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Ostéopathie

de la cage thoracique
L’anneau pelvien
T. Liévois
ISBN : 2-84299-738-7
Diagnostic ostéopathique général
A. Croibier
ISBN : 2-84299-655-0
Manipulations de la prostate
J.-P. Barral
ISBN : 2-84299-654-2
Manipulations des nerfs périphériques
J.-P. Barral, A. Croibier
ISBN : 2-84299-599-6
Manipulations viscérales 1
J.-P. Barral, P. Mercier
ISBN : 2-84299-620-8
Manipulations viscérales 2
J.-P. Barral
ISBN : 2-84299-621-6
Le thorax : manipulations viscérales
J.-P. Barral
ISBN : 2-84299-690-9
Traitement ostéopathique des lombalgies
et lombosciatiques par hernie discale
F. Ricard
ISBN : 2-84299-839-1
Ostéopathie pédiatrique
N. Sergueef
ISBN : 2-84299-917-7
Ostéopathie. Principes et applications
ostéoarticulaires
O. Auquier
ISBN : 2-84299-806-5
Manipulations des nerfs crâniens
J.-P. Barral, A. Croibier
ISBN : 2-84299-771-9
Ostéopathie
de la cage thoracique

Pierre Mercier

Préface
Jean-Pierre Barral
Pierre Mercier
Ostéopathe DO ; diplômé de l’European School of Osteopathy (Maidstone, Angleterre)

Ostéopathie. Principes et applications ostéoarticulaires


Responsable éditorial : Manuela Boublil-Friedrich
Éditeur : Sumi Saint Auguste
Chef de projet : Nathalie Morellato
Conception graphique et maquette de couverture : Véronique Lentaigne

© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés


62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex
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Photocomposition : MCP, 45774 Saran cedex (France) ISBN : 978-2-84299-977-3


Imprimé en Italie par LegoPrint, 38015 Lavis (Trento)
Dépôt légal : mai 2008
Préface
Alors que la première génération giques des différents organes du thorax,
d’ostéopathes, qui a introduit et déve- dus à leur mouvement dit de motilité. La
loppé l’ostéopathie en France, songe à motilité étant le mouvement subtil, ryth-
goûter aux délices d’une retraite, il en est mique, propre à tous les organes.
encore qui, comme Pierre Mercier, ont la
volonté de transmettre un savoir, fruit Cette étude conduit à une méthode de
de dizaines d’années d’expérience. diagnostic et de traitement concernant
toutes les lésions ostéo-articulaires de la
Ce compagnon de route de plus de qua- cage thoracique et toutes les lésions des
rante ans, avec qui j’ai partagé le goût organes du thorax, qu’elles soient asso-
des études, de la recherche, de l’ensei- ciées ou non.
gnement et des publications scientifi-
ques publie ces travaux qui sont la Cette synergie entre le mouvement des
synthèse, localisée au thorax, de ses pièces osseuses et le « mouvement » des
recherches en mécanique. organes sous-jacents, exprime à n’en pas
douter, la très grande cohérence anatomi-
Pierre Mercier a voulu démontrer la rela- que et physiologique du corps humain.
tion évidente entre les déplacements
physiologiques des pièces osseuses de la
cage thoracique, lors de mouvements
volontaires et les déplacements physiolo- Jean-Pierre Barral
Avant-propos
Dans sa pratique, l’ostéopathe intègre diaphragme. Bien souvent ce mot est uti-
dans son diagnostic et son traitement les lisé pour désigner la colonne dorsale et les
mécaniques de l’ensemble du corps. Ces côtes, alors que ces structures définissent
mécaniques regroupent la mécanique la cage thoracique. Le thorax comprend
ostéo-articulaire, la mécanique viscérale, donc la cage thoracique et son contenu
la mécanique du système cranio-sacré, la que sont les poumons, le médiastin et le
mécanique des fascias, la mécanique des cœur. Le thorax est un ensemble qu’il
fluides et les mécanismes psychiques... convient d’étudier comme un tout cohé-
Ces analyses sont synchrones, ce qui con- rent, mais que nous allons, hélas, pour
fère à l’ostéopathie une vision holistique des raisons didactiques diviser en diffé-
du corps humain. rentes parties, comme suit :
– le contenant : la cage thoracique ;
Malheureusement dans la transmission – le contenu : les poumons, le médiastin
du savoir, il est impossible de conserver et le cœur.
cette simultanéité. L’enseignement
oblige, et nous le savons au pays de Des- Notons que le foie et la partie supé-
cartes, à fragmenter, à schématiser le pro- rieure de l’estomac sont des organes
pos et à perdre ainsi cet aspect d’un Tout intrathoraciques. Mais leur situation et
qu’est le corps humain. leur fonctionnement à l’intérieur du
péritoine les définissent bien plus
Le thorax est la partie supérieure du comme des organes abdominaux que
tronc située entre la base du cou et le thoraciques.
Remerciements
Mes remerciements s’adressent à mes patients qui m’ont tellement donné, avant
d’avoir reçu. Ils m’ont tout appris.
Chapitre 1

La cage thoracique

Les mouvements physiologiques de la cage thoracique

Les tests de mobilité

Les ajustements ou corrections


La cage thoracique 5

Chapitre 1

La cage thoracique

Chers collègues, vous connaissez tous réduire les contraintes sur la moelle épinière
l’anatomie. Nous allons donc étudier les (exemple : le transversaire-épineux).
mouvements physiologiques de cette cage Quant aux muscles mixtes, ils s’insèrent
thoracique qui ont été trop souvent éludés ou d’une part à distance de la colonne, possèdent
tout du moins limités aux mouvements un corps musculaire et se terminent par
physiologiques de la colonne dorsale. Cette l’intermédiaire de languettes musculaires (ou
étude est impérative car nous verrons la corré- digitations) sur différentes vertèbres. Il serait
lation étroite qui lie mouvements physiologi- très intéressant d’étudier si chacune de ces
ques de la cage thoracique et mouvements languettes musculaires n’a pas une certaine
physiologiques des organes thoraciques. autonomie de fonctionnement, avec des chro-
Cette étude date des années soixante-dix. naxies différentes (exemple : le psoas-iliaque).
Nous sommes partis du mouvement actif, Autre propos encore, pour éviter les termes
réalisé dans les trois plans, et avons étudié le de « concavité » et de « convexité » pour
déplacement relatif des différentes pièces indiquer la direction vers laquelle se fait le
osseuses entre elles par la palpation. Une fois déplacement d’une structure lors d’un
connus, nous avons reproduit passivement mouvement, nous utilisons les termes de
ces mouvements, et palpé dans le même « proximal » et « distal » : proximal est le côté
temps le déplacement des os. Ainsi furent vers lequel le mouvement se dirige (s’appro-
créés des tests de mobilité. Tout manque ou che) et distal, le côté d’où part le mouvement
restriction de mouvement fut défini comme (s’éloigne). Ces termes sont ainsi utilisés dans
des fixations ou lésions. tous les plans.
Une petite digression à propos des muscles Dernier point de terminologie : classique-
en rapport avec la colonne vertébrale : il existe ment pour évoquer une articulation interver-
des muscles longs qui jouent un rôle dans la tébrale, nous disons que les facettes articu-
mobilité volontaire, commandés par le laires inférieures de la vertèbre supérieure
cerveau ; certains agissent par automatisme s’articulent avec les facettes articulaires supé-
après apprentissage (marche). rieures de la vertèbre inférieure. Nous préfé-
Les muscles courts, eux, ont comme carac- rons largement utiliser les termes de pré- ou
téristique de n’intéresser qu’un contingent postzygapophyse (préZ ou postZ) (figure 1.1).
limité de vertèbres. Ils s’insèrent directement Les zygapophyses sont les points d’ossifica-
par l’intermédiaire de fibres musculaires. Ils tion des massifs articulaires des vertèbres dans
sont mis en jeu au niveau médullaire par le l’embryogenèse. Dans le plan sagittal, vous
réflexe myotatique. Leur rôle est de coordon- noterez que la préZ est plus massive en avant
ner les mouvements et de les étendre sur le tandis que la postZ a l’essentiel de sa masse en
plus grand nombre de vertèbres afin de arrière. Donc nous désignerons toujours la

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Ostéopathie de la cage thoracique
6 Ostéopathie de la cage thoracique

Postzygapophyse Dans le plan sagittal :


flexion-extension
Du point de vue moteur
L’étude est faite le patient étant assis en posi-
tion du tailleur, les cervicales et les lombaires
cyphosées pour bien localiser le mouvement
sur la cage thoracique. Pour simplifier les
choses, il convient de s’intéresser uniquement
aux muscles propres de la cage thoracique. Il
est évident qu’il existe d’autres muscles qui
participent à ces mouvements, mais tenons-
nous à l’essentiel.
Lors d’une extension active (ou flexion
postérieure de la cage thoracique) demandée
au sujet, la palpation fait apparaître une
Prézygapophyse
contraction isométrique des deux grands
dentelés, et une contraction isotonique des
rhomboïdes. La palpation montre aussi que
les angles des côtes se rapprochent de la ligne
médiane et que les vertèbres D5, D6, D7
Figure 1.1. Localisation de la pré et postZ s’invaginent dans la cage thoracique.
La cage thoracique peut être divisée en
douze unités thoraciques. L’unité thoracique
facette articulaire supérieure d’une vertèbre est composée d’une vertèbre dorsale et de sa
comme la préZ qui va s’articuler avec la postZ paire de côtes. Cela correspond à la division
(de la vertèbre supérieure). Cela semble très métamérique. L’extension maximale de la
confus, mais l’expérience montre que c’est cage thoracique est la somme des mouve-
plus simple. ments d’extension de l’ensemble de ces unités
thoraciques. Lors de ce mouvement d’exten-
sion il n’est pas fait mention des muscles pré-
Les mouvements et paravertébraux, l’explication se trouve dans
physiologiques le paragraphe précédent.
de la cage thoracique Il convient d’étudier le mouvement des
différentes pièces osseuses au niveau de
Le but de ces études n’est pas d’assommer le chaque unité thoracique lors d’un mouve-
lecteur d’anatomie et de mécanique, mais de ment d’extension de la cage thoracique. Ces
lui laisser entrevoir le jeu des pièces osseuses mouvements apparaissent clairement sur une
d’un corps qui se meut1. La palpation durant coupe horizontale de la cage thoracique. Du
un mouvement passif permet de mettre en fait de l’obliquité des côtes, seules des
évidence tout disfonctionnement. portions de différentes côtes apparaissent.
Pour corriger cela, sur une coupe horizontale
de la cage thoracique de D6 par exemple,
réalisons une projection orthogonale de la
1
Avertissement : la plupart des figures de ce livre sont des 6e paire de côtes, cela ne change en rien la
schémas et non des représentations anatomiques rigou-
reuses. Ce sont des constructions mécaniques expliquant description du mouvement, mais le rend plus
les mécanismes du mouvement. compréhensible (figure 1.2).
La cage thoracique 7

A B

Figure 1.2. Sur une coupe horizontale, plusieurs côtes d’une unité apparaissent.
Cela est dû à obliquité de celles-ci (a). Projection orthogonale thoracique (b).

La palpation a montré une contraction • les ilio-costaux actifs sur l’ensemble de la


symétrique des deux grands dentelés. Cette cage thoracique.
contraction devrait amener les deux omopla- Ces muscles s’insèrent tous d’une part, par
tes latéralement et en avant (projection des des digitations au niveau des angles des côtes
épaules en avant). Cette contraction des et d’autre part sur la colonne. Ils sont situés
grands dentelés est contrecarrée par une dans un plan frontal.
contraction bilatérale des fixateurs de
l’omoplate. Cette double action fixe les Le muscle ilio-costal naît de la partie super-
omoplates contre les côtes. La contraction des ficielle et externe de la masse commune et
grands dentelés est une contraction isométri- envoie 12 digitations aux angles des 12 côtes
que, elle va fixer les omoplates contre les côtes et 5 autres aux tubercules postérieurs des
et la contraction isotonique des rhomboïdes 5 dernières vertèbres cervicales. Les fibres de
va tirer l’ensemble omoplate-côte en arrière et ces languettes musculaires sont obliques en
en dedans (figure 1.3). haut et en dehors. De ces mêmes angles
partent autant de faisceaux qui rejoignent le
De chaque côté, grand dentelé et rhom- muscle pour maintenir son volume. Ces fais-
boïde apparaissent comme une chaîne ceaux dits de renforcement ont une direction
musculaire reliée par l’omoplate. L’omoplate oblique en haut et en dedans. La résultante
joue le même rôle que la rotule pour le genou, des forces dues à la contraction des languettes
celui d’augmenter le bras de levier de ce et des faisceaux de renforcement aura une
système musculaire. Sans relais sur direction horizontale en dedans.
l’omoplate, cet ensemble musculaire devrait
Les petits dentelés, un peu plus profonds,
être beaucoup plus massif.
s’insèrent :
D’autres muscles travaillent en synergie • pour l’inférieur sur les apophyses épineu-
avec le couple rhomboïde-grand dentelé : ses des trois dernières dorsales et des
• les petits dentelés postérieurs et supé- deux premières vertèbres lombaires. Ce
rieurs actifs sur le haut de la cage thoraci- muscle envoie des digitations aux cinq
que, dernières côtes juste en dedans de leur
• les petits dentelés postérieurs et inférieurs angle. La direction de leur fibres muscu-
actifs sur le bas de la cage thoracique, laires est perpendiculaire à ces côtes.
8 Ostéopathie de la cage thoracique

Figure 1.3. Les flèches représentent la force résultante de l’action des muscles
grands dentelés et fixateurs.

• pour le supérieur sur la partie inférieure niveau d’une unité thoracique. En fait
du ligament cervical et sur les apophyses l’ensemble des muscles décrits concourent à
épineuses des trois premières vertèbres cette force résultante dans ce plan.
cervicales. Ce muscle envoie des digita- Pour éviter toute énumération fastidieuse,
tions en dedans de l’angle des 2e, 3e, 4e et toutes les fois que nous évoquerons les fixa-
5e côtes. La direction de ces languettes teurs, il conviendra d’être conscient que
musculaires est parallèle à celle des côtes, d’autres muscles participent à l’action.
en dehors de leur angle.
Les muscles petit et grand rhomboïdes ne Du point de vue mécanique
forment en fait qu’un seul muscle ; ils sont Comme la côte, en réalité sa projection, a
séparés par un simple interstice cellulaire une forme ovoïde ou du moins une portion
différenciant les fibres musculaires issues de la de forme ovoïde, il est possible de fermer
colonne cervicale (partie inférieure du liga- arbitrairement cette forme ovoïde sur le
ment cervical et apophyse épineuse de C7), dessin.
des fibres musculaires issues des apophyses Toute force appliquée, surtout si elle
épineuses de 4 ou 5 vertèbres dorsales. tangentielle, sur une forme circulaire, cylin-
L’ensemble de ces fibres musculaires ont une drique, sphérique ou ovoïde, entraîne cette
direction oblique en bas et en dehors, elles forme dans un mouvement de rotation.
vont s’insérer sur tout le bord spinal de La caractéristique d’un ovoïde est de possé-
l’omoplate. Ces fibres sont parallèles à celles der deux centres ou foyers. À partir de ces
des petits dentelés postérieur et supérieur qui foyers il est possible de tracer deux cercles qui
les recouvrent en partie. s’inscrivent dans cette forme. Alors que pour
L’ensemble de ces muscles interviennent un ovale les rayons de ces cercles sont identi-
différemment en fonction de la localisation ques, ils sont de longueurs différentes pour un
de l’extension. ovoïde. Les deux ovoïdes fermés arbitraire-
La figure précédente nous montre l’action ment ont un foyer antérieur commun, et un
des muscles grand dentelé et rhomboïde au foyer individuel en arrière.
La cage thoracique 9

Figure 1.4. Dans un mouvement de flexion Figure 1.5. La rotation horizontale pousse
postérieure du thorax, chaque ovoïde les corps vertébraux en avant, et entraîne
tourne autour de son foyer postérieur. un écartement des côtes à la face antérieure
Les têtes de côtes poussent les corps du thorax.
vertébraux en avant.

La contraction des muscles grand dentelé


et rhomboïde provoque une rotation de la
forme ovoïde, donc de la côte. Si cette rota-
tion se produisait autour du foyer commun
antérieur, la vertèbre dorsale apparaîtrait
comme un véritable coin, coincée entre les
têtes de la paire de côtes. Aucun mouvement
ne serait alors possible.
Si la rotation a lieu autour des foyers indi-
viduels postérieurs, le mouvement est possi-
ble. Lors de ce mouvement bilatéral de Figure 1.6. Schématisation de l’action
chaque côte, il y a une rotation horizontale de
de rotation de chaque ovoïde
chaque côte : chaque angle de côte se rappro-
sur les vertèbres dorsales lors de la flexion
che de la ligne médiane (ceci est perçu lors de
la palpation), la tête de chaque côte fuit en postérieure du thorax.
avant, et pousse le corps vertébral en avant.
Au niveau de la face antérieure de la cage
thoracique, chaque côte s’écarte latéralement lages qui unissent en avant les côtes au ster-
du sternum (figures 1.4 et 1.5). num ne sont pas extensibles !
Pour aider à la compréhension, il faut Simultanément au mouvement décrit, il
imaginer un mécanisme de roues dentées, où existe un autre mécanisme qui va permettre
les deux roues schématisent les deux cercles cet écartement des côtes par rapport au ster-
postérieurs inscrits dans chaque forme num.
ovoïde. La structure entre les deux roues Ce mouvement se produit aussi lors de
représente la vertèbre dorsale. Elle est entraî- l’inspiration. Lors de l’inspiration, les côtes se
née en avant (figure 1.6). soulèvent en avant. En se soulevant elles
La coupe de la cage thoracique, montre s’écartent du sternum car les cartilages costo-
qu’en avant les côtes s’écartent. Or les carti- sternaux restent de longueur constante. Cette
10 Ostéopathie de la cage thoracique

Figure 1.7. Les flèches montrent la marge


de variation de distance entre le sternum
et l’extrémité antérieure de chaque côte lors
de la flexion postérieure du thorax.
Figure 1.8. L’élévation des côtes en avant
est créée par le mouvement d’anse de seau
élévation des côtes à la partie antérieure de ou de bras de pompe (suivant le niveau
la cage thoracique libère un jeu suffisant du thorax) qui est une rotation des côtes
pour permettre une rotation horizontale autour d’un axe schématisé par l’apophyse
de chaque côte dans le mouvement d’exten-
transverse.
sion (figure 1.7).
Ce mouvement est le classique mouve-
ment d’anse de seau concernant les côtes
supérieures et de bras de pompe pour les
autres. Ce mouvement est une rotation
axiale de chaque côte, l’axe du mouvement
passe par l’articulation costo-vertébrale et
l’articulation costo-transverse. Cet axe est
pratiquement horizontal (figure 1.8). En fait
il peut être schématisé par la direction de
l’apophyse transverse des vertèbres dorsales.
Ces transverses sont horizontales, situées
dans un plan frontal pour les dorsales hautes,
elles vont progressivement prendre une
Figure 1.9. Même action, vue dans un plan
orientation plus sagittale au niveau des
dorsales basses. C’est la modification de cet
horizontal.
axe qui va progressivement transformer le
mouvement de bras de pompe pour les
unités thoraciques supérieures en mouve- de chaque côte, autour d’axe schématisé par
ment d’anse de seau pour les unités thoraci- l’apophyse transverse à laquelle elle s’articule
ques inférieures. (figure 1.9).
Dans ce mouvement d’extension de la Au plan vertébral les têtes de côtes s’articu-
cage thoracique, il y a un double mouvement lent sur les bords postero-latéraux des corps
de rotation des côtes : une rotation horizon- vertébraux et des disques intervertébraux.
tale de chaque côte autour d’un axe vertical Lors de l’extension de la cage thoracique,
passant par le foyer postérieur individuel les têtes de côte se déplacent en avant et exer-
de chaque forme ovoïde (les angles des cent ainsi une poussée bilatérale en avant
côtes se rapprochent), et une rotation axiale sur l’articulation inter-corporéale vertébrale.
La cage thoracique 11

un rôle de coordination dans ce mouvement.


Ils permettent d’étendre ce mouvement sur
le plus grand nombre de vertèbres pour
préserver le plus possible le canal médullaire.
Ce mouvement d’extension de la cage thoraci-
que naît au niveau du gril costal, puis est transmis
à la colonne vertébrale, qui suit comme elle peut le
mouvement.

Figure 1.10. Mouvement purement


intervertébral entraîné par une flexion Dans le plan horizontal : rotation
postérieure du thorax.
Du point de vue moteur
Pour une bonne compréhension de cette
C’est cette action qui déclenche l’extension mécanique, il faut se limiter, comme nous
intervertébrale, et le glissement en bas et en l’avons expliqué, aux muscles purement
arrière des postZ sur les préZ. Il est évident thoraciques. Cette étude est réalisée, le
qu’à ce stade les muscles pré- et paraverté- patient dans la même position que précédem-
braux harmonisent ce mouvement pour ment, en prenant soin de localiser le mouve-
l’étendre sur le plus grand nombre de vertè- ment, le plus possible au niveau de la cage
bres nécessaires pour limiter les contraintes thoracique.
sur la moelle épinière (figure 1.10). Une rotation se fait autour d’un centre, ou
Chez les individus particulièrement souples, autour d’un axe suivant la structure. S’agis-
lorsque le glissement des postZ sur les préZ sant de la cage thoracique, structure qui
a atteint ses limites usuelles, l’extension peut ressemble à un tronc de cône, le mouvement
se poursuivre. Nous observons alors une de rotation se fait autour d’un axe vertical,
ré-ascension des postZ sur les préZ avec une puisque la rotation se fait dans un plan hori-
ouverture des facettes articulaires en haut en zontal. Où se trouve cet axe vertical ?
forme de V visible de profil. Il est demandé au sujet de réaliser une rota-
Ce mouvement entraîne une ouverture de tion limitée de sa cage thoracique. Observons,
l’espace inter-corporéal antérieur qui est et palpons dans le mouvement :
limité par la tension du ligament commun • en avant le sternum dévie du côté proxi-
vertébral antérieur. Nous verrons plus loin mal,
l’intérêt de ce mécanisme. • en arrière les vertèbres dorsales moyen-
Toutes ces séquences de mouvements nes se déportent du côté distal,
décrites sont synchrones. Pour comprendre • du côté proximal les angles des côtes se
cette mécanique il est nécessaire de se limiter rapprochent des vertèbres, nous palpons
aux muscles essentiels. Bien sûr d’autres la contraction des rhomboïdes,
muscles interviennent dans le mouvement • du côté distal les angles des côtes s’écar-
d’extension de la cage thoracique et dont une tent latéralement des vertèbres, il n’y a
de leurs insertions se trouve à distance de pas de contraction musculaire.
cette cage thoracique, mais ils n’apportent S’il est demandé au sujet de réaliser une
rien de plus à la compréhension des mouve- rotation forcée, nous palpons les mêmes
ments physiologiques. mécanismes, à la différence près que du côté
Il est nécessaire d’insister encore sur le distal nous palpons aussi la contraction des
fait que pré- et paravertébraux ont surtout rhomboïdes et du grand dentelé.
12 Ostéopathie de la cage thoracique

Figure 1.12. {
Figure 1.11. Localisation de l’axe de rotation
de l’ensemble du thorax.

