Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
DISPOSITIFS MÉDICAUX
& PROGRÈS EN
NEUROLOGIE
Sommaire
3 PRÉFACE 21 TECHNIQUES STÉRÉOTAXIQUES
4
- Radiothérapie stéréotaxique robotisée.
Neurologie : une discipline en pleine mutation Toujours plus précise p.21
8
- Salles hybrides. La révolution « mini-invasive » p.23
25
DIAGNOSTIC
- Activité électrique du cerveau. Explorer pour mieux diagnostiquer p.8 NEUROSTIMULATION
- Un nouvel outil pour la détection précoce des neuropathies p.11 - Une méthode révolutionnaire p.25
- Oculométrie. Un dispositif innovant au service du diagnostic p.12 - La neurostimulation pour le traitement
13
de l’incontinence urinaire et fécale p.29
31
NEUROVASCULAIRE
- L’essor de la neuroradiologie interventionnelle p.13 GLOSSAIRE
- Implants d’embolisation artérielle. Des dispositifs indispensables Les mots techniques ou scientifiques expliqués
à la radiologie interventionnelle p.15 sont accompagnés dans le texte du symbole •G
33
- Coil. Une alternative à la chirurgie p.16
- Stent. Un outil au service du traitement endovasculaire p.17 SOURCES et REMERCIEMENTS
- Flow diverter. Un nouveau traitement pour les anévrismes
intracrâniens p.18
- Thrombectomie mécanique. Une perspective d’avenir pour les AVC p.19
SNITEM • 92038 Paris La Défense Cedex • Directeur de la publication : Éric Le Roy • Responsable d’édition : François-Régis Moulines • Coordination : Nathalie Jarry •
Rédactrice : Frédérique Josse • Édition déléguée : Presse Infos Plus (www.presse-infosplus.fr) • Maquette : Didier Michon • Crédits photos, tous droits réservés : Accuray
Europe SAS, DePuy Synthes, DIXI Medical, Ethicon, EyeBrain, Fotolia, GE Medical systems SCS, Impeto Medical, Medtronic France, Philips France, Siemens
Healthcare • Impression : Imprimerie de l’Étoile 61190 Tourouvre • Septembre 2015 • ISBN : 979-10-93681-09-2
NEUROLOGIE • PRÉFACE
Préface
La neurologie, une discipline jeune et en plein essor
Pr Didier Leys mis de comprendre le fonctionnement du cerveau et d’identifier
Président de la Société française de neurologie, des anomalies fonctionnelles dans certaines pathologies dégé-
CHU de Lille, INSERM U 1171 nératives. Dans l’ensemble, les maladies neurologiques sont
donc diagnostiquées plus tôt et plus précisément, ce qui,
La neurologie est une des disciplines qui a le plus tiré dans de nombreux domaines, est un gage de meilleure prise
bénéfice des progrès réalisés dans le domaine des en charge.
dispositifs médicaux.
Le traitement des affections neurologiques a également fait
Le diagnostic des affections neurologiques avait déjà un bond considérable grâce aux progrès technologiques. La
tiré profit de techniques neurophysiologiques, mais il a stimulation cérébrale profonde, dans la maladie de Parkinson et
été transformé par l’apport de l’imagerie cérébrale en coupe, dans d’autres affections du système nerveux central, la neuros-
d’abord le scanner, puis l’imagerie par résonance magnétique. timulation dans les douleurs neurogènes et dans certaines
Ces techniques ont permis d’identifier directement des lésions séquelles sphinctériennes, la neuroradiologie interventionnelle,
cérébrales parfois de petite taille, d’en préciser la nature, et d’en dans les malformations vasculaires et dans certaines ischémies
surveiller l’évolution de façon non invasive. Elles ont même cérébrales avec occlusion d’un gros tronc artériel, la radiochi-
parfois un effet pervers, qui est la découverte fortuite de lésions rurgie stéréotaxique dans le cas de certaines tumeurs ou mal-
silencieuses dont l’évolution naturelle n’est pas connue, qui formations, en sont les principaux exemples.
inquiètent les malades, et qui incitent parfois les médecins à
des traitements dont la justification n’est pas toujours validée. Ce numéro consacré à la neurologie illustre la place prise par
Aux progrès considérables de l’imagerie morphologique se sont les dispositifs médicaux dans cette discipline jeune et en plein
vite associés les progrès de l’imagerie fonctionnelle qui ont per- essor qu’est la neurologie. n
Neurologie :
Le poids que représente le
cerveau dans le corps (2 %) est
inversement proportionnel à son
En tant que telle, la neurologie moderne est une disci- A l’aube du XXe siècle, après de nombreuses tenta-
rôle. Les centaines de milliards pline plutôt récente. « Au tournant des XVIIIe et XIXe tives impulsées depuis vingt-cinq ans par le médecin
de neurones qui le composent siècles, la médicalisation de la folie a coïncidé avec la britannique Victor Horsley, apparut une technique qui
naissance de la clinique et l’internement asilaire. Dès révolutionna la clinique des maladies mentales : la
font de lui le siège de l’activité les années 1850, la médecine a identifié plusieurs neurochirurgie. Jusqu’alors, la chirurgie du cerveau
intellectuelle et sensitive. Il assure maladies mentales et une scission s’est opérée entre s’était en effet peu ou prou résumée aux trépana-
la neurologie et la psychiatrie » explique Jean-François tions, c’est-à-dire à l’ouverture du crâne. La neuro-
les fonctions vitales – en Picard, historien des sciences au Centre National de la chirurgie n’est en fait apparue que lorsque les
contrôlant le rythme cardiaque, Recherche Scientifique (CNRS) Auparavant, en effet, chirurgiens et les neurologues ont osé, méninges G •
cette expertise faisait partie d’une spécialité globale ouvertes, intervenir sur le cerveau. Ce bouleversement
la température corporelle, la appelée neuropsychiatrie, laquelle regroupait l’en- était intrinsèquement lié à deux phénomènes : d’une
respiration – mais aussi des semble des maladies du cerveau. Dès lors, les part, la naissance d’un courant des neurosciences, la
Dans Le traité de l’homme, le philosophe Le chirurgien écossais William Mac Ewen opère Invention par Victor Horsley et Robert Clarke Hans Berger enregistre
français René Descartes reconnaît qu’à la pour la première fois, avec succès, une tumeur du de la neurochirurgie comme méthode le premier signal
sensation est liée la réponse motrice cerveau, donnant naissance à la neurochirurgie d’expérimentation animale des structures d’activité cérébrale
cérébrales profondes
SNITEM • LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES • 5
NEUROLOGIE
les traitements actifs comme la thrombolyse pris en charge et plus rapidement car les filières
•
intraveineuse G. « Au début des années deux mille, s’organisent de manière plus efficiente, avec les
précise Didier Leys, ce traitement était réservé à Samu, les radiologues, les urgentistes. Cela permet
quelques hyper spécialistes issus de structures de prévenir davantage les complications pour les
extrêmement organisées, lesquels ont ensuite •
AVC et d’éviter les récidives, les phlébites G et les
formé leurs pairs, jusqu’à ce qu’il devienne une •
pneumopathies G . Bref, l’hyper spécialisation a per-
technique de routine pratiquée dans tous les CHU mis d’améliorer le pronostic vital et fonctionnel des
et presque tous les hôpitaux généraux. Aujourd’hui, patients et de développer la recherche ».
