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Pratique Neurologique – FMC 2020;11:101–108

Pathologie neuromusculaire

Stratégie diagnostique face à une


neuropathie périphérique
Diagnostic strategy for a peripheral neuropathy

T. Lenglet a a
Département de neurophysiologie clinique, groupe
J.-P. Camdessanché b,c hospitalier Pitié-Salpêtrière, Assistance publique–
hôpitaux de Paris, 47–83, boulevard de l'Hôpital,
75651 Paris cedex 13, France
b
Service de neurologie, CHU de Saint-Étienne,
hôpital Nord, 42000 Saint-Étienne, France
c
Centre de ressources et de compétences maladies
neuromusculaires rares, CHU de Saint-Étienne,
42000 Saint-Étienne, France

RÉSUMÉ MOTS CLÉS


La neuropathie périphérique (NP) est une situation clinique très fréquemment rencontrée en Neuropathie périphérique
routine, bien au-delà de la seule spécialité neurologique. Elle englobe un large éventail de Polyneuropathie
troubles affectant le système nerveux périphérique dans des patterns variés renvoyant à plus Électroneuromyographie
d'une centaine d'étiologies. Certaines sont fréquentes, d'autres graves ; toutes ne sont pas Biopsie de nerf
curables. Face à un patient suspect de NP, le neurologue devra préciser par l'anamnèse et Stratégie diagnostique
l'examen clinique, les caractéristiques de cette neuropathie (mode d'installation, topographie,
contexte familial ou général, etc.). Un bilan biologique de première ligne sera proposé et bien KEYWORDS
souvent suffisant pour faire le diagnostic des NP les plus fréquentes. En complément un Neuropathy
électroneuromyogramme pourra être proposé en l'absence d'étiologie claire ou d'une présenta- Polyneuropathy
tion atypique d'une NP de cause évidente. Un bilan de deuxième, voire de troisième ligne, Electroneuromyography
incluant potentiellement la réalisation d'une biopsie nerveuse, sera recommandé selon les Nerve biopsy
caractéristiques de la NP, son évolutivité, et un éventuel contexte extraneurologique. Diagnostic strategy
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SUMMARY
Peripheral neuropathy (PN) is a clinical situation commonly encountered in routine far beyond
the neurological specialty. It encompasses a wide range of disorders affecting the peripheral
nervous system in various patterns each referring to different etiologies. Facing a patient with
suspicion of PN, the neurologist will have to specify through anamnesis and clinical examination,
the characteristics of this neuropathy (mode of installation, topography, family or general context,
etc.). A first line biological assessment will be proposed and very often sufficient to diagnose the
most frequent PN. In addition, an electroneuromyogram may be done in the absence of a clear
etiology or an atypical presentation of a neuropathy of obvious cause. A second or even third line
assessment, potentially including a nerve biopsy, will be recommended depending on the
characteristics of the NP, its evolution, and any extraneurological context.
© 2020 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Auteur correspondant.
T. Lenglet,
Département de neurophysiologie
clinique dans le contexte du suivi de patholo- clinique, groupe hospitalier Pitié-
INTRODUCTION Salpêtrière, Assistance publique–
gies chroniques, comme le diabète, première
cause de NP. Dans la littérature, il est rapporté hôpitaux de Paris, 47–83,
La neuropathie périphérique (NP) constitue un
boulevard de l'Hôpital, 75651
motif très fréquent de consultation en en neu- que 1 % de la population générale serait tou- Paris cedex 13, France.
rologie. Elle s'avère même bien souvent chée par une NP et que cette prévalence Adresse e-mail :
dépistable en l'absence de toute plainte atteindrait 7 % après 65 ans [1]. En pratique timothee.lenglet@aphp.fr

