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UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

EXAMEN FINAL — HIVER 2023

PAR KARYA ALIN AKAR (vt84379)

SCIENCES BIOMÉDICALES
FACULTÉ DE MÉDECINE

TRAVAIL PRÉSENTÉ À PIERRE BEAULIEU


DANS LE CADRE DU COURS PHL 6035
PHAMACOLOGIE DE LA DOULEUR

12 AOUT 2022

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PHARMACOLOGIE DE LA DOULEUR - PHL6035-WEB EXAMEN
FINAL - HIVER 2023
À rendre au plus tard le mercredi 26 avril 2023 par dépôt sur
StudiUM :
Instructions: Vous devez répondre à toutes les questions. Vous avez pour chaque question 2-3
pages en double interligne avec une police Times New Roman de 12 points. Des références, un
tableau et/ou une figure peuvent être ajoutées au texte et ne comptent dans les 2-3 pages.

QUESTION 1

Monsieur B. âgé de 55 ans a un cancer de l’estomac et doit être opéré dans deux jours d’une
gastrectomie totale par laparotomie. Il est fumeur (1 paquet par jour depuis 25 ans) et boit 4-6 bières
tous les soirs depuis des années. Il est dénutri et pèse 50 kg pour 1,70 m.

Quelles sont les différentes modalités pharmacologiques qui peuvent être offertes à ce patient pour
aider au contrôle de sa douleur après son opération (les techniques d’anesthésie régionales ne sont
pas possibles chez lui et pour diminuer les risques de douleurs chroniques postopératoires ?

Nous avons un patient de 55 ans ayant subi une gastrectomie totale par laparotomie pour

traiter son cancer de l’estomac. Il a comme antécédents du tabagisme, il boit de l’alcool et il est

maigre. Nous pouvons essayer l’analgésie multimodale. La douleur peut être diminuée par une

approche combinant plusieurs analgésiques : acétaminophène, opioïdes, AINS, anesthésiques

locaux, entre autres... C'est une approche logique qui permet de mieux traiter la douleur (effets

additifs/synergiques) avec théoriquement une utilisation moindre d'analgésiques (opioïdes) et moins

d'effets secondaires. Toutefois, il y a des débats par rapport au coût. Le comité recommande aux

cliniciens de proposer une analgésie multimodale pour le traitement de la douleur postopératoire

chez l'enfant et l'adulte (recommandation forte, données de haute qualité). L'analgésie multimodale,

définie comme l'utilisation d'une variété de médicaments analgésiques et de techniques ciblant

différents mécanismes d'action du système nerveux périphérique et/ou central. Le panel suggère que

les cliniciens intègrent régulièrement 24 heures sur 24 des analgésiques non-opioïdes et des

thérapies non pharmacologiques dans des schémas thérapeutiques d'analgésie multimodale. Les

opioïdes systémiques peuvent ne pas être nécessaires chez tous les patients. Une analgésie

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multimodale impliquant l'utilisation simultanée de plusieurs médicaments agissant sur différents

récepteurs ou d'un ou plusieurs médicaments administrés selon différentes techniques est associée à

un soulagement supérieur de la douleur et à une consommation réduite d'opioïdes comparée à

l'administration d'un médicament par le biais d'une seule technique.

Des traitements pharmacologiques systémiques pour laparotomie sont des opioïdes, AINS

et/ou acétaminophène, gabapentine ou prégabaline, kétamine IV et lidocaïne IV. Il existe des

techniques d'analgésie par infiltration d'anesthésiques locaux: l'infiltration cicatricielle s'intègre dans

une stratégie de prise en charge multimodale de la douleur postopératoire (ropivacaïne mieux

adaptée: moins de toxicité et de vasodilatation).

Il est important de diminuer les douleurs postopératoires mal traitées, qui sont un facteur de risque

pour les maladies cardiaques, la pneumonie, la thrombophlébite et les douleurs chroniques. Les

douleurs chroniques post-chirurgicales sont des douleurs directement liées à la chirurgie, qui

persistent au-delà du processus normal de guérison, c'est-à-dire plus de 2 mois après la chirurgie,

qui n'ont aucune autre cause de douleur (infection, récurrence de tumeur, etc.) et aucune relation

avec une douleur préopératoire préexistante.

