 182 cardiaques, 46
suspenseur du duodénum, 292 phrénique, 146, 163, 279, 300
temporal, 241 pudendal, 385–387, 389
thyrohyoïdien, 259, 267 récurrent, 147
transverse de l’abdomen, 394 du vague, 269
transverse superficiel laryngé, 260, 279
du périnée, 388 sciatique, 364
trapèze, 223 sinocarotidien, 67
Treitz, 292, 341 sympathiques, 398
Musculature vague, 17, 21, 69, 70, 145, 164,
lisse, 63 202, 269, 272, 273,
vasculaire, 64 279, 281, 345
Myocarde, 12, 17, 46, 69, 70, antérieur, 313
72, 102, 103, 109, 113 sympathique, 200
atrial, 20 vasomoteurs, 26
ventriculaire, 20, 43 Nervi vasorum, 23, 26, 125
Myocites lisses, 69 Neuromédiateurs, 29
Myocyte vasculaire, 23 Neuromodulation, 70, 75
Myoglobine, 80 Neuropathie
Myosis, 98 diabétique, 86
Myxome de l’atrium, 112 périphérique, 260
Névralgie(s)
N cervicobrachiale, 174
Néphrons, 64 costovertébrales, 145
Nerf(s), 271 du nerf pudenda, 385
aortique, 67 Nicotine, 66
cardiaques, 271 Nodule, 261, 265
cervicaux, 279 isolé de la thyroïde, 266
facial, 223, 279 Nœud, 20, 70
génitofémoral, 393 atrioventriculaire, 12, 20
Index 419

de Keith, 139 Ovaire(s), 290, 371, 379


de Tawara, 139 Ovulation, 26
sinusal, 12, 20, 70 Oxyde nitrique (NO), 67
Nombre de Reynolds, 33, 53 Oxygène, 5, 10, 29, 65, 79, 98
Noradrénaline, 20, 24, 46, 65, 69, carence, 65
70, 71, 72, 75, 89, 100
Norépinéphrine, 20, 46 P
Noyau du tractus solitaire, 67 Psoriasis, 303
Nutriments, 28 Psychasthénie, 303
Pace-maker, 12, 69, 147, 174
O stimulateur cardiaque, 108
Obèses, 263 PAF, 65
Obésité, 85, 88, 93, 99, 357, 374 Pâleur, 74, 174
Œdème(s), 99, 116, 124, 375, 376 diffuse, 110
cérébral, 79 Palpation, 261
cutanés, 181 Palpitations, 109, 144
des paupières, 110 PAN, 47, 76
membres inférieurs, 112 Pancréas, 70, 290, 292, 296, 309,
pulmonaire, 44, 103 311, 325, 331
Œil, 251 canaux excréteurs, 330
Œsophage, 15, 145, 311, 335 corps, 317, 318
Oblitération artérielle, 114 queue, 317, 318
Obstruction artérielle, 94 tête, 317, 318
Oligémie, 123 Papille duodénale majeure, 289
Oligoménorrhée, 260 Paquet jugulocarotidien, 269
Ombilic, 290, 293, 294, 301, 339, 341, Paralysie, 211, 249
357, 365, 379 faciale, 224, 231
Onde Paramètres hémodynamiques, 63
artérielle, 55 Parasympathique sacré, 70, 335, 345
de pression, 39, 55 Parathormone, 260
Oreille interne, 165 Parathyroïdes, 271
Oreillette, 10 Parenchyme
Organes cérébral, 78
érectiles, 70 pulmonaire, 173
génitaux, 385 Paresthésies des membres supérieurs, 166
Organisation mondiale de la santé, 39 Paroi
Orthostatisme, 21 artérielle, 55, 93, 95, 96
Os atriale, 76
frontal, 250 des vaisseaux, 56
hyoïde, 199, 202, 209, 259, 267, vasculaire, 22, 66, 67
272, 273, 281 veineuse, 28, 58
nasal, 217 Parotide, 209, 229, 241
Osmolarité sanguine, 74, 77 Pathologie(s), 86, 88
Osmorécepteurs centraux, 74 artérielle coronaire, 79
Ostéoclastes, 259, 261 coronariennes, 88
Ostéopathie, 122 pulmonaires, 86
Ostéoporose, 103, 125 Paupières, 110
420 Manipulations vasculaires viscérales

