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Remerciements
Je tiens à remercier tous ceux qui ont répondu à mes questions, dont
particulièrement Marie- érèse Mein à la recherche de renseignements
botaniques et Claudine Gayet pour des informations culinaires. Merci à
Marie-Bernade Babin pour la cueillette et la préparation de ses eurs de
l’arbre de Judée de son jardin. Merci à mes enfants, testeurs volontaires ou
désignés et, en n, un remerciement notable pour Claude Babin, à domicile,
toujours prêt à répondre aux questions, à goûter les plats et à relire mes
écrits avec l’œil attentif du naturaliste et de l’historien.
Les eurs, une très vieille histoire
On ne connaît pas la couleur de ses pétales mais la plus ancienne eur
connue, appelée Montsechia vidalii par les paléobotanistes, serait originaire,
dans l’état de nos connaissances, des montagnes pyrénéennes espagnoles.
Cette petite plante aquatique, d’eau douce, est vieille de 130 millions
d’années. Elle n’est sûrement pas la première puisqu’elle est déjà représentée
par un très grand nombre de spécimens.
La diversité de formes et de couleurs des angiospermes ou plantes à eurs,
au succès foudroyant, n’a pu qu’attirer l’attention des premiers Hommes.
Qu’en savons-nous ?
Les plus anciennes manifestations connues d’un intérêt de l’Homme pour
les eurs nous apparaissent lorsque celles-ci se retrouvent en grand nombre
dans des tombes comme à Shanidar au Turkistan irakien, datées de près de
60000 AEC (anté ère chrétienne) environ, à condition d’être certain qu’il
s’agit d’un dépôt volontaire lors d’un rite funéraire. Car rien n’est prouvé et
ces eurs auraient pu être apportées par des insectes, ce qui a été reconnu
dans certains sites. Il est probable, en revanche, que des eurs ont été
déposées volontairement dans les tombes natu ennes de Raqefet sur le mont
Carmel, plus récentes puisque datées de 13700 à 9800 AEC.
Même si les Hommes du Paléolithique pratiquaient certains rites funéraires
incluant la présence de eurs, rien ne prouve leur utilisation médicale et
encore moins culinaire en ces temps reculés. Ils n’étaient pas plus des
carnivores invétérés que des herbivores convaincus et rien ne permet
d’a rmer qu’ils consommaient des eurs. Ils les ont probablement testées à
l’instar d’autres parties de plantes mais les preuves manquent totalement.
Autrement dit, nous n’aurons accès à une telle information que par des écrits
bien sûr, où lorsque des restes oraux seront repérés dans des pots ayant
servi à la cuisine ou quand la quantité des eurs utilisées sera su samment
importante attestant de facto de sa culture, pour que l’on puisse se poser des
questions sur le rôle qui leur était dévolu.
De la nature à la médecine
L’ancienneté d’une utilisation médicale ne peut être également con rmée
que par les premiers écrits. Ainsi en est-il d’un idéogramme cunéiforme sur
une tablette d’argile sumérienne de 3100 AEC représentant une eur
d’opium et parlant d’elle comme de « la plante de la joie », ou de certaines
plaquettes babyloniennes, datées 2600 AEC environ, indiquant une
douzaine de préparations médicinales de deux cents plantes. Car pendant
longtemps, nous le verrons, les plantes, et donc parfois les eurs, seront
limitées à la sphère médicale.
À cette époque, la Mésopotamie n’est pas la seule région à s’intéresser
médicalement aux plantes. En Inde, c’est la médecine ayurvédique qui nous
renseigne sur l’utilisation des eurs. L’origine de l’ayurvéda remonte à des
écrits datant du e millénaire AEC mais le plus ancien traité parvenu jusqu’à
nous, rapportant les travaux d’un chirurgien, Sushruta, ayant vécu au cours
du e ou du er millénaire AEC, serait le Manuscrit Bower, daté du e siècle,
avec la désignation, parmi d’autres préparations, de celles basées sur 700
plantes médicinales.
En Chine, le Shennong Bencao Jing (Classique de la matière médicale du
Laboureur céleste) est le plus ancien ouvrage chinois traitant des herbes et
des drogues, attribuable non pas à Shennong qui aurait vécu aux environs de
2800 AEC mais à des compilateurs vivant plus vraisemblablement vers le er
siècle durant la dynastie Han (206 AEC-220).
L’Égypte antique n’est pas en reste puisque le Papyrus Ebers, daté entre le
e et le e siècle AEC selon les égyptologues, indique près de 700
formules d’utilisation médicale de plantes. De plantes et non de eurs seules,
sauvages bien évidemment.
En Occident, il faut attendre les écrits du physicien médecin grec
Hippocrate ou du botaniste éophraste suivis, parmi d’autres, par ceux des
Romains Pline et Dioscoride qui apporteront leur lot d’informations sur les
eurs de tout genre, en médecine et botanique notamment. La liste de ces
auteurs est longue.
Toutes les plantes et souvent les eurs ont un pouvoir médicinal et c’est
essentiellement celui-ci qui les a fait remarquer et utiliser et non la
gastronomie.
Cuisine et santé
La cuisine des eurs satisfait le goût et la vue mais elle est loin d’être
inintéressante d’un point de vue nutritif. La plupart des eurs comestibles
fournissent en e et de la vitamine C, particulièrement bourrache, capucine,
ciboulette, pour n’en citer que trois. En moindre quantité, la vitamine D se
retrouve chez d’autres comme la capucine, la A dans les eurs de courgettes
et la E dans les roses ou la lavande. Chrysanthèmes et œillet fournissent du
potassium, la bourrache du fer, les hibiscus du calcium. Des
phytonutriments ( avoïdes et antioxydants) sont donnés par des soucis, des
violettes, des pissenlits, des roses. D’une manière générale, les plantes
sauvages sont plus riches en apports nutritifs. Et bien sûr, toutes sont
pauvres en calories.
Toxiques ou comestibles
La séparation entre les deux n’est pas des plus aisées et est pourtant
primordiale à connaître avant de se lancer dans la consommation des eurs.
Au sein d’un même genre, deux espèces peuvent présenter un degré di érent
de toxicité et, d’une région à l’autre, des plantes « similaires » peuvent être
confondues comme le chardon à glu (toxique) et le chardon-marie
(comestible). Une plante est rarement entièrement toxique ou comestible,
mais des parties le sont. Il y a celles dont la eur représente la seule partie de
la plante que l’on peut mettre dans son assiette. Pour ces plantes, tiges,
racines, feuilles, graines ne se mangent pas (rose, hémérocalle) et, pour
certaines d’entre elles, sont même franchement toxiques (acacia, glycine).
D’autres eurs appartiennent à des plantes dont on consomme aussi les
feuilles ou dont on a l’habitude de ne consommer que les feuilles (thym,
romarin, sauge, plantes dites « aromatiques » en général), les racines (radis,
chicorée) ou les fruits (diverses baies).
La dé nition elle-même de toxicité est également variable. Ingestion ou
contact, certaines plantes pourtant comestibles sont très irritantes au
toucher en raison de la présence de substances photo-sensibilisantes.
N’oublions pas non plus que certaines eurs sont nocives crues mais
parfaitement assimilables une fois cuites. Il faut tenir compte aussi d’allergies
possibles comme notamment celles dues au pollen. Les eurs doivent donc
être introduites avec modération dans l’alimentation a n de s’assurer de
toute absence d’allergie. Pour cette raison, il est préférable de ne pas faire
manger de eurs à de très jeunes enfants (moins de trois ans).
La quantité ingérée n’est pas non plus innocente. Il est connu depuis l’école
de médecine de Salerne au e siècle que la noix de muscade est mortelle à
forte dose, alors que vous l’utilisez couramment dans vos recettes, et que
certaines plantes, riches en oxalates ou en acide oxalique comme l’oseille,
peuvent provoquer de graves désordres rénaux. Il est relativement rare, il est
vrai, de consommer une grande quantité de eurs lors d’un seul repas. En
tout état de cause, testez les eurs que vous allez consommer en
commençant par de petites quantités.
Les toxiques
La dé nition de toxique s’est modi ée au cours des temps. Il est certain que
la consommation de eurs a d’abord été limitée à la médecine et que, encore
aujourd’hui, certaines plantes toxiques font partie de la panacée médicale.
Des aliments acceptés de nos jours comme parfaitement sains étaient
suspects, voire rejetés, parce que considérés comme « froids et humides » (il
fallait les « corriger » par ajout de vin, d’épices ou de toutes autres substances
« chaudes »).
De nombreux sites internet (et également quelques livres sur la cuisine des
eurs) donnent une liste de « eurs » toxiques. Or, dans celle-ci, se
retrouvent des eurs e ectivement toxiques mais aussi des plantes dont
plusieurs parties (fruits ou graines le plus souvent) ne sont pas comestibles
alors que la eur l’est parfaitement. Ainsi du chèvrefeuille ou de la glycine
dont les baies pour le premier, les graines pour la seconde sont toxiques
alors que les eurs sont délicieuses et sans danger à consommer. Il est par
ailleurs intéressant de découvrir tant dans des livres anciens que sur certains
sites internet, des recettes à base de eurs qui, si elles ne sont pas mortelles,
risquent tout de même de provoquer quelques soucis sérieux de santé. Cela
dit, mises à part quelques exceptions, nous l’avons dit, la quantité ingérée
joue un rôle non négligeable dans la toxicité. La notion de plante toxique est
donc toute relative et les « mortelles » (belladone, digitale, aconit, muguet,
ciguë) sont rares.
Les seules eurs, sensu stricto, toxiques que l’on peut facilement rencontrer,
reconnaître et qui sont attrayantes par leur forme, leur parfum et leur
couleur dans nos jardins ou dans la nature sont ici listées (voir p. 261). Sont
omises quelques plantes sauvages dont personne n’aurait idée d’aller mettre
les eurs dans son assiette sans ré exion à leur sujet.
Évitez aussi les arômes arti ciels et surtout ceux qui copient des eurs
toxiques, comme le muguet, qui risquent d’abuser ensuite enfants ou
personnes non averties.
Les comestibles
Il a déjà été signalé dans les « Prolégomènes » que, pour diverses raisons,
une sélection des eurs comestibles présentées a été nécessaire. Celle-ci a été
basée sur divers critères dont la célébrité culinaire de certaines d’entre elles,
comme la rose ou la violette, et la facilité à trouver ces eurs dans les jardins
ou dans le commerce.
On peut ranger les eurs comestibles dans di érentes catégories en raison
de leur lieu de vie (chemins, champs, prés, sous-bois ou bords de rivière, en
montagne ou en bordure de mer, les exotiques, sans oublier tout simplement
les jardins). Une autre partition peut être faite, plus « culinaire », en raison
de leur aveur (goût et odeur), de leur texture, de leur intérêt à être mangées
crues ou cuites, de leurs possibilités de préparation (entières et farcies ou au
contraire pétales défaits). Certaines sont sucrées, acidulées, piquantes,
vanillées, amères et leur texture peut être croquante ou molle. On distingue
ainsi cinq catégories principales.
Fleurs-salades
Elles sont consommées crues et peuvent être mélangées à toutes les salades
traditionnelles, vertes ou de crudités, auxquelles elles apportent saveurs et
couleurs. Elles se marient avec vinaigrette, mayonnaise, sauce au yaourt,
crème fraîche. Il est souvent préférable de les introduire dans la salade au
dernier moment pour qu’elles gardent croquant et couleur. Bégonia, bleuet,
bourrache, capucine, cardamine, chrysanthème, dahlia, luzerne, pensée,
pivoine, pois de senteur, trè e en font partie mais il y en a d’autres.
Fleurs-fruits
Par leur forte saveur sucrée, ces eurs, souvent très parfumées, conviennent
pour desserts, gâteaux, crèmes, sorbets, gelées et con tures, ou sont parfaites
pour être cristallisées au sucre. Petites, elles sont utilisées entières, grandes,
les sépales sont séparés voire hachés. On en fait des sirops buvables tels quels
ou utilisés pour parfumer des plats. Elles sont idéales pour des gelées ou des
con ts mais peuvent être aussi intégrées crues dans des salades de fruits. Ce
sont les eurs d’acacia, campanules, jacinthes, jasmins, hibiscus, lilas,
orangers, roses ou phlox.
Fleurs-légumes
Elles peuvent (ou doivent pour certaines) se consommer cuites. Parmi elles,
des classiques largement connues (chou- eur, brocoli, rapini, artichaut) et
d’autres moins citées (barbaré, carline, souci, primevère, houblon), formant
souvent un plat à elles seules, ainsi que les eurs-réservoirs, à farcir, celles en
forme d’entonnoir comme les eurs de courgettes, de citrouille, les tulipes ou
celles de yucca.
Fleurs-décor
Elles sont généralement sans saveur particulière, intéressantes pour leur
e et décoratif dans l’assiette en raison de leur forme et de leurs couleurs
(pétales d’hortensia, de glaïeul, eurs de myosotis), comestibles cela va de
soi, étant hors de question de mettre une eur toxique, aussi jolie soit-elle,
sur une assiette. Mais les eurs parfumées peuvent aussi servir de décors.
D’une manière générale, la plupart des recettes présentées suggèrent de
conserver quelques eurs ou pétales pour la décoration nale.
Glaçons euris
Les glaçons euris sont intéressants pour être servis dans des boissons
rafraîchissantes sucrées, salées ou neutres et, soyons honnêtes, font leur
petit e et auprès des invités (assurez-vous cependant que ceux-ci ne
soient pas allergiques à la vue d’une eur ottant dans leur boisson). Ils
sont de deux sortes : les glaçons simplement colorés, par quelques
gouttes de sirop de eur (sirop de coquelicot, de soucis) et ceux
contenant toute (bourrache, violette) ou partie (capucine, petites roses)
d’une eur, fraîche de préférence, un petit bouton oral (églantier) ou
des étamines (prunier).
Robinia
Le nom de Robinia a été donné en l’honneur de l’arboriste royal Jean Robin.
Présentation botanique
Entre quatre et sept espèces de Robinia sont connues de nos jours, toutes
originaires du sud-est de l’Amérique du Nord et ce, depuis environ 60-100
millions d’années. Seule Robinia pseudoacacia a été introduite en Europe
mais des traces fossiles du genre y ont été repérées à l’Éocène et au Miocène.
Plusieurs espèces sont reconnues comme étant comestibles mais sont
inconnues ou rarissimes dans notre pays.
Robinia pseudoacacia
Carouge du Canada, faux acacia, robinier, arbre des cabarets, acacia blanc.
Si la première appellation peut s’expliquer par la ressemblance entre les
feuilles du vrai carouge américain (Prosopis), épineux de surcroît, avec
l’acacia égyptien, celle d’« arbre des cabarets » qui apparaît en 1784 dans le
Manuel des végétaux de J. J. de Saint Germain, nous reste inconnue.
Le robinier pseudo-acacia est un arbre pouvant atteindre rapidement 30 m
de hauteur dans son habitat originel, plus petit chez nous, envahissant par
son développement par drageons souterrains. Les feuilles, caduques, sont
imparipennées (nombre impair de folioles, entre 9 et 19). Les stipules, pièces
foliaires à la base des feuilles, sont épineuses. Les eurs originellement
blanches sont de type papilionacé aux cinq pétales inégaux (un étendard,
deux ailes et une carène soit deux pétales soudés entre eux), rappelant,
parmi d’autres, les pois ou les genêts, au calice en forme de cloche à trois
dents ; elles sont regroupées en grappes pendantes parfumées. Des dix
étamines présentes, neuf sont soudées entre elles par leur let. Les eurs, en
mai-juin, donneront des fruits en forme de gousses brunes allongées
contenant dix à douze graines.
Des variétés parfumées à eurs roses, rouge violacé ou jaunes, sont
maintenant connues.
D’autres espèces natives d’Amérique du Nord comme Robinia elliottii ou
Robinia neomexicana à eurs roses et parfumées, sont consommées de nos
jours par les Amérindiens.
Histoire
C’est Carl von Linné, en 1753, qui baptisa cet arbre d’origine appalachienne,
confondu jusque-là avec les Acacia africains, du nom de Robinia en
l’honneur de l’arboriste royal Jean Robin à qui l’on doit la première
plantation sur le Vieux Continent, place Dauphine à Paris, en 1601, de
graines reçues de la part du botaniste anglais John Tradescant,lui-même en
relation avec la compagnie anglaise colonisatrice de la côte est des États-
Unis, la Virginia Company. L’arbre de la place Dauphine a disparu, remplacé
par deux rejets, toujours vivants, plantés par le ls de Jean Robin, Vespasien
Robin. Il est entendu que l’acacia de la Bible n’est pas notre Robinia mais un
vrai Acacia. Le Robinia fut introduit en Palestine à la n du e siècle ou
au début du e.
Jeter les eurs dans l’eau bouillante puis laisser infuser 24 h. Filtrer.
Ajouter le sucre et le citron coupé en rondelles.
Cuire à feu doux et stopper la cuisson avant la prise en gelée. Mettre
en pots.
Il est préférable de le conserver dans des petits pots qui seront utilisés
en une ou deux fois permettant son utilisation dans des gâteaux, des
crèmes ou des mets salés-sucrés comme le rôti de porc aux fruits ou
pour parfumer un gratin de poires dont les recettes sont données ci-
après.
Citrus
Présentation botanique
Arbres ou arbustes, vivaces, de la famille des Rutacées, atteignant entre 4 et
12 m de hauteur, sensibles au froid, parfois épineux. Feuilles simples ou
composées, persistantes, alternes. Fleurs terminales solitaire ou en grappes,
blanches, à 4-8 sépales, 4-8 pétales charnus et 20 à 40 étamines souvent
soudées à leur base en faisceaux. Fruits, baies à écorce parfois épaisse
appelée zeste, odorante.
Fleurs et fruits possèdent des glandes odorantes à odeur caractéristique.
Les botanistes reconnaissent entre seize et cent cinquante-six espèces de
Citrus présentes dans les régions tropicales et subtropicales. Il est vrai que les
espèces et sous-espèces de Citrus, compatibles entre elles, rendent la
classi cation très complexe.
Les di érentes espèces qui nous intéressent ici seront présentées avec leur
histoire. Il s’agit de trois espèces ancestrales, le cédratier (Citrus medica), le
pamplemoussier (Citrus maxima) et le mandarinier (Citrus deliciosa) et des
hybrides naturels comme le bigaradier (Citrus aurantium), le citronnier
(Citrus limon), l’oranger (Citrus sinensis), le bergamotier (Citrus bergamia),
le clémentinier (Citrus clementinia), le pomelo (Citrus paradisi) et, en n, le
limettier (Citrus aurantiifolia).
Histoire
La plus ancienne citation connue des agrumes proviendrait de la littérature
sanscrite sacrée datée d’avant 800 AEC indiquant leur utilisation par les
peuples. Ces mentions se retrouvent dans le Shu Jing (Livre des histoires ou
Classique des documents) attribué à Confucius, compilation d’écrits
remontant au e millénaire AEC. Tous les agrumes dont il est question ne
sont pas connus ou reconnus. On parle de yu lequel sera comparé ensuite au
ch’êng, considéré comme moins acide. On parlera aussi très vite de ch’ü, mais
aucune apparition sauvage n’est mentionnée. Très vite, en Chine, les Citrus
sont variés et cultivés. Le terme de Li-mong apparaît en 1175 dans les écrits
de Fan Ch’eng-ta et vingt-sept cultivars sont déjà cités pour le groupe
oranger-mandarinier.
Quoi qu’il en soit des plus anciennes références, c’est la région nord-est de
l’Inde qui est considérée comme le centre d’origine du genre Citrus, région
où des espèces sauvages sont aujourd’hui répertoriées.
Les Citrus arriveront à diverses époques en Occident et leur histoire n’est
pas des plus simples en raison de la confusion des termes et des nombreux
hybrides reconnus ou non. Christophe Colomb est crédité de l’apport de
trois Citrus, le cédratier, le citronnier et le bigaradier, dans l’île d’Hispanola
(aujourd’hui Haïti et République dominicaine) lors de son second voyage
(1493). On les retrouve sur le continent américain dès 1518. L’orange douce
et le limettier furent introduits par les Espagnols et les Portugais et cultivés à
partir du e siècle. L’introduction du pamplemoussier est à créditer aux
Anglais et aux Hollandais à cette même époque.
sanscrites quali ant ces oranges (appelées nagaranga) signi ant « parfumé »,
insistent sur la qualité acide du fruit, donc di érent de celle de l’orange
douce. Introduit au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Occident vers
les e- e siècles par les Arabes, il s’implante notamment en Andalousie dès
le e (il prendra le nom vernaculaire d’orange de Séville).
La eur d’un blanc nacré, à cinq pétales, éclot à l’aisselle des feuilles. Odeur
capiteuse.
l’alchimiste musulman Jabir Ibn Hayyan. Récente, car des « alambics » ont
été mentionnés en provenance d’un site mésopotamien daté 3500 AEC et
d’une tablette babylonienne vers 1200 AEC et servant justement à la
fabrication d’eaux orales ou d’huiles essentielles mais non d’alcool. Eau
orale ou huile essentielle peuvent être utilisées en cuisine mais bien
évidemment en quantités di érentes.
Attention à l’achat de eur d’oranger à base… d’arôme arti ciel. L’eau de
eur d’oranger, généralement fabriquée à partir de bigaradier (oranger de
Séville) se vend en acon dans tout commerce, mais il est intéressant, si vous
avez accès à des eurs de Citrus, de la fabriquer vous-même.
Porter l’eau à ébullition et la verser sur les eurs séchées mises dans
un saladier. Couvrir d’un lm alimentaire et réserver au frais et à
l’ombre 24 h.
Filtrer à l’aide d’une gaze. Réserver 30 min environ et verser l’eau
orale dans un récipient teinté (protégé de l’intensité de la lumière) et
stérilisé. Conserver au réfrigérateur.
Si vous n’avez que des eurs fraîches, les laisser sécher au soleil
pendant plusieurs semaines.
Note : cette eau peut aussi bien servir en cuisine que comme lotion
tonique pour hydrater la peau.
Prunus
Le terme générique de Prunus, du grec ancien proúnê et du latin prunum,
englobe di érentes espèces bien connues pour leurs fruits comestibles
comme les amandiers, les cerisiers, les pruniers, les pêchers, les abricotiers et
leurs cousins plus sauvages. Chacune a son histoire mais toutes sont
originaires d’Eurasie. Le groupe est divisé en quatre sous-groupes qui seront
présentés ici en di érents chapitres correspondant à leur nom vernaculaire
français principal, à commencer par l’amandier qui di ère de ses frères par
la consommation de ses graines et non de ses fruits. On retrouvera d’autres
Prunus aux entrées cerisier, pêcher et prunier-prunellier.
Si Prunus mahaleb est utilisé pour ses amandes comme l’amandier, il n’est
jamais signalé sous ce nom vernaculaire. Déjà présenté dans le Grand traité
des épices de l’auteure (p. 127), il ne sera pas traité ici. Ses eurs peuvent
cependant être utilisées comme celles de l’amandier.
Le genre a été établi par Joseph Pitton de Tournefort, en 1694, dans ses
Éléments de botanique.
Présentation botanique
Arbre pouvant atteindre au maximum une dizaine de mètres de hauteur.
Feuilles alternes, allongées, étroites, d’un vert brillant, lancéolées et nement
dentelées se développant après les eurs, blanches ou rosées, à cinq pétales.
Celles-ci, subsessiles, sont solitaires ou groupées par deux. Les étamines,
quinze à trente, sont disposées et groupées de façon alterne aux pétales. Le
fruit est une drupe oblongue à péricarpe vert velouté, peu charnu et non
comestible. La graine unique est appelée amande. Il n’y a pas de di érence
entre les eurs des amandiers doux et celles des amers qui apparaissent en
février-mars. Sauf exception, l’amandier est autostérile. C’est une plante
mellifère de premier choix.
Cercis
Le nom de genre Cercis vient du grec kerkis, « navette de tisserand », et fait
allusion à la forme de la gousse.
Présentation botanique
Le genre Cercis de la famille des Fabacées a une répartition holarctique. Une
seule espèce nous intéresse en France.
Cercis siliquastrum
Arbre de Judée, arbre de Judas, arbre de l’amour, gainier, gainier commun,
ardjouan (Perse).
Siliquastrum car la forme de sa gousse rappelle celle du caroube appelé
Siliqua.
Originaire d’Asie mineure et d’Europe, ce genre se retrouve sur des sols
calcaires et ensoleillés du pourtour méditerranéen. C’est un arbre au tronc
tortueux à l’écorce grisâtre et crevassée et au port étalé. Les eurs, sessiles,
isolées ou groupées, roses, apparaissent directement sur les branches
anciennes ou sur le tronc (on parle de cauli orie) avant les feuilles. Bien que
de type papilionacé à cinq pétales inégaux, elles en di èrent par le
développement moindre de l’étendard recouvert par les ailes et une carène
remplacée par deux pétales libres, d’où leur placement dans la sous-famille
des Cercidées. Les feuilles presque orbiculaires et en cœur, vert foncé, mates,
à nervation palmée, pouvant mesurer jusqu’à 12 cm de diamètre, sont
insérées sur les branches par un pétiole rouge. Les fruits sont des gousses
aplaties, vertes puis brun rouge à maturité, pendantes, contenant dix à
quinze graines noires.
Autres espèces utilisées
Cercis canadensis et Cercis occidentalis sont originaires d’Amérique du Nord
(mais non du Canada). La première, déjà repérée dès 1641, se retrouvait
dans les jardins de George Washington. Les eurs sont respectivement rose
pâle ou violettes. Leurs feuilles sont moins arrondies. Cercis chinensis a des
eurs d’un rose violet intense.
Histoire
La plante est connue depuis longtemps puisqu’il semble que l’un des deux
arbres nommés Cersis par éophraste soit l’arbre de Judée (le second serait
un peuplier tremble). Ce nom lui restera, choisi par Linné en 1753. On le dit
originaire du Bassin méditerranéen et Hérodote en aurait parlé dans l’Iliade.
On crédite Pierre Belon de son introduction en France, tout comme le
platane pourtant déjà cité par Pline en Italie. Pourtant, curieusement, cet
arbre n’est jamais nommé dans son récit paru en 1553 sur son voyage au
Levant, alors que l’auteur a focalisé son attention, entre autres, sur les plantes
sauvages et cultivées des lieux visités. Aucun des grands botanistes de
l’époque comme Leonhart Fuchs ou Rembert Dodoens ne le gure ou n’en
parle dans leurs célèbres ouvrages parus respectivement en 1542 et en 1557.
Si l’on exclut un herbier des plantes d’Italie daté d’environ 1440 dont l’arbre
de Judée pourrait apparaître sous la nomination « acacia », il faut attendre
1576 pour en trouver une illustration dans l’ouvrage de Mathias de Lobel et,
magni quement représenté, dans celui des plantes hispaniques de Charles
de L’Écluse sous le nom alors de Siliqua sylvestris. Dès cet ouvrage, l’arbre,
dont l’auteur signale la présence dans les jardins français et belges, est appelé
arbre de Judée et guainier (alors écrit avec un u). Qui a donné ces noms ?
Mystère mais les références sont claires. Guainier se rapporte à gaine, image
donnée par la forme en gousse aplatie du fruit. Par ailleurs, l’arbre serait très
commun au Moyen-Orient et particulièrement en Judée mais, surtout, il y
eut confusion rapide entre Judée et Judas. Ce dernier se serait pendu à cet
arbre et la couleur pourpre des eurs ne serait que la couleur de la honte ou
des larmes du Christ. Pourtant dans la Bible rien ne permet de penser à une
pendaison de Judas mais les légendes ont la vie dure !
L’arbre était présent en Orient. Le grand scienti que arabe Al-Bīrūnī en
parle ainsi sous l’appellation de ardjouân (argevan). Pourquoi attribuer la
venue de cet arbre aux croisés alors que cet auteur lui-même écrit qu’on le
trouve en abondance en Andalousie (Grenade) et au Maroc (Fez) au point
que certains le croient originaire de Mauritanie. Barthelemy d’Herbelot
explique, dans sa Bibliothèque orientale…, que les Persans donnent au vin le
nom d’eau d’argevan, ce qui leur permet de consommer en toute discrétion
cette boisson défendue par l’islam. En Andalousie, on l’appelle dîdî et ce
terme s’applique à la couleur pourpre par référence à la eur de l’arbre de
Judée.
Il est peu utilisé en médecine. L’écorce de la racine servirait comme vomitif.
Les eurs sont riches en vitamine C.
Utilisation en cuisine
Les eurs étaient consommées de longue date puisque Al-Bīrūnī écrit au e
siècle que l’on mange cette eur, qui a de la douceur, et on la prend après le
vin.
Dès les premières citations de cet arbre, il est mentionné que les eurs, au
goût légèrement acidulé, sont parsemées sur des salades ou cuisinées comme
des légumes et que les boutons sont rôtis ou con ts au vinaigre à la manière
des câpres. Ainsi, en 1600, d’Olivier de Serres, en parlant de « ses eurs
colombines », qui écrit qu’elles « se rendent utiles en ce qu’elles sont
mangeables en salade, tenans quelque chose de la saveur capres ».
La partie rose pâle des eurs est plus sucrée que celle plus foncée et plus
amère, cette dernière peut être retirée selon le goût désiré. Leur texture est
douce et croquante.
Cratægus
Cratægus signi e « force », allusion à la dureté de son bois.
Présentation botanique
Il existe un nombre incroyable d’espèces d’aubépine qui, de plus, s’hybrident
facilement entre elles et qui croissent désormais dans toutes les régions
tempérées. Elles se rencontrent dans les haies, les bordures de chemins ou de
forêts. Elle ne peut être confondue avec le prunellier (voir p. 213) dont les
eurs apparaissent bien avant les feuilles et dont les fruits sont des petites
prunes noires. Les aubépines peuvent vivre très longtemps et l’on parle
même pour certaines d’entre elles de millénaires. Plusieurs espèces ont une
certaine importance alimentaire, surtout liée à leurs fruits, ou médicale
( eurs et feuilles). Trois espèces sont plus couramment rencontrées dans nos
régions. Cratægus appartient à la famille des Rosacées.
Cratægus monogyna
Aubépine à un style, aubépine monogyne, épine blanche.
Arbrisseau plus petit atteignant 2 à 3 m de hauteur, originaire d’Europe.
Feuilles profondément lobées (jusqu’à 7 lobes). Fleurs à un seul style,
odorantes, et fruit à un seul noyau pouvant être toxique.
Cratægus azarolus
Azarolier, azérolier, aubépine du Midi, épine d’Espagne.
L’azérolier peut atteindre 10 m de hauteur. Feuilles lobées (3 à 5 lobes),
caduques, vert clair brillant dessus, grisâtre dessous. Fleurs blanches
groupées en corymbes. Fruits rouges contenant un à cinq noyaux selon la
variété, très goûteux. Probablement originaire du Proche-Orient, il est
courant dans le midi de la France, en Italie, en Espagne et au Maghreb.
Histoire
La plus ancienne trace de l’utilisation de l’aubépine nous vient de Jiahu dans
la province du Henan au nord de la Chine, village daté d’environ 7000-6000
AEC. Des résidus organiques relevés sur des poteries ont permis de déceler
la présence d’une boisson fermentée à base de riz, de miel et de fruits, vigne
et aubépine dont l’espèce reste inconnue. L’utilisation de l’aubépine en tant
que drogue apparaît pour la première fois dans le Tang-ben-Cao, premier
herbier chinois illustré daté de 659 et attribué à Su-Jing et ses vingt-trois
collaborateurs. La deuxième partie de cet ouvrage (sur trois) correspondant
à l’illustration étant perdue, il est impossible de véri er si l’aubépine y était
représentée. La médecine chinoise la connaît donc depuis au moins le e
siècle, et probablement bien avant, pour le traitement des troubles
cardiovasculaires. On retrouvera l’aubépine sous forme de gelée, parmi près
de deux cents mets, lors du somptueux festin Mandchou-han organisé en
1720 pour l’anniversaire (66 ans) de l’empereur de Chine, Kāngxī.
Certains ont voulu voir l’aubépine, bien qu’elle ne soit pas la seule plante
épineuse de la région, dans la couronne d’épines du Christ et une légende
veut que Joseph d’Arimathie, personnage du Nouveau Testament et acteur
de la descente de croix et de l’inhumation du Christ, aurait, en 63, rapporté
et planté son bâton à Wear-all Hill en Angleterre, faisant jaillir une aubépine,
laquelle eurira jusqu’en 1649 avant de disparaître sous les coups d’Olivier
Cromwell.
Les Grecs, au premier siècle, l’appellent oxyacantha (nom qui lui restera
longtemps) mais tant pour éophraste que pour Dioscoride et pour bien
d’autres auteurs, les descriptions de la plante renvoient aussi, c’est selon, au
buisson-ardent, à l’épine-vinette ou à l’églantier. Grecs et Romains
s’intéressaient peu à ses propriétés médicinales mais, en revanche, ils lui
attribuaient des espoirs de mariage et de fertilité. Dioscoride en donnera une
belle représentation.
Au Moyen Âge, on l’utilise sporadiquement en médecine contre la goutte
comme le fait au e siècle Pierre de Crescens ou pour résoudre des
problèmes urinaires selon Joseph Duchesne de la Violette, médecin d’Henri
IV. En médecine populaire, elle guérit une kyrielle de maux surtout liés à la
sphère urinaire mais aussi coliques gastriques et diarrhées. Les traités de
phytothérapie, entre les e et e siècles, abondent empiriquement en
ce sens. L’aubépine symbolise aussi la pureté, l’innocence mais, en raison de
l’odeur très forte de certaines espèces européennes, elle sera aussi un temps
associée à la peste.
En revanche, on dit que la foudre ne l’atteint jamais. Le chimiste apothicaire
Nicolas Lémery signale son pouvoir antihémorragique dans son
Dictionnaire universel des drogues, paru en 1698. C’est à cette époque qu’un
docteur anonyme parle de son pouvoir de régulation de la tension artérielle
mais le document restera dans l’ombre jusqu’à la n du e siècle lorsque le
phytothérapeute français Henri Leclerc s’intéresse à la question et
commence ses expérimentations. Les conclusions feront de l’aubépine un
parfait intervenant du cœur dans tous ses états justi ant son surnom de «
valériane du cœur » donné par le médecin français, spécialiste de la
réanimation cardiaque, Léon Binet. Des études mettent en avant ses e ets
relaxants pour le cœur et tout ce qui lui est lié. Elle réduit également l’anxiété
et permet de lutter contre les insomnies. Le gui d’aubépine est très recherché
pour ses propriétés synergiques sur la sphère cardiovasculaire.
Si les peuples précolombiens d’Amérique du Nord consommaient les
cenelles, cela ne constituait sûrement pas leur aliment principal. C’est avec
l’arrivée des colons et le défrichement des terres que les aubépines indigènes
sont sorties des forêts très denses. Cratægus lævigata fut importée d’Europe
et, s’échappant des cultures, se naturalisa. Les Amérindiens utilisent les
aubépines surtout pour des raisons médicales.
Utilisation en cuisine
Historiquement, l’aubépine ou plutôt les fruits de l’aubépine, en forme de
petites pommes et appelés cenelles ou senelles, a été consommée depuis les
temps préhistoriques, ce qui est attesté par la présence de noyaux sur des
sites datés. Assez insipides, ils étaient la base de pain ou de gâteaux, ce
qu’indique encore son nom vernaculaire allemand mehlbeere ou « baie à
farine ».
Une infusion de fruits se prenait jadis pour des raisons médicales, elle se
boit de nos jours pour un simple confort. Aujourd’hui, on en fait des
con tures dont le goût varie selon l’espèce et la variété.
Les graines d’aubépine étaient autrefois, notamment pendant la Première
Guerre mondiale, grillées et utilisées comme substitut du café.
En gemmothérapie, on utilise les bourgeons de feuille qui possèdent à la
fois les propriétés des eurs et des feuilles.
L’odeur des eurs est très forte, presque entêtante. Les eurs, comme les
feuilles, ont un goût léger d’amande amère et apporte une note orale aux
accents verts légèrement balsamiques. Il faut les consommer à peine écloses
car elles dégagent rapidement une odeur ammoniaquée alors peu agréable.
La récolte, avant éclosion complète, permet aussi de conserver les pétales en
place. Les eurs ne doivent pas jaunir, ou peu, avant la dessiccation et
conserver leur odeur.
Elles peuvent être consommées crues en salade. Le parfum des eurs
s’harmonise avec un plat de poisson en sauce. Les eurs servent en plus de
décoration.
Battre les blancs d’œuf avec le sel en neige ferme puis ajouter
progressivement le sucre, en continuant de battre.
Ajouter la poudre d’amandes, les feuilles nement hachées et les
eurs, remuer délicatement. Déposer des petits tas sur la plaque du
four garnie de papier sulfurisé. Les saupoudrer de sucre glace.
Enfourner 20 min à 180°C (th. 6).
Aponogeton distachyos
Aubépine du Cap, aubépine d’eau.
D’autres noms vernaculaires la dé nissent, tels asperge du Cap, épi-
d’eau ou vanille-d’eau et, seul, son parfum vanillé ou d’aubépine
explique son rattachement vernaculaire à l’aubépine vraie dont elle n’a
rien à voir ni pour le nom de genre (Aponogeton) ni pour la famille
(Aponogétonacées).
Originaire d’Afrique du Sud, cette plante vivace et herbacée, à rhizome,
se place dans des bassins à l’ombre où les nénuphars ne survivent pas.
Feuilles ottantes vert foncé, oblongues et lancéolées. Fleurs blanc
ivoire à blanc rosé nacré, puis vertes, en in orescences émergeantes en
forme de Y apparaissant dès février-mars et persistant jusqu’en
septembre. Anthères pourprées à noires. Fruit sec en forme de poire, à
deux ou trois graines germant dans l’eau. Elle fut introduite en Europe
dans le courant du e siècle comme plante ornementale des étangs.
Musa acuminata
Bananier du paradis, des sages, plantain, guier du paradis, guier d’Adam,
guier des Indes, pomme du paradis, quelques noms vernaculaires parmi
tant d’autres.
Le bananier est donc une herbe géante (et non un arbre) qui peut atteindre
15 m de hauteur et se caractérise par de larges feuilles d’un vert profond aux
limbes plus ou moins déchiquetés. De son rhizome souterrain, appelé bulbe,
se développent des feuilles lesquelles apparaissent successivement en
position hélicoïdale et restent imbriquées entre elles donnant l’allure d’un
tronc mais sans bois. Après la formation de vingt à trente feuilles, la partie
apicale devient la future in orescence qui sort littéralement au centre du
faux tronc. Dans la majorité des variétés, ce bourgeon terminal va se
recourber rapidement et pendre vers le sol selon un angle et une position
typique et invariable selon la variété. Ce bourgeon est formé de bractées
rouge violet, caduques, qui vont se soulever régulièrement et découvrir les
eurs, de deux types : les premières qui apparaissent sont des eurs femelles,
disposées en groupes, dont les ovaires se développeront, sans fécondation,
pour donner autant de bananes. Le nombre de ces groupes, appelés mains de
bananes, est fonction de la variété et des conditions de culture. L’ensemble de
l’in orescence portant les eurs femelles, et donc ensuite les bananes, est
connu sous le nom de régime. Le bourgeon terminal produit alors des eurs
mâles stériles qui tombent peu après. C’est au moment du développement
des eurs mâles à ovaire réduit et cinq étamines, généralement caduques,
que le régime doit être coupé, les bananes encore vertes muriront alors
doucement l’une après l’autre sans pourrir. La plante mère meurt ensuite,
remplacée par un de ses rejets latéraux. Près de 1200 variétés comestibles de
bananier sont connues de nos jours en régions tropicales et subtropicales.
Autres espèces
Les bananiers séminifères (qui nécessitent une fécondation) sont utilisables
pour la fabrication de bres ou pour l’alimentation du bétail. Si les bananes
ont pu servir dans quelques remèdes, les eurs n’ont jamais été utilisées dans
une optique médicale.
Histoire
Entre les bananiers sauvages Musa acuminata et M. balbisiana, dont les
fruits à graines dures sont immangeables, et les bananiers cultivés à
reproduction végétative et non sexuée, la compréhension historique mit un
certain temps à se concrétiser. On peut avec certitude les faire naître dans le
Sud-Est asiatique il y a environ 7 000 ans sous le nom de pala. On rencontre
encore, de nos jours dans ces régions, les formes sauvages à graines. Du
premier centre de domestication, la Papouasie-Nouvelle Guinée, le bananier
s’est largement di usé en premier vers l’Australie au sud, vers la Chine et
l’Inde à l’est, laissant autant de preuves archéologiques et historiques de son
passage. Des écrits chinois du e siècle attestent de la culture de bananiers
dans la province de Jiangsu à l’extrême est du pays. Si les fruits de certains
bananiers étaient déjà consommés, rappelons que d’autres étaient
pourvoyeurs de bres pour la fabrication de vêtements.
La plus ancienne représentation connue semble devoir être créditée à un
Grec, Constantin d’Antioche, appelé aussi Cosmas d’Indicopleustès ou «
Voyageur des Indes », dans sa Topographie chrétienne publiée au e siècle,
mais sa présence fut notée bien avant dans un texte bouddhique datant du
e siècle AEC. Plus près de nous, éophraste est le premier écrivain à citer
indirectement cet arbre d’Inde aux feuilles « ressemblant à des plumes
d’autruche » mais l’historien grec Megasthène le dé nit clairement par son
nom local pala lié à Kali, déesse indienne de la fécondité.
Si des formes indigènes présentes en Afrique posent le problème d’une
arrivée très ancienne, pour les époques historiques, ce sont les Arabes et/ou
les Perses commerçant avec l’Inde qui, dans un premier temps, les
transportèrent en Afrique où leur présence est attestée en di érents pays et
où des bananiers porteurs de graines ont été repérés. Les Portugais
prendront la suite, soit à partir de l’Inde, soit à partir de la Guinée au cours
de leurs échanges commerciaux. C’est en Afrique que les Musa indiens,
souvent appelés guiers du paradis, deviendront des bananas. Le bananier
est cultivé en Espagne dès le e siècle et des vestiges de peau du fruit sont
reconnus dans le port mamelouk Quseir al-Qadim en Égypte aux e- e
siècles. Les bananiers des îles Canaries arriveront en Amérique centrale au
e siècle avant que leur culture n’envahisse littéralement tout le continent
trois siècles plus tard. Ses surnoms de bananier ou de guier d’Adam ou du
paradis viennent de la légende qui assimile son fruit à la pomme défendue et
veut qu’Adam et Ève aient caché leur nudité grâce aux feuilles de bananier…
plus plausible, il est vrai, qu’avec une feuille de pommier voire de vigne ou
même de guier. En e et, les pèlerins médiévaux voyaient l’empreinte du
cruci x sur chaque rondelle de bananes.
Utilisation en cuisine
D’un point de vue culinaire, ce n’est pas pour les fruits que les bananiers
furent tout d’abord cultivés car les graines dures les rendaient quelque peu
di cilement mangeables, mais pour les rejets ou les parties centrales de la
tige de la eur sortant du faux tronc, plus tendres, encore consommés de nos
jours en salade. Michel Adanson, dans l’Encyclopédie parue en 1752, signale
que cette partie sert à nourrir les esclaves.
On lit parfois que les eurs mâles sont « sans intérêt », sauf que, justement,
elles sont comestibles. Impossible de réellement trouver de quand date leur
intérêt culinaire. Le botaniste français Jean-Baptiste Du Tertre, s’intéressant
aux Antilles, écrit en 1667 à propos des eurs mâles, qu’elles « ne viennent
jamais en fruict, & ne servent à rien, sinon à con re en vinaigre, comme des
Capres ». En 1752, c’est ce bourgeon terminal comprenant les eurs mâles
qu’il appelle djantong, qu’Adanson décrit sa préparation culinaire, rôti sur
des charbons, écaillé en partie, coupé en petits morceaux et cuit « dans du
jus gras de viandes, ou dans de l’eau de cocos, ce qui fait un herbage assez
agréable au goût ». Nicaise Augustin Desvaux, en 1814, estime que les
bourgeons de presque toutes les variétés de bananier, à l’exception de
quelques-uns très amers, sont comestibles.
La eur de bananier se trouve dans les boutiques asiatiques, soit en
bourgeons entiers, soit déjà nettoyée et coupée en petits morceaux.
Bégonia
Bégone, oreille-d’éléphant, géranium beefsteak, oseille, petite oseille, oseille
de bijoutier, oseille marron, fausse oseille.
Présentation botanique
Les bégonias, de la famille des Bégoniacées, sont des plantes herbacées
vivaces ou annuelles. Les nombreuses espèces et variétés se reconnaissent au
premier coup d’œil : des feuilles asymétriques, alternes, pétiolées avec des
stipules, des tiges parfois succulentes, souvent rhizomateuses ou tubuleuses,
des eurs mâles et femelles distinctes sur un même plant formées de tépales
(sépales et pétales identiques). Les eurs mâles ont deux à quatre tépales,
presque libres, et des étamines très grandes situées en leur centre. Les eurs
femelles ont de deux à six tépales libres ou peu soudés, souvent inégaux. Le
fruit est une capsule rarement charnue s’ouvrant généralement
longitudinalement. Les graines sont à germination operculée.
Il n’est pas question de lister les (environ) 15 000 espèces de bégonias qui
proviennent essentiellement des zones tropicales humides d’Amérique,
d’Asie et d’Afrique. Une seule espèce, Begonia grandis, chinoise, élargit sa
distribution en zone tempérée. Certaines d’entre elles préfèrent l’ombre,
d’autres, le plein soleil. Quelques-unes sont odorantes. La couleur des eurs
varie dans tous les tons de rose à rouge (jamais violet ou bleu), mais aussi
blanc et jaune, et sont unies ou bicolores. Les feuilles sont aussi, sinon plus,
variables que les eurs, unies, tachetées ou rayées, vert vif à foncé, violet et
même bleu métal pour Begonia pavonina des forêts tropicales d’altitude du
Sud-Est asiatique.
Les bégonias sont généralement classés en sept groupes :
Les semper orescens-cultorum, bégonias horticoles, annuels, bien
connus par la coloration variable rouge, rose, blanche ou bicolore de
leurs eurs et celle de leur feuillage qui va du vert brillant au bronze,
originaires du croisement de deux espèces brésiliennes.
Les tubéreux ou bulbeux mais dont l’unique espèce à posséder un
bulbe est Begonia socotrana, probable espèce relique de la séparation
Asie-Afrique. Tous les cultivars ont des eurs simples allant du blanc au
rose.
Les rhizomateux, avec à l’origine le fameux Begonia rex, originaire
de la province de l’Assam au nord de l’Inde, sur les contreforts de
l’Himalaya, introduit en Belgique en 1856, aux eurs rose tendre et aux
feuilles pubescentes ornées de bandes vertes argentées.
Ceux à port arbustif, dont Begonia acutifolia, décrite succinctement
par Hans Sloane en Jamaïque (voir ci-après), fut probablement la
première espèce du groupe. Les feuillages sont de forme et de couleur
variées.
Ceux à tiges épaisses qui intéressent surtout les collectionneurs et
dont l’espèce dichotoma sud-américaine, introduite en Angleterre en
1800, fut, là aussi, une des premières de son groupe.
Ceux au port de bambou à longues in orescences rouge écarlate
pendantes dont Begonia coccinea du Brésil qui peut atteindre jusqu’à
1,50 m de hauteur.
Les rampants/grimpants originaires d’Amérique du Sud et d’Afrique
dont Begonia glabra aux eurs blanches et aux feuilles sans poils,
découverte en Guyane française par Jean-Baptiste Fusée-Aublet et
décrite en 1775.
Histoire
Il fallut la conquête de l’Amérique pour que les Européens découvrent
réellement les bégonias, pourtant déjà cultivés en Chine et célébrés,
selon Peter Valder, par les poètes et les artistes depuis la dynastie Ming.
Une peinture de Pien Wên Chin, dit aussi Bain Jingzhao, daterait de la
période Hsüan-te (1426-1435). Pourtant, on doit au médecin et
botaniste espagnol Francisco Hernández, envoyé en Nouvelle-Espagne
par le roi d’Espagne, la première description et guration d’une plante
du Mexique appelée par les autochtones Totoncaxoxo Coyollin et
reconnue depuis comme étant Begonia gracilis. Mais son travail, réalisé
en 1577, ne sera publié que longtemps après sa mort, en 1625. En 1689,
paraissait Hortus malabaricus, ouvrage de Hendrik van Rheede, alors
gouverneur à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, dans
lequel est parfaitement guré, sous le nom de Tsejeria Narinampuli, un
bégonia qui prendra ensuite le nom de Begonia malabarica. En 1695,
mais publié seulement en 1747, Georg Rumphius, lui aussi employé à la
même Compagnie, gure dans son ouvrage Herbarium amboinense
(Indonésie actuelle) un Empetrum acetosum (sans rapport avec
l’Empetrum de Pline ou de Dioscoride), qui deviendra Begonia
tuberosa. L’année suivante, c’est le médecin anglais voyageant en
Jamaïque, Sloane qui parle de l’Aceris fructu herba anomala, ore
tetrapetalo albo. Deux lignes sans guration qui dé nissent ce qui
deviendra Begonia acutifolia décrite par le botaniste néerlandais
Nikolaus Joseph von Jacquin en 1787.
Jusque-là, toutes ces plantes ne sont jamais appelées bégonia car c’est
au père minime Charles Plumier que l’on devra ce nom suite à sa
découverte en 1689, dans la partie française de Saint-Domingue
(maintenant Haïti), de six petites plantes herbacées qu’il attribue à un
même genre. On donne toujours 1690 pour l’invention du mot, par
attribution et reconnaissance à Michel Begon qui, intendant des
Antilles françaises, l’avait envoyé herboriser aux Antilles. Dans un
manuscrit, une lettre ? Peut-être, mais non dans son rapport sur Saint-
Domingue de cette même date (1690) ni dans son ouvrage des Plantes
de l’Amérique de 1693. Les six Begonia sont simplement listés en 1703
dans son Nova plantarum americanarum genera, donc après leur
reconnaissance o cielle en 1700 par Joseph Pitton de Tournefort,
lequel peine d’ailleurs quelque peu à classer ces eurs si nouvelles. Carl
von Linné, en 1753, fera de Begonia obliqua l’espèce-type du genre. C’est
d’ailleurs sous le nom de Bégone que la plante fait son entrée dans
l’Encyclopédie de Denis Diderot en 1751.
Ni Tournefort, ni Linné, n’ont vu un bégonia car il faudra attendre
1777 pour connaître leur introduction, à partir de l’espèce Begonia
minor (alors appelée B. nitida), en Angleterre dans les serres royales de
Kew Garden (l’herbier de Plumier ayant disparu dans un naufrage) et, à
partir de cette date, on ne compte plus les espèces venant du monde
entier et qui vont être croisées et recroisées entre elles par les
horticulteurs au point que l’on peut lire de 1857, dans la Flore des serres
et des jardins d’Europe publiée par l’horticulteur belge Louis van
Houtte, au chapitre Begonia, une certaine exaspération vis-à-vis de ces
hybridations produisant pléthore de variétés, ce qui d’ailleurs ne se
limite pas seulement à ce genre.
Si les tapis de eurs sont de création ancienne (les Mayas en étaient des
adeptes) et se déclinent aujourd’hui dans toutes les parties du monde,
mention particulière est faite ici pour celui de Bruxelles, réalisé pour la
première fois en 1971 par un architecte paysager, Étienne Stautemans,
amoureux des bégonias, et reproduit tous les deux ans. Plus de 600 000
eurs de Begonia tuberosa var. grandi ora, originaire des Antilles,
espèce résistante à toute condition météo (d’un 15 août) sont
assemblées pour reproduire, au sol, un immense tapis éphémère,
coloré, aux superbes motifs précis étudiés à l’avance.
L’utilisation médicale des bégonias est ancienne et non limitée à une
région en particulier. La multiplicité des noms vernaculaires en est
témoin. Ils sont considérés comme étant diurétiques, diaphorétiques ou
antiscorbutiques, ce qui est connu des navigateurs depuis le e siècle.
Verser la crème liquide dans une casserole et la faire chau er. Hors
du feu, ajouter les eurs de bégonia. Réserver à couvert 20 min environ.
Dans un faitout, faire suer 5 min les échalotes ciselées dans le
beurre. Verser le vin blanc. Ajouter le gingembre râpé. Ne pas saler.
Ajouter les moules nettoyées, brossées et ébarbées, et les faire ouvrir
à couvert et à feu vif en les secouant fréquemment.
Retirer les moules du faitout et les placer dans quatre bols de grande
taille.
Ajouter la crème aux bégonias au jus restant dans le faitout,
réchau er rapidement et verser dans quatre ramequins individuels.
Servir à chaque convive moules et jus séparés.
Faire dégorger les coques dans de l’eau salée (gros sel) pendant au
moins 12 h.
Les faire ouvrir à feu vif dans un faitout.
Retirer les coquilles et réserver les chairs.
Faire revenir, dans un peu d’huile, l’échalote émincée. Arroser de vin
blanc et laisser réduire.
Ajouter un peu d’huile et faire revenir rapidement les coques
décoquillées additionnées du persil, des eurs de bégonia et des eurs
de ciboulette.
Servir aussitôt.
Gâteau au citron et eurs de bégonia
10 eurs de bégonia simple
125 g d’amande en poudre
100 g de sucre roux
1 citron non traité
30 g de beurre demi-sel
1 cs de farine
2 œufs
Campsis
Si on la connaît en France sous le nom vernaculaire de bignone, elle n’est
pourtant pas une bignone au sens botanique du terme (Bignonia) mais un
Campsis, du grec kampsis qui signi e « courbé », en relation avec la forme
des étamines. Elle a d’ailleurs changé plusieurs fois de nom dont Tecoma ou
Gelsiminum pour n’en citer que deux.
Présentation botanique
Les Campsis font partie de la famille des Bignoniacées.
Campsis radicans
Bignone rouge, jasmin de Virginie, jasmin indien, trompette de Virginie,
trompette de Jéricho.
Radicans rappelle le pouvoir de la plante à émettre des racines adventives en
crampons.
Liane grimpante, rustique, supportant le froid mais aimant le soleil, qui
s’accroche seule par des crampons sur un support à la manière du lierre et
peut devenir rapidement envahissante. Feuillage caduc, composé de feuilles
opposées, pennées et découpées en sept à onze folioles selon les cultivars,
vert clair. Fleurs en forme de trompette, rouges, oranges, jaunes ou parfois
bicolores, regroupées en bouquets terminaux en été. Fruits, gousses plates
renfermant de très nombreuses graines ailées.
présence vers 1640 en Angleterre mais dès 1633, dans son ouvrage intitulé
Flora, seu De orum cultura, le jésuite Giovanni Battista Ferrari la décrivait
et nous en o rait une merveilleuse représentation sous le nom de
Gelsiminum Indicum Flore Phoniceo.
C’est Joseph Pitton de Tournefort qui, en 1694, crée pour elle mais aussi
pour d’autres plantes venues d’Amérique et regardées jusqu’alors comme
jasmins, clématites, chèvrefeuilles ou campaniles, le genre Bignonia. On doit
son attribution au genre Campsis au botaniste portugais João de Loureiro,
créateur de ce genre au e siècle, pour une plante de Cochinchine.
Centaurea
Centaurée vient du centaure Chiron qui, par sa connaissance des plantes et
de la nature, avait le pouvoir de guérir. Le terme de centaurée peut
représenter le genre Centaurea de la famille des Astéracées, ici présenté, mais
aussi le genre Centaurium (Gentianacées) appelée petite centaurée. C’est
d’ailleurs cette dernière qui fut à l’origine de la légende de Chiron.
Présentation botanique
Les noms vernaculaires, plus de quatre-vingts recensés en 1908 par
l’ethnologue Eugène Rolland, s’appliquent au bleuet mais également pour
certains d’entre eux à d’autres Centaurea (plus de 400 espèces) et à quelques
chicorées sauvages répondant de nos jours au nom de genre Cichorium. Il
fut longtemps appelé bluet.
Centaurea cyanus
Aubifoin, foin blanc, barbeau, blavelle, bleuet des champs, casse-lunette.
Plante annuelle, surtout, ou biannuelle, messicole des champs de blé,
pouvant atteindre 80 cm de hauteur. Les tiges, vert grisâtre à l’aspect
cotonneux, élastiques et dures en n de oraison, ébréchaient la lame des
faucilles lors de la récolte du blé. Feuilles basales dentelées, disposées en
rosette, feuilles des tiges alternes, sessiles, étroites et linéaires, plus ou moins
laineuses. Fleurs sessiles, réunies en capitules à l’extrémité des tiges, de deux
types, les centrales tubulaires à pétales courts violet foncé, bisexuées ou
eurons, les marginales (une dizaine) plus grandes en cornet au bord denté,
stériles, d’un bleu vif, rarement roses ou blanches. Fruits secs indéhiscents à
graine unique (akènes). Capitule entouré de bractées vert-jaunâtre, en
collerette de plusieurs rangées alternées, très décoratives. Très nombreux
dans les champs de blé, il tend à disparaître sous l’e et des pesticides.
Centaurea montana
Bleuet des montagnes, bleuet vivace, barbeau de montagne.
Originaire des montagnes, l’espèce peut se développer à 2 000 m d’altitude.
Feuillage semi-persistant, duveteux en dessous, feuilles vert franc, simples et
allongées. Capitules de eurs bleu pourpré, plus grandes que celles du bleuet
des champs. Écailles du calice bordées de noir et de cils courts.
Centaurea jacea
Centaurée jacée, ambrette, chardon des prés, têtue, tête noire, trésor de prés,
eur de galant, herbe d’amour.
Elle se caractérise par des eurs mauves ou purpurines, solitaires et
terminales, qui parsèment pelouse et décombres.
Ses feuilles, lancéolées, entières ou dentelées, participent à des salades.
Épluchée, sa racine bien lavée, sucrée, se suce comme un bâton de réglisse.
Centaurea scabiosa
Tête-de-moineau, grande centaurée, scabieuse.
In orescences mauves à pourpres, plus fournies que celles de la centaurée
jacée. Feuilles plus découpées, vert-gris, plus ou moins couvertes de poils
argentés. La plante peut atteindre un mètre de hauteur.
Histoire
Le bleuet a très probablement suivi la culture du blé (il fut appelé Flos
frumentorum, c’est-à-dire « eur trouvée dans les froments »), et il est
logique qu’il ait été remarqué de longue date. Mais le bleuet reconnu et
utilisé dans l’Antiquité égyptienne devait être di érent du cyanus actuel.
C’est d’ailleurs l’espèce Centaurea depressa moyen-orientale que l’on retrouve
sur les tombes de l’Antiquité égyptienne, notre classique bleuet ne se
rencontrant pas dans ces régions. Des représentations de ce bleuet auraient
ainsi été reconnues sur des bols datant de la XVIIIe dynastie (1550-1292)
trouvés à Sarabit al-Khadin. Les archéologues a rment aussi avoir reconnu
le bleuet en Angleterre en 10000 AEC environ, soit pendant la dernière
glaciation, et ses fruits lors de recherches dans les Alpes suisses à
Robenhausen, datés environ 8000 AEC.
Pline le cite (cyanus) pour sa couleur bleue seulement. Le bleuet a été
reconnu dans le Manuscrit de Voynich, manuscrit illustré, anonyme, daté par
la fabrication de son parchemin entre 1404 et 1438 mais découvert deux
siècles plus tard, et écrit dans un alphabet non déchi ré à ce jour (peut-être
en nahuatl) dont les eurs reconnues seraient d’origine américaine
(tournesol ou philodendron).
Leonhart Fuchs, dans son ouvrage Commentaires très excellens de l’histoire
des plantes paru en 1549, parle des aulbifoins ou bluetz et signale son surnom
de baptisecula ou blaptisecula signi ant « qui nuit à la faux ». Ce même
auteur, en 1551, Rembert Dodoens, en 1557 et, surtout, Mathias de Lobel, en
1576, le représenteront toujours sous le simple nom de Cyanus puisqu’il ne
deviendra Centaurea cyanus qu’en 1753 sous la plume de Carl von Linné.
Par sa persistance, avec le coquelicot, dans les champs de bataille, le bleuet
deviendra symbole de la survie à la n de la Première Guerre mondiale et se
retrouvera en tissu au revers des vestes lors de commémorations. On appela
aussi bleuets les jeunes recrues de 1945. Il fut exporté en Amérique comme
eur ornementale dans les années 1770.
C’est sous son ancien nom de barbeau qu’il fut à l’origine de motifs
décoratifs (semis de eurs) notamment pour les services en porcelaine.
L’utilisation d’eau ou de jus de bleuet comme collyre pour diverses a ections
des yeux est très ancienne et il semble que le plus ancien écrit sur le sujet
puisse être attribué à Dioscoride. Il faudra attendre le e siècle pour que le
sujet médical revienne sur le devant de la scène avec notamment l’herboriste
Pierandrea Matthioli. S’appuyant sur la doctrine des signatures, sa couleur
bleue sera liée aux a ections oculaires des yeux bleus (le plantain servant
aux yeux bruns). Ce sont ses propriétés adoucissantes pour les yeux et
l’amélioration qui en découlait qui lui vaudront le surnom de casse-lunettes
(nom vernaculaire également attribué à l’euphraise pour des propriétés
médicinales similaires). La poudre de eurs séchées était conseillée pour la
peau. Elle aidait à la sortie des dents des bébés. On la disait également
diurétique et emménagogue mais il s’agissait peut-être du bleuet des
montagnes. Les graines sont utilisées pour des préparations médicinales
dans la lutte contre le cancer du colon.
Utilisation en cuisine
En cuisine, les eurs des trois espèces sauvages citées peuvent être utilisées
comme celles du bleuet des champs. Elles sont relativement amères.
C’est cependant plus sa couleur que sa saveur ou son odeur qui a fait aimer
la eur de bleuet en cuisine. Mais, avec son léger goût d’artichaut, elle
intègre salades, tartes salées, ou se fait cuire dans des omelettes ou encore
mélangée à des pâtes.
Broyées dans du sucre, les eurs de bleuet apportent une couleur bleue
intéressante à des crèmes. Le jus des eurs a d’ailleurs aussi été utilisé pour
colorer des vins (en plus de fabrication d’encre bleue ou de pigments en
peinture).
Borago
L’origine du nom est complexe. Explication la plus souvent citée, le latin
médiéval borago ou borrago aurait été emprunté à l’arabe ‘abû ‘araq (« père
de la sueur »), nom donné à cette plante pour ses vertus sudori ques.
Notons cependant que les livres arabes anciens emploient d’autres mots pour
la dé nir.
En 1827, le botaniste et explorateur Jean-Louis Marie Poiret donne comme
étymologie corago venant de cor ago, « qui agit sur le cœur ».
Présentation botanique
Bien qu’elle se soit appelée parfois buglosse, ne pas la confondre avec la
buglosse vraie, Anchusa azurea, ni avec la bourrache d’Orient (Trachystemon
orientalis), anciennement appelée Borago orientalis mais aux mêmes
propriétés, ni avec la vipérine (Echium vulgare), appartenant, comme
Borago, à la famille des Boraginacées.
Borago o cinalis
Bourrache o cinale, ou commune, bourroche, langue-de-bœuf, fausse
buglosse, buglosse des jardins, ou à larges feuilles, chou bourroche, herbe à
la suée, piquants bleus.
Petite plante herbacée, annuelle, rami ée, pouvant atteindre 80 cm de
hauteur. Racine pivotante bien développée. Tiges charnues, creuses, à
tendance à l’étalement, recouvertes de poils abondants courts et rêches,
parfois piquants, poils que l’on retrouve sur toute la plante à l’exception de la
corolle. Feuilles alternes, charnues, ovales ou oblongues, gaufrées, pétiolées
et en rosette à la base, sessiles ou légèrement engainantes pour celles de la
partie supérieure de la plante, vert mat. Nervation très saillante sur leur face
inférieure. Présence de bractées à l’aisselle des pédoncules oraux. Fleurs
généralement d’un bleu intense à cœur blanc ou rose violacé, situées au
sommet des tiges, chacune à l’extrémité d’un long pédicelle et se tournant
vers le sol, regroupées en grappes lâches. La morphologie de la eur,
extrêmement compliquée, ne nit pas d’étonner les botanistes. Elle possède
cinq pétales soudés à leur base en un tube court, formant une étoile à cinq
lobes disposés dans le même plan, et cinq sépales colorés ainsi que cinq
étamines noires accolées entre elles, formant au centre de la eur un cône
saillant. Fruits à quatre loges mais ne donnant à terme qu’une seule graine.
On la trouve dans les terrains vagues et elle eurit de mai à l’entrée de l’hiver.
Il existe des variétés à eurs blanches (Borago o cinalis alba), pourpres ou
roses.
Borago pygmæa
Bourrache de Corse, naine, ou des herboristes, petite bourrache, burracine.
Petite plante vivace atteignant 40 cm de hauteur, connue des lieux humides,
endémique à la Corse et à la Sardaigne. Tou e rampante. Tiges faibles,
rameuses. Feuilles peu épaisses, ondulées, les radicales ovales atténuées en
long pétiole, les caulinaires sessiles embrassantes. Fleurs bleu-violet pâle,
longuement pédonculées, en grappes allongées très lâches, munies de
bractées. Pédoncules oraux liformes et ré échis ( eurs en clochette).
Ses propriétés, tant culinaires que médicales, sont identiques à celles de la
bourrache o cinale. Elle est connue depuis l’Antiquité.
Histoire
Tout a été dit sur l’origine géographique de la bourrache et notamment
qu’elle serait venue d’Asie mineure rapportée par les croisés, mais on l’a aussi
considérée comme originaire du Maghreb et transportée en Europe via
l’Espagne. Certains refusent sa connaissance aux Grecs et aux Latins quand
d’autres considèrent qu’ils la consommaient dans des salades ou l’utilisaient
médicalement. Quelles sont les plus anciennes traces écrites de cette plante ?
Sept siècles avant notre ère, une communauté juive quitte l’Égypte et
s’installe dans l’île Éléphantine en face d’Assouan. Un archéologue y a
retrouvé des ostracons, débris de tessons ou de poteries sur lesquels on
écrivait (ce qui revenait moins cher que sur du papyrus), dont l’un d’entre
eux parlerait de bourrache comme légume. Mais un autre archéologue a
traduit « concombre ». À la même époque, Homère, dans l’Odyssée, parle de
népenthès (sans rapport avec les plantes carnivores du même nom), drogue
rapportée d’Égypte par Hélène et donnée à Télémaque pour lui faire oublier
sa tristesse, que Claude Galien supposera être le buglosse et Plutarque, la
bourrache. Soit, mais d’autres plantes égyptiennes comme opium, chanvre
ou datura pouvaient faire partie du breuvage pour aider à la bonne humeur.
En tout état de cause, la bourrache est remarquée par sa capacité à réduire le
stress et la mélancolie.
D’après Pierandrea Matthioli, la plante présentée par Dioscoride serait bien
de la bourrache mais tous les auteurs ne sont pas d’accord. De quelle plante
parle Pline avec son euphrosynum, que certains traduiront là encore par «
buglosse » et d’autres par « bourrache » ? En réalité, qu’elle soit de Syrie ou
du Maghreb, rien n’empêche les Romains de rencontrer et d’utiliser les
formes sauvages, leur empire s’étendant sur tout le pourtour méditerranéen.
Mais une chose est certaine, un auteur comme Columelle n’en faisant ainsi
aucune référence dans son ouvrage De l’économie rurale, ils ne la cultivaient
pas. Il paraît donc plus certain que cette plante nommée, dès cette époque,
langue-de-bœuf (en arabe) en raison de sa rugosité, fut apportée par ce
peuple en Espagne après le e siècle. Ce n’est qu’au e siècle qu’elle
Trachystemon
Présentation botanique
Trachystemon orientalis
Bourrache du Caucase, bourrache orientale, bourrache d’Orient,
bourrache de Constantinople.
Petite plante vivace très semblable à la bourrache commune et
anciennement placée dans le genre Borago, pouvant atteindre 40 cm de
hauteur, développant des rhizomes traçants. Grandes feuilles
cordiformes, vert clair, apparaissant après le développement des eurs.
Hampe velue, dressée puis retombante. Fleurs bleues brillantes à base
blanchâtre, à pétales recourbés. Étamines et pistil regroupés et pointant
vers l’avant.
Histoire
Elle est décrite et gurée par Joseph Pitton de Tournefort dans son
Voyage au Levant paru en 1718, sous le nom de Borrago
constantinopolita. Médicalement, elle est considérée comme
puri catrice, émolliente et antipyrétique.
Ses feuilles se dégustent comme des épinards. Les eurs qui ont une
saveur sucrée, décorent salades, plats de crudités, cocktails et boissons
diverses.
Anchusa
Le nom d’Anchusa a été utilisé pour de nombreuses boraginacées
avant d’être attribué à la buglosse par Carl von Linné, en 1753, alors que
Joseph Pitton de Tournefort lui avait conservé ce nom.
Présentation botanique
Anchusa o cinalis
Fausse bourrache, buglosse, buglosse vraie, buglosse d’Allemagne,
buglosse commune, langue-de-bœuf.
On la rencontre dans les friches, bords de routes, lisières des champs
d’Europe méridionale. Plante bisannuelle ou vivace selon les espèces,
aux eurs bleues ou pourpres toujours soutenues par des feuilles.
Celles-ci, oblongues et lancéolées, sont alternes, pétiolées pour les
basales, sessiles pour les supérieures. Toute la plante est hérissée de
poils raides. Elle fut utilisée comme sédatif et analgésique.
Anchusa azurea
Buglosse azurée, buglosse d’Italie.
Plante vivace pouvant atteindre 30 cm de hauteur (certaines variétés
cultivées atteignent plus d’un mètre), à la vie brève, que l’on rencontre
de l’Europe à l’Asie. Comme son nom l’indique, ses eurs sont d’un
bleu azuré, voire violettes, marquées d’un cœur blanc très contrasté. La
pilosité des feuilles est très forte.
Histoire
Son histoire est parallèle et se confond avec celle de la bourrache. On
la retrouve, gurée dans le Bury St Edmonds Herbal, daté de 1100
environ et reprenant des données botaniques et médicales de Lucius
Apelius, de Dioscoride et d’un ouvrage attribué au savant romain
Sextus Placidus, connu pour avoir été actif vers 390. Appelée buglossa,
elle est quasi identique à l’illustration, en couleur, d’une copie grecque
du manuscrit de Dioscoride datée de 800-900 environ.
Leonhart Fuchs, en 1568, décrit et gure les deux buglosses principales
qu’il appelle d’Allemagne et d’Italie.
Echium
Le nom générique, Echium, vient d’un mot grec signi ant « vipère ».
Ce nom a été donné à la plante par Dioscoride en référence à la forme
du fruit qui évoque une tête de vipère.
Présentation botanique
Echium vulgare
Bourrache des vignes, vipérine.
Cette boraginée des bords des chemins, bien qu’appartenant à un
genre di érent de celui de la bourrache, est traitée ici en raison de ses
similitudes de saveur avec celle-ci et de la confusion fréquente faite
avec elle.
Elle se caractérise par une tige dressée, unique, tachetée de brun, à
pilosité rude et abondante, des eurs bleues, bleu violacé ou violettes,
en in orescence terminale en épis apparaissant de mai à septembre, au
style fendu dépassant la corolle très évasée mimant une tête de serpent,
d’où son nom, et le fait que l’on a cru longtemps qu’elle pouvait soigner
les morsures de ces reptiles. Dioscoride parle d’une plante qu’il nomme
echion en grec traduit, en latin, par vipera.
Histoire
La plus ancienne représentation connue serait celle d’un herbier
manuscrit italien daté de 1455, dont textes et images sont généralement
recopiés d’ouvrages antérieurs classiques ou arabes, et citée comme erba
buglosa indiquant indirectement la présence commune de cette espèce
en Italie.
Elle est reconnue comme étant sudori que, diurétique, dépurative et
adoucissante.
Utilisation en cuisine
Les recettes qui suivent peuvent être réalisées avec les eurs de toutes
les boraginacées décrites ci-avant, bourrache vraie ou du Caucase,
buglosse vraie ou vipérine. Pour ceux qui apprécient la saveur du
concombre et de l’huître, il est conseillé de paner un let de poisson
avec des eurs séchées et moulues avant de le faire frire à l’huile.
Fariner les escargots et les faire rissoler dans l’huile avec les
échalotes émincées jusqu’à cuisson de ces dernières.
Pendant ce temps, mélanger la panure avec le persil ciselé et l’ail
écrasé.
Placer escargots et échalotes dans un plat à gratin. Ajouter les
pignons de pin et les eurs de bourrache.
Saupoudrer de panure persillée.
Enfourner à four très chaud pour colorer la surface.
Servir avec une salade verte.
Acmella oleracea
Brède mafane, cresson de Madagascar, cresson de Pará, herbe chaude,
spilanthe des jardins, bouton du mal de dents, bouton de Sechuan (chinois),
marguerite électrique, jambu (brésilien), anamalaho (malgache).
Oleracea se réfère au nom latin holus, légume dont on mange les feuilles.
Plantes de très faible hauteur, aux tiges quasi rampantes. Feuilles opposées,
simples, de formes oblongues aux bords légèrement dentelés. In orescence
constituée d’un capitule discoïde en forme de gros pompons de 1 à 2 cm de
diamètre, jaunes parfois teintés de rouge, très ornementale et qui, de
surcroît, attire les lucioles.