Du point de vue mécanique


L’observation attentive montre que le dépla-
cement du sternum à l’avant est moindre que
le déplacement des vertèbres dorsales moyen-
nes à l’arrière. Lors d’une rotation, la partie de
la structure qui se déplace le moins est plus
proche de l’axe ou du centre de rotation.
Pour plus de précision, il est possible mesu-
rer le déplacement du sternum en avant et des
vertèbres dorsales moyennes en arrière. Le
rapport du déplacement du sternum sur le
déplacement des vertèbres est égal au rapport
de la distance axe de rotation-sternum sur la
Figure 1.13. Qualité des contractions
distance axe de rotation-vertèbres dorsales
des différents muscles.
moyennes. A/a = B/b ou encore A/B = a/b.
Cette mesure donne précisément la localisa-
tion du centre de rotation de l’unité thoraci-
que (figure 1.11). Le centre O est le centre ou axe vertical localisé entre le sternum et la
foyer commun aux deux cercles antérieurs colonne vertébrale. Étudions donc ce qui se
confondus de chaque ovoïde (figure 1.12). passe au niveau de chaque unité thoracique.
Pour cela reprenons notre projection plane
Toujours liée à la division « métamérique » d’une unité thoracique soumise à une rota-
de cette structure, la rotation de la cage thora- tion.
cique est la somme des rotations de chaque
unité thoracique. L’ensemble des centres de Cet axe O, ainsi défini, est l’axe de rotation
rotation des unités thoraciques décrivent un de l’ensemble de la cage thoracique. Dans ce
La cage thoracique 13

Figure 1.15. De chaque côté, les muscles


ont des actions opposées, ils vont entraîner
Figure 1.14. Les muscles, côté proximal, les os dans des directions opposées.
fonctionnent comme dans la flexion
postérieure du thorax,
côté distal à droite ils fonctionnent Cette disposition du côté proximal est
d’une manière opposée. exactement la même que dans le mouvement
d’extension. Elle était bilatérale dans l’exten-
sion, elle est là unilatérale, et du côté proxi-
mouvement de rotation de la cage thoracique, mal en ce qui concerne la rotation.
la palpation nous montre que du côté proxi- Du côté distal ce sont les mêmes muscles
mal les fixateurs de l’omoplate se contractent qui agissent, avec des points fixes opposés.
d’une façon isotonique (le bord interne de Les résultantes des forces entraînant la rota-
l’omoplate se rapproche de la ligne des tion sont des forces parallèles mais de direc-
épineuses), que le grand dentelé se contracte tions opposées, définissant ainsi un couple de
d’une façon isométrique (l’omoplate reste en force (figures 1.14 et 1.15).
place) (figure 1.13). Comme dans le mouvement d’extension, il
Dans la vie courante il est rare que nous y a du côté proximal, là aussi une rotation
utilisions la rotation maximale (ou forcée). La horizontale de la côte autour du foyer posté-
mobilisation des structures thoraciques proxi- rieur de la forme ovoïde. L’angle de la côte se
males suffit à provoquer une rotation suffi- rapproche de la ligne des épineuses. Du côté
sante. Si elle est nécessaire, une rotation maxi- distal la côte va effectuer une rotation hori-
male de la cage thoracique sera obtenue par la zontale autour du foyer postérieur de la forme
mise en jeu des muscles de l’hémithorax ovoïde de telle sorte que l’angle de la côte va
distal. Lors de ce mouvement maximum de là, s’éloigner de la ligne des épineuses. Il faut
rotation de la cage thoracique nous pouvons bien garder en mémoire ce dernier détail
palper du côté distal le grand dentelé qui se (figure 1.16).
contracte : cette contraction est isotonique Comme lors du mouvement d’extension,
car le bord externe de l’omoplate se rapproche ce mouvement de rotation n’est possible que
du sternum. Les fixateurs se contractent aussi, si simultanément se produit le mouvement de
mais sans que la distance de ligne des épineu- bras de pompe. Ce mouvement du côté proxi-
ses au bord interne de l’omoplate soit modi- mal entraîne une élévation des côtes, et du
fiée : cette contraction est donc isométrique. côté distal un abaissement des côtes. Le gril
14 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 1.16. Les axes restent inchangés mais les directions s’opposent.

axe joignant l’ensemble des foyers antérieurs


des formes ovoïdes qui déporte la colonne
dorsale du côté distal.

Alors que cette rotation déporte la colonne


dorsale du côté distal, l’étude a montré qu’au
niveau de l’unité thoracique la tête de côte du
côté proximal avançait, alors que la tête de
côte distale reculait. Ces deux forces opposées,
véritable couple, devraient entraîner la vertè-
bre dans un mouvement de contre-rotation
comme le montre le mécanisme de roues
dentées suivant :

Figure 1.17. Fermeture du gril côté distal,


ouverture du côté proximal.

costal antérieur s’ouvre du côté proximal et se


ferme du côté distal (figure 1.17).
Au début de l’étude du mouvement de
rotation, il est fait mention d’un axe de rota-
tion global de l’ensemble de la cage thoraci-
que. Et bien cet axe passe par l’ensemble des
foyers antérieurs communs aux ovoïdes de Figure 1.18. Schéma mécanique
l’ensemble des unités thoraciques. C’est cette d’une rotation du thorax à gauche.
rotation de la cage thoracique autour de cet Rotation ou contre-rotation ?
La cage thoracique 15

Figure 1.20. Translation ou contre-rotation ?

Figure 1.19. Mouvement des vertèbres


dorsales lors de la rotation du thorax

Ce mécanisme montre que l’on devrait,


sous l’action de ces forces, obtenir une contre-
rotation. Il n’en est rien car l’ensemble côtes-
vertèbres est déporté du côté distal, et simul-
tanément la vertèbre, elle-même, est soumise
à ce même couple de forces (figure 1.18).
Durant la rotation de la cage thoracique,
les vertèbres ne sont entraînées ni en rotation,
ni en contre-rotation du côté distal, mais dans
un mouvement de glissement-translation.
Dans sa position initiale la vertèbre dorsale
Figure 1.21. Translation de la vertèbre,
était positionnée dans un plan sagittal, elle le
restera tout au long de ce mouvement de rota- contre-rotation par rapport au gril costal
tion de la cage thoracique.
Il est possible de décomposer le mouve-
ment bien que les pièces osseuses se déplacent rotation relative de la vertèbre dorsale par
simultanément : vertèbre et côtes tournent (a) rapport à ce plan (figure 1.21).
autour de l’axe de rotation (O), passant par les Il est à noter que ce mouvement est créé
foyers antérieurs. Sous l’action des têtes de par une rotation de l’ensemble du gril costal,
côtes, la vertèbre tourne (b) autour du nucléus la colonne dorsale entraînée par ce mouvement,
pulposus. La vertèbre était positionnée dans un suit comme elle peut, passivement.
plan sagittal, elle va le rester (figures 1.19 et
1.20). Dans le plan frontal : flexion latérale
Attention : pour éviter toute équivoque, si
référence est faite à la position initiale de la
vertèbre dorsale, il y a effectivement une Du point de vue moteur
translation de cette vertèbre. Par contre si L’étude du mouvement actif de flexion laté-
nous nous reférons au plan passant par la face rale montre qu’en dehors de la position de
postérieure du gril costal il y a une contre- décubitus, aucune contraction musculaire
16 Ostéopathie de la cage thoracique

n’est à l’origine de ce mouvement. En posi- ment du mouvement de flexion latérale.


tion debout ou assise la flexion latérale est due Or il n’en est rien, pour échapper à ces
à une chute du tonus musculaire du côté « coins » les vertèbres dorsales vont effectuer
distal. L’étude est faite le sujet ayant sa une contre-rotation permettant ainsi un plus
colonne dorsale en flexion légère. La palpa- grand mouvement de flexion latérale de la
tion montre que lors de ce mouvement, il cage thoracique. Cette contre-rotation se fait
existe un degré d’amplitude où ce mouve- autour d’un axe passant par le nucléus.
ment est purement vertébral, au-delà, les Dans l’amplitude où le mouvement de
côtes sont entraînées dans le mouvement. flexion latérale de la cage thoracique entraîne
le gril costal, la palpation nous montre que ce
Du point de vue mécanique
mouvement est dû à des contractions muscu-
Pour décrire le mouvement entre les facettes laires. Ce mouvement de flexion latérale est au
articulaires, c’est-à-dire entre les postZ et les début dans une faible amplitude, dû à une
préZ, il vaut mieux parler de glissement des simple chute de tonus des muscles du côté
facettes en convergence du côté proximal et distal. Si une plus grande flexion latérale est
en divergence du côté distal. En effet il n’y a demandée au sujet, la palpation montre du
pas en vérité de glissement pur des postZ sur côté proximal une contraction isotonique du
les préZ, puisque ce mouvement n’est pas un grand dentelé et une contraction isométrique
pur mouvement de flexion latérale d’une des fixateurs de l’omoplate. Ce mouvement est
vertèbre sur la sous-jacente. Chaque articula- alors plus une contre-rotation qu’une flexion
tion intervertébrale voit ses facettes parcourir latérale (figure 1.23). Du côté distal, il n’y a
la moitié de l’amplitude. Du côté proximal la aucune activité musculaire en dehors d’un
postZ glisse en bas sur la préZ dans la même simple étirement.
amplitude que la postZ glisse en haut sous la De toutes les façons, la flexion latérale de la
préZ : il y a convergence des facettes articulai- cage thoracique a une faible amplitude, il faut
res. Du côté distal se produit le même phéno- retenir que dans son amplitude initiale, il n’y a
mène mais de direction opposée : la postZ qu’un glissement des facettes articulaires, sans
glisse en haut sur la préZ, alors que la préZ participation musculaire active.
glisse en bas sous la postZ. Il y a divergence
des facettes articulaires (figure 1.22).
Au-delà d’une certaine amplitude, les têtes
de côtes vont agir, du côté proximal, comme
de véritables coins empêchant tout accroisse-

Figure 1.22. Glissement


des postzygapophyses. Figure 1.23. Contre-rotation.
La cage thoracique 17

Les tests de mobilité Si cette butée n’apparaît qu’avec un retard


et si elle n’est pas franche, elle témoigne de la
Ces études ont permis de mettre au point des présence d’un frein, d’une résistance due à une
tests de mobilité. Connaissant les mouve- hypertonie ou à un spasme d’un muscle qui
ments physiologiques de la cage thoracique, joue un rôle dans le mouvement actif de cette
c’est-à-dire le mouvement relatif des différen- articulation. Ce frein et cette butée peuvent
tes pièces osseuses dans les trois plans, il est aussi avoir pour origine une fibrose de ce
facile de reproduire passivement (il est plus muscle, témoignant d’une lésion chronique.
aisé de palper ainsi ces structures) ces mouve- Il convient d’enchaîner ces tests dans une
ments afin de détecter toute anomalie dans le routine afin d’être sûr de ne rien oublier.
déplacement relatif de ces pièces osseuses
témoignant ainsi de la présence de lésions ou
fixations. Test général lors de l’extension
Le principe des tests de mobilité est de de la cage thoracique
reproduire passivement un mouvement, alors
que l’on connaît par avance quels vont être Il consiste à mobiliser le sujet dans un mouve-
les déplacements des os. Ces tests sont des ment d’extension comme la figure suivante le
palpations dans le mouvement. montre. Le praticien réalise le mouvement en
Il convient toujours de palper dans le prenant appui sous les bras croisés sur les épau-
mouvement une structure qui normalement les, du sujet. De sa main dominante le prati-
devrait fuir sous les doigts ; si elle ne fuit pas cien réalise un contre-appui en travers de la
elle « sautera aux yeux », et donnera une colonne dorsale du sujet. La main croise au
sensation de butée. Alors que si l’articulation niveau des articulations métacarpophalangien-
est libre, seule sera palpable la fluidité du nes la ligne des épineuses. Cette main est active
mouvement de la structure qui fuit sous les car elle réalise un couple avec le bras du prati-
doigts. cien qui mobilise le sujet (figures 1.24 et 1.25).
Si cette sensation de butée est franche et La main palpe et en même temps réalise
immédiate dès le début de la mobilisation, elle un contre-appui, elle doit ressentir :
signe la présence d’une fixation articulaire. • les angles des côtes qui se rapprochent,

A B

Figure 1.24 a) Poussée en avant (mise en extension).


b) Relâchement (retour en flexion).
18 Ostéopathie de la cage thoracique

culations métacarpophalangiennes, ou bien


les angles des côtes qui ne se rapprochent
pas, cela signifie qu’au niveau de cette unité
thoracique, siège(nt) une ou des fixations
qui modifie(nt) le bon ordonnancement
mécanique.
Ce test permet de définir le ou les étages où
se trouve(nt) une ou des lésions, mais sans
pouvoir définir pour l’instant sa ou leur
nature.
Pour simplifier, ce test permet d’éliminer les
unités thoraciques saines pour s’intéresser à
Figure 1.25. Le praticien prend appui celle(s) posant problème.
avec son coude sur sa propre crête iliaque
lors du mouvement d’extension. En fait
La face postérieure de la cage
le praticien oscille d’une jambe à l’autre
latéralement. thoracique

Test de mobilité d’une unité thoracique


Il est toujours plus aisé de sentir et de palper
dans le mouvement une structure qui norma-
lement doit fuir sous vos doigts.
Le test précédent a permis de définir quel-
les étaient les unités thoraciques lésées.
Concentrons-nous maintenant sur ces unités
thoraciques en lésion pour voir si une côte ne
serait pas responsable de ce disfonctionne-
ment.

Tests des côtes


Pour sentir par la palpation dans le mouve-
ment une côte qui normalement devrait fuir
Figure 1.26. Les angles se rapprochent, sous les doigts, il convient de prendre un
la vertèbre fuit en avant. contact contre le bord interne de l’angle de la
côte distale et entraîner, avec l’autre bras, la
cage thoracique du sujet dans un mouvement
• les épineuses qui échappent en avant de rotation. Dans un mouvement de rotation,
sous les articulations métacarpo-phalan- l’angle de la côte, côté distal, fuit en dehors et
giennes (figure 1.26). en avant. Dans ce test, les doigts qui palpent
Il convient de sentir l’harmonie du aident le mouvement de rotation, ils sont une
mouvement, sa fluidité. La main qui palpe composante du couple de forces qui réalise la
recouvre 3 ou 4 unités thoraciques. Ainsi rotation (figure 1.27).
en 3 ou 4 mouvements vous êtes capable Si la sensation apparente dans le mouve-
d’analyser l’ensemble de la cage thoracique ment est une butée des doigts contre cette
du sujet. côte, cette côte est lésée. Mais quel type de
Si vous sentez sous la main une vertèbre lésion est responsable de ce disfonctionne-
dorsale qui ne fuit pas en avant sous vos arti- ment ?
La cage thoracique 19

A B

Figure 1.27. Les doigts, la main et le thorax participent au mouvement.

Si cette sensation apparaît comme un en arrière des facettes articulaires, qui, elles-
« mur de briques », il faut suspecter une fixa- mêmes sont en arrière de l’articulation costo-
tion articulaire dont, pour l’instant, l’origine vertébrale.
reste inconnue. Le bras du praticien qui mobilise la cage
Si cette sensation apparaît plutôt comme thoracique et son pouce qui palpe et aide
une restriction, une limitation du mouve- aussi le mouvement d’extension, réalisent un
ment, il faut suspecter une fixation muscu- couple. Le pouce qui palpe et aide le mouve-
laire, dont pour l’instant l’origine reste incon- ment sent le glissement des facettes articulai-
nue. res vertébrales l’une sur l’autre, suivi de ce
« mur de briques ». Il n’y a plus d’élasticité,
Mise en évidence des fixations correspondant à la laxité normale du jeu arti-
costo-vertébrales et costo-transverses culaire passif entre la tête de la côte et les
deux vertèbres correspondantes. Cela signe la
■ Les fixations articulaires présence d’une fixation articulaire d’une articula-
Le test précédent a permis de mettre en tion costo-vertébrale (figures 1.28 et 1.30A).
évidence une lésion articulaire d’une côte. Si l’élasticité témoignant du libre jeu articu-
Comment distinguer une fixation articulaire laire passif de cette articulation est présente, il
costo-vertébrale d’une fixation articulaire convient de déplacer le pouce, qui palpe et
costo-transverse ? aide le mouvement, d’un travers de pouce en
Il convient de réaliser un test qui permettra dehors de la position précédente. Votre pouce
de les différencier. Pour cela, il faut tester ces est alors situé, juste en arrière de l’articulation
articulations dans un mouvement d’exten- costo-transverse (figures 1.29 et 1.30B).
sion de la cage thoracique. Dans le mouvement vous sentez, encore
La palpation est faite à l’aide du pouce de la sous votre pouce, le glissement d’une vertèbre
main dominante, prenant appui du côté de la sur l’autre, mais sans aucune élasticité percep-
lésion, contre la lame de la vertèbre. L’épais- tible au-delà. Cela témoigne d’une rigidité,
seur de l’apophyse épineuse déporte votre d’une fixation articulaire de l’articulation costo-
pouce latéralement pour qu’il se trouve juste transverse.
20 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 1.28. Test de l’articulation intervertébrale : contact du pouce contre la lame en avant
et contre l’épineuse en dehors.

A B

Figure 1.29. Test de l’articulation costo-vertébrale : le pouce est situé à un travers de pouce
en dehors de la position précédente.

Ces deux articulations ne sont jamais fixées bouge pas. Elle va devenir l’axe de l’ébauche
simultanément. En effet si l’une est fixée, de mouvement de cette côte qui suivra
l’axe du mouvement de cette côte qui passait comme elle peut. Lorsqu’une de ces deux arti-
par le foyer postérieur homolatéral de culations est fixée, l’autre devient plus
l’ovoïde est « faussé » ; la côte pour suivre le mobile.
mouvement, va s’adapter. Le principe d’une La sensation de « mur de briques » ressenti
fixation est que l’articulation incriminée ne sous les doigts qui palpent et aide le mouve-
La cage thoracique 21

Figure 1.30A. Positionnement du pouce Figure 1.30B. Positionnement du pouce


pour l’articulation costo-vertébrale. pour l’articulation costo-transverse.

d’une fixation articulaire. Le test spécifique de


l’articulation costo-transverse indique une
restriction de mouvement, le mouvement a
bien lieu d’emblée mais il est freiné et limité
en amplitude. Le test de l’articulation costo-
vertébrale est normal, la tête de la côte est
libre.
En dehors de ces deux articulations la seule
structure qui peut empêcher la côte de fuir en
avant et en dehors, lors d’un mouvement de
rotation de la cage thoracique, est la résis-
tance à l’étirement du muscle spécifique à
cette côte qui est le muscle élévateur de côte
Figure 1.31. Muscle surcostal. (surcostal) ou une languette du muscle ilio-costal.
Le premier s’étend entre l’apophyse trans-
verse de la vertèbre sus-jacente et le bord de la
ment d’extension de la cage thoracique, signe côte sous-jacente, en dehors de l’articulation
une fixation de l’articulation costo-vertébrale ou costo-transverse. Cette fixation ou lésion est
costo-transverse. due à un spasme d’un de ces muscles si le cas
est aigu, ou d’une fibrose si le cas est chroni-
Mise en évidence des fixations que (figure 1.31).
musculaires costales et intercostales Le test est réalisé dans un mouvement de
rotation de la cage thoracique en palpant avec
■ Le test costal la pulpe des 2e et 3e doigts le bord interne
La distinction entre une sensation de « mur de de l’angle des côtes, du côté distal (voir
briques » et un simple retard dans le mouve- figure 1.27). Une rigidité est palpable, mais le
ment n’est pas toujours aussi tranchée. Il mouvement a bien lieu et une seule côte est
arrive lors du test de la côte, maintenant lésée. S’il n’y a aucune lésion de l’articulation
devenu classique, de croire être en présence costo-vertébrale ou costo-transverse, la struc-
22 Ostéopathie de la cage thoracique

ture responsable est le muscle ilio-costal dans


sa portion thoracique, ou le surcostal. L’expé-
rience enseigne vite à distinguer une lésion
musculaire d’une très grande rigidité articu-
laire.

■ Le test intercostal
Bien sûr il n’existe pas d’articulation à propre-
ment parler entre deux côtes contiguës, mais
il existe un mouvement entre elles. Encore
une fois, le mouvement de la cage thoracique
est le résultat de la somme des mouvements
de chaque unité thoracique. Le rapport essen-
tiel qui unit deux côtes contiguës est composé Figure 1.32. Contact sur une côte pour
des muscles intercostaux.
la fixation du surcostal ou de l’ilio-costal,
Leur hypertonie, leur spasme, leur fibrose contact sur deux côtes contiguës pour
provoquent des fixations musculaires qui la fixation intercostale.
« solidarisent » ces deux côtes.
Pour tester ces fixations, dues au spasme Test de la mobilité du mouvement
d’un muscle intercostal, il convient de repren- intervertébral
dre le test classique du test des côtes dans un
L’étude des mouvements physiologiques de la
mouvement de rotation de la cage thoracique
cage thoracique montre que lors de la rotation
avec les doigts qui palpent les côtes, en dehors
et de l’extension, le mouvement naît au
de leur angle, du côté distal.
niveau du gril costal et que la colonne dorsale
La restriction et la rigidité apparaissent suit, comme elle peut, le mouvement.
dans le mouvement en prenant contact sur Dans le plan frontal, il existe un mouve-
deux côtes contiguës. Cette rigidité sera ment de flexion latérale des vertèbres dorsales
encore mieux perçue en plaçant le contact en de faible amplitude avant que ce mouvement
dehors de l’angle de la côte. La sensation est purement vertébral n’entraîne le gril costal.
de deux côtes solidaires qui bougent en même Dans ce mouvement de flexion latérale de la
temps. cage thoracique, le mouvement naît dans la
colonne dorsale, puis entraîne le gril costal
Si le mouvement de la cage thoracique est qui suit comme il peut la colonne dorsale.
entraîné au maximum de sa rotation, un Il apparaît évident alors, que le mouve-
méplat est visible en dehors des angles des ment intervertébral doit être testé dans le plan
deux côtes fixées. frontal, dans un mouvement de flexion laté-
rale de la colonne dorsale, afin d’éviter toutes
Le spasme est la cause des cas aigus et la
les interférences issues de fixations situées
fibrose des cas chroniques.
dans le gril costal.
Sur cette photographie est présenté le test En effet, si l’analyse du mouvement inter-
mettant en évidence une lésion musculaire vertébral est réalisé dans un mouvement de
due à un spasme d’une languette musculaire rotation de la cage thoracique, des fixations
appartenant au muscle ilio-costal. Le contact au niveau des côtes, quelles qu’elles soient,
est pris contre le bord interne de l’angle de la peuvent modifier ce mouvement inter-
côte (figure 1.32). vertébral. Le risque alors est de diagnostiquer
La cage thoracique 23

comme fixations intervertébrales, des fixa-


tions costales.
Attention, le terme de flexion latérale de la
colonne dorsale est un peu impropre, car dans
ce mouvement une vertèbre dorsale ne fléchit
pas latéralement sur la sous-jacente, il existe
un mouvement combiné de glissement des
deux.
Là encore, les muscles courts pré- et para-
vertébraux vont intervenir pour étendre le
mouvement, même s’il est faible, sur un maxi-
mum de segments afin de limiter les contrain-
tes sur la moelle épinière.
Il est important de rappeler qu’il convient
toujours de tester une articulation dans un
mouvement où l’amplitude de cette articu-
lation est maximale. Bien souvent, des
étudiants pour tester par exemple D5/D6,
fixent D6 et mobilisent les segments supé-
rieurs jusqu’en D5, l’amplitude est très faible.
Pour tester D5/D6, il convient de mobiliser
le sujet dans un mouvement de flexion latérale
qui vient « mourir » en D12. Ce n’est que dans
cette condition que l’amplitude du mouve-
ment de D5/D6 sera maximale. La portion D1
à D12 est un arc dont la flèche maximale est en Figure 1.33. Mouvement oscillatoire :
D5/D6. L’articulation D5/D6 est l’articulation ventre et nœuds.
dont l’amplitude est la plus grande. La compa-
raison de cette flexion latérale à un mouve- laires de l’articulation intervertébrale (figure
ment oscillatoire de part et d’autre de la verti- 1.35). Comme toujours les doigts palpent
cale montre que D1 et D12 constituent les dans le mouvement. Ils aident en participant
nœuds et D5/D6 la flèche maximale du ventre au mouvement en poussant en dedans du
de ce mouvement oscillatoire. côté proximal l’articulation intervertébrale
Pour tester D1/D2 et les articulations (figure 1.34).
suivantes jusqu’en D5/D6, il convient de pren- Au cours du mouvement, après le pur glis-
dre appui sur le sommet du crâne pour impul- sement, il est commun et normal de sentir
ser le mouvement et de mobiliser la colonne sous les doigts l’ébauche de la contre-rotation
jusqu’en D6 (pour D1/D2). Pour les articula- dont l’axe passe par le nucléus. Si le mouve-
tions inférieures à D5/D6, l’appui est pris au ment est ressenti comme harmonieux et
niveau des épaules et la mobilisation atteint le fluide de part et d’autre de la verticale, l’arti-
sacrum pour tester D11/D12 (figure 1.33). culation est indemne de toute fixation.
Lors de ce test, le mouvement de flexion
latérale est imprimé de part et d’autre de la Mise en évidence de fixations
verticale. articulaires
Le contact est pris avec la pulpe des 2e et Le « mur de briques » indique une fixation
e
3 doigts de part et d’autre de l’apophyse articulaire, qui peut être unilatérale ou bilaté-
épineuse, au fond contre les massifs articu- rale. Dans une fixation unilatérale il n’y a pas
24 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 1.34. Mouvement oscillatoire lors du test des articulations intervertébrales.

de glissement mais tout de suite une contre-


rotation de la vertèbre autour de l’articulation
inter-apophysaire proximale. Cette articula-
tion s’adapte pour participer au mouvement.
Si la fixation est bilatérale, le mur de
briques devient un « mur d’acier ». Il n’y a
aucun mouvement inter-apophysaire. Cette
raideur s’étend aux segments de part et
d’autre de la lésion mais à un degré moindre.