la plupart des 140 unités neurovasculaires pour les L’avènement de la neuroradiologie interventionnelle
AVC en France offrent cette prise en charge et c’est et des dispositifs médicaux implantables dans les
là un chiffre optimal pour la France. » années quatre-vingt-dix constitua une autre étape
majeure car ces outils permirent de traiter les
HYPERSPÉCIALISATION •
anévrismes G et les malformations des vaisseaux.
DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ « Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, seule
Parallèlement, une autre évolution, cette fois orga- la chirurgie à crâne ouvert était permise. De nos jours,
nisationnelle, modernisa considérablement la disci- un grand nombre de patients peuvent être traités
pline. En effet, au début des années quatre-vingt-dix, •
par voie radiologique, grâce à un cathéter G dans
imitant l’Hôpital de la Salpêtrière et le CHU de
Marquage de spin artériel
•
lequel on place des coils G, sortes de ressorts bou-
Toulouse avec les pathologies vasculaires, la neuro- chant l’anévrisme. Des études scientifiques ont
logie devint hétérogène et cloisonnée, constituée plus de vingt ans, des accidents cérébraux. En effet, montré que cette technique était particulièrement
d’hyper spécialistes. Neurologue généraliste durant explique-t-il, « les essais cliniques ont montré que efficace, voir plus efficiente que la chirurgie dans
les douze premières années de sa carrière, Didier les patients suivis par des professionnels formés certains cas », précise le Président de la Société
Leys s’occupe par exemple uniquement, depuis s’occupant d’une seule pathologie étaient mieux française de neurologie.
Invention de la
•
Invention Invention de la radiologie Scission entre Premières Le Docteur Norm Shealy effectue la première
•
des techniques interventionnelle la neurologie technique du stenting occlusions stimulation médullaire G sur un homme,
d’embolisation G par le radiologue et la psychiatrie par cathéter par coil c’est-à-dire sur les cordons postérieurs
américain Charles Dotter de la moelle via une électrode implantée
•
Le neurochirurgien français Première Déploiement Naissance Utilisation de Invention d’un appareil permettant
Jean Talairach invente la neurostimulation de la thrombolyse des Flow diverter G l’oculométrie pour de détecter les neuropathies en testant
stéréo-électroencéphalographie sur certains troubles intraveineuse détecter les maladies la fonction sudorale au niveau des mains
(électrodes dans le cerveau) mictionnels neurologiques et des pieds
Activité électrique
Sur le plan physique, l’Électroencéphalogramme « Les ondes cérébrales se fracassent et s’épuisent
(EEG), dispositif permettant de mesurer l’activité considérablement à cause de la boîte crânienne.
du cerveau :
électrique du cerveau, est le seul marqueur en L’EEG est donc un reflet très utile de l’activité spon-
temps réel de l’activité cérébrale. Il sert particulière- tanée cérébrale », explique Jean-Marie Scarabin,
ment à prendre en charge l’épilepsie car il indique Professeur honoraire à la faculté de Médecine de
pour mieux
niques : l’EEG cutané de surface qui consiste à
recueillir l’activité bioélectrique cérébrale, au moyen
diagnostiquer
d’électrodes ; l’EEG sous-dural, aussi appelé « cor- LA STIMULATION DU NERF VAGUE,
ticographie », qui est un examen consistant à dispo- UNE THÉRAPEUTIQUE
ser des électrodes sur le cortex cérébral pour INTÉRESSANTE POUR L’ÉPILEPSIE
PHARMACORÉSISTANTE
enregistrer les anomalies; ou encore la Stéréo-
En enregistrant l’activité électroencéphalographie (SEEG), réalisée à l’aide
d’électrodes implantées dans la profondeur du cer-
Introduite il y a plus de vingt ans, la thérapie
par Stimulation du Nerf Vague (SNV) est
électrique du cerveau, les veau, notamment pour l’exploration intracérébrale désormais une option thérapeutique
reconnue pour traiter l’épilepsie
électrodes peuvent aider au des épilepsies partielles pharmaco-résistantes.
D’autres techniques particulières d’enregistrement pharmacorésistante ou les patients qui ont
diagnostic des pathologies peuvent par ailleurs être utilisées : EEG de sommeil
suivi un traitement chirurgical mais qui
continuent à subir des crises. Elle consiste à
neurologiques, permettant ainsi chez l’adulte, EEG avec activation médicamenteuse,
EEG couplé avec un enregistrement vidéo du com-
implanter un petit dispositif ressemblant à un
stimulateur cardiaque dans la poitrine et à le
de mieux guider le traitement. portement du patient, enregistrement à distance ou connecter à un mince câble électrique, pour
Elles constituent une étape télémétrie, enregistrement ambulatoire etc. stimuler le nerf vague gauche au niveau du
cou. Ce traitement réversible peu invasif est
pré-opératoire indispensable facilement combinable à un traitement
dans le cadre de la prise en COMMENT ÇA MARCHE ? médicamenteux. Il présente d’ailleurs un taux
d’observance du patient à long terme plus
charge de l’épilepsie. Le cerveau travaille en permanence, même pendant élevé que la prise de médicaments anti
le sommeil. L’EEG traduit ces courants sous forme épileptiques.
de courbes caractéristiques de chaque région du
L’ÉPILEPSIE EN CHIFFRES
• En France, on recense entre 300 000 et
500 000 patients souffrant d’épilepsie. C’est
la deuxième maladie neurologique en terme
de fréquence.