La brède mafane, plante tropicale, peut être cultivée au soleil dans nos
jardins, en place de la mi-mai à la mi-juillet. La plante craint sécheresse et
froid.
Acmella caulirhiza
Souvent confondue dans la littérature avec l’espèce précédente. Elle s’en
distingue par la présence de eurs ligulées.
Histoire
La brède mafane n’est pas connue à l’état sauvage et semble être dérivée par
culture de l’espèce Acmella alba, native du Pérou central et du Brésil. Sa
culture est probablement ancienne bien qu’il faille attendre les travaux de
Charles Plumier en 1693 pour entendre parler de la Santolina pyrethri
sapore, humifusa par une simple citation et sans illustration. Le botaniste
néerlandais Nikolaus Joseph von Jacquin la nommera Spilanthes urens en
1763 et la gurera mais il ne s’agit pas, en fait, de la brède mafane qui, elle,
sera la variété oleracea d’une autre espèce, Spilanthes acmella et qui est
reconnue maintenant comme espèce à part entière appartenant au genre
Acmella. La boucle est bouclée.
Curieusement, aucun conquistador espagnol ou portugais ne parle alors de
la consommation de cette plante chez les indigènes sud-américains,
pourtant fort connue chez eux de nos jours et fortement appréciée. Ce sont
probablement les Portugais qui l’ont découverte au Brésil, à la recherche
nostalgique des bredos, ces feuilles (souvent des Chénopodiacées) qu’ils
consommaient dans leur pays. Ils ont emporté ce cresson de Pará dans leurs
bagages au cours de leurs expéditions sur les mers, à l’instar d’autres «
cressons » (de la famille des Brassicacées), utilisé notamment contre le
scorbut, et les graines suivirent les marins pour être semées aux escales. C’est
surtout à Madagascar que la brède mafane fut d’abord plantée mais les
graines poursuivirent leur chemin vers l’Asie du Sud-Est où la plante fut
rapidement adoptée. En Afrique de l’Est, la brède mafane suivit la
construction du chemin de fer au début du e siècle.
C’est à partir des plantations des îles de l’océan Indien que la brède mafane,
vendue sur les marchés, fut vraiment connue chez nous pour être
maintenant cultivée dans le Gard.
Outre leur intérêt par leur teneur en vitamine C, leur e cacité momentanée
contre le mal de dent, leur e et diurétique, les Acmella intéressent pour leur
activité contre les maladies parasitaires du sang.
Aujourd’hui, l’intérêt des Acmella se porte aussi sur ses propriétés
cosmétiques au point pour la plante d’être nommée botox végétal.
Utilisation en cuisine
Feuilles, tiges et eurs ont une saveur piquante, aromatique, poivrée, plus
forte chez les eurs, provoquant des picotements, une certaine insensibilité
de la langue et la salivation.
Trois régions sont particulièrement friandes de cette plante même si ce sont
surtout les feuilles qui y étaient consommées, celle des eurs étant plus
récente. Il s’agit du Brésil, des Mascareignes et de l’Asie du Sud-Est.
Au Brésil, c’est sous le nom de jambu que la brède mafane est connue. Elle
est, aujourd’hui, ingrédient indispensable du tacacá, plat à base de manioc
amer (tucupi) qui est plus qu’une simple soupe bouillante typique du Pará
servie par les tacarazeiras dans une calebasse, mais est devenu plat national.
Si le jambu se retrouve aujourd’hui dans cette recette, il n’en a visiblement
pas toujours été ainsi. La « première » recette connue, appelée alors manipoy,
serait mentionnée en 1614 dans Histoire de la mission des pères capucins par
le révèrent père Claude Abbeuille et contiendrait un mélange de tucupi
(racine de manioc), de cassave émiettée et de fruit (pacoury), faisant « un
fort bon potage ; dont ils usent presque tous les matins au des-jeuner ». Le
tacacá semblerait être une composante de recette amérindienne matinée
d’apports portugais et/ou africains dont le jambu qui, bien que local,
pourrait en faire partie. On retrouve le cresson du Pará dans un autre plat
typique de la région, le canard au tucupi.
Dans l’océan Indien, la brède mafane, appelée aussi anamalaho ou
kimotodoha, est surtout présente à Madagascar et se retrouve dans toutes les
assiettes. Les feuilles sont à la base du fameux roumazava ou romazava, qui
se prononce romazave, qui est un bouillon léger, non salé, à base de feuilles
de brède sans les tiges donnant un arrière-goût amer et légèrement piquant.
La viande de zébu, en très petite quantité, n’est là que pour le goût. Il est
consommé seul ou accompagne du riz blanc. Aujourd’hui, certains
parsèment le bouillon avec quelques eurs de brède, plus piquantes que les
feuilles.
En Chine, le bouton de eur, appelé Sechuan bottom, est consommé pour
épicer les plats. Son e et sur la langue fait penser au poivre de Sechuan. On
le trouve dans toutes les épiceries chinoises. En Inde, les eurs en bouton
sont utilisées comme arôme dans le tabac à mâcher.
Les eurs de la brède mafane peuvent être ajoutées de façon parcimonieuse
(tester avant de vous en servir), émiettées dans des salades, sur des toasts,
dans des sauces ou des soupes. Elles peuvent être ajoutées dans le sel de
table. Elles s’associent à merveille avec du gingembre. Certains grands
restaurateurs les utilisent dans des cocktails.
Erica
Bruyère vraie.
Erica vient du grec erico qui signi e « briser » en référence à ses rameaux
fragiles ou à ses propriétés à guérir la gravelle.
Présentation botanique
Les bruyères sont des plantes vivaces dont la taille va de celle de sous-
arbrisseaux (quelques décimètres) à de véritables arbustes, poussant dans
des sols pauvres siliceux. Feuilles petites, vertes, persistantes. En forme de
petites aiguilles, verticillées par trois ou quatre. Fleurs en grappes le plus
souvent roses mais parfois blanches ou verdâtres. Calice à quatre lobes verts.
Corolle constituée de quatre pétales soudés en grelot, se terminant par
quatre pointes. Les étamines à anthères munies de cornes à la base, s’ouvrant
par un pore et non par une fente, sont identiques chez la callune.
À côté de quatre espèces de petite taille (Erica carnea, E. vagans, E. cinerea
et E. multi ora), des bruyères arbustives comme E. arborea peuvent
atteindre plusieurs mètres de hauteur et se rencontrent en régions plus
clémentes.
Certaines bruyères d’Afrique du Sud arrivent dans nos jardineries. Ces
espèces d’Erica se caractérisent par des corolles très allongées, parfois
bicolores. Elles sont moins bien adaptées à nos climats.
Erica carnea
Bruyère des Alpes, des neiges, incarnate, carnée.
Sous-arbrisseau ligneux pouvant atteindre 30 cm de hauteur, eurissant de
l’hiver au milieu du printemps. Feuillage oscillant du bronze au vert doré.
Fleurs rouges ou roses. Il existe aujourd’hui des écotypes blancs.
Espèce très rustique, rencontrée dans les montagnes d’Europe centrale et
méridionale, protégée en France.
Erica vagans
Bruyère de Cornouailles, vagabonde, voyageuse, brande.
Se rencontre en Europe de l’Ouest. Rameaux dressés et glabres. Feuilles
verticillées par quatre ou cinq, étroites, marquées d’un sillon à la face
inférieure. Les eurs en clochettes aux pétales soudés, roses, sont réunies en
une in orescence subterminale. Les étamines dépassent largement le bord
de la corolle. Espèce protégée dans certaines régions.
Erica cinerea
Bruyère cendrée.
Très commune en Europe, orissant de juin à novembre. Feuilles
verticillées par trois, vert foncé à bronze. Fleurs en forme de grelots, rose
pourpré tirant sur le bleu, réunis en grappe terminale. Étamines ne
dépassant pas le bord de la corolle.
Erica arborea
Bruyère arborescente, blanche, en arbre.
Un de ses noms vernaculaires indique la couleur de ses eurs (qui peuvent
être aussi rosées), légèrement parfumées, apparaissant en grappes dispersées
le long des branches, au début du printemps. Étamines ne dépassant pas la
corolle. C’est la plus grande des bruyères françaises. Jeunes rameaux velus.
Feuillage persistant très n, vert franc. Son rhizome, de couleur rouge, sert
de bois de chau age mais surtout était utilisé pour la fabrication des
ébauchons qui donneront les fourneaux des pipes.
Elle se rencontre en Europe occidentale et au Maghreb.
Erica scoparia
Bruyère à balais, bruyère mâle, brande.
Comme un de ses noms vernaculaires l’indique, elle servait à la fabrication
de balais (scorparius signi e « en forme de balais »). Bruyère arborescente
pouvant atteindre 3 m de hauteur à rameaux glabres. Feuilles linéaires à apex
obtus, presque sessiles, insérées en verticilles par trois ou quatre, présentant
deux sillons de couleur claire sur la face inférieure. Floraison verdâtre ou
jaunâtre. Fleurs en in orescence simple terminale. Huit étamines.
Histoire
On admet en général que les bruyères ne sont pas très anciennes sur notre
continent et qu’elles proviendraient de l’Afrique tropicale où plus de 700
espèces sont reconnues, plus des deux tiers dans la région du Cap, dont on a
eu connaissance au e siècle seulement par les explorateurs et botanistes
Calluna
Calluna est tiré du grec kallynô, « nettoyer » (on en faisait des balais).
Présentation botanique
Calluna vulgaris
Bruyère commune, brande, brosse, bucane, breuvée. La liste des noms
vernaculaires est très longue.
La callune atteint généralement 20 à 50 cm de hauteur. Les feuilles,
minuscules, opposées, sont imbriquées et disposées sur 4 rangs. Fleurs
terminales en grappes pendantes. Le calice est double, l’un extérieur,
vert, à 4 divisions, est doublé intérieurement par un calice à 4 grands
sépales pétaloïdes, violets, séparés. La corolle comprend 4 pétales d’un
violet pâle ou mauves, soudés à la base, plus courts que le calice.
Histoire
Longtemps appelée Erica vulgaris, elle fut retirée de ce genre par un
botaniste britannique, Richard Anthony Salisbury qui lui donna le nom
de Calluna. C’est à cette espèce que fut attribuée la propriété de
dissoudre les calculs.
On lui connaît aujourd’hui plus de 400 cultivars à eurs simples ou
doubles variant du blanc pur au rouge soutenu.
Daboecia
Cette bruyère doit son nom à saint Daboec, moine qui a fondé au e
Camellia
Le nom de Camellia (avec deux l), d’abord donné à une sorte de pétunia, fut
attribué à notre théacée par Carl von Linné en 1753 qui voulut rendre un
hommage posthume au jésuite tchèque Georges Joseph Kamel, apothicaire
et botaniste ayant travaillé aux Philippines, se faisant appeler « Camelli »…
et n’ayant probablement jamais vu cet arbre inconnu à Manille où il était en
poste.
Présentation botanique
La classi cation horticole de ces camélias appartenant à la famille des
éacées repose sur la forme des eurs, simples, semi-doubles ou doubles,
en forme d’anémone ou de rose.
Camellia japonica
Camélia, rose du Japon, rose d’Asie, rose de Chine, camellier du Japon,
tsubaki.
Les camélias sont des arbres au feuillage persistant atteignant jusqu’à 20 m
sur ses lieux d’origine, soit le double de ce que nous connaissons en Europe.
Les feuilles, alternes, d’un vert luisant, sont épaisses et coriaces, très
légèrement dentelées sur les bords. Les eurs, pouvant atteindre 8 cm de
diamètre, d’un rouge cerise, sont terminales. Depuis, des variétés simples ou
doubles et quasiment de toutes les couleurs, unies ou panachées, sont
connues.
Camellia sasanqua
Camélia d’automne, camélia parfumé.
Originaire du Japon, ce camélia présente de septembre à janvier des eurs
simples ou demi-doubles, blanches, roses ou rouges, en grand nombre et
délicieusement parfumées, sucrées rappelant le jasmin et la prune. Ces
feuilles persistantes sont légèrement duveteuses. Les pétales de ses eurs
tombent facilement (contrairement à C. japonica)
Camellia oleifera
éier à huile.
Connu de longue date dans tout le Sud-Est asiatique et souvent confondu
avec l’espèce précédente, ce camélia aux eurs petites et blanches, légèrement
parfumées, est réputé pour ses graines huileuses utilisées en cuisine et
surtout pour l’éclairage et les produits cosmétiques.
Camellia reticulata
Camélia du Yunnan.
Camélia originaire du Yunnan. Feuilles plus claires que Camellia japonica,
plus allongées et plus coriaces. Fleurs roses avec une pointe orangée, à
texture translucide, semi-double, aux pétales irréguliers et ondulés. Les
formes sauvages sont simples.
Histoire
Si les premiers témoignages de la culture d’un camélia datent de 5000 AEC
environ en Chine, il s’agit vraisemblablement du Camellia sinensis,
autrement dit du thé, et du Camellia oleifera producteur d’huile, et non des
camélias décoratifs qui abondent maintenant dans le monde sous le nom de
Camellia japonica. L’origine géographique reste l’Asie du Sud-Est, Chine et
Japon, l’Europe ne s’intéressant à cet arbre qu’au début du e siècle. Il est
di cile de s’opposer à l’idée que les marins portugais l’aient importé les
premiers en Galice au e siècle mais la eur représentée sur un azulejo
portugais de ce siècle est probablement une pivoine, et non un camélia,
emblème oral de la Chine et motif de décoration des porcelaines chinoises
de l’époque. Le nom de « style camélia » des azulejos ne sera inventé qu’au
e siècle par un historien muséologue portugais, João Miguel dos Santos
Simões.
On doit donc en 1689 à l’Allemand Andreas Cleyer, botaniste et
japonologue, qui se t passer pour hollandais a n d’être autorisé à séjourner
au Japon, la première guration et description d’un tsubaki, nom japonais du
camélia.
En 1702, un Anglais, James Petiver, décrit, sous le nom de ea chinensis
(maintenant Camellia sinensis), le thé bien connu que les Anglais vont
chercher à se procurer. Erreur ou protectionnisme de la part des Chinois,
c’est Camelia japonica qui, en 1739, leur sera envoyée. Les magni ques eurs
rouges feront son succès, d’abord parmi l’élite jusqu’au e siècle. L’heureuse
initiative d’un maire nantais, Ferdinand Fabre, la sortira des serres. Depuis,
on ne compte plus les cultivars et les hybrides. Dès cette époque, le camélia
émigre dans le monde entier devenant cosmopolite.
En 1820, le capitaine Richard Rawes, de la East India Company, importa le
premier représentant de Camellia reticulata qui resta longtemps unique en
Europe car stérile.
Le Nouveau Monde connaît les premiers camélias au e siècle et
l’Australie au siècle suivant. Partout, c’est l’engouement.
Les premiers hybrides européens de camélias apparaissent vers les années
1930 seulement, en Angleterre, mais ce n’est qu’après la Seconde Guerre
mondiale que le botaniste chinois Hu Xiansu t connaître l’espèce Camellia
reticulata, cultivée dans le Yunnan, et que de nombreux croisements eurent
lieu, notamment en Californie. On compte aujourd’hui dans le monde plus
de 35 000 variétés.
Peu connue en médecine, on s’intéresse surtout aux feuilles, la eur de
camélia a une action bienfaisante sur la peau et les cheveux. On lui accorde
des propriétés anti-in ammatoires, astringentes et hémostatiques, mais c’est
surtout l’huile extraite de ses graines qui est utilisée.
Utilisation en cuisine
C’est plus l’espèce Camellia sasanqua, qui dégage un parfum délicat et
musqué, qui aura la préférence en cuisine avec sa texture douce, moelleuse
et sucrée.
On peut con re les eurs dans du sucre ou les frire en beignets.
Au Japon, les eurs de sasanqua sont utilisées pour augmenter le parfum du
thé.
Fleur de thé
Appelées aussi thé sculpté ou thé façonné, les eurs de thé consistent en un
tressage minutieux et rituel, de feuilles de thé vert ou de thé blanc, autour
d’une eur comestible d’une autre plante (rose, jasmin, amarante, lys, œillet,
camélia…). Ces eurs de thé sont connues depuis la dynastie Song (420
après notre ère). Mis dans une théière en verre ou dans un verre transparent,
le bourgeon va « éclore » lors de l’infusion et la eur s’épanouir joignant la
beauté de l’instant à celui de la dégustation. Très parfumées, elles peuvent
être réutilisées plusieurs fois.
La eur de thé camélia blanc révèle des notes euries et fruitées.
Faire infuser les pétales des eurs de camélia dans le lait chau é.
Réserver.
Battre les œufs entiers et le sucre et faire blanchir le mélange.
Ajouter la farine, le sel et la levure, puis le zeste râpé du citron et
en n le beurre fondu.
Filtrer le lait et l’incorporer à la pâte.
Réserver la pâte au frais 12 h.
Remplir les moules à madeleines aux trois quarts et les enfourner 8-
10 min à 210°C (th. 7).
Camomille
Le terme de camomille est la traduction du grec khamaimêlon.
Di érentes plantes de la famille des Astéracées sont appelées camomille
mais appartiennent à, au moins, quatre genres di érents importants,
Chamæmelum, Matricaria, Tanacetum et Anthemis. Toutes les espèces
incluses dans ces quatre genres ne sont pas appelées camomilles et, par
ailleurs, nombre de camomilles sont, au cours des temps, passées d’un genre
à l’autre d’où une confusion dans leur utilisation et dans leur histoire. Le
latiniste Jacques André a ainsi cité, dans son ouvrage Les noms des plantes
dans la Rome antique paru en 2010, seize phytonymes pour la seule
matricaire allemande.
Chamæmelum
Emprunté au grec khamaimêlon, de kaimai « à terre, près du sol » ; et mêlon,
sorte de pomme, faisant allusion à l’odeur de ce fruit lorsque les feuilles sont
froissées.
Cinq espèces seulement sont reconnues aujourd’hui comme appartenant à
ce genre et une seule, commune et aromatique, nous intéresse,
Chamæmelum nobile, longtemps appelée Anthemis nobilis.
Présentation botanique
Chamæmelum nobile
Camomille romaine, noble, domestique, d’Anjou, odorante, anthémis noble.
Petite plante herbacée, vivace, originaire d’Europe occidentale mais
aujourd’hui largement répandue dans tous les continents. Tiges velues,
d’abord couchées puis se redressant, la plante atteignant une hauteur
maximale de 35 cm. Feuilles nement divisées en lobes courts et étroits,
d’un vert blanchâtre. Capitules solitaires composés de eurons ligulés blancs
entourant un disque de eurons tubulés jaunes. Réceptacle couvert de
paillettes. Se rencontre (assez rarement de nos jours) dans les prairies
françaises et les sols secs où elle eurit de juin à septembre et est surtout
cultivée en Anjou. Si la forme sauvage correspond à la description ci-dessus,
la forme cultivée en di ère légèrement. Le capitule est constitué d’une
double couronne de eurons ligulés blancs et d’une quasi absence de
eurons tubulés jaunes au centre.
Historique
Contrairement à ce qui est souvent écrit, ce n’est pas cette camomille que les
Égyptiens connaissaient mais la matricaire (voir ci-après) et ni les Grecs, ni
les Romains n’en ont parlée pour la simple raison qu’absente de leurs régions,
ils ne la connaissaient pas.
Contrairement également à son nom vernaculaire de romaine, cette
camomille n’est en rien originaire d’Italie mais de la façade atlantique de
l’Europe. On doit cette appellation « exotique » au savant allemand Joachim
Camerarius qui, en 1588, rencontra dans la campagne romaine des plants
échappés des jardins français. Ce sont les Celtes qui en eurent en quelque
sorte la primeur, s’intéressant à elles comme remède druidique. La
camomille romaine fait d’ailleurs toujours partie des plantes de la fête de la
Saint-Jean des Anglo-Saxons et d’eux seuls.
C’est le capitule qui est utilisé pour des remèdes médicaux et, aujourd’hui,
en raison de la rareté de la forme sauvage, de celui des formes cultivées aux
propriétés moins puissantes. Ce capitule contient une huile essentielle d’une
très belle couleur bleu céleste à la sortie de l’alambic, devenant verte puis
jaune brunâtre au contact de l’air et de la lumière. Le parfum devient plus
fruité à odeur de pomme.
Les eurs sont toniques, fébrifuges, stimulantes, emménagogues et
antispasmodiques.
Utilisation en cuisine
Les eurs ont un arôme agréable et pénétrant, s’apparentant à celui de la
pomme de rainette. Elle s’utilise particulièrement en infusion.
Matricaria
Le latin médiéval matricaria fait allusion aux vertus emménagogues de
la plante.
Présentation botanique
Matricaria chamomilla
Matricaire, matricaire tronquée, camomille allemande, camomille
vraie, camomille sauvage, petite camomille, manzanita (« petite pomme
») en espagnol, camomille à odeur douce, œil- du-soleil.
On la trouve encore sous le nom de Matricaria recutita.
Contrairement à l’un de ses noms vernaculaires, elle ne vient pas
spécialement d’Allemagne mais y fut appréciée et cultivée. La matricaire
est probablement originaire du Moyen-Orient ou pour le moins de
l’Europe du Sud-Est. C’est une plante annuelle, herbacée, pouvant
atteindre 50 cm de hauteur, malgré son surnom de petite camomille (la
camomille romaine atteint 30 cm). Sa tige, glabre, est unique et très
rami ée, ses feuilles nes, alternes, vert jaunâtre ou grisâtre, nement
découpées, sont glabres également, ses eurs en capitules terminaux
solitaires très bombés, composées de eurs centrales tubuleuses jaunes
et, extérieures, ligulées blanches, sont rabattues vers le sol en n de
oraison. Les réceptacles sont dépourvus de paillettes, les akènes,
jaunâtres, arqués et côtelés, sont sans aigrette.
Matricaria discoidea
Matricaire odorante, matricaire fausse camomille, matricaire en disque,
matricaire sans ligule.
Elle fut appelée Matricaria suaveolens en raison de la forte odeur de ses
feuilles quand on les froisse.
Elle peut atteindre 20 cm de hauteur et se rencontre dans les milieux
incultes, le long des chemins. Elle se caractérise par des capitules plus
petits sans eurs ligulées, isolés ou groupés en petit nombre à
l’extrémité des tiges, jaune verdâtre, de forme conique exhalant une
odeur plus suave et plus forte, et par des feuilles vert foncé très
découpées et odorantes. Les akènes sont comprimés et allongés,
glabres, brun clair.
Elle est originaire d’Amérique du Nord-est et d’Asie et se serait
répandue en Europe au e siècle.
Crème de camomille
50 cl de lait de soja
25 boutons oraux de camomille
30 g de fécule
70 g de sucre
120 g de cranberries
Tanacetum
Terme corrompu d’athanasia signi ant « immortalité » en raison de la
durée de ses eurs ou de la oraison tardive de la plante.
Présentation botanique
Tanacetum parthenium
Partenelle, grande camomille, pyrèthre doré, pyrèthre mousse,
matricaire o cinale, chrysanthème matricaire.
Elle fut appelée Matricaria o cinalis.
Plante herbacée, vivace, pouvant atteindre 70 cm de hauteur, à
plusieurs tiges dressées, et à feuilles pubescentes, vert foncé,
aromatiques, ressemblant plus à celles d’un chrysanthème qu’à celles
d’une camomille. Elle fut d’ailleurs d’abord reconnue comme un
Chrysanthemum. Capitules à deux eurs, ligulées externes blanches et
tubulaires centrales jaunes, regroupés en corymbes denses de cinq à
vingt. Réceptacles sans paillettes (comme la matricaire). Fruits secs
(akènes) cannelés, très petits (1 mm).
Les cultivars peuvent présenter une seule ou plusieurs rangées de
eurs ligulées et être avec (en partie ou uniquement) ou sans eurs
tubulées.
C’est une proche cousine de la tanaisie (voir Herbes aromatiques p.
194).
Histoire
Elle est originaire d’Asie mineure et des Balkans, introduite en Grèce
du temps d’Alexandre le Grand, donc avant notre ère, aujourd’hui
naturalisée dans les climats tempérés de l’hémisphère nord, et elle
gurait déjà dans la matière médicale du temps d’Hippocrate. Elle fut
appelée parthenium (associée au genre Matricaria) mais ce terme
désignait diverses plantes. Pline, au Ier siècle, la décrit correctement
avec son odeur de pomme et son goût amer. Les Grecs l’utilisaient
contre les états dépressifs et pour combattre l’asthme. La médecine
arabe la considérait comme diurétique et emménagogue. Pour
Hildegarde de Bingen, elle est fébrifuge. Quelque peu oubliée, elle
réapparaît médicalement contre les migraines au e siècle, en
Anthemis
Nom provenant du grec anthos signi ant « eur ».
Présentation botanique
Anthemis arvensis
Anthémis des champs, camomille des champs, camomille sauvage,
fausse camomille.
Elle fut appelée Chamæmelum agreste, Chamæmelum arvense et
Matricaria arvensis. Plante annuelle atteignant 50 cm de hauteur,
dressée ou étalée. Les feuilles sont alternes, découpées en segments
eux-mêmes découpés, au limbe mince et aux deux faces pubescentes.
Les eurs sont de deux sortes, tubulées jaunes et ligulées blanches. Les
capitules isolés ou groupés lâches, sont dépourvus d’écailles entre les
eurs. Les akènes coniques, à section polygonale, sont glabres et
dépourvus de soies. Elle se rencontre de nos jours en Europe, en Orient
et en Afrique septentrionale.
L’odeur des eurs est identique à celle de la camomille commune.
Anthemis maritima
Anthémis maritime, camomille maritime.
Plante herbacée vivace atteignant 35 cm de hauteur, adaptée au sel, aux
vents et aux embruns. Les tiges longues, rampantes, sont rougeâtres.
Les feuilles présentent des folioles découpées. Les in orescences
terminales, solitaires, sont composées de eurs tubulées jaunes et
ligulées blanches.
La eur comestible n’est pas odorante.
Histoire
La plus commune des Anthemis est Anthemis tinctoria ou anthémis des
teinturiers ou encore anthémide tinctoriale, originaire du Caucase, très
ancienne, dont était extrait un colorant jaune, parfaitement connue en
Andalousie et au Maroc sous l’expression pied de poule. À l’exception
peut-être de cette espèce, il est souvent di cile de savoir de quoi
parlaient les Anciens, dont Pline, en citant des Anthemis. Pour la
plupart, il s’agit d’Astéracées aux feuilles odorantes. Elle est gurée par
Pierandrea Matthioli en 1600 sous le nom de camomille.
Utilisation en cuisine
Les camomilles ont plus intéressé la sphère médicale que la culinaire.
Tout le monde connaît la camomille en tisane, peu la consomme en
salade ou en dessert.
D’un goût amer, ce sont d’abord les feuilles qui ont parfumé certains
apéritifs et digestifs. On peut en ajouter aux viandes à sauces grasses.
À l’exception d’Anthemis maritima, toutes les eurs de camomille sont
odorantes et sont quasiment interchangeables en cuisine. Toutes
présentent une odeur de fruit un peu sur qui plaît ou ne plaît pas mais
qui s’associe aussi bien avec le sucré que le salé.
Chamæmelum nobile a une odeur aromatique agréable, une saveur très
amère, chaude et balsamique. La matricaire allemande présente une
odeur aromatique mi-pomme mi-ananas et la matricaire odorante
surtout d’ananas.
Campanula
Présentation botanique
Les campanules, dont il existe, selon les auteurs, entre 400 et 500 espèces
sans compter les très nombreuses variétés, sont des plantes herbacées,
vivaces ou annuelles, des régions tempérées des deux hémisphères.
Certaines d’entre elles peuvent atteindre plus d’un mètre de hauteur. Leurs
racines sont fusiformes, longues et breuses. Les tiges contiennent un suc
laiteux qui apparaît lorsqu’on les casse. Les eurs, monopétales en forme de
clochettes, tubulaires ou en étoiles, à cinq étamines et à trois ou cinq
stigmates, ont des coloris qui s’étendent du blanc mauve au bleu violet. Les
feuilles, ovales, ont, pour la plupart, un bord crénelé.
Les campanules appartiennent à la famille des Campanulacées. Cinq
espèces sont communes dans nos régions.
Campanula barbata
Campanule barbue.
Petite campanule (40 cm de hauteur maximum) entièrement velue, aux
grandes eurs bleu délavé, garnies de longs poils très ns, inclinées et
pendantes d’un même côté d’une hampe orale dénudée ; les feuilles sont
allongées en rosette localisées à la base. L’espèce est commune dans les
régions subalpines.
Campanula glomerata
Campanule agglomérée ou à eurs agglomérées.
Les eurs sont d’un violet foncé, groupées en un glomérule terminal avec
parfois quelques glomérules plus petits à l’aisselle des feuilles supérieures,
elles-mêmes sessiles et en ovale allongé ; les feuilles de la base sont arrondies
ou en cœur.
Campanula persicifolia
Campanule à feuilles de pêcher, campanule de Perse, bâton de Jacob.
Vivace atteignant un mètre de hauteur, originaire d’Europe ; les feuilles sont
lustrées, nes et allongées pour les supérieures, plus courtes et arrondies
pour les inférieures, semi-persistantes à caduques selon le climat ; les eurs
sont en cloche évasée, aussi large que longue, mauves, simples ou doubles
selon les variétés, regroupées en grappes de deux à six éléments.
Campanula rapunculus
Campanule raiponce, raiponce cultivée, rave sauvage, bâton de Saint-
Jacques, rabette, cheveux-d’évêque, pieds-de-sauterelle.
Plante herbacée bisannuelle, atteignant 80 cm de hauteur, rencontrée dans
les bois, les prés et les lieux secs. Originaire d’Europe. La tige est hérissée.
Les feuilles inférieures sont pétiolées, les supérieures sessiles. Les eurs sont
en forme de clochette de teinte bleu pâle, groupées en grappe lâche.
Campanula trachelium
Campanule gantelée, gant notre-dame, miroir de Vénus, campanule à
feuilles d’ortie.
Plante velue et hérissée, commune dans les broussailles et les bois clairs. Les
feuilles sont à bords dentés irrégulièrement, les supérieures sessiles, les
inférieures pétiolées. Les eurs sont groupées par deux ou trois, mauves et
blanches, velues.
Histoire
Le genre Campanula est régulièrement attribué à Carl von Linné en 1753. Si
cet auteur a mis de l’ordre dans la classi cation et instauré la nomenclature
binominale, Joseph Pitton de Tournefort, en 1694 dans ses Élémens de
botanique, avait déjà o cialisé le nom de Campanula pour des « herbes à
eurs en cloche dont le calice devient un fruit sec », et d’autres auteurs
utilisaient également ce terme pour parler de ces plantes. Leonhart Fuchs
écrit en 1551 : « Pource que nous n’havons encore sceu de quel nom les
anciens hont nommé l’herbe, de laquelle nous voulons parler. Il nous ha
semble bon l’appeler Campanula, c’est à dire Clochette, & ce à raison de ses
eurs qui sont semblables à petites clochettes. » Mais attention, si Olivier de
Serres en 1600 dans son éâtre d’agriculture, utilise bien le nom de
campanula, qu’il précise être un mot italien, c’est pour désigner le grand
liseron appelé alors Volubilis major, et parmi les campanules il ne s’intéresse
qu’à la raiponce sans lui attribuer ce nom latin.
Mais les campanules sont connues depuis plus longtemps sous d’autres
noms. Ainsi de l’iasione de éophraste ou du medion de Dioscoride pour
ne citer que les deux plus anciens, respectivement au e siècle AEC et au er
siècle. Georges Cuvier, dans son Dictionnaire paru en 1818, rappelle que
certaines campanules furent appelées par les Anciens du nom grec de
Cybellion mais aussi Viola marina et medium, ces deux dernières
correspondant à la campanule des jardins ou Campanula medium des
botanistes. La prudence est donc de mise pour tous les auteurs anciens car
certaines herbes aux cloches bleues ou certaines « campanules » peuvent
aussi être attribuées à des digitales comme le foxglove de Jérôme Bock dit
Tragus en 1532. Une des caractéristiques principales, outre la forme en
clochette des eurs, est la propriété de la tige de rejeter du lait.
La raiponce, plus connue car entièrement consommée de longue date, est
peut-être citée par Pline sous le nom d’erineon mais cette attribution reste
incertaine. Si elle est classée par Pierandrea Matthioli dans ses Commentaires
sur Dioscoride avec les navets, en raison de la saveur de sa racine, notons
que les textes plus anciens de ce second auteur ne la mentionnent pas. Au
e siècle, certains auteurs signalent la campanule comme déjà « améliorée
» par rapport à la souche sauvage.
Quant à la plus ancienne illustration d’une campanule, elle ne semble dater
que de 1390 dans le Manfredus de Monte Imperiali Liber. Il pourrait s’agir
d’une Campanula medium aux clochettes érigées violet pâle. L’espèce
représentée par Leonhart Fuchs dans son De Historia stirpium, en 1542,
entièrement hérissée et aux eurs situées d’un même côté de la hampe,
pourrait être une campanule barbue bien que l’auteur, en 1551, la nomme
aussi gans nostre dame ou gantelée.
En 1814, le physiologiste et pédiatre franco-belge Pierre Hubert Nysten
écrit, dans son Dictionnaire de médecine, et des sciences accessoires à la
médecine, « qu’aucune espèce [de Campanula] n’est employée en médecine ».
Tous les médecins ne sont pas de cet avis. La raiponce, très utilisée au Moyen
Âge et surtout depuis le e siècle, est toujours impliquée dans la
pharmacopée traditionnelle asiatique. En Europe, elle a perdu de son
pouvoir. Les racines des campanules sont apéritives et digestives, utilisées
pour les soins de la bouche et de la gorge et, pour certaines espèces, a n
d’augmenter la lactation. La plante est aussi considérée comme étant
vulnéraire. Elle calme aussi les conjonctivites.
Utilisation en cuisine
Toutes les campanules sont comestibles mais d’un intérêt variable et la
raiponce est incontestablement la meilleure. Historiquement, ce sont leurs
racines, râpées et crues, au goût de radis, qui se retrouvaient régulièrement
dans les salades, et particulièrement celles de la raiponce que l’on travaillait
comme du raifort. Rappelons-nous qu’elle fut d’ailleurs botaniquement
classée avec les raves. Jeunes pousses, feuilles nouvelles et eurs étaient aussi
appréciées. Cette campanule a été largement consommée à l’état sauvage dès
le Moyen Âge et on dit qu’elle était au menu du Bon Roi René, duc d’Anjou.
La raiponce était un mets recherché au point que, en 1508, dans Le Livre de
la diablerie du compositeur et poète Eloy d’Amerval, Lucifer menace les
damnés de les priver des mets délectables qu’ils appréciaient, dont le
cerfeuil, le cresson, la laitue et la raiponce (« Serfeuil n’y aura ne cresson, Ne
lettue aussi ne response »). Rabelais en parle dans son Cinquième livre
comme d’un mets aphrodisiaque recherché. Elle est présente dans tous les
potagers où sa culture va accroître la taille de sa racine aux e et e
siècles. François Pierre de La Varenne, en 1668, dans le Nouveau cuisinier
françois ou l’école des ragouts, présente la racine en salade accompagnée de
petites laitues et de tripes-madame, soit de l’orpin blanc. Elle disparaît des
jardins et des étals ensuite.
Les feuilles cuites ou crues, en salade, sont d’une agréable douceur.
Un nouvel intérêt culinaire se manifeste à leur égard non seulement pour
leurs racines ou leurs feuilles mais cette fois pour leurs eurs. Il faut
reconnaître que leur couleur est du plus bel e et dans une assiette. Elles ont
une saveur douce et légèrement sucrée.
Peler les kiwis, les couper en deux et retirer le plus gros des graines
noires. Mixer la chair.
Battre les jaunes d’œuf avec le sucre. Porter sur feu doux.
Ajouter la pulpe de kiwi et poursuivre la cuisson 10 min en remuant
constamment.
Incorporer délicatement les blancs d’œuf battus en neige ferme.
Dans des coupes individuelles, alterner une couche de mousse aux
kiwis et de eurs de campanule (en garder quatre pour la décoration).
Réserver au frais 2 h.
Au moment de servir, décorer chaque coupe d’une eur fraîche de
campanule.
Platycodon
Platycodon grandi orus
Campanule à grande eur, plante ballon.
Plante vivace atteignant 80 cm de hauteur, originaire d’Extrême-
Orient, aux racines pivotantes et breuses, en tou es évasées. Les
feuilles sont entières et allongées d’un vert bleuté aux bords
irrégulièrement crantés. Les eurs, individuelles à l’aisselle des feuilles
en haut des tiges, sont à texture épaisse bleu mauve, aux pétales veinés.
Il existe des cultivars aux eurs roses ou blanches éclaboussées de bleu.
Son nom vernaculaire de plante ballon est dû à la forme des eurs
avant épanouissement, les pétales étant fusionnés donnant une forme
de ballon.
En Chine et en Corée, les racines des Platycodon sont utilisées en
médecine pour soigner la sphère ORL et les abcès cutanés. En cuisine,
elles sont appréciées comme légumes juste blanchies pour enlever un
peu de leur amertume. Le beurre de campanule se prépare avec un peu
de racine râpée et quelques eurs sans étamines ni calice vert.
Les eurs sont douces, légèrement croquantes et un peu sucrées. Elles
s’associent aussi bien avec du salé que du sucré. Leur grande taille
permet de les farcir.
Canna
Le genre Canna, connu par une quinzaine d’espèces, appartient à la famille
des Cannacées.
Grande plante vivace, cultivée comme annuelle, à large rhizome pouvant
atteindre 80 cm pour les variétés dites « naines » et 1,20 m pour les autres.
Feuilles larges enveloppant la tige et rappelant ainsi celles des bananiers,
vertes ou pourpres, souvent striées, caduques. Fleurs érigées en bout de tige,
à trois pétales jaunes, rouge orangé ou bicolores. Étamines en forme de
pétale. Fruit en capsule, contenant des graines en forme de petites billes
noires et brillantes, très dures, servant de perles.
Présentation botanique
Canna indica
Canna des Indes, balisier rouge, balisier des Indes, con ore, touleman.
Le terme indica est relatif à l’Amérique et non aux Indes orientales. Il est
souvent confondu avec le Canna edulis
Canna edulis
Canna comestible.
Originaire des Caraïbes, elle est la première espèce reconnue en Europe et
celle qui est cultivée sous nos latitudes. Le feuillage est pourpre et vert et les
eurs orange carmin.
La découverte des cannas suivit celle de l’Amérique. Des missionnaires
portugais auraient les premiers envoyé ces graines en Europe et les cannas se
seraient alors retrouvés dans les jardins des couvents. Leur beauté les a fait
chérir comme plante ornementale.
Les civilisations précolombiennes les connaissaient. Ainsi à Huaca Prieta,
dans la vallée de Chicama au Pérou, site occupé en 4700 AEC, furent
reconnus des rhizomes d’achira, nom local du canna, ainsi que des graines
attestant de leur consommation. C’est grâce aux conquistadors espagnols
puis aux colons français que l’achira gagna les îles Caraïbes, devenant le
touleman (« tous les mois ») On le retrouvera ensuite dans les îles de l’océan
Indien. On lui attribue des vertus diurétique et émollientes.
On doit à Charles de L’Écluse la première description et guration de la
seule espèce connue à l’époque, Canna indica, que l’auteur a vu dans les
couvents portugais. Comme son nom l’indique, elle est alors considérée
comme un roseau.
Utilisation en cuisine
Ce sont surtout les rhizomes qui intéressent la cuisine. Les rhizomes de
plusieurs espèces peuvent être consommés. En Martinique, le touleman est
la fécule qui en est issue. Mélangée à de l’eau sucrée, elle est additionnée au
lait et donnée aux nourrissons. Elle entre dans la confection de ans, de
gâteaux et de diverses con series. Les rhizomes sont consommés crus dans
les salades ou cuits à la vapeur, à l’anglaise en purée, en gratin ou frits. Ils
rappellent par leur goût l’artichaut. Les jeunes feuilles sont également
appréciées en légume et les graines immatures agrémentent des tortillas. Les
eurs sont comestibles mais ont surtout un intérêt décoratif.
Capucine
Capucine est lié à l’italien capuccino rappelant la forme en capuchon de la
eur, semblable à celui d’un moine, mot attesté depuis 1694 (voir « Histoire
» ci-après).
Tropæolum
Trapæolum vient du latin tropæum signi ant « trophée », rappelant la forme
en bouclier des feuilles et en casques des eurs de la capucine.
On doit ce nom à Carl von Linné qui explique clairement son choix en 1737
dans Hortus Cli ortianus.
Les capucines appartiennent à la famille des Tropæolacées.
Présentation botanique
C’est une plante vivace dans son pays d’origine, annuelle dans nos régions.
Les racines sont tubéreuses. Les feuilles sont arrondies et vert bleuté
(panachées chez certaines variétés). Le limbe en forme de bouclier, au bord
légèrement ondulé, présente de nes nervures partant du point d’insertion
du pétiole.
On divise aujourd’hui les capucines en naines ou grimpantes. Les eurs
sont grandes, solitaires, asymétriques à cinq sépales dont le médian se
prolonge en un long éperon rempli de nectar ; la corolle, simple à l’origine,
ou double, est jaune, orange ou rouge, voire chamarrée chez certaines
plantes cultivées, selon les variétés. Les fruits sont globuleux et comprennent
trois graines rondes et crénelées.
Tropæolum minus
Petite capucine, capucine naine, petit cresson d’Inde.
Naine, elle atteint 30 cm de hauteur, tapissante et non grimpante, aux eurs
dégagées du feuillage, simples ou doubles, plutôt jaune orangé, aux pétales
tachetés.
Tropæolum majus
Capucine grimpante, grande capucine, cresson du Pérou, du Mexique,
d’Inde ou des jésuites, eur d’amour ou de sang, blessure-du-Christ.
Tiges très rami ées et feuillées, rampantes, très longues (jusqu’à 3 m).
Feuilles vert foncé dessus, plus clair en dessous, glabres, alternes, à long
pétiole excentré, caduques ou persistantes selon le climat.
Tropæolum tuberosum
Capucine tubéreuse.
Cette capucine, également originaire des Andes, joue le même rôle
aromatique que ses sœurs mais elle est importante dans l’alimentation des
populations andines depuis les pré-Incas par son rhizome tubéreux qui peut
se consommer soit cru, croquant, piquant et juteux, à saveur de capucine,
soit cuit comme des pommes de terre, devenant doux et farineux, de couleur
blanc nacré et violacé. En Bolivie, on mange ces rhizomes cuits, recouverts
de mélasse. Fleurs rouge-orangé.
Histoire
Originaire du Pérou et de Bolivie, rapidement étendue à l’Équateur et à la
Colombie, la capucine est connue depuis l’époque précolombienne. Nous en
avons connaissance par les chroniqueurs espagnols. Il semble que le
médecin et botaniste Nicolás Monardes soit le premier à l’avoir rapportée
dans son pays et à en avoir parlé dans son ouvrage intitulé Historia
Medicinal de las cosas que se træn de nuestras Indias Occidentales, paru en
1574 pour la partie qui nous intéresse, sous le nom de ores de sangre ( os
sanguineus dans la traduction en latin de cet ouvrage par Charles de L’Écluse
en 1605). Il s’agit de la petite capucine. À peu près à cette même époque, soit
entre 1558 et 1577, Bernardino de Sahagún, dans son Codex orentin, parle
simplement d’une plante odorante ou xochipatli. Comparé au cresson
présent sur le territoire, la or de sangre va s’appeler Nasturtium indicum en
1574 sous la plume de Rembert Dodoens. En 1600, la capucine est présente
dans le jardin de Samuel du Mont, parfumeur du roi Henri IV comme cela
est rapporté par Garcia de Orta dans son ouvrage intitulé Histoire des
drogues, espiceries, et de certains médicamens simples. Ce sont les Hollandais
qui vont, les premiers, mais vers 1684 seulement, rapporter une autre espèce
quali ée par sa plus grande taille de majus. Elle s’appelait toujours, en
Europe, Nasturtium ou cresson d’Inde, jusqu’en 1694 quand Joseph Pitton de
Tournefort lui donne le nom latin de Cardamindum traduisant le nom
vernaculaire de cresson d’Inde pour le séparer du vrai cresson. Dans ce
même texte, il emploie, pour la première fois semble-t-il, le terme de
Capucine sans préciser si celui-ci est déjà en circulation et sans le dé nir.
Cardamindum deviendra en 1737, par le choix de Carl von Linné,
Tropæolum.
On parle toujours de ces deux espèces de capucine parce que les plus
communes dans nos jardins mais une troisième, Tropæolum tuberosum, qui
t son apparition chez nous au e siècle eut un (court) instant de « gloire
». Pourtant, cette espèce connaissait (et connaît toujours) une plus grande
importance dans les pays andins que les deux espèces précédentes par la
consommation, notamment de ses tubercules à l’instar des pommes de terre,
par les Incas et même par leurs prédécesseurs comme l’indique sa
découverte dans des sites archéologiques dûment datés. Son arrivée en
Europe, vers 1840, doit être reliée à la grande famine en relation avec
l’attaque du mildiou sur les pommes de terre, alors production alimentaire
essentielle de la population. La mashua, comme elle est nommée, arriva en
remplacement en même temps que les tubercules d’oca du Pérou (Oxalis
tuberosa) et d’ulluques (Ullucus tuberosus) qui eurent à peu près le même
succès, c’est-à-dire que l’on revint très vite à la pomme de terre.
La plus ancienne illustration de la capucine provient des poteries nasca de
Pacheco datées de l’an 1000. Il s’agit de la capucine tubéreuse. Rembert
Dodoens sera le premier Européen à gurer le Nasturtium indicum, en 1574
dans Purgatium aliarunque, avec une représentation relativement curieuse
quant à la forme des feuilles. En revanche, l’illustration de la forme minus
dans le Florilegium, daté d’environ 1589 et attribué à Joachim Camerarius,
est parfaitement parlante comme celles de Francisco Hernández, médecin à
la cour d’Espagne, en mission en Nouvelle-Espagne, dans son ouvrage
intitulé Quatros libros de la naturaleza, publié en 1615, sous le nom natuatl
de Pelon mexixquilitl.
De tout temps, les capucines intéressèrent la sphère médicale. C’est souvent
dans les traités sur les « drogues simples » qu’elle est mentionnée. Pour ses
vertus anti-a ections bronchiques, la capucine fut un temps considérée
comme un remède spéci que de la tuberculose, entre autres maladies, car la
liste de ses vertus était longue. Traditionnellement, elle est utilisée de nos
jours contre des a ections des bronches, pour calmer des démangeaisons du
cuir chevelu avec pellicules ou pour calmer des érythèmes super ciels et peu
étendus. En raison de sa richesse en vitamine C, elle fut consommée en
prévention du scorbut.
La capucine tubéreuse, antiseptique, expectorante et emménagogue,
traditionnellement utilisée contre des a ections urinaires, était considérée
comme anaphrodisiaque et son tubercule donné pour cette raison aux
soldats incas a n qu’ils oublient leurs femmes lors des combats, ce que nous
précise le chroniqueur jésuite espagnol Bernabé Cobo dans son ouvrage
intitulé Historia del Nuevo Mundo publié en 1653.
Utilisation en cuisine
Les capucines furent d’abord considérées comme des plantes potagères
avant de devenir des plantes ornementales puis de revenir dans nos cuisines.
La beauté de leurs eurs les rend très vite populaires.
Les eurs sont à saveur sucrée et poivrée, piquante, les feuilles rappellent
celles du cresson alénois.
Tout se mange dans la capucine et ce, quelle que soit l’espèce ou la variété.
Comme les feuilles, les eurs se mélangent aux farces pour viandes et
poissons, agrémentent les soupes à la crème, s’insèrent dans de délicieuses
omelettes. Elles donnent à des fromages blancs et frais une saveur
moutardée.
Selon les écrits des missionnaires, les Incas utilisaient la capucine en salade
et comme herbe médicinale. Les eurs, qui font merveille dans une salade
par leur couleur, con tes, décorent également des gâteaux. Elles peuvent être
introduites au dernier moment dans des con tures de fraises, de pêches ou
de griottes. On peut les cristalliser au sucre pour un décor de pâtisserie.
Les boutons oraux non ouverts et les fruits sont conservés à la manière des
câpres, dont ils ont un peu le goût, ou, tout comme les eurs, parfument des
vinaigres auxquels ils confèrent une superbe couleur orangée. On raconte
que omas Je erson, président des États-Unis et profondément naturaliste,
en avait fait planter dans son jardin à Monticello et disait en manger des
graines en pickles. Le beurre de capucine est un mélange de beurre, de
pétales de eurs et de citron.
Si la capucine peut apporter une touche intéressante à une sangria ou dans
un rhum arrangé, elle n’entre pas dans la fabrication de liqueurs ou autre
boisson. Un cocktail est connu à base de feuilles et eurs de capucine, du
lait, de yaourt nature et de sirop de mangue.
Cardamine
Les cardamines, connues par environ 150 espèces, appartiennent à la
famille des Brassicacées.
Présentation botanique
Cardamine pratensis
Cardamine des prés, cressonnette, cresson des prés, cresson sauvage, cresson
élégant, faux cresson, passerage sauvage, bouquet-du-loup, petite dentaire,
écume-des-prés.
Plantes vivaces herbacées d’une cinquantaine de centimètres de hauteur, qui
se rencontrent en colonies dans les prairies humides. Elles se propagent dans
le sol par un rhizome blanchâtre plus ou moins breux. Les feuilles de la
base, aux folioles arrondis, sont disposées en rosette ; celles de la tige
(caulinaires), élancées à linéaires, sont en disposition alterne. Les eurs,
mauves, en grappes terminales lâches ou corymbes, sont classiques, avec
leurs quatre pétales en croix et leurs six étamines dont deux plus grandes, de
la famille (anciennement appelée Crucifères). Les fruits sont des siliques
comprimées à deux valves qui se roulent sur elles-mêmes (contrairement au
cresson des fontaines où les valves restent droites) et éclatent à maturité,
libérant de nombreuses graines petites et arrondies. C’est une plante
mellifère.
Cardamine amara
Cardamine amère.
Cette espèce aux eurs blanches est celle qui ressemble le plus au cresson
des fontaines (Nasturtium o cinale). Les feuilles basales ne forment pas de
rosette. Les étamines sont pourpre-violet. On la rencontre dans les fossés et
les bords de ruisseaux en Europe et en Asie occidentale.
Certaines d’entre elles ont des pétales si fugaces que des naturalistes des
siècles précédents les crurent apétales.
Cardamine hirsuta
Cressonnette, cresson des murailles, cresson des vignes.
Cardamine également à eurs blanches que l’on rencontre dans des terrains
nus et dont les feuilles basales sont disposées en rosette. Les étamines sont
jaunes. Répartie en Europe occidentale et méditerranéenne.
Histoire
Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver dans les textes anciens entre
cardamine, Sisymbrium et Nasturtium. Il n’est pas toujours aisé de savoir ce
que les Romains consommaient, de la cardamine ou du cresson ?
Probablement les deux. La cardamine des prés fut d’ailleurs un temps
nommée Nasturtium aquaticum. Ne pas confondre non plus le cresson
o cinal ou des fontaines (Nasturtium o cinale) avec le cresson alénois
(Lepidium sativum) appelé aussi Kardamon. Dioscoride et Pline parlent déjà
de Cardamina qu’ils associent, le premier au cresson aquatique, le second à
la berle (Berula erecta), aussi appelée sion ou cresson sauvage mais
appartenant à la famille des Apiacées.
Si le cresson aquatique ou o cinal passera au e siècle du statut de plante
sauvage à celui de plante cultivée, la cardamine restera dans l’ombre, connue
seulement dans les campagnes ou par des citadins initiés.
Originaire d’Asie ou d’Europe, elle fut introduite en Amérique du Nord au
e siècle seulement pour être cultivée et s’est naturalisée depuis. Il existe de
nos jours plus de 150 espèces de cardamine.
Toni ante et riche en vitamine C (surtout les feuilles), elle a remplacé les
antiscorbutiques et les eurs semblent avoir été utilisées dans des a ections
spasmodiques. On trouve trace dans des documents médicaux de
l’utilisation de décoction de Cardamine chelidonia (fausse-chélidoine). Dans
son récit de voyage, paru en 1778, Johann Reinold Forster rappelle que le
matelot atteint de scorbut a vite repéré, dès qu’il est à terre, la ou les plantes
adéquates et cite notamment « le cardamine sarmentosa ». Certains
pharmaciens préfèreront utiliser la cardamine au cresson. La cardamine a
des fonctions dépuratives.
Les plus anciennes représentations semblent dater des ouvrages de
botanique de Mathias de Lobel en 1576.
Utilisation en cuisine
Les feuilles de la rosette de base, plus tendres, sont consommées depuis
longtemps en salade à l’instar du cresson dont elles possèdent piquant et
amertume mais il faut savoir la reconnaître avant la sortie des eurs si l’on
veut en consommer les feuilles alors plus tendres. On en trouve d’ailleurs en
vente sur les marchés poitevins sous le nom de cressonnette. Les graines
peuvent être utilisées comme celles de la moutarde.
Les eurs possèdent également les mêmes atouts que les feuilles auxquels il
faut ajouter une très jolie couleur rose-violet. On évitera de les cuire si l’on
tient à conserver leur côté esthétique mais attention à bien les laver pour
éviter une éventuelle infection par la douve du foie. Une soupe à la
cardamine est délicieuse.
Les cardamines amara et hirsuta sont moins amères que la pratensis.
La recette la plus classique, que d’aucuns s’obstinent à appeler pesto bien
qu’il ne contienne ni basilic, ni fromage râpé, est celle d’une sauce qui
accompagnera des pâtes ou farcira des avocats.
Toasts à la cressonnette
pain de mie
1 fromage de chèvre ou de brebis frais
1 tasse de pétales de cardamine
20 pétales (décoration)
Soupe de cressonnette
1 botte de cressonnette, feuilles et eurs
4 pommes de terre
2 gousses d’ail
20 cl de crème eurette
80 cl d’eau
Centaurium
Comme Centaurea, l’origine du nom de genre est à relier au centaure
Chiron. La centaurée appartient à la famille des Gentianacées. Le genre est
divisé entre 50 et 100 espèces selon les auteurs.
Présentation botanique
Centaurium erythræa
Petite centaurée commune, petite centaurée rouge, érythrée, herbe à èvre,
herbxe à Chiron, panacée de Chiron, quinquina d’Europe, petite gentiane.
Petite plante herbacée annuelle ou biannuelle atteignant une trentaine de
centimètres de hauteur, aux feuilles basales en rosette, feuilles supérieures
ovales et opposées deux à deux en épis, vert pâle. Tiges quadrangulaires et
glabres. Fleurs rose saumon, rarement blanches, en forme d’étoile à cinq
pétales, réunies en cyme terminale. Étamines enroulées en spirale après
avoir éjecté leur pollen. Fruit en capsule allongée contenant de toutes petites
graines rougeâtres. Plante commune des prés et des talus.
Histoire
Originaire de l’Europe de l’Ouest, on la retrouve sur tout le pourtour
méditerranéen. Elle fut introduite en Amérique du Sud et en Australie. Elle
est connue des disciples d’Hippocrate, recommandée comme purgatif et
emménagogue. Dioscoride la nomme Kentaurion. Elle est assimilée à la
Graveolentia centaurea de Virgile. Pline rappelle que les druides
l’employaient contre les morsures de serpents, tout comme les Celtes.
Considérée rapidement comme fébrifuge, elle fut de tous les remèdes des
grands médecins du Moyen Âge, de Claude Galien à Mésué le Jeune en
passant par Avicenne. On lui trouva des vertus pour soigner le foie. Olivier
de Serres insiste sur ses pouvoirs à refermer les plaies. Pierandrea Matthioli,
évoquant son pouvoir fébrifuge, la compare au quinquina, plante qui la
poussera dans l’oubli. Le chirurgien français Guy de Chuliac la liste comme
plante contre l’obésité.
Proche de la gentiane, elle fut un temps appelée Gentiana centaurium mais
s’en sépara en raison du pouvoir de ses étamines à se tordre sur elles-mêmes.
Les eurs séchées, qui ont perdu leur odeur, sont utilisées en phytothérapie.
La petite centaurée est un stimulant digestif. C’est un tonique général. Elle
est utilisée également comme fébrifuge et comme diurétique. En local, c’est
un antiseptique.
Hildegarde de Bingen prenait régulièrement un vin blanc du Rhin à la
petite centaurée pour combattre l’inappétence.
Utilisation en cuisine
Fleur à odeur discrète et saveur amère rappelant celle de la gentiane jaune.
On peut en faire un vin apéritif ou une tisane, réalisée plutôt avec la plante
entière séchée.
Prunus
Nous avons vu avec l’amandier (p. 26) que le terme générique de Prunus
englobe di érentes espèces bien connues pour leurs fruits comestibles.
Chacun a son histoire.
En dehors des controverses des botanistes et des horticulteurs, les cerisiers
européens se divisent essentiellement en Prunus avium et Prunus cerasus,
deux espèces à partir desquelles sont nés des hybrides cultivés. Pour certains
botanistes, le cerisier doit appartenir au genre Cerasus et non Prunus.
Notons en n que le terme vernaculaire de cerisier est attribué à une kyrielle
de plantes qui sont sans rapport avec notre Prunus (ou Cerasus).
Le laurier-cerise au feuillage persistant, planté en haies, est bien, en
revanche, un Prunus (Prunus laurocerasus) et non un laurier (Laurus), aux
petites baies noires, mais il est très (amandes) ou faiblement (chair des baies,
feuilles) toxique, donc à rejeter.
Présentation botanique
En raison des di érends entre botanistes, le nombre exact d’espèces de
cerisier se situe dans les cent trente, présentes essentiellement en Asie
orientale.
Arbre pouvant atteindre 10 m de hauteur. Feuilles caduques, en ovale
allongé, à bord dentelé, alternes et pétiolées. Fleurs à calice en cloche, caduc
et découpé en cinq parties, corolle à cinq pétales, vingt à trente étamines, un
stigmate orbiculaire. Le fruit est une drupe charnue, glabre, à noyau lisse
marqué d’un angle plus ou moins saillant.
Prunus avium
Merisier, cerisier des oiseaux, cerisier des bois, cerisier sauvage, cerisiers
doux (formes cultivées).
Fleurs en ombelles sessiles, aux feuilles ovales lancéolées légèrement velues
en dessous. Fruits durs (bigarreaux, guignes).
Prunus cerasus
Cerisier acide, griottier, cerisier commun, cerisier vulgaire, cerisier
ordinaire.
Fleurs en ombelles pédonculées, feuilles glabres en dessous. Fruits griottes,
cerises aigres, cerises anglaises.
Prunus padus
Cerisier à grappes, merisier à grappes, bois-puant.
Il est plus proche du laurier-cerise dont nous venons de parler mais,
contrairement à lui, il est comestible. Il croît spontanément dans les bois
européens. Ses eurs blanches en longues grappes sont pendantes et non
dressées et ses petites drupes, rouge foncé puis noires à maturité, à très gros
noyau, douçâtres.
Quelle que soit l’espèce, les cerisiers préfèrent les régions tempérées froides.
Histoire
Le merisier sauvage Prunus avium est connu depuis le Néolithique et a été
retrouvé dans des sites archéologiques du Caucase à environ 400 AEC. On le
rencontre dans les vestiges de la cité lacustre Tasgetium près du lac de
Constance en Suisse, datée de 100 AEC à 300. On doit à éophraste, vers
300 AEC, la première description de ces cerises sous le nom de kerasos. Est-
ce la ville de Kerasum dans la région pontique au nord de la mer Noire
(aujourd’hui dans le nord-est de la Turquie) qui a donné le nom de cerasus
pour le cerisier ou l’inverse, comme le suggèrent déjà les auteurs du
Dictionnaire d’Histoire naturelle paru en 1816 ? La ville aurait pris ce nom en
raison des cerisiers qui poussaient dans ses environs. La légende veut que le
général romain Lucullus, lors de sa campagne militaire contre Mithridate
VI, roi du Pont, ayant découvert les cerises de cette ville, les aurait
rapportées avec lui à Rome en 68 AEC. Il s’agit alors de cerises douces car,
comme le signale Alphonse Pyrame de Candolle en 1882 dans l’Origine des
plantes cultivées, le cerisier existait déjà en Italie bien avant cette date.
D’ailleurs, dans le Banquet des Sophistes, le grammairien grec Athénée de
Naucratis cite l’hygiéniste grec Diphilus de Siphnos qui vante la
consommation de cerises qu’il nomme kerasia et dont il semble déjà exister
plusieurs variétés (ou espèces). Rappelons que le terme de kerasia peut
s’appliquer parfois au Prunus cerasus parfois au Prunus ursina. Pline en
donnera les premières descriptions pomologiques.
Plus à l’est, le cerisier des oiseaux n’était pas connu à l’époque biblique,
n’arrivant en Orient qu’à l’époque des Croisades pour disparaître ensuite avec
le sultanat mamelouk (1517). En Chine, où est présent et cultivé le Prunus
pseudocerasus ou cerisier chinois aux fruits acidulées, il n’arrive que plus tard,
et sera nommé cerisier étranger.
Prunus cerasus a une histoire plus courte, du moins pour ce que l’on en sait.
Il semble prendre naissance, selon la linguistique, dans le bassin des
Carpates et non en Russie comme cela a été pensé où, en revanche, croît
Prunus fructicosa, peut-être à l’origine du cerasus. Les premiers colons
hollandais l’ont emporté en Amérique et les cerisiers vont les suivre dans
leur déplacement vers l’ouest.
Si les preuves de la culture et de la consommation des cerises foisonnent au
cours des siècles, il n’en reste pas moins que les cerises seront consommées
avec leurs formes quasi originales jusqu’au e siècle. Le choix des formes
cultivées reposa sur les limitations climatiques, la préférence des fruits
(fermes ou non), sur la hauteur des arbres en raison de la mécanisation de la
récolte.
Il est di cile de dire qui a donné la première représentation de cerises ou
de cerisier. Peut-être est-ce la mosaïque gurant un panier de cerises
découverte dans une villa romaine à Cologne (Allemagne) et datée du er
siècle ? Au e siècle, plusieurs mosaïques romaines sont connues sur ce
thème. La plante dans sa totalité semble plus rare. On la rencontre dans un
Digeste italien du e siècle représentant une scène de cueillette du fruit. Il
faut attendre les travaux des botanistes des e et e siècles pour que les
Utilisation en cuisine
Les Japonais ne se contentent pas d’admirer les eurs de leurs cerisiers,
à défaut de fruits, ils les mangent. Les eurs exhalent un délicieux
parfum et les Japonais les mettent en saumure pour préserver parfum,
couleur et saveur.
Artichaut/Cynara
Artichaut vient du lombard articiocco, lui-même dérivé de l’arabe ardi chouk
ou « épineux terrestre ».
Le nom d’artichaut désigne la plante et sa partie comestible.
Le nom de genre Cynara est un emprunt au grec classique kynara signi ant
« cardon » ou « églantier » à moins que ce ne soit du grec kuon, kunos («
chien ») par comparaison entre les pointes épineuses de son calice et les
dents d’un chien.
Présentation botanique
Le genre Cynara contient aujourd’hui une dizaine d’espèces (entre 3 et 39
selon les auteurs), regroupées dans la tribu des Cynarées au sein de la famille
des Astéracées qui proviennent du pourtour méditerranéen et sont restées
des plantes de climat doux.
Cynara cardunculus var. scolymus
Artichaut commun, artichaut bleu.
Plantes annuelles ou pérennes de 50 cm à 2 m de hauteur. Forte tige
cannelée et grandes feuilles gris vert argenté, découpées, plus ou moins
épineuses, caduques. Involucre formé de nombreuses bractées appelées
improprement « feuilles » en cuisine. In orescence en capitule terminal,
formée de nombreux eurons allant du bleu au violet (« foin » de l’artichaut
avant son développement), insérés sur un réceptacle charnu.
Cynara humilis
Petit artichaut.
Cette espèce naine se rencontre en Espagne et sur les côtes du Maghreb.
Tige très courte et prolongée par une grosse tête de eurs violettes. Écailles
du calice raides, aiguës et ré échies au sommet. Feuilles blanches et
tomentueuses en dessous. Le réceptacle charnu est délicieux.
Histoire
L’histoire de l’artichaut ne peut être dissociée de celle du cardon. En e et,
les arguments botaniques donnent Cynara cardunculus spp. avescens
comme géniteur unique pour l’artichaut (sélection du capitule) et le cardon
(sélection des côtes). L’archéologie ne nous aide guère et l’on remonte
seulement à l’Antiquité avec les écrits de éophraste parlant des capitules
du pternix, de Columelle et de Pline qui s’en inspirent visiblement.
Columelle parle des capitules de cinara dans son De Re Rustica et en cite
deux variétés (à moins que ce ne soient que deux stades de développement).
Les Cynarées de Pline sont vagues quant à leur description mais, parlant
d’une culture nouvelle à Carthage et à Cordoue, le fait qu’il considère le
capitule de ces plantes comme monstrueux par sa taille penche en faveur de
l’artichaut cultivé. Les recettes données, tant par Columelle ou Pline ou
Apicius, attestent de la culture de l’artichaut dès le er siècle en Tunisie et
dans le sud de l’Espagne.
Des restes de consommations des bractées non épineuses et de réceptacles
de capitules dans trois sites romains en Égypte le con rment. On parle des
espèces sauvages de l’artichaut dans les œuvres des Arabes d’Andalousie
comme Ibn al-Baytar mais non dans les œuvres des Arabes d’Orient comme
Rhazès.
Les sites archéologiques européens livrent parfois des semences de cynara
comme adventices de cultures de céréales (peut-être consommées mais non
cultivées).
Il semble que l’artichaut ait migré au début du e siècle seulement en Italie
où il est signalé à Florence en 1466, à Gênes en 1493 et à Venise sept années
plus tard. On crédite Catherine de Médicis de l’apport en France lors de son
mariage en 1547 avec le roi Henri II (c’est son plat favori qui lui valut même
une indigestion), mais le terme artichaut apparaît dans la langue française
en 1530. Ce légume intéresse les Français qui vont l’adorer, peut-être
simplement pour sa réputation aphrodisiaque, mais pas tout de suite. Sa
culture est signalée en Languedoc dès le e siècle et il nourrira également
riches et pauvres deux siècles plus tard. Les Anglais l’essaient dès 1548 mais
le climat ne s’y prête guère et la culture périclitera.
L’artichaut gagne l’Amérique et plus exactement la Floride, en 1803,
introduit par les Français, et la Californie en 1848, introduit par les
Espagnols.
Contrairement à de nombreuses eurs, l’artichaut passera en cuisine avant
d’intéresser la sphère médicale qui se limitera de toutes façons à l’utilisation
de la « feuille » pour des a ections hépatobiliaires.
Les plus anciennes iconographies semblent être celles des mosaïques
romaines datées du e siècle conservées de nos jours au musée du Bardot à
Tunis. Les botanistes de la Renaissance en ont fait de nombreuses
représentations variées.
Utilisation en cuisine
La partie comestible de l’artichaut est en réalité un bouton de eur,
l’in orescence étant récoltée avant le développement des eurons. Il est
di cile de savoir si la consommation des œilletons a précédé ou a suivi celle
des capitules. Pline suggère de con re les carduii dans le miel et le vinaigre,
recette que l’on retrouve pour le capitule de l’artichaut entre les e et e
Artichauts à la barigoule
Les barigoules sont des champignons qui croissent sur les racines de
chardons. Les artichauts étaient préparés comme ces lactaires, c’est-à-
dire pieds coupés et grillés avec sel, poivre et huile d’olive. Ceux-ci ont
participé ensuite avec aromates et lardons à une farce pour des cœurs
d’artichauts évidés. Las, les champignons ont maintenant disparu de la
recette, ou plutôt des recettes car chaque Provençal a la sienne.
8 artichauts violets de Provence
150 g de lardons
1 oignon
2 gousses d’ail
2 carottes
12 cl de vin blanc sec
1 jus de citron
1 feuille de laurier
1 branche de thym
qqs brins de persil plat
Carline/Carlina
On prétend qu’elle doit son nom à Charlemagne, à moins que ce ne
soit l’œuvre de Charles-Quint, qui aurait guéri son armée de la peste.
Plante très épineuse, originaire d’Europe, qui se di érencie des
chardons vrais et des cirses par la présence de bractées extérieures
identiques aux vraies feuilles et de bractées intérieures simulant des
ligules. Les eurs tubulées sont au centre du capitule de couleur
argentée. Le réceptacle est couvert de paillettes.
Présentation botanique
Carlina acaulis
Carline acaule, artichaut sauvage, baromètre du berger, caméléon blanc,
cardonnette, chardon argenté, chardon doré, cardabelle, chardonnette.
Le nom d’acaule signi e que le capitule ne possède pas de tige (ou plus
exactement une tige très courte) et repose directement sur la rosette de
feuilles.
Certains de ses noms vernaculaires les plus connus sont liés au fait
qu’elle se referme sur elle-même à l’approche du mauvais temps. C’est
pourquoi on l’accrochait à la porte des granges dans les campagnes.
Attention en France, dans certaines régions, elle est une espèce en
partie protégée. Attention également à ne pas la confondre avec le
chardon à glu également acaule (Carlina gummifera), toxique et mortel.
Carlina acanthifolia
Carline à feuilles d’acanthe, chardonnette, chardousse.
Elle di ère de la carline acaule par ses eurs plus grandes et par les
écailles extérieures du calice, raides, épineuses et d’un pourpre noirâtre.
La eur semble reposer directement sur la racine (d’où un temps sa
confusion avec la carline acaule).
Utilisation en cuisine
En Bretagne, le lait était caillé grâce à la eur d’artichaut sauvage
appelée chardonnette et prenait le nom de caillebotte (voir le Petit traité
du yaourt de l’auteure, p. 12). Jeune, la carline acaule peut se manger à
la manière des artichauts après avoir enlevé les « feuilles » épineuses
extérieures. En Isère, le cœur, appelé chardou, était consommé comme
le cœur d’artichaut. Les bergers, en montagne, mangent les réceptacles
de la carline à feuilles d’acanthe ou les con sent au miel et au sucre.
Cirse/Cirsium
Présentation botanique
Les cirses sont très souvent confondus avec les chardons vrais
(Carduus) dont ils di èrent surtout par les aigrettes de leurs fruits
appelées pappus, formées de poils soyeux et plumeux. Comme chez les
chardons, les in orescences sont souvent roses ou pourprées. Le genre
comprend plus de 200 espèces vivaces ou biannuelles des prairies des
zones tempérées de l’hémisphère nord.
Cirsium vulgare
Cirse commune, cirse lancéolée, chardon vulgaire.
Grande plante pouvant atteindre plus d’un mètre de hauteur, aux tiges
épineuses et aux eurs rose violet.
Ainsi aussi de Cirsium oleraceum (cirse faux épinard, cirse des
maraîchers) à eurs blanc crème à jaune pâle, Cirsium palustre (cirse
des marais) à tige dressée épineuse, laineuse, feuillue jusqu’en haut et à
eurs violet pâle, Cirsium eriophorum (cirse laineux) à feuilles très
épineuses et eurs à gros capitule et Cirsium monspessulanum (cirse de
Montpellier) à feuilles dentelées non épineuses, capitules petits et
rapprochés, eurs purpurines et qui se rencontre surtout dans les
régions chaudes (sud de la France, Espagne, Italie, Algérie).
Utilisation en cuisine
Connue depuis 2 000 ans dans la pharmacopée chinoise, Circium
japonicum fait partie du patrimoine culinaire de ce pays dont les
habitants consomment ses racines.
Les jeunes pousses, les feuilles, les tiges épluchées et les réceptacles des
di érentes espèces citées peuvent être mangés comme ceux des
artichauts. Choisir les réceptacles de « grande taille ». Le travail de
préparation est assez fastidieux, mais leur saveur, très ne, le justi e.
Chèvrefeuille
Chèvrefeuille, voilà un terme qui semble facile à expliquer, et pourtant…
Les chèvres aimeraient brouter les feuilles de cette plante, disent les uns.
Plante grimpante ou plante chèvre, selon Rémy de Gourmont en 1899 qui
explique que caprea dé nit, selon l’écrivain romain Varron la vrille de la
vigne. Le révérend Abram Smythe Palmer nous donne une autre explication
dans son livre, Folk-Etymology paru en 1882. Chèvrefeuille ne viendrait pas
du latin caprifolium mais de capparifolium, autrement dit « plante à feuille de
câprier ». Il peut y avoir e ectivement une certaine ressemblance entre ces
feuilles mais une telle utilisation dans les textes latins reste encore à trouver.
Selon Alain Rey, le mot de chèvrefeuille serait apparu en français pour la
première fois vers 1180 sous la nomination de chievrefeuille. En fait, l’on
trouve aussi chevrefoil en dialecte anglo-normand dans les lais de la poétesse
Marie de France, écrits avant 1180, dont le lai du chèvrefoil qui raconte
l’histoire des amours indestructibles de Tristan et Iseult, tel le chèvrefeuille
enroulé autour d’une branche de coudrier.
Lonicera
C’est à Charles Plumier, et non à Carl von Linné, que l’on doit, en 1703 dans
son Nova plantarum americanarum genera, le terme de Lonicera qu’il dédie
au botaniste allemand Adam Lonitzer. Le genre appartient à la famille des
Caprifoliacées.
