EXERCICES PRATIQUES
Évaluation et renforcement musculaire
des abdominaux dans le cadre
des lombalgies communes (1ère partie)
Diane LÉCOLIER
Kinésithérapeute
Master IRHPM
Amiens (80)
Introduction 
La lombalgie est un problème de société
et un motif fréquent de consultation. Elle
se caractérise à la fois par un décondi-
tionnement physique et psychologique.
Le kinésithérapeute joue un rôle majeur
dans l’évaluation précise des déficiences.
Celui-ci doit également prendre en
compte le retentissement de la douleur
lombaire en terme d’incapacité fonction-
nelle [1].
Les muscles du tronc ont un rôle, entre
autres, dans le maintien de la posture
(antigravifique) et lors des activités de la
vie quotidienne (transmission de force
entre les ceintures). La douleur ou encore
l’inactivité altèrent les muscles qui donc
se fatiguent dans des situations cou-
rantes. Une perte d’endurance de ces
muscles est un facteur prédictif de dou-
leurs lombaires.
Nous nous intéresserons plus particuliè-
rement aux abdominaux. Les abdomi-
naux interviennent de manière volontaire
ou reflexe chez l’homme (mouvement du
tronc, fonction respiratoire, dans l’équi-
libre de la posture, les efforts de poussée
ou encore dans le maintien des viscères)
[2, 3].
Il existe différentes méthodes d’évalua-
tion clinique des abdominaux :
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– test de la toux ;
– t ests statiques (Ito Shirado/Mc Quade) ;
– tests dynamiques (test de redressement
ou Canadian standardized test of fitness) ;
– t est de rigidification du tronc.
Les tests 
 e test de la toux [4] 
nL
Le but de ce test est d’évaluer la tonicité
de la sangle abdominale. Le sujet est en
décubitus dorsal, bras le long du corps
avec hanches et genoux fléchis.
On demande au sujet une toux volon-
taire, on observe la zone sous-ombili-
cale et hypogastrique (fig. 1). La main du
kinésithérapeute contrôle que l’action de
toux engendre un « rentrer » de ventre.
Cela confirme un bon comportement
abdominal.
© D. Lecolier
XXFigure 1
Test de la toux
Si, au contraire, la zone se déplace vers le
haut et que le volume de l’abdomen aug-
mente, il y a un relâchement de la sangle
abdominale. Le comportement de celle-
ci est mauvais et néfaste.
nL
 es tests d'endurance
ou statiques 
D’après Moffroid [5], l’endurance des
muscles dépend de plusieurs variables :
du système cardio-vasculaire, de la qua-
lité de la force musculaire produite, de la
motivation du sujet, de l’image de soi et
la perception de l’activité qui est deman-
dée au sujet.
n  e test de Shirado ou Shirado-Ito
L
[5, 6]
• Position du sujet : en décubitus dorsal,
hanche et genoux fléchis à 90° reposant
sur une chaise ou un tabouret (fig. 2).
Shirado a démontré qu’il fallait diminuer
la lordose lombaire afin de stimuler au
maximum les abdominaux. Les bras
sont croisés sur la poitrine et les mains
reposent sur les épaules.
• Évaluation : le sujet doit décoller les
scapulas et maintenir le plus longtemps
la position. La nuque est en position
de flexion. Le kinésithérapeute ne doit
pas encourager le sujet ni lui indiquer le
temps durant le test.
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 Évaluation et renforcement musculaire des abdominaux
dans le cadre des lombalgies communes (1ère partie)

X Tableau I
Moyennes du test en secondes retrouvées dans la littérature [1, 5]

Auteurs Sujets sains Sujets lombalgiques

Femmes : 85 ± 44 Femmes : 57 ± 33
© D. Lecolier Ito Shirado (1996)
Hommes : 183 ± 69 Hommes : 108 ± 50

Chan (2005) 177 ± 89

X Figure 2 Fransoo (2006) 37 ± 11

Test de Shirado
Moreland (1997) 63 ± 41

Femmes : 144 ± 74
Shirer (2003)
• Normes (tab. I) : c’est le test le plus fré- Hommes : 177 ± 77
quemment utilisé dans l’évaluation du Verfaille (2005) 54
lombalgique. La reproductibilité du test
Yahia (2011) 116 ± 74
est bonne (CCI = 0,095) ainsi que la fiabi-
lité interexaminateurs (CCI = 0,88).

De plus, si le test de Shirado est effectué

après le test de Sorensen, les valeurs sont
© D. Lecolier
significativement plus élevées.

n Le test de Mac Quade [6, 7]

• Position du sujet : en décubitus dorsal

© D. Lecolier

sur une table, genoux à 90°, pieds non

fixés reposant sur la table, mains pla-
cées aux oreilles avec les coudes fléchis X Figure 3 X Figure 4
et dirigés vers l’avant. Le sujet redresse
Évaluation dynamique des abdominaux Mise en place des repères visuels
le tronc jusqu’à une marque préalable- au niveau du majeur, puis à 8 et à 12 cm
ment faite au niveau de l’angle inférieur de celui-ci

de la scapula.