• Une personne atteinte d’épilepsie est
deux à trois fois plus encline à mourir
prématurément.
• En Europe, le nombre estimé de nouveaux
cas par an est de 130 000 chez les enfants
et adolescents, de 96 000 chez les adultes
de 20 à 64 ans.
Un nouvel outil
En matière d’innovation, l’Hexagone n’est pas en
reste. C’est en effet une entreprise française qui a
pour la détection
inventé, en 2005, un appareil permettant de détec-
•
ter les neuropathies G testant la fonction sudorale
(sueur) au niveau des mains et des pieds. Non inva-
précoce des sif, cet examen vise à mettre en évidence une alté-
ration des petites fibres nerveuses, signe d’une
neuropathies
atteinte neuropathique précoce. Ce dispositif inno-
vant est utilisé par les neurologues ou les diabétolo-
gues chez des patients diabétiques (le cas le plus
L’oculométrie, un Issue de l’ophtalmologie et des sciences cognitives, Les caméras industrielles utilisées dans
l’oculométrie enregistrent 300 images par
l’oculométrie s’applique aussi à la neurologie. Elle
seconde. Un minimum pour l’œil qui, lorsqu’il
dispositif innovant
permet de tester le fonctionnement de régions spé-
se déplace, effectue une rotation de 500
cifiques du cerveau grâce à l’analyse des mouve- degrés par seconde ! Cela signifie qu’en une
au service du
ments des yeux et de la tête selon des algorithmes. seconde, l’œil pourrait faire une fois et demi le
Elle aide ainsi au diagnostic précoce de maladies tour de lui-même…
neurologiques et psychiatriques ainsi que des
•
diagnostic troubles de la lecture comme la dyslexie G.
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS
COMMENT ÇA MARCHE ?
En 2001, Serge Kinkingnehun, chercheur en image-
Observer les mouvements des L’oculométrie est une caméra enregistrant le mou- rie médicale à l’Hôpital de la Pitié-Salpétrière
yeux pour détecter les maladies vement des yeux et qui est fixée sur un casque, lui- (Paris) étudiait les IRM dans le cadre de la maladie
même relié à un ordinateur sur lequel sont projetés d’Alzheimer. Il fut sollicité par des neurologues et
neurologiques ou des tests d’oculométrie. Le logiciel effectue un exa- des psychiatres pour mettre au point des tests infor-
psychiatriques : tel est l’objectif men du temps de réaction de l’œil, de la vitesse et matisés fonctionnant automatiquement. Il découvrit
de la précision sur la cible que le médecin doit une méthode développée par des confrères sur le
de ce dispositif récent et ensuite interpréter. travail des yeux au moyen d’électrodes fonctionnant
particulièrement innovant grâce à une barre de diodes. Son équipe lui
demanda alors de concevoir une version moderni-
appelé oculométrie ou sée de ce dispositif. Il remplaça donc les électrodes
eye-tracking. Facile et rapide, par une caméra et la barre de diodes par des écrans
d’ordinateur. L’analyse était automatisée et les mou-
ce test sert notamment à vements oculaires enregistrés alors qu’ils étaient
améliorer le diagnostic précoce auparavant imprimés puis analysés avec une règle
et un crayon. En 2007, Serge Kinkingnehun décro-
de pathologies difficilement cha la bourse Charles-Foix qui lui permit de mener
décelables. une nouvelle étude sur le syndrome parkinsonien.
Grâce à d’autres aides, il poursuivit ses recherches
et conçut plusieurs d’appareils. n
neuroradiologie
différents dispositifs médicaux insérés dans les phie, scanner etc.) via les vaisseaux ou les voies
artères cérébrales pour diagnostiquer et traiter les naturelles ou à travers la peau à l’aide d’une fine
interventionnelle
malformations vasculaires du cerveau, de la moelle sonde.
La neuroradiologie
interventionnelle est une
approche thérapeutique en
pleine expansion. Efficace,
fiable et mini-invasive, elle
permet de diminuer le coût de
la prise en charge du patient
tout en augmentant son
confort.
Neurologie interventionnelle
Implants •
Microcoil
L’embolisation G consiste à boucher l’anévrisme par
l’intérieur des vaisseaux. Le médecin pique au
d’embolisation
niveau de l’aine dans l’artère fémorale ou dans l’ar-
tère humérale (coude) pour y introduire un cathéter
artérielle :
qu’il mène jusqu’à la malformation en s’aidant des
images fournies en direct par imagerie. Puis, il
injecte dans cette malformation le produit actif. En
à la radiologie
des produits liquides ou semi-liquides tels de la rologues commencèrent à utiliser la soie et la dure-
colle biologique ou d’éthanol. Dans le domaine neu- •
mère G comme agents embolisants chez des
rovasculaire, l’embolisation des anévrismes intra- patients que l’on ne pouvait traiter avec la chirurgie.
NEUROVASCULAIRE À QUOI ÇA SERT ? depuis leur apparition dans les années quatre-vingt-
dix. Aujourd’hui, ils représentent environ 70 % des
une alternative
Une occlusion endovasculaire (c’est-à-dire à l’inté- CHU de Montpellier. Il existe aujourd’hui des coils de
rieur d’un vaisseau sanguin) par coil est pratiquée calibre, de diamètre, de forme, de souplesse et de
à la chirurgie
pour traiter les anévrismes cérébraux, principale- longueur variables. Cette variété de types de déta-
ment ceux à collet étroit. chement permet de vérifier et de modifier leur posi-
tion dans le sac anévrismal voire de le retirer s’il
s’avère que le coil choisi n’est pas adéquat.
Apparue dans les années quatre- COMMENT ÇA MARCHE ?