https://doi.org/10.1016/j.praneu.2020.01.006
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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établir un diagnostic étiologique d'une NP peut se révéler distinguera les neuropathies longueur-dépendante renvoyant
difficile compte tenu de la variété de situations cliniques ren- vers un mécanisme carentiel, dysmétabolique ou toxique, des
contrées. Dès 2003 Péréon et al. ont proposé un classement neuropathies non longueur-dépendante suggérant un méca-
de l'ensemble des NP en fonction du mode d'installation (aigu/ nisme dysimmun.
subaigu ou chronique), du caractère symétrique ou asymé- Préciser le mode d'installation aigu (moins d'un mois), subaigu
trique et enfin du profil axonal ou démyélinisant à l'électroneu- (entre un et six mois) ou chronique (plus de six mois) de la NP
romyogramme (ENMG) [2]. Il s'avère ainsi possible de placer constitue un temps primordial pour orienter son diagnostic
sur un graphique à trois dimensions plusieurs dizaines d'étio- étiologique [3].
logies de NP. En découle un très large éventail d'examens L'anamnèse doit permettre de préciser une éventuelle histoire
diagnostiques allant d'une biologie standard à des examens familiale et le mode de transmission de la NP de type auto-
beaucoup plus techniques et coûteux d'imagerie, de génétique somique dominant, récessif ou lié à l'X. Il faut savoir se méfier
ou d'immunologie, voire invasifs comme la biopsie de nerf, d'un effet de censure si l'un des parents est décédé pour une
justifiant que leur réalisation soit confiée à des centres spé- autre raison avant d'avoir développé des symptômes. Le
cialisés. Pour autant examen clinique et interrogatoire s'avè- caractère héréditaire peut aussi être suspecté aussi du fait
rent le plus souvent suffisants pour retenir le diagnostic d'antécédents médicaux dans l'enfance ou l'adolescence
étiologique d'une NP. A contrario, près d'un tiers des NP comme des entorses à répétition, une certaine inaptitude au
demeurent sans cause identifiée, quelle que soit l'exhaustivité sport, une cyphoscoliose ou un contexte de pieds creux [3].
du bilan engagé, signifiant le plus souvent une NP idiopathique Les habitudes toxiques (notamment l'alcoolisme chronique) de
d'évolution bénigne. Aussi apparaît-il essentiel d'établir une même que l'activité professionnelle (séquences motrices répé-
démarche diagnostique rationnelle face à une NP, visant à gui- titives, exposition à des toxiques) doivent être renseignées.
der la réalisation d'examens complémentaire et à baliser le De principe, la question d'une NP iatrogénique doit toujours
recours à une prise en charge spécialisée. Dans le texte qui être posée. Il s'agit le plus souvent d'une neurotoxicité directe
suit, nous avons ainsi voulu poser les bases de l'approche comme observée au cours de chimiothérapies anti-
diagnostique d'une NP basée sur la clinique, la neurophysio- cancéreuses (bortezomib, sels de platine, taxanes, vincristine,
logie et autres investigations paracliniques en particulier etc.) ou avec la prise de certains antibiotiques. Pourtant, la
biologique et discuter la place de la biopsie de nerf (Fig. 1). question de NP dysimmunitaires induites se pose désormais
régulièrement en particulier depuis l'émergence de certaines
immunothérapies comme les inhibiteurs du checkpoint [4].
Il est important de préciser si la NP est isolée ou si elle s'inscrit
STRATÉGIE CLINIQUE dans une maladie plus générale. Cette dernière peut être
connue et plus ancienne comme un diabète par exemple. La
L'examen clinique constitue un temps fondamental du diag- neuropathie est alors une complication. Il peut s'agir d'une
nostic de NP. Il s'agit de renseigner une liste de symptômes et maladie pour laquelle l'atteinte du nerf correspond à l'atteinte
anomalies de l'examen clinique de nature à établir la réalité d'un tissu parmi d'autres comme dans certaines maladies auto-
d'une NP et préciser le type de fibres nerveuses impliquées et immunes. La NP peut aussi la première manifestation d'une
leur distribution. Symptômes sensitifs positifs (paresthésies, maladie qui atteindra à terme plusieurs organes. Concernant le
picotements, douleurs neuropathiques) ou négatifs (hypoes- dépistage des manifestations extraneurologiques, on insistera
thésie ou altération de la sensation au chaud/froid), ataxie en particulier sur l'examen attentif de la peau.
proprioceptive traduisant une atteinte du contingent lemniscal,
trouble moteur (déficit, amyotrophie, crampes, fasciculations),
dysautonomie (hypotension orthostatique, troubles digestifs,
troubles génito-urinaires, troubles de la sudation. . .) ou encore STRATÉGIE PARACLINIQUE DE 1RE INTENTION
troubles trophiques constituent les points d'appel classiques
d'une NP. De principe, une atteinte des nerfs crâniens sera Examen ENMG
également recherchée. Dans certaines pathologies chroni- Toutes les NP n'appellent pas à la pratique d'un ENMG. Les
ques comme le diabète la survenue d'une neuropathie peut recommandations HAS de 2007 n'indiquent sa réalisation que
également être dépistée via l'usage d'un monofilament de si le diagnostic de NP ne peut être affirmé cliniquement avec
nylon de calibre 5,07 en dépit d'une sensibilité très imparfaite. certitude et/ou en cas de discordance entre le tableau clinique
En pratique un examen clinique minutieux permet de classer la ou son évolution et l'étiologie suspectée. À titre d'exemple la
neuropathie en fonction du type de fibre (motrice, sensitive survenue d'une polyneuropathie sensitive distale (PSD)
« grosses fibres » ou « petites fibres », autonome ou combi- typique chez un sujet diabétique connu n'engage pas à la
née) et la distribution clinique longueur-dépendante ou non réalisation d'un ENMG (HAS, 2007). Cette restriction s'étend
longueur-dépendante, symétrique ou asymétrique, voire mul- théoriquement également au contexte d'une PSD survenant
tifocale. Il convient en particulier d'insister sur l'importance chez sujet éthylique chronique ou exposé à une chimiothéra-
d'une étude soigneuse des réflexes tendineux pour approcher pie neurotoxique, mais il apparaît plus discutable chez eux de
le mécanisme longueur-dépendant (aréflexie achilléenne ou ne pas pratiquer ENMG visant à documenter la sévérité de la
des membres inférieurs) ou non longueur-dépendant (aréfle- NP et considérant qu'il s'agit là de patients à risque de pré-
xie généralisée) d'une NP. senter une NP d'une autre cause.
Il convient ensuite de préciser la topographie des troubles. On L'ENMG doit être envisagé comme un véritable prolongement
distinguera ainsi le contexte des neuropathies focales et muti- de l'examen clinique indiquant qu'il soit réalisé par un praticien
focales pour lesquelles le déficit neurologique peut prendre qualifié à partir d'une demande correctement renseignée. Si tel
une distribution tronculaire, pluritronculaire, plexulaire ou radi- n'est pas le cas l'examinateur veillera à appréhender le
culaire. Et en cas de neuropathie diffuse (polyneuropathie) on contexte de cet examen par un interrogatoire et un examen

