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Certains sont source de difficultés diagnostiques et de confusion avec


la maladie de Parkinson. C’est particulièrement le cas des syndromes
parkinsoniens atypiques d’origine neurodégénérative. L’identification du type
de syndrome parkinsonien permet de déterminer le pronostic, et parfois de
diagnostiquer une cause curable.

Syndromes parkinsoniens
atypiques

L
Charlotte Beal, a maladie de Parkinson amène à reconsidérer le diagnostic Trois catégories
Franck Durif idiopathique est la pre- de maladie de Parkinson idiopa- de syndromes
Service de neurologie, mière cause de syndrome thique et dans certains cas à pres- parkinsoniens atypiques
CHU de Clermont- parkinsonien. Sa préva- crire des examens complémen-
Ferrand, Clermont- lence est de 2,5 pour 1 000 habitants, taires. Il existe trois grandes catégories
Ferrand, France ce qui en fait la deuxième affection (fig. 1) :1
neurodégénérative la plus fré- Quand penser à un – les syndromes parkinsoniens spo-
fdurif@chu- quente, après la maladie d’Alzhei- radiques dégénératifs ;
clermontferrand.fr syndrome parkinsonien
mer. Elle est caractérisée par un atypique ? –les syndromes parkinsoniens fami-
syndrome parkinsonien « pur », liaux (différentes formes de démence
C. Beal déclare n’avoir généralement unilatéral ou asymé- En présence d’un syndrome parkin- fronto-temporale avec parkinso-
aucun lien d’intérêts. trique à la phase initiale, avec un sonien, il faut donc rechercher des nisme [FTDP-17 ou TDP-43-opathies],
F. Durif n’a pas fourni syndrome akinéto-rigide associé à signes habituellement absents dans la maladie de Huntington, les ataxies
de déclaration de liens un tremblement de repos (de la la maladie de Parkinson ou qui n’ap- spinocérébelleuses 2, 3, 17, la mala-
d’intérêts. main le plus souvent). Le tremble- paraissent que tard dans l’évolution : die de Wilson pour les plus connues) ;
ment de repos est pathognomo- – une progression rapide ; – les syndromes parkinsoniens se-
nique de la maladie mais non obli- – un début symétrique ; condaires (post-neuroleptiques, vas-
gatoire, car il est absent dans un – des troubles de l’équilibre, des culaires, post-traumatiques, par
tiers des cas. Le diagnostic de ma- troubles posturaux, la survenue pré- hydrocéphalie chronique, post-en-
ladie de Parkinson est clinique et coce de chutes ; céphalitiques, causes anoxiques,
ne justifie aucun examen complé- – des signes précoces de dysautono- toxiques, métaboliques).
mentaire. La confirmation diagnos- mie (incontinence urinaire, troubles
tique dépend alors de la bonne ré- érectiles, hypotension orthostatique Syndromes
ponse des signes moteurs au sévère), d’atteinte pseudobulbaire, parkinsoniens atypiques
traitement dopaminergique et de ou d’atteinte cognitive ; neurodégénératifs
l’absence de « drapeaux rouges ». – un syndrome cérébelleux ; Encore appelés « Parkinson plus »,
Les syndromes parkinsoniens aty- – un syndrome pyramidal ; ils représentent 15 à 20 % des syn-
piques sont des syndromes parkin- – des troubles oculomoteurs ; dromes parkinsoniens. Ils répondent
soniens « impurs », où la triade – des signes corticaux (apraxie, apha- peu ou pas au traitement dopaminer-
classique (bradykinésie, rigidité, sie, troubles sensitifs) ; gique. La progression des symp-
tremblement de repos) est associée – des hallucinations ; tômes est plus rapide et la durée de
à des signes ou symptômes d’alerte – l’absence de réponse ou une ré- survie diminuée. Principalement,
appelés « drapeaux rouges ». On ponse pauvre ou courte au traite- quatre pathologies sont à recon-
appelle ainsi un symptôme inatten- ment dopaminergique ; naître en raison du pronostic très
du ou atypique pour une maladie – des anomalies en imagerie céré- différent de celui de la maladie de
de Parkinson débutante. La pré- brale (tomodensitométrie, imagerie Parkinson : l’atrophie multisystéma-
sence de ces drapeaux rouges par résonance magnétique [IRM]). tisée (AMS) ; la paralysie supranu-

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SYNDROMES PARKINSONIENS ATYPIQUES

Synucléinopathies
Tauopathies Syndrome parkinsonien
TDP-43-opathies

Syndrome parkinsonien atypique Maladie de Parkinson

Sporadique Familial Sporadique Familiale

PARK1-13

FTDP-17
TDP-43 Hérédodégénérescences*
(MAPT)

PSP DCB AMS DCL FTLD-U P-D-SLA

Figure 1. Classification des syndromes parkinsoniens.


