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La maladie de Parkinson

Christine Brefel-Courbon
(Pôle Neurosciences,Centre Expert Parkinson,
CHU Toulouse)

Centre expert
Parkinson
Toulouse
La maladie de Parkinson
idiopathique
EPIDEMIOLOGIE

• Maladie fréquente: en europe 1,6% de la


population au-delà de 65 ans 1
• Sex ratio H/F > 1 2
• Age moyen de début entre 55 ans et 65 ans

1 de Rickj et al, JNNP, 1997


2 Berg et al, Mov Disorder, 2015
La Maladie de Parkinson
Epidémiologie, Ethiopathogénie
Maladie la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer

Prévalence : 180/100 000


180 000 cas habitants
Incidence : 15/100 000
15 000 cas habitants
nouveaux/an
Etiologie

Facteurs génétiques

• < 10% vraiment héréditaire , autosomique dominant ou


autosomique récessif
• Gène de la Parkin, formes jeunes
La Maladie de Parkinson
Hypothèses étiologiques
Vieillissement accéléré ?
neurones DA (%)

Maladie de Parkinson
(12%/an)

Facteur environnemental ?
Facteur environnemental ?
Facteur génétique ?
Facteurs de risque et facteurs de prévention
Ascherio et al, 2016
ETIOLOGIE

Inclusions intra-neuronales
d’aggrégats de protéines: les corps
de Lewy

Substance noire

Symptômes Mort des neurones synthétisant la dopamine


La maladie de Parkinson

Dégénerescence de la voie
nigrostriatale

FP CIT DAT scan


Early stage Late stage
Control
PD PD
2

0
SYMPTOMES MOTEURS

• Tremblement
• Akinésie
• Hypertonie
Tremblement de
repos:

- Au repos, disparaît lors du mouvement volontaire et pendant le


sommeil

- Parfois persistant dans le maintien de l’attitude

- Lent

- Il prédomine sur la main

- Peu ample en général (émiettement de pain)

- Augmenté par le stress, émotion ou effort de concentration (calcul


mental)

- Asymétrique comme l’ensemble de la symptomatologie parkinsonienne

- Tous les parkinsoniens ne tremblent pas et ne trembleront jamais (1 ca


Akinésie /bradykinésie

- Lenteur gestuelle
- Signes révélateurs :
lenteur pour la toilette ou le rasage,
difficultés à boutonner, perte du ballant du
bras au cours de la marche
- Parfois difficultés à initier le mouvement
(hésitation au démarrage).
- Le patient a du mal à se mouvoir : avance à
petit pas
- Amimie : visage sans expression, qui
apparaît triste, figé
- Micrographie : petite écriture serrée.
Hypertonie musculaire ou
rigidité :

- Elle est due à une exagération du tonus musculaire (hypertonie


musculaire)

- Rigidité asymétrique (bras, jambes et dos)

- « roue dentée » :

la rigidité est accentuée quand on demande au patient d’étendre le


bras
 il apparaît une résistance des muscles antagonistes qui font
plier le bras, cette résistance cède par à coup.
La Maladie de Parkinson est une maladie
motrice et non motrice
SYMPTOMES NON MOTEURS

1. Troubles neuropsychiatriques
– Dépression
– Anxiété
– Apathie
– Troubles cognitifs, hallucinations ! médicaments
2. Troubles du sommeil
– Syndrome des jambes sans repos « impatiences »
– Troubles du comportement en sommeil paradoxal
– Insomnie
– Somnolence diurne ! médicaments
– Apnées du sommeil
SYMPTOMES NON MOTEURS

3. Atteinte du système nerveux autonome


– Hypotension orthostatique: vertiges, malaises aux
changements de position
– Troubles urinaires et dysfonction érectile
– Constipation
4. Symptomes sensitifs
– Douleurs
– Hyposmie
5. Autres: fatigue, troubles visuels…
La Maladie de Parkinson
Clinique
• Akinésie
dopasensibles • Tremblement
(lésions limitées aux neurones • Rigidité
DA)
• Troubles marche
non dopasensibles • Troubles cognitifs
(lésions plus étendues, neurones NA, • Troubles posture
Ach…) • Dysarthrie...
La Maladie de Parkinson
Diagnostic