UN NOUVEAU TRAITEMENT POUR LES
vingt-dix, la pose de coil, petit La technique de coiling consiste à obstruer complè- ANÉVRISMES À COLLET LARGE ET GÉANT
implant métallique permettant de tement le sac anévrismal par l’intérieur en y introdui- Si cette technique constitue aujourd’hui celle de
sant un ou plusieurs coils. Un cathéter est alors référence pour le traitement des anévrismes intra-
remplir les anévrismes introduit dans l’artère fémorale : il sert de guide pour crâniens, elle présente néanmoins un certain
cérébraux, s’impose face à la monter une sonde endovasculaire très fine sur nombre de limitations, notamment dans le traite-
laquelle est attachée le coil. L’anévrisme est alors ment des anévrismes à collet large mais aussi des
chirurgie. rempli de coils pour le boucher complètement et anévrismes larges et géants. C’est dans ce contexte
ainsi éviter le saignement. Les coils peuvent être lar- qu’est arrivé sur le marché, en 2013, un nouveau
gués de différentes façons selon leur type : dispositif de haute technologie : la cage intra-ané-
•
électrolyse G , mécanique ou hydraulique. Cette pro- vrismale, pour traiter les anévrismes de bifurcation
cédure s’effectue sous anesthésie générale et à collet large. Ces minuscules cages de titane tissé
nécessite une anticoagulation efficace afin d’éviter sont implantées directement dans la poche de
la formation de thrombus (caillot) lors des actes l’anévrisme grâce au guidage d’un cathéter à partir
endovasculaires. de l’artère fémorale. « Elles présentent l’avantage de
s’adapter parfaitement à l’anévrisme dont le volume
a été calculé par une série de scanners et d’IRM »,
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS indique Alain Bonafé. n
Le stent, un outil
Produits de Santé (ANSM). C’est dans ce contexte
Le stent est un petit dispositif métallique et cylin- qu’apparut, en 2003, un traitement associant stents
drique ressemblant à un ressort, placé dans la partie et coils grâce à la mise sur le marché de nouveaux
du traitement
circulation du sang. Il est notamment utilisé pour trai- déployés dans les artères à l’aide d’un cathéter à bal-
ter le rétrécissement de l’artère carotide interne lon, ces petits ressorts sont plus souples et auto-
endovasculaire
(située dans le cou, elle vascularise le cerveau) dans expansibles. Autrement dit, on les fait coulisser à
le cas d’une opération appelée angioplastie, qui vise l’intérieur d’un cathéter et ils se déploient automati-
à réparer l’artère par l’intérieur, sans opération chirur- quement dès leur sortie du dispositif.
gicale. Cette technique est pratiquée pour traiter les
Ce petit ressort métallique est un lésions des artères carotides non accessibles à la UNE UTILISATION FRÉQUENTE
dispositif médical utilisé dans le •
chirurgie mais aussi les sténoses G de patients pré- POUR TRAITER LES ANÉVRISMES
sentant un état cervical défavorable ou à haut risque En juillet 2010, un nouveau stent intracrânien a été
cas d’angioplasties. Cette cardiovasculaire. Les stents sont également indiqués commercialisé aux États-Unis et en Europe pour
procédure permet d’intervenir pour traiter certains anévrismes intracrâniens diffi- traiter les anévrismes intracérébraux à large collet
ciles à prendre en charge par les méthodes de traite- en complément de coils. Flexible et très stable pour
et de réparer une lésion par ment habituelles. s’adapter à la tortuosité de l’anatomie cérébrale, ce
l’intérieur de l’artère (voie dispositif peut être placé par un seul praticien et
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS ainsi simplifier les procédures neurovasculaires
endovasculaire). Une alternative complexes. « Le 17 avril 2015, le New England
à la chirurgie. Suite à la publication de l’étude ISAT en 2002 (voir Journal of Medecine a validé un nouveau dispositif :
sources), le traitement endovasculaire devint la pre- le stent de thrombectomie, aussi appelé stent-
mière approche thérapeutique dans la prise en retriever, associant la thrombectomie (lire page 19)
Stent charge des anévrismes intracrâniens. Celui-ci mécanique et l’extraction d’un caillot avec un stent »,
intracrânien
consista d’abord principalement à mettre en place indique Alain Bonafé, coordinateur du département
des spirales métalliques (coils) au sein de la poche de neuroradiologie au CHRU de Montpellier. Cette
anévrismale. « Des techniques se développèrent technique de revascularisation cérébrale est consi-
ensuite, notamment pour le traitement de certains dérée comme particulièrement efficace car elle évite
anévrismes à l’anatomie complexe, par exemple à les complications hémorragiques comparativement
collet large : la technique de remodeling » indique à la thrombolyse intraveineuse seule. n
Le flow diverter, Les flow diverters sont conçus pour traiter les ané-
vrismes non rompus à col large complexes et les ané-
diverters, grâce à l’évolution technologique des
stents, a « constitué un véritable changement de
un nouveau
vrismes rompus. Ils sont préconisés lorsque les paradigme, permettant d’envisager une reconstruc-
traitements endovasculaires sont impossibles ou pré- tion du segment artériel plutôt qu’une simple occlu-
traitement
sentent un risque de morbi-mortalité important. sion de la poche anévrismale », selon une étude
française réalisée en 2014.
pour traiter les COMMENT ÇA MARCHE ? Les flow diverters sont de plus en plus utilisés pour la
prise en charge des patients. En Europe, cinq dispo-
anévrismes
Ce dispositif d’embolisation est composé d’un sitifs de ce genre sont aujourd’hui référencés dans le
implant permanent, un cylindre tressé en maillage traitement des anévrismes intracrâniens. Mais la sur-
intracrâniens
composé d’alliages multiples (platine/tungstène et venue de complications (ruptures retardées des ané-
cobalt/chrome/nickel) associé à un système de mise vrismes traités), voire le décès de patients, notamment
en place basé sur un fil guide. Il est mis en place à au Royaume-Uni, a amené l’Agence Nationale de
l’aide d’un micro-cathéter et peut être utilisé seul ou Sécurité du Médicament et des Produits de Santé
Stents à mailles serrées, les en association avec des microspires. Grâce à son (ANSM) et la Société Française de Neuroradiologie
maillage trois fois plus dense que le stent traditionnel, (SFNR) à mener une réflexion sur les conditions d’ac-
flow diverters existent depuis il redirige le flux sanguin de manière plus importante compagnement de l’utilisation de cette technique.
