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Douleur analg.

(2016) 29:232-240
DOI 10.1007/s11724-016-0477-9

MISE AU POINT / UPDATE DOULEURS ET CANAUX IONIQUES

Optogénétique et douleur chronique : une stratégie applicable


chez l’humain ?
Can We Use Optogenetics to Treat Chronic Pain?

H. Beaudry · I. Daou · A. Ribeiro-da-Silva · P. Séguéla


Reçu le 28 novembre 2016 ; accepté le 29 novembre 2016
© Lavoisier SAS 2016

Résumé Les traitements actuels contre la douleur chronique ficant progresses allow to predict clinical applications in
procurent peu d’analgésie mais d’importants effets secondai- analgesia in the next decades.
res. Une alternative serait de moduler l’activité neuronale
directement à l’aide de l’optogénétique, une thérapie génique Keywords Chronic pain · Optogenetics · Phototherapy ·
impliquant l’utilisation de protéines photo-activables. Dans Analgesia · Virus · Gene therapy
les modèles animaux, cette approche diminue les douleurs
inflammatoire et neuropathique. Des avancées spectaculaires
permettent d’envisager son application clinique dans les pro-
chaines décennies.
Les défis liés au traitement de la douleur
chronique
Mots clés Douleur chronique · Optogénétique · La douleur chronique est une pathologie à forte incidence qui
Photothérapie · Analgésie · Virus · Thérapie génique affecte le tiers de la population générale [1]. Les traitements
pharmacologiques actuels tels que les analgésiques non
opioïdergiques, les opioïdes et les médicaments d’autres clas-
Abstract The current treatments for chronic pain produce ses, telles que les antidépresseurs et anticonvulsivants, procu-
limited efficacy but severe side effects. An alternative stra- rent une analgésie limitée en plus de produire une multitude
tegy is to directly modulate neuronal activity through the use d’effets secondaires indésirables [2]. Dans les faits, le tiers
of optogenetics, a gene therapy involving photo-activatable des patients souffrant de douleur chronique abandonne la
proteins. In animal models, this approach has been shown to pharmacothérapie en raison des effets secondaires [3]. En
decrease inflammatory and neuropathic pain. Recent signi- marge des effets secondaires ressentis par les patients, il est
important de mentionner les risques élevés de dépendance et
H. Beaudry · I. Daou · P. Séguéla (*) de décès que représente la disponibilité illégale de certaines
Institut neurologique de Montréal, université McGill, de ces substances, telles que les opioïdes, ce qui motive d’au-
département de neurologie et neurochirurgie, tant plus le besoin de trouver de nouvelles approches analgé-
3801 rue University, bureau 778, Montréal, Québec,
Canada H3A 2B4
siques [4]. De nouvelles drogues/antagonistes sont constam-
e-mail : philippe.seguela@mcgill.ca ment testées lors d’essais cliniques (ex. : antagonistes des
récepteurs du CRGP, antagonistes des TRPV1, bloqueurs de
H. Beaudry · I. Daou · A. Ribeiro-da-Silva · P. Séguéla canaux sodiques), mais la majorité de ces études ont dû être
The Alan Edwards Centre for Research on Pain,
université McGill, suite 3100, Genome Building,
interrompues en raison d’effets secondaires sévères [5].