Mise en évidence de fixations


musculaires
Lors de ce test, le glissement inter-
apophysaire a lieu, mais il manque de fluidité.
Figure 1.35. Position de l’index et du majeur Il convient d’incriminer un spasme, une
dans le test de l’articulation intervertébrale. hypertonie, une fibrose d’un muscle court
La cage thoracique 25

A B C D

Figure 1.36. Ébauche de ré-ascension de la postZ sur la préZ.

appartenant aux paravertébraux. Le muscle ré-ascension des postZ sur les préZ, et de
transversaire épineux est souvent responsable l’ouverture de l’espace antérieur entre les
de ce type de lésion unilatérale. Si cette fixa- corps des vertèbres. Si cette élasticité est
tion s’étale sur 4 ou 5 articulations interverté- absente, c’est le signe que localement le LCVA
brales le muscle responsable est le muscle ilio- est restreint (figure 1.36).
costal. Si la restriction est très localisée, il peut Un signe complémentaire est la douleur
s’agir du muscle surcostal. Le contrôle est fait locale déclenchée par une simple extension
par le test spécifique vu plus haut, en contac- de la colonne cervicale, par la mise en tension
tant la côte. localement du LCVA.
Mise en évidence de la fixation Lors de la flexion postérieure ou extension
du ligament commun vertébral (B), les postZ glissent en bas sur les préZ,
antérieur (LCVA) l’espace inter-épineux se ferme. Si le mouve-
ment est poursuivi (C), il se produit une
Il arrive souvent de sentir une restriction bila- ré-ascension des postZ sur les préZ alors que
térale, pas très nette, ou bien que les côtes de l’espace inter-épineux reste fermé. Lors des
cette unité thoracique soient en restriction, derniers degrés du mouvement (D), le glisse-
mais légère... Bref, le doute est là ! Cela arrive ment se poursuit, l’espace inter-corporéal
souvent, et tant mieux ! Dans ces cas-là, il faut antérieur s’ouvre, ce qui étire le ligament
tester le LCVA. commun vertébral unissant les corps verté-
Le sujet est testé dans un mouvement braux en avant du nucléus pulposus.
d’extension de la cage thoracique. La position
est celle utilisée pour différencier une fixation
articulaire costo-vertébrale d’une fixation arti- Diagnostic différentiel
culaire costo-transverse, à la différence près entre une lésion intervertébrale
que le contact ici est réalisé par les pulpes des et une lésion costo-vertébrale
2e et 3e doigts contre les lames de la vertèbre
dorsale. L’expérience acquise, il est aisé de distinguer
Dans un premier temps le glissement inter- une fixation intervertébrale d’une fixation
apophysaire est ressenti sous les doigts puis la costo-vertébrale. Il est évident qu’une fixation
vertèbre fuit en avant. Lorsque le mouvement intervertébrale va affecter la mobilité des arti-
a épuisé toute l’amplitude dont il disposait, et culations costo-vertébrales d’une même unité
si une poussée supplémentaire est exercée thoracique. L’inverse est tout aussi vrai. La
passivement, une élasticité supplémentaire règle d’or est comme toujours en ostéopathie :
est palpable, elle témoigne d’une ébauche de la rigidité. La grande rigidité d’une lésion
26 Ostéopathie de la cage thoracique

intervertébrale entraîne toujours une restric- Tout en se rappelant qu’il est plus facile de
tion de mouvement des articulations situées tester une structure qui fuit sous les doigts,
dans sa proche périphérie. cette articulation est testée du côté proximal
Une lésion est définie comme étant inter- dans un mouvement de rotation de la cage
vertébrale si la rigidité entre les facettes articu- thoracique, car physiologiquement la côte
laires est manifestement plus importante que fuit en dehors et en arrière sous les doigts qui la
celle ressentie au niveau de l’articulation palpent et aident le mouvement. Il faut tester en
costo-vertébrale. même temps les côtes sus- et sous-jacentes, la
Inversement une lésion sera définie lésion est d’autant plus nette. Il est de bon
comme étant costo-vertébrale si la rigidité conseil de multiplier les contacts sur les côtes
locale est plus importante que celle qu’elle et dans les espaces intercostaux.
engendre au niveau de l’articulation inter-
vertébrale.
Mise en évidence des fixations
articulaires
Une lésion située à la face antérieure du gril
Tests des structures à la face
costal peut fixer une côte : c’est la fixation
antérieure chondro-costale. Cette fixation siège au
niveau des 5 premières côtes. Le cartilage qui
Tests du gril costal unit la côte au sternum est court. Ces articula-
Lorsqu’est mise en évidence une lésion costale tions n’ont pas de synoviale ni de moyens
dans le test fait en rotation avec un contact d’union, mais leur configuration montre que
sur l’angle d’une côte, il convient de prendre les côtes peuvent être mobilisées dans tous les
l’habitude de tester directement le degré de plans : l’extrémité externe du cartilage a une
mobilité de cette même côte en avant et en forme de dôme convexe qui vient répondre à
particulier au niveau de l’articulation sterno- l’extrémité antérieure de la côte qui a la même
costale. forme, mais concave.
Ce test se fait bien sûr dans un mouvement Il n’existe pas de lésions entre le sternum et
de rotation de la cage thoracique avec un le cartilage. Le mouvement essentiel se passe
contact de la pulpe des 2e et 3e doigts sur cette entre le cartilage et la côte et non entre le
articulation (figure 1.37). sternum et le cartilage. Les cartilages apparais-

A B

Figure 1.37. Test du gril costal.


La cage thoracique 27

sent comme des expansions cartilagineuses


du sternum. Sans ces cartilages le sternum,
entraîné par les côtes, bougerait dans une
même amplitude que celles-ci. Les cartilages
permettent d’amortir le mouvement des
côtes. Le sternum suit tous les mouvements
des côtes, mais dans une amplitude moindre.
Le concept de fixation articulaire est main-
tenu pour ces articulations, malgré le fait que
cette lésion n’est présente qu’au niveau des
articulations qui possèdent une synoviale.
En présence d’une fixation articulaire anté-
rieure de la côte, la côte ne fuit pas en dehors
et en arrière sous les doigts. Cette articulation
chondro-costale apparaît comme un bloc
Figure 1.38. Triangulaire du sternum.
monolithique.

Mise en évidence des fixations rement violents. Dans tous les cas la douleur
musculaires est manifeste.
• Lors d’un traumatisme le cartilage
Si la sensation perçue est une restriction du
« apparaît » comme tendu en avant de
mouvement ou un mouvement qui se fait,
deux côtes (K8, K9 la plupart du temps).
mais avec retard et dans une amplitude
Les côtes semblent avoir glissé sous le
réduite, elle signe une fixation musculaire. Un
cartilage. L’amplitude de la respiration
spasme ou une hypertonie d’un muscle va
est raccourcie pour limiter la douleur.
constituer un frein relativement puissant au
• Lors d’un éternuement la brusque
mouvement. Une fibrose musculaire due à
contraction du diaphragme « tend » ce
une lésion ancienne peut entraîner aussi ce
cartilage en arrière et en dedans des
type de restriction. La structure responsable
extrémités des côtes. Les côtes semblent
de cette lésion est donc le muscle.
avoir glissé sur le cartilage. Cela est tout à
Le seul muscle, pour cette région, pouvant
fait palpable malgré la tension des tissus.
jouer ce rôle de frein est le triangulaire du
Là encore l’amplitude de la respiration
sternum. Il s’étend de la face postérieure du
est raccourcie.
sternum aux côtes 2, 3, 4, 5 et 6 par l’intermé-
Ces lésions affectent essentiellement le
diaire de languettes musculaires (figure 1.38).
cartilage à hauteur des côtes 7 et 8 ou 8 et 9 ;
elles se trouvent ainsi bridées par le cartilage.
Fixation du cartilage unissant K6 à K10
Ces lésions sont peu courantes mais méritent
d’être citées. Le cartilage s’étend de K6 à K10. Les ajustements ou corrections
À la palpation, ce cartilage apparaît comme
une corde tendue entre ces côtes. Il est main-
tenu dans le plan de la cage thoracique par
Face postérieure de la cage
deux forces qui s’équilibrent : vers le bas par la thoracique
tension des muscles abdominaux et vers le
haut par la tension du diaphragme. Il est très Lésions intervertébrales
facile à palper au regard des côtes 7, 8 et 9. La fameuse dog technic est la manœuvre la plus
Les lésions sont soit traumatiques, soit classique et la moins agressive utilisée par la
provoquées par des éternuements particuliè- plupart des ostéopathes. Elle est bien vécue
28 Ostéopathie de la cage thoracique

par le patient car il voit le praticien agir, il est des doigts 2, 3, 4 et 5. La main repose sur la
dans une situation de confort parce qu’il est table par l’intermédiaire des métacarpiens et non
tenu dans ses bras sans effort de sa part. des articulations métacarpo-phalangiennes.
Le patient est étendu sur le dos les jambes Le bras de levier long est utilisé pour
allongées, les bras croisés sur les épaules, le amener une tension des tissus mous au niveau
praticien le fait rouler sur le côté contre lui, de l’articulation à ajuster, le bras de levier
dans cette position il est encore possible de court est appliqué lors du thrust par le contact
tester et palper pour avoir confirmation de la de votre main au niveau de la lésion.
lésion. Pour prendre le contact, le praticien Avertissement : Je prends toujours contact
place sa main dominante ouverte, le sillon avec ma main gauche qui est ma main domi-
formé entre les éminences thénar et hypothé- nante, c’est pour cela que je suis toujours à la
nar est dans l’axe de la ligne des apophyses gauche de mon patient.
épineuses. Ce contact est pris suffisamment À partir de maintenant la cage thoracique
bas (trois ou quatre vertèbres plus bas), de du patient, la propre cage thoracique du prati-
telle façon qu’en remontant la main plaquée cien par l’intermédiaire des bras croisés du
contre la colonne vers la lésion, la peau sous- sujet, réalisent un bloc monolithique. Toute
jacente soit mise en tension. poussée de sa cage thoracique se répercute sur
Ce pulling stabilise le contact à la verticale sa main en regard de la lésion.
de la lésion, et empêche ainsi la main de glis- Dans un premier temps, sur une expiration
ser à distance de la lésion. du patient, le praticien pèse sur la cage thora-
Ce contact pris, la main est refermée, le cique du sujet, il ressent cette pression sur sa
patient est roulé sur le dos sans perdre le main, amortie par l’élasticité des tissus mous.
contact, maintenu d’une main ferme. Le Il doit évaluer l’amplitude de l’élasticité de ces
praticien appuie sa propre cage thoracique sur tissus. Lors de l’ajustement il doit donc exer-
les avant-bras croisés du patient. Le praticien cer sur la cage thoracique du patient, sur une
glisse l’autre main sous la tête du patient et la expiration, un thrust dont l’amplitude va juste
fait glisser dans l’axe vers le bas jusqu’à ce au-delà de l’évaluation précédente. Ce thrust
qu’elle recouvre la charnière cervico-dorsale est appliqué à la verticale du contre-appui au
du sujet et que l’avant-bras soutienne la niveau de la lésion ; pour le réaliser il doit
nuque. La mise en tension se fait en mobili- soudainement laisser fléchir ses genoux,
sant le bras de levier constitué de la main et de comme s’ils se dérobaient sous son poids. Ceci
l’avant-bras en fléchissant l’ensemble tête, évite de rompre cet aspect de bloc monolithi-
colonne cervicale et partie supérieure de la que créé par le contact des deux cages thoraci-
cage thoracique. Lorsque que cette flexion ques, et de perdre la mise en tension de la
amène une mise en tension des structures lésion. Bien souvent nous voyons des
lésées au-dessus de la main-contact, tout est étudiants se redresser, perdre le contact entre
en ordre pour ajuster. leur thorax et les avant-bras du patient, puis
Attention, la mise en tension se fait par la effectuer leur thrust par une brusque flexion
mobilisation de la main au contact de la char- du tronc. Les contrôles du contact avec la
nière cervico-dorsale et non avec l’avant-bras lésion, de la mise en tension et de l’amplitude
sur lequel repose la tête du patient : cela à donner au thrust sont perdus, ce qui laisse
établirait une trop grande tension des tissus peu de chance à une pleine réussite de l’ajus-
mous de la face postérieure de la nuque. La tement (figures 1.39 et 1.40).
main au contact de la lésion est fermée de Lors d’un ajustement, souvent vécu comme
telle manière que le contact avec l’articulation une agression, il est toujours préférable que
à ajuster se fasse par un double contact : le le thrust ait une amplitude suffisante et mini-
1er métacarpien et les deuxièmes phalanges male. La première réponse à ce stimulus est
La cage thoracique 29

A B

Figure 1.39. Pulling (a), Mise en tension (b), Ajustement (c).

Figure 1.40. Position de la main-contact lors de la correction d’une lésion


d’une articulation intervertébrale
30 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

C
Figure 1.41 a): Pulling (lésion à gauche). b): Ajustement (rotation légère à gauche du tronc
du patient). c): Position de la main-contact lors de la correction d’une lésion de l’articulation
costo-vertébrale gauche.

A B
Figure 1.42. Lésion droite.
La cage thoracique 31

neurologique. La stimulation répond à la loi


du « tout ou rien ». La réponse n’est pas
proportionnelle à l’intensité du stimulus, alors
pourquoi agresser le patient ?

Lésions des articulations


costo-vertébrales
Elles concernent les lésions, ou fixations des
articulations formées par les têtes des côtes
avec les corps vertébraux qu’elles jouxtent.
La procédure pour ajuster cette articulation
est la même que pour la correction d’une
lésion d’une articulation intervertébrale : la
dog technic, à quelques différences près que
nous allons décrire.
La mise en tension est identique, le
contact au niveau de la lésion diffère : la Figure 1.43. Position de la main-contact
main-contact est alors ouverte et le contact lors de la correction d’une lésion
est pris par la tête du 1er métacarpien contre de l’articulation costo-vertébrale droite.
la lame de la vertèbre, qui se trouve juste en
arrière de l’articulation en lésion. Il est préfé-
rable de toujours utiliser la main dominante qu’il convient d’induire un peu plus de rota-
comme contact (bras de levier court), le prati- tion à la cage thoracique du patient, pour
cien se tient donc toujours du même côté de que le thrust soit appliqué à la verticale de
la table lors d’une correction avec cette dog la lésion. Pour affiner et améliorer le contact,
technic. il faut porter la colonne du pouce en adduc-
Lorsque l’on procède à la mise en tension, tion, cela antériorise la tête du 1er méta-
il est impératif d’induire avec votre propre carpien.
cage thoracique une très légère rotation à
La procédure pour réaliser cet ajustement
celle du patient du côté de la lésion pour
est rigoureusement identique à celle vue plus
que le thrust soit vraiment appliqué à sa verti-
haut, sauf qu’il convient d’induire encore
cale (figure 1.41).
plus de rotation à la cage thoracique du
La lésion est costo-vertébrale à droite, le
patient. Le contact se fait en dedans des
praticien entraîne la cage thoracique du
angles des deux côtes contiguës lésées avec la
patient en rotation légère à droite pour que
base de la colonne du pouce, la main étant
le thrust soit appliqué à la verticale de la lésion
ouverte (figures 1.44, 1.45 et 1.46).
(figures 1.42 et 1.43).

Lésions des articulations Lésion costale


costo-transverses Cette lésion, comme nous l’avons vu plus
Elles concernent les articulations unissant haut, est due au spasme d’une ou plusieurs
les côtes aux apophyses transverses des vertè- languettes musculaires appartenant à la
bres dorsales correspondantes. Topographi- portion thoracique du muscle ilio-costal, ou
quement cette articulation est située à un à d’autres muscles mixtes. La même techni-
travers de pouce en dehors de l’articulation que est utilisée mais en prenant le contact
costo-vertébrale. La procédure pour ajuster juste en dedans de l’angle de la côte incri-
est encore la même, à la différence près minée (figures 1.47, 1.48 et 1.49).
32 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 1.44. a): Pulling, contact en dehors à gauche des paravertébraux.


b): Ajustement (plus de rotation du tronc). c): Lésion costo-transverse gauche.

A B
Figure 1.45. Lésion costo-transverse à droite, encore plus de rotation à droite.
La cage thoracique 33

Figure 1.46. Lésion costo-transverse droite.

A B

C
Figure 1.47 a): Pulling. b): Ajustement (plus de rotation).
c): Lésion costale gauche (encore plus de rotation).
34 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 1.48. Lésion costale droite. a): Pulling avec la colonne du pouce.
b): Le praticien se penche au-delà de l’axe.

dans ce cas. La procédure reste la même que


précédemment sauf qu’il convient d’induire
encore plus de rotation pour que le thrust soit
vraiment appliqué à la verticale.

Face antérieure de la cage


thoracique
Les lésions que l’on trouve à la face antérieure
de la cage thoracique sont essentiellement les
lésions des articulations chondro-costales.
Elles peuvent concerner toutes les côtes. Les
lésions les plus fréquentes se localisent au
niveau des quatre premières côtes. Il existe
un autre type de fixation, qui intéresse le
Figure 1.49. Lésion costale droite. cartilage unissant les extrémités des côtes K6
à K10.

Lésion intercostale Lésions de K2 à K5


Cette lésion intéresse deux côtes contiguës. Le Ces fixations sont définies comme des fixa-
spasme ou la fibrose musculaire, suivant son tions articulaires par leur rigidité. Pour réaliser
acuité ou sa chronicité, est localisé juste en un ajustement, le patient est allongé sur le
dehors des angles des deux côtes. La dog tech- dos, le contact est pris avec le pisiforme, le
nic est encore utilisée dans ce cas. thrust est appliqué soit à la verticale, soit dans
Le contact se fait sur l’angle de la côte. Les l’axe de la côte (de dedans en dehors). Le fait
figures seraient pratiquement identiques à de tenir le poignet stabilise le contact et
celles montrant les corrections des lésions permet de mieux contrôler l’amplitude du
costales. La dog technic est encore à utiliser thrust. Ces ajustements directs par thrust sont
La cage thoracique 35

A B

Figure 1.50. Correction des lésions chondro-costales.


a): Ajustement à la verticale.
b): Ajustement dans l’axe de la côte.
c): Une autre technique consiste à prendre un contact ferme, toujours avec le pisiforme,
et de frapper la main à la verticale du contact avec le tranchant de l’autre poignet.

toujours effectués sur une fin d’expiration du Les lésions chondro-costales


sujet, et à plus forte raison lorsqu’ils concer- de K6 à K10
nent la cage thoracique. Il faut prendre soin,
Il n’existe pas d’ajustement spécifique pour
comme toujours, de jauger avant le thrust
corriger ce type de lésion. Elle s’accompagne
l’amplitude à donner à celui-ci.
souvent de lésions locales (allant de l’étire-
Au-delà de l’amplitude accordée par les ment à la déchirure) des fibres musculaires
tissus mous, il arrive de sentir la côte, lors du médianes des muscles intercostaux.
thrust, s’enfoncer jusqu’à plus d’1 cm sous le Le traitement de ces lésions consiste en des
pisiforme. Dans ce type d’ajustement direct, il est étirements du cartilage unissant les fausses
impératif de contrôler la vitesse et l’amplitude du côtes. Ces manœuvres sont réalisées le patient
thrust (figure 1.50). en position de suspension.
36 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 1.51. Position du patient en suspension

Le patient est assis en travers de la table, patient est complètement relâché et le prati-
les fesses bien en arrière. Le praticien est assis cien dispose de nombreux bras de levier :
sur un tabouret en arrière, un peu décalé à • bras de levier courts par ses deux mains
droite ou à gauche suivant le côté à traiter. qui agissent directement,
Tout en contrôlant le mouvement il est • bras de levier longs par ses genoux qui
demandé au patient de se laisser tomber en peuvent induire des mouvements de
arrière, son dos est réceptionné sur les genoux flexion,latérale, de rotation de la cage
du praticien. Si le praticien est situé à gauche, thoracique du patient
par exemple, la tête du patient vient reposer • bras de levier moyens par ses coudes qui,
sur le haut de la cuisse droite du praticien, enserrant la cage thoracique, peuvent la
l’omoplate droite repose sur son genou droit, mobiliser.
l’omoplate gauche repose sur sa cuisse Lors de cette manœuvre il est possible
gauche. Colonne lombaire et colonne dorsale d’avoir une action directe avec les mains ou
basse sont « suspendues » dans le vide. Cette indirecte en fixant le cartilage et en mobili-
position est très confortable donc très sécuri- sant les bras de levier longs ou/et moyens
sante pour le patient. Dans cette position, le (figure 1.51).
La cage thoracique 37

En présence de ce type de lésion, il des tissus mous et autres fascias de la cage


convient d’effectuer des mobilisations des thoracique, et des viscères de l’abdomen.
côtes, du cartilage et du diaphragme. Cette Notez que l’élévation du talon gauche, ici,
position du patient dite en suspension appa- entraîne la cage thoracique du patient en rota-
raît comme la meilleure pour tout traitement tion droite.
Chapitre 2