Des recherches montrent qu'une cause de douleurs postopératoires pourrait être l'utilisation

de Remifentanil. Toutefois, on pourrait le prévenir par l'utilisation, en faible dose, de Ketamine.

Sinon, il est préférable d'utiliser une combinaison de Remifentanil en faible dose avec une épidurale

avant la chirurgie, par rapport à l'utilisation seule de Remifentanil en haute dose, afin de prévenir

des douleurs postopératoires. D'autre part, il n'est pas encore très clair, mais l'utilisation de

Protoxyde d'azote pourrait alléger les douleurs postchirurgicales, suite à l'utilisation de

Remifentanil-Propofol.

À partir d'une revue systématique combinée et d'une méta-analyse sur la prévention de la

douleur post-chirurgicale chronique à l'aide de la gabapentine et de la prégabaline : l'administration

périopératoire de gabapentine et de prégabaline est efficace pour réduire l'incidence de la douleur

chronique postopératoire.
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Par rapport à l'utilisation de magnésium, on peut conclure à partir de recherches que le

magnésium intraveineux périopératoire réduit la consommation d'opioïdes, et dans une moindre

mesure, les scores de douleur, dans les premières 24 heures postopératoires, sans aucun effet

indésirable grave rapporté. Toutefois, il n'y a pas assez d'études pour le rendre une alternative de

prévention des douleurs chroniques postopératoires.

D'après certaines études, il est prouvé que la lidocaïne semble atténuer le risque de douleur

après une chirurgie mammaire. Toutefois, il n'y a pas suffisamment de preuves pour conclure que la

perfusion de lidocaïne est d'un bénéfice prouvé car les résultats étaient basés sur un nombre limité

de petits essais.

Il est plausible que la dexmédétomidine puisse avoir un impact sur la chronicisation des

douleurs postopératoires puisqu'elle possède des propriétés anti-hyperalgésiques. Cela n'a pas

vraiment été évalué, par contre. On ne dispose que d'une seule étude chez l'humain, qui a mis en

évidence une diminution significative de la douleur chronique postmastectomie à 3 mois.

Concernant la capacité de la dexaméthasone à réduire la chronicisation des douleurs post-

opératoires, les quelques études l'ayant évaluée n'ont pas mis en évidence un effet bénéfique, malgré

une réduction de la douleur post-opératoire aiguë. Ces études étaient pour la plupart limitées par

leur conception et par un faible nombre de patients, mais elles ne suggèrent pas pour autant un effet

préventif de la dexaméthasone sur l'incidence de la douleur chronique.

En conclusion, les douleurs préopératoires sont prédictives de douleurs postopératoires

sévères (20%) et les douleurs post-opératoires sévères sont souvent suivies de douleurs chroniques

(10-40%). L'analgésie multimodale est la norme, et il est important d'établir un équilibre entre

efficacité et effets secondaires. Il convient de mettre en place un programme de prise en charge de la

douleur post-opératoire, en proposant aux patients diverses options d'analgésiques tels que

l'acétaminophène, les opioïdes, les AINS, les anesthésiques locaux et d'autres encore. Ce

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programme devrait être basé sur le type de chirurgie, les preuves publiées dans la littérature et être

présenté dans un guide pratique.

Références:

Beaulieu, Pierre. « Pharmacologie des opioïdes. » (Cours magistral & Powerpoint, PHL6035 :

Pharmacologie de la douleur, Université de Montréal, https://espacevideo.umontreal.ca/Watch/

Pa2n8A7R, 2 février, 2022)

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QUESTION 2

Un patient diabétique et hypertendu de 80 ans se plaint de douleurs au niveau des deux membres
inférieurs. Les douleurs sont constantes à type de brûlures avec parfois surajoutées des douleurs
aiguës transitoires « comme un choc électrique ». Son médecin lui a confirmé qu’il s’agissait de
douleurs dues à une neuropathie diabétique. Son traitement consiste en une prise journalière de
metformine et d’insuline pour son diabète et aussi du périndopril pour sa pression artérielle.
Présenter les options possibles pour un traitement pharmacologique de la douleur neuropathique
chez ce patient en tenant compte de son âge et de ses comorbidités.

