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Pratique Neurologique – FMC 2021;12:138–148

Neuropathies périphériques

Neuropathie des petites fibres :


diagnostic et prise en charge
Small fiber neuropathies: Diagnosis and management

J.-P. Lefaucheur a,b a


Université Paris-Est Créteil, EA 4391 (excitabilité
nerveuse et thérapeutique), Créteil, France
b
Unité de neurophysiologie clinique, Assistance
publique–hôpitaux de Paris, hôpital Henri-Mondor,
Créteil, France

RÉSUMÉ MOTS CLÉS


Les neuropathies des petites fibres sont généralement considérées comme des neuropathies Clinique
douloureuses accompagnées d'un examen électroneuromyographique normal. Cela conduit Diagnostic
à effectuer des tests spécifiques, tels qu'une biopsie cutanée pour calculer la densité des fibres Douleur
nerveuses intra-épidermiques, des potentiels évoqués à la stimulation laser, une quantification Exploration
des seuils de sensibilité thermique, ou une mesure des conductances électrochimiques cuta- Neuropathie Périphérique
nées. Cependant, ces tests ne sont sensibles qu'à la perte en petites fibres (A-delta et C), ce qui Petites Fibres
ne reflète pas les mécanismes responsables des douleurs neuropathiques périphériques. Une Traitement
perte sélective en petites fibres sensitives ne génère intrinsèquement qu'un déficit de sensibilité
thermoalgique, qui ne s'accompagne pas nécessairement d'un caractère douloureux. À KEYWORDS
l'inverse, des douleurs neuropathiques périphériques peuvent survenir en l'absence de toute Clinical
perte en fibres nerveuses, et peuvent être liées à des mécanismes complexes et divers, Diagnostic
impliquant des modifications d'excitabilité de différents types de fibres nerveuses et une modu- Investigation
lation centrale. Aussi, attribuer la cause d'une neuropathie douloureuse à une neuropathie Pain
lésionnelle des petites fibres n'a aucun sens physiopathologique. Dans cet article, nous pré- Peripheral Neuropathy
senterons les principaux éléments de diagnostic et de prise en charge des atteintes des petites Small Fibers
fibres. Ceci passe dans un premier temps par une interprétation correcte des signes et symp- Treatment
tômes cliniques présentés par les patients, en distinguant un phénotype « névralgique » d'un
phénotype neuropathique déficitaire, sans oublier la part dysautonomique. Les limites des
explorations cliniques et paracliniques dans ce phénotypage seront abordées. Enfin seront
présentés le bilan étiologique nécessaire à réaliser dans un premier temps, ainsi que les grands
principes thérapeutiques. Dans ce cadre clinique, il faut aller au-delà de nombreux aprioris et
erreurs d'interprétation qui ne reposent sur aucune base physiopathologique solide et perdurent
malheureusement.
© 2021 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SUMMARY
Small fiber neuropathies are generally considered as painful neuropathies accompanied by a
normal electroneuromyographic examination. This leads to performing specific tests, such as a
skin biopsy to calculate the density of intraepidermal nerve fibers, recordings of evoked poten-
tials to laser stimuli, quantification of thermal sensory thresholds, or measurement of electro-
chemical skin conductance. However, these tests are only sensitive to the loss of small fibers (A-
delta and C), which does not reflect the mechanisms responsible for peripheral neuropathic pain. Auteur correspondant :
A selective loss of small sensory fibers intrinsically only generates a deficit in thermoalgesic J.-P. Lefaucheur,
sensitivity, which is not necessarily accompanied by pain. Conversely, peripheral neuropathic Unité de neurophysiologie clinique,
hôpital Henri-Mondor, 51, avenue
pain can occur in the absence of any loss of nerve fibers, and can result from complex and
du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny,
diverse mechanisms, involving changes in the excitability of different types of nerve fibers and 94010 Créteil cedex, France.
central modulation. Also, attributing the cause of painful neuropathy to a neuropathy with small Adresse e-mail :
fiber lesion makes no pathophysiological sense. In this article, we will present the main elements jean-pascal.lefaucheur@hmn.aphp.
of diagnosis and management of small fiber disorders. This first involves a correct interpretation fr

https://doi.org/10.1016/j.praneu.2021.03.008
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Neuropathie des petites fibres : diagnostic et prise en
charge
Neuropathies périphériques

of the clinical signs and symptoms presented by the patients, distinguishing a "neuralgic'' phenotype from a deficient neuropathic
phenotype, without forgetting dysautonomia. The limits of clinical and laboratory investigations in this phenotyping will be
discussed. Finally, the necessary etiological assessment to first perform will be presented, as well as the main therapeutic
principles. In this clinical setting, it is necessary to go beyond numerous preconceptions and errors of interpretation, which do not
rely to any solid physiopathological basis and unfortunately persist.
© 2021 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