La première unité
thoracique

Mouvements physiologiques

Les tests de mobilité

Les corrections
La première unité thoracique 41

Chapitre 2

La première unité
thoracique

La première unité thoracique est atypique Mouvements physiologiques


pour plusieurs raisons.
Au plan anatomique, la tête de la côte Dans le plan sagittal : l’extension
s’articule directement sur le corps vertébral
de D1, l’extrémité antérieure de la 1re côte va Au niveau de la cage thoracique, l’extension
croiser en arrière l’extrémité antérieure de la est maximale au niveau de D6, D7, D8. Tout
clavicule. Clavicule et 1re côte s’articulent au dépend de la morphologie du sujet. Ceux qui
manubrium sternal, dans des rapports qui ont une inversion de courbure de la colonne
peuvent varier selon les individus entre cervicale, associée à une « lordose » dorsale
continuité et contiguïté. Il arrive que la syno- haute, auront un mouvement d’extension de
viale de l’articulation sterno-claviculaire leur cage thoracique qui remontera très haut
déborde en dessous pour constituer aussi la avec un maximum en D3. Ceux qui ont une
synoviale de l’articulation costo-sternale de cyphose dorsale haute auront un mouvement
la 1re côte. d’extension de leur cage thoracique maxi-
mum en D9, D10. Les variations s’étendent
Les apophyses transverses de D1 sont parti- entre ces deux extrêmes.
culièrement longues par rapport à celles des De toutes les façons, la 1re unité thoracique
vertèbres dorsales sous-jacentes. Elles sont ne bouge pratiquement pas dans les mouve-
situées dans le plan frontal. ments d’extension de la cage thoracique. Par
De nombreux muscles et ligaments s’insè- contre si on mobilise les vertèbres C7/ D1/ D2
rent sur cette 1re côte, pour former entre autre dans un mouvement d’extension de la tête et
un tamis « fermant » chaque hémithorax de la colonne cervicale maximum, ce mouve-
comme un diaphragme. ment vient « mourir » sur les vertèbres dorsa-
les hautes.
L’important est que cette 1re unité thoraci-
Il est évident que l’extension de cette char-
que est une charnière entre la colonne cervi-
nière sera maximale lorsqu’une extension de
cale et la cage thoracique.
la colonne cervicale sera associée à une exten-
Cette unité thoracique peut être mobilisée sion de la cage thoracique.
à partir d’un mouvement de la colonne cervi- L’essentiel est de se rappeler que sans
cale, d’un mouvement de la cage thoracique extension de la colonne cervicale, l’extension
ou d’une combinaison des deux. de cette 1re unité thoracique est faible. Asso-

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Ostéopathie de la cage thoracique
42 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 2.1. Rotation ou contre-rotation ?

ciée à une extension de la colonne cervicale le en haut sur la préZ du côté distal. Les facettes
mouvement d’extension de la 1re unité thora- articulaires du côté proximal ont un mouve-
cique a bien lieu. ment inverse.
Les postZ de C7 glissent bien sur les préZ de Si le mouvement de rotation des dorsales
D1, de même que celles de D1 sur celles de D2. hautes est induit par une rotation du tronc, ici
Le corps vertébral de D1 s’invagine bien à droite par exemple, l’épineuse de D2 coincée
dans le thorax, mais de manière limitée. entre l’index et le médius va venir buter
La 1re paire de côtes bouge bien comme les contre l’index.
paires suivantes, mais là, ce sont les apophy- Si le mouvement de rotation des dorsales
ses transverses qui les poussent en avant. hautes est induit par un mouvement de rota-
À ce niveau, c’est D1 qui mobilise la tion du cou, l’épineuse de D2 va venir buter
1re paire de côte, qui suit comme elle peut, contre le médius (figure 2.1).
alors que dans l’extension de la cage thoraci- Dans la vie courante la rotation de la
que, le mouvement avait pour origine le colonne cervicale est souvent associée à une
gril costal et entraînait secondairement la rotation de la cage thoracique. Dans cette
colonne dorsale. condition de mouvement associé de la
colonne cervicale et de la cage thoracique,
D1 apparaît comme une zone tampon qui
Dans le plan horizontal : la rotation
bouge peu, échappant ainsi aux contraintes
L’étude a montré que dans la rotation de la créées par des vertèbres cervicales tournant
cage thoracique, les côtes entraînaient les sur elles-mêmes (autour du nucléus pulpo-
vertèbres dorsales dans un glissement transla- sus) et des vertèbres dorsales n’effectuant
tion du côté distal. qu’un glissement-translation du côté distal.
Lors de la rotation de la tête et du cou les La 1re paire de côtes, par contre, bouge
vertèbres cervicales effectuent une rotation comme les suivantes mais dans une faible
dans le même sens. Cette rotation a pour axe, amplitude.
au niveau de chaque vertèbre, le nucléus Cette zone tampon permet une légère rota-
pulposus. Les épineuses dévient du côté tion de C7 sur D1 et un léger glissement trans-
distal. La postZ glisse en avant et légèrement lation de D2 sous D1.
La première unité thoracique 43

La laxité des tissus mous et des articula- rale avec une rotation du côté proximal et une
tions de cette charnière permet ce transfert colonne dorsale effectuant un glissement laté-
d’axe de rotation (nucléus pulposus) pour les ral du côté distal avec, en fin de mouvement,
vertèbres cervicales vers un axe de rotation une légère contre-rotation. Même de faible
(unissant l’ensemble des foyers antérieurs) amplitude, la rotation proximale des vertèbres
pour la rotation du gril costal. cervicales s’accorde mal avec une contre-
Cela permet d’imaginer tous les troubles rotation des vertèbres dorsales.
qui peuvent apparaître lorsque cette zone Dans cette situation D1 constitue une zone
tampon n’est pas respectée. tampon avec un mouvement de faible ampli-
tude, consistant en un simple glissement des
facettes articulaires entre elles.
Dans le plan frontal : la flexion La 1re paire de côtes suit passivement
latérale entraînée par le mouvement de D1.
Les vertèbres appartenant à la charnière
cervico-dorsale ont une mobilité dans le plan Les tests de mobilité
frontal différente suivant que la colonne
cervicale est cyphosée ou lordosée.
D1
Sur une colonne cervicale lordosée, les
vertèbres cervicales ne fléchissent pas latérale- D1 doit être testée dans un mouvement de
ment mais effectuent une contre-rotation du flexion latérale, dans le plan frontal, la
côté distal. Si ce mouvement est étendu au colonne cervicale étant dans une position
haut de la cage thoracique, elle aussi lordosée, neutre. Cette situation place D1 en position
les premières unités thoraciques glissent laté- de tampon entre une colonne cervicale qui
ralement du côté distal dans un mouvement effectue une flexion latérale associée à une
de translation, comme l’étude l’a montré plus rotation du même côté et une colonne
haut. En fin de mouvement de glissement, les dorsale qui, dans le même plan, effectue une
premières dorsales sont entraînées dans une contre-rotation proximale en fin d’ampli-
contre-rotation du côté distal. D1 ne consti- tude.
tue pas une zone tampon, puisque dans une D1, entre C7 et D2 dans un mouvement de
situation de lordose de la colonne cervicale, flexion latérale, effectue un pur mouvement
les premières vertèbres dorsales bougent en de glissement-translation du côté distal. C’est
harmonie avec les vertèbres cervicales. ce mouvement qu’il convient de reproduire
Sur une colonne cervicale cyphosée, la passivement pour tester cette charnière
colonne cervicale effectue une flexion latérale cervico-dorsale.
accompagnée d’une légère rotation des corps Pour tester C7/D1/D2 le sujet est en posi-
vertébraux du côté proximal. Si la colonne tion assise, le praticien debout derrière lui, la
cervicale est mobilisée seule, le mouvement pulpe des 2e et 3e doigts de sa main domi-
vient « mourir » sur D1. D1 constitue alors nante sont plaquées contre les lames des
une zone tampon. deux vertèbres formant l’articulation. Son
Nous avons vu plus haut que dans un autre main prend appui sur la tête du sujet
mouvement de flexion latérale de la cage la colonne cervicale fléchie, et déclenche un
thoracique, les vertèbres dorsales effectuent mouvement oscillatoire de flexion latérale
un glissement-translation du côté distal ; en de part et d’autre de la verticale. Ce mouve-
fin d’amplitude s’ébauche une contre- ment vient « mourir » en D6/D7 afin que
rotation. Cette zone tampon est nécessaire, D1/D2 soit situé au niveau de la flèche maxi-
car D1 et D2 sont alors « coincées » entre une male du ventre du mouvement oscillatoire
colonne cervicale effectuant une flexion laté- créé entre le sommet de la tête et D6/D7. Ce
44 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 2.2. 1re côte : Palpation (a).


Test (b).

n’est que dans cette situation que peut être Le patient étant assis, le praticien se tient
obtenue l’amplitude maximale du mouve- dans son dos, il enserre de sa main ouverte la
ment de flexion latérale. Dans les autres face latérale de la base de la nuque du patient :
plans, il est possible de détecter des lésions, le pouce contre l’apophyse épineuse de D1, la
mais la flexion latérale étant le mouvement face antérieure de la première et deuxième
de prédilection pour tester les vertèbres phalange de l’index au contact de la 1re côte.
dorsales situées plus bas, autant utiliser ce Une simple pression de l’ensemble de la main
continuum. vers le bas permet d’évaluer l’élasticité de la
Il est recommandé, si une lésion apparaît structure. Le même exercice réalisé de l’autre
dans ce plan, de rechercher la mobilité dans côté peut faire apparaître une différence ou
les autres plans, en rotation et en flexion, afin faire conclure à une raideur « physiologique »
de déterminer dans quel plan est ressentie la normale, puisque générale chez cet individu.
restriction de mouvement la plus proche de la Il est important de prendre contact avec la
position neutre. plus grande surface possible de cette côte car
cette région est très sensible. Il faut éviter une
réaction de défense de l’organisme du sujet
Test de la première côte
qui peut nuire à la qualité de votre perception.
La 1re côte est palpable en grande partie. Elle Avec de l’expérience ce simple geste est suffi-
s’articule à la face latérale du corps vertébral sant pour diagnostiquer une fixation d’une
de D1 dans sa partie supérieure, à la face anté- 1re côte. Cependant pour les étudiants, il est
rieure de l’extrémité de l’apophyse transverse recommandé pour faciliter le mouvement
de D1 qui est longue et transversale, elle d’abaissement de la 1re côte sous la pression
contourne le dôme pleural, elle passe sous la de l’index, de réaliser une flexion latérale de la
clavicule et vient s’articuler avec le manu- charnière cervico-dorsale du côté de la 1re côte
brium sternal au-dessous de l’articulation à tester, à l’aide de l’autre main (et avant-bras)
sterno-claviculaire. (figure 2.2).
Son tiers moyen est palpable à sa face Ce test met en évidence la fixation articu-
supérieure. laire costo-transverse de la 1re côte, comme un
La première unité thoracique 45

« mur de briques ». Une simple restriction du pour fixer cette région contre le corps du
mouvement signe une lésion d’origine praticien. Le contact de l’avant-bras permet
musculaire, souvent des scalènes. de localiser la flexion latérale au niveau de la
La 1re côte s’insérant sur la face latérale du première unité thoracique, de stabiliser le
corps vertébral de C7, l’articulation costo- patient en regard du thrust que vous allez
vertébrale est moins sujette à se fixer que les appliquer sur le côté opposé. Notez encore la
articulations costo-vertébrales typiques. manière de stabiliser le patient à l’aide du
La lésion sterno-costale articulaire de la membre inférieur du praticien fléchi, le pied
1re côte est fréquente. Il est possible d’effec- reposant sur la table, la cuisse contre le
tuer le test classique vu plus haut, ou encore thorax et sous le bras du patient. Lors de tout
de simplement la palper, la rigidité est alors ajustement par thrust direct, il est impératif
évidente. de stabiliser le patient au maximum si l’on
veut éviter que l’action du thrust se disperse
dans le corps. La main en appui sur la tête
Les corrections entraîne la colonne cervicale dans une rota-
tion qui antériorise cette 1re côte, améliorant
ainsi la qualité du contact du bras de levier
Ajustement de la 1ère côte court.
Lors de l’ajustement, patient et praticien Le contact du bras de levier court est pris à
conservent la même position que lors du test. l’aide de la face externe de l’articulation
À la différence près que le contact est ici métacarpo-phalangienne de l’index, l’axe du
réalisé par la face externe de l’articulation thrust est en direction oblique en bas et en
métacarpo-phalangienne de l’index, ceci pour dedans, en direction de la hanche opposée du
avoir un contact plus ferme. patient. La main ouverte du bras de levier
Notez que l’appui du grand bras de levier court permet de stabiliser le patient contre la
est réalisé par un contact de la main sur le cuisse du praticien du côté opposé. L’avant-
sommet de la tête et de l’avant-bras sur la face bras du bras de levier court est positionné
latérale de la face et de la colonne cervicale, dans l’axe du thrust que le praticien veut
que le coude du grand bras de levier passe en appliquer. Il est impératif de respecter tous les
avant de la partie supérieure de l’hémithorax paramètres décrits pour optimiser les chances
de succès (figure 2.3).
Comme pour tous les ajustements, avant
d’appliquer le thrust, l’amplitude due à l’élas-
ticité doit être évaluée (ici celle de la côte),
afin de donner au thrust l’amplitude néces-
saire et suffisante à un ajustement correct et
acceptable.
L’ajustement de l’articulation sterno-
costale est identique à celui des autres mêmes
articulations comme nous l’avons vu plus
haut (figure 2.4).

Attention : cette lésion est souvent associée


à une lésion de l’articulation sterno-clavi-
culaire, avec laquelle elle a des rapports anato-
Figure 2.3. Ajustement de la première côte. miques étroits.
46 Ostéopathie de la cage thoracique

même position que lors du test de la clavicule à


la différence près que le contact privilégié est
réalisé par le pouce situé contre la lame, à la
base de l’apophyse épineuse de la vertèbre à
ajuster. La cuisse du praticien sous le creux
axillaire du patient, son avant-bras contre la
face latérale de la tête et du cou du patient
assurent la stabilité et la mise en tension de
l’articulation à ajuster (figure 2.5).
Attention : dans ce type de manipulation, le
bras de levier long qui procède à la mise en
tension doit se limiter à cette action. Le bras
de levier qui ajuste est toujours le bras de
levier court, ici le pouce et non le bras de
levier long qui réalise la mise en tension. Le
Figure 2.4. Ajustement direct
contact se fait avec le pouce, sa pulpe prend
de la première côte. appui sur la lame et contre l’apophyse
épineuse de D1 ou D2 suivant l’articulation à
ajuster. Dans ces conditions le praticien
Ajustement de C7/D1 contrôle beaucoup plus facilement la puis-
et de D1/D2 sance et l’amplitude du thrust.
Les adeptes de la dog technic l’utilisent encore L’avantage de cette position réside aussi
à ce niveau, cependant les deux méthodes les dans le fait qu’il est possible d’induire, à la
plus utilisées restent les ajustements en posi- tête du patient, des composantes de flexion
tion assise ou en décubitus ventral. et/ou de rotation. Il convient toujours de
réaliser une mise en tension dans une posi-
Position assise tion de la colonne la plus proche possible de
Le praticien se tient en arrière du patient assis la position neutre. Lors de cet ajustement, la
en travers de la table, exactement dans la mise en tension se fait en flexion latérale ; le

A B

Figure 2.5. Correction de C7/D1 ou D1/D2 en position assise.


La première unité thoracique 47

fait d’induire un peu de rotation ou de contre-


rotation permet souvent d’obtenir une mise
en tension de qualité plus proche de l’axe
vertébral, donc moins traumatisant pour l’axe
neural.

Décubitus ventral
Cette position est préférable si le patient a
une charnière cervico-dorsale cyphosée et
particulièrement raide. La têtière de votre
table abaissée permet un plus grand relâche-
ment des tissus. Le bras de levier est la main
ouverte du praticien qui, plaquée sur la face
latérale du cou et du crâne, amène la colonne
cervicale en flexion latérale, un peu de Figure 2.6. Ajustement en décubitus ventral.
contre-rotation peut améliorer cette mise
en tension qui est évaluée par la pulpe du
pouce. Ce pouce est plaqué contre la lame et effectuer l’ajustement et non simplement le
l’apophyse épineuse de D1 ou D2 suivant pouce. Il ne doit jamais y avoir d’effet de
l’articulation à ajuster. La main est ouverte, ciseaux entre les deux mains. Notez comme
elle enserre la base latérale du cou, recouvre le le tronc du praticien recouvre à distance celui
trapèze du patient et forme un bloc avec le du patient. Le thrust est réalisé dans l’axe de
pouce. C’est l’ensemble de la main qui va l’avant-bras (figure 2.6).
Chapitre 3

La ceinture scapulaire

Mouvements physiologiques

Tests de mobilité

Les corrections

Routine
La ceinture scapulaire 51

Chapitre 3

La ceinture scapulaire

Les pages précédentes ont montré que Nous allons étudier l’autre rôle majeur qu’elle
l’omoplate jouait un rôle important, sinon remplit dans les mouvements du membre
essentiel. Or l’omoplate appartient à la cein- supérieur.
ture scapulaire. Cette ceinture est composée
d’un ensemble d’os, mais aussi de muscles que Mouvements physiologiques
nous appellerons fixateurs de l’omoplate pour
simplifier. Ils vont du bord postero-interne de Si l’omoplate était fixée à la cage thoracique,
l’omoplate aux lames des vertèbres dorsales la mobilité du membre supérieur se limiterait
supérieures. au champ situé en dessous du plan horizontal
La ceinture scapulaire est composée passant par l’articulation gléno-humérale. En
d’avant en arrière : du manubrium sternal, des effet dès qu’un mouvement du membre supé-
articulations sterno-claviculaires, des clavicu- rieur dépasse ce plan, ou en d’autres termes,
les, des articulations acromio-claviculaires, dès que le sujet le mobilise en élévation ou en
des omoplates, des muscles fixateurs et des abduction au-delà d’une amplitude de 90°,
vertèbres dorsales hautes (figure 3.1). l’omoplate est mobilisée.
Les chapitres précédents ont montré le rôle À ce titre, l’omoplate constitue à elle seule
important que joue la ceinture scapulaire un quatrième segment du membre supérieur.
dans les mouvements de la cage thoracique. Pour étudier les mouvements physiologiques

Figure 3.1. La ceinture scapulaire.

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Ostéopathie de la cage thoracique
52 Ostéopathie de la cage thoracique

de la ceinture scapulaire, voyons ce qui se


passe lorsque le membre supérieur est mobi-
lisé au-delà d’une amplitude de 90°.

Plan frontal
Dans ce plan, l’omoplate bascule : la glène
s’élève, l’angle s’écarte en dehors. En affinant
cette analyse on note que l’omoplate a la
forme d’un triangle, que son épine schéma-
tise la bissectrice de l’angle externe. Sur cette Figure 3.2. L’omoplate et les bissectrices
épine viennent se croiser les bissectrices des des angles.
deux autres angles. Cette bascule est en fait
une rotation de l’omoplate autour d’un
centre situé à l’intersection de ces trois bissec-
trices, situé sur l’épine de l’omoplate. Ce
centre est grossièrement situé à l’union des
deux tiers externes et du tiers interne de
l’épine de l’omoplate. L’omoplate effectue
une rotation dans le sens des aiguilles d’une
montre (petite amplitude) lors du mouve-
ment d’abaissement de l’épaule, et dans le
sens contraire des aiguilles d’une montre lors
de l’abduction du membre supérieur au-delà
de 90°. Cette rotation se fait sous l’action
de muscles s’insérant au niveau des angles
de l’omoplate. Ces muscles travaillent en
Figure 3.3. Bascule de l’omoplate
synergie et en couple afin de maintenir
l’omoplate en place. Ne perdons pas de vue lors de l’abduction.
que l’omoplate appartient à un ensemble qui
est la ceinture scapulaire (figure 3.2).
Il est aisé de remarquer que l’angle supé- cule contre le gril costal et en haut par la
rieur et externe de l’omoplate est, quelle que tension des tissus mous. Le centre de cet arc
soit la position de l’omoplate et donc de est situé sur la clavicule, près de son articula-
l’acromion, toujours situé à la même distance tion avec le sternum.
du manubrium sternal, puisque ces deux
structures sont unies par la clavicule. Dans
les mouvements d’abduction, la glène de
Dans le plan horizontal
l’omoplate va décrire un arc de cercle autour On demande au sujet ayant le bras élevé en
d’un axe joignant l’articulation sterno- avant à 90°, de réaliser une circumduction
claviculaire et le centre de rotation de horizontale de son membre supérieur vers
l’omoplate vu plus haut (figure 3.3). l’arrière. Nous notons que l’omoplate est
Dans les mouvements d’abduction, donc concave en avant, cette concavité répond à la
dans le plan frontal, on s’aperçoit que convexité du gril costal. Dans ce plan hori-
l’ensemble des points géométriques que peut zontal, la coupe de l’omoplate est un arc de
prendre la glène de l’omoplate décrit un arc cercle dont le centre est là encore, l’articula-
de cercle limité en bas par la butée de la clavi- tion sterno-claviculaire (figure 3.4).
La ceinture scapulaire 53

Figure 3.4. Circumduction horizontale du membre supérieur.

Dans le mouvement du membre supérieur


dans un plan horizontal à 90°, l’omoplate
décrit une portion d’arc de cercle dont le
centre est proche de cette même articulation.
Les limites de cet arc sont là encore la tension
des tissus mous.

Dans tous les plans


Si l’on considère l’ensemble des différentes
positions extrêmes que peut occuper la main
dans l’espace, la glène de l’omoplate va
décrire une portion de sphère dont le centre se
trouve au niveau de l’articulation sterno-
claviculaire (figure 3.5).
Figure 3.5. Ensemble des positions
Lorsque la main et le membre supérieur
que peut prendre la glène.
dépassent le plan horizontal passant par la
glène, l’omoplate va effectuer une rotation
autour d’un centre situé à l’union des bissec-
trices de ses trois angles. ne se luxe que très rarement, et encore à la
suite d’un traumatisme direct et violent.
Cette étude montre le rôle essentiel de
l’articulation sterno-claviculaire. Cette articu- La stabilité de cette articulation est à oppo-
lation est une articulation dite « en selle ». Ce ser à la faible congruence des articulations
type d’articulation permet à la fois la plus entre la clavicule et l’acromion d’une part et
grande stabilité et la plus grande mobilité. Elle entre l’omoplate et la cage thoracique d’autre
54 Ostéopathie de la cage thoracique

part. La stabilité de ces dernières n’est donc haut. En relâchant l’épaule, on doit sentir le
pas due à des facteurs anatomiques ostéologi- mouvement inverse : l’interligne s’ouvre en
ques, mais à des facteurs anatomiques haut et se ferme en bas.
musculaires. Pour ces deux articulations, ce
En poussant l’épaule en avant, on doit
sont la richesse et la tonicité des muscles
sentir l’interligne qui se ferme en avant. En
qui les entourent et les mobilisent qui les
tirant l’épaule en arrière, on doit sentir l’inter-
stabilisent.
ligne qui s’ouvre en avant (figure 3.6).

Tests de mobilité Sous les doigts situés sur l’interligne, on


ressent un mouvement inverse à celui
imprimé au moignon de l’épaule. En fait le
L’articulation sterno-claviculaire centre de l’ensemble des mouvements décrits
par la glène de l’omoplate est situé au niveau
Pour réaliser ce test, il convient de reprendre
de l’extrémité interne de la clavicule. Cette
exactement la position prise lors du test de la
articulation est dite « en selle », c’est-à-dire
1re côte : le patient est assis en travers de la
que la clavicule a une surface articulaire
table, le praticien se tient derrière lui. Pour
convexe en dedans dans le plan frontal et
tester l’articulation sterno-claviculaire droite
concave en dedans dans le plan horizontal.
par exemple, il enserre de sa main gauche la
Le centre des mouvements physiologiques
base du cou du patient qu’il fait glisser jusqu’à
que décrit la glène de l’omoplate n’est autre
ce que la pulpe des 2e et 3e doigts rencontre
que le centre du rayon de courbure de la
l’articulation. De son autre main il va mobili-
surface articulaire convexe en dedans dans
ser le moignon de l’épaule. Pour cela il casse le
le plan frontal de l’articulation sterno-
poignet pour prendre appui avec le talon de la
claviculaire (figure 3.7).
main en arrière du creux axillaire. Agripper
avec les doigts le moignon de l’épaule est bien La rigidité et le manque d’harmonie dans
sûr possible, mais totalement inconfortable le mouvement signent la fixation, c’est une
pour le patient. fixation articulaire. Il est nécessaire de s’assu-
En soulevant l’épaule, on doit sentir l’inter- rer que cette lésion n’est pas associée à une
ligne articulaire s’ouvrir en bas et se fermer en fixation de la 1re côte du même côté.