* : neurodégénérescence par déficit en pantothénate kinase, maladie de Huntington, maladie de Wilson, atrophie spinocérébrelleuse.
AMS : atrophie multisystématisée ; DCB : dégénérescence corticobasale ; DCL : démence à corps de Lewy ; FTDP-17 : syndrome parkinsonien avec démence
frontotemporale. FTLD-U : démence frontotemporale avec inclusions ubiquitinées ; MAPT : microtubule-associated protein tau ; PARK1-13 : gènes ou loci impliqués
dans la maladie de Parkinson ; P-D : parkinsonisme-démence ; PSP = paralysie supranucléaire progressive ; SLA : sclérose latérale amyotrophique complexe de
Guam ; TDP-43 : TAR DNA-binding protein 43. D’après la réf. 1.

cléaire progressive (PSP) ; la démence (tableau 1). Cependant, la confirmation (constipation), parfois d’un acrosyn-
à corps de Lewy (DCL) ; et la dégéné- de ce dernier reste anatomopatholo- drome. Les symptômes dysautono-
rescence corticobasale (DCB). Ces gique. miques apparaissent souvent les
syndromes parkinsoniens dégénéra- premiers, associés ou non à des symp-
tifs peuvent être classés en deux caté- Atrophie multisystématisée2, 3 tômes moteurs.
gories en fonction de la nature des Il s’agit d’une synucléinopathie Il existe deux formes d’atrophie mul-
lésions neuropathologiques : les sy- sporadique dont l’incidence est de tisystématisée (AMS) :
nucléinopathies et les tauopathies. 3 cas/100 000/an et le sex-ratio de – prédominance du syndrome parkin-
L’atrophie multisystématisée et la 1,4 homme pour 1 femme. L’âge mé- sonien (AMS-P), la plus fréquente :
démence à corps de Lewy sont, dian au diagnostic est de 60 ans (la dysautonomie et syndrome akinéto-
comme la maladie de Parkinson, des maladie débute très rarement après rigide symétrique axial, progression
synucléinopathies, caractérisées par 75 ans). La survie médiane varie de plus rapide que pour la maladie de
des agrégats intracellulaires inso- 6 à 10 ans selon les études. Parkinson ; instabilité posturale,
lubles d’alphasynucléine. Les taupa- Comme son nom l’indique, plusieurs chutes précoces (dans les 3 ans sui-
thies ou tauopathies regroupent les symptômes appartenant à plusieurs vant le début de la maladie, renforcée
affections au cours desquelles des systèmes sont associés : parkinso- par la présence du syndrome parkin-
agrégats intracellulaires de protéine nisme, signes autonomiques, syn- sonien et d’une éventuelle hypoten-
tau sont observés, comme dans la pa- drome cérébelleux, signes pyrami- sion orthostatique, mais les chutes
ralysie supranucléaire progressive, daux. sont moins précoces qu’au cours de
la dégénérescence corticobasale et la La dysautonomie est présente chez la paralysie supranucléaire progres-
démence frontotemporale avec par- tous les patients ; il peut s’agir d’une sive) ; tremblement de repos rare ;
kinsonisme. hypotension orthostatique souvent myoclonies stimulo-induites ; faible
Pour ces quatre pathologies, des sévère, de troubles urinaires (incon- réponse à la L dopa (environ 30 %) ;
critères permettent d’évaluer le tinence), d’une dysfonction érectile dyskinésies axiales, oro­faciales par-
degré de fiabilité du diagnostic posé chez l’homme, de troubles digestifs fois observées ;

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RÉCAPITULATIF DES SIGNES CLINIQUES DES SYNDROMES PARKINSONIENS NEURODÉGÉNÉRATIFS