Signes cliniques moteurs

Dopasensibilité (bonne réponse


médicaments dopaminergiques)
Les symptômes parkinsoniens

Akinésie
Hypertonie plastique
Tremblement de repos
gène fonctionnelle

Objectif : diminuer la gène fonctionnelle :


effet symptomatique

Médicaments dopaminergiques
IMAO-B ICOMT

L-Dopa

Agonistes DA

Antagonistes
cholinergiques
LES MEDICAMENTS DE LA MALADIE DE PARKINSON
L-Dopa + bensérazide, Modopar ®
L-Dopa L-Dopa +carbidopa, Sinemet ®

Bromocriptine, Parlodel®, bromokin®


Lisuride, Dopergine ®
Ropinirole, Requip ®
Pramipexole, Sifrol ®
Agonistes dopaminergiques Pergolide, Célance ®
Piribédil, Trivastal ®
Rotigotine, Neupro ®
Apomorphine, Apokinon ®
Sélégiline, Deprenyl® , Otrasel®
IMAO-B Rasagiline, Azilect®Rasagiline
Entacapone, Comtan®
ICOMT Entacapone
Entacapone + L-Dopa, Stalevo ® + L-Dopa: Stalevo*

Trihexyphénidyle, Artane ®
Anticholinergiques Bipéridène, Akineton ®
Tropatépine, Lepticur®

Autres Amantadine, Mantadix ®


Les effets indésirables des médicaments
dopaminergiques

Effets périphériques :
- Digestifs : nausées, vomissements
- Cardiovasculaire : hypotension orthostatique

Effets centraux :
Psychiatriques et comportementaux:
- Hallucinations, délires, confusion…
- Addiction comportementale (hypersexualité, jeu
pathologique, achat compulsif, boulimie…)
- Addiction Pharmacologique (toxicomanie
dopaminergique)

Moteurs : fluctuations motrices et dyskinésies 86% des


patients parkinsoniens après 5 à 10 ans de traitement

- Autres : sédation, pseudo syndrome malin


Trouble du contrôle de l’impulsivité
Hypersexualité
- Prévalence de 2 à 8% (Voon et al, 2006)
- Majoration de la libido
augmentation de la fréquence des rapports,
préoccupations sexuelles permanentes,
rêves sexuels,
augmentation des érections spontanées,
augmentation de masturbation…
-Jusqu’à des comportements sexuels déviants:
exhibitionnisme, travestisme, délinquance sexuelle,
pédophilie, zoophilie…
- Plus fréquente chez l’homme
Trouble du contrôle de l’impulsivité
Hyperactivité et Créativité
-Souvent nocturne (Insomnie nocturne avec
« occupations »)
- bricolage intensif, jardinage, pêche….
- impossibilité de rester inactif
- emploi du temps très chargé

Surinvestissement artistique (poème, dessin…)


Surinvestissement manuel (bricolage, internet…)
Trouble du contrôle de l’impulsivité

Trouble du comportement
alimentaire
-Comportement incontrôlé de prise alimentaire
- Souvent nocturne
- Souvent sucrée
- Sans faim
- grignotage ou boulimie
Trouble du contrôle de l’impulsivité

Jeu pathologique
« Pratique inadaptée, persistante et répétitive du jeu
qui entraîne des répercutions sur la vie familiale,
personnelle ou professionnelle ».

Prévalence : 3 à 8% dans la
maladie de Parkinson (Voon et al,
2006; Grosset et al, 2006) versus 1%
dans la population générale
Casino, grattage, internet…
Dissimulation, vol mensonges, dettes
retentissement familial : séparation,
divorce, tentative de suicide…
Trouble du contrôle de l’impulsivité

Achat Compulsif
- Besoin impérieux d’acheter puis désintérêt des
achats
- Plus fréquent chez la femme
- Prévalence : 7 à 13% dans la maladie de
Parkinson (Voon et al, 2006) versus 5.8% dans la
population générale (Koran et al, 2006)
Trouble du contrôle de l’impulsivité

Prise de risque
Ensemble de prise de risque inadapté et non
critiqué (sports extrêmes, conduite automobile
à risque..)
La Maladie de Parkinson

Evolution au fil
du temps

Apparition des
fluctuations motrices
Apparition de symptômes et non motrices
non dopasensibles
Blocages moteurs
Aggravation des Troubles axiaux Dyskinesies
symptomes préexistants Freezing Symptômes non moteurs
dysarthrie (dopa sensibles)
(dopa sensibles) (non dopa sensibles)
EVOLUTION

• Fluctuations:
– alternance de phases où le traitement est efficace = peu de
signes de la maladie
– Et de phases où le traitement n’est plus efficace = réapparition
des signes de la maladie
– Parfois présence dyskinésies
• 2 types de fluctuations
– Fluctuations motrices
– Fluctuations non motrices, en particulier anxiété, dépression,
dysphorie
EVOLUTION