Présentation botanique
Plusieurs sortes de chèvrefeuilles sont reconnues : les espèces grimpantes à
feuillage persistant (asiatiques) ou caduc, ces dernières étant très parfumées,
et les espèces arbustives, à port dense aux eurs en forme de clochettes. Aux
nombreuses espèces connues (plus de 110), s’ajoutent les variétés hybrides
plus récentes. Plusieurs d’entre elles sont considérées comme invasives dans
leurs contrées d’adoption.
Certains auteurs proposent de réserver le nom de chèvrefeuille aux formes
grimpantes et camérisier aux autres espèces dont en particulier Lonicera
cærulea var. kamtschatica appelée aussi baie de mai ou camérisier bleu,
originaire de Sibérie, aux baies comestibles contrairement à celles des
chèvrefeuilles grimpants.
Lonicera periclymenum
Chèvrefeuille des bois.
Pousses volubiles pouvant s’enrouler autour des arbres en étranglant leur
support. Feuilles opposées, caduques, elliptiques (ovales presque rondes) à
pétiole très court ou absent, jamais réunies à la base. Fleurs en in orescences
terminales, pédonculées, blanc jaunâtre ou rougeâtre, parfumées. Corolle en
tube étroit terminé par deux lèvres, la supérieure quadrilobée. Fruit ovoïde
rouge légèrement toxique.
Lonicera caprifolium
Chèvrefeuille des jardins, chèvrefeuille italien, pentecôte.
Port grimpant, feuilles caduques, opposées, ovales, celles de la partie haute
fusionnées en coupe. In orescences enchâssées dans ces coupes. Fleurs
semblables au chèvrefeuille des bois, très parfumées, en bouquet terminal.
Baies globuleuses rouges, toxiques.
Lonicera sempervirens
Chèvrefeuille de Virginie.
Originaire d’Amérique du Nord. Feuillage persistant (parfois caduc selon le
climat). Feuilles opposées, ovales, engainantes pour les supérieures. Fleurs
tubulaires oranges à rouges et étamines saillantes jaunes, sans odeur. Baies
rouge vif.
Lonicera japonica
Chèvrefeuille du Japon, eur d’argent et d’or.
Feuillage persistant à semi-persistant. Fleurs très parfumées. Baies noires.
Introduit en Angleterre au début en 1806 par un jardinier écossais, William
Kerr. Si le chèvrefeuille existait de longue date en Amérique, l’introduction
en 1862 par un médecin américain, George Hall, de cette variété plus
vigoureuse fut un véritable allien, la plante étant considérée comme invasive,
tout comme en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Europe du Sud-Est.
Lonicera etrusca
Chèvrefeuille d’Étrurie.
Originaire de Toscane, au feuillage semi-persistant vert grisâtre, aux feuilles
supérieures soudées par deux, aux eurs parfumées jaunâtres teintées de
rose, groupées en trois têtes terminant les tiges, aux baies toxiques.
Lonicera tatarica
Chèvrefeuille de Tatarie.
Originaire du sud de la Russie (Tatarie). Feuilles caduques, opposées,
oblongues, vert foncé à la face supérieure, glauque à la face inférieure. Fleurs
rose pâle à rouge carmin, regroupées par paires. Baies écarlates à jaune
orangé. Floraison printanière.
Histoire
Les chèvrefeuilles sont des plantes de régions tempérées d’Asie, d’Europe et
d’Amérique. Connus en Chine de longue date, ils semblent mentionnés pour
la première fois dans le Ben cao jing ji zhu (Variorum du classique de la
pharmacopée) écrit vers 500 par Tao Hongjing. En France, c’est Marie de
France (voir ci-avant) qui en parlera la première en racontant des légendes
bretonnes.
Dès l’Antiquité, considéré comme vulnéraire, il est utilisé en cataplasme. Il
apparaît doté de propriétés diurétiques et antiseptiques. Il soignait la sphère
respiratoire, angines et toux, la sphère hépatique et les états dépressifs.
Présent également dans le Nouveau Continent, le chèvrefeuille ne semble
pas, à notre connaissance, avoir intéressé les Aztèques ou les Incas mais les
Amérindiens l’utilisent régulièrement pour des soins. Au sud, Chili et Pérou,
le père Louis Feuillée parlera d’un Periclymenum que les autochtones
transformaient en teinture mais celui-ci, un temps considéré comme un
chèvrefeuille, a rejoint le genre Tristerix et la famille des Lorantacées.
La plus ancienne guration connue du chèvrefeuille semble être celle de la
peinture trouvée dans la Maison des fresques à Cnossos en Crète, datée
d’environ 1500 AEC, mais il faut ensuite attendre le Manuscrit de Vienne de
Dioscoride, daté 512, pour y trouver une représentation, graphiquement
plutôt curieuse au demeurant, d’un chèvrefeuille qui sera rapporté à
Lonicera etrusca, alors que celle de Pierandrea Matthioli en 1544 traitant du
Periclymenum (plante qui s’enroule autour des autres) de ce précédent auteur
est nettement plus réaliste. L’année précédente, Leonhart Fuchs avait lui aussi
parfaitement guré ce Periclymenum mais d’autres l’ont fait aussi avant lui.
Ainsi de ce superbe manuscrit intitulé Manfredus de Monte Imperial Liber,
daté d’environ 1390, d’un médecin, Manfredus de Monte Imperiali, qui
représente un Periclimenos. En revanche, le Periclimenos, dit aussi
Matrisylea, du botaniste allemand Otto Brunsfels dans son Herbarium vivæ
eicones de 1530 ressemble plus à un Stellaria qu’à un Lonicera.
Utilisation en cuisine
On lit régulièrement que le chèvrefeuille fait partie des plantes toxiques. Si
cela est vrai pour ses baies, il n’en est rien des eurs, très parfumées, qui
aromatisent salades, crèmes ou glaces, par infusion ou en sirop.
On peut faire des beignets de eurs avec la même pâte que ceux des
beignets d’acacia ou en faire une gelée (compter 400 g de eurs pour quatre
pots).
En Grande-Bretagne, on fait du vin à base de eurs de chèvrefeuille.
Gâteau au chèvrefeuille
1 yaourt nature
180 g de sucre
1 sachet de sucre vanillé
3 œufs
125 g de farine
½ sachet de levure chimique
6 cl d’huile
¼ cc de sel
200 g de eurs de chèvrefeuille
Cichorium
Le genre Cichorium comprend 6 ou 7 espèces que l’on rencontre à l’état
sauvage dont Cichorium intybus ou chicorée amère des chemins mais
également mise en culture et dont, parmi les nombreuses variétés qui en
sont issues, la variété foliosum, appelée chicon dans le nord de la France.
Cichorium endiva est inconnue à l’état sauvage. De nombreuses variétés sont
à l’origine de la scarole et de la frisée. La chicorée appartient à la famille des
Astéracées. Seule Cichorium intybus nous intéresse ici.
Présentation botanique
Cichorium intybus
Chicorée sauvage, chicorée amère, laiteron, yeux-de-chats, tordmidi.
C’est une plante herbacée pouvant atteindre un mètre de hauteur, à racine
pivotante. La tige poilue, pubescente, secrète un latex blanc. Elle présente
trois types de feuilles, celles de la base, grandes et à plusieurs lobes, celles des
tiges plus petites et lancéolées, embrassantes, et les supérieures réduites à des
bractées. Les eurs bleu azuré, parfois mauve rosé ou presque blanches,
crantées à leur extrémité, toutes ligulées, sont réunies en capitules. Le
réceptacle est nu ou garni de poils. Le fruit (akène) brun foncé, aplati, est
recouvert d’une couronne de poils. Les eurs héliotropiques (qui suivent le
soleil) sont ouvertes de l’aube jusqu’à midi.
La chicorée sauvage croît en Europe dans les terrains incultes et les bords
des chemins.
Ne pas confondre Cichorium intybus avec la laitue bisannuelle (Lactuca
biennis), plus grande, aux eurs blanches ou bleu très pâle, plus petites.
Histoire
La chicorée gure au panthéon des remèdes médicaux du papyrus d’Ebers
(1534 AEC), ce qui à notre connaissance représente sa première
signalisation mais on di érencie déjà la chicorée des champs, sauvage, de
celle des jardins, cultivée. On la retrouve plus tardivement dans les écrits du
poète comique grec Aristophane et dans les Odes d’Horace publiées vers 23
AEC (lequel se contente de manger olives, chicorée et mauves), dans ceux
des naturalistes comme éophraste ou des médecins grecs comme
Erasistrate (dont les propos sont rapportés par Claude Galien) ou
Dioscoride. Tous en vantent son utilisation médicale notamment dans les
maladies du foie et des intestins. Pline en parle longuement. La chicorée est
tellement prisée qu’elle est surnommée chreston (« utile ») par certains
Romains, pancration (« tout puissant ») par d’autres. Si ses qualités
médicales sont mises en avant, elle est aussi, dès cette époque, un mets
apprécié.
Juifs et Arabes ne la dénigrent pas, loin de là, les premiers la nommant oles
(il est possible que la chicorée fasse partie des plantes amères de la Bible
mais elle n’est pas citée), les seconds hindabâ. Rhazès préfère la chicorée
sauvage à la cultivée, Avicenne et Ibn al-Baytār consacrent chapitre ou
monographie à son sujet et Al-Ghâ qî la prescrit en ophtalmologie.
La chicorée fait partie des plantes médicinales du Capitulaire De Villis, paru
à la n du e siècle ou au début du e, qui doivent être cultivées dans les
jardins. L’abbesse allemande Hildegarde de Bingen, au e siècle, en fait
l’éloge dans sa Physica. La chicorée gurera ensuite dans quasiment tous les
ouvrages médico-botaniques, parée de toutes les vertus.
Prosper Alpin est le premier Européen à comparer la saveur de la décoction
de chicorée à celle du café mais à base de racine torré ée, laquelle racine
était déjà consommée sous cette forme en apéritif par les anciens Égyptiens.
La chicorée gagne le Nouveau Continent avec les conquistadors, où elle se
naturalise. On la décrit en Équateur au e siècle, aux Antilles au e, en
Colombie, en Guyane française et au Surinam au e mais sans qu’elle soit
particulièrement appréciée des Amérindiens.
Dès 1600, en France comme en Italie, débute le blanchiment du cœur pour
réduire, voire supprimer son amertume. Cet intérêt gastronomique se fait en
parallèle avec l’intérêt médical. Il connaîtra un fort développement lors du
blocus instauré par Napoléon Ier empêchant le café d’arriver en France.
La plus ancienne représentation d’une chicorée serait celle du célèbre Codex
vindobonensis de Dioscoride, daté de 500 environ. On la retrouve imprimée
pour la première fois en 1485 dans Hostus sanitaris du médecin et herboriste
allemand Jean de Cuba ou en 1505 dans les Grandes Heures d’Anne de
Bretagne sous le nom de Sicorea.
Utilisation en cuisine
Toutes les parties de la plante sont amères. Nous avons vu que feuilles et
racines furent les éléments de la plante utilisés tant en médecine qu’en
cuisine. Cependant, les eurs furent aussi consommées comme en
témoignent des vases en céramique anciens, nombreux chez les apothicaires,
qui ont contenu de l’eau de chicorée (Aqua cichorii) obtenue par distillation
de feuilles ou de eurs seules, ou d’autres destinés aux conserves de eurs de
chicorée (Conserva cichorii ex oribus).
Aujourd’hui, outre feuilles et racines, les eurs, récoltées tôt au printemps,
intéressent la cuisine par leur magni que couleur bleue qui colorent
harmonieusement une salade et apportent – à ceux qui aiment – un peu
d’amer. Les boutons oraux peuvent être con ts au vinaigre (voir p. 261) et
se consommer comme des câpres, en salade, avec du poisson (raie, saumon)
ou accompagner des viandes froides.
Cuire les œufs en dur. Les écaler et les couper en deux dans le sens
du plus grand diamètre.
Retirer les jaunes et les mélanger aux anchois coupés en très petits
morceaux, au beurre ramolli, à la moutarde. Ajouter les eurons de
chicorée (en réserver quelques-uns pour la décoration). Ne pas saler.
Remplir les blancs d’œuf avec cette farce. Décorer des eurons
réservés et servir sur un lit de mâche.
Brassica
Brassica vient du grec prasikê, « légume par excellence ». Le nom latin du
chou se retrouve dans le celtique bresic ou brassic. Il est à l’origine de la
famille des Brassicacées.
Présentation botanique
Qui ne connaît pas le chou ou plutôt les choux ? Mais peu de gens
reconnaîtraient l’ancêtre du chou en tant que tel. « Les choux m’ont toujours
fait penser à ces familles nombreuses où l’on voit représentés les types les
plus variés de l’humanité. Il en est de géants et de nains, de ventrus comme
des nanciers et de grêles comme des poètes incompris ; certains s’adornent
de frisures aux boucles robustes, d’autres ont la calvitie des vieux savants,
apitoient par la teinte chlorotique de leurs tissus ou par les gibbosités qui,
tels des engorgement strumeux, déforment leur anatomie : si la plupart
portent l’habit vert des académiciens, quelques-uns, les privilégiés de la
famille chou, arborent le violet épiscopal ou la pourpre cardinalice... » écrit
avec truculence le docteur Henri Leclerc en 1927 dans son ouvrage Les
légumes de France.
Quatre formes sauvages que l’on trouve encore de nos jours sur les côtes
atlantiques, dans les îles Baléares, en Sardaigne et en Grèce, sont
probablement à l’origine de toutes nos formes de choux cultivées.
Les choux sont pour nous des légumes dont on mange les feuilles. Certains
présentent une tige atrophiée et les feuilles forment respectivement une
pomme plus ou moins serrée ou restent détachées, lisses (chou pommé,
chou vert, chou blanc, chou rouge) ou frisée (chou vert, chou de Milan).
Chez le chou-rave, la tige s’est au contraire fortement développée. D’autres
encore (chou-kale, chou-palmier, chou de Bruxelles) présentent des
développements di érents de ces parties. Tous ces choux, européens, sont
considérés comme des sous-espèces de Brassica oleracea. À côté d’eux se
rencontrent des choux asiatiques (bok choy, pe-tsaï) qui appartiennent à
l’espèce Brassica rapa (à qui appartient aussi le navet), mais le gai-lan, appelé
aussi chou chinois, appartient à l’espèce oleracea. Entre sous-espèces et
variétés et sachant que les espèces ont souvent changé de nom au cours des
temps et parfois encore récemment, leur appellation n’est pas des plus
simples. D’un auteur à l’autre, les variétés de chou sont attribuées à des
espèces, sous-espèces ou variétés di érentes.
Seuls sont présentés ici ceux dont on consomme les eurs, c’est-à-dire :
les choux- eurs (dont les choux romanesco) et les brocolis dont la diversité
provient de la modi cation de l’appareil reproducteur et non des tiges ou des
feuilles ;
certains choux pommés comme les choux rouges que l’on peut laisser
monter en eurs ;
le chou marin qui n’appartient pas au genre Brassica mais à celui de Crambe.
Histoire des choux
Bien que sans preuve formelle, on considère que le chou a dû être
consommé dès la préhistoire, chou sauvage cela va sans dire, et
probablement pour ses feuilles. Les Chinois connaissaient et cultivaient les
choux depuis, dit-on, 7 000 ans mais les preuves écrites sont du e siècle.
Dès l’Antiquité, on le retrouve déjà cultivé chez les Grecs et surtout chez les
Romains. On dit que Diogène s’en nourrissait presque exclusivement, Caton,
qui refusait sa con ance aux médecins, lui accordait des propriétés
merveilleuses pour se soigner et Pythagore a composé un traité sur ses
vertus médicales prouvant une certaine ancienneté de ce légume. Il était
con t dans du vinaigre.
Selon Magdeleine Tousaint-Salmas, le premier texte à faire mention des
choux serait le Traité des Herbages d’Eudème d’Athènes. On connaissait déjà
le chou cabu, le chou frisé et le brocoli. D’une manière générale, le chou était
considéré comme remède pour préserver de l’ivresse. Ses feuilles étaient
utilisées comme cicatrisant.
Au Moyen Âge, il devient aliment de base des paysans surnommés ventre-à-
choux. Hildegarde de Bingen décrit ses propriétés mais elle semble assez
isolée sur ce chapitre. Très vite, le chou ne se cantonne plus à l’alimentation
des plus pauvres et gagne des tables plus riches. Il soigne une kyrielle de
maux. Il est reconnu également comme aliment prévenant le scorbut et
voyage, fermenté, lors des grandes expéditions navales.
Par ses nombreuses variétés consommables tout au long de l’année, les
choux d’abord encensés ont perdu de leur attrait culinaire, probablement en
raison de leur odeur déplaisante lors de la cuisson et l’arrivée d’autres
légumes comme la pomme de terre. On s’y intéresse de nouveau en raison
de ses propriétés médicales et de variétés de plus en plus originales quant à
la présentation. Quelle que soit la variété, le chou est excellent dans les
régimes amaigrissants.
Crambe
Crambe maritima
Chou marin, chou maritime, chou de mer, crambé, chourbe.
Le chou marin n’appartient pas au genre Brassica même s’il fut appelé
un temps Brassica maritima. Il est spontané sur le littoral de l’Europe
occidentale et de la mer Noire. Vivace, il peut atteindre 70 cm de
hauteur. Les feuilles sont vert blanchâtre à bleuâtre, charnues, ondulées,
aux bords profondément découpés. Les eurs, petites, blanches au
cœur parfois rosé, légèrement odorantes, apparaissent au printemps en
petites grappes. Plante très mellifère. Fruit en silique sub-sphérique ne
renfermant qu’une seule graine.
L’espèce est protégée mais peut être cultivée dans votre jardin à
condition de lui apporter du sel marin à l’entrée de l’hiver.
Histoire
Il semblerait que le chou marin ait été connu des Grecs et de Romains
si toutefois l’on écoute Pline quand il parle non pas d’un crambe qui est
un chou pommé cultivé ou, plus probablement, le crambe de Tatarie
(Crambe tatarica) consommé pour sa racine, mais d’un chou herbacé
nommé « halmyride parce qu’il ne vient que dans les lieux maritimes ».
Cet auteur signale sa conservation pour de longues navigations, privé
d’air et de lumière. Sans cette privation, le chou marin est extrêmement
âcre, ce que Jacques Dalechamps qui, en 1587, le décrit et le gure (sous
le nom erroné de Brassica marina), ne savait pas. Il est d’abord cultivé
par les Anglais au e siècle et mis au siècle suivant sous cloche à
Moutarde et colza
Les moutardes, Brassica nigra, Brassica juncea, Sinapsis alba et Sinapsis
arvensis ont été décrites dans le Grand traité des épices essentiellement
pour l’utilisation de leurs graines. Mais il est dit que « les eurs se
mangent crues en salade et donnent un goût d’abord sucré puis
dégagent une note safranée avant d’être piquante ».
L’origine du colza, Brassica napus, espèce qui comprend également le
rutabaga, reste obscure, hybride naturel probable entre un chou
(Brassica oleracea) et une navette (Brassica rapa spp. oleifera) et qui
intéressa surtout pour ses propriétés oléagineuses et la fabrication de
tourteau. Ses eurs sont très odorantes, miellées et… mellifères. Elles
sont intégrées entières ou hachées. Elles accompagnent très bien des
poissons blancs comme le cabillaud.
Chrysanthemum
Chrysanthemum vient du grec chrysos, « or », et anthemos, « eurs »,
caractérisant des eurs d’or, c’est-à-dire jaunes.
Toutes les eurs d’Europe, d’Afrique ou d’Amérique appelées
Chrysanthemum (ou Chrysanthemon) avant le e siècle ne sont pas de
vrais chrysanthèmes et ont d’ailleurs été attribuées depuis par les botanistes
à d’autres genres… mais le langage vernaculaire persiste. Ainsi du
chrysanthème couronné dit aussi chrysanthème des moissons, anciennement
Chrysanthemum coronarium devenu Glebionis coronaria. À l’inverse,
Chrysanthemum parthenium, maintenant Tanacetum parthenium, est resté
une camomille et Chrysanthemum leucanthemum, maintenant
Leucanthemum vulgare est resté notre marguerite. On pourrait en écrire des
pages sur chrysanthèmes qui appartiennent à la famille des Astéracées.
Présentation botanique
Chrysanthemum indicum
Chrysanthème des Indes.
Plante vivace pouvant atteindre 90 cm de hauteur, aux feuilles alternes,
entières ou à bord denté, odorantes si froissées. Les eurs, jaunes, de deux
sortes, sont groupées en capitules d’une quinzaine de centimètres de
diamètre, les eurons périphériques femelles, ligulées à trois lobes, sur une
rangée, les eurons centraux hermaphrodites, tubulaires, jaunes, à cinq
lobes. La base du capitule (involucre) est composée de quatre à cinq rangées
de bractées au bord translucide. En culture, ce réceptacle se charge de
paillettes, ce qui la t placer par certains auteurs parmi les Anthemis. Le fruit
est un akène sans aigrette. Elle se rencontre à l’état sauvage et cultivé en
Chine d’où elle est originaire et fort appréciée culinairement par les
indigènes.
Chrysanthemum x hortorum
Chrysanthème d’automne, des euristes, pomponette.
Cette espèce n’a pas de valeur botanique et représente toutes les variétés
hybrides de nos euristes qui trouveraient leur origine dans Chrysanthemum
indicum et Chrysanthemum morifolium originaires de Chine et du Japon.
Ce sont des annuelles, rustiques ou vivaces, herbacées ou sous-arbrisseaux,
aux feuilles entières, au bord denté ou découpé, aux eurons tubulés et
ligulés ou tous ligulés. Elles eurissent à l’automne dans nos régions.
Glebionis
Nom emprunté au latin gleba signi ant « sol, terrain cultivé », en référence
à la présence en abondance de cette plante en bordure des champs. Le nom
fut créé par le magistrat et botaniste français Alexandre Henri Gabriel de
Cassini, en 1826.
Présentation botanique
Glebionis coronaria
Chrysanthème couronné, à couronne, des jardins, comestible, marguerite
couronnée.
Cette espèce ne fait plus partie des Chrysanthemum mais elle a gardé
comme nom vernaculaire celui de chrysanthème. Contrairement aux vrais
chrysanthèmes, elle n’est pas originaire de Chine mais du pourtour
méditerranéen et a été exportée vers l’Empire du Milieu par les marchands
arabes à l’époque de la dynastie des Song (960-1279).
C’est une annuelle aux eurs blanches et jaunes qui deviennent doubles en
culture, et au feuillage n.
Glebionis segetum
Chrysanthème des moissons, marguerite jaune, dorée, jaunet, mirliton
bâtard, souci des blés, chrysanthème des blés.
Plante annuelle pouvant atteindre 60 cm de hauteur, eurissant de mai à
octobre, aux feuilles simples, à bord fortement denté, vert bleuté, au capitule
large pouvant atteindre 5 cm, composé de eurons d’un jaune soutenu. Les
eurs peuvent fournir une teinture jaune.
Histoire
Selon certains auteurs du e siècle, les chrysanthèmes étaient déjà cultivés
en Chine depuis 5000 ans AEC. Cependant, il faut attendre les écrits de
Confucius qui évoquent cette eur qui éclot à la n de l’été et la publication
du premier ouvrage médical chinois, le Shen Nong Ben Cao Jing (Materia
medica), considéré comme écrit au er siècle, pour trouver trace du ju hua ou
os Chrysanthemi, herbe médicinale supérieure avec déjà la description de
trois variétés. Une légende datant de la dynastie Han (206 AEC-220) lui
attribue le pouvoir de longue vie, voire d’immortalité. Dès le e siècle, le
chrysanthème devient une plante ornementale.
La contemplation des chrysanthèmes à l’automne, tout comme le fait de
boire de l’alcool de cette eur que l’on observe lors de la fête du double yang
chez les Chinois (dernière lunaison de l’automne), semblent dater de la
dynastie des Jin (265-420) avec la philosophie du poète Tao Yaunming qui t
de ces eurs et de ce vin ses symboles personnels du renoncement matériel.
Les chrysanthèmes à petites eurs arrivent dans l’archipel nippon au e
siècle au cours de la période Heian (794-1185) où, de plantes médicinales ils
vont vite, par culture et hybridation, se di érencier et devenir eur nationale
chérie par l’Empereur au point d’apparaître sur le sceau impérial, composée
de seize pétales doubles, encore présente sur les documents o ciels tels que
les passeports. Jumpo, ls d’un seigneur féodal de l’époque et peintre à ses
heures, réalisa, en 1519, un livre d’illustrations appelé Gakiku présentant, à
côté de poèmes, cent variétés de chrysanthèmes.
S’il est vrai que le capitaine de navire français Pierre Blanchard subtilisa des
chrysanthèmes au Japon (ils étaient considérés comme eurs sacrées et
protégées) pour les con er en 1789 à l’abbé omas d’Audibert de
Ramatuelle qui les propagea en France et en Angleterre, il ne fut pas, sans
nier son importance dans ce domaine, le premier à faire connaître ces eurs
en Europe. Les Hollandais, par l’entremise de la Compagnie hollandaise des
Indes orientales, installée au Japon dans la petite île arti cielle de Dejima
proche de Nagasaki, avaient déjà importé chez eux, vers la n du e
Faire revenir les oignons émincés, l’ail, les champignons, les carottes
râpées et les tubercules de cerfeuil ou de persil coupés en petits dés.
Mettre la brioche à tremper dans un peu d’eau chaude.
Ajouter les olives vertes grossièrement hachées, la brioche égouttée
et la graisse végétale. Poursuivre la cuisson à feu doux 10 min environ.
Hors du feu, ajouter le piment doux d’Espagne haché, les herbes et
les eurons de seize chrysanthèmes. Mélanger et réserver pour
refroidissement.
Mixer, recti er l’assaisonnement et tasser dans un moule à manqué
tapissé d’un lm alimentaire.
Au moment de servir, retourner le pâté sur un lit de roquette.
Garnir avec les in orescences réservées.
Gukhwajeon
Les hwajeon sont des petits gâteaux de riz sucrés de la cuisine
coréenne, consommés à l’origine au printemps ou à l’automne lors
d’une fête appelée hwajeon nori. Au printemps, les jindallae hwajeon
avaient pour ingrédient oral traditionnel les eurs d’azalée, en
automne, ce sont les chrysanthèmes qui participaient au gukhwajeon,
mais de nos jours di érentes eurs sont utilisées selon leur disposition.
Papaver
L’étymologie de papaver semble plus obscure que celle de coquelicot. Joseph
Pitton de Tournefort, dans ses Elemens de Botanique, publié en 1694, fait
dériver papaver de papa, mot celte qui « signi e la bouillie dont on nourrit
les enfans, & dans laquelle autrefois on méloit de la semence de pavot ». Le
mot papaver fut au préalable populaire avant de devenir scienti que. Il fut
traduit par « pavot ».
Présentation botanique
Il existe, dans la famille des Papavéracées, une cinquantaine d’espèces de
Papaver dont les relations entre elles ne sont pas très claires, ce qui installe le
doute sur certaines déterminations.
Papaver somniferum, productrice d’opium, a déjà été présentée dans le
Grand traité des épices de l’auteure. Elle est surnommée « pavot » (mekon en
grec) mais jamais « coquelicot ». C’est un cultivar qui n’existe pas à l’état
réellement sauvage (sans son interaction avec l’Homme, le pavot somnifère
n’existerait pas).
Plusieurs espèces de nos régions portent le nom de coquelicot mais aussi
celui de pavot, di érenciables entre elles par leur fruit en capsule couverte
d’une couronne dentelée, mais de forme variable et hérissée de poils ou
glabre. Les coquelicots libèrent un latex blanc ou jaunâtre de leur tige
lorsque celle-ci est cassée. Le coquelicot bleu de l’Himalaya, appelé aussi
pavot bleu du Tibet, n’est plus un Papaver mais un Meconopsis. Les
coquelicots-pavots les plus courants dans nos régions sont nommés aussi
pavots des moissons indiquant leur origine messicole.
Papaver argemone
Coquelicot argémone, pavot argémone.
Ses pétales sont rouges un peu orangés avec généralement une tache noire à
leur base. La capsule, hérissée de poils, est de forme allongée. Les feuilles
sont divisées en segments étroits. Cette espèce se rencontre dans les lieux
pierreux ou sablonneux.
Papaver hybridum
Coquelicot hybride, pavot hybride, pavot hispide.
Contrairement à ce que laisse penser son nom, ce n’est pas un hybride entre
deux espèces mais bien une espèce messicole à part entière. Les pétales sont
rouges tachés de violet sombre à la base, les anthères sont bleu violacé, la
capsule de forme ovale, courte, est hérissée de poils arqués et les feuilles sont
découpées. Les sépales ne tombent pas au moment de la oraison
contrairement à ceux des autres espèces. Elle se rencontre dans les cultures
et les décombres au sud de la Loire.
Papaver dubium
Coquelicot, coquelicot douteux, pavot douteux.
Les pétales sont rouge orangé souvent tachés de noir à la base, les capsules,
glabres, sont de forme allongée, les poils sont appliqués à la tige. Plus petite
que Papaver rhœas, elle en di ère par ses quatre pétales qui ne se
chevauchent pas. Cette espèce se rencontre dans les cultures et les terrains
fraîchement retournés.
Papaver rhœas
Coquelicot, coquelourde, ponceau, pavot sauvage, mahon, pavot des
moissons, pavot rouge, chaudière-d’enfer, gravesolle, pavot erratique. Eugène
Rolland, dans sa Flore populaire parue dès 1896, donne environ 500 noms
vernaculaires pour dé nir cette seule espèce.
Les tiges, dressées, atteignant 60 cm de hauteur, sont couvertes de poils. Les
feuilles opposées, sans pétiole, sont découpées et velues. Les eurs solitaires,
à quatre pétales, présentent des capsules pourvues d’ouvertures laissant
échapper, à maturité, des graines menues, noires ou rouge sombre. Elle se
rencontre dans les cultures et les terrains fraîchement retournés. Ce
coquelicot est connu en France depuis l’époque de l’Âge de fer.
Histoire
L’origine géographique du coquelicot reste incertaine dans la mesure où les
plus anciennes découvertes archéologiques et historiques semblent presque
toujours être liées à une utilisation de drogue et donc probablement à
l’opium. Les traces les plus anciennes du genre Papaver sont localisées, d’une
part, sur des tablettes sumériennes datées d’environ 2100 AEC (mais tous les
archéologues ne sont pas d’accord), pour l’Orient, et, d’autre part, au site de
Cueva de los Murciélagos (Albuñol en Espagne), daté environ 3100 AEC,
pour l’Occident. Dans les deux cas, il s’agit de capsules de pavot à opium
lequel est donc parfois considéré comme originaire d’Europe avant d’être
très tôt intégré dans les échanges commerciaux eurasiens, les Égyptiens
s’intéressant notamment à l’opium thebaicum dès 1300 AEC environ.
Les écrits les plus anciens semblent devoir être attribués à l’Odyssée, écrite
vers la n du e siècle AEC. On se souvient des célèbres Lotophages, ces «
mangeurs de Lotos, ces gens qui mangent en vérité… des eurs » que
rencontrent Ulysse et ses compagnons, très certainement en Libye. Les
marins mangent ces fameux lotos et tombent dans « l’oubli du retour ».
Comme Ulysse parle aussi de « fruits », les historiens se sont tournés vers les
fruits du jujubier, ce qui rend di cile la compréhension de l’oubli. Une
magni que démonstration en 1971 de M. Rousseau, intitulée Ulysse et les
mangeurs de coquelicots, est sans appel sur la nature des eurs mangées. En
revanche, il n’y a pas de réponse quant à l’espèce de Papaver consommée. En
Grèce antique, le pavot blanc (donc à opium) était reconnu grâce à ses
propriétés narcotiques et euphorisantes. éophraste, dans Histoire des
plantes, parle des pavots sauvages, le « cornu » (qui n’est plus un Papaver) et
le « noir » (peut-être l’ancêtre de la variété nigrum du pavot somnifère,
aujourd’hui Papaver somniferum var. setigerum. Il cite aussi les coquelicots
dans les champs d’orge qui, curieusement, d’après lui, ressembleraient à de la
chicorée sauvage et seraient, comme elle, comestibles. Il s’agit là, très
probablement, du coquelicot Papaver rhœas qui se récolte encore un peu
vert. Dioscoride et Pline en mentionnent plusieurs espèces et prônent leurs
qualités médicales et culinaires. La culture de Papaver est recommandée
dans le Capitulaire De Villis à la n du e siècle ou au début du e siècle et
Hildegarde de Bingen sait très bien (comme d’autres avant elle) que c’est la
graine de Papaver somniferum qui possède ces vertus calmantes et endort.
Mais le commun des mortels utilise dans le même but les graines et les
pétales de Papaver rhœas rencontrée dans les champs de blé, ou de Papaver
dubium, même si leur pouvoir est moins fort, et heureusement il l’est, et sans
accoutumance.
Il plait en cuisine (voir ci-après) mais surtout pour des raisons médicales,
pour la sphère respiratoire, pour calmer la toux ou pour des maux de gorge,
pour les troubles du sommeil, pour calmer les abcès dentaires ou pour les
yeux fatigués (en cataplasme). Graines, capsules et graines sont employées
en ce sens. Les eurs de coquelicot sont partie prenante de la tisane
pectorale dite « aux quatre eurs » avec pied-de-chat (Antennaria dioica),
mauve sylvestre (Malva sylvestris) et tussilage (Tussilago farfara), auxquelles
viennent s’ajouter, aujourd’hui, bouillon blanc (Verbascum thapsus),
guimauve sauvage (Althæa o cinalis) et violette odorante (Viola odorata).
De plus en plus abondant dans les champs de blé et d’orge, le coquelicot fut
regardé d’un mauvais œil par les agriculteurs et l’emploi massif d’herbicides
sélectifs a bien failli le faire disparaître, tout comme le bleuet. Il s’est rabattu
vers les talus, les terrains vagues, les bordures de chemin, les décombres ; il
se plait partout.
On a vu le bleuet devenir eur-symbole de la Première Guerre mondiale, le
coquelicot n’est pas en reste. C’est parce qu’un médecin militaire canadien
avait observé la présence soudaine de nombreux coquelicots entre les
rangées de sépultures des soldats qu’il écrivit, en 1915, un poème sur ce
phénomène et que cette eur devint, elle aussi, un symbole du souvenir. En
fait, la présence soudaine de ces coquelicots s’explique par la concentration
en chaux sur les terres provenant de la poussière des destructions
d’immeubles dues aux bombardements. La chaux assimilée, les coquelicots
disparurent de la région mais l’idée symbole persista.
Les eurs rouges des pavots ont décoré certaines tombes de l’antiquité
égyptienne, comme celle de Sennedjem, datée d’environ 1275 AEC.
Botaniquement, Dioscoride est l’un des premiers à en avoir représenté
plusieurs espèces. Ainsi dans le Codex vindobonensis, daté de 512, gurent
Papaver somniferum var. album et var. nigrum, Papaver argemone (illustrant
en fait une anémone) et Papaver rhœas.
Utilisation en cuisine
Ce sont les graines qui ont surtout été utilisées dans les temps anciens,
médecine et cuisine, là encore, mélangeant les genres, et le sont encore
aujourd’hui en pâtisserie ou pour la fabrication de certains pains. Les feuilles
ont cependant servi de légumes, crus ou cuits comme des épinards, ou pour
aromatiser soupes ou salades, mais sirop et infusion à base de eurs de
coquelicot (et de pavot) ont aussi très vite intéressé les cuisiniers.
La couleur rouge de ses pétales n’a pas laissé indi érents les Hollandais qui
l’utilisèrent pour colorer les croûtes de certains de leurs fromages. Les
pétales, au parfum subtil, peuvent s’associer à une salade de fruits ou de
légumes ou, cristallisés, décorer un gâteau. Quelle qu’en soit leur utilisation,
cueillir les coquelicots en eurs ou les boutons prêts à éclore en n de
matinée, leur parfum étant alors le plus concentré. Ne pas laver les
coquelicots, véri er seulement l’absence d’insectes.
Faire infuser, hors du feu et à couvert, 20 min, les pétales dans l’eau
bouillante.
Filtrer en exprimant au mieux le jus.
Ajouter le sucre et porter à ébullition. Poursuivre la cuisson
quelques minutes à feu doux jusqu’à la consistance désirée.
Verser dans des pots ou des bouteilles.
Le sirop de coquelicot est utilisé en cuisine autant pour sa couleur que
pour sa saveur. Il peut être consommé pur à petites doses pour ses
vertus médicales mais il peut être, comme tout sirop de fruits ou de
eurs, à la base d’une boisson rafraîchissante à l’eau plate ou à l’eau
gazeuse, être à la base d’un kir. Il peut colorer et parfumer des yaourts
nature ou des crèmes pâtissières. Les bonbons au coquelicot de
Nemours sont célèbres depuis la n du e siècle.
Faire revenir les suprêmes sur les deux faces dans un peu de beurre
et d’huile. Saler, poivrer.
Pendant ce temps, porter la crème à ébullition.
Hors du feu, ajouter les boutons de eurs de coquelicot. Réserver
l’infusion 15 min.
Mixer, ajouter le jus de citron et ltrer.
Retirer les suprêmes et les réserver au chaud.
Déglacer la poêle avec le vinaigre balsamique. Verser la sauce au
coquelicot et laisser réduire légèrement.
Verser sur les suprêmes et accompagner d’un mélange de riz blanc
et de riz sauvage.
Foncer le moule à tarte avec la pâte et faire cuire à blanc 10-15 min
à 180°C (th. 6). Réserver.
Dans une casserole, mélanger les œufs et la fécule. Réserver.
Séparément, porter à ébullition le jus des citrons avec le sucre, le
beurre et les eurs de thym.
Verser ce mélange chaud, doucement, sur les œufs en remuant.
Ajouter les pétales de coquelicot et remettre sur le feu. Faire épaissir la
crème que l’on versera sur le fond de tarte tiédi ou refroidi.
Servir tiède ou froid.
Lobularia
Lobularia signi e en grec « petite gousse », en référence aux petits fruits de
ce genre.
Augustin Pyrame de Candolle, dans son Mémoire sur la famille des
Crucifères en 1821, a divisé les Alyssom en deux sections : les Adyseton et les
Lobularia. C’est Nicaise Augustin Desvaux qui, en 1815, en fera un genre à
part entière, Alyssum maritimum en étant l’espèce-type.
Présentation botanique
Le genre Lobularia comporte quatre ou cinq espèces selon les auteurs.
Lobularia maritima
Alysson maritime, lobulaire odorant, alysson odorante, alysson sucré,
princesse des neiges.
Petite plante vivace herbacée au port arrondi et compact atteignant 15-20
cm de hauteur maximale. Feuillage persistant, gris-vert, glauque et
duveteux. Petites feuilles sessiles lancéolées, alternes, épaisses et velues sur le
littoral, plus minces et souvent presque glabres pour les plantes dans
l’intérieur des terres. Fleurs très petites et parfumées, mellifères, d’un blanc
pur, à quatre pétales et six étamines, réunies en racèmes denses terminaux.
Fruits minuscules siliques contenant chacun deux graines. Des variétés
présentent des eurs allant du blanc pur au violet en passant par le rose et le
mauve.
Se rencontre sur les rochers et les dunes maritimes.
Histoire
Originaire du sud de l’Europe sur le pourtour méditerranéen,
principalement en Macaronésie, elle s’est naturalisée dans les pays tempérés.
Les alyssum de Dioscoride, de Pline ou de Claude Galien, utilisés pour
guérir la rage, ne sont pas des Brassicacées et ne correspondent pas à notre
corbeille d’argent.
Elle est maintenant cultivée et employée comme couvre-sol dans les jardins.
Utilisation en cuisine
Les eurs ont un parfum de miel. Elles sont idéales, comme les boutons
oraux, dans des desserts mais aussi avec un riz à la pakistanaise dit biryani.
Les feuilles ont le goût piquant caractéristique des crucifères.
Cosmos
Présentation botanique
Les cosmos sont des plantes herbacées de tailles diverses (de 30 à 150 cm de
hauteur maximale) au port buissonnant, caractérisées par un feuillage vert
clair nement découpé, caduc, des in orescences composées de eurons
extérieurs stériles au nombre de huit (in orescences simples) de couleur
allant du blanc au brun pourpré en passant par le jaune, l’orange, le rose et le
rouge, selon les variétés, et de eurs centrales tubulées. Étamines
nombreuses à tête jaune ou rouge foncé.
Entre 5 et 35 espèces, selon les botanistes, sont reconnues de nos jours,
présentant de nombreuses variétés mais quatre seulement sont communes et
utilisées, Cosmos bipinnatus, sulphureus, caudatus et afrosanguineus. Les
Cosmos appartiennent à la famille des Astéracées.
Cosmos atrosanguineus
Cosmos chocolat.
Atrosanguineus vient de atro, « noir », et sanguineus, « rouge sang ».
C’est un cosmos vivace, ne dépassant pas 60 cm de hauteur, aux eurs
couleur chocolat (rouge brun très foncé), caractérisé par des graines stériles,
cultivé et reproduit par multiplication végétative. Il se caractérise, outre sa
couleur, par une délicieuse odeur de chocolat.
Cosmos bipinnatus
Cosmos bipinné, cosmos annuel, cosmos des jardins.
Le nom spéci que se réfère à ses feuilles divisées deux fois en nes lanières.
Plante herbacée annuelle. Si certaines variétés du cosmos bipinné peuvent
atteindre 1,5 m de hauteur, il se limite le plus souvent à 1 m pour un
ensemble assez compact. Les feuilles sont très découpées, vert clair, semi-
persistantes dans le pays d’origine, caduques ailleurs. Les in orescences, en
bouquet, présentent des eurons externes plats arrondis à bord cranté sur un
seul rang, à l’origine blancs ou roses plus ou moins foncés, ou jaunes pour
certaines variétés récentes ; les eurons centraux, pollinifères et nectarifères,
sont jaunes. Les fruits sont des akènes. Le cosmos se reproduit par graines
assez facilement au point d’être considéré comme invasif dans certaines
parties du monde.
Originaire du Mexique et de la partie méridionale de l’Amérique du Sud, il
est un des premiers cosmos à avoir été découvert (voir « Histoire »). Il s’est
naturalisé dans toute l’Amérique, l’Asie, l’Australie et l’Europe à partir de sa
culture en jardins.
Cosmos sulphureus
Cosmos sulfureux, cosmos jaune soufre, cosmos mexicain, cosmée
sulfureuse, cosmos de Klondike.
Plante herbacée annuelle, originaire du Mexique et de l’Amérique du Sud
tropicale, rami ée, atteignant 40 cm de hauteur, aux feuilles pennées mais
moindrement que celles de bipinnatus, aux eurs ligulées externes de
couleur vive, jaunes, orange ou rouges mais jamais pastels. Les capitules
peuvent être doubles. Il eurit plus tardivement que le bipinnatus. Il est,
comme le cosmos bipinné, l’un des premiers cosmos connus surtout des
Aztèques pour son pouvoir de colorant (voir « Histoire »).
Cosmos caudatus
Cosmos sauvage, eur de la Réunion, Ulam raja (« salade de roi »).
Plante herbacée annuelle originaire d’Amérique tropicale. Cette espèce ne se
retrouve pas ou peu dans nos jardins, partie directement d’Amérique vers
l’Asie, via les Philippines, grâce aux conquérants espagnols (voir « Histoire
»). In orescences roses ou violettes.
C’est l’espèce de cosmos la plus consommée dans le monde grâce à l’Asie où
elle est de surcroît appréciée en médecine traditionnelle contre le diabète,
l’hypertension, les in ammations diverses, mais ce sont les feuilles qui sont
surtout utilisées et appréciées.
Histoire
Pendant longtemps, l’histoire du cosmos débuta au e siècle seulement
avec la description et la guration, en 1791, par un abbé espagnol, Antonio
José Cavanilles, d’une plante qui eurissait dans les Jardins royaux de
Madrid. Elle provenait de graines envoyées deux ans plus tôt de Mexico et
c’est à cet auteur qu’elle doit le nom de Cosmos. Deux espèces sont alors
décrites, Cosmos bipinnatus et Cosmos sulphureus. Dans le même temps, très
exactement avant 1793, un autre botaniste, néerlandais, Nikolaus Joseph von
Jacquin décrit également deux plantes eurissant cette fois dans les jardins
de Vienne, Coreopsis artemisiæfolia et Coreopsis parvi ora qui sont,
respectivement, les Cosmos sulphureus et bipinnatus de Cavanilles. Il fallut
attendre 1918 pour qu’un botaniste et ethnologue américain, William Edwin
Sa ord, relie le Cosmos sulphureus de Canavilles au xochipatli des Aztèques,
décrit et guré par le médecin et botaniste espagnol Francisco Hernández
entre 1572 et 1577 lors de sa mission en Nouvelle-Espagne, dans son
ouvrage intitulé Quatro libros de la naturaleza y virtudes de las plantas y
animales, publié seulement en 1615 (pour partie) et 1651. Non seulement
Hernández décrit la plante avec odeur et goût agréables, mais détaille son
utilisation médicale, pour conforter le cœur, favorable aux maladies de
l’utérus, guérissant les ulcères principalement ceux de la bouche, et
tinctoriales pour teindre tissus et laines en jaune et jaune orangé à partir des
pétales. Cette utilisation en teinture chez les peuples précolombiens, qui
perdure de nos jours, sera d’ailleurs décrite dans maints ouvrages à
commencer par le Codex de Florence (1558-1577) traduit par Bernardino de
Sahagún sous le titre d’Histoire générale des choses de la Nouvelle-Espagne.
Les cosmos étant cultivés au Mexique, très vite des variétés sont connues
dont une de couleur orange vif qui apparaît sur le marché états-unien, en
1895, sous le nom de klonkide et va faire fureur en s’étendant rapidement
dans le monde sous ce nom, cela en particulier en Chine. Cette variété n’est
pas la première à arriver en Asie, certaines espèces furent transportées au
début du e siècle par l’intermédiaire des Portugais, voire directement aux
Cucurbita
Cucurbita signi e « courge » ou « gourde ».
Présentation botanique
Les Cucurbita sont des plantes herbacées annuelles fortement rami ées,
caractérisées par des vrilles qui leur permettent de s’accrocher, aux tiges
cannelées recouvertes de poils piquants. Les feuilles sont alternes, simples,
larges, ovales à triangulaires, divisées en cinq à sept lobes. Les eurs,
solitaires, sont mâles ou femelles, grandes, de couleur jaune. Les eurs mâles
pédonculées sont à trois étamines, les eurs femelles sont très courtement
pédonculées à ovaire arrondi, toutes deux campanulées à lobes dressés et
étalés. Les fruits sont de grosses fausses baies (fruits formés à partir
d’éléments de la eur autres que le pistil) aux formes arrondies multiples,
pouvant atteindre 50 kg à maturité, de couleurs très variées, lisses ou
verruqueux, contenant de nombreuses graines ovales plus ou moins aplaties.
Certains ancêtres sauvages sont reconnus mais pas tous. Cucurbita maxima
est la seule espèce limitée à l’Amérique du Sud dans des zones à température
plus chaude et Cucurbita moschata la seule étendue aux deux sous-
continents.
Les courges sont réparties en deux catégories, celles d’été dont la plus
connue est la courgette et celles d’hiver.
Les courges qui nous intéressent ici, pour leurs eurs, appartiennent aux
espèces principales cultivées :
Cucurbita pepo
Courge, citrouille, courgette, pâtisson, courge à moelle, courge à huile
styrienne, courge-amande, courge d’été, courge d’hiver, courge d’Italie,
cougourdette, courge spaghetti, courge trompette.
Cucurbita maxima
Potiron, courge banane, giraumon, potiron turban, bonnet turc.
Cucurbita moschata
Courge musquée, courge butternut, courge musquée de Provence, courge
pleine de Naples.
Cucurbita cifolia
Courge de Siam, courge à feuilles de guier, courge à graines noires, melon
de Malabar.
Autres cucurbitacées
On ne les appelle pas courges puisque nous avons limité ce terme aux
formes américaines rapportées par Christophe Colomb et consorts. Elles
sont connues de longue date mais en provenance d’Afrique ou d’Asie.
Toutes leurs eurs sont comestibles. Selon leur taille, elles seront préparées
farcies ou non.
Lagenaria siceraria
Calebasse, courge, gourde ou cougourde.
Anciennement appelées (entre autres) courge, gourde ou cougourde mais
aussi cucurbita par Pline, les calebasses, sont aujourd’hui des lagenères
(Lageneria), cucurbitacées à eurs blanches. Certaines variétés sont trop
amères pour être appréciées, ce qui se traduit aussi dans les eurs.
Cucumis melo
Melon.
Il provient probablement d’Afrique intertropicale de l’Est, cultivé en Égypte
en 2700 AEC et en Mésopotamie en 2000 AEC. Il arrive en Grèce puis en
Italie au er siècle d’où il prendra son nom. Il se retrouve sur la liste des
plantes potagères du Capitulaire De Villis ( e- e siècle). Apprécié des
Arabes, il reviendra en Italie (à qui l’on doit le cantaloup) et en France au
e siècle où il sera accusé par certains des pires maux, ce qui ne perturbera
pas Louis XIV qui l’adore et le fait cultiver. Devenus ronds et musqués (les
premiers étaient ovales, aqueux et peu sucrés), ils sont autant appréciés de la
marquise de Sévigné que de Voltaire ou, anecdote en passant, d’Alexandre
Dumas qui obtiendra de la ville de Cavaillon une rente viagère de douze
melons par an en échange du don de la totalité de son œuvre à la
bibliothèque de la ville.
Le melon présente trois sortes de eurs, mâles, femelles et hermaphrodites.
Cucumis sativus
Concombre et cornichon.
C’est de l’Inde que nous viennent le concombre et le cornichon d’une
unique espèce, Cucumis sativus, cultivée de longue date. Aujourd’hui, les
cultivars sont séparés, le second n’étant à l’origine qu’un état immature du
premier. Leurs petites eurs jaunes, délicates, ne sont pas faites pour être
farcies. Elles décorent en revanche les salades, leur apportant une note
d’exotisme et un goût de… concombre.
Histoire
Les courges « Cucurbita » (22 formes sauvages et 5 cultivées) sont toutes
originaires d’Amérique centrale et du Mexique et ont fait leur apparition en
Europe parce que rapportées par les conquistadors. La technique agricole
des « trois sœurs » pratiquée par diverses ethnies nord et centre américaines,
notamment les Mayas, les Aztèques et également les Incas, est connue. Maïs,
haricot grimpant et courge étaient cultivés conjointement, le premier
servant de tuteur au second, le troisième en étalant ses larges feuilles au sol
créait un microclimat béné que à l’ensemble. La domestication de ces trois
sœurs date d’au moins 8500 AEC comme l’ont montré les restes
archéologiques de la grotte de Guilá Naquitz au Mexique. Plusieurs centres
de domestication sont envisagés pour au moins cinq espèces sauvages dont
deux rien que pour l’espèce pepo. Cucurbita moschata a été cultivée dans le
sud du Mexique en 5000 AEC environ et au Pérou en 3000 AEC. Cucurbita
maxima semble plus récente comme le montrent, pour le moment, les
découvertes archéologiques en Amérique du Sud, datées de 1200 seulement.
Il est probable que les premières courges étaient alors cultivées pour leurs
graines riches en huile et non pour leur chair assez rare, amère et peu
parfumée. Les fruits étaient plus petits. L’art de la céramique mochica le long
des côtes péruviennes, de 100 AEC à 700 environ, montre l’importance des
courges dans la vie de ce peuple et la diversité de leurs formes.
Lorsque Christophe Colomb débarque en Amérique, il y a déjà eu
domestication et sélection de diverses formes et ces plantes à fruits colorés
ne peuvent que l’interpeler. Il relate la découverte de ces calabazzas qu’il
confond avec les gourdes, cultivées de longue date en Europe.
La première représentation européenne de ces courges se rencontre dans les
Grandes Heures d’Anne de Bretagne, ouvrage publié entre 1503 et 1508, soit
une douzaine d’années seulement après le voyage de Christophe Colomb, et
accréditée au peintre et enlumineur français Jean Bourdichon. La plante est
appelée Colloquitida, nom qui n’a pas survécu, les fruits, quégourdes de
Turquie, ce qui traduisait simplement une origine exotique. D’après la
couleur des eurs (jaune), celle des fruits (rayés) ainsi que la forme des fruits
et des feuilles, Harry S. Paris, spécialiste des Cucurbitacées, les rapporte sans
ambiguïté à une forme sauvage de Cucurbita pepo spp. texana.
Lorsque les courges américaines débarquent en Europe, elles ne sont pas
aussi étrangères que l’ont été la tomate ou la pomme de terre puisque des
représentants de la famille sont déjà présents dans les potagers. Les courges
font le tour du monde en moins de cinquante ans. Ce sont essentiellement
les Portugais qui vont les emporter vers l’Afrique et l’Asie. Le potiron
(Cucurbita maxima) est représenté dans le Bencao gangmu publié en 1585.
Un mot sur la courgette apparue au e siècle, sœur de la citrouille
(Cucurbita pepo spp. pepo) qui n’est qu’une courge d’été cueillie avant sa
pleine maturité. Ce sont des Florentins ou des Liguriens qui ont eu l’idée de
consommer la courge encore jeune avant qu’elle devienne cougourde selon
son nom dans la région. Il faudra attendre 1929 pour qu’elle prenne son nom
de courgette et perde celui de courge d’Italie.
En 1735, les Autrichiens extraient pour la première fois de l’huile des
graines de citrouille d’une variété locale de Cucurbita pepo peu apprécié
pour sa chair, huile qui intégra tout d’abord les produits de beauté avant de
passer à la médication avec son e et positif sur la prostate. Les graines de
citrouille ou de potiron sont réputées pour éliminer le ténia.
La eur de courge est riche en vitamine A, en calcium, potassium et en
carotène. En médecine traditionnelle chinoise, elle est utilisée en décoction
ou sous forme d’emplâtre, pour soigner la jaunisse, la dysenterie ou la toux.
Utilisation en cuisine
Chair, graines et huile de courge sont donc les éléments essentiels utilisés
dans la cuisine mais non les eurs. Olivier de Serres en témoignera dans ses
ouvrages. En France, au cours des e et e siècles, les recettes de ces
fruits sont encore limitées, alors les eurs… sauf dans le Midi. Ce sont les
Italiens et leurs voisins français les plus proches, les Niçois, qui vont
s’intéresser à la dégustation des eurs de courgette (légumes qu’ils cultivent
de manière intensive), à moins que ce ne soit le contraire ou que tous aient
été in uencés par une cuisine plus à l’est, dans les Balkans, où l’on appréciait
les courges. Qu’importe, les eurs de courgette mâles que l’on retire pour
permettre aux femelles fécondées de développer leurs fruits, vont être
servies tout d’abord en beignets, ce qui se fait beaucoup à l’époque, puis vont
intégrer d’autres recettes.
Les eurs de courgette peuvent être considérées comme des légumes à part
entière pour accompagner viandes ou poissons.
Les eurs de toutes les courges semblent avoir intéressé les cuisiniers. Les
Asiatiques, plus enclins à manger des eurs que les Européens et spécialistes
de la tempura (qu’ils doivent aux Portugais), s’y sont mis, après ou avant eux,
et goûtent autant les eurs de citrouille que de courgette. Aujourd’hui, les
eurs de courge sont appréciées mondialement ou presque. Les eurs
femelles sont aussi goûteuses que les mâles, mais les manger risque
d’hypothéquer la récolte si on les retire trop tôt (avant la fécondation).
Au Cambodge, une soupe (que nous appellerions plutôt ragoût) est célèbre,
celle aux eurs de citrouille farcies au porc haché dans laquelle les eurs de
citrouille sont utilisées entières et que l’on accompagne de riz blanc.
Au Mexique, les eurs de courgette se vendent fraîches ou en boîte et elles
garnissent les tortillas.
Bien sécher les eurs, au besoin les fariner très légèrement avant de
les tremper dans la pâte.
Les faire cuire rapidement dans une friture chaude, les beignets
doivent être croquants.
Tremper les tempuras dans une sauce tetsuyu préparée en
mélangeant soja, dashi et mirin ou qui peut être éventuellement achetée
prête en boutique japonaise.
Une recette niçoise propose de réaliser les beignets en réduisant le sel
de la pâte puis, soit de les recouvrir de sucre cristallisé, soit de les
tremper dans une sauce au chocolat. Mieux, placer une lamelle d’écorce
d’orange con te dans la eur avant de la tremper dans la pâte.
Dahlia
Présentation botanique
Astéracée herbacée, d’origine tropicale (mexicaine) d’altitude, vivace par sa
racine épaissie, tubéreuse. Notons que les racines de dahlia ne sont pas
formées de tubercules vrais ayant la possibilité de développer des tiges
(contrairement au tubercule de la pomme de terre). Ils peuvent atteindre
pour certaines espèces (Dahlia imperialis) près de 8 m de hauteur mais les
formes cultivées actuelles sont souvent naines, à tige creuse et rami ée.
Feuilles caduques et opposées, divisées en nombre impair de folioles (3 à 7).
In orescence en capitule composé soit de eurs ligulées et tubulées, soit
entièrement ligulées, de forme simple ou double (ou plus) et de couleurs
variables, sauf bleues. Il existe même des dahlias noirs (sans rapport avec la
jeune femme assassinée à Los Angeles en 1947 surnommée le Dahlia noir, le
roman et le lm éponymes respectivement de James Ellroy et du cinéaste
Brian de Palma). Le fruit est un akène. Le dahlia est une plante gélive qui
eurit à l’automne.
La classi cation des dahlias est complexe en raison de l’interfécondité entre
les nombreux types. Nombre d’espèces s’avérèrent n’être que des hybrides des
premières espèces arrivées (eux-mêmes parfois déjà hybrides comme Dahlia
pinnata), d’où la décision en 1829 par le botaniste français René Louiche
Desfontaine de regrouper toutes les espèces horticoles européennes sous le
nom de Dahlia variabilis (ce qui n’est pas accepté par la communauté
botaniste mais compréhensible par tout un chacun) et synonyme, entre
autres, de Dahlia pinnata. Une autre classi cation vit le jour l’année suivante
classant les dahlias, autres que Dahlia variabilis, en deux groupes selon leur
couleur, le groupe ivoire-magenta et le groupe jaune-orange-violet.
Les 42 espèces environ de dahlias sont classées sur la forme des eurs,
classi cation compréhensible internationalement. On distingue pour les
plus importants :
Epilobium
Tout le monde n’est pas d’accord sur les limites du genre Epilobium.
Certaines espèces, dont angustifolium, en sortiraient pour intégrer un
nouveau genre Chamænerion que certains appellent Chamerion. En tout état
de cause, ils appartiennent tous deux à la famille des Onagracées. Le plus
courant des épilobes de nos régions est l’angustifolium, que nous
conserverons dans le genre Epilobium tel que Carl von Linné l’avait dé ni en
1753.
Présentation botanique
Les espèces d’épilobe sont nombreuses mais trois d’entre elles intéressent
plus particulièrement la sphère médicale, Epilobium angustifolium,
Epilobium parvi orum et Epilobium hirsutum et, si toutes sont comestibles
(sauf peut-être hirsutum), seules les deux premières nous intéressent ici.
Chamerion
Ce n’est que récemment (1972) que l’espèce Epilobium angustifolium a
intégré le genre Chamerion, nom qui fait allusion aux graines surmontées de
soies plumeuses (du grec chamai, « bride », et erion, « laine ».
Chamerion angustifolium
Épilobe en épi, épilobe à feuilles étroites, laurier de Saint-Antoine,
chamérion, osier euri, thé russe.
Angustifolium signi e « feuilles étroites ».
La tige quadrangulaire rougeâtre, glabre ou faiblement velue, peut atteindre
2,5 m de hauteur. Les feuilles, alternes et sessiles, lancéolées, à face inférieure
vert pâle, sont à nervures circulaires ne se terminant pas sur le bord de la
feuille. Les eurs, rose foncé, en épis le long de la tige, s’ouvrant de bas en
haut, sont composées de quatre sépales linéaires, quatre pétales inégaux
alternés, quatre stigmates disposés en croix, dépassant largement les huit
étamines. Les fruits sont des gousses longues et étroites, d’un brun
rougeâtre, qui éclatent à maturité en libérant les graines (300 à 400) à poils
plumeux.
L’épilobe est une espèce pionnière qui aime les terrains dégagés, notamment
ceux déboisés ou incendiés.
Histoire
L’épilobe, aujourd’hui, cosmopolite dans tout l’hémisphère nord, est
originaire de l’Asie mineure. Apparemment, ni les Grecs ni les Romains ne
semblent s’en soucier, il est vrai qu’il préfère les régions froides. La première
représentation semble être due à Rembert Dodoens en 1557 sous le nom de
Lysimachum purpureum alterum. Jean Bauhin, en 1625 dans son Pinax, la
listera simplement sous le nom de Lysimachia chamenerion dicta
angustifolia. Les Amérindiens connaissaient Epilobium angustifolia mais
aussi Epilobium latifolium, appelée aussi Chamerion latifolium. Son intérêt
médical apparut en Europe, cité par Nicholas Culpeper dans son ouvrage
e English Physician paru en 1652 et, semble-t-il, seulement au e siècle
pour ses vertus à soigner les troubles de la prostate. Il doit cette
reconnaissance tardive à une herboriste autrichienne, Maria Treben, qui a
vanté ses vertus, ainsi que celles de beaucoup d’autres « simples », dans son
livre intitulé La santé par la pharmacie du bon Dieu, publié en 1983 (pour la
première édition). Il est reconnu comme astringent grâce au mucilage qu’il
contient, vulnéraire, hémostatique et anti-in ammatoire.
Malgré sa discrétion, l’épilobe en épi est une célébrité dans le monde
botanique en permettant en 1793 au botaniste allemand Christian Konrad
p.214 d’imaginer la théorie de la pollinisation des plantes par les insectes en
comprenant ce qu’est l’allogamie.
Utilisation en cuisine
Toutes les parties de la plante sont comestibles. En Suède, de longue date,
les jeunes pousses printanières sont cuites et consommées comme des
légumes, à la manière des asperges (on parle d’asperges des bois). La moelle
des tiges est aussi appréciée et est utilisée en Russie, fermentée, en bière ou
en vinaigre. En Europe de l’Est, les feuilles séchées deviennent infusions ou
tisanes (d’où le nom vernaculaire de thé de Russie), fraîches, elles intègrent
des salades tout comme les eurs qui, de plus, apportent une très jolie
touche colorée. Les feuilles étaient aussi appréciées des explorateurs tant
canadiens que français qui l’appelaient herbe frette.
Séchées et nement moulues, elles remplacent une partie de la farine et
deviennent gâteaux.
Le botaniste anglais Nicholas Culpeper estimait que l’épilobe n’a ni goût ni
odeur. En fait, nous dirons qu’il se rapproche de l’infusion de thé noir. Les
eurs de l’épilobe à petites eurs présentent une saveur plus piquante et
légèrement plus âpre.
Les eurs d’épilobe sont à haut pouvoir nectarifère et permettent un miel
très renommé, doré légèrement verdâtre et transparent.
Cuire les lentilles dans beaucoup d’eau contenant les épices listées.
Les égoutter.
Préparer une vinaigrette à la moutarde et la mélanger aux lentilles.
Ajouter les eurs d’épilobe, étamines et pistil retirés.
Forsythia
Les Forsythia sont représentés par une dizaine d’espèces. Ils appartiennent à
la famille des Oléacées.
Présentation botanique
Arbuste pouvant atteindre 3 m de hauteur, résistant au froid, à rami cations
assez basses. Les feuilles caduques, vert sombre, simples, sont opposées et
lancéolées. Les eurs jaunes, apparaissant avant les feuilles, sont à quatre
sépales, quatre pétales soudés à leur base, quatre étamines jaune d’or. Le style
est long ou court selon l’individu. La oraison est printanière, abondante et
courte.
Forsythia suspensa
Forsythia pleureur.
Arbuste à plusieurs troncs pouvant atteindre 2 m de hauteur, aux rameaux
retombants. Les feuilles sont vert foncé, simples, ovales, opposées, à bord
nement dentelé et caduques. Les eurs, jaune d’or, en tube, sont précoces
( n de l’hiver). Cette espèce n’existe à l’état sauvage qu’en Chine.
Forsythia viridissima
Forsythia très vert.
Arbuste à port raide atteignant au maximum 3 m de hauteur. Les feuilles
sont d’un vert foncé soutenu (d’où son nom viridissima). Les eurs d’un
jaune brillant sont souvent regroupées en tou es.
Forsythia x intermedia
Forsythia hybride, forsythia de Paris, mimosa de Paris, lilas du Japon.
C’est un hybride naturel entre les deux espèces précédentes, aux rameaux
inférieurs raides et aux supérieurs pleureurs, qui naît en 1885 grâce à un
botaniste allemand, Hermann Zabel. Les eurs sont d’un jaune soutenu,
groupées par deux ou trois. Les feuilles oblongues, souvent tripartites, sont
persistantes.
Histoire
Le forsythia fut cité pour la première fois dans le Shennong Bencao Jing
(Classique de la matière médicale du Laboureur céleste), plus ancien ouvrage
chinois traitant des herbes et des drogues, attribuable non pas à Shennong,
qui aurait vécu aux environs de 2800 AEC, mais à des compilateurs vivant
plus vraisemblablement vers le er siècle durant la dynastie Han (206 AEC-
220), mais cela sans grande certitude. On doit par conséquent à un ermite
chinois, Tao Hongjing, alchimiste et pharmacologiste, dans sa révision du
fameux traité cité précédemment, la première description et surtout
l’utilisation médicale du forsythia. Connu sous di érents noms dans de
nombreux traités chinois plus récents (Shanghan Lun au e siècle, Tang
Bencao au e, Taiping Huimin Hejiju Fang au e, Ben Cao Gang Mu au
e), il a gardé de nos jours celui de lian qiao, ce qui se rapporte, entre
Fuchsia triphylla
Fuchsia à trois feuilles.
Il se caractérise par des tiges violettes et au feuillage persistant à exsudation
nocturne. Feuilles simples entières souvent regroupées par trois. Fleurs
rouge vermillon à orange, tubulaires, à quatre sépales e lés étalés, quatre
pétales, huit longues étamines, réunies en bouquets. Baies rouge violacé à
maturité.
Fuchsia coccinea
Fuchsia écarlate.
Espèce originaire du Brésil. Historiquement, ce fut la seconde espèce
introduite en Europe, très exactement en Angleterre en 1788 et décrite
l’année suivante. Généralement divisée dès sa base, elle atteint 1,5 m de
hauteur et son feuillage est persistant. Elle se caractérise par des petites
eurs solitaires aux aisselles des feuilles, au tube et aux sépales roses, à la
corolle rouge vif. Les étamines sont du même rouge que le calice.
Fuchsia magellanica
Fuchsia de Magellan.
Originaire du sud du Chili et de l’Argentine, cette espèce fut introduite en
Europe peu de temps après l’espèce précédente et fut souvent confondue
avec elle. Elle est reconnue comme espèce envahissante dans certaines
régions tropicales où elle a été introduite, comme dans l’île de La Réunion.
Elle est à l’origine de nombreuses variétés horticoles. Elle peut survivre à des
gelées sévères (-15°C).
Fuchsia paniculata
Fuchsia paniculé, fuchsia à eurs de lilas.
S’il peut atteindre un grand développement dans son pays d’origine en
Amérique centrale, ce fuchsia est facilement maîtrisable dans nos régions.
Un climat doux est nécessaire pour une culture en extérieur. Feuillage semi-
persistant. Feuilles au pétiole rouge, ovales, opposées, vert foncé luisant.
Fleurs de petite taille, en grand nombre et groupées en panicules, tubulaires,
à quatre sépales cireux et épais roses et quatre pétales rose lilas. Baies
rondes, noir bleuté, comestibles, rappelant le kiwi.
Fuchsia regia
Fuchsia royal.
Ce fuchsia est avec le précédent un des plus rustiques puisque résistant à
des gelées de -20°C. Il fut découvert au Brésil vers 1980. Il a la particularité
de se conduire comme une plante grimpante (qui ne s’accroche pas seule).
Feuilles ovales légèrement dentelées, menues, opposées, vert foncé brillant.
Fleurs menues à long pédoncule, allongées et pendantes, aux sépales rouges
et cireux et à la corolle tubulaire violacée. Étamines dépassant largement la
corolle. Fruit oblong virant au noir bleuté à maturité.
Le fuchsia du Cap, même s’il ressemble par son feuillage et ses clochettes
pendantes au fuchsia, n’appartient pas à ce genre mais à celui de Phygelius de
la famille des Scrofulariacées.
Histoire
Sa présence en Amérique du Sud et en Nouvelle-Zélande où une forme
fossile, Fuchsia antiqua y a été reconnue et datée de 23 millions d’années
environ, peut laisser supposer une origine commune aux deux lieux qui peut
remonter loin dans le temps, à plus de 100 millions d’années. De l’Amérique
du Sud, le fuchsia migra vers l’Amérique centrale et du Nord et, notamment,
à Saint-Domingue où il fut « découvert », en 1696, par le franciscain Charles
Plumier lors de sa seconde exploration en Amérique faite sur l’ordre de
Louis XIV. Dans sa publication intitulée Nova plantarum americanarum
genera, parue en 1703, il appela cet élégant arbuste Fuchsia triphylla ore
Coccinea (« fuchsia à trois feuilles à eurs rouges ») en l’honneur du
médecin et botaniste bavarois Leonhart Fuchs, alors décédé depuis plus d’un
siècle. Carl von Linné conservera, en 1753, le nom binominal Fuchsia
triphylla pour l’espèce-type.
Le père Louis Feuillée, explorateur et botaniste du roi, s’intéresse au cours
de son voyage en Amérique méridionale aux plantes, surtout médicinales et
alimentaires, qu’il représente avec beaucoup de justesse. Parmi elles, le
fuchsia, notamment Fuchsia coccinea, dont le jus des baies, surtout, est
utilisé contre les morsures et les traitements de la peau.
Il faut attendre 1789 pour voir en Angleterre les premiers fuchsias cultivés
provenant d’une espèce chilienne, Fuchsia coccinea (rapidement suivie de
Fuchsia magellanica). La légende veut que tous les hybrides proviendraient
d’un seul pied rapporté du Chili par un marin anglais, le capitaine Firth. De
nombreuses espèces seront ensuite découvertes dans di érents pays
d’Amérique du sud, en Amérique centrale et au Mexique.
Jusque dans les années 1830, seuls des fuchsias à petit feuillage et à petites
eurs étaient cultivés. La donne changea avec l’arrivée de fuchsias mexicains
au feuillage ample et aux longues eurs. Hybrides et variétés, alors
développés par les Anglais, envahirent bientôt le continent où les
horticulteurs ajoutèrent leurs savoirs. La palette de leurs couleurs s’agrandit
du blanc au violet en passant par tous les roses, pourpres et rouge vif. C’est
en 1850 qu’apparut le premier fuchsia à eurs doubles. C’est à cette même
date qu’un fuchsia à eurs panachées t son apparition.
La première représentation semble être celle de Charles Plumier en 1703.
Pourtant, Cesar C. Vargas en 1962 montra la présence de fuchsias comme
motifs de décoration sur des récipients en bois précolombiens, les qero,
découverts au Pérou, fabriqués et utilisés par les Incas. Nommées (en
quechua) chimpu-chimpu, et sachant que les baies possèdent quelques
pouvoirs narcotiques, elles étaient probablement utilisées lors de cérémonies
religieuses ou politiques. Il s’agit vraisemblablement de l’espèce Fuchsia
boliviana. Les indigènes de l’île de Saint-Domingue connaissaient cette
plante qu’ils appelaient molla ecantu, soit « plante de beauté ».
Utilisation en cuisine
Ce sont surtout les baies qui ont été consommées, dont celles d’une espèce
rencontrée au Mexique et en Amérique centrale, Fuchsia splendens, aux
saveurs de citron. Mais le côté légèrement croquant des eurs et leur goût
acidulé sont intéressants, goût rehaussé par du sucre. Il est conseillé
d’éliminer étamines et pistil. Les feuilles se retrouvent également dans des
salades.
Le grand classique sucré est son association avec des fraises en un aspic
aussi joli à regarder que délicieux à déguster.
Gardenia
On connaît entre 50 et 70 espèces de Gardenia dont un bon nombre à eurs
très parfumées. Ils appartiennent à la famille des Rubiacées.
On rencontre les gardénias à l’état sauvage en zones tropicales et
subtropicales au sud de la Chine, au Vietnam, au Japon et en Inde. De
nouvelles variétés, toutes à eurs doubles ou semi-doubles (seules les formes
sauvages présentent des eurs simples), supportent aujourd’hui le froid.
Présentation botanique
Arbustes pouvant atteindre 15 m dans leur région d’origine (plus petits chez
nous surtout pour certaines variétés), au feuillage persistant. Les feuilles
lancéolées, coriaces, vert foncé brillant, sont opposées ou en verticilles. Les
eurs de couleur blanche ou jaune pâle, solitaires axillaires (rarement
terminales) ou en petits groupes, comprennent un calice persistant, une
corolle en tube divisé en cinq à douze lobes à marge ondulée, étalés pour les
eurs simples, cinq étamines sessiles. Les baies ont des semences aplaties.