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Stratégie diagnostique face à une neuropathie
périphérique
Pathologie neuromusculaire

clinique qui détermineront la conduite de l'ENMG initial. Cela


dit son déroulement que ce soit dans le choix des nerfs
investigués ou des muscles étudiés en détection à l'aiguille,
découlera directement des données recueillies au cours
même de l'examen sans que l'on puisse dresser un examen
standard applicable à toutes situations cliniques.
Les enjeux de l'ENMG sont multiples : venir confirmer le fait
d'une NP et l'hypothèse clinique de son pattern ou proposer un
pattern alternatif, voire l'association à d'autres pathologies
neuromusculaires ; approcher son mécanisme lésionnel en
apportant des arguments pour une pathologie de l'axone, de la
myéline, une atteinte du neurone moteur (pathologie du moto-
neurone), du neurone sensitif (ganglionopathie), voire d'un
trouble de l'excitabilité nerveuse ; mesurer la sévérité de la
NP (et donc son pronostic) ; et apporter des arguments pour
définir sa chronicité et son évolutivité, autant d'éléments qui
conditionneront la rapidité de mise en œuvre de l'enquête
diagnostique.
L'ENMG permet ainsi de préciser la nature des fibres nerveu-
ses atteintes et de conclure à une neuropathie sensitive (seu-
les les grosses fibres myélinisées sont enregistrables),
sensitivo-motrice et plus rarement motrice pure. Parfois la
présentation est sensitive pure, mais une atteinte du contin-
gent moteur infraclinique sera mise en évidence. La bonne
connaissance de l'anatomie et l'analyse des potentiels actions
sensitifs classiquement respectés en cas d'atteinte radiculaire
— anatomiquement localisée en amont du ganglion rachidien
postérieur — sont essentielles.
L'étude des vitesses de conduction motrice doit permettre de
conclure quant au profil, axonal, axono-myélinique ou démyé-
linisant de la NP. La littérature ne propose pas de normes
précises pour définir le profil axonal. Classiquement l'ampli-
tude des potentiels d'action diminue sans modification de la
vitesse de conduction. Quand la perte en fibres de gros calibre
est trop importante, on peut observer un ralentissement de la
vitesse de conduction, au prorata de la perte axonale. En cas
d'atteinte axonale chronique, dans le cadre du processus de
réinnervation avec anatomiquement des intervalles entre les
nœuds de Ranvier plus courts, les vitesses de conductions
pourront être ralenties sans jamais atteindre les critères de
démyélinisation primaire qui permettent de poser le diagnostic
de polyradiculoneuropathie inflammatoire démyélinisante
chronique (PIDC) [5]. Bien souvent, un profil axono-myélinique
est retenu abusivement, correspondant en fait à une atteinte
axonale chronique comme explicité ci-dessus. Il existe cepen-
dant des NP de vrai profil à la fois axonal et myélinique
correspondant à un cadre restreint d'étiologies : diabète et
insuffisance rénale chronique, syndrome POEMS, neuropa-
thie paranéoplasique associée aux anticorps anti-CV2/
CRMP5 ou encore dans des maladies métaboliques
hérédo-dégénératives (adrénoleucodystrophie, leucodystro-
phie métachromatique, etc.). Le diagnostic d'une neuropathie
démyélinisante s'établit à partir de ralentissements des vites-
ses de conduction tronculaires, proximales (ondes F), de
l'allongement des latences distales et/ou de la mise en évi-
Figure 1. Arbre diagnostique général. ENMG :
dence de blocs de conduction. On distinguera des signes de
électroneuromyogramme. PMP22 (analyse en biologie moléculaire de
démyélinisation diffus et inhomogène en faveur d'une étiologie
la Peripheral Myelin Protein 22 : délétion ! neuropathie par
héréditaire (Charcot Marie Tooth [CMT] démyélinisant), d'un
hypersensibilité à la pression ; duplication ! Charcot Marie Tooth de
pattern de démyélinisation très distal évocateur d'une neuro-
type 1A). TTR (analyse en biologie moléculaire de la
pathie à IgM anti-MAG, d'une neuropathie héréditaire par
transthyrétine!neuropathie amyloïde familiale). * ! en cas de
hypersensibilité à la pression (HNPP) ou de formes distales
contexte évocateur. ** ! en cas de suspicion de mononévrite multiple.
de PIDC. Les signes de démyélinisation pourront également
se limiter à des aspects de blocs de conduction sur un ou

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plusieurs troncs nerveux traduisant une forme multifocale de