Les douleurs neuropathiques sont des douleurs pathologiques qui peuvent être dues à une

lésion ou une maladie du système somato-sensoriel. Ici, nous avons un homme de 80 ans,

hypertendu, présentant des douleurs neuropathiques d'origine diabétique. La prévalence des

douleurs neuropathiques au Canada est de 5-10 % et elle est plus élevée chez les femmes (8 %) que

chez les hommes (5,7 %). La douleur neuropathique est en augmentation, ce qui pourrait s'expliquer

par le vieillissement de la population, l'augmentation du diabète et l'amélioration de la survie du

cancer.

La douleur neuropathique se manifeste principalement sous forme de douleur, que ce soit

une sensation de brûlure, un élancement ou une douleur constante. Elle peut également être

exacerbée par le froid, les émotions et la fatigue. Elle est pire le soir et peut perturber le sommeil.

Afin de diagnostiquer les douleurs neuropathiques, nous pouvons utiliser certains outils de

dépistage, tels que l'échelle LANSS (Leeds Assessment of Neuropathic Symptoms and Signs), le

Pain-Detect, le DN4 (Douleur neuropathique en 4 questions) et le questionnaire NPQ (Neuropathic

Pain Questionnaire).

Avant, pendant ou après les traitements pharmacologiques, il est important d’intégrer des

traitements non pharmacologiques, comme la réadaptation, la psychothérapie, la TCC, le

biofeedback ou l’hypnose. Ensuite, en première ligne, on a comme options de traiter avec des

antidépresseurs ou des anticonvulsivants. D’une part, l’Amitriptyline, la Nortriptyline et la

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Désipramine sont des antidépresseurs tricycliques. Ils peuvent être particulièrement utiles lorsque la

douleur est accompagnée d’insomnie. Toutefois, il faut être prudent chez les personnes âgées. Les

inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (IRSN), tels que l'Effexor XR

(venlafaxine) et le Cymbalta (duloxétine), ont également été utilisés pour traiter les douleurs

neuropathiques. Bien que la venlafaxine soit moins efficace que les antidépresseurs tricycliques

(ADTC), elle provoque moins d'effets secondaires. La duloxétine, quant à elle, s'est révélée efficace

dès la première semaine de traitement. Cependant, il convient de les éviter chez les patients atteints

d'insuffisance rénale sévère ou terminale.

La Gabapentine (Neurontin) est aussi efficace que la carbamazépine, sans les effets néfastes.

À l’arrêt, il faut sevrer lentement la personne âgée (pendant une durée de 1 semaine). Pour les

patients non soulagés par la gabapentine, il y a la Prégabaline (Lyrica). La Prégabaline est

avantageuse par le fait qu’il n’y a aucune interaction médicamenteuse, c’est indiqué pour les

douleurs neuropathiques associées à la polyneuropathie diabétique. Au niveau de l’Acide valproïque

(Épival), l’IASP émet une recommandation « faible » contre son usage pour le traitement de la

douleur neuropathique.

Au niveau des opioïdes, il y a une fausse impression selon laquelle les opiacés ne peuvent

pas soulager les douleurs neurogènes. Tandis qu'en réalité, il faut simplement augmenter les doses,

au détriment des effets secondaires. Lorsque les opioïdes sont utilisés en association avec d'autres

agents de première ligne, on peut obtenir un soulagement rapide pendant la titration des agents de

première ligne et éviter des épisodes graves d'exacerbation de la douleur neuropathique. Si les

opioïdes sont considérés pour une utilisation en deuxième ou troisième ligne, cela peut être en

monothérapie ou en association. Toutefois, les opioïdes ne sont pas le traitement de choix pour la

douleur neuropathique diabétique, car ils peuvent provoquer des effets secondaires tels que la

somnolence, la constipation, les nausées et les problèmes respiratoires. Nous avons également une

autre option controversée : les cannabinoïdes. Ils peuvent avoir des effets sur la douleur

neuropathique, mais ne devraient être utilisés qu'en dernier recours.