les années deux mille. Ce dans l’artère porteuse et perturbe le flux sanguin
intra-anévrismal conduisant à la formation d’un Depuis 2010, l’ANSM exerce une surveillance particu-
dispositif sert à soigner les thrombus. lière de ces dispositifs et demande aux profession-
anévrismes non rompus et nels concernés de contribuer à l’amélioration des
connaissances sur ceux-ci. Conditions de pose, trai-
ceux à collet large. Il est UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS tements associés, suivi des patients… Depuis 2012,
néanmoins récent en pratique un registre « Diversion » a été mis en place par la
Le traitement endovasculaire des anévrismes intra- SFNR pour recenser toutes les poses de Flow
clinique et nécessite d’être crâniens par coïling est la référence depuis 2002. Diverter réalisées en France et recueillir le maximum
confirmé par des études en Néanmoins, en dépit de nombreuses améliorations, de données concernant les types d’anévrismes trai-
cette technique est parfois mise en défaut, notam- tés et les suites opératoires observées à court et
cours. ment dans le cadre d’anévrismes géants à collet large moyen termes. n
mécanique :
braux ischémiques (AVCi) les plus graves, provo-
qués par un caillot de sang qui bloque un vaisseau
une perspective
sanguin dans le cerveau. Cette pathologie est la COMMENT ÇA MARCHE ?
conséquence du manque d’apport d’oxygène dans
une partie du cerveau et peut être due à une throm- La thrombectomie mécanique consiste à aller
les AVC
dépôt graisseux) cérébrale à partir d’une sténose artériographique avec injection de produit de
carotidienne. Sans traitement en urgence, près de contraste iodé dans le cathéter afin de préciser le
la moitié des patients seraient gravement handica- niveau et le degré de l’occlusion intracrânienne.
pés car l’AVC provoque la mort de nombreuses cel- Un micro-cathéter de petit calibre est inséré
Réalisée par voie endovasculaire lules nerveuses, entraînant ainsi des troubles dans un cathéter porteur jusqu’au contact ou
par un neuroradiologue moteurs, sensoriels et cognitifs, voire la paralysie. au-delà du thrombus. C’est là qu’est réalisée la
L’AVC présente un véritable enjeu de santé publique thrombectomie.
interventionnel, la thrombectomie
mécanique représente une
perspective thérapeutique Vaisseau sanguin
stéréotaxique
avec un accélérateur linéaire. Ce type de radiothéra- Une IRM est ensuite réalisée par un radiologue afin
pie externe en trois dimensions permet de diriger des de visualiser le cerveau en trois dimensions. Et de
robotisée : une
faisceaux de radiation vers une région très spéci- permettre au physicien et au radiothérapeute de défi-
fique. Elle est utilisée pour traiter les tumeurs difficiles nir les modalités du traitement et de calculer la trajec-
à atteindre ou que l’on ne peut pas retirer chirurgica- toire exacte des rayons pour encercler la tumeur, le
toujours plus
aussi indiquée pour traiter une récidive et des est allongé sur une table à laquelle le cadre est fixé
•
métastases G au cerveau. Dans certains cas, cette pour empêcher tout mouvement lors de l’irradiation.
précise
dose peut toutefois être délivrée en une seule fois : la Les faisceaux d’irradiation sont réglés selon les posi-
séance unique de radiothérapie est alors qualifiée de tions déterminées précédemment. L’irradiation est
radiochirurgie stéréotaxique. alors lancée : la séance dure entre 20 et 60 minutes
et est complètement indolore.
Traitement
La radiothérapie stéréotaxique de RCMI
fonctionnelles. L’irradiation cérébrale par mini ment de traiter les tumeurs intracrâniennes mais
faisceaux en conditions stéréotaxiques apparut fina- toutes les tumeurs, cancéreuses ou non, dans tout LA RADIOCHIRURGIE ROBOTISÉE
lement en 1951 grâce aux travaux du neurochirur- le corps (cerveau, rachis, poumon, prostate, etc), par EN CHIFFRES
gien et physicien suédois Lars Leksell. Le Français l’administration d’une dose élevée de rayons sous Plus de 300 systèmes de radiochirurgie
Jean Talairach apporta une contribution majeure à forme de faisceaux avec une grande précision. Ce robotisée sont installés dans le monde.
cette jeune discipline en publiant, en 1957, un atlas dispositif intelligent et infiniment précis constitue le Chaque machine traite en moyenne entre
des coupes cérébrales dans lequel il souligna la premier système de radiochirurgie commercialisé 300 et 400 patients par an : environ 1 million
nécessité d’avoir au moins deux repères intracéré- qui associe guidage par imagerie et robotique assis- de patients sont donc pris en charge
braux comme références. tée par ordinateur. Il présente l’avantage de ne pas chaque année.
Ce système de coordonnées cérébrales permit de nécessiter de cadre stéréotaxique invasif pour stabi-
repérer la position de n’importe quel point dans le liser les mouvements du patient.
cerveau d’un individu. L’avènement du scanner dans En 1994, en Californie, le premier patient fut traité corrige son tir de rayons en temps réel, y compris
les années soixante-dix et de l’informatique indivi- puis le dispositif fut homologué aux États-Unis dans lorsque la personne bouge : en respirant ou de façon
duelle grâce à l’invention de micro-ordinateurs per- les années deux mille, d’abord pour le traitement imprévisible à cause de l’activation de fonctions
sonnels, puis l’apparition de l’IRM en 1986 permirent des tumeurs intra et extracrâniennes puis pour le physiologiques.