PIDC. Une atteinte sensitive pure de distribution non longueur- Tableau I. Bilan biologique de première ligne.
dépendante évoquera une neuronopathie sensitive [6]. Enfin, Dosage Pathologie
les données de l'ENMG devront toujours être analysées en
miroir des données cliniques. Ainsi, l'équation « importantes Glycémie à jeun, HbA1C Diabète
anomalies ENMG » et clinique fruste (ENMG plus « malade » Numération formule Anémie, macrocytose,
que le patient) doit faire évoquer une neuropathie héréditaire. sanguine hémopathie maligne
L'examen à l'aiguille, permet d'approcher la gravité d'une Gamma-GT Alcoolisme chronique
neuropathie en enregistrant des activités de repos (potentiels Transaminases Hépatite
de fibrillation, ondes lentes positives, potentiels de fascicula-
Créatininémie et débit de Insuffisance rénale
tion) témoignant le plus souvent d'une atteinte axonale active
filtration glomérulaire
et en cours.
Dans un contexte polyneuropathique l'ENMG devra au mini- Protéine C réactive ou Syndrome inflammatoire,
mum étudier bilatéralement les nerfs moteurs médians, vitesse de sédimentation hémopathie maligne
ulnaire, tibial et fibulaire avec enregistrement des vitesses TSH Hypothyroïdie
de conduction, des ondes F, et recherche de bloc de conduc- Électrophorèse des Gammapathie
tion jusqu'au point d'Erb. Le cas échéant les index de latence protéines sériques et monoclonale (MGUS ou
terminale seront calculés [7]. En sensitif, l'étude portera au immunofixation hémopathie)
minimum et bilatéralement sur les nerfs médians, ulnaire,
Vitamine B12 Carence
radial et sural. L'examen à l'aiguille enregistrera des muscles
des loges jambières et des cuisses aux membres inférieurs, Sérologies VIH, VHC, Infection
parfois la ceinture pelvienne. Aux membres supérieurs, l'exa- Lyme (zones d'endémies)
men pourra porter sur des muscles distaux (mains), des avant- MGUS : gammapathie monoclonale de signification indéterminée.
bras ou plus proximaux encore. Ceci permettra de statuer sur
la distribution des troubles et sur l'atteinte axonale.
Bien sûr, l'ENMG réalisé en première ligne pourra être répété
lors du bilan de deuxième ligne et au-delà. En effet, l'évolution
objective des données ENMG sera également un élément (PAIC) qui rend compte d'un tiers des NP. En l'absence de
important pour décider de la poursuite des investigations. biomarqueur d'une telle entité, on pourrait avoir tendance
à considérer le diagnostic de PAIC comme un diagnostic
Bilan biologique de première ligne d'exclusion ce qui pose le problème de l'exhaustivité du bilan
recommandé avec le risque d'une surenchère inutile d'exa-
En 2007, à l'initiative de l'Association des neurologues libéraux mens complémentaires. Il s'agit ainsi de pouvoir d'emblée
de langue française, l'HAS a publié des recommandations dresser le profil type d'une PAIC. D'un point de vue clinique,
pour la prise en charge diagnostique des neuropathies péri- il s'agit d'une neuropathie dont l'incidence augmente avec
phériques [8]. Un bilan biologique de première ligne a été l'âge et qui s'observe chez un sujet de plus de 60 ans qui
proposé incluant : une glycémie à jeun à la recherche d'un consulte au motif d'une sensation d'engourdissement débu-
diabète ; une numération formule sanguine à la recherche tant au niveau des orteils avec diffusion insidieuse, lente en
d'une anémie, d'une macrocytose ou d'une hémopathie mali- chaussettes. Au-delà le patient rapport volontiers des dyses-
gne ; des gamma-GT dans l'hypothèse d'un alcoolisme chro- thésies vécues comme désagréables plus que véritablement
nique ; des transaminases dans l'hypothèse d'une hépatite ; douloureuse des extrémités inférieures. On admet cependant
une créatininémie et un débit de filtration glomérulaire pour une variante douloureuse avec l'implication des petites fibres
rechercher une insuffisance rénale ; une protéine C réactive ou qui indique de documenter l'association à un syndrome méta-
une vitesse de sédimentation dans l'hypothèse d'un syndrome bolique (surpoids, HTA, intolérance au glucose, dyslipidémie).
inflammatoire ou d'une hémopathie maligne ; une TSH pour Il n'y a jamais d'atteinte motrice ou strictement restreinte aux
identifier une hypothyroïdie. En 2000, Magy et Vallat avaient orteils et l'aréflexie, inconstante, se limite à une aréflexie
proposé de doser la T4 en parallèle de la TSH. Ils réalisaient achilléenne. Naturellement il n'y également aucune manifes-
aussi une électrophorèse des protéines sériques et une immu- tation extraneurologique. La rentabilité de l'ENMG dans ce
nofixation de même qu'un dosage de la vitamine B12 et une contexte clinique d'une polyneuropathie sensitive distale iso-
sérologie VIH [9]. Au final, on peut proposer raisonnablement lée demeure sujet à controverse, mais sa pratique demeure
comme bilan biologique de première ligne celui correspondant hautement recommandée [10]. Les anomalies ENMG d'une
au Tableau I. PIAC se limitent volontiers à une déperdition axonale sensitive
modérée et limitée aux membres inférieurs.
Contexte clinique particulier d'une L'évolutivité attendue au long cours d'une PAIC est celle d'une
polyneuropathie axonale sensitive distale : accentuation insidieuse des symptômes sensitifs subjectifs,
mais avec un retentissement fonctionnel demeurant limité.
« portrait-robot » de la polyneuropathie axonale
C'est d'ailleurs un élément important à expliquer au patient
idiopathique chronique qui craint en l'absence de cause que sa NP puisse s'accompa-
Dans le contexte le plus fréquemment rencontré en routine gner d'un handicap important. Cette faible évolutivité clinique
clinique d'un tableau de PSD, la stratégie clinique et paracli- s'accompagne également d'une faible évolutivité ENMG. Il
nique de 1re ligne décrite s'avèrera le plus souvent suffisante convient pour s'en assurer de proposer un suivi clinique et
pour établir un diagnostic étiologique ou par défaut délimiter le ENMG avec un recul évolutif d'au moins 6 mois avant de se
cadre d'une polyneuropathie axonale idiopathique chronique limiter à un suivi clinique simple progressivement plus espacé.