Signes cliniques Maladie Atrophie Paralysie Dégénérescence Démence à corps
discriminatifs de Parkinson multisystématisée supranucléaire corticobasale de Lewy
progressive
Akinésie / rigidité Asymétrique +/- symétrique Axial/symétrique Asymétrique Symétrique
Tremblement Asymétrique, de repos Peu fréquent - Rare, postural, -
myoclonies
Faciès Hypomimie Amimie, dyskinésies Fixité du regard, Amimie, apraxie Hypomimie
faciales blépharospasme buccofaciale
Réponse à la L-dopa Très bonne Faible Inconstante Absente Faible
Dystonie - Cou Cou Membre supérieur -
ou tardive
Chutes - ++ ++ + +/-
Tardives
Posture - Antécolis/camptocormie Rétrocolis - -
Syndrome frontal - +/- ++ + ++
Démence
Ophtalmoplégie - - ++ + -
Syndrome pseudo- - Précoce Précoce, sévère Tardif -
bulbaire
Dysautonomie - ++ - - +
Tardive

Syndrome cérébelleux - + - - -
Apraxie - - - ++ -
Autres signes - Stridor Rigidité axiale, Main étrangère Hallucinations
évocateurs Syndrome pyramidal fixité du regard Hypersensibilité aux
neuroleptiques
Troubles du sommeil TCSP possible TCSP/stridor/ - - TCSP
ronflements
Tableau 1. TCSP : trouble du comportement dans le sommeil paradoxal.

– prédominance du syndrome céré- – atteinte bulbaire : dysphagie, dysar- – rires et pleurs inappropriés ;
belleux (AMS-C) : ataxie à la marche, thrie, dysphonie sévères ; – progression rapide ;
dysarthrie cérébelleuse, dysmétrie, – signes pyramidaux : réflexes – un syndrome frontal peut être pré-
troubles oculaires cérébelleux (ano- ostéotendineux vifs diffusés, signe sent, mais pas de démence ;
malie des saccades, nystagmus) ; le de Babinski ; – faible réponse à la L-dopa.
syndrome parkinsonien est discret, – troubles du sommeil : stridor inspi-
voire absent, en début de maladie. ratoire nocturne, apnées du sommeil, Paralysie supranucléaire
D’autres caractéristiques cliniques trouble du comportement en sommeil progressive, ou maladie de
sont communes aux deux formes : paradoxal (agitation nocturne au Steele-Richardson-Olszewski4, 5
– anomalie de la posture : camptocor- cours de cette phase du sommeil où C’est une tauopathie sporadique dont
mie, Pisa syndrome (déviation laté- l’on rêve et où normalement il existe la prévalence est de 6,4 cas/100 000/an
rale du rachis), antérocolis ; une atonie musculaire, absente ici et le sex-ratio de 3 hommes pour 2 femmes.
– myoclonies, tremblement myoclo- chez les patients qui, en conséquence, L’âge de début moyen est de 65 ans et
nique ; vivent leur rêve) ; la durée moyenne d’évolution de 7 ans.