• Troubles de la marche: freezing


– « Pieds collés au sol »
– Facteur de risque de chutes
– Pas tout le temps amélioré par les traitements
• Hallucinations et troubles cognitifs
– Hallucinations visuelles
– Altération de la concentration, de l’organisation,
de la mémoire à un stade tardif
• Troubles de la déglutition
– Traitements moins efficace
– Perte de poids, dénutrition
Les fluctuations motrices

Parkinson Parkinson Parkinson


débutant : modéré : sévère :
le stade des effets « On – Off )
Tout va bien ! akinésies de fin
de dose
LA STIMULATION DOPAMINERGIQUE
CONTINUE
Stimulation
dopaminergique Stimulation
pulsatile dopaminergique
continue

Prolonger l’effet des médicaments

• Agonistes DA à demi vie longue


• Nouvelles voies d’administration
Parkinson avancé : 3 possibilités
Au stade des fluctuations motrices
Traitement de deuxième ligne

Perfusion intra jejunale


continue de duodopa

Perfusion sous cutanée Stimulation cérébrale


continue d’apomorphine profonde
Le traitement chirurgical
STIMULATION CEREBRALE PROFONDE
• Inhibe le noyau sous
thalamique
• Traitement réversible
---

Inhibition

+++
+++
---
STIMULATION CERERALE
PROFONDE

Traitement symptomatique :

– Diminution de 60% en
moyenne des complications
motrices
– Diminution du traitement
médicamenteux
dopaminergique 50%
STIMULATION CERERALE
PROFONDE
Mise en place d’un cadre de stéréotaxie
Repérage du Noyau sousthalamique
Stimulation Cérébrale Profonde et Maladie de
Parkinson

SELECTION : Quel type de patient ?


- Maladie de Parkinson idiopathique
- Réponse à la L-dopa >50%
- < 70 ans (age physiologique)
- Absence de signes cognitifs
- Absence de troubles psychiatriques
- Absence d’anomalie IRM
- Motivation du patient et de son entourage
- Gène fonctionnelle +++ due aux
complications motrices malgré un
traitement adapté
Stimulation Cérébrale Profonde et Maladie de
Parkinson

Bénéfices Risques
- Réduction +++ des
complications motrices - Hématome (2%)

- Diminution de 50% - Infectieux


du traitement
- Cognitif
- Diminution des
douleurs
Perfusion sous cutanée d’apomorphine
Administration continue intraduodenale de
lévodopa (perfusion Duodopa)

Stade avancé

Réduction des off et des dyskinésies


EI : classiques, irritation cutanée
A coté des traitements médicamenteux et
chirurgicaux
Que peut on proposer pour mieux vivre avec la maladie?
Prise en charge pluridisciplinaire de la maladie
de Parkinson
Centre Expert Régional Toulousain pour
Maladie de Parkinson

Tel: 05 61 77 90 34
Email : parkcet@chu-toulouse.fr
1- Parler, comprendre, ne pas se sentir
seul dans sa maladie et savoir quoi faire
en cas de problème…

-Consultation de soutien d’annonce


écoute, soutien et apport d’information

-Consultations Psycho individuelles


Court suivi pour soutien, réassurance ou mise en place de
stratégies de compensation

- Groupe de parole

- Education thérapeutique
L’éducation thérapeutique dans
la maladie de Parkinson
Elle vise à aider le patient et ses proches à
comprendre la maladie et le traitement, coopérer avec
les soignants, vivre le plus sainement possible et
maintenir ou améliorer la qualité de vie.

Elle devrait rendre le patient capable d ’acquérir


et maintenir les ressources nécessaires pour gérer, de
façon optimale, sa vie avec la maladie.

Etre plus autonome vis-à-vis de la maladie


Participer activement à la prise en charge
L’éducation thérapeutique dans la
maladie de Parkinson
Etre plus autonome vis-à-vis de la maladie
Participer activement à la prise en charge
Outils d’éducation
thérapeutique
Explication de la maladie Freezing
Les Symptômes Transferts
Les traitements médicamenteux Activité physique
Bon usage du traitement Troubles cognitifs
Effets indésirables du traitement Gestion du stress
Somnolence diurne Hypotension orthostatique
Troubles du sommeil Troubles urinaires
Les 10 règles d’or du bon dormeur Troubles sexuels
Conduite automobile Ecriture
Douleur 50
Troubles de la parole et de la
communication Constipation
Dextérité Alimentation
Troubles de la déglutition Les chutes