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Stratégie diagnostique face à une neuropathie
périphérique
Pathologie neuromusculaire

En cas de neuropathie démyélinisante s'apparentant à une


Tableau II. Drapeaux rouges cliniques et à l'électroneu- PIDC, voire parfois à un CMT démyélinisant la mise en évi-
romyogramme (ENMG). dence d'une gammapathie monoclonale IgG ou IgA lambda
Drapeaux rouges indiquera la recherche active d'un syndrome POEMS (poly-
neuropathie, organomégalie, endocrinopathie, gammapathie
Cliniques ENMG monoclonale et anomalies cutanées) avec un dosage du
Neuropathie non longueur- ENMG démyélinisant VEGF dont l'augmentation constitue un autre critère diagnos-
dépendante : atteinte des tique majeur et la recherche active de lésions osseuses et des
membres supérieurs manifestations extraneurologiques composant des critères
première, atteinte mineurs [13].
simultanée des quatre Le diagnostic génétique peut être proposé dans un contexte
membres, aréflexie évocateur à la recherche d'une neuropathie de Charcot Marie
généralisée Tooth de type 1A (CMT1A) par duplication sur le gène de
Ataxie, aggravation rapide Abolition/réduction sévère PMP22. En effet, le tableau clinique de déficit moteur des
diffuse des potentiels loges jambières avec pieds creux et ENMG démyélinisant
d'action sensitifs peut faire rechercher cette neuropathie qui est la plus fré-
quente des neuropathies héréditaires [14].
Dysautonomie/douleurs
(en l'absence de diabète)
Déficit clinique Anomalies Contexte d'une polyneuropathie axonale évolutive
asymétrique électrophysiologiques Il est difficile de proposer un bilan exhaustif tant la démarche
asymétriques diagnostique dépendra du contexte clinique de la neuropathie et
Atteinte motrice/atteinte Atteinte axonale précoce/ en particulier d'éventuelles manifestations extraneurologiques
motrice précoce, signes de dénervation qui orienteront la poursuite des investigations. Parmi les étiolo-
aggravation rapide active en détection/ gies déjà théoriquement dépistées dans le bilan de première
évolutivité objective sur ligne, on retient qu'un trouble du métabolisme de la B12 peut
l'étude de conduction s'accompagner d'une neuropathie demeurant initialement isolée
Histoire familiale Discordance clinique/ (sans signe digestif ni hématologique associé) et d'un dosage de
ENMG vitamine B12 demeurant dans la norme basse. Il convient ainsi
de savoir rechercher une augmentation de l'homocystéinémie
Signes extraneurologiques
(>13 mmol/L) et de l'acide méthylmalonique (>47 g/L) [15]. Les
syndromes de non-dissociation (âge, alcoolisme, atrophie gas-
trique, prise d'inhibiteurs de la pompe à protons au long cours,
portage d'Helicobacter pylori chronique) sont plus fréquents que
BILAN DE 2E LIGNE la maladie de Biermer proprement dite. D'autres origines caren-
Ce bilan sera proposé d'emblée en cas de la mise en évidence tielles plus rares (déficit en folate, déficit en cuivre) pourront être
de l'un des drapeaux rouges cliniques ou ENMG listés dans le dépistées en particulier si à la NP s'associent des signes clini-
Tableau II, mais également dans le contexte d'une NP demeu- ques indicateurs d'une participation médullaire.
rée sans cause au terme du bilan de 1re ligne et dont le suivi Les investigations sont par ailleurs orientées par les principa-
clinique/ENMG témoignerait d'une évolutivité inattendue. Le les causes de polyneuropathie axonale évolutive acquise qu'il
bilan dépendra directement de la situation clinique/électrique s'agisse d'une vascularite, d'une hémopathie, d'une amylose,
de la NP et il peut être recommandé à ce stade de recourir d'un syndrome paranéoplasique ou de pathologies infectieu-
à une consultation spécialisée. ses justifiant au minimum de la recherche d'auto-anticorps,
d'anticorps onconeuraux, d'une biopsie des glandes salivai-
res, d'une protéinurie des vingt-quatre heures, et parfois d'un
Contexte d'une polyneuropathie démyélinisante PET scanner au 18-fluorodeoxyglucose.
Le diagnostic de PIDC est parfois simple, mais toutes les D'un point de vue génétique la recherche d'une neuropathie
présentations ne sont pas classiques indiquant de se rapporter amyloïde familiale (NAF) par mutation du gène de la trans-
à un arbre décisionnel d'explorations [11]. L'étude du liquide thyrétine (TTR) ne doit pas se restreindre au phénotype por-
cérébro-spinal sera très utile pour le diagnostic (dissociation tugais avec une NP douloureuse associé à une dysautonomie.
albumino-cytologique) ou le diagnostic différentiel et l'étude Le constat d'une perte axonale évolutive, qu'il s'agisse du
des potentiels évoqués somesthésiques et de l'imagerie IRM contexte d'une NP longueur-dépendante, d'une présentation
radiculo-plexique peuvent constituer des critères de support de type polyradiculoneuropathique ou d'une neuropathie
déterminant. En cas de doute, le recours à un traitement débutant aux membres supérieurs, doit motiver une étude
immunomodulateur d'épreuve à visée de confirmation diag- du gène de la TTR, au même titre que l'existence de signes
nostique ne doit s'envisager qu'après concertation avec un en faveur d'une atteinte d'un ou plusieurs organes associés
centre expert. D'un point de vue biologique certaines présen- à la NP [16].
tations cliniques (installation subaiguë, forme sévère, pré-
sence d'un tremblement) feront réaliser un dosage
d'anticorps ciblant le nœud de Ranvier ou le paranoeud Contexte d'une neuropathie ataxiante
comme par exemple les anticorps anti-NF155 ou les anticorps Une neuropathie ataxiante de distribution plutôt longueur-
anti-Contactin1 qui conditionneront l'attitude thérapeutique dépendante avec une atteinte motrice distale des membres
[12]. inférieurs au deuxième plan et un ENMG objectivant une