Pavillon de l’oreille, 229, 241 Plasma sanguin, 31, 38, 47


Peau, 65, 181 Platelet activating factor, 65
Pédicule vasculaire, 125 Platysma, 165, 202, 209
Peptide atrial, 24 Plèvre, 155, 189
natriurétique, 47, 68, 71, 76 médiastine, 15
Perfusion, 60, 63–65, 79 Plexalgie solaire, 204, 284
à la demande, 64 Plexus
constante, 64 amyéliniques, 26
de repos, 64 artériel, 20
Péricarde, 12, 14, 15, 136, 185, 189 brachial, 114, 164
fibreux, 12, 15 cardiaque, 20, 279
séreux, 12, 14 cœliaque, 313, 355
Péricardite, 113 rénal, 357
Périnée, 387 coronaires périartériels, 20
Périphérique, 74 de Santorini, 350, 374
Péritoine, 339 intercarotidien, 279
Perméabilité rénal, 355
capillaire, 65, 12 sacré, 385
de la paroi vasculaire, 65 solaire, 299, 313
Perte sous-aortique, 70
de charge, 50, 51 sous-péricardiques, 20
de conscience, 78 splanchnique, 313
de poids, 102 veineux, 20
de vision, 97 Pneumothorax, 108, 174
Perturbations émotionnelles, 100 Poids, 100, 267
Pesanteur Point de McBurney, 294
gastrique, 313 Pointe du cœur, 140
pelvienne, 60 Pollakiurie nocturne, 375
Petite circulation, 6, 173 Polyarthrite rhumatoïde, 101, 112
Petit omentum, 299, 307 Polyglobulie, 33, 111, 112
PGE, 65 Polygone de Willis, 78, 247
PGF, 65 Polynucléaires neutrophiles, 32
Phagocytose, 32 Polypes utérins, 375
Pharynx, 211, 247 Polyurie, 375
Phase d’éjection, 54 Pompe
PH du sang, 77 abdomino-diaphragmatique, 58
Phénomène de Raynaud, 101 à fonctionnement alternatif, 37
Phéochromocytome, 100, 110 veinomusculaire, 58
Phlébite, 99 Pore, 57
Physiologie cardiaque, 40 auditif externe, 279
Pince de l’aortomésentérique, 338 externe, 241
Plaques Postcharge, 45, 46
athéromateuses, 93 Postpartum, 357
d’athérome, 85, 86, 95, 203, 211, 248 Potassium, 65, 67
de Peyer, 335 Pouls, 55, 249, 272
Plaquettes sanguines, 31, 32, 65, 94 alternant, 113
Index 421