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Enfin, un traitement de la douleur neuropathique serait les formulations topiques. Comme

anesthésiques locaux topiques, on a le timbre de Lidoderm 5% ou la crème de lidocaïne. Il existe

également la Capsaïcine. La formulation à 8% est recommandée en 2e ligne par l’IASP, mais elle

n'est pas disponible au Canada. On pourrait aussi considérer la Kétamine topique, toutefois, il faut

faire attention avec les patients ayant une hypertension artérielle.

Pour conclure, First-line treatment options include antidepressants, anticonvulsants,

Gabapentin, and Pregabalin. Opioids can be used in association with other agents but are not the

preferred choice due to side effects such as somnolence, constipation, nausea, and respiratory

problems. Topical formulations such as Lidoderm, lidocaine cream, Capsaicin, and Ketamine can

also be considered. The use of cannabinoids is controversial and should only be considered as a last

resort.

Références:

Boulanger, Aline. « Traitement de la douleur neuropathique. » (Powerpoint, PHL6035 :

Pharmacologie de la douleur, Université de Montreal, Studium ,13 Avril 2022)

Boulanger, Aline. « Traitement de la douleur neuropathique » (Cours magistral, PHL6035 :

Pharmacologie de la douleur, Université de Montreal, https://vimeo.com/showcase/5844489?

page=2, 13 mars 2019)

Plante, Dannick. « Neuropathie. » (Cours magistral, MMD1232 : Exploration du système nerveux,

Université de Montreal, Medcours, 11 Fevrier, 2022).

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QUESTION 3
Madame M. âgée de 40 ans souffre de maux de tête. Elle vient de consulter son médecin qui lui
indique qu’elle souffre de migraine. Il lui a prescrit un bêtabloquant pour prévenir les crises. Elle
n’a aucun déficit neurologique et ses signes vitaux sont normaux (pression artérielle, pouls, rythme
respiratoire, température, état de conscience, etc.) mais se plaint de maux d’estomac. Un mois après
la consultation, la patiente présente une crise aiguë de migraine.

Présentez les traitements pharmacologiques qui peuvent être prescrits chez cette patiente et
expliquez vos choix.

Nous avons une patiente de 40 ans diagnostiquée de migraines. La migraine est une

céphalée primaire intermittente chronique. Les symptômes durent généralement entre 4 et 72 heures

et peuvent être sévères. La douleur est souvent unilatérale, pulsatile, aggravée par l'effort et

accompagnée de symptômes tels que nausées, hypersensibilité à la lumière, aux bruits et aux

odeurs. Les auras surviennent chez environ 25% des patients, habituellement juste avant la céphalée

mais parfois après.

Parmi les facteurs qui peuvent provoquer des migraines, on peut citer les menstruations, le

ROH, les aliments, la fatigue, les odeurs fortes, les auras (affectent 30% des migraineux) et les

facteurs qui peuvent les aggraver incluant l'activité physique de routine. Il est également important

de distinguer les migraines épisodiques de basse fréquence, les migraines épisodiques de haute

fréquence et la migraine chronique (qui concerne 10% de tous les migraineux et doit avoir ≥ 15

jours de céphalées/mois et est aussi souvent associée à d'autres douleurs non-céphalalgiques) et de

comprendre qu'une migraine peut progresser sur plusieurs mois ou années et peut perdre son

phénotype habituel au fur et à mesure.

Commençons avec un peu d'épidémiologie. À l'échelle mondiale, plus de 10% de la

population souffre de migraines. La migraine reste sous-diagnostiquée chez 59% des femmes et

71% des hommes. De plus, 93% des migraines sont associées à une incapacité modérée à sévère et

la migraine est la 2e cause neurologique d'années perdues pour cause d'incapacité. Au Canada, 7

millions de jours de travail sont perdus annuellement et 45,1 millions d'années de vie sont vécues

avec une incapacité en 2016 (au niveau mondial). Les migraines sont donc un enjeu important dans
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la société et ont un poids considérable, d'où l'importance de bien comprendre les plaintes de la

patiente et de traiter en conséquence.