 les très grosses fibres de la sensibilité profonde musculo-


INTRODUCTION tendino-articulaire (proprioception ; fibres des groupes I et
II) ;
Une « neuropathie des petites fibres » (NPF) est usuellement  les grosses fibres de la sensibilité cutanée « mécanique »
évoquée devant un tableau clinique dominé par la présence (toucher, pression, vibration ; fibres A-bêta) ;
d'un syndrome douloureux avec des composantes « neuropa-  les petites fibres de la sensibilité thermique et algique (fai-
thiques » (par exemple des sensations de brûlure ou des blement myélinisées ou amyéliniques ; fibres A-delta et C).
phénomènes allodyniques quels qu'ils soient avec un
score > 4 au questionnaire DN4) et dont la distribution anato-
mique est compatible avec une neuropathie périphérique. De Symptomatologie clinique négative ou positive
principe une telle neuropathie peut également s'accompagner Un deuxième point essentiel est de faire la distinction clinique
de signes dysautonomiques, mais pas de signes d'atteinte des entre :
« grosses fibres » sensitives ni d'atteinte motrice. L'examen  les signes et symptômes sensitifs négatifs (déficitaires)
électroneuromyographique (ENMG) est normal, y compris par perte de fonction ou perte réelle en fibres nerveuses ;
l'étude des conductions nerveuses sensitives. Le diagnostic  les signes et symptômes sensitifs positifs par gain de
positif de certitude se base sur des explorations complémen- fonction, hyperactivité ou hyperexcitabilité des fibres
taires, notamment la mesure de la densité de fibres nerveuses nerveuses.
intra-épidermiques (DFNIE) sur biopsie cutanée, considérée Différentes conditions pathologiques (métaboliques, toxiques
comme le « gold standard diagnostique » dans ce domaine. ou inflammatoires) sont susceptibles d'entraîner à la fois la
Mais d'autres tests, notamment neurophysiologiques, comme dégénérescence de certains axones et l'hyperexcitabilité de
l'enregistrement des potentiels évoqués nociceptifs par stimu- certaines fibres restantes. De plus, l'extrémité de fibres en
lation laser (PEL), la quantification des seuils de sensibilité régénération peut être le siège d'une hyperexcitabilité liée
thermique (quantitative sensory testing [QST]) ou la mesure à l'accumulation de canaux sodiques voire potassiques, expli-
des conductances électrochimiques cutanées (CEC) par Sud- quant notamment les douleurs provoquées des névromes
oscan® peuvent être également utilisés pour explorer objecti- [1,2]. Mais il peut y avoir lésion sans hyperexcitabilité et
vement les petites fibres sensitives et autonomes et établir le vice-versa, sans lien de causalité directe entre les deux phé-
diagnostic de NPF, notamment devant un tableau de douleurs nomènes. En pratique, il est important de faire la part entre ces
neuropathiques isolées. deux situations sur le plan clinique en distinguant les signes
En fait, cette très classique présentation de la NPF est large- déficitaires ayant trait à la part « lésionnelle » des symptômes
ment erronnée, car repose sur des aprioris et non sur des positifs « d'hyperexcitabilité ».
bases physiopathologiques avérées et de bon sens. Il est
essentiel de rétablir certaines vérités et de lutter contre des Sensibilisation centrale
concepts galvaudés de la NPF, notamment concernant la
prééminence du phénotype douloureux, qui peuvent conduire Cette vision dichotomique « périphérique » entre lésion et
à des erreurs de prise en charge. Cet article a pour premier hyperexcitabilité trouve ses limites dans l'intégration des affé-
objectif de resituer la NPF en toute connaissance des bases rences sensitives au niveau du système nerveux central. En
physiopathologiques à l'origine des signes et symptômes sen- effet, une lésion nerveuse périphérique peut en théorie être
sitifs et autonomes neuropathiques. à l'origine d'une hyperexcitabilité des voies nociceptives cen-
trales (spinothalamiques), c'est le principe des « douleurs de
désafférentation ». Rappelons que dans des conditions « phy-
siologiques », seules les « petites fibres » (A-delta et C)
BASES PHYSIOPATHOLOGIQUES DE LA véhiculent des informations nociceptives, alors que les « gros-
SÉMIOLOGIE NEUROPATHIQUE SENSITIVE ses fibres » A-bêta exercent un effet inhibiteur sur les voies
ET AUTONOME nociceptives au niveau des cornes postérieures de la moelle
selon la théorie du « gate control » [3]. L'explication la plus
Nous n'évoquerons évidemment pas la sémiologie motrice simple des douleurs de désafférentation impliquerait donc la
(motricité volontaire striée squelettique), qui n'a évidemment perte de ce contrôle inhibiteur Or, autant la stimulation des
aucune place dans la problématique de la NPF. fibres A-bêta (par massage ou neurostimulation électrique
transcutanée [TENS] par exemple) produit de façon certaine
un effet antalgique, autant il n'a jamais été démontré que la
Différents types de fibres sensitives suppression du gate control pouvait produire des douleurs [4].
Sur le plan sensitif, une première erreur est de ne distinguer À l'inverse, dans des conditions « pathologiques », l'activation
que deux catégories de fibres nerveuses sensitives, alors anormale de fibres A-bêta peut aboutir à générer des informa-
qu'en fait il faut considérer trois catégories de fibres nerveu- tions douloureuses par différents phénomènes impliquant
ses sensitives : des activités ectopiques à haute fréquence, notamment

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Neuropathies périphériques J-P Lefaucheur

susceptibles de modifier les modalités présynaptiques de neuropathie « grosses fibres » et « petites fibres » qui se
relargage de neurotransmetteurs dépendant du calcium, ou caractérisent en premier lieu par une hypoesthésie cutanée
de « switch phénotypique » augmentant l'expression de BDNF et peuvent toutes les deux potentiellement (mais pas systé-
(brain-derived neurotrophic factor), CGRP (calcitonin gene matiquement) comprendre des aspects douloureux. Y compris
related peptide), ou substance P, ou d'activation de neurones sur la présentation des douleurs, il s'agira d'apprécier l'impli-
WDR (wide dynamic range), le tout survenant au niveau des cation respective des petites et des grosses fibres.
cornes postérieures de la moelle [5,6]. Ainsi, quel que soit le Ainsi, cliniquement, il est relativement aisé de faire la part
type de fibres nerveuses impliqué, A-delta/C ou A-bêta, les entre : (i) une douleur liée à l'hyperactivité pathologique des
phénomènes douloureux sont essentiellement liés à une aug- petites fibres A-delta/C, qui correspond à une douleur spon-
mentation d'activité et non à une « lésion » (perte de fibres). En tanée à composante « thermique » (sensation de brûlure et/ou
fait, au niveau de la moelle, seule une relation indirecte entre de froid douloureux) et/ou à type de piqûre (coups d'aiguille), et
l'existence de lésions des afférences nerveuses et une activa- (ii) une douleur liée à l'hyperactivité pathologique des grosses
tion microgliale pourrait avoir un effet proalgique [7]. En revan- fibres A-bêta, qui correspond à une douleur spontanée à type
che, au niveau supraspinal, une perte en afférences sensitives de décharge électrique (fourmillements) et/ou d'étau
peut être à l'origine de phénomènes douloureux par le déve- (compression). Sur le plan des douleurs provoquées, là aussi
loppement d'une plasticité « maladaptative », comme dans le la distinction est aisée, entre une allodynie et/ou hyperalgésie
cas des douleurs « fantômes » après amputation. Il s'agit de « thermique » (au chaud et/ou au froid) caractérisant l'implica-
phénomènes complexes de « sensibilisation centrale » impli- tion des petites fibres A-delta/C et une allodynie et/ou hyper-
quant potentiellement les différentes structures cérébrales des algésie « mécanique » (à la pression et/ou au frottement)
« matrices de la douleur », sensorielle (1er ordre), attention- caractérisant l'implication des grosses fibres A-bêta. Certains
nelle (2e ordre), et émotionnelle (3e ordre) [8]. Ceci est à l'ori- auteurs ont mis en cause ce dogme, mentionnant l'implication
gine d'une symptomatologie beaucoup plus composite et de fibres C et A-delta liées à des mécanorécepteurs à bas seuil
multiforme que celle que peut intrinsèquement générer localisés au niveau de la peau pileuse dans les sensations de
l'atteinte de fibres nerveuses périphériques. Donc, contraire- caresse et de déplacement des poils, respectivement [15].
ment à ce que sous-entendent certaines définitions usuelles, Ainsi, en théorie, les petites fibres peuvent être impliquées
les douleurs « neuropathiques » ne doivent surtout pas être dans l'allodynie à l'effleurement très superficiel, mais lorsque
imputées de façon systématique à des phénomènes « lésion- des stimuli tactiles plus intenses ou profonds (pression, vibra-
nels » impliquant les voies nociceptives périphériques (fibres tion) sont impliqués, alors les phénomènes allodyniques sont
A-delta/C) et/ou centrales (faisceaux spinothalamiques) [9]. forcément médiés par de grosses fibres A-bêta.
Ceci est confirmé par nombre d'études, montrant par exemple
l'absence de différence des seuils de sensibilité thermique
entre des patients présentant une neuropathie sensitive dou- Neuropathie ou névralgie
loureuse ou non-douloureuse [10–13] ou la normalité de la Après avoir pris en compte les trois types de fibres nerveuses
DFNIE chez des patients présentant un syndrome douloureux sensitives (I/II, A-bêta, A-delta/C) et le fait qu'il existe deux
neuropathique familial majeur liée à des mutations « gain-de- situations pathologiques bien distinctes : soit une « lésion »
fonction » de gènes de nocicepteurs [14]. à l'origine de symptômes négatifs, soit une « hyperexcitabilité »
à l'origine de symptômes positifs, il faut ajouter un troisième
élément de discussion qui a trait à la définition d'une « neuro-
Phénotypage clinique pathie périphérique ». Si l'on prend une définition large comme
Si l'on reprend les deux éléments précédents : 3 types de « maladie des nerfs périphériques », alors tout phénomène de
fibres nerveuses sensitives (I/II, A-bêta, ou A-delta/C) et lésion et/ou d'hyperexcitabilité pourrait être appelé « neuropa-
2 types de signes et symptômes (déficitaires ou positifs), alors thie ». Or ceci ne nous semble pas être souhaitable, pour des
la symptomatologie clinique sensitive peut être catégorisée en raisons de compréhension physiopathologique et aussi de
6 phénotypes différents. Un déficit des très grosses fibres prise en charge clinique et thérapeutique. Aussi, nous réser-
correspondra à une ataxie proprioceptive. Un déficit des gros- verons le terme de NPF aux formes comprenant une perte en
ses fibres correspondra à une hypoesthésie tactile (engour- fibres, donc caractérisées par des signes et symptômes défi-
dissement) et/ou une hypopallesthésie. Un déficit des petites citaires, avec ou sans symptômes positifs concomitants. En
fibres correspondra à une hypoesthésie thermique et/ou une revanche, une atteinte clinique ne comprenant que des symp-
hypoalgésie. À l'inverse, une hyperactivité des très grosses tômes sensitifs positifs, c'est-à-dire de la douleur, et s'appa-
fibres peut générer des illusions de mouvement (comme l'illu- rentant à une hyperexcitabilité isolée des petites fibres
sion de Pinocchio). Une hyperactivité des grosses fibres peut sensitives, devrait être dénommée « névralgie des petites
générer des paresthésies (sensations de décharges électri- fibres » plutôt que « neuropathie des petites fibres », à l'instar
ques et/ou fourmillement), des sensations d'étau et/ou une des névralgies faciales (trigéminales) essentielles ou de la
allodynie mécanique (au toucher et/ou au frottement). Une névralgie pudendale canalaire non compliquée. Ces « névral-
hyperactivité des petites fibres peut générer des sensations gies », liées à une « irritation nerveuse », ne s'accompagnent
de piqûre, de brûlure, de froid douloureux et/ou une allodynie en effet d'aucun signe déficitaire ni de perte en fibres nerveu-
thermique (au chaud ou au froid). ses par définition [16,17].
Ainsi, sur le plan de la pratique clinique, il ne faut pas consi-
dérer seulement DEUX types de neuropathie sensitive : une
neuropathie « grosses fibres » qui serait ataxiante et une Dysautonomie
neuropathie « petites fibres » qui serait douloureuse, mais Enfin nous terminerons ce chapitre sur les correspondances
bien au moins TROIS types de neuropathie sensitive : une physiopathologiques des signes et symptômes dysautonomi-
neuropathie « très grosses fibres » ataxiante, et deux types de ques. Dans ce domaine, le principal écueil pour comprendre