740 avenue Doctor Penfield, Montréal, Québec, La nature complexe et multifactorielle de la douleur chro-
Canada H3A 0G1 nique présente un défi clinique majeur pour l’élaboration de
stratégies thérapeutiques. La douleur implique tous les
H. Beaudry · A. Ribeiro-da-Silva
Département de pharmacologie et thérapeutique, niveaux du système nerveux : périphérie, moelle épinière
université McGill, McIntyre Medical Sciences Building, et cerveau. De plus, un nombre important de cibles thérapeu-
3655 promenade Sir-William-Osler, Montréal, Québec, tiques (ex. : canaux ioniques, récepteurs, enzymes) sont
Canada H3G 1Y6 exprimées de façon différentielle et jouent des rôles variables
le long des voies nociceptives. Ainsi, une approche multi-
H. Beaudry et I. Daou ont participé à parts égales à cet article. cible pourrait être requise afin de soulager complétement la
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douleur, mais impliquerait le risque d’apparition d’effets découverte de nouvelles opsines est réalisée dans le but
secondaires cumulatifs. Outre la grande diversité de cibles de modifier et/ou d’améliorer les propriétés neuromodula-
thérapeutiques dans le système nerveux, leurs patrons d’ex- trices telles que l’amplitude des photocourants, la cinétique,
pression et leurs propriétés physiologiques sont modifiés de la sensibilité à la lumière, les niveaux d’expression, la
façon importante lors de la transition entre la douleur aiguë sélectivité ionique ainsi que la longueur d’onde d’activation
et la douleur chronique [6]. En d’autres termes, le traitement (Fig. 1 ; pour une revue détaillée, voir [12]). À propos des
de la douleur via l’inhibition de cibles moléculaires spéci- actuateurs excitateurs, la channelrhodopsine provenant de
fiques requiert de la part du praticien une connaissance pré- Chlamydomonas reinhardtii (ChR2) demeure l’opsine la
cise de l’étiologie et du stade de douleur chronique du plus couramment utilisée. Il s’agit d’une opsine sélective
patient. Malheureusement, les connaissances actuelles sur aux cations qui est activée par la lumière bleue (λmax
la douleur chronique sont incomplètes et ne permettent pas ~480 nm) [7,8]. Une fois ouvert, le canal ionique de
une telle approche. Une alternative intéressante pour cibler la ChR2 permet une entrée massive de cations entraînant la
transmission de la douleur serait de moduler directement dépolarisation neuronale ainsi que la génération d’un
l’activité des neurones à la source du signal douloureux, potentiel d’action. Le développement ultérieur d’opsines
indépendamment des gènes pronociceptifs qu’ils expriment, activées par la lumière rouge a permis une avancée tech-
à l’aide de l’optogénétique. nique significative ; la pénétration de la lumière rouge est
plus efficace dans les tissus comparativement à la lumière
bleue, procurant ainsi de meilleurs outils pour les applica-
Qu’est-ce que l’optogénétique ? tions in vivo [13]. Concernant les actuateurs inhibiteurs, les
outils les plus utilisés sont principalement l’halorhodopsine
L’optogénétique (du Grec optikos qui signifie « visible ») provenant de l’archée Natronomonas pharaonis (NpHR) et
implique l’utilisation de protéines génétiquement encodées l’archaerhodopsine-3 (Arch) provenant de Halorubrum
et optiquement actives afin de contrôler précisément des sodomense. NpHR est une pompe qui fait entrer les ions
événements cellulaires particuliers dans des systèmes phy- chlorures dans la cellule, alors qu’Arch est une pompe à
siologiques spécifiques. Bien que les manipulations opti- protons qui fait sortir les protons de la cellule, toutes deux
ques (ex. : molécules encagées) et génétiques (ex. : surex- entraînant une hyperpolarisation membranaire. Ces pompes
pression, ablation) des composantes neuronales aient déjà sont activées par la lumière orange-jaune (λmax 570-
été utilisées individuellement, ou même combinées dans 590 nm) et requièrent une illumination prolongée compa-
des approches complexes multiéléments, l’optogénétique tible avec la durée de leur photocycle [14-16]. La pompe
en tant que technologie révolutionnaire n’a été établie que anionique Jaws provenant de Haloarcula salinarum pré-
depuis l’identification de l’opsine algale channelrhodo- sente un spectre d’activation dévié vers la lumière rouge