aorte abdominale, 366 sanguine, 22, 28, 29, 38, 64, 100
aortique, 296, 366 intracarotidienne, 140, 281
artère mésentérique locale, 74
inférieure, 348 systémique, 64, 66, 69, 74, 76
supérieure, 341, 348 systolique, 39, 55, 95, 103, 113
artère rénale, 358 veineuse, 68, 80
artériel, 39 centrale, 45, 60, 77
capillaire, 113 Principe
carotidien, 202 de continuité, 47
cœliaque, 302, 309 du pouls masquant, 356
de l’abdomen, 116, 290 Prise des pouls, 95
des artères rénales, 355 Problème(s)
fémoraux, 147, 292, 367 digestifs, 332
fil de fer, 113 lombosacré, 114
filiforme, 113 psychoémotionnels, 374
gastrique gauche, 309 Processus
hépatique, 113, 301, 302 athéromateux, 95
instable, 113 mastoïde, 223
jugulaire, 113 zygomatique, 242
paradoxal de Kussmaul, 113 Produits réfrigérants, 101
radial, 113, 114, 116, 281 Profil de vitesse, 51, 52
respiratoire, 113 Prolongements axillaires
splénique, 301, 309 du sein, 193
subclavier, 166 Promontoire sacré, 363, 379
veineux, 113 Prostacycline, 65
Poumon, 26, 29, 74, 102, 103, 136, Prostaglandines, 65–67
173, 279 Prostate, 350, 375, 385, 387
Poussées hémorroïdaires, 349 Protéines, 31, 47
Précharge, 45, 60 sanguines, 57
Précordialgie, 109, 143, 204, 284 Prothèse endovasculaire
Pression, 6, 40, 51, 52, 54 (stent), 108
artérielle, 38, 39, 54, 56, 67, 68, 74, 76, Protosystolique, 41
77, 89, 100, 101, 108, 113, 168 Protubérance occipitale, 223
diastolique, 38, 39, 113 Psoas, 355, 379
fréquence, 168 Psoriasis , 303, 332
hydrostatique, 57 Psychasthénie, 303
infra-atmosphérique, 60 Ptose
intra-abdominale, 60 gastrique , 313
intracrânienne, 79, 140, 252 vésicale , 350
intrarénale, 76 Ptosis, 98, 102
intrathoracique, 68 Puberté, 265
latérale, 49 Pubis, 389
moyenne, 38, 60 Pulsation, 98
négative, 60 Pupilles, 110
oncotique, 57 Pylore, 289, 292, 299, 307
remplissage, 7 Pyramide de Lalouette, 264
422 Manipulations vasculaires viscérales

Q de l’appétit, 267
Queue de cheval, 363 de la fonction cardiaque, 63
de la pression artérielle, 63
R de la volémie, 74
Radiothérapie, 181 systémique, 77
Rameau Rein, 47, 64, 75, 76, 93, 100, 103,
acétabulaire, 364 259, 359
alvéolodentaire, 235 gauche, 325, 330, 338, 379, 381
bronchique, 173 Relation débit–vitesse, 47
cutané antérieur du nerf Relaxation isovolumétrique, 43
iliohypogastrique, 393 Remplissage ventriculaire, 42
frontal, 242, 243 Rénine, 74, 76, 100, 101
lacrymale, 235 Répartition du débit sanguin, 63
ophtalmique, 235 Répercussions hémodynamiques, 33
orbitaire, 235, 241 Repères
pariétal, 242, 243 topographiques, 289
Rate, 26, 103, 146, 299, viscéraux, 289
311, 325 Replis semi-lunaires, 28
Raynaud, 111 Réponse
Rayon vasculaire, 63 inflammatoire, 65
Réabsorption, 74 myogène à l’étirement, 64
Réactions Repos, 109
émotionnelles, 146 Réseau
immunitaires, 31 artériel, 24
Rebord capillaire, 64
orbitaire, 236 de Purkinje, 12
supérieur de l’orbite, 243 Réservoir sanguin, 58
Récepteurs, 20, 65, 70, 72, 79 Résistance
artériels, 67 à l’écoulement, 7, 56
aux estrogènes, 124 aortique, 46
muscariniques, 21 circulatoire, 64
veino-atriaux, 60, 68 périphérique totale, 38, 56, 77
Rectum, 339, 387 périphérique, 69, 80
Réflexe(s) systémique totale, 66
de Bainbridge, 60 vasculaire périphérique, 45, 56, 59
endogènes de l’intestin, 335 Respiration, 22
péristaltiques, 335 Rétention
Reflux gastro-œsophagien, 145, 204, d’eau, 75, 181
284, 313 de sodium, 75, 181
Régime Rétinopathie, 86
laminaire, 52 Retour veineux, 45
stationnaire, 47 a fronte, 58
turbulent, 52 a latere, 58
Région hiatale, 311 a tergo, 58
Régulation, 31, 71 Rétrécissement
cardiovasculaire, 74 de l’aorte, 100
circulatoire locale, 64 mitral, 110
Index 423