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Neuropathie des petites fibres : diagnostic et prise en
charge
Neuropathies périphériques

les mécanismes à l'origine de la symptomatologie clinique est douleurs multiformes, comme on peut en trouver dans le
la difficulté de faire la part entre l'atteinte de l'innervation contexte d'une sensibilisation centrale assez large. À l'inverse,
périphérique, l'atteinte du contrôle central et l'atteinte de un mécanisme périphérique très sélectif d'hyperexcitabilité
l'organe cible innervé. Nous prendrons quelques exemples des petites fibres sensitives peut correspondre à un score
simples. Dans le cadre d'un syndrome de Sjögren, le syn- DN4 très faible de 1 ou 2. Enfin, on soulignera à nouveau
drome sec peut être lié à l'atteinte (destruction) primaires des que les scores cliniques de dysautonomie comme le
glandes salivaires et lacrymales et/ou à l'innervation de celles- COMPASS ne permettent pas de faire la part spécifique
ci. Dans le cadre d'une dysfonction érectile d'un patient dia- d'une implication du système nerveux périphérique dans la
bétique, il s'agit plus souvent d'un problème vasculaire (vas- symptomatologie.
cularisation des corps caverneux) que d'une altération de Une autre limite, très importante en pratique clinique, de ces
l'innervation pénienne de cette « cible ». Ainsi, il est très questionnaires, est celle de « suggérer » des réponses aux
compliqué, voire impossible cliniquement d'affirmer que des patients en abordant par exemple tous les aspects de la
troubles dysautonomiques sont réellement liés à une altération douleur. À notre avis, il est beaucoup plus pertinent, au moins
de l'innervation végétative périphérique. Il convient donc de dans un premier temps, de se faire un avis clinique sur les
rester très prudent avant d'imputer une symptomatologie auto- caractéristiques de la douleur d'un patient donné en lui posant
nome à une éventuelle NPF. de simples questions ouvertes : « Quelles sensations ressen-
tez-vous ? Comment pouvez-vous décrire vos douleurs ? » et
aussi : « Quelles circonstances augmentent ou éventuelle-
ment réduisent vos douleurs ? ». Ces premiers éléments de
MÉTHODES DIAGNOSTIQUES description seront beaucoup plus fiables que des réponses
Les méthodes diagnostiques des NPF comprennent habituel- à des questionnaires systématiques pour se donner une idée
lement des questionnaires cliniques, la biopsie cutanée, sur les principaux mécanismes physiopathologiques impli-
l'exploration neurophysiologique des petites fibres sensitives, qués dans un syndrome douloureux présenté par un patient.
et les tests du système nerveux autonome. Concernant la dysautonomie, il faut seulement orienter l'inter-
rogatoire et l'examen clinique sur 9 domaines d'évaluation en
posant les questions suivantes :
Questionnaires cliniques  avez-vous des troubles visuels ? (et vérifier l'absence d'ano-
Concernant les questionnaires cliniques, on distinguera les malies pupillaires) ;
questionnaires dédiés :  avez-vous la bouche ou les yeux secs ?
 au diagnostic global des NPF, comme le SFN-SIQ (small  avez-vous des troubles de sudation ?
fiber neuropathy–symptom inventory questionnaire), la  avez-vous des troubles vasomoteurs : châleur/rougeur ou
SFNSL (small fiber neuropathy screening list), ou le froid/pâleur des extrémités ?
MGH-SSS (Massachusetts General Hospital small-fiber  avez-vous des troubles cardiovasculaires : hypotension,
symptom survey) ; palpitations ? (et vérifier l'absence d'hypotension
 au diagnostic ou à l'évaluation de la douleur neuropathique, orthostatique) ;
comme le DN4 (questionnaire douleur neuropathique en  avez-vous des signes de reflux gastro-œsophagien : toux/
4 questions), le NPSI (neuropathic pain symptom inventory), enrouement matinal, dysphagie, otites ?
le NPQ (neuropathic pain questionnaire), la NPS (neuropa-  avez-vous des troubles de la motricité intestinale : diarrhée,
thic pain scale), le PD-Q (painDETECT questionnaire), ou la constipation ?
LANSS (Leeds assessment of neuropathic symptoms and  avez-vous des troubles vésicosphinctériens : fuites, réten-
signs pain scale) ; tion urinaires ?
 au diagnostic de la dysautonomie, comme la version abré-  avez-vous des troubles sexuels : dysérection,
gée du COMPASS (composite autonomic symptom score). dyséjaculation ?
Cependant, l'utilisation de ces questionnaires en pratique cli- À nouveau, on rappelle qu'il conviendra de rester prudent sur
nique quotidienne doit être circonspecte. En effet, ces ques- la nature et la localisation anatomique des troubles autonomes
tionnaires présentent des problèmes de « spécificité » dans la et leur attribution à une cause neuropathique périphérique.
problématique de la NPF. Par exemple, le SFN-SIQ ou le
SFNSL comprennent des items qui n'ont pas de rapport phy-
siopathologique direct avec l'atteinte périphérique des petites Explorations spécifiques
fibres, comme « la sensibilité cutanée accrue », « l'allodynie au Concernant les explorations complémentaires, elles sont
frottement » ou les « jambes sans repos ». C'est la même détaillées dans d'autres publications [18–20], et nous rappel-
chose pour le MGH-SSS qui inclut la fatigue, les maux de tête lerons brièvement les principes des techniques les plus usuel-
ou les difficultés de concentration par exemple. Le DN4, les. Cependant, il faut bien insister sur les limites de toutes ces
comme le PD-Q ou d'autres questionnaires de douleurs neu- méthodes, qui n'ont pour objectif que de mettre en évidence
ropathiques, est un mélange de mécanismes physiopatholo- une atteinte lésionnelle des petites fibres. Il est essentiel de
giques très différents, comprenant à la fois des éléments savoir que ces techniques n'ont aucun intérêt pour expli-
déficitaires (engourdissement et hypoesthésie au tact et à la quer un syndrome douloureux ni pour donner des élé-
piqûre) et des symptômes positifs impliquant potentiellement ments d'orientation étiologique d'une NPF.
des types de fibres nerveuses très différents (A-bêta pour les
décharges électriques et les fourmillements ou A-delta/C pour
les démangeaisons et les sensations de brûlure). Ainsi un Biopsie cutanée
score élevé du DN4 n'a pas de spécificité sur l'implication Comme indiqué précédemment, la quantification de la DFNIE
des petites fibres et va plutôt privilégier un mécanisme de sur biopsie cutanée est la technique de référence du