psine 2 (ChR2) [7] et son utilisation dans le contrôle de (λmax 590-610 nm), ce qui rend cette opsine propice à l’in-
l’activité de neurones de mammifères avec une haute préci- hibition de plus grands volumes tissulaires que NpHR ou
sion temporelle [8]. Depuis cette découverte majeure, le Arch [17]. Le besoin d’une illumination prolongée, la pro-
contrôle de l’activité neuronale avec une grande précision duction de photocourants relativement faibles ainsi que la
spatiotemporelle est passé de vœu pieux à réalité. L’utilisa- cinétique lente de ces pompes ont propulsé les efforts d’in-
tion d’opsines microbiennes telles que ChR2 (et de nom- génierie et la découverte de nouvelles opsines inhibitrices
breuses autres par la suite ; se référer à [9]), dans un basées sur des canaux ioniques plutôt que des pompes. Des
contexte cellulaire déterminé, est à la fois aisée et puissante, groupes de recherche ont donc procédé à la mutation du
puisque ces opsines constituent un système actuateur à filtre de sélectivité ionique de la channelrhodopsine (opsine
composante unique, dans lequel une seule protéine généti- excitatrice), pour générer une opsine sélective pour les ions
quement encodée joue à la fois le rôle du senseur de lumière chlorures (ex.iCiC2, ChloC) [18,19]. Récemment, un canal
et du générateur de courant [10,11]. En comparaison avec potassique sensible à la lumière bleue (BLINK1) a été
les manipulations pharmacologiques et électriques, l’opto- développé [20] et de nouveaux canaux chlorure provenant
génétique procure un contrôle spatial et temporel d’une pré- de l’algue Guillardia theta, appelé canaux anioniques rho-
cision inégalée. La précision temporelle est assurée par dopsine (GtACRs) ont été découverts [21], élargissant ainsi
l’utilisation de la lumière, un stimulus rapide et non invasif. le répertoire des opsines inhibitrices.
En contrepartie, la restriction spatiale est conférée par l’ex- Des développements récents en optogénétique ont aussi
pression des opsines dans des sous-groupes de neurones mené au développement de récepteurs chimères métabotro-
génétiquement définis et/ou par la distribution de la lumière piques. En partant de la relation structure-fonction connue
dans la région cible spécifique. des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG, incluant
La panoplie d’outils optogénétiques disponibles est notamment les rhodopsines), ces protéines de fusion entre
continuellement en expansion. La bio-ingénierie ou la le domaine extracellulaire d’une opsine et le domaine
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Fig. 1 A. Les opsines sont des actuateurs optogénétiques qui peuvent être regroupés en activateurs, inhibiteurs ou modulateurs. La majo-
rité des opsines excitatrices sont des canaux cationiques non sélectifs, alors que les opsines inhibitrices sont des canaux hyperpolarisants
(anioniques ou potassiques) ou des pompes (protoniques ou anioniques). Les OptoXR sont des récepteurs chimériques d’une rhodopsine
et d’un autre RCPG (opioïdergique, adrénergique ou sérotoninergique). L’activation optique des OptoXR recrute des cascades de signali-
sation spécifiques, dépendantes ou indépendantes des protéines G. B. Les longueurs d’onde d’activation maximale (λ) des opsines les plus
couramment utilisées en 2016 sont indiquées

intracellulaire d’un RCPG (récepteur opioïdergique, séroto- Optogénétique et douleur dans le système
ninergique ou adrénergique) sont activées par la lumière. nerveux central
La photo-activation de ces récepteurs nommés OptoXR
entraîne l’activation de cascades de signalisation intracellu- L’optogénétique a été appliquée pour étudier nombre de
laires qui modulent l’activité cellulaire [22,23]. Une telle structures du système nerveux central, incluant les centres
approche couple la vitesse de l’optique au recrutement de qui modulent le traitement et la perception de la douleur, dans
voies biochimiques intracellulaires intrinsèques. Un aspect le cadre de la douleur aiguë. La stimulation optogénétique
important à considérer est la capacité des agonistes des des neurones inhibiteurs du cortex cingulaire antérieur
RCPG à engager un sous-groupe spécifique d’effecteurs (ACC) diminue la douleur aiguë de façon importante chez