Gardenia jasminoides
Gardène, jasmin du Cap, gardénie à grandes eurs, gardénie majestueuse.
Gardénia pouvant atteindre une hauteur de 2 m maximum. Les feuilles vert
sombre, luisantes, lancéolées, légèrement ondulées, sont opposées à
verticillées. Les eurs, solitaires, de 5 à 10 cm de diamètre, d’un blanc pur
tournant au jaune crémeux, s’ouvrent à l’aisselle des feuilles. Les eurs
dégagent un parfum lourd et agréable rappelant le jasmin.
Gardenia taitensis
Fleur de Tahiti, eur de Tiare.
Ses eurs, terminales, sont d’un blanc pur avec un aspect cireux. Cueillies
en bouton et mise à macération dans de l’huile de coprah ra née, les eurs
de cette espèce sont à la base de la fabrication du monoï.
Histoire
Un fait est certain, l’utilisation médicale du gardénia en Chine, au moins
durant les premiers siècles de notre ère. Le taoïste Gě Hóng donne, dans
plusieurs livres écrits au début du e siècle, des conseils de médecine aux
ns d’éviter les maladies et de prolonger la vie. Le gardénia est utilisé contre
l’ictère épidémique (en fait, toutes les maladies infectieuses accompagnées
d’un ictère).
Il est intéressant de noter que le fruit du gardénia, appelé zhi zi en chinois,
fut et est encore à la base d’un colorant jaune. C’est essentiellement le fruit
qui sera utilisé en médecine, plus que les eurs. Celles-ci, en infusion,
serviront comme calmant ophtalmique. La culture du gardénia est connue
au moins dès la dynastie Song (960-1279) et les eurs tant sauvages
(simples) que doubles abondent dans l’art dès le e siècle, notamment chez
le peintre d’animaux et de eurs Xu Xi, puis chez ses disciples. Les eurs de
gardénia illustreront ensuite laques et porcelaines.
C’est au e siècle qu’un jésuite français, le père Dominique Parennin, en
mission à Pékin, en 1687, découvre l’utilisation des graines de gardénia pour
teindre les vêtements en jaune. Il est régulièrement écrit que Pierre Poivre a
introduit un gardénia dans le Jardin des pamplemousses en île de France
(aujourd’hui île Maurice) en 1749. Cela est possible mais l’on est surtout
certain de la présence de gardénias doubles en Angleterre à cette date (les
gardénias simples arriveront plus tard en Europe). Ce n’est qu’en 1760 que
John Ellis décrira la plante et la représentera à partir d’un spécimen
provenant du cap de Bonne-Espérance, proposant un nom en l’honneur du
botaniste écossais Alexander Garden. C’est ce nom que conservera, au grand
plaisir de l’inventeur, Carl von Linné en 1753, lui ajoutant le nom spéci que
de jasminoides en raison de son parfum rappelant celui du jasmin. On
comprend ainsi son nom vernaculaire de jasmin du Cap pour une plante
originaire d’Asie.
Utilisation en cuisine
Le parfum des eurs de gardénia est dé ni comme étant lourd, mélange de
facettes sensuelles et animales, proches du jasmin mais en gardant un côté
suave et fruité. Notons que les parfumeurs n’utilisent pas les eurs mais
reproduisent leur odeur.
Depuis longtemps, outre leur utilisation médicale, elles sont employées en
infusion pour parfumer le thé.
Depuis peu, le fort parfum des eurs est apprécié notamment pour
parfumer du lait mais aussi… du champagne. Certains les préfèrent dans des
desserts sucrés mais d’autres compositions salées/sucrées sont intéressantes.
Ainsi d’une soupe japonaise qui répond au nom de « soupe pour la saison
des pluies » ou « soupe à l’œuf ».
Geranium pratense
Géranium des prés.
Petite vivace aux tiges cannelées et poilues pouvant atteindre 70 cm de
hauteur. Feuilles longuement pétiolées à sept à neuf lobes profondément
divisés et dentés. Fleurs en soucoupe bleues à violettes ou blanches, souvent
par paires. Maintenant cultivé comme plante ornementale. Il ressemble
beaucoup au géranium des bois (Geranium sylvaticum) dont les feuilles ont
des lobes moins élancés et des dents marginales plus petites.
Geranium robertianum
Géranium à Robert, géranium robertin, herbe rouge, aiguille Notre-Dame,
fourchette-du-diable.
Plante annuelle atteignant 30 cm de hauteur environ, rencontrée dans les
endroits ombragés de l’hémisphère nord. Tiges grêles et velues, plus ou
moins rougeâtres comme les feuilles découpées en trois à cinq segments plus
ou moins divisés. Fleurs rose violacé, à cinq pétales réguliers. Fruits en long
bec recourbé. Odeur sauvage et musquée non appréciée par tous. Certains
parlent d’odeur hircine (graisse de bouc).
Geranium molle
Géranium à feuilles molles, géranium mou.
Petite herbacée annuelle couverte de longs poils mous. Tiges velues très
rami ées. Feuilles inférieures longuement pétiolées disposées en rosette ;
feuilles supérieures à pétiole plus court et velu. Fleurs de petite taille,
pourpre clair, disposées par paire et inclinées à la oraison. Originaire d’Asie
occidentale, maintenant naturalisé un peu partout.
Pelargonium
Présentation botanique
Les pélargoniums sauvages sont des plantes non rustiques (elles ne
survivent pas l’hiver sous nos climats tempérés), annuelles, originaires de
l’hémisphère sud et essentiellement de l’extrémité sud de l’Afrique et encore,
plus précisément, de la région du cap de Bonne-Espérance. On ne rencontre
dans nos climats que des formes cultivées. Leur eur est à symétrie axiale,
verticale, avec des pétales irréguliers, les deux supérieurs étant distincts des
trois inférieurs. Attention, certains pélargoniums cultivés, généralement
obtenus par hybridation, peuvent aujourd’hui présenter des eurs à symétrie
rayonnante avec cinq pétales identiques. Le nombre d’étamines est de sept,
auxquelles s’ajoutent des étamines avortées sans anthère. Un éperon
nectarifère est présent au-dessus des pétales supérieurs attirant les insectes.
Les eurs sont souvent regroupées en pseudo-ombelles. Le fruit est
identique à celui des géraniums mais les graines, à vrille poilue, sont
disséminées grâce au vent.
Bien qu’appelés géraniums odorants, tous ne le sont pas, notamment les
sauvages et ce sont les feuilles qui sont surtout odorantes.
Pelargonium citronellum. Feuilles rugueuses, palmées, eurs rose pâle.
Senteur de citronnelle, et sa variété citriodorum à senteur de citron vert.
Pelargonium fragrans. Fleurs roses. Saveur d’herbes de Provence.
Pelargonium fulgidum. Feuilles argentées, allongées, tomenteuses, eurs
rouges écarlates. Senteur de carotte.
Pelargonium graveolens. Feuilles duveteuses, lobées, à bord ondulé. Fleurs
roses. Senteur de rose citronnée.
Pelargonium mollicomum. Feuilles vert clair, rondes, veloutées, eurs
blanches tachetées de rose. Senteur d’ananas.
Pelargonium odoratissimum. Feuilles arrondies, eurs blanches. Senteur de
pomme verte.
Pelargonium ribifolium. Feuilles larges vert foncé, eurs roses à veines plus
foncées. Senteurs fruitées oscillant entre l’abricot et la pêche.
Pelargonium scabrum. Feuilles larges très découpées, eurs rose clair.
Senteurs mélangées d’abricot et de citron.
Pelargonium tomentosum. Larges feuilles charnues, recouvertes de poils, à
bord ondulé. Senteur de menthe poivrée.
Pelargonium vitifolium. Feuillage rappelant la feuille de vigne. Fleurs
mauves. Parfum de mélisse et de citronnelle.
Erodium
Le genre est représenté par près de 120 espèces.
Présentation botanique
Ce genre, sauvage également, à symétrie rayonnante lui aussi mais à pétales
non échancrés, se distingue des géraniums et des pélargoniums par
seulement cinq étamines fertiles et des feuilles composées, pennées, très
découpées. Son fruit est identique à celui des genres précédents, erodium
signi ant « bec de héron », et les graines sont éjectées comme celles des
géraniums. La majorité des espèces ont des eurs roses. Certaines espèces
sont aromatiques quand on les froisse. Il est principalement originaire
d’Europe du Nord pour certaines espèces, d’Europe du Sud pour d’autres.
Quelques-unes sont protégées. Australie et Amérique ont chacune trois
espèces indigènes.
Histoire des Géraniacées
Nous prenons connaissances de l’existence des géraniums par les écrits du
er siècle, Histoires de Pline et De Materia medica de Dioscoride avec,
Cuire les pommes de terre non épluchées à l’eau avec la tête d’ail.
Cuire la raie au court-bouillon. L’égoutter et enlever le cartilage.
Réserver la chair.
Éplucher les gousses d’ail. Les écraser. Ajouter crème fraîche et huile
d’olive. Mixer.
Dans un saladier, répartir les pommes de terre pelées et coupées en
rondelles ainsi que la chair de raie défaite.
Napper avec la sauce à l’ail. Remuer délicatement. Parsemer de
pétales de pélargonium et servir.
Wisteria
Les Wisteria appartiennent à la famille des Fabacées, comme le robinier
faux acacia et l’arbre de Judée, déjà présentés, ou la luzerne, le mélilot et le
trè e, à venir.
Présentation botanique
Wisteria sinensis
Glycine de Chine, glycine bleue, vigne bleue.
Plante originaire des forêts humides du nord de la Chine. Les tiges,
vigoureuses et volubiles, s’enroulent autour d’elles-mêmes dans le sens
contraire des aiguilles d’une montre, en une corde. Les feuilles, alternes, sont
imparipennées (à nombre impair de folioles ; sept à treize), ovales
lancéolées, soyeuses à leur face inférieure. Les eurs en longues grappes,
bleu violet, très parfumées et mellifères, s’ouvrent presque toutes en même
temps le long de la grappe dès le printemps, avant les feuilles. Les fruits sont
des gousses atteignant 15 cm et contenant de trois à cinq graines plates.
Wisteria oribunda
Glycine du Japon, glycine oribonde.
Les tiges sont dextrogyres (s’enroulent dans le sens des aiguilles d’une
montre). Les grappes sont plus courtes que celles de l’espèce précédente et
les eurs qui s’ouvrent progressivement de la base à l’extrémité de la grappe
sont moins parfumées. Une variété à eurs blanches a été obtenue au Japon
en 1874. Les feuilles sont imparipennées avec onze à dix-neuf folioles, plus
petites que celles de l’espèce précédente. C’est une plante considérée comme
invasive dans son pays d’origine ou en Amérique du Nord où elle fut
introduite en 1820.
Anecdote : le fait que les deux glycines citées, sinensis et oribunda,
s’enroulent de manière opposée est à mettre en relation avec la force de
Coriolis. Or, la glycine du Japon, pays situé de nos jours dans l’hémisphère
nord, devrait se comporter comme la glycine de Chine du même
hémisphère. Cela suppose donc qu’elle a dû prendre naissance non pas au
Japon mais dans un lieu de l’hémisphère sud.
Wisteria frutescens
Glycine d’Amérique, bourreau-des-arbres.
Les grappes de eurs, plus courtes et compactes, légèrement parfumées,
mellifères, violettes, dressées et non pendantes, s’ouvrent au printemps. Les
feuilles caduques, vert foncé, sont composées de neuf à quinze folioles.
Histoire
Il est souvent écrit que Marco Polo rapporta de son voyage en Asie des
graines de glycine qu’il planta en Italie mais aucune précision écrite ne vient
corroborer cette annonce. Il faut donc se reporter à la correspondance entre
les prêtres jésuites français Dominique Parennin et Jean-Baptiste Duhalde
pour trouver mention de cette plante. Le premier, en poste en Chine, fait
connaître en 1740 les écrits d’un certain auteur chinois nommé Tchang,
recueil de préceptes traduit en tartare, lequel parle ainsi du tem-lo qui n’est
autre que la glycine violette de Chine et qu’il rapproche de la vigne. Dès cette
époque, le père Parennin signale que les eurs « sont bonnes à manger ». Il
envoya des graines à l’Académie des sciences de Paris, peut-être dès 1708,
mais rien n’est dit de leur suite. C’est pourquoi l’on considère que le premier
envoi de la glycine de Chine fut celui du capitaine Robert Welbank, en 1816,
à la demande du grand botaniste anglais Joseph Banks et via un inspecteur
de la Compagnie des Indes orientales, John Reeves. Dès 1819, la plante fut
l’objet d’une superbe illustration réalisée par John Curtis, qui ne fut peut-être
pas la première puisque la même année, l’abbé Jean-Baptiste Gronier
signalait dans son ouvrage De la Chine, ou description générale de cet empire,
l’existence d’une « belle gouache […] envoyée par les missionnaires de la
résidence de Pékin ».
Pourtant, la première signalisation écrite d’une autre glycine, Wisteria
oribunda, est connue dans le Kojiki daté de 712, compilation des récits du
conteur Hieda no Are, dans lequel il est dit (en japonais mais en écriture
chinoise) que la plante était cultivée depuis des siècles au Japon. De
nombreux cultivars étaient connus dès le début de la période Edo (1603-
1868). Le Japon fut fermé aux étrangers entre 1638 et 1858, à l’exception des
Hollandais ou de ceux qui se faisaient passer pour tels. Andreas Cleyer, qui
fut le premier à nous o rir une représentation d’un camélia (p. 56), s’associa
à Georg Meister ce qui nous valut, vers 1685, celle d’un Fusinofana violet
pâle aux longs racèmes, probablement Wisteria oribunda, mais aussi celles
d’autres espèces de ce genre. Wisteria oribunda fut connue et décrite aussi
sous d’autres noms comme Dolichos polystachos.
C’est Carl Ludwig Willdenow qui, en 1802, crée le genre Glycine et Augustin
Pyrame de Candolle qui placera les espèces sus-citées dans le genre Wisteria.
De l’autre côté de l’Atlantique, en 1724, Mark Catesby, naturaliste
britannique, envoyait au botaniste Hans Sloane, en Angleterre, des graines
de Phaseoloides frutescens caroliniana, la glycine d’Amérique qui deviendra
Wisteria frutescens mais il semble que celle-ci ne sera gurée pour la
première fois qu’en 1819 dans Curtis’ Botanical Magazine, le plus ancien
magazine de botanique.
La légende perdure : la glycine est toxique. Aucun décès n’a pourtant jamais
été signalé, pas plus dans la littérature que dans les centres anti-poisons. Il
s’agit en fait des graines et des tiges ou plus exactement du suc qu’elles
fabriquent. Les graines contiennent de la lectine (comme le soja) qui peut
irriter la muqueuse intestinale, provoquer une déshydratation ou des
allergies sévères.
Utilisation en cuisine
Dès sa découverte par les botanistes, il est dit que les eurs de la glycine
sont comestibles, à l’instar de celles d’une autre Fabacée déjà vue, le robinier
faux acacia. En Chine, les boutons oraux sont cuits à l’eau salée ou à la
vapeur et consommés comme des légumes. Les pétales peuvent être
composants de salades salées ou sucrées.
Les tiges contiennent un suc qui peut être irritant (mais non toxique), il est
donc préférable d’égrapper les eurs et de les mélanger à une pâte à beignet
(sucrée) ou à tempura (salée). Mettre plus de eurs que de pâte.
Au Japon notamment, les eurs de glycine sont appréciées non seulement
en tempura mais aussi à la vapeur.
Hemerocallis
Hemerocallis vient du grec hêmerokalles, signi ant « beauté d’un jour »,
justi é par le fait que les eurs, éphémères, s’ouvrent et fanent dans la
journée.
Une quinzaine d’espèces sont reconnues de nos jours dont cinq parmi les
plus courantes.
Présentation botanique
Les hémérocalles sont des plantes vivaces herbacées, de la famille des
Xanthorrhœacées, pouvant atteindre, pour certaines, 2 m de hauteur, au
système racinaire breux pouvant se charger de réserves nutritives mais non
en bulbe, ce qui les di érencie des Liliacées avec lesquelles elles furent
anciennement confondues. Les feuilles, longues et étroites, vert foncé,
partent de la base de la plante en deux rangées. Entre dix et trente eurs
apparaissent sur des tiges centrales nues et ont la particularité de ne vivre
qu’un jour, d’où le nom de la plante. À l’origine, les eurs étaient jaunes
(Hemerocallis lilioasphodelus) ou rouge orangé (Hemerocallis fulva), pétales
et sépales semblables entre eux (on parle de tépales), nervurés centralement.
Depuis le e siècle, et principalement aux États-Unis, certains cultivars
présentent des eurs étoilées, triangulaires, frangées, circulaires, en
araignées ou doubles, de toutes les couleurs (du blanc au presque noir en
passant essentiellement par toutes les couleurs chaudes), unies ou
composées. Les feuillages sont également de trois sortes, les persistants, les
semi-persistants et les dormants.
Hemerocallis fulva
Hémérocalle fauve, lis d’un jour orange.
Espèce pouvant atteindre 1,80 m de hauteur, aux eurs orange ; se
rencontre dans les vallées près de points d’eau. Cultivée dans toute la Chine,
elle se retrouve communément au Japon. Elle est parfaitement adaptée sur le
Nouveau Continent où elle est maintenant plus commune qu’en Chine.
Hemerocallis lilioasphodelus
Lis d’un jour, hémérocalle à eur d’asphodèle, hémérocalle jaune.
Espèce (appelée parfois Hemerocallis ava) pouvant atteindre 90 cm de
hauteur, aux eurs jaunes très odorantes. Originaire de la vallée du Yangtze,
elle est connue, de nos jours, sauvage et cultivée dans toute la Chine.
Hemerocallis minor
Petit lis d’un jour, lis d’un jour nain.
Espèce atteignant 40 cm de hauteur, également aux eurs jaunes odorantes.
Elle est très proche de l’espèce précédente à laquelle elle est parfois
scienti quement associée et présente la même répartition. Elle est originaire
également du Japon et de Sibérie.
Hemerocallis citrina
Hémérocalle citrine.
Espèce au feuillage persistant, atteignant 1,20 m de hauteur, aux eurs jaune
citron, odorantes.
Hemerocallis middendor i
Hémérocalle de Middendor .
Espèce n’atteignant que 30 cm environ de hauteur, aux eurs orange
odorantes. Elle se rencontre dans les prairies de haute montagne en Chine
du Nord, en Corée, au Japon et en Sibérie.
Histoire
Native d’une région relativement vaste englobant la Chine, le nord de l’Inde,
le Japon et la Corée, l’hémérocalle a une histoire ancienne. Si l’on s’en tient
aux écrits, l’oralité nous entraînant, selon un auteur américain, à 2697 AEC
(très précisément !), les hémérocalles sont citées dans les Canons de
Confucius, recueil de textes datés du e au e siècle AEC, et des références-
culinaires et médicales de la xuan-cao, qui deviendra Hemerocallis,
remontent à la dynastie Zhou, soit entre 1046 et 256 AEC. Toujours en
Chine, est publié, en 304, un traité intitulé État des plantes du Sud par Chi
Han dans lequel est présentée leur utilisation comme légumes. On les
retrouvera ensuite citées dans plusieurs ouvrages chinois dont un herbier
daté de 1059 qui en donnerait la première illustration. Selon Lin Hong, vers
1200, la sauce de soja associée à du vinaigre accompagne les jeunes racines
encore blanches des hémérocalles.
La date d’arrivée des hémérocalles en Europe et le chemin emprunté ne sont
pas très clairs. Si Dioscoride, Pline et d’autres auteurs parlent d’hemerocallis,
il s’agit en fait de lis, ou même parfois de toute autre plante botaniquement
plus lointaine mais souvent ne eurissant qu’un jour. On parle de deux
chemins pour atteindre l’Europe, la route de la soie pour l’hémérocalle
jaune, Lisbonne et le Portugal pour la rouge.
Ce n’est qu’en 1568, dans son ouvrage intitulé Florum (et non dans
Cruÿdebœck en 1554 comme cela est souvent écrit), que le naturaliste belge
Rembert Dodoens gure pour la première fois ses Lilium non bulbosum,
jaune et rouge, correspondant respectivement aux espèces Hemerocallis
lilioasphodelus et Hemerocallis fulva. Ses dessins furent copiés à l’identique
par tous les naturalistes de l’époque, tant amands qu’anglais ou français, et
ce n’est qu’en 1753 que Carl von Linné donnera à ces plantes leur nom
dé nitif. À cette époque, les hémérocalles eurissent déjà en grand nombre
dans les jardins botaniques. On doit au naturaliste anglais John Gerard, en
1597, dans son ouvrage e Herbal, le terme de daylily toujours en vigueur
de nos jours.
Ce n’est qu’au début du e siècle que les hémérocalles ont été introduites
Dans une poêle, faire revenir les oignons à feu doux. Réserver.
Faire revenir les échalotes émincées dans un peu d’huile.
Verser le vin blanc et faire réduire d’un tiers.
Verser le jus d’orange et réduire d’un tiers.
Ajouter les pétales d’hémérocalle ciselés et poursuivre la cuisson
quelques minutes. Réserver.
Faire revenir les suprêmes de poulet. Les ajouter aux oignons.
Pendant ce temps, ajouter les jaunes d’œuf à la sauce. Fouetter.
Servir les suprêmes arrosés de cette sauce.
Hibiscus
Hibiscus est dérivé du latin impérial hibiscum signi ant « guimauve ».
C’est à Carl von Linné, en 1753, que l’on doit la création du genre Hibiscus,
mais ce même mot existait depuis fort longtemps pour désigner
indistinctement la mauve ou la guimauve.
Présentation botanique
Les hibiscus sont des plantes plus ou moins arbustives, vivaces ou annuelles
selon les espèces, à tige dressée simple ; feuilles simples, alternes, ovales ou
lancéolées au bord ondulé ou denté ; eurs rouges, jaunes, roses ou blanches,
monochromes ou bicolores, isolées ou groupées, corolle à cinq pétales
généralement libres, calice à cinq sépales et présentant un calicule (ensemble
de petites feuilles qui double le calice) nul ou à divisions nombreuses (dix-
douze) et petites, ce qui les di érencie des mauves (trois bractées libres), des
lavatères (trois bractées soudées à la base) et des guimauves au calicule
formé de six à neuf bractées. Les eurs, éphémères mais nombreuses, sont
torsadées avant leur ouverture. Les nombreuses étamines des hibiscus sont
soudées entre elles par leurs lets en un long tube dans lequel circule le pistil
s’ouvrant par cinq stigmates ; les fruits sont en capsules à cinq loges
contenant une ou plusieurs graines, velues ou non.
Hibiscus rosa-sinensis
Hibiscus rose de Chine, ketmie rose de Chine, eur-à-chaussure.
Arbuste originaire du sud-est de la Chine, pouvant atteindre plus de 4 m de
hauteur mais ne supportant pas les températures négatives. Si la taille de
certaines variétés peut être plus modeste, celle des eurs peut atteindre 20
cm de diamètre. Toutes les couleurs chaudes sont possibles ainsi que le
blanc. Ses feuilles sont ovales, pointues et dentées.
Son histoire a suivi celle des déplacements de l’Homme d’île en île. Son
arrivée en Europe est relativement imprécise. On pense qu’il était présent
dans les jardins mauresques en Andalousie dès le e siècle.
Sert à noircir les sourcils des Indiennes (indélébile) et à faire un cirage pour
faire briller les chaussures (d’où l’un de ses noms vernaculaires).
Hibiscus sabdari a
Roselle, oseille de Guinée, thé rose d’Abyssinie, groseille-pays (Antilles),
eur de Jamaïque, carcadet, bissap, ketmie.
Hibiscus sabdari a serait originaire de Guinée ou peut-être du Soudan
mais, selon le botaniste Michel Adanson, Sabdari a serait un nom turc. Elle
est gurée par Mathias de Lobel en 1576 sous le nom de Sabdari a aux
eurs de couleur jaune cendré centrées de rouge sang et de pourpre, dont les
feuilles ovales, simples pour les basales, lobées et dentées pour les
supérieures, ont le goût de l’oseille, ce qui lui vaut son nom d’oseille de
Guinée rouge. Une variété à eurs verdâtres porte le nom d’oseille de Guinée
blanche. Les eurs naissent solitaires à l’aisselle des feuilles. L’espèce s’est
propagée sur tout le continent africain et fut particulièrement appréciée des
Égyptiens (voir ci-après). La plante peut atteindre une hauteur de 4 m et est
cultivée aussi pour ses bres.
L’espèce fut introduite au e siècle en Inde et en Amérique où elle
maintenant cultivée et naturalisée. On retrouve de nos jours des types
apparemment sauvages dans la savane africaine.
Hibiscus syriacus
Guimauve royale, althéa, hibiscus commun des jardins, ketmie des jardins,
mauve en arbre. C’est la rose of Sharon des Anglo-Saxons.
La dénomination de rose de Sharon est sans objet vis-à-vis de la plante
homonyme de la Bible (qui n’est pas non plus une rose). Dans les
dictionnaires des e et e siècles, le terme ketmie était synonyme
d’hibiscus.
Arbuste originaire des régions tempérées et tropicales de Chine,
contrairement à ce qu’indique son nom, cultivé de longue date, résistant au
froid. Feuilles souvent trilobées à bord à dentelures arrondies, caduques.
Nombreuses variétés portant sur la taille et le coloris des eurs ainsi que sur
le nombre de pétales ( eurs doubles ou triples, à pétales lisses ou
chi onnés). L’espèce est arrivée en Europe au e siècle probablement via la
Bissap
20 g de eurs d’hibiscus séchées
1 l d’eau
sucre (facultatif)
10 g de gingembre râpé ou de menthe verte
Sauce à l’hibiscus
Cette sauce est parfaite sur des coquilles Saint-Jacques juste poêlées ou
avec des magrets de canard.
60 g de eurs d’hibiscus séchées
60 g de sucre semoule
2 clous de giro e
½ étoile de badiane
1 pointe de couteau de muscade
2 cs de vinaigre balsamique
3 cs de sauce de soja
100 g de beurre demi-sel
Hosta
Présentation botanique
Les hostas sont des plantes vivaces allant de 20 cm à 80 cm de hauteur, se
développant en tou es larges (parfait couvre-sol). Ce sont des plantes
d’ombre. Ils sont caractérisés par leurs feuilles ovales, lancéolées, nervurées
comme celles du plantain, de grande taille, plus ou moins panachées dans
toutes les nuances de vert, de jaune et de bleu (ils furent cultivés pour leur
feuillage). Les eurs en grappes sur de longues hampes sont en forme de
clochettes pendantes, blanches ou mauves, généralement inodores à
l’exception d’Hosta plantaginea et de ses descendants ; elles apparaissent à la
n de l’été. Six étamines libres ou soudées sont présentes. Les fruits sont des
capsules à graines noires. Les hostas sont des Liliacées.
Parmi les espèces rencontrées, 22 à 70 selon les auteurs, on parle de
di érentes espèces connues au Japon ou en Corée (Hosta plantaginea,
sieboldiana, lancifolia, capitata …) et maintenant cultivées mais les hostas
des horticulteurs ne sont nommés en majorité que par leur nom de variété.
Hosta fortunei, indiquée comme étant la plus goûteuse, représente en fait
tout un groupe d’hostas.
Hosta plantaginea
Hosta à feuilles de plantain.
Originaire de Chine, c’est la plus ancienne espèce connue, encore présente à
l’état sauvage. La variété grandi ora présente de très grandes eurs blanches
odorantes rappelant celle de la eur d’oranger ou du lys. Ses feuilles sont
ovales, vert pâle luisant. C’est la seule espèce vraiment odorante et seules ses
variétés le sont pareillement.
Hosta sieboldiana
Hosta de Siebold.
Ses feuilles, vert un peu gris marginé de jaune, sont en forme de cœur, ses
eurs tubulaires blanches ou lilas pâle sont faiblement parfumées. Plusieurs
variétés sont connues.
Histoire
Son histoire est relativement ancienne dans son pays d’origine, c’est-à-dire
en Chine, où l’espèce la plus primitive (Hosta plantaginea) se rencontre de
nos jours à l’état spontané près de la côte est. On note sa présence dans les
jardins chinois (donc cultivée) pendant la dynastie des Han (206 AEC-220).
Son extension se t vers le nord et le sud pour atteindre la Corée, le sud de la
Russie et surtout le Japon où des manuscrits, précédant l’époque de Nara,
commençant en 710, parlent de cette plante. Un médecin et botaniste
hollandais, Engelbert Kaempfer, travaillant à la Compagnie néerlandaise des
Indes orientales, fut le premier Européen qui vit, décrit et gura en 1712
dans Amœnitates Exoticæ et son catalogue des plantes japonaises, cette
plante sous des noms peu indicatifs à savoir, Joksan, vulgò gibboosi, Gladiolus
plantagenis folio, soit « Hosta commun aux feuilles de plantain », et
Gibbosshi alter, soit « autre hosta ». Aucun Européen n’a alors vu cette plante
et c’est à un autre médecin de la même Compagnie, Carl Peter unberg,
que l’on devra les premiers spécimens séchés de ce genre qu’il appelle en
1780 Aletris puis, en 1784, Hemerocallis. Fort est de reconnaître que les
hostas et les hémérocalles ont pourtant peu de choses en commun et, en
1812, un botaniste autrichien Leopold Trattinnick décide de les nommer
Hosta en l’honneur de son compatriote Nicholaus omas Host. Las, Hosta
est déjà préoccupé par une verveine et, cinq ans plus tard, la plante est
rebaptisée Funkia par un botaniste allemand, Kurt Sprengel pour honorer le
Bavarois Heinrich Christian Funck, botaniste, collecteur de fougères alpines.
L’histoire aurait dû s’arrêter là mais le nom d’Hosta pour la verveine a été
invalidé et les Funkia redevinrent o ciellement, en 1905, des Hosta. Voilà
pour leurs noms de baptêmes principaux car ils furent aussi nommés Niobe
et Bryocles au cours de leur histoire.
Petit retour en arrière. C’est en 1789 que Lamarck décrit Hemerocallis
plantaginea à partir de plants du Jardin des plantes à Paris, provenant des
premières graines envoyées du comptoir portugais en Chine, Macao, par le
consul français Charles Louis Joseph de Guignes. En 1812, seules deux
espèces d’Hosta sont connues en Europe, toutes deux provenant de Chine.
Tout change à partir de 1829, date à laquelle un médecin néerlandais
spécialiste des yeux, Philip Franz von Siebold, travaillant au centre de l’île
japonaise de Deshima, parvient à collectionner pour son jardin les hostas du
Japon, en échange d’opérations de la cataracte et de soins souvent gratuits, et
à les expédier illicitement au jardin botanique de Leyden.
Il faut attendre le début du e siècle, 1839 exactement, pour que les hostas
soient signalés dans la littérature horticole américaine. Les plantes viendront
soit directement du Japon, envoyées tout d’abord par un médecin américain,
George R. Hall, puis par un horticulteur, omas Hogg Junior, soit par
l’intermédiaire des pays européens.
Peu de choses à dire sur ces plantes dont on connaît maintenant plus de 3
000 variétés sinon que des espèces nouvelles ont encore récemment été
découvertes en Corée, ce qui donne un coup de fouet à la passion des hostas
tombés un peu dans l’oubli après la Première Guerre mondiale.
En Chine, dans les temps anciens, les Hostas plantaginea soignaient
in ammation et èvre.
Utilisation en cuisine
Les hostas sont utilisés en cuisine depuis des siècles au Japon sous le nom
de giboshi mais les feuilles et les tiges sont connues sous le nom de urui. Les
Japonais se sont d’abord servis dans la nature avant de les cultiver. Tous les
hostas sont comestibles et tout est comestible dans les hostas. Les tiges se
mangent comme des asperges, conservées au vinaigre comme condiment,
ou con tes au sucre. Les feuilles peuvent remplacer les algues pour des
sushis.
Boutons oraux et eurs peuvent être consommés crus ou cuits. Ceux des
hostas odorants sont préférés. Les premiers peuvent être rapidement sautés à
la poêle et servis arrosés de sauce de soja et d’huile de sésame. Le goût
rappelle celui de la noisette et du feu de bois. Ils peuvent aussi être con ts au
sucre. Les boutons oraux séchés sont à la base de thé.
Les eurs, auxquelles on aura retiré pistil et étamines (comme pour les
hémérocalles), garnissent, crues, toutes sortes de salades. Elles conservent
un léger croquant. Elles peuvent être servies en beignet à pâte légère (voir p.
257).
Hyacinthus
Il est possible de suivre le nom de hyacinthus loin dans le temps, vers 2000
ans AEC, chez les Pelasges, peuple pré-hellénique de la Grèce. Il ferait
référence à la couleur bleue de l’eau.
On le retrouve dans la Bible pour dé nir un iris bleu foncé et il dé nit
également une pierre précieuse de couleur bleu-noir. Pourtant, les mythes de
l’Antiquité racontent l’histoire de Huakinthos (nom latinisé en Hyacinthus),
jeune éphèbe aimé du dieu Apollon qui fut tué accidentellement par ce
dernier et perdura dans la mémoire des Hommes par la naissance d’une
magni que eur… rouge, là où le sang du Laconien était tombé.
Une autre légende la fait provenir du sang d’Ajax, héros de la guerre de
Troie, donc là aussi en rapport avec une couleur rouge.
Trois espèces de jacinthes vraies, c’est-à-dire appartenant au genre
Hyacinthus de la famille des Liliacées, sont reconnues de nos jours, dont une
seule est cultivée dans nos régions.
En revanche, d’autres « jacinthes » ne correspondent pas, ou ne
correspondent plus, à notre jacinthe, dite aussi jacinthe d’Orient. C’est le cas,
pour les principales, de la jacinthe sauvage ou des bois ainsi que la jacinthe
d’Espagne qui appartiennent au genre Hyacinthoides, la jacinthe romaine
(Bellevalia), la jacinthe des Pyrénées (Tractema), la jacinthe à grappes ou
muscari d’Arménie (Muscari) et la jacinthe d’eau aquatique (Eichhornia).
Présentation botanique
Hyacinthus orientalis
Jacinthe des jardiniers, jacinthe d’Orient, jacinthe orientale.
Plante herbacée dont la racine est un bulbe arrondi à plusieurs écailles.
Quatre à six feuilles linéaires lancéolées glabres, vert foncé luisant. Tige
cylindrique droite portant de six à dix eurs disposées en grappe simple.
Corolle monopétale tubulée et ren ée dans sa partie inférieure, partagée à la
supérieure en six découpures très ouvertes et légèrement in échies vers
l’extérieur. Six étamines. Fruit en capsule à trois valves contenant des graines
arrondies et noires.
En culture, les jacinthes peuvent être de toutes les couleurs, uniformes ou
mêlées. Les eurs sont simples, semi-doubles ou doubles et le nombre de
eurs peut monter jusqu’à cinquante.
Histoire
La jacinthe, Hyacinthus orientalis, arrivée chez nous au e siècle, serait
Ce ne sont sûrement pas les croisés qui ont rapporté les jacinthes du
Moyen-Orient. Si le naturaliste français Pierre Belon a bien signalé la
présence de « trois sortes de hyacinthes » lors de son voyage au Levant entre
1546 et 1549, il n’insiste pas particulièrement sur ces eurs et ne les décrit
pas. Ogier Ghislain de Busbecq, ambassadeur de Ferdinand Ier auprès de
Soliman le Magni que, à qui l’on doit notamment, en principe, l’arrivée des
tulipes (voir p. 242) et celle du lilas (voir p. 149), pourrait être un de ces
convoyeurs de bulbes de jacinthe. Dans ses lettres, il parle de la visite, lors de
son premier voyage à Constantinople en 1554, de janissaires lui o rant des
bouquets de jacinthes et de narcisses. Il les avait trouvées en eur dès janvier
sur la route entre Andrinople (aujourd’hui Edirne) et Constantinople. Selon
les Anglais, John Gerard cultivait déjà, en 1596, des variétés simples et
doubles, bleues, pourpres et blanches, mais il n’est pas le premier Européen à
le faire puisqu’en 1585, Charles de L’Écluse dit cultiver la vaciet d’Orient (la
jacinthe des bois était appelée Vaciet) dans son jardin. Crispin de Passe,
peintre et dessinateur belge, ne signale que trois variétés, bleue, rouge et
blanche, ainsi qu’une eur double, toutes gurées dans son ouvrage Hostus
oridus paru en 1614. Les tulipes, reines du e siècle, s’e açant, le e
siècle devient celui des jacinthes, le nombre de variétés paraissant presque
sans limite. Si la jacinthomania ne connut pas la force de la tulipomania, les
jacinthes furent tout de même l’objet d’intenses spéculations.
Utilisation en cuisine
Rappelons tout d’abord que les bulbes sont toxiques, même si certaines
populations les ont un temps consommés. Seules les eurs sont comestibles.
Leur consommation n’est pas nouvelle puisque les eurs de jacinthe con tes
de Constantinople sont connues de longue date et que l’on retrouve dans un
livre médico-culinaire arabe du e siècle une recette de dattes jacinthées
que voici.
Faire macérer les eurs de jacinthe, sans tige, dans le lait chaud avec
la moitié du sucre.
Battre les jaunes d’œuf avec le sucre. Ajouter la farine.
Filtrer le lait, le porter à ébullition et le verser doucement sur
l’appareil précédent en remuant doucement jusqu’à épaississement de la
crème. Réserver pour tiédissement.
Ajouter le beurre fondu et introduire délicatement les blancs d’œuf
battus en neige.
Verser dans quatre ramequins beurrés et farinés et les placer dans
un plat rempli d’eau chaude à leur mi-hauteur.
Enfourner ce plat 30 min à 150°C (th. 5).
Jasminum
Sont appelées vrais jasmins toutes les espèces appartenant au genre
Jasminum, soit une quarantaine, sans parler des sous-espèces. Seules, celles
cultivées dans nos régions et pouvant être consommées sont répertoriées ici.
Nombreuses sont les plantes nommées par le nom vernaculaire de jasmin
mais qui appartiennent ni au genre Jasminum, ni même à la famille des
Oléacées. Seules sont citées, ci-après, les plus connues.
Jasmin des poètes ou jasmin sylvestre (Philadelphus coronarius,
Hydrangeacées) appelé aussi seringa (voir p. 226).
Jasmin étoilé, faux jasmin, jasmin des Indes (Trachelospermum jasminoides,
Apocynacées) : rapporté de Chine par Robert Fortune en 1844. Plante au
feuillage vert foncé persistant, aux tiges ligneuses pourvoyeuses de latex.
Fleurs abondantes, d’un blanc pur, à la corolle formée d’un tube dilaté en son
centre se terminant par cinq lobes incurvés rappelant une hélice, à cinq
étamines, à parfum de jasmin. Fruits secs déhiscents. Attention, toute la
plante est toxique.
Jasmin de Caroline (Gelsemium sempervirens, Gelsemiacées) aux eurs
jaunes toxiques et au feuillage luisant et persistant, tournant au bronze en
hiver.
Jasmin de Madagascar (Stephanotis oribunda, Asclépiadacées) aux eurs
blanches immaculées.
Jasmin de nuit (Cestrum nocturnum, Solanacées) dont les eurs quasi
insigni antes ne s’ouvrent que la nuit et exhalent un parfum de jasmin et de
tilleul.
Jasmin de Tonkin (Telosma cordata, Apocynacées). Ce faux jasmin aux
eurs jaunes est peu connu mais entre dans les cuisines vietnamienne et
thaïe pour la confection de plat bouillis ou sautés.
Présentation botanique
C’est une plante grimpante dont le feuillage découpé, vert-foncé, est
persistant ou semi-persistant selon le climat. La oraison est parfumée, de
longue durée. Les eurs ont cinq pétales blancs. Certaines variétés
présentent des eurs de couleur crème, jaune, rose, voire pourpre. Les fruits
sont des baies. Le genre Jasminum appartient à la famille des Oléacées.
Jasminum o cinale
Jasmin blanc, jasmin o cinal.
Il est originaire des régions himalayennes, introduit en Europe au e
Jasminum polyanthum
Jasmin blanc d’hiver, jasmin à nombreuses eurs, jasmin rosé.
C’est un jasmin grimpant, volubile, originaire de Chine (appelé duo hua su
xin). Le feuillage, dense, est persistant à semi-persistant selon le climat. Les
feuilles opposées sont pennées à cinq/sept folioles. Les petites eurs,
nombreuses, blanc pur à blanc rosé (les bourgeons sont rose soutenu) sont
très parfumées. Les baies, globuleuses, sont noires à maturité.
Jasminum fructicans
Jasmin d’été, jasmin ligneux, jasmin jaune, à eurs jaunes.
Il est également originaire des régions méditerranéennes et pousse
spontanément en France. Les feuilles sont alternes (cas unique chez les
jasmins), généralement trifoliées et persistantes. Les eurs, groupées par
trois à cinq, apparaissent à l’aisselle des feuilles à l’extrémité des rameaux, et
sont peu ou pas parfumées. Les baies, noir violet, sont toxiques.
Jasminum sambac
Jasmin d’Arabie, jasmin sambac, fel ou full (Tunisie).
Il est originaire des régions himalayennes (et non d’Arabie), et s’est retrouvé
rapidement dans de nombreux pays. Il fut longtemps appelé Nyctanthes
sambac. C’est lui qui parfume le thé au jasmin chinois, le terme de sambac se
rapportant à un parfum entêtant. Son feuillage est persistant, à feuilles
simples, opposées, entières, vert brillant. Les in orescences sont composées
de trois à douze eurs blanches au tube terminé par cinq à neuf lobes. Les
baies sont noires à maturité. Il existe de nombreux cultivars dont certains à
eurs multipétales ressemblant à des roses. Il est utilisé comme plante
ornementale ou rituelle lors de cérémonies religieuses hindoues. Il est la
eur nationale de l’Indonésie et des Philippines. Une dizaine de noms
vernaculaires le dé nissent en médecine ayurvédique pour des soins
ophtalmiques, des maux de tête, des èvres, des problèmes de peau et bien
d’autres. En médecine chinoise traditionnelle, il soigne, entre autres,
diarrhées ou tumeurs. Racines et feuilles entrent dans les médications. Il
parfume le thé chinois dès le e siècle AEC.
Jasminum odoratissimun
Jasmin odorant, jasmin jonquille.
C’est un jasmin à petites eurs jaunes utilisées en parfumerie, originaire des
Indes.
Histoire
Le jasmin est originaire d’Asie et plus probablement d’Inde où on le
retrouve de longue date utilisé dans la médecine ayurvédique.
À environ 115 AEC et suite aux premières ambassades chinoises en Iran
sous la royauté de Mithridate II de Parthie, diverses plantes, dont le safran et
le jasmin, furent introduites en Chine où il y est nommé molihua ou
yeximing. On trouve ainsi notation, dans le Nanfang cao mu zhuang de Ji
Han paru vers 304, de deux jasmins, le molihua qui sera notre Jasminum
sambac et le yeximing qui sera Jasminum o cinale (voir ci-après).
On lit souvent que le jasmin aurait été introduit en Europe (Espagne, Italie,
France) par les Arabes ( e siècle) puis par les Portugais ( e siècle), tous
deux faisant commerce avec l’Inde et la Chine, mais c’est oublier sa présence
en Égypte à la n de la XXe dynastie (1292-1069 AEC). L’égyptologue
Ludwig Keimer a considéré des perles de faïence de cette époque comme
représentant des boutons de eur de Jasminum sambac, tandis que des eurs
attribuées à Jasminum grandi orum ont été retrouvées dans le mausolée
royal de Deir-el-Bahri découvert par l’égyptologue français Gaston Maspero
en 1881, et daté également de la n de cette dynastie.
Plus récemment, des eurs de Jasminum sambac ont aussi été reconnues
dans la nécropole de Hawara en bordure du Fayoum, datée e- e siècles.
C’est donc peut-être d’Égypte où le jasmin, bien que non indigène, fut utilisé
comme parfum, qu’il nous parvint, apporté, non pas par les Arabes, mais
par les Romains. Dioscoride, dans son Materia medica, se réfère à l’huile
d’iasmelaion utilisée en ablutions après le bain. La question est posée par les
historiens de l’utilisation de la plante ou simplement de son huile (qui peut
être importée). Cependant, des peintures murales trouvées à Pompéi (100
AEC-50) montrent sa culture et il est connu que les Romains fabriquaient
leur parfum, iasminum, à partir des boutons de eurs de jasmin. Si les Perses
en extrayaient une huile pour parfumer leurs habitations, les Romains
l’utilisaient en pommade.
Pourtant, le jasmin ne sera pas célèbre en Europe à cette époque. Le
médecin et égyptologue arabe Abd al-Latîf al-Baghdâdî en parle
sommairement ainsi que de l’huile de « zambak » dans son ouvrage
Description de l’Égypte écrit de son vivant, mais il faut s’intéresser à Ibn
Bassāl, botaniste et agronome maure travaillant à la réalisation du jardin
botanique du sultan à Séville, lorsqu’il étudie et présente, dans son Livre de
l’agriculture, la propagation et la culture de di érentes plantes dont le jasmin
qu’il a rencontré à Valence, à Alexandrie en Égypte et à Khurasan en Iran.
Vers 1450 en Espagne, 1500 au Portugal, le jasmin apparaît dans des écrits
isolés. Dans le sud de l’Italie, un dictionnaire arabo-latin de 1240 mentionne
l’huile extraite de eurs de jasmin qui fut et est encore utilisée contre stress
et dépression, comme sédatif ou relaxant, en infusion ou en huile de
massage.
La plus ancienne représentation botanique connue serait celle du Liber de
Simplicibus de Niccolò Roccabonella, paru en 1419. La légende raconte que
le banquier et homme d’État orentin Cosme de Médicis fut le premier à
avoir un jasmin dans son jardin.
Prosper Alpin gure dans son ouvrage De plantis Aegyptis liber, paru en
1592, un jasmin qu’il nomme Sambac arabicum sine Gelsimino Arabico.
La eur de jasmin est, avec la rose, celle qui est la plus prisée des
parfumeurs pour sa délicatesse. Le jasmin a été de tous les temps de
l’histoire des parfums, traversant époques et modes. Sa fragrance dépend de
son lieu de culture : sensuel (Égypte), miellé (Inde), vert et animal (Grasse).
On dit que plus de deux cent cinquante constituants ont été répertoriés.
Depuis le début du e siècle, le jasmin intéresse particulièrement la
phytothérapie. Ses vertus sédatives et antiseptiques concernent
l’aromathérapie. Des recherches médicales sur ses propriétés anti-ulcère,
antibactériennes et cicatrisantes se poursuivent.
Emblématique de la Tunisie, la eur de jasmin symbolise pureté, douceur
de vivre et tolérance. C’est cette eur qui fut choisie par un journaliste pour
parler de la révolution tunisienne de 2010-2011, appelée Révolution de
jasmin. Ce pour quoi, dans la foulée, le gouvernement chinois exerça alors sa
censure sur cette eur.
Utilisation en cuisine
Dans son Grand dictionnaire de cuisine, Alexandre Dumas écrit que « le
jasmin n’est guère employé dans la cuisine que pour la fabrication des
sorbets et dragées » et renvoie à ses deux articles. Le sorbet, tel qu’il est
dé ni (dans le chapitre « Glace »), est de « la glace solide ottant dans un
mélange de glace fondue » et peut être à base d’eau distillée de eurs
exotiques dont le jasmin.
Le riz jasmin, riz très parfumé, doit son nom à son arôme de jasmin et se
rencontre en aïlande sous le nom de hom mali (« riz à l’arôme de jasmin
»). Le jasmin n’y est pas présent.
Par son fort parfum sucré, le jasmin se marie avec tous les desserts (crèmes,
ans, fromage blanc, salades de fruits).
Le jasmin se marie parfaitement avec du chocolat, en crème ou en gâteau.
Mousse au chocolat et au jasmin
20 cl de crème eurette
20 g de sucre glace
150 g de chocolat noir à cuire
4 œufs
24 eurs de jasmin
Hesperis
L’origine du nom latin est plus simple. Hesperis vient du grec hesperos
signi ant « soir », la plante libérant son doux parfum essentiellement au
crépuscule.
Présentation botanique
Le genre Hesperis appartient à la famille des Brassicacées et comprend de
nos jours une quinzaine d’espèces. Une seule d’entre elles nous intéresse.
Hesperis matronalis
Julienne des dames, des jardins, commune, giro ée musquée, cassolette,
violette des dames, violette des matrones, violette de Damas.
Son nom vernaculaire violette de Damas répond pour certains au fait qu’elle
viendrait de cette région, pour d’autres ce serait dû à une erreur
orthographique, transformant dame en Damas.
Plante herbacée, vivace, bisannuelle. Tige unique, couverte de poils
ré échis, pouvant atteindre 1 m de hauteur. Feuilles vert foncé, lancéolées,
au bord denté, également couvertes de poils, pétiolées, alternes et caduques.
Fleurs à quatre pétales, violet pâle ou blanches, parfois mélangées dans la
même colonie, odorantes, regroupées en grappes terminales. Le fruit est une
longue silique dressée. On la retrouve dans les milieux frais et ombragés, le
long des chemins. Elle est devenue ornementale.
Histoire
La julienne des dames est originaire d’Eurasie et se retrouve de nos jours à
l’état sauvage dans la majorité des pays d’Europe centrale ainsi qu’en Asie. La
première mention d’un Hesperis se rencontre chez éophraste lorsqu’il
traite des odeurs de certaines plantes plus intenses la nuit. Le passage est
reproduit intégralement par Pline dans ses Histoires, mais il semble que ce
soit de l’espèce tristis dont il parle.
Leonhart Fuchs, dès 1542, décrit et représente trois variétés (blanche, rouge
et pourpre) sous le nom de Viola matronalis (reprise plus tard sous le nom
d’Hesperis matronalis) qu’il sépare des giro ées. Il cite les écrits de Claude
Galien pour ses vertus connues de faciliter la digestion (par leur amertume)
ou lutter contre la toux. Pierandrea Matthioli, dans ses Commentaires sur
Dioscoride, parle de violiers.
Elle est introduite au Québec au e siècle comme plante médicinale.
Échappée des jardins, elle est reconnue comme envahissante aux États-Unis.
On la retrouve aussi en Amérique du Sud, au Japon ou en Australie.
Utilisation en cuisine
Les feuilles sont consommées comme légumes ou participent, crues, à des
salades auxquelles elles apportent une certaine amertume. Les eurs,
également légèrement amères, sont appréciées pour leur parfum suave,
rappelant le jasmin. Elles peuvent être con tes pour décorer des desserts ou
être sucées comme des bonbons. Elles s’associent parfaitement à des fraises
pour la réalisation d’une crème.
Lavandula
La lavande de mer (Limonium), dont les eurs violettes agrémentent
souvent les bouquets secs, n’a rien à voir avec la lavande.
Tous les auteurs ne sont pas d’accord sur la classi cation des lavandes au
sein de la famille des Lamiacées, mais, d’une manière consensuelle, celles-ci
peuvent être divisées en deux sections : celle des spica (L. angustifolia, L.
latifolia, anciennement spica, et L. lanata), et celle des stœchas (Lavandula
stœchas, L. dentata, L. viridis). Cette division en deux sections est
importante pour comprendre l’histoire des lavandes (voir ci-après), appelées
à l’origine stœchas et spica.
Présentation botanique
La lavande est un sous-arbrisseau vivace, à port tou u, qui peut atteindre 1
m de hauteur. Les tiges sont peu feuillées. Les feuilles persistantes, étroites,
opposées, vertes au printemps, vert cendré en été, sont coriaces. Les eurs,
mauves à bleu-violet, en épis terminaux lâches, apparaissent au début de l’été
sur de longues tiges dénudées, non rami ées. Leur corolle est bilabiée, lèvre
supérieure relevée, arrondie et souvent fendue, lèvre inférieure divisée en
trois parties. Les quatre étamines sont soudées par les lets. Les fruits sont
des capsules à plusieurs graines.
Lavandula angustifolia
Lavande, lavande o cinale, vraie, femelle, à feuilles étroites ou aiguës,
lavande ne, de montagne.
Connue à l’état sauvage surtout en Provence et cultivée. Les feuilles
persistantes gris vert, étroites, sont simples et opposées. Les eurs violettes
apparaissent à l’aisselle des feuilles supérieures et sont groupées en épis.
Lavandula latifolia
Grande lavande, à feuilles larges, aspic, spic, mâle.
Elle peut atteindre 80 cm de hauteur. Ses feuilles sont plus grandes que
celles de sa sœur angustifolia, gris vert, devenant argentées en été. Les
hampes orales sont nes et rami ées. Les eurs en épis, bleues ou violettes,
ont une odeur camphrée.
Lavandula lanata
Lavande laineuse, d’Andalousie.
Originaire du sud de l’Espagne, c’est une plante aux feuilles persistantes,
grises, presque blanches et duveteuses. Les eurs d’un violet soutenu sont
très parfumées.
Lavandula stœchas
Lavande stéchade, à toupet, papillon, des Maures.
Elle est à oraison plus précoce. Les eurs, rapprochées de la partie feuillée,
sont serrées en épis, de couleur pourpre sombre, et surmontées d’une tou e
de grandes bractées violacées, sentant le camphre, un peu entêtante.
Lavandula viridis
Lavande verte, jaune.
Elle est endémique du Portugal et présente également au Maroc, atteignant
40 cm de hauteur seulement. Les eurs sont de couleur vert clair.
Lavandula dentata
Lavande dentée, anglaise (elle n’est pas la seule), française, espagnole ou
dentelée.
Elle est caractérisée par ses feuilles opposées, de couleur vert argenté aux
bords dentés en petits lobes arrondis. Elle sert essentiellement en médecine
ou pour la décoration des plates-bandes sauf, visiblement, en Angleterre où
elle est utilisée pour parfumer des crèmes glacées. L’odeur de son feuillage
est intermédiaire entre la lavande angustifolia et le romarin.
Lavandin
Le lavandin est une lavande hybride entre la lavande vraie (angustifolia) et
la lavande aspic (latifolia), au rendement plus important mais de moindre
qualité olfactive. Stérile, il ne se reproduit que par bouture et ne se trouve
pas à l’état sauvage. Ses épis sont plus gros, pointus et violets.
Histoire
Tout a été dit sur l’origine géographique de la lavande, ou plutôt des
lavandes, la Perse, l’Égypte, les îles Canaries, la France…, encore faudrait-il y
apporter un minimum de preuves et savoir de quoi l’on parle. La plus
ancienne « preuve » remonterait ainsi à Toutânkhamon dont le tombeau en
était, paraît-il, encore parfumé lors de sa découverte. Sauf que rien n’indique
que ces e uves étaient bien de la lavande (au sens large). Les archéologues
parlent de myrrhe, d’encens, de cannelle et autres plantes aromatiques mais
non de lavande. Le papyrus d’Ebers, daté d’environ 1520 AEC, ne liste
aucunement la lavande, que d’ailleurs l’orientaliste et explorateur suédois
Pehr Forsskål n’a pas observée à l’état spontané, ni en Égypte, ni en Arabie,
lors de son voyage dans ces pays. Contrairement à ce qui est écrit,
éophraste ne mentionne pas la lavande en Grèce à son époque, sinon il
l’aurait placée soit parmi les Labiées qu’il connaissait parfaitement, soit
parmi les plantes à parfum pénétrant (à côté du thym ou de l’origan). Ni
l’Iphyum, ni le Typhium, ni le Cneorum de éophraste ne peuvent donc être
assimilés à la lavande. Il faut aussi abandonner l’idée que le casia (di érant
totalement de la cassia ou cannelle) de Virgile, cité dans ses Géorgiques,
ouvrage écrit entre 36 et 29 AEC, soit de la lavande, comme l’a rappelé en
1826 l’historien et botaniste suisse Frédéric Gingins de La Sarraz dans son
Histoire naturelle des lavandes. Dioscoride reste donc le premier à nous la
décrire mais seulement l’espèce stœchas (stechas) qu’il connaît dans les îles
d’Hyères, alors appelées, pour la présence en abondance de cette plante, îles
Stéchades, et dont il donne, dans Materia Medica, les propriétés médicales.
Pourquoi cette plante fut-elle appelée Stœchas arabica, laissant entendre son
origine exotique (du Caire) si elle était aussi présente dans les îles d’Hyères ?
Il est vrai qu’elle était aussi connue au moins dans le Royaume du Pont
(aujourd’hui en Turquie, sur la côte sud de la mer Noire) puisque la
thériaque, ce contre-poison inventé par le roi Mithridate VI, contenait selon
Claude Galien de la stœchas.
Certains historiens renâclent à assimiler le Pseudonardus de Pline à la
lavande bien que cette appellation ait perduré dans ce sens. D’après cet
auteur, les Romains remplacèrent progressivement le nard indien dans les
compositions aromatiques pour parfumer leurs bains par, entre autres, de la
lavande. Il ne s’agit pas de la stœchas, citée par ailleurs par Pline, mais d’une
autre lavande.
Leonhart Fuchs, en 1551, expliquera que le pseudonard est en fait divisé en
deux espèces, celle nommée « mâle » et qui correspond à la spica, à l’aspic de
l’époque, donc à Lavandula latifolia de nos jours, et la « femelle » qui est
notre lavande vraie ou Lavandula angustifolia. Il représentera ces deux
formes dès 1542 dans son Stirpium. Il est intéressant de remarquer que
Fuchs écrit à propos de cette dernière, que « les o cines & herbiers l’hont
nommée, Lavandula, ou Lavendula : parce qu’elle est désirée pour les bains
& lavoirs des hommes ». Ce n’est donc pas Carl von Linné qui a introduit ce
nom (pour la même raison), comme on peut le lire si souvent. C’est lui, en
revanche, qui a regroupé lavande, aspic et stœcheas sous la bannière de ce
même genre.
Mais la lavande n’a pas attendu le e siècle et Leonhart Fuchs pour faire
connues, ce qui ne veut pas dire bien di érenciées dans les écrits.
Angustifolia et lantifolia sont plus concernées en parfumerie, sous forme
d’huile essentielle, que stœchas en raison de la forte odeur camphrée de cette
dernière. La culture de la lavande connaîtra son apogée à partir du e
siècle grâce aux parfums. Au siècle suivant, on parlera de « l’or bleu » de
Provence.
La lavande est connue depuis longtemps pour ses propriétés cicatrisantes et
antiseptiques. Elle était recommandée contre les morsures de serpent (d’où
son nom de lavande aspic). Jusqu’à très récemment, son utilisation était
essentiellement médicale, y compris en parfumerie, les bonnes odeurs étant
réputées chasser les microbes et les maladies. La lavande a ainsi été utilisée
lors des épidémies de peste dont celle en Provence en 1721.
Au e siècle, sous le nom de Stœchas arabique, ses eurs ont été un des
Porter le lait à ébullition et, hors du feu, y jeter les eurs de lavande.
Réserver 10 min et ltrer.
Ajouter sucre et cacao.
Syringa
C’est à Carl von Linné que l’on doit le nom latin de Syringa, lequel avait été
donné par plusieurs botanistes de la Renaissance à diverses plantes
odoriférantes, le lilas, un jasmin, une bignone et ce qui est l’actuel seringat
appelé Philadelphus coronarius (voir p. 226). Étymologiquement, les termes
syringa et seringat se rapportent à un tuyau creux, ce que nous explique le
botaniste et herbaliste allemand Tabernaemontanus en 1588, les rameaux
tant du lilas que du seringat étant creux et remplis de moelle. Syringa serait
le nom que les Persans auraient donné à cet arbre qui appartient à la famille
des Oléacées.
D’autres arbres sont appelés aussi « lilas », tels le lilas des Indes originaire
des régions tropicales de Chine (et non des Indes) et répondant au nom latin
de Lagerstrœmia indica, car dédié par Linné en 1753 à son ami et
compatriote Magnus von Lagerstroem qui avait découvert cet arbre alors
cultivé en Inde. Il appartient à une autre famille que notre lilas, celle des
Lythracées. Le lilas de Perse ou Melia azedarach de la famille des Meliacées,
souvent confondu avec le margousier (Azadirachta indica), présente lui aussi
des in orescences rose lilas parfumées. Il est originaire d’Inde et du sud de
la Chine.
Présentation botanique
Une vingtaine d’espèces de Syringa sont connues de par le monde ainsi que
de nombreuses variétés dont certaines à eurs doubles et de toutes couleurs
allant du blanc au rouge foncé en passant par le rose, le mauve ou le lilas. La
plus commune est Syringa vulgaris, anciennement appelée Syringa cærulea.
Syringa vulgaris
Lilas commun, lilas français.
Arbre pouvant atteindre 5 m de hauteur mais souvent plus petit. Les feuilles
vertes, opposées, entières, ovales acuminées, lisses, sont caduques. Les eurs,
bleu violet, plus rarement blanches, sont groupées en panicules groupées
généralement par deux à l’extrémité des rameaux de l’année précédente, en
forme de pyramide obtuse d’une longueur moyenne de 15 cm environ. Le
calice est petit, à quatre dents, la corolle en tube allongé, deux anthères sont
présentes. Les fruits sont en capsules ovales en fer de lance et comprimée,
dures, de couleur fauve, à deux loges contenant chacune deux graines ailées.
Syringa oblata
Lilas de Giraldi, lilas de Mandchourie.
C’est un petit lilas chinois aux feuilles en forme de cœur ou en losange, à
oraison précoce. Les in orescences en panicules de eurs simples, mauves,
sont très parfumées. Le feuillage présente de superbes teintes rougeâtres à
l’automne.
Syringa pubescens
Lilas pubescent.
Originaire de Chine ou de Corée, il est surtout connu par des sous-espèces.
C’est un arbuste à feuillage caduc de taille plus modeste que le lilas commun.
Ses feuilles sont plus petites et ses eurs, apétales, au calice pétaloïde,
légèrement moins parfumées.
Histoire
Il est habituel de lire que Pierre Belon fut le premier, en 1553, à avoir
mentionné le lilas qu’il aurait admiré au cours de son voyage au Levant. Il est
intéressant de signaler que, d’une part, cet auteur ne donne aucun nom autre
que celui vernaculaire de queue-de-renard et que, par ailleurs, la description
sommaire qu’il en fait ne correspond pas du tout au lilas puisqu’il s’agit «
d’un petit arbrisseau qui porte les feuilles de Lierre, qui est verd en tout
temps et fait la eur presque d’une coudee de long, de couleur violette,
entourant le rameau, gros comme une queuë de Regnard ». Charles de
L’Écluse avait déjà signalé cet anachronisme dans son ouvrage Rariorum
aliquot stirpium per Hispanias observatarum historia, publié en 1576.
Nombreuses sont les plantes appelées queue-de-renard et qui méritent
nettement plus cette appellation que le lilas.
En 1565, Pierandrea Matthioli est un des premiers à gurer le lilas, peut-
être d’après dessin, et signale qu’il croît en abondance en Espagne, ce qui
permettrait de supposer que cet arbre y est présent depuis longtemps,
probablement apporté par les Arabes vers le e siècle. D’ailleurs en 1576,
Charles de L’Écluse parle d’un lilas qu’il appelle Syringa cærulea lusitanica, ce
qui renvoie à la péninsule ibérique. D’après Matthioli, le lilas était cultivé à
Padoue, en Italie, dès cette époque puisqu’on le lui en envoie une branche.
Pourtant, ni Leonhart Fuchs, en 1551, ni Rembert Dodoens en 1557, ne le
signale, ce qui ne plaide pas en faveur d’une culture généralisée. Quant à un
apport arabe, contrairement à ce qui est annoncé par certains dictionnaires
du e siècle, son introduction dans les dictionnaires arabes ne date que de
ce siècle, ce qui est en défaveur d’une antériorité quelconque, tout comme
d’ailleurs celle dans les dictionnaires espagnols. Rien n’est vraiment clair.
Son introduction est donc quasi certaine en Europe de l’ouest, en 1563, par
Ogier Ghislain de Busbecq, ambassadeur autrichien de l’empereur
Ferdinand Ier à la cour de Soliman le Magni que, dit « le Magni que »,
sultan à la cour de Constantinople. On parle de lui pour une possible
première illustration. On sait cette plante présente à Vienne en Autriche dès
1583 mais elle semble tomber dans l’oubli pour connaître une seconde
naissance à la n du e siècle. Le lilas sera alors dans tous les jardins
publics avant de conquérir les régions à hivers froids, nécessaires pour une
belle oraison. Pourtant, parce que les Balkans étaient une partie l’Empire
turc, il fallut attendre le e siècle pour que l’on comprenne que son lieu
d’origine n’était pas un lointain Orient mais très probablement les gorges de
Cazane en Roumanie.
Le lilas est passé très vite en Angleterre, peut-être introduit par John
Tradescant, puis, dès le e siècle, dans les colonies américaines. On doit à
l’horticulteur français Victor Lemoine la naissance de près de 64 cultivars
(plus de 200 aujourd’hui), après sélection et hybridation à partir
essentiellement de l’espèce Syringa vulgaris, appelée à l’étranger lilas français.
Des propriétés fébrifuges furent signalées dès le e siècle et les eurs de
lilas, associées au citron, furent utilisées dans le traitement de la malaria,
mais d’autres recherches les lui dénièrent. En médecine parallèle, il soigne
des infections rénales et est utilisé comme vermifuge. En Russie, les eurs
sont à la base d’un onguent contre les rhumatismes articulaires.
On lui reconnaît aujourd’hui des propriétés antinévralgiques, sédatives,
fébrifuges et toniques. En grande quantité, les eurs peuvent être laxatives.
Utilisation en cuisine
Si l’on suce chaque eur, un peu de nectar sucré en sort mais les eurs du
lilas sont croquantes, astringentes et légèrement amères si l’on garde les
calices. Il est possible de récupérer son parfum par infusion dans du lait, de
l’eau ou de l’alcool. Les eurs peuvent être aussi cristallisées pour la
décoration de crèmes ou de gâteaux, ou être à la base de gelées.
Linaria
Présentation botanique
Ce sont des plantes herbacées dressées ou couchées, vivaces ou annuelles, à
souche rampante. Feuilles souvent verticillées à la base, puis alternes le long
de la tige. Fleurs composées de cinq pétales formant deux lèvres, l’inférieure,
bombée, refermant la corolle pour les insectes non désirés. Elles sont munies
d’un éperon à nectar orienté vers le bas.
Les linaires sont natives d’Eurasie, mais présentes dans tout l’hémisphère
nord. Seules sont présentées ici la linaire commune et la rampante de nos
régions, rencontrées sur les bords des chemins ou les terrains vagues, mais
aussi comme plante ornementale.
Linaria vulgaris
Linaire commune, sauvage, lin sauvage, mu ier-linaire.
Plante pouvant atteindre 80 cm de hauteur. Tige robuste, simple ou
rami ée, duveteuse. Feuilles alternes, sessiles, lancéolées (ressemblant à
celles du lin) aux bords enroulés, bleu-vert. Fleurs nombreuses, en grappes
longues en épis, terminales. La corolle, jaune, est bilabiée, en éperon long et
légèrement arqué, la lèvre inférieure trilobée est munie d’une protubérance
orange à sa base. Quatre étamines présentes, dont une imparfaite. Le fruit est
une capsule presque globulaire.
Les eurs ont un goût d’herbe salée, froissées, elles rappellent le sureau. Ce
n’est pas pour leur goût qu’elles sont appelées butter and eggs (beurre et œuf)
chez les Anglo-Saxons mais pour leurs couleurs.
Linaria repens
Linaire rampante, striée, mu ier rampant.
Plante pouvant atteindre 80 cm de hauteur, à tige glabre, rami ée, aux
feuilles glauques, sessiles. Fleurs en grappes lâches terminales. La corolle est
généralement blanche, striée de violet, à palais taché de jaune. L’éperon est
court. Les eurs sont sans odeur.
Antirrhinum
Du grec anti, « semblable à », et rhin, « nez, mu e ». On parle toujours de la
corolle en forme de nez ou de mu e, mais les Anciens parlaient de la «
graine », en fait du fruit (voir « Histoire »).
Présentation botanique
Plante vivace mais éphémère dont l’origine reste inconnue, probablement
des régions méditerranéennes, pouvant atteindre 1,20 m de hauteur, voire
plus.
Antirrhinum majus
Mu ier des jardins, mu e-de-chien, mu e-de-bœuf ou mu e-de-veau,
gueule-de-lion, gueule-de-loup.
L’Antirrhinum majus est une plante endémique des Pyrénées orientales à
eurs roses à pourpre, pour les espèces non cultivées, groupées en
in orescences allongées situées au-dessus des feuilles. Des variétés se
déclinent de nos jours de toutes les couleurs. Les mu iers n’ont pas d’éperon
à la lèvre inférieure mais une bosse. Antirrhinum latifolium, appelée mu ier
à larges feuilles, caractérisée par des eurs généralement jaunes, est
aujourd’hui considérée comme une sous-espèce d’Antirrhinum majus.
Histoire
Il est toujours di cile de savoir si les Binaria de Pline et les Osiris de
Dioscoride correspondent bien à nos linaires. Cela est probable mais non
certain. Leonhart Fuchs en 1542, traitant de la linaire, rappellera que les
Français l’appellent lin jaune sauvage, les latins Osiris et les apothicaires
Linaria. Le terme Linaria semble, en fait, avoir été utilisé en premier par
Jérôme Bock dit Tragus au e siècle. Les linaires ont une longue histoire
médicale, pour une grande variété d’a ections dont la jaunisse ou l’entérite.
Son surnom d’herba urinalis fait référence à ses propriétés dépuratives.
Les linaires connurent (et ont toujours) leur heure de gloire avec la
découverte dans une île suédoise et la description, en 1744 par Carl von
Linné, d’une forme « aberrante » à cinq éperons (au lieu d’un seul) qu’il
nomma Peloria signi ant « monstre » en grec. Charles Darwin, au e
siècle, utilisera ce Peloria comme exemple de variations naturelles dues à la
sélection et, au tournant du e, le botaniste néerlandais Hugo de Vries le
prendra comme exemple de mutation. Aujourd’hui, on sait que cette
modi cation est due à un phénomène épigénétique (ici, la modi cation
locale d’un groupement méthyle de l’ADN par le substrat) et est réversible.
On parlera de pélories pour d’autres plantes car le phénomène n’est pas limité
aux linaires.
On parle souvent d’espèces introduites en Amérique dès le e siècle en
Cuire les lentilles dans beaucoup d’eau contenant les épices listées.
Les égoutter en gardant un peu de jus de cuisson pour uidi er la
purée si nécessaire. Mixer en purée.
Avec une seringue à pâtisserie (ou à défaut une cuillère à moka),
farcir les eurs de mu ier.
Coucher une petite tranche de saumon sur chaque toast et poser
une eur farcie.
Luzerne
Le terme de luzerne vient du provençal luzerno signi ant « ver brillant » en
rapport avec la brillance de ses graines.
Medicago
Medicago se rapporte à l’ancienne Médie (nord-ouest de l’Iran actuel) où
elle fut découverte, donc chez les Perses et rapportée par les Grecs.
Le genre Medicago comporte une quarantaine d’espèces et appartient à la
famille des Fabacées.
Présentation botanique
Plante très mellifère pollinisée à plus de 75% par les bourdons, ce qu’avait
déjà signalé Charles Darwin et qui valut l’introduction de di érentes espèces
de bourdons en Australie, alors colonie britannique.
Sa longue racine pivotante et son système racinaire extrêmement développé
lui confèrent une très bonne résistance à la sécheresse. Fixant l’azote grâce à
des nodosités formées sur les racines, elle enrichit le sol et augmente la
possibilité de productivité des terres agricoles.
La eur comporte une corolle à cinq pétales, avec un étendard supérieur de
grande taille, deux ailes ou pétales latéraux et une carène formée de deux
pétales ventraux.
Medicago polymorpha
Luzerne polymorphe, luzerne hérissée.
C’est une plante herbacée pouvant atteindre 50 cm de hauteur, annuelle à
biannuelle. La tige est glabre. Les feuilles, semblables à celles du trè e,
tripartites, aux folioles en partie dentés, peuvent présenter une tache brun-
noirâtre vers leur base. Les eurs, jaunes, sont regroupées (deux à huit). Les
fruits sont en forme de gousse enroulée à spires imbriquées formant un
disque et présentant un sillon épineux. Les graines sont jaunes, lisses et
brillantes.
Medicago sativa
Luzerne cultivée, alfalfa.
C’est une plante herbacée vivace, résistante au froid, pouvant atteindre 80
cm de hauteur. Les feuilles sont formées de trois folioles oblongues. Les
eurs, bleu-violet, plus grandes que celles de l’espèce précédente, sont
disposées en grappes courtes à l’extrémité des tiges. Les fruits sont en
gousses recourbées en hélice sénestre sur deux ou trois tours.
Deux cultivars de cette espèce sont connus, la sous-espèce sativa à eurs
violettes et la sous-espèce falcata à eurs jaunes, parfois confondue avec la
luzerne bigarrée hybride (Medicago x varia) aux eurs jaune-vert. C’est de
leur rencontre qu’est née la variété « amande » dont descendent les luzernes
actuelles.