• Évaluation : une fois la position
acquise, le sujet doit la maintenir le plus
longtemps possible. Le test s’arrête dès
que le sujet ne parvient plus à mainte-
nir la position initiale. Ce test se réalise
à 2 reprises, espacées de 15 minutes,
et seule la meilleure performance est
retenue.
miser la participation des fléchisseurs
de hanche. Les pieds restent libres afin
de ne pas augmenter la sollicitation des
muscles droits antérieurs et psoas.
De plus, le redressement partiel minore la
compression discale [5, 6].
liser des redressements partiels en faisant
glisser sa main le long d’un mètre-ruban
à mesurer. On indique au sujet un repère
visuel de couleur qu’il doit atteindre (fig.
3 et 4).
Pour les sujets de moins de 40 ans, le
repère est situé à 12 cm du majeur.

Nous n’avons pas les normes concernant Pour les sujets de plus de 40 ans, le repère
ce test. n Le test dynamique est situé à 8 cm du majeur.

En synthèse, nous pouvons dire qu’il

d'évaluation des
existe de nombreuses divergences sur les abdominaux, également
modalités d’évaluation des abdominaux appelé test de
(position du sujet, fixation ou non des redressement ou
pieds et l’importance du redressement). Canadian standardized
D’après la littérature le redressement
test of fitness [8]
partiel (Curl up) est préféré au redresse- Le sujet est installé en décubitus dorsal,
ment total (Sit up). Il s’agit en fait de mini- genoux fléchis à 90° de flexion. Il doit réa-
Le sujet doit tenir le plus longtemps
possible à un rythme de 25 redresse-
ments par minute, on peut s’aider d’un
métronome.
On enregistre le nombre de redresse-
ments réalisés.
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© D. Lecolier
X Figure 5
Mesure de l'index lombaire
n Le test de rigidification
du tronc
Viel [8] s’est intéressé au comportement
des abdominaux dans leur rôle de rigidi-
fication du tronc lors des mouvements
effectués par les membres inférieurs.
Le sujet est en décubitus dorsal, bras
croisés sur le tronc. L’évaluateur élève
les deux membres inférieurs tendus du
patient le plus haut possible. Il s’assure
que le dos du patient reste bien plaqué
sur la table. Le patient maintient seul la
flexion de hanche pendant 10 secondes,
puis laisse descendre lentement les deux
membres inférieurs.
L’évaluateur contrôle la descente et note
l’angle de flexion de hanche correspon-
dant au décollage du dos. Cet angle est
appelé index lombaire (fig. 5), et sert d’in-
dicateur de progression.
Les tests présentés ici ne nécessitent pas
de matériel coûteux et sont d’application
simple.
La littérature rapporte une réduction des
performances des muscles fléchisseurs
du tronc, et plus spécifiquement des
muscles abdominaux chez les patients
souffrant de lombalgie. C’est pourquoi
l’HAS [9], dans son rapport, préconise les
exercices thérapeutiques et notamment
du renforcement musculaire.
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X Figure 6
Sollicitation des abdominaux
par l'intermédiaire
des membres supérieurs
Exercices
de renforcement
Les principes à respecter pour la pra-
tique des abdominaux sont multiples :
il va s’agir d’étirer la colonne vertébrale,
de pratiquer l’effort sur l’expiration, de
contracter activement le périnée au préa-
lable et de maintenir cette contraction
périnéale pendant l’effort.
La poussée vers le bas ainsi que la des-
cente des côtes et du diaphragme dans
les exercices et les efforts quotidiens sont
très néfastes. C’est pourquoi la position
raccourcie des muscles droits de l’abdo-
men est fortement déconseillée.
Voici quelques exercices que vous pou-
vez proposer à vos patients par ordre de
difficulté croissante.
n Exercice 1
Le sujet est en décubitus dorsal,
membres inférieurs fléchis afin de relâ-
cher les abdominaux. On va effectuer un
travail de prise de conscience de la venti-
lation abdominale. La main du sujet est
posée sur son ventre afin de sentir ce qui
se passe.
On lui demande de s’autograndir, de
contracter le périnée et enfin de contrac-
ter le muscle transverse en rentrant acti-
vement le bas-ventre vers le haut sur
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X Figure 7
Sollicitation des abdominaux
par l'intermédiaire
des membres supérieurs et inférieurs
l’expiration (afin de ne pas augmenter la
pression intra-abdominale).
n Exercice 2
Le sujet est décubitus dorsal avec les
membres inférieurs fléchis, on va faire
travailler les abdominaux par irradiation,
c’est-à-dire en utilisant la chaîne muscu-
laire antérieure.
Les membres supérieurs sont à 90° de
flexion d’épaule, les coudes sont ten-
dus. On place une résistance à l’exten-
sion d’épaule au niveau des mains et on
demande au patient de baisser les bras
en gardant les coudes tendus (fig. 6).
On sollicite en plus une flexion de tête et
une flexion de hanche contre résistance
manuelle (fig. 7).
Le temps d’irradiation est de 30 secondes,
avec ensuite un temps de repos égal au
temps de travail.
• Intérêt : travail par irradiation à partir de
la tête et des membres.
Suite dans notre prochain numéro
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