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DOI 10.1007/s13546-013-0729-4
E. Mercier
Reçu le 16 septembre 2013 ; accepté le 3 octobre 2013
© SRLF et Springer-Verlag France 2013
qui en découlent ont conduit les auteurs à proposer d’autres Tableau 1 Prévalence des manifestations neuropsychiatriques
dénominations. Les différents acronymes proposés comme
nonvascularitis auto-immune meningoencephalitis (NAIM) Manifestations Manifestations psychiatriques
ou encéphalopathie associée aux thyroïdites auto-immunes neurologiques (prévalence %)
répondant à une corticothérapie (SREAT) avaient pour (prévalence %)
objectif d’insister sur les caractères auto-immun, inflamma- Épisodes de stroke-like Hallucinations visuelles (25-30 %)
toire ou d’efficacité thérapeutique de l’EH [3,5]. Cependant, (25-30 %)
aucun de ces termes n’a réussi à faire l’unanimité et l’encé- Aphasie transitoire Psychose, délire de persécution
phalopathie d’Hashimoto reste l’appellation la plus couram- (73-80 %) (>30 %)
ment utilisée. Tremblements (80-84 %) Troubles du sommeil :
Le diagnostic d’EH est posé quand il y a : 1) un tableau hypersomnie ou insomnie (55 %)
d’encéphalopathie ou de manifestations neuropsychiatri- Convulsion (60-67 %) Troubles de l’humeur, syndrome
ques ; 2) un taux anticorps antithyroïdiens positif ; 3) un dépressif (90-100 %)
bilan étiologique négatif ; et 4) une bonne réponse à la État de mal épileptique Trouble de la mémoire (ND)
corticothérapie. généralisé ou partiel
(12 %)
Myoclonies (20-65 %)
Encéphalopathie et manifestations Ataxie (16-65 %)
neuropsychiatriques Déclin cognitif (80 %)
comprendre la physiopathologie est difficile, car il s’agit La maladie de Creutzfeldt-Jacob est le diagnostic diffé-
souvent de patients qui ne sont pas vierges de traitement rentiel qu’il est important d’éliminer. L’évolution rapide
immunosuppresseur. L’aspect histologique des lésions céré- d’un seul tenant vers une démence, les myoclonies et les
brales de l’EH évoquées ci-dessus [31-33], permet d’évo- ondes périodiques triphasiques à l’EEG et l’absence de
quer deux hypothèses : une réaction toxique directe des anti- réponse à une corticothérapie laissent finalement peu de dou-
corps antithyroïdiens sur le tissu cérébral [34] ou un tes au diagnostic.
mécanisme immunologique responsable d’une vascularite L’encéphalite limbique paranéoplasique a un tableau
cérébrale [33,35]. Cette dernière hypothèse est très contro- clinique qui peut orienter vers une EH avec les troubles
versée car il y a peu d’éléments en faveur d’une destruction cognitifs progressifs, les troubles de l’humeur, les signes
murale des vaisseaux cérébraux comme on le rencontre nor- focaux neurologiques et éventuellement des convulsions.
malement dans une vascularite. La recherche d’une néoplasie pulmonaire, mammaire ou tes-
ticulaire et des anticorps antineuronaux spécifiques (anti-Hu,
Ma1, Ma2) permettront de poser le diagnostic.
Diagnostic
Diagnostic positif
Traitement
Il s’agit d’un diagnostic d’élimination. Il est essentiel que les
causes habituelles d’encéphalopathie soient éliminées avant Corticothérapie
de retenir le diagnostic d’EH : cause septique, métabolique,
infectieuse, vasculaire et néoplasique. Dans les formes psy-
Comme cité précédemment, la bonne réponse à une corti-
chiatriques, l’hypothèse d’une EH est évoquée plus précoce-
cothérapie est pour certains auteurs l’un des arguments
ment que dans les formes neurologiques.
positifs pour le diagnostic d’EH [3,27]. Les doses recom-
Les tableaux d’encéphalopathie récurrente ou de détério-
mandées sont de 0,5 g à 1 g de méthylprednisolone en
ration progressive des fonctions supérieures avec troubles
bolus sur trois à cinq jours avec un relais à 1 mg/kg/j durant
cognitifs, où l’enquête étiologique est négative, et où l’ima-
quatre à six semaines jusqu’à amélioration clinique, date à
gerie cérébrale est peu contributive, sont des situations où le
laquelle la corticothérapie peut être diminuée progressive-
clinicien doit doser les anticorps antithyroïdiens et plus spé-
ment. Un arrêt trop précoce de la corticothérapie peut
cifiquement les anticorps anti-TPO.
entraîner une rechute des symptômes. Un traitement sur
À ce jour, même s’il n’existe pas de consensus sur le
une période d’un an avec décroissance de la corticothérapie
diagnostic d’EH, on peut évoquer le diagnostic d’EH devant
peut être parfois nécessaire pour éviter les rechutes. Dans la
l’ensemble des éléments suivants : 1) un tableau d’encépha-
littérature, les durées de traitements varient de quatre mois à
lopathie ; 2) un bilan étiologique négatif ; 3) la positivité des
plusieurs années [36]. Dans notre série de patients hospita-
anticorps antithyroïdiens ; et enfin 4) la bonne réponse
lisés en réanimation, la corticothérapie a été le seul traite-
clinique à un traitement immunosuppresseur.
ment immunosuppresseur prescrit pour permettre une amé-
lioration clinique [18].
Diagnostic différentiel
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