Histoire
Si la luzerne est probablement originaire du Croissant fertile (Turquie, Irak,
Iran, sud du Caucase) et de l’est du bassin méditerranéen, il est di cile de
connaître avec certitude les premières traces de sa domestication. Les
tablettes hittites (Turquie) mentionnent son utilisation comme nourriture
hivernale des animaux dès 1400-1200 AEC. Certains auteurs suggèrent que
les Sumériens aient pu véhiculer la luzerne en Méditerranée orientale mais
les preuves manquent. Une étude montre que la puissance de l’Empire perse
aurait été fondée sur le développement d’un système d’irrigation permanente
autorisant un rendement allant jusqu’à sept récoltes par an de la luzerne, ce
qui permettra ensuite un meilleur rendement des cultures céréalières. Il
semble qu’elle ait été utilisée comme nourriture du cheval, animal de guerre
par excellence mais aussi pour tout bétail.
La Grèce ne connaît pas la luzerne. Celle-ci sera apportée par les armées de
Xerxès Ier lors de la Deuxième Guerre médique contre les Perses, au e siècle
AEC, comme le signale le géographe grec Strabon dans sa Géographie écrite
entre 20 et 23. éophraste en parle dans ses Recherches sur les plantes,
ouvrage paru dans les années suivant 314 AEC.
On sait que Zhang Quian, explorateur et envoyé impérial chinois, a
rapporté en 116 AEC, à la cour de l’empereur Han dans le Shaanxi, la vigne
et la luzerne alors inconnues dans son pays. Sous la dynastie des Tang, la
luzerne est nourriture de chevaux mais entre aussi dans la pharmacopée
chinoise puis indienne contre, notamment, l’anémie et l’asthénie.
Il est souvent écrit que la luzerne t son apparition en France au e siècle,
venue d’Espagne après y avoir été introduite par les Arabes. Cela est exact
mais il semble s’agir d’une seconde introduction. En e et, un site
archéologique à Florensac dans l’Hérault, daté du e siècle AEC a fourni un
assemblage important de légumineuses dans lequel la luzerne hérissée
(Medicago polymorpha) est surreprésentée. Cette luzerne annuelle, et non
pérenne comme Medicago sativa, accrédite la présence de prairies semées en
Gaule avant la période romaine. Par ailleurs, des graines de luzerne cultivée
(Medicago sativa) ont été trouvées à Lattes, toujours dans l’Hérault, dans une
maison incendiée datée du e siècle AEC. La luzerne était donc présente
dans le sud de la France dès l’âge du Fer, peut-être apportée par les
Phéniciens. Sur la base de l’analyse des textes tant gréco-romains que
médiévaux ou même du e siècle, un chercheur italien, Mauro
Ambrosoli, a montré le glissement sémantique entre la luzerne (Medicago
sativa), le sainfoin (Onobrychis viciifolia), voire des trè es divers (Trifolium
spp.), montrant l’arrivée de la culture de Medicago sativa de l’Orient à la
Méditerranée au e siècle AEC, puis en l’Italie au Ier siècle. La luzerne sera
ensuite « oubliée » pour ne réapparaitre qu’au e siècle et vraiment se
démocratiser aux siècles suivants, tout comme en France et les autres pays
européens voisins. Selon cet auteur, ce serait la luzerne cultivée rapportée
d’Orient et appelée erba medica à l’époque romaine, que les Arabes auraient
développée en Andalousie médiévale, sous le nom d’al-fac-facah, transformé
en alfalfa par les Espagnols.
Et bien évidemment la luzerne, ou plutôt l’alfalfa, fut exportée aux îles
Canaries puis en Nouvelle-Espagne par les conquistadors pour nourrir
chevaux mais aussi bovins, moutons et porcs. C’est surtout au Pérou que se
sont développées dès le e siècle les luzernières.
On parle de « lis » pour d’autres plantes sans rapport avec le Lilium, comme
le lis d’étang (le nénuphar), le lis de mai (muguet), le lis Saint-Jacques
(amaryllis) ou le lis jaune (liseron tricolore).
Lilium
Lilium vient du grec leírion, « délicat, tendre », provenant lui-même
probablement d’un mot égyptien ancien signi ant « eur ». Il s’est d’ailleurs
appliqué pendant longtemps à toute belle eur.
Présentation botanique
Plante herbacée, vivace, à bulbe charnu appartenant à la famille des
Liliacées. Les feuilles sont alternes ou verticillées. Les eurs à six tépales
(trois sépales pétaloïdes et trois pétales) sont de couleur blanche, jaune,
rouge, rose, mauve ou orange : elles peuvent être mouchetées, tachetées ou
panachées, et à six étamines. Les fruits sont des capsules trilobées.
Plus d’une centaine d’espèces sont reconnues ainsi que de nombreuses
variétés. Les principales sont souvent à base d’hybrides.
Lys candide, lys de la Madone, lys commun, lys blanc, lys de Saint-Antoine.
Candidum signi e « blanc ».
Il peut atteindre plus d’un mètre de hauteur. Le feuillage est persistant, vert
clair, brillant, aux feuilles lancéolées et alternes. Les eurs, blanches (cinq à
dix eurs par tige), en forme de trompette, sont parfumées (odeur suave,
sucrée, légèrement épicée). Six étamines à anthères jaune d’or, basculantes,
sont présentes.
La plante est originaire d’Asie mineure, entre Turquie et Afghanistan.
Lilium regale
Lys royal.
Il peut atteindre jusqu’à presque 2 m de hauteur. Les eurs (quinze à vingt
par tige) sont blanches à cœur jaune à l’intérieur, rosées à l’extérieur,
odorantes, en forme de trompette, au parfum violent, presque enivrant,
surtout la nuit. Ce lys est originaire de l’ouest du Sichuan en Chine.
Lilium speciosum
Lys du Japon.
Non seulement il n’est pas la seule eur à porter ce nom mais, de plus, il est
aussi natif de Chine du Sud.
Il peut atteindre 1,50 m de hauteur. Les feuilles, vert foncé, sont presque
ovales et larges. Les eurs, très parfumées, sont en grappes pendantes,
blanches ou rose pâle plus foncé en leur centre selon les variétés, aux tépales
ondulés.
Lilium lancifolium
Lys tigré, lys du diable (Japon).
Il atteint une hauteur comprise entre un et deux mètres. La tige est brun
violet tacheté. Les feuilles, petites, sont lancéolées. Les eurs, de dix à vingt
en grappes pendantes, sont rouge orangé, ponctué de pourpre violet à la
base. Les formes cultivées ne produisent pas de graines mais des bulbilles
situées à l’aisselle des feuilles.
Natif d’Asie de l’Est (Chine, Corée), ce lys s’est répandu au Japon et est
maintenant naturalisé en Amérique du Nord. Comme le lys martagon, ses
tépales sont retournés vers le haut. Il fut mentionné pour la première fois
par Engelbert Kaempfer, médecin de la Compagnie néerlandaise des Indes
orientales en poste au Japon entre 1690 et 1693, sous le nom de Lilium
tigritum. Ce n’est qu’en 1804 que les premiers bulbes arriveront en Europe.
Bulbe et eur sont comestibles et il est cultivé dans ce but en Asie et au
Japon. Contrairement à ce qui peut être écrit, le pollen est également
comestible.
Lilium martagon
Lys martagon, chapeau-de-Turc.
Martagon rappelle le Dieu de la guerre, ce lys étant supposé faire gagner le
combat à celui qui le portait mais son nom peut être un emprunt au turc
martagan signi ant « turban ». Caractérisé par des tépales recourbés vers le
haut, ce lys se rencontre à l’état sauvage dans nos forêts. Son bulbe, formé
d’écailles couleur or, intéressa un temps les alchimistes qui voulurent le
transformer… en or. Les bulbes sont consommés depuis des siècles, sinon
plus, par les Chinois et les Japonais.
Lilium bulbiferum
Lys bulbifère, lys rouge, lys orangé, safrané, éclatant.
C’est le lys sauvage le plus répandu en Europe dont il est indigène et le seul
sans odeur. Deux variétés, croceum et bulbiferum, sont respectivement
orange et rouge feu.
Ses bulbes servirent de succédané de café.
Histoire
Le lys blanc est déjà cultivé et reconnu pour son caractère sacré par les
Assyriens dès le troisième millénaire AEC ; on a retrouvé sa représentation
dans des frises du palais de Khorsabad au nord de l’Irak actuel. À cette
même époque, le sema-taouy, symbole de l’union de la Haute et de la Basse
Égypte, associe les deux plantes emblèmes de leur région, le papyrus (nord)
et le lys (sud), ce dernier souvent identi é à tort au lotus. On retrouve le lys
schématisé sur de nombreux objets égyptiens (colliers, cuillères, bols).
Les Égyptiens le transmettent aux Hébreux (on le retrouve sur les
chapiteaux de deux colonnes du temple de Salomon au e siècle AEC) mais
la traduction dans la Bible de shoushan par « lys » peut être incorrecte, sa
fréquence d’utilisation dans le Cantique des cantiques semblant signi er qu’il
s’agit simplement d’une belle eur que certains auteurs attribueront d’ailleurs
au lotus, à la jacinthe d’Orient ou surtout à la fritillaire (nommée couronne
impériale). On retrouve le lys chez les Perses où il symbolise, comme chez les
Égyptiens, la fécondité spirituelle. Les Phéniciens l’apportent en
Méditerranée. Grecs et Romains s’en emparent et chaque peuple apporte sa
légende, généralement mystique, sur sa création. La villa minoenne datée de
1600 AEC, près de Cnossos, possède une magni que fresque avec des lys.
Un temps associé au paganisme, sa couleur blanche, car il s’agit visiblement
du Lilium candidum, symbole de pureté et de chasteté, le fera consacrer à
Marie par les chrétiens (certains le disent rapporté par les croisés), mais les
Arabes l’introduisirent aussi dans leur art.
En Occident, ce n’est pas le lys qui serait le symbole de la royauté française
mais l’iris (iris des marais) et cela serait dû à Clovis. Toujours est-il que
Pépin le Bref est représenté avec une « eur de lys » sur son sceptre et
Charlemagne sur sa couronne, mais il deviendra (lys ou iris) emblème des
rois de France au e siècle seulement, adopté par Louis VII.
Le Capitulaire De Villis fait gurer le lys en bonne place mais comme, plus
exactement, il est seulement nommé Lilium, cela laisse un doute sur la
plante étant donné la généralité de ce nom.
Le lys royal ne fera son apparition en Angleterre qu’en 1903, rapporté de
Chine par Ernest Henry Wilson. Ce collecteur faillit y laisser la vie en
retournant sur les lieux sept années plus tard pour y déterrer 6 000 bulbes,
un éboulement le blessant grièvement.
La première représentation du lys date de bas-reliefs assyriens datés 3000
AEC environ. On le retrouve dans les hiéroglyphes de l’Égypte pharaonique.
Des vases crétois, datés d’environ 1500 AEC, le représentent toujours stylisé.
Ce n’est pas le lys qui est représenté dans l’Herbarius latinus de l’imprimeur
allemand Peter Schö er, premier herbier imprimé, publié à Mayence en
1484, mais l’iris des marais, celui qui donnera la « eur de lys » royale. On
retrouve une représentation en couleur du lys blanc dans l’ouvrage de
Manfredus de Monte Imperiali daté de 1390. Dès 1542, avec la publication
de Leonhart Fuchs, le lys rouge côtoie le lys blanc.
Médicalement, les bulbes sont reconnus comme étant expectorants et anti-
in ammatoires. Les eurs infusées donnent une tisane apaisante contre le
stress et l’insomnie.
Utilisation en cuisine
Ce sont surtout les bulbes qui ont été et sont toujours régulièrement
consommés en Asie mais les eurs, fraîches ou séchées, prennent de plus en
plus d’importance dans la cuisine chinoise et japonaise. Fraîches, elles
peuvent servir de décor pour des salades salées ou sucrées. Séchées, il su t
de les réhydrater, sachant que 40 g de eurs séchées équivalent à 140 g de
eurs réhydratées. Le pollen, si ramassé en assez grande quantité, permet de
colorer un plat, riz ou pâtes, en jaune.
En Chine, les eurs de lys sont souvent associées aux champignons noirs
et/ou aux shiitakes (lentins du chêne). Les boutons intègrent les farces de
raviolis.
Magnolia virginiana
Arbre de castor, laurier des marécages, magnolia de Virginie, magnolia
glauque.
De même allure que le précédent, il est cependant moins grand.
Magnolia macrophylla
Magnolia à grandes feuilles.
Comme son nom l’indique, il est reconnu par ses énormes feuilles (80 cm)
vert clair virant au jaune à l’automne et ses eurs d’un blanc crème parfumé.
Magnolia denudata
Yulan, magnolia à eurs de lys.
Originaire de Chine (voir « Histoire »). Fleurs d’un blanc très pur. Feuilles
très grandes, allongées.
Magnolia stellata
Magnolia étoilé.
Magnolia de petite taille, originaire du Japon. Fleurs blanches ou rosé plus
ou moins foncé.
Magnolia salicifolia
Magnolia anisé.
Originaire du Japon, à eurs blanches et feuilles étroites.
Magnolia hypoleuca
Honoki (japonais).
Hypoleuca vient du grec upo, « presque », et leucon, « pâle, de couleur
blanche », en référence au-dessous de ses feuilles blanc argenté.
Ce magnolia, originaire du Japon, présente de grandes feuilles mais moitié
moins grandes que celles de macrophylla, obovales, au revers argenté,
disposées en verticilles sous les eurs, elles-mêmes très grandes, composées
de neuf à douze tépales blanc crème nuancé de rose, aux étamines rouge vif
à cramoisi et au parfum puissant. Au Japon, ses feuilles servent à envelopper
la nourriture.
Une forme hybride entre Magnolia acuminata américaine et Magnolia
denudata chinoise a donné un arbre au feuillage caduc et aux eurs jaunes.
On la rencontre au Canada.
Histoire
Voilà un arbre qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne passe pas inaperçu
au printemps. Et imaginer que les dinosaures aient pu les goûter avant nous,
cela laisse rêveur. Car le magnolia est, non pas la, mais du moins une des
premières eurs présentes sur Terre. Les plus anciens fossiles (feuilles et
fruits) de Magnolia sont datés du Crétacé supérieur, soit entre 95 et 65
millions d’années. Son développement suit les aléas du climat. Originaires
d’Amérique du Nord, où se retrouvent non pas les plus anciens fossiles mais
les formes basales asiatiques, les magnolias se sont répandus vers l’est,
Europe et Asie, continents alors rattachés à l’Amérique du Nord, lors du
réchau ement climatique de l’Éocène (entre 50 et 35 Ma), d’où les formes
fossiles trouvées dans ces régions. Le froid revenant les t disparaître
d’Europe et les poussèrent vers le sud tant américain qu’asiatique, expliquant
leur aire de distribution disjointe actuelle. Leur prétendue découverte au
Crétacé inférieur (entre 135 et 95 Ma) se rattache à la famille des
Magnoliacées et non au genre Magnolia.
On a souvent dé ni le magnolia par l’oxymore « fossile vivant », terme
rejeté de nos jours au pro t d’espèce panchronique car ne signi ant en rien
que la plante n’a pas changé au cours des temps, notamment au niveau
génétique et vis-à-vis de son environnement, mais seulement qu’elle
ressemble morphologiquement à son ancêtre.
La découverte de son ancienneté par l’Homme est « récente » si l’on se
réfère à ses sculptures et écrits. Il faut se tourner vers la Chine et le premier
ouvrage médical, le Shen Nong Ben Cao Jing (Materia medica), considéré en
fait comme écrit au Ier siècle, dans lequel est citée l’utilisation de l’écorce de
magnolia (reconnue aujourd’hui comme étant Magnolia o cinalis) et des
bourgeons de eurs de magnolia pour divers soins, lesquels changeront
selon les années et les auteurs. Le yu-lan (Magnolia denudata) sera planté
dans les jardins du temple pendant la dynastie Tang (618-907).
De l’autre côté de l’Atlantique, les Aztèques s’intéressaient aussi à la eur de
magnolia qu’ils nomment yolloxochitl et qui, appréciée pour sa beauté, est
donnée en o rande à d’importantes divinités. On doit au franciscain
espagnol Bernardino de Sahagún, le fameux Codex de Florence traduit sous le
titre d’Histoire générale des choses de la Nouvelle-Espagne, rédigé entre 1558
et 1577, dans lequel est guré le iolloxochiquauitl, autrement dit le
magnolier. Les premiers conquistadors eurent connaissance du centre
cérémonial de Malinalco au sud de Mexico, construit par les Aztèques à
partir de 1501, mais peut-être pas des extraordinaires peintures, restaurées il
y a peu, représentant entre autres les eurs de magnolia. Les Olmèques,
avant eux, connaissaient le cacao. Le consommaient-ils comme leurs
successeurs, additionné de eurs de magnolia, ainsi que nous le raconte
l’explorateur espagnol, commissionné par le roi Philippe II d’Espagne,
Francisco Hernández, dans son Nueva plantarum publié en 1651 ? Si cet
auteur pourrait être le premier Européen à avoir guré (assez mal) le
yolloxochitl dans cet ouvrage, c’est à l’abbé Charles Plumier que l’on doit le
nom de magnolia dans son Nova plantarum americanarum genera, imprimé
en 1703.
Le premier magnolia introduit en Europe semble être un Magnolia
virginiana (anciennement glauca), appelé aussi magnolia sucré, grâce à un
évêque anglais, John Banister, qui l’envoya en 1678 à un autre évêque anglais,
lui aussi ardent botaniste, Henry Compton, qui le t eurir dans son jardin.
Mais si les Anglais se vantent d’avoir fait venir le Magnolia grandi ora en
1728 dans leurs jardins, celui-ci était déjà en France sous le nom de laurier-
tulipe, depuis dix-sept ans, ce que l’on doit à René Darquistade, négociateur
en « bois d’ébène » et futur maire de Nantes, exemplaire qui, hélas, attendra
vingt ans avant de quitter la serre pour se retrouver en pleine terre et eurir
en n. Mais c’est une seconde introduction de cette espèce, entre 1741 et
1749, qui sera à l’origine de tous les Magnolia grandi ora de France et de ses
nombreuses variétés, conférant à Nantes, après quelques péripéties, le titre
de Collection nationale de référence des magnolias.
Le premier magnolia asiatique, Magnolia denudata, aurait été introduit
également en Angleterre par Joseph Banks en 1780 et quelques années plus
tard en France. Le travail des hybrideurs va alors vraiment commencer.
Les Indiens Rappahannock de Virginie l’utilisent comme stimulant.
D’autres autochtones en font un traitement contre les rhumes, la malaria ou
les rhumatismes. Éventuellement, ses propriétés hallucinogènes intéressent.
En Chine, l’utilisation médicale principale fut longtemps le traitement
contre l’anxiété, ce que des études récentes ont positivement démontré.
Utilisation en cuisine
L’utilisation en cuisine du magnolia est connue de longue date. Les feuilles
de Magnolia virginiana, à l’odeur de sassafras selon William Bartram, sont
utilisées comme épice ou, avec l’écorce, sont à la base de thé consommé par
les Amérindiens. Attention aux graines qui sont toxiques.
Quasiment tous les magnolias possèdent un parfum assez fort et la saveur
de leurs pétales se révèle souvent dans le sirop de sucre. Ainsi de la saveur
vanillée et citronnée de grandi ora et de salicifolia, d’orange de thomsonia,
de gingembre de macrophylla (non parfumée) ou de lili ora, rappelant
l’ananas d’hypoleuca, sucrée de stellata, sans parler des hybrides.
Selon Francisco Hernández, les Aztèques pouvaient en parfumer leur cacao
et il est vrai que les pétales de grandi ora se marient très bien avec le
chocolat.
Tous les pétales peuvent se déguster en beignets salés ou sucrés (voir p.
258).
Pour des pétales con ts, les passer au blanc d’œuf mélangé à une pointe de
jus de citron. Ils accompagnent avec délice un gâteau au citron.
Les Chinois sont friands des boutons oraux conservés au vinaigre et servis
ensuite en accompagnement. Les pistils peuvent connaître la même
préparation.
Berberis
Berberis viendrait d’un mot arabe signi ant « fruit ».
Présentation botanique
Qu’on l’appelle Berberis ou Mahonia, le mahonia fait partie tout comme
l’épine-vinette (Berberis vulgaris) de la famille des Berbéridacées.
Berberis aquifolium
Mahonia faux houx, épine-vinette de Californie, vigne d’Oregon.
Aquifolium fait référence aux feuilles épineuses ressemblant à celles du
houx.
Il peut atteindre 2 m de hauteur mais il se retrouve plutôt comme petit
arbuste dans les jardins. Feuilles persistantes, alternes, présentant de cinq à
onze folioles, coriaces, luisantes, vert foncé, à bord épineux. Fleurs en épis
allongés à l’extrémité des tiges à oraison acropète (du bas vers le haut),
petites, jaune citron, parfumées (à odeur de muguet) apparaissant à la n de
l’hiver. Fruits, baies violacées en grappes pendantes.
Une autre espèce rencontrée dans nos jardins, Berberis japonica, eurit en
hiver et ses baies sont bleuâtres.
Histoire
Berberis et Mahonia ont été reconnus dans des terrains d’âge oligocène
(entre 25 et 35 millions d’années) au Mexique. Le mahonia faux houx serait
originaire de la côte paci que de l’Amérique du Nord mais son statut de
natif ou de naturalisé est encore sujet à discussion. Rappelons que l’épine-
vinette (Berberis vulgaris) est originaire d’Asie.
Le mahonia faux houx fut introduit en Europe dans un but horticole à
partir de 1822 et fut repéré hors des jardins en 1860. Parfaitement adapté, il
est même parfois considéré comme une espèce invasive.
Les feuilles et surtout les racines sont relativement toxiques en raison de la
présence de berbérine mais les Amérindiens l’utilisaient pour soigner les
maux d’estomac ou les hémorragies. Aujourd’hui, il intéresse plutôt des soins
de la peau, eczéma ou psoriasis.
Utilisation en cuisine
Ce sont surtout les baies qui sont comestibles et son nom de vin ou de vigne
d’Oregon lui a été attribué en raison de l’utilisation des baies par les premiers
colons pour faire du vin. Les eurs peuvent être à la base de la fabrication
d’une limonade.
Leucanthemum
Leucanthemum vient de leukos, « blanc », et antos, « eur », et signi e «
eur blanche ». C’est d’ailleurs sur la base de la couronne externe de eurons
blancs que Joseph Pitton de Tournefort instaura ce genre.
Présentation botanique
Les marguerites appartiennent à la famille des Astéracées.
Le genre Leucanthemum comprend de nos jours 25 à 30 espèces, toutes
présentant des in orescences en capitules, solitaires ou non, mais tous
constitués de eurs centrales tubulées jaunes entourées d’une couronne de
eurs ligulées blanches. Seule Leucanthemum vulgare nous intéresse ici,
rencontrée à l’état sauvage ou cultivée, mais d’autres espèces cultivées,
comme Leucanthemum x superbum, appelées marguerites d’été, aux
in orescences plus grandes, peuvent être plantées dans votre jardin. La
reine-marguerite, ou aster de Chine, appartient à un autre genre,
Callistephus. Quant à la petite marguerite, il s’agit de la pâquerette, Bellis
perennis, qui sera traitée plus loin (p. 187).
Leucanthemum vulgare
Marguerite des prés, marguerite de printemps, marguerite blanche,
leucanthème commun, chrysanthème blanc, reine de mai, grande
pâquerette, œil-de-bœuf.
Plante herbacée, vivace, bisannuelle, rhizomateuse, pouvant atteindre 1 m
de hauteur, très commune, souvent en tou es dans la nature. La tige est plus
ou moins velue. Les feuilles, vert foncé au bord denté, sont arrondies et
pédonculées pour celles de la base, allongées et embrassantes pour les
supérieures. Les bractées sont bordées de noir ou de brun. Les
in orescences, en capitules de 4 à 6 cm de diamètre, sont composées de
eurons tubulés bisexués jaunes et centraux, entourés de dix à quinze
eurons ligulés blancs, femelles aux pétales soudés entre eux. Les fruits sont
des akènes de couleur brune, contenant des graines cannelées sans aigrette.
Des cultivars à in orescence double sont maintenant connus.
Histoire
L’histoire de la marguerite est peu claire dans la mesure où elle fut appelée
Chrysanthemum, terme signi ant pourtant « eur d’or » (voir p. 91), et parce
qu’il n’est pas du tout certain que le terme de leucanthemum, connu et
employé depuis l’Antiquité par les Grecs, comme Dioscoride (chez qui c’est
en réalité un Chamæmelum, soit une camomille, voir p. 57) ou les Latins,
comme Pline, corresponde à notre marguerite. En 1700, Joseph Pitton de
Tournefort crée le genre Leucanthemum qu’il sépare de Chrysanthemum
(d’origine asiatique) et appelle marguerite toutes les espèces lui appartenant.
La marguerite intéresse la sphère médicale pour ses qualités
antispasmodiques, calmantes, cicatrisantes ou digestives, au même titre que
la camomille.
Utilisation en cuisine
Toutes les marguerites sauvages ou horticoles sont comestibles, aussi bien
les feuilles que la racine et les eurs. Son goût est prononcé et son odeur
relativement forte.
Feuilles et racines furent très tôt invitées en cuisine, les eurs servant
surtout à des infusions (une in orescence pour une tasse d’eau).
Les boutons oraux peuvent être cuits à la vapeur, dégustés en omelette ou
con ts comme des câpres. Il faut les choisir bien fermés. Les eurons ligulés
peuvent être ajoutés crus aux salades, aux soupes ou aux sauces, avec
parcimonie étant donné leur goût légèrement sucré, ou être intégrés dans
des gâteaux.
La marguerite, tout comme la pâquerette, peut servir à réaliser une boisson
naturelle et fermentée, improprement appelée vin, terme réservé au produit
de la vigne.
Soupe de marguerites
24 in orescences de marguerite
1 l d’eau
1 poireau
1 oignon
1 gousse d’ail
2 pommes de terre
Typha
L’étymologie de typha est multiple. Pour certains, typha viendrait du grec
tiphos, « marais », lieux où elle vit. Pour d’autres, c’est le grec ancien túphê,
roseau dont on fait les paillasses, qui en serait à l’origine. D’autres, en n, le
font dériver du latin tufa, « tou e, toupet », rappelant les in orescences de
ces plantes.
Présentation botanique
Les Typha appartiennent à la famille des Typhacées.
Plantes herbacées vivaces à feuillage caduc vivant sur le bord des étangs ou
des mares, pouvant atteindre 2,50 m de hauteur. Elles colonisent rapidement
l’espace grâce à leur rhizome et se reproduisent également par graines. Les
feuilles sont basales, longues, linéaires, alternes et engainantes, pointues, à
bord lisse et à nervation parallèle. Les tiges droites et creuses portent
chacune, à leur extrémité, deux in orescences en épis, ce qui les di érencie
des roseaux ; l’une, en épi brun foncé de bonne taille, porte les eurs
pistillées femelles, l’autre, située au-dessus de la précédente, se compose des
eurs mâles staminées (une à huit étamines entourées de soies). Aucune
eur ne présente de sépales ou de pétales. Les fruits, en nombre très
important, sont des akènes munis de longues soies.
Les Typha sont originaires des zones tempérées chaudes de l’hémisphère
nord. Le nombre d’espèces varie selon les auteurs, entre 20 et 38. Deux sont
communes dans nos régions et nous intéressent ici.
Typha angustifolia
Massette à feuilles étroites, petite massette, plante quenouille.
Elle peut atteindre 1,50 m de hauteur. Les feuilles, étroites (2 cm de large au
maximum), sont vert sombre. Les massettes, gris brun, sont longues et nes
et les eurs mâles et femelles sont séparées par un espace de plusieurs
centimètres. La plante préfère des eaux plus profondes que l’espèce Typha
latifolia.
Typha latifolia
Massette à feuilles larges, grande massette, plante quenouille, roseau de la
Passion, roseau des étangs, canne de jonc, herbe au bedeau, masse-d’eau.
Elle peut atteindre 2,50 m de hauteur. Les feuilles, vert glauque, peuvent
atteindre 4 cm de large. Les massettes, brun-noir, sont plus courtes et
massives et plus rapprochées l’une de l’autre.
Histoire
Des traces de ces deux espèces de Typha ont été reconnues, restes broyés en
farine, dans des vestiges néolithiques datés 23000 AEC environ, en Italie
mais aussi en Russie et en République tchèque. À Ohalo II, en Israël, des
bres torsadées de Typha, datées 19000 AEC, attestent de leur utilisation.
En Chine puis au Japon, on connaît de longue date les púcài, médicalement
mais aussi culinairement (voir ci-après). Le Rapport du voyage en Occident à
l’époque des Grands Tang, écrit en 646 par un moine bouddhiste chinois,
Zuanzang, mentionne la consommation médicinale et culinaire des púcài ou
Typha. La connaissance de ces plantes passera au Japon comme nous
l’enseigne le Kojiki, premier ouvrage écrit et compilé en japonais en 712 par
l’écrivain Ō no Yasumaro sur la base des paroles d’un conteur, Hieda no Are.
Chez les Grecs, les deux typhès de éophraste ne sont pas des massettes et
nombre d’anciens auteurs les assimilèrent à des Poacées (Graminées). Les
masses de Dioscoride sont bien des Typha bien qu’il n’en dise pas grand-
chose, pas plus que Pierandrea Matthioli dans ses Commentaires sur cet
auteur. L’utilisation invoquée porte surtout sur la bourre pour coussins ou la
fabrication de nattes, peu sur le médical. La massette n’est pas citée dans le
Capitulaire de Villis, ce qui semble normal dans la mesure où la plante n’était
pas cultivée. On la retrouve dans Physica, publié entre 1151 et 1158, de
Hildegarde de Bingen. Bien que certaines espèces soient indigènes à
l’Amérique, ce n’est qu’en 1830 que paraîtra le premier écrit sur l’utilisation
des Typhas, pourtant bien connus des Amérindiens.
À notre connaissance, c’est à Leonhart Fuchs, que l’on doit, en 1542, la
première guration d’une massette.
Utilisation en cuisine
La consommation des massettes est ancienne et toutes les parties de la
plante ont un attrait culinaire. En Chine, la cuisine de Huaiyang de la
province du Jiangsu, connue et réputée depuis la dynastie des Han et des
Tang (206AEC-907), privilégie les produits locaux dont les jeunes pousses
de púcài (Typha latifolia), cuites à feu vif ou à la vapeur.
Ces jeunes pousses ont un goût de noisette. Les rhizomes sont consommés
crus ou cuits comme légumes. Séchés, ils sont transformés en farine
protéinée.
Le cœur de la base des tiges de quenouille jeunes, bien épluché (seule la
partie blanche de la tige est tendre) rappelle des cœurs de palmier. Blanchi
quelques minutes à l’eau salée, il est délicieux en salade.
Les eurs femelles, cueillies avant maturité et cuites, ont un goût qui
rappelle l’artichaut. Elles peuvent aussi être grillées et mangées comme des
épis de maïs.
Gratin de massettes
4 massettes hachées
2 œufs
25 cl de beurre fondu
½ cc de sucre
½ cc de muscade
poivre
25 cl de lait
fromage râpé
Massettes grillées
4 massettes
beurre
Faire revenir légèrement les lardons coupés en deux pour leur faire
perdre un peu de graisse.
Mélanger la farine, la poudre levante, le pollen, le sel et l’œuf.
Ajouter doucement le lait en remuant.
Ajouter les lardons égouttés.
Cuire les crêpes sur les deux faces dans une poêle légèrement
graissée.
Mauve, guimauve et lavatère
Ces trois plantes appartiennent à la famille des Malvacées et ont souvent été
confondues entre elles (elles le sont encore). Certaines espèces sont passées
d’un genre à l’autre et elles partagent aussi certains noms vernaculaires avec
l’hibiscus, ce qui ne rend pas facile leur histoire.
Malva, Mauve
Mauve vient du grec malakos, « mou, amollir », qui dé nit les propriétés
émollientes de la plante. Une autre théorie ferait dériver son nom de sa
couleur.
Présentation botanique
Plantes herbacées mesurant de 10 cm à 2 m de hauteur, dressées ou étalées,
vivaces, annuelles ou bisannuelles, qui se rencontrent dans l’hémisphère
nord. Les eurs, solitaires ou groupées à l’aisselle des feuilles, comprennent
un calicule (second calice) à trois bractées vertes libres, un calice à cinq
sépales verts soudés et une corolle à cinq pétales étroits à la base et élargis au
sommet, échancrés au bord externe. Les étamines, en grand nombre, sont
soudées par leur let. Les eurs se ferment la nuit. Les fruits sont en forme
de disque, plat et déprimé au centre, formé de nombreux carpelles disposés
en « parts ».
De nombreux cultivars sont connus aux eurs de toutes les couleurs, y
compris bleues.
Malva sylvestris
Grande mauve, mauve sylvestre, des bois ou sauvage, guimauve verte, fausse
guimauve, beurrat, fouassier, meule, fromageon, fromagère, petit-fromage.
Plante vivace bisannuelle pouvant atteindre 1 m de hauteur, native d’Europe
mais présente également en Asie et en Afrique. La racine est blanche, les
tiges sont poilues. Les feuilles sont arrondies, lobées pour les supérieures,
vert foncé, parfois colorées de pourpre à la base, au bord crénelé. Les eurs,
groupées à l’aisselle des feuilles ou à l’extrémité des rameaux, sont à cinq
pétales rose pourpré à stries rami ées violettes, en forme de cœur et séparés
à leur base. Les variétés cultivées peuvent être plus claires ou plus foncées.
Les étamines sont soudées par leur let sur toute leur longueur mais les
anthères sont libres. Les fruits sont des capsules en forme de disque. Malva
sylvestris n’est pas limitée aux sous-bois et se rencontre souvent dans les
décombres.
Malva moschata
Mauve musquée.
Elle peut mesurer jusqu’à 1 m de hauteur et se di érencie de la mauve
sylvestre par ses feuilles lobées profondément divisées. Ses eurs sont
solitaires à l’aisselle des feuilles et fasciculées au sommet ; elles se
caractérisent par une faible odeur musquée. On la rencontre dans les bois,
sur les talus, dans les prés.
Malva pusilla
Mauve à feuilles rondes, petite mauve.
Originaire d’Eurasie, elle fut rapportée en France dans les fourrages et les
paillasses des Russes et des Prussiens lors des guerres de 1815 et 1870. On
rencontre cette petite plante étalée, haute de 50 cm, aux feuilles cordiformes
à bords dentés, dans les chemins et les terrains vagues. Ses eurs sont
petites, groupées, à pétales blancs à extrémité rose, regroupées par dix en
fascicules.
Malva dendromorpha
Mauve en arbre, lavatère annuelle, lavatère arborescente.
Elle fut anciennement appelée Lavatera arborea, ce qui explique l’un de ses
noms vernaculaires.
Plante vivace à tige dressée, robuste et ligneuse. Les feuilles sont alternes à
long pétiole, vert moyen, à bord crénelé et divisées en cinq à sept lobes peu
profonds. Les eurs à cinq pétales rose vif veiné de nervures d’un violet
noirâtre, légèrement chevauchant, sont groupées à l’aisselle des feuilles. La
oraison est courte. Ses feuilles, de grande taille, sont employées en
cataplasme contre les entorses.
Histoire
Des fromageons de mauve sylvestre ont été retrouvés dans des sites
archéologiques français (Hérault et Seine-et-Marne) datés 450-25 AEC,
laissant supposer que les Hommes préhistoriques les consommaient.
Dans leur ouvrage sur Les plantes dans la Bible, Jean et Solange Maillat
considèrent que la « purée de helemout » de Job était constituée de mauves et
non de buglosses.
Dans l’Antiquité, pour les Grecs, les Égyptiens et les Romains, les mauves
sont médicinales et alimentaires mais ce sont surtout les feuilles et la racine
qui sont utilisées. Les mauves sont cultivées sans pour autant que les formes
sauvages soient délaissées. De nombreux auteurs anciens vantent ses vertus
médicales alimentaires. Émolliente, la mauve est laxative et Cicéron
l’apprendra à ses dépens. éophraste et Pline en donnent les premières
descriptions.
Au Moyen Âge, la mauve est inscrite sur la liste du Capitulaire de Villis et sa
culture s’étend en France. Hildegarde de Bingen ne l’oublie pas et la
préconise contre di érents maux. Une jolie guration se rencontre dans le
Bury St Edmonds Herbal daté de 1100 environ et reprenant des données
botaniques et médicales de Lucius Apelius, de Dioscoride et d’un ouvrage
attribué au savant romain Sextus Placidus, connu pour avoir été actif vers
390. À la Renaissance, en Italie, elle est tellement populaire médicalement
qu’elle est appelée omnimorbia, « remède à toute maladie », et soigne aussi
bien en interne qu’en externe.
Utilisation en cuisine
Les mauves, comme toutes les Malvacées, sont comestibles. Toute confusion
serait sans danger.
Les fruits biconcaves, en forme de petits fromages et au goût de noisette,
peuvent simplement être croqués nature ou con ts au vinaigre comme des
câpres. Les graines non mûres, grillées rapidement, assaisonnées de sel et de
paprika, accompagnent un apéritif. La racine, séchée et râpée, parfume
crème ou sirop. On connaît la consommation des jeunes feuilles que l’on
retrouve dans de nombreuses recettes traditionnelles du Maghreb comme la
bakoula marocaine. La salade de feuilles de mauve, grand classique que le
gastronome et humoriste français Curnonsky aromatisait au curaçao, un
temps passé de mode, revient sur les tables de certains restaurants. Les
feuilles peuvent être utilisées comme liant naturel pour une soupe ou une
sauce en raison de la quantité de mucilage qu’elles contiennent.
Les eurs de mauve sont peut-être plus décoratives que goûteuses. Elles ont
une saveur douce et mielleuse. Les pétales, crus, agrémentent une salade ou
décorent tout plat. Au e siècle, dans De re coquinaria, Marcus Gavius
Apicius introduisait des eurs de mauve séchées dans sa recette de « pois ou
de fèves à la vitellius ».
On retrouve des eurs de mauve dans certains rata as ou dans certaines
infusions de eurs qu’elles colorent.
Althæa, Guimauve
Son nom latin vient du grec althïno (« guérir ») et non de althum (« élevée
»).
Une grande majorité des noms vernaculaires cités ci-avant pour l’hibiscus
(p.130) lui ont été attribués. C’est l’ibiscus, l’ebiscus des Grecs et des
Romains, le chitini des Arabes, la mauve sauvage ou la guimauve de
éophraste et de Dioscoride, la guymaulve de Rembert Dodoens, la
guimauve des boutiques du botaniste français du e siècle Jean
Emmanuel Gilbert.
Présentation botanique
Althæa o cinalis
Guimauve o cinale, sauvage, mauve blanche.
Grande plante laineuse, vivace, originaire des régions tempérées humides,
pouvant atteindre 1,50 m de hauteur. Les feuilles, vert blanchâtre, larges et
épaisses, entières ou à trois lobes, à bord denté, portent de nombreux poils.
Les eurs, à corolle blanche ou rose et à étamines rouges, sont souvent par
trois à l’aisselle des feuilles. Le calicule, non soudé au calice, comporte de six
à neuf bractées soudées à la base.
Elle est protégée dans certaines régions.
Histoire
Romains, Chinois et Égyptiens consommaient la guimauve. Son histoire est
intrinsèquement liée à la médecine puisqu’elle est présentée en médecine
hippocratique comme un vulnéraire intéressant. Dioscoride précise ses
pouvoirs émollients et la prescrit contre les irritations pulmonaires et
intestinales. Le Capitulaire De Villis, au e- e siècle, la rend fréquente
Lavatera, Lavatère
Les lavatères, nom et genre inventés en 1700 par Joseph Piton de
Tournefort, font référence à un médecin et naturaliste zurichois du e
siècle, Jean Henri Lavaterus, ami de Tournefort, à qui cet auteur aurait dédié
ce genre, et non à Jean Gaspar Lavater, philosophe, poète et théologien
protestant suisse, inventeur de la physiognomonie, vivant à la même époque,
comme cela est parfois écrit. Carl von Linné a conservé ce nom en y ajoutant
des mauves et des guimauves (depuis retirées) dont elles sont très proches.
Présentation botanique
Plantes arbustives originaires pour la plupart d’Europe méditerranéenne à
croissance rapide, à feuilles gris vert à lobes palmés peu profonds.
Les lavatères se distinguent des mauves et des guimauves par leur calicule
(premier calice) à trois bractées soudées à la base (libres chez la mauve, six à
neuf chez la guimauve).
L’une des espèces les plus connues fut longtemps Lavatera arborea,
maintenant passée dans le genre Malva (voir ci-avant).
L’origine des cultivars est souvent incertaine.
Lavatera trimestris
Mauve annuelle, mauve en arbre, lavatère à grandes eurs.
C’est l’espèce-type (qui a donné son nom au genre) aux eurs roses, plus ou
moins vif, blanches ou bicolores, s’étalant sur trois mois, solitaires ou en
grappes, et au feuillage caduc. Les fruits, glabres et ridés, contiennent plus de
cinq graines.
Comme toutes les Malvacées, les feuilles et les eurs de lavatère sont
parfaitement comestibles.
Utilisation en cuisine
Les recettes qui suivent peuvent être réalisées indi éremment avec des
eurs de mauve, guimauve ou lavatère.
Chetney de lavatère
3 poignées de eurs de lavatère
3 pêches blanches
¼ de piment
1 petit oignon
1 cm de gingembre frais
1 cc de vinaigre de vin
2 cc de sucre
Mélanger les pêches épluchées, coupées en dés, les pétales des eurs,
l’oignon émincé, le piment, le sucre, le gingembre râpé et le vinaigre.
Réserver 2 h.
Cuire à feu doux jusqu’à la consistance de marmelade.
Servir tiède comme condiment pour accompagner du poulet.
Mélilot
Mélilot est la traduction du nom latin melilotus qui vient du grec méli, «
miel », et lôtós, « lotier », plante à caractère mellifère. Néanmoins, une
révision récente (2013) de deux Français, Pierre Coulot et Philippe Rabaute,
place la plupart des espèces de Melilotus dans le genre Trigonella.
Trigonella
On connaissait surtout au sein de ce genre le fameux fenugrec (Trigonella
fœnum-græcum). Qu’ils soient appelés Melilotus ou Trigonella, nos mélilots
appartiennent à la famille des Fabacées. Trigonella fait référence à la forme
anguleuse des graines, ce que ne présentent pas les graines de Melilotus.
Quelques espèces nous intéressent ici : le mélilot jaune o cinalis, le blanc,
alba, et l’élevé également jaune.
Présentation botanique
Les mélilots sont des petites plantes herbacées aux feuilles présentant trois
folioles au bord dentelé, la médiane assez longuement pétiolulée. Les eurs
typiquement papilionacées, blanches ou jaunes, sont regroupées en grappes
étroites et allongées qui partent des aisselles des feuilles supérieures. Neuf
des étamines sur les dix sont soudées par leur let. Les fruits sont des
capsules noirâtres courtes, contenant chacune une ou deux graines.
Trigonella o cinalis
Mélilot o cinal, jaune, commun, petit trè e jaune, trè e des abeilles ou de
cheval, odorant, mirlirot, luzerne bâtarde, casse-lunette, couronne royale,
lotier odorant.
Plante bisannuelle pouvant atteindre environ 80 cm de hauteur et qui se
rencontre dans les haies, les buissons, les prés, les bords des chemins. Les
eurs sont jaunes, groupées en une grappe allongée. Les ailes des eurs sont
plus longues que la carène. Le fruit, glabre, est pointu au sommet et orné de
côtes transversales.
Trigonella alba
Mélilot blanc, mélilot de Sibérie.
Plante originaire d’Eurasie, pouvant atteindre 1,50 m de hauteur, voire plus,
rencontrée dans les sols caillouteux et bordures de chemin. Feuilles à trois
folioles dentés, d’un vert plus clair que celui de l’espèce précédente. Fleurs
blanches en épis très longs et serrés, inodores lorsqu’elles sont fraîches.
Fruits en forme de gousses plates, glabres, brunes puis noires à maturité.
Trigonella altissima
Mélilot élevé.
La plante di ère du mélilot jaune par des grappes de eurs jaunes plus
compactes dont les pétales sont sensiblement égaux. Ses fruits, vert noirâtre
à maturité, sont couverts de poils.
Trigonella cærulea
Trigonelle bleue, mélilot bleu, mélilot d’Allemagne, baumier, thé d’Europe,
faux baume du Pérou.
Originaire du Caucase, elle atteint 60 cm de hauteur. Elle est aujourd’hui
cultivée, particulièrement en Suisse. Fleurs bleu clair, en grappes denses
globuleuses longuement pétiolées. Fruits ovoïdes avec bec.
Histoire
Originaire d’Eurasie, le mélilot semble connu des Égyptiens qui le citent
dans le Papyrus Ebers daté de 1534 AEC. Mais l’histoire est compliquée. Les
Grecs et les Romains parlent d’un mêlitôtos mais il est di cile d’être certain
qu’il s’agit bien du mélilot, trigonelle et coronille étant aussi en liste. Si le
mélilot de Dioscoride, l’agrios lôtos, correspond bien, selon Pierandrea, au
mélilot o cinal, il peut s’agir aussi du grand mélilot italien ou Melilotus
altissimus, aux eurs jaunes de surcroît. L’erreur est légère dans la mesure où
ces deux espèces sont réellement voisines. Certains l’appellent triphullion en
raison de ses feuilles trifoliées. Carl von Linné regroupera les mélilots avec
les trè es.
Quelle qu’en soit l’espèce, le mélilot dont l’odeur de miel des eurs augmente
avec la dessiccation de la plante, est utilisé pour faire des couronnes chez les
Anciens lors de festins, grâce à sa réputation de dissiper l’ivresse.
Le Moyen Âge ne s’y intéresse guère. Même Hildegarde de Bingen est
silencieuse à son sujet. Au début de la Renaissance, le grimoire de magie
populaire intitulé le Grand Albert, attribué assez hypothétiquement à Albert
le Grand et paru en 1493, parle du mélilot, associé à la mauve, la guimauve,
la scabieuse, la camomille et le lin, pour un cataplasme contre le charbon. Le
mélilot a surtout été utilisé médicalement en externe pour soigner des
lésions oculaires ou cutanées. On lui reconnaît des propriétés anti-
in ammatoires protectrices du système vasculaire.
On retrouve le mélilot (o cinalis), appelé Melliloti, illustré, entre 1503 et
1508, par Jean Bourdichon dans les Grandes Heures d’Anne de Bretagne.
Leonhart Fuchs, en 1542, parle de mélilots vrais pour le blanc d’Allemagne
ou l’altissimus d’Italie. Le mélilot vulgaire, considéré par Dioscoride et
Claude Galien comme âcre, ne correspond pas, selon lui, à un vrai mélilot.
Les mélilots furent cultivés comme fourrage, appréciés par leur odeur, mais
le foin doit être parfaitement séché a n de ne pas fermenter et éviter aux
bovins la maladie du « mélilot gâté », mortelle. On préfère aujourd’hui
l’utiliser comme engrais vert.
Son odeur de foin fraîchement coupé, due à la coumarine, a aussi intéressé
les parfumeurs.
Utilisation en cuisine
Les mélilots exhalent une odeur aromatique rappelant la fève tonka, le miel
ou la vanille, odeur qui s’accroît avec la dessiccation de la plante.
Les pousses, séchées 24 h, peuvent être cuites avec des légumes ou
parfumer fromages frais ou desserts. On aromatise également les con tures,
notamment d’abricots, liqueurs et vins doux. Les graines de mélilot sont
utilisées comme épice. La crème brûlée au mélilot n’a plus de secret. Quant
au célèbre gâteau corse au brocciu frais, le adone, qui connaît di érentes
recettes familiales, l’une consiste à le parfumer au mélilot.
Le vinschgerl est un pain traditionnel du Tyrol (italien d’origine) à base de
seigle et d’épeautre, un mélange d’épices (carvi, fenouil et coriandre)
aromatisé avec de la trigonelle bleue (tiges, feuilles et eurs).
Acacia
Acacia, nous l’avons dit (p. 19), est à la fois un nom vernaculaire pour
dé nir le robinier faux acacia et donc aussi un nom scienti que considéré ici
pour dé nir notre mimosa.
Acacia vient du grec akantha (« épine, pointe ») en référence à ses épines.
Acacia et Mimosa appartiennent à la famille des Mimosacées, parfois
considérées comme sous-famille des Fabacées.
Présentation botanique
Le genre Acacia comprend de très nombreuses espèces (près de 1 200) par
le monde (sauf en Europe). En 2011, il a été divisé en cinq genres, mais seuls
nous intéressent ici notre mimosa d’hiver ou Acacia dealbata, le mimosa des
quatre saisons ou Acacia retinodes et le mimosa de Constantinople placé
maintenant dans le genre Albizia (Albizia julibrissin), tous acclimatés voire
naturalisés en France.
Acacia dealbata
Mimosa, mimosa d’hiver, argenté, blanchâtre, mimosa des euristes.
Dealbata, signi ant « blanchâtre », fait référence au duvet qui recouvre les
jeunes feuilles.
Originaire de Tasmanie, cet arbre peut atteindre 20 m de hauteur (plus dans
son aire d’origine). Son feuillage, gris vert, est persistant, bipenné, divisé en
folioles elles-mêmes divisées en milliers de petites foliocules lui donnant
l’aspect de plumes. Chaque eur comprend cinq sépales petits et duveteux,
cinq pétales libres de couleur jaune d’or à jaune vif et de très nombreuses
petites étamines qui dépassent les pétales et forment une boule. Ces
glomérules, merveilleusement odorants, sont disposés en grappes rami ées.
Les fruits sont en forme de gousses brun bleuté à maturité, pouvant
atteindre 6 cm de longueur et contenant plusieurs graines. Apprécié par sa
beauté et sa senteur, le mimosa peut être aussi considéré comme une plante
envahissante menaçant la ore locale.
Acacia retinodes
Mimosa des quatre saisons.
Originaire d’Australie du Sud et de Tasmanie, c’est un petit arbre atteignant
10 m de hauteur, au feuillage persistant, vert bleuté, particulier car composé
de phyllodes, c’est-à-dire des pétioles aplatis mimant des feuilles. Les eurs
sont jaune citron. Ce mimosa a la particularité de eurir plusieurs fois dans
l’année.
Histoire
Les botanistes, britannique, Joseph Banks, et suédois, Daniel Solander,
participant à la première expédition autour du monde du capitaine James
Cook, furent les premiers en 1771 à rapporter en Angleterre quelques
rameaux euris de mimosa en provenance d’Australie. En 1788, lors de la
colonisation des états du sud-est de l’Australie, de grandes quantités de
graines de plantes de ce continent furent envoyées en Angleterre et
notamment au Royal Garden de Kew qui s’empressa de les cultiver.
C’est à François Nicolas Baudin que revient la gloire de faire parvenir, en
provenance de Tasmanie, un pied vivant d’Acacia dealbata, en France, pied
qu’il n’aura pas la joie de voir eurir puisque l’infortuné capitaine mourra
sur le chemin du retour de son grand voyage en terres australes, laissant
cette primeur en 1811 à Joséphine de Beauharnais. Longtemps con né en
serres ou orangeries, le premier mimosa de pleine terre aurait été introduit
en 1818 en Angleterre et six années plus tard en France. Il sera planté en
1847 dans le château de la Bocca à Cannes. L’horticulteur Gilbert
Nabonnand contribuera à son développement. Outre sa oraison
extraordinaire en hiver, son succès sera aidé par l’intérêt que lui portent les
riches Anglais amoureux de la Côte d’Azur où ils s’installent. Il reste
longtemps un arbre purement ornemental avant de s’échapper dans la nature
(et devenir envahissant) et d’être récupéré à la n du e siècle pour ses
eurs coupées puis pour son parfum. De nombreuses variétés verront alors
le jour chez les pépiniéristes grassois notamment.
Peu utilisée, l’huile essentielle de eurs de mimosa, diluée et mise dans l’eau
du bain est relaxante. Contenant des furocoumarines, elle est
photosensibilisante. Le pollen peut provoquer des allergies.
L’essence de mimosa est réputée en parfumerie et la eur de mimosa
représente la journée de la femme, le 8 mars, en Italie.
Utilisation en cuisine
Les feuilles sont consommées en Inde pour la fabrication de chutney.
Les eurs de mimosa sont utilisées crues, parsemées sur des légumes verts
comme des haricots verts ou des brocolis mais leur fort parfum accompagne
parfaitement des desserts, salades de fruits ou crèmes. Cristallisées (voir p.
258), elles décorent merveilleusement un gâteau et sont de surcroît
délicieuses.
Les œufs mimosas sont sans rapport avec la plante si ce n’est pour la couleur
mais rien ne vous empêche de parsemer ledit plat de petits pompons jaunes,
e et garanti.
Le sirop de eurs de mimosa se réalise avec 70 g de eurs, 1 l d’eau, 1 citron
non traité et 500 g de sucre. Il n’est pas nécessaire de chau er l’eau avant
infusion mais de bien presser les eurs avant le ltrage.
Albizia
Albizia julibrissin
Mimosa de Constantinople, arbre à soie, mimosa rose (États-Unis).
Il doit son nom de genre au médecin et botaniste italien Antonio
Durazzini, qui le dédia à un naturaliste orentin, Filippo degli Albizzi
qui rapporta cet arbre de Constantinople et l’introduisit en Europe en
1749. Julibrissin se rapportent aux mots persans « eur » et « soie ».
Ses feuilles sont bipennées, doublement composées de folioles se
refermant le soir. Les eurs, très parfumées, se développent en
panicules roses à l’extrémité des branches. Sans pétales, elles se
caractérisent par de très nombreuses étamines roses donnant à
l’ensemble un aspect soyeux et vaporeux. Les fruits sont des gousses
plates contenant cinq à dix graines.
Les eurs en bouton peuvent être consommées tels des légumes ou, si
épanouies, cristallisées. Notons que les feuilles sont également
comestibles.
Monarde
Monarda
Le nom monarde serait lié à celui du médecin espagnol Nicolás Monardes et
créé par Carl von Linné, mais l’histoire semble moins simple (voir ci-après).
Présentation botanique
Les monardes appartiennent à la famille des Labiacées.
Plante herbacée pouvant atteindre 90 cm de hauteur. Tiges cannelées
souvent teintées de rouge, velues. Feuilles opposées, pétiolées, ovales à
lancéolées, en pointe, vert sombre rougeâtre, découpées grossièrement, à
surface rugueuse. Fleurs tubuleuses à lèvre supérieure allongée et inférieure
plus courte, axillaires ou regroupées en un à trois faux verticilles terminaux,
à e et ébouri é, à deux étamines, apparaissant en juillet jusqu’à l’automne.
Monarda didyma
Monarde pourpre, thé d’Oswego, thé rouge, de Pennsylvanie, monarde
d’Amérique ou écarlate, bergamote rouge, mélisse d’or, baume d’abeille,
menthe de cheval, chevelure-du-diable.
Fleurs d’un rouge écarlate ainsi que les bractées, formant une tête
globuleuse à l’extrémité de la tige. Feuilles aromatiques.
Monarda stulosa
Monarde stule, sauvage, bergamote sauvage, origan du Mexique.
Originaire du sud du Canada jusqu’au Mexique, cultivée aux États-Unis,
plus grande que la précédente. Ses eurs sont violet, pâle ou foncé, couleur
lavande, mais peuvent être blanches, en capitules terminaux. Feuilles vert
pâle.
Monarda citriodora
Monarde citronnée, menthe de cheval, bergamote citron.
Plante annuelle. Fleurs de couleur violette à rose, dégageant comme les
feuilles une odeur de citron.
Monarda punctata
Monarde ponctuée.
Plante vivace, non rustique. Fleurs aux pétales jaunes ou rose pâle ponctués
de pourpre. Bractées blanc-rose très décoratives.
Histoire
Originaire d’Amérique du Nord, la monarde resta longtemps connue des
seuls Indiens qui l’utilisaient comme plante aromatique et médicinale.
Découverte après l’arrivée des colons, elle va, dans un premier temps,
n’intéresser que les botanistes. Carl von Linné, en 1737 dans Hortus
cli ortianus, lui donne le nom de Monarda en hommage, semble-t-il, au
botaniste et médecin espagnol Nicolás Monardes qui s’était intéressé aux
plantes américaines et à leur utilisation médicale par les Indiens mais, à ma
connaissance, dans les écrits de ce dernier et notamment dans son ouvrage
intitulé Historia Medicinal de las cosas que se træn de nuestras Indias
Occidentales, paru à Séville en 1565, rien ne permet, contrairement à ce qui
est souvent dit, de se référer à cette plante. Aucun écrit de Linné ne vient
d’ailleurs corroborer cette attribution particulière. En revanche, si ce
médecin a e ectivement apporté à la connaissance des Européens des
informations médicales indiennes, rappelons qu’il ne s’est jamais rendu en
Amérique du Sud et que ses écrits ne correspondent qu’à des récits de
voyageurs, dont ses enfants, qui lui ont rapporté de nombreuses plantes,
objets d’un intense business comme hélas, aussi, celui des esclaves. La
monarde ne fut jamais plantée dans son jardin. Lorsque Linné nomme cette
plante, il sait qu’elle existe mais il ne l’a jamais eue en mains. Joseph Pitton de
Tournefort l’a décrite et gurée dans son Institutiones, paru en 1700-1703,
sous le nom de Leonurus. Il est vrai que ce qui est considérée comme la «
eur » de monarde est en réalité un ensemble de petites eurs qui, gurées
séparément, n’attirent pas spécialement l’œil. Proche de l’origan par sa
senteur, elle fut aussi appelée et décrite sous le nom d’Origanum par divers
auteurs.
Il faut attendre le e siècle pour qu’un ls de quaker américain, John
Bartram, passionné de botanique, collecte les plantes nord-américaines qu’il
envoie aux botanistes européens mais il a aussi des contacts avec les Indiens.
En 1743, il découvre, entre autres, à Oswego dans l’État de New York, la
monarde qu’il nomme, par similitude avec ce que les Indiens en font, thé
d’Oswego. Il semble qu’il sera ainsi le premier à en envoyer en Angleterre où
on la connaîtra, eurie dans les jardins, deux ans plus tard. Mais elle est
encore discrète et ce n’est qu’en 1773 qu’elle va être « récupérée » par les
colons suite à la manifestation (Boston Tea Party) contre les droits de
douane imposés par les Anglais et jugés outranciers sur le thé, qui valut à
plusieurs caisses de thé de passer par dessus bord. Le thé de monarde va
alors remplacer le thé asiatique.
Plusieurs tribus amérindiennes en préparaient des infusions contre les
nausées et l’insomnie. Elle remplaçait la quinine. Elle est antiseptique par le
thymol qu’elle contient. L’infusion soigne les infections de la bouche dues
aux caries dentaires ou à une gingivite. Elle est toujours utilisée en médecine
traditionnelle contre les troubles de la sphère digestive ou respiratoire et
contre la èvre.
Les Cheyennes en parfumaient la crinière et la queue de leurs chevaux, d’où
son nom de menthe de cheval. Macérées dans de l’huile, les feuilles
devenaient, chez les Amérindiens, un soin pour les cheveux ou un parfum
pour le corps.
Magni ques plantes ornementales mellifères. Sèches, les feuilles
agrémentent des pots-pourris ou des sachets de senteur.
Utilisation en cuisine
Odeur aromatique de menthe et de bergamote. Saveur amère et faiblement
épicée, camphrée, croquant agréable. Monarda stulosa est plus piquante et
au goût de thym. Monarda citriodora a une saveur citronnée.
Les Amérindiens consommaient plus les feuilles que les eurs. Ils
saupoudraient leurs repas de feuilles séchées pour en éloigner les mouches
et en faisaient une boisson chaude à la manière du thé au goût de earl grey.
Les eurs, cristallisées, décorent des salades de fruits, séchées, elles
parfument du sucre en poudre. À introduire dans une con ture, une
compote ou une gelée, ou en faire une gelée à part entière. D’une manière
générale, les eurs de monarde ont une saveur chaude très forte et doivent
être utilisée de manière parcimonieuse sous peine de détruire toute la nesse
du plat.
La limonade de eurs de monarde, infusion refroidie avec adjonction de
citron et de sucre de canne liquide, était appréciée au e siècle. Infusées
dans du vin blanc, les eurs donnent un apéritif agréable. On en fait aussi un
sirop.
Myosotis scorpioides
Myosotis des marais, scorpionne, queue-de-scorpion, faux scorpion,
gremillet.
Il semblerait que ce soit l’espèce la plus anciennement décrite par les auteurs
puisque la question s’est posée pour Pline (voir « Histoire » ci-après). Il fut
appelé Myosotis palustris. Il se rencontre dans les lieux humides. Sa corolle
est bleu pâle, parfois lavé de rose ou de blanc. Son feuillage, vert franc, velu,
est caduc. Il est maintenant naturalisé en Amérique.
Myosotis sylvatica
Myosotis des forêts, des bois.
Les feuilles supérieures sont sessiles, les inférieures rétrécies en pétiole. La
corolle d’abord rose devient bleue ; elle est de plus grande taille que celle des
deux autres espèces. Les pédoncules oraux sont couverts de poils appliqués.
Myosotis arvensis
Myosotis des champs.
Les eurs, petites, bleu pâle, sont groupées serrées les unes contre les autres.
Les tiges et les feuilles sont hérissées de poils.
Histoire
Le myosotis est connu depuis longtemps. Encore faut-il savoir de quoi l’on
parle, du myosotis ou de l’oreille de souris, ou plus exactement de l’aureille
de souris, ou mieux encore auricula muris ? Car notre myosotis n’est pas la
seule plante décrite sous ce nom dans les temps anciens, véronique et
mouron l’ont été, ainsi que d’autres Boraginacées. Toutes ont des petites
eurs bleues. Selon Alain Rey, ce serait François Rabelais qui serait à
l’origine de la première utilisation du mot myosotis. Mais, outre que l’auteur
emploie le terme myosota (au singulier), rien ne prouve qu’il ait bien parlé
du vrai myosotis. Son propos se rapporte aux similitudes linguistiques entre
la morphologie des plantes et leur nom d’où le rapprochement de myosota et
de aureille de souriz, simple traduction de l’un et de l’autre. Si Dioscoride ne
semble parler que du mouron qu’il nomme alsine, Pline en revanche cite le
myosota ou myosotis considéré par certains auteurs comme Myosotis
scorpioides mais comme Asperugo (Boraginacées) par d’autres. Joseph Pitton
de Tournefort place le vrai myosotis dans le Lithospermum appelé aussi
herbe aux perles ou gremil (d’où son nom vernaculaire de gremillet) et
nomme myosotis les céraistes (appelées aussi oreilles de souris !). Carl von
Linné, en 1753, remettra de l’ordre dans la nomenclature et le myosotis
deviendra en n vraiment notre myosotis.
Il est vrai que depuis le Moyen Âge, tout en gardant cette uctuation de
vocabulaire, le myosotis avait acquis quelques lettres de noblesse avec une
légende allemande comme plante du non-oubli amoureux, Vergissmeinnicht,
« ne m’oubliez-pas » en français. Hildegarde de Bingen dans sa Physica parue
entre 1121 et 1158, et Anne de Bretagne pour sa guration par Jean
Bourdichon d’un Souvienne vous de moy dans ses Grandes Heures parues
entre 1503 et 1508, parleront ainsi de frideles soit de dèle. De ce non-oubli
amoureux, il passera au non-oubli de tout comme pour le symbole de la
société Alzheimer, des enfants disparus (États-Unis) ou du génocide
arménien.
La eur, si tant est qu’il s’agissait bien du vrai myosotis, n’a été que peu
utilisée médicalement, sinon en cataplasme oculaire. Selon le botaniste
allemand Johann Georg Gmelin, le myosotis scorpioïde était utilisé en
Sibérie contre la syphilis. Pour l’apothicaire français Nicolas Lémery, il est
astringent et rafraîchissant mais ni l’espèce, ni la partie de la plante utilisée
n’est précisée.
Aujourd’hui, on lui reconnaît un e et anti-in ammatoire. En infusion, il est
calmant et relaxant et est utilisé pour soulager les in ammations oculaires.
Les eurs et les feuilles sont riches en potassium.
Utilisation en cuisine
En raison de leur saveur neutre, les eurs servent surtout en décoration de
mets aussi bien salés que sucrés. Elles sont parfaites dans des salades
composées de fruits ou de légumes. À préparer en glaçons qui ne
dénatureront pas le goût de la boisson.
Dianthus
Le mot dianthus vient du grec dios anthos signi ant « eur de Dieu » ou «
eur de Jupiter ». L’invention de ce nom est à attribuer à éophraste au e
siècle AEC.
Présentation botanique
Très grand nombre d’espèces, les unes vivaces, les autres annuelles, hautes
ou basses, mais toutes au feuillage persistant. Plantes herbacées à plusieurs
tiges portant des feuilles étroites, longues, pliées en gouttière, de couleur vert
bleuâtre. Les eurs simples ou doubles de toutes les couleurs à l’exception du
bleu, très odorantes, solitaires ou agrégées par quatre ou cinq, sont situées
aux sommités des tiges. Les pétales des eurs sont généralement ondulés ou
frisés, dentés ou plus ou moins découpés, voire laciniés, étroits à leur base,
élargis à leur extrémité, au nombre de cinq pour les eurs simples, en
nombre non xé pour les « doubles » (jusqu’à cent), aux étamines
transformées en pétales ; dix étamines, calice en tube ; fruit ovale ou
cylindrique à loge unique à graines noires aplaties.
Les variétés d’œillets se dé nissent par la taille des eurs, le nombre des
pétales, leur forme et leur couleur, unis ou bigarrés, piquetés ou rayés. Reste
leur parfum ou plutôt leurs parfums dont le plus fort est probablement celui
qui s’approche du clou de giro e (d’où ses noms vernaculaires de giro ée ou
géro er).
À l’état sauvage, dans les régions méditerranéennes, il croît dans les lieux
pierreux, les vieux murs, les fentes de rochers. Si les eurs sont plus petites,
elles n’en sont pas moins aussi odorantes.
Dianthus caryophyllus
Œillet des euristes, œillet commun, œillet à géro e, œillet giro ée, œillet
de théâtre, œillet grenadin… (quatre-vingts noms ont été répertoriés dans la
ore populaire d’Eugène Rolland).
Certains sont vivaces (œillet giro ée), d’autres annuels (œillet marguerite,
œillet chabaud) et cultivés comme biannuels. Ils atteignent 60 cm de hauteur
pour les premiers, un peu moins pour les seconds. Les eurs sont
pédonculées et solitaires. Les formes sauvages sont rouge vif mais les variétés
sont panachées. Il serait le plus ancien œillet cité (voir « Histoire »).
Dianthus barbatus
Œillet des poètes, œillet barbu, jalousie, œillet-bouquet, bouquet-parfait.
Plante vivace pouvant atteindre 60 cm de hauteur aux eurs groupées en
bouquet, de couleur rouge ou panachée de rouge, souvent bicolores. Cet
œillet fut mentionné par Jean Bauhin dans son Pinax sous le nom de
Caryophyllus barbatus et changea souvent de nom selon les auteurs.
Dianthus plumarius
Œillet mignardise, lacinié, frangé, brodé, à plumes, œilletin, œillette, œil-de-
coton, mignonette.
C’est un œillet vivace de faible hauteur (moins de 30 cm) aux eurs simples
ou doubles parfumées, aux pétales découpés jusqu’au tiers de leur longueur,
blanches ou roses regroupées par deux ou trois à l’extrémité des tiges. Lui
aussi décrit par Bauhin.
Originaire d’Europe orientale et oriento-méridionale, il est naturalisé
ailleurs.
Dianthus chinensis
Œillet de Chine, œillet de la Régence.
Originaire de Chine comme son nom l’indique, c’est un œillet annuel
atteignant 30 cm de hauteur. Ses nombreuses eurs groupées, aux pétales-
frangés, pourpre foncé à violettes, cerclées, maculées ou striées de blanc,
sont inodores.
Dianthus superbus
Œillet superbe, migniardise des prés, œillet à plumet.
Plante pouvant atteindre 60 cm de hauteur. Ses eurs, odorantes (parfum
vanillé), aux pétales frangés, de couleur rose lavande, lavés de blanc ou de
vert pâle à leur base, sont regroupées au sommet des tiges. Ses feuilles sont
longues, très étroites et persistantes. Il se rencontre à l’état naturel en Eurasie
tempérée et notamment au Japon (voir « Histoire »). En Europe, c’est une
espèce protégée, à la destruction interdite sauf en parcelles cultivées.
Histoire
Le moins que l’on puisse dire est que l’histoire de l’œillet n’est pas des plus
simples. S’il semble que ce soit bien éophraste qui ait employé le premier,
dans Historia plantarum, le mot grec diòs ánthos signi ant « eur de dieu »,
parlait-il vraiment de l’œillet ? C’est une « plante à couronnes » dont seule la
eur, inodore, était utilisée, que l’on multipliait par semis et dont la oraison
était estivale. Vague dé nition. Pline parle de Iovis os ou « eur de Jupiter »,
quasi parfaite traduction du terme grec, qu’il dé nit aussi comme « plante à
couronne » et parle en plus de sa couleur attirante.
Certains auteurs persistent à dire que les Anciens ne connaissaient pas cette
plante, leur eur de Dieu n’étant pas un œillet mais un Lychnis, autre
Caryophyllacée. Il est probable que les œillets n’ont vraiment attiré l’attention
qu’à partir du moment où ils ont été cultivés, les formes sauvages à petites
eurs étant plus discrètes. L’œillet des chartreux (Dianthus carthusianorum)
est connu en France depuis la préhistoire. Arabes et Asiatiques le
connaissaient. Ainsi du prince-poète préislamique Imrou’l Qays qui parle du
parfum d’œillet dans ses poèmes, ce qui donne à cette eur une certaine
importance. On retrouve également mention des œillets dans le Manyôshû,
littéralement « Recueil de dix mille feuilles », anthologie japonaise datée de
760 environ, contenant des poèmes du e au e siècle. Un très grand
nombre de poèmes japonais mentionneront l’œillet, comme ceux de
Kiyohara no Motosuke, poète de waka (genre de la poésie japonaise) de
l’époque de Heian (794-1185). Il semble qu’il s’agisse de l’espèce superbus.
Étudiant les écrits des poètes andalous du Moyen Âge, entre le e et le e
siècle, Hassane Sqalli a montré leur intérêt, en abordant les rapports de la
femme et de sa beauté, de l’amour, des chagrins mais aussi les thèmes
bachiques et bien sûr les jardins, pour vingt-cinq eurs. Œillets des jardins
et œillets des campagnes (sauvages), les qoronfoul sont déjà bien connus à
cette époque.
Ce n’est donc pas, loin de là, le manuscrit intitulé Manfredus de Monte
Imperial Liber daté d’environ 1390 d’un médecin, Manfredus de Monte
Imperiali, qui correspond à la première mention « certaine » de cette eur
comme cela est écrit et répété à l’envi.
En revanche, la plus ancienne illustration connue d’un œillet rouge en
Europe date de ce manuscrit. Le nom donné à cette eur fut tout d’abord
Tunica mais aussi Ocellus et, plus précisément, Ocellus barbaricus, venant de
Barbarie, autrement dit d’Afrique. Dès lors, qu’ils soient connus des poètes
andalous n’a rien de surprenant. Ce nom de Tunica aurait été donné par les
croisés qui l’auraient découvert, selon le Sire de Joinville, lors du siège de
Carthage en Tunisie. Le roi Saint-Louis aurait ainsi repéré cette eur à
l’odeur de clou de giro e et aurait même fait préparer une potion qui aurait
guéri de nombreux malades atteints notamment du typhus. Rapportée en
France, elle se répandit rapidement dans le Midi au point de faire croire à
son état spontané.
Dès leur mise en culture, les œillets se caractérisent par une quantité
invraisemblable de variétés avec autant de noms vernaculaires les
dé nissant. L’œillet va être très présent en peinture comme le montrent les
nombreux tableaux profanes et religieux comme L’Homme à l’œillet daté de
1435 du peintre amand Jan van Eyck et La Madone à l’œillet peinte vers
1480 par Léonard de Vinci pour n’en citer que deux. Dans les tableaux
évoquant les sens, il est associé à l’odorat. L’œillet a investi également d’autres
types d’iconographie, à commencer par les blasons et armoiries, les
tapisseries comme celle de la Dame à la Licorne, les décors de céramique
comme ceux, par exemple, produits à Iznik pour la mosquée de Süleymaniye
à Istanbul, sur la demande de Soliman le Magni que en 1550, et plus tard,
les timbres.
On cite régulièrement René Ier d’Anjou, passionné, au e siècle, par cette
plante ou Le Grand Condé qui adoucissait l’ennui de sa captivité à la Bastille
en 1650 en cultivant des œillets. Entre temps, les botanistes s’y intéresseront
sous d’autres noms comme Leonhart Fuchs en 1542 avec sa bétoine sauvage
et sa bétoine coronaire qui sont bien des œillets, respectivement sauvage et
cultivé. Très vite d’ailleurs, le nombre de variétés va augmenter, certi ant de
leur culture.
On dit que les soldats romains importèrent les œillets en Angleterre. Si ce
fut vers 1597 que le botaniste anglais John Gerard en t venir de Pologne, il
est certain que les Anglais connaissaient déjà l’œillet puisque au Moyen Âge,
le poète Geo roy Chaucer le célébrait dans ses vers. Les Anglais en
devinrent littéralement amoureux. C’est à cette époque que les œillets
gagnèrent l’Amérique par l’entremise des colons espagnols. En 1664, Pierre
Boucher en signale en Nouvelle-France, autrement dit au Canada, sans
préciser l’espèce mais probablement une aux vertus médicinales. En «
échange », ils rapporteront l’œillet d’Inde dans l’Ancien Continent (voir ci-
après).