Révolution cardiaque, 38, 41 de Franck, 111


Rhumatisme articulaire aigu, 108 de Janeway, 112
Rhume des foins, 65 de Lichtstein, 111
Rigidité, 40 de Musset, 112
Risque Silent killer, 87
cardiovasculaire, 41, 88 Sillon auriculomastoïdien, 229
coronarien, 88 Sinus, 279
Rugosité, 202 carotidien, 67, 140, 281
Rupture d’anévrisme, 98 coronaire, 10, 17, 29, 79
Rythme, 21 de Theile, 14
cardiaque, 41, 90 transverse du péricarde, 14
sinusal, 21 veineux crâniens, 29
Sodium, 47, 76
S Soif, 66
Sacrum, 339, 374, 375 Sommeil, 39, 108, 259
Sang, 5, 31, 32, 58, 66, 71, 74, 93 Souffles
artériel, 26 intermittents, 54
rôles, 29 permanents, 54
veineux, 26 vasculaires, 53
Scalène Soulèvement, 319
antérieur, 164 hépatoduodénal, 319
brachial, 164 irrigation du foie, 300
moyen, 164 irrigation utérin, 373
Sciatalgie, 375 Soutien social, 89
Sclérodermie, 101, 111, 112 Spasme(s), 145, 152
Sclérose en plaques, 249 de la musculature gastrique,
Scoliose, 125 145, 152
Scrotum, 387 coronariens, 152
Secteur Sphincter, 7
capacitif, 7 d’Oddi (ampoule pancréatico-
résistif, 7 biliaire), 289
Section, 48, 49 précapillaire, 28, 67
Sédentarité , 85, 89, 94, 108, 125 Squelette, 149, 259
Sein, 165, 181 fibreux du cœur, 12, 141, 159
Sels minéraux, 31 Starling
Semelle veineuse plantaire, 58 graphique, 57
Septum interauriculaire, 12 Stase veineuse, 60, 348
Séquelles Statut socioéconomique, 89
d’otite, 231 Sténose, 53, 95, 100, 303
d’ulcère, 313 aortique, 103
Sérotonine, 32, 124 artérielle, 51, 94
Sérum sanguin, 31 canalaire lombaire, 114
Sevrage tabagique, 86 Stent artificiel, 147
Sexe, 85 Sternum, 133
Sigmoïde, 348 Stimulation
Signe parasympathique vagale, 46
de Cardarelli, 112 Strabisme, 97
424 Manipulations vasculaires viscérales

Stress, 21, 85, 93, 259 parasympathique, 17, 21, 24, 68, 70
chronique, 89 périphérique, 75
psychosocial, 89 pulmonaire, 173
Suites rénine-angiotensine-aldostérone,
d’otite, 223 71, 74, 76
de chirurgie, 204 réservoir, 7
de traumatisme craniofacial, 204 sympathique, 20, 24, 26, 46, 68, 69, 72,
Surcharge pondérale, 85, 88 89, 140, 200, 335
Surpoids, 88 rénal, 76
Suspicion d’infarctus, 150 trigéminocervical, 123
Suture urogénital, 339, 349
sphénosquameuse, 242 vagal, 124
zygomatico-maxillaire, 236 vasculaire, 37, 173
Sympathicotonie, 115, 204, 260, 284 vasoconstriction, 74
Sympathique cervical, 269, 279 végétatif, 45, 46, 66, 355
Symptômes, 97, 102 veineux vésico-utérin, 374
cardiovasculaires, 107 vivant, 50
Syncope, 70, 109 Systole, 41, 79
Syndrome auriculaire, 43
de Claude Bernard-Horner, 98 ventriculaire, 38
de Cushing, 110
de Pancoast-Tobias, 116 T
de Raynaud, 101 T3, 259
du canal carpien, 166 T4, 259
grippal, 102 Tabac, 86, 140
néphrotique, 110 Tabagisme, 85, 93, 99, 203, 211
polymétabolique, 89 passif, 86
prémenstruel, 375 Tachycardie, 21, 41, 204, 260, 284
Syphilis, 96 de repos, 174
Système Taux
autonome, 63, 66, 139 d’extraction de l’oxygène, 79
cardionecteur, 12 d’hémoglobine, 111, 112
cardiovasculaire, 5, 37, 63, 103, 107, Technique
109, 279 d’irrigation viscérale, 125
central, 65, 68, 76, 78 en accordéon, 125, 126, 373
endocrinien, 63 en éventail des artères sigmoïdiennes, 350
érectile, 350 neurovasculaires, 279
génital, 381 Teint du visage, 110
hormonal, 71 Télangiectasies, 111, 112
hydraulique, 37, 38 Temps de circulation, 49
ligamentaire, 300 Tendinites, 166
limbique, 68 Tension(s)
lymphatique, 5 artérielle, 358
lymphoveineux, 374 musculaires, 90
masticateur, 209 psychoémotionnelle accrue, 108
nerveux, 45, 72, 75, 121, 123, 259 Tensorégulateurs, 335
orthosympathique, 60 Terrain vasculaire, 107
Index 425