A B

Figure 3.6.Test de l’articulation sterno-claviculaire.


La ceinture scapulaire 55

Figure 3.7. En portant en avant le moignon de l’épaule, l’interligne articulaire s’ouvre


en arrière et inversement.

Il faut prendre l’habitude de toujours tester vertèbres dorsales hautes. Toute lésion de ces
l’autre articulation sterno-claviculaire et de vertèbres dorsales hautes pourra affecter la
comparer. physiologie de ces muscles et perturber la
bonne mécanique de la ceinture scapulaire. Il
L’articulation acromio-claviculaire est donc impératif de tester les articulations
intervertébrales des vertèbres dorsales hautes
Cette articulation n’a d’une articulation que (voir plus haut).
le nom. En fait c’est un os appuyé contre un
autre, avec un ligament antérieur, un autre
postérieur et pas de synoviale. Les mouve- Les côtes
ments sont très limités, l’angle de la clavicule Bien qu’elles n’appartiennent pas structurelle-
avec le plan de l’omoplate variant peu. La ment à la ceinture scapulaire, les côtes supé-
tonicité des muscles qui s’insèrent sur la clavi- rieures jouent un rôle dans la physiologie arti-
cule et sur l’omoplate assure la convergence culaire de celle-ci, du fait qu’elles s’articulent
de ces deux os. avec les vertèbres dorsales supérieures. Il
Cette articulation n’est jamais le siège existe une chaîne constituée de muscles entre
d’une fixation. Au pire, lors de traumatisme l’omoplate, les vertèbres dorsales hautes et les
elle se luxe, cette luxation n’est pas suscepti- côtes supérieures. Les muscles intervenant
ble d’être réduite. La clavicule se luxe en haut. dans cette chaîne sont les fixateurs de
l’omoplate, le surcostal et l’iliocostal, et bien
Les articulations intervertébrales d’autres. Toute contracture, spasme ou
hautes fibrose, même parcellaire, au niveau d’un de
ces muscles peut déclencher un disfonction-
La ceinture scapulaire varie dans sa longueur, nement de la ceinture scapulaire. Il convient
comme une vraie ceinture. Sa circonférence donc de tester les articulations costo-
varie en fonction de la longueur des fixateurs vertébrales, les costo-transverses et les côtes
des omoplates. Nous avons vu qu’ils s’éten- supérieures, sans oublier la 1re (ces tests ont
daient du bord interne des omoplates aux été décrits plus haut).
56 Ostéopathie de la cage thoracique

Les corrections le soulève et le déplace en dehors. Les


deux mains réalisent une compression.
Le mouvement d’élévation de l’omoplate
L’articulation sterno-claviculaire relâche les tensions musculaires. Clavi-
cule et omoplate sont poussées en
Toutes les corrections concernant vertèbres dehors, ce mouvement est limité par la
dorsales et côtes ont été étudiées plus haut. mise en tension des tissus mous propres à
L’articulation sterno-claviculaire est dite l’articulation sterno-claviculaire. Cette
« en selle », elle ne se luxe jamais. La seule limite atteinte, le thrust est appliqué dans
façon d’obtenir une décoaptation libératrice l’axe de la clavicule (figure 3.8).
est d’exercer un thrust dans l’axe de la
diaphyse de la clavicule de dedans en dehors.
La première côte
Patient et praticien sont dans la même
situation que lors du test de cette articulation. Voir pages 45 et 46
Les contacts sont différents : La ceinture scapulaire est un véritable
• Le contact de la main qui va effectuer le carrefour traversé par les structures vasculo-
thrust se fait en disposant le talon de la nerveuses mettant en rapport le thorax, le
main sur le tiers interne de la clavicule cou et le membre supérieur. Il convient de
qui est convexe en avant. L’adduction systématiquement tester cette ceinture pour
de la colonne du pouce permet de mettre en évidence toute compression
« pincer » la clavicule et de stabiliser ce nerveuse ou vasculaire.
contact entre éminences thénar et hypo- Cette ceinture scapulaire constitue le
thénar. Cette main est rigoureusement quatrième segment du membre supérieur. La
disposée dans l’axe de la diaphyse de la fameuse périarthrite de l’articulation gléno-
clavicule. humérale n’est bien souvent qu’une inflam-
• La main qui procède à la mise en tension mation secondaire à un disfonctionnement
est plaquée contre l’omoplate. Le talon d’une structure appartenant à la ceinture
de la main crochète l’angle de l’omoplate scapulaire.

A B

Figure 3.8. Mise en suspension de l’omoplate et de la clavicule.


Le thrust est donné dans l’axe de l’avant-bras.
57

Routine

Pour n’oublier aucune articulation, il convient Le test se poursuit dans un mouvement de


de procéder à une routine. rotation de la cage thoracique en descendant ;
Il est possible de réaliser cette suite de tests le contact avec les côtes est pris sur leur angle
en commençant par le haut ou par le bas. Le (bord interne).
praticien est assis, le patient l’est aussi,
Les deux côtés sont testés, les restrictions
devant, sur un tabouret.
ou les rigidités sont enregistrées. Affectent-
Les vertèbres lombaires sont testées dans
elles une ou plusieurs côtes successives, une
un mouvement de flexion latérale.
ou plusieurs paires de côtes, correspondent-
Le praticien remonte, dans le même plan,
elles à des rigidités ou restrictions au plan
sur les articulations intervertébrales des dorsa-
intervertébral ?
les. Il est bien de prendre l’habitude de bavar-
der avec le patient ou de laisser libre cours à Ces troubles se répercutent-ils sur la (ou
ses pensées. Ainsi toute anomalie dans la les) articulation(s) costo-sternale(s) en avant
perception de la palpation dans le mouve- de la (ou des) même(s) unités thoracique(s)?
ment durant ces tests saute d’autant plus Où se trouve la rigidité la plus importante ? Il
« aux yeux », comme une alerte. Il faut noter ne faut pas paniquer, tout ce raisonnement
toutes les restrictions ou rigidités en remon- intellectuel, avec l’expérience, se fera d’une
tant les vertèbres dorsales. manière intuitive.
Arrivé en D1, le test s’enchaîne dans un
La perception de la lésion majeure, sa loca-
mouvement en flexion antero-postérieure des
lisation précise, au milieu d’un fatras de
vertèbres cervicales, avec le pouce et l’index
restrictions de rigidités, de tensions... sera le
d’une main sur chacune des lames de la vertè-
produit de la synthèse consciente, et bientôt
bre à tester. Les deux doigts glissent sur la
avec la pratique, inconsciente, de toutes les
peau de vertèbre en vertèbre. Un contrôle est
sensations tactiles perçues lors de l’ensemble
fait en redescendant de la même manière le
de cette routine.
long des vertèbres cervicales.
À la base du cou, les doigts se déplacent Dans la pratique de cette routine, les mains
latéralement pour tester la 1re côte et l’articu- ne perdent jamais le contact avec le corps du
lation sterno-claviculaire de chaque côté patient, il est bercé par le mouvement et se
successivement. laisse mieux aller.
Chapitre 4

Les viscères du thorax

Les différents mouvements

Notion d’articulation viscérale

Notion de lésion viscérale

Notion de tests viscéraux

Notion de traitement
Les viscères du thorax 63

Chapitre 4

Les viscères du thorax

Ce travail a déjà été décrit par Jean-Pierre battements ou ondulations, sont sous la
Barral et moi-même dans un premier dépendance du système nerveux autonome.
ouvrage, plus général, au début des années La contraction du diaphragme projette l’esto-
quatre-vingt. Il jetait les bases de l’ostéo- mac grossièrement en avant et en bas. Le
pathie viscérale. Un quart de siècle s’est bien- cœur martèle l’estomac encore à travers le
tôt écoulé depuis. S’il est apparu important diaphragme. Les ondes qui parcourent une
d’approfondir cette étude, c’est pour insister anse de l’intestin grêle la font glisser sur
sur la profonde synergie qui existe entre d’autres ou sur un rein. L’ensemble de tous ces
tous les mouvements des structures apparte- mouvements induits par ce type d’activité
nant au thorax, qu’elles soient osseuses ou rythmique est appelé automaticité.
viscérales.

La motilité
Les différents mouvements
La motilité est un mouvement beaucoup plus
subtil. Pour l’instant aucun examen techni-
La motricité que n’a pu l’objectiver. Attendons que les
Les organes et les viscères bougent les uns par laboratoires ouvrent enfin leurs portes aux
rapport aux autres dans les mouvements de la ostéopathes non-médecins et que la création
vie quotidienne. Si debout vous effectuez une d’un super échographe permette de visualiser
flexion du tronc, le foie va glisser en avant et ce type de mouvement. La motilité, pour
en bas sur l’angle hépatique du colon, sur le rappel, est un mouvement rythmique de
duodénum et sur le rein droit. Ce mouvement faible amplitude dont la fréquence varie
est appelé motricité, non parce que nous autour de huit cycles par minute. C’est un
mobilisons volontairement un organe par mouvement propre à chaque organe qui se
rapport à un autre, mais parce qu’il est secon- fait dans des axes bien définis et qui traduit la
daire à un mouvement du corps sous le vitalité de cet organe. Il existe une cohérence
contrôle du système nerveux central. entre les mouvements de motilité des orga-
nes. Ce mouvement se décrit de part et d’autre
d’une position neutre, en un mouvement
L’automaticité d’inspir impliquant une ouverture et un
Le cœur et le diaphragme sont soumis à des mouvement d’expir impliquant une notion
mouvements automatiques permanents. de fermeture.
L’estomac, les intestins et les uretères sont Des lecteurs fidèles noteront la modifica-
soumis à des mouvements automatiques en tion de cette classification des mouvements.
fonction de leur activité. Ces mouvements, Le nom de mobilité est un terme générique

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Ostéopathie de la cage thoracique
64 Ostéopathie de la cage thoracique

qui ne précise pas l’origine ou la cause de ce ralement à droite, pour éviter toute tension
mouvement. Motricité, automatisme, moti- sur son appendice, devra toujours vous être
lité n’entraînent aucune confusion à propos présente à l’esprit : le spasme local protège la
du type de mouvement évoqué. lésion.

Notion d’articulation viscérale Notion de tests viscéraux


Il est évident pour tout le monde que deux
os voisins sont unis par une articulation, L’écoute
avec des surfaces articulaires, un liquide faci-
litant le glissement, et des moyens d’union. Cette technique est familière, elle consiste à
Les organes « s’articulent » aussi à leur évaluer la motilité de l’organe à tester. La
voisinage par des surfaces « articulaires », main dominante est posée en regard de
un liquide s’interpose à leur périphérie et l’organe, cette main exerce une pression
ils possèdent des moyens d’union. Désor- légère de l’ordre de 200 g. Cette main est
mais les guillemets seront supprimés au mot purement passive, bientôt vous percevez
articulation, appliqué aux organes et aux sous votre paume une ébauche de mouve-
viscères. ment, puis un mouvement, c’est le mouve-
ment de motilité de l’organe qui est une rota-
tion de l’organe, en va-et-vient, autour
Notion de lésion viscérale d’un axe perpendiculaire. Ce mouvement de
Au plan articulation osseuse existent diffé- motilité doit être harmonieux dans son
rentes lésions : amplitude et son rythme. Toute anomalie du
• articulaires où la cause du disfonctionne- rythme et/ou de l’amplitude signe une
ment est un manque de glissement, atteinte de la motilité de l’organe, donc de sa
• ligamentaires où la cause du disfonction- vitalité.
nement est due au ligament,
• musculaires où la cause du disfonction-
nement est le muscle, « La feuille morte »
Ce test consiste encore à poser votre main
Au plan articulation viscérale existent des
dominante en regard de l’organe à tester.
lésions similaires :
La pression exercée par votre main est de
• articulaires où la cause est une adhérence
l’ordre de 500 g. La paume de votre main est
au niveau des surfaces de glissement,
attirée par des tensions émanant de la lésion.
• ligamentaires où la cause se situe au
Au niveau thoracique, cette méthode n’est
niveau des moyens d’union,
applicable qu’au médiastin (bronches,
• musculaires où la cause se situe dans le
œsophage, cardia), comme l’étude le mon-
tissu même du viscère.
trera plus loin. Ce test est surtout appliqué au
plan abdominal.
Les lésions viscérales développent des
tensions. Ces tensions sont en fait une protec-
tion qui protège l’organe lésé. Les tissus se
Le diabolo
rétractent autour de la lésion afin que lors de
mouvements de motricité ou autre, le viscère Cette technique consiste à disposer les deux
ne soit pas tiré à hue et à dia, cette tension le mains de part et d’autre du corps ou d’une
protégeant d’une irritation supplémentaire. région spécifique à explorer. Les paumes des
L’image de l’enfant, souffrant d’une appendi- mains décrivent des cercles dans le même
cite aiguë, marchant penché en avant et laté- sens, qui constituent les bases de deux cônes
Les viscères du thorax 65

Notion de traitement

Les organes thoraciques sont enfermés dans


une cage semi-rigide. Il est donc impossible
d’avoir une prise directe sur eux.
Décrivons les différentes techniques de trai-
Figure 4.1. Test du diabolo. tement des organes du thorax. À ces lésions
spécifiques vont s’appliquer des manœuvres
spécifiques, seule l’induction pourra répondre
opposés par leur sommet. En faisant varier le à ces troubles.
rayon d’un ou des cercles décrits, on déplace L’induction est la technique majeure utili-
ainsi un « curseur » (le sommet des deux sée dans le traitement des lésions du
cônes), entre les deux paumes. Si ce curseur poumon. Elle n’est qu’une forme « active »
peut se déplacer harmonieusement entre les telle qu’utilisée en ostéopathie crânienne.
deux paumes, le test montre une bonne vita- Cette technique consiste à suivre légèrement
lité de l’organe concerné. Très pratique au activement les cycles alternatifs d’inspir et
plan abdominal, il est aussi utilisé au plan d’expir (en fait la motilité). Au bout de quel-
thoracique pour tester le médiastin, en parti- ques cycles la motilité semble disparaître,
culier l’œsophage (figure 4.1). c’est le fameux still point, puis la motilité
« repart » pour de nouveaux cycles qui se font
dans une amplitude, un rythme plus harmo-
Le diagnostic thermique manuel nieux et surtout autour d’un axe plus physio-
(DTM) logique. Le mouvement cesse à nouveau lors
d’un nouveau still point puis redémarre
Cette méthode initiée par Jean-Pierre Barral encore, dans une nouvelle forme encore plus
consiste à définir à l’aide de la main qui se harmonieuse. De still point en still point
déplace au-dessus de la surface du corps des l’organe va enfin retrouver une motilité
zones délimitées ressenties comme « chau- normale.
des ». Elles témoignent de l’inflammation La relative souplesse du sternum due aux
de structures (os, articulations ou organes). cartilages qui l’unissent aux côtes, permet
Des recherches communes avec des ingé- l’usage de la feuille morte. Toute impulsion
nieurs de la Michigan State University ont manuelle exercée sur le sternum se répercute
montré la réalité du phénomène, mais la intégralement sur les bronches ou sur
science exigeait de construire une cage de l’œsophage.
Faraday dans laquelle devait être enfermé le
« patient ». Impossible ! L’expérience montre Le diabolo (figure 4.1.) est une technique de
le grand intérêt de cette pratique. Il existe test mais aussi de traitement pratiqué au
une cartographie de ces zones chaudes qui niveau du médiastin est réalisé avec une
peuvent prendre la forme de points, de ronds paume appliquée dans le creux xiphoïdien
ou de bandes, bien circonscrits ou diffusant, vers le haut et l’autre sur le manubrium ster-
à la verticale des structures atteintes. nal vers le bas.
En dehors de ces manœuvres spécifiques, il
De nombreux autres tests sont employés par est toujours important d’effectuer un travail
d’autres ostéopathes. Chacun a ses propres affini- sur les fascias et des techniques de mobilisa-
tés, peu importe à partir du moment où les conclu- tions ; mobilisations par des appuis au niveau
sions convergent. de la cage thoracique associées ou non à des
66 Ostéopathie de la cage thoracique

étirements par l’intermédiaire des membres


supérieurs, de la colonne dorsale ou de la
colonne lombaire.
La simple réflexion donne la méthode
pour avoir une action d’ouverture. Par
exemple pour un cul-de-sac costo-diaphrag-
matique gauche : mettre le patient en décubi-
tus latéral droit, colonne lombaire en rota-
tion droite, cage thoracique en rotation
gauche. Fixer le bassin du patient avec la
main appliquée sur son aile iliaque gauche
et exercer une traction sur le membre supé-
rieur gauche du patient en haut, en dehors et
en arrière. Les praticiens inventent leurs
Figure 4.2. Cul-de-sac propres manœuvres adaptées à leur propre
costo-diaphragmatique. morphologie (figure 4.2).
Chapitre 5

Les poumons

Anatomie

Articulation du poumon

Les mouvements

Les lésions

Les tests

Le traitement
Les poumons 69

Chapitre 5

Les poumons

Les poumons sont entièrement contenus dans • La face interne, schématiquement plane,
la cavité thoracique. Cette cavité est délimitée fait face à son homologue, séparée d’elle
en bas par le diaphragme, et en haut par un par le médiastin. Notons qu’à gauche
entrelacé de fibres aponévrotiques, ligamen- cette face est excavée pour le logement
taires et musculaires, constituant au-dessus de du cœur.
chaque poumon deux « diaphragmes » supé- • La face inférieure, concave en bas et en
rieurs. Les poumons sont séparés par le dedans est en rapport étroit avec la
médiastin. coupole du diaphragme.
• Le sommet, ou dôme pleural dépasse le
bord supérieur de la 1re côte.
Anatomie
Les poumons sont divisés en lobes, trois à
Ce chapitre est volontairement limité aux
droite et deux à gauche qui sont séparés par
détails anatomiques qui ont un intérêt dans la
des scissures, véritables entailles :
pratique de l’ostéopathie. Les anatomistes
• La grande scissure coupe chaque pou-
purs verront leur cheveux se dresser sur leur
mon pratiquement en deux, elle naît en
tête, mais les variations anatomiques viscéra-
arrière à la hauteur de D4, se dirige latéra-
les sont nombreuses, particulièrement ici où
lement à l’horizontale, puis lorsqu’elle
elles sont liées à celles de la cage thoracique.
contourne le poumon elle descend obli-
Comme tous les viscères et organes, les quement en dedans en direction de la
poumons sont contenus dans une cavité sque- base de l’appendice xiphoïde.
lettique, qui peut être fermée comme le crâne, • La petite scissure n’est présente qu’à
ou bien ouverte comme le sont la cage thora- droite, elle sépare le lobe supérieur du
cique et la cavité abdominale. lobe moyen. Elle est issue de la grande
Tous ces organes sont contenus dans un scissure lorsque celle-ci contourne le
système de double feuillet : poumon, puis se dirige légèrement obli-
• les méninges pour le système nerveux quement en dedans jusqu’à l’extrémité
central, de la 4e côte. Elle suit grossièrement dans
• le péritoine pour la cavité abdominale, tout son trajet la 4e côte (figure 5.1).
• la plèvre pour les poumons.
Ces scissures individualisent les lobes qui
Les poumons ont la forme d’un demi-cône. ne sont presque retenus que par la bronche et
On leur décrit une face externe, une face le paquet vasculo-nerveux qui les accompa-
interne une face inférieure et un sommet. gne. Chaque lobe est ainsi individualisé « en
• La face externe, convexe en dehors, est petit poumon », il en est de même pour les
en rapport direct avec la cage thoracique. segments qui à nouveau divisent ces lobes en

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Ostéopathie de la cage thoracique
70 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 5.1. Les scissures.

petites unités pulmonaires indépendantes, • Le feuillet pleural est beaucoup plus


mais solidaires. mince, simplement constitué d’une
L’important, à propos de ces scissures, tient couche de cellules épithéliales, il adhère
au fait qu’elles sont tapissées par la plèvre partiellement aux poumons.
pulmonaire. Les scissures sont en totalité tapissées par la
Sur la figure de gauche, la petite scissure plèvre. Les lobes peuvent ainsi glisser l’un par
n’apparaît pas. Cela est volontaire car le lobe rapport à l’autre.
supérieur et le lobe moyen fonctionnent en
Pour bien visualiser ce système de la plèvre,
synergie.
imaginez que l’on souhaite la dessiner dans
un plan horizontal passant en dessous du hile
Articulation du poumon pulmonaire.
Le tracé débute, par exemple au bord
Surfaces de glissement
postéro-latéral de la plèvre pulmonaire (a) :
Les surfaces de glissement du poumon sont cette plèvre dessine un demi-cercle au contact
constituées par les plèvres. de la face latérale du poumon (b), puis se
Les plèvres sont constituées de deux réfléchit en arrière (c) pour suivre le début de
feuillets : un feuillet pariétal et un feuillet la face interne du poumon (d). À mi-parcours,
viscéral ou pulmonaire. cette plèvre pulmonaire perd le contact avec
• le feuillet pariétal enferme chaque le poumon en se réfléchissant à 180° (e) en
poumon, il constitue les limites périphé- avant au contact avec le médiastin ; là elle
riques de la cavité pleurale. Il adhère forme la plèvre médiastinale (f). Atteignant le
fortement aux structures sous-jacentes, bord antérieur du médiastin (g), cette plèvre
particulièrement à la face interne des médiastinale se réfléchit en dehors et se trans-
côtes et des muscles intercostaux et à la forme en plèvre pariétale (h), le tracé en arc
face supérieure du diaphragme. de cercle épouse la face interne du gril costal,
Les poumons 71

g
Les moyens d’union
c
f Les moyens d’union permettent de stabiliser,
de maintenir les rapports entre plusieurs
d
structures.
h
Deux ligaments et les plèvres constituent
b les moyens d’union des poumons aux structu-
res en rapport.
e

a Le ligament suspenseur du dôme pleural


Il relie le sommet du poumon aux structu-
res osseuses voisines. Le dôme pleural est un
Figure 5.2. Continuum de la plèvre. renforcement fibreux de la plèvre pariétale
auquel adhère le fascia endo-thoracique. De
ce dôme partent des fibres ligamentaires qui
vont rejoindre :
à laquelle elle adhère fortement en dehors,
• le bord postérieur de la clavicule,
ainsi qu’à la plèvre pulmonaire en dedans. En
concave en arrière, de la clavicule,
regard du bord postérieur interne du poumon,
• la face postérieure du tiers antérieur de la
le tracé se réfléchit en avant et forme la plèvre
1re côte,
médiastinale, puis il se réfléchit à 180°, et
• le corps vertébral de D1,
vient au contact du poumon pour former à
• l’apophyse transverse de C7,
nouveau la plèvre viscérale ou pulmonaire (a)
• les fibres musculaires des scalènes (anté-
(figure 5.2).
rieur et moyen) (figure 5.3).
Le tracé a été réalisé sans lever une seule
Il est important de connaître l’ensemble
fois le crayon. Une forme fermée a été dessi-
des éléments constitutifs de ce ligament, car
née, déterminant une cavité, et montrant
ces rapports montrent, de facto, les liens entre
qu’il existe bien une solution de contiguïté
la colonne cervicale et la ceinture scapulaire
entre les deux feuillets. Cette cavité est pres-
d’une part et les poumons d’autre part. Le
que virtuelle puisque seul un film liquidien
ligament suspenseur du dôme pleural est le
sépare la plèvre viscérale de la plèvre pariétale
seul ligament « viscéral » qui a une structure
et que son volume total est inférieur au centi-
histologique semblable à celle d’un ligament
mètre cube. Ce liquide pleural reste essentiel
d’une articulation osseuse.
au bon glissement d’un feuillet sur l’autre, et
d’un lobe sur l’autre puisque les scissures sont
tapissées par la plèvre pulmonaire.
vers le
La plèvre pulmonaire constitue la surface scalène C7
moyen
de glissement du poumon, faisant répondre la
D1
surface de glissement de la plèvre pariétale
aux structures qui le cernent. La plèvre
pulmonaire s’invagine profondément dans les
scissures.
Dans la référence à l’articulation osseuse,
les plèvres sont les surfaces articulaires et le
liquide pleural le liquide synovial. Figure 5.3.
72 Ostéopathie de la cage thoracique

Ligament
interpleural

LIGAMENT DU
POUMON

Figure 5.5. Ligament interpleural.