La connaissance de l’œillet de Chine fut plus tardive puisque datant
seulement de 1702, quand Jean-Paul Bignon, homme d’église français, reçut
une graine provenant de ce pays, laquelle, plantée, eurit d’abord avec des
eurs simples qui devinrent par la suite semi-doubles puis doubles comme
l’avait prophétisé Joseph Pitton de Tournefort en 1705. Certains albums de
peinture, appelés muraqqa, images de l’Empire moghol en Inde aux e et
e siècles, présentaient pour certains essentiellement des eurs. Parmi
elles, l’œillet, l’iris et la tulipe représentaient trois motifs récurrents de cet art
moghol.
Seule la eur a été utilisée en médecine, en infusion, comme tonique,
cordial et pour ses propriétés sudori ques. Certains considèrent les œillets
comme étant antispasmodiques, d’autres comme adoucissants, utiles contre
le venin ou contre l’épilepsie. L’œillet rouge, dit œillet grenadin, était le
préféré mais peut-être plus pour sa couleur que pour ses vertus.
L’huile dite « d’œillet » ne vient pas de cette plante mais des graines de
pavot.
Utilisation en cuisine
L’infusion de pétales d’œillet dans du vin est une idée ancienne, lui donnant
un goût de résiné.
Les con seurs en faisaient une liqueur agréable appelée rata a d’œillet.
Médicinale, cordial et stomatique, chez nos Anciens elle est devenue liqueur
d’agrément au goût situé entre le rata a de cerises et celui de noyaux. Le
docteur Nicolas Lémery en donne la recette.
Rata a d’œillet
50 g de pétales d’œillets rouges simples odorants
1 l d’eau de vie
1 bâton de cannelle
12 clous de giro e
500 g de sucre
10 noyaux de pêches
10 noyaux d’abricots
Tagetes, Tagète
Famille des Astéracées et non des Caryophyllacées. Les tagètes sont
originaires d’Amérique du Sud et Centrale.
Le nom de tagète, masculin, viendrait de la divinité étrusque Tages.
Certains le font dériver du grec tagé ou tageia (« puissance »). Il
répond, en anglais, au nom de marigold mais ce terme dé nit
également le calendula (pot marigold).
Présentation botanique
Les tagètes sont des plantes herbacées jaunes ou orangées. José de
Acosta, en 1600, décrivant les eurs utilisées par les Incas, parle ainsi
des œillets d’Inde qui ressemblent à un n velours orangé et violet mais
n’a, selon lui, aucun parfum. Il parlait de la eur et non du feuillage très
odorant, pas toujours plaisant mais e cace pour éloigner les prédateurs
des légumes du jardin. Le nom d’œillet d’Inde vient de sa ressemblance
avec certains œillets (Dianthus). Il ne vient pas des Indes orientales
mais des Indes occidentales, autrement dit d’Amérique.
Environ 25 espèces sont reconnues se répartissant en de nombreuses
variétés.
Tagetes erecta
Rose d’Inde, rosa-sina, tagète élevé, œillet d’Inde, safran du pauvre.
Tagète à la tige peu rameuse, aux feuilles ailées vert clair, à bord denté,
aux eurs radiées et solitaires, d’un jaune éclatant, plus ou moins foncé.
Cultivée, cette espèce peut être à eurs doubles ou orangées rayées de
jaune.
Ce tagète est signalé par Francisco Hernández, médecin à la cour
d’Espagne, en mission en Nouvelle-Espagne, dans son ouvrage intitulé
Quatro libros de la naturaleza, publié en 1615, sous le nom natuatl de
cempoalxochitl. Il est parfois confondu avec l’œillet d’Inde (Tagetes
patula). De nombreuses applications médicales lui ont été reconnues
par les civilisation précolombiennes et il servait déjà de colorant
alimentaire tout comme l’œillet d’Inde.
Tagetes lucida
Estragon du Mexique, œillet anisé, tagète anisé, yauhtli (Aztèques) («
herbe des nuages »).
Tagète originaire du Mexique, au feuillage semi-persistant, aux eurs
solitaires jaunes, orange, rouges ou multicolores selon les variétés. Il
était connu et utilisé des Mayas et des Aztèques qui le considéraient
comme plante médicinale et sacrée.
Arôme et goût amer, très anisés des feuilles (surtout utilisées) et des
eurs. On lui trouvait aussi un goût d’estragon.
Soigne en interne les problèmes digestifs et diminue la pression
artérielle. Il traite les voies respiratoires.
Tagetes minuta
Tagète des décombres, tagète minute.
Originaire lui aussi d’Amérique, le tagète minute est bien connu des
Incas qui le nomme huacatay. Cette espèce quitta son pays natal pour
l’Afrique du Sud lors de la guerre des Boers en 1900 entre les
Britanniques du Nouveau Monde et les Afrikaners, le fourrage envoyé
pour les chevaux contenant des graines de tagète. Afrique du Sud,
Rwanda et Madagascar en sont aujourd’hui les premiers producteurs.
Il peut atteindre 2 m de hauteur et se rencontre dans les décombres, les
chemins. Ses eurs sont petites, jaune orangé.
Plante fortement parfumée (les feuilles notamment) à odeur de
pomme verte et de fruit de la passion.
Tagetes patula
Petit œillet d’Inde, faux œillet, tagète étalé.
Non seulement c’est un faux œillet mais, de plus, il ne vient pas des
Indes mais du Mexique.
Plante annuelle, atteignant 30 cm de hauteur, aux tiges plus courtes
que chez les espèces précédentes, en rameaux nombreux et di us, aux
eurs de couleur jaune vif à orange, ou brun rouge. Le feuillage exhale
une odeur forte et désagréable.
Tagetes tenuifolia
Tagète citron, tagète à feuilles tenues.
Plante annuelle pouvant atteindre 30 cm de hauteur et près de 40 cm
en étalement. Les in orescences de couleur jaune, orange ou parfois
rouges, sont simples.
Cette espèce dégage un parfum d’agrume proche de la mandarine ou
du citron.
Utilisation en cuisine
La saveur des pétales de tagète varie selon l’espèce et les variétés :
odeur d’anis, d’agrume, de pomme, d’estragon ou de fruit de la passion.
Les tagètes, selon l’espèce et la variété, ont un nombre de pétales réduit
(Tagetes lucida, Tagetes tenuifolia) ou important (Tagetes patula, Tagetes
erecta). Pour les recettes qui suivent, le nombre de eurs nécessaire a
été basé sur ce dernier.
Séparer les blancs des jaunes et les monter en neige avec une pincée
de sel.
Chau er le lait avec la vanille et les eurons de deux in orescences
de tagète. Réserver 15 min. Filtrer. Remettre sur le feu et porter à
frémissement.
Rebattre les blancs d’œuf. Avec deux cuillères, former des quenelles
de blanc battu et les faire pocher dans le lait 1 min sur chaque face. Les
égoutter sur une mousseline ou du papier absorbant.
Battre les jaunes d’œuf et le sucre en un mélange mousseux.
Mélanger cette préparation au lait en battant énergiquement jusqu’à ce
que la crème épaississe. La verser dans quatre coupes individuelles et
réserver.
Déposer dans chaque coupe une ou deux quenelles de blanc d’œuf.
Transformer les 50 g de sucre en caramel. Avec deux fourchettes,
faire des laments de caramel que l’on déposera sur les quenelles.
Parsemer de eurons de tagète en décor. Réserver au frais avant de
servir.
Les Précolombiens utilisaient beaucoup les feuilles de tagète. Ils
mélangeaient aussi des fèves de cacao moulues aux tagètes pour
certains remèdes faisant baisser la èvre. Une chose est certaine, le goût
des tagètes se marie merveilleusement avec celui du chocolat.
Couper les crêpes en petits carrés. Les faire revenir dans le beurre
avec le sucre pour les caraméliser.
Mélanger les eurons défaits au miel et les ajouter aux crêpes.
Servir chaud ou froid avec une glace.
Onagre
Onagre signi e « âne sauvage ». La plante aurait hérité de ce nom en
relation avec celui d’Œnothera.
Œnothera
Œnothera vient du latin oinos (« vin ») et thêr (« animal sauvage »), selon le
pouvoir supposé de cette plante, trempée dans du vin, à apprivoiser les
animaux sauvages, dont les ânes.
Présentation botanique
L’onagre appartient à la famille des Onagracées comme l’épilobe ou le
fushia. Le genre comporte une centaine d’espèces dont la classi cation est
extrêmement compliquée en raison de leur facilité à s’hybrider et surtout à
muter. Rappelons-nous que c’est avec elles que Hugo De Vries introduisit la
notion de mutation.
Œnothera biennis
Onagre bisannuelle, mâche rouge, onagraire, herbe aux ânes, jambon des
jardiniers, eur de nuit, primevère du soir.
Plante bisannuelle, velue, eurissant la seconde année, haute de 1,50 m.
Racine principale charnue. Fleurs jaunes ne s’ouvrant que le soir, de juin à
octobre. Feuilles alternes, en ovale allongé et pointu, vert grisâtre à nervures
rougeâtres. Fruit en gousse allongée contenant des graines brunes à faces
plates. Terrains vagues et bords de chemin. C’est l’espèce la plus commune en
France.
Histoire
L’origine géographique des onagres ne fait pas consensus entre l’école
américaine et l’européenne. Sans entrer dans les détails, ce qui nous
amènerait trop loin, disons qu’il existerait des espèces endémiques
anciennes en Europe contrairement à ce qui a toujours été dit sur leur
origine nord-américaine exclusive. La plante décrite sous le nom d’œnothère
par éophraste ou Dioscoride ne semble pas cependant appartenir à ce
genre.
L’onagre des régions tempérées nordiques d’Amérique du Nord fut
intentionnellement introduit en Europe et en Asie au e siècle comme
légume.
Il est considéré comme étant antispasmodique et antiphlogistique. Les
Anglais la considèrent comme la panacée pour guérir les rhumes. En
médecine populaire, on utilisait un onguent de feuilles d’onagre pour traiter
diverses a ections cutanées.
Utilisation en cuisine
Racine à goût de noix un peu amère, légèrement poivrée. Les jeunes feuilles
basilaires ou les tiges peuvent agrémenter une salade ou se faire cuire
comme des épinards. Elles participent des soupes, des sauces ou des ragoûts.
Séchée, la racine dégage une odeur de vin. Elle peut se manger crue, râpée,
mélangée à des salades auxquelles elle apporte une saveur de noix ou se faire
cuire. Les graines peuvent épicer une marinade ou un ragoût. On extrait à
partir des graines mûres de l’huile d’onagre de haute qualité culinaire.
Les eurs, odorantes et douces, ont une saveur qui rappelle celle de la
primevère. Elles s’ajoutent aux salades, aux marinades, ou se cuisinent
farcies à la manière des eurs de courgette. Mélangées à du fromage frais,
elles apportent une saveur originale. Les boutons oraux se préparent
comme des câpres et s’utilisent comme eux.
Bellis
Bellis signi e « beauté ».
Présentation botanique
On reconnaît une quinzaine d’espèces originaires d’Europe. Les plus
courantes sont, outre Bellis perennis, présentée ci-après, Bellis sylvestris ou
pâquerette des bois à oraison automnale, et Bellis annua ou pâquerette
annuelle, toutes deux méditerranéennes.
On trouve de nos jours de nombreux cultivars qui ne ressemblent plus à la
forme sauvage, avec de gros capitules en pompons colorés.
Bellis perennis
Pâquerette vivace, petite marguerite, eur de Pâques, magriette, eur de
pâturage, pasquette.
Petite herbacée, atteignant 15 cm de hauteur, vivace, à tige glabre ou velue.
Les feuilles persistantes, ovales, spatulées, vertes, au bord crénelé,
brusquement rétrécies au pétiole à leur base, ne présentant qu’une seule
nervure centrale, sont regroupées à la base en rosette. Les in orescences
sont en capitules solitaires formées de deux sortes de eurs, les centrales,
tubulées, jaunes, entourées des ligulées, blanches en dessus et rougeâtres en
dessous (parfois légèrement dessus), disposées sur un seul rang. Elles se
ferment en l’absence de soleil. Les fruits ne sont pas surmontés par une
aigrette de soie (contrairement à ceux du genre Bellium).
Les pâquerettes sont originaires d’Europe et d’Asie mineure. Bellis perennis
eurit toute l’année.
Histoire
L’appellation Bellis apparaît pour la première fois chez Pline. Pour certains,
cet auteur parlait de la marguerite (aujourd’hui Leucanthemum) et non de la
pâquerette (aujourd’hui Bellis). Elle n’est pas citée dans la Bible et les « eurs
des champs » sont rapportées à la marguerite dorée (Chrysanthemum
coronarium) ou à la marguerite de Palestine (Anthemis palestina).
Elle semble être restée plutôt dans l’ombre des médecins de l’Antiquité et
même du Moyen Âge. Aucune certitude sur la Gensekrut d’Hildegarde de
Bingen qui peut être de la potentille ou de la pâquerette. En revanche, au
e siècle, l’écrivain et traducteur italien Gérard de Crémone conseillait
Passi ora
Plus de 400 espèces existent aujourd’hui, de toutes couleurs, appartenant à
la famille des Passi oracées, essentiellement en Amérique du Sud. À l’état
sauvage, elles peuvent devenir envahissantes. Les espèces peuvent facilement
s’hybrider entre elles.
Présentation botanique
Plante vivace grimpante, en liane pouvant atteindre plusieurs mètres,
présentant des vrilles en tire-bouchon. Les tiges, ligneuses et glabres, sont
creuses. Les feuilles alternes, trilobées et dentées, au-dessous à n duvet,
sont longuement pétiolées. Les eurs odorantes, atteignant 8 cm de
diamètre, ont trois bractées ovales, vert pâle, cinq sépales robustes alternés
avec cinq pétales de même taille. On note la présence de plusieurs rangées
de laments et de cinq étamines recourbées vers l’extérieur. Les eurs ne
s’épanouissent que pendant 24 à 48 h. Le fruit en baie ovoïde, jaunâtre ou
orange, a une chair comestible bien qu’assez fade, sauf chez Passi ora edulis
où il est nommé maracuja. Les graines noires ridées sont nombreuses.
Jeter quatre eurs de passi ore dans le sucre juste mouillé. Porter à
ébullition. Filtrer.
Au bain-marie, monter les œufs et les jaunes puis verser le sirop.
Battre jusqu’à obtention d’une crème mousseuse.
Hors du feu, ajouter la crème fraîche en battant régulièrement. La
crème va devenir vert pâle.
Réserver et servir frais décoré de la cinquième eur.
Prunus
Prunus est dérivé du grec ancien proúnê et du latin prunum (« prune »). On
rencontre prunarius dans un texte du e siècle.
Samos. Il est vrai que les Romains ne semblent avoir cultivé qu’à partir du Ier
siècle ces Malum persicum ou « pommes de Perse » comme ils les appelaient,
mais Pline en note déjà cinq variétés.
Nous ne discuterons pas sur les diverses arrivées possibles en France, par
l’est ou par le sud, notant seulement sa présence à Saintes, en Charente-
Maritime, dans des sites archéologiques datant du er siècle. Le Moyen Âge
fut une époque faste pour son développement. Le pêcher devient une culture
obligatoire dans le Capitulaire De Villis à la charnière des e et e siècles
mais son fruit, cultivars aidant, ne sera apprécié pour son goût qu’au e
siècle.
Ce sont les Espagnols qui, dès le e siècle, apportèrent les pêches aux
Fariner les darnes et les cuire dans la moitié de l’huile d’olive sur les
deux faces avec les échalotes nement émincées.
Mélanger les eurs avec la crème de pêche et le restant de l’huile.
Verser la sauce sur le poisson en n de cuisson.
Viola
Viola, même nom latin pour désigner les violettes et les pensées, eurs qui
se ressemblent avec leurs cinq pétales asymétriques mais qui sont cependant
faciles à di érencier et qui appartiennent bien évidemment à la même
famille, celle des Violacées. Chez la pensée, on note quatre pétales
supérieurs et un large pétale inférieur. Chez la violette, trois pétales sont
disposés vers le bas et deux vers le haut.
La violette a été présentée dans le Grand traité des herbes aromatiques de
l’auteure (p. 205). Seule la pensée sera traitée ici.
Présentation botanique
Viola tricolor
Pensée tricolore, violette tricolore, eur de la Trinité, petite jacée.
Petite plante herbacée annuelle, bisannuelle ou vivace selon le biotope,
sauvage. On l’appelle tricolore car ses pétales inégaux sont bleu-violet, jaunes
et blancs mais certaines d’entre elles peuvent être monochromes comme les
représentera, totalement violettes, Anne de Bretagne dans ses Grandes
Heures sous le nom de Grosses Penscees et de Menuta penseta.
Viola x wittrockiana
Pensée des jardins.
Son nom wittrockiana honore le botaniste suédois Veit Brecher Wittrock et
ses recherches sur le genre Viola. Inconnue à l’état sauvage, elle est le résultat
d’une hybridation entre trois espèces eurasiatiques, Viola lutea (jaune), Viola
altaica (violette) et Viola tricolor. Ses eurs sont nettement plus grosses que
celles de ses parents. Si on la laisse se semer seule, elle reprend l’apparence
d’une pensée sauvage en quelques générations.
Viola bi ora
Pensée à deux eurs, violette à deux eurs.
Décrite et gurée dans le Grand traité des herbes aromatiques (p. 206) sous
son nom vernaculaire de violette à deux eurs, il n’a pas été précisé qu’il
s’agissait en fait d’une pensée comme le montre parfaitement la disposition
de ses pétales sur sa représentation. Comme son nom l’indique, elle est
caractérisée par la présence, non systématique cependant, le long d’un
pédoncule, de deux eurs, jaune vif, striées de brun sur le pétale inférieur.
Les feuilles sont cordiformes au bord nement dentelé.
Viola cornuta
Pensée cornue, pensée à cornes, violette cornue.
Petite plante d’origine européenne maintenant cultivée. Ses feuilles sont
alternes, ovales et dentelées, persistantes. Ses eurs, petites, longuement
pédonculées, bleues, possèdent un éperon qui remonte vers l’arrière.
Histoire
L’histoire de la pensée est mal connue. Elle vient d’Eurasie. Les Anciens
connaissaient la violette odorante parfaitement gurée dans le Codex
vindobonensis de Dioscoride daté de 512, mais la pensée n’a pas laissé de
trace. Il faut attendre le Moyen Âge avec Anne de Bretagne pour rencontrer
des pensées tricolores reproduites dans ses Grandes Heures, ouvrage publié
entre 1503 et 1508. La pensée sera nommée de di érents noms par les
auteurs de la Renaissance mais tous s’accorderont pour lui conférer des
vertus contre les a ections cutanées ou dans les troubles respiratoires.
Leonhart Fuchs la décrit et gure, dès 1542, sous le nom de pensée ou herbe
de la Trinité, Viola tricolor dont l’auteur avoue ne rien savoir de son nom
chez les Grecs et les Latins. Elle symbolisa la sainte Trinité aux premiers
Chrétiens, en raison, semble-t-il, non pas de ses trois couleurs mais de la
forme en son centre d’un triangle duquel surgit un œil (le stigmate) et d’où
semblent sortir des rayons lumineux (les stries), à moins que ce ne soit des
deux.
Les premières cultures des pensées comme plantes d’ornement semblent
pouvoir être attribuées au e siècle au médecin et botaniste allemand
Joachim Camerarius.
Les « premières » hybridations sont peut-être à attribuer à une Britannique,
Mary Elizabeth Bennet, lle du quatrième comte de Tankerville, Charles
Bennet, qui, collectionneuse de pensées sauvages, eut l’idée, en 1813, de les
croiser pour augmenter sa collection. Il faut rappeler que Charles de L’Écluse
avait déjà vu, à la n du e siècle, des pensées totalement jaunes ou
Phlox paniculata
Phlox paniculé, phlox vivace, phlox des jardins.
Plante vivace pouvant atteindre 1,20 mètre de hauteur. Les tiges sont raides.
Les feuilles lancéolées, vert franc, simples et alternes, sont semi-persistantes.
Les eurs à corolle tubulée souvent parfumée, de couleur blanche, rose,
rouge, pourpre ou violette, sont groupées en panicules au sommet des tiges.
Ce phlox eurit de juillet à l’automne.
Phlox drummondii
Phlox de Drummond, phlox annuel, phlox étoilé.
Il fut dédié au botaniste écossais omas Drummond qui le découvrit au
Texas, sa région d’origine, lors de sa mission de collecte botanique dans ce
pays en 1833-35.
C’est un phlox annuel à oraison prolongée et abondante pouvant atteindre
40 cm de hauteur pour la variété à grosses eurs, 20 cm pour celle à petites
eurs. Les feuilles simples, lancéolées, opposées, directement accrochées aux
tiges, vert vif clair, sont semi-persistantes. Les eurs aplaties à cinq pétales,
monochromes (blanc, jaune, saumon, orange, rouge ou violet) ou bicolores,
certaines en forme étoilée, sont groupées en bouquets tou us. Ce phlox
eurit en été (avril à octobre). Les fruits ont des graines foncées.
Phlox subulata
Phlox mousse.
Plante vivace, rampante, atteignant 20 cm de hauteur, à croissance lente.
Feuilles linéaires et ciliées, persistantes. Fleurs en forme d’étoile aux pétales
échancrés s’épanouissant au printemps. Originaire du nord-est des États-
Unis et du Canada.
Elle est signalée ici, bien que non comestible, car présente dans nos jardins.
C’est elle surtout qui est l’objet d’un festival, le Fuji shibazakura, au pied du
mont Fuji au Japon, rappelant la fête des cerisiers ou sakura (p. 74), avec la
oraison de plus de 800 000 phlox, six variétés de couleurs di érentes, en un
merveilleux tapis de 2,4 hectares extraordinairement coloré.
Histoire
La plante appelée phlox par éophraste n’a jamais pu être dé nie. Le nom
de Phlox fut ainsi dé nitivement attribué à notre plante par Carl von Linné
en 1753, mais celle-ci était déjà connue sous d’autres noms. Elle était appelée
Lychnioides par le botaniste anglais John Ray, Lychnoidea par Leonard
Plukenet et Johann Jacob Dillenius, ou Polemonium par Joseph Pitton de
Tournefort.
Quels que soient leurs noms, les phlox sont originaires d’Amérique du Nord
et n’ont été repérés par les Européens qu’après la colonisation de ce
continent. Il ne semble pas que les Amérindiens s’en soient particulièrement
intéressés avant l’arrivée des colons, si ce n’est pour admirer leur magni que
couleur rose lors de leur oraison au printemps. Aucun des auteurs qui se
sont préoccupés des plantes de l’Amérique précolombienne, comme Nicolás
Monardes, Bernardino de Sahagún, Francisco Hernández, Diego de Landa
ou Charles Plumier, pour n’en citer que quelques-uns, ne semblent avoir
mentionné les phlox sous quelque nom que ce soit.
Ils furent introduits en Angleterre au début du e siècle. On doit à
Dillenius, en 1732, dans son Hortus Elthamensis, description du fameux
jardin botanique expérimental du médecin James Sherard à Eltham, près de
Londres, mention de phlox qu’il décrit et gure.
Phlox paniculata, en provenance de Virginie, est la première espèce
introduite et cultivée à la n du e siècle, à moins que ce ne soit Phlox
subulata créditée en 1745 dans la correspondance entre les botanistes
américain John Bartram et anglais Peter Collinson, qui obtenait graines et
plantes américaines en échange des tissus, comme étant la première espèce à
croissance lente entrée sur le sol anglais.
D’autres espèces arrivèrent en Europe à cette même époque. Ainsi de Phlox
divaricata (appelée alors Phlox canadensis), glaberrima, maculata, carolina,
ovata et bien d’autres dont certaines utilisées ensuite pour hybridation. Phlox
drummondii, nous l’avons dit, fut reconnue en 1835.
Utilisation en cuisine
Rappelons tout d’abord que Phlox subulata n’est pas comestible.
L’arrivée des eurs de Phlox paniculata et de Phlox drummondii dans nos
assiettes est récente. Les eurs parfumées au goût sucré sont idéales dans les
desserts, mais aussi les salades en raison de leur croquant légèrement épicé.
On retrouve, chez les eurs blanches surtout, une saveur de noix fraîche. Il
faut retirer les étamines, les pistils et toute partie verte. Elles peuvent être
con tes au sucre, gelées en glaçon, ou participer à des crèmes ou desserts
divers.
Taraxacum
Taraxacum, du bas latin tarasacon, espèce de chicorée, vient de l’arabe
tharakhchakon, « pissenlit, chicorée sauvage ».
Présentation botanique
On parle de plus de 1 200 espèces et sous-espèces de ce genre, présentes
actuellement dans le monde, bien souvent mal dé nies en raison de la
possibilité d’apomixie de ce taxon, mot savant signi ant simplement le fait
que le pissenlit peut se reproduire sans avoir été fécondé. Nous nous
limiterons à trois d’entre elles, utilisées dans nos régions, sans entrer dans la
discussion de savoir, par exemple, si le pissenlit qui recouvre nos prairies est
un vrai Taraxacum o cinalis ou s’il appartient seulement à un groupe plus
large, domaine qui intéresse les botanistes.
Pour ne pas confondre le vrai pissenlit avec d’autres astéracées appelées
dans le langage vernaculaire du même nom, retenir que Taraxacum présente
un bouton oral au centre de la rosette.
Taraxacum o cinale
Dent-de-lion, pissenlit o cinal ou commun, cramaillot, horloge du berger,
chandelle, groin-d’âne, orion d’or, salade-de-taupe, laitue-de-chien, cochet,
choipine, tête-de-moineau, tête-de-moine, tonsure, chicorée. Près de trois
cents noms vernaculaires ont été inventoriés par l’ethnologue Eugène
Rolland dans le sixième volume (sur onze) de sa Flore populaire ou histoire
naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le folklore, paru
en 1906. Le nom de dent-de-lion attribué au pissenlit pour ses feuilles
fortement dentées est devenu le terme vernaculaire anglais dandelion.
Plante vivace. Racine charnue pivotante, brun rougeâtre, profonde. Tige
duveteuse remplie d’un latex blanc. Feuilles localisées à la base de la tige,
longues, très découpées et vert foncé. Fleurs ligulées et semblables en
capitule terminal jaune d’or. Fruits, multitude d’akènes munis de soies. Se
rencontre dans les prairies, les jardins, les bois clairs.
On trouve maintenant des pissenlits cultivés à feuilles jaunes moins dentées
et d’autres, comme le pissenlit étiolé, à feuilles presque blanches à saveur
doucement parfumée. Diverses espèces locales sont consommées sur place.
Attention, certaines espèces, comme Taraxacum bessarabicum, sont
protégées dans quelques départements.
Taraxacum mongolicum
Pissenlit chinois, pu gong ying.
Il est utilisé depuis longtemps (voir « Histoire ») pour traiter des problèmes
du foie ou diverses a ections de la glande mammaire et est consommé
comme le pissenlit commun.
Taraxacum obovatum
Doucette des lavandes, pissenlit luisant ou à feuilles obovales.
Pissenlit méditerranéen, facile à reconnaître avec ses feuilles entières
(parfois un peu découpées) mais surtout luisantes sur leur face supérieure.
De saveur douce, il est consommé en Haute-Provence.
Taraxacum kok-saghyz
Un mot seulement sur ce pissenlit russe, Taraxacum kok-saghyz, découvert
en 1930, cultivé dans ce pays pour la teneur en caoutchouc de ses racines et
qui connut un instant de « gloire » pendant la Seconde Guerre mondiale.
Quelque peu oubliée, ses poten- tiels gommeux intéressent de nouveau
l’industrie.
Histoire
Le pissenlit semble être originaire d’Asie ou peut-être d’Eurasie mais peu
d’informations nous viennent des époques anciennes.
En Chine, les feuilles de l’espèce Taraxacum mongolicum sont mentionnées
pour la première fois dans le Tang Ben Cao (Tang Materia medica), daté de
659 AEC, comme remède réduisant les in ammations des yeux, les abcès et
augmentant la miction. À la même époque ou peut-être un peu plus récent,
le folklore celte nous apporte des légendes à propos de cette plante,
indiquant sa présence dans nos régions. Un ingénieur agronome et botaniste
allemand, Carl Fraas, a cru reconnaître le pissenlit dans l’aphake de
éophraste, le terme moderne pour le désigner étant pieraphake, mais une
confusion fréquente entre chicorée et pissenlit sème le doute. Dioscoride
parle de deux seris, les rapportant à des chicorées, et Pierandrea Matthioli,
dans ses Commentaires sur Dioscoride, y ajoutera un « dent de Lyon » ou «
Pissen lict » suivi de nombreux noms vernaculaires attribués au vrai pissenlit
mais mis en parallèle avec l’Ambubeia ou chicorée sauvage. Une
représentation d’un dendelion se trouve cependant dans le Bury St Edmonds
Herbal daté de 1100 environ et reprenant des données botaniques et
médicales de Lucius Apelius, de Dioscoride et d’un ouvrage attribué au
savant romain Sextus Placidus, connu pour avoir été actif vers 390.
Il faut faire un saut dans le temps après Dioscoride, à la n du e siècle,
pour que les médecins arabes comme Yahya ibn Sarafyun (connu aussi sous
le nom de Jean Sérapion), puis parmi eux, précisément, Rhazès et Avicenne,
plus connus, parlent du tarakhchaqoûn qu’ils considèrent comme étant
voisin de la chicorée. L’apparition du mot latin taraxacum apparaîtra,
semble-t-il, la première fois sous la plume de Gérard de Crémone dans sa
traduction du Canon d’Avicenne, sous l’orthographe de tarasacon.
L’orientaliste belge Henri Lammens, dans ses Remarques sur les mots français
dérivés de l’arabe, ouvrage paru en 1890, montre la transformation des mots
arabes passés en français et dé nit là encore taraxacum ou taraxacon
comme étant de la chicorée sauvage.
Considéré uniquement comme plante médicinale, le pissenlit se retrouve au
Moyen Âge dans les écrits de l’abbesse Hildegarde de Bingen pour purger
l’estomac et faire disparaître les troubles de la vue. On fait mention de l’usage
médical du pissenlit dans un herbier britannique datant du e siècle. Il
semble que ce soit de cette époque (vers 1390) qu’il est guré pour la
première fois dans le Manfredus de Monte Imperiali Liber du médecin peu
connu Manfredus de Monte Imperiali. À la Renaissance, il apparaît
régulièrement dans les écrits mais toujours comme sauvage, non cultivé, et
passe doucement de la médecine pure à la cuisine, en salade. Il est
régulièrement guré par Leonhart Fuchs (1551), Rembert Dodoens (1557)
et dans les Commentaires… de Pierandrea Matthioli, appelé Hedypnois mais
toujours placé dans les chicorées, jaunes au demeurant. Il devient une
culture de jardins parmi les simples avant de devenir culture maraîchère vers
le début du e siècle. Si feuilles et racines sont surtout la base des recettes
médicales, les eurs, par leur couleur jaune, ont un emploi cholagogue
contre la jaunisse qu’Olivier de Serres sera, semble-t-il, le premier à signaler
en 1600.
En Angleterre, il est au moins connu depuis le e siècle puisque signalé à
Cramaillote
200 capitules de pissenlit (2 pots)
500 g de sucre
75 cl d’eau
1 orange non traitée
1 citron non traité
1 cc de beurre
Scorzoneroides
Scorzoneroides pyrenaica var. helvetica (ex
Leontodon helveticus).
Liondent helvétique, léontodon faux pissenlit ou des rochers.
À ne pas confondre avec le dent-de-lion, notre pissenlit, que nous
venons de voir.
Bien que n’appartenant pas au même genre, donc sans être un pissenlit,
cette astéracée s’en rapproche fortement. Ses feuilles, à l’origine de son
nom, sont moins profondément découpées. Les eurs apparaissent plus
tard (de mai à septembre) mais ces deux plantes se côtoient dans les
prairies et les chemins. Le liondent est réputé pour ses propriétés
diurétiques.
En cuisine, il s’emploie exactement comme le pissenlit. Les jeunes
feuilles sont plus amères.
Pivoine
Le terme de pivoine est directement lié au nom latin avec la forme en ancien
français de pyoine, apparue en 1180-90 dans la traduction française du
Roman d’Alexandre par l’écrivain normand Alexandre de Bernay. En 1600,
Pierandrea Matthioli, dans ses Commentaires sur Dioscoride, parlera de
pyuoine ou pynoine pour le nom français des pæonia. Ce terme apparaît
pour la première fois dans le Ménagier de Paris en 1393.
Pæonia
Son nom latin viendrait de celui d’un des plus anciens dieux guérisseurs
grecs, Paeôn, en rapport avec ses vertus médicales.
Présentation botanique
Un seul genre dans une famille particulière, celle des Pæoniacées, la pivoine
est une eur quasi anormale au sens botanique avec une variation
surprenante du nombre de ses pièces orales : trois à sept sépales, cinq à
treize pétales, de nombreuses étamines et entre deux et quinze pistils et on
ne parle pas, bien sûr, des cultivars. Mais pour le commun des mortels, la
pivoine comprend un calice vert, des pétales soyeux, des étamines à foison et
des gros pistils centraux qui donnent chacun un fruit contenant deux
rangées de graines vivement colorées. Les espèces, entre 25 et 40 selon les
auteurs (25 sauvages), sont divisées en trois sections, celle des Moutan ou
pivoines en arbres exclusivement chinoises, celle des Pæonia, herbacées à
aires disjointes (Asie orientale et centrale, ouest de l’Himalaya, Bassin
méditerranéen) et celle des Oneapia (anagramme de Pæonia) de la côte
paci que de l’Amérique du Nord dont on parle peu.
Longtemps considérées comme plantes à eurs des plus primitives, les
pivoines sont remontées dans la classi cation, dans les Saxifragales très
exactement, ce qui les rajeunit à environ 90-100 millions d’années tout de
même.
Les pivoines se divisent en deux grandes catégories, les herbacées et les
arbustives. Toutes les formes sauvages présentées ici, à l’origine de nos
formes cultivées, sont en danger ou sur liste rouge donc protégée.
Pivoines herbacées
Petites plantes herbacées qui disparaissent l’hiver pour réapparaître au
printemps.
Pæonia o cinalis
Pivoine o cinale.
Petite plante vivace, sauvage, européenne, pouvant atteindre 70 cm de
hauteur. Une à plusieurs tiges simples. Feuilles triséqués (plusieurs
coupures atteignant la nervure centrale), vert sombre, face inférieure
velue. Fleur solitaire à cinq sépales vert rougeâtre, cinq à dix pétales
rouges, ovales. Étamines, nombreuses, aux lets rouges soudés à leur
base. Fruit formé de deux à quatre follicules velus contenant des graines
noires à maturité.
Pæonia mascula
Pivoine mâle, pivoine coralline.
Forme sauvage d’Europe occidentale, d’Algérie et de Russie, plus petite
que la précédente. Feuilles vert glauque à trois folioles velues en
dessous. Fleurs solitaires terminales, rouges à roses, aux pétales ovales.
Étamines nombreuses aux anthères plus longues que les lets. Fruits à
cinq follicules velus.
Pæonia tenuifolia
Pivoine à feuilles de fougère, pivoine goutte-de-sang.
Elle se rencontre dans les Balkans et supporte le froid. Elle peut
atteindre 50 cm de hauteur et se caractérise par son feuillage liforme
allant de bronze à vert clair. Fleurs rouge vermillon.
Pæonia lutea
Pivoine arbustive jaune.
Feuillage caduc, vert foncé, aux feuilles trilobées. Fleurs groupées par
deux ou trois sur les tiges de l’année, aux pétales jaune pâle présentant
une macule brune à leur base. Étamines jaune foncé.
Pæonia su ruticosa
Pivoine arbustive, pivoine en arbre.
Petit arbuste atteignant environ 1,5 m à 2 m de hauteur, à grande
longévité. Feuillage caduc vert foncé mat, au revers bleuté, très
découpé. Très grandes eurs terminales et solitaires, roses à rouges,
pourpres et blanches avec parfois une tache à la base des pétales,
comportant cinq à dix pétales pour les formes simples, obovales à l’apex
incisé. Étamines nombreuses, aux lets roses ou pourpres. Fruits à cinq
follicules.
Perdue en tant que forme sauvage, elle est à l’origine d’une centaine de
cultivars.
Histoire
Si l’on s’intéresse aux plus anciennes pivoines connues et utilisées par
les Hommes, c’est vers la Chine qu’il faut se tourner. C’est dans le
Classique des vers, ce recueil comprenant trois cent cinq poèmes
chinois datant du e au e siècle AEC, que se rencontre le terme
sháoyào générique de pivoine tant herbacée qu’arbustive, désignant
aujourd’hui la seule Pæonia lacti ora. Les sháoyào ont été utilisées
comme plantes spirituelles et surtout médicinales dans les problèmes
cardiovasculaires et sanguins par l’utilisation de l’enveloppe séchée des
racines. Les mûdân, nommant les pivoines arbustives, apparaissent
comme plantes médicinales dans le Shennong Bencao Jing (Classique de
la matière médicale du Laboureur céleste), compilé au début de notre ère
mais pouvant être plus ancien.
Tao Hongjing, en 536, sous la dynastie des Leang (502-556), parle de
pivoines rouges et, pour la première fois, de blanches, et donne l’est de
la province du Sichuan comme lieu d’origine des pivoines arbustives
(les mûdân). Dans son Ben cao jing ji zhu (Variorum du classique de la
pharmacopée), les pivoines herbacées sont décrites plus pour leurs
vertus médicales que pour leur intérêt alimentaire. Dès la dynastie Tang
(618-906), les pivoines arbustives vont gagner leur statut de plante
ornementale, ce qui sera plus tardif ( e siècle) pour les herbacées,
moins bien considérées. Les pivoines se retrouvent tant dans les
poèmes qu’en motifs décoratifs (céramique, tissus, peinture). C’est à
peu près à cette époque ( e siècle) que, objets de recherches
horticoles, elles vont migrer vers le Japon qui va les adorer dans tous les
sens du terme.
L’Europe occidentale s’intéressait aux pivoines avant de connaître
celles de l’Empire du Milieu et son nom Pæonia, rencontré dans les
textes grecs et romains, est d’ailleurs lié à la mythologie grecque. Si
éophraste en parle dans son Histoire des plantes en relation avec le
pivert (les Chinois l’associaient au Phénix), Hippocrate en vantait déjà
ses vertus pour les maux féminins.
On doit à Dioscoride la distinction entre deux espèces qu’il appelle «
femelle » (aujourd’hui Pæonia o cinalis) et « mâle » (Pæonia mascula),
ce qui est sans rapport avec les organes de reproduction, les deux étant
hermaphrodites. Ces deux plantes ne sont malheureusement pas
reproduites dans le Codex vindobonensis et il faut attendre, d’après nos
connaissances, le manuscrit intitulé Liber de herbis y plantis d’un
certain médecin Manfredus de Monte Imperiali, publié en 1390, pour
voir la première représentation, en couleur de surcroît, d’un Peonia lilas
correspondant visiblement à l’espèce o cinalis si l’on en juge par ses
racines multiples. Ce n’est donc pas l’Herbarius du médecin et
théologien valencien Arnoldus de Villanova, paru après sa mort, en
1484, qui donne la première représentation connue, pour le moins
assez schématique, de la pivoine tout en s’intéressant à ses seules vertus
médicales. On retrouvera cette espèce dans le tableau intitulé Maria in
Rosenhag, peint en 1473 par Martin Schongauer, ou la belle illustration
réalisée par l’enlumineur Jean Bourdichon entre 1503 et 1508 pour le
livre des Grandes Heures d’Anne de Bretagne commandé par cette
duchesse devenue alors reine de France.
Au Moyen Âge, on retrouve les Pæonia dans la Physica d’Hildegarde
de Bingen, l’abbesse donnant une recette à base d’élixir de pivoine pour
soigner les ulcères de l’estomac. En France, les pivoines, alors sauvages,
présentent un intérêt médical malgré tout limité. Les botanistes
européens, tout en copiant la même illustration de Pæonia o cinalis en
l’appelant Glycisida ou piuoine, ne font que répéter les données de Pline,
de Dioscoride ou de Claude Galien. À la même époque, en Angleterre,
on plante les pivoines européennes dans les jardins et John Gerard, en
1579, dans son Herballs, gure non seulement les pivoines mâle et
femelle mais aussi des eurs doubles, déjà connues aux Pays-Bas, dont
une blanche et une pivoine de Turquie dite Pæonia byzantina
(maintenant peregrina).
Tout change à partir du e siècle avec l’arrivée de pivoines
poudre de pivoines qu’utilise une pauvre femme sans argent qui n’a que
ail, poivre et pivoine pour assaisonner.
La eur entière, cuite à la vapeur et dégustée comme légume, et les
pétales, surtout en raison de leur amertume et de leur couleur, sont
appréciés, car la beauté des plats a pris de l’importance en gastronomie.
De couleur variée, ils peuvent être découpés en lanières et ajoutés à
toute salade ou intégrés à une pâte à gâteau ou à crêpe. Ils peuvent être
frits en beignets (et servis avec une sauce de soja) ou être cristallisés au
sucre. Ils peuvent être à la base de sirops, de liqueurs ou de con ts.
Clitoria
« Allusion à la disposition toute particulière des pétales dans les eurs de ce
genre », écrit Jean-Louis Deslongchamps dans son Herbier général de
l’amateur paru en 1844. Manière pudibonde, pour cet auteur, de ne pas citer
le clitoris féminin car il fait partie de ceux qui déplorent ce détournement
linguistique « non scienti que » et quasiment honteux.
En 1977, un botaniste états-unien, Paul R. Fantz, publia un travail de plus
de mille pages sur ce genre dont tout un chapitre sur la manière dont les
botanistes appréhendèrent son étymologie, entre ceux qui s’insurgent
comme Deslongchamps, et ceux qui estiment que l’inventeur a forcément
voulu parler d’autre chose, en passant par ceux qui créèrent un autre nom de
genre en remplacement.
Présentation botanique
Le genre Clitoria comprend des espèces des régions tropicales et tempérées,
mais, originellement, il est absent d’Europe, d’Asie (sauf de l’Inde) et
d’Australie.
Clitoria ternatea
Clitonie de Ternate, pois bleu, pois savane, liane de Ternate, liane madame,
butter y pea.
Liane grimpante, vivace, originaire de l’île de Ternate en Indonésie,
transplantée et cultivée un peu partout dans le monde où elle est souvent
naturalisée avec parfois le statut de plante envahissante. Feuilles alternes,
composées de cinq à sept folioles, elliptiques, lancéolées ou arrondies,
légèrement velues à la face inférieure. Fleurs d’un bleu soutenu avec une
gorge jaune pâle, légèrement pédonculées, apparaissant à l’aisselle des
feuilles, solitaires ou par paires. Étendard très grand, ailes oblongues plus
courtes et carène arquée. Étamines soudées à la base en un tube contenant
une liqueur mielleuse. Fruits en gousses contenant six à dix graines.
Histoire
Clitoria fait son apparition en Europe grâce à Jacob Breyne, naturaliste
polonais qui décrit les plantes provenant de graines apportées par le
médecin néerlandais Paul Hermann et, notamment, Flos clitoridis
ternatensibus qu’il gure en 1678. Il s’agit de la future espèce Clitoria
ternacea. Dans ce même ouvrage, l’auteur décrit et gure également ce qui
deviendra Clitoria brasiliana (maintenant Centrosema brasilianum).
La première arrivée en Europe d’un spécimen de Clitoria date de 1698. Il
s’agit de ce qui deviendra (et restera) Clitoria mariana, en provenance du
Maryland et rapportée en Angleterre par un médecin et physicien allemand,
David Kreig. Ce plant restera le plus ancien spécimen conservé de Clitoria
dans les herbiers anglais.
On devra au botaniste néerlandais Gaspard Commelin, en 1701, l’étude du
premier Clitoria à eur double, et au chirurgien de la Compagnie des Indes
orientales, Edward Bulkley, en 1703, le premier spécimen, toujours conservé
en herbier, de Clitoria ternatea en provenance des Indes.
En 1704, un pharmacien anglais, James Petiver, invente pour cette plante le
nom de Clitorius mais Joseph Pitton de Tournefort, en 1704, préfèrera parler
du genre Ternatea et c’est Carl von Linné qui, en 1737 puis en 1753,
tranchera avec Clitoria.
De toutes les espèces de Clitoria, seule ternatea connaît une importance
médicale, ornementale et économique. Elle aurait été rapportée en France
vers 1739 par un militaire français, Jean-François Charpentier de Cossigny,
correspondant de l’Académie des sciences, lors de son retour de l’île
Maurice, alors appelée île de France, où elle croît spontanément.
Connue de longue date en médecine ayurvédique, elle possède des vertus
anti-oxydantes, apaise les yeux irrités et renforce la mémoire. C’est surtout
en relation avec les problèmes de santé féminins qu’elle fut utilisée et, bien
évidemment, on la considère comme aphrodisiaque.
En Indonésie, elle sert à colorer des vêtements.
Utilisation en cuisine
En Asie, la eur de Clitoria est couramment utilisée en alimentation,
notamment pour colorer le riz gluant ou pour préparer boisson ou thé. Elle
a une saveur d’amande verte ou de noix. Mais surtout, sa couleur est
inimitable et dépend de l’acidité du milieu. Une infusion de eurs fraîches
ou sèches, bleu violet, tourne au mauve si vous ajoutez un peu de citron.
Impressionnant. Attention, une telle couleur bleue pour certains aliments
(purée par exemple) peut franchement déplaire aux convives. Préférer la
coloration d’un riz ou d’une crème ou servir les eurs entières à la texture
soyeuse qui apportent un goût d’amande sur une salade de pommes de terre
ou de pâtes ou sur des canapés apéritif. Elles sont parfaites en beignets.
Lathyrus
Lathyrus vient du grec lathyros, sorte de gesse, autre légumineuse
proche du pois chiche.
Ce genre comprend une centaine d’espèces dont certaines cultivées
comme alimentaires, comme plante d’ornement ou comme fourrage.
Joseph Pitton de Tournefort avait réparti les espèces dans cinq genres
que Carl von Linné a réuni en un seul.
Présentation botanique
Ce sont des plantes herbacées, annuelles ou vivaces, à feuilles
composées de folioles peu nombreuses, la terminale étant remplacée
par une vrille simple ou rami ée. Fleurs solitaires ou réunies en
grappes lâches. Corolle papilionacée avec un étendard cordiforme,
relevé, des ailes oblongues et une carène semi-orbiculaire montante,
plus courte que les ailes. Neuf des dix lets des étamines sont soudés
entre eux jusqu’à une même hauteur. Fruits en gousse oblongue
renfermant plusieurs graines parfois anguleuses.
Lathyrus odoratus
Pois de senteur, gesse odorante, pois musqué, pois sucré.
Plante herbacée, originaire de la Sicile et du sud de l’Italie, Chypre et
des îles égéennes, annuelle, grimpante, cultivée pour ses coloris et son
parfum. Fleurs originellement violet pourpré. Des variétés cultivées
sont roses, blanches, rouges ou bleues ; certaines ne sont plus
parfumées. Fruits en gousses longues recouvertes de poils.
Lathyrus tuberosus
Gesse tubéreuse, pois tubéreux.
Herbacée vivace aux eurs rouge vif. Ses racines tubéreuses pendent à
l’extrémité des radicules et furent consommées.
Histoire
Les plus anciens restes reconnus de Lathyrus proviennent des sites
archéologiques iraniens datés entre 9500 AEC et 5700 AEC. La
combinaison des données archéologiques et phytogéographiques
donne, pour la culture de l’espèce sativus, une origine dans la péninsule
des Balkans. En France, Lathyrus cicera (appelée pois breton, gessette ou
jarosse) a été trouvée au Mésolithique (environ 6000 AEC), Vicia sativa
(notre gesse commune ou domestique) au Néolithique ancien et leur
présence continue est attestée dans divers gisements jusqu’à la période
médiévale. Pline en fait référence sous le nom d’ervilia (probablement
l’espèce cicera) qui se traite comme les lentilles. Anne de Bretagne
gure des Lathyrus à eurs bleu clair sous le nom de nantilles et de
Jarreau orobi.
Utilisation en cuisine
Les pousses et les tiges orifères sont mangées cuites puis assaisonnées
avec de l’huile et du citron ou avec des œufs brouillés. Les graines,
riches en protéine, sont toxiques si mangées en trop grande quantité.
Elles sont la base de nombreux plats en Afrique et en Inde. Le tubercule
de la gesse tubéreuse, au goût délicat de noisette ou de châtaigne, a été
consommée aux e et e siècles. En Écosse, on les fait fermenter
avec eau et levain pour donner une boisson forti ante et
rafraîchissante.
Les eurs des pois de senteur, à saveur légèrement sucrée et à texture
croquante, peuvent être utilisées dans des salades salées ou sucrées ou
aromatiser dessert ou boisson.
Pisum
Pois dérive du latin pisum, lui-même emprunté au grec pisón ou pisos
ou, selon Alphonse Pyrame de Candolle, à une langue aryenne plus
ancienne. Pour d’autres auteurs, pisum viendrait de pinsere signi ant «
broyer », les petits pois étant alors mangés écrasés en bouillie.
Présentation botanique
Le genre Pisum ne comprend de nos jours que deux espèces dont l’une,
Pisum fulvum, ne se rencontre pas dans nos régions. Toutes les autres
espèces sont considérées comme des sous-espèces ou des variétés de
Pisum sativum, notre petit-pois. Celle-ci comporte une très grande
variété génétique qui se manifeste dans la morphologie de toutes les
parties de la plante.
Pisum sativum
Pois cultivé, mangetout, gourmand, petit-pois.
Plante herbacée, annuelle, grimpante dont les racines portent des
nodosités siège de xation de l’azote. Tige peu rami ée à croissance
indéterminée. Feuilles alternes, composées d’une à quatre paires de
folioles sessiles, se terminant par une vrille simple ou rami ée. Fleurs
dites papilionacées, solitaires ou par deux ou trois. Corolle blanche,
rose, pourpre ou violette à cinq pétales, un étendard redressé,
postérieur, deux ailes latérales enveloppant la carène inférieure formée
de deux pétales partiellement soudés. Dix étamines dont neuf soudées
par leur let. Fruit en gousses déhiscentes contenant deux à dix graines
rondes, lisses ou anguleuses.
Histoire
Sa culture se t en parallèle avec celle des céréales et a pris naissance à
la même époque dans le Croissant fertile. Des sites archéologiques
néolithiques, datés entre 7500 et 5000 AEC ont fourni des restes de
pois. Sa culture s’est di usée vers l’Europe à l’est (en Grèce à 4000 AEC
environ) et vers l’Inde (vers 2000 AEC). On le retrouve dans des
habitats lacustres de l’Âge du bronze en France et en Suisse.
Grecs et Romains dans l’Antiquité le cultivent. éophraste en parle
(pisos) dès le e siècle AEC. Sous le nom de pisos mauriscos, il fait
partie des plantes potagères du Capitulaire De Villis et participe au
menu des populations pauvres. Anne de Bretagne dans ses Grandes
Heures paru au début du e siècle, illustre des « Poys » en gousse et en
Malus
Malum et malus désignaient, chez les Latins, des fruits ronds, souvent
charnus, et les arbres qui les portent, l’espèce étant précisée par une épithète.
Carl von Linné plaça, en 1753, les pommiers dans le genre Pyrus où se situe
toujours le poirier mais le botaniste écossais Philip Miller en t un genre à
part l’année suivante.
Présentation botanique
Il appartient à la famille des Rosacées.
Malus domestica
Arbre de taille petite à moyenne. Feuillage caduc. Les feuilles alternes,
pédonculées, ovales au bord dentelé, sont grisâtres en dessous lorsque
adultes. Les eurs, en bouquet à l’extrémité des rameaux apparaissant en
avril-mai dans nos régions, sont grandes et odorantes. Le calice est à cinq
sépales soudés à la base, la corolle à cinq pétales étalés, libres, blanc
purpurin, rose ou incarnat clair. Au moins vingt étamines, aux anthères
blanchâtres ou jaunâtres, sont disposées sur deux cercles. Le gynécée est à
cinq carpelles. Le pommier eurit en mai dans nos régions. Le faux fruit,
appelé pomme, est formé par développement du réceptacle, contenant deux
pépins ou graines ; il est peu comestible chez la forme sauvage, et se présente
sous deux sortes principales chez la forme domestique, acides (pommes à
cidre) ou sucrées (pommes à couteau).
Histoire
Si le genre Malus comprend aujourd’hui une quarantaine d’espèces, c’est
plus de dix mille variétés qui sont cultivées dans le monde mais provenant
toutes de la domestication d’une seule espèce de pommier sauvage, Malus
sieversii, présente en Asie, au Kazakhstan, dans les montagnes du Tian Shan.
L’histoire de l’intérêt de cette espèce est subodorée depuis les années 1930
grâce au généticien et botaniste russe Nikolaï Vavilov qui, notant
l’incroyable diversité gustative et morphologique des pommes de cette
région, l’avait créditée de possible centre d’origine. Las, les con its d’intérêt
au sein de l’agronomie soviétique de l’époque et la mainmise psychologique
du triste et célèbre Tro m Lyssenko qui niait toute in uence génétique en
agriculture, bloquèrent les recherches jusqu’à la n du e siècle où, en n,
les études génétiques rendues possibles con rmèrent que Malus sieversii
était bien la plus proche parente de notre Malus domestica, seule espèce
domestiquée et… absente de son lieu d’origine.
Avant sa domestication par l’Homme et son arrivée en Europe, Malus
sieversii a été en quelque sorte présélectionnée par l’ours de Tian Shan
choisissant les arbres aux fruits de plus en plus gros et faisant de cette espèce
la seule espèce sauvage à fruits gros et sucrés, remarqués par l’Homme entre
10000 et 4000 AEC. Le pommier suivra l’Homme et l’agriculture, d’abord en
Eurasie puis dans le reste du monde, s’hybridant parfois avec d’autres
espèces sauvages rencontrées.
On le retrouve en Égypte chez Ramsès II et il est cité dans le papyrus
Anastasi I daté de la XXe dynastie (1292-1069 AEC).
Tout ira très vite ensuite dans les mains des Grecs et des Romains.
éophraste, trois siècles avant notre ère, parle de six variétés, Pline, au
premier siècle, de vingt-neuf. Il faut être prudent sur les citations relatives
aux pommiers, le terme de pomme s’appliquant à de nombreux fruits comme
les poires, les coings, les citrons, les oranges ou les grenades. Romains et/ou
Arabes apporteront la forme domestiquée dans les pays du pourtour
méditerranéen où les pommiers sauvages étaient présents depuis longtemps
comme en attestent leurs découvertes, datées de 4000 AEC environ, dans les
villages lacustres de Chalais et de Clervaux dans le Jura. Les Gaulois en
tiraient déjà une boisson enivrante appelée pomacium qui ne prendra le nom
de cidre que plus tard, au e siècle en Normandie et, au e, en Bretagne.
Primula
Primula vient du latin primulus signi ant « qui commence », en relation
avec le fait qu’elle est une des premières plantes du printemps à apparaître,
quand le coucou se met à chanter.
Présentation botanique
Les primevères appartiennent à la famille des Primulacées.
Primula veris
Primula o cinale ne doit plus être employé.
Coucou, brairette, clef-de-Saint-Pierre, coqueluchon, herbe de Saint-Paul,
de Saint-Pierre, herbe à la paralysie, primerolle, primevère o cinale, de
printemps, jaune, vraie ou printanière.
Petite plante aux feuilles crénelées, ridées, épaisses et duveteuses, en rosette,
de laquelle émergent plusieurs hampes orales, pouvant atteindre 30 cm de
hauteur. Racines denses et fasciculées. Fleurs d’un jaune éclatant (pétales
avec une tache orange à leur base), produisant un nectar parfumé. Sépales et
pétales soudés. Fleurs di érentes selon les pieds, à pistil court ou long,
pédicellées et groupées en ombelles. Floraison de mars à juin. Se rencontre
dans les prés, les bois clairs d’Europe.
Primula elatior
Primevère élevée, coucou.
Elle est pédonculée comme la primevère vraie et peut atteindre 30 cm de
hauteur. Ses feuilles sont plus rugueuses et les eurs, plus larges, sont jaune
soufre sans taches orange, toutes penchées du même côté de l’in orescence.
Elle ne dégage pas de parfum perceptible immédiatement. Floraison de mars
à mai.
Elle possède les mêmes propriétés médicales que la primevère vraie. Moins
courante, il vaut mieux cependant s’abstenir de la cueillir. Elle est d’ailleurs
protégée dans certaines régions.
Primula auricula
Oreille-d’ours, auricule.
Espèce rustique originaire des régions alpines méridionales atteignant 20
cm de hauteur, aux feuilles persistantes, épaisses, subovales, spatulées et
arrondies, vert pâle un peu gris. Fleurs jaune assez mat à gorge claire,
parfumées.
Cultivées à Vienne au e siècle, elle s’est répandue en Europe au siècle
Primula vulgaris
Primevère des jardins, acaule ou commune.
Cette primevère, originaire d’Europe de l’Ouest et du Sud, sans hampe
orale, n’atteint que 15 cm de hauteur. Les feuilles semi-persistantes, en
rosette, sont vert clair, ovales, à bord ondulé, glabres sur le dessus, velues sur
les nervures dessous. Les eurs aplaties, à pédoncule très court, semblent
partir directement de la base, peuvent être blanches ou jaune pâle. Des
cultivars sont maintenant roses, rouges ou violets.
Quelques espèces asiatiques ont été introduites en Europe de l’Ouest au
e et au e siècles.
Primula sinensis
Primevère de Chine.
Pour certains auteurs, elle descend de Primula rupestris, sauvage, par la
culture. Elle se caractérise par des eurs dont le calice en forme de gobelet
en e fortement au fur et à mesure que la eur fane.
Primula denticulata
Primevère dentelée, de l’Himalaya.
Cultivée en 1842 en Angleterre mais déjà décrite par le botaniste anglais
James Edward Smith en 1805, dans son Exotic Botany, à partir d’un simple
dessin réalisé sur place par le botaniste écossais Francis Buchanan, alors en
exploration au Népal. C’est la plus commune des primevères himalayennes,
caractérisée notamment par des eurs réunies en une sphère au sommet
d’une tige de 30 cm environ dont la couleur originelle est rose-violet ou lilas
avec un cœur jaune.
Primula vialii
Primevère des marais, de Vial, primevère orchidée, primevère pagode.
Cette primevère surprend par sa con guration particulière avec ses eurs
rouges en bourgeons, rose-lilas une fois ouvertes, regroupées en épi. Les
graines envoyées à Paris vers 1880 par le missionnaire français Jean-Marie
Delaway, premier botaniste européen en Chine de l’Ouest, qui l’avait
découverte dans le Yunnan, étant restées dans les collections, elle ne fut
connue que grâce à un collecteur écossais, George Forrest, qui la t parvenir
en Angleterre.
Histoire
Elle est probablement connue depuis l’Antiquité mais aucun écrit ne prouve
son utilisation. Certains auteurs ont voulu voir la primevère dans le
Dodecatheôn de Pline mais la description quelque peu sommaire de cette
plante « aux feuilles de laitue » (comparaison que reprendra pourtant
Pierandrea Matthioli en 1605 dans ses Commentaires pour dé nir avec
justesse Primula veris), qui « guérit toutes les maladies », rend pour le moins
hasardeuse cette attribution. Jean Ruel et Leonhart Fuchs assimileront le
verbascum de Dioscoride à la primevère mais Matthioli les contredira,
remettant le bouillon blanc en bonne place.
On ne doutera pas de la vie et des chants de Taliésin, prince des bardes au
e siècle et vivant au pays des Vénètes, mais force est de constater qu’aucun
écrit de druides n’est parvenu jusqu’à nous. Le Combat des arbres (Cad
Godden) qui cite e ectivement les primevères n’est pas de la main de Taliésin
et a vu le jour au e siècle. Entre temps, Hildegarde de Bingen préconise la
primevère contre la mélancolie (elle la nomme « clé des portes du paradis »)
et l’apoplexie. Bien d’autres, à la même époque, estimaient qu’elle était bonne
qui pour l’arthrite, qui pour les migraines et les vertiges, qui encore pour
rompre les pierres de la vessie. Guy-Crescent Fagon, médecin de Louis XIV,
la donnait même contre le bégaiement et le grand Carl von Linné pro te de
ses propriétés sédatives qu’il vante. Le binôme Primula veris attribué à cet
auteur était, en fait, utilisé de longue date. Il semble que ce soient les
médecins français, Jean Ruel, et italien, Antonio Musa Brassalova, qui l’aient
employé les premiers en 1536, mais si le premier a vu juste, le second semble
se référer à Bellis perennis, autrement dit à la pâquerette. La même erreur a
déjà été signalée vis-à-vis de Manfredus de Monte Imperiali qui gure ladite
pâquerette sous le binôme de Primula veris.
Dès lors, la primevère va intéresser tout un chacun écrivant en botanique
ou en médecine, pas toujours positivement et certains vont même jusqu’à lui
dénier tout intérêt médical. On peut attribuer une des premières gurations
du coucou, sous l’appellation de Herba Paralysis, au théologien et botaniste
allemand Otto Brunsfels dans son Herbarium vivæ eicones paru en 1532.
Les primevères sont connues en Europe mais aussi en Asie occidentale et
les formes chinoises vont être introduites chez nous. On doit au
missionnaire portugais João de Loureiro la première mention de Primula
sinensis dans sa ore de Cochinchine parue en 1790 mais l’absence de
référence à une illustration ou à un herbier rendra quasi caduque sa
découverte. Les premières représentations et descriptions apparaîtront en
1821 sous deux noms di érents, sinensis et prænitens, dont le choix nominal
ne fait pas encore consensus.
Oubliée médicalement au e siècle, la primevère a refait surface en
Soupe de primevères
20 eurs de primevères
1 oignon
4 pommes de terre
1 cs de farine
1 cs de crème fraîche
2 l d’eau
Prunus spinosa
Prunellier ou prunelier, prunier sauvage, acacia d’Allemagne, épine noire,
buisson noir, épinette, créquier, fourdinier, mère-du-bois, pelossier.
Le nom de prunellier apparaît en français vers 1220, peu après celui de
prunelle (petite prune), vers 1165, datant, de facto, celui de prune. Si la prune
séchée est connue de longue date, le nom de pruneau n’apparaît que vers
1507.
Arbrisseaux très rameux atteignant 3-4 m de hauteur. Rameaux latéraux se
terminant en épine. Feuilles caduques, nombreuses, ovales, lancéolées,
petites, nement dentelées. Écorce noire. Fleurs solitaires ou groupées le
long des rameaux, à pédoncule court, calice à cinq divisions, corolle à cinq
pétales blancs, environ seize étamines, apparaissant n mars avant les
feuilles. Les fruits sont des drupes globuleuses, ovales, petites, verdâtres
devenant violet foncé à maturité, recouvertes de pruine bleuâtre, appelées
prunelles, senelles, âpres et acerbes même à maturité.
Prunus domestica
Prunier, prunier commun, prunier domestique.
Il est plus grand que le précédent, à l’écorce brune, aux rameaux non
épineux. Feuilles caduques en ovale allongé plus ou moins dentelées selon
les variétés. Fleurs de taille variable, là aussi, selon les cultivars, pédonculées,
apparaissant avant les feuilles à nu sur les rameaux, solitaires ou groupées
parfois par cinq, rarement plus, à cinq sépales, cinq pétales blancs, de vingt à
trente étamines à anthères jaunes. Fruits connus sous le nom de prunes
variant quasi à l’in ni tant pour la couleur que la forme ou la saveur, mais
tous couverts de pruine, à noyau unique contenant une amande amère. Un
noyau simplement semé engendrera une nouvelle variété dont la valeur
gustative est a priori inconnue, d’où l’intérêt de gre es.
Les pruniers qui donnent nos mirabelles, reines-claudes ou quetsches, ne
sont que des sous-espèces de Prunus domestica.
Histoire
L’histoire des Prunus au sens large n’est pas des plus simples, nous l’avons
vu, et celle des Prunus stricto sensu n’est pas encore correctement élucidée.
Le prunellier est présent dans toute l’Europe, du Proche-Orient jusqu’au
Caucase, dans des régions tempérées froides (il résiste à des températures de
-40°C). Il est connu de longue date, cité par éophraste, Pline et Dioscoride
pour n’en citer que trois, pour les haies épineuses et aussi pour utilisations
médicales de prunes domestiquées, déjà présentes, plus attirantes.
Il est souvent écrit que le prunier domestique était originaire de Chine, ce
qui est peu probable dans la mesure où ce fruit y est nommé yangli (« prune
étrangère ») ou ouzhouli (« prune européenne »). C’est donc vers Europe de
l’Est et vers Asie qu’il faut la rechercher. Le prunier domestique pourrait
correspondre à un croisement spontané dans une région proche du Caucase,
entre deux espèces sauvages, un prunelier et Prunus insistitia (connue par
des noyaux en Ukraine, au Néolithique, à 4000 AEC environ), avant d’être
domestiqué par l’Homme, domestication que Caton attribue aux Étrusques
( e- er siècle AEC) mais qui semble nettement plus ancienne. Des noyaux
de prunes séchées ont ainsi été découverts en Haute-Égypte dans la tombe
de Kha, architecte de l’antique ville de èbes sous la XVIIIe dynastie (1550-
1292), et de son épouse. Pour certains, Prunus domestica existait avant d’être
domestiquée mais elle reste inconnue à l’état sauvage.
Grecs et Romains s’en emparent et Pline parle déjà des célèbres prunes de
Damas et d’Arménie (qui deviendra l’abricotier) parmi environ onze variétés
connues à son époque. Les pruniers suivront l’extension de l’Empire romain,
se croisant avec des formes sauvages en autant de variétés. D’après Jean-
Marie Pelt, la prune de Damas, un temps quelque peu oubliée, sera
considérée comme découverte et apportée par les croisés en 1148, après leur
échec devant Damas. Selon cet auteur (1994), l’expression « s’être battu pour
des prunes » daterait de cette époque.
Toujours est-il que, dès le Moyen Âge, plusieurs variétés de pruniers sont
cultivées en France. Charlemagne avait inclus les pruniers dans son
Capitulaire. On les retrouve dans les jardins islamiques espagnols dès le e
siècle et Hildegarde de Bingen en fait mention dans son Physica paru entre
1151 et 1158.
Pierandrea Matthioli, dans ses Commentaires de six livres de Dioscoride paru
en 1544, représente seulement le prunier domestique. En 1566, il gurera
côte à côte la forme sauvage et la domestique. Entre temps, d’autres
botanistes, comme Leonhart Fuchs, avaient déjà présenté les deux espèces.
Le prunellier se retrouve (feuillet 5) dans l’ouvrage du médecin français Jean
de Cuba, le Jardin de la santé, paru en 1492 en dialecte bas-allemand et
traduit en français en 1500.
Jacques Cartier les connaît bien lorsqu’il explore la Nouvelle-France en
1534, comparant de facto la taille des prunes à celle des sauvages, indigènes
au continent américain, Prunus americana, Prunus nigra et Prunus
maritima, consommées, fraîches ou séchées, par les autochtones mais,
semble-t-il, peu considérées par les civilisations précolombiennes. Les
premiers pruniers européens s’installeront en 1629 mais leur développement
ne se fera qu’au e siècle.
Utilisation en cuisine
Jean de Cuba signale que le jus des prunelles sauvages non mûres, séchées
au soleil, est appelé accatia (l’alcarti d’Avicenne).
Si l’utilisation des prunelles n’est plus à préciser en con tures, en liqueur ou
en saumure comme des olives, et encore moins celle des prunes, les eurs de
ces deux arbres ont en commun une odeur d’amande amère. Elles peuvent
être cristallisées, con tes et être dégustées comme des bombons ou garnir
des gâteaux.
Les eurs séchées peuvent être conservées telles quelles ou être réduites en
poudre.
La recette qui suit peut être réalisée avec des eurs de prunier ou de
prunellier.
Laver le riz à grande eau dans une passoire. Laisser égoutter 30 min.
Cuire le riz dans l’eau 10 min environ. Réserver à découvert dix
autres minutes.
Dans une casserole, chau er le vinaigre, le sel et le sucre sans faire
bouillir. Réserver une fois le sucre dissous.
Faire griller à sec le sésame.
Introduire délicatement le vinaigre sucré, le sésame et la poudre de
eurs de prunier dans le riz.
Servir tiède ou froid.
Réséda
Reseda
Réséda vient du latin resedarer, « calmer », faisant référence aux propriétés
diaphorétiques de certaines espèces.
Le genre Reseda appartient à la famille des Résédacées. Est également
appelé réséda une plante mexicaine, Galphimia glauca, ornementale mais
aussi utilisée en médecine populaire pour apaiser les troubles nerveux.
Présentation botanique
Le réséda (et non la réséda comme cela se disait encore au e siècle) est
Reseda alba
Réséda blanc.
Espèce vivace, pouvant atteindre 70 cm de hauteur, aux eurs blanches à six
pétales en épis de grande taille et aux étamines jaunes, aux feuilles étroites à
nombreuses folioles. On la rencontre sur les sols sablonneux de nos côtes.
Reseda lutea
Réséda jaune, sauvage, commun, mignonette sauvage, faux réséda, réséda
bâtard.
Espèce vivace, pouvant atteindre 70 cm de hauteur, se rencontre dans les
bois et les sols en friche. Feuilles inférieures entières, supérieures divisées en
segments étroits (trois à sept). Fleurs jaune verdâtre. Tige marquée de
ponctuations blanchâtres et saillantes.
Reseda luteola
Réséda des teinturiers, herbe jaune, gaude, grand réséda, herbe des Juifs,
mignonette jaunâtre.
Espèce bisannuelle, pouvant atteindre 1,50 m de hauteur, qui se rencontre
dans les friches et chemins. Les épis de eurs, jaunes à vert pâle, sont longs
et étroits et les feuilles entières, lisses, en forme de spatule. Fleurs et tiges
sont utilisées en teinture de tissus donnant un jaune franc qui tient
parfaitement. Sa culture connut un essor très important en Europe à partir
du Moyen Âge jusqu’à l’invention de colorants synthétiques. Parallèlement,
feuilles et racines furent utilisées en pharmacopée sous les noms de Herba et
radix luteola.
Reseda odorata
Réséda odorant, mignonette, herbe d’amour, petit réséda d’Égypte.
C’est l’espèce la plus commune, annuelle, pouvant atteindre 70 cm de
hauteur, aux eurs jaune à vert pâle et aux feuilles lisses. Une variété
présente des eurs rougeâtres très odorantes en début de oraison.
Charles Darwin utilisa cette espèce pour ses études sur les plantes
autofertiles. Carl von Linné compare son odeur suave à celle de l’ambroisie.
Reseda phyteuma
Réséda raiponce.
Espèce annuelle ou bisannuelle, très petite (entre 10 et 30 cm de hauteur),
se rencontre dans les terres cultivées de climat chaud et sec (Afrique du
Nord, Péninsule ibérique, Italie, sud de la France). Elle se caractérise par un
port couché, des eurs blanches aux étamines orange, jaunes ou brunes, aux
feuilles étroites et entières ou présentant cinq segments, à la tige rugueuse.
Son nom vernaculaire de raiponce fait appel à sa ressemblance avec la petite
campanulacée du même nom qui appartient au genre… Phyteuma.
Histoire
C’est Pline qui, semble-t-il, le premier aurait fait mention de l’utilisation par
les habitants des environs de Rimini, en Italie, pour calmer des
in ammations, d’une plante appelée reseda. Oublions la formule « magique
» qu’il fallait prononcer pour que le remède soit e cace. Pour certains, la
grande sesamœides de Dioscoride pourrait désigner une espèce
méditerranéenne telle Reseda undata bien que Pierandrea Matthioli dise lui-
même qu’il ne reconnaît pas cette plante.
Les archéologues ont repéré des graines de réséda (Reseda luteola) dans des
niveaux d’occupation suisses de la n du Néolithique, datés d’environ 3000-
2800 AEC (culture de Horgen), correspondant probablement à une culture
de gaude à des ns tinctoriales. Des découvertes semblables se multiplient
pendant la période romaine dans toute l’Europe, attestant de la culture de
cette espèce et celle-là se développera de manière intensive pendant le
Moyen Âge comme en attestent de nombreux écrits parlant de teinturerie.
Le réséda odorant semble venir d’Égypte et serait arrivé en Europe sous
Napoléon. Il est surtout considéré comme une plante ornementale.
Question représentation, la plus ancienne illustration d’un réséda pourrait
être celle repérée dans le Manuscrit de Voynich, daté entre 1404 et 1438 par
analyse du vélin, si tant est qu’il s’agisse bien du réséda jaune et non d’un…
rhododendron. Anne de Bretagne fait représenter la gaude dans ses Grandes
Heures parues entre 1503 et 1508. On le retrouve guré sous les noms de
Flos tinctorius en 1551 chez Leonhart Fuchs, qui le compare au genêt, de
Lutea (herba lutea) chez Rembert Dodoens qui estime qu’elle n’a aucun
usage en médecine et ne sert qu’en teinture, de Luteola chez Mathias de
Lobel qui la représente en 1576 dans son Plantarum.