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Neuropathies périphériques J-P Lefaucheur

diagnostic de NPF sur le plan international [21]. Cette tech- Dans cette méthode non-invasive, simple et rapide (2 minu-
nique est basée sur le fait que les seules terminaisons tes), un courant continu de basse tension (<4 V) est délivré par
axonales présentes dans l'épiderme et détectées par immu- des électrodes sur lesquelles on applique les paumes et les
nomarquage du neuropeptide gene product 9.5 (PGP 9.5) plantes. Ce courant active les terminaisons sympathiques
appartiennent à des petites fibres (les fibres A-bêta se termi- innervant les glandes sudoripares cutanées, ce qui provoque
nant sous la membrane basale). Les biopsies de peau (3 à un flux d'ions chlorure à l'origine d'un courant de faible l'inten-
5 mm de diamètre) sont réalisées généralement au niveau sité (#0,2 mA) dont le rapport sur la tension délivrée par les
distal du membre inférieur (10 cm au-dessus de la malléole électrodes définit selon la loi d'Ohm une conductance, qui est
externe) et voire à un niveau plus proximal (20 cm au-dessous mesurée en microSiemens (mS). Cette technique a fait l'objet
de l'épine iliaque). Il existe deux limites majeures dans cette d'une validation comme outil diagnostique pour l'atteinte des
technique : petites fibres autonomes dans différentes études, notamment
 les résultats sont très variables en fonction du sexe, de l'âge, les neuropathies diabétiques [23] ou amyloïdes [24]. D'autres
ou l'origine ethnique des sujets, justifiant des normes de techniques alternatives comme le QSART (quantitative sud-
laboratoire très précises ; omotor axon reflex test) sont moins pertinentes car plus
 le prélèvement est extrêmement focal, et ainsi une toute longues, plus difficiles à réaliser techniquement et moins
petite zone cutanée est étudiée, posant question sur la reproductibles.
représentativité de cette mesure dans le contexte d'une Sur le plan cardiovasculaire, le test le plus usuel pour étudier
NPF de topographie variable. l'innervation parasympathique cardiaque est la mesure de la
Mais surtout, il ne s'agit que d'un comptage de fibres nerveu- variabilité de la fréquence cardiaque ou RRIV (R-R interval
ses, et une diminution de la DFNIE ne peut rendre compte variation). Ce test est habituellement disponible dans toute
que d'un déficit sensitif cutané thermo-algique et en machine d'électroneuromyographie et réalisé au repos et sur-
aucun cas expliquer un phénotype douloureux. tout à la respiration profonde (6 cycles par minute).

Explorations sensitives : PEL et QST Autres explorations


L'exploration neurophysiologique des petites fibres sensitives Ces techniques ne sont pas redondantes et il est probable que
est basée essentiellement sur deux techniques [22] : les la combinaison de différentes approches, histologiques et
potentiels évoqués nociceptifs généralement produits par sti- neurophysiologiques, représente une stratégie d'exploration
mulation laser (PEL) et la mesure des seuils sensitifs thermi- à privilégier. Cependant, il convient de rappeler que les ano-
ques (QST). Les PEL consistent à enregistrer au niveau du malies mises en évidence par l'ensemble de ces techniques
scalp des réponses corticales à la stimulation de territoires correspondent à un phénomène de perte en fibres nerveuses.
cutanés par un faisceau laser. Les potentiels corticaux recueil- C'est évident pour la DIEFN, mais c'est aussi vrai pour les
lis ont une certaine latence et amplitude en fonction du nombre techniques neurophysiologiques. Ainsi, les explorations usuel-
de petites fibres cutanées (A-delta) qui répondent à la stimula- les des petites fibres renseignent sur la part « lésionnelle
tion. Une perte en petites fibres A-delta (mais aussi une perte neuropathique » et non sur les mécanismes impliqués dans
en fibres centrales spinothalamiques) résultera en une dimi- la douleur. D'autres techniques pourraient être plus pertinen-
nution de l'amplitude des PEL corticaux. Cette technique n'est tes pour la compréhension des phénomènes douloureux, car
pas influencée par les grosses fibres A-bêta et est très sen- plus en rapport avec les anomalies d'excitabilité nerveuse,
sible à la perte en fibres A-delta, mais ne permet pas d'affirmer comme la microneurographie. Cependant, même ce type
la localisation strictement périphérique des anomalies. d'approche ne permet généralement pas de conclure, car il
L'évaluation quantifiée de la sensibilité thermique cutanée s'agit d'enregistrer les réponses des petites fibres nerveuses
(QST) est un examen psychophysique permettant d'objectiver à des stimulations (douleurs provoquées) et non d'une évalua-
des seuils perceptifs ou douloureux. La sensibilité mécanique tion de la douleur spontanée. De plus, la présence d'une
"grosses fibres'' est quantifiée pour des stimuli de pression ou hyperactivité périphérique des petites fibres n'est pas en soi
de vibration. La sensibilité thermique "petites fibres'' est quan- une condition suffisante pour générer un tableau douloureux,
tifiée pour des stimuli de réchauffement ou de refroidissement compte tenu du rôle possiblement joué par les contrôles inhi-
réalisés par une thermode appliquée sur la peau. La mesure biteurs centraux.
des seuils de détection du chaud et du froid non douloureux est
plus fiable en pratique clinique que la mesure des seuils de
douleur. Les limites de cette technique sont qu'elle nécessite la
BILAN ÉTIOLOGIQUE
coopération du patient et qu'il n'est pas possible, à l'instar des
PEL, de distinguer une atteinte périphérique d'une atteinte Les causes connues de NPF sont bien définies [18]. Elles
centrale des voies de la sensibilité thermique. comprennent des causes génétiques, métaboliques, toxiques,
immuno-inflammatoires.
Explorations autonomes : CEC (Sudoscan ®)
Concernant, le système nerveux autonome, deux fonctions Causes génétiques
sont principalement étudiées : les fonctions sudorales et car- Au premier rang des causes génétiques on placera l'amylose
diovasculaires. Cependant, comme les NPF sont fréquem- héréditaire liée à la mutation de la transthyrétine (TTR) ; il s'agit
ment « longueur-dépendantes », l'exploration sudorale des typiquement d'une neuropathie axonale distale débutant par
extrémités est l'approche la plus pertinente. Dans ce domaine, une lésion des petites fibres, avec un phénotype douloureux
le test de référence est à présent la mesure des conductances très inconstant, mais une participation dysautonomique sou-
cutanées (CEC) au moyen d'un appareil nommé Sudoscan®. vent marquée.