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La forme classique associe une ophtal- Le mode d’entrée dans la maladie est – une dysautonomie cardiovasculaire,
moplégie supranucléaire verticale à déterminé par la prédominance du digestive et urogénitale fréquente ;
une instabilité posturale importante, volet moteur ou du volet cognitif : – des troubles du comportement en
responsable de chutes dans la première – volet prédominant « basal » ou sommeil paradoxal ;
année d’évolution des symptômes. sous-cortical par atteinte des ganglions – une hypersensibilité aux neurolep-
Les symptômes en sont : de la base : composante motrice au tiques (effets indésirables dangereux
– ophtalmoplégie supranucléaire, premier plan, généralement très asy- des neuroleptiques de 1re génération :
paralysie des mouvements oculaires métrique, voire unilatérale, qui peut sédation profonde, aggravation du
dont la verticalité du regard est la comporter un tremblement de repos, syndrome parkinsonien, aggravation
plus atteinte, notamment le regard une dystonie segmentaire ou hémi- de l’altération cognitive, chutes).
vers le bas. Impression de fixité du corporelle, une akinésie et rigidité
regard, yeux écarquillés et une len- extrapyramidale ; Syndromes parkinsoniens
teur des saccades oculaires ; – volet prédominant cortical par at- familiaux
– instabilité posturale précoce avec teinte des régions pariétorolandiques : La maladie de Wilson bénéficie d’une
chutes ; troubles apraxiques, phénomène de la prise en charge spécifique. Il faut y
– syndrome parkinsonien axial et main étrangère (« alien limb »), penser devant un syndrome parkin-
symétrique, rigide surtout ; troubles sensitifs élaborés (astéréo- sonien chez un patient de moins de
– à la marche, on note un freezing pré- gnosie, apallesthésie, agraphesthésie), 45 ans. Cette maladie est liée à une
coce (impression que les pieds restent myoclonies spontanées ou réflexes. accumulation toxique de cuivre, en
collés au sol), genoux en extension ; Des troubles cognitifs et comporte- particulier dans le foie et dans le cer-
– syndrome frontal pouvant évoluer mentaux peuvent être associés : syn- veau. Le diagnostic repose sur le do-
vers une démence : atteinte sous-cor- drome dysexécutif, troubles attention- sage du cuivre sanguin, urinaire, et
ticofrontale, ralentissement psycho- nels, apraxie buccofaciale, aphasie de la céruloplasmine, sur l’examen
moteur, troubles attentionnels et non fluente progressive avec nette ophtalmologique à la lampe à fente
syndrome dysexécutif, grasping, per- dissociation automatico-volontaire. (recherche d’un anneau cornéen de
sévération, désinhibition, signe de Kayser-Fleischer), l’IRM cérébrale et
l’applaudissement ; Démence à corps de Lewy7 la recherche de la mutation génétique
– apathie (manque de motivation) ; L’anatomopathologie de cette synu- (gène de l’ATP7b). Le principe du trai-
– syndrome pseudobulbaire : dysar- cléinopathie sporadique est com- tement est la chélation du cuivre pré-
thrie, dysphagie, rires et pleurs spas- plexe : coexistence de corps de Lewy sent en excès.
modiques ; avec lésions vasculaires ou lésions
– dystonie : rétrocolis, blépharospasme, caractéristiques de la maladie d’Al- Syndromes parkinsoniens
apraxie à l’ouverture des yeux ; zheimer. Sa prévalence est d’environ atypiques secondaires
– faible réponse à la L-dopa. 0,7 % après 65 ans, avec un sex- ratio de Syndrome parkinsonien
Une paralysie supranucléaire pro- 1,9 homme pour 1 femme. L’âge d’ap- iatrogène
gressive classique débutant après parition de la maladie se situe entre De nombreux médicaments peuvent
63 ans avec une dysphagie précoce et 60 et 90 ans. être à l’origine d’un syndrome par-
des troubles cognitifs précoces a un C’est la deuxième cause de démence kinsonien.8 Le tableau clinique habi-
pronostic négatif. neurodégénérative, après la maladie tuellement rapporté est un syndrome
d’Alzheimer. Elle représente 20% des akinétorigide plutôt axial ou symé-
Dégénérescence corticobasale6 maladies neurodégénératives et se ca- trique associé à un tremblement d’at-
Les données épidémiologiques de ractérise, au cours de la première an- titude. La prise de neuroleptiques
cette tauopathie sporadique, maladie née, par l’association d’un syndrome sous toutes leurs formes (antipsycho-
rare, sont peu nombreuses. Le sex- démentiel fluctuant à prédominance tiques, antiémétiques, hypnotiques,
ratio est de 1/1, avec un âge de début frontale, d’hallucinations visuelles et contre les bouffées de chaleurs, etc.)
médian de 63 ans. d’un syndrome parkinsonien. doit systématiquement être recher-
Elle se caractérise par un syndrome Les symptômes sont : chée. Les symptômes sont réversibles
parkinsonien akinétorigide asymé- – destroublescognitifs(60%despatients); à l’arrêt du traitement.
trique non-dopa-sensible associé à – des fluctuations cognitives et atten-
une apraxie motrice et à des mouve- tionnelles ; Syndrome parkinsonien
ments anormaux involontaires. – un syndrome parkinsonien (25 % lésionnel par atteinte des
Le caractère asymétrique est un des des patients) bilatéral, léger, symé- noyaux gris centraux
éléments clés du diagnostic, qui peut trique fréquemment akinétorigide, Un dysfonctionnement des noyaux
parfois être un facteur confondant avec une réponse partielle à la L-dopa ; gris centraux, qu’il soit d’origine vas-
avec la maladie de Parkinson. La très – des hallucinations visuelles, pré- culaire, infectieuse, tumorale ou as-
faible dopa-sensibilité permet de l’en coces, complexes, récurrentes, pou- socié à une hydrocéphalie, peut en-
distinguer. vant au début être bien critiquées ; traîner un syndrome parkinsonien.