Commençons par le traitement aigu de la migraine. Le but est de soulager complètement la

crise en moins de 2 heures, de ne pas avoir de récidive en moins de 24 heures et finalement, d'avoir

peu ou pas d'effets secondaires. Pour les migraines légères à modérées, on suggère la prise

d'acétaminophène, d'AINS ou d'antiémétique (moins recommandé). Pour les migraines modérées à

sévères ou ceux qui ne sont pas soulagés par les AINS, on prescrit des Triptans seuls ou on essaie

des combinaisons d'AINS, de Triptans PRN et d'antiémétique. Les Triptans agissent en diminuant

l'inflammation neurogénique, en inhibant la libération du CGRP et en inhibant la vasodilatation des

vaisseaux méningés. Les Triptans soulagent la céphalée, la nausée, le vomissement, la photo et la

phonophobie. Toutefois, il existe des effets secondaires tels que des serrements au niveau de la

gorge, du cou, de la mâchoire, de la poitrine, des engourdissements, des paresthésies, du flushing,

de la somnolence et de l'étourdissement. Les Triptans sont des agents vasoconstricteurs, et donc, à

éviter chez le patient avec une maladie coronarienne ou cérébrovasculaire instable, une maladie

vasculaire périphérique. D'autre part, les AINS sont à proscrire chez les patients avec un antécédent

d'ulcère gastrique, d'inflammation gastro-intestinale, d'hémorragie, d'insuffisance rénale et de

maladie vasculaire.

D'autre part, lorsque la fréquence des crises est supérieure à 8 jours par mois, même si bien

soulagée avec les traitements de crise et supérieure à 3 jours par mois lorsque le traitement de crise

est inefficace et lorsque la fréquence des crises est assez élevée pour mettre le patient à risque de

souffrir des céphalées rebonds par surconsommation d'analgésiques, il faut considérer des

traitements préventifs de la migraine.

Lorsque l'on commence un traitement prophylactique, on vise une réduction de la fréquence

des maux de tête de 50 %, une diminution de l'intensité/incapacité des céphalées et une

augmentation de la réponse au traitement aigu.

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Il est important de prendre en considération l'efficacité, le profil d'effets secondaires, les

comorbidités, le niveau d'invalidité du patient, la sévérité de la migraine et la préférence du patient.

Si la patiente n'a jamais essayé de prophylaxie, ma première stratégie serait de débuter des B-

bloqueurs ou des ATD tricycliques, donc les prophylaxies de première ligne, qui incluent le

Topiramate (pour les patients obèses), le Propranolol et le Métoprolol (pour les patients avec HTA)

et l'Amitriptyline (pour les patients avec une comorbidité anxieuse et insomnie).

Dans notre cas, la patiente utilise des B-bloqueurs. Toutefois, ses migraines persistent et elle

commence à observer des effets secondaires : son mal d'estomac. Ainsi, si la patiente avait un échec

à 3 agents préventifs conventionnels (ATD tricyclique, B-bloqueurs, Triptans), à dose et durée

adéquate, je considérerais d'autres options, qui incluent les anticorps monoclonaux CGRP et toxine

botulinique. La Calcitonin gene-related peptide, ou CGRP, a plusieurs cibles thérapeutiques. D'une

part, elle cible le peptide lui-même. D'autre part, elle cible son récepteur CLR-RAMP1. Enfin, elle

cible le développement des anticorps monoclonaux. Les anticorps monoclonaux en prévention de la

migraine disponibles au Canada incluent l'Erenumab (cible le récepteur CGRP), la Fremazenuumab

(cible CGRP) et la Galcanezumab (cible CGRP). Toutefois, avant de prescrire ces médicaments, je

vais m'assurer que la patiente n'a pas de contre-indications ou de facteurs de risque, tels qu'une

grossesse, avoir moins de 18 ans, avoir une maladie cardiovasculaire instable ou être un patient à

haut risque d'événement cardiovasculaire ou des facteurs de risque non contrôlés.