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Neuropathie des petites fibres : diagnostic et prise en
charge
Neuropathies périphériques

Les autres causes génétiques sont les HSAN (hereditary peu de publications originales, ne comprenant pas forcément
sensory and autonomic neuropathy), dont il existe au moins des données solides et contrôlées, comme c'est par exemple
5 types mais qui sont des formes familiales très rares de le cas pour l'imputabilité du métronidazole ou des statines.
neuropathies. Ensuite, on peut citer la maladie de Fabry
(mutation du gène GLA responsable d'un déficit en alpha- Causes dysimmunes et inflammatoires
galactosidase A), également très rare, mais dont la compo-
sante « lésionnelle » des petites fibres est tardive, non spé- Enfin parmi les causes immuno-inflammatoires, on citera
cifique (les fibres A-bêta sont souvent touchées de façon l'amylose AL (d'où l'importance de rechercher une gammapa-
concomitante), et non systématique, même en présence thie monoclonale, y compris les chaînes légères), le syndrome
d'une symptomatologie à type de douleurs neuropathiques. de Gougerot-Sjögren primaire ou secondaire, la polyarthrite
Les acroparesthésies à la chaleur ou aux efforts physiques rhumatoïde (et de façon plus large tous les pathologies rhu-
présentées par les patients Fabry, notamment dans l'enfance matismales immunologiques), la sarcoïdose, et certaines
ou l'adolescence, et qui réalisent un tableau proche de l'éry- infections virales (hépatite C, VIH). On n'oubliera pas de pen-
thermalgie, sont des phénomènes d'hyperexcitabilité (« névral- ser à une cause immuno-inflammatoire devant l'apparition
gie des petites fibres »). Il n'existe généralement pas d'atteinte aiguë d'une symptomatologie « petites fibres » sensitives
lésionnelle concomitante à ce stade précoce, et donc il ne faut et/ou autonomes. En effet, il existe des « acute painful
surtout pas récuser le diagnostic sur l'absence de mise en auto-immune neuropathies » (aPain) qui ont un mécanisme
évidence d'anomalies « neuropathiques » dans les explora- de survenue aiguë de type « syndrome de Guillain-Barré »
tions « objectives », qui ne sont sensibles qu'à la perte en dans un contexte postinfectieux et se caractérisent par
fibres, comme nous l'avons rappelé à plusieurs reprises. l'atteinte sélective des petites fibres, à l'origine d'une sympto-
C'est la même chose, et de façon encore plus marquée, pour matologie déficitaire, d'hyperexcitabilité ou mixte.
les mutations avec « gain-de-fonction » des nocicepteurs
cutanés (TRPA1) ou des canaux sodiques (NaV1.7 à 1.9 cor-
respondant aux gènes SCN9A à 11A) qui sont impliqués dans
EN PRATIQUE
la propagation des potentiels d'action au niveau des petites
fibres nociceptives. Ces mutations, qui restent très rares, ont Tout d'abord, le point essentiel est de faire dans un premier
été mises en relation avec l'existence de syndromes doulou- temps la part sur le plan clinique entre une véritable NPF
reux familiaux, souvent à type de paroxysmes douloureux, lésionnelle, avec des composantes déficitaires limitées aux
notamment avec une présentation érythermalgique. Ces dou- petites fibres et une « névralgie des petites fibres » liées
leurs sont clairement liées à une hyperexcitabilité des petites à l'hyperexcitabilité des petites fibres (Fig. 1). Cependant, cette
fibres nociceptives sans aucun signe de perte en fibres asso- distinction n'aura pas d'impact réel sur le bilan étiologique, car
ciée. Il faut souligner qu'un certain nombre de variants de dans les deux situations, pratiquement toutes les mêmes
canaux sodiques, même à l'origine d'un gain de fonction causes peuvent être envisagées. Pas plus que la clinique,
canalaire, ne sont pas en soi « pathogènes » et ne représen- les explorations complémentaires (biopsie cutanée et neuro-
tent probablement qu'un facteur favorisant l'émergence de physiologie) ne permettront d'orienter le bilan étiologique. En
douleurs neuropathiques sous l'influence d'autres facteurs, conséquence, et compte tenu d'un nombre limité de causes
notamment acquis, métaboliques, toxiques, ou immuno- reconnues à l'origine de NPF lésionnelle et/ou de névralgie
inflammatoires. L'association entre une mutation « gain-de- des petites fibres, la réalisation d'un bilan étiologique standar-
fonction » et une NPF « lésionnelle », notamment objectivée disé est justifié dans un premier temps, sans avoir recours
par une perte en fibres à la biopsie cutanée n'a pas de raison à des explorations plus spécifiques des petites fibres.
causale intrinsèque d'exister, en dehors d'envisager un phé-
nomène d'excitotoxicité qui reste à démontrer.