de simplifier l’utilisation de cette technique. traitement des tumeurs de la tête, du cou et de la Ce dispositif ultramoderne présente de nombreux
Dans les années quatre-vingt-dix, les applications partie supérieure de la colonne vertébrale. Il fallut avantages : moins invasif, il est aussi particulière-
s’élargirent aux actes chirurgicaux d’exérèse G , • néanmoins attendre 2003 pour qu’il soit utilisé en ment précis (de l’ordre de l’infra-millimétrique !), ce
notamment tumorales, en assurant une ouverture Europe. qui limite les complications et les dommages colla-
crânienne limitée et un contrôle interactif des gestes. En 2004, le développement de nouveaux algo- téraux des tissus voisins. Il permet également de
En 1987, le Professeur de neurochirurgie et de radio- rithmes combiné à l’informatique modernisa le robot traiter les patients en ambulatoire et réduit la durée
thérapie John Adler mit au point un système de qui bénéficia dès lors d’une synchronisation à la res- de convalescence. En France, dix centres sont
radiochirurgie robotisée permettant non plus seule- piration. Cela signifie que le robot suit la lésion et aujourd’hui équipés de telles machines. n
Invention de la neurochirurgie Invention de l’irradiation Création d’un atlas Mise au point d’un Premier patient Modernisation
stéréotaxique comme méthode cérébrale par mini faisceaux des coupes cérébrales système de radiochirurgie traité en Californie du robot
d’expérimentation animale en conditions stéréotaxiques robotisée
des structures cérébrales profondes
STEREOTAXIQUES
périphériques ou d’artères natives. Elle est égale-
La salle hybride permet aux chirurgiens de réaliser ment recommandée pour l’embolisation des
en un seul temps plusieurs traitements sur le même •
fibromes G .
la révolution
rité opératoire. Ce plateau technique moderne rend COMMENT ÇA MARCHE ?
donc possible les interventions sous coelioscopie
mini-invasive
sur les vaisseaux autrefois réalisées sous chirurgie Une salle hybride combine un bloc opératoire des-
lourde. Il suffit désormais d’une légère incision et tiné aux interventions cardiaques (chirurgie mini-
d’une anesthésie courte, les suites opératoires invasive) et une salle de radiologie. Elle est donc
réduites autorisant le patient à regagner son domi- équipée d’un robot d’imagerie interventionnelle
Fruit du développement de la cile le soir même. Cette technologie est utilisée en que le chirurgien peut déplacer au cours de l’opéra-
urgence pour traiter les hémorragies graves (post tion mais aussi d’une table réorientable, de com-
chirurgie interventionnelle et partum, polytraumatisé,...) ou en semi-urgence pour mandes adaptées et d’écrans de part et d’autre du
des progrès de l’imagerie pratiquer la fibrinolyse (dissolution d’un caillot san- patient afin que les professionnels puissent mieux
se mouvoir.
médicale, la salle hybride
constitue l’un des plateaux
UNE HISTOIRE D’INNOVATIONS
techniques les plus modernes.
Cette technologie représente C’est au centre Cardio-Thoracique de Monaco
(CTM) que sont nées les salles hybrides, dans les
un espoir majeur pour les années deux mille. En France, l’unité de chirurgie
opérations neurochirurgicales cardiaque de l’Hôpital Privé Jacques Cartier à
Massy (Île-de-France) a été la première à s’équiper
les plus délicates. de cette technologie en 2010. La motivation était
forte car ce nouveau dispositif présente des avan-
tages importants : meilleure sécurité, qualité
d’image supérieure, outils de guidage plus perfor-
mants, précision affinée, gestes surveillés de
Salle hybride
manière plus optimale, temps d’acquisition sionnels en formation. C’est pourquoi les salles thé-
plus rapide et confort de travail pour le médecin et rapeutiques sont aujourd’hui envisagées comme
le chirurgien. Que de promesses ! En outre, grâce des leviers d’excellence thérapeutique pour l’hôpi-
au ciblage précis des zones anatomiques, les doses tal. A tel point que la création des salles hybrides
de radiation sont diminuées de 50 %. Surtout, les connaît une progression très importante : une ving-
équipes sont en mesure de visualiser les zones opé- taine de projets naissent chaque année. Cela
rées en 3D, de reconstruire et de fusionner des constitue une rupture majeure avec la salle interven-
images afin de vérifier en temps réel l’efficacité de tionnelle d’il y a vingt ans, laquelle utilisait un ampli-
leurs gestes sur le patient. Performance technique ficateur de brillant (aussi appelée capteur-plan) pour
et gain de temps se combinent donc tandis que l’on obtenir instantanément une image radiologique
évite au patient l’habituel examen radiologique de numérique de haute définition dès la prise du cliché
contrôle. Enfin, le dispositif permet grâce au sys- radiographique.
tème de vidéotransmission (caméra et écrans), un
enseignement en direct ou différé et à distance à Cette technologie a élargi le spectre des traitements
destination de l’ensemble de l’équipe et des profes- en prenant en charge les malformations artériovei-
neuses, pelote de vaisseaux sanguins constituée de
Salle hybride
veines et d’artères pouvant provoquer une hémor-
ragie cérébrale. Les trois quarts environ des cas
40
peuvent être opérés mais les autres malformations
sont situées si profondément, sont si volumineuses
ou d’accès tellement difficile qu'il n’est pas possible On estime qu’il existe en France environ 40 salles hybrides,
d'opérer sans provoquer de dégâts importants. Les principalement dans les grands CHU.
salles hybrides permettent aujourd’hui, grâce aux
outils 3D, de visualiser cette malformation pour
mieux la caractériser et ainsi faire un choix théra- évaluées, concernant notamment la fusion des
peutique plus éclairé. techniques (échographie avec image radio, outils de
guidage et repérage dans l’espace, etc.) en misant
Quid de l’avenir pour un matériel si récent ? Selon sur une définition toujours fine et une mise au point
les experts, il s’agit aujourd’hui d’améliorer les outils de plus en plus rapide. Enfin, les améliorations pas-
de guidage afin qu’ils soient toujours plus précis et seront également par la mise au point de cathéters
que l’on émette une dose minimum de rayons X. et de stents encore plus performants et plus
Salle hybride Des problématiques d’intégration seront également petits. n
novatrice
mer ou encore d’épilepsie pharmaco-résistante, fines électrodes sont implantées grâce à une tech-
mais aussi de douleurs chroniques. Elle est égale- nique de repérage stéréotaxique pilotée par IRM.
ment envisagée dans le traitement de certaines Un câble très fin est situé sous la peau pour relier les
formes de dépressions résistantes aux traitements, électrodes à un neurostimulateur placé sous la
des TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs), des peau, au niveau de la clavicule. Ce stimulateur
La neurostimulation a troubles du comportement alimentaire (comme transmet un courant électrique dans les électrodes
révolutionné la prise en charge l’anorexie mentale) ou encore pour traiter des cas afin de stimuler la région du cerveau impliquée dans
d’addiction sévère. Peu agressive, elle est aussi la survenue des troubles. Dans le cas de la maladie
de certaines affections comme réversible et présente peu de risques. de Parkinson, par exemple, le courant élec-
la maladie de Parkinson. Elle
constitue aujourd’hui un
traitement particulièrement
prometteur.