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EXAMENS COMPLÉMENTAIRES DES SYNDROMES PARKINSONIENS


Maladie Signes Datscan TEP-FDG Autres examens pertinents
IRM ou SPECT
Atrophie multi- Fosse postérieure : signe Dénervation Hypométabolisme Polysomnographie
systématisée de la croix pontique : dopaminergique putamen, cervelet
hypersignal, hypersignal mais peut être Scintigraphie myocardique :
des pédoncules cérébelleux normal préservation des neurones
moyens, hyposignal des post-ganglionnaires
noyaux dentelés sympathiques par rapport
à la maladie de Parkinson
Étage sustentoriel :
hyposignal putaminal
postérieur, hypersignal du
bord latéral du putamen

Atrophie cérébelleuse
et pontique

Paralysie supranucléaire Atrophie du mésencéphale : Dénervation Hypométabolisme Enregistrement des


progressive signe du colibri dopaminergique frontal mouvements oculaires
Dégénérescence Atrophie corticale asymétrique Dénervation Hypométabolisme asymétrique
corticobasale Dilatation ventricule latéral dopaminergique du cortex frontal et pariétal
adjacent
Démence à corps Atrophie mais non spécifique Dénervation Hypométabolisme occipital Polysomnographie
de Lewy dopaminergique EEG : ondes lentes
et pointes temporales
Syndrome parkinsonien Non Normal - -
iatrogène
Syndrome parkinsonien Lésions vasculaires ou lacunes Normal - Bilan cardiovasculaire
vasculaire noyaux gris centraux
Tableau 2. EEG : électro-encéphalogramme ; IRM : imagerie par résonance magnétique ; TEP-FDG : tomographie à émission de positons au fluorodésoxyglucose.

Syndrome parkinsonien d’origine parkinsonien. Les noyaux gris centraux une aide au diagnostic différentiel
vasculaire. Il est la conséquence de sont très sensibles à l’anoxie et à cer- (tableau 2). Ils sont en règle générale
lésions vasculaires multiples affec- taines substances. L’anamnèse et l’ima- demandés par le spécialiste au dé-
tant les noyaux gris centraux ou la gerie permettent de confirmer le dia- cours de la consultation en cas de
substance blanche. L’IRM cérébrale gnostic. drapeau rouge et de doute diagnos-
permet de confirmer le diagnostic. Hydrocéphalie à pression normale. tique.
Les caractéristiques cliniques sont : La triade classique de l’hydrocéphalie L’imagerie cérébrale morpholo-
un syndrome parkinsonien plutôt (troubles cognitifs, troubles de la marche gique et fonctionnelle ( fig. 2-7 ) oc-
symétrique, peu dopa-sensible ; pré- avec rétropulsion, troubles urinaires) cupe une place prépondérante dans
dominance des troubles aux membres s’accompagne fréquemment d’un syn- la recherche d’arguments en faveur
inférieurs, marche avec freezing pré- drome parkinsonien. L’imagerie et la d’une pathologie neurométabolique
coce ; syndrome pseudobulbaire. faible réponse au traitement dopaminer- (maladie de Wilson chez les sujets
Syndrome parkinsonien d’origine gique orientent le diagnostic. jeunes), de lésions vasculaires ou
toxique. Les intoxications au monoxyde d’une hydrocéphalie à pression
de carbone et au manganèse (exposition Quels examens normale. L’IRM cérébrale permet
directe, accumulation intracérébrale complémentaires ? également de mettre en évidence
chez un patient avec shunt portosysté- des anomalies évocatrices de cer-
mique, abus de toxiques comme l’éphé- Face à un syndrome parkinsonien, tains syndromes parkinsoniens
drone) peuvent induire un syndrome quelques examens peuvent apporter dégénératifs.

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A B C

Figure 2. Imagerie par résonance magnétique encéphalique d’une atrophie multisystématisée.


A. Séquence axiale T2, signe de la croix. B. Séquence axiale Flair : hypersignal des pédoncules cérébelleux moyens. C. Séquence sagittale T1 : atrophie
pontocérébelleuse. (Courtoisie Dr A. Perrey)

A B C

Figure 3. IRM encéphalique d’une paralysie supranucléaire progressive. Atrophie du mésencéphale, signe du colibri.
A. Séquence sagittale T1. B. Colibri. C. Séquence axiale T1. (Courtoisie Dr A. Perrey)

A B

Figure 4. Imagerie de dégénérescence corticobasale.