BILAN ÉTIOLOGIQUE
Causes métaboliques et toxiques
Parmi les causes métaboliques, on citera le syndrome méta- Après un examen clinique détaillé, notamment pour dépister et
bolique, peut-être plus impliqué que le diabète avéré, les caractériser tout signe déficitaire sensitif ou de dysautonomie
carences en vitamines B12, ou l'hémochromatose par (examen pupillaire, recherche de troubles vasomoteurs ou de
exemple. sudation, recherche d'hypotension orthostatique. . .), le bilan
Parmi les causes toxiques, on citera certaines chimiothérapie complémentaire sera essentiellement basé sur un bilan bio-
comme le bortezomib (Velcade ®), certains anti-(rétro)viraux, logique sanguin :
ou l'alcool. À noter qu'une drogue comme l'oxaliplatine produit  pour les causes génétiques (après recueil du consente-
clairement de façon aiguë un syndrome d'hyperexcitabilité non ment) : au moins la recherche de mutation sur les gènes
lésionnel (avec paresthésies et douleurs), puis avec le temps TTR et GLA (ou dosage de l'activité alpha-galactosidase A
une neuropathie lésionnelle (avec apparition de signes défi- chez l'homme) ; dans un deuxième temps, après RCP
citaires : hypœsthésie). Par ailleurs, avec cette drogue, la spécifique, en fonction de la clinique et essentiellement
majorité des symptômes, y compris les composantes doulou- en cas d'apparition à un jeune âge et/ou de cas familiaux :
reuses sont plus en rapport avec l'atteinte de grosses fibres A- étude d'un panel NGS de gènes de HSAN et/ou de noci-
bêta que de petites fibres. À nouveau, il est important de ne cepteurs (TRPA1) et canaux sodiques axonaux (SCN9A,
pas faire d'amalgame entre douleurs neuropathiques et « neu- SCN10A, SCN11A) :
ropathie lésionnelle » d'une part et « petites fibres » d'autre  pour les causes métabolico-toxiques : glycémie à jeun (voire
part. Enfin, il faut aussi se méfier d'étiologies rapportées clas- HbA1c et test d'hyperglycémie par voie orale), cholestéro-
siquement dans la littérature, mais qui ne se basent sur très lémie LDL/HDL, triglycéridémie, dosage de la vitamine B12

143
Neuropathies périphériques J-P Lefaucheur

Figure 1. Algorithme de prise en charge d'une suspicion d'atteinte lésionnelle ou fonctionnelle des petites fibres nerveuses. NPF :
neuropathie lésionnelle des petites fibres ; PEL : potentiels évoqués par stimulation laser ; QST : quantification de la sensibilité thermique.

144
Neuropathie des petites fibres : diagnostic et prise en
charge
Neuropathies périphériques

(voire acide méthylmalonique et homocystéine), numération rapport intrinsèque avec une problématique de « petites
formule sanguine, créatininémie, bilan hépatique (transami- fibres » (sensations de décharge électrique, allodynie méca-
nases, gamma-GT), ferritinémie, coefficient de saturation de nique). Donc dans le cadre strict de l'exploration d'un
la transferrine, TSH ; syndrome douloureux, l'exploration des petites fibres
 pour les causes immuno-inflammatoires : électrophorèse n'a pas de réelle pertinence clinique. Ce type d'exploration
des protéines (et immunofixation), recherche de chaînes ne doit surtout pas conduire à « coller une étiquette diag-
légères, CRP, anticorps anti-nucléaires, anticorps anti- nostique » de NPF à un tableau clinique qui n'est pas
SSA/SSB, cryoglobulinémie, CH50, facteur rhumatoïde, forcément en rapport. Cela ne permet notamment pas de
anticorps anti-CCP, enzyme de conversion de l'angioten- trancher entre l'existence de douleurs « neuropathiques » ou
sine, sérologies hépatites B, C, VIH, Lyme. non-neuropathiques ou entre un diagnostic de neuropathie
Au-delà de ce bilan biologique, on réalisera (assez rapide- dysimmunitaire ou de fibromyalgie/fatigue chronique, par
ment) une biopsie des glandes salivaires accessoires (en vue exemple. Enfin, même si l'exploration des petites fibres est
du diagnostic de syndrome de Sjögren et de la recherche de normale, cela ne permet pas d'exclure que des douleurs soient
dépôts amyloïdes notamment). Les autres bilans potentielle- liées à une maladie/dysfonction des petites fibres.
ment intéressants sont une échocardiographie (voire IRM À titre d'exemples, nous allons présenter quelques situations
cardiaque), notamment dans le cadre de l'amylose et de la cliniques.
maladie de Fabry, et une fibroscopie œsogastro-duodénale.

Étiologie mise en évidence Exemple pathologique : érythermalgie


Ensuite, deux situations peuvent s'observer : soit une cause Un premier exemple est l'érythermalgie, qui est un diagnostic
potentielle de NPF ou névralgie des petites fibres est trouvée, purement clinique. Celui-ci se base sur l'association requise
soit le bilan étiologique est négatif. de douleurs paroxystiques des extrémités à type de sensa-
Si une cause potentielle est trouvée, et il s'agit alors d'identifier tions de brûlures + une rougeur (doit être visible) + une cha-
des arguments cliniques pour confirmer le lien de causalité leur (doit être constatée au toucher). Aucun examen
potentielle (y compris de réponse à une thérapeutique). paraclinique ne rentre en ligne de compte pour établir le
Ensuite, on discutera de l'intérêt ou non de réaliser des explo- diagnostic de ce syndrome qui comporte une part vasculaire
rations spécifiques des petites fibres (biopsie cutanée, neu- et/ou neurologique de façon très variable [25]. Donc, dans ce
rophysiologie) sur la nécessité de mettre en évidence et/ou cadre clinique, il faut réaliser dans un premier temps un bilan
d'évaluer des lésions de celles-ci (décision ou suivi thérapeu- étiologique à la recherche notamment d'un syndrome lympho/
tique, par exemple). myéloprolifératif, d'un syndrome métabolique ou d'un contexte
Dans tous les cas, l'objectif de la stratégie d'exploration diag- dysimmunitaire. Sur le plan génétique, il faudra éliminer prin-
nostique d'une NPF est de prouver qu'il s'agit bien d'une cipalement la maladie de Fabry et les mutations « gain-de-
neuropathie lésionnelle. Aussi, dans un premier temps, il fonction » de canaux sodiques, essentiellement en cas de
est impératif de réaliser un examen ENMG. Si celui-ci objective symptomatologie apparue tôt dans la vie ou d'un contexte
une neuropathie, il ne sera pas nécessaire de poursuivre par familial. L'exploration spécifique des petites fibres (biopsie
des méthodes d'exploration des petites fibres, sauf si l'on veut cutanée, neurophysiologie) ne peut mettre en évidence qu'une
caractériser la part lésionnelle spécifique de ces fibres (ce qui neuropathie lésionnelle, qui, si elle existe, n'expliquera pas de
doit répondre à un objectif précis, et non à définir l'existence de façon causale le tableau érythermalgique. À l'inverse, si cette
douleurs neuropathiques associées, rappelons-le). exploration est normale, cela ne permet d'éliminer une éry-
thermalgie par exemple liée à une cause génétique (Fabry,
Pas d'étiologie trouvée canaux sodiques), d'où l'intérêt limité de ce type d'exploration
dans ce contexte.
Si le bilan étiologique est négatif, il faudra être encore plus
attentif à la symptomatologie clinique avant d'envisager des
explorations complémentaires. Soit la clinique est en faveur
Exemple pathologique : syndrome des jambes
d'une NPF lésionnelle, et alors les explorations spécifiques
des petites fibres (biopsie cutanée, neurophysiologie) peuvent sans repos
avoir l'intérêt de confirmer objectivement l'existence d'une Un deuxième exemple est le syndrome des jambes sans repos
neuropathie lésionnelle, mais sans intérêt d'orientation étiolo- (SJSR). Ce syndrome se caractérise par des sensations dés-
gique. Soit la symptomatologie est purement subjective et agréables dans les jambes qui se produisent essentiellement
positive, à type de douleurs, et il faudra bien avoir en tête au repos vespéral ou nocturne, et peuvent provoquent une
que ces explorations ne permettront pas d'objectiver ou envie irrésistible de bouger. L'existence de NPF a été décrite
de comprendre un phénomène douloureux, mais seule- dans le contexte de SJSR [26], mais n'est pas systématique.
ment de mettre en évidence une part lésionnelle n'expli- Aussi, l'imputabilité de l'atteinte des petites fibres dans la
quant pas les douleurs. physiopathologie de ce syndrome est plus que discutable. Il
En effet, un patient peut authentiquement souffrir d'importan- est en revanche licite de rechercher attentivement chez un
tes « névralgies des petites fibres » typiques (sensations de patient avec SJSR les éléments cliniques qui peuvent relever
brûlure, allodynie thermique) et ne présenter aucune anomalie d'une NPF, et notamment des symptômes sensitifs négatifs de
lésionnelle des petites fibres aux explorations complémentai- déficit thermo-algique. Comme nous l'avons mentionné
res. À l'inverse, un patient peut avoir des données objectives à maintes reprises, les éléments douloureux ne sont pas
de NPF et aucune douleur. Sans oublier le fait que des dou- directement expliqués par l'existence d'une NPF lésionnelle
leurs à composante neuropathique peuvent être liées à des et les corrélations cliniques doivent plutôt être établies sur des
perturbations des grosses fibres A-bêta et n'avoir aucun signes négatifs, déficitaires.