intracellulaires parmi tous ceux contrôlés par le récepteur, les animaux sains [25], alors que l’activation des neurones
donnant lieu à une signalisation biaisée [24]. L’utilisation excitateurs via ChR2 augmente significativement la sensibi-
des OptoXR devra s’accompagner de travaux approfondis lité mécanique [26]. De façon similaire, l’activation optogé-
pour s’assurer que les voies de signalisation engagées nétique des neurones de l’amygdale centrale entraîne une
mènent aux effets physiologiques escomptés, mais il s’agit augmentation de la douleur viscérale [27]. À l’opposé, l’acti-
néanmoins d’un dispositif prometteur qui enrichit la boîte à vation des neurones sérotoninergiques du noyau raphé dorsal,
outils optogénétique. Forts de ces nouveaux développe- source principale des fibres ascendantes sérotoninergiques
ments, les chercheurs ont adopté ces techniques pour explo- vers le cerveau, entraîne une diminution de la sensibilité
rer de nouveaux aspects de la transmission de la douleur et mécanique [28], supportant l’efficacité de l’approche optogé-
de l’analgésie. nétique dans la modulation de la douleur aiguë. De façon
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intrigante, lorsque la sensibilité thermique est mesurée chez chercheurs ont rapporté que les souris évitent le comparti-
les rats sains, l’activation optogénétique des neurones du ment dans lequel elles reçoivent une activation du mPFC et
locus coeruleus (LC) par infection virale produit un effet anti- préfèrent le compartiment associé à l’inhibition du mPFC,
nociceptif dans un groupe d’animaux et un effet pronociceptif indiquant que la modulation optique du mPFC peut aussi
dans un autre. Des investigations plus poussées ont permis de contrôler l’aspect affectif de la douleur neuropathique [32].
montrer que la stimulation des neurones dans la partie dorsale Chez les rats, en accord avec les résultats obtenus chez la
du LC entraîne l’effet pronociceptif alors que celle des neu- souris, l’activation optique des neurones du cortex préfrontal
rones de la région ventrale provoque un effet antinociceptif prélimbique renverse l’allodynie mécanique induite par la
vis-à-vis des réponses thermiques [29], démontrant à quel neuropathie, en plus d’induire une préférence marquée pour
point l’approche optogénétique est puissante quant à l’identi- le compartiment associé à la stimulation de cette région [33].
fication de sous-régions spécifiques impliquées dans la Ces études révèlent que la modulation optique des structures
modulation et la transmission de la douleur. La médulla ros- du cerveau peut affecter les dimensions physiques et émoti-
troventrale (RVM) est une région importante dans la modu- ves de la douleur, mettant en lumière la grande pertinence
lation descendante de la douleur, particulièrement via ses physiologique et psychologique de l’approche optogéné-
neurones sérotoninergiques projetant vers la moelle épinière. tique dans le traitement de la douleur chronique.
Chez les souris qui expriment ChR2 dans les neurones séro- Malgré ces études excitantes et prometteuses, l’utilisation
toninergiques du RVM, une seule stimulation lumineuse pro- de la modulation optique de régions du cerveau pour contrôler
duit une sensibilisation thermique et mécanique durant jus- la douleur chez l’humain est freinée par plusieurs contraintes
qu’à quatre jours, alors que des stimulations lumineuses telles que l’aspect invasif relié à l’implantation de systèmes
répétées induisent une hypersensibilité durant jusqu’à 14 jours optiques, les connaissances incomplètes des cibles neuronales
[30]. Ces résultats montrent que la modulation optogéné- pertinentes chez l’humain ainsi que l’implication des neuro-
tique des trajets de la douleur est suffisante pour entraîner nes centraux dans le traitement de plusieurs types d’informa-
une plasticité qui peut mener à des modifications à long terme tions non liées à la douleur. En contournant ces limitations,
de la circuiterie neuronale. l’application de l’approche optogénétique au contrôle du sys-
Tel que mentionné précédemment, l’activation des neuro- tème nerveux périphérique représente une stratégie alternative
nes excitateurs de l’ACC via ChR2 augmente de façon signi- prometteuse.