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Pathologie neuromusculaire T. Lenglet, J-P Camdessanché

démyélinisation distale doit faire rechercher des anticorps anti- en cas d'histoire familiale, de début dans l'enfance, de mani-
MAG. La neuropathie pourra évoluer dans un contexte de festations associées ou d'une sémiologie évocatrice (insensibi-
gammapathie monoclonale de signification indéterminée lité à la douleur, érythromélalgie, syndrome de douleur extrême
(MGUS) ou dépendre d'une maladie hématologique comme paroxystique). On estime qu'actuellement une cause potentiel-
la maladie de Waldenström [17]. lement traitable de NPF peut être identifiée chez un tiers à la
Chez des patients présentant une association ataxie-hypoes- moitié des patients à partir des données de leur histoire clinique
thésie-aréflexie, parfois des paresthésies distales et péri-ora- et d'un bilan biologique bien conduit [20]. La part de NPF
les et un déficit moteur oculo-bulbaire avec ophtalmoplégie, d'origine idiopathique demeure cependant non négligeable.
dysphagie et/ou dysarthrie, un syndrome de « Chronic Ataxic
Neuropathy Ophtalmoplegia IgM paraprotein, cold Agglutins Contexte d'une neuropathie asymétrique axonale
Disialosyls » (CANOMAD) sera recherché en dosant une IgM
monoclonale ciblant les épitopes disialylé glycosphingolipides S'il s'agit d'une atteinte asymétrique sensitivo-motrice plus
membranaires GD1b, GT1b, GQ1b, GD2, GD3 [18]. souvent que sensitive pure, d'installation aiguë, douloureuse,
isolée ou intégrée dans une maladie générale et que l'ENMG
confirme une atteinte axonale dans une distribution multi-tron-
Contexte d'une ganglionopathie culaire et asymétrique on évoquera d'emblée le cadre d'une
Des critères diagnostiques sont disponibles pour établir ce mononeuropathie multiple. Son mécanisme relève le plus sou-
cadre qu'on évoquera devant une atteinte sensitive pure vent d'une vascularite source d'une ischémie nerveuse qu'il
non longueur-dépendante avec des potentiels d'action sensitif s'agisse d'une vascularite systémique primitive type périartérite
d'amplitude diminuée [6]. Le mode d'installation peut être aigu noueuse ou ANCA positive (polyangéite microscopique, gra-
ou subaigu dans un contexte paranéoplasique et doit faire nulomatose de Wegener, granulomatose éosinophilique avec
réaliser un dosage d'anticorps onconeuraux anti-Hu et anti- polyangéite), associée à une affection systémique (lupus, syn-
CV2/CRMP5. Le tableau peut être plus insidieux dans un drome de Sjögren et autres connectivites) ou secondaires
cadre dysimmun de type syndrome de Sjögren (anticorps (post-infectieuse, toxique, paranéoplasique) [21]. Si le bilan
antinucléaires, anti-SSA/-SSB), carentiel (vitamine B12) ou systémique réalisé ne permet pas d'affirmer le diagnostic de
infectieux (VIH, EBV). En cas d'évolution très chronique et/ vascularite ou si la neuropathie s'avère restreinte au nerf péri-
ou de discordance électro-clinique marquée on évoquera une phérique, une biopsie de nerf (voir le bilan de troisième ligne
origine hérédo-dégénérative s'intégrant le plus souvent dans pour ses conditions de réalisation) doit légitimement être pro-
une atteinte multisystémique (maladie de Friedreich, A-bêta posée dès le bilan de deuxième ligne tenant compte de
lipoprotidémie/vitamine E, mitochondriopathies SCA3 ou syn- l'urgence diagnostique et thérapeutique.
drome CANVAS) [19]. En cas de neuropathie axonale asymétrique sans distribution
tronculaire claire et/ou avec participation proximale, il faudra
associer au bilan systémique la réalisation d'une étude du
Contexte clinique d'une neuropathie douloureuse liquide cérébro-spinal dans l'hypothèse d'une pathologie
de type « petites fibres » méningo-radiculaire ou radiculo-névritique d'origine infec-
Les neuropathies restreintes aux petites fibres (NPF) ne sont tieuse, inflammatoire ou infiltrative.
pas authentifiées par l'ENMG et peuvent imposer un recours Une atteinte asymétrique motrice pure des membres supérieurs
aux potentiels évoqués laser ou à la biopsie cutanée pour surtout chez un homme jeune doit faire suspecter une neuropa-
mesure de la densité en fibres nerveuses intra-épidermiques. thie motrice avec blocs de conduction. L'ENMG sera bien sûr
Le contingent autonome peut lui-même être investigué par des une pièce centrale du diagnostic pour la mise en évidence du
tests neurophysiologiques (réflexe cutané sympathique, inter- trouble de conduction. Une IgM anti-GM1 sera présente dans
valle RR) ou par l'étude de la conductance cutanée des 40 à 60 % des cas, et le diagnostic pourra également être étayé
extrémités. par une imagerie plexique [22]. En cas d'altération de la conduc-
La présentation des NPF peut être non longueur-dépendante. tion sensitive en regard de territoires touchés on évoquera une
Une atteinte des petites fibres peut cependant constituer un forme multifocale de PIDC de type Lewis-Sumner.
point de départ d'une polyneuropathie axonale longueur- Des atteintes tronculaires dans les suites du maintien même
dépendante et en cas d'évolution vers une atteinte des gros- peu prolongé d'une position avec un ENMG montrant des
ses fibres le bilan rejoindra celui d'une polyneuropathie axo- ralentissements des vitesses de conduction motrice dans
nale évolutive indiquant – en particulier en cas de signes les sites d'entrappement, un allongement diffus des latences
dysautonomiques associés – de contrôler l'absence de dia- distales et une polyneuropathie sensitive doivent faire recher-
bète et d'éliminer une amylose (TTR ou à chaîne légère). cher une neuropathie par hypersensibilité à la pression par
Pour le reste les étiologies potentielles des NPF sont multiples. délétion du gène PMP22 [23].
Parmi les causes acquises on distingue : une origine dysimmu-
nitaire dans le cadre d'un Sjögren, d'un lupus, de pathologies
inflammatoires digestives, paranéoplasique ou suggérée par un
mode d'installation aiguë ; cryoglobulinémique (surtout si infec- BILAN DE 3E LIGNE
tion VHC) ; métabolique par intolérance au glucose, diabète ou
induite par une correction rapide du diabète ou sur dysthyroïdie ; Biopsie de nerf
infectieuse (VHC, VIH) ; toxique liée à la prise de traitement Ce geste invasif ne doit s'envisager que dans un centre spé-
neurotoxique (antirétroviraux, metronidazole, nitrofurantoine, cialisé permettant l'étude standard du tissu interstitiel des dif-
etc.) ou à la consommation d'alcool. En dehors de la NAF il férentes tuniques du nerf (endonèvre, périnèvre, épinèvre),
existe d'autres causes génétiques (canalopathies sodiques, l'étude de la gaine de myéline (coupes semi-fines, voire micro-
Fabry, Tangier, cadre des HSAN) que l'on évoquera surtout scopie électronique ou « teasing ») et des techniques