145
Neuropathies périphériques J-P Lefaucheur

Exemple pathologique : fibromyalgie évidence lors de l'examen clinique. Bien que cela ne soit pas
pertinent, comme nous l'avons répété tout le long de cet article,
Un troisième exemple est celui de la fibromyalgie, contexte
il est malheureusement usuel devant un tableau douloureux
clinique dans lequel plusieurs études ont démontré l'existence
d'allure neuropathique et un examen clinique subnormal de
d'anomalies en faveur de l'existence d'une NPF lésionnelle
rechercher l'existence d'une NPF par des explorations
dans un pourcentage non négligeable de cas [27]. À nouveau,
complémentaires (biopsie cutanée, neurophysiologie). Si cel-
il faut se garder de faire des « raccourcis » conceptuels dan-
les-ci sont tout de même réalisées, la découverte d'anomalies
gereux. Dans le cadre d'une pathologie comme la fibromyalgie,
doit être bien mise en perspective avec la clinique, et non
classée dans la catégorie des douleurs « nociplastiques »,
rattachée de façon systématique et simpliste à la présence
donc sans « lésion » prouvée objectivement, la constatation
d'une symptomatologie douloureuse liée à une NPF.
d'un phénomène « lésionnel » est à même de modifier pro-
fondément le regard posé sur cette entité et sur les patients
atteints. Mais, comme pour le SJSR, la présence d'une NPF est
loin d'être systématique chez les patients fibromyalgiques et ORIENTATIONS THÉRAPEUTIQUES
n'explique certainement pas le « cœur » du tableau clinique
douloureux, principalement lié à des anomalies situées dans le Avant de conclure, nous indiquerons quelques notions d'ori-
contrôle « central » de l'intégration des messages nociceptifs entation thérapeutique pour la prise en charge des NPF ou des
au sein des « matrices de la douleur ». La pertinence d'objec- « névralgies des petites fibres ». Soit il existe une étiologie
tiver une NPF chez un patient présentant un tableau typique de retrouvée et le traitement sera en rapport avec cette étiologie,
fibromyalgie est donc extrêmement limitée, et ne peut se en plus d'un traitement symptomatique. Soit il n'y a pas
concevoir sans une évaluation clinique sensitive et algologique d'étiologie retrouvée, et le traitement sera seulement
de qualité. En tout cas, la mise en évidence d'une NPF par symptomatique.
des explorations spécifiques (biopsie cutanée, neurophy- Pour la symptomatologie déficitaire, il n'y a pas de traitement
siologie) ne doit pas servir à « changer d'étiquette diag- médicamenteux envisageable pour restaurer des fonctions
nostique » en faveur d'une étiquette (NPF) qui serait plus sensitives perdues, mais une prise en charge par diverses
« valorisante » qu'une autre (fibromyalgie). mesures de thérapie physique est envisageable. Par exemple,
les troubles proprioceptifs peuvent bénéficier de techniques
Exemple pathologique : syndrome de Sjögren podoposturologiques, mais c'est aussi possiblement le cas de
façon plus large pour des dysfonctions sensitives extérocep-
Un dernier exemple est le syndrome de Sjögren avéré sur des tives affectant les grosses fibres.
critères diagnostiques validés [28] et notamment sur la biopsie Pour la symptomatologie positive, essentiellement doulou-
des glandes salivaires accessoires. Dans ce contexte, à nou- reuse, le traitement repose sur les stratégies de traitement
veau, l'exploration des petites fibres n'a comme seul intérêt de des douleurs neuropathiques. On privilégiera la gabapentine
montrer qu'il existe un retentissement lésionnel sur les petites et les antidépresseurs selon les dernières recommandations
fibres en cas d'anomalies (et encore sans pouvoir prouver que publiées [29]. Mais il ne faut pas oublier les traitements locaux
ces anomalies soient consécutives du Sjögren), mais pas (lidocaïne en première intention, capsaïcine, voire toxine botu-
d'expliquer un syndrome douloureux. En effet les douleurs lique), et aussi les prises en charge non médicamenteuses.
neuropathiques liée au syndrome de Sjögren sont dues Ces dernières sont principalement basées sur l'intérêt de
à une hyperexcitabilité/sensibilisation des petites fibres noci- renforcer les contrôles inhibiteurs centraux, spinaux ou
ceptives par mécanisme inflammatoire local, et cette sensibi- supraspinaux. Au niveau spinal, l'objectif est de renforcer le
lisation ne peut être objectivée, et ne s'accompagne pas « gate control » et donc d'activer les afférences « grosses
forcément d'une perte concomitante en petites fibres. On peut fibres » (A-bêta). Cela pourra se faire au moyen de thérapies
donc avoir tous les tableaux envisageables : physiques (y compris massages ou port de semelles) ou par
 un patient Sjögren douloureux SANS neuropathie lésion- électrostimulation (TENS, voire stimulation médullaire implan-
nelle des petites fibres (juste une hypersensibilisation péri- tée). Pour renforcer les contrôles supraspinaux, on pourra
phérique d'origine inflammatoire) ; proposer diverses approches, comme l'acupuncture ou l'auri-
 un patient Sjögren douloureux AVEC neuropathie lésion- culothérapie, l'hypnose ou la psychothérapie (cognitivocom-
nelle des petites fibres (certaines fibres sont perdues et portementale ou de pleine conscience), ou diverses
d'autres fibres, qui restent présentes, sont hyperactives) ; techniques de neurostimulation. En effet, même si le « trigger »
 un patient Sjögren non-douloureux AVEC neuropathie est périphérique, toute douleur comprend une composante
lésionnelle des petites fibres (mais sans hypersensibilisation centrale. Celle-ci sera d'autant plus suspectée qu'il existe
associée) ; des signes « généraux » (fatigue, troubles de concentration,
 un patient Sjögren non-douloureux SANS neuropathie troubles thymiques) et un aspect multiforme des douleurs.
lésionnelle des petites fibres.