A. TEP-FDG d’une forme évoluée hémisphérique droite. (Courtoisie Dr C. Bouvet.) B. Séquence axiale Flair d’une forme avec atrophie frontopariétale gauche et
ballonisation du ventricule en regard. (Courtoisie Dr A. Perrey.)

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Figure 5. TEP-FDG d’une démence à corps de Lewy. (Courtoisie Dr C. Bouvet)

Figure 6.
Scintigraphie
au Dat-scan
ou SPECT.
A. Dat-scan normal.
B. Dat-scan
pathologique
avec dénervation
dopaminergique
putaminale gauche.
A B (Courtoisie
Dr C. Bouvet.)

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Traitement symptomatique :
quelques exemples
Le traitement du parkinsonisme est
avant tout la kinésithérapie. La do-
pa-thérapie peut être essayée, mais
son efficacité est moindre que dans la
maladie de Parkinson ; de plus, elle
favorise l’hypotension orthostatique.
Elle peut être intéressante à titre de
test thérapeutique.
Pour lutter contre l’hypotension orthos-
tatique, les règles hygiénodiététiques
(apport quotidien suffisant d’eau, ré-
gime salé, port de bas de contention,
éviction des traitements hypotenseurs)
peuvent être complétées, si l’hypoten-
sion persiste, par deux médicaments
qui ont l’autorisation de mise sur le
marché (AMM) dans cette indication :
lamidodrine et la fludrocortisone.
En cas de troubles urinaires peuvent
être prescrits un alphabloquant ou un
anticholinergique (avec un passage
le plus limité possible de la barrière
hémato-encéphalique) ou une injec-
tion de toxine botulinique.
Contre la dystonie, le blépharospasme,
l’apraxie à l’ouverture des yeux, des
injections de toxine botulique peuvent
aussi être proposées.
Figure 7. IRM Séquence axiale Flair, leucopathie vasculaire diffuse Contre les troubles posturaux et de la
(striatum notamment). marche, la kinésithérapie est indis-
pensable.
Dans les troubles cognitifs (maladie
Évolution et prise – syndrome parkinsonien iatro- à corps de Lewy), les inhibiteurs de
en charge gène : arrêt du médicament en l’acétylcholinestérase peuvent ap-
cause). porter un bénéfice symptomatique
Dans les syndromes parkinsoniens Pour les autres, le traitement des supérieur à ce qui est observé dans la
dégénératifs atypiques, il existe le syndromes parkinsoniens repose maladie d’Alzheimer. Ils améliorent
plus souvent une aggravation pro- principalement sur une prise en modestement les fluctuations cogni-
gressive des symptômes moteurs charge symptomatique et multi­ tives, les capacités attentionnelles,
conduisant à une perte de la marche disciplinaire, faisant intervenir mnésiques, les troubles du comporte-
en 5 à 7 ans en moyenne. Le décès sur- médecin traitant, neurologue, ergo­ ment et parfois les fonctions exécutives.
vient après une médiane de survie de thérapeute, kinésithérapeute, or- Seule la rivastigmine, dont le rembour-
8 à 9 ans. Un des facteurs pronostiques thophoniste, psychologue, soins sement n’est plus assu­ré par la Sécurité
importants est la présence de troubles palliatifs, parfois cardiologue, uro- sociale depuis 2018, possède l’AMM.
de la déglutition (risque de pneumo- logue, gastroentérologue. La prise Pour limiter les troubles du comporte-
pathie d’inhalation et de dénutrition). en charge sociale est essentielle : ment, il est préférable d’éviter les neu-
Certaines pathologies ont un traite- importance du soutien familial, roleptiques, ou de favoriser les neuro-
ment spécifique : prise en charge des aidants, hospi- leptiques avec le plus faible risque
– maladie de Wilson : traitement ché- talisation de répit, anticipation d’entraîner un syndrome parkinsonien
lateur du cuivre, D-pénicillamine, d’une institutionnalisation. L’en- (clozapine ou éventuellement quétia-
zinc, trientine ; semble des structures de soins dé- pine). En cas de prescription de cloza-
– hydrocéphalie à pression normale : veloppés pour la maladie d’Alzhei- pine, la surveillance de l’hémogramme
traitement chirurgical par systèmes mer peut être envisagé pour les est hebdomadaire à l’ini­tiation, en
de dérivation du liquide cérébro­ patients atteints de démence à corps raison du risque d’agra­nulocytose.
spinal ; de Lewy. Pour traiter les hallucinations ou un

