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Syndromes parkinsoniens
atypiques
L
Charlotte Beal, a maladie de Parkinson amène à reconsidérer le diagnostic Trois catégories
Franck Durif idiopathique est la pre- de maladie de Parkinson idiopa- de syndromes
Service de neurologie, mière cause de syndrome thique et dans certains cas à pres- parkinsoniens atypiques
CHU de Clermont- parkinsonien. Sa préva- crire des examens complémen-
Ferrand, Clermont- lence est de 2,5 pour 1 000 habitants, taires. Il existe trois grandes catégories
Ferrand, France ce qui en fait la deuxième affection (fig. 1) :1
neurodégénérative la plus fré- Quand penser à un – les syndromes parkinsoniens spo-
fdurif@chu- quente, après la maladie d’Alzhei- radiques dégénératifs ;
clermontferrand.fr syndrome parkinsonien
mer. Elle est caractérisée par un atypique ? –les syndromes parkinsoniens fami-
syndrome parkinsonien « pur », liaux (différentes formes de démence
C. Beal déclare n’avoir généralement unilatéral ou asymé- En présence d’un syndrome parkin- fronto-temporale avec parkinso-
aucun lien d’intérêts. trique à la phase initiale, avec un sonien, il faut donc rechercher des nisme [FTDP-17 ou TDP-43-opathies],
F. Durif n’a pas fourni syndrome akinéto-rigide associé à signes habituellement absents dans la maladie de Huntington, les ataxies
de déclaration de liens un tremblement de repos (de la la maladie de Parkinson ou qui n’ap- spinocérébelleuses 2, 3, 17, la mala-
d’intérêts. main le plus souvent). Le tremble- paraissent que tard dans l’évolution : die de Wilson pour les plus connues) ;
ment de repos est pathognomo- – une progression rapide ; – les syndromes parkinsoniens se-
nique de la maladie mais non obli- – un début symétrique ; condaires (post-neuroleptiques, vas-
gatoire, car il est absent dans un – des troubles de l’équilibre, des culaires, post-traumatiques, par
tiers des cas. Le diagnostic de ma- troubles posturaux, la survenue pré- hydrocéphalie chronique, post-en-
ladie de Parkinson est clinique et coce de chutes ; céphalitiques, causes anoxiques,
ne justifie aucun examen complé- – des signes précoces de dysautono- toxiques, métaboliques).
mentaire. La confirmation diagnos- mie (incontinence urinaire, troubles
tique dépend alors de la bonne ré- érectiles, hypotension orthostatique Syndromes
ponse des signes moteurs au sévère), d’atteinte pseudobulbaire, parkinsoniens atypiques
traitement dopaminergique et de ou d’atteinte cognitive ; neurodégénératifs
l’absence de « drapeaux rouges ». – un syndrome cérébelleux ; Encore appelés « Parkinson plus »,
Les syndromes parkinsoniens aty- – un syndrome pyramidal ; ils représentent 15 à 20 % des syn-
piques sont des syndromes parkin- – des troubles oculomoteurs ; dromes parkinsoniens. Ils répondent
soniens « impurs », où la triade – des signes corticaux (apraxie, apha- peu ou pas au traitement dopaminer-
classique (bradykinésie, rigidité, sie, troubles sensitifs) ; gique. La progression des symp-
tremblement de repos) est associée – des hallucinations ; tômes est plus rapide et la durée de
à des signes ou symptômes d’alerte – l’absence de réponse ou une ré- survie diminuée. Principalement,
appelés « drapeaux rouges ». On ponse pauvre ou courte au traite- quatre pathologies sont à recon-
appelle ainsi un symptôme inatten- ment dopaminergique ; naître en raison du pronostic très
du ou atypique pour une maladie – des anomalies en imagerie céré- différent de celui de la maladie de
de Parkinson débutante. La pré- brale (tomodensitométrie, imagerie Parkinson : l’atrophie multisystéma-
sence de ces drapeaux rouges par résonance magnétique [IRM]). tisée (AMS) ; la paralysie supranu-
Synucléinopathies
Tauopathies Syndrome parkinsonien
TDP-43-opathies
PARK1-13
FTDP-17
TDP-43 Hérédodégénérescences*
(MAPT)
cléaire progressive (PSP) ; la démence (tableau 1). Cependant, la confirmation (constipation), parfois d’un acrosyn-
à corps de Lewy (DCL) ; et la dégéné- de ce dernier reste anatomopatholo- drome. Les symptômes dysautono-
rescence corticobasale (DCB). Ces gique. miques apparaissent souvent les
syndromes parkinsoniens dégénéra- premiers, associés ou non à des symp-
tifs peuvent être classés en deux caté- Atrophie multisystématisée2, 3 tômes moteurs.
