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65e Congrès français de médecine interne, Clermont-Ferrand, 14–15 et 16 juin 2012 / La Revue de médecine interne 33S (2012) S1–S109

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Conclusion.– La prescription de Zolpidem doit être prudente chez délirants. Il ne semble pas y avoir de risque majoré d’épisodes
les sujets âgés de sexe féminin d’autant plus qu’il existe une dénu- maniaques, d’attaques de panique ou de suicides/tentatives de sui-
trition ou coprescription de médicaments inhibant le CYP450 dont cide, avec cependant une limite liée au faible nombre d’évènements
les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et les inhi- observés. Dans la littérature, certains cas d’épisodes neuropsychia-
biteurs de la pompe à protons. triques observés à l’arrêt d’une corticothérapie sont rapportés à
Pour en savoir plus une insuffisance surrénalienne sous-jacente. Notre étude montre
[1] Takuji I, et al. J Clin Psychiatry 2010;12(6.). que l’utilisation de glucocorticoïdes de demi-vie intermédiaire ou
[2] Monsif BH, et al. J Sleep Res 2011;20:559–68.
longue, entraînant à une freination majorée de l’axe corticotrope,
[3] Von Moltke LL, et al. Br J Clin Pharmacol 1999;48(1):89–97.
est associée à un risque plus élevé de symptômes neuropsychia-
doi:10.1016/j.revmed.2012.03.202 triques lors de l’arrêt de la corticothérapie. Nous pensons donc
qu’une insuffisance surrénalienne doit être impérativement évo-
CA083 quée dans un premier temps chez un patient souffrant de troubles
neuropsychiatriques lors de l’arrêt d’une corticothérapie prolon-
Troubles neuropsychiatriques graves à l’arrêt
gée. Lorsque ce diagnostic a été éliminé, aucune donnée n’est
d’une corticothérapie systémique prolongée disponible quant à l’attitude thérapeutique à adopter.
L. Fardet a , I. Nazareth b , I. Petersen b
a Service de médecine interne, hôpital Saint-Antoine, Paris, France doi:10.1016/j.revmed.2012.03.203
b Research department of primary care and population health,

University College London Medical School, Londres, Grande-Bretagne CA084


Introduction.– Environ 1 % de la population générale adulte reçoit Varices coliques d’hypertension portale en
une corticothérapie orale prolongée à chaque instant. Des troubles rapport avec une thrombose porte iatrogène (EPO
psychiatriques mineurs (irritabilité, anxiété) ou plus sévères recombinante)
(épisodes dépressifs, délires) peuvent survenir à l’arrêt de ce trai- S. Mowlah a , M.A. Vandenhende a , J. Desblache a , M. Hessamfar a ,
tement. Leur incidence, leur présentation clinique et leurs facteurs T. Carteret b , F. Bonnet a , P. Morlat a
de risque sont mal connus. a Service de médecine interne et maladies infectieuses, groupe

Patients et méthodes.– Les données enregistrées dans la base de don- hospitalier Saint-André, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France
nées britanniques THIN entre le 1er janvier 1990 et le 31 décembre b Service de radiologie, groupe hospitalier Saint-André, CHU de