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SYNDROMES PARKINSONIENS ATYPIQUES
syndrome pseudopsychotique invali- PERSPECTIVES
dant, un antipsychotique atypique (clo- Dans l’atrophie multisystématisée, la
zapine, quétiapine) peut être prescrit.
En cas de trouble du comportement
recherche est axée sur la mise en évi-
dence de biomarqueurs pour un
CE QU’IL FAUT RETENIR
en sommeil paradoxal, la mélatonine diagnostic plus précoce et le dévelop- Le diagnostic des syndromes parkinsoniens atypiques reste
ou une benzodiazépine (clonazépam) pement de traitements neuro­ difficile au stade précoce.
peut être donnée au coucher à dose protecteurs ; un essai clinique est en
Le syndrome parkinsonien s’associe à d’autres symptômes :
minimale efficace. cours.
ces « drapeaux rouges » doivent être recherchés à
En cas de dépression, il faut privilé- Concer nant la paralysie supra­ l’interrogatoire et à l’examen physique.
gier les inhibiteurs de la recapture de nucléaire progressive, une immuno­
la sérotonine et éviter les tricycliques. thérapie anti-tau est à l’étude. V Les progrès de l’imagerie fonctionnelle apportent une aide
au diagnostic.
Contrairement à la maladie de Parkinson, les signes
moteurs répondent peu ou pas au traitement dopaminergique.
RÉSUMÉ SYNDROMES PARKINSONIENS ATYPIQUES
Dans près de 40 % des cas, la présence d’un syndrome parkinsonien n’est pas dûe à une maladie de Parkinson
Moins bon pronostic : la progression des signes est plus
rapide et la durée de survie est diminuée par rapport à la
idiopathique (MPI). Les syndromes parkinsoniens atypiques font partie des diagnostics différentiels à envisager. Le
maladie de Parkinson.
syndrome parkinsonien est alors associé à d’autres symptômes appelés « drapeaux rouges », qui doivent être recherchés
à l’interrogatoire et à l’examen physique. Il s’agit de maladies neurodégénératives de moins bon pronostic que la MPI : Les causes curables doivent être identifiées : prise de
la progression des signes est plus rapide et la durée de survie diminuée. Contrairement à la maladie de Parkinson, les neuroleptique, hydrocéphalie, maladie de Wilson.
signes moteurs répondent peu ou pas au traitement dopaminergique. Le diagnostic des syndromes parkinsoniens
La certitude diagnostique, obtenue par l’anatomopathologie,
atypiques est difficile au stade précoce. La certitude diagnostique, obtenue par l’anatomopathologie, n’est pas disponible
n’est pas disponible du vivant du patient.
du vivant du patient. Les progrès de l’imagerie fonctionnelle nous apportent une aide précieuse, et l’évolution clinique
permet souvent de répondre à la question diagnostique en quelques mois ou années. La prise en charge est La prise en charge est multidisciplinaire. Pas de traitement
multidisciplinaire. Il n’existe pas de traitement curatif aujourd’hui. curatif disponible.

SUMMARY ATYPICAL PARKINSONIAN SYNDROMES


Idiopathic Parkinson’s disease is the most common cause of parkinsonism, but in almost 40 % of cases, parkinsonism
is due to other causes. The diagnosis of atypical parkinsonian syndromes remains difficult at the early stage. Parkinson’s
syndrome is associated with other symptoms called «red flags». These red flags need to be identified during the clinical
examination. Unlike Parkinson’s disease, dopaminergic treatment are slightly effective on motor symptoms. The prognosis
is worst, with a faster progression. The life expectation is reduced compared to Parkinson’s disease. Diagnosis certainty,
given by anatomopathology, is not available during the patient’s lifetime. Advances in functional imaging improve
diagnosis accuracy. Clinical course answers diagnosis uncertainties in a few month or years. The follow up is
multidisciplinary. No treatment is currently available.

RÉFÉRENCES
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Vol. 71 _ Octobre 2021 883

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