Pour conclure, le traitement repose sur les triptans, la dihydroergotamine, les antiémétiques

et les antalgiques. Le traitement de prévention comprend des modifications du mode de vie (p. ex.,

habitudes de sommeil ou d'alimentation) et des médicaments (p. ex., bêta-bloqueurs, amitriptyline,

topiramate, valproate, anticorps monoclonaux).

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Références

Eghtesadi, Marzieh. « La Migraine. » (Cours magistral, PHL6035 : Pharmacologie de la douleur,

Université de Montreal, https://vimeo.com/showcase/5844489?page=2, 3 avril 2019).

Eghtesadi, Marzieh. « Approche diagnostique à la migraine et modalités thérapeutiques.

» (Powerpoint, PHL6035 : Pharmacologie de la douleur, Université de Montreal, Studium, 6 avril

2022).

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QUESTION 4

Une femme de 72 ans, obèse vous demande ce qui peut être fait pour elle car elle souffre de
douleurs du genou droit dues à de l’arthrose. Elle fume et a un diabète de type 2. Son chirurgien
orthopédiste pense que ses symptômes et ses atteintes à la radiographie du genou ne sont pas assez
sévères pour avoir recours à une opération. Elle mesure 1,62 m pour 88 kg. Sa pression artérielle est
de 140/80 mmHg et elle a une fonction rénale normale et un cholestérol également normal. Elle
prend 4 g d’acétaminophène par jour et de la metformine pour son diabète.

1. Que pouvez-vous lui proposer pour diminuer ses douleurs du genou ? Justifier vos réponses.

2. Vous hésitez à lui prescrire un placebo car vous n’êtes pas sûr qu’elle ait vraiment mal. Est-ce
éthique ? Discutez.

1. L'arthrose de la hanche et du genou est très répandue et invalidante. L'éducation, l'exercice

et la perte de poids sont les pierres angulaires de la prise en charge, complétées par les AINS (pour

les patients candidats), les injections de corticostéroïdes et plusieurs médicaments d'appoint. Pour

les personnes présentant des symptômes avancés et des lésions structurelles, le remplacement total

de l'articulation soulage efficacement la douleur.

L'étoricoxib 60 mg/j et le diclofénac 150 mg/j semblent être les AINS oraux les plus

efficaces pour la douleur et la fonction chez les patients souffrant d'arthrose. Cependant, ces

traitements ne sont probablement pas adaptés aux patients présentant des comorbidités ou pour une

utilisation à long terme en raison de la légère augmentation du risque d'événements indésirables. De

plus, un risque accru d'abandon en raison d'événements indésirables a été constaté pour le

diclofénac 150 mg/jour. Le diclofénac topique 70-81 mg/jour semble être efficace et généralement

plus sûr en raison d'une exposition systémique réduite et d'une dose plus faible, et doit être

considéré comme le traitement pharmacologique de première intention de l'arthrose du genou. Le

bénéfice clinique du traitement aux opioïdes, quelle que soit la préparation ou la dose, ne l'emporte

pas sur les dommages qu'il pourrait causer chez les patients souffrant d’arthrose.

Allons plus en détail sur l’acétaminophène et l’AINS. En 2002, un quart de la population

Américaine a rapporté au moinis une prise hebdomadaire d’Acétaminophène. Un essai de


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paracétamol est raisonnable chez les patients souffrant de douleurs aiguës légères ou modérées dues

à des affections telles que la migraine, les maux de tête, les coliques néphrétiques et les douleurs

périnéales post-partum. Les preuves de l'utilisation du paracétamol pour traiter la douleur chronique

sont insuffisantes. De plus, il faut être conscient des éventuels effets indésirables cardiovasculaires

et gastro-intestinaux du paracétamol, du risque de surdosage (> 3 g/jour) et des effets indésirables

d'une utilisation à long terme tels que des lésions hépatiques. Un ajustement posologique peut être

nécessaire chez les personnes âgées fragiles et celles pesant moins de 50 kg.