2008 et concernant près de cinq millions de patients adultes ont Bordeaux, Bordeaux, France
été analysées. Les données des patients exposés durant un à trois
ans à une corticothérapie orale ont été extraites. Pour chaque Introduction.– Les phénomènes thrombotiques favorisés par
patient exposé à une telle corticothérapie, nous avons calculé l’érythropoïétine recombinante (EPOr) sont décrits dans la litté-
l’incidence de cinq troubles neuropsychiatriques graves (dépres- rature en cas de pathologie cancéreuse ou d’insuffisance rénale
sion, délire/confusion, manie, attaque de panique, suicide/tentative chronique, mais n’ont jamais été rapportés au cours du traite-
de suicide) au cours de cinq périodes de deux mois (deux périodes ment d’une hépatite chronique C. L’expression clinique habituelle
précédant l’arrêt de la corticothérapie, une période encadrant de la thrombose porte est un tableau de « pseudo-cirrhose décom-
l’arrêt de la corticothérapie et deux périodes suivant cet arrêt). pensée », mais des manifestations coliques peuvent être rarement
Pour chaque patient, le risque relatif de trouble neuropsychiatrique observées.
grave au cours de la période d’arrêt de la corticothérapie par rap- Patients et méthodes.– Nous rapportons le cas d’une patiente traitée
port aux autres périodes a été estimé à l’aide d’une méthode dite pour une hépatite C ayant développé au cours d’un traitement par
de série de cas (« self-controlled case series methodology »). Enfin, EPOr une colite d’hypertension portale compliquée d’une throm-
les facteurs de risque de développer de tels troubles à l’arrêt de la bose porte.
corticothérapie ont été analysés à l’aide de modèles de Cox. Résultats.– Il s’agit d’une patiente âgée de 49 ans, suivie depuis
Résultats.– Vingt et un mille, neuf cent quatre-vingt-quinze patients 1989 pour une co-infection VIH-VHC (génotype 4) avec une charge
adultes ayant stoppé une corticothérapie systémique qu’ils avaient virale VIH indétectable, sous tenofovir, emtricitabine et atazanavir.
reçue durant un à trois ans ont été étudiés. Les taux d’incidence Devant un score métavir A2F2, un traitement par interféron pegylé
de dépression étaient de 11,1 [10,0–12,3] par 100 personne- alpha 2a et ribavirine a été débuté en janvier 2006. Après 9 mois de
années à risque durant la période de deux mois encadrant l’arrêt traitement, la patiente développe une anémie à 9 g/dL et est alors
de la corticothérapie et en moyenne de 10,3 [9,8–10,8] par mise sous EPOr de façon hebdomadaire qu’elle poursuit pendant
100 personne-années à risque durant les autres périodes d’intérêt. 3 mois. Alors que l’échographie hépatique initiale était normale,
Ces incidences étaient respectivement de 3,9 [3,3–4,6] et 1,6 l’examen en fin de traitement montre fortuitement une throm-
[1,4–1,8] pour les épisodes délirants, 0,4 [0,2–0,7] et 0,3 [0,2–0,4] bose porte alors asymptomatique. L’hémoglobine est à 12 g/dL
pour les épisodes maniaques, 0,4 [0,3–0,7] et 0,4 [0,3–0,5] pour les et il n’y a pas de thrombocytose. Le bilan de thrombophilie est
attaques de panique et 0,03 [0,01–0,20] et 0,03 [0,01–0,07] pour les négatif. Une anticoagulation par fluindione est débutée. L’infection
suicides/tentatives de suicide. La méthode de série de cas montrait par le VHC est guérie et le restera à long terme. En avril 2007,
que le risque de dépression (incidence rate ratio : 1,14 [1,02–1,27]) la patiente présente une anémie aiguë à 6,3 g/dL sur hémorragie
et d’épisode délirant (incidence rate ratio : 2,14 [1,75–2,63]) était digestive basse sans insuffisance hépatocellulaire et la colosco-
significativement plus élevé au cours de la période d’arrêt qu’au pie montre des signes de colite aiguë prédominant au niveau
cours des périodes contrôles. Les hommes âgés avaient un risque rectal. L’examen anatomopathologique est non spécifique. L’angio-
plus élevé d’épisode délirant. Par ailleurs, le risque de dépres- scanner montre une importante circulation veineuse collatérale
sion (hazard ratio : 1,99 [1,11–3,55]) et d’épisode délirant (hazard prédominant au niveau du côlon gauche et confirme l’hypothèse
ratio : 6,24 [3,35–11,65]) était fortement associé à l’utilisation de d’une colite d’hypertension portale responsable du tableau de
glucocorticoïdes de demi-vie intermédiaire ou longue (ex : dexa- méléna avec déglobulisation. La patiente récidivera un épisode de
méthasone, bétaméthasone). méléna en 2010. L’anticoagulation est arrêtée début 2011. Aucun
Conclusion.– Comparés à des périodes contrôles au cours desquelles nouvel épisode de saignement digestif ne sera noté ultérieurement.
les patients reçoivent une corticothérapie ou au contraire à distance Conclusion.– Cette observation rappelle les manifestations ecto-
de l’arrêt du traitement, la période d’arrêt d’une corticothérapie piques, parfois bruyantes, des varices d’hypertension portale au
prolongée est une période durant laquelle est observé un sur-risque niveau colique et suggère la part iatrogène de l’EPOr sur l’apparition
modéré d’épisodes dépressifs et un risque plus marqué d’épisodes de la thrombose porte. Ce phénomène jusqu’alors non décrit dans
le cadre du traitement par l’hépatite C peut s’expliquer par un

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