Figure 5.4. Ligament du poumon.


la cavité pleurale et celle du tissu pulmonaire
est très importante. Elle est négative dans la
cavité pulmonaire et positive dans le paren-
Le ligament du poumon
chyme pulmonaire, dans toutes les phases de
Il est constitué par l’accolement des deux la respiration. Cette différence crée un phéno-
feuillets de la plèvre pulmonaire, issus du bord mène de ventouse qui plaque le poumon et la
postérieur et du bord antérieur du poumon, qui plèvre pulmonaire contre la plèvre pariétale,
se rejoignent en dessous du hile. Au contact du et donc contre la face interne de la cage thora-
médiastin ces deux feuillets accolés vont se cique à laquelle celle-ci adhère.
dissocier, un se dirigeant en avant, l’autre en C’est ce mécanisme qui permet à la face
arrière pour former la plèvre médiastinale. externe des poumons de suivre le mouvement
L’examen de la face interne du poumon de la cage thoracique. Poumons et cage thora-
gauche par exemple, montre la section du hile cique sont solidaires.
pulmonaire et des deux feuillets de la plèvre
accolés en dessous. L’image du hile et des
plèvres a été décrite comme ayant la forme Les mouvements
classique d’une raquette de tennis : le tamis
étant le hile et le manche étant le ligament du La motricité
poumon (figure 5.4).
Dans les mouvements de la vie relationnelle,
Le ligament interpleural tout mouvement entraîne une mobilisation
de presque toutes les articulations à des degrés
Il est constitué d’un repli interne de la plèvre divers.
médiastinale qui s’accole et rejoint la plèvre Lors d’un mouvement, les différents orga-
médiastinale du poumon opposé. Ce liga- nes et viscères ne restent pas figés dans leur
ment s’interpose entre l’œsophage et l’aorte système à double feuillet, prisonniers d’un sac
(figure 5.5). trop ajusté.
Prenons l’exemple d’un mouvement de
Les plèvres rotation de la cage thoracique à gauche et
Elles constituent en elles-mêmes un moyen étudions ce qui se passe au niveau de l’hémi-
d’union. La différence entre la pression dans thorax distal (droit) : nous avons vu dans
Les poumons 73

l’étude des mouvements de la cage thoracique médiaire du ligament suspenseur du


que les côtes de l’hémithorax distal effectuent dôme pleural, les poumons suivent ;
une rotation horizontale autour d’un axe • en dehors la contraction de tous les
vertical (foyer individuel postérieur). La muscles actifs de la flexion postérieure de
plèvre pariétale adhérente au gril thoracique la cage thoracique (vue plus haut)
suit ce mouvement. Le liquide pleural qui augmente les diamètres du thorax donc
sépare la plèvre pariétale de la plèvre pulmo- des poumons.
naire, permet le glissement de la première sur Lors des mouvements respiratoires usuels, la
l’autre. Le poumon va suivre le même mouve- respiration est surtout diaphragmatique chez
ment mais avec un léger retard. Dans ce l’homme et costale chez la femme, elle
même mouvement le lobe supérieur va effec- s’inverse durant le sommeil. Le mouvement
tuer la même rotation en glissant sur le lobe est costal et diaphragmatique, les structures
moyen, puis le lobe supérieur et lobe moyen mobilisées sont les côtes et le diaphragme qui
effectueront une rotation en glissant sur le entraînent les poumons dans la même expan-
lobe inférieur. Suivant l’amplitude du mouve- sion que lors de l’inspiration forcée mais dans
ment, l’ensemble du poumon droit effectuera une amplitude moindre.
une rotation en glissant sur le diaphragme. Nous savons que l’expansion du tissu
Le mouvement actif siège au niveau de la pulmonaire n’est jamais satisfaite. Suite à
cage thoracique, il entraîne passivement le l’exérèse d’un lobe supérieur, le tissu pulmo-
poumon. Ce simple exemple montre bien la naire envahit immédiatement l’espace
nécessité de préserver l’intégrité des surfaces vacant. Si on veut l’en empêcher il faut prati-
de glissement que constituent les plèvres. quer une thoracotomie. L’expansion naturelle
du poumon et la dépression permanente
dans la cavité pleurale sont les facteurs qui
L’automaticité « plaquent » en permanence le poumon au
Le mouvement automatique qui mobilise les gril costal. Nous allons étudier le mouvement
poumons est le mouvement respiratoire. des côtes et ses contraintes sur le poumon, le
Nous étudierons plus loin quelles incidences mouvement du diaphragme et ses contrain-
ont sur les poumons les battements du cœur. tes, enfin l’expansion pulmonaire dans
Le mouvement respiratoire est une activité l’inspiration.
automatique qui peut être aussi volontaire, il
varie en fonction des besoins de l’organisme. Le mouvement des côtes
Son rôle est d’augmenter le volume thoraci- Il convient de se reporter à la 1re partie du
que. La dépression crée un appel d’air vers les livre, dans le chapitre consacré au mouve-
poumons, suivi d’une compression qui ment physiologique de la cage thoracique
l’évacue. La différence de pression entre le dans le plan antéro-postérieur, au niveau
parenchyme pulmonaire et la cavité pleurale d’une unité thoracique. Ce mouvement est le
permet au poumon d’être toujours solidaire même que le mouvement d’inspiration.
des structures qui l’entourent. Rappel rapide : Le mouvement est obtenu
Lors d’une inspiration forcée, étudions quel- par une double rotation des côtes de l’unité
les sont les structures qui permettent une thoracique.
forte ampliation thoracique : • Rotation horizontale de chaque côte
• en bas la contraction du diaphragme le dans un plan horizontal autour d’un axe
fait descendre, il attire les poumons avec vertical ; le centre de rotation est le foyer
lui ; postérieur de la forme ovoïde schémati-
• en haut la contraction des scalènes sant une coupe de l’hémithorax. L’extré-
soulève les dômes pleuraux par l’inter- mité antérieure de chaque côte s’écarte
74 Ostéopathie de la cage thoracique

une direction oblique en bas. Cette modi-


fication d’axe modifie le mouvement
costal de « bras de pompe » des côtes
supérieures en mouvement d’« anse de
seau » des côtes inférieures (figure 5.7).

Les contraintes exercées


par le mouvement des côtes
Quelles sont les incidences du mouvement
costal sur le poumon ? Durant l’inspiration,
le diamètre transversal de la cage thoracique
Figure 5.6. Rotation horizontale. est augmenté. Le poumon dont la face laté-
rale en regard du gril thoracique est soumis à
une force (F), est entraîné dans une expan-
sion externe. À cette force s’ajoute une autre
force f, de moindre importance, qui est la
force d’aspiration due à la valeur négative de
la pression dans la cavité pleurale. F et f
s’additionnent, mais f est négligeable par
rapport à F. À sa face opposée, interne, la
force f présente là aussi, ne peut résister à elle
seule à cette traction importante que repré-
sentent F+f. Du côté externe la traction est de
F+f et du côté interne, elle n’est que de f. Pour
éviter que la force F appliquée au tissu
pulmonaire n’entraîne le poumon en bloc en
Figure 5.7. Rotation sagittale. dehors, il faut qu’une autre force résiste et
équilibre en dedans la traction externe. La
bronche et le ligament du poumon créent la
en dehors et recule, la tête de chaque côte force interne R qui va résister à la force de
avance. Ce mouvement augmente le traction F.
diamètre transversal de la cage thoraci- La force F reste supérieure à la force ou
que (figure 5.6). résistance R, car F entraîne l’expansion
• Rotation sagittale puis frontale (?) de pulmonaire (figure 5.8).
chaque côte autour d’un axe horizon- La plèvre médiastinale est unie au médias-
tal (?) autour d’un axe frontal (?) et hori- tin supérieur par un tissu cellulaire lâche ; au
zontal (?) tendu entre les articulations niveau du cœur ses rapports sont plus inti-
costo-vertébrale et costo-transverse. Les mes. L’expansion latérale n’entraîne pas la
points d’interrogations marquent les plèvre médiastinale dans son mouvement
variations de cet axe du haut en bas de la car d’une part les bronches ancrent les
colonne dorsale. En fait l’axe de ce poumons comme nous l’avons vu, d’autre
mouvement est l’axe de l’apophyse part cet ancrage est renforcé par le ligament
transverse de la vertèbre dorsale. Pure- interpleural qui solidarise les deux plèvres
ment horizontales et frontales au niveau médiastinales.
des dorsales hautes, les apophyses trans- Les côtes 5 à 10 participent à l’expansion
verses vont se diriger progressivement latérale costale, c’est surtout les parties
dans un plan presque sagittal, et prendre moyenne et basse du poumon qui ont besoin
Les poumons 75

Les contraintes exercées


par le mouvement du diaphragme
La plèvre pariétale diaphragmatique adhère
fortement au diaphragme. La pression dans la
F cavité pleurale est négative en valeur absolue
f
alors qu’elle est positive dans le tissu pulmo-
f R naire. La base des poumons est ainsi aspirée
par le diaphragme et va le suivre dans tous ses
déplacements.

Si nous exprimons par F’ la force qui


abaisse le diaphragme, donc les poumons, il
Figure 5.8. Forces latérales appliquées
convient d’ajouter la force f due à la dépres-
au poumon lors de l’inspiration. sion dans la cavité pleurale, qui s’exerce à la
totalité de la périphérie des poumons. Pour
que les poumons ne soient pas tirés en masse
d’avoir une force de résistance équilibrant vers le bas il est nécessaire qu’à l’opposé leur
cette force de traction externe qu’est F. Le soit appliquée une force égale mais de direc-
ligament du poumon s’étend du hile à la base tion opposée, en d’autres termes une résis-
du poumon, le hile se trouve à mi-hauteur de tance qui l’équilibre. La force f due à la dépres-
sa face interne. sion dans la cavité pleurale au niveau de
l’apex du poumon n’est pas suffisante pour
Les côtes 1 à 4 n’effectuent qu’un mouve-
exercer une résistance suffisante à l’abaisse-
ment d’anse de seau lors de l’inspiration, elles
ment en masse du poumon. Le ligament
ne sont sollicitées que dans les inspirations
suspenseur du dôme pleural va jouer ce rôle
forcées. Nul besoin de résistance R en dedans,
le ligament suspenseur du dôme pleural est
suffisant pour ancrer le poumon.
LSPD
F'
Il convient de connaître ces mécanismes de
forces et de résistances, mais il ne faut pas
oublier que cette force d’expansion thoraci-
que due à l’inspiration ne se répercute que
faiblement sur le médiastin, tant la capacité
de dilatation des poumons est importante. Les
« mécaniciens » avertis devinent déjà les
contraintes que subit le médiastin si un
poumon perd sa capacité élastique.

Le diaphragme
Ce mouvement est bien connu. La contrac-
tion du muscle diaphragme entraîne un abais- Diaphr.
sement de son noyau fibreux qui vient R'
« comprimer » la masse abdominale des viscè-
res. Celle-ci étant incompressible, va se dépla- Figure 5.9. Contraintes supérieures
cer en masse latéralement et en avant grâce à et inférieures exercées sur le poumon
une chute du tonus des muscles abdominaux. lors de l’inspiration forcée.
76 Ostéopathie de la cage thoracique

de frein et créer avec la bronche cette force


de résistance, R’ capable de s’opposer en partie
à la force F’ créée par la contraction du
diaphragme. La différence entre F’ et R’ est la
force qui étire le poumon (figure 5.9).

L’expansion du tissu pulmonaire


lors de l’inspiration
L’expansion du parenchyme pulmonaire suit
directement le mouvement des côtes, en
amplitude et en direction. Le mouvement
global apparaît comme une pure expansion
latérale. En fait, en suivant les côtes, les
poumons réalisent une rotation-expansion.
Ce mouvement est horizontal, parallèle aux
côtes, autour d’un axe vertical. Cet axe est
encore l’axe unissant les foyers postérieurs Figure 5.10. Rotation-expansion
des formes ovoïdes. Cet axe purement des poumons autour d’un axe formé
géométrique et virtuel jusqu’ici n’est autre par l’arbre bronchique.
que l’arbre bronchique. Pour le lobe supérieur
cet axe est la bronche apicale qui est pure-
ment verticale, donc l’expansion-rotation
pulmonaire est horizontale. L’arbre bronchi-
que alimentant le lobe moyen (à droite) et le
lobe inférieur se dirige en bas et en dehors.
L’expansion-rotation pulmonaire est paral-
lèle aux côtes, et perpendiculaire à cet arbre
bronchique (figure 5.10).
L’expansion pulmonaire latérale est une
rotation du parenchyme autour de l’arbre
bronchique. Notez que cet axe est le foyer
postérieur des formes ovoïdes, vues plus haut.
L’arbre bronchique étant l’axe de rotation, il
ne subit aucune contrainte lors du mouve-
ment (figure 5.11). Figure 5.11. Rotation-expansion autour
de l’arbre bronchique.
Cette expansion pulmonaire latérale se
double d’une expansion pulmonaire due à
l’action du diaphragme, cette dernière se
répartit uniformément sur l’ensemble du La motilité
poumon dans un axe vertical.
Ce mouvement rythmique se fait toujours de
Dans tous ces mouvements d’expansion part et d’autre d’un axe, de 8 à 10 mouve-
du parenchyme pulmonaire, le hile du ments par minute. Chez un même individu ce
poumon reste fixe, bien ancré grâce à la rigi- rythme sera identique pour tous ses organes
dité des bronches, due à la structure de leurs où viscères sains. Ce rythme varie d’un indi-
parois. vidu à l’autre.
Les poumons 77

La motilité des poumons est un mouvement


identique au mouvement respiratoire dans son
expansion-rotation latérale.

Les lésions
Le concept d’articulation viscérale amène à
décrire 3 types de lésions :
• des lésions articulaires dues à des défauts
de glissement,
• des lésions ligamentaires dues à des trou-
bles locaux,
• des lésions « musculaires » dues à des
affections du parenchyme pulmonaire.
Les lésions décrites regroupent les lésions
Figure 5.12. Inspir et expir des lobes classiques auxquelles il faut ajouter les lésions
supérieurs et inférieurs. ostéopathiques. Ces dernières sont fonction-
nelles, elles peuvent être réversibles ou pas.
C’est la pratique courante de « l’écoute » Elles précèdent dans le temps bien souvent
qui a permis de « sentir » ce mouvement de des lésions qui évolueront vers des affections
motilité et de décrire d’abord le mouvement structurelles. La préoccupation demeure que
puis d’en définir sa direction et son axe. tout traitement qui contribue à l’amélioration
La motilité de l’ensemble du poumon est un de la qualité du mouvement, quel qu’il soit,
mouvement de rotation du parenchyme qui témoigne d’une efficacité par le bien-être qu’il
est parallèle à la direction des côtes. Les côtes apporte.
supérieures sont grossièrement horizontales et
les inférieures obliques en bas et en dedans. Lésions articulaires
La partie supérieure du poumon est le lobe
supérieur (et le lobe moyen à droite), la partie L’amplitude de l’expansion pulmonaire est
inférieure est le lobe inférieur. À partir de toujours adaptée au besoin en oxygène de
maintenant il faut oublier le lobe moyen à l’organisme. Elle est proportionnelle à l’inten-
droite car il fonctionne en synergie avec le lobe sité de l’effort pratiqué. Si le sujet n’est pas
supérieur. Si l’on observe le plan dans lequel se sportif ou s’il ne pratique pas d’autres activités
situe la grande scissure, le lobe supérieur est nécessitant un gros apport d’oxygène, ses
antérieur et le lobe inférieur postérieur. poumons n’auront jamais l’occasion de se
La motilité du lobe supérieur ou antérieur gonfler au maximum et de remplir totalement
est une rotation-expansion horizontale, lors l’espace disponible, particulièrement les culs-
de l’inspir, autour de la bronche lobaire dite de-sac costo-diaphragmatiques. À ce niveau la
« apicale ». Issue du hile elle se dirige vertica- plèvre pariétale thoracique et la plèvre parié-
lement en haut. tale diaphragmatique seront très souvent au
La motilité du lobe inférieur est une contact avec un grand risque d’adhérences.
rotation-expansion, lors de l’inspir, autour Ces adhérences peuvent être réversibles ou
d’un axe schématisé par l’arbre bronchique. définitives.
Issue du hile cette bronche lobaire est oblique Ces adhérences siègent aux endroits où le
de haut en bas et de dedans en dehors. glissement plèvre sur plèvre est le plus réduit.
L’expir est le mouvement inverse (figure Lorsqu’une structure est soumise à une rota-
5.12). tion, les éléments situés près de l’axe de rota-
78 Ostéopathie de la cage thoracique

vers le
scalène C7
moyen
D1

Figure 5.14. LSPD.

comme tout spasme ou fibrose partielle des


Figure 5.13. Localisation des adhérences. scalènes peut être à l’origine de troubles de la
motilité du poumon, en particulier du lobe
supérieur (figure 5.14).
tion bougent bien moins que les structures
situées à distance. Il apparaît évident que les Le ligament du poumon peut être lésé.
adhérences se localisent aux points où le glis- Localement il n’y a plus de glissement de la
sement est le plus faible : plèvre médiastinale pulmonaire sur la plèvre
• l’apex du poumon, médiastinale pariétale.
• la racine du poumon,
• le cul-de-sac costo-diaphragmatique (fi- Nous n’avons pas décrit de lésion du liga-
gure 5.13). ment interpleural.
Les anciens anatomistes pensaient qu’elles
étaient physiologiques (normales), tant elles
étaient fréquentes dans les thorax de dissec- Lésions musculaires
tion. Par lésion musculaire nous évoquons des
Les adhérences définitives sont dues à un lésions du parenchyme lui-même. Toutes les
processus cicatriciel dans les pleurésies. lésions de ce parenchyme entraînant des
calcifications, des processus cicatriciels, sont
Lésions ligamentaires les causes de la perte d’élasticité du paren-
chyme. Leurs localisations sont fréquentes
Nous avons décrit trois ligaments : le ligament au lobe supérieur. La force d’expansion thora-
suspenseur du dôme pleural (LSDP), le liga- cique se reporte quantitativement sur le
ment du poumon et le ligament interpleural. médiastin dans le rapport du volume du
Si ces trois ligaments offrent un intérêt dans la parenchyme fibrosé. En d’autres termes si le
mécanique du mouvement respiratoire, seule parenchyme est fibrosé, il perd son élasticité
la lésion du LSDP entraîne des troubles inté- et la force d’expansion thoracique se réper-
ressant la motricité et la motilité. cute sur le médiastin. Cette répercution est
Ce ligament est le seul en rapport avec un proportionnelle au volume de la fibrose. Les
viscère qui ait une structure semblable aux déviations du médiastin sont le produit du
ligaments ostéo-articulaires. Le LSDP possède déséquilibre des forces d’expansion thoraci-
en plus un contingent de fibres musculaires ques. La déviation du médiastin est due à
par ses rapports étroits avec les scalènes. Toute une lésion du tissu pulmonaire du côté de la
lésion de la clavicule, de la 1re côte, de D1, déviation (figure 5.15).
Les poumons 79

• éloigner les mains et au besoin les


secouer pour éliminer toutes les sensa-
tions « récurrentes »,
• se fier aux premières sensations, avoir
confiance en soi,
• ne pas s’« endormir » sur le patient
durant l’écoute ; toutes les sensations, les
tensions, celles du patient comme celles
du praticien, se mêlent en une bouillie
incohérente.
Bien sûr au début il faut se concentrer pour
percevoir cette motilité, surtout sur un
poumon. Le rythme de la motilité est deux
fois plus rapide que le mouvement respira-
Figure 5.15. La force d’expansion,
toire classique : le mouvement d’inspir
en présence d’une fibrose se répercute (expansion-rotation externe du parenchyme
sur le médiastin. pulmonaire) peut se faire lors d’un mouve-
ment d’expiration (rotation interne des unités
thoraciques) ! Pas de panique, la main fera
Les tests vite la différence et reconnaîtra le plan où elle
se situe : la structure, les fascias ou l’organe.
Les tests de motilité des poumons doivent être
effectués à plusieurs étapes de la routine et du
traitement. L’écoute est le test à privilégier au Test global des poumons
niveau des poumons comme de tous les autres
Ce test global consiste à évaluer la motilité de
organes.
l’ensemble des deux poumons.
Dans un premier temps il faut réaliser toute • Le patient est en décubitus dorsal, le
la routine des tests ostéo-articulaires de la cage praticien assis à sa tête.
thoracique, vus plus haut puis faire les tests de • Les mains sont posées avec légèreté sur la
motilité. Il faut se poser la question s’il existe cage thoracique du patient. Les paumes
un lien entre les différentes lésions mises en recueillent les sensations, attention de ne
évidence. Si oui, il faut corriger les fixations pas oublier que le foie et en partie l’esto-
structurelles puis voir quelles incidences les mac sont des organes intra-thoracique.
ajustements ostéo-articulaires ont eues sur la Les paumes restent au-dessus des mame-
motilité des viscères affectés, en les testant à lons.
nouveau. Sans changement, il convient de • Les coudes reposent sur la table pour
traiter les organes et de tester à nouveau pour éviter toute tension dans les bras et
juger de leur évolution. Après tout traitement avant-bras, véritables parasites qui
il convient de tester à nouveau le viscère pour peuvent perturber l’analyse et les sensa-
noter toute amélioration. tions ; le risque est d’interpréter comme
Les tests d’écoute demandent de la prati- des perceptions de tensions des tissus
que car la perception de la motilité est beau- testés, des perceptions qui ne seraient que
coup plus subtile à analyser que le mouve- le reflet de vos propres tensions. Ce test
ment d’une véritable articulation. peut être effectué debout (figure 5.16).
Un test d’écoute, c’est : L’écoute d’une structure paire est affaire de
• évaluer la motilité inspir et expir sur 2 ou comparaison. La motilité doit être symétrique
3 cycles du mouvement, et synchrone. Avant de décréter qu’une des
80 Ostéopathie de la cage thoracique

Test d’un poumon


Le praticien est debout du côté opposé au
poumon que l’on veut tester, le patient
toujours en décubitus dorsal. L’examen va
consister à évaluer la motilité relative des
deux lobes du poumon testé. Il n’existe que
deux lobes « fonctionnels » à droite : le lobe
moyen a une motilité identique à celle du
lobe supérieur. En visualisant le plan dans
lequel est située la grande scissure, il apparaît
que le lobe supérieur est essentiellement anté-
rieur et que le lobe inférieur est essentielle-
ment postérieur.
Figure 5.16. Test global des poumons. • Poser la paume d’une main en travers
du lobe supérieur, au-dessus du mame-
structures (qu’elle soit osseuse ou viscérale), lon.
a une motilité plus ou moins grande que • Poser l’autre sur la face latérale de la cage
l’autre, il convient d’étalonner l’amplitude et thoracique du patient à une hauteur à
le rythme général de la motilité du patient en peine inférieure à la ligne horizontale
pratiquant rapidement une écoute de ses croisant le mamelon. Les doigts de cette
membres inférieurs ou d’un ou plusieurs autres dernière s’insinuent même entre la table
viscères. Le ralentissement du rythme s’accom- et la cage thoracique du patient.
pagne d’une diminution de l’amplitude, ceci • Les deux mains sont dans l’axe des côtes,
permet aux organes doubles de rester synchro- et perpendiculaires à l’axe du mouve-
nes bien que l’amplitude soit différente. Le ment.
critère d’une motilité normale est son ampli- • Comparer la motilité relative des deux
tude. Une amplitude limitée signe un manque lobes. Celui dont l’amplitude de motilité
de vitalité du viscère quelle qu’en soit la cause. est la moindre est affecté (figure 5.17).