Le réséda, particulièrement le raiponce, était employé comme dépuratif et
comme sudori que.
Utilisation en cuisine
Si Reseda luteola a été présentée ici en raison de son histoire, elle n’est
cependant pas comestible. Il en est de même pour partie pour Reseda
odorata. Seules les eurs et feuilles des espèces alba, lutea et phyteuma le
sont sans soucis.
Les eurs ont un goût acidulé, légèrement piquant lorsqu’elles sont crues.
Elles sont parfaites de ce fait dans des salades. Les mignonettes saupoudrées
de sel sont présentées en Turquie avec des plats de veau ou d’agneau. On
peut les ajouter à une crème glacée.
Caninées ou églantiers
Rosa canina
Rosier des chiens, des haies, sauvage, des bois, églantine ( eur),
églantier.
De par son fruit, ce rosier est appelé cynorhodon, poil-à-gratter, gratte-
cul.
Très commun en Europe, il sert de porte-gre e pour les rosiers
cultivés car il s’hybride di cilement. Il eurit une seule fois dans
l’année. Ses eurs sont blanches ou rose pâle à nombreuses étamines,
les feuilles ont de cinq à sept folioles. Ses branches orales sont sans
épines.
Rosa rubiginosa
Églantier à feuilles odorantes, églantier rouge, rouillé.
Originaire d’Europe et d’Asie occidentale, largement répandu, il
produit des eurs rose vif mais inodores. En revanche, ses feuilles
dégagent une odeur de pomme reinette. Il est très épineux avec des
aiguillons crochus. Naturalisé au Chili, il est à l’origine de l’huile de rose
musquée.
Gallicanées ou roses galliques
Rosa gallica
Rosier de France.
Il est cultivé depuis l’Antiquité et se fait rare à l’état sauvage au point
d’être maintenant une espèce protégée. Mis en culture, de cinq pétales à
l’origine, il passe facilement et spontanément à dix, voire quinze, par
duplicature. Il est à l’origine de la plupart des roses dites « anciennes »,
à parfum, comme les rosiers cent-feuilles (Rosa x centifolia) à très
grand nombre de pétales, les rosiers de Damas (Rosa x damescena) et
des hybrides remontants au vrai parfum de rose, ainsi qu’un grand
nombre de nos rosiers modernes. Rosa gallica o cinalis, ou rose des
apothicaires, aurait été rapportée par ibault IV de Champagne lors de
sa dernière croisade. C’est la rose de Provins.
Pimpinellifolia
Rosa pimpinellifolia
Rosier pimprenelle, rosier à feuilles de pimprenelle.
Les feuilles présentent de sept à neuf folioles (rappelant certaines
pimprenelles) et les aiguillons de di érentes tailles sont droits. Fleurs
blanches. Se rencontre à l’état spontané dans les rocailles.
Rosa fœtida
Rosier fétide, ronce d’Autriche.
Originaire du Caucase, il fut rapporté en Autriche par Charles de
L’Écluse en 1583. Son importance réside dans le fait qu’il est à l’origine
de la couleur jaune dans les roses cultivées modernes. Une mutation,
dite rosier capucine, présente des eurs jaunes à l’extérieur et cuivre à
l’intérieur. Les eurs dégagent un parfum pas toujours agréable (d’où
son nom). Les fruits sont sphériques.
Synstylées
Les styles au centre de la eur sont soudés en une petite colonne (et
non en forme de coussinet comme chez les autres roses). Ce sont
souvent des rosiers grimpants à longs rameaux. Connues chez nous,
Rosa arvensis ou rosier des champs, et Rosa sempervirens ou rosier
toujours vert. Des espèces en provenance d’Extrême-Orient seront à
l’origine de rosiers grimpants de nos jardins.
Cinnamomées ou rosiers cannelle
Rosa rugosa
Rosier rugueux, rosier du Japon, rosier d’embruns, tomate de mer,
tomate de plage.
Originaire d’Extrême-Orient, il se distingue par son feuillage, rugueux
et aux très nombreux aiguillons recouvrant ses tiges. Les eurs,
blanches à rose foncé, sont parfumées. Les fruits, comestibles, sont gros
et ronds d’où certains noms vernaculaires. Introduit en Europe et en
Amérique du Nord, il est souvent considéré comme une espèce
invasive. Rosa rugosa est proche de Rosa nutkana (voir « Histoire » ci-
après) nord-américaine. D’autres espèces indigènes de nos régions
appartiennent à ce groupe.
Carolinées
Originaires d’Amérique du Nord aux fruits aplatis, relativement
proches des précédents.
Chinensis
Originaires d’Extrême-Orient, connus en Europe depuis le e siècle
(voir « Histoire ») à qui l’on doit les variétés à roses remontantes ainsi
que la couleur jaune.
Rosa chinensis
Rose de Chine.
Originaire de Chine comme son nom l’indique, anciennement cité
dans les compendiums de médecine chinois (voir « Histoire »), il est à
l’origine de bon nombre de nos rosiers remontants et on lui doit les
roses de thé. C’est une plante grimpante dont les tiges peuvent atteindre
15 m de longueur. Ses fruits sont sphériques. À ne pas confondre avec
l’Hibiscus rosa-sinensis dit aussi « rose de Chine ».
Les rosiers peuvent aussi être classés en fonction de la forme et du
nombre de leurs eurs (rosiers à grandes eurs ou à eurs groupées),
ou de leur morphologie générale (rosiers grimpants, lianes, couvre-sol
ou nains). Les rosiers tiges et les rosiers pleureurs dépendent de la
canne d’églantier choisie comme porte-gre e.
Histoire
Plus peut-être que pour bien d’autres eurs célèbres, l’histoire des
roses pourrait se raconter très longuement puisque les plus anciennes
preuves de leur existence datent de l’Oligocène, soit 35 à 45 millions
d’années, et proviennent de l’Oregon aux États-Unis. L’espèce fossile est
proche de Rosa nutkana que l’on rencontre de nos jours à la limite
États-Unis-Canada. Les rosiers sont peu cités par les chroniqueurs
espagnols de la conquête américaine et, de plus, probablement souvent
à tort, le nom nahuatl de xochitl étant traduit par rosa alors qu’il signi e
en réalité simplement « eur ». Si l’on en juge par la répartition des
rosiers dans tout l’hémisphère nord et par le nombre de variétés
sauvages nettement plus important en Extrême-Orient, c’est vers l’est
qu’il faut rechercher son origine et c’est probablement vers le Caucase
oriental et le Kurdistan qu’il faut se tourner pour rencontrer les
premiers rosiers spontanés à dix pétales, roses doubles qui seront à la
base de la plupart de nos roses horticoles. Pourtant, ce ne sera qu’au
e siècle que les Européens découvriront les espèces asiatiques.
Basboussa
La basboussa, originaire du Maghreb, est une pâtisserie à base de
semoule de blé imbibée de sirop de sucre.
200 g de beurre fondu
1 boîte de lait concentré sucré (400 g)
1 sachet de levure chimique
300 g de semoule ne
100 g d’amandes moulues
Sirop
400 g de sucre n
1 citron
2 cs d’eau de rose
2 cs d’eau de eur d’oranger
2 cs d’amandes moulues
Mélanger le beurre fondu, le lait concentré et la levure. Ajouter la
semoule, les amandes et 25 cl d’eau. Bien mélanger et verser dans un
plat à four. Enfourner 35 min à 180°C (th. 6).
Préparer le sirop en mélangeant 400 g de sucre dans 40 cl d’eau.
Porter à ébullition 6-8 min environ.
Hors du feu, ajouter le jus de citron, l’eau de rose, la eur d’oranger
et les amandes moulues. Laisser refroidir.
Sortir le gâteau du four et arroser du sirop refroidi. Réserver au
frais.
Couper en forme de losanges (environ 20 pièces).
Alcea
Le nom alcea vient du grec alkea, dérivé d’althein, « guérir, secourir ». Le
genre Alcea a longtemps été confondu avec celui d’Althæa (guimauve) et
certaines espèces de guimauve, comme la guimauve à feuilles de chanvre
(Althæa cannabica) ou la guimauve hérissée (Althæa hirsuta), ont été
appelées Alcea par Jean Bauhin.
Présentation botanique
Le genre comprend de nos jours une soixantaine d’espèces dont trois ont un
intérêt horticole, Alcea rosea, Alcea cifolia et Alcea rugosa. Alcea comme
Althæa appartiennent à la famille des Malvacées.
Ce sont des vivaces, des annuelles ou des bisannuelles, à tige érigée haute à
très haute (allant jusqu’à 4 m), d’une verticalité quasi parfaite, aux feuilles
arrondies vert pâle, légèrement lobées, légèrement velues. Les eurs, situées
le long de la tige, groupées en bouquets, sont, à l’origine, simples en forme de
trompette et à cinq pétales se recouvrant. Les étamines sont soudées au cœur
des eurs comme chez toutes les malvacées. Depuis leur mise en culture, la
palette de couleurs varie du blanc au presque noir (en fait grenat-violet très
foncé) en passant par les nuances de rose, de rouge, de mauve, d’orange et de
jaune, voire multicolores veinées, striées ou tachetées. Des formes doubles
sont également connues, de toutes les couleurs, y compris des bleues et des
roses.
Alcea rosea
Alcée rose, guimauve rose, passerose, primerose, bâton de Jacob, rose à
bâton, bourdon de Saint-Jacques, mauve arborée, rose de mer.
Cette rose trémière, vivace, est originaire de l’ouest de l’Asie où on la
retrouve aujourd’hui à l’état sauvage, peut-être hybride entre Alcea setosa et
Alcea pallida. Cultivée, ses eurs, simples ou doubles, se présentent sous
toutes les couleurs.
Alcea cifolia
Alcée à feuilles de guier.
Elle est originaire de Sibérie, elle se caractérise par ses feuilles en forme de
celles de guier, nettement lobées, et ses eurs jaune pâle. Elle est plus
robuste que ses sœurs.
Alcea rugosa
Alcée rugeuse.
Elle est plus petite que les deux espèces précédentes, elle se caractérise par
des eurs jaune citron clair et des feuilles arrondies aux lobes à peine
marqués. Elle est originaire d’Asie mineure.
Histoire
La « tombe aux eurs » du site néanderthalien Shanidar au Kurdistan, datée
de 50 000 AEC environ, contenait des restes de di érentes eurs placées
sous les corps, donc peut-être de façon intentionnelle. Selon la
paléopalynologue Arlette Leroi-Gourhan, le pollen des malvacées rencontré
en très grand nombre appartiendrait au genre Alcea. Cela n’implique pas de
facto une utilisation médicale de cette plante, d’autant que de nouvelles
recherches s’opposent à cette présence intentionnelle.
Il faut faire un saut dans le temps, jusqu’au e siècle, pour entendre parler
des roses trémières, au Japon cette fois. Le 29e empereur du Japon, Kinmei,
ordonna une procession pour calmer le dieu du tonnerre et sauver les
récoltes alors mal en point. Feuilles et eurs de roses trémières ornaient les
costumes des hommes et des chevaux. Ce festival, appelé aoi matsuri,
perdure et se déroule annuellement au mois de mai à Kyoto. En revanche, les
trois feuilles stylisées qui représentent l’emblème de la famille Tokugawa
(période Edo), sont identi ées à tort comme étant celles de la rose trémière
(tachi-aoi) et correspondent au futaba-aoi autrement dit à l’asarum (Asarum
caulescens) de la famille des Aristolochiacées.
La rose trémière en tant qu’espèce cultivée semble originaire d’Asie mais elle
est probablement le résultat d’un hybride entre deux espèces plus
occidentales.
Le suivi de la rose trémière est rendu di cile par l’attribution du nom alcée
aussi bien à la mauve (Malva) qu’à la guimauve (Althæa) ou à l’hibiscus
(Hibiscus), plantes aux propriétés émollientes semblables.
Columelle, dit-on, se réfèrerait à la rose trémière, mais la preuve fait défaut.
Elle t son « entrée » en Europe, selon certains, au plus tôt au e siècle en
Espagne grâce aux Arabes, pour d’autres au e siècle, apportée cette fois
par les croisés lors de leurs combats contre les Turcs, mais d’autres encore
optent pour le e siècle, les Anglais notant son introduction chez eux en
1573 seulement (elle est listée dans un traité horticole botanique de 1548).
Ibn al-Baytār considère que Dioscoride parle de l’Althæa et de l’Alcea, qu’il
regroupe sous le nom vernaculaire de khatmi, mais Abd al-Latîf al-Baghdâdî
parle sous ce nom de mauve sauvage.
On la trouve avec certitude, en 1614, représentée avec ses eurs simples et
doubles, sous le nom de Malva hortensis dans l’Hortus Eystettensis du
botaniste Basil Besler.
Les colons emportent Alcea rosea en Amérique du Nord et en donnent les
graines aux Indiens Cherokee dès leur arrivée.
Les alcées à eurs doubles arrivèrent de Chine au e siècle.
Philadelphus
Le mot Philadelphus trouve son origine dans celle du roi d’Égypte Ptolémée
II, surnommé Philadelphe.
Présentation botanique
Le seringat est un arbuste pouvant atteindre 4 m de hauteur totale, au
feuillage caduc. Les feuilles sont opposées, entières et dentées. Les eurs à
quatre sépales verts, quatre pétales blancs et de nombreuses étamines jaunes,
sont groupées par cinq à dix. Les fruits sont des capsules allongées. Il existe
des seringats à eurs simples, d’autres à eurs doubles.
La famille des Hydrangeacées, dont fait partie également l’hortensia,
comprend une quarantaine d’espèces originaires de l’hémisphère nord, tant
d’Europe, de Chine que d’Amérique du Nord.
Philadelphus coronarius
Jasmin des poètes, jasmin sylvestre, syringa, lilac de nuit, citronnelle.
C’est une espèce relativement mal dé nie, les formes cultivées di érant des
formes sauvages. Nombreuses tiges indépendantes. Les feuilles sont ovales
acuminées et nement dentées, portant quelques poils sous le pétiole. Les
eurs (cinq à neuf), aux pétales blancs et aux nombreuses étamines jaunes,
très parfumées, sont en grappes terminales.
Philadelphus inodorus
Seringat inodore.
Comme son nom l’indique, il n’a pas de parfum. Feuilles et eurs sont plus
grandes que chez coronaria.
Histoire
La connaissance du seringat semble datée de celle du lilas puisque, si ce
dernier est déjà guré en 1576 par Charles de L’Écluse sous le nom de
syringa ora albo, cet auteur parle également (sans l’illustrer) du syringa
cærulea lusitanica. Une représentation identique se retrouve l’année suivante
chez Mathias de Lobel sous le nom de syringa italica mais non dans les
ouvrages de Rembert Dodoens de cette époque puisqu’il faudra attendre son
Stirpium historia de 1583 pour le voir illustré… également à l’identique.
C’est donc Gaspard Bauhin qui, en 1623, divise ses seringats en trois
groupes, les lilas, les jasmins et les seringats, et propose Philadelphus pour
ces derniers, estimant reconnaître un arbrisseau nommé ainsi par les
Anciens. Rien ne permet cependant d’a rmer que le philadelphus
d’Athénée, qui dit seulement en faire des bouquets et des couronnes,
corresponde bien à notre seringat.
En 1681, l’explorateur normand René-Robert Cavelier de La Salle découvre,
lors de son voyage le long des rives du Mississippi, Philadelphus inodorus
qu’il rapporte en France, et qui est immédiatement planté dans les jardins de
Versailles. Philadelphus grandi orus, lui aussi inodore (et maintenant appelé
inodorus), sera introduit en Europe en 1811.
On doit au chef jardinier du parc de Neuilly, Henri Antoine Jacques, en
1835, la création du premier seringat hybride à grandes eurs parfumées, et
au pépiniériste nancéen Victor Lemoine déjà cité pour le lilas, celle des plus
beaux hybrides rencontrés de nos jours dans nos jardins, comme
Philadelphus x lemoinei (croisement entre Philadelphus coronarius et
Philadelphus microphyllus).
À la n du e siècle, des seringats extrêmement parfumés furent
Macarons au seringat
2 blancs d’œuf
20 g de sucre en poudre
150 g de sucre glace
80 g d’amandes en poudre
Garniture aux fleurs de seringat
½ feuille de gélatine
2 œufs
100 g de sucre semoule
10 cl de sirop de seringat
120 g de beurre en morceaux
20 g de poudre d’amandes
Préparer la garniture.
Mettre la gélatine à tremper dans de l’eau froide.
Fouetter les œufs (de la garniture) et le sucre. Ajouter le jus de
seringat et chau er légèrement en remuant. Ajouter la gélatine
égouttée. Mélanger.
Mettre le beurre en morceaux dans un récipient. Verser la crème en
remuant. Mixer le tout. Ajouter la poudre d’amandes. Réserver au frais.
Préparer les macarons.
Mixer le sucre glace avec la poudre d’amandes. Passer au tamis pour
que la poudre soit la plus ne possible.
Battre les blancs en neige et ajouter les 10 g de sucre peu à peu, en
mixant jusqu’à ce que les blancs soient bien gés.
Ajouter le sucre glace, les amandes en poudre aux blancs en neige et
mélanger délicatement avec une spatule a n de « casser » un peu les
blancs.
Mettre la pâte dans une poche à douille et faire des petits tas sur une
plaque recouverte de papier sulfurisé puis laisser reposer les macarons
pendant 15 min environ.
Préchau er le four à 140°C (th. 4-5) avec une plaque à l’intérieur
pour qu’elle chau e.
Enfourner 10 min la plaque de macarons sur la plaque déjà chaude,
en chaleur tournante et porte entrouverte.
Sortir la plaque du four. Verser un peu d’eau sous la feuille de papier
sulfurisé, la vapeur produite permettra de bien décoller les macarons.
Une fois refroidis, coller deux demi-macarons avec de la crème au
seringat.
Mascarpone au seringat
250 g de mascarpone
3 œufs
100 g de sucre
extrait de vanille
24 biscuits petit-beurre
12 cl de café fort
12 eurs de seringat
5 eurs de seringat (pour le lendemain)
cacao en poudre
Silene acaulis
Silène acaule, silène à courtes tiges.
Petite herbacée aux feuilles opposées, vert vif, liformes et pointues, aux
bords poilus. Fleurs régulières aux pétales roses ou blancs, formant un calice
presque campanulé, au parfum agréable. Sépales mauves. Étamines en
saillie.
Silene vulgaris
Silène en é, claquet, silène commun, pétard, pétarel.
Elle fut appelée (entre autres) Silene in ata, nom tombé maintenant en
synonymie.
Plusieurs noms vernaculaires rappellent le fait que les calices ren és
explosent sous la pression des doigts. La plupart de ces noms, qui ont pour
origine le fait de faire claquer la eur avec bruit, s’appliquent, d’après Eugène
Rolland, au genre Melanthium.
Herbacée pouvant atteindre 50 cm de hauteur, non visqueuse. Feuilles
opposées lancéolées, sessiles, glabres et bleu-vert. Fleurs blanches à cinq
pétales profondément bi des (les pétales ne se chevauchent pas), à calice
en é à nervures fortement réticulées, glabre. Se rencontre dans les prairies
sèches, les bords de chemin, les lisières des champs. Fruits : capsules ovales,
brun-jaunâtre.
Les eurs sont unisexuées, les pistillées ne possèdent que les organes
femelles, calice et corolle étant réduits, le style dépasse le calice, les autres
sont complètes et possèdent des étamines.
Originaire d’Eurasie, le silène en é fut introduit en Amérique, au Canada en
1803 pour sa première mention écrite, et se développa rapidement dans
toute la Gaspésie au point d’y devenir indigène.
Silene dioica
Compagnon rouge, silène dioïque, ivrogne, robinet rose, rouge.
Petite herbacée vivace pouvant atteindre 90 cm de hauteur, recouverte de
poils. Racine pivotante. Tige parfois arquée au sommet. Feuilles basilaires
vert sombre, spatulées, longuement pétiolées. Feuilles caulinaires, ovales,
courtement pétiolées. Feuilles supérieures petites et sessiles. In orescences
terminales composées de eurs roses à rouges au calice nervuré (dix
nervures chez la eur mâle, vingt chez la femelle), à la corolle formée de
pétales bi des ou laciniés et à dix étamines. Cinq styles (et non trois)
surmontant l’ovaire. Fruit en capsule globuleuse.
Se rencontre dans les bois et les sols plutôt humides. Elle s’hybride avec
Silene latifolia, ou compagnon blanc, pour donner des eurs rose pâle.
Silene latifolia
Silène blanc, silène des prés, compagnon blanc, lychnis à grosses graines,
silène à larges feuilles.
Originaire probablement d’Afrique et d’Eurasie, elle fut découverte et
décrite, en 1789, par un botaniste français, Jean-Louis Poiret.
Petite herbacée vivace pouvant atteindre 80 cm de hauteur, Silene latifolia
ou compagnon blanc est velue, aux pétales blancs profondément échancrés.
Comme sa sœur dioica, elle présente des eurs mâles avec leurs étamines
proéminentes et des femelles aux corolles plus largement ouvertes,
s’épanouissant uniquement l’après-midi et le soir.
En raison de leur teneur en saponines, ses racines ont parfois été utilisées
pour confectionner savon ou lessive. Ses fruits, séchés et vidés de leurs
graines, font d’excellents si ets.
Histoire
Trente-deux-mille ans, c’est l’âge de fruits immatures d’un silène (Silene
stenophylla) conservé dans le permafrost de Sibérie, sur la rive de la rivière
Kolyma, par, probablement, un petit écureuil, à partir desquels des
chercheurs de l’Académie des sciences de Russie ont réussi à faire revivre des
plants qui eurirent. Mieux, à partir de pollen trouvé en association, les
chercheurs ont pu polliniser leurs eurs et obtenir des fruits. De légères
di érences séparent cette Silene stenophylla de sa descendance encore
présente sur les lieux aujourd’hui.
Le silène en é est connu des Grecs au moins dès le e siècle AEC puisque
éophraste le gure parmi les pavots (mêkôn), sous le nom de pavot
d’Héraclès, en raison de son fruit à capsule rappelant une « tête de pavot ».
Pline, en citant le mêkôn aphrodês, parlera aussi de sa tige gluante. Plusieurs
silènes ont e ectivement une tige visqueuse comme Silene muscipula (silène
attrape-mouches) que l’on rencontre aujourd’hui au Maroc et qui est native
des pays méditerranéens.
Certains silènes sont utilisés médicalement. Le silène en é apaise douleurs
et èvre, et lutte contre les mycoses. L’espèce dioica était utilisée pour traiter
des morsures de serpent.
Le silène dioïque a été reconnu dans une représentation du Manuscrit de
Voynich, daté au carbone 14 du vélin entre 1404 et 1438, et c’est sous le nom
de peterolle qu’Anne de Bretagne a guré le silène en é dans son livre
intitulé Grandes Heures, paru entre 1503 et 1508.
Utilisation en cuisine
Ce sont essentiellement les feuilles qui sont consommées depuis longtemps.
Leur saveur est sucrée, rappelant les petits-pois. En vieillissant, elles
deviennent amères et coriaces. D’une manière générale, quelle que soit
l’espèce, les feuilles de pieds avancés ne doivent pas être consommées, en
raison de leur taux de saponine qui peut les rendre toxiques.
Cette consommation des feuilles de silène se retrouve comme herbe
aromatique dans plusieurs plats de la région du Frioul, avec spaghettis ou
fruits de mer. En Espagne, c’est un gazpacho qui est réalisé à base de feuilles
de silène, ou une omelette, la tortilla de Collejas.
Les jeunes feuilles, crues, peuvent être incorporées dans des salades, mais
les eurs aussi.
Calendula
Calendula vient du latin kalendæ signi ant « premier jour du mois » dans le
calendrier romain, en relation avec le fait que la plante donne des eurs tous
les mois.
Présentation botanique
Astéracées annuelles à feuilles simples, alternes, à tiges rameuses,
anguleuses et velues, à capitules composés de deux sortes de eurs jaunes à
orange, les centrales mâles, tubulées, uniquement staminées, et celles du
pourtour femelles, ligulées et disposées sur deux ou trois rangs. Bractées de
l’involucre sensiblement égales entre elles, velues et disposées sur deux
rangs. Fruits, akènes, lisses en anneaux, en ballonnet ou recourbés et
épineux selon leur position sur le capitule. Une vingtaine d’espèces se
rencontrent en région méditerranéenne.
Calendula o cinalis
Souci du jardin ou o cinal, eur de tous les mois, grand souci, faux safran.
C’est le souci cultivé que l’on rencontre parfois à l’état spontané. Plante
annuelle herbacée, rustique, pouvant atteindre 40 cm de hauteur. Tige
anguleuse cassante. Feuilles ovales, lancéolées, vert acide à vert franc,
sessiles, voire embrassantes. Fleurs ligulées jaune safrané à jaune orangé
selon les variétés, groupées en capitule solitaire. Il existe des cultivars à eurs
doubles.
Calendula arvensis
Souci des champs, souci sauvage, souci des vignes, eur de tous les mois.
C’est la forme sauvage du souci, très répandue en France dans les terrains
ensoleillés et chauds, dans les vignes. Feuilles oblongues lancéolées
lâchement dentées ou entières, sessiles et demi-embrassantes. Fleurs jaunes,
rarement orange, en capitules solitaires, plus petits que la forme o cinale.
Fruits recourbés en forme de chenille. Comme la forme cultivée, il eurit
dès le printemps jusqu’aux premières gelées. On le trouve également dans
toute l’Europe moyenne, en Asie Mineure et en Afrique septentrionale.
Histoire
Si le souci est maintenant quasiment cosmopolite, sa répartition d’origine
est limitée à la région méditerranéenne, européenne, moyenne-orientale et
africaine. On parle régulièrement de son utilisation médicale et culinaire dès
l’Antiquité, sauf qu’aucun écrit précis ne vient réellement con rmer ces dires.
On a voulu voir le souci dans la caltha des Anciens. Pline compare la caltha
à la violette calathiane, inodore et à pétales jaunes très petits, que personne
ne sait vraiment dé nir. Seul point positif en faveur du souci, une odeur
forte. Virgile, souvent nommé, parle d’une caltha de couleur jaune, sans
plus, Dioscoride donne ce nom comme synonyme du chrysanthemum et
l’étymologie du mot caltha donne le grec calathos, « corbeille ». Columelle
aurait aussi parlé de la plantation des soucis au jaune éclatant mais le mot
employé est toujours caltha. Le genre Caltha ou populage est aujourd’hui
classé parmi les Renonculacées et la morphologie de la Caltha palustris,
appelée souci des marais, avec ses petites feuilles cordiformes, permet de
mieux comprendre la comparaison de Pline avec une violette. Quant au
chrysanthemum de Dioscoride, il deviendra Buphthalmum ou Bellis.
Le nom caltha reste longtemps synonyme de souci puisque, encore en 1542,
un botaniste comme Leonhart Fuchs décrit et gure correctement cette
plante sous le titre De la Caltha, avant de l’appeler Soulcie ou Soulsy, mot
dérivant de soldequium, qui deviendra souci, dans son édition de 1568. Selon
le botaniste français Paul-Victor Fournier, le souci est inconnu en Italie et en
Grèce.
Le terme soldequium (ou solsequia), qui représente aussi la chicorée, est cité
dans la liste des plantes du Capitulaire De Villis datant de la n du e
siècle ou du début du e siècle, certains auteurs hésitant entre tournesol et
souci. Il ne peut pas s’agir du tournesol d’origine américaine, encore inconnu
en Europe à cette date (voir p. 237), même si celui-ci prendra aussi ce nom.
Le Moyen Âge s’intéresse beaucoup à cette plante pour des raisons
médicales. Ainsi de l’abbesse Hildegarde de Bingen, au e siècle, qui
l’appelle ringula probablement en raison du nom allemand Ringelblum (qui
signi e « eur en bouchon » mais faisant allusion à la forme de ses graines),
ou de sa représentation dans le Tractatus de herbis (entre 1280 et 1310) de
Bartholomæi Mini de Senis, Matthæus Platearius et Nicolaus de Salerno.
En application de la fameuse théorie des signatures de Paracelse, associant
maladies et couleurs, le souci fut considéré comme remède contre la jaunisse
ou autres troubles hépatiques… et l’est toujours. Hildegarde de Bingen,
soignait l’impétigo du cuir chevelu et Albert le Grand, un siècle plus tard, les
morsures de serpent. Au e siècle, en Amérique, des médecins appelés
éclectiques utilisaient le souci, parmi d’autres eurs, en adjonction aux autres
médicaments o ciels.
De nos jours, le souci soigne les troubles digestifs et hépatobiliaires. Il est
antiseptique et combat la dépression. Il est utile pour les lavages de gorge et
les bains oculaires, et comme onguent pour la peau en raison de ses
propriétés cicatrisantes et anti-in ammatoires. La eur est très utilisée en
cosmétique pour ses pouvoirs adoucissants.
Utilisation en cuisine
Feuilles et eurs sont épicées, légèrement amères, aromatiques et poivrées.
On ne mange pas le réceptacle à odeur trop forte. Il faut donc enlever les
eurs (souvent appelées par erreur pétales). C’est ce que proposait Alexandre
Dumas dans son potage aux herbes à la Dauphine en séparant « les eurs de
leur ovaire et de leur calice, attendu l’amertume de cette partie de la plante ».
Les boutons oraux peuvent être préparés comme des câpres, au vinaigre de
cidre, puis utilisés comme eux. Ils peuvent être mangés crus en salade tout
comme les jeunes feuilles, en marinade à l’huile d’olive et parfumer les
soupes. Passés quelques secondes au micro-onde, ils éclatent comme des
pop-corns.
Les eurs s’associent très bien avec le riz qu’elles colorent tout comme les
sauces. Le souci a d’ailleurs été appelé le safran du pauvre car utilisé en ce
sens bien que ce terme fût plutôt associé au curcuma. On a souvent ajouté
des eurs de calendula séchées dans les barattes pour donner au beurre
d’hiver meilleure couleur et meilleur goût. Attention, lors de l’achat de
safran, à la fraude possible avec des pétales de souci ou de calendula.
Fraîches, elles apportent leur croquant et leur légère amertume à des salades
(notamment du concombre) qu’elles décorent également, à des sauces ou à
des légumes cuits ou crus. Elles sont délicieuses en omelettes. On les
retrouve dans les potages en Allemagne et en Angleterre mais aussi, de
l’autre côté de la Méditerranée, dans des plats mijotés comme le couscous ou
associés à des gâteaux. C’est une plante mellifère.
On trouve de nos jours le calendula en « eurs de thé », mélange de thé
blanc et de eurs de souci qui se développe dans l’eau avec toute sa couleur,
donnant un thé au goût très doux. Une tisane de eurs de souci est
dépurative et laxative. Elle fait partie de la « tisane des cinq eurs » (avec la
bourrache, la lavande, la mauve et le sureau).
Ciseler les herbes ainsi que les eurons des soucis. Mélanger.
Écaler les œufs durs et écraser les jaunes à la fourchette.
Monter la crème fraîche très froide en chantilly, la saler et la
mélanger aux jaunes des œufs et aux herbes ciselées (en garder 1 cs
pour la décoration).
Remplir quatre verrines de ce mélange.
Saupoudrer du mélange herbes et eurons ciselés.
Sambucus
L’origine du mot sambucus (écrit aussi sabucus dans le langage populaire)
viendrait du grec sambuké désignant une ûte, les jeunes pousses pleines de
moelle étant parfaitement adaptées à la fabrication de cet instrument.
Présentation botanique
Les sureaux, originaires de l’aire européo-caucasienne, appartenant à la
famille des Adoxacées, sont divisés en complexes plus ou moins bien dé nis
dont les deux principaux sont le groupe des sureaux à baies bleu-noir (le
plus connu étant Sambucus nigra), et celui à baies rouges avec Sambucus
racemosa. Trois espèces sont courantes chez nous, Sambucus nigra, Sambuca
racemosa et Sambucus ebulus.
Sambucus nigra
Sureau commun, grand sureau, suseau, sambuce, sureau aîné, sureau noir,
arbre aux fées, arbre de Judas, vanille du pauvre.
On a donné au sureau noir le nom d’arbre de Judas, sous entendant que
Judas s’y serait pendu. Notons seulement que le sureau noir est totalement
absent dans les environs de Jérusalem et que rien dans la Bible ne vient
supporter l’a rmation d’une pendaison de Judas (voir p. 29). Nigra signi e «
noir » et renvoie aux baies noires et brillantes de l’arbuste.
Arbuste pouvant atteindre 6 m, commun dans les décombres, les ruines, les
haies. Jeunes tiges portant des feuilles creuses remplies de moelle blanche
(bien connue des lycéens en travaux pratiques de botanique). Feuilles
composées de cinq à sept folioles à bord dentelé et à odeur âcre et
déplaisante. Fleurs petites, blanc crème, groupées en corymbes terminaux.
Baies noir-violet, pendantes, à graines plates.
Sambucus racemosa
Sureau rouge, sureau à grappes, sureau des montagnes.
On le trouve spontané dans les haies et les clairières où il peut atteindre au
maximum 3 à 5 m de hauteur. Ses jeunes branches sont remplies de moelle
orange. Les feuilles, caduques à l’automne, sont composées, comme chez
Sambucus nigra, de cinq à sept folioles mais plus étroites et plus petites, vert
foncé. Les eurs, vert jaunâtre, odorantes, apparaissent au printemps en
même temps que les feuilles en in orescence terminale. Les baies rouges,
comestibles si cuites, contiennent des graines brunes ovales toxiques.
Sambucus ebulus
Sureau hièble, yèble, sureau nain.
On le rencontre en Europe centrale et du Sud, en Asie du Sud-Ouest et au
nord-est de l’Afrique. Il est naturalisé en Amérique du Nord où on le
considère parfois comme invasif. Il n’est jamais un arbre. Ses eurs sont
blanches, parfois légèrement teintées de rose et ses baies noies, dirigées vers
le haut, sont toxiques.
Histoire
Son histoire est anciennement connue puisque du pollen de sureau noir a
été détecté dans des roches sédimentaires datées de 70000 à 10000 ans AEC.
Des graines ont été découvertes dans des gisements néolithiques de Suisse,
de Bavière et d’Italie septentrionale mais aussi en Asie et en Amérique du
Nord, attestant de la connaissance de cet arbre et probablement de ses fruits
par nos lointains ancêtres. Des villages lacustres datés 2500-1800 AEC ont
fourni d’énormes quantités de graines laissant supposer l’utilisation, soit
alimentaire, soit tinctoriale, des baies et peut-être la culture de l’arbre. Les
plus anciens écrits connus datent d’Hippocrate qui reconnaît ses vertus
médicales. éophraste ne parle, botaniquement, que du sureau noir qu’il
nomme aktê. C’est cet aktê, sans les eurs, qui sera guré par Dioscoride
dans le Codex vindobonensis daté de 512. Cet auteur, par ailleurs,
di érenciera ce sureau noir du hièble (yèble), appelé par lui chameactê, ce
que l’on retrouve chez Pline qui le considère comme sauvage. Cet auteur
semble être le premier à avoir employé le terme de sambucus. Ses qualités
médicales sont diverses et nombreuses mais ce sont surtout ses baies qui
intéressent et, dans une moindre mesure, les feuilles, les racines et l’écorce. Il
sera surnommé « pharmacie de campagne ». Fleurs et feuilles seront surtout
utilisées en usage externe (anti-in ammatoire, antibactérien), en infusion ou
en thé (contre le rhume). Comme de juste, il deviendra, avec le yèble, base
de nombreux rituels religieux ou païens (ce qui lui vaudra autant de noms
vernaculaires), rituels que se rencontrent dans tous les pays d’Europe du
Nord. La eur intéressera cependant par sa fragrance agréable,
contrairement à la feuille qui sent mauvais lorsqu’on la froisse. Hildegarde de
Bingen, au e siècle, en fera mention tout en le considérant quelque peu
inutile. C’est cependant à partir du e siècle que l’intérêt médical et
culinaire des sureaux refait surface. Si l’Amérique du Nord connaissait déjà
des espèces de sureau fortement appréciées par les Amérindiens, le sureau
noir européen y fut apporté à cette époque par les colons.
Utilisation en cuisine
La consommation des baies est une histoire ancienne, surtout médicale,
nous l’avons dit. Cependant, dans De re coquinaria, daté de la n du e
siècle, se trouve une recette d’un plat relevé (dont la consommation sera in
ne médicale) avec baies de sureau, poivre, vin, garum huile, raisins secs et
œufs. Le Liber de coquina, paru au e siècle, présente les fritelli ou beignets
aux eurs de sureau notamment. Très tôt, les boutons de eurs seront traités
comme des câpres.
Les eurs ont un parfum d’agrume légèrement citronné et épicé ; certains
lui trouvent un arôme de fruit de la passion. On les appelle aussi vanille du
pauvre. Il faut leur retirer individuellement leur pédicelle dur et tannique.
Leur utilisation culinaire est vaste. Elles peuvent être soit macérées pour
limonade, vin ou vinaigre, frites en beignets, intégrées dans des tartes,
transformées en con t ou en gelée. Elles peuvent intégrer, crues, une salade
salée ou sucrée mais leur parfum est rehaussé par la cuisson. Il est possible
de les conserver plusieurs mois, séchées, aux ns de tisanes. Les eurs
permettent la fabrication d’un vinaigre de vin appelé surard (voir p. 263).
Helianthus
Helianthus vient du grec helios, « soleil », et anthos, « eur ».
Ovide est souvent crédité d’être le premier auteur à faire mention du
tournesol dans ses Métamorphoses. C’est ainsi que Clytie, nymphe
amoureuse d’Apollon, qui « suivait dans son cours ce Soleil qu’elle adore […]
(inclinant) son diadème d’or » et se transformant en eur, aurait donné
naissance à la légende de la naissance d’une eur originaire… d’Amérique !
Il ne s’agit donc pas de notre Helianthus mais d’un autre héliotrope car le
tournesol n’est pas seul à se tourner vers le soleil.
Présentation botanique
Le genre Helianthus comprend une cinquantaine d’espèces annuelles ou
vivaces de la famille des Astéracées. L’espèce la plus connue, à part le
tournesol, est l’Helianthus tuberosum ou topinambour.
Des tournesols adventices ont été identi és dans les champs de tournesols
cultivés, caractérisés par des traits de la forme sauvage (capitules plus
nombreux et plus petits, pigmentation anthocyanée dans les tiges, les
pétioles et les capitules, graines plus petites à dispersion plus précoce). Le
type adventice se croise facilement avec le type cultivé, gênant d’autant les
récoltes.
Helianthus annuus
Hélianthe à grandes eurs, hélianthe annuel, grand soleil, soleil des jardins,
girasol, couronne du soleil, eur de soleil, graines à perroquet, maurelle,
herbe solaire, coupe de Jupiter, berceau de l’amour.
La taille de l’espèce cultivée, Helianthus annuus, varie de 50 cm à 5 m selon
les variétés. Tiges simples (rami ées chez les formes sauvages), glabres ou
pubescentes, creuses et remplies de moelle. Feuilles pétiolées et trinervées,
généralement cordiformes (inversées), entières ou dentelées, vert pâle à
foncé, alternes sauf à la base où elles sont opposées, rudes au toucher.
In orescence en capitule généralement de grande taille, unique, pouvant
atteindre 30 cm de diamètre (plus petit et plus nombreux chez les sauvages),
à réceptacle charnu, composé de 300 à 1 000 eurs, tubuleuses fertiles,
appelées eurons, au centre, et ligulées, stériles, improprement appelées
pétales, sur le pourtour, généralement jaunes, allant du jaune citron à
l’orangé, mais rouge foncé pour certaines variétés décoratives. Ensemble
entouré d’un involucre de bractées en deux ou plusieurs séries. Le fruit des
eurs centrales est un akène composé d’une seule graine appelée parfois
amande.
Le caractère spectaculaire du tournesol est l’héliotropisme de la plante
avant oraison. Les plantes suivent le soleil mais cela n’est vrai que pour les
jeunes plants qui sont tournés vers l’est à l’aube, suivent le soleil pendant la
journée et reviennent à leur position initiale la nuit. Cela est dû au fait que la
région à l’ombre poussant plus vite, il y a courbure de la tige. Une fois
ouvertes, les eurs restent orientées vers l’est et, une fois fécondées, c’est vers
le sol que les capitules se tournent sous le poids des graines. Une autre
particularité, qu’il n’est pas seul à posséder, est l’arrangement de ses eurons
selon des hélices droites et gauches dont les nombres, respectivement 34 et
55, sont parfaitement en accord avec ceux de la suite de Fibonacci (chaque
terme est la somme des deux précédents).
Helianthus annuus se divise en cultivars pour la consommation des graines
(et des eurs) aux gros capitules et aux akènes rayés de brun et de blanc, en
cultivars pour l’extraction d’huile aux capitules moyens et aux akènes noirs,
et en ornementaux qui ont des couleurs diverses et des capitules simples ou
doubles.
Helianthus tuberosus
Topinambour, artichaut ou pomme du Canada, soleil vivace, tru e du
Canada, artichaut de Jérusalem.
Vivace par ses tubercules, cette espèce, aussi originaire d’Amérique du Nord
(Indiana ou Canada), fut introduite en Europe au e siècle et très
rapidement mise en culture aux Pays-Bas et consommée pour ses tubercules,
bien connus sous le nom de topinambours. Appréciés pendant un bon siècle
dans toute l’Europe, il perdit de son intérêt en raison de son pouvoir
fortement carminatif, au pro t de la pomme de terre. Son regain de
consommation pendant la Seconde Guerre mondiale aida à sa mauvaise
réputation, les tubercules ligneux mangés à cette époque étant plutôt
destinés au bétail qu’aux humains. Les tubercules de nouvelles variétés,
consommés jeunes et frais, sont devenus un délice de gourmet.
Histoire
L’annonce de la découverte de l’ancêtre du tournesol dans le nord-ouest de
la Patagonie, daté d’environ 50 millions d’années, est abusive. Il s’agit bien
d’empreintes fossiles d’Astéracées, famille qui comprend environ 1 500
genres actuellement, et non de l’ancêtre direct du tournesol. Des graines de
tournesol sauvage ont été reconnues dans des sites archéologiques depuis
environ 5000 AEC. C’est en Amérique du Nord et peut-être plus
particulièrement au Mexique, et non dans le nord-est de l’Amérique comme
cela a longtemps été considéré, qu’il faut probablement chercher l’origine du
tournesol. Les plus anciennes graines de tournesol cultivé proviennent de
San Andrea, au Mexique, et sont datées d’environ 2600 AEC. Selon les
données archéologiques, linguistiques et ethnographiques, sa culture se
serait étendue dès cette époque jusqu’au Salvador. Des preuves de culture ont
également été repérées dans le centre-est des États-Unis à environ 2000
AEC, laissant supposer, jusqu’à preuve du contraire, une double
domestication. Navajos et Apaches les cultivaient.
Les Aztèques l’appelaient « eur bouclier » (capitule) ou « roseau de
bouclier » (tige creuse). Dans le Codex de Florence écrit entre 1558 et 1577
par le père Bernardino de Sahagún, les tournesols sont ainsi cités à plusieurs
reprises comme eurs précieuses, comme o randes, en colliers et en
guirlandes, ou symbolisant des armes (boucliers). Les Incas s’intéressèrent
au tournesol plus tardivement, lui attribuant des propriétés magiques en
raison de sa perfection géométrique. Des bols contenant des graines de
tournesol furent longtemps placés sur les tombes.
On doit au conquistador Pedro Pizarro, dans sa Relacion del descubrimiento
y conquista del Peru, rédigée en 1571, une description de la plante rapportée
en Europe en 1552 par les Espagnols et nommée Chrysanthemum
peruvianum indiquant qu’ils l’avaient rapportée du Pérou et non du
Mexique, laquelle fera l’objet d’une superbe représentation et d’une
description en 1568 de la part de Rembert Dodoens (voir ci-après).
Francisco Hernández, dans son Nova plantarum americanarum genera,
publié en 1703 seulement, l’appellera Chimalatl peruina et en donnera aussi
une très belle représentation.
En France, Olivier de Serres est le premier, en 1600, à en faire mention mais
non comme plante alimentaire pour l’Homme. Longtemps considérée
comme simple plante ornementale, le tournesol qui, en 1525, se mêle à la
ore locale des jardins de Fontainebleau, gagne son titre de plante
économique deux siècles plus tard grâce à quelques propriétaires hasardeux
et est même introduit dans le système agricole français en 1787 par
l’agronome Cretté de Palluel. C’est au cours du e siècle que les Anglais
réussiront à en extraire économiquement l’huile mais ce sont surtout les
Russes qui vont s’y intéresser et qui vont développer la production de
cultivars hybrides oléagineux nettement améliorés.
Le tournesol sera réintroduit au Canada et aux États-Unis à la n du e
siècle par des immigrants de l’Europe de l’Est.
Sa première représentation semble donc être due à Rembert Dodoens en
1568 dans son Florium & Coronarium, plante qu’il n’a pas l’heur de
connaître dans ses éditions précédentes (1557 pour la première). Pas plus
que pour celle d’Ulisse Aldrovandi en 1594, dans Tavole di piante, les
eurons ne présentent pas leur disposition caractéristique en hélice mais
une disposition quelconque pour le premier, circulaire pour le second. Si la
plante représentée dans le Manuscrit de Voynich, anonyme, daté par la date
de fabrication de son parchemin entre 1404 et 1438, mais découvert deux
siècles plus tard, et écrit dans un alphabet non déchi ré à ce jour, est bien un
tournesol – et cela paraît très vraisemblable –, cela daterait ce manuscrit
postérieurement à 1492.
D’autres espèces seront aussi représentées par les botanistes du e siècle.
Déposer les eurs, tiges coupées vers le haut, dans le panier d’un
cuit-vapeur ou d’une cocotte-minute.
Verser le bouillon et le vin dans la partie basse.
Cuire les eurs à la vapeur 20 min environ. Réserver au chaud.
Réduire le bouillon à feu vif. Ajouter la moutarde. Délayer et
poivrer.
Servir les eurs chaudes, nappées de sauce.
Trifolium
Trifolium vient de triphyllon signi ant « trois feuilles ».
Présentation botanique
La première caractéristique des trè es, ces plantes herbacées de petite taille,
est leurs feuilles trifoliées aux bords presque toujours dentelés, vertes,
souvent maculées en leur centre. L’in orescence est composée d’un
ensemble de eurs réunies en capitule (boule ou épi selon l’espèce). Elles ont
la composition classique des eurs de la famille des Fabacées, avec un calice
à cinq dents et une corolle qui se divise en étendard, ailes et carène (plus
courte que les ailes) et dix étamines dont neuf soudées par leur let. On
rencontre des trè es de couleur blanche, rose, rouge et jaune. Fruit typique
là encore de la famille, en gousse, mais indéhiscent et petit.
Comme toutes les légumineuses, les trè es sont capables de xer l’azote
atmosphérique grâce à des bactéries symbiotiques hébergées dans leurs
racines.
On retrouve les trè es dans trois grands centres : l’Eurasie, l’Afrique et
l’Amérique mais la plus grande diversité se situe dans le Bassin
méditerranéen qui est considéré de fait comme le centre d’origine. Le trè e a
été totalement introduit en Australie et pour partie dans d’autres régions
telles l’Amérique du Nord. Environ 230 espèces sont actuellement
répertoriées de par le monde (sans parler des sous-espèces et des variétés
cultivées). Ce sont des plantes fourragères. Deux nous intéressent
particulièrement par leur présence dans nos prés et prairies. Originaires
d’Europe, elles seront introduites dans le reste du monde pour culture.
Trifolium repens
Trè e blanc, petit trè e de Hollande, trè e rampant.
C’est l’espèce la plus commune. Elle se reconnaît par les folioles de ses
feuilles, ovales à long pétiole vert sombre, tachés de clair en leur centre, et sa
tige totalement rampante. Les eurs en têtes rondes, très longuement
pédonculées, sont à dominante blanches agrémentées de tons verdâtres ou
rosés. Elle est très fréquente dans les pelouses.
C’est une mutation, relativement rare, de ce trè e donnant à ses feuilles
quatre folioles et non seulement trois, qui a provoqué la croyance de porte-
bonheur en générant des quadrifoliistes ou collectionneurs de tels plants.
D’autres mutations peuvent produire des trè es blancs à plus grand nombre
de folioles. Les « trè es à quatre feuilles » vendus dans le commerce sont en
réalité des Oxalis.
Trifolium pratense
Trè e rouge, trè e des prés, trè e violet, grand trè e de Hollande.
Se rencontre dans les prés comme son nom l’indique. Les feuilles
supérieures sont sessiles. Les folioles sont marquées d’une tache plus claire
en forme de V. Les eurs roses, regroupées en boule, sont courtement
pédonculées.
Se rencontre dans tout l’hémisphère nord.
Histoire
Si l’ancien nom du trè e est triphyllon, il n’est pas seul à posséder des feuilles
trifoliées et il côtoie ainsi, dans les textes anciens, l’herbe au bitume
(Bituminaria), le trè e aigre (Oxalis) ou le mélilot (Melilotus) pour les plus
connus. D’où une di cile reconnaissance des plantes dans l’Antiquité, la
description botanique faisant le plus souvent défaut. La culture du trè e ne
semble pas avoir existé dans l’Antiquité, pas plus sur le pourtour
méditerranéen qu’en Asie, mais le nombre incroyable de noms vernaculaires
qui le dé nit indique sa présence sur ces lieux et sa reconnaissance sinon
son utilisation. Il est dit et répété qu’Hérodote dans ses Histoires, décrivant
les sacri ces perses du temps de Darius, explique que les chairs humaines
étaient déposées sur un lit d’herbes nes et notamment du trè e. Oui mais
quel trè e, du Trifolium tel qu’on le dé nit de nos jours (certains parlent
même du trè e rouge) ou une autre fabacée à feuille triple ?
Il semble que l’on doive à Leonhart Fuchs, en 1542, une, sinon la première,
représentation des deux espèces les plus communes qu’il nomme trè e des
prés purpuréen et trè e des prés blanc, soit repens et pratense, et les décrit.
C’est surtout le trè e rouge qui sera cultivé dans nos régions à des ns
médicales, connues depuis longtemps des Chinois. Il soulage le système
nerveux et la toux.
Utilisation en cuisine
Quelles que soient la région et l’espèce considérées, les trè es sont
consommés souvent lors de grandes fêtes particulières. Ainsi pour le trè e
blanc chez les Amérindiens ou le rouge chez les Chinois. Les feuilles et les
rhizomes sont dégustés au même titre que les eurs.
Les eurs comme les feuilles peuvent se manger crues en salades mais leur
digestion est facilitée par la cuisson. Elles ont un goût sucré. Le nectar des
eurs de trè e est connu de longue date par les enfants et la gelée de ces
eurs ne peut qu’être appréciée. Il est possible de mélanger eurs de trè es
blanc et rouge, de ltrer et d’ajouter le jus d’un demi citron pour obtenir une
très bonne gelée de couleur verte.
Les eurs séchées (cueillies fraîches par une journée ensoleillée, suspendues
têtes en bas dans un endroit ventilé, pendant trois à quatre semaines environ
puis placées dans un récipient hermétique) peuvent être utilisées,
notamment, pour du thé. Fleurs séchées et graines ont servi à faire du pain
lors de temps de disette en Irlande. Aujourd’hui, la poudre de eurs séchées,
incorporée à de la farine, permet de confectionner des pains parfumés.
On a vu que le « trè e local » de la recette du Vinschgerl, ce pain
traditionnel du Tyrol, est en réalité du mélilot ou trigonelle bleue (voir p.
172).
Tulipa sylvestris
Tulipe sauvage, tulipe des bois.
Tige orale dressée, nue. Feuilles près du sol. Fleur jaune soutenu, ne et
élancée, penchée vers le bas (contrairement aux tulipes cultivées), parfumée.
Contrairement aussi aux formes cultivées, les sépales sont légèrement
di érents des pétales, plus étroits et recourbés vers l’extérieur. Fruits en
capsules longues. Elle connaît une large répartition géographique et se
rencontre beaucoup dans les vignes.
Tulipa australis
Tulipe australe, du midi, méridionale.
Elle est parfois considérée comme sous-espèce de la précédente, se séparant
d’elle principalement par sa silhouette dressée et par ses pétales jaunes
intérieurement mais rougeâtres à l’extérieur et ne se recourbant pas ou peu
vers l’extérieur. Fruits en capsules arrondies. Elle est surtout présente dans
les régions montagneuses.
Tulipa gesneriana
Tulipe des jardins, des euristes, tulipe de Gesner.
Elle est aussi appelée Tulipa x gesneriana car c’est une tulipe ornementale
inconnue à l’état sauvage et issue d’une hybridation complexe et ancienne
(au moins au e siècle). Elle est à l’origine de la plupart des cultivars
Valeriana
Le nom Valeriana apparaîtrait pour la première fois dans un recueil intitulé
De diatis, écrit en arabe au e siècle par le savant Isaac Judæus, puis repris
dans di érents ouvrages comme celui d’Albert le Grand, au e siècle, pour
Valeriana o cinalis
Valériane o cinale, des bois, herbe-aux-chats, herbe-à-la-meurtrie, valium
végétal, guérit-tout.
Sa tige, dressée, striée, peut atteindre 1 m et possède un rhizome vertical
gris jaune. La racine, breuse, brune en dehors, blanchâtre intérieurement,
est à odeur camphrée. Les feuilles, opposées, sont divisées en un nombre
impair (entre sept et vingt et un) de folioles oblongues, à bord ciselé. Les
eurs petites, blanc rosé, groupées à l’extrémité de la tige, sont odorantes. Le
fruit est un akène surmonté d’une aigrette plumeuse.
Valeriana dioica
Valériane dioïque, des marais, petite valériane.
Elle peut atteindre 40 cm de hauteur. Sa souche est grêle et stolonifère. Les
feuilles inférieures, longuement pétiolées, sont entières, les feuilles
caulinaires sont sessiles et profondément divisées, au lobe terminal plus
grand que les latéraux. Les eurs mâles ou femelles sont portées sur des
pieds di érents.
Valeriana phu
Phu, grande valériane, valériane franche, sauvage, des jardins, encens-de-
terre, thériacoria.
C’est une valériane des lieux humides, originaire de Turquie, pouvant
atteindre plus d’un mètre de hauteur. Une variété cultivée (var. aurea)
présente des feuilles jaunes. Sa racine, ridée, est épaisse et odorante. Les
feuilles basales sont entières et pétiolées, les feuilles caulinaires sont divisées
en folioles lancéolées, pointues et dentelées. Les eurs roses, parfois
blanches, sont regroupées en panicules terminales.
Centranthus
Centranthus vient du grec kentron, « piqure, éperon », et anthos, « eur ». Ce
nom est créé par Augustin Pyrame de Candolle en 1805.
Présentation botanique
Les eurs ne possèdent qu’une seule étamine et la corolle est prolongée à sa
base par un éperon. La graine, unique, est enveloppée par le calice dont le
bord se développe à maturité en une aigrette sessile et plumeuse.
Centranthus ruber
Valériane rouge, espagnole, centranthe rouge, barbe de Jupiter, behen rouge,
lilas d’Espagne.
Cette valériane, originaire des régions méditerranéennes, entièrement
glabre, peut atteindre 80 cm de hauteur. Feuilles d’un vert glauque,
opposées, larges, lancéolées et entières (parfois à bord denté). Fleurs, rouge
clair, regroupées en panicules terminales qui s’allongent, ressemblant à du
lilas. Une variété cultivée est à eurs blanches.
Valerianella
Valerianella signi e « petite valériane », genre créé par le botaniste écossais
Philip Miller en 1754.
Présentation botanique
Les eurs ont trois étamines (comme les Valeriana). Le fruit est une capsule
à trois loges (une seule est fertile), couronnée par le calice au bord dentelé.
Valerianella locusta
Petite valériane, mâche commune, valérianelle.
Le genre se sépare des précédents par les fruits qui sont également des
akènes mais dépourvus d’aigrette. Fleurs minuscules de couleur bleu pâle à
blanc, regroupées en cyme terminale. Originaire d’Europe, peut-être de
Sicile, maintenant cultivée pour ses feuilles sous les noms de mâche,
doucette, rampon et bien d’autres. Se retrouve naturalisée hors des jardins
potagers.
Histoire
La plus ancienne mention de la valériane en Europe, sans que ce nom soit
cité, peut être attribuée à éophraste au e siècle AEC qui, dans son
Histoire des plantes, parle d’une plante de race dont la racine a une odeur
rappelant celle du nard (Nardus). Les auteurs de l’Antiquité ont rapporté la
valériane au nard. Pline cite le nard des Gaules et celui de Crète « que
quelques-uns appellent sauvage, d’autres phu ». Ce terme de phu insiste sur
l’odeur de la racine que l’on quali era de « forte ». Di cile de dé nir
exactement l’espèce décrite par ces auteurs anciens. Dès cette époque, la
racine de valériane se prend pilée ou bouillie en boissons contre les «
su ocations hystériques ». Il semblerait que ce soit Claude Galien qui, le
premier, ait fait mention de cette vertu. On retrouve la valériane au Moyen
Âge dans la pharmacopée d’Hildegarde de Bingen sous le nom de
denemarcha, traitant la pleurésie, mais elle est aussi de tous les traités
thérapeutiques sérieux ou populaires. Elle prendra le nom signi catif de
guérit-tout. Parmi ses noms vernaculaires, celle d’herbe-aux-chats rappelle
l’attrait, et le mot est faible, on pourrait parler d’euphorie éthylique, que son
odeur exerce sur ces mammifères. En 1592, le botaniste italien Fabio
Colonna, s’intéressant aux plantes médicinales pour trouver un remède aux
crises d’épilepsie qui le font sou rir, découvre, dans les travaux de
Dioscoride, la valériane qu’il teste et qui lui apporte un certain soulagement.
Bien qu’elle ne soigne en rien l’épilepsie, elle fut alors employée dans ce sens.
Lorsqu’elle aura gagné le Nouveau Continent, elle jouera un rôle similaire
chez les Amérindiens. Son rôle anti-stress sera utilisé pendant la Première
Guerre mondiale bien que son intérêt ait fortement diminué suite à l’essor de
la pharmacie chimique.
On parle de la valériane des Indes (Valeriana wallichi, aujourd’hui
Nardostachys jatamansi), utilisée de longue date en médecine ayurvédique
pour ses propriétés médicales similaires à nos valérianes européennes. Ce
nard, originaire de l’Himalaya, est cité dans la Bible tout comme le nard des
montagnes (Valeriana tuberosa) et le nard celtique (Valeriana celtica).
Utilisation en cuisine
Si l’utilisation médicale des racines n’est plus à démontrer, celle culinaire de
la plante s’installe doucement. Les jeunes feuilles d’abord et maintenant les
eurs. Feuilles et eurs sont amères. Centranthus se mange en salade en
Sicile.
Faire revenir doucement les lardons, puis, 2-3 min, les foies coupés
en morceaux.
Hors du feu, arroser de vinaigre. Bien mélanger.
Servir foies et lardons tièdes sur un lit de salade avec l’oignon
nement émincé et saupoudrés de eurs de valériane.
Yucca
Yucca
Ne pas confondre yucca et yuca. Avec deux c, il s’agit de notre yucca, avec
un seul, il peut s’agir, si l’on est dans un pays hispanophone, du manioc ou
du yucca.
Yucca vient de l’espagnol yuca, lui-même emprunté au langage des Taïnos,
ethnie amérindienne proche des Arawaks vivant dans les Grandes Antilles
lors de l’arrivée des Européens, mot utilisé alors pour dé nir notre yucca et
le manioc amer. Carl von Linné, en 1753, conservera le terme de Yucca pour
notre seul yucca, le manioc appartenant au genre Manihot.
Présentation botanique
Les yuccas, de la famille des Agavacées, sont considérés dans nos régions
comme plantes décoratives, mais ce sont des plantes utilitaires dans leurs
pays d’origine, l’Amérique du Nord et centrale. De nombreuses espèces sont
présentes en Europe, certaines se naturalisant.
Ce sont des plantes arbustives dont les troncs sont formés par les feuilles
emboîtées qui se sont parfaitement adaptées aux climats relativement froids
et résistent au gel alors qu’elles sont originaires de zones à climat
méditerranéen, voire désertiques chauds.
Comme les palmiers ou les bananiers, leur « tronc », rami é ou non, est
constitué par la succession des bases des feuilles et peut être très haut. Les
feuilles sont rigides, épaisses, acuminées épineuses, à bres marginales.
Leurs in orescences peuvent atteindre chez certaines espèces près de 3 m de
hauteur et se composent de très nombreuses eurs blanches à verdâtres,
parfois un peu rosées, à six tépales (pétales et sépales identiques), six
étamines et un ovaire supère. Les fruits sont des capsules assez longues se
fendant à maturité.
Contrairement aux agaves de la même famille, les yuccas ne meurent pas
après leur oraison.
Dans leur aire de répartition, de nombreuses espèces de yucca sont
pollinisées par la femelle d’une espèce unique de papillon, Tegeticula
yuccasella, inconnue chez nous, d’où la nécessité d’une pollinisation
manuelle.
Yucca aloifolia
Yucca à feuilles d’aloès.
Originaire du sud des États-Unis et du Mexique, il peut atteindre 2 à 3 m. Il
développe en générale une souche à « troncs » multiples. Son feuillage est
persistant. Les feuilles rigides, vert foncé, ont l’extrémité pointue. La hampe
orale est un épi dense de grandes eurs de couleur crème-rosé, d’une
hauteur d’environ 1 m. C’est l’un des premiers yuccas à avoir été cité par les
botanistes (voir « Histoire »).
Yucca lamentosa
Yucca lamenteux.
Originaire des États-Unis, sans « tronc », au feuillage persistant, il atteint 80
cm de hauteur. Les feuilles sont pointues à leur extrémité et lamenteuses
sur les bords (d’où son nom), vert bleuté ou, pour certaines variétés, bordées
de jaune. La hampe orale, dressée, pouvant atteindre 2 m de hauteur, est
composée de eurs blanches en cloche, regroupées en panicule. Une variété
présente des feuilles panachées.
Fleurs et hampe orale sont comestibles.
Yucca lifera
Yucca lifère, yucca australis, palmier de Saint-Pierre.
Originaire du nord-est du Mexique, à croissance lente, il peut atteindre 15
m de hauteur, faisant concurrence au yucca pied-d’éléphant. Les feuilles
linéaires, persistantes, lancéolées, formant des rosettes d’environ 1 m de
diamètre, sont érigées ou pendantes. C’est le seul yucca à in orescence
tournée vers le bas, appliquée contre le « tronc », à très nombreuses eurs
blanches à odeur citronnée.
Fleurs, tiges et fruits sont comestibles mais non les racines.
Yucca gloriosa
Yucca superbe, yucca des jardins.
Originaire du sud-est des États-Unis, très rustique, il atteint 1 à 3 m. Son
feuillage est persistant. Les feuilles, en lames allongées, sont rigides et
pointues. La hampe eurie est en position apicale. Les eurs, écrues
légèrement rosées, sont retombantes et très parfumées.
Fleurs et fruits sont comestibles.
Yucca guatemalensis
Yucca géant, yucca pied-d’éléphant.
Originaire du Mexique et du Guatemala, il atteint 10 m dans son lieu
d’origine, 3 m seulement en appartement. Son feuillage, persistant, est situé
en boule au sommet du tronc. Les feuilles ont des extrémités très pointues.
Histoire
Ce n’est qu’après la découverte de l’Amérique que les colons espagnols et les
premiers chroniqueurs ibériques découvrirent les fameux yucas. Ce n’est
qu’en Amérique centrale que le terme de yuca est utilisé pour le manioc. Au
Brésil, le manioc (maniot) est connu et le voyageur français Jean de Lévy en
parle dans son Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil, autrement dite
Amérique, qui ne paraîtra qu’en 1578, vingt années après le retour du
voyageur. Des auteurs comme, entre autres, le mathématicien italien Jérôme
Cardan dans son ouvrage intitulé De la subtilité, paru en 1556, l’historien et
chroniqueur espagnol Francisco López de Gómara dans son livre Historia
general de las Indias, paru en 1554, parlent respectivement du hyuca ou du
yuca sans oublier de mentionner le suc toxique de ces racines, suc qui
disparaît par lavage et cuisson. Francisco Hernández, en 1615, expliquera
que ce qui est appelé yuca est nommé çaçave en espagnol. Il s’agit bien du
manioc amer.
Jean Bauhin est le premier, en 1596, à avoir parlé du yucca sous le nom de
Yuca foliis aloës, et la première guration, à notre connaissance, semble
devoir être attribuée au botaniste et apothicaire (non le médecin) John
Parkinson en 1640 dans le éâtre des plantes, sous le nom de Iucca ou Yucca
Indien. Cet auteur ne parle pas de la présence de cette plante en Angleterre
mais seulement dans les jardins anglais de Virginie et de Nouvelle-
Angleterre, le yucca n’a pas encore quitté le Nouveau Continent. Le botaniste
écossais Robert Morison, dans son Plantarum Historiæ Universalis
Oxoniensis, publié quarante années plus tard, représente deux sortes de
yuccas, celui aux feuilles d’aloès (Yuca sive Iucca vera foliis Aloes) et un autre
aux feuilles lamenteuses (Yuca sive Iucca vera foliis lamentosis). À côté,
sont gurées deux espèces de manioc qu’il appelle également Yuca sive
Yucca, et dont il précise la provenance du Pérou ou du Brésil. Notons que les
orthographes yuca et yucca ne sont pas encore spécialement dé nies à cette
date. On donne toujours Carl von Linné comme auteur du terme générique
Yucca mais d’autres auteurs avaient déjà utilisé ce nom (avec deux c), de
même que certains binômes comme celui de Yucca draconis. Ainsi de
Johann Jacob Dillenius dans son Hortus Elthamensis, paru en 1732, où cette
espèce est parfaitement décrite et gurée pleine page. Cette espèce,
aujourd’hui considérée comme un Yucca aloifolia var. draconis, est entrée
dans l’histoire par son nom vernaculaire d’arbre de Josué. Curieuse référence
pour un arbre nord-américain à celui qui, dans la Bible, a conquis la Terre
promise. La référence date de 1818, lorsque le chef des mormons, atteignant
l’Utah, aurait comparé ledit yucca aux branches tordues dirigées vers le ciel,
à Josué leur souhaitant bienvenue en Terre promise... américaine.
Découvert seulement en 1840 par un marchand et explorateur, Josiah
Gregg, Yucca lifera est introduit en France par un botaniste autrichien,
Bénédict Roezl, pour le compte de Philippe André de Vilmorin. Il eurira
pour la première fois en 1876 au jardin du Plantier de Costebelle à Hyères,
ce qui lui vaudra une jolie représentation par le botaniste français Justin
Chabaud. Curieusement, on attribue le nom de ce yucca à ce botaniste qui
écrit lui-même, dans l’article de 1876, que c’est « la maison Vilmorin-
Andrieux et Cie de Paris, [qui le] vendit sous le nom de Yucca lifera ».
En médecine populaire, les Amérindiens utilisent les racines de yucca aux
vertus anti-in ammatoires et laxatives. Grâce à la saponine qu’elles
contiennent, les racines de yucca ont une action certaine sur la sphère
intestinale. On la dit aussi anti-cholestérol.
Utilisation en cuisine
Le yucca est une des plantes, assez rares nalement, dont la consommation
culinaire des eurs est attestée depuis longtemps. Les Indiens mangeaient
aussi les jeunes hampes orales avant l’apparition des eurs, comme des
asperges, et les fruits, fruits que nous avons rarement chez nous en raison de
problème de pollinisation (voir ci-avant).
Les eurs, quant à elles, quelles soient appelées itabo, izote ou espadillo
selon le pays, sont consommées depuis longtemps. Elles sont devenues eurs
nationales du Guatemala ou du Salvador. Au printemps, nombreux sont les
petits vendeurs de ores de itabo dans les rues. Une soupe de yucca à la
tomate est en vente sur les marchés au Guatemala.
Certains préfèrent retirer pistil et étamines du centre de la eur et ne
conserver que les pétales, moins amers. D’autres recherchent au contraire
cette amertume. La recette la plus connue est celle des eurs aux œufs.
Certains l’appelleront ragoût, d’autres, gratin, d’autres en n, simplement
omelette en fonction des ingrédients qui y seront ajoutés.
Les eurs ont un léger goût de noisette, parfois citronné, additionné d’une
certaine amertume. Elles se retrouvent aussi bien dans les recettes salées que
sucrées.
Porter une grande marmite d’eau à feu vif avec les pétales.
Faire revenir les carottes coupées en nes rondelles et l’oignon haché
dans l’huile d’olive entre 7 et 10 min pour les rendre tendres. Ajouter les
clous de giro e, l’origan et le laurier et poursuivre la cuisson 1 min.
Égoutter les eurs de yucca et les déposer dans une casserole sur feu
doux.
Verser le mélange carottes-oignons sur les eurs. Ajouter le
vinaigre, la moutarde. Bien mélanger et saler. Poursuivre la cuisson 5
min environ.
Réserver dans un bocal stérilisé.
Zinnia
Zinnia
Zinnia a été créé par Carl von Linné, en 1759, en l’honneur du médecin et
botaniste allemand Johann Gottfried Zinn qui, le premier, décrivit cette
eur. Dès 1798 (et peut-être plus tôt), la traduction française du nom latin,
zinnie, est donnée dans le Guide du Cultivateur.
Présentation botanique
La vingtaine d’espèces de zinnias, de la famille des Astéracées, sont
originaires des prairies sèches des régions chaudes d’Amérique du Nord,
principalement du Mexique, avec une notable exception, Zinnia peruviana,
connue en Amérique du Sud. La majorité d’entre elles sont annuelles (elles
ne résistent pas au froid) mais quelques-unes, dans leur lieu d’origine, sont
pérennes.
Zinnia peruviana
Petit œillet d’Inde, zinnia péruvien.
C’est une plante herbacée, annuelle, pouvant atteindre 1 m de hauteur. Les
feuilles sont en ovale large ou elliptique. L’in orescence en capitule présente
un seul rang de eurs ligulées jaunes ou rouges, est située à l’extrémité d’une
tige raide. Cette espèce, la première à arriver sur le continent européen (voir
« Histoire »), est peu cultivée de nos jours.
Zinnia violacea
Zinnia élégant, zinnia commun, zinnie, zinnia à crête, zinnia d’Italie.
Elle fut (et est encore) appelée Zinnia elegans et représente la forme la plus
cultivée dans le monde. C’est une plante herbacée, annuelle, pouvant
atteindre plus d’un mètre de hauteur pour les plants cultivés (70 cm
maximum pour les formes sauvages). Les feuilles sont en ovale élargi,
lancéolées. Le capitule, nettement plus grand que chez l’espèce précédente,
est également solitaire à l’extrémité de la tige. Il existe aujourd’hui de
nombreuses variétés simples ou doubles de toutes les couleurs. Depuis sa
culture au e siècle, plus de cent cultivars ont ainsi pris naissance.
Zinnia angustifolia
Zinnia à feuilles étroites, zinnia mexicain.
Ce zinnia herbacé, ne dépassant pas 35 cm de hauteur, présente un port
compact. Ses feuilles sont nes et lancéolées. Les in orescences sont
blanches, orange ou jaunes. Quelques variétés peuvent être rouges ou
bicolores. Il est intolérant au mildiou (voir « Histoire »).
Histoire
Les conquistadors n’apprécièrent guère les zinnias en arrivant au Mexique,
eurs que les Aztèques n’avaient pas sélectionnées dans leurs jardins
ornementaux, au contraire des dahlias et des tagètes, parmi les eurs que
nous avons présentées ici. Ne les trouvant pas très belles, trop petites et trop
nombreuses dans la nature, ils les surnommèrent mal de ojo, ce qui signi e «
maladie de l’œil » ou « mauvais œil ». Il est certain que si l’on regarde l’espèce
Zinnia acerosa avec ses quelques eurs ligulées blanches, on est loin de la
profusion de couleurs et de formes connues aujourd’hui.
C’est Zinnia peruviana qui fut introduite la première en France dans les
années 1700. On parle de Casimir Gómez de Ortega, responsable du jardin
botanique de Madrid, déjà récepteur de cosmos en Europe, pour l’envoi de
graines de zinnias à la marquise de Bute, femme de l’ambassadeur anglais à
Madrid, mais surtout belle- lle de John Stuart, troisième comte de Bute,
premier ministre peu populaire pour ses réformes mais amoureux de
botanique et auteur des Tables de botanique sur les familles de plantes de
Grande-Bretagne. Des graines furent distribuées à divers botanistes de pays
européens dont l’Allemagne. En 1753, Johann Gottfried Zinn fut le premier
à décrire cette plante dans son ouvrage décrivant les eurs rencontrées dans
la région de Göttingen. Les illustrations anciennes de ce zinnia montre ses
eurs ligulées plus étroites que celles des zinnias modernes. La légende qui
veut que ce botaniste ait été lui-même récolter des graines au Mexique n’a
aucun support. Certains veulent faire un rapprochement entre le surnom
donné à ces eurs par les Espagnols (mal de ojo) et la décision de Linné de
rendre hommage à Zinn, membre de l’Académie de Berlin, médecin
spécialiste de l’œil et célèbre pour ses travaux sur le sujet. Cette relation est
fortuite. Rappelons simplement les dates : 1753 pour Zinn et sa publication
sur les zinnias ; 1759 pour Linné et sa création du genre Zinnia et 1765 pour
la publication des travaux sur l’œil de Zinn. Ce n’est donc pas pour ses
connaissances sur l’œil que l’ambassadeur du Mexique lui aurait fourni des
graines du mal de ojo comme cela est souvent écrit.