300 000
une électrode entre deux vertèbres dans le canal
rachidien, à l’arrière de la moelle épinière. Elle est LA THÉORIE DES
reliée à un stimulateur sous la peau que le patient PORTES DE DOULEUR
Plus de 300 000 patients dans le monde ont été équipés de peut commander pour régler l’intensité de la stimu- La théorie du gate control a été décrite par
stimulateur médullaire pour traiter la douleur (plusieurs lation en fonction de la douleur, explique Patrick Patrick Wall et Ronald Melzack en 1965.
centaines par an sont implantées en France).
Mertens. Elle s’adresse à des patients atteints de Elle explique que le message douloureux
400
douleurs chroniques provoquées par la lésion des est modulé tout au long de son
nerfs (compression, traumatisme, douleur sciatique). cheminement par des systèmes régulateurs
Le malade peut garder ce stimulateur le temps et qu’au niveau de la moelle épinière, il
patients sont opérés en France chaque année pour traiter nécessaire, parfois plus de dix ans s’il le faut. » existe un filtre modulateur de très grande
les mouvements anormaux. importance : la porte. Le message
Parallèlement, les neurolochirurgiens essayèrent de
douloureux transite par cette porte et plus
traiter différents types de douleur en stimulant les
(Évaluation des systèmes implantables de neurostimulation, Haute autorité la porte est ouverte, plus le message
de santé (HAS), rapport d’évaluation technologique, mars 2014) nerfs périphériques puis les différentes structures douloureux est perçu comme intense, ce
cérébrales profondes et, finalement, le cortex qui explique pourquoi le débit du message
moteur. La stimulation des zones très profondes, au douloureux peut être augmenté, réduit,
sage nerveux qui provoque la douleur), pouvait être niveau du tronc cérébral, où se trouvent des récep- voire interrompu. Cette théorie a permis de
modulé et que cela permettait de traiter des dou- teurs de la morphine, se révéla partiellement effi- comprendre les effets de certaines
leurs par l’application de courants électriques sur cace, notamment pour soulager les patients atteints réactions face à la douleur, comme le fait
les fibres nerveuses qui inhibent ces systèmes. D’où de cancer. « Mais elle fut peu utilisée car elle ne d’imbiber d’eau fraîche une brûlure, ce qui
l’idée de poser des électrodes sur la méninge fonctionne pas longtemps », précise le Professeur peut effectivement soulager une douleur en
recouvrant la moelle épinière », résume Patrick Mertens. provoquant la fermeture de la porte.
Mertens. Cette technique permit de traiter des dou- Durant les années quatre-vingt, la stimulation
leurs chroniques d’origine neurologique comme la médullaire se développa et la technique se diffusa.
lésion d’un nerf. « La neurostimulation fut alors utilisée dans d’autres paramètres administrés étaient déterminés de
domaines que la douleur : les troubles ischémiques façon empirique.
AVÈNEMENT DE LA STIMULATION en 1972 et les troubles vesicosphinctériens en
MÉDULLAIRE 1985 », note Patrick Mertens. En outre, le matériel SCP : UNE ÉPOPÉE FRANÇAISE
Après la théorie, la pratique. En 1969, le Docteur évolua. « Les piles et les électrodes se miniaturi- Il fallut attendre le développement de la stimulation
Norm Shealy effectua la première stimulation médul- sèrent et le plastique rigide fut remplacé par du dans les années quatre-vingt-dix pour traiter
laire sur un homme, c’est-à-dire sur les cordons pos- silicone souple. Et, grâce à l’électronique, le para- d’autres affections chroniques comme les mouve-
térieurs de la moelle via une électrode implantée. métrage se sophistiqua. » Mais la technique demeu- ments anormaux. En 1987, en effet, les Professeurs
« La neurostimulation médullaire consiste à glisser rait au stade de la recherche clinique alors que les Alim-Louis Benabid et Pierre Pollak, de
urinaire et fécale
de rétention non consécutifs à une obstruction mais aux traitements conventionnels (hyperactivité vési-
aussi agir sur l’incontinence mixte (urinaire et fécale) cale et rétention sans obstruction).
ainsi que sur la constipation.
La neuromodulation sacrée
permet de traiter l’incontinence COMMENT ÇA MARCHE ?
urinaire et fécale. Son efficacité Il s’agit de stimuler, au moyen d’un neurostimulateur
thérapeutique peut être implantable relié à des électrodes, les nerfs S3
innervant les organes du petit bassin et situés au
appréciée à l’aide d’un test niveau du sacrum. Après une première phase de
simple. Cette thérapie a test pour vérifier que le patient répond à la stimula-
tion, le boîtier de neuromodulation (qui fait à peu
révolutionné la chirurgie de près la taille d’un pacemaker) est implanté en sous-
l’incontinence. •
cutané au-dessus de la fosse iliaque G . Le fil reliant
l’électrode au boîtier est tunnelisé sous la peau.