ficative la sensibilité mécanique chez les animaux sains, sans
toutefois affecter la sensibilité mécanique induite par l’in-
flammation. À l’opposé, l’inhibition de ces mêmes neurones Optogénétique et douleur dans le système
à l’aide d’eNpHR3.0 produit un renversement complet de nerveux périphérique
l’hypersensibilité mécanique induite par l’inflammation sans
changer les seuils de réponse chez les animaux sains [26]. Les outils optogénétiques ont été utilisés pour manipuler dif-
Bien que l’hypothalamus ne soit pas connu comme une des férents sous-types d’afférences primaires (pour une revue
régions principales de gestion de la douleur, une étude opto- détaillée, voir [12,34]). ChR2 a été exprimée avec succès
génétique récente indique que cette région joue un rôle dans dans les neurones sensoriels Nav1.8+ qui incluent la majorité
la modulation de la douleur inflammatoire. Les neurones des nocicepteurs ainsi que quelques mécanorécepteurs à bas
ocytocinergiques du noyau parvocellulaire de l’hypothala- seuil d’activation [35]. L’illumination transdermale des pat-
mus projettent directement dans les couches profondes de tes arrière évoque des comportements nocifensifs très mar-
la corne dorsale de la moelle épinière (lamina V), où leur qués chez les souris transgéniques Nav1.8-ChR2+ et une sti-
activation optogénétique entraîne la relâche d’ocytocine mulation prolongée produit une hypersensibilité thermique
ainsi qu’une analgésie [31]. L’ensemble de ces données et mécanique, due à des mécanismes de sensibilisation cen-
montre clairement que l’utilisation d’une approche optogé- trale [35]. Une sensibilisation similaire a été obtenue par
nétique pour moduler des régions spécifiques du cerveau illumination épidurale au niveau des terminaisons centrales
permet de soulager la douleur chronique inflammatoire. des neurones Nav1.8+ [36]. À l’opposé, l’inhibition optogé-
En conditions neuropathiques, l’activation optogénétique nétique aiguë et prolongée des terminaisons périphériques
sélective des neurones de la couche V du cortex préfrontal des fibres afférentes Nav1.8+ soulage l’hypersensibilité
médian (mPFC) accentue l’hypersensibilité mécanique et inflammatoire et neuropathique [37], alors que l’inhibition
thermique, alors que l’inhibition de ces mêmes neurones ren- épidurale des fibres Nav1.8+ en conditions normales diminue
verse l’hypersensibilité induite par la lésion neuropathique. la sensibilité thermique [36]. Une approche similaire a été
En plus de modifier la perception de la douleur, la modula- utilisée pour la lignée de souris transgéniques VGlut3-
tion optique du mPFC affecte aussi la composante émotive ChR2 qui a été développée pour cibler spécifiquement les
de la douleur. À l’aide du paradigme de la préférence de fibres C mécanoréceptrices à bas seuil d’activation. L’appli-
place conditionnée (conditionned place preference), des cation de lumière sur les pattes postérieures provoque des
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comportements modestes de retrait de la patte chez les souris L’optogénétique chez l’humain ?
saines. Par contre, dans un modèle de neuropathie induit par
l’oxaliplatine mimant la douleur induite par la chimiothé-
En périphérie, la modulation optogénétique des afférences
rapie, la même stimulation optique produit des réponses
sensitives serait particulièrement bénéfique étant donné la
nociceptives plus rapides et exagérées [38].
nature non invasive de la lumière ainsi que la modulation
Des stratégies virales ont aussi été adaptées pour manipu-
efficace de l’activité des terminaisons nerveuses via l’illumi-
ler optogénétiquement les neurones des afférences primai-
nation transdermale. Cette photothérapie permettrait la modu-
res. Différents sérotypes de virus adéno-associés (AAV)
lation des neurones sensoriels par une source lumineuse
et des méthodes d’inoculation variées ont été utilisées pour
externe et ainsi éviter le besoin de chirurgies invasives.
infecter les neurones somatosensoriels [34]. Un virus AAV6
portant l’opsine activatrice ChR2 ou inhibitrice NpHR3.0 Une analgésie optogénétique requiert : 1) l’expression
injecté dans le nerf sciatique entraîne principalement l’infec- d’opsines dans des populations cellulaires spécifiques ; et
tion des nocicepteurs de petit diamètre non myélinisés. 2) la stimulation lumineuse à la longueur d’onde appropriée.