Test d’Adson-Wright, 114, 116 vasomoteur périphérique, 77


Tête Tourbillons, 53
fémorale, 364 Toux, 147, 174, 203, 252
lourde, 108 Trachée, 173, 201, 209
Thorax, 133 l’œsophage, 202
Thrombocytémie, 112 thyroïde, 257
Thrombocytes, 32 Traitement
Thrombose(s), 93, 94, 97, 98 anticoagulant, 111
profondes (phlébites), 376 antihypertenseur, 108
superficielles (périphlébites), 376 Transit digestif, 267
veineuses, 99 Transplantation rénale, 86
Thromboxanes, 67 Transport axonal, 74
Thrombus, 98 Transporteurs plasmatiques, 88
Thyroïde, 262 Traumatismes, 96, 133, 231, 325
innervation, 271 cervicaux, 165, 211
Thymus, 155, 156, 185 crâniens, 224
évolution, 156 craniofaciaux, 236
innervation, 157 de la ceinture scapulaire, 165
physiologie, 157 du membre supérieur, 165
structure, 157 Travail cardiaque, 79
vascularisation, 156 Tremblements, 97
Thyroglobuline, 259 TRH (thyroid releasing
Thyroïde, 26, 202, 209, 261, 267, hormone), 259
271, 279 Triceps, 166
fixité, 258 Triglycérides, 89
forme et dimensions, 257 Trigone
mobilité, 265 carotidien, 199, 202
physiologique, 259 digastrique, 199
poids, 264 Triiodothyronine, 259
sensibilité, 265 Trochlée, 250
structure, 265 Tronc
vaisseaux, 257 artériel brachiocéphalique, 163
volume, 264 brachiocéphalique, 54, 199
Thyroïdite cérébral, 67
atrophiante, 265 cœliaque, 292, 299, 307, 309, 337, 341
Hashimoto, 266 costocervical, 165
Thyroxine, 259 petite courbure, 309
Tissu pulmonaire, 10, 140, 173
adipeux, 26 thyro-linguo-facial, 271
conjonctif, 32 thyrocervical, 165, 269
nodal, 12, 17, 28, 70, 72 Trophicité, 267
Tonus, 20, 22, 68 Troubles
cardiaque, 21, 46 affectifs, 89
cardiovasculaire, 20 cérébelleux, 224
orthosympathique, 22 de l’audition, 231
parasympathique, 22, 70 du rythme, 144
vasculaire, 68 du système masticateur, 237
426 Manipulations vasculaires viscérales