Des graines de Zinnia violacea furent envoyées en Espagne par
l’ambassadeur du Mexique vers 1790, puis de là, six ans après, dans les
di érents pays européens. La eur est nettement plus attrayante. On doit à
Antonio José Cavanilles sa première description et une très belle guration.
Probablement en raison du nom de violacea pour des eurs qui n’étaient pas
toutes violettes, loin de là, ce fut celui de Zinnia elegans, donné l’année
suivante par le botaniste néerlandais Nikolaus Joseph von Jacquin, qui t
longtemps autorité.
À l’origine, les capitules de ce zinnia ne comprenaient qu’un seul rang de
eurs ligulées et ce jusqu’en 1858, date à laquelle le premier exemplaire à
double eur, appelé Flore pleno, fut développé en Indes et envoyé en Europe.
La popularité des zinnias, de surcroît faciles à cultiver, fut alors très rapide et
ne se démentit pas. Des variétés géantes furent produites. Au départ,
presque toutes dérivèrent de Zinnia violacea et l’arrivée récente de Zinnia
angustifolia, résistante à la maladie fongique de l’oïdium, ce que ne sont pas
celles de violacea, permit la création de nouveaux hybrides.
On ne compte plus aujourd’hui les variétés de zinnia que l’on rencontre
dans nos jardins avec certaines d’entre elles dont les eurs à pétales doubles
et enroulées ou en pompon, ressemblent plus à des chrysanthèmes, des
scabieuses ou à des dahlias cactus (on les appelle d’ailleurs zinnias à eurs de
dahlias) qu’aux zinnia originels. On parle même de Zinnia violacea à eurs
monstrueuses, mais qui eut du mal à concurrencer les dahlias géants apparus
à la même époque.
Zinnia violacea a fait récemment la une des journaux pour une toute autre
raison, le programme dit Veggie qui a pour but de développer la production
de nourriture pour assurer l’autonomie des spationautes en expédition. Un
plant vient de eurir à 400 km de la Terre dans la station spatiale
internationale (ISS), en apesanteur, dans une culture hors sol grâce à
l’hydroponie (inventée par les Aztèques dans leurs jardins ottants à
Tenochtitlan). Les futurs spationautes pourront mettre des eurs pour
accompagner leurs laitues (produites de la même façon) dans leurs menus.
Utilisation en cuisine
Il est regrettable que les eurs de zinnia soient sans odeur. Comestibles, les
eurs de Zinnia violacea peuvent cependant merveilleusement décorer
salade de fruits ou de légumes.
Crevettes au melon et zinnia
½ melon d’eau
16 crevettes roses cuites
1 poireau
1 échalote
1 cc de sherry sec
1 cc de porto blanc
crème fraîche
Ancolie
Aquilegia vulgaris (Ranunculacées)
ancolie commune, des jardins
Anémone
Anemona nemorosa (Ranunculacées)
anémone des bois
Aristoloche
Aristolochia clematitis, A. pistolochia
(Aristolochiacées)
Arnica
Arnica montana (Astéracées)
tabac des Vosges, quinquina des pauvres
Arum
Arum maculatum (Aracées)
chandelle, pain-de-serpent, arum tacheté
Belladone
Atropa belladonna (Solanacées)
bouton noir, guigne de la côte
Bryone
Bryonia dioica (Cucurbitacées)
navet-du-diable
Chardon à glu
Atractylis gummifera (Astéracées)
Chélidoine
Chelidonium majus (Papavéracées)
Ciguë
Conium maculatum (Apiacées)
grande ciguë
Aethusa cynapium (Apiacées)
petite ciguë
Clématite
Clematis vitalba (Ranunculacées)
clématite vigne-blanche
Colchique
Colchicum autumnale (Liliacées)
safran bâtard, tue-chien
Cornouiller
Cornus sanguinea (Cornacées)
cornouiller sanguin
Cyclamen
Cyclamen purpurascens (Primulacées)
cyclamen pourpre, des Alpes
Cytise
Laburnum anagyroides (Fabacées)
cytise faux ébénier
Datura
Datura stramonium (Solanacées)
herbe-à-la-taupe
Dauphinelle
Delphinium spp. (Ranunculacées)
pied-d’alouette
Digital
Digitalis purpurea (Scrophulariacées)
grande digitale, digitale pourpre
Euphorbe
Euphorbia helioscopia (Euphorbiacées)
Fusain d’Europe
Euonymus europaeus (Calastracées)
bonnet-d’évêque, bois carré
Genêt
Spartium junceum (Fabacées)
faux genêt d’Espagne
Giro ée
Erysimum cheiri (Brassicacées)
giro ée des murailles
Gui
Viscum album (Viscacées)
Héliotrope
Heliotropium europaeum (Boraginacées)
héliotrope commun
Hellébore
Helleborus spp. (Ranunculacées)
rose de Noël, herbe-aux-fous
Hortensia
Hydrangea spp. (Hydrangéacées)
Houx
Ilex aquifolium (Aquifoliacées)
Ipomée
Ipomœa spp. (Convolvulacées)
volubilis, belle-de-nuit.
Laurier cerise
Prunus laurecerasus (Rosacées)
Lierre
Hereda helix (Aréliacées)
Lupin
Lupinus spp. (Fabacées)
Morelle douce-amère
Solanum dulcamara (Solanacées)
douce-amère
Mouron rouge
Anagallis arvensis (Primulacées)
mouron des champs
Muguet
Convallaria majalis (Liliacées)
muguet de mai
Narcisse
Narcissus pseudonarcissus (Amaryllidacées)
jonquille des bois
Nielle
Agrostemma githago (Caryophyllacées)
nielle des blés
Obier
Viburnum opulus (Adoxacées)
boule-de-neige, rose de Gueldre
Œnanthe safranée
Œnanthe crocata (Apiacées)
navet-du-diable
Perce-neige
Galanthus nivalis (Liliacées)
goutte-de-lait
Renoncule
Ranunculus spp. (Ranunculacées)
bouton-d’or
Rhododendron
Rhododendron spp. (Éricacées)
azalées. Rhododendron mucronulatum du Japon est, en revanche,
parfaitement comestible.
Sceau de Salomon
Polygonatum odoratum (Ruscacées)
grand muguet, herbe aux panaris, genouillet
Sureau yèble
Sambucus ebulus (Adoxacées)
petit sureau
Troène
Ligustrum vulgare (Oléacées)
troène commun, d’Europe
Adoxacées
sureau
Agavacées
yucca
* Alliacées
* ail
* ciboule
* ciboulette
* oignon
* poireau
* rocambole
* Apiacées
* aneth
* angélique
* cerfeuil
* coriandre
* criste marine
* fenouil
* maceron
Astéracées
*achillée
bleuet
brède mafan
camomille
chardon
chicorée
chrysanthème
cosmos
dahlia
* immortelle
marguerite
œillet
pâquerette
pissenlit
souci
tournesol
zinnia
Bégoniacées
bégonia
Berbéridacées
Bignoniacées
bignone
Boraginacées
bourrache
buglosse
vipérine
myosotis
Brassicacées
* alliaire
* bourse-à-pasteur
cardamine
chou
corbeille d’argent
julienne
Campanulacées
campanule
Cannacées
canna ou balisier
Caprifoliacées
chèvrefeuille
valériane
Caryophyllacées
œillet
silène
Cucurbitacées
courge
Éricacées
bruyère
Fabacées
acacia (robinier faux acacia)
arbre de Judée
glycine
luzerne
mélilot
pois
trè e
Gentianacées
centaurée
Géraniacées
géranium
Hydrangéacées
seringat
Labiacées
monarde
Lamiacées
* agastache
* basilic
* calament
* hysope
lavande
* marjolaine
* menthe
* mélisse
* ortie blanche
* romarin
* thym
Liliacées
hosta
jacinthe
lys
tulipe
Magnoliacées
magnolia
Malvacées
guimauve
hibiscus
lavatère
mauve
rose trémière
Mimosacées
mimosa
Musacées
bananier
Oléacées
forsythia
jasmin
lilas
Onagracées
épilobe
fuchsia
onagre
Paeoniacées
pivoine
Papavéracées
coquelicot
Passi oracées
passi ore
Plantaginacées
linaire
mu ier
Polémoniacées
phlox
Primulacées
primevère
Résédacées
réséda
Rosacées
amandier
aubépine
cerisier
pêcher
pommier
prunelier-prunier
rose
* reine-des-prés
Rubiacées
gardénia
Rutacées
agrumes
éacées
camélia
*Tiliacées
* tilleul
Tropæolacées
capucine
Typhacées
massette
Violacées
pensée
* violette
Xanthorrhoeacées
hémérocalle
Miscellaneous
Il reste à présenter quelques recettes que l’on pourrait quali er de «
générales » car réalisables avec succès avec quasiment toutes les eurs mais
avec tout de même une préférence pour celles qui sont aromatiques.
Beignets
Au cours de notre présentation des eurs, il est notamment, pour certaines,
renvoyé à la fabrication de beignets. Ceux-ci peuvent se faire avec une pâte à
beignet classique mais souvent, étant donné la fragilité des eurs ou des
pétales, la pâte à tempura, plus légère, est préférable. Les deux recettes sont
présentées ici. Les quantités données ci-après sont su santes pour dix eurs
de courgette, d’acacia ou de glycine.
Quelle que soit la pâte choisie, pour des beignets sucrés (glycine, acacia,
sureau), il est possible d’ajouter une cuillerée à soupe de sucre, des épices
(cannelle, vanille, safran), un peu d’eau de eur d’oranger ou de rose. Pour
des beignets salés, ajouter poivre, piment ou clou de giro e en poudre, ou
éventuellement un peu de jus de citron.
Il est conseillé de ne pas laver les eurs mais de les secouer simplement
pour éviter la présence d’insectes et de bien égoutter les eurs pour éviter un
surplus de pâte.
Les beignets sont meilleurs chauds et croustillants, les réserver au four à
120°C (th. 4) dès leur cuisson faite. Les saupoudrer de sucre glace (pour les
beignets sucrés) avant de servir.
Pâte à beignet
200 g de farine
2 œufs
3 blancs
20 cl de bière blonde*
1 pincée de sel
5 cl d’huile neutre
Pâte à tempura
125 g de farine
50 g de fécule (maïzena, manioc, pomme de terre)
25 cl d’eau gazeuse glacée
½ sachet de levure chimique
1 jaune d’œuf
1 pincée de sel
Battre légèrement le blanc d’œuf (il n’est pas nécessaire qu’il soit en
neige, juste homogénéisé).
Badigeonner les pétales de blanc d’œuf avec un pinceau (en mettre
très peu).
Saupoudrer de sucre de tous les côtés et secouer le surplus. Toutes
les parties de la eur doivent être recouvertes de sucre. Sinon, repasser
du blanc d’œuf au pinceau et saupoudrer à nouveau de sucre.
Poser les pétales ou les eurs sur du papier cuisson ou, mieux, sur
une grille, et laisser sécher à l’air libre dans un endroit bien sec, mais
non au soleil, quelques heures (les pétales doivent devenir craquants).
Une autre possibilité de séchage consiste à les mettre dans le four à
50°C (th. 1), avec ventilation et porte ouverte, 10 min environ.
Lorsque les eurs ou les pétales sont secs, les garder dans une boîte en
fer, en couches séparées par du papier sulfurisé.
N’oubliez-pas que ces pétales et eurs cristallisés sont fragiles.
Ces pétales, ainsi préparés, se gardent quelques jours. Pour une
conservation plus longue, remplacer le blanc d’œuf par de la gomme
arabique que l’on diluera dans un peu d’eau nature ou de eurs (au
choix selon le parfum des pétales à cristalliser).
Les eurs de mimosa peuvent être ainsi préparées de ces deux façons,
soit simplement les passer au blanc d’œuf puis au sucre selon la recette
précédente, soit les préparer avec de la gomme arabique comme suit. La
gomme arabique, dite « blanche », se vend au poids en pharmacie.
Beurres et fromages
Beurres euris
Le beurre, comme l’huile mais aussi comme toute matière grasse dont
le saindoux, peut capter le parfum des eurs. Cette matière grasse peut
être salée ou sucrée selon son utilisation. Toutes les eurs qui se
mangent crues peuvent être intégrées dans du beurre, celles sans saveur
se contentant d’apporter leur couleur.
Les eurs peuvent être nement hachées et conservées au moment de
la dégustation ou laissées entières et retirées, tout comme d’éventuelles
feuilles aromatiques. Compter environ quatre poignées de eurs ou de
pétales pour 100 g de beurre.
Les condiments
Sels aromatisés
On trouve en vente des sels surtout aromatisés aux épices (gingembre,
baies roses, sésame, piment) mais le sel n, tout comme la eur de sel,
peut être parfumé sur le même principe que celui du sucre, avec toute
eur séchée réduite en poudre. Le fait de prendre des eurs séchées est
primordial, l’utilisation de eurs fraîches nécessitant un séchage du sel
après mélange.
Ne pas prendre des eurs trop sucrées ou trop parfumées et préférer
soucis ou capucines.
Ces sels sont ensuite utilisés comme des sel normaux pour des soupes,
des sauces ou des vinaigrettes, en tenant compte de la saveur du mets.
Fleurs lacto-fermentées
La lacto-fermentation est une méthode de conservation ancienne qui a
tout d’abord servi simplement à la conservation des aliments. Le sel en
milieu anaérobie développe de l’acide lactique, ce qui accroît saveur et
valeur nutritive des aliments traités. Ce qui est vrai pour les légumes
l’est aussi pour les eurs, la lacto-fermentation transforme leur valeur
nutritive et leur saveur.
De la eur d’ail fermentée est en vente mais contient généralement du
vinaigre et di érents arômes. Vous pouvez en préparer vous-même, bio
et nature.
Défaire les bouquets du chou- eur (enlever les tiges trop grosses) et
les placer dans un bocal en alternant avec les épices et l’ail. Bien tasser
les ingrédients.
Couvrir de saumure en laissant 2 cm de vide en haut du bocal.
Fermer hermétiquement.
Réserver à température ambiante cinq à sept jours avant d’ouvrir. Se
conserve très longtemps ensuite à température comprise entre 15 et
17°C.
Câpres et pseudo-câpres
Les câpres originaires du pourtour méditerranéen sont connus et
préparés au sel et au vinaigre depuis l’Antiquité. Il est presque curieux
que les boutons oraux de diverses plantes comestibles n’est pas suivi,
dès cette époque (il faudra attendre quelques siècles), le même chemin
de préparation. En e et, les boutons de nombreuses eurs (arbre de
Judée, capucine, hémérocalle, marguerite, mauve, onagre, pâquerette,
pissenlit, souci, sureau) peuvent être conservés de la même manière,
puis utilisés comme les câpres pour relever poissons grillés, steak
tartare, pizzas ou salades.
Vous pouvez tester les boutons de toute eur comestible.
Cueillir les boutons de eurs de pissenlit qui sont encore au sol (et
non montés sur tige).
Les passer à l’eau puis les faire dégorger 2-3 h dans du gros sel.
Enlever l’excédent de sel et remplir le bocal en les tassant et en
répartissant les baies de genièvre.
Verser le vinaigre chaud jusqu’à recouvrir les boutons oraux.
Fermer le pot hermétiquement et réserver trois semaines environ avant
de consommer.
Tout le monde connaît la tapenade, recette provençale à base d’olives,
lets d’anchois, ail et câpres (qui se dit tapena en occitan). Une «
tapenade » à base de ces boutons oraux tartinée sur des toasts de pain
de campagne grillés surprendra vos invités.
Mixer les olives noires, l’ail épluché. Ajouter les boutons oraux et
les anchois, tous deux égouttés.
Verser progressivement l’huile d’olive en remuant jusqu’à
l’épaississement voulu de la pâte.
Véri er l’assaisonnement (en principe, ne pas saler) et ajouter juste
un peu de jus de citron au goût.
Huiles et vinaigres
Nous sommes plus habitués à utiliser des huiles ou des vinaigres
parfumés aux herbes aromatiques et aux épices (laurier, thym, piment)
qu’aux eurs. Il est pourtant intéressant de les parfumer avec des
sommités euries, des eurs entières ou des pétales, c’est selon. La
macération doit durer quelques semaines. Un conseil : conserver de
petites bouteilles en verre (jus de tomates ou autres), bien nettoyées
(stérilisées), dans lesquelles vous ferez vos divers essais.
Huiles
Nous parlons ici d’huile comestible et non d’huile de massage ou de
bain. Le parfum oral sera d’autant typé que l’huile de départ sera
neutre mais, tout étant une a aire de goût, à vous de tester.
La capucine est intéressante avec l’huile d’arachide et l’huile d’olive, le
genêt ou le safran avec l’huile de maïs, l’achillée ou le laurier citron avec
l’huile de pépin de raisin, l’huile de noix avec les eurs d’origan ou de
serpolet. Nous avons vu ci-avant que des rameaux euris de plantes
aromatiques (thym, romarin, basilic) sont souvent plus parfumés que
les feuilles que l’on a ajoutées ensuite pour la note herbeuse qu’elles
apportent.
Les huiles aux eurs parfumeront salades, légumes, pizzas, marinades
et, bien sûr, vinaigrettes ou mayonnaises.
Selon la plante choisie, il conviendra d’ajouter des feuilles aux eurs.
Un conseil : une fois la bouteille entamée, jeter les herbes qui ne sont
pas immergées.
Ajouter les eurs dans l’huile et verser dans les bocaux ou bouteilles
réservés à cet e et.
Fermer le récipient et réserver deux à trois semaines avant de
consommer a n que l’huile ait eu le temps de s’aromatiser.
Cette huile a un goût poivré idéal pour relever une salade ou une
pizza.
Souvenir d’enfance, un pain, légèrement grillé, frotté à l’ail et arrosé
d’un let d’huile d’olive remplacé par de l’huile d’olive parfumée aux
eurs de capucine.
Vinaigres
Les vinaigres « euris » ne datent pas d’aujourd’hui. Dans l’Histoire de
la vie privée des Français de Jean-Baptiste Legrand d’Aussy, publiée en
1782, l’auteur écrit que l’on savait l’art d’aromatiser les vinaigres avec des
infusions de eurs depuis plusieurs siècles. Le vinaigre rosat était de
ceux-là. Dès 1600, Olivier de Serres décrit le vinaigre de sureau, celui
appelé vinaigre de santé, fait avec des eurs de roses sauvages, de
chicorée et de buglosse, et le giro ent à base de eurs de giro ée et
d’œillet, tous à base de vins rouges. Leur succès fut cependant mitigé. Il
fallut l’activité d’un marchand vinaigrier parisien, Pierre Savalette, pour
faire connaître et apprécier les vinaigres à base de sureau (surard), de
rose (rosat), d’œillet et d’estragon. En 1742, le vinaigre blanc t son
apparition. On doit à Antoine Maille l’explosion des vinaigres de
toilette et de cuisine et l’invention, par son père, du vinaigre « des
quatre voleurs » qui, outre diverses herbes aromatiques et épices,
contient des eurs de lavande. Selon Serres, on employait le vinaigre
pour la conservation de fruits, de légumes mais aussi de eurs.
Les vinaigres aromatisés aux eurs existent dans le commerce, vendus
à un prix nettement supérieur au vinaigre classique, d’où l’intérêt de le
faire maison. Comme pour l’huile, il vaut mieux prévoir de petites
bouteilles. Si vous faites vous-même votre vinaigre maison, ne pas
introduire les eurs dans le vinaigrier mais dans des bocaux séparés.
Les vinaigres de cidre ou de xérès sont préférés mais le vinaigre de vin
blanc est aussi valable. Le conseil pour les récipients est le même que
pour les huiles, les eurs fraîches doivent être entièrement recouvertes
de liquide, les bouteilles devant être réservées à l’ombre trois à quatre
semaines. Ils se conservent un an. Certains préfèrent ltrer le vinaigre
après son temps de macération, avant que les ingrédients ne
transmettent leur amertume, mais il est possible de laisser les eurs
dans le acon (bien immergées), elles sont du plus joli e et.
Qu’il soit de lavande, d’œillet, de rose, de eurs de sureau, de sauge et
de bien d’autres eurs, la méthode de préparation est la même et des
plus simples. Il su t de faire macérer, deux à quatre semaines selon la
eur, à température ambiante, environ 50 g de eurs dans 1 l d’un bon
vinaigre. Certaines eurs, comme la capucine ou l’hibiscus, coloreront
votre vinaigre.
Vinaigre rosat
Le vinaigre rosat était à l’origine préparé à partir de vin rouge ou blanc
dans lequel on faisait macérer non seulement des eurs de rose ou
d’églantier mais aussi de mûre sauvage et des fruits d’épine-vinette bien
mûrs (propres à faire aigrir le vin), tous ces ingrédients ayant été séchés
à l’ombre, puis pilés et réduits en poudre très ne. Le mélange, réservé
quelques semaines, était ensuite ltré. Aujourd’hui, on se contente de
faire macérer des pétales de rose, dont on a retiré l’onglet blanc de la
base car donnant de l’amertume, dans un bon vinaigre de vin rouge ou
blanc. Le parfum de ce vinaigre dépend des roses choisies. Il est
intéressant pour accompagner salades vertes ou de crudités.
Vinaigre de primevère
10 eurs de primevère
1 l de vinaigre blanc
Vinaigre violat
Si l’utilisation des violettes en cuisine est ancienne, le terme de violat
s’appliquait tout d’abord au sirop et non au vinaigre. La recette est
similaire aux précédentes. Utiliser un vinaigre de cidre, moins agressif
que le vinaigre blanc. Prévoir trente violettes pour un litre de vinaigre.
Réserver huit à dix jours à température ambiante et tester. Si le vinaigre
est insu samment parfumé, ltrer et recommencer l’opération.
Boissons de eurs
Quelques généralités
Boissons de eurs est bien vague et se réfère en fait à di érentes
boissons avec ou sans alcool, aux modes préparatoires di érents :
infusion, décoction, macération et fermentation. Certaines ont déjà été
présentées dans le Grand traité des herbes aromatiques et le lecteur
pourra s’y référer. Quelques rappels cependant sur les modes de
préparation.
Infusion
L’infusion consiste à verser un liquide frémissant, généralement eau ou
lait, sur des eurs (ou des herbes), le plus souvent séchées, et à réserver
à découvert, pendant 5 min (comme un thé ou une tisane). Le liquide
doit être frémissant et non bouillant a n de ne pas disperser les
principes actifs des eurs. Ces tisanes, longtemps considérées comme «
boissons pour mamies », intéressent de nos jours les plus jeunes pour
leurs vertus digestives, calmantes ou simplement de bien-être, sans que
personne ne pense forcément à un principe médical… bien que... l’on
prenne souvent une tisane pour dormir, pour digérer, pour calmer le
stress. Attention au choix des eurs, certaines, comme le mélilot,
contiennent un certain degré de caféine.
Décoction
La décoction consiste à mettre les eurs dans un liquide (eau, lait, vin)
froid et à faire bouillir, à couvert, plus ou moins longtemps selon la
plante. La concentration de principes actifs est plus grande.
Macération
La macération, que l’on pourrait appeler marinade, consiste à mettre
les eurs dans un liquide (eau, lait, vin, alcool, vinaigre, huile)
accompagnées ou non de condiments et/ou d’épices. Les eurs
apportent leurs sucs odorants. Celles à fort parfum seront, bien
évidemment, préférées.
Fermentation
La fermentation a été abordée ci-dessus pour la conservation et la
transformation de eurs (ail et chou- eur). Nous nous y intéresserons
pour la formation de certaines boissons alcoolisées ou non.
Nous ne nous étendrons pas sur les tisanes connues de tous, rappelant
simplement que des fruits peuvent être pochés dans de simples
infusions de eurs aromatiques.
… ou avec bulles
Pétillants
Sirops, limonades de eurs et thés solaires ne sont pas pétillants mais
ils peuvent le devenir. Les bulles de la « vraie » limonade peuvent
e ectivement provenir de la fermentation des eurs (voir ci-avant).
Cependant, nous restons toujours dans le « sans alcool ».
Un grand classique en boisson est le « champagne » de eurs de
sureau, simple boisson pétillante, non alcoolisée, qui ne devrait pas
s’appeler champagne (à base de raisins), pas plus que cidre (à base de
pommes) comme le nomment certains.
Vins aromatisés
Ils sont plus connus aromatisés par des feuilles, des fruits ou des
graines qu’à base de eurs. Les Grecs et les Romains ajoutaient ainsi
épices ou aromates dans leurs amphores pour améliorer leurs vins,
probablement fort acides. Le Moyen Âge ne fut pas en reste dans ce
domaine et certaines recettes perdurent jusqu’à nous (résiné, sangria,
vermouth) de vins aromatisés par des épices, des racines ou des
écorces.
Pour obtenir des vins apéritifs à base de eurs, il su t de faire macérer
lesdites eurs, de préférence parfumées, dans un vin blanc (jasmin,
reine-des-prés), rouge (bruyère, pervenche, violette) ou rosé (roses,
cerisier) pendant plusieurs jours. On ltre et l’on ne sucre pas ou très
légèrement ensuite. Ces vins ne sont pas pétillants.
Vin de bruyère
1 l de vin rouge
30 g de eurs de bruyère séchées
15 g de baies de genièvre
sucre
Vin de pissenlit
400 g de eurs de pissenlit
1 l d’eau non chlorée
400 g de cassonade
1 cc de gingembre frais râpé
½ orange (zeste)
½ citron (jus et zeste)
1 pincée de levure
Dans une casserole, mettre les eurs dans l’eau non chlorée (ou
préalablement bouillie et refroidie). Réserver 12 h.
Ajouter le jus de citron, les zestes d’agrumes et le gingembre. Cuire à
petit feu 1 h.
Filtrer en récupérant le jus au maximum.
Ajouter le sucre et la levure préalablement délayée dans un peu de
vin ou d’eau. Réserver 48 h (attention au débordement lors de la
fermentation qui va avoir lieu).
Verser dans un ou plusieurs récipients en verre (à remplir aux trois
quarts), fermer et réserver deux mois environ jusqu’à la n de la
fermentation (plus aucune bulle ne remonte à la surface du vin).
Mettre en bouteille et laisser vieillir au moins trois mois.
Vin de marguerite
20 in orescences de marguerite sans pédoncule
1 l d’eau bouillante
300 g de sucre ou de miel
180 g de raisins secs blonds
1 morceau de racine de réglisse
1 citron
1 orange
1 paquet de levure
Vin de mai
Il est à base d’aspérule odorante, ou gaillet odorant, plante déjà
présentée dans le Grand traité des herbes aromatiques de l’auteur. Il
su t de faire macérer quinze jours, en mai, lors de la oraison, 50 g de
eurs d’aspérule dans un litre de vin blanc (parfois rouge selon la
recette) avec 50 g de sucre. Le mélange sera gazeux et faiblement
alcoolisé (degré d’alcool du vin). Sa recette daterait du e siècle, venant
de Belgique, d’Allemagne et de l’est de la France.
Vins apéritifs
D’une manière générale, les apéritifs sont plus alcoolisés que les vins,
même si ceux-ci peuvent être bus en apéritif.
Il est, en e et, possible d’ajouter une certaine quantité d’alcool (eau-de-
vie, cognac, armagnac, rhum, vodka) qui modi era le goût mais
augmentera aussi le degré d’alcool. Ainsi du vin d’aspérule, présenté ci-
avant, auquel on peut ajouter, eau-de-vie de cidre, grand-marnier,
cognac ou armagnac (recettes selon les régions).
Les coquelicots sont peu parfumés et l’ajout de cognac ou d’armagnac à
du vin de coquelicot à base de vin blanc est intéressant. Ce vin a pour
seul inconvénient de nécessiter environ cent cinquante eurs de
coquelicot (pour un litre), ce qui est parfois di cile à trouver non
traitées.
La camomille est plus connue, il est vrai, pour ses infusions calmantes.
Le vin de camomille, soyons honnête, également apprécié des « mamies
» et souvent présenté comme élixir de santé, peut sortir de son aspect
médical lorsque agrémenté de rhum ou d’eau-de-vie de fruits.
Vin de camomille
75 cl de vin blanc sec
30 in orescences de camomille
30 morceaux de sucre
1 citron bio
½ cs de chicorée liquide
3 cl de rhum
Vin de lilas
5 in orescences de lilas
75 cl de vin rosé
40 cl d’eau-de-vie
350 g de sucre
Liqueurs
Plus fortes en degré d’alcool, les liqueurs peuvent être, comme les vins,
parfumées avec des eurs. On les appelle liqueurs (ou parfois vins). Le
vin des recettes précédentes est remplacé tout ou partie par de l’alcool
de fruit à 40°. Le principe est le même.
Vin de chrysanthème
Célèbre en Chine, le vin de chrysanthème date de l’Antiquité. Il était
bu, et l’est toujours, le jour de la fête du Double neuf (neuvième jour du
neuvième mois lunaire). Il faut faire macérer des eurs de
chrysanthème, épanouies, avec leurs tiges, dans de l’alcool de riz ou de
maïs. Réservé jusqu’à l’année suivante, il devient une boisson fermentée
qu’il su t de ltrer et de consommer.
Vodka aux eurs de pêcher
1 bocal
vodka non aromatisée
30 eurs de pêcher bien ouvertes
sucre (facultatif)
Tisane zhourat
On la dit originaire de Syrie mais elle se retrouve aujourd’hui dans tout
le Moyen-Orient et notamment au Liban. Elle se compose d’un
mélange de eurs, de feuilles, de tiges, de graines, d’écorces de plantes
sauvages et cultivées. Il n’y a pas une mais des tisanes zhourat variant au
cours des temps ou des régions. Des chercheurs ont inventorié
soixante-dix sept ingrédients de base de plantes di érentes dont douze
lamiacées, sept apiacées, quatre malvacées, quatre poacées et quatre
rosacées. Parmi les eurs, ce qui nous intéresse ici, on retrouve
notamment des roses de Damas, des roses trémières, des eurs de
mauve et de matricaire, de sureau noir, de limonier, d’azérolier, de
sauge, d’arbre de Judée et de lavande. Les feuilles sont nombreuses,
verveine citronnelle, olivier de Bohème, laurier, camélia, menthe.
N’oublions pas les barbes de maïs et, bien sûr, un peu de zaatar, ce
délicieux mélange d’épices, appelé aussi origan libanais. Cette liste est
incomplète et, comme déjà précisé, dépend de la région et de la famille,
un peu comme le ras el-hanout au Maghreb.
Toutes ces plantes sont séchées.
Une tisane zhourat se vend aujourd’hui dans les herboristeries.
… et de quelques salades
Salade maraîchère
50 g de mâche
50 g de roquette
50 g de feuille-de-chêne rouge
50 g de chicorée frisée
1 oignon rouge
1 avocat
1 jus de citron
25 g de pignons de pin
5 soucis
5 pensées
5 capucines
5 pâquerettes
2 eurs de ciboulette
qqs eurs de basilic
qqs eurs de thym
vinaigrette à l’huile d’olive et au vinaigre éventuellement parfumé
Röstis et eurs
300 g de pommes de terre
100 g de betterave crue
4 œufs de caille
pâquerettes, pélargonium, œillets, primevères et violettes
pluches de cerfeuil
roquette
1 cs de persil ciselé
vinaigrette à l’huile d’olive et au citron
Vins apéritifs
Vin de camomille
Vin de lilas
Vin apéritif au magnolia
Liqueurs
Liqueur de eurs de bourrache
Vin de chrysanthème
Vodka aux eurs de pêcher
Recettes multi- eurs
Liqueur d’arquebuse
Liqueur mille- eurs de printemps
San hua chai
Tisane zhourat
Salade maraîchère
Salade de semoule aux eurs
Röstis et eurs
Liste des noms vernaculaires
employés dans ce traité avec référence au nom latin de genre ou d’espèce
A
Acacia blanc. Robinia pseudoacacia
Acacia d’Allemagne. Prunus spinosa
Achira. Canna indica
Aiguille Notre-Dame. Geranium robertianum
Alcée à feuilles de guier. Alcea cifolia
Alcée rose. Alcea rosea
Alcée rugeuse. Alcea rugosa
Alfalfa. Medicago sativa
Alysson maritime, odorante ou sucré. Lobularia maritima
Amande, douce, amère ou amandier. Prunus dulcis
Ambrette. Centaurea jacea
Anthémide tinctoriale. Anthemis tinctoria
Anthémis des champs. Anthemis arvensis
Anthémis maritime. Anthemis maritima
Anthémis noble. Chamæmelum nobile
Arbre à soie. Albizia julibrissin
Arbre aux fées. Sambucus nigra
Arbre de castor. Magnolia virginiana
Arbre de Josué. Yucca aloifolia var. draconis
Arbre de Judas. Sambucus nigra
Arbre de Judée, de Judas ou de l’amour. Cercis siliquastrum
Arbre des cabarets. Robinia pseudoacacia
Ardjouan. Cercis siliquastrum
Artichaut commun ou bleu. Cynara cardunculus var. scolymus
Artichaut du Canada ou de Jérusalem. Helianthus tuberosus
Artichaut sauvage. Carlina acaulis, Silybum marianum
Asperge du Cap. Aponogeton distachyos
Asperge du pauvre. Brassica oleracea var. acephala
Aspic, spic. Lavandula latifolia
Aster de Chine. Callistephus
Aubépine du Cap ou d’eau. Aponogeton distachyos
Aubépine du midi. Cratægus azarolus
Aubépine épineuse, à deux styles ou lisse. Cratægus lævigata
Aubépine, à un style ou monogyne. Cratægus monogyna
Aubespin. Cratægus lævigata
Aubifoin, aulbifoin. Centaurea cyanus
Auricule. Primula auricula
Azarolier ou azérolier. Cratægus azarolus
B
Baie de mai ou camérisier bleu. Lonicera caerulea var. kamtschatica
Balisier, rouge ou des Indes. Canna indica
Bananier du paradis, des sages ou plantain. Musa acuminata
Barbe de Jupiter. Centranthus ruber
Barbeau de montagne. Centaurea montana
Barbeau. Centaurea cyanus
Baromètre du berger. Carlina acaulis
Bâton de Jacob. Alcea rosea, Campanula persicifolia
Bâton de Saint-Jacques. Campanula rapunculus
Baume d’abeille. Monarda didyma
Baumier. Trigonella caerulea
Bec-de-cigogne ou de grue. Pelargonium
Bec-de-héron. Erodium
Behen rouge. Centranthus ruber
Berceau de l’amour. Helianthus annuus
Bergamote citron. Monarda citriodora
Bergamote rouge. Monarda didyma
Bergamote sauvage. Monarda stulosa
Berle. Berula erecta
Beurrat. Malva sylvestris
Bignone à grandes eurs. Campsis grandi ora
Bignone ou bignone rouge. Campsis radicans
Bissap. Hibiscus sabdari a
Blavelle. Centaurea cyanus
Blessure-du-Christ. Tropæolum majus
Bleuet des montagnes ou vivace. Centaurea montana
Bleuet, bluet ou des champs. Centaurea cyanus
Bois de mai. Cratægus lævigata
Bois-puant. Prunus padus
Bonnet turc. Cucurbita maxima
Bouillon blanc. Verbascum thapsus
Bouquet-du-loup. Cardamine pratensis
Bouquet-parfait. Dianthus barbatus
Bouquetier. Citrus aurantium
Bourdon de Saint-Jacques. Alcea rosea
Bourrache d’Orient. Trachystemon orientalis
Bourrache de Corse, naine, des herboristes. Borago pygmæa
Bourrache des vignes. Echium vulgare
Bourrache du Caucase, orientale, d’Orient ou de Constantinople.
Trachystemon orientalis
Bourrache, o cinale ou commune, bourroche. Borago o cinalis
Bourreau-des-arbres. Wisteria frutescens
Bouton du mal de dents ou de Sechuan. Acmella oleracea
Brairette. Primula veris
Brande. Erica vagans, Erica scoparia, Calluna vulgaris
Brède de Malabar. Amaranthus tricolor
Breuvée. Calluna vulgaris
Broccoletto. Brassica rapa var. ruvo
Brocoli à jets, calabrais ou brocoli-asperge. Brassica oleracea var. cymosa
Brocoli chinois. Brassica oleracea var. alboglabra
Brocoli romanesco ou à pomme. Brassica oleracea var. botrytis
Brocoli-rave. Brassica rapa var. ruvo
Brosse. Calluna vulgaris
Bruyère à balais ou mâle. Erica scoparia
Bruyère à nombreuses eurs, bruyère multi ore. Erica multi ora
Bruyère arborescente, blanche ou en arbre. Erica arborea
Bruyère cendrée. Erica cinerea
Bruyère commune. Calluna vulgaris
Bruyère de Cornouailles, vagabonde ou voyageuse. Erica vagans
Bruyère des Alpes, des neiges, incarnate ou carnée. Erica carnea
Bruyère irlandaise, de Saint-Daboec ou des monts cantabriques. Daboecia
cantabrica
Bucane. Calluna vulgaris
Buglosse azurée, vraie ou d’Italie. Anchusa azurea
Buglosse, vraie, d’Allemagne ou commune. Anchusa o cinalis
Buglosse, des jardins ou à larges feuilles. Borago o cinalis
Buisson noir. Prunus spinosa
Burracine. Borago pygmæa
Butter y pea. Clitoria ternatea
C
Calebasse. Lagenaria siceraria
Caméléon blanc. Carlina acaulis
Camélia d’automne ou parfumé. Camellia sasanqua
Camélia du Yunnan. Camellia reticulata
Camélia, camellier du Japon. Camellia japonica
Camomille allemande, vraie, sauvage, petite camomille ou à odeur douce.
Matricaria chamomilla
Camomille des champs. Anthemis arvensis
Camomille maritime. Anthemis maritima
Camomille romaine, noble, domestique, d’Anjou ou odorante.
Chamæmelum nobile
Camomille sauvage. Anthemis arvensis
Campanule à feuilles d’ortie. Campanula trachelium
Campanule à feuilles de pêcher ou de Perse. Campanula persicifolia
Campanule à grande eur. Platycodon grandi orus
Campanule agglomérée. Campanula glomerata
Campanule barbue. Campanula barbata
Campanule gantelée. Campanula trachelium
Campanule raiponce. Campanula rapunculus
Camus breton. Cynara cardunculus var. scolymus
Canna comestible ou des Indes. Canna edulis
Canne de jonc. Typha latifolia
Capucine grimpante. Tropæolum majus
Capucine naine. Tropæolum minus
Capucine tubéreuse. Tropæolum tuberosum
Carcadet. Hibiscus sabdari a
Cardabelle. Carlina acaulis
Cardamine amère. Cardamine amara
Cardamine des prés. Cardamine pratensis
Cardonnette. Carlina acaulis
Carline à feuilles d’acanthe. Carlina acanthifolia
Carline, carline acaule. Carlina acaulis
Carouge américain. Prosopis
Carouge du Canada. Robinia pseudoacacia
Casse-lunette. Centaurea cyanus, Trigonella o cinalis
Cassolette. Hesperis matronalis
Cédratier. Citrus medica
Cenellier. Cratægus lævigata
Centaurée jacée. Centaurea jacea
Centranthe rouge. Centranthus ruber
Cerisier à grappes. Prunus padus
Cerisier acide, commun, vulgaire ou ordinaire. Prunus cerasus
Cerisier chinois ou étranger. Prunus pseudocerasus
Cerisier des oiseaux, des bois, sauvage ou doux. Prunus avium
Cerisier du Japon, des collines ou oriental. Prunus serrulata
Chadec. Citrus maxima
Chamérion. Chamerion angustifolium
Chandelle. Taraxacum o cinale
Chapeau-de-Turc. Lilium martagon
Chardon à glu. Carlina gummifera
Chardon argenté ou doré. Carlina acaulis
Chardon argenté, de Notre-Dame ou marbré. Silybum marianum
Chardon des prés. Centaurea jacea
Chardon Marie. Silybum marianum
Chardonnette. Carlina acanthifolia, Carlina acaulis
Chardousse. Carlina acanthifolia
Chaudière-d’enfer. Papaver rhœas
Chevelure-du-diable. Monarda didyma
Cheveux-d’évêque. Campanula rapunculus
Chèvrefeuille d’Étrurie. Lonicera etrusca
Chèvrefeuille de Tatarie. Lonicera tatarica
Chèvrefeuille de Virginie. Lonicera sempervirens
Chèvrefeuille des bois. Lonicera periclymenum
Chèvrefeuille des jardins ou italien. Lonicera caprifolium
Chèvrefeuille du Japon. Lonicera japonica
Chicon. Cichorium endiva
Chicorée, amère ou sauvage. Cichorium intybus
Choipine. Taraxacum o cinale
Chou asiatique (bok choy, Pe-tsaï). Brassica rapa
Chou bourroche. Borago o cinalis
Chou chinois. Brassica oleracea var. alboglabra
Chou ory, de Chypre, de Syrie, de Candie ou de Malte. Brassica oleracea
var. botrytis
Chou marin, maritime ou de mer. Crambe maritima
Chou romanesco. Brassica oleracea var. botrytis
Chou vert ou branchu du Poitou. Brassica oleracea var. acephala
Chou- eur romanesco ou à tourelles. Brassica oleracea var. botrytis
Chourbe. Crambe maritima
Chrysanthème blanc. Leucanthemum vulgare
Chrysanthème couronné, à couronne, des jardins ou comestible. Glebionis
coronaria
Chrysanthème d’automne ou des euristes. Chrysanthemum hortotum
Chrysanthème des Indes. Chrysanthemum indicum
Chrysanthème des moissons ou des blés. Glebionis segetum
Chrysanthème matricaire. Tanacetum parthenium
Cima di rapa. Brassica rapa var. ruvo
Cirse de Montpellier. Cirsium monspessulanum
Cirse des marais. Cirsium palustre
Cirse faux épinard ou des maraîchers. Cirsium oleraceum
Cirse laineux. Cirsium eriophorum
Citron vert. Citrus aurantifolia
Citronnelle. Philadelphus coronarius
Citronnier. Citrus limon
Citrouille. Cucurbita pepo
Claquet. Silene vulgaris
Clef-de-Saint-Pierre. Primula veris
Clémentine, clémentinier. Citrus clementinia
Clitonie de Ternate. Clitoria ternatea
Cochet. Taraxacum o cinale
Coloquinte. Citrullus lanatus, Citrullus colocynthis
Colza. Brassica napus
Compagnon blanc. Silene latifolia
Compagnon rouge. Silene dioica
Con ore. Canna indica
Coquelicot argémone. Papaver argemone
Coquelicot bleu. Meconopsis
Coquelicot douteux. Papaver dubium
Coquelicot hybride. Papaver hybridum
Coquelicot, coquelourde. Papaver rhœas
Coqueluchon. Primula veris
Corbeille d’argent. Arabis alpina spp. caucasina, Iberis, Tlaspis, Lobularia
Cosmée sulfureuse. Cosmos sulphureus
Cosmos bipinné, annuel ou des jardins. Cosmos bipinnatus
Cosmos chocolat. Cosmos atrosanguineus
Cosmos sauvage. Cosmos caudatus
Cosmos sulfureux, jaune soufre, mexicain ou de Klondike. Cosmos
sulphureus
Coucou. Primula veris, Primula elatior
Cougourdette. Cucurbita pepo
Coupe de Jupiter. Helianthus annuus
Courge à moelle, à huile styrienne, amande, d’été, d’hiver, d’Italie, spaghetti
ou trompette. Cucurbita pepo
Courge banane. Cucurbita maxima
Courge de Siam, à feuilles de guier ou à graines noires. Cucurbita cifolia
Courge musquée, butternut, musquée de Provence ou pleine de Naples.
Cucurbita moschata
Couronne du soleil. Helianthus annuus
Couronne royale. Trigonella o cinalis
Cramaillot. Taraxacum o cinale
Crambe de Tatarie. Crambe tatarica
Crambé. Crambe maritima
Créquier. Prunus spinosa
Cresson alénois. Lepidium sativum
Cresson de Madagascar, de Pará. Acmella oleracea
Cresson des murailles ou des vignes. Cardamine hirsuta
Cresson des prés, sauvage ou élégant. Cardamine pratensis
Cresson du Pérou, du Mexique, d’Inde ou des jésuites. Tropæolum majus
Cresson o cinal, des fontaines ou aquatique. Nasturtium o cinale
Cressonnette. Cardamine hirsuta, Cardamine pratensis
D
Daboécie. Daboecia cantabrica
Dandelion, dent-de-lion. Taraxacum o cinale
Djantong. Musa acuminata
Doucette des lavandes. Taraxacum obovatum
E
Écume-des-prés. Cardamine pratensis
Églantier à feuilles odorantes, rouge ou rouillé. Rosa rubiginosa
Églantine, églantier. Rosa canina
Encens-de-terre. Valeriana phu
Épi-d’eau. Aponogeton distachyos
Épilobe à petites eurs ou mollet. Epilobium parvi orum
Épilobe en épi ou à feuilles étroites. Chamerion angustifolium
Épine blanche. Silybum marianum, Cratægus monogyna
Épine d’Espagne. Cratægus azarolus
Épine de mai. Cratægus lævigata
Épine noire. Prunus spinosa
Épine-vinette de Californie. Berberis aquifolium
Épine-vinette. Berberis vulgaris
Épinette. Prunus spinosa
Érythrée. Centaurium erythræa
Estragon du Mexique. Tagetes lucida
F
Fausse bourrache. Anchusa o cinalis
Fausse bruyère. Calluna vulgaris
Fausse buglosse. Borago o cinalis
Fausse camomille. Anthemis arvensis
Fausse chélidoine. Cardamine chelidonia
Fausse guimauve. Malva sylvestris
Fausse pâquerette. Bellium bellidioides
Faux acacia. Robinia pseudoacacia
Faux baume du Pérou. Trigonella caerulea
Faux cresson. Cardamine pratensis
Faux jasmin. Trachelospermum jasminoides
Faux œillet. Tagetes patula
Faux réséda. Reseda lutea
Faux safran. Calendula o cinalis
Faux scorpion. Myosotis scorpioides
Fel ou full. Jasminum sambac
Figuier du paradis, d’Adam ou des Indes. Musa acuminata
Fleur-à-chaussure. Hibiscus rosa-sinensis
Fleur d’amour ou de sang. Tropæolum majus
Fleur d’argent et d’or. Lonicera japonica
Fleur de galant. Centaurea jacea
Fleur de Jamaïque. Hibiscus sabdari a
Fleur de la Réunion. Cosmos caudatus
Fleur de la Trinité. Viola tricolor
Fleur de nuit. Œnothera biennis
Fleur de Pâques ou de pâturage. Bellis perennis
Fleur de soleil. Helianthus annuus
Fleur de Tahiti ou de Tiare. Gardenia taitensis
Fleur de tous les mois. Calendula o cinalis, Calendula arvensis
Florion d’or. Taraxacum o cinale
Foin blanc. Centaurea cyanus
Forsythia pleureur. Forsythia suspensa
Forsythia très vert. Forsythia viridissima
Fouassier. Malva sylvestris
Fourchette-du-diable. Geranium robertianum
Fourdinier. Prunus spinosa
Friarielli. Brassica rapa var. ruvo
Fromageon ou fromagère. Malva sylvestris
Fruit de la passion. Passi ora edulis
Fuchsia à trois feuilles. Fuchsia triphylla
Fuchsia de Magellan. Fuchsia magellanica
Fuchsia du Cap. Phygelius
Fuchsia écarlate. Fuchsia coccinea
Fuchsia paniculé ou à eurs de lilas. Fuchsia paniculata
Fuchsia royal. Fuchsia regia
G
Gai-lan. Brassica oleracea var. alboglabra
Gainier ou gainier commun. Cercis siliquastrum
Gant Notre-Dame. Campanula trachelium
Gapeau. Cynara cardunculus var. scolymus
Gardène. Gardenia jasminoides
Gardénie à grandes eurs ou majestueuse. Gardenia jasminoides
Gaude. Reseda luteola
Géranium à Robert ou robertin. Geranium robertianum
Géranium beefsteak. Begonia
Géranium des prés. Geranium pratense
Géranium mou ou à feuilles molles. Geranium molle
Géranium odorant. Pelargonium
Gesse commune ou domestique. Lathyrus sativus
Gesse odorante. Lathyrus odoratus
Gesse tubéreuse. Lathyrus tuberosus
Gessette. Lathyrus cicera
Girasol. Helianthus annuus
Giraumon. Cucurbita maxima
Giro ée musquée. Hesperis matronalis
Glycine d’Amérique. Wisteria frutescens
Glycine de Chine ou bleue. Wisteria sinensis
Glycine du Japon ou oribonde. Wisteria oribunda
Gombo. Abelmoschus esculentus
Gourde ou cougourde. Lagenaria siceraria
Graines à perroquet. Helianthus annuus
Grand réséda. Reseda luteola
Grand soleil. Helianthus annuus
Grand souci. Calendula o cinalis
Grand sureau. Sambucus nigra
Grand trè e de Hollande. Trifolium pratense
Grande camomille. Tanacetum parthenium
Grande capucine. Tropæolum majus
Grande centaurée. Centaurea scabiosa
Grande lavande, à feuilles larges ou mâle. Lavandula latifolia
Grande massette. Typha latifolia
Grande mauve. Malva sylvestris
Grande pâquerette. Leucanthemum vulgare
Grande valériane. Valeriana phu
Grapefruit. Citrus paradisi
Gravesolle. Papaver rhœas
Grelo. Brassica rapa var. ruvo
Gremillet. Myosotis scorpioides
Grenadille pourpre. Passi ora edulis
Griottier. Prunus cerasus
Groin-d’âne. Taraxacum o cinale
Gros citron. Citrus maxima
Gros vert de Laon. Cynara cardunculus var. scolymus
Groseille-pays (Antilles). Hibiscus sabdari a
Guérit-tout. Valeriana o cinalis
Gueule-de-lion ou gueule-de-loup. Antirrhinum majus
Guimauve rose. Alcea rosea
Guimauve royale. Hibiscus syriacus
Guimauve verte. Malva sylvestris
Guimauve, o cinale ou sauvage. Althæa o cinalis
H
Hélianthe à grandes eurs ou annuel. Helianthus annuus
Hémérocalle à eur d’asphodèle. Hemerocallis lilioasphodelus
Hémérocalle citrine. Hemerocallis citrina
Hémérocalle de Middendor . Hemerocallis middendor i
Hémérocalle fauve. Hemerocallis fulva
Hémérocalle jaune. Hemerocallis lilioasphodelus
Herbe à Chiron. Centaurium erythræa
Herbe à èvre. Centaurium erythræa
Herbe à la suée. Borago o cinalis
Herbe à Robert. Geranium robertianum
Herbe au bedeau. Typha latifolia
Herbe au bitume. Bituminaria
Herbe aux ânes. Œnothera biennis
Herbe chaude. Acmella oleracea
Herbe d’amour. Centaurea jacea, Reseda odorata
Herbe de Saint-Paul, de Saint-Pierre ou à la paralysie. Primula veris
Herbe des juifs. Reseda luteola
Herbe jaune. Reseda luteola
Herbe rouge. Geranium robertianum
Herbe solaire. Helianthus annuus
Herbe aux chats ou à la meurtrie. Valeriana o cinalis
Hibiscus commun des jardins. Hibiscus syriacus
Hibiscus rose de Chine. Hibiscus rosa-sinensis
Honoki. Magnolia hypoleuca
Horloge du berger. Taraxacum o cinale
Hosta à feuilles de plantain. Hosta plantaginea
Hosta de Siebold. Hosta sieboldiana
I, J
Ivrogne. Silene dioica
Jacinthe à grappes. Muscari
Jacinthe d’eau. Eichhornia
Jacinthe d’Espagne. Hyacinthoides
Jacinthe des jardiniers, d’Orient ou orientale. Hyacinthus orientalis
Jacinthe des Pyrénées. Tractema
Jacinthe romaine. Bellevalia
Jacinthe sauvage ou des bois. Hyacinthoides
Jalousie. Dianthus barbatus
Jambon des jardiniers. Œnothera biennis
Jambu. Acmella oleracea
Jarosse. Lathyrus cicera
Jasmin blanc d’hiver, à nombreuses eurs ou rosé. Jasminum polyanthum
Jasmin blanc ou o cinal. Jasminum o cinale
Jasmin d’Arabie. Jasminum sambac
Jasmin d’Espagne, de Catalogne, à grandes eurs ou des poètes. Jasminum
grandi orum
Jasmin d’été, ligneux, jaune ou à eurs jaunes. Jasminum fructicans
Jasmin d’hiver. Jasminum nudi orum
Jasmin de Caroline. Gelsemium sempervirens
Jasmin de Madagascar. Stephanotis oribunda
Jasmin de nuit. Cestrum nocturnum
Jasmin de Tonkin. Telosma cordata
Jasmin de Virginie ou indien. Campsis radicans
Jasmin des poètes, sylvestre. Philadelphus coronarius
Jasmin du Cap. Gardenia jasminoides
Jasmin étoilé ou des Indes. Trachelospermum jasminoides
Jasmin odorant ou jonquille. Jasminum odoratissimum
Jaunet. Glebionis segetum
Julienne des dames, des jardins ou commune. Hesperis matronalis
K
Ketmie. Hibiscus sabdari a
Ketmie des jardins. Hibiscus syriacus
Ketmie rose de Chine. Hibiscus rosa-sinensis
L
Laine de grenade. Passi ora incarnata
Lait de Notre-Dame. Silybum marianum
Laiteron. Cichorium intybus
Laitue bisannuelle. Lactuca biennis
Laitue de chien. Taraxacum o cinale
Langue-de-bœuf. Anchusa o cinalis, Borago o cinalis
Laurier de Saint-Antoine. Chamerion angustifolium
Laurier des marécages. Magnolia virginiana
Laurier-cerise. Prunus laurocerasus
Laurier-tulipier. Magnolia grandi ora
Lavande de mer. Limonium
Lavande dentée, anglaise, française, espagnole ou dentelée. Lavandula
dentata
Lavande laineuse, d’Andalousie. Lavandula lanata
Lavande stéchade, à toupet, papillon ou des Maures. Lavandula stoechas
Lavande verte ou jaune. Lavandula viridis
Lavande, o cinale, vraie, femelle, ne, de montagne, à feuilles étroites.
Lavandula angustifolia
Lavandin. Lavandula angustifolia x Lavandula latifolia
Lavatère à grandes eurs. Lavatera trimestris
Lavatère annuelle ou arborescente. Malva dendromorpha
Léontodon faux pissenlit ou des rochers. Scorzoneroides pyrenaica
Leucanthème commun. Leucanthemum vulgare
Liane de Ternate ou madame. Clitoria ternatea
Lilac de nuit. Philadelphus coronarius
Lilas commun ou français. Syringa vulgaris
Lilas d’Espagne. Centranthus ruber
Lilas de Giraldi ou de Mandchourie. Syringa oblata
Lilas de Perse. Melia azedarach
Lilas des Indes. Lagerstroemia indica
Lilas du Japon. Forsythia x intermedia
Lilas pubescent. Syringa pubescens
Lime, limettier. Citrus aurantifolia
Lin sauvage. Linaria vulgaris
Linaire commune ou sauvage. Linaria vulgaris
Linaire rampante ou striée. Linaria repens
Liondent helvétique. Scorzoneroides pyrenaica var. helvetica
Lis d’un jour nain. Hemerocallis minor
Lis d’un jour orange. Hemerocallis fulva
Lis d’un jour. Hemerocallis lilioasphodelus
Livèche. Ligusticum
Lobulaire odorant. Lobularia maritima
Lotier odorant. Trigonella o cinalis
Luzerne bâtarde. Trigonella o cinalis
Luzerne cultivée. Medicago sativa
Luzerne polymorphe ou hérissée. Medicago polymorpha
Lychnis à grosses graines. Silene latifolia
Lys bulbifère, rouge, orangé, safrané ou éclatant. Lilium bulbiferum
Lys candide, de la Madone, commun, blanc ou de Saint-Antoine. Lilium
candidum
Lys du Japon. Lilium speciosum
Lys martagon. Lilium martagon
Lys royal. Lilium regale
Lys tigré ou du diable. Lilium lancifolium
M
Mâche commune. Valerianella locusta
Mâche rouge. Œnothera biennis
Magnolia à eurs de lys. Magnolia denudata
Magnolia à grandes feuilles. Magnolia macrophylla
Magnolia à grandes eurs, d’été ou de Louisiane. Magnolia grandi ora
Magnolia anisé. Magnolia salicifolia
Magnolia de Virginie ou glauque. Magnolia virginiana
Magnolia étoilé. Magnolia stellata
Magnolia sucré. Magnolia virginiana
Magriette. Bellis perennis
Mahon. Papaver rhœas
Mahonia faux houx. Berberis aquifolium
Mangetout. Pisum sativum
Manzanita. Matricaria chamomilla
Maracuja. Passi ora edulis
Margousier. Azadirachta indica
Marguerite couronnée. Glebionis coronaria
Marguerite d’été. Leucanthemum x superbum
Marguerite de Palestine. Anthemis palestina
Marguerite des prés, de printemps ou blanche. Leucanthemum vulgare
Marguerite dorée. Chrysanthemum coronarium
Marguerite électrique. Acmella oleracea
Marguerite jaune ou dorée. Glebionis segetum
Mashua. Tropæolum tuberosum
Masse-d’eau. Typha latifolia
Massette à feuilles larges. Typha latifolia
Massette, à feuilles étroites, petite massette ou plante quenouille. Typha
angustifolia
Matricaire odorante, matricaire fausse camomille, en disque ou sans ligule.
Matricaria discoidea
Matricaire o cinale. Tanacetum parthenium
Matricaire ou matricaire tronquée. Matricaria chamomilla
Maurelle. Helianthus annuus
Mauve à feuilles rondes. Malva pusilla
Mauve annuelle ou en arbre. Lavatera trimestris
Mauve arborée. Alcea rosea
Mauve blanche. Althæa o cinalis
Mauve en arbre. Hibiscus syriacus, Malva dendromorpha
Mauve musquée. Malva moschata
Mauve sylvestre, des bois ou sauvage. Malva sylvestris
Mélilot blanc, de Sibérie. Trigonella alba
Mélilot bleu ou d’Allemagne. Trigonella caerulea
Mélilot élevé. Trigonella altissima
Mélilot o cinal, jaune ou commun. Trigonella o cinalis
Mélisse d’or. Monarda didyma
Melon de Malabar. Cucurbita cifolia
Menthe de cheval. Monarda citriodora, Monarda didyma
Mère-du-bois. Prunus spinosa
Merisier à grappes. Prunus padus
Merisier. Prunus avium
Meule. Malva sylvestris
Migniardise des prés. Dianthus superbus
Mignonette jaunâtre. Reseda luteola
Mignonette sauvage. Reseda lutea
Mignonette. Dianthus plumarius, Reseda odorata
Mimosa de Constantinople. Albizia julibrissin
Mimosa de Paris. Forsythia x intermedia
Mimosa des quatre saisons. Acacia retinodes
Mimosa rose. Albizia julibrissin
Mimosa, mimosa d’hiver, argenté, blanchâtre ou des euristes. Acacia
dealbata
Mirlirot. Trigonella o cinalis
Mirliton bâtard. Glebionis segetum
Miroir de Vénus. Campanula trachelium
Monarde citronnée. Monarda citriodora
Monarde stule ou sauvage. Monarda stulosa
Monarde ponctuée. Monarda punctata
Monarde pourpre, d’Amérique ou écarlate. Monarda didyma
Mu e-de-chien, de-bœuf ou de-veau. Antirrhinum majus
Mu ier à larges feuilles. Antirrhinum majus ssp. latifolium
Mu ier des jardins. Antirrhinum majus
Mu ier rampant. Linaria repens
Mu ier-linaire. Linaria vulgaris
Muscari d’Arménie. Muscari
Myosotis des champs. Myosotis arvensis
Myosotis des forêts ou des bois. Myosotis sylvatica
Myosotis des marais. Myosotis scorpioides
Myosotis nain chinois. Cynoglossum amabile
Myosotis nain. Eritrichium nanum
N
Nagaranga. Citrus aurantium
Nard celtique. Valeriana celtica
Nard des montagnes. Valeriana tuberosa
Navette. Brassica rapa spp. oleifera
Noble épine. Cratægus lævigata
O
Œil-de-bœuf. Leucanthemum vulgare
Œil-de-coton. Dianthus plumarius
Œil-du-soleil. Matricaria chamomilla
Œillet anisé. Tagetes lucida
Œillet d’Inde. Tagetes erecta
Œillet de Chine ou de la Régence. Dianthus chinensis
Œillet des chartreux. Dianthus carthusianorum
Œillet des euristes, commun, giro ée, de théâtre, grenadin ou marguerite.
Dianthus caryophyllus
Œillet des poètes, barbu ou œillet-bouquet. Dianthus barbatus
Œillet mignardise, lacinié, frangé, brodé ou à plumes. Dianthus plumarius
Œillet superbe, à plumet. Dianthus superbus
Œilletin, œillette. Dianthus plumarius
Onagraire. Œnothera biennis
Onagre bisannuelle. Œnothera biennis
Orange amère ou de Séville. Citrus aurantium
Oreille-d’éléphant. Begonia
Oreille-d’ours. Primula auricula
Origan du Mexique. Monarda stulosa
Oseille de Guinée. Hibiscus sabdari a
Oseille, de bijoutier, marron ou petite oseille. Begonia
Osier euri. Chamerion angustifolium
P
Palmier de Saint-Pierre. Yucca lifera
Pamplemousse vraie ou véritable. Citrus maxima
Pamplemousse. Citrus paradisi
Panacée de Chiron. Centaurium erythræa
Pâquerette à feuilles spatulées. Bellium bellidioides
Pâquerette annuelle. Bellis annua
Pâquerette des bois. Bellis sylvestris
Pâquerette des neiges. Bellium nivale
Pâquerette ou pâquerette vivace. Bellis perennis
Partenelle. Tanacetum parthenium
Pasquette. Bellis perennis
Passerage sauvage. Cardamine pratensis
Passerose. Alcea rosea
Passi ore bleue. Passi ora caerulea
Passi ore incarnée. Passi ora incarnata
Pastèque. Citrullus lanatus, Citrullus colocynthis
Pâtisson. Cucurbita pepo
Pavot argémone. Papaver argemone
Pavot blanc. Papaver somniferum
Pavot bleu du Tibet. Meconopsis
Pavot douteux. Papaver dubium
Pavot erratique, des moissons, rouge ou sauvage. Papaver rhœas
Pavot hispide ou hybride. Papaver hybridum
Pêcher ou pêcher commun. Prunus persica
Pélargonium. Pelargonium spp.
Pelossier. Prunus spinosa
Pensée à deux eurs. Viola bi ora
Pensée cornue ou à cornes. Viola cornuta
Pensée des jardins. Viola x wittrockiana
Pensée tricolore. Viola tricolor
Pentecôte. Lonicera caprifolium
Pétard. Silene vulgaris
Pétarel. Silene vulgaris
Petit artichaut. Cynara humilis
Petit cresson d’Inde. Tropæolum minus
Petit lis d’un jour. Hemerocallis minor
Petit œillet d’Inde. Tagetes patula, Zinnia peruviana
Petit réséda d’Égypte. Reseda odorata
Petit trè e de Hollande. Trifolium repens
Petit trè e jaune. Trigonella o cinalis
Petit-pois, pois cultivé. Pisum sativum
Petite bourrache. Borago pygmæa
Petite capucine. Tropæolum minus
Petite centaurée, commune ou rouge. Centaurium erythræa
Petite centaurée. Centaurea cyanus
Petite dentaire. Cardamine pratensis
Petite gentiane. Centaurium erythræa
Petite jacée. Viola tricolor
Petite marguerite. Bellis perennis
Petite mauve. Malva pusilla
Petite valériane. Valerianella locusta, Valeriana dioica
Phlox de Drummond, annuel ou étoilé. Phlox drummondii
Phlox mousse. Phlox subulata
Phlox paniculé, vivace ou des jardins. Phlox paniculata
Phu. Valeriana phu
Pied-de-chat. Antennaria dioida
Pieds-de-sauterelle. Campanula rapunculus
Piochon. Brassica oleracea var. acephala
Piquants bleus. Borago o cinalis
Pissenlit chinois. Taraxacum mongolicum
Pissenlit luisant ou à feuilles obovales. Taraxacum obovatum
Pissenlit o cinal ou commun. Taraxacum o cinale
Pivoine à feuilles de fougère ou goutte-de-sang. Paeonia tenuifolia
Pivoine arbustive jaune. Paeonia lutea
Pivoine arbustive ou en arbre. Paeonia su ruticosa
Pivoine de Chine. Paeonia lacti ora
Pivoine mâle ou coralline. Paeonia mascula
Pivoine o cinale. Paeonia o cinalis
Plante ballon. Platycodon grandi orus
Plante du cœur. Cratægus lævigata
Plante quenouille. Typha latifolia
Pois bleu. Clitoria ternatea
Pois breton. Lathyrus cicera
Pois cultivé. Pisum sativum
Pois de senteur. Lathyrus odoratus
Pois gourmand. Pisum sativum
Pois musqué ou sucré. Lathyrus odoratus
Pois savane. Clitoria ternatea
Pois tubéreux. Lathyrus tuberosus
Pomelo. Citrus paradisi
Pomme d’Adam. Citrus maxima
Pomme de Médie. Citrus medica
Pomme de Perse. Citrus medica, Prunus persica
Pomme du Canada. Helianthus tuberosus
Pomme du paradis. Musa acuminata
Pomme-liane. Passi ora edulis
Pomponette. Chrysanthemum hortotum
Ponceau. Papaver rhœas
Portogallo, portokali. Citrus sinensis
Potiron ou turban. Cucurbita maxima
Pousse de navet. Brassica rapa var. ruvo
Primerolle. Primula veris
Primerose. Alcea rosea
Primevère de Chine. Primula sinensis
Primevère dentelée ou de l’Himalaya. Primula denticulata
Primevère des jardins, acaule ou commune. Primula vulgaris
Primevère des marais, de Vial, orchidée ou pagode. Primula vialii
Primevère du soir. Œnothera biennis
Primevère élevée. Primula elatior
Primevère o cinale, de printemps, jaune, vraie ou printanière. Primula veris
Princesse des neiges. Lobularia maritima
Prunellier ou prunelier. Prunus spinosa
Prunier sauvage. Prunus spinosa
Prunier, commun ou domestique. Prunus domestica
Pyrèthre doré ou mousse. Tanacetum parthenium
Q
Quégourde de Turquie. Cucurbita pepo spp. texana
Queue-de-scorpion. Myosotis scorpioides
Quinquina d’Europe. Centaurium erythræa
R
Rabette. Campanula rapunculus
Raiponce cultivée. Campanula rapunculus
Rapini. Brassica rapa var. ruvo
Rave sauvage. Campanula rapunculus
Reine de mai. Leucanthemum vulgare
Reine-marguerite. Callistephus
Réséda blanc. Reseda alba
Réséda des teinturiers. Reseda luteola
Réséda jaune, sauvage ou bâtard. Reseda lutea
Réséda odorant. Reseda odorata
Réséda raiponce. Reseda phyteuma
Robinet rose ou rouge. Silene dioica
Robinia. Robinia pseudoacacia
Ronce d’Autriche. Rosa foetida
Rosa-sina. Tagetes erecta
Rose à bâton ou de mer. Alcea rosea
Rose d’Inde. Tagetes erecta
Rose de Chine. Rosa chinensis
Rose de Jéricho. Anastatica
Rose de Noël. Helleborus
Rose de porcelaine. Etlingera elatior
Rose des apothicaires. Rosa gallica o cinalis
Rose du Japon, d’Asie ou de Chine. Camellia japonica
Rose of Sharon. Hibiscus syriacus
Roseau de la Passion ou des étangs. Typha latifolia
Roselle. Hibiscus sabdari a
Rosier cent-feuilles. Rosa x centifolia
Rosier de Damas. Rosa x damescena
Rosier de France. Rosa gallica
Rosier des champs. Rosa arvensis
Rosier des chiens, des haies, sauvage ou des bois. Rosa canina
Rosier fétide. Rosa foetida
Rosier pimprenelle ou à feuilles de pimprenelle. Rosa pimpinellifolia
Rosier rugueux, du Japon ou d’embruns. Rosa rugosa
Rosier toujours vert. Rosa sempervirens
S
Safran du pauvre. Tagetes erecta
Salade-de-taupe. Taraxacum o cinale
Sambac. Jasminum sambac
Sambuce. Sambucus nigra
Scabieuse. Centaurea scabiosa
Scorpionne. Myosotis scorpioides
Sensitive. Mimosa pudica
Seringat inodore. Philadelphus inodorus
Silène acaule ou à courtes tiges. Silene acaulis
Silène attrape-mouches. Silene muscipula
Silène blanc, des prés ou à larges feuilles. Silene latifolia
Silène dioïque. Silene dioica
Silène en é ou commun. Silene vulgaris
Silybe de Marie. Silybum marianum
Soleil des jardins. Helianthus annuus
Soleil vivace. Helianthus tuberosus
Souci des blés. Glebionis segetum
Souci des champs, sauvage ou des vignes. Calendula arvensis
Souci du jardin ou o cinal. Calendula o cinalis
Spilanthe des jardins. Acmella oleracea
Sureau commun, aîné ou noir. Sambucus nigra
Sureau hièble, yèble ou nain. Sambucus ebulus
Sureau rouge, à grappes ou des montagnes. Sambucus racemosa
Suseau. Sambucus nigra
T
Tagète anisé. Tagetes lucida
Tagète citron, à feuilles tenues. Tagetes tenuifolia
Tagète des décombres ou minute. Tagetes minuta
Tagète élevé. Tagetes erecta
Tagète étalé. Tagetes patula
Tête-de-moineau ou de-moine. Taraxacum o cinale
Tête-de-moineau. Centaurea scabiosa
Têtue ou tête noire. Centaurea jacea
é d’Europe. Trigonella caerulea
é d’Oswego, rouge ou de Pennsylvanie. Monarda didyma
é rose d’Abyssinie. Hibiscus sabdari a
é russe. Epilobium angustifolium
éier à huile. Camellia oleifera
ériacoria. Valeriana phu
Toléman. Canna indica
Tomate de mer ou de plage. Rosa rugosa
Tonsure. Taraxacum o cinale
Topinambour. Helianthus tuberosus
Tordmidi. Cichorium intybus
Trè e aigre. Oxalis
Trè e blanc ou rampant. Trifolium repens
Trè e odorant, des abeilles ou de cheval. Trigonella o cinalis
Trè e rouge, des prés ou violet. Trifolium pratense
Trésor des prés. Centaurea jacea
Trigonelle bleue. Trigonella caerulea
Trompette de Virginie ou de Jéricho. Campsis radicans
Tru e du Canada. Helianthus tuberosus
Tsubaki. Camellia japonica
Tulipe australe, du midi ou méridionale. Tulipa australis
Tulipe des jardins, des euristes ou de Gesner. Tulipa gesneriana
Tulipe sauvage ou des bois. Tulipa sylvestris
Tussilage. Tussilago farfara
U
Ulluques. Ullucus tuberosus
V
Valériane des Indes. Nardostachys jatamansi
Valériane dioïque ou des marais. Valeriana dioica
Valériane du cœur. Cratægus lævigata
Valériane franche, sauvage ou des jardins. Valeriana phu
Valériane grecque. Polemonium
Valériane o cinale ou des bois. Valeriana o cinalis
Valériane rouge ou espagnole. Centranthus ruber
Valérianelle. Valerianella locusta
Valium végétal. Valeriana o cinalis
Vanille d’eau. Aponogeton distachyos
Vanille du pauvre. Sambucus nigra
Vigne bleue. Wisteria sinensis
Vigne d’Oregon. Berberis aquifolium
Violet de Provence. Cynara cardunculus var. scolymus
Violette à deux eurs. Viola bi ora
Violette cornue. Viola cornuta
Violette des dames, des matrones ou de Damas. Hesperis matronalis
Violette odorante. Viola odorata
Violette tricolore. Viola tricolor
Vipérine. Echium vulgare
Y
Yauhtli. Tagetes lucida
Yeux-de-chats. Cichorium intybus
Yucca à feuilles d’aloès. Yucca aloifolia
Yucca lamenteux. Yucca lamentosa
Yucca lifère ou australis. Yucca lifera
Yucca géant ou pied-d’éléphant. Yucca guatemalensis
Yucca superbe ou des jardins. Yucca gloriosa
Yulan. Magnolia denudata
Z
Zamboa. Citrus maxima
Zinnia à feuilles étroites ou mexicain. Zinnia angustifolia
Zinnia élégant, commun, à crête ou d’Italie. Zinnia violacea
Zinnia péruvien. Zinnia peruviana
Zinnie. Zinnia violacea
Index des auteurs
A
Abbeuille Claude (?-1632) p.71
Abd al-Latif al-Baghdadi (1162-1231) p.28
Acosta José de (1539-1600) p.300
Adanson Michel (1727-1806) p.48, p.209
Ahmed III (1703-1780) p.400
Al-Baytar Ibn (1197-1248) p.116
Albert le Grand (1200-1280) p.62, p.279, p.381, p.402
Al-Bīrūnī (973-v.1050) p.249
Albizzi Filippo degli ( e siècle) p.284