En résumé
CONCLUSION
Notre message principal est que la recherche d'une NPF doit
partir d'une analyse clinique et sémiologique approfondie, ce Pour conclure, de nouveaux médicaments susceptibles
qui peut être problématique, car cela nécessite du temps et de d'avoir une efficacité spécifique sur certains mécanismes ou
l'expérience. L'existence de douleurs n'est pas intrinsèque- structures impliquées plus spécifiquement dans les voies de la
ment liée à l'existence d'une NPF lésionnelle. Aussi, une NPF douleur pourraient voir le jour prochainement. Cette perspec-
sensitive repose d'abord sur l'existence de signes déficitaires, tive renforce l'intérêt de développer des modèles et des outils
mais ceux-ci peuvent être très discrets et difficiles à mettre en d'investigation pour mieux comprendre les mécanismes

146
Neuropathie des petites fibres : diagnostic et prise en
charge
Neuropathies périphériques

dysfonctionnels ou lésionnels d'atteinte des petites fibres et [2] Black JA, Nikolajsen L, Kroner K, Jensen TS, Waxman SG.
leurs corrélats cliniques. Les signes et symptômes positifs et Multiple sodium channel isoforms and mitogen-activated protein
négatifs liés à la problématique d'une atteinte des petites fibres kinases are present in painful human neuromas. Ann Neurol
résultent d'une combinaison complexe de contextes étiologi- 2008;64(6):644–53.
ques, génétiques et/ou acquis, qui varient énormément d'un [3] Melzack R, Wall PD. Pain mechanisms: a new theory. Science
individu à l'autre. En permettant d'appréhender les mécanis- 1965;150(3699):971–9.
mes neuronaux sous-jacents, la caractérisation phénotypique [4] Truini A, Garcia-Larrea L, Cruccu G. Reappraising neuropathic
de la douleur et des troubles de sensibilité sur le plan clinique pain in humans–how symptoms help disclose mechanisms. Nat
pourrait à l'avenir servir de guide dans la mise en place d'une Rev Neurol 2013;9(10):572–82.
approche thérapeutique personnalisée. [5] Ochoa JL, Torebjörk HE. Paraesthesiae from ectopic impulse
generation in human sensory nerves. Brain 1980;103(4):835–
53.
[6] Neumann S, Doubell TP, Leslie T, Woolf CJ. Inflammatory
Points essentiels pain hypersensitivity mediated by phenotypic switch in
myelinated primary sensory neurons. Nature 1996;384
 Faire la part entre la symptomatologie déficitaire et (6607):360–4.
positive sur l'interrogatoire et l'examen clinique. [7] Coull JA, Beggs S, Boudreau D, Boivin D, Tsuda M, Inoue K,
 Faire la part entre l'atteinte des très grosses fibres, et al. BDNF from microglia causes the shift in neuronal anion
des grosses fibres, et des petites fibres sur l'inter- gradient underlying neuropathic pain. Nature 2005;438
rogatoire et l'examen clinique. (7070):1017–21.
 En cas de douleur, en caractériser les composantes [8] Garcia-Larrea L, Peyron R. Pain matrices and neuropathic pain
principales avant l'utilisation de tout questionnaire, et matrices: a review. Pain 2013;154(Suppl. 1). S29-43.
à partir de cela essayer de faire la part respective [9] Finnerup NB, Kuner R, Jensen TS. Neuropathic pain: from
potentielle entre atteinte des grosses fibres, des mechanisms to treatment. Physiol Rev 2021;101(1):259–301.
petites fibres, et/ou sensibilisation centrale. [10] Ng Wing Tin S, Ciampi de Andrade D, Goujon C, Planté-
 Toute neuropathie douloureuse n'est pas une « neu- Bordeneuve V, Créange A, Lefaucheur JP. Sensory correlates
ropathie des petites fibres ». of pain in peripheral neuropathies. Clin Neurophysiol 2014;125
 Si la problématique correspond bien à une probléma- (5):1048–58.
tique des petites fibres (neuropathie lésionnelle avec [11] Üçeyler N, Vollert J, Broll B, Riediger N, Langjahr M, Saffer N,
signes déficitaires et/ou névralgie par hyperexcitabil- et al. Sensory profiles and skin innervation of patients with
ité), alors réaliser un bilan étiologique standardisé. painful and painless neuropathies. Pain 2018;159(9):1867–
 Si une étiologie est identifiée et/ou s'il existe des 76.
signes déficitaires, alors il est envisageable de réa- [12] Held M, Karl F, Vlckova E, Rajdova A, Escolano-Lozano F,
liser des explorations complémentaires pour objec- Stetter C, et al. Sensory profiles and immune-related expression
tiver la sévérité de l'atteinte lésionnelle (intérêt pour patterns of patients with and without neuropathic pain after peri-
le suivi et l'évolution thérapeutique). pheral nerve lesion. Pain 2019;160(10):2316–27.
 Si aucune étiologie n'est identifiée et s'il n'existe [13] Forstenpointner J, Ruscheweyh R, Attal N, Baron R, Bouhassira
aucun signe déficitaire, il n'existe pas de justification D, Enax-Krumova EK, et al. No pain, still gain (of function): the
de réaliser des explorations notamment pour carac- relation between sensory profiles and the presence or absence of
tériser un syndrome douloureux. self-reported pain in a large multicenter cohort of patients with
 Si ces explorations sont tout de même pratiquées et neuropathy. Pain 2021;162(3):718–27.
mettent en évidence une atteinte lésionnelle, celle-ci [14] Kremeyer B, Lopera F, Cox JJ, Momin A, Rugiero F, Marsh S,
ne doit pas être utilisée pour « coller une étiquette de et al. A gain-of-function mutation in TRPA1 causes familial epi-
neuropathie des petites fibre » à un syndrome sodic pain syndrome. Neuron 2010;66(5):671–80.
douloureux. [15] Delmas P, Hao J, Rodat-Despoix L. Molecular mechanisms of
 De même ces résultats ne permettent pas de tran- mechanotransduction in mammalian sensory neurons. Nat Rev
cher entre douleur « neuropathique » ou « non- Neurosci 2011;12(3):139–53.
neuropathique ». [16] Zakrzewska JM, McMillan R. Trigeminal neuralgia: the diagnosis
 La prise en charge des névralgies des petites fibres and management of this excruciating and poorly understood facial
peut reposer sur une approche médicamenteuse pain. Postgrad Med J 2011;87(1028):410–6.
mais aussi non-médicamenteuse. [17] Labat JJ, Riant T, Robert R, Amarenco G, Lefaucheur JP,
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nerve entrapment (Nantes criteria). Neurourol Urodyn 2008;27
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Déclaration de liens d'intérêts [18] Hoitsma E, Reulen JP, de Baets M, Drent M, Spaans F, Faber
L'auteur déclare ne pas avoir de liens d'intérêtsc CG. Small fiber neuropathy: a common and important clinical
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Neuropathies périphériques J-P Lefaucheur

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