digestifs, 303 sanguins, 22, 39, 49


endocriniens, 374 sigmoïdiens, 348
neurovégétatifs, 375 utérins, 371
vasculaires des membres inférieurs, 367 Valve(s)
visuels, 86, 108 aortique, 42, 54, 142
Trous sacrés antérieurs, 294 artificielle, 108
TSH (thyroid stimulating hormone), 259 atrioventriculaire, 10, 11, 42
Tube digestif, 65 bicuspide, 11
Tubercule zygomatique, 241 cardiaques, 42
Tubérosité ischiatique, 389 mitrale, 142
Tubule rénal, 76, 260 pulmonaire, 42, 103, 142
Tubulures, 7 sigmoïde, 11, 43
Tumeur tricuspide, 11, 103, 142
bénigne, 98, 374 Valvules, 11, 58, 79, 142
cérébrale, 109 aortiques, 79
médiastinale, 109 semi-lunaires, 12
ovarienne, 374 Variations circulatoires locales, 77
Tunique Varices, 376
externe, 22 Varicosités pelviennes, 374–376
interne, 22 Variations de pression, 64
moyenne, 22, 24 Vasa
Turbulences, 53 privata, 17, 23, 173
Turgescence jugulaire, 112 publica, 17, 173
Tympanisme, 145 vasorum, 23, 26
Vascularisation cérébrale, 247
U Vascularite, 112
Ulcère, 101, 314 Vasoconstricteurs locaux, 67
Uretère, 371, 379 Vasoconstriction, 25, 39, 64, 69, 72
Urgence médicale, 102 artérielle hépatique, 80
Urines, 66 artériolaire, 56, 68
Utérus, 371 cérébrale, 79
cutanée, 65
V périphérique, 74
Vagin, 371 splanchnique, 80
Vagotonie, 115, 204, 284 systémique, 75
Vaisseaux, 5, 75, 77, 333 veinulaire, 65
capacitifs, 29, 57 Vasodilatateurs, 101
capillaires, 56 locaux, 67
cutanés, 70 Vasodilatation, 25, 65, 69, 101
de l’intestin, 335 neurogène, 110
iliaques, 363 Vasomotricité, 56, 63, 64, 66
ovariens, 379 Vasopressine, 24, 71, 74
précapillaires, 7 Vasorelaxation, 72, 74, 77
pulmonaires, 68 artériolaire, 65
rénaux, 355 cérébrale, 79
réservoirs, 7 flux-dépendante, 66
résistifs, 57 mésentérique, 80
Index 427

métabolique, 79 Vessie, 385


musculaire, 80 Vin, 90
Vasospasme, 93 Vinyle, 101
Veine(s) VIP (vasoactive intestinal peptide), 335
azygos, 188 Vis
accessoire, 188 a fronte, 58
brachiocéphalique, 155, 271 a latere, 58
cave, 5, 17, 58, 102, 381 a tergo, 58
inférieure, 10, 58, 381 Viscoélasticité, 26, 121, 149, 150,
supérieure, 10, 139, 155 190, 231, 329
émissaire, 223, 243 induction, 237, 273
gastrique, 313 Viscosité, 51, 52, 53, 56
iliaque, 58 sanguine, 33, 38, 50
intercostales, 188 Vitesse, 48
jugulaire, 133, 202 d’écoulement, 51, 52
interne, 164, 199, 269, 271 de conduction, 69
mésentérique, 80 de perfusion, 47
ovarienne, 355 du fluide, 52
droite, 379 du flux sanguin, 47, 53
gauche, 379, 381 Voie
porte, 80, 313 parasympathique, 69
pulmonaire, 6, 10, 17 sympathique, 69
rénale, 338, 355 Voix bitonale, 98, 203
droite, 381 Volémie, 31, 60, 77, 100
gauche, 379, 381 Volume, 38, 39
spermatique, 381 cavitaire, 41
splanchnique, 69 d’éjection, 44
splénique, 80 inotrope, 63
subclavière, 164 sanguin, 66
suprarénale, 355, 381 systolique, 43, 45, 46, 60, 63
systémique, 57 veineux, 57
testiculaire, 355 résiduel, 46
thoraciques, 188 sanguin, 7, 40
thyroïdienne systolique, 45
inférieure, 271 télédiastolique, 45
moyenne, 271 télésystolique, 46
supérieur, 271
Veinoconstriction, 80 X
splanchnique, 68 Xanthélasma, 110
Veinules, 57
Ventilation, 68 Y
Ventouse, 386 Yeux, 86
Ventricule, 5, 10, 40, 41, 43, 45, 58, 103
droit, 6, 102, 139 Z
gauche, 5, 40, 100, 103, 139 Zone
Vertige, 109, 147, 166, 203, 204, 211, 249 de Cannon-Böhm, 335, 344
Vésicule biliaire, 146, 269 pressogène, 68

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