50
2- Améliorer sa motricité et rester
indépendant dans les activités de vie
quotidienne…

- Consultations kinésithérapiques individuelles


Bilan kiné, déterminer un programme d’exercices, interactions avec
les kiné libéraux

- Groupes de rééducation sur un thème donné:


Tai-chi, Equilibre, Prévention des chutes, Posture, Tango
activité physique et rééducation

l’exercice favorise la neuroplasticité :

-Libération de facteur neurotrophique


(GDNF)
-Modèles animaux expérimentaux de
maladie de Parkinson : l’exercice a des
effets protecteurs sur la perte neuronale
dopaminergique

l’exercice favorise la libération de dopamine :


Diminution des symptômes Parkinsoniens
2013

Amélioration de la marche
Amélioration de l’équilibre
2013

La Marche

↑ marche
La vitesse
↑ vitesse
↓freezing Freezing

↑ equilibre Equilibre
Intolérance à l’effort : déconditionnement
précoce ?

Fatigabilité à l’effort +++

Nécessité de réentrainement à l’effort

↑ force musculaire
Amélioration de la marche, posture, équilibre
Lancet Neurol 2019

2 groupes de patients parkinsoniens :

- 1 groupe exercice aérobie sur un velo d’appartement (entre 50 et 80 %


de leur réserve de fréquence cardiaque (HRR; différence entre la fréquence
cardiaque au repos et la fréquence cardiaque maximale).

- 1 groupe exercice d’étirements

30 à 45 minutes, 3 fois par semaine pendant 6 mois


À leur domicile
Motivation par un coach
Résultats

Diminution significative des symptômes moteurs dans le groupe aérobic à 6 mois

Effets indésirables
Réalité virtuelle et activité physique
20 Patients Parkinsoniens : jeu Wii 3 fois par semaine pendant 4 semaines :
Amélioration de la qualité de vie

7 Patients Parkinsoniens : 14 sessions de 60 minutes 3 fois par semaine : 4


jeux de kinect adventure : Amélioration marche et équilibre
Vers de nouvelles applications smartphone
Pour sélectionner un programme d’exercices à la maison
et/ou chez le kinésithérapeute

European Foundation for health and


exercice

Parkinson Home Exercises App


Laboratoire UCB
Vers de nouvelles applications smartphone

L’application Parkinson Exercices :


des exercices & mouvements à pratiquer chez vous

 8 thèmes, 65 exercices, autant


d’explications
 Un ensemble d’exercices visant à faciliter
les gestes du quotidien
 « Application simple, précise et très
pratique »
« Cette application vous propose un ensemble d’exercices visant à vous faciliter les gestes de la vie quotidienne et
à améliorer votre qualité de vie.
Les nouvelles technologies et l’aspect ludique de cette application facilitent votre adhésion et votre motivation.
Pratiqués régulièrement ces exercices vous permettront comme vos traitements médicamenteux d’améliorer
votre mobilité quotidienne. Différents exercices correspondant à des situations plus ou moins complexes sont
mis à votre disposition ; tous ne sont pas à réaliser.
Si vous avez téléchargé cette application, nous vous invitons à en discuter avec votre neurologue et votre
kinésithérapeute pour sélectionner ensemble les exercices appropriés.

Attention: ces exercices ne doivent pas se substituer aux séances de rééducation avec votre kinésithérapeute. Ils
sont un complément et nécessitent un réel engagement de votre part. Pour avoir un impact bénéfique sur votre
mobilité, ces exercices doivent être pratiqués régulièrement. »

Disponible prochainement pour téléchargement dans l’Apple store ou Google store


Vers de nouvelles technologies
Actimétrie : évaluation de l’état moteur du patient. Le capteur permet
une évaluation en continu de la fluctuation des mouvements.
Vers de nouvelles technologies

Espay et al, 2016, Mov Disord


2- Améliorer sa motricité et
rester indépendant dans les
activités de vie quotidienne…

- Consultations d’ergothérapie individuelles


Passation de bilans individuels de l’indépendance dans les activités
de la vie quotidienne,
- Groupes de réadaptation
Sensibilisation aux solutions matérielles d’aide au maintien de
l’indépendance dans les activités de la vie quotidienne
Prévention des chutes par l’aménagement du domicile

- Séances d’orthophonie
Lutter contre les troubles de le déglutition
Améliorer la dysarthrie, l’hypophonie
La prise en charge de la maladie
de Parkinson
Il y a 40 ans Actuellement….

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