A B

Figure 5.17. Test des deux lobes d’un poumon.


Les poumons 81

A B

Figure 5.18. Motilité normale du lobe supérieur (a) et lésion (b).

Test d’un lobe mouvement d’expansion-rotation hori-


zontale du lobe supérieur. Il y a lésion
Patient et praticien sont dans la même posi- lorsqu’au lieu de ressentir ce mouvement
tion que celle décrite précédemment. Utiliser de rotation en bloc du lobe, est perçue
la main opposée au côté à tester, l’autre uniquement une rotation-expansion de
main, par l’intermédiaire du bras en exten- la base du lobe.
sion, reçoit tout le poids de la partie supé- • La paume décrit alors un mouvement de
rieure du corps. Ainsi le membre supérieur demi-cône, où le sommet est l’apex du
et votre main qui teste sont parfaitement poumon sous le talon de la main, il est
relâchés. fixe ; l’extrémité distale de vos métacar-
piens parcourt un demi-cercle, base du
Test du lobe supérieur demi-cône (figures 5.18 et 5.19).
Nous avons décrit dans les mouvements de
Comme toujours en ostéopathie la lésion
motilité l’axe et le type de mouvement du
est une fixation, c’est-à-dire le point de la
lobe supérieur. Par l’écoute nous devons
structure (quelle qu’elle soit) la moins mobile.
retrouver ce mouvement autour de son axe.
Le sommet du lobe supérieur est fixé, nous
Les deux tests précédents ont conduit à prati-
devons nous demander quelles sont les diffé-
quer un examen plus spécifique sur ce lobe
rentes lésions possibles traduisant cet état de
supérieur puisque le test comparatif entre les
fait.
deux lobes indiquait une motilité locale de
moindre qualité. Comme nous l’avons vu dans l’étude des
Le praticien peut être assis à la tête du différentes lésions, ce peut être :
patient ou debout comme précédemment. • une lésion du ligament suspenseur du
• Le coude repose sur la table, la main bien dôme pleural,
relâchée pesant l’équivalent d’un poids • une adhérence interpleurale au niveau
de 250 g. de l’apex du poumon,
• La main est dans l’axe de motilité du lobe • une lésion du parenchyme pulmonaire
supérieur, elle analyse la qualité du du lobe supérieur.
82 Ostéopathie de la cage thoracique

Si toutes ces structures sont libres, cela


signifie que le LSDP est sain. Si une de ces
structures est fixée, nous pouvons dire qu’il
existe une dysfonction ou lésion de ce LSDP.
S’il n’existe pas de déviation du médiastin
ni de lésion du LSDP, cela indique la présence
d’une adhérence interpleurale au niveau de
l’apex du lobe.
Il existe de nombreuses autres localisa-
tions d’adhérences, mais moins fréquentes
comme l’adhérence des deux feuillets pulmonai-
res de la scissure proche des noyaux des deux
lobes. Cette région située sur l’axe vertical
de la motilité a peu de mouvement, les possi-
Figure 5.19. Test du lobe supérieur. bilités d’adhérence sont réelles. Lors du test
d’écoute il est possible de ressentir sous la
En étudiant plus loin le médiastin, nous paume ce même mouvement de motilité ;
verrons qu’il existe un test spécifique qui là, le mouvement du demi-cône est inversé.
permet de mettre en évidence une déviation. Le talon de la main balaye un demi-cercle
Ce test signe une lésion du parenchyme pulmo- (base du demi-cône) et l’articulation méta-
naire. carpo-phalangienne du majeur est fixée
S’il n’y a pas de déviation du médiastin, (figure 5.20).
nous éliminons cette cause, il reste deux En présence d’une adhérence au niveau de
possibilités. Pour mettre en évidence une la scissure, la motilité du lobe ressentie est un
lésion du LSDP, il est nécessaire de tester les mouvement où la main décrit un demi-cône
vertèbres cervicales moyennes et inférieures, dont le sommet se trouve sur la scissure, le
la clavicule et la 1re côte. siège de la lésion. Le sommet est l’extrémité

A B

Figure 5.20. Adhérence de la plèvre au niveau de la scissure.


Normal (a) et adhérence au niveau de la scissure (b).
Les poumons 83

de vos métacarpiens, ils sont fixés sur la scis- moindres ou à des endroits qui sont peu solli-
sure alors que le talon de la main « balaye » en cités, uniquement lors d’une respiration
suivant le dôme. forcée par exemple. Le sinus costo-diaphrag-
matique et la scissure près du noyau lobaire
Test du lobe inférieur sont les sièges classiques d’adhérences.
Le patient est debout du côté opposé au Le mouvement de motilité perçu prend la
poumon à tester (main droite pour le poumon forme d’un demi-cône dont le sommet est la
gauche et inversement pour l’autre). Le lobe lésion. Le mouvement de motilité est alors
inférieur est postérieur : déformé pour prendre l’aspect d’un demi-
• Positionner la paume de la main latérale- tronc de cône, l’axe est respecté puisqu’il
ment sur la face externe de la cage thora- traverse la lésion.
cique, juste en dessous du creux axillaire,
Le signe d’une adhérence est l’aspect de mouve-
le bord externe du 1er métacarpien longe
ment en demi-cône de la motilité du lobe inférieur.
la 4e côte.
Si l’adhérence siège au niveau de la scissure, le
• Procédez à la même démarche intellec-
demi-cône est inversé (figure 5.22).
tuelle : rechercher la motilité, évaluer
La fixation ligamentaire du ligament du
son rythme et son amplitude, l’axe du
poumon se traduit au niveau de l’écoute par un
mouvement doit être oblique de haut
changement de l’axe de motilité du lobe infé-
en bas et de dedans en dehors, perpendi-
rieur. L’axe est modifié, il est vertical et passe par
culaire à la direction des côtes moyen-
le fameux manche de raquette. Cela confirme
nes. Le lobe inférieur effectue un mouve-
une fois de plus qu’en présence d’une lésion,
ment en bloc de rotation-expansion
l’axe de motilité « faussé » la traverse. L’ampli-
autour de cet axe. Cette motilité du lobe
tude est modifiée, limitée par la mise en
inférieur doit être en harmonie avec
tension du ligament du poumon (figure 5.23).
l’ensemble des autres lobes et des autres
viscères et organes du corps. Durant tous Le signe d’une fixation du ligament du
ces tests, prenez l’habitude en cours de poumon est une modification de l’axe de motilité
route de retourner étalonner la motilité du lobe inférieur qui devient vertical et passe par
« normale » (figure 5.21). ce ligament.
La fixation articulaire ou adhérence se localise La fixation musculaire du parenchyme
sur les plèvres, là où les mouvements sont pulmonaire est identifiable par l’écoute. Les

A B

Figure 5.21. Motilité normale (a) et test du lobe inférieur (b).


84 Ostéopathie de la cage thoracique

A B C

Figure 5.22. Normal (a), adhérence du cul de sac (b) et adhérence de la scissure (c).

A B

Figure 5.23. Lésion ou fixation du ligament du poumon.

atteintes du parenchyme à sa périphérie sont Le signe qui caractérise une lésion du paren-
rares, leur siège se trouve généralement à la chyme du lobe inférieur, est une simple diminu-
limite des noyaux des lobes ou le long de tion d’amplitude de la motilité, son axe étant
l’arborescence bronchique, c’est-à-dire proche respecté.
de la partie centrale des poumons, près de l’axe
de la motilité physiologique. Nous ne décelons Le traitement
pas de déviation du médiastin au niveau du
lobe inférieur car le cœur est bien arrimé au Correction des lésions du poumon
squelette par de nombreux ligaments. La seule
modification rencontrée mettant en évidence Une séance d’ostéopathie ne peut pas consis-
ce type de lésion est une simple réduction ter seulement en un traitement d’un ou
d’amplitude de la motilité du lobe inférieur, des poumons. Après tous les examens prati-
l’axe étant respecté ou à peine dévié parallèle- qués aux plans ostéo-articulaire, fascial, viscé-
ment (suivant la localisation de la lésion). ral, il convient de traiter la structure ostéo-
Les poumons 85

articulaire, puis les fascias et enfin les viscères.


Il faut prendre cela comme un schéma et non
comme une directive absolue.
Après avoir corrigé les fixations ostéo-
articulaires majeures de la cage thoracique
par des ajustements (manipulations), le trai-
tement d’un lobe ou d’un poumon se
compose d’allers-et-retours constants entre
les différentes techniques constituant le trai-
tement par mobilisations des structures
ostéo-articulaires, des fascias et des viscères.
Une fois de plus, la main est outil de percep-
tion et outil moteur. Elle agit en fonction de
la demande des tissus eux-mêmes.
Les tests ont permis de définir des lésions Figure 5.24. Induction du lobe inférieur
articulaires, des lésions ligamentaires et des pour une lésion du sinus
lésions musculaires. Ces lésions d’organes costo-diaphragmatique.
intrathoraciques ne sont pas accessibles direc-
tement, concernant les poumons, seule
l’induction peut les traiter. culaire l’axe du mouvement du viscère est
Le positionnement des mains lors de toujours modifié, la lésion devient le centre
l’induction est le même que lors de l’écoute. ou l’axe du mouvement perturbé de motilité
La pression de la main est de l’ordre de 200 à de l’organe.
250 g. Lors de l’écoute la main est totalement En fin de traitement il est intéressant de
passive et suit le mouvement de motilité de pratiquer la manœuvre qui consiste à faire
l’organe. Lors de l’induction la main « pèse » tourner le lobe inférieur autour de l’arbre
presque le double et suit « activement » le bronchique.
mouvement de motilité de l’organe, dans le
sens de la facilitation. La main ne doit jamais
forcer l’organe, mais l’aider. Lésions ligamentaires
Pendant l’induction il est recommandé Elles concernent le ligament suspenseur du
d’intercaler des contrôles de la motilité grâce à dôme pleural et le ligament du poumon.
l’écoute.
Lésion du LSDP
Lésions articulaires Ce ligament a la structure d’un ligament du
système musculo-squelettique. Il s’insère sur
Ces lésions sont des « adhérences » interpleu- la clavicule, la 1re côte, le corps vertébral de
rales localisées, où la mobilité de la plèvre D1 et l’apophyse transverse de C7, et se joint
pulmonaire sur la plèvre pariétale est déjà aux fibres musculaires des scalènes moyen et
physiologiquement réduite : les sinus, les antérieur. Il convient de tester toutes ces
recessus, le dôme et la région des scissures structures et de corriger la ou les lésion(s)
proches du hile. L’écoute a posé le diagnostic locale(s), responsable(s) de cette lésion. Se
de la lésion, l’induction sera le traitement reporter au chapitre 1.
(figure 5.24). Il faut tester à nouveau la motilité du lobe
En toute circonstance un organe conserve supérieur par l’écoute après ce traitement
une motilité, même si son amplitude est faible ostéo-articulaire. Si l’axe de motilité vertical
et son rythme ralenti. Lors d’une lésion arti- du lobe supérieur n’est pas totalement res-
86 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 5.25. Lésion du hile.

A B

Figure 5.26. Correction d’une lésion de l’apex.

tauré, il est nécessaire de compléter le traite- Lésion du ligament du poumon


ment par de l’induction du lobe supérieur. Cette lésion est décrite comme une lésion
La motilité du lobe supérieur est une rota- ligamentaire, puisqu’elle affecte le ligament
tion horizontale en masse autour d’un axe du poumon. En fait, elle ressemble plus à une
vertical passant par l’artère apicale et le lésion articulaire, à une adhérence de la plèvre
hile. Lors d’une lésion du LSDP ou d’une médiastinale pulmonaire à la plèvre médiasti-
adhérence pleurale au niveau de l’apex, nale pariétale. L’axe de rotation de la motilité
la motilité persiste mais le mouvement est du lobe inférieur reste vertical mais plus
différent et apparaît comme un mouvement interne (le manche de la raquette) et passant
en forme de tronc de cône où le sommet est par la plèvre médiastinale (figure 5.23).
le point de fixation, c’est-à-dire la lésion Le traitement est l’induction, entrecoupé
(figure 5.18). d’écoutes pour jauger l’amélioration de la
Les poumons 87

motilité. Progressivement, de still point en still tes du parenchyme sont très souvent locali-
point l’axe faussé du lobe inférieur se rappro- sées au lobe supérieur. Il convient de traiter en
che de l’axe normal, physiologique. parallèle le médiastin dévié du même côté.
Une règle reste impérative. Le traitement
Lésions musculaires débute par une approche périphérique de la lésion
pour l’atteindre progressivement directement. Le
Le mouvement de motilité d’un lobe où siège traitement se termine au contraire par des
une lésion musculaire est surtout modifié manœuvres générales à distance de la lésion trai-
dans son rythme et son amplitude, car son tée afin de constater comment elle a évolué au sein
axe qui passe maintenant par la lésion reste de l’entité à laquelle elle appartient et au besoin,
vertical. Le traitement reste encore l’induc- de peaufiner par quelques derniers ajustements la
tion entrecoupée de contrôles de l’améliora- bonne harmonie de la mobilité, de la motilité,
tion par l’écoute. Lors de la pratique de donc de la vitalité de l’ensemble.
l’induction, l’induction peut vous conduire Il sera étudié plus loin comment le traitement
dans une direction externe ou interne, c’est la des poumons s’insère dans une routine thérapeu-
tension des tissus qui vous guide. Ces attein- tique générale du thorax.
Chapitre 6

Le médiastin

Anatomie

Les articulations du médiastin

Les mouvements

Les lésions

Les tests

Le traitement du médiastin

Le traitement du cœur

Routine
Le médiastin 91

Chapitre 6

Le médiastin

Le médiastin sépare les deux poumons, il est corps vertébraux des vertèbres de la charnière
contenu entre les plèvres médiastinales des cervico-dorsale, il demeure vertical car les
deux poumons. Il s’ouvre en haut sur le corps vertébraux des vertèbres dorsales s’en
pharynx, en bas le cœur repose par son sac écartent en arrière progressivement en
fibreux directement sur le diaphragme, alors descendant. Cela est dû à la cyphose dorsale.
que l’aorte et l’œsophage le traversent. Le L’œsophage chemine en avant de l’aorte, il
médiastin est constitué de la pompe cardia- traverse le diaphragme dans sa partie charnue
que et de ses vaisseaux, des bronches et de en avant de cette dernière.
l’œsophage.
L’aorte
Anatomie
Dès son origine, l’aorte est ascendante puis
Nous allons nous borner à donner les repères fléchit en arrière et forme la crosse de l’aorte,
anatomiques et situer les composants du elle vient se plaquer contre la colonne dorsale.
médiastin les uns par rapport aux autres. Elle va suivre cette colonne juste en avant et
légèrement à gauche des corps vertébraux
jusqu’à ce qu’elle traverse le diaphragme dans
Les bronches sa zone fibreuse, ici constituée par le croise-
La trachée fait suite au larynx, elle descend en ment des piliers du diaphragme, qui se refer-
arrière du manubrium sternal et donne nais- ment en avant juste devant elle.
sance aux deux bronches à la hauteur des
deuxièmes côtes. Attention, dans la représen-
Le cœur
tation globale du corps humain, la bifurcation
bronchique est toujours estimée située plus Le cœur occupe les deux tiers antérieurs de
bas. Bronche souche et bronches sont consti- l’espace entre le sternum et la colonne
tuées d’arceaux cartilagineux qui leur permet- dorsale. En avant il est situé entre le bord
tent de rester béantes. Ces arceaux sont supérieur des cartilages costaux des 3es côtes
fermés en arrière par des fibres musculaires en haut et les cartilages costaux des 5es côtes
qui permettent à ces structures de faire varier en bas. Le cœur étant couché sur le côté, il
leur diamètre. déborde latéralement plus à gauche qu’à
droite en bas.
Le cœur est enfermé dans un système de
L’œsophage
double feuillet contenant un film liquidien.
Le trajet de l’œsophage entre le pharynx et Le péricarde est plaqué contre le cœur, il est
l’estomac est vertical. Situé juste en avant des séparé du sac fibreux par le liquide péricardi-

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Ostéopathie de la cage thoracique
92 Ostéopathie de la cage thoracique

Arche aortique
Ligament
vertébro-péricardique

Ligament
sterno-péricardique
Veine cave
supérieure Sternum

Pédicule du Péricarde
poumon droit
Ligament sterno-
Ligament phrénico- péricardique inférieur
péricardique droit
Ligament sterno-
péricardique antérieur

Diaphragme

Figure 6.1. Moyens d’union du cœur.

que. Un complexe de ligaments arrime le éléments sont quand même compactés entre,
cœur au sternum, à la colonne dorsale et au en avant le sternum et en arrière la colonne
diaphragme sur lequel il repose. vertébrale dorsale, en bas le diaphragme et
Le cœur est arrimé : latéralement les poumons.
• au sternum par : le ligament sterno-
péricardique supérieur et le ligament Les bronches
sterno-péricardique inférieur,
• à la colonne dorsale (D3) par le ligament Éléments les plus antérieurs du médiastin
vertébro-péricardique, supérieur, trachée et bronches souches sont
• au diaphragme par : le ligament phréno- constituées d’anneaux cartilagineux incom-
péricardique antérieur et les ligaments plets à l’arrière. Ils sont fermés par des fibres
phréno-péricardiques latéraux (droit et musculaires transversales qui par leurs
gauche) (figure 6.1). contractions ou relâchements modifient la
Ces ligaments sont sagittaux. Latéralement lumière des bronches. Leur rigidité font
le cœur est maintenu en place par la présence qu’aucune structure qui les environnent
des deux poumons qui le fixent. n’interfère avec elles. Rappelons la douleur
aiguë provoquée par le passage d’un bol
alimentaire volumineux dans l’œsophage.
Les articulations du médiastin
Le médiastin n’étant pas une structure en L’œsophage
lui-même, mais un ensemble d’éléments hété-
rogènes constitués de tuyaux, la notion d’arti- Comme l’ensemble du tube digestif,
culation viscérale atteint ici ses limites. Ces l’œsophage est constitué de fibres musculaires
Le médiastin 93

longitudinales et circulaires. Le rôle de ces Les mouvements


fibres est de faire progresser le bol alimentaire
vers l’estomac, la pesanteur n’intervient pas La motricité
dans cette action. Du pharynx au cardia,
l’œsophage réalise une rotation en spirale Les mouvements dus à la motricité sont négli-
d’un quart de tour. Cette rotation est due à la geables car toutes les structures composant le
rotation de 90° à gauche de l’estomac durant médiastin sont proches de l’axe de rotation de
l’embryogenèse qui entraîne l’œsophage. l’ensemble de la cage thoracique.
L’œsophage s’articule avec les poumons
par l’intermédiaire des deux plèvres médiasti- L’automatisme
nales pariétales plaquées latéralement contre
Le cœur, seul organe du médiastin, martèle
lui.
par son battement, les organes environnants.
Comme tout automatisme du corps ces
L’aorte mouvements sont naturels et non pathogéni-
Le concept d’articulation viscérale échappe ques. Mais cela accentuera la lésion d’un
aux vaisseaux sanguins puisque ce ne sont pas viscère voisin en dysfonction.
des viscères ou organes. La rigidité structurelle
des grosses artères les empêche d’être soumi- La motilité
ses à des contraintes de structures avec
De l’ensemble du médiastin
lesquelles elles sont en rapport.
L’étude a montré que la motilité des poumons
Le cœur était un mouvement de rotation-expansion
autour d’un axe vertical passant par les foyers
Le cœur s’articule avec les poumons latérale- postérieurs des unités thoraciques, schémati-
ment et avec l’estomac par l’intermédiaire sés par leur arbre bronchique.
du diaphragme. Abrité dans son sac fibreux, le Ce mouvement des poumons entraîne le
cœur reste indifférent aux influences des médiastin en avant par un mécanisme de
organes qui l’entourent. roues dentées.

Figure 6.2. Motilité du médiastin.


94 Ostéopathie de la cage thoracique

thoracique passait par le centre du cœur : le


cœur et ses vaisseaux n’auraient pu être situés
à un autre endroit car ils auraient, loin de cet
axe de mouvement, été soumis à beaucoup
plus de contraintes.
L’axe de rotation-expansion des poumons
lors de l’inspiration se confond avec l’axe de
motilité des lobes, il est objectivé anatomi-
quement par l’arbre bronchique. Il est facile
d’imaginer les contraintes subies par cet arbre
bronchique s’il en était autrement.
L’aorte descend juste en avant de la colonne
dorsale. L’étude des mouvements des vertèbres
Figure 6.3. Motilité du cœur. dorsales a montré que d’une vertèbre à l’autre
il n’y avait que des mouvements de glisse-
Durant l’inspir le médiastin se soulève, ment, qui ne sont que de quelques degrés, et
plus en bas qu’en haut, lors de l’expir il pas de rotation. S’il en était autrement l’aorte
retrouve sa position initiale. subirait alors plus de contraintes.
L’aspect en demi-cône de chaque poumon Cette figure montre la très grande cohérence
avec une base inférieure entraîne un mouve- entre les mouvements de mobilité et de motilité de
ment de plus grande amplitude plus on se l’ensemble des éléments du thorax. Il est évident
rapproche du diaphragme. La partie inférieure que les rythmes de la respiration et de la motilité
du médiastin s’antériorise plus que la partie diffèrent. Si le rythme de la motilité reste à peu
supérieure. La motilité du médiastin est donc près constant chez un même individu, le rythme
un mouvement de « projection » en avant de respiratoire varie en fonction des besoins. Il est
plus faible amplitude en haut qu’en bas évident qu’un mouvement d’inspiration peut être
(figure 6.2). synchrone momentanément avec un mouvement
d’expir !
Du cœur Lors des tests cela ne nuit pas car ils se situent
À l’intérieur de cette motilité globale du sur des plans différents.
médiastin, le cœur a la sienne. C’est un
mouvement de rotation dont l’axe vertical et
médian passe par le centre de l’aorte ascen-
dante. Le cœur est le seul organe qui ait une
motilité totalement indépendante des struc-
tures qui l’entourent ou de la motricité. On ne
peut pas décrire un inspir ou un expir du cœur
car c’est un organe impair, dont la motilité est
une rotation rythmée en va-et-vient autour de
son axe décrit plus haut (figures 6.3 et 6.4).