L’illumination transdermale avec la lumière bleue des souris La première stratégie qui pourrait être utilisée pour exprimer
injectées avec AAV6-ChR2 produit des réponses nocifensi- les opsines, excluant l’utilisation de systèmes de recombinai-
ves alors que l’application transdermale de lumière jaune son de l’ADN, consiste en une infection virale d’une région
diminue la sensibilité mécanique et thermique des souris spécifique, et cette approche a déjà fait ses preuves chez
AAV6-NpHR3.0, en plus de diminuer l’hypersensibilité l’humain. Dans un essai clinique en phase I, un gène enco-
thermique et mécanique induite par la compression du nerf dant la pro-enképhaline humaine a été délivré avec succès au
sciatique (modèle chronic constriction injury) [39]. Un autre niveau de dermatomes et les patients ont rapporté une dimi-
groupe a utilisé un virus AAV8 portant ArchT et procédé à nution de la douleur ressentie au site de la tumeur [44]. Une
l’injection intrathécale au niveau L4-L5 de la moelle épi- approche virale semblable a été utilisée pour exprimer
nière. L’analyse in vitro et les enregistrements in vivo ont l’opsine ChR2 dans la rétine de souris pour traiter la retinitis
révélé que les neurones infectés sont majoritairement les pigmentosa [45]. Une étude clinique en phase I/II est actuel-
fibres A mécanonociceptives. L’activation d’ArchT dans lement en cours aux États-Unis afin d’exprimer ChR2 dans
ces neurones, à l’aide de la lumière jaune, diminue de façon la rétine des patients souffrant de retinitis pigmentosa
significative la sensibilité mécanique chez les animaux (clinicaltrials.gov # NCT02556736).
sains, en plus de renverser l’hypersensibilité mécanique Un avantage majeur des études ci-haut mentionnées réside
induite par la neuropathie [40]. Par ailleurs, l’injection dans la nécessité d’une expression localisée des opsines, dans
d’un adénovirus portant ArchT sous le contrôle du promo- la peau [44] ou la rétine [45], sans cibler une sous-population
teur de TRPV1 directement dans les ganglions rachidiens précise de neurones. Les neurones des afférences primaires
lombaires permet l’expression sélective d’ArchT dans les constituent une population hétérogène et le traitement de la
fibres peptidergiques TRPV1+ chez la souris. La stimulation douleur chronique pourrait requérir l’inhibition sélective
optique de la surface plantaire des pattes postérieures de ces d’une sous-population en particulier. L’analyse transcripto-
souris diminue drastiquement les sensibilités thermiques et mique sur cellule unitaire consiste en une méthode de séquen-
mécaniques chez les souris saines [41]. çage d’ARN messager qui a été appliquée aux ganglions
En terminant, il est important de noter que l’optogéné- rachidiens (DRG) et permis une nouvelle classification des
tique a permis la manipulation de cellules périphériques afférences primaires de souris sur une base génétique [46].
non neuronales, connues pour communiquer avec les affé- Cette caractérisation moléculaire exhaustive des afférences
rences primaires et jouer un rôle critique dans la transduc- primaires a aussi été faite sur des DRG humains ainsi que
tion sensorielle. Par exemple, l’activation optogénétique des échantillons de nerf, et a mené à l’identification de mar-
des cellules épidermiales de Merkel a montré leur capacité queurs génétiques pour des sous-populations spécifiques (par
à induire des potentiels d’action dans les fibres responsa- exemple TRPV1, MrgD) [47].