106
Stratégie diagnostique face à une neuropathie
périphérique
Pathologie neuromusculaire

d'immuno-histochimie [24]. Elle devra particulièrement s'envi- Déclaration de liens d'intérêts


sager dans le contexte d'une polyneuropathie axonale évolu- Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.
tive dont le diagnostic n'aurait pu être établi en dépit des bilans
de 1re et 2e ligne. Elle pourra en effet apporter un diagnostic
étiologique direct dans les pathologies touchant le tissu inters-
titiel. Ainsi la biopsie nerveuse peut démontrer la présence de
dépôts d'une amylose à chaînes légères AL dans un contexte RÉFÉRENCES
de dyscrasie plasmocytaire ou de syndrome lymphoprolifératif
B, responsable d'une atteinte multi-organe (cœur, rein, foie, [1] Hanewinckel R, Drenthen J, van Oijen M, Hofman A, van Doorn
tube digestif, système nerveux autonome). Egalement elle PA, Ikram MA. Prevalence of polyneuropathy in the general
s'avère déterminante pour porter le diagnostic d'une neuro- middle-aged and elderly population. Neurology 2016;87:1892–8.
lymphomatose. Plus rarement, un diagnostic de lèpre peut [2] Péréon Y, Nguyen The Tich S, Guihéneuc P. Peripheral neu-
dépendre d'un prélèvement nerveux, ce d'autant que parfois ropathy: a picture is worth a thousand words. Neurophysiol Clin
l'atteinte peut être restreinte au nerf. La biopsie de nerf peut 2003;33:31–2.
confirmer également le mécanisme d'une NP notamment dans [3] Bouche P. Chapter 1: clinical assessment and classification of
le contexte d'une PIDC ne répondant pas aux traitements peripheral nerve diseases. In: Vallat J-M, Weis J, Gray F,
conventionnels [11]. Un élargissement des gaines de myélines Keohane K, editors. Peripheral nerve disorders: pathology and
les plus périphériques, voire un dépôt d'IgM dans le nerf pourra genetics. First ed. John Wiley & Sons, Ltd; 2014 [©2014 Inter-
apporter des arguments en faveur d'une neuropathie anti- national Society of Neuropathology].
MAG surtout si le taux d'anticorps anti-MAG est peu élevé [4] Staff NP, Grisold A, Grisold W, Windebank AJ. Chemotherapy-
[17]. Enfin, la biopsie de nerf peut avoir sa place pour le induced peripheral neuropathy: a current review. Ann Neurol
diagnostic de certaines neuropathies héréditaires en aidant 2017;81:772–81.
à la confirmation de l'imputabilité d'une mutation causale [25]. [5] Van den Bergh PYK, Hadden RDM, Bouche P, Cornblath DR,
Hahn A, Illa I, et al. European Federation of Neurological
Biologie Societies/Peripheral Nerve Society guideline on management
of chronic inflammatory demyelinating polyradiculoneuropathy:
Il est difficile de conseiller un bilan biologique y compris géné-
report of a joint task force of the European Federation of Neuro-
tique de troisième ligne tant le nombre d'étiologie de NP est
logical Societies and the Peripheral Nerve Society – First revision.
grand. Ce bilan pourra correspondre aux éléments du bilan de
Eur J Neurol 2010;17:356–63.
deuxième ligne proposé et qui n'auraient pas été recherchés,
[6] Camdessanche J-P, Jousserand G, Ferraud K, Vial C, Petiot P,
toujours dans un contexte compatible ou évocateur. Certains
Honnorat J, et al. The pattern and diagnostic criteria of sensory
dosages pourront être répétés si les valeurs mesurées étaient
neuronopathy: a case-control study. Brain 2009;132:1723–33.
limites ou susceptibles de varier avec l'aggravation de la
[7] Attarian S, Azulay JP, Boucraut J, Escande N, Pouget J.
neuropathie. Il est légitime de proposer que ce bilan soit réalisé