gories en fonction de la nature des Il s’agit d’une synucléinopathie Il existe deux formes d’atrophie mul-
lésions neuropathologiques : les sy- sporadique dont l’incidence est de tisystématisée (AMS) :
nucléinopathies et les tauopathies. 3 cas/100 000/an et le sex-ratio de – prédominance du syndrome parkin-
L’atrophie multisystématisée et la 1,4 homme pour 1 femme. L’âge mé- sonien (AMS-P), la plus fréquente :
démence à corps de Lewy sont, dian au diagnostic est de 60 ans (la dysautonomie et syndrome akinéto-
comme la maladie de Parkinson, des maladie débute très rarement après rigide symétrique axial, progression
synucléinopathies, caractérisées par 75 ans). La survie médiane varie de plus rapide que pour la maladie de
des agrégats intracellulaires inso- 6 à 10 ans selon les études. Parkinson ; instabilité posturale,
lubles d’alphasynucléine. Les taupa- Comme son nom l’indique, plusieurs chutes précoces (dans les 3 ans sui-
thies ou tauopathies regroupent les symptômes appartenant à plusieurs vant le début de la maladie, renforcée
affections au cours desquelles des systèmes sont associés : parkinso- par la présence du syndrome parkin-
agrégats intracellulaires de protéine nisme, signes autonomiques, syn- sonien et d’une éventuelle hypoten-
tau sont observés, comme dans la pa- drome cérébelleux, signes pyrami- sion orthostatique, mais les chutes
ralysie supranucléaire progressive, daux. sont moins précoces qu’au cours de
la dégénérescence corticobasale et la La dysautonomie est présente chez la paralysie supranucléaire progres-
démence frontotemporale avec par- tous les patients ; il peut s’agir d’une sive) ; tremblement de repos rare ;
kinsonisme. hypotension orthostatique souvent myoclonies stimulo-induites ; faible
Pour ces quatre pathologies, des sévère, de troubles urinaires (incon- réponse à la L dopa (environ 30 %) ;
critères permettent d’évaluer le tinence), d’une dysfonction érectile dyskinésies axiales, orofaciales par-
degré de fiabilité du diagnostic posé chez l’homme, de troubles digestifs fois observées ;
Syndrome cérébelleux - + - - -
Apraxie - - - ++ -
Autres signes - Stridor Rigidité axiale, Main étrangère Hallucinations
évocateurs Syndrome pyramidal fixité du regard Hypersensibilité aux
neuroleptiques
Troubles du sommeil TCSP possible TCSP/stridor/ - - TCSP
ronflements
Tableau 1. TCSP : trouble du comportement dans le sommeil paradoxal.
– prédominance du syndrome céré- – atteinte bulbaire : dysphagie, dysar- – rires et pleurs inappropriés ;
belleux (AMS-C) : ataxie à la marche, thrie, dysphonie sévères ; – progression rapide ;
dysarthrie cérébelleuse, dysmétrie, – signes pyramidaux : réflexes – un syndrome frontal peut être pré-
troubles oculaires cérébelleux (ano- ostéotendineux vifs diffusés, signe sent, mais pas de démence ;
malie des saccades, nystagmus) ; le de Babinski ; – faible réponse à la L-dopa.
syndrome parkinsonien est discret, – troubles du sommeil : stridor inspi-
voire absent, en début de maladie. ratoire nocturne, apnées du sommeil, Paralysie supranucléaire
D’autres caractéristiques cliniques trouble du comportement en sommeil progressive, ou maladie de
sont communes aux deux formes : paradoxal (agitation nocturne au Steele-Richardson-Olszewski4, 5
– anomalie de la posture : camptocor- cours de cette phase du sommeil où C’est une tauopathie sporadique dont
mie, Pisa syndrome (déviation laté- l’on rêve et où normalement il existe la prévalence est de 6,4 cas/100 000/an
rale du rachis), antérocolis ; une atonie musculaire, absente ici et le sex-ratio de 3 hommes pour 2 femmes.
– myoclonies, tremblement myoclo- chez les patients qui, en conséquence, L’âge de début moyen est de 65 ans et
nique ; vivent leur rêve) ; la durée moyenne d’évolution de 7 ans.
Atrophie cérébelleuse
et pontique
Syndrome parkinsonien d’origine parkinsonien. Les noyaux gris centraux une aide au diagnostic différentiel
vasculaire. Il est la conséquence de sont très sensibles à l’anoxie et à cer- (tableau 2). Ils sont en règle générale
lésions vasculaires multiples affec- taines substances. L’anamnèse et l’ima- demandés par le spécialiste au dé-
tant les noyaux gris centraux ou la gerie permettent de confirmer le dia- cours de la consultation en cas de
substance blanche. L’IRM cérébrale gnostic. drapeau rouge et de doute diagnos-
permet de confirmer le diagnostic. Hydrocéphalie à pression normale. tique.
Les caractéristiques cliniques sont : La triade classique de l’hydrocéphalie L’imagerie cérébrale morpholo-
un syndrome parkinsonien plutôt (troubles cognitifs, troubles de la marche gique et fonctionnelle ( fig. 2-7 ) oc-
symétrique, peu dopa-sensible ; pré- avec rétropulsion, troubles urinaires) cupe une place prépondérante dans
dominance des troubles aux membres s’accompagne fréquemment d’un syn- la recherche d’arguments en faveur
inférieurs, marche avec freezing pré- drome parkinsonien. L’imagerie et la d’une pathologie neurométabolique
coce ; syndrome pseudobulbaire. faible réponse au traitement dopaminer- (maladie de Wilson chez les sujets
Syndrome parkinsonien d’origine gique orientent le diagnostic. jeunes), de lésions vasculaires ou
toxique. Les intoxications au monoxyde d’une hydrocéphalie à pression
de carbone et au manganèse (exposition Quels examens normale. L’IRM cérébrale permet
directe, accumulation intracérébrale complémentaires ? également de mettre en évidence
chez un patient avec shunt portosysté- des anomalies évocatrices de cer-
mique, abus de toxiques comme l’éphé- Face à un syndrome parkinsonien, tains syndromes parkinsoniens
drone) peuvent induire un syndrome quelques examens peuvent apporter dégénératifs.
A B C
A B C
Figure 3. IRM encéphalique d’une paralysie supranucléaire progressive. Atrophie du mésencéphale, signe du colibri.
A. Séquence sagittale T1. B. Colibri. C. Séquence axiale T1. (Courtoisie Dr A. Perrey)
A B
Figure 6.
Scintigraphie
au Dat-scan
ou SPECT.
A. Dat-scan normal.
B. Dat-scan
pathologique
avec dénervation
dopaminergique
putaminale gauche.
A B (Courtoisie
Dr C. Bouvet.)
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