bles du toucher, révélant pour la première fois une Dans les modèles animaux, la recombinaison Cre/Lox
connexion excitatrice fonctionnelle entre les cellules de est une technologie de recombinaison dirigée utilisée pour
Merkel et les fibres sensorielles primaires [42]. De façon procéder à des délétions, insertions, translocations et inver-
similaire, l’expression sélective de ChR2 ou NpHR dans sions à des endroits spécifiques dans l’ADN. En optogéné-
les kératinocytes a mis en évidence le fait que l’activation tique, le système Cre/Lox permet l’expression d’opsines
des kératinocytes est suffisante pour générer des potentiels exogènes dans des types cellulaires déterminés via la trans-
d’action dans différents sous-types d’afférences primaires, genèse ou l’adressage viral. Plusieurs lignées de souris
alors que leur inhibition réduit les décharges électriques transgéniques exprimant la recombinase Cre sous la régu-
produites par les fibres sensorielles suite à un stimulus lation de promoteurs spécifiques sont présentement dispo-
périphérique naturel [43]. nibles. Ces lignées peuvent être croisées avec des lignées
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transgéniques exprimant l’opsine d’intérêt, s’assurant ainsi permet l’utilisation d’un virus unique. Les MiniPromoteurs
d’une expression de l’opsine de manière Cre-dépendante et sont des éléments d’ADN génomique humain conçus pour
dans des sous-populations cellulaires spécifiques [35,37]. adresser l’expression dans des types cellulaires restreints et
De façon similaire, cette technique d’expression condition- ces séquences d’ADN sont suffisamment petites pour être
nelle peut être réalisée à l’aide de l’adressage viral avec une insérées dans un virus en amont du gène codant la protéine
opsine dont l’expression est Cre-dépendante [39,48,49]. d’intérêt (dans le cas présent une opsine) (Fig. 2) [50].
Dans le but d’une utilisation clinique de l’optogéné- Cette stratégie requiert le choix d’un vecteur AAV du bon
tique, les vecteurs viraux demeurent sans doute la stratégie sérotype [51,52] et de plus amples recherches sont néces-
la plus réaliste pour livrer les opsines exogènes dans le saires pour augmenter la taille des séquences qui peuvent
système nerveux central. Une approche virale utilisant le être encapsulées dans ces virus. Néanmoins, cette forme de
système Cre/Lox consisterait en l’utilisation d’un virus thérapie génique pourrait être utilisée pour exprimer les
donneur et d’un virus d’adressage. Il faut mentionner que opsines chez les patients atteints de douleur chronique et
la technique des MiniPromoteurs maintenant disponible ce, dans un avenir relativement rapproché.

Fig. 2 A) Les afférences sensorielles primaires ont leurs corps cellulaires groupés dans les ganglions rachidiens (DRG) et ces structures
sont une excellente illustration de l’importante hétérogénéité génétique et fonctionnelle retrouvée dans le système somatosenoriel (adapté
de [63]). B) Une ségrégation complète des nocicepteurs peptidergiques CGRP+ (en rouge) et non peptidergiques MrgD+ (en vert,
par expression transgénique) est observée dans les DRG de souris, signifiant que les afférences primaires peuvent être divisées en sous-
populations fonctionnelles distinctes et génétiquement définies [64,65]. Cette hétérogénéité représente un avantage majeur pour le déve-
loppement d’approches optogénétiques. C) Un promoteur est une séquence d’ADN qui initie la transcription d’un gène d’intérêt (ici,
marqueur A). À l’aide d’un virus contenant un MiniPromoteur artificiel pour l’expression du marqueur A inséré en amont du gène
de l’opsine, l’expression de l’opsine se produira uniquement dans les cellules de type A+. Si ce même virus est inséré dans une cellule
de type B+, la machinerie de transcription ne reconnaîtra pas le MiniPromoteur de marqueurA et l’opsine ne sera pas exprimée
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L’approche optogénétique requiert aussi un système effi- Un second aspect de la thérapie génique actuellement
cace de stimulation lumineuse. La façon la plus simple serait sous investigation est la possibilité de réaction immunitaire
sans doute d’utiliser une source de lumière laser pour moduler et inflammatoire suite à l’infection virale [57,58]. À ce stade,
l’activité des neurones par voie transdermale, mais cette les études expérimentales dans les modèles animaux et les
approche ne serait limitée qu’aux terminaisons périphériques essais cliniques en cours utilisant la thérapie génique par
des afférences primaires. En effet, même si la source de dou- infection virale participent à l’avancement des connaissan-
leur a pour origine le système nerveux périphérique, une ces et à l’amélioration des vecteurs. Certains aspects tech-
approche transdermale ne pourrait être efficace dans le cas niques concernant l’expression virale à visée optogénétique
de décharges ectopiques en provenance d’un névrome. Un ont été testés avec succès chez les primates non-humains
névrome est une excroissance de fibres nerveuses survenant dans le but d’interroger leurs circuits neuronaux centraux
après un dommage au nerf et formant habituellement un site [59-62]. Grâce à ce genre d’études, nous pourrons vérifier
de douleur spontanée et une zone sensibilisée. Fait intéressant, chez les primates la pénétrance des virus, la durée d’expres-
deux groupes indépendants ont développé des implants sion des opsines et l’induction d’une réponse immunitaire
optoélectroniques souples sans fil. Ces petits appareils (moins ainsi que confirmer la fonctionnalité des MiniPromoteurs,
de 25 mg et environ 25 mm3) permettent une stimulation des critères essentiels avant d’envisager la possibilité de
lumineuse périphérique ou spinale et peuvent être implantés transposer l’approche optogénétique à l’humain.