Terminal latency index and modified F ratio in distinction of chronic
dans un centre référent.
demyelinating neuropathies. Clin Neurophysiol 2001;112:457–
63.
[8] HAS. Synthèse des recommandations professionnelles. Prise en
CONCLUSION charge diagnostique des neuropathies périphériques (polyneuro-
pathies et mononeuropathies multiples); 2007.
Examen clinique et interrogatoire sont bien souvent suffisants [9] Magy L, Vallat JM. Peripheral neuropathies. Etiology, diagnosis.
pour retenir le diagnostic étiologique d'une NP éventuellement Rev Prat 2000;50:69–78.
complété d'un ENMG et d'un seul bilan biologique de première [10] American Association of Neuromuscular & Electrodiagnostic
ligne. C'est la gravité et/ou l'évolutivité de la neuropathie qui Medicine. AANEM policy statement on electrodiagnosis for distal
poussera le clinicien ou le neurophysiologiste clinicien symmetric polyneuropathy. Muscle Nerve 2018;57:337–9.
à rechercher des neuropathies plus rares. Celles-ci seront [11] French CIDP Study Group. Recommendations on diagnostic
parfois accessibles à un traitement spécifiques, voire curables, strategies for chronic inflammatory demyelinating polyradiculo-
ce qui motivera le recours à des examens de deuxième, voire neuropathy. Postgrad Med J 2008;84:378–81.
troisième ligne, orienté par le phénotype de la NP. [12] Vural A, Doppler K, Meinl E. Autoantibodies against the node of
Ranvier in seropositive chronic inflammatory demyelinating poly-
neuropathy: diagnostic, pathogenic, and therapeutic relevance.
Points essentiels Front Immunol 2018;9:1029.
[13] Dispenzieri A. POEMS Syndrome: 2019 update on diagnosis,
risk-stratification, and management. Am J Hematol 2019;94:812–
 La neuropathie périphérique est un trouble couram-
27.
ment rencontré en pratique clinique.
[14] Pareyson D, Saveri P, Pisciotta C. New developments in
 L'approche clinique, éventuellement complétée de
Charcot-Marie – Tooth neuropathy and related diseases. Curr
l'ENMG, et le bilan biologique de 1re ligne sont le
Opin Neurol 2017;30:471–80.
plus souvent suffisant pour établir le diagnostic étio-
[15] Langan RC, Goodbred AJ. Vitamin B12 deficiency: recognition
logique d'une neuropathie périphérique.
and management. Am Fam Physician 2017;96:384–9.
 Drapeaux rouges cliniques et/ou ENMG indiqueront
[16] Adams D, Ando Y, Beirão JM, Coelho T, Gertz MA, Gillmore JD,
un bilan plus approfondi dans le cadre d'une prise en
et al. Expert consensus recommendations to improve diagnosis of
charge spécialisée.
ATTR amyloidosis with polyneuropathy. J Neurol 2020. http://dx.
doi.org/10.1007/s00415-019-09688-0 [Article sous presse].

107
Pathologie neuromusculaire T. Lenglet, J-P Camdessanché

[17] Svahn J, Petiot P, Antoine J-C, Vial C, Delmont E, Viala K, et al. [21] Gwathmey KG, Tracy JA, Dyck PJB. Peripheral nerve vasculitis.
Anti-MAG antibodies in 202 patients: clinicopathological and Neurol Clin 2019;37:303–33.
therapeutic features. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2018;89: [22] Beadon K, Guimarães-Costa R, Léger J-M. Multifocal motor
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[18] Willison HJ, O'Leary CP, Veitch J, Blumhardt LD, Busby M, [23] Robert-Varvat F, Jousserand G, Bouhour F, Vial C, Cintas P,
Donaghy M, et al. The clinical and laboratory features of chronic Echaniz-Laguna A, et al. Hereditary neuropathy with liability to
sensory ataxic neuropathy with anti-disialosyl IgM antibodies. pressure palsy in patients under 30 years old: neurophysiological
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