Épilogue à propos de la motilité


et de la mobilité de l’ensemble
du thorax
Au plan anatomique cette étude a montré que Figure 6.4. Mobilité de la cage thoracique
l’axe de rotation de l’ensemble de la cage et motilité des poumons et du cœur.
Le médiastin 95

Les lésions parenchyme pulmonaire du même côté,


lorsque la lésion pulmonaire est proche
L’ostéopathie s’intéresse essentiellement aux du hile ;
lésions fonctionnelles. Ces lésions peuvent • la simple irritation locale due à une
avoir des symptômes ou être silencieuses. Le inflammation ;
diagnostic est posé par des tests qui mettent • la dilatation chronique ;
en évidence des troubles de la motilité de • le « spasme » ;
l’organe atteint. Les différentes lésions • la tension associée à un « spasme » de
siégeant au niveau des poumons ont été décri- l’œsophage (vu plus haut), signe lié à un
tes plus haut. état anxiogène.
Il est difficile ici de classifier les types de Ces lésions sont des lésions musculaires car
lésions (articulaires, musculaires et/ou liga- la dysfonction est due à un trouble de la toni-
mentaires) car les structures concernées ne cité de la paroi des bronches.
sont que des tuyaux et une pompe.
Conservons tout de même ce concept et
appliquons-le aussi au médiastin. Le cœur
Les différentes « lésions » du cœur qui nous
L’œsophage intéressent sont :
• Toutes les affections classiques liées à la
Les différentes lésions de l’œsophage dans son
réduction de la lumière des différents
trajet thoracique sont :
vaisseaux et valves. Elles sont décrites
• la déviation due à une lésion du paren-
comme lésions musculaires puisque la
chyme pulmonaire qui l’attire du même
cause est due au manque d’élasticité de la
côté. Cette lésion peut être asympto-
paroi.
matique ou déclencher des symptômes
• Tous les troubles du rythme qui ne sont
semblables à l’hernie hiatale du fait que
liés à aucune atteinte structurelle mani-
cette déviation exerce une traction vers le
feste du cœur. Les causes peuvent être
haut du cardia. Cette lésion est dite lésion
à distance. La motilité du cœur est
articulaire car elle est due à une lésion
toujours modifiée.
d’un organe voisin.
• Toutes les perturbations de la motilité en
• une inflammation de la partie inférieure
l’absence de signes cliniques.
de l’œsophage thoracique due à l’acidité
provoquée par une hernie hiatale ou due Ces deux dernières affections sont des
à une traction de l’œsophage vers le bas lésions articulaires car la motilité est atteinte, le
due à une ptose de l’estomac. cœur ayant des difficultés à effectuer sa rota-
• une tension de la partie supérieure de tion dans le sac fibreux, comme s’il existait
l’œsophage, associée à une tension locale des adhérences.
de l’œsophage témoignant un processus Toutes ces lésions décrites peuvent être
psychique. Ces deux dernières lésions purement locales ou s’intégrer dans un
sont des lésions musculaires car elles sont enchaînement cohérent de plusieurs lésions.
dues à un trouble de la tonicité des parois Par exemple, une fibrose du parenchyme
de l’œsophage. pulmonaire entraînant une déviation du
médiastin, développant une hernie hiatale
Les bronches fonctionnelle. La motilité du poumon, du
médiastin, de l’œsophage et de l’estomac est
Les différentes lésions des bronches sont : alors modifiée en cascade. Il existe de
• la déviation de la trachée et de la bronche nombreux schémas lésionnels, propres à
souche due à une atteinte structurelle du chacun des patients. Il est impossible de
96 Ostéopathie de la cage thoracique

décrire des schémas lésionnels généraux que Lors de l’écoute, les premières sensations
l’on retrouverait statistiquement chez des sont les bonnes. Suivre la motilité sur quelques
patients. Cela est dû à la grande diversité cycles. Dans ce test la perception se fait par la
anatomique des êtres humains mais aussi à la paume de la main, il ne faut pas se fier à la
plus grande diversité de leur mode de « fonc- sensation de vos doigts qui semblent « partir »
tionnement ». de l’autre côté. La motilité est antéro-
postérieure, une déviation latérale dans le
Les tests mouvement indique une lésion (figure 6.6).
• Si cette déviation du médiastin est pure-
L’examen clinique des poumons repose sur ment latérale, elle est provoquée par un
des tests d’écoute et quelquefois sur le test du processus de fibrose du parenchyme
diabolo. Il en est de même pour le médiastin pulmonaire que nous avons étudié plus
examiné dans son ensemble, et pour le cœur. haut.
• Si cette déviation du médiastin est perçue
Le médiastin dans une direction à 135° par rapport à la
verticale, elle témoigne d’une inflamma-
Le médiastin dans son ensemble était entraîné tion d’une bronche.
en avant par un mécanisme de roues dentées • Si aucune déviation n’est ressentie, mais
lié à la motilité des poumons. Les poumons que la paume de la main semble attirée
ayant une forme de demi-tronc de cône, le vers le bas, il convient d’interpréter cela
rayon des roues dentées augmente du haut comme une tension de l’œsophage, ou
des poumons en allant vers le bas. Si vous de la trachée. Dans ce cas si le diagnostic
posez le talon de votre main sur le manu- est incertain, il faut utiliser le test du
brium sternal, la paume recouvre le médias- diabolo. Cette manœuvre a été décrite
tin. Dans les tests d’écoute l’inspir sera
ressenti comme une poussée en avant bien
plus importante sous vos articulations
métacarpo-phalangiennes que sous le talon
de votre main. L’expir est le mouvement
inverse (figure 6.5).

Figure 6.6. Déviation à 135° :


inflammation d’une bronche.
Figure 6.5. Motilité du médiastin. Déviation à 90° : déviation du médiastin.
Le médiastin 97

A B

Figure 6.7. Diabolo.

plus haut. Pour tester, la main est posée différencier en dehors de l’écoute de
en travers de la partie supérieure du l’estomac qui sort de cette étude, il est
thorax au niveau du manubrium et des possible de pratiquer une écoute locale
clavicules, l’autre occupe le creux xiphoï- de l’œsophage en posant la paume de
dien. Les deux mains effectuent une rota- la main à la pointe du sternum :
tion dans le même sens, le diamètre de - si elle semble tractée vers le haut cela
chaque cercle varie de telle façon que le signe une hernie hiatale, ou une dévia-
sommet des deux cônes puisse se dépla- tion du médiastin (il faut alors contrô-
cer sur toute la hauteur du médiastin. Si ler la déviation en testant le médiastin
les deux mains apparaissent comme par la méthode classique vue plus
figées et que le « curseur » (le sommet des haut),
deux cônes) ne se déplace pas, il faut - si elle semble tractée vers le bas cela
interpréter cela comme une tension, à la signe une ptose gastrique (figure 6.7).
hauteur où le curseur semble fixé :
- si le curseur est fixé en haut, la paume Le cœur
au niveau du creux xiphoïdien décrit
un cercle important, alors que celle Le cœur est la seule structure du corps à
placée en travers du manubrium appa- posséder une motilité sans que l’on puisse
raît comme pivotant sur elle-même, définir un inspir ou un expir. Cela demande
cela signe soit une déviation du quelques explications : les structures impai-
médiastin, soit une tension de la bron- res, osseuses ou viscérales ont une motilité
che souche. L’écoute classique du qui est une rotation autour d’un axe transver-
médiastin montrera une déviation sal et horizontal. Nous avons vu que le ster-
latérale s’il s’agit d’une déviation du num, comme le médiastin s’élevait autour
médiastin ; d’un axe horizontal passant par le manu-
- si le curseur reste fixé en bas, il brium. Pour la motilité du cœur, l’axe de
convient d’interpréter ça comme un rotation est vertical et le mouvement est une
problème au niveau du cardia : ptose rotation horizontale de part et d’autre de
gastrique ou hernie hiatale. Pour les l’axe médian du corps. Cet axe est schématisé
98 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure 6.8. Recherche de l’axe (a) et test (b).

par l’aorte ascendante. Le principe reste le modifications de l’amplitude. Ces trou-


même, il faut évaluer l’amplitude et le bles signent une dysfonction, sans que
rythme du mouvement. l’on puisse définir une pathologie
Le test est réalisé le patient étant en décubi- précise. Donc attention ! ne pas en tirer
tus dorsal, le praticien est assis à droite du de conclusions hâtives !
patient.
Insérer la main droite transversalement Le traitement du médiastin
entre la table et la face postérieure de la
cage thoracique de telle sorte que les articula- Le médiastin peut être lésé en bloc, ou peut
tions métacarpo-phalangiennes recouvrent être le siège de lésions individuelles d’un de
les vertèbres D6, D7, D8 (figure 6.8). ces composants.
La paume de la main gauche recouvre les
articulations sterno-costales gauches du Lésion en bloc
patient, dans l’axe du cœur. Cette lésion se rencontre, entre autres, chez
Les deux mains sont totalement passives. les patients dépressifs et se caractérise par une
• Percevoir entre les deux paumes une motilité du médiastin très limitée dans son
balle d’une taille qui apparaît plus grosse amplitude, compensée par un rythme plus
que le cœur, presque de la dimension élevé. Chaque sujet a une motilité générale
d’une balle de handball. propre à lui-même, où normalement tous les
• Sentir cette balle entraîner les paumes viscères et organes ont une motilité identique
dans un mouvement de rotation hori- en amplitude et en rythme. L’hyperactivité
zontale en va-et-vient. Bien sûr ce comme un spasme se traduit toujours dans la
mouvement de rotation ne se fait pas motilité de l’organe par une diminution de
autour de l’axe anatomique qui est obli- l’amplitude compensée par une augmenta-
que en bas et à gauche, peu importe, tion du rythme. Un rapport inverse se voit
l’essentiel est de percevoir ce mouve- chez un organe atone, où le rythme de la
ment harmonieux et bien rythmé de motilité est réduit, mais compensé par une
va-et-vient. Les troubles perçus sont des amplitude plus grande. Ce couple rythme-
modifications du rythme associées à des amplitude de la motilité est un moyen pour le
Le médiastin 99

Figure 6.9. « Feuille morte » sur la charnière Figure 6.10. Induction sur la trachée.
manubrium-sternum.

viscère ou l’organe de tenter de conserver la vous entraîner dans n’importe quelle direc-
meilleure motilité efficace possible malgré la tion. Ne faites aucune déduction sur l’affec-
dysfonction. Il est évident que la lésion sera tion en fonction de la direction où vous
plus sévère si amplitude et rythme sont entraînent les tissus. Cette direction reste
réduits, l’organe ou le viscère n’aura plus en dans l’axe de la bronche, elle peut être latérale
lui-même les moyens de maintenir un mini- ou médiane, ou encore axiale s’il s’agit de la
mum de vitalité. Cette interdépendance trachée seule (figure 6.10).
n’existe qu’auprès des organes et viscères
constitués de fibres musculaires. L’œsophage
La lésion en bloc concerne l’œsophage et Les tests peuvent indiquer :
les bronches. • une tension globale de l’ensemble de
Le traitement consiste à pratiquer un l’œsophage thoracique,
« diabolo » général du médiastin, une paume • une tension localisée en arrière de la char-
au sommet de l’épigastre, l’autre en travers du nière du manubrium avec le sternum,
manubrium. Comme toujours, des manœu- • une tension localisée en arrière de la
vres d’écoute durant ce traitement vous pointe du sternum : ascendante ou
permettent de noter l’amélioration éventuelle descendante.
de la motilité du médiastin. La tension de l’œsophage est traitée de la
Il est aussi recommandé de pratiquer la même manière qu’une tension en bloc du
manœuvre de la « feuille morte » sur la char- médiastin (voir figure 6.19).
nière manubrium-sternum. Cette localisation La déviation du médiastin est traitée par une
correspond à la bifurcation bronchique et à la induction locale et/ou manœuvre de la
zone de l’œsophage où la tension est maxi- « feuille morte » (voir figure 6.9).
male. Vérifier grâce à l’écoute, la qualité de L’hernie hiatale est traitée localement par
vos manœuvres (figure 6.9). induction et manœuvre de la « feuille morte ».
Vous connaissez maintenant parfaitement ces
Lésion des bronches techniques. Ce traitement doit être associé à
Quelle que soit la symptomatologie, ou même une manœuvre directe au niveau de l’esto-
si elle est absente, l’induction est le traitement mac. Cette dernière consiste à prendre un
local de choix. Là encore cette induction peut appui sur l’estomac dans la région riche en
100 Ostéopathie de la cage thoracique

A B
Figure 6.11. Manœuvre spécifique pour une hernie hiatale.

A B
Figure 6.12. Manœuvre spécifique pour une ptose de l’estomac.

A B
Figure 6.13. Induction du cœur.
Le médiastin 101

croisements de fibres musculaires entre le et la ptose gastrique qui traduisent des contrain-
cardia et le pylore et exercer sur cette zone une tes exercées sur le cardia qui est intra-thoracique.
pression descendante (figure 6.11).
La ptose de l’estomac est traitée par induction
et « feuille morte » et par une manœuvre spéci- Le traitement du cœur
fique qui consiste à fixer l’estomac, toujours Lorsque le test d’écoute indique un déséquili-
dans la même région puis à agripper l’ensem- bre de la motilité du cœur, il est recommandé
ble de la cage thoracique avec doigts, mains et de pratiquer l’induction, à partir de la même
avant-bras et de l’amener en extension en position que celle de l’écoute. Cette manœu-
soulevant les talons du sol (figure 6.12). vre peut être faite en position assise. Les mains
Il est apparu impossible de traiter un sujet sont entraînées dans le sens de la facilité
comme le thorax sans évoquer la hernie hiatale (figure 6.13).
Routine 103

Routine

Comme toujours en matière de traitements La routine se décompose en plusieurs


viscéraux, il convient de rester modeste phases :
quant aux affections auxquelles nous nous • correction des lésions ostéo-articulaires
adressons, tout en affirmant leur absolue de la cage thoracique,
nécessité dans le cadre de la conservation • correction des déséquilibres des tensions
d’une meilleure homéostasie. Une fois de des fascias,
plus il n’existe pas d’un côté un système • correction des lésions des poumons,
locomoteur, d’un autre un système viscéral, • correction des lésions articulaires pou-
enfin d’un autre encore un système nerveux, mon-médiastin,
chapeautés par un psychisme. Tout est in- • correction des lésions du médiastin,
terdépendant et doit fonctionner en harmo- • correction des lésions du cœur,
nie. À cette interdépendance physiologique • travail de réharmonisation de la motilité
répond une interdépendance pathologique, du cœur,
mais heureusement aussi une interdépen- • travail de réharmonisation de la motilité
dance thérapeutique. du médiastin,
• travail de réharmonisation de la motilité
Voici le cœur de l’ostéopathie : des poumons,
• Rechercher toutes les routes qui ont • travail de réharmonisation des tensions
conduit au mal-être (disease), puis des fascias de la cage thoracique,
« remonter » ce ou ces fils d’Ariane, qui • travail de mobilisations de la cage thora-
conduisent à LA lésion. cique.
• Parcourir pour traiter la lésion, les mêmes Quel canevas ! Cela apparaît très rébarba-
routes dans le même sens en réharmoni- tif ! Pas d’inquiétude le chemin va procurer un
sant les tissus tout au long du chemin plaisir extrême ! Ce n’est surtout pas un traite-
jusqu’à la lésion qui s’est manifestée par ment standard à décliner intégralement à tous
des symptômes et qui a conduit le les patients. Dans ce protocole il convient de
patient à consulter. Les traitements s’ins- s’arrêter à hauteur de l’organe atteint, si tout
crivent dans une routine. est normal en aval, de corriger la lésion, puis
de remonter vers l’amont en effectuant un
Tel est le but de l’ostéopathie, mais aussi travail de réharmonisation de la motilité de
son utopie ! Remonter parfaitement ce l’organe atteint, puis de celle des organes à la
processus pathologique, est le but de l’ostéo- périphérie de la lésion.
pathe. Rechercher la vérité, même si on la sait Il faut aller du général au spécifique, puis
hors d’atteinte, reste une activité passion- du spécifique au général. La première phase
nante. du traitement est centripète, elle vous conduit
104 Ostéopathie de la cage thoracique

A B

Figure. 6.14. Étirements après travail sur leurs fascias des muscles obliques de l’abdomen,
puis grands dentelés et pectoraux.

à la correction de la lésion de l’organe. La l’abdomen et d’un grand oblique de


deuxième phase est centrifuge, le traitement l’abdomen ; elles se divisent là en un
consiste en un travail de réharmonisation de chaînon antérieur par le muscle grand
l’organe traité, puis dans un traitement des pectoral et un chaînon latéro-postérieur
différentes structures à sa périphérie. par le muscle grand dentelé. Elles unis-
sent un hémi-bassin à l’ensemble de la
ceinture scapulaire controlatérale.
Correction des lésions • Deux chaînes postérieures symétriques
ostéo-articulaires de la cage issues de la masse commune, schémati-
thoracique sées par le muscle grand dorsal et la
partie inférieure du muscle trapèze. Elles
Tout cela a été vu dans la première partie. unissent la partie postérieure du bassin à
la ceinture scapulaire.
Correction des déséquilibres Cette vision simplifiée de ces chaînes ne
doit pas faire oublier les nombreux autres
des tensions des fascias muscles qui travaillent en synergie avec les
La cage thoracique est ceinturée de fascias muscles cités plus haut.
qui recouvrent et réunissent des muscles en Le principe du traitement de ces chaînes est
chaînes. Les adeptes de la méthode Mézières de poser une main à chacune de leurs extrémi-
connaissent parfaitement en détail ces chaînes tés et de suivre les tensions. Il est possible
musculaires et sont très performants. Dans le aussi d’intervenir de la même manière mais
cadre de la pratique de l’ostéopathie au niveau individuellement sur leurs composantes
du thorax, il convient de ne s’intéresser qu’à (figure 6.14).
celles qui apparaissent comme essentielles et Plus localement, sans que l’on puisse les
intéressent l’ensemble du tronc : nommer chaînes musculaires, mais apparais-
• Deux chaînes antérieures et symétriques sant comme essentiel dans le travail des
qui se croisent : elles sont composées fascias, on doit s’attarder sur la ceinture
chacune d’un muscle petit oblique de scapulaire, les diaphragmes supérieurs du
Routine 105

A B

Figure. 6.15.

thorax, le médiastin et sur le muscle


diaphragme. Ces structures constituent un
ensemble, leurs tensions sont interactives.
Elles apparaissent comme deux entonnoirs
opposés (figure 6.15).

Ces manœuvres de rééquilibrage des tensions


des fascias sont les mêmes que celles d’écoute, à la
différence près qu’ici les mains « pèsent » plus de
400 g et que les mains vont suivre activement le
mouvement induit par ces tensions.

La ceinture scapulaire
Figure 6.16. Travail myo-fascial au niveau
Le praticien est assis à la tête du patient,
allongé sur le dos. Le talon de ses deux mains
de la ceinture scapulaire.
reposant sur le bord supérieur des clavicules
(la pression est de l’ordre de 600 g), il se laisse Le diaphragme supérieur
guider par les tensions des muscles. C’est Le traitement des diaphragmes supérieurs
l’image d’un volant entre les mains, chaque s’effectue à partir de la position précédente :
main effectue un mouvement inverse de • Diminuer la pression exercée par les
l’autre. Si un déséquilibre apparaît d’entrée, il mains du praticien à 400 g.
faut suivre le mouvement guidé par les • Se projeter sur les fascias. La manœuvre
tensions des tissus. Très rapidement est est identique, à la différence près que le
ressentie une réharmonisation de la tension contact est réalisé contre le bord inférieur
des tissus. Chacune des deux mains réalise un des clavicules. La tension des fascias
mouvement identique mais de sens opposé entraîne vos mains dans des lemniscates
(comme pour un volant) (figure 6.16). attendus, mais toujours surprenants.
106 Ostéopathie de la cage thoracique

Figure 6.17. Travail myo-fascial au niveau Figure 6.18. Manœuvre du diabolo


des diaphragmes supérieurs. lors du traitement du diaphragme.

• Conserver l’image du volant sous les médiastinale. L’ensemble de ces éléments sont
mains et suivre les tensions des fascias soumis latéralement aux tensions des deux
jusqu’à ce que sous les mains l’équilibre poumons. La manœuvre du diabolo est prati-
soit parfait (figure 6.17). quée les mains en travers du thorax, l’une juste
au-dessus de l’appendice xiphoïde, l’autre en
Le diaphragme travers du manubrium sternal. Même si les
deux mains sont dans un plan frontal, elles
Le muscle diaphragme est soumis à de
perçoivent là encore ce mouvement de diabolo
nombreuses tensions par son rôle et par tous
formé de deux cônes opposés par leur sommet,
les éléments qui s’y insèrent ou qui le traver-
leur sommet commun mais opposé formant le
sent.
curseur capable de parcourir toute la distance
• Disposer une main en travers de la base
entre les bases des cônes (figure 6.19).
du thorax et l’autre à sa verticale en
travers de la colonne vertébrale. L’ensemble diaphragmes supérieurs
• Suivre les tensions qui entraînent les et ceinture scapulaire, médiastin
mains. et muscle diaphragme
• Conserver l’image du diabolo avec le
curseur (sommet opposé des deux cônes) Il est possible de corriger le déséquilibre des
qui navigue entre les deux mains. tensions des fascias de l’ensemble de ces struc-
• Rechercher l’harmonie de ce mouve- tures en une seule manœuvre. Pour cela, pren-
ment, le curseur doit pouvoir parcourir dre un contact au niveau de l’épigastre et
librement l’espace entre les deux mains l’autre sur les extrémités externes des clavicu-
(figure 6.18). les et le bord supérieur du manubrium sternal.
Ce contact se fait au moyen de l’ensemble des
deux avant-bras (des articulations métacarpo-
Le médiastin phalangiennes au coude) (figure 6.20).
Il n’y a pas de muscle dans les composants du
médiastin, mais les éléments qui le constituent
Correction des lésions du poumon
ont des parois contenant des fibres musculai-
res et sont tapissés en partie par la plèvre Voir pages 84 à 87.
Routine 107

des manœuvres de réharmonisation des tensions


des fascias et de terminer par des mobilisations de
l’ensemble du thorax.

Ce chapitre vous a été présenté comme une


routine. Elle doit être respectée, mais à tout
moment il faut savoir passer du diagnostic au
traitement et inversement, de manœuvres
d’écoute, à des manœuvres d’induction, à des
manœuvres structurelles et inversement. Ce sont
toujours les tensions des tissus qui guident et
non un traitement systématiquement établi.
Il convient de pouvoir à tout moment à la
demande des tissus passer du système ostéo-
Figure 6.19. Travail sur le médiastin. articulaire, aux fascias puis aux organes, sans
ordre pré-établi.

Par exemple, si le conflit est situé dans la


partie supérieure du thorax, en ayant éliminé
tout disfonctionnement vertébral, voilà une
bonne manière de procéder :
• assis à la tête du patient, le talon de vos
mains et le bord externe des 5es métacar-
piens au contact du bord supérieur des
clavicules,
• ressentir des tensions musculaires locales
et procéder à des étirements,
• glisser ensuite les deux mains en dessous
des clavicules, les deux paumes par un
contact plus léger sont sur les fascias dont
il est intéressant de suivre les tensions
pour éventuellement les corriger,
Figure 6.20. Traitement sur l’ensemble • pratiquer écoute et induction au niveau
des diaphragmes. d’un ou des lobes selon les besoins
(figure 6.21).

Correction des lésions du médiastin


Voir pages 98 à 101.
Conseils pour un diagnostic
• Limiter l’interrogatoire des patients aux
interventions chirurgicales, aux différents
Correction des lésions du cœur traumatismes connus, subis.
• Découvrir les lésions soi-même. Une anam-
Voir page 101. nèse fouillée peut focaliser le praticien sur
une zone correspondant aux symptômes.
À la suite de ces traitements spécifiques locaux, il Attention ! Lorsque l’on veut à tout prix
est nécessaire de réharmoniser la motilité des trouver une lésion, on la trouve, car l’articu-
organes situés à la périphérie et de poursuivre par lation parfaite est une utopie.
108 Ostéopathie de la cage thoracique

A B C

Figure. 6.21. Travail sur les trois plans : structure(a), fascia(b), organe(c).

• Poser le diagnostic uniquement à partir de • Cheminer le long du schéma lésionnel propre


l’examen clinique, sans se laisser envahir au patient, à l’aide de manœuvres qui, à la
par le verbiage du patient. demande des tissus eux-mêmes, se situent
• Écouter le corps des patients. alternativement au niveau des trois plans
Les cellules et les tissus ont une mémoire structure, fascia, viscère.
qu’il convient de décrypter. • Éviter de surtraiter.

Conseils pour un traitement Le patient est un et unique. Il revient au prati-


cien de s’adapter au patient pour lui donner le
• Conserver à l’esprit le processus pathologi- traitement le plus adapté à sa lésion, en fonction
que qui a conduit à la lésion dans le temps et de sa biotypologie, de sa psychologie, bref de son
dans l’espace. vécu.

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