chroniquement pendant plusieurs semaines sans signe de rejet
[53,54]. Ils ont déjà fait l’objet d’améliorations considérables
et peuvent maintenant contenir un système de manipulation Conclusion
microfluidique permettant de libérer localement quatre com-
posés différents sous l’action de la lumière (par exemple des D’ici les dix prochaines années, nous pouvons nous attendre
analgésiques ou anesthétiques locaux) [55]. De plus, cet appa- à voir apparaître les premiers essais de photothérapie basée
reil sophistiqué est équipé d’une sonde multifonctionnelle sur l’optogénétique. La technique est déjà disponible, mais
conçue pour l’enregistrement de l’activité neuronale au site certains outils nécessitent amélioration et raffinement. Il est
d’implantation. Ce système polyvalent a toutefois l’inconvé- encourageant de constater que la thérapie génique, fonde-
nient d’être un peu plus lourd et de comporter un module ment de l’utilisation de l’optogénétique chez l’humain, est
externe pour entreposer les fluides destinés à être administrés. une stratégie thérapeutique déjà validée par des essais clini-
Dans le contexte du traitement de la douleur chronique ques. Vu le besoin criant de réduire de façon efficace la souf-
chez l’humain, la façon la plus pratique de produire une stimu- france chez un nombre grandissant de patients atteints de
lation lumineuse serait d’utiliser un appareil sans fil qui permet- douleur chronique, une nouvelle approche telle que l’analgé-
trait au patient de contrôler l’activité de la source (en termes sie optogénétique présente un fort potentiel clinique et
d’intensité et de timing), en fonction de la douleur ressentie. mérite l’attention de la communauté biomédicale.
Récemment, une étude a montré qu’un appareil produisant
une lumière infrarouge peut être contrôlé par la pensée Liens d’intérêts Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien
humaine [56]. Bien que cette technique demeure encore plus d’intérêt. H. Beaudry est récipiendaire de bourses postdocto-
futuriste que l’utilisation de l’optogénétique elle-même, il n’en rales provenant des Fonds de Recherche du Québec-Santé
demeure pas moins intéressant de voir que des alternatives thé- ainsi que de la Société Canadienne de l’Arthrite. I. Daou a
rapeutiques se présentent pour réduire la douleur d’un patient reçu une bourse doctorale des Fonds de Recherche du
tout en évitant des actes médicaux sur une base régulière. Québec-Santé. A. Ribeiro-Da-Silva reçoit un support finan-
cier des Instituts de Recherche en Santé du Canada, du
Réseau Québécois de Recherche en Douleur ainsi que de
Optogénétique chez les patients : contraintes l’Alan Edwards Foundation et P. Séguéla reçoit un support
et limitations financier des Instituts de Recherche en Santé du Canada, du
Conseil de Recherches en Sciences Naturelles et Génie, du
Une des principales limitations associées aux méthodes de Réseau Québécois de Recherche en Douleur ainsi que de
thérapie génique actuelles demeure l’expression virale tran- l’Alan Edwards Foundation.
sitoire des protéines, ici les opsines. En effet, il a été évalué
que l’expression maximale de ChR2 est atteinte cinq semai-
nes après l’infection et que le niveau d’expression (donc Références
l’efficacité du système optogénétique) diminue rapidement
passé cette période [39]. Les patients devraient donc recevoir 1. Holmes D (2016) The pain drain. Nature 535:S2–S3
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