Encéphale : Partie supérieure du système Fosses iliaques : Parties basses de l’abdomen, Maladie de Parkinson : Maladie neurologique
nerveux central, constituée du tronc cérébral, du situées en dehors de la région ombilicale, et sous chronique caractérisée par un tremblement, une
cervelet et du cerveau et assurant le contrôle de l’hypocondre (situé sous le diaphragme). raideur et une lenteur des mouvements. Décrite
l’ensemble de l’organisme. dès le début du XIXe siècle, cette pathologie est
Hémiplégie traumatique : L’hémiplégie est la l’une des maladies neurologiques les plus
Endovasculaire : Intérieur d’un vaisseau sanguin perte totale ou partielle de la motricité d’une moitié fréquentes, puisqu’elle touche environ 1 % de la
(aorte, par exemple). du corps, d’origine neurologique. On parle population âgée de plus de 50 ans.
d’hémiplégie traumatique lorsqu’elle est
Epilepsie : Affection caractérisée par la répétition provoquée par un accident vasculaire cérébral (le Maladies neurodégénératives : Groupe de
chronique de décharges (activations brutales) des plus fréquent), une hémorragie cérébrale, un pathologies progressives liées à un
cellules nerveuses du cortex cérébral. traumatisme crânien, un coma, ou une tumeur dysfonctionnement métabolique au sein du tissu
cérébrale, par opposition aux hémiplégies nerveux, conduisant à la mort des neurones et à
Exérèse : Intervention chirurgicale consistant à d’origine congénitale (présentes dès la naissance, la destruction du système nerveux. Si certaines de
retirer de l’organisme un élément qui lui est ou infectieuse). ces maladies atteignent quelquefois l’enfant ou
nuisible ou inutile. l’adulte jeune, la majorité des cas se rencontrent
Ischémique : Provoqué par une interruption ou après 65 ans.
Fibrinolyse systémique : Processus de une diminution de la circulation sanguine dans une
destruction physiologique des dépôts de fibrine artère irriguant le cerveau ou la rétine. Médullaire : relatif à la moelle épinière.
(protéine du plasma sanguin fabriquée par le foie)
sous l’action d’une enzyme. Liquide céphalorachidien : Ancienne Méninges : Enveloppes du système nerveux
dénomination du liquide cérébrospinal (LCS), un central (Il en existe trois).
Fibrome : Tumeur bénigne du tissu conjonctif liquide entourant tout le système nerveux central
fibreux. et remplissant également les cavités ventriculaires Métastase : Foyer de cellules cancéreuses
encéphaliques. provenant d’un cancer initial, dit primitif, et
Flow diverter : Stents intrâcraniens présentant un développé sur un autre organe. Les métastases
maillage environ trois fois plus dense que les stents Maladie de Fabry : Maladie héréditaire cancéreuses représentent la dernière étape de
intracrâniens traditionnels. Ce maillage dense caractérisée par une accumulation de lipides dans l’évolution spontanée de la plupart des cancers.
redirige le flux sanguin de manière plus importante les organes et les tissus.
dans l’artère porteuse et perturbe le flux sanguin Nécroser (verbe) : Action de mortification de
intra-anévrismal conduisant à la formation d’un cellules ou de tissus privés de leurs apports
thrombus. Les stents de type flow diverter sont nutritionnels et vitaux.
destinés au traitement des anévrismes intracrâniens.
Neurologue : Professionnel de santé spécialisé Pollakurie : On parle de pollakiurie lorsque Thrombolyse intraveineuse : Technique
dans l’étude et le traitement des maladies les mictions (action d’uriner) dépassent le nombre médicale visant à détruire un thrombus
touchant le système nerveux central (cerveau, de 8 par jour. (ou caillot sanguin).
moelle épinière) ou périphérique (racines et nerfs).
Spire : coil. Spirale métallique expansible Tomographie par émission de positons
Neuropathie : Affection du système nerveux implantée en neuroradiologie interventionnelle, (TEP) : Technique d’imagerie médicale fondée sur
périphérique, formé des nerfs et des ganglions. utilisée dans le traitement des malformations la détection, par un appareillage approprié, des
vasculaires cérébrales ou médullaires. rayonnements associés aux positons (particules
Neurotransmetteur : Substance chimique de élémentaires légères de même masse que
l’organisme permettant aux cellules nerveuses Sténose : Rétrécissement pathologique, l’électron, mais de charge électrique positive) émis
de transmettre leurs messages. congénital ou acquis, du calibre d’un organe, d’un par une substance radioactive introduite dans
canal ou d’un vaisseau. l’organisme, et permettant d’obtenir des images
Phlébite : Constitution d’un caillot à l’intérieur en coupe (tomographies) des organes.
d’une veine, parfois associé à une inflammation de Stent : Cylindre métallique extensible à destinée
la paroi veineuse. Une phlébite a pour endovasculaire. Trouble mictionnel : Problèmes liés à des fuites
conséquences un arrêt du flux sanguin dans la incontrôlées d’urines puisque la miction est aussi
veine obstruée et une hyperpression vasculaire en Stimulation médullaire : La stimulation un phénomène volontaire.
amont du caillot. médullaire consiste en l’implantation d’électrodes
dans le cerveau par voie percutanée ou par voie Urgenturie : Urgence d’uriner, difficile voire
Plug : Dispositifs d’embolisation à largage chirurgicale. Cette thérapie est proposée à des impossible à contrôler.
contrôlé constitués d’une cage en nitinol patients présentant des douleurs neuropathiques
autoexpansible. chroniques rebelles ou des douleurs d’origine
ischémique. Elle permet de diminuer les douleurs
Pneumopathie : Toute maladie d’un poumon, ou de façon importante et de redonner au patient une
des deux, quelle que soit sa cause. Les qualité de vie acceptable.
pneumopathies peuvent avoir une origine
allergique, toxique, cancéreuse ou immunologique Subthalamique (noyau) : Ganglion de la base,
mais, le terme est souvent synonyme d’infection c’est-à-dire l’élément de substance grise situé
pulmonaire. dans le cerveau.
ÉDITION MAI 2014 ÉDITION MAI 2014 ÉDITION MAI 2014 ÉDITION MAI 2014
LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES LES INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES MÉDICALES
ÉDITION NOVEMBRE 2014 ÉDITION SEPTEMBRE 2015 ÉDITION SEPTEMBRE 2015 ÉDITION SEPTEMBRE 2015
SNITEM
92038 Paris - La Défense cedex
Tél. : 01 47 17 63 88
Fax : 01 47 17 63 89
www.snitem.fr
info@snitem.fr