Le paracétamol est disponible en plusieurs formulations et est couramment utilisé pour le

soulagement à court terme de la douleur dans les articulations, le dos, les dents, la mâchoire et la

tête. Le médicament n'apporte qu'une amélioration minime de la douleur dans l'arthrose du genou

ou de la hanche à court terme (moins de 12 semaines). Il n'y a aucune preuve pour soutenir son

utilisation régulière à long terme pour ces conditions. Le paracétamol est efficace pour soulager la

douleur dans les deux heures en cas de migraine aiguë et de maux de tête. L'utilisation prolongée de

paracétamol à des doses élevées ou excessives peut augmenter le risque de lésions hépatiques ou

d'événements cardiovasculaires comme déjà dit. Il est important de ne pas dépasser la dose

quotidienne maximale de 4000 mg.Il faut aussi évitez de prendre des préparations contre le rhume

et la grippe contenant du paracétamol si le patient suit un régime régulier de paracétamol contre la

douleur, car il est facile de surdoser par inadvertance.Le surdosage en paracétamol est dangereux,

complexe à gérer et peut être mortel. Il vos avertir le patient que s’il utilise régulièrement du

paracétamol pendant une durée plus longue pour des douleurs chroniques, il faut surveillez les

effets secondaires tels que la fatigue, les douleurs abdominales ou plus particulièrement les douleurs

sous les côtes, l'anémie et l’essoufflement.

D’autre part, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) oraux peuvent réduire les

douleurs musculo-squelettiques mais augmentent le risque d'effets indésirables gastro-intestinaux

(perforation, ulcères, saignements), cardiovasculaires (infarctus du myocarde, insuffisance

cardiaque, hypertension) et rénaux. Les AINS topiques sont également efficaces contre l'arthrose,

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avec moins d'effets indésirables que les formulations orales. Toutefois, le soulagement de la douleur

est faible à modéré.

En resumé, le traitement de l'arthrose commence par l'éducation du patient sur l'exercice, la

perte de poids et les stratégies pour atténuer la douleur. La physiothérapie et la perte de poids ont

des avantages bien établis chez les personnes atteintes d'arthrose du genou. Les anti-inflammatoires

non stéroïdiens sont la base du traitement pharmacologique. La duloxétine est efficace. Les

injections de corticostéroïdes procurent un soulagement temporaire. Les preuves d'efficacité des

injections d'acide hyaluronique sont contestées. Toutefois, le remplacement articulaire deumeure

très efficace pour l'arthrose avancée du genou et de la hanche.

2. Il n'est pas approprié de donner des placebos à des patients souffrant d'arthrose, même si la

gravité de leur douleur arthrosique n'est pas connue.Un placebo est un produit pharmaceutique qui

ne contient pas de principe actif et qui est efficace dans certains contextes médicaux. Il est

important de diagnostiquer correctement la douleur du patient, de la traiter avec des médicaments et

des thérapies scientifiquement validés et de fournir un soutien émotionnel et une formation à la

gestion de la douleur. Le non-respect de ces principes éthiques peut nuire à la confiance et aux

relations patient-médecin et exacerber les problèmes de santé des patients. 

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Références

Beaulieu, Pierre. « Pharmacologie de l’acétaminophène (paracétamol). » (Cours magistral &

Powerpoint, PHL6035 : Pharmacologie de la douleur, Université de Montréal, https://

espacevideo.umontreal.ca/Watch/q2W3Mns5, 26 Janvier, 2022).

Beaulieu, Pierre. « Pharmacologie des AINS. » (Cours magistral & Powerpoint, PHL6035 :

Pharmacologie de la douleur, Université de Montréal, https://espacevideo.umontreal.ca/Watch/

q2W3Mns5, 26 janvier, 2022)

Glyn-Jones S, Palmer AJ, Agricola R, Price AJ, Vincent TL, Weinans H, Carr AJ. Osteoarthritis.

Lancet. 2015 Jul 25;386(9991):376-87. doi: 10.1016/S0140-6736(14)60802-3. Epub 2015 Mar 4.

PMID: 25748615.

Hsu H, Siwiec RM. Knee Osteoarthritis. [Updated 2022 Jun 27]. In: StatPearls [Internet]. Treasure

Island (FL): StatPearls Publishing; 2022 Jan-. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/

NBK507884/

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